• Géographie de la #dispersion des migrations subsahariennes au #Maroc. Le cas de deux villes-refuge, #Tiznit et #Taza

    Contexte et problématique de la thèse

    Cette thèse de Doctorat traite des conséquences de la politique d’externalisation des dispositifs de #sécurisation des #frontières de l’Union européenne (UE) au Maroc dans le contexte post-crise migratoire de 2015. Le Royaume du Maroc, pays d’émigration est aussi un espace de #transit, d’#installation et d’#attente pour des individus en migration en provenance d’Afrique subsaharienne. Cette recherche est centrée sur l’outil conceptuel de « dispersion » que j’ai introduit en raison de sa fécondité explicative pour appréhender la politique d’immigration et d’asile marocaine en matière de gestion de l’accueil et d’#inclusion_urbaine des migrants subsahariens dans deux villes moyennes, Tiznit (au Sud) et Taza (au Nord-Est).

    Sous l’impulsion et l’accompagnement financier de l’UE, le Maroc a ainsi organisé la politique de dispersion afin d’endiguer les mouvements migratoires subsahariens désireux d’atteindre l’Europe par les côtes marocaines ou les enclaves espagnoles de #Ceuta et #Melilla. À ce titre, la dispersion s’opère via la #distribution_spatiale et la #relocalisation interne des migrants par les autorités publiques. Elle se fait principalement depuis les camps de la frontière nord jusqu’aux villes moyennes de l’intérieur et du Sud marocain. Le processus de « #frontiérisation » que j’associe à celui de « dispersion », comme étant l’une de ses dimensions, est devenu l’un des instruments de la gestion de la frontière au Maroc. La problématique de cette thèse interroge ainsi la dispersion comme nouveau mode de contrôle et de pratique des #frontières, engendrant une dialectique entre les intérêts étatiques et ceux des migrants dispersés. Elle permet une lecture nouvelle et plus précise du phénomène migratoire subsaharien et de sa gestion, marquée à la fois par la contingence des #spatialités et #temporalités migratoires et les réactions imprévisibles des autorités marocaines. Elle nous éclaire également sur les effets complexes des #déplacements_forcés en créant de nouvelles #villes-étapes, inscrites dans le parcours migratoire, qui posent la question de leur transformation potentielle en « #villes-refuges ».

    https://journals.openedition.org/cdg/7545
    #géographie #spatialité #temporalité #migrerrance

    ping @karine4 @_kg_

  • Le Covid et le temps : « Who is in the driver’s seat » ? | François Hartog, Analyse Opinion Critique-mais-point-trop. Encéphalogramme français
    https://aoc.media/analyse/2021/01/26/le-covid-et-le-temps-who-is-in-the-drivers-seat

    Depuis un an, l’irruption du Covid-19 et sa propagation rapide ont bouleversé nos temporalités quotidiennes. Le virus s’est imposé en maître impérieux du temps et la courte histoire de l’épidémie pourrait être représentée comme celle d’une succession de batailles pour en reprendre le contrôle. Il en va ainsi de la mise en œuvre des confinements, des couvre-feux et, dernièrement, de la campagne de vaccination. Mais la découverte des variants relance doutes et inquiétudes : par ses capacités à muter sans cesse, le virus a inévitablement un coup d’avance, et nous, un coup de retard.

    « Les économistes sont présentement au volant de notre société, alors qu’ils devraient être sur la banquette arrière. »
    John Maynard Keynes (1946)

     

    Janvier 2020, c’était il y a un an : le Covid-19 était déjà là. Il avait déjà infecté la ville de Wuhan et il cheminait. Des foyers allaient se déclarer, bientôt l’OMS parlerait d’épidémie, puis déclarerait l’état de pandémie (11 mars). Il y a un an nous ne savions pas, et le monde occidental, pris à l’improviste, a mis un certain temps à vouloir puis à pouvoir voir ce qu’était et ce qu’allait entraîner ce nouvel agent pathogène : imprévu mais pas imprévisible. Un an après, sur lui et ses effets nous savons, assurément pas tout (loin s’en faut), puisqu’il est toujours aussi actif et meurtrier sinon plus, mais beaucoup, puisque les premiers vaccins vont enfin permettre de le contrer.

    Loin des propos lénifiants ou bafouillants du début, loin des proclamations de résilience instantanée, loin des « reprises » guettées ou trop vite décrétées après quelques mois, très loin des dénégations façon Trump et ses émules, nous savons que nous sommes confrontés à une crise devenue un « fait social total », pour reprendre le concept de Marcel Mauss, et d’un fait social total mondial : il a « mis en branle » les sociétés et leurs institutions en leur « totalité ». Dans Les capitalismes à l’épreuve de la pandémie, son dernier livre, l’économiste Robert Boyer vient de démontrer la fécondité d’une telle approche. Plus limité est mon propos.

    En effet, dans un précédent article « Troubles dans le présentisme » (AOC, 2 avril 2020), je m’efforçais de cerner à chaud ce que l’irruption du coronavirus venait modifier dans nos rapports au temps. Près d’un an après, qu’en est-il des temporalités inédites générées par lui, de celles qu’il a bouleversées ? D’autres ont-elles émergé depuis ? Les « troubles » dans le présentisme se sont-ils encore accentués ? Et, surtout, les conflits entre ces diverses temporalités se sont-ils aggravés ? Du fait social total et mondial, je ne retiendrai donc que ses composantes temporelles.

    L’irruption du virus et sa propagation rapide ouvrent un temps nouveau qui relève d’une forme de kairos : il vient rompre le cours du temps chronos ordinaire. D’où, ici et là, chez certains croyants des réponses religieuses plus ou moins affirmées, voire véhémentes. Il n’y a là rien d’étonnant, puisqu’associer épidémies et colères divines est un trait très ancien. On se meut alors dans l’univers du châtiment, de l’expiation, souvent aussi de la recherche de boucs émissaires. Mais si l’on reste dans le seul registre du temps chronos, la diffusion du virus peut être vue comme celle d’une bombe à fragmentation. Il va, en effet, infecter ou affecter de proche en proche les multiples temporalités qui trament le quotidien de nos sociétés et de nos vies jusqu’à s’imposer comme un maître impérieux du temps.

    Comme toujours, la vraie question est qui tient le volant ? Aussi pourrait-on représenter la encore courte histoire de l’épidémie comme celle d’une succession de batailles (jusqu’à présent non victorieuses) menées par chronos pour reprendre le contrôle. La découverte récente de variantes, plus contagieuses, montre que la lutte n’est pas terminée. Tel Protée, il échappe aux prises et mène, si j’ose dire, sa vie de virus, mutant et passant d’hôtes en hôtes selon son rythme et avec sa propre temporalité (plus il circule, plus il mute, et plus les chances augmentent de voir apparaître de nouvelles variantes).

    Le temps du virus

    Dans quel contexte temporel fait-il intrusion ? Il survient dans des sociétés où au quotidien domine le présentisme. Ce sont les tweets, les sms, les médias en continu, les réseaux sociaux, les grandes plateformes, les cotations boursières en direct qui donnent le rythme ; bref, règne l’urgence, voire sa tyrannie. Avec l’urgence, qui est une forme de concentré de présent, vient presque immanquablement le retard. On déclare l’urgence et on dénonce le retard. Les deux font couple. Pour répondre à l’urgence et conjurer le spectre du retard, on compte alors sur l’accélération, et sur une accélération qui se doit d’être de plus en plus véloce.

    La panoplie des premières réponses à l’épidémie s’inscrit tout à fait dans ce cadre. Hautement significatif à cet égard est le vote de l’urgence sanitaire par le Parlement (le 23 mars 2020, prolongée le 17 octobre et reprolongée pour l’instant jusqu’au 16 février 2021). On peut noter une accélération du recours à cette procédure qui instaure un temps d’exception en rupture avec le temps ordinaire de la vie démocratique. En l’occurrence, il doit permettre, entre autres, aux autorités de répondre plus vite aux évolutions de la situation sanitaire.

    Dans les premières semaines de l’épidémie, les exigences de la scène médiatique-présentiste ont fait que, sur les plateaux de télévision, les économistes et les politistes ont été remplacés par des cohortes d’épidémiologistes, virologues, infectiologues, urgentistes qui ont vite montré les impasses d’une science qu’on voudrait voir se faire en direct. Ils ont occupé le siège du conducteur, mais il semblait y en avoir plus d’un. Plus sérieusement, comment une situation d’incertitude pourrait-elle se plier aux contraintes de l’urgence médiatique ? Comment des tâtonnements inhérents à toute recherche ne seraient-ils pas ramenés à l’énoncé de simples opinions différentes, voire divergentes ? Alors même que les chercheurs étaient les premiers à reconnaître (pour s’en féliciter) qu’on n’avait jamais avancé aussi vite dans la connaissance d’un virus et que les États n’avaient jamais mis autant de moyens en vue de la mise au point d’un vaccin. Mais l’article premier de la loi de l’accélération est qu’elle est sans fin : plus on va vite, plus vite encore il faut aller.

    Or les médias, au nom de leur devoir d’informer, se chargeaient de remettre chaque jour, pour parler familièrement, une pièce dans la machine. Produisant pour finir l’effet inverse de celui qui était annoncé : non pas éclairer toujours mieux, mais entretenir l’anxiété puisque chaque avancée était immédiatement suivie de nouveaux doutes et du pointage de potentielles inquiétudes, sur le mode du : « Et si on décide de faire ça, alors n’y a-t-il pas un risque que… ? ». Un peu comme si, une porte venant à s’entrebâiller, il fallait d’abord inventorier tous les dangers qui pouvaient se trouver derrière avant d’y risquer un pied. Cela revient à prétendre lutter contre la peur en l’alimentant : le présent est intenable mais le futur est menaçant. Il y a urgence, mais il n’en est pas moins urgent d’attendre ! Avec l’arrivée du vaccin, s’est aussitôt faite entendre la petite musique du « Attendons d’avoir un peu plus de recul ! ». Et c’est ainsi que le vieux précepte du festina lente a pu être repeint en stratégie vaccinale.

    Avec la décision prise par les États de confiner, donc d’arbitrer en faveur de la vie au détriment de l’économie, les temps de l’économie se sont trouvés mis en question, à commencer par le postulat selon lequel « les marchés seraient le meilleur moyen de socialiser les vues sur l’avenir » (Robert Boyer, Les capitalismes à l’épreuve de la pandémie, p. 49). Comment forger des anticipations informées alors même que le principe de rationalité économique vacille ? Si les théories financières ont cherché à acclimater le risque (en 2008, la crise des subprimes en a douloureusement montré les limites), elles sont démunies face à l’incertitude, à une incertitude radicale. Acheter, vendre ? La volatilité règne et les Bourses dégringolent. Face à cette situation d’aporie, le mimétisme, comme le pointe Robert Boyer, a été un recours, qu’il s’agisse des investisseurs ou des États, en vertu du principe selon lequel mieux vaut se tromper ensemble que prendre le risque d’avoir raison tout seul.

    C’est ainsi qu’on peut comprendre le rôle joué, en mars 2020, par le modèle de l’Imperial College sur la diffusion et la mortalité de l’épidémie. En Europe, il a de fait servi de référence pour la fixation de plusieurs stratégies nationales. Avec les multiples dégâts entraînés par la crise du coronavirus, la finance de marché – qui est un puissant moteur du présentisme – pourrait comprendre que faire de son temps ultra bref la mesure de tous les autres, aussi bien celui de l’économie que de la société dans toutes ses composantes n’est pas tenable durablement. On peut toujours rêver d’une inversion de la hiérarchie des temporalités que seuls les États, pour autant qu’ils agissent de façon concertée, pourraient imposer. Et encore, car les GAFAM sont devenus de très puissants ordonnateurs du temps dont la pandémie a encore accru l’emprise.

    Une autre déclinaison du présentisme que la crise est venue battre en brèche est celle du just in time, largement diffusé comme moyen de réduire les coûts. On produit à la demande et on ne garde pas de stock. On a vu ce qu’a donné cette logique appliquée au domaine de la santé : pénurie de masques, de respirateurs, de principes actifs. Tout le monde s’est rué en même temps sur les mêmes fournisseurs en Asie. « Les gestionnaires ont redécouvert que le juste-à-temps ne garantissait de bas coûts que si l’environnement était stable et prévisible » (Boyer, p. 96). Pour combien de temps cette redécouverte ? En tout cas, c’est alors qu’a déferlé de tous côtés le mantra « anticipation » pour vitupérer contre son absence. C’était évidemment de bonne guerre, mais qui avait anticipé, alors même que, depuis des décennies la santé était considérée comme un coût qu’il fallait contenir, voire réduire ? En témoigne l’interminable crise de l’hôpital ?

    Au couple urgence-retard, il faut ajouter anticipation. Mais que veut dire anticiper en régime présentiste, alors même que presque tout peut se faire en ligne et que quelques clics doivent suffire à activer le just in time pour répondre sans retard à l’urgence ? Puis, quand, face à la progression exponentielle des contaminations, le monde se confine et plonge dans une incertitude radicale, ne doit-on pas reconnaître que le temps du virus est devenu le maître ? C’est bien lui qui occupe le siège du conducteur. Comme le temps chronos ne réussit pas à reprendre la main, on agit indirectement sur le temps du virus. Il y a là un paradoxe : pour accélérer la sortie de la crise, on en est réduit à suspendre le temps du monde, ce qui a pour effet de ralentir la circulation du virus. On est entre freinage et accélération.

    Il va de soi que la médecine ne peut s’en tenir à ces anciens gestes prophylactiques. Faute de pouvoir guérir, elle voudrait au moins réussir à articuler un diagnostic et un pronostic un peu sûr, c’est-à-dire à convertir le temps au départ inconnu puis mal connu de la maladie – avec ses phases, ses moments critiques – en un temps chronos qu’on peut décompter en jours et en semaines. Les modélisateurs, de leur côté, n’ont d’abord d’autre choix que d’adapter les modèles construits pour les épidémies précédentes (SRAS et H1N1), et ce n’est qu’avec l’accumulation de nouvelles données qu’ils peuvent progressivement préciser le chiffrage des divers paramètres. D’où des marges d’incertitude et des divergences de pronostics d’un modèle à un autre. Si certains sont plus « alarmistes » que d’autres, tous sont confrontés à la difficulté de tester au fur et à mesure les effets des différentes décisions prises. Dessinent-ils des scénarios ou formulent-il des prédictions ? Annoncent-ils ce qui va se passer ou, à l’instar des anciens prophètes, ce qui va se passer sauf si… ? Comment faire un bon usage de ces modèles pour une aide à la décision en situation d’incertitude ? Ce sont autant de questions qui se sont posées jour après jour.

    Dans ces conditions, se comprend mieux la tentation chez les décideurs politiques du mimétisme, surtout s’il se trouve conforté par le recours à un modèle de référence (celui de l’Imperial College pour un temps). D’autant plus qu’en quelques semaines, l’État est devenu tout à la fois le premier et le dernier recours : au titre de l’urgence sanitaire, de l’urgence économique, de l’urgence sociale. On a aussitôt parlé du « retour » de l’État, pour immédiatement après en dénoncer les lourdeurs. En déclarant l’état de guerre, le président de la République a tenté de se poser en maître des horloges, celles du moins des temps sociaux et politiques. Pour le reste, le virus continuait d’occuper le siège du conducteur.

    Avec le confinement, il suspend, en effet, le temps ordinaire et avec l’annonce du déconfinement, il le remet en marche. En indiquant des dates repères (11 mai, 15 décembre 2020), il met en place une chronologie et fixe un horizon par rapport auquel peuvent se caler les diverses temporalités économiques, sociales, politiques et devrait s’enclencher leur resynchronisation. Mais, comme nous en avons fait l’expérience, rien n’oblige le temps du virus à s’y conformer. Ce qui entraîne derechef des bordées de protestations et des bouffées de colère : « pas de cap », « pas de stratégie » et, bien sûr, « absence d’anticipation » ! Il y a là une forme d’hystérisation présentiste. Si j’attire l’attention sur les formes temporelles qui structurent débats et controverses, cela ne signifie évidemment pas qu’ils s’y réduisent et qu’ils sont dépourvus de contenus.

    Le droit n’est pas resté intouché par le présentisme. Comment le pourrait-il puisque les constructions juridiques sont toujours des opérations sur le temps ? À cet égard, la crise du Covid a joué un rôle d’accélérateur. Elle a été l’occasion d’un renforcement de la judiciarisation de la vie publique. En France, des plaintes judiciaires à l’encontre de responsables ont été déposées en nombre en temps réel sinon en direct. Étant une façon de prendre date, la plainte arrête le temps. Aussi longtemps qu’elle est là, on demeure, en effet, dans le présent de la plainte, le plaignant revendiquant la place de la victime. S’il est normal qu’un responsable soit amené à rendre compte et même à rendre des comptes de son action, vient un moment où la menace de plaintes instantanées (à la vitesse d’un tweet) ralentit, voire suspend l’action.

    L’accusation de mise en danger de la vie d’autrui et un usage extensif du principe de précaution sont autant d’instruments qui transforment le futur en parcours judiciaire. Une part de ce qui est, plus que jamais, dénoncé comme les lenteurs ou les lourdeurs de la bureaucratie vient de là : les juristes des organismes publics pondent des textes interminables qui doivent les rendre inattaquables. Les politiques ont tendance à se défausser sur l’administration qui, pour sa part, veille à ce que tous les parapluies soient ouverts. Mais le long parcours des procédures à respecter fait immanquablement surgir les accusations de lenteurs insupportables et de retards inadmissibles. On ne peut sortir du cercle urgence, accélération, retard, anticipation.

    L’air du temps présentiste a également fait qu’on a dès le début de la crise mobilisé le concept de résilience : comme si elle pouvait être instantanée. Avant même que le traumatisme ne soit advenu ou avéré, certains responsables lançaient cet autre mantra de la communication. Puisque se féliciter de la résilience des uns ou des autres, des Français en général, était une façon de vouloir faire croire que le plus dur était derrière eux et qu’ils avaient magnifiquement tenu le coup ! La résilience est elle aussi happée par l’urgence. Une autre formule, abondamment mobilisée dans les premières semaines, y compris par le chef de l’État, était celle du « monde d’avant » et du « monde d’après ». Rien ne sera plus, ne devra plus être comme avant.

    L’illusion d’une année zéro s’inscrit dans l’univers présentiste pour qui la durée est presque devenue un mot obscène. Comme si les reconfigurations qui interviendront une fois la crise sanitaire maîtrisée ne seraient pas tributaires des tendances lourdes, notamment en matière d’économie, qui préexistaient à la pandémie. Robert Boyer cite une étude ayant montré que les effets des grandes épidémies au cours de l’Histoire s’étendent sur plusieurs décennies. L’appel à un monde d’après différent, voire très différent a aussi été lancé par celles et ceux qui estiment que l’épidémie est l’occasion à saisir (kairos) pour hâter l’entrée dans un monde autre. Il faudrait en user comme d’un accélérateur pour précipiter la fin du capitalisme (néolibéral) et, du même coup, pour au moins retarder la possible sixième extinction des espèces qui menace. Entrant en scène, l’urgence climatique vient s’ajouter aux autres et pose la difficile question de leur hiérarchie : quelle est la plus urgente ? En tout cas, on oscille toujours entre urgence, ralentissement et accélération, mais il s’agit, cette fois, d’accélérer pour mieux ralentir. Sont mobilisés les mêmes opérateurs temporels, mais pour les mettre au service de politiques plus ou moins radicales.

    Avec le vaccin enfin, on échappe, semble-t-il, à la cage présentiste. Avec lui, dont on a suivi semaine après semaine l’avancée jusqu’à la confirmation de son arrivée puis de sa certification, s’opère une réelle ouverture en direction du futur et surgit un nouvel horizon. Il est l’arme qui va permettre la « sortie du tunnel ». Arrivant en Europe à la veille de Noël (date qui ne doit peut-être pas tout au hasard), il est attendu comme une sorte de messie. Pas par tout le monde, bien entendu. Tout au contraire, on peut y reconnaître une œuvre du diable ou du Grand Satan ! Fantasmes, oppositions, peurs, interrogations, qui prospèrent sur les réseaux sociaux et nettement au-delà, traduisent, du point du vue du rapport au temps (le seul qui me retienne ici), des replis présentistes. Si jusqu’alors le virus restait, en dernier ressort, le maître du temps, le vaccin doit pouvoir lui ravir la place : le temps chronos devrait enfin reprendre le volant.

    Sauf que la découverte des mutants (britannique et d’Afrique du Sud) relance doutes et inquiétudes. Le virus-Protée a toujours un coup d’avance et nous un coup de retard. Il est frappant mais nullement étonnant de constater à quel point les calendriers de vaccination (à peine arrêtés) et les campagnes (à peine lancées) sont pris dans le tourbillon du trio infernal urgence, accélération, retard. Le gouvernement français a cru préférable ou habile ou les deux d’opter pour le festina lente, qui est aussitôt dénoncé comme lenteur inadmissible, voire criminelle, et retard incompréhensible par rapport à nos voisins. D’un coup l’horizon recule. Alors qu’il y a une urgence d’autant plus urgente que les mutants sont là, il faut donc accélérer au maximum. C’est à nouveau une course de vitesse qui est engagée. Sans entrer dans une discussion des arguments eux-mêmes, je me limite à être attentif à la rhétorique temporelle qui les informe et que partagent peu ou prou tous les acteurs. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à faire des tête-à-queue : un jour, c’est l’accélération qu’ils réclament et, le jour d’après, leur colère exige plus de lenteur. Mais tout se joue à l’intérieur de la même cage présentiste, palinodies y comprises.

    Intervenant en ce contexte, la crise du Covid-19 a peut-être chahuté mais pas ébranlé le présentisme. En en faisant ressortir les traits les plus saillants et les injonctions contradictoires, elle a opéré comme un catalyseur ou un révélateur. Mais elle a fait plus et l’a aussi renforcé. En effet, la vie confinée qui, pour beaucoup (mais de loin pas tous) a été une vie connectée, le développement du télétravail, le recours accru aux services des grandes plateformes, voilà autant de facteurs qui ont accéléré la transition vers une « condition numérique » et, donc, foncièrement présentiste. L’addiction aux écrans et l’emprise des grandes plateformes (qui ont vu leurs valorisations boursières augmenter fortement) se sont renforcées, même si, en sens inverse, le temps du confinement a été vécu par certains comme une occasion de sortir de l’urgence ordinaire en faisant fond sur le ralentissement. Savoir prendre le temps voudrait être une nouvelle règle de vie. S’agit-il d’un luxe, de l’aménagement de niches à l’intérieur de la cage présentiste ou d’un mouvement qui ira s’amplifiant pour en sortir véritablement ?

    Au-delà du présentisme

    Parallèlement à ces réactions cherchant à parer au plus pressé, le virus a suscité des interrogations qui ont obligé à regarder en arrière : vers le passé immédiat ou en direction de passés lointains. Si avec lui s’ouvre bien un temps nouveau, forme de kairos, il ne vient pas de nulle part, ni géographiquement ni chronologiquement. Il a même une très longue histoire derrière lui. Inédit peut-être, il n’est assurément pas sans précédent, puisque humanité et épidémie vont de pair, au moins depuis les débuts de l’agriculture et de la domestication des animaux. De cette longue cohabitation l’histoire n’a, bien sûr, retenu que les épisodes les plus sévères. Au printemps 2020, on s’est donc tourné vers les historiens de la médecine et des épidémies.

    Ce fut l’occasion de réactiver le vieux topos des leçons de l’Histoire, pour déplorer qu’elles n’aient pas été tirées ou, pire encore, oubliées. De la Grande peste de 1348, qui avait liquidé en quelques mois un tiers de la population de l’Europe, à la grippe de Hongkong, qui, en 1969, avait fait en France trente mille morts dans l’indifférence générale, en passant par la grippe espagnole en 1918, qui avait emporté entre trente et cinquante millions de personnes à travers le monde. En relevant similitudes et différences, on donnait déjà un premier arrière-plan historique à la pandémie en cours. Pouvaient ainsi être mises en perspective les peurs suscitées par les épidémies ainsi que les manières d’y faire face.

    Au-delà de ce cadre général, des épidémies plus récentes (SARS, H1N1, EBOLA) avaient suscité des recherches scientifiques et donné lieu à des mises en garde précises. Les coronavirus apparaissaient, en effet, comme de bons candidats pour la propagation d’une pandémie globale. Dans son livre de 2012, Spillover : Animal Infections and the New Human Pandemic (non traduit en français), qui a eu un grand retentissement, le journaliste scientifique David Quammen en parlait comme du « Next Big One ». Il précisait que ce virus se caractériserait probablement « par un niveau élevé de contagiosité précédant l’apparition de symptômes notables, lui permettant ainsi de se propager à travers villes et aéroports tel un ange de mort ». En 2020, il est devenu celui qui avait « prédit » l’épidémie du Covid-19.

    Si les pays asiatiques plus touchés par ces agents pathogènes avaient pris des mesures, le monde occidental estimait qu’il n’était pas directement concerné. Le virus H1N1 qui avait eu le bon ton de disparaitre rapidement était devenu, en France, synonyme d’excès de précautions et de fiasco vaccinal. Ne plus parler de masques ni de vaccinodromes ! Dans les premiers mois de 2020 les décalages d’un continent à l’autre sont devenus patents. Les pays d’Asie n’ignoraient pas l’anticipation, tandis que l’Occident s’en remettait à sa capacité à réagir rapidement. Les masques, revenus, si j’ose dire, en boomerang dans l’espace public, ont montré le peu de fondement de cette assurance.

    Ces épidémies qu’on pourrait dire de nouvelles générations sont des zoonoses, dont les études montrent que le nombre ne cesse d’augmenter. Elles sont dues à l’activité humaine et, en particulier, aux destructions toujours plus étendues et plus rapides d’écosystèmes. Ce qu’il convient de retenir ici, c’est l’accélération des épidémies. Elle est à mettre directement en rapport avec la Grande Accélération, soit la période qui a vu depuis les années 1950 une croissance exponentielle de tous les paramètres de l’activité humaine sur la Terre. Il n’y a nulle raison, en effet, que les pandémies soient une exception à la loi de l’accélération. Elles appartiennent à la globalisation, dont elles sont, si l’on veut, un des coûts longtemps négligés. Avec elles on a un état au vrai de nos rapports avec la nature sauvage.

    Au moyen de ces quelques remarques nous dotons le Covid-19 d’une histoire et nous l’inscrivons dans le temps du monde. Mais il faut aller plus loin et sortir de la cage présentiste, en procédant à un véritable renversement temporel : non plus nous, regardant dans l’urgence le virus, mais le virus regardant ces hôtes accueillants que sont dernièrement devenus les humains, quel que soit l’agent intermédiaire (le vison peut-être) qui lui ait permis de passer de la chauve-souris à l’homme. Autrement dit, la pandémie n’est qu’un épisode de l’histoire de l’évolution, et un épisode en cours. Les variantes récemment isolées montrent, en effet, que, par ses capacités à muter sans cesse, le SARS-CoV-2 a inévitablement un coup d’avance. « Dans la lutte ancienne et permanente entre les microbes et l’homme, écrivent dans un article récent les immunologues David Morens et Anthony Fauci, les microbes génétiquement adaptés ont le dessus : ils nous surprennent régulièrement et souvent nous attrapent alors que nous n’y sommes pas préparés ». Dans cette bataille où le virus n’a d’autre objectif que d’assurer sa reproduction, le retard est forcément du côté de l’hôte.

    Poussons plus loin encore. Par rapport aux virus, les humains sont nés d’hier. « Homo sapiens remonte à quelque 300 000 ans », alors que, soulignent Morens et Fauci, « des formes microbiennes de vie ont persisté sur cette planète depuis 3,8 milliards d’années ». Et ils ajoutent avec la pointe d’humour qui convient « It may be a matter of perspectives as to who is in the evolutionnary driver’s seat ». Voilà qui ouvre, en effet, une tout autre perspective, comme si, pour prendre une autre image, on devait faire entrer des milliards d’années dans la malle-cabine du présentisme !

    #crise_sanitaire #présentisme #urgence #retard #anticiper #temporalités

  • Etat d’urgence : « une marge de manœuvre bien trop large est offerte aux autorités »
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/11/19/etat-d-urgence-une-marge-de-man-uvre-bien-trop-large-est-offerte-aux-autorit

    Professeur de droit public à l’université Jean-Moulin Lyon III, Marie-Laure Basilien-Gainche, auteur de #Etat_de_droit et états d’exception (PUF, 2013), s’inquiète des décisons prises par le gouvernement en matière de #libertés_publiques.

    Que pensez-vous du projet de loi voté par l’Assemblée nationale jeudi 19 novembre ?

    Marie-Laure Basilien-Gainche : Modifier la loi de 1955 dans celle de prorogation de l’#état_d’urgence me laisse circonspecte. Il ne faut pas mélanger les genres et troubler ainsi la #hiérarchie_des_normes. Il y a une loi qui est destinée à durer et une prorogation qui ne l’est pas. Il est à craindre que certains éléments ne finissent pas entrer dans le droit commun.

    Par ailleurs, l’article sur la dissolution des #associations qui est introduit me paraît inquiétant : quasiment toutes peuvent rentrer dans son champ d’application et se voir dissoutes avec pour seul recours le juge administratif.

    De la même manière, la terminologie de l’article sur les #perquisitions administratives est trop floue. Une marge de manœuvre bien trop large est offerte aux autorités. Le contrôle du juge administratif semble peu à même de sanctionner les atteintes démesurées aux libertés.

    François Hollande a également annoncé lundi une révision constitutionnelle visant à créer un « régime civil d’Etat de crise ». Les lois actuelles ne sont-elles pas suffisantes ?

    L’état d’urgence va être prorogé. Pendant trois mois, l’exécutif aura de plus grandes marges de manœuvre avec des restrictions faites à la #liberté_de_circulation, à l’inviolabilité du #domicile, à la liberté d’expression.

    A cette loi de 1955, qui est certes datée, viennent s’ajouter les nombreuses normes adoptées pour renforcer les pouvoirs de la #police dans la lutte contre le #terrorisme, comme la loi sur le #renseignement en juillet. L’arsenal juridique paraît donc suffisant pour travailler à la prévention des actes terroristes.

    Si la lutte contre ces derniers révèle ses limites, ce n’est pas faute de textes mais faute de moyens, tout particulièrement humains. Il n’est nul besoin de révision constitutionnelle.

    Alors, quelle est la motivation de cette modification de la Constitution ?
    L’annonce d’une révision constitutionnelle me semble relever moins de l’utilité juridique que de l’effet politique. Elle contribue à affirmer l’autorité présidentielle auprès d’une population déboussolée et inquiète qui demande à être rassurée.
    Si l’on peut comprendre un tel positionnement, il me laisse perplexe. Pour faire de bonnes lois, et plus encore de bonnes lois constitutionnelles, il faut prendre le temps de la réflexion. On considère aussi qu’il n’est pas souhaitable de modifier les textes constitutionnels dans les périodes de crise, encore moins les dispositions constitutionnelles qui traitent justement de ces périodes de crise.
    Réviser la #constitution en ce moment, quand bien même cela peut rasséréner et rassembler, peut se révéler destructeur pour nos principes fondamentaux.

    Choc des #temporalités... la Constit de 46 ne date pas de 45, et elle fut nourrie d’un préambule issu de la Révolution française et travaillée par les débats politiques de la Résistance. C’est avec tout cela (et l’historicité) qu’on en finit aujourd’hui.
    À l’image de la déclaration de Jospin en 98, en réponse aux mouvements de chômeurs et précaires : " je préfère une société de travail à l’assistance ", qui opérait un renversement complet des valeurs de solidarité incorporées dans une trame éthique des lois républicaines et et des orientations politiques progressistes pour stigmatiser l’assistance, et, après l’entreprise, glorifier le plein emploi précaire.

    Contre des décennies de pouvoir de droite, il avait fallu que la poussée de Mai 68 soit intégrée et dévoyée par l’ex-SFIO avant de voir abolis, par ex., les tribunaux permanents des forces armées. Là, après plusieurs centaines de #perquisitions_administratives en quelques jours, par exemple, les théories de l’#état_d'exception_permanent sont vérifiées. Quelles forces politiques pourraient bien trahir/traduire quelles aspiration populaires par la suppression de ce carcan #liberticide ? Et combien de temps cela pourrait-il prendre ?

    #démocratie #kleenex

    • « la sureté est la première des libertés » disait-on peut après le temps des "lettres de cachet, mais on a réentendu la formule sortie de tout contexte, c’est-à-dire de sa charge anti-absolutiste, dans la bouche de la deuxième droite. Foin de rouerie aujourd’hui, la sécurité est la première des libertés nous dit Valls.

      Les anciens tortionnaires de l’Algérie et les technocrates du PS se sont rejoints.

    • A Sens, le premier couvre-feu appliqué [dans un quartier] à l’ensemble de la population
      http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2015/11/20/le-premier-couvre-feu-applique-a-l-ensemble-de-la-population-a-sens-dans-l-y

      L’entrée en vigueur de l’état d’urgence, décrété par François Hollande depuis les attentats du 13 novembre, donne au préfet de département une série de pouvoirs, dont la mise en place d’un #couvre-feu. Cette mesure va ainsi être appliquée à Sens, dans le quartier des Champs-Plaisants, à l’ensemble de la population.
      La préfecture de l’Yonne a précisé que la mesure interdisait « la circulation piétonne et routière, sauf les véhicules d’urgence », « à compter de vendredi 20 novembre, 22 heures, jusqu’au lundi 23 novembre, 6 heures ».
      Ce couvre-feu fait suite à des #perquisitions_administratives menées dans la nuit de jeudi à vendredi par les forces de police, de gendarmerie et des unités du GIGN, qui « ont donné lieu à la découverte d’armes non autorisées et de faux papiers ». La préfecture a ajouté que des personnes avaient été placées en garde à vue, sans en préciser le nombre.

      Couvre-feu pour les mineurs à Yerres
      Une mesure de couvre-feu a été instaurée, dès lundi 16 novembre, en direction des mineurs après les attentats parisiens, à Yerres (Essonne), la ville gérée par Nicolas Dupont-Aignan (DLF). Cet arrêté municipal, qui prévoit l’interdiction de circulation des jeunes de moins de 13 ans sur le territoire de la ville entre 23 heures et 6 heures, devrait prendre fin le 3 janvier.
      « C’est une mesure de protection avant tout. Dans cette période trouble, chacun est une cible potentielle. Il nous apparaît important de protéger les plus jeunes en évitant qu’ils se retrouvent seuls le soir dans les rues », a précisé au Parisien Olivier Clodong, premier adjoint au maire.
      Depuis l’entrée en vigueur de l’état d’urgence, qui a été prolongé jeudi jusqu’à fin février par l’Assemblée nationale à la quasi-unanimité, « les forces de l’ordre procèdent chaque nuit à des perquisitions », #sans_lien_direct_avec_les_attentats, « décidées par les préfets » et « des assignations à résidence sont prononcées par décision ministérielle », a déclaré mercredi le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve.

    • Héritage de la Révolution française et glissement sémantique : “La sécurité est la première des libertés”
      http://www.telerama.fr/medias/la-securite-est-la-premiere-des-libertes-de-le-pen-a-valls-la-formule-s-est

      L’article comporte une liste de ses occurrences avariées de 1980 à hier.

      Transmise de génération en génération comme une chanson de geste politique, ballotée dans tous les coins de l’échiquier politique, la-sécurité-première-des-libertés est en réalité une grossière erreur d’appréciation. Présentée comme un héritage direct de la Révolution française, elle ressemble surtout à un contre-sens historique. En 1789, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen affirme le droit inaliénable à la sûreté, qui protège le citoyen de l’#arbitraire de l’#Etat, et l’immunise contre les arrestations ou les emprisonnement arbitraires. En 2015, la sécurité, son glissement sémantique, c’est précisément l’inverse. Et c’est inquiétant.

    • Etat d’urgence : Valls admet ne pas respecter la Constitution
      http://www.politis.fr/Etat-d-urgence-Valls-admet-ne-pas,33107.html

      L’aveu est signé Manuel Valls. Lors de l’examen du projet de loi prorogeant l’état d’urgence et renforçant l’efficacité de ses dispositions, le Premier ministre s’est montré très réticent à saisir le Conseil constitutionnel face à la « fragilité constitutionnelle » de certaines mesures. Ses propos ont suscité un profond malaise chez nombre d’internautes qui suivait la séance sur le site du Sénat.

      « Je suis extrêmement dubitatif sur l’idée de saisir le #Conseil_constitutionnel. Parce que je souhaite que nous allions vite sur la mise en œuvre des dispositifs que vous allez voter (...) Il y a toujours un risque à saisir le Conseil constitutionnel », a lancé le Premier ministre, lors de la discussion au Sénat du projet de loi sur l’état d’urgence, approuvé hier par l’Assemblée.

      « Si le Conseil répondait que la loi révisée n’est pas constitutionnelle sur un certain nombre de points, de garanties apportées, cela peut faire tomber 786 perquisitions et 150 assignations à résidence déjà faites », a-t-il argumenté.

      Certaines mesures votées jeudi à l’Assemblée nationale, notamment celle « concernant le bracelet électronique », ont « une fragilité constitutionnelle », a concédé Manuel Valls. Avant de conclure :

      « Je sais bien qu’il peut y avoir une #QPC (question prioritaire de constitutionnalité, ndlr) mais je souhaite que nous allions vite parce que (...) nous souhaitons donner aux forces de l’ordre, aux forces de sécurité, à la justice, tous les moyens de poursuivre ce qui représente un danger pour la Nation, pour la République et pour les Français. »

      #saisine_du_conseil_constitutionnel ou pas