• Le Jardin de Babylone - Bernard Charbonneau (Encyclopédie des nuisances, 2002)
    http://biosphere.ouvaton.org/de-1182-a-1999/1780-1969-le-jardin-de-babylone-de-bernard-charbonneau-encycloped
    Texte écrit en 1969, extrêmement visionnaire et complet

    « La #nature est à la fois la mère qui nous a engendrés, et la fille que nous avons conçue. A l’origine, il n’y avait pas encore de nature. L’homme ne s’était pas encore distingué d’elle pour la considérer. Individus et société étaient englobés dans le #cosmos. C’est en Judée que naquit la nature, avec la Création : Jahvé a profané le cosmos et l’homme peut y porter la main. Même provisoirement écrasée, la révolte de la liberté humaine était à tout jamais déchaînée. Alors grandirent parallèlement la maîtrise et le #sentiment_de_la_nature. La science pénétra le mécanisme du cosmos, et ainsi la #technique permit de la transformer. Le sentiment de la nature apparaît là où le lien avec le cosmos est rompu, quand la terre se couvre de maisons et le ciel de fumées ; là où est l’#industrie, ou bien l’#Etat. La #campagne s’urbanise, et l’Europe devient une seule banlieue. Mais quand la nature vient à disparaître, c’est l’homme qui retourne au chaos.

    1/5) Reconstruction de la nature, fin de la nature
    L’intervention puissante et aveugle de l’homme risque de rompre l’équilibre fragile dont l’homme est issu. Le souci de la #productivité s’attache trop au présent, pas assez à l’avenir ; alors vient un jour où le #rendement baisse. Si la production continue d’augmenter indéfiniment, alors se posera un autre problème, celui de l’élimination des déchets. Trop souvent, au constat de l’épuisement du milieu naturel, les fidèles du progrès opposent un acte de foi : « On trouvera bien un moyen. » Or il y a de fortes chances que nous soyons obligés de reconstituer à grand frais les biens qui nous étaient fournis par la nature ; et ceci au prix de discipline autant que d’efforts. L’homme naît de la nature comme au sein d’une mère. Là où elle disparaît, la société moderne est obligée de fabriquer une surnature, l’homme devra réempoissonner l’océan comme il empoissonne un étang. Mais alors l’homme doit imposer à l’homme toute la rigueur de l’ordre que le Créateur s’est imposé à lui-même. En substituant dans cette recréation l’inhumanité d’une police totalitaire à celle d’une nature totale.

    Si l’homme dépasse la nature, il en est aussi le fruit. Aussi voit-on se développer dans les sociétés industrielles et urbaines un « sentiment » de nature qui reflète la gravité de la rupture avec le cosmos. Ainsi au siècle de l’artifice, nous avons la passion de cette nature que nous détruisons. Le sentiment de la nature est à la fois profond et extérieur à la vie des individus ; il se nourrit d’apparences, son domaine est celui de la peinture et du spectacle. Sauf exception, nous aimons la nature, mais nous craignons d’y vivre.

    2/5) La fin des paysans
    « Là où il existe, le #paysan est l’homme du pays, il est englobé dans la pulsation du cosmos. L’Eden terrestre n’est pas un don de Dieu, mais le fruit de la peine, moissonneurs des plaines courbés sur l’horizon. Au siècle de la division du travail le paysan est l’homme des cultures et des travaux multiples. Jusqu’en 1914, il fallait prendre la carriole à la gare pour gagner le village, et parfois du village c’est à pied qu’il fallait gagner l’encart. Jusqu’en 1945 l’industrie agricole n’existait vraiment qu’aux USA et dans quelques pays neufs. Maintenant des machines toujours plus puissantes ébranlent son univers. La campagne doit se dépeupler pour accueillir le peuple des tracteurs. Il n’y a plus de nature ni d’homme qui puisse tenir devant l’impitoyable tracé des raisons de l’Etat ou de la Production. Des lois déracinent les peuples comme le bulldozer les haies.

    L’instruction primaire obligatoire fut une sorte de #colonisation bourgeoise de la campagne. En même temps qu’il apprenait à lire et à écrire, le jeune paysan devait désapprendre : sa langue et son folklore. Les instituteurs de la IIIe République participèrent d’autant plus à cette entreprise de colonisation qu’ils étaient fils de paysans, pour lesquels devenir bourgeois était une promotion sociale. On peut imaginer une évolution différente où l’école eût continué l’Eglise dans le village, s’insérant dans la nature et la tradition en leur ajoutant, avec l’instruction, la dimension de la conscience. Mais les manuels scolaires, qui se lamentaient de la « dépopulation » des campagnes, se mirent à déplorer leur surpopulation.

    Le plan Monnet a déraciné les paysans que 1789 avait enracinés en leur donnant la terre. Comment des ingénieurs auraient-ils pu concevoir la campagne autrement que comme une industrie ? Dans cette optique, la campagne française était évidemment « sous-développée ». Le plan prévoyait le passage d’une agriculture de subsistance à une agriculture de marché qui intégrait le paysan dans le cycle de l’argent et de la machine. Le paysan vivait sur la propriété de polyculture familiale, maintenant il se spécialise. La monoculture le fait dépendre du marché. Désormais il lui faut acheter pour vendre, et vendre pour acheter, le superflu dont il commence à prendre l’habitude, et le nécessaire : les machines, les engrais, et même la nourriture. Les critères du plan furent exclusivement techniques : rendements à l’hectare, consommation d’énergie, possession d’une auto ou d’un téléphone. Certains facteurs ne furent pas pris en compte : la conservation des sols, la saveur des produits, l’espace, la pureté de l’air ou de l’eau. A plus forte raison certains facteurs humains comme le fait d’être son propre maître. La vie à la campagne comportait un relatif isolement, la participation à un groupe retreint mais aux liens solides ; et voici que l’organisation administrative et syndicale, la diffusion de l’instruction et de la presse, de la TV, absorbent les paysans dans la société globale.

    La seconde révolution industrielle, celle des hydrocarbures et de la chimie, va s’imposer aux campagnes européennes. La machine va trop vite pour la pensée : son usage précède toujours la conscience de ses effets. La tronçonneuse ne laisse plus le temps de la réflexion comme la hache. Si on peut abattre un chêne en quelques secondes, il faut toujours un siècle pour le faire. Le tracteur n’est plus le monopole du très grand propriétaire, les produits chimiques diminuent le travail du paysan, mais comme il faut les payer, il faut d’autant plus travailler. La petite exploitation n’était pas rentable. Le progrès technique signifie la concentration, la mécanisation engendre la grande exploitation. Le ruisseau n’est plus que l’effluent d’un terrain saturé de chimie et il suffit de quelques pompes-canons pour le tarir. Qu’est devenue la vie secrète des vallons ? Il n’y a plus que l’eau morte des retenues collinaires. Le travail devient vraiment du travail, c’est-à-dire du travail d’usine. Avant peu, les paysans réclameront à leur tour le droit de passer leurs vacances à la campagne.

    L’électrification et l’adduction d’eau multiplient les tâches en intégrant le paysan dans le système urbain. L’#aménagement_du_territoire, ou plutôt le déménagement, étendit ses méthodes à la campagne. La grande presse, et surtout la TV, achèvent d’entraîner la campagne dans le circuit des villes. Avant la dernière guerre, la ville gagnait dans la campagne, maintenant elle la submerge. C’est ainsi qu’à la France des paysages succède celle des terrains vagues. Et bientôt la France rurale ne sera plus que la banlieue de Paris. La campagne n’est plus qu’un élément d’une seule économie dont la ville est le quartier général. Le reste n’est plus que terrain industriel, aérodromes, autostrades, terrain de jeu pour les citadins. Partout pénètrent les autos, et avec elles les masses, les murs : la ville.

    3/5) Le cancer de l’urbanisation
    Les villes anciennes étaient beaucoup moins nombreuses et beaucoup plus petites que les nôtres. Elles étaient perdues dans la nature. En hiver, la nuit, les loups venaient flairer leurs portes, et à l’aube le chant des coqs résonnait dans leurs cours. Puis un jour, avec le progrès de l’industrie, elles explosèrent, devenant un chaos. Le signe le plus voyant de la montée du chaos urbain c’est la montée des ordures. Partout où la population s’accumule, inexorablement l’air s’épaissit d’arômes, l’eau se charge de débris. La rançon du robinet, c’est l’égout. Sans cesse nous nous lavons, ce n’est plus une cuvette qui mousse, mais la Seine.

    Les villes sont une nébuleuse en expansion dont le rythme dépasse l’homme, une sorte de débâcle géologique, un raz de marée social, que la pensée ou l’action humaine n’arrive plus à dominer. Depuis 1960, il n’est plus question de limiter la croissance de Paris, mais de se préparer au Paris de vingt millions d’habitants dont les Champs-Élysées iront jusqu’au Havre. Les tentacules des nouveaux faubourgs évoquent irrésistiblement la prolifération d’un tissu cancéreux. La ville augmente parce qu’elle augmente, plus que jamais elle se définit comme une agglomération. La ville augmente parce que les hommes sont des êtres sociaux, heureux d’être nombreux et d’être ensemble. Il est bien évident qu’elle n’est pas le fruit d’un projet.

    Les hommes se sont rassemblés dans les villes pour se soustraire aux forces de la nature. Ils n’y ont que trop bien réussi ; le citadin moderne tend à être complètement pris dans un milieu artificiel. Non seulement dans la foule, mais parce que tout ce qu’il atteint est fabriqué par l’homme, pour l’utilité humaine. Au milieu des maisons, les hommes ont amené de la terre, construit un décor. Les usagers des jardins publics sont trop nombreux : regardez, mais ne touchez pas. Les coûts de Mégalopolis grandissent encore plus vite que sa taille. Il faut faire venir plus d’énergie, plus d’eau. Il faut assurer le transport des vivants, se débarrasser des cadavres et autres résidus. Il boit une eau qui n’est plus que celle, « recyclée » de ses égouts, la ville en est réduite à boire sa propre urine. Je propose en plus d’estimer en francs le mètre carré ou le mètre cube d’air pur, comme le kilowatt. Le XIXe siècle avait ses bagnes industriels, le nôtre a l’enfer quotidien du transport. Mégalopolis ne peut être sauvée que par le sacrifice, chaque jour plus poussé, de ses libertés.

    Après le style primitif, après l’ordre monarchique, le désordre de la période individualiste, la ruche monolithique d’une collectivité totalitaire. Si nous n’y prenons garde, en supposant un meilleur des mondes sans crise ni guerre, nous finirons dans une caverne climatisée, isolée dans ses propres résidus ; où nous aurons le nécessaire : la TV en couleur et en relief, et où il nous manquera seulement le superflu : l’air pur, l’eau claire et le silence. La ville pourrait bien devenir le lieu de l’inhumanité par excellence, une inhumanité sociale. Peut-être que si la science réussit à rendre l’individu aussi indifférencié qu’une goutte d’eau, la ville pourra grandir jusqu’à submerger la terre. Peut-être que le seul moyen de mettre un terme à la croissance inhumaine de certaines agglomérations est de laisser la pénurie atteindre un seuil qui, en manifestant avec éclat l’inconvénient d’y vivre, découragera les hommes d’y affluer.

    Le citadin s’est libéré en s’isolant du cosmos ; mais c’est ainsi qu’il a perdu sa liberté. Aujourd’hui, pour être libre, prendre des vacances, c’est sortir de la ville.

    4/5) Le tourisme, produit de l’industrie
    Pour les primitifs et les paysans, rien n’est plus étranger que l’idée de voyager. Ceux qui ont traversé les pays ignorés du tourisme savent à quel point leurs habitants sont surpris de voir un homme qui se déplace pour son plaisir. A l’origine, l’homme ne change de lieu que contraint par une nécessité supérieure : pour fuir un ennemi, s’enrichir, ou obéir à l’ordre d’un dieu. Pour le Moyen Age, le voyageur, c’est le pèlerin ou le trafiquant. Le voyage généralisé apparaît lorsque les conditions économiques et sociales permettent à l’individu de rompre avec son milieu. Il naît avec la richesse, la sécurité des routes, la curiosité et l’ennui. Le premier touriste, ce fut peut-être l’empereur Hadrien. Au contraire, le goût des voyages décroît avec la misère et l’insécurité. Le temps des invasions n’est jamais celui du tourisme ; alors l’individu se cramponne au sol pour subsister. Comme autrefois, il n’est pas assez d’une existence pour connaître vraiment son canton, parce qu’il lui faut avancer pas à pas. Et le quitter pour un autre, c’est le perdre.

    Le #tourisme commence au XVIIIe siècle, et d’Angleterre il gagne l’Europe. Le voyage n’est plus le fait d’une aristocratie, il devient celui d’une classe sociale tout entière : la bourgeoisie, et finalement les masses populaires. Pour un homme des villes, vivre physiquement et spirituellement, c’est retourner à la nature. Accablés de vêtements et d’artifices, nous nous étendons nus sur le sable. Ce sont les hommes de l’auto et de l’avion qui escaladent à pied les montagnes. La sympathie pour les sociétés indigènes aboutira tout au plus à un folklore pour touristes plaqué sur un abîme d’uniformité. On enfermera les derniers hommes sauvages, comme les derniers grands mammifères, dans des réserves soigneusement protégées, où ils joueront le rôle du primitif devant un public de civilisés. Le parc national n’est pas la nature, mais un parc, un produit de l’organisation sociale : le jardin public de la ville totale. C’est la terre entière qui devrait devenir un parc national ; tandis que la masse humaine irait vivre sous cloche dans quelque autre planète.

    La nature reste l’indispensable superflu de la société industrielle. La nature est photogénique ; notre civilisation de l’image est portée à l’exploiter pour compenser la rationalité de son infrastructure mathématique. Les mass media diffusent quotidiennement les mythes de la Mer, de la Montagne ou de la Neige. Le touriste n’est qu’un voyeur pour lequel le voyage se réduit au monument ou au site classé. Partout l’artifice cherche à nous restituer la nature. Isolé de la nature dans son auto, le touriste considère d’un œil de plus en plus blasé le plat documentaire qui se déroule derrière le miroir. Admirer les glaciers à travers les vitres d’un palace n’empêche pas de se plaindre de la faiblesse du chauffage. Un touriste ne vit pas, il voyage ; à peine a-t-il mis pied à terre que le klaxon du car le rappelle à l’ordre ; le tourisme et la vraie vie ne se mélangent pas plus que l’huile et l’eau. Avec la société capitaliste, le tourisme est devenu une industrie lourde. L’agence de tourisme fabrique à la chaîne quelques produits standard, dont la valeur est cotée en bourse. Il n’y aura plus de nature dans la France de cent millions d’habitants, mais des autoroutes qui mèneront de l’usine à l’usine – chimique ou touristique.

    L’auto, qui nous permet de nous déplacer aisément, par ailleurs nous enferme. Certains massifs de Pyrénées dépourvus de routes sont moins fréquentés qu’à l’époque de Russel et de Chausenque. Mais demain, le bulldozer permettra aux modernes centaures d’envahir partout la montagne, sans risque d’abîmer leurs délicats sabots de caoutchouc. Il faut du nouveau à l’individu moderne, n’en fût-il plus au monde. Le touriste change de lieu chaque fois plus vite – jusqu’au moment où le voyageur n’est plus qu’un passager affalé qui ronfle dans le fauteuil d’un avion lancé à mille à l’heure. Ce qui rend les voyages si faciles les rend inutiles. L’avion fait de Papeete un autre Nice, c’est-à-dire un autre Neuilly. Les temps sont proches où l’avion pour Honolulu n’aura pas plus de signification que le métro de midi. Tourisme ? Exactement un circuit fermé qui ramène le touriste exactement à son point de départ. A quoi bon l’auto qui permet de sortir de la ville, si elle nous mène au bord d’un autre égout ? Sur deux cents kilomètres de plage landaise, il n’est pas un feston de la frange des vagues qui ne soient ourlé par les perles noires du mazout. Et le soir, à la villa, le bain d’essence devient le rite complémentaire du bain de mer. On pouvait voir les bancs de perche évoluer dans les algues par trois mètres de fond dans l’étang de Biscarosse ; selon un rapport du Muséum il est aujourd’hui classé dans la quatrième catégorie, le maximum de pollution. La paix de l’hiver est rompue par les skieurs, le blanc des neiges, piétiné et balafré, n’est plus qu’un terrain vague maculé de débris et de traces. La montagne est mise à la portée des masses payantes. Mais est-elle encore la montagne ? Il n’y a plus de montagne ; il ne reste qu’un terrain de jeu. Le domaine du loisir étant celui de la liberté, pourquoi dépenser des milliards à couvrir les montagnes de téléphériques pour hisser le bétail humain sur les crêtes ? Aujourd’hui sites et monuments sont plus menacés par l’admiration des masses que par les ravages du temps. On voit venir le moment où les lieux les plus célèbres se reconnaîtront au fait que la visite en est interdite.

    Rien n’empêche la société industrielle d’enfermer la momie de Thoreau dans la vitrine de la littérature bucolique. Si nous voulons retrouver la nature, nous devons d’abord apprendre que nous l’avons perdue.

    5/5) Conclusion : échec et résurrection du sentiment de la nature
    Il n’est pas de lieu plus artificiel que ceux où la nature est vendue. Si un jour elle est détruite, ce sera d’abord par les industries de la mer et de la montagne. Si un « aménagement du territoire » désintéressé et intelligent s’efforce d’empêcher le désastre, il ne pourra le faire qu’au prix d’une organisation raffinée et implacable. Or l’organisation est l’exacte antithèse de la nature. Le « sentiment de la nature » s’est laissé refouler dans le domaine du loisir, du superflu et du frivole. La révolte naturiste n’a engendré qu’une littérature et non une révolution. Le scoutisme n’a pas dépassé l’enfance.

    Les passionnés de la nature sont à l’avant-garde de sa destruction : dans la mesure où leurs explorations préparent le tracé de l’autostrade, et où ensuite pour sauver la nature ils l’organisent. Ils écrivent un livre ou font des conférences pour convier l’univers à partager leur solitude : rien de tel qu’un navigateur solitaire pour rassembler les masses. L’amoureux du désert fonde une société pour la mise en valeur du Sahara. Cousteau, pour faire connaître le « monde du silence », tourna un film qui fit beaucoup de bruit. Le campeur passionné par les plages désertes fonde un village de toile. Ainsi, réaction contre l’organisation, le sentiment de la nature aboutit à l’organisation.

    En réalité il n’y a probablement pas de solution au sein de la société industrielle telle qu’elle nous est donnée. L’organisation moderne nous assure le superflu en nous privant du nécessaire. En dehors de l’équilibre naturel dont nous sommes issus, nous n’avons qu’un autre avenir, un univers résolument artificiel, purement social. L’homme vivra de la substance de l’homme, dans une sorte d’univers souterrain. Si l’espèce humaine s’enfonçait ainsi dans les ténèbres, elle n’aurait fait qu’aboutir à la même impasse obscure que les insectes. A moins qu’on ne s’adapte pour grouiller comme des rats dans quelque grand collecteur. Que faire ?

    La nature n’est pas une mère au sens sentimental du terme, elle est la Mère : l’origine de l’homme. L’homme doit péniblement se maintenir entre ces deux abîmes : la totalité cosmique et la totalité sociale ; et c’est ce terme même de nature qui lui indique où est son étroit chemin. Il faudra dominer l’industrie comme on a dominé la nature. Il nous faut réviser nos notions de nécessaire et de superflu. Il faut affronter le standard de vie, les investissements, les fusées et la bombe atomique pour choisir l’air pur. Ce n’est que si l’homme est capable de se dominer qu’il pourra continuer de dominer la terre. La solution suppose un renversement des valeurs. Il faut que la fin : la nature pour les hommes, commande les moyens : la science, l’industrie, l’Etat. Pour nous et surtout pour nos descendants, il n’y a pas d’autres voies qu’une véritable défense de la nature. Désormais toute entreprise devrait être envisagée en tenant compte de la totalité de l’équilibre qu’elle perturbe. Les hommes qui se voueraient à une telle révolution pourraient constituer une institution, indépendante des partis ou des Etats, consacrée à la défense de la nature. Elle se considérerait comme une sorte d’ordre, imposant à ses membres un certain style de vie, qui les aiderait à prendre leurs distances vis-à-vis de la société actuelle. Ils pratiqueraient une sorte d’objection de conscience. La merveille de Babylone est ce jardin terrestre qu’il nous faut maintenant défendre contre les puissances de mort.

    #ruralité #paysannerie #urbain_diffus #banlieue_totale #administration_du_désastre #wilderness #écoumène #critique_techno #système_technicien #déracinement #effet_rebond #hors_sol #soleil_vert #contre-productivité

    • A relire ici Charbonneau, il me semble y trouver bien plus de raisons qu’il ne m’a été nécessaire d’en réunir pour chercher à cesser de penser nos existences en fétichisant comme lui la Nature - mère ou non, peu importe - et en se mettant en travers de la pensée un dualisme aussi sclérosant que nature vs culture.

      Si je fais volontiers mien ses constats historiques quant à la dévastation à laquelle il assiste, je ne suis pas du tout en accord avec la manière dont il prétend trancher -

      l’origine de l’homme. L’homme doit péniblement se maintenir entre ces deux abîmes : la totalité cosmique et la totalité sociale ; et c’est ce terme même de nature qui lui indique où est son étroit chemin.

      , etc ;
      ou des perspectives aussi clairement exprimées que celles-ci (c’est moi qui graisse ) :

      Ce n’est que si l’homme est capable de se dominer qu’il pourra continuer de dominer la terre. La solution suppose un renversement des valeurs. Il faut que la fin : la nature pour les hommes ,

      [...]

      Les hommes qui se voueraient à une telle révolution pourraient constituer une institution , indépendante des partis ou des Etats, consacrée à la défense de la nature. Elle se considérerait comme une sorte d’ordre ,

      Voilà qui me semblent quant à moi tout aussi sinistres (il y a dans un tel propos naturaliste quelque chose qui sonne banalement chrétien -

      dominer la terre, la nature pour l’homme

      - voir fasciste à mes oreilles : le naturalisme s’y donne assez vite à voir se prenant les pieds dans son propre tapis culturel) - et participer de - cela même que l’auteur croit critiquer et combattre.

      Lisant cela, l’innocence naturalisme des hétérosexistes anti-industriels (ou l’hétérosexisme innocent des naturalistes anti-industriels) dont Aude cite un morceau de choix me surprends finalement assez peu ; il procède assez clairement de vieilles carences critiques qu’il partage avec ceux dont il se réclame.

      (autres morceaux de bravoure hétérosexiste issu du même site - là encore, je graisse :

      Sur ce blog, nous n’avons aucune préférence religieuse et une seule éthique, la volonté d’être à l’écoute d’une nature … qui nous a fait homme ou femme . La volonté des gays et lesbiennes de se marier et d’avoir un enfant est une forme de discrimination envers l’autre sexe [tiens donc : mais lequel ?] : un couple hétéro est naturellement dédié à une relation sexuelle et seul capable d’assurer la reproduction nécessaire à l’espèce. L’homosexualité, c’est donc la volonté de transcender les limites naturelles et sociales en s’accaparant du mariage [sic] , une institution jusque là réservé à l’union d’un homme et d’une femme

      http://biosphere.blog.lemonde.fr/2012/11/23/mariage-des-homosexuels-lois-de-la-nature-et-socialisme
      et en commentaire, cet accès de délirium :

      la revendication d’une ultra-minorité d’activistes qui parlent le langage de l’égalitarisme idéologique, synonyme de dé-différenciation.

      - où l’on retrouve notre vieil ami Escudero dans le texte...

      .
      C’est ballot pour eux, mais je préfère de loin consacrer du temps... aux écrits des féministes matérialistes, par exemple, qu’à grenouiller en compagnie de pareil tissu d’imbécilité béate).

    • Oui il y a certains trucs qui ont mal vieilli dans le texte de Charbonneau, notamment dans les pistes qu’il propose. Aussi un autre terme que « dominer » aurait sûrement été choisi s’il avait écrit son texte aujourd’hui.
      Pour ma part sur ces questions je reste sur la grille #écoumène vs #wilderness, qui a l’avantage de trancher la fausse dichotomie nature/culture et de rappeler que l’humain et ses milieux se co-créent (partout, localement et sans avoir recours à des institutions) et que le souci est là où cette co-creation n’a plus lieu.

    • @koldobika

      Je me suis attelé depuis plusieurs mois à la découverte (passionnante) des travaux de A. Berque.
      malgré quelques limites évidentes (un ton facilement universaliste abstrait), je dois dire que j’en trouve la lecture des plus stimulantes. Son érudition est parfois à double tranchant : autant je me régale à le suivre dans ses références, ses rapprochements et ses comparaisons... et parfois, il me semble qu’il se complaît dans ce qui ressemble tout de même à du jargon. Et, par exemple, ses références à Heidegger ne sont pas de mon goût.

      Heureusement, il y a bien d’autres choses chez lui, et il a le bon goût d’en laisser plus qu’assez en libre accès.

      je disputerai volontiers un de ces jours de ce qu’il me semble apporter au débat (entre autres, il m’a fait penser à Gunther Anders comme à l’historien d’art Gombricht) mais je pense que l’originalité de son approche exige, de ma part au moins, un temps de digestion conséquent avant de prétendre commencer d’en faire quelque chose.

      Quoi qu’il en soit, merci encore de me l’avoir fait connaître !

    • Ce n’est pas de la Nature avec un grand N qu’il s’agit, cette dame est très recommandable et bien des professeurs lui font la cour. Cette « Nature » n’existe pas, nous avons vu les Landes, les Pyrénées, suivi les chemins de montagne où des générations de paysans sont allés apporter des provisions à des générations de bergers. La « Nature » nous laisse froids, mais nous connaissons ces grands caps de bois qui s’avancent dans les landes vides, les derniers tisons qui luisent pendant que dans le ciel étoilé de l’été monte de plus en plus strident le chant des grillons. Avez-vous brisé contre une roche un de ces cailloux creux remplis de cristaux violets ? Alors vous avez connu le sentiment de la nature

      Le sentiment de la nature, force révolutionnaire, 1937, Bernard Charbonneau
      ça reste assez peu défini dans les pages suivantes, il y parle de Rousseau, de la déclinaison en littérature du sentiment de la nature, ce que j’y perçois surtout c’est une aspiration à sortir de la rationalité totale et de l’industrialisation de tout, mais les catégories dont il cause ne sont pas très claires.
      J’y trouve une résonance avec Retrouver l’Océan, d’Henri Raynal http://www.peripheries.net/article3.html et avec La mystique sauvage, de Michel Hulin http://www.peripheries.net/article53.html

  • The Curse of Smart People — http://apenwarr.ca/log/?m=201407#01

    via @robin

    Smart people have a problem, especially (although not only) when you put them in large groups. That problem is an ability to convincingly rationalize nearly anything.

    Smart people, computer types anyway, tend to come down on the side of people who don’t like emotions. Programmers, who do logic for a living.

    Here’s the problem. Logic is a pretty powerful tool, but it only works if you give it good input. As the famous computer science maxim says, “garbage in, garbage out.” If you know all the constraints and weights - with perfect precision - then you can use logic to find the perfect answer. But when you don’t, which is always, there’s a pretty good chance your logic will lead you very, very far astray.

    Most people find this out pretty early on in life, because their logic is imperfect and fails them often. But really, really smart computer geek types may not ever find it out. They start off living in a bubble, they isolate themselves because socializing is unpleasant, and, if they get a good job straight out of school, they may never need to leave that bubble. To such people, it may appear that logic actually works, and that they are themselves logical creatures.

    __

    Impostor Syndrome is that voice inside you saying that not everything is as it seems, and it could all be lost in a moment. The people with the problem are the people who can’t hear that voice.

    Pour moi, ça résonne pas mal avec le dernier billet de @tetue : http://romy.tetue.net/coder-pour-se-faire-plez

    Les gens intelligents (au sens gros QI, fort en math / logique), c’est bien, mais ils ont la bêtise de leur intelligence : ils sont convaincus que tout est rationalisable et sont complètement aveugles aux facteurs sortant de leur sphère d’expertise (qui est en quelque sorte leur mode d’existence et d’appréhension du réel).

    #intelligence #technique #société

  • La Coupe du Monde, les décalages de temps, et ce qu’ils veulent dire
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-la-coupe-du-monde-les-decalag

    Dates/Horaires de Diffusion : 30 Juin, 2014 - 08:45 - 08:50

    Il y a un problème avec cette Coupe du Monde, qui commence à être identifié, mais dont on n’a pas encore pris la mesure je pense. J’annonce tout de suite aux auditeurs qui se disent : «  oh non, il va nous parler de foot, quand même, on n’en peut plus…  » Mais non, ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous parler de foot. Dieu sait pourtant que j’aimerais…. Voici donc le problème. Selon ...

    date de remontée fiction : Lundi 30 Juin (...)

    #Information #Innovation #Internet #Sport #Technique #Télévision #Direct

  • De l’intelligence artificielle aux humanités numériques
    http://www.laviedesidees.fr/De-l-intelligence-artificielle-aux.html

    À l’occasion d’un entretien croisé Milad Doueihi, spécialiste du #numérique, et Jean-Gabriel Ganascia, philosophe et cogniticien, réfléchissent aux fondements de l’humanisme numérique aujourd’hui. Revisitant l’histoire de l’intelligence artificielle, vieille déjà de plusieurs décennies, ils s’intéressent à la notion d’intelligence dans ses rapports avec la culture numérique d’aujourd’hui.

    Essais & débats

    / numérique, #technique, #histoire_des_sciences

    #Essais_&_débats

  • Les machines feront de nous tous des intermittents
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-les-machines-feront-de-nous-t

    Dates/Horaires de Diffusion : 24 Juin, 2014 - 08:45 - 08:50

    Tout récemment, la revue en ligne Regards sur le Numérique, posait la question : «  Comment travaillerons-nous demain ?  ». Parmi des réponses plus ou moins attendues, on trouve celle du bien connu bloggeur Thierry Crouzet, que je me permets de vous citer un peu en longueur : " Les musiciens, les écrivains, les peintres, les développeurs de logiciels libres, les parents qui restent à la ...

    date de remontée fiction : Mardi 24 Juin (...)

    #Information #Débat #Innovation #Internet #Technique #Tertiaire #Direct

  • Noms de domaines (mais pas viticoles)
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-noms-de-domaines-mais-pas-vit

    Dates/Horaires de Diffusion : 23 Juin, 2014 - 08:45 - 08:50

    Un grand conflit oppose aujourd’hui la France à l’Internet mondial. Quelle peut bien en être la raison ? Il y a un seul enjeu qui puisse justifier un tel combat : le vin. J’essaie de vous expliquer. L’ICANN, l’organisme qui décide de la gestion des noms de domaine, - dont je vous ai déjà parlé 20 fois, mais dont vous avez oublié l’existence parce que la gouvernance d’Internet, c’est ...

    date de remontée fiction : Lundi 23 Juin (...)

    #Information #Gastronomie #Innovation #Internet #Politique #Technique #Direct

  • La publicité en ligne serait inefficace
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-la-publicite-en-ligne-serait-

    Dates/Horaires de Diffusion : 19 Juin, 2014 - 08:45 - 08:50

    Pour une fois, faisons un peu d’économie numérique. A l’occasion de l’étude menée par trois chercheurs américains sur l’efficacité de la publicité en ligne. Etude tout à fait intéressante car elle conclut à l’inefficacité de la publicité en ligne. Quelques éléments de contexte. Ces dernières années, l’industrie publicitaire sur #Internet a cru de manière disproportionné aux E-U, ses ...

    date de remontée fiction : Jeudi 19 Juin (...)

    #Information #Economie #Innovation #Technique #Direct

  • On ne s’appelle plus au téléphone, on s’écrit des textos
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-on-ne-s-appelle-plus-au-telep

    Dates/Horaires de Diffusion : 18 Juin, 2014 - 08:45 - 08:50

    On se parle de moins en moins au téléphone et on écrit de plus en plus de textos. Ce constat empirique est corroboré par des chiffres. Comme le rapporte un article récent du New York Times les résultats des différentes études menées sur la question convergent : la part de la communication vocale diminue d’années en années en général, et de manière encore spectaculaire chez les plus ...

    date de remontée fiction : Mercredi 18 Juin (...)

    #Information #Innovation #Internet #Technique #Direct

  • Implémenter la névrose dans les robots pour améliorer
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-implementer-la-nevrose-dans-l

    Dates/Horaires de Diffusion : 13 Juin, 2014 - 08:45 - 08:50

    / Style Definitions / table.MsoNormalTable mso-style-name :"Tableau Normal" ; mso-tstyle-rowband-size:0 ; mso-tstyle-colband-size:0 ; mso-style-noshow:yes ; mso-style-parent :"" ; mso-padding-alt:0cm 5.4pt 0cm 5.4pt ; mso-para-margin:0cm ; mso-para-margin-bottom :.0001pt ; mso-pagination:widow-orphan ; font-size:10.0pt ; font-family :"Times New Roman" ; Tenir la chronique des avancées de la ...

    date de remontée fiction : Vendredi 13 Juin (...)

    #Information #Industrie #Innovation #Psychanalyse #Technique #Direct

  • Le football et l’illusion des données
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-le-football-et-l-illusion-des

    Dates/Horaires de Diffusion : 12 Juin, 2014 - 08:45 - 08:50

    Comme tout, le #Sport est gagné par la statistique. L’expérience est frappante pour le téléspectateur, qui se voit ajoutées toutes sortes de données nouvelles. Dernièrement, à Roland Garros, ce fut le nombre de mètres parcourus par point. De temps en temps, après de longs échanges, France Télévision donne la distance parcourue par chacun des joueurs. Au premier abord pas inintéressant de ...

    date de remontée fiction : Jeudi 12 Juin (...)

    #Information #Innovation #Technique #Direct

  • Regarder passer les bateaux, sur son écran
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-regarder-passer-les-bateaux-s

    Dates/Horaires de Diffusion : 11 Juin, 2014 - 08:45 - 08:50

    Pour un ensemble de raisons pas forcément passionnantes, il se trouve que j’ai passé de nombreuses heures de ma vie à contempler Le Havre. Le contempler de loin, depuis l’autre rive de la Seine, la «  côte fleurie  » du Calvados, «  ce vert bocage où je macérais  », comme l’écrivit un jour Patrick Grainville, qui en sait quelque chose. Vu de là, ce qui impressionne surtout, ce sont les cuves ...

    date de remontée fiction : Mercredi 11 Juin (...)

    #Information #Innovation #Internet #Technique #Direct

  • La Silicon Valley a sa série, et c’est pas jojo
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-la-silicon-valley-a-sa-serie-

    Dates/Horaires de Diffusion : 9 Juin, 2014 - 08:45 - 08:50

    La Silicon Valley a sa série. Elle s’intitule Silicon Valley et elle est en train d’être diffusée sur la chaîne américaine HBO. Avant d’entrer plus avant dans ce que raconte cette série,le simple fait que la Silicon Valley est devenu un objet de série est en soi significatif. C’est-à-dire que la Silicon Valley est désormais un écosystème suffisamment répertorié – et suffisamment complet ...

    date de remontée fiction : Lundi 9 Juin (...)

    #Information #Amérique #Innovation #Loisirs #Technique #Télévision #Direct

  • Bugs, sas et caméras : l’informatique carcérale
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-bugs-sas-et-cameras-l-informa

    Dates/Horaires de Diffusion : 10 Juin, 2014 - 08:45 - 08:50

    Dans Libération samedi, Sonya Faure interrogeait longuement Jean-Marie Delarue, contrôleur général des lieux de privation de liberté, dont le mandat de 6 ans s’achève cette semaine. Parmi les nombreux sujets abordés par cet homme qu’on a envie d’admirer, l’un nous concerne particulièrement. Je cite Jean-Marie Delarue : " J’assistais, un matin, au travail d’un surveillant au poste central ...

    date de remontée fiction : Mardi 10 Juin (...)

    #Information #Innovation #Justice #Technique #Direct

  • Article du magazine Science et vie n°548 de mai 1963
    sur le réfrigérateur gigogne de Félix TROMBE
    http://www.collecteurderosee.fr/article%20science%20et%20vie%20numero%20548/article%20science%20et%20vie%20numero%20548.html

    « Si au matin, après une nuit claire, la campagne se pare de rosée ou de givre, c’est que le sol a rayonné pendant la nuit sa chaleur du jour alors que la température de l’air a bien moins varié. D’où différence de température entre sol et air, d’où condensation sur les points froids. Mais, profanes ou physiciens, nous n’avons jamais songé à utiliser cet écart de température. Les phénomènes évidents ne sont-ils pas les moins étudiés ?…Or, voici qu’en France, l’étude systématique du phénomène a fait déboucher sur de surprenantes possibilités. Une nouvelle forme d’énergie est née, elle est française, elle est universelle… ».

    J’ai pas tout compris mais j’en veux un !

    #froid #énergie #frigo #technologie_appropriée

  • Nanni Moretti a un frère, et il cherche la vérité de la littérature
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-nanni-moretti-a-un-frere-et-i

    Dates/Horaires de Diffusion : 6 Juin, 2014 - 08:45 - 08:50

    Figurez-vous que Nanni Moretti a un frère. Il s’appelle Franco, Franco Moretti, et il est professeur de littérature anglaise à l’Université de Stanford aux Etats-Unis, mais surtout, il mène un travail qui s’inscrit dans un vaste courant qu’on appelle les «  Digital Humanities  », «  les Humanités numériques  », et qui consiste, pour le dire vite, à faire profiter les sciences humaines et ...

    date de remontée fiction : Vendredi 6 Juin (...)

    #Information #Informatique #Innovation #Internet #Littérature_Contemporaine #Roman #Technique #Direct

  • [ASTUCE PHOTO] La technique qui marche à tous les coups pour capter le regard
    http://www.photo-tuto.fr/apprendre-la-photographie-2/astuce-composition

    Aujourd’hui vous allez apprendre une astuce qui marche à tous les coups pour capter le regard de votre audience là où vous le souhaitez sur votre photo. Cette astuce nous l’avons déjà évoquée sur Photo Tuto (comme dans notre tutoriel précédent sur John Legend) mais aucun post ne lui avait encore été dédié. Nous allons […]

    #Apprendre_la_photo #apprendre_la_photo #apprendre_la_photographie #astuce_composition #cadre_dans_le_cadre #technique_composition #tuto_photo #tutoriel_photo

  • La police, sur Twitter et en dehors (chronique sans chute)
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-la-police-sur-twitter-et-en-d

    Dates/Horaires de Diffusion : 3 Juin, 2014 - 08:45 - 08:50

    Au quotidien, le rapport que j’entretiens à l’Espagne se résume presque à un compte Twitter que je suis depuis plusieurs années. Ce compte, c’est celui de la police nationale. Je sais qu’à première vue, c’est un peu étrange d’être abonné à un compte de police. Et je tiens à rassurer les quelques auditeurs qui depuis trois secondes, se repentent d’avoir accordé quelque crédit à ces ...

    date de remontée fiction : Mardi 3 Juin (...)

    #Information #Innovation #Internet #Technique #Direct

  • Mourir pour #Internet ou les nouvelles formes de l’engagement.
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-mourir-pour-internet-ou-les-n

    Dates/Horaires de Diffusion : 2 Juin, 2014 - 08:45 - 08:50

    Nous avons chacun nos obsessions, parfois inavouables. La mienne consiste à me demander, à propos de tout, si le numérique y change quelque chose. Le numérique change-t-il quelque chose à la manière dont nous réfléchissons ? Le numérique change-t-il quelque chose à nos relations familiales ? A l’amour ? A l’idée que je me fais de la mort ? etc. Tout cela s’inscrit dans une vaste ...

    date de remontée fiction : Lundi 2 Juin (...)

    #Information #Débat #Idéologie #Innovation #Technique #Direct

    • Alors qu’une récente étude de l’université d’Oxford annonçait que 47% de nos emplois d’ici 20 ans pourraient être confiés à des #automates, Steve Jurvetson prédit quant à lui un futur avec 80% de taux de #chômage. Face à ce qui se dessine comme le nouveau paradigme d’une « ère #post-travail », il prévient : le monde a besoin de réfléchir à ce qu’un tel futur aura comme impact sur l’écart entre les riches et les pauvres.

      Et cet écart ne devrait plus, comme par le passé, s’accroître ou se réduire de façon cyclique, mais juste continuer de grossir. Car, explique Jurvetson, "le rythme du progrès #technique est déconnecté de l’#économie". En supposant que chaque industrie devienne une partie d’un immense secteur IT, et que les robots prennent tous les jobs non-désirés, l’équation serait simple : il y aurait moins de #travail pour les humains. Seulement une petite partie de la population contrôlerait les technologies de l’information et cette force de travail permettrait d’automatiser le reste.

      #surnuméraires

  • Platon et la technè | Etudes platoniciennes 10 | 2013
    http://etudesplatoniciennes.revues.org/196

    Le numéro X des Etudes Platoniciennes est le premier numéro d’une série consacrée au thème « Platon et ses prédécesseurs » qui fut l’objet des recherches présentées au Séminaire d’Études Platoniciennes de 2009 à 2012. Ce numéro a pour thème la τέχνη : quel rôle la τέχνη, représentée ici par la #médecine et la #musique, joue-t-elle dans l’Antiquité sur la pensée philosophique, en particulier celle de Platon ? Comment les discours et les savoirs techniques et artisanaux se trouvent-ils intégrés, déplacés, transposés dans le dispositif platonicien de telle sorte qu’ils y restent actifs, voire qu’ils y puisent une énergie nouvelle et se voient ainsi susceptibles, à travers le texte platonicien, de produire des effets renouvelés sur la postérité ? A l’horizon de cette enquête se trouve une compréhension plus profonde d’une écriture philosophique qui s’est assignée, comme aucune autre ne l’a fait, à s’ouvrir à tous les discours et à tous les savoirs qu’elle trouvait devant elle.

    #philosophie #technique

    Avant-propos : http://etudesplatoniciennes.revues.org/380

  • #Internet et l’ordinateur racontés par les enfants
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-internet-et-l-ordinateur-raco

    Dates/Horaires de Diffusion : 30 Mai, 2014 - 08:45 - 08:50

    Quiconque élève des enfants, ou même côtoie des enfants, se demande comment faire avec les écrans, comment négocier avec la fascination qu’ils exercent bien souvent sur les enfants. Mais personne ou presque ne se demande ce que l’enfant pense de l’ordinateur, comment il perçoit Internet. C’est pourquoi ce matin, je vais faire œuvre de service public et me mettre dans la peau d’un enfant ...

    date de remontée fiction : Vendredi 30 Mai (...)

    #Information #Informatique #Innovation #Technique #Direct

  • Le jeu vidéo pour repenser l’économie. Et la #Politique ?
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-le-jeu-video-pour-repenser-l-

    Dates/Horaires de Diffusion : 29 Mai, 2014 - 08:45 - 08:50

    Le point de départ est une expérience racontée dans le mensuel libertarien américain Reason. Une expérience menée par un économiste grec du nom de Yanis Varoufakis qui enseigne la théorie économique à l’Université d’Athènes ainsi qu’à l’université d’Austin au Texas. En 2011, Varoufakis est contacté par le PDG d’une entreprise de jeu vidéo, à l’origine de jeux comme Half-Life et Portal, ...

    date de remontée fiction : Jeudi 29 Mai (...)

    #Information #Economie #Idéologie #Innovation #Internet #Jeux_Vidéo #Technique #Direct

  • Pour une fois, réjouissons-nous de ce qui se passe dans la presse
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-pour-une-fois-rejouissons-nou

    Dates/Horaires de Diffusion : 28 Mai, 2014 - 08:45 - 08:50

    Je voudrais profiter de la venue de Glenn Greenwald, et de sa participation à The Intercept, pour tenir un propos qui sera considéré comme béat, mais dont j’assume la béatitude. Parce que, voilà, j’en ai ras le bol des déplorations au sujet de la fin la presse. J’en ai ras-le-bol de tous ces directeurs de journaux ou de chaines de télé qui viennent nous expliquer que le presse, c’est fini, que le journalisme est mort, que l’information est désormais vouée à se diluer dans la désinformation.

    #Information #Débat #Innovation #Internet #Technique #Direct

  • Le programme numérique du FN : entre constats justes, argumentaire tendancieux et slogans vides
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-le-programme-numerique-du-fn-

    Dates/Horaires de Diffusion : 27 Mai, 2014 - 08:45 - 08:50

    Parmi les un peu plus de 4 millions de personnes qui ont voté pour le Front National aux élections européennes, très peu sans doute l’ont fait pour des raisons numériques. Je veux dire par là, très peu sans doute se sont décidé en fonction de ce que le Front National avance sur les questions numériques. Néanmoins, allons y voir. Allons voir sur quelles positions, concernant #Internet et ...

    date de remontée fiction : Mardi 27 Mai (...)

    #Information #Idées #Innovation #Parti_Politique #Technique #Direct

  • Laborieuse Nature
    http://www.laviedesidees.fr/Laborieuse-Nature.html

    Comment naissent les découvertes et les progrès scientifiques ? Contre une vision idéaliste et triomphaliste de l’histoire des sciences, toute l’œuvre de Simon Schaffer a consisté à observer la science en train de se faire, au plus près des pratiques et des acteurs. Loin de diminuer son prestige, cette approche lui restitue la place centrale qu’elle occupait dans les sociétés d’Ancien Régime.

    Essais & débats

    / #histoire_des_sciences

    #Essais_&_débats

    • Plus encore, cette méthodologie retourne l’opposition classique entre #sciences et société (selon laquelle la vérité universelle aurait pour condition d’existence son arrachement aux déterminismes et aux contextes sociaux, le laboratoire figurant comme le lieu par excellence de cette abstraction construite), pour mettre l’accent sur une #épistémologie du témoignage qui jusque-là était placée au second plan. L’épistémologie du témoignage met en évidence un déplacement de la question de l’autorité et de la certification des savoirs en insistant sur la composition sociale de l’auditoire de ces expériences. Ainsi, dans les écrits de Schaffer, la preuve scientifique cesse d’appartenir au seul vocabulaire du travail scientifique pour apparaître comme une pratique éminemment sociale. L’effondrement de l’édifice scolastique ébranle les anciennes définitions de la certitude héritée de l’Antiquité et du Moyen-Âge et les autorités textuelles. Or, pour assurer à la pratique expérimentale un statut stable et sûr, il ne suffit plus de la garantir par les institutions de savoirs liées à l’Église. La culture absolutiste rend nécessaire d’y intégrer des éléments socio-politiques nouveaux et de lui insuffler une nouvelle grammaire des pratiques. L’attention portée aux notions polysémiques de confiance, de vertu, de crédit qui appartiennent à plusieurs mondes (monde moral, monde économique, monde politique) renvoie à cette volonté de travailler sur des objets frontières de la pratique scientifique. C’est cette mobilité remarquable des concepts et leur polyvalence qui permet aux sciences de conquérir une position légitime dans les académies comme dans les ministères.

      [...]

      Si Léviathan et la pompe à air avait déjà abordé la question de l’universalisation de la culture expérimentale, Shapin et Schaffer avaient d’abord porté leur attention sur l’analyse des mécanismes précis de sortie du laboratoire et de généralisation des résultats de l’expérience. Si les connaissances circulent ce n’est pas parce qu’elles sont par nature universelles, « mais c’est parce qu’elles circulent qu’elles deviennent universelles ». Si l’irréversibilité des résultats scientifiques obéit à une procédure de détachement, c’est moins par le partage universel d’une capacité de l’entendement humain que par la routinisation des pratiques scientifiques liées à une standardisation dans l’usage des instruments et des techniques. Comme le notent T. Shinn et P. Ragouet, « c’est au cours de ces processus de décontextualisation et de recontextualisation au sein de sites différents qu’émerge une forme d’universalité que l’on peut qualifier de pratique [10] ». L’univers des instruments unifie les différents sites par la circulation de mêmes techniques de manipulation, de mêmes modes d’action, d’un même vocabulaire pour qualifier ces tâches. C’est le caractère générique de l’instrument qui permet la constitution d’une langue commune aux chercheurs : « le caractère universel du savoir-instrument tient à la pertinence qui lui est accordée de façon indépendante au sein de plusieurs champs [11] ». Comme on le voit, loin d’être un processus spontané, cette universalisation est un travail coûteux qui exige un fort investissement et qui n’est jamais acquis d’avance. L’« oubli » des conditions sociales de production des savoirs apparaissait moins comme une dénégation du particulier, qu’un effet de la routinisation introduite par les pratiques expérimentales ou la circulation des mesures et des étalons. Dans ce cadre d’analyse, l’universalisation était portée par une répétition locale des mêmes expériences, et de ce fait semblait fragile. C’est bien la standardisation négociée, la production d’un langage et de pratiques communes qui permettra au XIXe siècle le triomphe des sciences exactes comme Schaffer la documente dans son étude sur la « manufacture » de l’étalon d’ohms dans les recherches électromagnétiques (qui permettent par exemple l’invention du télégraphe) [12].

      #Simon_Schaffer

    • Les techniques de l’expérimentation. Entretien avec Simon Schaffer
      http://traces.revues.org/2743

      Cet emboîtement [homme/machine], comme on peut l’appeler, est directement lié, d’un point de vue philosophique, à la notion de fétiche. Car le fétichisme, c’est l’attribution de l’intelligence et de la vie à des entités qui en sont dépourvues. Et les historiens des techniques savent qu’il y a une relation très ancienne entre l’historiographie du capitalisme manufacturier et les processus de #réification et de #fétichisation. C’est pourquoi l’étude du célèbre chiasme marxiste de la réification et de la fétichisation m’a toujours particulièrement intéressé. Comment ces attributions arrivent-elles et comment ce double mouvement se déploie-t-il ? Quelle est son histoire et quel rôle joue-t-il dans l’histoire de la science ? C’est, en un sens, la réponse à la question biographique : il s’agit d’une longue et sans doute infructueuse tentative pour expliquer ensemble les processus de réification et de fétichisation. L’histoire de la déqualification tend à être une simple histoire de la réification, où le « savoir gestuel » se matérialise dans des dispositifs mécaniques. Quant à l’histoire du fétichisme, elle se résume à une simple histoire de la consommation où les consommateurs sont constamment cernés par le fantasme. Mais il y a évidemment une relation entre les deux, et les historiens des sciences et des techniques devraient avoir beaucoup de choses à en dire. Les automates, la déqualification, les différentes machines, le calcul mécanique, le mouvement perpétuel et les télégraphes, le laboratoire plus généralement, sont devenus des lieux où il est très intéressant d’enquêter pour qui s’intéresse non pas seulement aux deux processus, mais à la simultanéité des deux processus : c’est là que se trouve la réponse adéquate.

      [...]

      Ce qui est nouveau dans mon travail, c’est l’idée que les décisions #techniques, toutes les décisions techniques, reposent sur des #cosmologies_politiques. Et encourager un système technique pour ses qualités et sa valeur, c’est encourager en même temps la valeur et les qualités d’un système social. Et la médiation entre les deux est le mot très ennuyeux de « savoir », précisément. Qui est l’expert ? Qui doit-on croire ? La distribution de la #confiance va de pair avec des projets techniques autant qu’elle va de pair avec les systèmes de formation étatique. Cette idée n’est certainement pas neuve, mais reste intéressante : entre les techniques et l’#État, il y a une articulation très importante qui est le problème de la fiabilité.