• Indopacifique : l’impérialisme français manœuvre
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/07/26/indopacifique-limperialisme-francais-manoeuvre_725787.html

    Le 24 juillet, Macron a atterri en Nouvelle-Calédonie, première étape d’une tournée qui devait l’emmener au Vanuatu et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, une tournée qualifiée d’ historique dans cette région du monde appelée maintenant #Indopacifique.

    La présence dans cette région est devenue une priorité stratégique de l’État français. Alors que la tension monte entre les #États-Unis et la #Chine, que les uns et les autres cherchent à enrôler les pays de la région dans des alliances économiques et militaires, l’impérialisme de second rang qu’est la France veut pouvoir jouer son propre jeu. En s’appuyant sur ses #colonies du #Pacifique, en particulier la Nouvelle-Calédonie et la #Polynésie, il se présente comme un acteur régional et une « puissance d’équilibre », à distance des États-Unis et de la Chine.

    Cette posture lui permet d’avoir l’oreille de certains États, comme l’Inde et l’Indonésie, qui ne veulent pas apparaître comme trop inféodés aux États-Unis, ce qui met les Dassault et autres Thales en bonne position pour vendre leurs armes. Ainsi Macron a reçu à l’Élysée le 14 juillet le président indien Modi au moment où son pays annonçait l’achat de 26 Rafale. De son côté, l’#Indonésie a acheté en 2022 des Mirage d’occasion, tout en s’engageant pour 42 Rafale. Au-delà des ventes d’armes, la possession de ces #territoires_d’Outre-mer permet à la France de s’intégrer à différents traités et forums du Pacifique, et d’obliger les États-Unis à lui faire une petite place dans leurs manœuvres militaires et diplomatiques.

    La #Nouvelle-Calédonie est donc pour l’#impérialisme français une pièce majeure. Outre les abondantes réserves de #nickel et sa vaste zone maritime, elle abrite une base militaire sur la route commerciale à destination de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, d’où partent les navires et avions militaires qui participent aux opérations conjointes avec les États-Unis. Ainsi celles du 19 juillet sur l’#île_de_Guam, baptisées #Elephant_Walk, ont rassemblé États-Unis, #Royaume-Uni, Canada, Australie, Japon et France.

    Il n’est donc pas dans les intentions de l’État français de relâcher ses liens avec ce qui lui reste de colonies. La présence de #Sonia_Backès, anti-indépendantiste caldoche, présidente de la province Sud, la plus riche de l’archipel, au gouvernement de Macron comme secrétaire d’État à la Citoyenneté, est plus qu’un symbole. Mardi 25 juillet, plusieurs dizaines de militants #kanaks se sont rassemblés pour dénoncer la colonisation de leur archipel et s’opposer à la modification du corps électoral, qui donnerait encore plus de poids aux #Caldoches, les colons et descendants de colons de métropole.

    Après avoir reçu les uns et les autres et leur avoir fait moultes promesses, Macron s’envolera vers le Vanuatu, un archipel devenu un enjeu entre États-Unis et Chine, où celle-ci construit de nombreuses infrastructures. Pour riposter, les États-Unis ont annoncé début avril l’ouverture d’une ambassade. Tout le #Pacifique_Sud est devenu le théâtre de cette rivalité croissante. En 2022, le ministre chinois des Affaires étrangères y a fait une tournée, proposant aux États insulaires des millions de dollars d’aides, un projet d’accord de libre-échange, des pactes de sécurité, comme celui passé avec les #îles_Salomon. Les États-Unis quant à eux rouvrent des ambassades et négocient des accords militaires.

    La #Papouasie-Nouvelle-Guinée, ancienne colonie australienne, pays parmi les plus pauvres du monde, était la dernière étape de Macron. En même temps, le secrétaire d’État américain devait se rendre aux Tonga voisines. Le #Pacifique est un nouvel enjeu pour les pays impérialistes. L’#impérialisme_français veut être de la partie.

  • « Il faut repenser en profondeur le modèle d’habitat urbain en multipliant les jardins collectifs »

    Les familles sont plus résilientes aux crises lorsqu’elles possèdent un habitat comportant une parcelle de terrain à moins d’une heure du domicile en transports en commun, affirme, dans une tribune au « Monde », l’agroéconomiste Marcel Marloie.

    Les émeutes urbaines révèlent une fois de plus le caractère éruptif de certains quartiers de nos villes françaises. L’une des composantes du problème, bien connue mais insuffisamment prise en compte, est l’aménagement de nos territoires urbains et périurbains.
    A la différence des villes d’Allemagne, d’Europe de l’Est et du Nord, nous avons entassé des populations fragiles issues de l’immigration dans des cités qui se transforment en ghettos et en poudrières, pour peu que des dépressions économiques, du racisme et des violences s’en mêlent. Nous n’en sortirons pas avec les seules recettes des plans banlieue qui se sont succédé, y compris le mort-né plan Borloo de 2018. Il faut une refonte en profondeur du modèle d’habitat qui a conduit à un aménagement des territoires inapproprié.

    Il convient d’insister sur la nécessité pour l’être humain d’une relation active à la nature. Mis en cage, certains animaux se tuent ou deviennent dépressifs. Socialisés en appartement, sur le béton et l’asphalte, les enfants sont amputés d’une partie de ce qui constitue leur humanité. Sur la base de ce type de constats, l’Organisation mondiale de la santé avait réintégré le jardinage dans les déterminants-clés de la santé, et invité en conséquence à promouvoir un urbanisme qui puisse « aider à préserver et à protéger des zones qui serviront à des projets collectifs et donneront la possibilité d’une production locale de denrées alimentaires ».

    Un extraordinaire rétrécissement

    De tout temps, l’habitat humain a comporté à la fois le logement et un coin de nature. Ce fut le modèle de la maison avec #jardin qui, à l’Exposition universelle de Paris de 1889, avait été considéré comme la meilleure manière de loger le peuple. Ce fut aussi le modèle de la double habitation, à savoir la maison ou l’appartement en ville complétés par la maison de campagne. Un mode de vie qui était privilégié par l’aristocratie dès l’Antiquité, pratiqué dans toute l’Europe par les classes enrichies à partir du XIXe siècle, et démocratisé au XXe siècle avec la multiplication des résidences secondaires.
    Mais la Charte d’Athènes, rédigée par Le Corbusier à la suite du quatrième congrès international d’architecture moderne de 1933, a vulgarisé un habitat en immeubles collectifs dans lequel le jardin fut remplacé par des espaces verts entretenus par les municipalités, et où les enfants et les adultes n’eurent plus le droit que de regarder et de se promener sans trop courir. Extraordinaire rétrécissement de la conception de l’habitat humain.

    Du fait de l’accroissement de la population, nous n’en reviendrons plus à la maison avec jardin pour tous. Parce qu’il faut juguler l’étalement urbain pollueur et destructeur des sols, il nous est impossible de généraliser la résidence secondaire. Mais, à l’exemple de ce qui existe déjà dans plusieurs pays européens, il est possible de démocratiser encore plus le modèle de la double habitation en complétant le logement en ville par l’accès à une parcelle dans un collectif de jardins. J’entends par « collectif de jardins » ce que nous appelions autrefois en France les #jardins_ouvriers.

    Certes, la plupart de nos élus ont compris le besoin, et tout projet de rénovation urbaine qui se respecte comporte aujourd’hui un #jardin_partagé et quelques dizaines de parcelles de jardins attribués à des ménages. Mais cela reste homéopathique. Pour ne citer que les collectifs de jardins, environ 1 % des citadins français y disposent d’une parcelle contre 4 % en Allemagne, 12 % en Pologne, plus ou moins 40 % en Russie. Les surfaces sont chez nous plus réduites, et il est interdit d’y passer la nuit. Il faut aller plus loin et multiplier ces parcelles.

    La biodiversité et le climat en bénéficient

    Nous avons étudié pendant vingt ans ces expériences, en liaison avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie et le ministère chargé de l’environnement. Le modèle auquel nous pouvons aujourd’hui nous référer comporte des parcelles de 300 à 800 mètres carrés attribuées aux ménages avec des maisonnettes dans lesquelles il est autorisé de passer les nuits. Ces espaces sont ouverts au public, incluent éventuellement un jardin pour les enfants, des écoles, des ruches, un poulailler, un terrain de jeu, une bibliothèque, une salle de réunion ou de spectacle… Ils sont administrés par des associations. En France, le collectif de jardins de l’Orme Pomponne, à Ris-Orangis (Essonne), en est une illustration.

    Imaginez ne serait-ce que le tiers des ménages urbains, notamment parmi les plus modestes, pouvant disposer avec leurs enfants d’une parcelle de #terrain de ce type à moins d’une heure de leur domicile en transports en commun, dans un espace correctement administré, l’utilisant selon leurs goûts et leurs besoins, à la fois pour produire, se refaire une santé, se reposer, recevoir la famille et les amis, se divertir, créer de la beauté.

    Nous savons que les enfants socialisés dans ces conditions s’y épanouissent, que les familles sont plus résilientes aux crises, que la biodiversité, le climat et la démocratie en bénéficient. Il ne fait guère de doute que cela pourrait faire régresser la violence urbaine.
    Cela suppose bien sûr un réaménagement de l’espace et donc une réflexion plus globale sur la place laissée aux espaces de nature dans la ville et à proximité. Compte tenu de l’ampleur du défi social auquel nous sommes confrontés, il est temps de repenser l’aménagement de ces #territoires urbains et périurbains.
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/17/il-faut-repenser-en-profondeur-le-modele-d-habitat-urbain-en-multipliant-les

    #habiter_le_monde #villes #cekinaurapalieu

  • « Les banlieues qui s’enflamment ont beaucoup plus en commun avec les bourgs et les villages abandonnés que ce que l’on s’imagine », Thomas Piketty

    Pour analyser les émeutes urbaines de 2023 – de loin les plus graves depuis celles de 2005 – et les incompréhensions politiques qu’elles suscitent, il est indispensable de revenir aux sources du malaise territorial français. Les banlieues qui s’enflamment aujourd’hui ont beaucoup plus en commun avec les bourgs et les villages abandonnés que ce que l’on s’imagine parfois. Seul le rapprochement politique de ces différents territoires défavorisés permettra de sortir des contradictions actuelles.

    Revenons en arrière. Entre 1900-1910 et 1980-1990, les inégalités territoriales ont diminué en France, aussi bien du point de vue des écarts de produit intérieur brut [PIB] par habitant entre départements que des inégalités de richesse immobilière ou de revenu moyen entre communes et entre départements.

    C’est tout l’inverse qui s’est produit depuis les années 1980-1990 (Julia Cagé et Thomas Piketty, Une histoire du conflit politique, Seuil, 832 pages, 27 euros). Le ratio entre le PIB par habitant des cinq départements les plus riches et les plus pauvres, qui était passé de 3,5 en 1900 à 2,5 en 1985, est ainsi remonté à 3,4 en 2022.

    On assiste au passage à une concentration inédite du PIB au sein de quelques départements de l’Ile-de-France (notamment #Paris et les #Hauts-de-Seine), en lien avec l’expansion sans précédent du secteur financier et des états-majors des grandes entreprises, et au détriment des centres industriels provinciaux. Cette évolution spectaculaire a été exacerbée par la dérégulation financière et la libéralisation commerciale, ainsi que par des investissements publics faisant la part belle à la région capitale et aux grandes métropoles (TGV contre trains régionaux).

    Défis spécifiques

    On retrouve des évolutions similaires au niveau des inégalités entre communes. Le ratio entre la richesse immobilière moyenne des 1 % des communes les plus riches et les plus pauvres est passé de 10 en 1985 à 16 en 2022. A Vierzon (Cher), à Aubusson (Creuse) ou à Château-Chinon (Nièvre), la valeur moyenne des logements est d’à peine 60 000 euros. Elle dépasse les 1,2 million d’euros dans le 7e arrondissement de Paris, ainsi qu’à Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine), à Saint-Jean-Cap-Ferrat (Alpes-Maritimes) ou à Saint-Marc-Jaumegarde (Bouches-du-Rhône).

    Le ratio entre le revenu moyen des 1 % des communes les plus riches et les plus pauvres est passé quant à lui de 5 en 1990 à plus de 8 en 2022. Le #revenu moyen est d’à peine 8 000 à 9 000 euros par an et par habitant à Creil (Oise), à Grigny (Essonne), à Grande-Synthe (Nord) ou à Roubaix (Nord). Il atteint 70 000 à 80 000 euros à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), au Vésinet (Yvelines) ou au Touquet (Pas-de-Calais). Il dépasse même les 100 000 euros par habitant (y compris les enfants !) dans les 7e et 8e arrondissements de la capitale.

    Le point central est que l’on observe des inégalités considérables entre communes sur l’ensemble du territoire, aussi bien à l’intérieur des grandes agglomérations que des bourgs et des villages. Au sommet de la hiérarchie territoriale se trouvent les banlieues les plus riches des grandes métropoles, une partie des centres-villes, ainsi qu’un certain nombre de bourgs et de villages huppés. Tout en bas de la pyramide, les banlieues les plus pauvres ont été lourdement frappées par la désindustrialisation. Elles sont désormais tout aussi pauvres que les bourgs et les villages les plus pauvres, ce qui n’était pas le cas historiquement.

    Ces différents territoires défavorisés font certes face à des défis spécifiques. Les banlieues #pauvres ont une beaucoup plus forte expérience de la diversité des origines et des discriminations avérées face aux pratiques policières, ou à l’accès au logement et à l’emploi. Il est urgent que la puissance publique se donne enfin les moyens d’objectiver et de mesurer rigoureusement l’évolution de ces discriminations – dont l’existence est démontrée par une multitude de travaux de recherche.

    L’argent public exacerbe les inégalités au lieu de les corriger

    Les différents territoires défavorisés se caractérisent également par des insertions spécifiques dans la structure productive. Les banlieues pauvres comprennent un grand nombre d’employés des services (commerce, restauration, nettoyage, santé, etc.) qui continuent de voter pour la gauche. A l’inverse, les bourgs et villages pauvres comprennent désormais davantage d’ouvriers exposés à la concurrence internationale. Beaucoup se sont sentis abandonnés par les gouvernements de gauche et de droite des dernières décennies (accusés d’avoir tout misé sur l’intégration européenne et commerciale à l’échelle mondiale, sans limites et sans règles) et ont rejoint le Rassemblement national (anciennement Front national).

    Mais, contrairement à ce que s’imaginent les responsables politiques du bloc nationaliste, ces électeurs attendent avant tout des réponses socio-économiques à leurs problèmes et non pas une stratégie de l’affrontement identitaire, qui ne correspond nullement à l’état réel de la société française, comme le montrent les niveaux très élevés de mixité et d’intermariages.

    La vérité est que les banlieues pauvres et les bourgs et villages pauvres ont beaucoup de points communs par rapport à tout ce qui les sépare des territoires les plus riches, notamment en matière d’accès aux services publics et de budgets communaux. La raison en est simple : les ressources dont disposent les collectivités publiques dépendent avant tout des bases fiscales locales, et les dispositifs nationaux supposément mis en place pour faire face à ces inégalités abyssales n’en ont jamais réduit qu’une petite partie.

    Finalement, le budget par habitant est plus élevé dans les communes riches que dans les communes pauvres, si bien que l’argent public exacerbe les inégalités initiales au lieu de les corriger, en toute bonne conscience. Les propositions faites en 2018 par le rapport Borloo pour objectiver cette réalité et y mettre fin ont été abandonnées, et le bloc libéral continue d’expliquer aujourd’hui qu’aucune redistribution supplémentaire n’est envisageable. Face aux impasses des deux autres blocs, c’est au bloc de gauche qu’il appartient aujourd’hui de rassembler les territoires défavorisés autour d’une plate-forme commune.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/08/thomas-piketty-les-banlieues-qui-s-enflamment-ont-beaucoup-plus-en-commun-av

    la périphérie est (presque) partout

    #émeutes #banlieues #fiscalité #salaire #territoire

  • Mapeando el #cuerpo-territorio. Guía metodológica para mujeres que defienden sus territorios

    Cuando pensamos el cuerpo-territorio, éste nos ayuda a mirar cómo la violencia deja pasos en nuestros cuerpos pero además se conecta con las invasiones más globales a nuestros territorios, y con los intereses económicos de los de arriba. También con los dibujos que nos muestra la cartografía corporal nos damos cuenta cómo hay represión hacia nosotras y las y los nuestros cuando defendemos el territorio.

    Parece que defender lo nuestro no le gusta al capital ni a nuestros gobiernos y prefieren darle nuestra tierra y territorios a las empresas que su único interés es hacer dinero. Mientras, nosotras como mujeres, ponemos la vida en el centro. Somos mujeres muy diversas unas venimos de la ciudad, otras del campo, unas somos indígenas, otras no, unas somos afros, nuestras historias y lugares son diferentes y tenemos formas diversas de mirar el mundo. Pero a la vez tenemos lazos en común y muchas sabemos quiénes son los enemigos comunes.

    Las herramientas que presentamos en esta guía a partir del cuerpo y de los sentidos nos han ayudado a generar un diálogo y muchas alianzas entre mujeres diversas que sin perder la mirada crítica sobre las relaciones de poder que nos atraviesan nos permiten imaginarnos juntas desde lo común y desde la acción para entender y transformar nuestras realidades. Esos regalos nos han dado las herramientas que aquí presentamos. Por eso, invitamos a utilizarlas como quieran con sus compañeras de lucha de territorios distintos, en sus barrios, en sus comunidades, en sus espacios.

    A nosotras nos ha traído muchas enseñanzas y nos ha ayudado a entender cómo entre mujeres diversas podemos crear estrategias para mejorar nuestra vida, la de las y los nuestros y el territorio que habitamos. Este camino de hacer una metodología desde el cuerpo-territorio no ha sido fácil pues llevamos casi cinco años en él. Pero sí hermoso, pues hemos compartido con mujeres organizadas rurales, indígenas, amazónicas, andinas, tzeltales, tsosiles, tojolabales, de la ciudad, del campo, productoras familiares de lugares como Ecuador, México, Ururguay, España, Argentina, Guatemala.

    https://www.accionecologica.org/mapeando-el-cuerpo-territorio-guia-metodologica-para-mujeres-que-de
    #corps #territoire #corps-territoire #guide #méthodologie #femmes #carto-experiment #cartographie #féminisme #violence #territoire #cartographie_corporelle

    ping @visionscarto @_kg_ @cede

    • En lien, fait par l’école d’été féminste et autonome:

      #Zine: Rebellische Körperterritorien

      Unsere Freund*innen von der Autonomen Feministischen Sommerschule (AFS) haben im Juli 2021 ihr Zine herausgebracht. Wenn ihr euch jetzt fragt „Hä was ist ein Zine? Z-I-N-E…..?!“: Zines sind mit wenig Mitteln erarbeitete Hefte, die durch die Welt kursieren sollen. Das Zine der Aktivist*innen der AFS kann zu nicht-kommerziellen Zwecken unter Nennung der Herausgeber*innenschaft von euch verwendet und vervielfältigt werden!

      Im Zine stellen die Aktivist*innen ihre transkulturelle Übersetzung des Körperkartografie-Methodenguides vom ecuadorianischen Kollektiv „Miradas Críticas del Territorio desde el Feminismo“ dar. Die ersten 36 Seiten des Zines sind auf Deutsch – wenn ihr das Zine umdreht liegt eine spanische Version vor euch.

      Wenn ihr das Zine als gedrucktes Heft haben wollt, stellen wir gerne den Kontakt zu den Herausgeber*innen her. Ihr könnt es gegen eine freiwillige Spende (Vorschlag: 3€ pro Heft + Porto) erhalten.

      https://feminar-bonn.de/weitere-projekte/zine-koerperterritorien

      #German #Spanish #Method #Mapping #summer_school

  • Marcher, dessiner, penser : leçons de #paysage
    https://metropolitiques.eu/Marcher-dessiner-penser-lecons-de-paysage.html

    Qu’est-ce qu’un paysage ? Dans son dernier ouvrage, le paysagiste Alexis Pernet interroge, par des enquêtes situées combinant texte et #dessin, le regard que nous portons sur nos lieux de vie. Le paysage est une notion difficile à définir. Selon la plupart des dictionnaires, ce serait une « partie d’un pays, étendue de terre que la nature présente à l’observateur ». En 2000, la convention du Conseil de l’Europe sur le paysage (ratifiée par la France en 2006) a enrichi cette définition : « Paysage désigne #Commentaires

    / dessin, paysage, #territoire, #voyage

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_jacotey.pdf

  • L’Insee confirme le désamour des Français pour les grandes métropoles
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/03/17/l-insee-confirme-le-desamour-des-francais-pour-les-grandes-metropoles_616585


    #territoire
    J’ai toujours été précurseuse.

    Au-delà de Paris, les métropoles dans leur ensemble sont les grandes perdantes de ces mouvements migratoires. Les agglomérations de plus de 700 000 habitants, qui, avant l’épidémie, affichaient pour la plupart un solde migratoire positif, connaissent elles aussi « une tendance postcrise » de baisse d’attractivité.

  • L’excellence contre la science
    https://metropolitiques.eu/L-excellence-contre-la-science.html

    Décryptant les conséquences des récentes réformes des #universités en #France, Camille Vergnaud montre comment les injonctions au rayonnement international et au partenariat local contribuent à la mise en compétition et à la bureaucratisation de ces établissements. Compétitivité, excellence, visibilité internationale, transfert technologique : autant de termes – à la définition parfois floue – qui guident les politiques publiques actuelles de financement, d’évaluation et de pilotage du système #Essais

    / université, #enseignement, #recherche, #Nanterre, #Paris, #évaluation, #territoire, #États-Unis, France

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_vergnaud.pdf

  • Le #genre en ville
    https://metropolitiques.eu/Le-genre-en-ville.html

    L’émission Le Genre en ville aborde les questions de genre en croisant les savoirs issus des mondes académique, professionnel, associatif et militant. Elle propose une lecture critique des rapports sociaux, à l’épreuve du genre, afin de construire de nouvelles épistémologies et de questionner les #inégalités en ville. ▼ Voir le sommaire de l’émission ▼ Le Genre en ville est une émission en écoute à la demande (podcast) imaginée comme un espace de réflexion et de production de savoirs sur la question du #Podcasts

    / #Grand_angle, genre, intersectionnalité, inégalités, transdisciplinarité, #femmes, #féminisme, #territoire, (...)

    #intersectionnalité #transdisciplinarité #épistémologie

  • L’Abeille Verte à Lodève | Mediapart | 15.01.23

    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/150123/la-rude-quete-de-l-emploi-pour-les-seniors-en-territoire-rural-violentes-e

    ou comment sortir les vieux du chômage en territoire rural.

    En 2019, elle voit un film qui va changer le cours de son existence. Nouvelle cordée, réalisé par Marie-Monique Robin, raconte l’histoire de la première « entreprise à but d’emploi » (EBE, une entreprise associative) de France, lancée dans les Deux-Sèvres dans le cadre de l’expérimentation « Territoire zéro chômeur de longue durée ».

    « J’en ai pleuré », se souvient Pierrette, qui décide de tenter l’aventure via un collectif de « privés d’emploi de longue durée » et de citoyen·nes lodévois·es militant pour obtenir une habilitation dans leur ville. Trois ans de travail acharné plus tard, le pari est gagné. Lodève devient le premier « territoire zéro chômeur » d’Occitanie.

    Sur 80 personnes, une seule a un véhicule

    L’entreprise à but d’emploi, baptisée « l’Abeille verte », se lance en septembre 2022. Quatre mois plus tard, elle emploie déjà 101 personnes dans quatre pôles : « recyclage et réemploi », « agriculture bio », « services de proximité » et « pôle support », pour l’administratif et le financier.

    « À terme on veut arriver à 250 salariés », explique Samuel Truscott, directeur général de l’Abeille verte. « Ici, l’embauche est non sélective, sans condition d’expérience et de diplôme », ajoute-t-il. La moyenne d’âge des salarié·es est de 46 ans. Il y a légèrement plus de femmes que d’hommes.

    https://www.mediapart.fr/journal/economie/240118/des-entreprises-utopiques-contre-le-chomage-de-longue-duree

    • la réaffectation des coûts directs, indirects et induits par la précarité et le chômage de plus d’un an peut permettre le financement d’emplois en CDI

      ces conneries (la propal #territoires_zéro_chômeur) sont triomphalement faites et écrites en 2018, en 2022, c’est les RSAstes qu’on veut (à nouveau) activer pour leur bien.

      l’#activation_des_dépenses_passives (aka les allocs chômage, les chômeurs) c’est une vieille merde OCDE qui a été au principe de toute les « réformes » du droit au chômage depuis au moins 20 ans.

      #story_telling #idéologie_du_travail #droit_au_chômage

    • Quant à Pierrette [bientôt 61 ans], elle préfère se concentrer sur l’aventure du moment, plutôt que de songer à la retraite. « Je ne me demande pas à quel âge j’aurai le droit de partir mais quand je vais “choisir” de partir. » Elle n’en a d’ailleurs pas terminé et se rêve « ambassadrice territoire zéro chômeur » au Québec, province canadienne qu’elle affectionne particulièrement. « Et quand j’aurai fini de transmettre, là, je m’arrêterai ! »

      et un peu avant dans l’article, on a le CV :

      « Les gens d’ici ont travaillé pour enrichir les grosses familles du textile puis pour enrichir les actionnaires de la Cogema. Et quand ils sont tous partis, il n’y avait plus rien ! », tempête Pierrette, qui vit à Lodève depuis plus de quarante ans.

      « Je célébrerai mes 61 ans en avril prochain », répond-elle, faussement grandiloquente, quand on lui demande son âge. Emmitouflée dans un ample pull blanc, avec de longs cheveux détachés tombant au milieu du dos, cette figure lodévoise – elle salue presque tout le monde dans la rue – n’a pas la langue dans sa poche.

      Son parcours professionnel est éclectique. Chevrière, animatrice de chantiers pour une ONG en Afrique, puis salariée en contrat aidé pour diverses associations, Pierrette dit n’avoir connu « que des niveaux de vie et des revenus limités ». Elle ne s’en plaint pas. Elle considère avoir toujours « choisi » sa façon de vivre.

      Mais tout a basculé en 2018, quand la majorité des contrats aidés ont été gelés par le ministère du travail. Celui de Pierrette, dans une association culturelle, n’a pas été renouvelé. Son ressentiment reste vif envers Emmanuel Macron, qu’elle surnomme « le roi ». « Je lui en veux car j’avais une vie de rêve », glisse-t-elle.

      Alors âgée de 56 ans, Pierrette se retrouve « au chômage et en dette », car le département lui réclame un gros arriéré de RSA, qu’elle a toujours contesté, mais qu’il a fallu payer. 10 000 euros à rembourser, prélevés par échéancier puis sur ses minima sociaux. L’héritage qu’elle avait perçu de ses parents est englouti.

      Commence une traversée du désert. La dépression, et un « parcours d’embauche » où Pierrette retient avoir été « violentée », à cause de son âge. « Personne ne va jamais te dire “t’es trop vieille”, mais comme tu n’as jamais de réponse, tu finis par comprendre. C’est toi qui fais ce constat, toute seule. »

  • Du jeu dans le #paysage
    https://metropolitiques.eu/Du-jeu-dans-le-paysage.html

    Avec leur #atlas des régions naturelles, dont le volume 3 vient de paraître, les artistes Éric Tabuchi et Nelly Monnier proposent, par la cartographie et la #photographie, une contre-lecture des espaces de la vie quotidienne hors des métropoles. Le projet de l’Atlas des régions naturelles est moins fou qu’il n’en a l’air ; il est même assez classique à première vue. Depuis 2017, Éric Tabuchi et Nelly Monnier se proposent de constituer une archive photographique du #territoire français, riche d’environ 25 #Commentaires

    / photographie, atlas, paysage, #France, #région_naturelle, territoire

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-gaudin8.pdf

  • Vivant non humain ou biodiversité ?
    https://metropolitiques.eu/Vivant-non-humain-ou-biodiversite.html

    Intégrer la biodiversité dans les projets architecturaux et urbains, est-ce vraiment la protéger ? Luc Laurent s’interroge sur les conditions et les finalités de ce tournant annoncé. Les disciplines de la conception spatiale et de l’aménagement se sont saisies de la biodiversité : #écologie urbaine (Burel et Baudry 1999, Clergeau 2007), paysage (Daniel-Lacombe 2010, Cormier 2011), géographie (Mathevet et Godet 2015), #architecture (Clergeau 2020a). En architecture et en #urbanisme, cette question se #Débats

    / urbanisme, architecture, biodiversité, écologie, #territoire

    #biodiversité
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_laurent2.pdf

  • Israël veut durcir les règles d’entrée des étrangers en Cisjordanie
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/09/04/israel-veut-durcir-les-regles-d-entree-des-etrangers-en-cisjordanie_6140181_

    Israël veut durcir les règles d’entrée des étrangers en Cisjordanie
    Les mesures, plusieurs fois reportées, devraient entrer en application le 5 septembre.
    Par Clothilde Mraffko(Jérusalem, correspondance)
    Publié aujourd’hui à 19h00, mis à jour à 19h00
    Prévue lundi 5 septembre, l’entrée en vigueur d’une série de mesures décidées par les autorités israéliennes va sévèrement restreindre l’entrée et le séjour des étrangers en Cisjordanie. Elles concernent les conditions d’accès à des visas qui sont limités à ce seul territoire occupé : leurs détenteurs ne peuvent pas circuler en Israël, ne peuvent pas se rendre à Jérusalem ou voyager par l’aéroport de Tel-Aviv. Les nouvelles règles pourraient notamment avoir de lourdes conséquences pour des milliers de conjoints de Palestiniens. (...)
    Famille, travail, bénévolat, études… Les 62 pages du document provisoire publié par le Cogat, l’organe militaire qui gère les affaires civiles des Palestiniens dans les territoires occupés, détaillent un ensemble de règles qui réduit considérablement les possibilités pour les étrangers de rester de longues périodes en Cisjordanie. Ces procédures « donnent autorité à l’armée israélienne pour microgérer la société palestinienne », a dénoncé en juin une pétition portée par l’ONG israélienne de défense des droits humains HaMoked. Un quota de 150 visas étudiants a par exemple été fixé. « Israël bénéficiant lui-même largement du [programme d’échange universitaire] Erasmus +, la Commission considère qu’il devrait faciliter et non entraver l’accès des étudiants aux universités palestiniennes », a réagi l’exécutif européen fin juillet, indiquant avoir exprimé « ses inquiétudes » à l’égard des nouvelles règles lors de réunions bilatérales avec des responsables israéliens.
    Aucun visa ne sera délivré pour des enseignants du primaire et du secondaire ni pour des professeurs invités ayant une double nationalité avec un pays arabe notamment. L’armée fixe en outre un quota pour des enseignants d’université « qui excellent dans des professions essentielles » et seront autorisés à venir pour une durée maximale de vingt-sept mois. « C’est une attaque frontale contre la liberté académique, juge Edouard Jurkevitch, professeur israélien de microbiologie à l’Université hébraïque de Jérusalem, auteur, avec dix autres collègues, d’une lettre en mars demandant à son recteur de protester contre ces mesures auprès du ministère de la défense israélien. (...)
    Les nouvelles procédures auraient dû entrer en vigueur en mai, puis début juillet. Elles ont été reportées au 5 septembre, notamment pour ne pas interférer avec la visite du président américain, Joe Biden, en Israël et en Cisjordanie durant l’été. Washington a engagé des discussions autour d’une exemption de visa pour les Israéliens aux Etats-Unis et négocie en échange l’amendement de certaines règles du Cogat. A quelques jours de l’entrée en application des nouvelles règles, le flou était encore total : une porte-parole de cet organisme a fait savoir au Monde que le document publié « n’était pas encore définitif ; les équipes travaillent activement à le compléter ». La pétition de l’ONG HaMoked déposée auprès de la Cour suprême en juin a été rejetée, au motif que le recours était « prématuré ». Selon le droit international, l’armée israélienne peut intervenir en Cisjordanie occupée uniquement pour servir ses besoins militaires ou pour le bien-être de la population palestinienne sous occupation. Les nouvelles procédures du Cogat ne répondent en rien à ces impératifs, selon les ONG. « La moitié des règles, concernant les conjoints, sert au contrôle démographique, en empêchant ces familles de vivre ici ; et l’autre moitié semble être destinée à isoler la société palestinienne. (...)
    Depuis 2020 et la pandémie de Covid-19, des restrictions de circulation se sont ajoutées et n’ont pas été levées. En plus du stress et du poids financier qu’engendrent ces incertitudes, les conjoints étrangers se sentent souvent mal compris de leurs représentations consulaires, à Jérusalem, où ils ne peuvent se rendre légalement, leur visa n’étant pas valide au-delà du mur de séparation. La solution est d’obtenir une réunification familiale et une carte d’identité palestinienne. La procédure peut prendre des années. Le Cogat affirme que les nouvelles procédures ont « pour but de formaliser les pratiques régissant l’entrée de chaque étranger désirant se rendre » en Cisjordanie. Les principaux concernés craignent de perdre la marge de manœuvre qu’autorise aujourd’hui le flou qui prévaut et leur permet de contester, souvent avec succès, certaines décisions devant les tribunaux israéliens. « Cela impacte la relation que j’ai à la Palestine, résume un jeune chercheur franco-palestinien qui a grandi en Cisjordanie mais n’a qu’un passeport français. A chaque fois que je pars, je ne sais pas si je vais revenir. La Palestine est de moins en moins chez moi : c’est dur psychologiquement. »

    #Covid-19#migration#migrant#israel#santementale#postcovid#circulation#palestine#cisjordanie#visa#regroupementfamilial#territoireoccupe#politiquemigratoire

  • Eclairage public, nuisances et solutions

    Trame noire : quand les enjeux de la transition énergétique croisent les enjeux #biodiversité
    https://vimeo.com/563639384

    Webinaire réalisé pour les acteurs de TOTEn (Territoires d’Occitanie pour la transition énergétique) donc assez technique. On y trouve les prescriptions et obligations des éclairages et les angles morts de la réglementation, notamment sur la publicité lumineuse.

    Documents à télécharger sur
    https://toten-occitanie.fr/les-webinaires-du-reseau/8-juin-2021-webinaire-2-2021

    https://toten-occitanie.fr/IMG/pdf/webinaire_tramenoire_080621_compte-rendu.pdf

    #trame_noire #environnement #réglementation #territoires #lumières #nuisances_lumineuses #seuil_d'accessiblité #écologie #cartographie #corridors_écologiques #pollution_lumineuse
    #ciel_étoilé
    #nuit et https://www.lightpollutionmap.info

    Bonus
    Décryptage : l’arrêté ministériel « nuisances lumineuses » - Contexte

    https://www.cerema.fr/fr/actualites/decryptage-arrete-ministeriel-nuisances-lumineuses-contexte

    • Tarbes coupe l’éclairage des rues intérieures des quartiers résidentiels à 23h depuis le 1er juillet, pour réduire la facture et la pollution lumineuse.

      J’y vois aussi des discriminations spatiales et un couvre-feu implicite pour les femmes de certains quartiers.

      Repenser un éclairage public avec des sources moins hautes, mieux orientées et équipées en LED avec la bonne longueur d’onde serait plus efficace et surtout bien plus cher. Et on oublie aussi les enjeux sociologiques de l’éclairage public.

  • Projet de loi sanitaire : accord entre députés et sénateurs
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/07/21/controle-des-tests-pour-les-entrees-en-france-reintegration-des-soignants-no

    Projet de loi sanitaire : accord entre députés et sénateurs
    Députés et sénateurs sont parvenus à se mettre d’accord, jeudi 21 juillet 2022, sur le contenu du projet de loi prolongeant certaines mesures de gestion de la crise sanitaire, dont l’arrêt était initialement prévu à la fin du mois.Le maintien des bases de données SI-Dep (pour les résultats des tests virologiques) et Contact Covid, validé par les députés en première lecture, avait aussi été confirmé par les sénateurs dans la nuit de mercredi à jeudi. La conservation de ces informations par l’Etat permet en particulier de faciliter les voyages en Europe lorsque le pays de destination demande une preuve de vaccination ou de rétablissement du Covid-19. Les sénateurs ont cependant voté deux mesures absentes du texte adopté par l’Assemblée nationale : la possibilité laissée au gouvernement de rétablir un contrôle de test virologique à l’entrée sur le territoire national (avec une disposition spécifique aux outre-mer) et celle de réintégrer les soignants non vaccinés si la Haute Autorité de santé (HAS) y donnait son accord.
    Réunis lors d’une commission mixte paritaire, dans l’après-midi de jeudi, les parlementaires ont donc validé ces changements, rédigés au Sénat par l’élu de la Manche et rapporteur du texte, Philippe Bas. La version du texte adoptée par l’instance, qui rassemble sept députés et sept sénateurs de différentes sensibilités, doit désormais passer une nouvelle fois devant l’Assemblée, pour un vote sans nouvel examen, prévu pour lundi, puis au Sénat, mardi, pour être définitivement adoptée… à moins que le retard pris sur les débats en cours sur le pouvoir d’achat et le projet de loi de finances rectificative, qui doivent se terminer samedi soir, ne bouscule le calendrier législatif.
    Le gouvernement était jusqu’ici opposé à toute réintégration des soignants non vaccinés, mais la condition de l’aval de la HAS a amené le ministre de la santé, François Braun, à qualifier devant les sénateurs la mesure d’« équilibrée ». M. Braun a annoncé que ces soignants étaient au nombre de 2 605 dans le secteur sanitaire. « Nous créons un chemin vers la réintégration », a expliqué au Sénat M. Bas, pour qui « la décision doit être médicale, elle le sera ». Selon la proposition du rapporteur, l’obligation vaccinale des soignants sera suspendue dès que la HAS jugera qu’elle n’est plus justifiée, et le personnel soignant non vacciné sera alors « immédiatement réintégré ».
    Le gouvernement a aussi salué le retour des contrôles de test, une mesure centrale pour l’exécutif qui avait été rejetée par les élus du Rassemblement national, de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) et d’une partie des Républicains à l’Assemblée nationale. Cette nouvelle mesure se décline en deux dispositifs distincts. Le premier concerne les voyageurs en provenance de pays étrangers. En cas d’apparition d’un nouveau variant du SARS-CoV-2 particulièrement dangereux, le gouvernement pourrait imposer la présentation d’un test négatif à l’embarquement à destination de la France. Philippe Bas a intitulé ce dispositif « certificat sanitaire de voyage » pour le différencier du passe sanitaire – qui comprend également le certificat de vaccination et de rétablissement. Activé par décret par l’exécutif, ce premier dispositif pourrait durer un mois, un vote du Parlement étant nécessaire en cas de souhait de prolongation. Un second dispositif, similaire au premier, pourrait s’appliquer pour les voyages vers les collectivités ultramarines « en cas de risque de saturation » de leur système de santé. A l’initiative de Philippe Bonnecarrère (centriste) et Thani Mohamed Soilihi (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, La République en marche) a été introduite la possibilité d’un contrôle pour les personnes en provenance des collectivités ultramarines.

    #Covid-19#migrant#migration#france#politiquesanitaire#sante#test#vaccination#territoireultramarin#etranger

  • Enfants dans l’espace public : enquête sur une disparition - URBIS le mag
    https://www.urbislemag.fr/enfants-dans-l-espace-public-enquete-sur-une-disparition-billet-642-urbis

    Où sont passés les enfants ? Dans les rues de nos villes, combien en croise-t-on, cartables sur le dos, et rentrant de l’école ? Combien sont-ils à avoir l’autorisation parentale de jouer dans la rue ? De faire quelques courses dans un magasin proche de leur domicile ? Bien peu. Et même, de moins en moins. Clément Rivière, maître de conférences en sociologie à l’université de Lille, s’est penché sur la façon dont les parents du début du 21ème siècle encadrent les pratiques de leurs enfants dans l’espace public. Récemment publié aux Presses universitaires de Lyon, son travail met en lumière les mécanismes à l’œuvre dans la fabrication des « enfants d’intérieur ». De quoi donner à réfléchir aux urbanistes et plus largement, à tous ceux qui travaillent à la conception et à l’aménagement d’espaces publics pour tous.

    #transport #territoire #ville #enfants

  • Fibre optique : le casse-tête des derniers mètres
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-enjeux-territoriaux/fibre-optique-le-casse-tete-des-derniers-metres


    Pour comprendre les enjeux de la connexion au très haut débit, Ariel Turpin tient à rappeler qu’il faut saisir la différence entre déploiement et raccordement. Le déploiement de la fibre est variable selon les territoires. En revanche, le raccordement lui est général sur l’ensemble du pays : « il se fait très rapidement parce qu’il a une vraie concurrence pour les opérateurs. »

    Les opérateurs sont préoccupés par trois choses ; « basculer tous leurs clients de l’ADSL à la fibre », « faire en sorte que leur concurrents ne leurs prennent pas leurs clients » et « essayer de piquer les clients des concurrents au moment de la migration du cuivre vers la fibre. » Ce qui se ressent sur le service : déployer la fibre et « faire de la qualité n’ont pas d’impacts directs sur les trois autres priorités. »

  • Dans les Cévennes, la fin du tout #voiture reste un combat
    https://www.lagazettedescommunes.com/800913/dans-les-cevennes-la-fin-du-tout-voiture-reste-un-combat

    Le sujet le plus explosif, c’est finalement la mise en place de la zone à faibles émissions (ZFE) de Montpellier, qui va progressivement exclure les véhicules les plus polluants de la métropole, en partant du périmètre de 9 communes desservies par le tramway, puis en l’étendant à toutes les communes, avec une entrée en vigueur au 1er janvier 2025. Les citoyens sont encore peu conscients de ce qui les attend, mais les élus, eux, l’ont bien en tête. Notamment des différences de traitement qu’il va y avoir entre les habitants métropolitains et les ruraux qui résident dans ce bassin de vie. Ces derniers ne pourront pas bénéficier de la gratuité des transports collectifs de MPM (qui sera totale en 2023), qui est la principale mesure mise en avant pour compenser les contraintes nouvelles de la ZFE.

    #transport #territoire #exclusion

  • Exterminez toutes ces brutes (1/4). La troublante conviction de l’ignorance

    Dans une puissante méditation en images, Raoul Peck montre comment, du génocide des Indiens d’Amérique à la Shoah, l’impérialisme, le colonialisme et le suprémacisme blanc constituent un impensé toujours agissant dans l’histoire de l’Occident.

    « Civilisation, colonisation, extermination » : trois mots qui, selon Raoul Peck, « résument toute l’histoire de l’humanité ». Celui-ci revient sur l’origine coloniale des États-Unis d’Amérique pour montrer comment la notion inventée de race s’est institutionnalisée, puis incarnée dans la volonté nazie d’exterminer les Juifs d’Europe. Le même esprit prédateur et meurtrier a présidé au pillage de ce que l’on nommera un temps « tiers-monde ».

    Déshumanisation
    Avec ce voyage non chronologique dans le temps, raconté par sa propre voix, à laquelle il mêle celles des trois auteurs amis qui l’ont inspiré (l’Américaine Roxanne Dunbar-Ortiz, le Suédois Sven Lindqvist et Michel-Rolph Trouillot, haïtien comme lui), Raoul Peck revisite de manière radicale l’histoire de l’Occident à l’aune du suprémacisme blanc. Tissant avec une grande liberté de bouleversantes archives photo et vidéo avec ses propres images familiales, des extraits de sa filmographie mais aussi des séquences de fiction (incarnées notamment par l’acteur américain Josh Hartnett) ou encore d’animation, il fait apparaître un fil rouge occulté de prédation, de massacre et de racisme dont il analyse la récurrence, l’opposant aux valeurs humanistes et démocratiques dont l’Europe et les États-Unis se réclament. « Exterminez toutes ces brutes », phrase prononcée par un personnage du récit de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres, et que Sven Lindqvist a choisie comme titre d’un essai, résume selon Raoul Peck ce qui relie dans un même mouvement historique l’esclavage, le génocide des Indiens d’Amérique, le colonialisme et la Shoah : déshumaniser l’autre pour le déposséder et l’anéantir. De l’Europe à l’Amérique, de l’Asie à l’Afrique, du XVIe siècle aux tribuns xénophobes de notre présent, il déconstruit ainsi la fabrication et les silences d’une histoire écrite par les vainqueurs pour confronter chacun de nous aux impensés de sa propre vision du passé.

    https://www.arte.tv/fr/videos/095727-001-A/exterminez-toutes-ces-brutes-1-4

    #film #documentaire #film_documentaire #peuples_autochtones #récit #contre-récit #récit_historique #histoire #Séminoles #extrême_droite #suprémacisme_blanc #racisme #Grand_Remplacement #invasion #colonialisme #puissance_coloniale #extermination #Tsenacommacah #confédération_Powhatan #Eglise #inquisition #pureté_du_sang #sang #esclavage #génocide #colonialisme_de_peuplement #violence #terre #caoutchouc #pillage

    –-> déjà signalé plusieurs fois sur seenthis (notamment ici : https://seenthis.net/messages/945988), je remets ici avec des mots-clé en plus

  • #Shingal

    En août 2014, L’État islamique attaque le peuple Yézidis dans la région montagneuse de Shingal, et perpétue un véritable massacre dans cette région au nord-ouest de l’Irak. Asmail, son frère Mazlum et leurs familles sont des leurs. Comme nombre d’autres Yézidis, ils vont devoir fuir vers ce refuge ancestral que sont les montagnes de Shingal et lutter pour la survie de leurs familles et de leur peuple...

    Si la crise humanitaire qui a découlé de cette tragédie est relativement connue de tous, de nombreuses zones d’ombre persistent quant aux éléments qui ont conduit au génocide et à l’exode de toute une population.
    Tout au long de cet album, Tore Rørbæk et Mikkel Sommer donnent corps à un peuple méconnu, victime de la barbarie, et tentent de faire la lumière sur ces éléments souvent passés sous silence...

    https://www.la-boite-a-bulles.com/book/618
    #BD #bande_dessinée #livre

    #monts_Shingal #montagne #Yézidis #Irak #Siba #peshmerga #Gerzerik #daesh #territoires_contestés #Kurdistan #Al-Qaïda #yézidisme #Snouni #Sikeniye #massacre #génocide #Ousman_Pacha #conversion_forcée #histoire #viols #exécutions_de_masse #esclavage_sexuel #aide_humanitaire #corridor_humanitaire #réfugiés #camp_de_Newroz #Newroz #Essian #Dohuk #Kurdistan_irakien #Etat_islamique #religion #résistance #ISIS #Etat_islamique

    • La montagna sola. Gli ezidi e l’autonomia democratica di Şengal

      Gli ezidi sono diventati noti a livello internazionale dopo il massacro subito dall’Isis nell’agosto del 2014. Un popolo di cui si è sempre saputo pochissimo – anche per l’assenza di testi scritti dovuta a un ferreo ricorso alla tradizione orale – è stato preso come esempio della brutalità dello Stato islamico e usato per giustificare l’intervento militare occidentale. Relegando gli ezidi al ruolo di vittime senza speranza né capacità di pensiero politico. Questo libro ne ricostruisce la storia millenaria, la cultura e la religione, e ne riporta la voce diretta raccolta dalle autrici nei loro viaggi a Şengal, di cui uno compiuto insieme a Zerocalcare, autore dell’illustrazione in copertina.
      Şengal è l’unica montagna che si staglia nella vasta piana di Ninive, al confine con Siria e Turchia. In Iraq la chiamano «la montagna sola», come solo è sempre stato il popolo ezida che la abita, società divenuta introversa a seguito delle numerose persecuzioni subite. Dalla loro resistenza contro l’Isis e dalla liberazione di Şengal, grazie all’aiuto del Partito dei lavoratori del Kurdistan e delle unità curde del Rojava, è nata un’esperienza di autogoverno ispirata al confederalismo democratico, ancora in fieri e minacciata dalle stesse forze che nel 2014 permisero il massacro.
      Sulla montagna sola si respira la voglia di una vita finalmente libera dalla paura insieme all’entusiasmo di chi ha preso in mano le redini del proprio destino. Una popolazione chiusa al mondo esterno, conservatrice e legata alle proprie pratiche ha saputo costruire una forma di autogestione del proprio territorio secondo un paradigma estremamente moderno e allo stesso tempo adattabile alle peculiari e antiche caratteristiche dei popoli mediorientali – perché è da lì che trae origine e ispirazione.

      https://edizionialegre.it/product/la-montagna-sola

  • Covid-19 : un test négatif de moins de vingt-quatre heures nécessaire pour se rendre dans les outre-mer
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/24/covid-19-un-test-negatif-de-moins-de-vingt-quatre-heures-necessaire-pour-se-

    Covid-19 : un test négatif de moins de vingt-quatre heures nécessaire pour se rendre dans les outre-mer
    Toutes les personnes – vaccinées ou non – souhaitant se rendre dans les outre-mer devront présenter un résultat de test de dépistage au Covid-19 négatif, qu’il soit PCR ou antigénique, de moins de vingt-quatre heures à partir du mardi 28 décembre, a annoncé le gouvernement dans un communiqué diffusé vendredi 24 décembre. Jusqu’ici, un test négatif de moins de soixante-douze heures pour un PCR ou de moins de quarante-huit heures pour un antigénique était exigé avant le départ. Cette mesure plus restrictive s’appliquera aux passagers voyageant à partir de la France métropolitaine ou d’un pays étranger, fait savoir le texte. « Cette mesure est nécessaire afin de protéger les territoires ultramarins de la nouvelle vague épidémique sous l’effet du variant Omicron et de limiter la circulation du virus dans le contexte d’une forte reprise des contaminations dans l’Hexagone », précise le gouvernement dans son communiqué.
    Le projet de loi transformant le passe sanitaire en passe vaccinal, présenté lundi 27 décembre en conseil des ministres, prévoit par ailleurs de prolonger l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 31 mars 2022 à la Martinique et de le déclarer jusqu’à la même date à La Réunion. Il est précisé dans le texte que, « en cas de déclaration de l’état d’urgence sanitaire dans une autre collectivité ultra-marine avant le 1er mars 2022, cet état d’urgence s’appliquera également jusqu’au 31 mars 2022 ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#metropole#territoireultramarin#lareunion#martinique#passesanitaire#passevaccinal#test#variant#omicron

  • Principes du “bon gouvernement”, politique et rituel chez les mayas tsotsils du Chiapas

    Dans cet article Rocío Noemí Martínez Gonzále s’attache mettre en correspondance la narrativité de la fête avec l’organisation politique alternative et les principes de gouvernement qui la fondent

    Noemí Martínez invite à saisir la portée politique du geste de reprise : renouer le lien avec les ancêtres et réparer l’oubli d’une attitude de réciprocité envers la Terre-mère ; mettre en correspondance la narrativité de la fête avec l’organisation politique alternative et les principes de gouvernement qui la fondent ; instaurer une continuité historique et temporelle qui permette de situer l’insurgence au registre d’un « devenir-indien », considéré comme l’alternative à la destruction planétaire en cours, et construire un moi collectif fondé sur de nouvelles relations entre indiens et non indiens ; de manière générale faire de l’histoire, de la mémoire et de la tradition des moyens de l’autonomie.

    #autonomie #Chiapas #gouvernement #rituel #territoire

    https://communaux.cc/contributions/principes-du-bon-gouvernement-politique-et-rituel-chez-les-mayas-tsotsils-

  • #Liberté, #exigence, #émancipation. Réinstituer l’#Université

    Les strates successives de #réformes subies par l’Université depuis vingt ans, même si elles ne sont pas dénuées d’incohérences, reposent sur un socle politique et idéologique relativement précis [1]. Celui-ci trouve notamment son articulation dans les travaux de sociologie des établissements d’enseignement supérieur par Christine Musselin [2] ou dans le rapport Aghion-Cohen de 2004 [3] sur “éducation et croissance”[4]. Pour une part, ce socle reprend les théories de la #croissance par l’#innovation et la “#destruction_créatrice” inspirées de #Joseph_Schumpeter [5] , surtout pertinentes pour la #recherche. Le socle intellectuel présidant aux réformes récentes combine cet héritage avec une vision de l’#aménagement_du_territoire fondée sur la partition entre des #métropoles intelligentes et concurrentielles et un vaste hinterland tributaire du #ruissellement_de_croissance, ce qu’Olivier Bouba-Olga et Michel Grossetti [6] appellent la « #mythologie_CAME » (#compétitivité-#attractivité-#métropolisation-#excellence). Dans cette perspective, hormis quelques cursus d’élite, les formations universitaires doivent surtout offrir des gages “d’#employabilité” future. Au fil des reconversions professionnelles, le “portefeuille de #compétences” initial se verra étoffé par des #certificats_modulables attestant de quelques #connaissances_spécialisées, ou de “#savoir-faire” dont certains relèveront probablement surtout du conditionnement opérationnel. Dans le même temps, #évaluation et #valorisation sont devenus les termes incontournables et quasi indissociables de la formulation d’une offre “client” qui débouche sur une organisation par marché(s) (marché des formations diplômantes, des établissements, de l’emploi universitaire…). Dans les variantes les plus cohérentes de ce programme, ces #marchés relèvent directement du #Marché, d’où la revendication d’une #dérégulation à la fois des #frais_d’inscription à l’université et des #salaires des universitaires.

    Sortir l’Université de l’ornière où ces réformes l’ont placée impose de construire un contre-horizon détaillé. Les mots d’ordre défensifs de 2008 et 2009 n’avaient sans doute que peu de chances d’arrêter la machine. Aujourd’hui, la demande d’une simple abrogation des dispositions prises à partir de 2007 ne serait pas à la hauteur des changements internes que ces politiques ont induits dans l’Université. On ne saurait de toute façon se satisfaire d’une perspective de restauration de l’ancienne Université. C’est en ce sens que nous parlons de ré-institution ou de refondation.

    Émanciper qui, de quoi, pour quoi faire

    Il est impératif de prendre comme point de départ la question des finalités sociales et politiques de l’Université. Si la référence à la notion d’émancipation est indispensable à nos yeux, elle ne suffit pas non plus à définir un nouvel horizon. La capacité du discours réformateur néolibéral à assimiler et finalement dissoudre le projet émancipateur n’est plus à prouver, y compris en matière scolaire : le recours à la notion de compétence, du primaire à l’université, renvoie ainsi, cyniquement, à une idée généreuse de pédagogies alternatives visant à libérer l’institution scolaire de ce qui était perçu comme un carcan autoritaire transformant les élèves en singes savants. Cet idéal scolaire émancipateur systématiquement dévoyé a pris des formes multiples et parfois contradictoires, et ce n’est pas ici le lieu de les analyser. Au moins depuis Boltanski & Chiapello [7], on sait qu’il ne faut pas sous-estimer la capacité du management à digérer la “critique artiste du capitalisme”, pour mettre en place un nouveau modèle de néolibéralisme autoritaire. L’auto-entrepreneur·euse de soi-même assujetti·e aux normes de valorisation par le marché est pour nous un épouvantail, mais il s’agit d’une figure d’émancipation pour certains courants réformateurs.

    L’émancipation n’est jamais une anomie : c’est un déplacement collectif et consenti de la nature des normes et de leur lieu d’exercice. Poser la question de la finalité émancipatrice de l’#enseignement_supérieur, c’est demander qui doit être émancipé de quoi et pour quoi faire. Ce “pour quoi faire”, en retour, nous renvoie au problème du comment, dans la mesure où devant un tel objectif, c’est sans doute la détermination du chemin qui constitue en soi le seul but atteignable.

    L’#autonomie_étudiante

    À première vue, la réponse à la question « qui » est tautologique : il s’agit d’émanciper les étudiant·es — mais comme on va le voir, si l’on pose l’existence d’un cycle auto-amplificateur entre étudiant·es et enseignant·es, cela pose aussi la question de l’émancipation de l’ensemble des universitaires. Il importe de souligner que les étudiant·es ne sont pas forcément « la jeunesse », ni la jeunesse titulaire du baccalauréat. Quant à savoir de quoi il s’agit de les émanciper, la réponse est d’abord : du déterminisme par le milieu social, culturel et géographique d’origine [8]. Cela représente à la fois un enjeu démocratique et un enjeu social majeur.

    L’Université doit être librement et gratuitement accessible à toute personne détenant le baccalauréat à tout âge de la vie ; tout établissement universitaire doit proposer une voie d’accès, le cas échéant via une propédeutique, aux personnes ne détenant pas le baccalauréat mais désirant entamer des #études_supérieures ; l’#accès gratuit à l’Université et à son ouverture intellectuelle et culturelle ne doit pas être conditionné à l’inscription à un cursus diplômant.

    Ce programme impose la mise en œuvre parallèle d’une politique d’#autonomie_matérielle des étudiant·es. Nous souscrivons à l’essentiel des propositions formulées par le groupe Acides [9] en faveur d’un “#enseignement_supérieur_par_répartition”, c’est-à-dire d’un système socialisé d’#accès_aux_études, pour qu’elles soient menées dans les meilleures conditions de réussite. Nous proposons que l’#allocation_d’autonomie_étudiante soit versée de droit pour trois ans, prolongeables d’un an sur simple demande, à toute personne inscrite dans une formation diplômante de premier cycle, avec possibilité de la solliciter pour suivre une formation universitaire non-diplômante, mais aussi une formation de deuxième ou de troisième cycle. Pour ces deux derniers cycles, toutefois, ce système nous semble devoir coexister avec un dispositif de pré-recrutement sous statut d’élève-fonctionnaire dans les métiers d’intérêt général que la collectivité a vocation à prendre en charge : médecine et soins infirmiers, enseignement primaire et secondaire, recherche scientifique, aménagement du territoire et transition écologique…

    Pour une #géographie de l’#émancipation_universitaire

    Ces premiers éléments nécessitent de se pencher sur ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler “le #paysage_universitaire”. Il faut ici distinguer deux niveaux : un niveau proprement géographique, et un niveau sociologique qui conduit immanquablement à poser la question des différents cursus post-bac hors universités, et notamment des grandes écoles.

    Au plan géographique, il est nécessaire de s’extraire de la dichotomie mortifère entre des établissements-monstres tournés vers la compétition internationale et installés dans des métropoles congestionnées, et des universités dites “de proximité” : celles-ci, à leur corps défendant, n’ont pas d’autre fonction aux yeux des réformateurs que d’occuper une jeunesse assignée à résidence géographiquement, socialement et culturellement [10]. Le #maillage_territorial actuel est dense, du fait de l’héritage de la dernière vague de création d’#universités_de_proximité. Pour autant, il s’organise selon une structure pyramidale : l’héritage évoqué est en effet corrigé par une concentration des investissements au profit de quelques établissements hypertrophiés. A contrario, nous préconisons une organisation en réseau, dont les cellules de base seraient des établissements de taille moyenne, c’est-à-dire ne dépassant pas les 20.000 étudiants. Nous avons besoin d’universités à taille humaine, structurées en petites entités autonomes confédérées. Ces établissements doivent offrir aux étudiants des perspectives d’émancipation vis-à-vis du milieu d’origine et de la sclérose intellectuelle qui frappe le pays ; ils doivent permettre une recherche autonome, collégiale et favorisant le temps long.

    Pour cela, nous proposons un plan en deux temps. D’une part, un surcroît d’investissement doit être consenti vers des pôles de villes moyennes pour en faire, non des “universités de proximité” centrées sur le premier cycle, mais des établissements complets proposant également une activité scientifique de pointe et exerçant une attraction nationale, afin de décentrer le système universitaire actuellement structuré par l’opposition entre métropoles et hinterland. D’autre part, nous préconisons d’installer trois à cinq nouvelles universités dans des villes moyennes ou des petites villes, à bonne distance des métropoles, en prenant appui sur le patrimoine bâti abandonné par l’État et sur les biens sous-utilisés voire inoccupés appartenant aux collectivités. Certaines #villes_moyennes voire petites disposent en effet d’anciens tribunaux, de garnisons ou même des bâtiments ecclésiastiques qui tombent en déshérence. Notons qu’il ne s’agit pas seulement de les transformer en laboratoires et en amphithéâtres : au bas mot, notre pays a aussi besoin d’une centaine de milliers de places supplémentaires de cités universitaires à très brève échéance.

    L’#utilité_sociale de l’enseignement supérieur ne se réduit pas à “former la jeunesse” : cette nouvelle géographie ne saurait être pensée sur le mode du phalanstère coupé du monde. Au contraire, les #universités_expérimentales doivent être fondues dans la ville et dans la société. La refondation de l’Université s’accompagne donc d’un projet urbanistique. L’#architecture de l’université doit être pensée en sorte que les #campus soient des #quartiers de la ville, avec les services publics et privés nécessaires à une intégration vivante de ces quartiers dans le #territoire. Les lieux de vie universitaires doivent inclure des écoles maternelles, primaires et secondaires, des commerces, des librairies, des théâtres, des zones artisanales et des quartiers d’habitation pour celles et ceux qui feront vivre ces lieux. Les bibliothèques universitaires et les bibliothèques municipales des villes universitaires doivent être rapprochées, voire fusionnées.

    La question des #Grandes_Écoles

    Les politiques de différenciation entre établissements de recherche et de proximité croisent la problématique des grandes écoles, mais ne se confond pas avec elle : en atteste l’échec du projet de fusion de Polytechnique avec l’université d’Orsay-Saclay, ou la survivance d’une myriade d’écoles d’ingénieur·es et de commerce proposant des formations indigentes avec un taux d’employabilité équivalent à celui d’une licence d’une petite université de proximité. La refondation esquissée ici sera compromise tant que la question de la dualité Université / Grandes Écoles n’aura pas été réglée. On ne fera pas l’économie d’une instauration effective du monopole de l’Université sur la collation des grades. Cela implique une montée en puissance des #capacités_d’accueil, c’est-à-dire du nombre d’établissements, des moyens récurrents et des postes d’universitaires titulaires dans tous les corps de métier, de façon à pouvoir atteindre une jauge de 600.000 étudiant·es par promotion de premier cycle, 200.000 étudiant·es par promotion de deuxième cycle, 20.000 étudiant·es (rémunéré·es !) par promotion de troisième cycle, soit un total d’environ 2,4 millions d’étudiant·es. Précisons qu’il y avait en 2019-2020 1,6 millions d’étudiants à l’Université, 600.000 dans d’autres établissements publics, majoritairement des lycées (CPGE, BTS), et 560.000 dans le secteur privé. Le chiffre de 2.4 millions d’étudiants à l’Université correspond donc à une estimation basse des effectifs une fois le monopole universitaire sur la collation des grades rétabli.

    Dans le détail, l’application de ce programme signifie que les formations d’ingénieurs pourront et devront être assurées à l’Université, avec un pré-recrutement dans certains domaines, l’écologie notamment ; les sections de technicien supérieur (STS) seront soit rattachées aux instituts universitaires de technologie (IUT) existants, soit constituées en IUT. Pour ce qui est des écoles de commerce, on pourra se contenter de supprimer la reconnaissance de leurs diplômes dans les conventions collectives et les concours de la Fonction publique. L’Institut d’Études Politiques de Paris doit devenir une université de droit commun. Les IEP de Province et les antennes régionales de l’IEP Paris ont vocation à intégrer l’université la plus proche sous la forme d’une UFR de sciences politiques, tandis que la Fondation Nationale des Sciences Politiques doit être dissoute, et son patrimoine transféré, par exemple à la Fondation Maison des Sciences de l’Homme [11].

    La question des #Écoles_Normales_Supérieures (#ENS), initialement pensées pour pré-recruter des enseignants et des chercheurs au service de l’Université, peut être résorbée par l’extension de ce pré-recrutement à travers le pays, le décentrage vis-à-vis de Paris et Lyon, la construction de cités étudiantes dotées de bibliothèques et la mise en place de formations expérimentales par la recherche interdisciplinaire. Les ENS seraient ainsi rendues caduques du fait de l’extension à l’Université du mode de fonctionnement qui était censé être le leur.

    Une fois privées de leur débouché de principe, on peut se demander quelle utilité resterait aux #classes_préparatoires : beaucoup fermeraient, mais certaines pourraient être maintenues pour aider au maillage territorial à un niveau de propédeutique, si l’on souhaite rétablir une sorte de trivium occupant les trois ou quatre premiers semestres, fonction que le DEUG assurait jadis. En tout état de cause, la licence elle-même ne pourra être obtenue qu’à l’Université.

    Que faire des #cursus ?

    Cela nous amène au problème de l’organisation des enseignements et des cursus, lequel nous impose de faire retour à la question initiale : émanciper qui, de quoi, comment et pour quoi faire ? Pour nous, l’existence de l’Université comme institution d’enseignement distincte du lycée se justifie par un lien spécifique entre la formation universitaire et la #recherche_scientifique. L’enseignement secondaire a pour fonction de transmettre des savoirs déjà stabilisés, ce qui n’est pas exclusif d’un aperçu de l’histoire complexe de cette consolidation, ni même des contradictions subsistant dans les corpus enseignés. La formation universitaire a ceci de spécifique qu’elle ne dissocie jamais totalement la production, la transmission et la critique des #savoirs. Par conséquent, seul le niveau propédeutique, encore essentiellement consacré à l’acquisition de bases communément admises d’une discipline, peut à la rigueur être dispensé hors Université, dans la mesure où il ne donne pas lieu à la collation d’un grade.

    Inversement, la licence (ou le titre qui pourrait lui succéder) impose un saut qualitatif avec une première confrontation aux réalités de la recherche scientifique, entendue comme pratique collégiale de la dispute argumentée, sur une problématique construite par la communauté au vu d’un état de la recherche. Aucune licence ne devrait pouvoir être accordée sans une première expérience en la matière, ne serait-ce qu’en position d’observation. Cette première expérience doit prendre des formes différentes selon les disciplines : stage d’observation en laboratoire, brève étude de terrain, traduction commentée… assortis de la rédaction d’un état de l’art. De ce fait, un #cursus_universitaire doit reposer sur un enseignement dispensé par des scientifiques ayant une activité de recherche. On peut penser qu’en-deçà de deux tiers du volume horaire d’enseignement assuré directement par des scientifiques titulaires, le caractère universitaire d’un cursus est remis en jeu. Reconnaître ce seuil aurait également le mérite de limiter réglementairement le recours aux #vacataires et contractuel·les, qui s’est généralisé, tout en laissant une marge suffisamment importante pour offrir aux doctorant·es qui le souhaitent une première expérience de l’enseignement, et en ménageant une place à des intervenant·es extérieur·es qualifié·es dont le point de vue peut être utile à la formation.

    S’agissant des formes d’#enseignement, nous ne croyons pas qu’il soit possible de s’abstraire dès le premier cycle d’une présentation argumentée et contradictoire de l’#état_de_l’art sur les grandes questions d’une discipline. Le #cours_magistral garde donc une pertinence, non comme instrument de passation d’un savoir déjà établi, mais comme outil de liaison entre transmission et critique des savoirs existants. La dimension expérimentale et créative de la formation doit toutefois monter en puissance au fur et à mesure que cette phase propédeutique initiale approche de son terme. De même, la forme du #séminaire_de_recherche doit avoir sa place dans le ou les derniers semestres de licence, et ce quel que soit le cursus.

    Nous ne nous inscrivons pas dans la distinction binaire entre cursus professionnalisants et non-professionnalisants. Cette question de la qualification nous paraît relever d’une pluralité de pratiques qui doit être réglée à l’échelle des disciplines et des mentions. Pour tenir les deux bouts, l’Université doit proposer un éventail de formations présentant des degrés divers d’imbrication avec la recherche finalisée et non-finalisée, des formes plurielles d’application, et des objectifs professionnels différents. Elle doit être conçue comme une grande maison rassemblant la diversité des formations supérieures ; à cet égard, elle ne doit pas reproduire l’opposition des trois baccalauréats (général, technologique et professionnel), ni leur hiérarchie.

    #Disciplines et #indiscipline

    La progression chronologique des cursus et leur cohérence académique ont une importance particulière. Nous persistons à penser que la connaissance scientifique a une dimension historique et cumulative, qui inclut aussi une part de contradictions. C’est ce qui fait l’importance de l’initiation à la notion d’état de la recherche. De ce fait, la temporalité des cursus doit être pensée en conformité avec une progression intellectuelle, pédagogique et scientifique, et non réduite à une combinaison de modules qu’il faudrait faire entrer au chausse-pied dans des maquettes obéissant à des contraintes essentiellement administratives. De là découlent plusieurs conséquences, qui s’appliquent aussi aux cursus interdisciplinaires et expérimentaux que nous appelons de nos vœux. Tout d’abord, les contraintes bureaucratiques ne doivent pas conduire à malmener la #temporalité_pédagogique des étudiant·es. Cela signifie en particulier que l’allocation d’autonomie étudiante en licence devra pouvoir être portée à quatre ans sur simple demande.

    Sur le plan de l’organisation de l’offre de cours, l’insistance sur la #progression_pédagogique et intellectuelle implique de définir quels enseignements fondamentaux doivent impérativement être validés pour permettre le succès dans les étapes ultérieures de la formation. Cela pose la question de la “compensation” des sous-disciplines entre elles : dans sa forme la plus radicale, ce dispositif permet notamment de passer à l’année supérieure si l’on obtient une moyenne générale supérieure à 10/20, sans considération des enseignements non-validés. Il ne nous semble pas pertinent d’abolir toute forme de compensation, car ce dispositif procède assez logiquement de l’idée qu’un cursus n’est pas une juxtaposition de certificats, mais représente l’agencement cohérent d’enseignements obéissant à une structure systématique. En revanche, nous pensons que pour chaque cursus, un bloc disciplinaire doit être dégagé, à l’échelle duquel un niveau minimal doit être atteint par l’étudiant·e pour être en situation de bénéficier des enseignements ultérieurs. Pour augmenter les chances de succès des étudiant·es après une première tentative infructueuse, les enseignements fondamentaux du premier cycle doivent être répétés à chaque semestre.

    On touche ici à un équilibre délicat : en effet, l’exigence d’une progression pédagogique cohérente, qui requiert un cadrage disciplinaire national, ne doit pas être mise au service d’une conception privilégiant la pure transmission au détriment de la production, de la critique et de la reconfiguration des savoirs et in fine des disciplines elles-mêmes. La discipline représente un stade socialement stabilisé de la pratique scientifique, mais elle émerge à partir d’un réseau social (au sens littéral du terme) de scientifiques, qui développent un jargon, des modèles de pensée, des revues, des conférences, dans une dialectique de l’évolution et de la conservation. Les maquettes de cursus et les instances d’élaboration du cadrage national doivent donc impérativement maintenir le caractère évolutif des disciplines, ainsi que la possibilité de leur hybridation, de leur scission ou de leur fusion.

    Si le contact avec la production et la critique des savoirs, au niveau licence, peut se réduire à une simple observation, il n’en va pas de même en master. Tout master, y compris ceux qui préparent à l’enseignement secondaire et ceux qui ouvrent le droit au titre d’ingénieur, doit inclure une part significative de séminaires de recherche et/ou de séjours en laboratoires et de terrains d’analyse. Considérant la définition que nous donnons de la recherche scientifique comme pratique argumentative contradictoire empiriquement étayée, reposant sur un état de l’art et faisant appel à un appareil probatoire objectivable, il nous semble que la mobilité des étudiants d’un établissement ou d’un laboratoire vers un autre doit être encouragée. Cela passerait par la mise en place de dispositifs d’accompagnement financier et logistique pour favoriser une pratique démocratique de la peregrinatio étudiante. En particulier, elle peut être systématisée dans les cursus donnant lieu à un pré-recrutement sous statut d’élève-fonctionnaire.

    Échapper à la Tour d’Ivoire

    La finalité sociale d’une refondation de l’enseignement supérieur ne doit pas se réduire à la formation initiale des corps mettant en œuvre l’accès aux droits fondamentaux (soin, santé environnementale, génie civil, justice, éducation…). Plus généralement, le rôle de l’Université excède la question de l’émancipation “des étudiant·es” au sens d’un groupe social à la recherche d’une formation précise ou d’une qualification. À la crise environnementale qui frappe la terre entière selon des modalités différentes s’ajoute en France une crise sociale et démocratique profonde. L’objectif de refondation de l’Université est une étape de la réponse politique à cette triple crise.

    Nous devons satisfaire trois exigences : la première est l’autonomie intellectuelle et matérielle maximale de la jeunesse ; la deuxième nécessité est la réévaluation de l’utilité sociale des savoirs et des qualifications, contre les hiérarchies actuelles : il s’agit d’aller vers une organisation où un·e bachelier·e professionnel·le maîtrisant les bonnes techniques agro-écologiques ne se verra plus placé.e socialement et scolairement en-dessous d’un·e trader·euse polytechnicien·ne, ni un·e professeur·e des écoles en-dessous d’un·e publicitaire. Le troisième objectif, par lequel nous souhaitons terminer cette contribution, est l’octroi d’une formation scientifique, technique et artistique de qualité pour le plus grand nombre, condition nécessaire à un traitement démocratique et contradictoire des grands problèmes scientifiques, techniques et écologiques du moment.

    Ce dernier point impose un double mouvement. L’imbrication de l’Université dans la ville doit également concerner les formations elles-mêmes. L’Université doit être sa propre “#université_populaire”, dispensant des enseignements ouverts à toutes et tous. Cela peut se faire pour partie sous la forme d’une #formation_continue gratuite ; l’argent actuellement versé au titre de la formation continue serait alors converti en cotisations patronales à l’enseignement supérieur “par répartition”. Mais au-delà des formations continues, l’Université doit continuer de proposer des formations scientifiques non diplômantes et des cours libres à destination des publics intéressés, et étoffer cette offre lorsqu’elle existe.

    Réinstituer une #communauté_universitaire

    Ce plan suppose une émancipation des universitaires, en particulier des corps enseignants, qui soit l’œuvre des universitaires eux-mêmes. Or après vingt années de fabrication managériale du consentement, le refus ou la difficulté de penser la science et ses modalités de production, de réception et de critique prévalent dans l’esprit d’un grand nombre d’enseignant·es-chercheur·euses. Répondre en détail à ce défi imposerait un retour sur les #politiques_de_recherche qu’il s’agit de reconstruire, et sur l’organisation collective de l’#autonomie_du_monde_savant, avec ses conditions budgétaires et statutaires notamment. Cette affirmation ne relève pas du mot d’ordre catégoriel mais de la nécessité intellectuelle : une recherche scientifique de qualité, participant du libre exercice de la #disputatio ou discussion argumentée et orientée vers la recherche de la vérité, demande des garanties matérielles contre toute tentative d’intimidation ou toute dépendance vis-à-vis de donneur·euses d’ordres, de financeur·euses extérieur·es ou tout·e collègue plus puissant·e et susceptible de prendre ombrage d’un travail. La #liberté_académique a ses conditions de réalisation, et la première est d’offrir aux universitaires un statut pérennisant leur indépendance [12].

    La #précarisation objective et subjective des emplois universitaires et scientifiques change la nature de leur métier, et par ricochet, l’essence même de la recherche, et des formations dispensées à l’Université. En droit, cette protection statutaire s’étend à tous les corps de métier vitaux à l’exercice des missions universitaires. Pour nous, les personnes concernées ne sont pas des “personnels des universités” : elles sont l’Université en tant que communauté de pratiques et de buts. Aujourd’hui, une sphère bureaucratico-managériale s’est constituée par accrétion d’une partie de ces corps de métier (au premier rang desquels certain·es enseignant·es-chercheur·euses). Cette sphère se trouve de fait dans une situation de sécession vis-à-vis du reste de l’Université. Ses prébendes reposent sur la dépossession pratique des agent·es qui constituent la sphère académique. Pour le dire autrement : la sphère gestionnaire des universités se construit sur la négation de l’idée d’Université, et la reconstruction de celle-ci passera nécessairement par le démantèlement de celle-là.

    Le réarmement rationaliste critique a des implications pour l’organisation même de l’Université, qui doit être intégralement revue dans le sens d’une gestion collégiale à échelle humaine, avec rotation des responsabilités, réduction maximale de la division du travail, reconnaissance de la valeur de tous les métiers de l’enseignement supérieur et de la recherche, protection contre les différentes formes de harcèlement et d’intimidation, qu’elles émanent de l’intérieur ou de l’extérieur de l’institution. Cette auto-administration au plus près du terrain doit être redoublée par des garanties nationales en termes de péréquation territoriale et disciplinaire et par la présence d’instances démocratiques de coordination en réseau, selon le principe d’équilibre territorial énoncé plus haut. Les prérogatives accaparées par les bureaucraties depuis vingt ans doivent être reprises démocratiquement, à la fois au sommet (au niveau du pilotage national), et au niveau de l’organisation du fonctionnement des établissements.

    Il y a quelques années, un dirigeant d’université parisienne déplorait que son établissement, alors occupé par des étudiants, soit devenu un “capharnaüm” avec “de la violence, de la drogue, du sexe même” — il y aurait beaucoup à dire sur la hiérarchie des maux que construit cette formule. Signalons simplement que l’Université promue par ces dirigeants est une maison qui rend fou, pleine de violence, de CAME et de souffrance. L’avenir démocratique du pays dépend en partie de notre capacité à leur opposer une vision de l’Université comme tiers-lieu plein de controverses argumentées, d’invention intellectuelle et de #plaisir.

    [1] L’objet de cette contribution n’est pas de récapituler la littérature abondante consacrée à la critique de l’existant ou à la documentation des réformes. Pour une synthèse informée, on se reportera notamment à l’ouvrage de Chr. Granger La destruction de l’Université française (La Fabrique, 2015). On lira également avec intérêt, pour ce qui est des questions de formation, L’Université n’est pas en crise de R. Bodin et S. Orange (Le Croquant, 2013) et La Société du concours d’A. Allouch (Le Seuil, 2017). Le séminaire « Politique des Sciences » et la revue Contretemps Web proposent également des suivis analytiques intéressants de la mécanique réformatrice sur la moyenne durée. Pour une critique des premières étapes du programme réformateur, on lira notamment les travaux de Chr. Charle et Ch. Soulié, comme Les ravages de la « modernisation » universitaire en Europe (Paris : Syllepse, 2007) et La dérégulation universitaire : La construction étatisée des « marchés » des études supérieures dans le monde (Paris : Syllepse, 2015).

    [2] Chr. Musselin, Le Marché des universitaires. France, Allemagne,États-Unis, Paris, Presses de Sciences Po, 2005 ; Chr. Musselin, La grande course des universités,Paris, Presse de Sciences Po, 2017.

    [3] Ph. Aghion, É. Cohen (avec É. Dubois et J. Vandenbussche). Éducation et croissance. Rapport du Conseil d’Analyse Économique, 2004. https://www.cae-eco.fr/Education-et-croissance.html

    [4] Il faudrait également analyser sur la durée la production de think tanks et de revues proches des milieux réformateurs. Citons par exemple plusieurs rapports de l’Institut Montaigne : J.-M. Schlenker, Université : pour une nouvelle ambition, avril 2015 ; G. Babinet & E. Husson (dir.), Enseignement supérieur et numérique : connectez-vous !, juin 2017 ; R. McInness (dir.), Enseignement supérieur et recherche : il est temps d’agir !, avril 2021. On pourra également prendre connaissance avec intérêt du dossier « Universités : vers quelle autonomie ? » paru dans Esprit en décembre 2007, sous la codirection d’Yves Lichtenberger, Emmanuel Macron et Marc-Olivier Padis.

    [5] On pourrait contester l’interprétation que Philippe Aghion, notamment, donne de Schumpeter, en objectant que les théories de celui-ci sont pensées pour l’innovation industrielle et prennent pour point de départ le profit lié au cycle de la marchandise. L’application de tels modèles à un capitalisme de crédit faisant une place importante à la dette étudiante représente une rupture par rapport au cadre initial de Schumpeter, rupture dont les tenants et aboutissants en terme d’économie politique gagneraient à être explicités par les économistes défendant de ce nouveau modèle.

    [6] O. Bouba-Olga et M. Grossetti, “La mythologie CAME (Compétitivité, Attractivité, Métropolisation, Excellence) : comment s’en désintoxiquer ?”, 2018. hal-01724699v2

    [7] L. Boltanski et E. Chiapello, Le Nouvel Esprit du Capitalisme, Paris, Gallimard, 1999.

    [8] La réflexion politique de RogueESR étant articulée autour des notions d’autonomie et de liberté, nous employons de préférence le terme d’ »émancipation », à la fois pour sa dimension simultanément collective et individuelle, pour sa capacité à désigner l’autoritarisme réformateur comme adversaire central, et pour sa faculté à souligner qu’il ne s’agit pas d’offrir l’éducation à celles et ceux qui en sont privés, mais aussi de libérer celle-ci. Mais au moins pour ce qui est de son premier volet, ce programme d’émancipation rejoint la problématique de la « démocratisation » posée par le Groupe de Recherches pour la Démocratisation Scolaire.

    [9] D. Flacher, H. Harari-Kermadec, L. Moulin. “Régime par répartition dans l’enseignement supérieur : fondements théoriques et estimations empiriques », Économie et Institutions, 2018. DOI : 10.4000/ei.6233

    [10] Le projet de “collège de premier cycle” de l’université Paris-Saclay a montré que le même établissement peut parfois jouer tour à tour les deux rôles via des dispositifs de différenciation interne.

    [11] Assurément, ces changements, qui n’affecteront qu’une minorité d’étudiant·es, se heurteront à une résistance considérable compte tenu du rôle que les corps concernés jouent dans l’appareil d’Etat. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous récusons l’idée qu’une refondation de l’enseignement supérieur pourrait se faire sur la seule base de revendications catégorielles ou à plus forte raison strictement budgétaires : le concept d’Université, pour être réalisé, demande une articulation à un programme de ré-institution plus large de la société.

    [12] Cela implique un plan de rattrapage pour l’emploi titulaire, à destination des universitaires précaires qui assurent aujourd’hui des tâches fondamentales dans tous les corps de métiers. Dans la mesure où le chiffre de 15.000 postes parfois avancé est manifestement insuffisant puisqu’inférieur à ce que nécessiterait le simple maintien des taux d’encadrement tels qu’ils étaient en 2010, nous ne nous avancerons pas sur un chiffrage : celui-ci devra être réalisé a posteriori, sur la base d’un audit des besoins qui en définisse le plancher – et non le plafond. Pour un chiffrage des besoins, voir https://tinyurl.com/2jmfd5k9. Le collectif Université Ouverte a également publié des éléments de chiffrage : https://tinyurl.com/4uptvran

    https://mouvements.info/liberte-exigence-emancipation-reinstituer-luniversite

  • Coronavirus: China wants permanent quarantine centres built for inbound travellers | South China Morning Post
    https://www.scmp.com/news/china/politics/article/3150796/coronavirus-china-wants-permanent-quarantine-centres-built

    Coronavirus: China wants permanent quarantine centres built for inbound travellers. City governments have been told to provide 20 rooms per 10,000 people in dedicated facilities by the end of October. Guangzhou is already making the shift away from using hotels with a new facility due to open with more than 5,000 rooms

    Health authorities have ordered cities in China to build or convert facilities into permanent quarantine centres for overseas arrivals, as Beijing pushes ahead with its zero-tolerance policy on Covid-19. City governments have been told to move away from using hotels for quarantine and instead provide dedicated facilities. There should be 20 quarantine rooms per 10,000 people available by the end of October, according to National Health Commission official Cui Gang. “Centralised quarantine of inbound travellers plays a key role in preventing the spread of Covid-19 to China. Implementing quarantine measures has always been an epidemic prevention task of the utmost priority,” Cui said at a briefing on Wednesday. Large port cities that see a high number of international arrivals – and potentially Covid-19 cases – have been urged to build large-scale facilities, or “health stations”, that could be used for regular health care as well as emergency needs, Cui said.Benjamin Cowling, an epidemiologist from the University of Hong Kong, said the question was how long the government was planning to continue the current strategy and require on-arrival quarantine in China.
    “It would make sense to construct specialised facilities, and the larger the better. The suggested ratio of 20 beds for 10,000 people sounds reasonable,” Cowling said.Drones and robots will deliver meals and disinfect rooms at the Guangzhou International Health Station, according to a government document. China has banned entry to most foreigners since March 2020, with returning nationals mandated to go through at least two weeks of hotel quarantine, followed by at least one week of at-home observation. Some cities, such as Beijing, have even more stringent rules, requiring 21 days of quarantine for some cases, followed by seven days of observation.
    Cui’s comments came as the first of the large-scale quarantine facilities
    – with more than 5,000 rooms – was due to open in the southern city of Guangzhou, with a second phase also planned. The Guangzhou International Health Station will offer contactless service, with digital check-ins and health and temperature updates, and drones and robots delivering meals and disinfecting the rooms, according to a city government document.The rooms all have their own air conditioning, ventilation and sewerage systems to prevent cross-infection and the facility includes 2,000 beds for staff to live on-site, it said.But the facility is just a start for Guangzhou to meet the new requirements – the city is home to 18.68 million people, meaning it will need about 37,350 quarantine rooms.
    Leading respiratory disease expert Zhong Nanshan has said that using hotels for quarantine would not be enough to contain highly infectious strains such as the Delta variant.Almost 80 per cent of mainland China’s international arrivals enter through Guangzhou and nearby Shenzhen, so there are plans to build a similar “health station” in Shenzhen, according to Zhong. Even without such facilities, Shanghai has managed to contain outbreaks quickly and the National Health Commission and Chinese Centre for Disease Control and Prevention have called on other places to learn from its experience. Wu Jinglei, director of the city’s health commission, was invited to share tips at a briefing on Wednesday.“Speed is a very important factor in outbreak control. Shanghai has introduced a flat command hierarchy … and cross-office collaboration remains activated since the start of the pandemic. These ensure we can respond quickly to new outbreaks,” Wu said.
    China has managed to stamp out at least two Delta variant outbreaks, in Guangdong and separately in Nanjing, and remains committed to a zero-tolerance strategy, with authorities using measures like mandatory testing, stay-at-home orders and travel restrictions to contain the spread of the virus.The mass vaccination drive is also part of that strategy, with 1.05 billion out of the 1.41 billion population fully inoculated as of Tuesday, and a third shot now being administered to high-risk and vulnerable groups to boost waning immunity.Guangdong, Henan and Zhejiang provinces have all announced a booster programme for medical and frontline workers, border staff, as well as elderly people and those with underlying conditions. But the Chinese CDC has said booster shots for the general population are still being studied.

    #Covid-19#migrant#migration#chine#sante#quarantaine#variant#centredequarantaine#santepublique#circulation#frontiere#territoire

  • Walkscapes | Actes Sud
    https://www.actes-sud.fr/catalogue/walkscapes

    Ouvrage culte pour les urbanistes et les architectes, « Walkscapes » fait de la marche beaucoup plus qu’une simple promenade. Pour Francesco Careri, en effet, l’origine de l’#architecture n’est pas à chercher dans les sociétés sédentaires mais dans le monde nomade.

    La #marche est #esthétique, elle révèle des recoins oubliés, des beautés cachées, la poésie des lieux délaissés. Mais elle est aussi politique : en découvrant ces #territoires qui sont à la marge et cependant peuplés, elle montre que les frontières spatiales sont aussi des frontières sociales.

    Ainsi s’ouvrent les derniers espaces de liberté de nos sociétés quadrillées et s’esquisse une tentative de réponse aux préoccupations de demain : comment réinventer la #ville pour en faire une terre d’accueil de l’altérité ?

    #livre