• Gilets jaunes : ne croyez pas la télé !
    André Gunthert 2 décembre 2018 - 9 h 06 min

    Les préoccupations de décompte du nombre de manifestants sont totalement obsolètes. Car l’occupation spatiale des gilets n’a rien à voir avec le regroupement en bataillon d’une foule sur une avenue. Si la métaphore guerrière pouvait venir à l’esprit, c’était plutôt dans sa dimension tactique. Malgré ou plutôt à cause des blocages policiers, la signature visuelle des gilets jaunes se déplaçait sans cesse, en petits groupes mobiles, inscrivant sa souveraineté sur le territoire parisien, franchissant la Seine sans souci des itinéraires balisés, et venant interrompre la circulation à la vitesse de l’éclair, malaisément suivie par le cordon policier.

    Qu’on était loin de l’obéissance syndicale, incarnée par le respect du tracé préfectoral Bastille-Répu, et par la pression des rangées de CRS venues intimider les manifestants. Grâce à cette mobilité tactique, hier, ce qui sautait aux yeux, c’est que les gilets jaunes avaient pris Paris.

    #giletsjaunes #médias #police #tactiques #répression #syndicats #gilets_jaunes #harcèlement #cortègedetête #province #campagne #nasse #techniques_policières #répression #précariat #salariat

    http://imagesociale.fr/6807?subscribe=error#blog_subscription-3

    • Comme mes amis photographes sur Facebook, aimantés par le pittoresque des situations d’affrontement et par la rassurante identification d’une figure connue – l’apocalypse sur fond d’incendie –, l’information privilégiait le schéma des violences émeutières, aplatissant l’intelligence et la nouveauté du mouvement par l’imposition du filtre de la casse. Pas étonnant qu’une mobilisation qui refuse toute médiation soit si mal traitée par les médiateurs professionnels, qui sont en réalité aussi dépassés que la police par les caractères inédits de l’action.

  • QUAND ON VIENDRA DE NOS CAMPAGNES POUR DESCENDRE SUR LA CAPITALE...
    Un rapide point de vue (libertaire) de province pour répondre à l’appel à témoignage pour saisir le mouvement des gilets jaunes

    Pour ce qui est du comportement des flics, nous avons fait un point à chaud après la manifestation avec des militants libertaires parisiens que nous avons rejoint. C’était drôle et à la fois agaçant d’entendre les réactions aigries et incrédules de beaucoup vis-à-vis du mouvement des gilets jaunes et surtout de la manif parisienne sur les Champs.
    Après les pleurnichages sur le fait que les gilets jaunes n’étaient pas là quand il fallait descendre dans la rue pour la Loi travail, les retraites, les services publics,... nous avons eu le droit au « de toute façon, les flics ont laissé faire ».

    C’est sur que les flics ne pouvaient pas charcuter au corps à corps monsieur tout le monde comme dans les manifs gauchistes, le risque de radicalisation de cette foule lambda est trop grand. Mais, surtout, c’est encore moins possible quand ce n’est pas un cortège de tête classique, collé à l’avant de manifestations qui sont désormais d’immenses nasses dès le point de départ et qui suivent un itinéraire convenu et sécurisé à l’avance.
    Là on ne marchait pas dans les clous et beaucoup de forces policières étaient immobilisées pour défendre les périmètres de sécurité autour des lieux de pouvoir. Le reste des troupes était insuffisant pour couvrir les grandes zones où des manifestants occupaient les rues et faisaient preuve de beaucoup de mobilité et d’audace. Je pense que les effectifs policiers dans ces zones ont été complètement débordés, dépassés et même parfois nassés.
    Le matériel lourd était de sortie pourtant, trois camions à eau, hélicoptère, énormément de lacrymogène et beaucoup de grenades diverses et flashball. Mais les manifestants n’étaient pas dans un cortège couloir/cul-de-sac où les flics n’ont qu’à rentrer brutalement dans une masse tassée et bloquée. Les gens résistaient et répliquaient jusqu’à la dernière extrémité mais se dérobaient au maximum face aux charges et préféraient, au moment du contact physique, partir vers d’autres rues et contourner sans cesse les flics pour arriver dans leur dos ou sur leur flancs. Cette technique de harcèlement a été payante, c’est bien plus efficace, on use réellement les policiers qui courent partout pour rien et on laisse beaucoup moins de monde sur le carreau.

    https://paris-luttes.info/quand-on-viendra-de-nos-campagnes-11153

    #giletsjaunes #gilets_jaunes #harcèlement #cortègedetête #province #campagne #nasse #techniques_policières #répression #précariat #salariat