Petit précis d’atomisation de la #classe_ouvrière. Préface de l’ouvrage "Histoire de la séparation".
PRÉFACE À « HISTOIRE DE LA SÉPARATION » - des nouvelles du front
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PRÉFACE À « HISTOIRE DE LA SÉPARATION »
La préface d’Aaron Benanav & John Clegg à « HISTOIRE DE LA SÉPARATION » (en librairie le 26 janvier 2024), est désormais disponible en ligne sur le site des Editions Sans Soleil
La fin des années 1960 a vu fleurir les marxismes dissidents à travers l’Europe : l’operaismo en Italie, le situationnisme en France, et ce qui sera nommé par la suite la Neue Marx-Lektüre [Nouvelle Lecture de Marx] en Allemagne. L’orthodoxie marxiste est entrée en crise après la révolution hongroise de 1956. Une « nouvelle gauche » s’est mis à la recherché de nouvelles idées, et une vague mondiale de révoltes ouvrières et étudiantes, dont 1968 marque l’apogée, exigeait une théorie critique du capitalisme d’après-guerre conforme à la critique pratique qui s’ébauchait dans les rues et les usines. A l’instar du sursaut théorique dans le sillage la Révolution russe qui avait renouvelé l’esprit critique des lectures marxiennes, la nouvelle génération de marxistes dissidents a également opéré son propre « retour à Marx » inspirée par la découverte et la publication de nombreux manuscrits inédits[1].
En s’appuyant sur les écrits de jeunesse de Marx, ces dissidents rêvaient d’un avenir fondamentalement différent de ce qu’avait à offrir l’Est comme l’Ouest, un avenir dans lequel le travail pénible et ses contraintes seraient réduits au minimum afin de libérer le plus de temps libre possible pour satisfaire les plaisirs les plus simples comme les plus sophistiqués, tels que la production de savoir scientifique ou la création artistique. Certains pensaient même qu’il serait possible de dépasser radicalement la distinction entre travail et loisir, abolissant du même coup la séparation entre travail manuel et intellectuel qui constituait jusqu’alors la racine des civilisations agraires et industrielles. Les dissidents cherchaient avant tout à renverser les conditions de la vie sociale de sorte à réaliser le potentiel libérateur et humain contenu mais prisonnier des structures actuelles.
Contrairement aux marxistes orthodoxes qui tendaient à nier la chute du taux d’exploitation dans les pays développés (ou qui tournaient leur regard vers les travailleurs censément surexploités ailleurs dans le monde), les dissidents des années 1960 estimaient que l’amélioration des conditions de vie des ouvriers exigeait une réactualisation de la théorie marxiste pour mettre en conformité avec ces réalités nouvelles. Ce faisant, ils mettaient en avant les préoccupations centrales de Marx, la liberté, la critique de l’aliénation et de l’idéologie, contre les aspects plus « économicistes » de ses écrits plus tardifs, particulièrement ceux qui projetaient une dégradation des conditions matérielles (et non seulement spirituelles) d’existence du prolétariat.
Le changement technique rapide des années d’après-guerre a conduit de nombreux dissidents à abandonner l’idée selon laquelle les rapports sociaux capitalistes né seraient que des « entraves » à une forme de production toujours plus socialisée. Cette perspective était tout bonnement incompatible avec les horreurs de la chaîne de montage décrites par Raniero Panzieri ou Harry Braverman, ainsi que face à la critique pratique du travail qui se manifestait au cours des nombreuses grèves sauvages[2]. Même si ces dissidents ont continué à adhérer à l’idée selon laquelle les innovations techniques recelaient une potentielle libération des êtres humains par l’extension du « règne de la liberté, ils considéraient que sous le capitalisme, la technique était devenue le moyen de mettre en œuvre une rationalisation toujours plus catastrophique de la vie sociale[3].
Les marxistes des années 1960 ont vécu une époque marquée par la surabondance de biens, ouvrant la possibilité d’une libération massive du temps libre pour l’ensemble de la société – un potentiel qui né pouvait se concrétiser en raison de la charge de travail pesant sur les individus. Dans une période de chômage extrêmement faible et d’un essor considérable des salaires réels, ces théoriciens pouvaient difficilement imaginer ce qui suivrait : au milieu des années 1970, le temps libre que recelait potentiellement la société né s’est pas traduit par une expansion du règne de la liberté, mais par une crise de surproduction, associée à une croissance dramatique des taux de chômage et de sous-emploi. Ces tendances ont ouvert la voie, non pas à un renouveau et une transformation du mouvement ouvrier, comme l’imaginaient certains marxistes, mais plutôt à sa dissolution tendancielle.
[CONTINUER LA LECTURE] ▻https://kdrive.infomaniak.com/app/share/306219/e55b631e-a6af-4af2-a2f9-b822d7b221db/preview/pdf/12581
]]>Toni Negri est mort.
]]>The Late Great Planet Earth
▻https://en.m.wikipedia.org/wiki/The_Late_Great_Planet_Earth
Dans ce livre vous apprenez pourquoi il faut soutenir Israël. Sans ses jufs the holy land n’est pas prêt pour l’ultime combat entre Gog et Magog précédant l’enlèvement et la rédemption finale.
On va tous clamser mais seulement moi et mes fidèles réssusciterons. En attendant il faudrait me donner tout votre argent, vos femmes et vos autres possessions. Qu’on s’amuse un peu ;-)
Vive l’apocalypse !
The Late Great Planet Earth is a treatment of literalist, premillennial, dispensational eschatology. As such, it compared end-time prophecies in the Bible with then-current events in an attempt to predict future scenarios resulting in the rapture of believers before the tribulation and Second Coming of Jesus to establish his thousand-year (i.e. millennial) kingdom on Earth. Emphasizing various passages in the books of Daniel, Ezekiel and Revelation, Lindsey originally suggested the possibility that these climactic events might occur during the 1980s, which he interpreted as one generation from the foundation of modern Israel during 1948, a major event according to some conservative evangelical schools of eschatological thought. Cover art of the Bantam edition suggested that the 1970s were the “era of the Antichrist as foretold by Moses and Jesus,” and termed the book “a penetrating look at incredible ancient prophecies involving this generation.” Descriptions of alleged “fulfilled” prophecy were offered as proof of the infallibility of God’s word, and evidence that “unfulfilled” prophecies would soon find their denouement in God’s plan for the planet.
He cited an increase in the frequency of famines, wars and earthquakes, as major events just prior to the end of the world. He also foretold a Soviet invasion of Israel (War of Gog and Magog). Lindsey also predicted that the European Economic Community, which preceded the European Union, was destined (according to Biblical prophecy) to become a “United States of Europe”, which in turn he says is destined to become a “Revived Roman Empire” ruled by the Antichrist. Lindsey wrote that he had concluded, since there was no apparent mention of America in the books of Daniel or Revelation, that America would not be a major geopolitical power by the time the tribulations of the end times arrived. He found little in the Bible that could represent the U.S., but he suggested that Ezekiel 38:13 could be speaking of the U.S. in part.
Although Lindsey did not claim to know the dates of future events with any certainty, he suggested that Matthew 24:32-34 indicated that Jesus’ return might be within “one generation” of the rebirth of the state of Israel, and the rebuilding of the Jewish Temple, and Lindsey asserted that “in the Bible” one generation is forty years. Some readers accepted this as an indication that the Tribulation or the Rapture would occur no later than 1988. In his 1980 work The 1980s: Countdown to Armageddon, Lindsey predicted that “the decade of the 1980s could very well be the last decade of history as we know it”.
The Late Great Planet Earth was the first Christian prophecy book to be published by a secular publisher (Bantam, 1973) and sell many copies. 28 million copies had sold by 1990..
Je n"ai d’abord pas voulu y croire mais il est documenté que l’imbécile de Bush junior a fait de bric-à-brac religieux sa ligne de mire quand il a lancé sa guerre contre la terreur.
A propos de l’édition de 2016
Author(s): Hal Lindsey; Carole C. Carlson
Description:
The impact of The Late Great Planet Earth cannot be overstated. The New York Times called it the “no. 1 non-fiction bestseller of the decade.” For Christians and non-Christians of the 1970s, Hal Lindsey’s blockbuster served as a wake-up call on events soon to come and events already unfolding — all leading up to the greatest event of all: the return of Jesus Christ. The years since have confirmed Lindsey’s insights into what biblical prophecy says about the times we live in. Whether you’re a church-going believer or someone who wouldn’t darken the door of a Christian institution, the Bible has much to tell you about the imminent future of this planet. In the midst of an out-of-control generation, it reveals a grand design that’s unfolding exactly according to plan. The rebirth of Israel. The threat of war in the Middle East. An increase in natural catastrophes. The revival of Satanism and witchcraft. These and other signs, foreseen by prophets from Moses to Jesus, portend the coming of an antichrist . . . of a war which will bring humanity to the brink of destruction . . . and of incredible deliverance for a desperate, dying planet.
#guerre #religiin #prohéties #USA #Israël #Palestine #christianisme #judaïsme #wtf #parousie #sionisme_chrétien
]]>Thomas Naumann - Folien zum Vortrag über Einstein „The Old One does not throw dice“
▻https://silo.tips/viewer/web/viewer.html?file=https%3A%2F%2Fsilo.tips%2FdownloadFile%2Fthe-old-one-einstei
Thomas Naumann
▻https://de.wikipedia.org/wiki/Thomas_Naumann_(Physiker)
Er ist Vorsitzender der Friedrich-Wolf-Gesellschaft
▻http://www.friedrichwolf.de
Quantum mechanics
▻https://en.wikipedia.org/wiki/Quantum_mechanics
General relativity
▻https://en.wikipedia.org/wiki/General_relativity
Spezielle Relativitätstheorie
▻https://de.wikipedia.org/wiki/Spezielle_Relativit%C3%A4tstheorie
Géolocalisation et relativité générale
►https://www.imagomundi.fr/article4.html
#histoire #physique #religion #théorie_de_la_relativité #mécanique_quantique
]]>Rhapsodies in Blue : Anna Atkins’ Cyanotypes – The Public Domain Review
▻https://publicdomainreview.org/essay/anna-atkins-cyanotypes
Superbe article, qui partant de cyanotypes d’algues revisite la question de l’illustration botanique, et les débats autour de la théorie de l’évolution autant que de l’étude des relations entre espèces passant avant la description isolée d’une espèce. Un travail de poète au XIXeme siècle... dont Goethe fut un des porteurs. Anticipation. Et en plus les illustrations sont magnifiques.
We can see a similar attitude displayed in Atkins’ cyanotypes. Rather than the artist choosing which parts of the plant to show or emphasize, her subject is put in a position to “draw” itself. Throughout her work, Atkins acts as an equal collaborator, arranging her specimens in desirable configurations but ultimately endowing each plant with the capacity to produce its own image. This authorial shift has important ramifications, not only for the study of Atkins’ work but for the understanding of the human relationship to the natural world at a time when the professionalization of science was still underway. While the Enlightenment vision of nature — and the illustrational conventions it produced — supported the idea that humans existed at the apex of a rigid hierarchy of being, Atkins’ cyanotypes, with all their individual imperfections, seem to hint at the existence of an underlying flux that could not be sufficiently captured by a fixed natural order.
In many ways these images are the product of a distinct historical moment — cyanotypes would not catch on as a viable replacement for botanical illustration — but modern science has legitimized a version of the worldview that Atkins’ images tacitly endorsed. Increasingly we are discovering that the maintenance of a livable biome relies upon vast webs of entanglement, yet still many of us cling to the nineteenth-century notion that we are somehow set apart from the natural world. We have developed tools that allow us to “see” everything from individual atoms to the origins of our solar system, but all of this knowledge has not stopped us from plunging headfirst into the earth’s sixth mass extinction. To understand Atkins’ cyanotypes as merely the relics of an outdated science or the fanciful experimentation of a budding artist is to disregard their most salient contribution. Her images demonstrate a way of knowing the world that is based in mutuality rather than domination. We discount such a lesson at our peril.
Photographs of British Algae: Cyanotype Impressions
Anna Atkins 1843
New York Public Library
Metropolitan Museum of Art
Public Domain Review
The editors would like to thank Madeline Grimm, who oversaw the initial rounds of editing on this essay for Lapham’s Quarterly.
Paige Hirschey is an independent writer and critic specializing in the intersection of art, science, and technology. She holds a PhD in art history from the University of Toronto.
#Domaine_public #Cyanotypes #Algues #Théorie_evolution #Botanique
]]>On Tocqueville in Algeria and epistemic violence
▻https://www.aljazeera.com/opinions/2020/7/7/on-tocqueville-in-algeria-and-epistemic-violence
On ne peut étudier les peuples barbares que les armes à la main.
Alexis de Tocqueville, Rapport sur l’Algérie (1847)
Ce texte est intéressant parce qu’il est l’expression du réformisme académique qui se prend pour radical.
... there is no end in sight to all that needs to be renamed, toppled, and changed both on the streets and in academia
Dans sa conclusion l’auteure n’ose qu’à peine revendiquer qu’on change de nom des endroits et institutions et ne va pas plus loin que de rappeller qu’il y a encore des statues à renverser. Elle ne revendique pas qu’on renverse le reigne des héritiers des profit extorqués aux habitants des pays colonisés. Elle reste sur un plan symbolique alors qu’il faudrait changer la réalité matérielle. Voilà c’est ce qui rend superflues la plupart des publications académiques depuis la disparition des états socialistes.
Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c’est de le transformer.
Karl Marx, Thèses sur Feuerbach, XI, 1845/1888
7.7.2020 by Lina Benabdallah - The news that Princeton University had finally given in to years of student protests and calls to change the name of the Woodrow Wilson School of Public and International Affairs – finding that the former president’s “racism makes him an inappropriate namesake” – reverberated across academic institutions in the United States.
It was the latest in a series of anti-racist acts that included the toppling of statues of racist historical figures and the removal of racist emblems from state flags. The removal of Wilson’s name from Princeton University buildings has shaken the ivory tower, in particular, scholars of international relations who are being pushed to think or rethink the way they read, teach and write about these classic figures of political thought.
But while Princeton’s decision is welcome, it is merely one of many steps the discipline of political science must take in order to reckon with its explicit and implicit epistemic violence.
Alexis de Tocqueville is a case in point. Tocqueville, who is almost synonymous with liberalism, democracy, and individual rights in the US, is known to be an apologist for colonisation and white settlers in North Africa.
Writing Democracy in America in 1835 made him a hero of sorts, with streets, hedge funds, and restaurants named after him across the US. In the classroom, he is taught as a classic, timeless thinker in many comparative politics and political theory syllabi. His praised work on democracy, however, was built on the twin practice of glorifying democracy in a white-settler society – the US – and defending a French-led total war against North Africans in their own territories.
Tocqueville was not just a theorist with a knack for travel; he was a member of parliament from 1839 to 1851 and was briefly French foreign minister during the Second Republic in 1849. When the French government and its elites were debating the merits of domination as opposed to partial colonisation of Algeria, Tocqueville wrote, in his 1841, Essay on Algeria, an unequivocal endorsement of a full-on colonisation. His thoughts on the merits of democracy and individual liberties clearly did not extend to North African natives.
Tocqueville’s plan to subjugate Algerians and replace the population with European settlers included several concrete steps. He contended that the second-most important step in the conquest “after the interdiction of commerce, is to ravage the country”. As he further explained, “I believe that the right of war authorises us to ravage the country and that we must do it, either by destroying harvests during the harvest season, or year-round by making those rapid incursions called razzias, whose purpose is to seize men or herds.”
If this savage policy recommendation was not clear enough, he reiterated in bullet points the necessity to “destroy everything that resembles a permanent aggregation of population or, in other words, a town.” The essay is littered with Orientalist views on nomads, on Islam, on the uncivilised Africans, and the trigger-happy Arabs. Tocqueville’s most stubborn recommendation comes in repeating throughout the text that “until we have a European population in Algeria, we shall never establish ourselves there (in Africa) but shall remain camped on the African coast. Colonisation and war, therefore, must proceed together.”
In October 1843, upon returning from a trip to Algeria, Tocqueville revealed his thoughts on Islam in correspondence with French writer Arthur de Gobineau, an early promoter of scientific racism, stating that he was convinced that there were “few religions as deadly to men”, and that Islam was a step back from paganism.
What Tocqueville observed in (white) America, he had hoped for in North Africa. The Arabs and Amazigh could be, like America’s original peoples, ruled over and governed, but should exist separately, together, from their free, democracy-deserving white colonisers – European settlers in Algeria and white Americans in the US. Opposing dictatorship in Algeria, as Tocqueville did, was not out of a commitment to democracy for native peoples but for a Manichean world with a twin practice of granting freedoms to white settlers and subjugating, in his words, even “ravaging”, Arab-populated towns.
Should we just ‘learn to appreciate’ the good parts?
To pause for a moment and ask difficult questions about political thinkers that we have long taken for granted is not a call to stop reading them. Quite the opposite. It is a call to read them fully and unselectively, not in small segments.
A typical move in defending and sanitising Tocqueville’s political thought has been for some to remind us that he was an eloquent critic of slavery in the US and a proponent of original people’s rights. But is this enough? I am no psychoanalyst to figure out how one can be this and the other at the same time, but I know that Tocqueville’s work on Algeria, from 1841, was much later than his work on the US – 1835.
I am also ready to believe that Tocqueville might have felt a deeper sense of empathy with causes and peoples that were too distant – slavery in the US – to cause a direct clash with the interests of the government he served. That same empathy, if there was such, was not afforded, in practice, to the natives of North Africa as it was in the context of North America.
Another one is to tell us that “people are complex” and that there is no merit in pointing out the “bad stuff”. When I posted on Twitter, a year ago, my thoughts about Tocqueville and Algeria, voicing that the continued praise and adoration of him among political scientists is an epistemic violence to so many of us, I was scolded for failing to appreciate what a good piece of writing Democracy in America was. This trope of tone-policing and scolding people for not being able to “appreciate” or at the very least disagree in silence is nothing new, we see it everywhere, but it is part of a larger structure of epistemic violence against people of colour.
Several awards in the name of Tocqueville are given to students, researchers, and alumni to recognise excellence in scholarship on freedom, democracy, and academic achievement. My favourite is the Prix Alexis de Tocqueville, a prize for political literature awarded every two years to “a person who has demonstrated outstanding humanistic qualities and attachment to pubic liberties.” The winner of the latest edition of the Prize is none other than Henry Kissinger. When I learned of this, I wondered what someone in Cambodia might think humanism looks like with Kissinger as its face.
What these awards do is, like statues and buildings’ names, institutionalise epistemic violence. At the most basic level, epistemic violence is about dominant systems of knowledge oppressing “other” knowledge structures and normalising a common sense that is inherently violent and unjust. Having to apply to study in buildings and programmes named after organic intellectuals who spent their careers normalising racism and othering is a form of oppression. Likewise, for academics in political science, sitting in a conference room, as I have many times, listening to talks glorifying Tocqueville as a beacon for democracy and individual freedoms is a form of epistemic violence.
To close, there is no end in sight to all that needs to be renamed, toppled, and changed both on the streets and in academia because the violence that is folded in with these histories we tell, theories we teach, name chairs we hire for, and awards and accolades we seek to add to our credentials are countless. Repairing epistemic violence has got to be a long and challenging path, given how deeply rooted it is and far back it goes, but it is necessary.
Rapport sur l’Algérie (1847)
Extraits du premier rapport de 1847 des travaux parlementaires
de Tocqueville sur l’Algérie
▻http://classiques.uqac.ca/classiques/De_tocqueville_alexis/de_la_colonie_algerie/rapport_sur_algerie/rapport_sur_algerie.html
#histoire #USA #France #Algérie #Israël #génocide #colonialisme #théorie_polutique #libéralisme
]]>Federico Corriente - Sur le passage de certains ultra-gauchistes à travers une assez courte unité de temps : les origines de la théorie de la communisation
▻https://dndf.org/?p=21186
Il y a encore un peu plus d’une décennie, même en France, très peu de gens connaissaient l’existence —et encore moins la pertinence— de groupes comme Négation, Le Mouvement Communiste ou Intervention Communiste, et encore moins auraient pu imaginer qu’ils avaient contribué à une « rupture dans la théorie de la révolution », comme le dit le titre de l’anthologie dans laquelle ils ont été republiés en 2003.
Pour que ces groupes soient mieux connus, il a fallu que la crise de 2008 fasse émerger au niveau international un « courant communisateur » déjà clairement différencié de l’ancienne ultra-gauche française des années 1970, qui a sauvé de l’oubli ses ancêtres et précurseurs. Et c’est ce qui explique qu’un texte comme Théorie révolutionnaire et cycles historiques —dont l’une des thèses principales est précisément le sort des théories révolutionnaires en fonction de la période historique dans laquelle elles se trouvent— soit publié aujourd’hui en espagnol.
]]>La figure de l’étranger, ce repoussoir imaginaire : comment le vote RN a évolué
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/17/la-figure-de-l-etranger-ce-repoussoir-imaginaire_6200771_3232.html
(...) A partir des scrutins législatif et présidentiel de 2002, les métropoles et les banlieues à forte diversité qui, dans les années 1980, avaient fait le succès du Front national, se détournent peu à peu de l’extrême droite. Au second tour de l’élection présidentielle de 2017, Marine Le Pen, qui remporte 33,9 % des suffrages au niveau national, n’en rassemble que 19,68 % dans le Val-de-Marne, 14,35 % dans les Hauts-de-Seine et 21,18 % en Seine-Saint-Denis – trois départements qui comptent une proportion d’immigrés deux, voire trois fois plus élevée que la moyenne nationale de l’époque.
(...) Si le RN, à partir des années 2000, perd du terrain dans les métropoles et les banlieues métissées qui constituaient auparavant ses bastions, il conquiert peu à peu des territoires ruraux et périurbains au profil radicalement différent. Au second tour de la présidentielle de 2022, Marine Le Pen, qui recueille 41,45 % des voix au niveau national, obtient ainsi ses plus beaux scores (plus de 50 %) dans les villages de moins de 2 000 habitants, où les étrangers sont rares – moins de 5 % de la population. (...)
Comment, dans un paysage où l’immigration est aussi lointaine, voire absente, comprendre le triomphe du RN ? Pourquoi les électeurs de cette France rurale et périurbaine qui accueille très peu d’étrangers votent-ils massivement pour un parti qui, même s’il privilégie aujourd’hui un discours social, continue à dénoncer haut et fort les ravages de l’immigration ? La théorie du contact, qui suppose des échanges fréquents entre les communautés, ne fournit, en l’espèce, aucune clé d’explication. Plus pertinente paraît la théorie de la menace – à condition de retenir son versant non pas « réaliste » mais « symbolique ».
Pour la politiste Nonna Mayer, l’hostilité peut en effet reposer sur des mécanismes imaginaires. « Il n’est nul besoin de vivre avec ou près des étrangers pour en avoir peur ou de connaître des juifs pour être antisémite, rappelle l’autrice de Ces Français qui votent Le Pen (Flammarion, 2002). En France comme ailleurs, il y a un antisémitisme sans juifs comme il y a un vote d’extrême droite sans immigrés. Parce que l’imaginaire se nourrit de ce que l’on ne connaît pas, l’absence de contacts favorise parfois une vision fantasmée de l’étranger : il incarne alors une menace, non pas réelle, mais symbolique. »
Selon les chercheurs qui travaillent sur les zones rurales et périurbaines conquises par l’extrême droite, cette menace « symbolique » hante le discours des électeurs du RN. « Les immigrés, même absents, constituent des figures repoussoirs qui permettent de montrer, par contraste, que l’on est un travailleur méritant et respectable, analyse Nonna Mayer. Les salariés modestes qui ont réussi, grâce à leurs efforts, à acquérir une petite position sociale rejettent à la fois les classes supérieures, dont les valeurs culturelles sont très éloignées des leurs, et les immigrés, assimilés aux “assistés” et aux “cas sociaux”, qu’ils considèrent comme des parasites. »
Hantise du déclassement
Pour le sociologue Olivier Schwartz, cette vision du monde renvoie à une conscience sociale qu’il qualifie de « triangulaire ». A l’opposition classique entre le « eux » des possédants et le « nous » des ouvriers analysée dans les années 1950 par le sociologue Richard Hoggart, Olivier Schwartz ajoute un troisième terme : le « bas ». Hantées par le spectre du déclassement, les classes populaires et moyennes cherchent à se distinguer des « assistés » qui profitent indûment du système. Accusés de vivre des allocations, de la délinquance et des trafics, les immigrés incarnent l’un des visages de ce « bas » de la hiérarchie sociale – qu’ils vivent ou non dans le même quartier qu’eux.
Les succès de l’extrême droite dans le monde rural et périurbain sont fondés, analyse le géographe Jean Rivière, sur cette « quête de respectabilité ». « Ce qui est important, pour comprendre le vote RN, ce n’est pas la proximité, ou non, avec l’immigration mais l’image que les groupes se font les uns des autres, explique-t-il. Ces classes populaires blanches, qui ont accédé à la propriété et qui travaillent dans de petites entreprises, résident à côté d’artisans, de petits patrons et de petits indépendants. Dans ces mondes sociaux qui opposent sans cesse la respectabilité acquise par le travail à l’immoralité de l’assistanat, les immigrés sont vus comme les figures emblématiques de la paresse. »
[...]
Les travaux ethnographiques réalisés dans les espaces ruraux ou périurbains confortent cette lecture du vote RN. Pour la sociologue Violaine Girard, l’accès à la propriété, au sein des classes populaires « établies » qu’elle a étudiées dans une commune rurale de la grande région lyonnaise, est un « élément de distinction » par rapport aux habitants des HLM. « Ce qui se joue dans l’achat d’un pavillon, c’est l’accès à la respectabilité sociale, précise l’autrice de l’ouvrage Le Vote FN au village (Le Croquant, 2017). Vivre dans un lotissement, c’est un signe de réussite professionnelle, conjugale et familiale. »
Souvent associé au vote RN, qui est aujourd’hui motivé par des préoccupations essentiellement sociales, ce souci de se démarquer du « bas » de la hiérarchie ne s’accompagne pas forcément de discours xénophobes. « Certains rejettent ouvertement les immigrés et leurs descendants – et les plus âgés font parfois des blagues racistes, poursuit Violaine Girard. Mais les discours de stigmatisation qui visent les #étrangers, les #chômeurs et les #intérimaires sont surtout fondés sur le statut social. Cette hostilité sert à créer une frontière symbolique entre la sociabilité paisible des mondes ruraux et le mode de vie jugé déviant des résidents des quartiers d’habitat social. »
« Une forme d’honorabilité »
Pour le sociologue Benoît Coquard, qui travaille sur les zones rurales en déclin du Grand-Est, cette conscience sociale « triangulaire » est une manière, pour les électeurs du RN, d’affirmer leur appartenance au monde des « gens bien ». « Sur le plan social, les jeunes immigrés des cités sont les homologues de classe des jeunes des villages mais ils sont classés à l’autre bout du spectre, parmi les fainéants et les chômeurs, explique l’auteur de Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin (La Découverte, 2019). Le vote RN garantit aux jeunes des villages qu’il y a pire qu’eux : il les définit de manière positive et il leur assure une forme d’honorabilité. »
Plus qu’un programme, plus que des candidats, plus qu’un projet politique, ajoute Benoît Coquard, le Rassemblement national propose à ses électeurs une vision du monde. « Lorsque le Parti communiste était fortement présent dans les milieux populaires, il avait, lui aussi, une conception conflictuelle de l’univers social mais il définissait le “nous” et le “eux” autrement, précise-t-il. Les tensions inhérentes aux expériences sociales étaient admises par les classes populaires mais elles étaient formulées en termes de classe et non de nationalité : le PC opposait les ouvriers aux patrons alors que le RN oppose les Français aux étrangers. »
L’implantation, depuis le début des années 2000, du Rassemblement national dans les #classes_populaires et moyennes des zones rurales et périurbaines semble donc valider la théorie de la menace, non pas « réaliste », comme le clament volontiers les dirigeants du parti d’extrême droite, mais « symbolique » : elle est l’expression d’une conscience sociale « triangulaire » plus que le signe de difficultés tangibles de cohabitation avec les immigrés. Pour beaucoup d’électeurs du RN, l’étranger n’est ni un voisin de palier ni un voisin de quartier, mais une figure qui incarne, au même titre que les « #assistés » ou les « #cassos », un monde social dont ils tiennent à tout prix à se distinguer.
edit
compter les pauvres avec Duvoux. depuis le revenu arbitrable et l’alimentation, on dira 27% de la population, a minima.
ce régime d’inégalités multiples conduit à nous comparer au plus près de nous (Dubet)
▻https://seenthis.net/messages/1027760
les réformes #chômage, #RSA, puissant appel du pied politique auquel aucune vision du monde ne parait s’opposer
#extrême_droite #RN #immigration #racisme #xénophobie #théorie_du_contact #France_rurale #France_périurbaine #concurrence #Peur #peur_du_déclassement #ségrégation_spatiale #conscience_sociale_triangulaire #stigmatisation
(j’ai lu pour vous...)
André Orléan, « L’empire de la valeur » (2011)
3 parties dans le livre
Partie 1 Critique de l’économie
Les théories classiques et néoclassiques ont pour but de rendre visibles les interdépendances cachées qui relient objectivement les activités économiques les unes aux autres, par-delà la séparation formelle des acteurs. Elle conduit à saisir l’économie comme un tout.
Théories classiques (Smith, Ricardo, Marx)
la cohésion marchande est abordée sous l’angle de la division du travail. Chez Marx c’est le temps socialement nécessaire qui définit la valeur. Conséquence : la même marchandise peut voir sa valeur transformée si cette norme change, sans que son producteur ait modifié quoi que ce soit sa façon de produire.
Théories néoclassiques (origines : travaux marginalistes de Jevons, Menge et Walras).
Modèle de l’équilibre général walrassien, offre la théorie de la valeur utilité la plus rigoureuse.
Le modèle walrassien a une dimension morale : le marché est un mécanisme automatique, ayant pour fonction d’enregistrer les désirs des individus sans les transformer. C’est une économie pacifiée dans laquelle tous les agents voient leurs désirs satisfaits. Comment un tel miracle est-il possible ? 1) fixité des préférence (les protagonistes restent froids et imperturbalbes en toute circonstance) 2) mais elle sont aussi flexibles (hypothèse de « convexité des préférences » de Arrow et Devreu), elles ne sont ni trop exagérées ni trop exclusives. Exagérées : « plus j’en ai plus j’en vaux ». Exclusives : « un seul bien m’intéresse ».
Le secrétaire de marché ou « commissaire-priseur »
[foutage de gueule ?]
La formation des prix est extérieure aux acteurs (Walras avait en tête l’organisation des marchés boursiers).
Le processus du « tâtonnement walrassien » est :
1) les acteurs prennent connaissance des prix criés par le secrétaire, un prix pi pour chaque bien i
2) ils calculent les quantités de chaque bien qu’il est optimal d’acquérir et communique le résultat au secrétaire
3) le secrétaire calcule pour chaque marché, la différence entre offre et demande. Il modifie les prix en cas de déséquilibre (augmente le prix si la demande excède l’offre, diminue dans le cas contraire)
Critiques : l’extrême centralisation que ce processus suppose
Le processus qui mène à cet équilibre n’est pas décrit. Le secrétaire (bénévole !)
La flexibilité concurrentielle des prix ne mène pas à la découverte spontanée de cet équilibre. On a démontré l’existence théorie de l’équilibre, mais pas comment on l’atteint. Comment l’économie se comporte hors de l’équilibre ? On a démontré que le tâtonnement walrassien ne mène pas forcément à l’équilibre à partir du déséquilibre ! « Il faut admettre que les économistes n’ont pas démontré qu’en toute généralité la concurrence permet une coordination efficace des acteurs économiques » p.72. Cette critique porte sur l’aptitude de la concurrence à ramener l’équilibre sur tous les marchés (le tâtonnement walrassien marche sur un marché isolé)
=> Mais ce modèle reste la référence, en l’absence de modélisation alternative !
Position d’Orléan : l’hypothèse mimétique
Hypothèse mimétique : le désir est influencé par l’imitation du désir d’autrui.
Rétroaction positive (donc dans le mauvais sens). Lorsque l’hypothèse de convexité est abandonnée, l’équilibre n’est pas optimum (il faudrait un changement coordonné, ce qui nécessite une organisation collective, centralisée, de grande ampleur)
Concurrence walrassienne : l’individu considère l’utilité de la marchandise sans l’interférence des autres individus, la marchandise est une médiation parfaite entre les acteurs. ça fonctionne lorsque les interactions se polarisent sur un modèle extérieur aux acteurs (préférences stabilisées, les buts sociaux sont fixés sous la forme d’une liste de biens désirables). « S’il peut sembler que les acteurs walrassiens sont coupés les uns des autres, sans représentations collectives, exclusivement préoccupés par l’appropriation d’objets aux prix variables, c’est parce que antérieurement ils se sont mis d’accord sur la qualité des objets et leur définition (hypothèse de nomenclature des biens) » (p. 90)
Concurrence mimétique (p. 72) : unanimité, multiplicité des équilibres, indétermination, dépendance par rapport au chemin, non-prédictibilité. Mimétisme stratégique : Imiter l’autre est une stratégie d’exploration visant à découvrir qui, chez les autres, possède la réponse correcte.
(p. 227) bon résumé, même si c’est le conclusion de la 2ème partie)
La valeur n’est pas une substance (travail ou utilité). La valeur n’a pas pour origine l’utilité des objets (théorie marginaliste) ou le travail contenu dans les objets (théories de la valeur-travail).
« Le point de départ est la séparation marchande, c’est-à-dire un monde où chaque individu est coupé de ses moyens d’existence. Seule la puissance de la valeur, investie dans l’objet monétaire, permet l’existence d’une vie sociale sous de tels auspices ». Elle réunit des individus séparés en leur construisant un horizon commun, le désir de monnaie, et un langage commun, celui des comptes. L’obtention de monnaie s’effectue selon la formule M-A, par la vente de marchandises [! pas que]. Plus la marchandisation s’intensifie, plus la monnaie accroît accroît son empire sur le monde social.
Ce qui est objectif, qui s’impose aux agents, ce sont les mouvement monétaires. Les prix sont variables, fruit des luttes d’intérêt, il n’y a pas de « juste prix » ou de « valeur fondamentale »
Orléan développe l’hypothèse mimétique pour expliquer ce qu’est la monnaie et la valeur
Partie 2 institution de la valeur
Dans la séparation marchande, le désir de liquidité est à l’origine d’un processus de concurrence mimétique, à rétroaction positive, au cours duquel les biens liquides les plus en vues voient leur attrait s’accroître cumulativement jusqu’au point où une seule option est retenue au détriment de toutes les autres.
« Tous partageant une même vénération à son égard, les individus marchands cessent d’être l’un à l’autre dans un état d’absolue étrangeté et leur lutte peut se polariser sur sa seule possession. De cette façon, la monnaie s’impose à toutes les activités marchandes comme tiers médiateur qui en authentifie la valeur économique »
Orléan va chercher chez les sociologues Simmel et Durkheim comment comprendre que la monnaie est une institution et non un instrument.
➪ Mon commentaire :
- Cette partie est assez ambiguë pour moi car on l’impression qu’en « régime permanent », c’est-à-dire hors crise monétaire, (que Orléan appelle « confiance méthodique » et Simmel « savoir inductif »), la monnaie se révèle être un simple instrument, un simple moyen d’échange, qui se fait oublier. Ainsi, il écrit « l’autonomie [monétaire] est une autonomie réduite, car la confiance monétaire ne saurait perdurer si la monnaie ne réalise pas ce pour quoi elle est faite : acheter des marchandises » (p.226).
- Dans la suite, le livre ne traite pas de l’économie des biens, mais des marchés financiers, comme application du cadre théorique de l’auteur (hypothèse mimétique). Dans une perspective postmonétaire, on aurait envie de savoir en quoi le désir de monnaie interfère ou non avec les valeurs d’usage, dans la mesure où le désir de monnaie est premier, mais où l’utilité des marchandise compte aussi (pour mémoire, la critique de la valeur dit que la production de biens concrets est un prétexte pour la production de richesse abstraite, la valeur). Pas sûr qu’on puisse trouver cette recherche chez Orléan. Mais c’est peut-être à partir de là qu’il y a à bifurquer par rapport à la pensée d’Orléan.
- Ceci dit, l’apport d’Orléan est clair concernant le désir de monnaie (un désir imposé) : la monnaie n’est pas un outil mais une nécessité pour instituer l’économie marchande, dès lors que les producteurs sont séparés les uns des autres et spécialisés. Partant de là, on ne peut pas abolir la monnaie dans une société où cette organisation serait inchangée.
De ce point de vue, le texte "Monnaie, séparation marchande et rapport salarial" est une très bonne référence
►http://www.parisschoolofeconomics.com/orlean-andre/depot/publi/Monnaie0612.pdf
Partie 3 la finance de marché (non lu)
#monnaie #post-monétaire #théories_économiques #institutionnalisme_monétaire
]]>(j’ai lu pour vous...)
Jean Cartelier, « La monnaie » (1995)
Petit livre qui se veut pédagogique, tandis que ses articles peuvent être plus difficiles. Son style est celui de la logique mathématique : il démontre l’irrationalité (l’absence de cohérente interne) des théories économiques classiques, par le fait qu’elles ne prennent pas en compte l’existence de la monnaie. Il ne cherche pas à construire un système philosophique ou politique, mais à éclaircir ce qu’est notre société marchande à l’aide de concepts clairs. Cela ne l’empêche pas d’énoncer les limites du champ de l’économie : et cette limite c’est précisément la monnaie.
Je vais résumer son livre, en ne suivant pas forcément l’ordre chronologique de ses chapitres, afin de rendre plus simple sa compréhension pour des non-économistes (en effet, il y a beaucoup de références aux théories qu’il conteste, et ce n’est forcément ce qui nous intéresse en premier).
Dans la suite on parle d’"économie" au sens des « théories économiques ».
Pourquoi les économistes ont exclu la monnaie de leurs théories ?
p. 41
L’économie (en tant que théorie) exclue la monnaie car elle exclue la société de ses théories. Pourquoi ? Parce qu’elle est l’expression d’une modernité affirmant l’individu et sa liberté, contre la tradition et les relations hiérarchiques et d’obéissance. Les économistes cherchent des lois naturelles, indépendantes des institutions politiques (à elles de se conformer à ces lois). La théorie économique moderne offre l’image d’une société qui se constitue volontairement à partir des individus et de leurs préférences pour tel ou tel bien, et parlant un langage commun : celui des prix.
Cette science est une représentation de la société, qui fait partie de la société, elle est en cela un élément de sa cohésion. Mais pour Cartelier, les difficultés des théories économiques à penser la monnaie (institution économique la plus évidente), révèlent l’extrême fragilité des fondements rationnels de notre représentation des relations économiques.
Une deuxième raison de la non-prise en compte de la monnaie est plus technique : voir ce qui suit.
(Je complète les explications par un article d’un auteur proche, « Economisme et désir d’argent » de Richard Sobel)
L’inconsistance des théories économiques dominantes
L’objectivité des biens et l’absence de monnaie
Il existe évidemment des biens (des marchandises) et de la monnaie. Pourtant penser leur coexistence de ne pas du tout de soi dans la théorie économique.
Comment ça se passe ? Le point de départ est la quantification : l’économie s’intéresse à ce qui est, dans la société, déjà quantifié. Mais la monnaie apparaît comme trop lié à certaines relations sociales spécifiques (loi, pouvoir, Etat). La véritable objectivité est recherchée ailleurs : dans des choses déjà présentes, qualifiées de biens (théorie de la valeur-utilité) [on dirait les valeurs d’usage pour Marx ?] ou de marchandises (théories de la valeur-travail). On parle aussi d’"hypothèse de nomenclature" : une liste de bien est donnée au départ, avant tout autre indications relatives aux individus et à la société.
On récuse la monnaie comme principe de quantification. Et la monnaie n’est pas un bien économique (elle n’a pas d’utilité intrinsèque).
Alors prenons un inventaire des biens. Pour obtenir des grandeurs, il faut leur associer un prix ou une valeur (la valeur étant cachée et dévoilée par l’économiste, c’est le « juste prix », le « prix d’équilibre », ...).
Les théories de l’équilibre
p.28
Au fondement du paradigme dominant en économie, le modèle Arrow-Debreu démontre deux propositions :
- il existe un équilibre général et donc des prix d’équilibre positifs pour tous les biens économiques
- cet équilibre est un optimum au sens de Pareto : la situation d’un individu quelconque ne peut être améliorée qu’aux dépens d’au moins un autre
On attribué à ces résultats une portée excessive : laissons libre court aux intérêts égoïstes, et le marché va les organiser de façon optimale.
Mais cette thèse est irrecevable car Cartelier montre que ce modèle ne décrit pas une économie de marché :
- il n’y a pas de monnaie. Or sans monnaie, pas de loi de l’offre et de la demande (Démonstration : on est dans une situation formelle de troc : avec n biens, on a n(n-1)/2 marchés, par exemple pour le blé, on a n-1 marchés où le blé se négocie : comment dire que la demande de blé est supérieure à l’offre globalement ?)
- il n’y a pas d’hypothèses sur la rencontre entre agents économiques et la circulation de l’information. Certes il existe un état d’équilibre, mais comment l’atteint-on en pratique ?
Or, pour Cartelier, une société de marché est fondamentalement décentralisée : les individus sont libres d’agir dans l’ignorance de la situation d’ensemble de l’économie. Ce n’est donc pas possible de postuler des individus concluant des transactions que s’ils sont assurés que celles-ci respecte une condition définie à l’échelle de l’économie tout entière (à moins de dissoudre la notion d’accord bilatéral !). Comment on atteint cet équilibre ? (à quoi sert-il de décrire une situation idéale si on ne sait pas comment on l’atteint ? Le fait de ne pas tenir compte de la monnaie dans les théories, forcément, ça n’aide pas)
Les concepts de Cartelier pour mieux comprendre l’économie de marché
Marché
Un marché supposé deux conditions :
1) Les individus sont libres d’agir dans l’ignorance de la situation de l’ensemble de l’économie (décentralisation)
2) le résultat de leurs actions dépend des comportements d’autrui (interdépendance)
p.40
« Dans les sociétés de marché, le lien social est fait d’interdépendance involontaire entre des actions volontaires. Il implique une distance entre l’individu et la société. L’individu sait qu’il fait partie de la société mais, en même temps, la société lui paraît extérieure. »
Système de paiement
Monnaie = ensemble de règles = système de paiement = institution qui rend possible la coordination des actions économiques des individus = coordination par le marché
Sans la monnaie, le marché n’est pas pensable.
1er cas : système de paiement métallique
4 règles
1) il existe un bien identifiable par tous, l’or
2) l’unité de compte est définie par un poids d’or : 1 dollar = x grammes d’or
3) la frappe et la fonte des pièces sont réalisées par un Hôtel des monnaies, à la demande des individus, sans restriction et sans frais
4) la circulation des pièces est la seule façon de transférer des dollars entre individus
Ce sont les pièces qui sont le moyen de paiement, pas l’or. C’est parce que l’or se présente sous la forme officielle de pièces frappées (par l’Hôtel des monnaies) que les individus partagent la conviction de son acceptation par tous.
Notion de richesse sociale : Ici, le support du monnayage, l’or, est la richesse sociale, par opposition à la richesse privée (les biens). C’est la richesse sociale qui est l’objet de l’économie politique ici, et non le « bonheur privé ».
Ce qui est remarquable ici c’est qu’un individu ne peut être en situation de cessation de paiement (car il n’y a pas de possibilité de crédit)
2ème cas : système de paiement métallique avec crédit
« Le crédit introduit la possibilité d’une crise généralisée du système de paiement ».
La défaillance d’un individu peut entraîner celle des autres. La résolution d’une crise peut passer par un changement du prix légal de l’or.
Un individu est-il fiable ? On ne sait pas. Conséquence : les banques (privées) servent d’intermédiaires dans les paiements. Mais il y a une banque centrale de niveau supérieur, gérant les pièces d’or (monnaie dite stricto sensu), tandis que les banques privées gèrent les chèques en contrepartie des crédits qu’elles accordent (monnaie de crédit=monnaie bancaire).
3ème cas : système de paiement de pur crédit
[c’est le système actuel !]
Règles :
1) l’unité de compte est le dollar
2) il existe une Banque centrale unique, qui inscrit les quantités de dollars dans les comptes des agents.
3) les transferts d’unité de compte entre agents s’effectuent exclusivement par virements de compte à compte
Ici le capital est le support du monnayage : la mise à disposition de moyens de paiement s’effectue contre le monnayage du capital et non pas ex nihilo (à partir de rien comme on l’entend souvent)
Notion de capital = évaluation présente de flux futurs anticipés de monnaie
Notion de monnayage = mode d’accès aux moyens de paiement = obtention de moyens de paiements par d’autres voies que les recettes venant d’autrui = capacité à prendre une initiative sur le marché indépendamment d’autrui. Le monnayage n’est pas l’échange entre équivalents mais l’obtention d’une capacité à intervenir sur le marché.
« L’émission d’un certain montant de moyens de paiement par la Banque au profit d’un agent a pour base une évaluation conjointe des revenus futurs attendus de l’activité de l’agent »
Ici aussi il y a des banques privées, qui s’intercale entre la Banque centrale et les individus. Ce sont elles qui émettent les moyens de paiement en contrepartie du capital qu’elles reconnaissent à leurs clients.
Notion de règlement des soldes monétaires : Pour l’ensemble de l’économie le somme des dépenses = sommes des recettes. Mais pas pour les individus. Le marché « sanctionne » les infractions à la norme de l’équivalence, en réévaluant la richesse des individus : c’est le rôle des nombreuses faillites, OPA et restructurations diverses.
Conclusion
Un système de paiement a donc 3 composantes :
1) une unité de compte nominale
2 un mode d’accès aux moyens de paiement
3) une procédure de résolution des soldes monétaires.
➪ Mon commentaire : Cartelier montre à quel point notre monnaie est capitaliste puisqu’elle est créée en fonction des capacités prêtées aux agent de générer des recettes dans le futur. Il montre aussi que cette création de monnaie est réservée à une classe sociale, qui a l’initiative économique, tandis qu’une autre est soumise aux décisions des capitalistes (concept de « soumission monétaire »).
Il y a en effet une grande différence entre gagner de l’argent (en travaillant) et obtenir de l’argent (par les banques), sans travailler, sous la promesse de le rembourser (en faisant travaillant les autres). Cette promesse peut ne pas être tenue sans forcément de conséquences vitales pour le capitaliste (on a le droit de faire faillite, Cartelier montre bien que cela fait pleinement partie du système de paiement). Il me semble que ce mécanisme monétaire est absent des théories marxiennes. A mon sens, le monde dans lequel on vit est façonné par ce mécanisme, puisque les grandes décisions de productions sont prises par ce biais, « sur la base d’une évaluation conjointe des revenus futurs attendus de l’activité de l’agent », au sein des institutions de financement (banques).
Quelle réponses à cela ?
– Une société alternative avec monnaie suppose une réforme des modes de financement : mais est-ce que ce sera plus démocratique ?
– Une société sans monnaie aurait pour intérêt de casser ce monopole des décisions de produire, en conservant la logique de décentralisation. Le mécanisme de création monétaire (le monnayage) devra être remplacé par d’autres institutions moins opaques. La « force » du capitalisme est de rendre extrêmement souples et décentralisées ces décisions, car elle ne nécessite aucun consensus dans la population (cf. le monnayage est la prise de décision économique indépendamment d’autrui) !
#monnaie #post-monétaire #théories_économiques #institutionnalisme_monétaire
]]>Recueil de textes sur la composition dans les luttes antinucléaires (1980-2012)
▻https://infokiosques.net/spip.php?article2030
Archives de textes se #Répondant parfois les uns les autres, sur la question nucléaire et la composition avec des partis politiques et des associations comme Sortir du Nucléaire et Arrêt du Nucléaire. R
/ Infokiosque fantôme (partout), #Nucléaire_et_énergies_industrielles, #Théories_de_l'auto-organisation
#Infokiosque_fantôme_partout_
▻https://infokiosques.net/IMG/pdf/recueil-sur-la-composition-dans-les-luttes-antinucleaires-cahier.pdf
▻https://infokiosques.net/IMG/pdf/recueil-sur-la-composition-dans-les-luttes-antinucleaires-pageparpage.
Virtue hoarders
▻https://www.humanities.uci.edu/news/virtue-hoarders
Pour en finir avec l’arrogance de la classe intellectuelle ;-)
April 16, 2021 - Can people working salaried professional and white-collar jobs truly be allies to the working class when they benefit from the very structures that oppress others? In Virtue Hoarders (University of Minnesota Press, 2021), Catherine Liu, professor of film and media studies at UCI, analyzes this class, the “Professional Managerial Class” (PMC), and elucidates what she sees as a hypocritical ideology.
In the Q&A that follows, Liu breaks it down.
Your book is a polemic about the professional-managerial class (PMC). Could you help us understand what the PMC is and who is a part of it?
The Professional Managerial Class is a stratum of any complex capitalist society that is made up of credentialed elites who have influential positions in the creative professions and liberal industries, academia, government, journalists, the NGO and foundation world, and corporate America. Does this sound too vague? They are white-collar salaried workers who had to get professional certification to do what they do. At the beginning of the 20th century in the United States, they made up a small part of the population and were a mediating class between workers who labored with their bodies in unspeakable conditions and the capitalists who owned factories, oil wells, mines, steel mills, etc. and who were known as robber barons. In 1900 in the U.S., there were many more family farms and small business owners. Today, that part of the population is much smaller, and the PMC is much larger: credentialed elites are experts, engineers, doctors and MBAs. They manage other people and their wealth and produce content, but the PMC cannot live on the interest of their wealth alone. They own a lot of American assets, but they have to go to work. They make up now about 25% of the workforce, but they exert an undue amount of power over culture and ideology. Academia is a place where we train the Professional Managerial Classes. In orthodox Marxism, they would be called petit bourgeois. John and Barbara Ehrenreich, who created the concept of the PMC, noted in 1977 that they were a new class that had emerged in the U.S. and that they had taken over progressive politics and had interests that were increasingly divergent from those of working-class people.
You’ve identified aspects of a particular culture of the PMC (lifestyle and family, for example), and you argue that this culture has roots in the counterculture of the 1960s. Could you speak to that connection?
The vanguard and most elite elements of the PMC believe that their consumption and lifestyle habits are anti-traditional and alternative, much in the way that hippies believed that in the 1960s and 70s. They do yoga, participate in novel child rearing methods, only buy organic food, etc. Think Gwyneth Paltrow and her lifestyle brand GOOP. Just as the Age of Aquarius did not require any political organizing, the age of PMC Enlightenment requires not the support of redistributive economic policies, but a kind of individualized mindfulness and virtue that makes this class uniquely incapable of solidarity. The emergence of ‘alternatives’ to reason spawned the New Age, an apolitical version of the counterculture from which anti-vaxxers have drawn succor. In fact, during the 18th century, there were pitched debates about the smallpox vaccine that had just been invented: religious believers were terrified of inoculation and thought it challenged the will of God. You would think that the intelligentsia or the educated elites would be for science and the Enlightenment, but the PMC no longer believe in the public exercise of reason as a public good. In the humanities, professors have been the first to question universalism and reason itself as oppressive and we have reaped what our countercultural ideals have sown.
In terms of PMC parenting, a part of the book which has gotten an enormous response, my class believes in optimization of a child’s capacity, either on the basis of creativity or competition. We are terrified that our children will experience a decline in earning ability or standard of living, but structurally, with the disappearance of a social safety net, a dearth of jobs and the catastrophic American health care system, our children objectively confront a much more vicious and unforgiving world. Focusing our anxieties on our children and childrearing techniques only continues the idea that individuals can devise solutions to a terrifying world.
You’ve also argued that the PMC plays a pivotal role in present-day American politics. Could you talk about some of the ways that’s true?
The PMC wants to disguise its own interests as a class that are bound by material interests to support the work of capitalism and capitalists, so it produced the ideology that keeps the status quo in place. I know this makes me sound like an old Left kind of person, which I probably am, but I’m not a guy wearing a tweed cap and yelling at you on the street. I yell at you in print. There are many things I won’t say in a forum like this because I am an employee of the university, but I think my class and the way its interests have been managed in the university merely reproduce the inequalities and injustices of the social whole. The PMC wants to see itself as virtuous heroes in historical struggles, but it merely reproduces the status quo very well. I won’t say anything more than that except to express my daily disappointment that those of us with gold plated health insurance do not want that for every person in this country.
What do you hope readers take away from your book?
I hope to give people the words with which to describe the ideological oppression of our times. I have had such an enormous response to the book already and I think it’s because I was there to name something that we all know and have experienced. From public school teachers, to nurses, to doctors, to union organizers, to working class people who are called “First Gen” students in the academy, people have written to me privately about how angry, afraid and stressed they are about their working conditions and the ideology behind those conditions. One public school teacher who abandoned PMC prestige mongering described his Peace Corps training as basically indoctrination in an extreme form of PMC pluralism: he was told that he could never understand the community he was working in and that he had to accept “difference” and just keep quiet about it. Medical residents have written to me about COVID protocols that have them working inhuman hours but because they are desperate to get a job, they cannot complain. A former Google employee and organizer described the willingness of management to “listen” to employee grievances while quietly pushing out the most vocal critics of Google’s discriminatory employment policies. I’m just giving people critical tools by which to name the ideology under which we all travail. A shared language is the beginning of solidarity. This book is my contribution to public discourse. I can’t hide behind the professional façade any longer. I’m planning the next short polemic on the history and rhetoric of trauma discourse in post-Reagan America.
I have also had a huge response from comedians who have written to me that it is impossible to write jokes in our extra woke world. There is a lot of humor in the book: laughter can set us free. I really believe that. I laugh at my own horrible PMC internalized instincts every single day.
Politik des Moralismus und der Tugend
▻https://humanismus-aktuell.de/catherine-liu-virtue-hoarders
Catherine Lius Virtue Hoarders: The Case against the Professional Managerial Class ist in der Reihe Forerunners: Ideas First der University of Minnesota Press erschienen, die kurze, thesenhafte, hinterfragende und spekulierende Texte versammelt. So darf der Beitrag der marxistisch geprägten Professorin für Film- und Medienwissenschaften an der University of California Irvine auch nicht als nuancierte, wissenschaftlichen Standards streng folgende Analyse verstanden werden. Vielmehr legt Liu mit Virtue Hoarders eine Polemik und das Zeugnis ihres persönlichen Klassenverrats vor (4f.). Zu diesem Bruch will Liu auch ihre Leserinnen und Leser, welche sie innerhalb der Professional Managerial Class verortet, motivieren.
Der Terminus Professional Managerial Class (PMC) wurde in den 1970er Jahren von Barbara und John Ehrenreich[1] geprägt und steht in der Tradition von Siegfried Kracauers Angestellten[2] und C. Wright Mills White Collar Workers[3]. Die PMC bestehe aus „salaried mental workers who do not own the means of production and whose major function in the social division of labor may be described broadly as the reproduction of capitalist culture and capitalist class relations.“[4] Barbara und John Ehrenreich intervenierten in die in der Folge der Studentenbewegung entfachte Diskussion über den Klassenstandpunkt der Professorin, des Journalisten, der Ingenieurin, des Arztes und der Managerin. Sowohl ihre Subsumption unter die Arbeiterklasse, deren höchst-bezahltestes Stratum diese Berufe bilden sollten, als auch ihre Kategorisierung als petit bourgeoisie – der Begriff für die nach Marx ständig schrumpfende Gruppe kleiner Selbstständiger – schien den Ehrenreichs unzutreffend. Die PMC sei stattdessen gerade dadurch bestimmt, dass sie sich sowohl gegenüber dem Kapital als auch gegenüber der Lohnarbeit in einem antagonistischen Verhältnis befinde.
Innerhalb dieses doppelten Antagonismus bleibt der PMC dennoch genügend Spielraum für unterschiedliche klassenpolitische Bündnisse. Mit dieser Prämisse steigt Liu in ihre Schrift ein, wenn sie feststellt, dass sich die PMC nach 1968 zunehmend auf der Seite des Kapitals wiederfand und ideologisch wie materiell in den Klassenkampf gegen die Arbeiterklasse trat (3). Liu beschreibt diese Neukonfiguration gesellschaftlicher Kräfteverhältnisse als die Verwandlung des Hippies in den Yuppie, des Aussteigers in den meritokratischen „Schreibtischtäter“. Die Geschichtsschreibung erfolgt jedoch nicht entlang politischer Schlüsselmomente oder ökonomischer Entwicklungen. Stattdessen erzählt Liu die Verschiebung der Klassenallianzen mit Hilfe kultureller Phänomene, die sie nach ihren klassenmäßigen Aspekten abklopft (14).
Liu legt eine collagierte Anklageschrift vor, die verschiedenste Facetten von Kultur, Weltanschauung, Praxis und Politik heranzieht, jedoch auch schnell wieder fallen lässt, ohne das Material in seiner Tiefe gründlich durchdrungen zu haben. So springt ihr Text von Occupy Wallstreet als einer PMC-Nachwuchs-Bewegung, die klaren inhaltlichen Forderungen komplett entsagt und stattdessen im Prozeduralismus gefangen bleibt, über die durch die steigenden Kosten höherer Bildung bei fallender Bildungsrendite ausgelöste Statuspanik in der PMC bis zu den fragwürdigen geschichtswissenschaftlichen Thesen, auf deren Rücken das 1619 Project der New York Times Rassismus zum essenzialistischen, transhistorischen Faktum menschlicher Geschichte zu erklären versucht (25, 28, 39). Liu berichtet von Alan Sokals Grubenhund in der Social Text von 1996[5] und wie die Akademie nach dieser Bloßstellung des Poststrukturalismus – und auch nach der Entstehung der Alt Right – ihre Faszination für Subkultur und Transgression immer noch nicht ablegen kann (17, 26). Zuweilen entsteht jedoch der Eindruck, dass die kulturellen Phänomene nicht nur im Vorbeigehen abgehandelt, sondern auch verzerrt wiedergegeben und instrumentalisiert werden. Die US-amerikanische Bewegung gegen und Diskussion um sexuelle Gewalt auf Universitäts-Campus müssen als Material herhalten und werden in die der Anklageschrift passende Form gepresst. Die einzigen Aspekte, die Liu hieran zu interessieren scheinen, sind die Verengung der Problematik auf die Universität als zentrale Stätte der PMC-Klassenreproduktion und die moralische Komponente in der Politik gegen sexuelle Gewalt (71).
Von diesen bunt gewählten Beispielen gelingt es ihr jedoch auch an einigen Punkten durchaus erhellende Brücken zurück in die Politik zu schlagen. So zum Beispiel, wenn sie Obamas mediale Inszenierung als sympathisch-empathischen Buchliebhaber mit seinen Reformen des öffentlichen Schulwesens unter den Slogans No Child Left Behind und Race To The Top kontrastiert, die zwar keinen Dollar mehr in das Schulsystem speisten, jedoch mit Hilfe von vergleichstestabhängiger Budgetierung den desolaten Zustand des Schulsystems auf die Schultern der Lehrkräfte abluden (45-49). Ausgehend von Harper Lees Bestseller To Kill a Mockingbird wird ein ähnlicher Sprung von Kultur zu konkreter, materieller Politik gewagt. Den Erfolg des Buches führt Liu nicht zuletzt auf die Figur des Anwalts Atticus Finch, das tugendhafte Zentrum des Romans und Identifikationsfigur der PMC-Leserschaft, zurück. Das Buch zeichne das Bild von den guten, stolzen Armen, die keine staatlichen Hilfen annehmen in Gestalt der Familie Cunningham auf der einen Seite und der moralisch verdorbenen, impulsiven und selbstverständlich auf Staatskosten lebenden Familie Ewell auf der anderen Seite. Damit, so argumentiert Liu, stimme der Roman ein in die neoliberale Ideologie und das zentrale Dogma von Bill Clintons Welfare Bill von 1996, Unterstützung erzeuge Abhängigkeit und soziale Netze fangen nicht etwa diejenigen auf, die gerade abstürzen, sondern fesseln alle die, die gerade den Aufstieg versuchen. Mehr noch: »the moral rectitude of the virtuous lawyer and his high-sprited daughters renders the solution to racism attractive to the establishment – work on individual capacities for empathy and walking in another human being’s shoes; read books; have rightous feelings« (52).[6] Für Liu ist es folglich auch kaum überraschend, dass die Fortsetzung Go Set a Watchman, in der Atticus Finch seine frühere KKK-Mitgliedschaft beichtet, trotz der historisch zutreffenden Korrektur des elitistischen Rassismusverständnisses aus To Kill a Mockingbird hauptsächlich enttäuschte Rezensionen erhielt (53).
Ganz in der Tradition Kracauers beschreibt Liu eine Klasse, der die individuellen Aufstiegschancen jegliche Idee von Solidarität und Kollektivität ausgetrieben haben und die ihre Treue dem Kapital gegenüber als Flexibilität und Belastbarkeit tarnt (12, 74). Die PMC werte ihre klassenspezifische Praxis und ihren Geschmack moralisch auf – ohne sie jedoch als klassenspezifisch zu erkennen – und baut gerade auf diese moralische Überlegenheit ihren gesellschaftlich-kulturellen Führungsanspruch. Liu beschreibt, wie individuelle Entsagung, Selbstkontrolle und Rechtmäßigkeit – die zentralen Erfordernisse in PMC-Berufen – zu einer Politik des Moralismus und der Tugend geführt haben, die von ihren klassenmäßigen Grundlagen nichts wissen möchte. Während die PMC versucht zum gesellschaftlichen Über-Ich aufzusteigen, ist Trump das Symbol des Rollbacks gegen diese Hegemonie. Er verkörpert die Es-getriebene Politik, die ihren Mangel an Selbstkontrolle und ihre Ignoranz jeglicher Konvention als Stärke und Potenz feiert. Liu sieht einzig in einer Anti-PMC-Klassenpolitik von links eine an der Wurzel des Trump-Symptoms ansetzende Strategie und sie versteht ihre Polemik offenkundig als Auftakt dazu (4). Gerade in diesen Überlegungen zur PMC-Kultur als Bedingung der derzeit grassierenden, sich populistisch gebenden reaktionären Politik steckt ein besonders erhellendes Moment des Buches.
Zum Ende des Buches drängt sich jedoch die Frage auf, was die PMC jetzt eigentlich sei. Denn der Definition der Ehrenreichs folgt Liu – auch wenn sie diese eingangs zitiert – nicht. Das Bild, das sie von der PMC zeichnet, ist undifferenziert, überspitzt und grenzt an einen Strohmann. Einer Polemik ist solch eine Konstruktionsleistung jedoch kaum zum Vorwurf zu machen. Probleme entstehen jedoch genau da, wo die Grenzen der PMC zu Gunsten der Polemik vollständig zerfranst werden. So zieht Liu zum Beispiel den 2019 an die Öffentlichkeit geratenen Bestechungsskandal um Zulassungen an US-Universitäten heran, um die Bildungspanik der PMC zu illustrieren – als seien Hollywood-Größen und erfolgreiche Unternehmer ganz selbstverständlich als Teil der PMC anzusehen (41). An anderer Stelle beschreibt sie die Bildungsreformen der letzten Jahrzehnte als einen gezielten Angriff auf die gewerkschaftlich organisierte Lehrerschaft öffentlicher Schulen – als würde der Lehrerberuf nicht selbst zur PMC gehören. Es drängt sich dann doch die Frage auf, ob nicht auch die PMC wie ein floating signifier, dieses Versatzstück poststrukturalistischer Theorie, welches sich die PMC für ihre vermeintlich emanzipatorische Politik zu Eigen gemacht hat (24), verwendet wird.
Liu zeigt die anhaltende Relevanz des Konzepts der PMC auf, indem sie eine Klassenpolitik aufdeckt, die auf den ersten Blick unter dem grassierenden Individualismus verborgen bleibt. Das gilt vor allem in Zeiten einer globalen Pandemie, in der Teile der Lohnabhängigen weiter ihrer Handarbeit am gewohnten Arbeitsplatz nachgehen und große Expositionsrisiken in Kauf nehmen müssen, während andere Teile die Flucht vor dem Virus in das Home Office antreten können. Besonders im deutschen Kontext, in dem der ideologisch aufgeladene Sammelbegriff Mittelschicht nicht nur politisch, sondern bereits seit Helmut Schelsky bis heute auch wissenschaftlich immer wieder zur Verklärung der Wirklichkeit herhalten musste, wäre der PMC eine verstärkte Rezeption zu wünschen. Dass das Konzept der PMC erlaubt, kleine Selbstständige und höher oder hoch gebildete Lohnabhängige als Angehörige verschiedener Klassen zu verstehen und so den Fokus in marxistischer Tradition statt auf die Quantität des Einkommens auf seine Qualität zu legen, ist demgegenüber ein analytischer Vorteil. Allerdings muss vermieden werden, diesen Vorteil durch allzu vorschnelle Polemik zu verspielen und stattdessen auf nüchterne Analyse gesetzt werden, um die Untersuchung der gegenwärtigen Klassenverhältnisse und -auseinandersetzungen nachhaltig voranzubringen und die PMC nicht zum monolithischen Block zu erklären. Dass die AfD in ihren ersten Jahren sehr zutreffend als „Professorenpartei“ bezeichnet wurde, kann vielleicht als erster Hinweis auf die innere, politische Spaltung der PMC dienen.
Anmerkungen
[1] Ehrenreich, Barbara & Ehrenreich, John (1977): The Professional-Managerial Class. Radical America, 11(2), S. 7-31.; Ehrenreich, Barbara & Ehrenreich, John (1977): The New Left and the Professional-Managerial Class. Radical America, 11(3), S. 9-22.
[2] Kracauer, Siegfried (2017 [1930]): Die Angestellten: Aus dem neuesten Deutschland. Frankfurt a. M.: Suhrkamp.
[3] Mills, C. Wright (1951): White Collar: The American Middle Classes. New York: Oxford University Press.
[4] Ehrenreich & Ehrenreich: The Professional-Managerial Class, S. 13.
[5] Der Physik- und Mathematikprofessor Alan Sokal publizierte in dem auf poststrukturalistische Kulturwissenschaften spezialisierten Journal Social Text einen Artikel mit dem Titel „Transgressing the Boundaries: Towards a Transformative Hermeneutics of Quantum Gravity“ (46/47, S. 217-252), in dem er nahelegte, dass die physikalische Realität ein soziales und linguistisches Konstrukt darstelle. Im Nachgang der Publikation eröffnete Sokal, mit seinem Artikel gezielt versucht zu haben, den Jargon einiger linker Strömungen in den Geisteswissenschaften zu parodieren und dass es keine wissenschaftliche Grundlage für die im Artikel aufgestellten Thesen gebe.
[6] „Die moralische Rechtschaffenheit des tugendhaften Anwalts und seiner hochmütigen Tochter machen die Lösung des Rassismusproblems für das Establishment attraktiv – arbeite an der individuellen Fähigkeit zur Empathie und zum Hineinversetzen in den Anderen; lies Bücher: habe rechtschaffene Gefühle.“ (Ü.d.A.)
Autorin: Catherine Liu
Erschienen: 2021
Seiten: 90
Preis: $ 10,00
ISBN: 978-1-5179-1225-3
Jonas Fischer studiert Sozialwissenschaften an der Humboldt-Universität zu Berlin und arbeitet schwerpunktmäßig zu materialistischer Staatstheorie sowie Regulations- und Hegemonietheorie.
The Independent Review.
▻https://www.independent.org/publications/tir/article.asp?id=1620
Catherine Liu is a bona fide “liberal.” She’s opposed to cronyism, intolerance, and hypocrisy. She values free speech and robust inquiry. She’s passionate about the working poor and the middle class. All of this means that she can’t stand Democrat leadership and “the elites” on the Left. There are so few liberals (and conservatives) these days. We need many more people like her—principled, persuasive, aggressive, and willing to call out others in their camps.
Unfortunately, Liu is a “Socialist”—hard-core by her own description. But who knows what that means? She’s also a Bernie fan and he’s not much of a Socialist anymore—in the textbook sense of government owning the means of production. She also confuses “capitalism” with “crony capitalism" and its “rent-seeking” (p. 4). Then again, Liu is a professor of “film and media studies,” so one might not expect her to know too much about economics.
Still, Liu’s comments in Virtue Hoarders on politics seem spot-on. Her chief target is the “PMC”—the “professional managerial class.” As an academic, she is in the PMC but is disturbed by its norms. White-collar, upper-class in terms of education and income, and often ideologically on the Left, she describes the PMC as engaged in class warfare against the lower classes.
Worse yet, the PMC sees itself as vastly superior to “powerless” people who they ignore—or objectify as they try to save them from various sins and pitfalls. The PMC defines virtues and then attempts to “hoard” them through “virtue signaling.” Its members create “moral panics” over violations of these virtues. They turn politics and policy battles into “individual passion plays” (p. 2).
The approach is deeply disunifying and destructive. The PMC condescends against “deplorables” and attacks those who disagree. As Geoff Shullenberger expresses it in his review: “The politics of virtue-hoarding is anti-universalist. Rather than pursue shared public goods, its function is to fortify the class’s dominant position by morally distinguishing it from the underclass” (“The Dictatorship of Virtue,” Washington Examiner, January 26, 2021:48–49). This pursuit of power and privilege—by already-powerful and privileged people—is profoundly offensive to Liu as a Marxist.
Liu is upset at their methods, but there is a practical problem as well: a political backlash from blue-collars and other common folk. “Ordinary people without college degrees have rejected PMC technocracy in favor of populist authoritarianism because they no longer believe” (p. 74). They don’t trust that “the elites” have their best interests in mind and otherwise find them somewhere between annoying, blind, and despicable.
This explains much of the recent popularity of Donald Trump and Bernie Sanders. Certainly, the GOP is looking to capitalize on disdain for the elites. To Liu, the Republican reaction is “pure media theater” (p. 4). While the GOP is an anticipated obstacle, she has much higher hopes for the Democrats. Unfortunately, such expectations are a fool’s errand these days. Democrat politicians aren’t liberal (on military interventionism, civil liberties, or the working class) any more than Republicans are conservative on fiscal matters.
Liu is particularly upset at the PMC’s elevation of race over class through “identity politics,” since she sees class as the dominant lens to understand the world. She discusses “The 1619 Project” as a key example in this regard. Addressing race to some extent is not problematic. But elevating it over class is not in line with reality or, thus, ultimately helpful.
Sociologically, elevating class over race is a common mistake. Race matters, but class matters more. Consider this thought experiment: Is it easier for you to talk with someone of a different race but the same class—or someone of the same race but a very different class? For me and most people I ask, the latter is much more difficult.
Class also matters much more in policy terms. Race and culture can connect to preferences and behaviors. But class-based differences routinely emerge, especially with means-tested policies. To note, Charles Murray observed that welfare changed “the rules of the game” for the poor—in terms of working, forming a family, saving money, getting an education, etc. (Losing Ground: American Social Policy, 1950-1980; New York: Basic Books, 1984). With the War on Poverty, the elites dramatically changed incentives for the poor, especially for family structure.
Along these lines, Liu’s two chapters on children and family are important, but illustrate a strange disconnect in her thinking. She notes that the PMC preaches that marriage and traditional families are not important; they argue that concerns about family structure and stability are overblown or even irrelevant. But then in their personal lives, they treat marriage as highly desirable and productive. (Charles Murray addresses this with Belmont vs. Fishtown in Coming Apart: The State of White America, 1960-2010 [New York: Crown Publishing Group, 2012])
Ironically, Liu’s discussion of welfare ignores class-based explanations! She perpetuates the myth that Reagan slashed social spending. And she confuses “demonizing the poor” with the critique of Reagan and Murray about what government was doing to the poor (p. 15). She’s old enough to remember when liberals also criticized welfare programs—for dehumanizing the poor through bureaucracies, but maybe she wasn’t paying attention back then.
The more-recent obsession on race (over class) has often had an exceedingly negative impact. Liu is helpful here too. As with “fragility” (White and Black) and the most popular applications of “systemic racism,” the PMC practices a terrible form of religion—with a nasty “rhetorical tone” (p. 9) and various forms of “asceticism” (p. 10). Its members “police each other to enforce the sort of social and intellectual conformity required by their class” (p. 73).
The result of this “woke religion”: guilt without the Cross, “original sin” but only for certain groups, scapegoats without salvation; hypocritical virtue-signaling (a la Matthew 6:5-18) without socially-beneficial virtues. Joshua Mitchell calls this “a fourth religious awakening”—unfortunately, without God, forgiveness, or redemption (American Awakening: Identity Politics and Other Afflictions of Our Time; New York: Encounter Books, 2020).
In all of this, I agree with Liu when she exhorts her readers: “We must be heretics. We should blaspheme” (p. 77). For Christians, this false religion is not only wrong but hostile to basic freedoms. So, we pray for our leaders so “we may live peaceful and quiet lives in all godliness and holiness” (I Timothy 2:1-2). But this isn’t just about Christianity. If our country does not have enough liberals who will engage in heresy and blasphemy against the Left’s now-dominant religion and its PMC values, our future will likely be bleak and merciless.
D. Eric Schansberg
Indiana University Southeast
]]>Soulèvements de la terre : « Le Dieu chrétien est le profanateur suprême de la propriété privée »
▻https://www.la-croix.com/Debats/Soulevements-terre-Le-Dieu-chretien-profanateur-supreme-propriete-privee-2
Alors que la dissolution des Soulèvements de la terre a été suspendue et que les soutiens au mouvement s’élancent le vendredi 18 août dans un « convoi de l’eau » vers Paris, Benoît Sibille propose une réflexion sur la remise en cause de la propriété privée et l’usage occasionnel du sabotage par les mouvements écologistes, dans une perspective théologique.
Le retour des pratiques de sabotage dans les luttes écologistes choque et clive. Certains militants écologistes s’interrogent : suis-je solidaire de ces pratiques ? Ne va-t-on pas trop loin ? Nous ne présenterons pas ici un jugement arrêté sur l’opportunité stratégique, symbolique et politique de tel ou tel sabotage. Nous voudrions seulement nous demander pourquoi ces pratiques nous gênent tant. Il nous semble que cela est en grande partie dû au fait que le sabotage suppose une « violation de la propriété privée » et que, même inconsciemment, cette « propriété privée » est la divinité suprême de notre époque. Au fond, le sabotage choque car il relève de la logique de la profanation et du sacrilège. L’affaire nous semble donc hautement théologique.
La propriété privée est réputée intouchable, elle est ce dont on ne peut user sans un titre spécifique (le titre de propriété). Elle divise ainsi, comme le font souvent les religions, le corps social en deux : les prêtres (propriétaires) et les fidèles (non-propriétaires) qui leur sont soumis. Les premiers sont, bien sûrs, bien moins nombreux et constituent l’élite sacerdotale. On pourra bien sûr tenter de rationaliser ce culte en disant que ce n’est que justice, que cette propriété est le fruit d’un travail, qu’en cela elle est un droit naturel et est légitimement méritée par ses propriétaires.
Une rapide enquête historique et sociologique suffirait pourtant à montrer que cette propriété est bien plus souvent le fruit d’une appropriation et d’une transmission par héritage. Le culte de la propriété nous semble donc mériter une enquête théologique : croire qu’il s’agit d’une simple appropriation, c’est-à-dire d’un simple changement de propriétaire, c’est en effet croire que le « Dieu Propriété » est éternel et que toute terre est toujours nécessairement possédée par quelqu’un.
Si tel était véritablement le cas, on pourrait tout au mieux critiquer tel ou tel propriétaire individuel pour sa mauvaise gestion, mais en aucun cas la propriété elle-même. À cette théologie de la Propriété Éternelle nous voudrions en opposer une autre, biblique, elle. Plutôt que d’entrer dans une régression à l’infini pour fonder l’éternité du Règne de la Propriété, la Bible nous renvoie à l’acte créateur : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » (Gn 1,1). Dire que Dieu crée le monde, c’est couper court à l’idée selon laquelle la terre a toujours eu des propriétaires, c’est interrompre la régression à l’infini par laquelle chacun revendique pour sa famille tel ou tel bout de terre.
Le monde comme un jardin
Le récit de la genèse présente le monde comme un jardin dont Dieu nous offre les fruits à consommer (Gn 1, 28-31 et Gn 2, 15) et, après la chute, comme une terre à travailler (Gn 3, 19). Toute l’histoire biblique est ensuite celle de la promesse d’une terre (depuis Gn 12, 1 jusqu’à Ap 21, 1) qui pourtant n’est jamais possédée définitivement. Dans cette promesse infinie, les femmes et les hommes se découvrent « pèlerins et étrangers sur la terre » (Gn 23, 4 ; Ps 39, 13 ; Hb 11, 13 ; 1 P 2, 11).
Méditant cette condition biblique du peuple d’Israël, Franz Rosenzweig, philosophe juif du début du XXe siècle, notait : « Il (le peuple d’Israël) ne lui est pas donné de s’endormir dans son chez-soi ; il reste sans attaches, comme un voyageur (…). La Sainteté de la terre retire la terre de sa mainmise » (Étoile de la rédemption). La parole divine, en effet, est sans appel : « C’est à moi qu’est le pays. »
Dieu profanateur
Notre Dieu est ainsi, par le geste de la création, le profanateur suprême de la Propriété Privée. Chaque fois que nous invoquons la divine Propriété pour exiger la possession complète d’une parcelle de terre, sa parole rappelle : « La terre, c’est moi qui l’ai faite » (cf. Is 45, 13). Aussi, nous n’avons tout au plus qu’un droit d’usage sur celle-ci, et encore nous n’en avons l’usage légitimement que si nous l’usons en vue de tous.
La tradition catholique a toujours été claire sur cela. La propriété privée ne peut être envisagée comme potentiellement acceptable que dans sa subordination à « la destination universelle des biens » (cf. Gaudium et spes 69). Qu’est-ce à dire ? Que reste-t-il de la « propriété privée » si elle est à la destination de tous ?
Cela signifie, simplement et radicalement, que le droit de propriété doit être subverti de l’intérieur. Le titre de propriété désigne théologiquement un titre d’usage en vue de la mise à disposition de tous : si tu as du pain, c’est pour le partager ; si tu as la terre, c’est pour que personne ne soit sans terre. Selon la formule de l’apôtre Paul, il s’agit d’user du monde comme n’en usant pas (1 Co 7, 31), c’est-à-dire, ici, de s’approprier la terre de manière à la rendre inappropriable et donc commune.
« Reprises de terres »
La chose est très concrète, les stratégies de « reprises de terre » (occupations de terre par les paysans sans terre, au Brésil, sur le plateau du Larzac ou à Notre-Dame-des-Landes ; achats collectifs de terre par le biais de GFA citoyens ; mise en commun de terre, etc.) qui fleurissent aujourd’hui dans la militance écologiste réalisent très concrètement des formes de propriété rendant la terre inappropriable.
Lorsque des citoyens achètent ensemble des terres pour les libérer des risques de l’artificialisation, pour les soustraire à la spéculation foncière et pour les mettre à disposition de paysannes et de paysans, ils font de la terre un bien commun sur lequel personne ne peut revendiquer de droit absolu. Ces initiatives sont profondément théologiques, théologales même. Révélant la terre comme inappropriable, ces reprises de terre sont l’occasion d’être repris par la terre et de laisser la terre être reprise par Dieu pour s’y découvrir pèlerin et usager de passage.
Subvertir la propriété
Si cette « destination universelle des biens » doit nous enjoindre de subvertir la propriété, elle est aussi ce qui doit conduire à mettre en cause toute appropriation de la terre sous le signe de la Divine Propriété Privée. Si la seule propriété légitime est celle qui se défait elle-même comme propriété privée, alors la propriété privée captatrice, accumulatrice – bref, capitaliste – est, elle, intrinsèquement illégitime. La contester – par voie légale, par occupation illégale ou par sabotage – n’est qu’une manière de convoquer cette divinité Propriété devant la face du Dieu créateur et de soumettre l’appropriation de la terre à l’inappropriabilité de la création.
Jacques Ellul avait probablement raison en voyant dans la « profanation » la forme par excellence de l’éthique chrétienne. Confesser le Dieu créateur et sauveur, c’est avoir pour tâche de profaner toutes les idoles de notre monde. Il se pourrait que Dieu attende de nous l’audace d’être les profanateurs de la « Propriété Privée », d’être la terre qui se soulève contre les entreprises d’appropriations.
]]>Toxic Data | Aude Vidal
▻https://blog.ecologie-politique.eu/post/Toxic-Data
n’est pas sociologue mais elle demeure persuadée que les ceusses qui mettent des fondus enchaînés et autres effets de transitions dans leurs vidéos sont les mêmes que celleux qui photographient des couchers de Soleil, qui lisent Paulo Coelho, qui écrivent en Comic sans MS® et qui pensent que l’Art contemporain est un truc d’enfants de trois ans.
Vous ne la CROIVEZ pas ? Faites une enquête et vous verrez.
]]>La peste noire, Patrick Boucheron
▻https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-la-peste-noire
#Patrick_Boucheron propose une grande enquête interdisciplinaire autour de la pandémie de peste au milieu du XIVe siècle.
« Nous sommes confrontés à un #événement de #longue_durée, et il serait bien naïf de prétendre confiner notre conception de la peste noire à une chronique des années 1347 à 1352 en Europe occidentale » (...) « Les progrès conjoints de l’archéologie funéraire et de l’anthropologie, poursuit l’historien, mais aussi de la microbiologie et des sciences de l’environnement, ont révolutionné l’approche de cette pandémie ».
j’écoute tardivement cette série de 2020-2021, extraordinaire d’érudition (et pas trouvée ici, à ma grande surprise ; pour ma part, lambin, elle était dans une pile « à écouter » depuis longtemps)
« L’hypothèse, indique Patrick Boucheron, ne consiste pas seulement à réévaluer le rôle des réseaux vénitiens de Tana dans la propagation de la peste, il est de renverser le catastrophisme apocalyptique de la vision du siège de Caffa pour comprendre que l’épidémie n’est pas fille de la guerre mais de la paix, et qu’elle peut remonter les circuits des échanges et des alliances. »
[...]
« C’est donc bien à l’histoire décloisonnée d’un monde interconnecté qu’elle nous convie, nous dit Patrick Boucheron, un monde dont le cœur battant n’est pas en Europe, où se situent seulement les terminaux périphériques des réseaux marchands, mais plus à l’est, en ce centre de gravité de l’Eurasie alors dominée par la Horde d’or. »
▻https://www.radiofrance.fr/s3/cruiser-production/2021/09/17721348-2539-43c8-9e8f-f3983ba097ed/860_loiseau-cartepestexivesiecle.webp
Carte de Julien Loiseau, intitulée, « Les routes de la peste noire », dans « l’Atlas Global » de Gilles Fumey, Christian Grataloup et Patrick Boucheron, en 2014. - Julien Loiseau / Les arènes
#peste #Marseille #histoire #histoire_des_sensibilités #imagination #historiographie #mort #mort_de_masse #déni #travail_des_femmes #médecine #épidémie #histoire_environnementale #santé_globale #démographie #catastrophe_démographique #littérature #théâtre #peinture #archives #théorie #pensée #narration #rats et #marmottes_alpines #paléogénomique #Horde_d'or #Inde #Mandchourie #l'impossible_sépulture démentie par l’#archéologie_funéraire ... #exotisme_épidémiologique
]]>Mario Tronti : I am defeated | communists in situ
►https://cominsitu.wordpress.com/2015/03/08/mario-tronti-i-am-defeated
Nostalgia for revolutions?
No, if anything the twentieth century was the century of revolutions. But not only that. Where are the grand ideas, the great literature, the grand politics or the great art? I don’t seen anything like what the first half of the twentieth century produced.
When did the explosion of creativity end ?
In the 60s.
Your golden years ?
That’s the irony of history. There was a great twentieth century, and a small twentieth century built out of an awareness that it is no longer able to reflect on itself.
Is this a farewell to the idea of progress ?
These days Progressivism is the thing furthest from myself. I reject the idea that whatever is new is always better and more advanced than what was there before.
It was one of the inviolable creeds of Marxism .
It was the false security of thinking that the defeat was only an episode. Because meanwhile, we thought, history was on our side.
And now ?
We saw how it went, didn’t we ?
Do you feel like you’ve been defeated, or you’ve failed ?
I am defeated, not a victor. The victories are never final. But we have lost – not a battle – but the war of the twentieth century.
And who has triumphed ?
Capitalism. But without class struggle, without an adversary, it has lost its vitality. It has become something of a monstrosity.
Do you recognise in yourself a certain amount of intellectual pride ?
I recognise it, but it’s not such a bad thing. Pride offers clarity, distance, it gives you the force to intervene in things. Better anyway than the renunciation of thought. In all this chaos I would like to protect the ‘point of view’.
The ‘point of view’ ?
Yes, I cannot position myself on the level of general interest. I was and remain a partisan thinker.
When did you discover your party ?
I was very young. Some people attribute to my Operaismo in the 60s. I think it was during my time as a student that my path was fixed.
In a book about you by Franco Milanesi – unsurprisingly titled In the Twentieth Century – he describes your thought. When was it born ?
Even before Operaismo I was a communist. A Stalinist father, a large family, the wealthier suburbs of the city. These are my roots.
In what area of Rome were you born ?
Ostiense, which was a bit of Testaccio. I remember the market. The cassisti who worked there. They weren’t working class, but common [popolo]. I was part of that story. Then came intellectual reflection.
What were the points of references? What opened your eyes ?
I say it often: we are a generation without masters [maestri].
]]>La fragilité du souci des autres - Adorno et le care, Estelle Ferrarese
▻https://books.openedition.org/enseditions/8805
Ce livre renouvelle et acère la théorie critique par le féminisme. Il interroge la philosophie sociale de Theodor W. Adorno et propose de penser, au moyen des théories du care, la question de la fragilité sociale du souci des autres. Comment le geste moral émerge-t-il dans notre forme de vie capitaliste sous-tendue par une indifférence généralisée ? Quelles en sont les conditions sociales ? Son hypothèse est que le #capitalisme compartimente l’attention à autrui, limite son possible développement en l’assignant aux #femmes, dans des domaines et pour des tâches toujours spécifiques. Comment appréhender le contenu moral du care effectivement mis en actes, dès lors qu’il se révèle être le produit d’ une distribution genrée des dispositions morales, celle-ci étant une condition de possibilité du marché ?
si @rezo diffusait aux plagistes et aux autres, ce serait bath
Im toten Wald der Worte
▻https://literaturkritik.de/fuchshuber-rackets-toten-wald-worte-thorsten-fuchshuber-demaskiert-s
Pouquoi je n’ai pas lu Fuchshuber.
Von Jörg Auberg - Thorsten Fuchshuber demaskiert sich in seiner „Theorie der Bandenherrschaft“ als Sprachrohr der Herrschaft
Im US-amerikanischen Sprachgebrauch bezeichnet der Begriff „Racket“ eine verschworene Interessengemeinschaft, die ihre Partikularziele auf Kosten der Allgemeinheit mit kriminellen Mitteln verfolgt. Bereits in den dreißiger Jahren des letzten Jahrhunderts hatte der Individualist John Dos Passos, der in Zeiten der industriellen und bürokratischen „Kollektivierung“ in Europa und der Sowjetunion das Ideal des vorindustriellen spanischen Anarchismus hochhielt, sich über den „Mittelklasse-Kommunismus“ der Literaten in der „Red Decade“ beklagt, der für ihn die Funktion eines Rackets einnahm. In den 1940er Jahren geriet das „labor racketeering“ der US-amerikanischen Gewerkschaften in die Kritik, wobei es in erster Linie um den Versuch von Gewerkschaftsfunktionären ging, Politik und Wirtschaft im Sinne ihrer Interessen zu steuern. In seinem Buch The New Men of Power (1948) beschrieb der Soziologe C. Wright Mills das „labor racket“ als politische Maschine, die über Geld, Schutz und Arbeitsstellen ihrer Klientel sowohl Aus- als auch Einkommen sicherte. In Mills’ Augen wurden „Arbeiterführer“ zunehmend zu „Räuberbaronen“, die den „Abenteuerkapitalismus“ nicht abschaffen wollten, sondern von ihm profitierten. In diesem „Verteilungsspiel“ hatte schließlich auch der Gangster die „kreative“ Rolle des Geschäftsmannes in den lokalen urbanen Industrien usurpiert. Diese Entwicklung bildete auch Dos Passos in seinen großen US-amerikanischen Panoramen – von der USA-Trilogie (1938) bis zu Midcentury (1961) und späteren Werken – ab. Das Idealbild war der individualistische Wanderarbeiter Mac, der zu den „Wobblies“ gehörte und irgendwann in den amerikanischen Landschaften verschwand. Während in den frühen Jahren des 20. Jahrhunderts die revolutionär-syndikalistisch gesinnte Gewerkschaft das Verhältnis zwischen Individuum und Organisation austarierte, übernahm in späteren Jahren immer mehr die Organisation die Herrschaft über den Einzelnen. Die „relative Freiheit“ des Wanderarbeiters verwandelte sich in die Einordnung des taxifahrenden Tagelöhners in die urbane Maschine, für den romantische Hobo- und Revolutionsgeschichten keinerlei Bedeutung mehr besitzen. Aus einer Gegenwelt entwickelte sich eine Parallelwelt: An die Stelle der Utopie der „Brüderlichkeit“ setzte sich eine Ordnung der Unterdrückung und Herrschaft.
Auch in der Populärkultur der 1940er Jahre spiegelte sich die kritische Diskussion der Rackets wider, vor allem in gesellschaftskritischen Filmen der „Schwarzen Serie“, die unter dem Etikett „film gris“ (wie es Thom Andersen in seinem bahnbrechenden Essay „Red Hollywood“ beschrieb) geführt werden. In dem Boxerfilm Body and Soul (1947) porträtierten der Regisseur Robert Rossen und der Drehbuchautor Abraham Polonsky eine urbane Gesellschaft im Würgegriff von Korruption und Profitmaximierung. Die Rackets reduzieren die menschliche Existenz auf das blanke Spiel von Addition und Subtraktion und erwarten als Gegenleistung für das Überleben unter den gegebenen Verhältnissen die völlige Unterwerfung. Um den Rackets zu entgehen, muss der von John Garfield gespielte Protagonist Charley Daniels zum Äußersten bereit sein. „What are you going to do? Kill me?“, fragt er am Ende rhetorisch. „Everybody dies.“Im nachfolgenden Film Force of Evil (der auf Ira Wolferts Roman Tucker’s People beruhte) arbeitete Polonsky das Racket-Thema am Beispiel des Glücksspiels als „Autopsie des Kapitalismus“ heraus, wobei die kriminellen Machenschaften eher ein Bestandteil des räuberischen Charakters der ökonomischen Struktur denn eine individuelle Aberration darstellten. Am Ende war es kein Zufall, dass linke Intellektuelle und Künstler wie Polonsky, Rossen und Garfield, die im jüdischen Immigrantenmilieu New Yorks aufgewachsen waren, in der „McCarthy-Ära“ als „Un-Amerikaner“ gebrandmarkt wurden, wobei Antikommunismus und Antisemitismus ineinander spielten.
Vor diesem Hintergrund entwickelten die emigrierten Sozialwissenschaftler und Philosophen der „Frankfurter Schule“ unter Leitung Max Horkheimers die Komponenten einer kritischen Theorie der Rackets, die später in der von Horkheimer und Theodor W. Adorno konzipierten Dialektik der Aufklärung (1947) aufgenommen wurden. Wie Thomas Wheatland in seiner Studie The Frankfurt School in Exile (2009) beschrieb, kamen die deutschen Intellektuellen, die an der New Yorker Columbia University Unterschlupf gefunden hatten, in Kontakt mit den New Yorker Intellektuellen, die sich um die Zeitschrift Partisan Review scharten. Zu Beginn der 1940er Jahre wurde dort und in anderen linken Publikationen der Komplex Faschismus, Stalinismus und „bürokratischer Kollektivismus“ diskutiert, wobei diese Diskussion in der englischsprachigen Ausgabe der Zeitschrift für Sozialforschung (die 1941 unter dem Titel Studies in Philosophy and Social Science erschien) vor allem hinsichtlich der trotzkistisch geprägten Theorien der „Managerrevolution“ von James Burnham und des „bürokrarischen Kollektivismus“ von Bruno Rizzi sehr kritisch aufgenommen wurde.
Für Horkheimer war das „Racket“ die „Grundform der Herrschaft“, deren Theorie er in Entwürfen und kurzen Aufsätzen wie „Die Rackets und der Geist“ (1939-42) und „Zur Soziologie der Klassenverhältnisse“ (1943) entwickelte und an zentralen Stellen der Dialektik der Aufklärung anriss. „Die Gesellschaft ist eine von Desperaten und daher die Beute von Rackets“, heißt es im Kapitel über die Kulturindustrie. Während hier Rackets als partikularistische Interessenorganisationen aufgefasst werden, verliert der Begriff an anderen Stellen (wo beispielsweise vom „Sumpf der kleinen Rackets“ oder vom „Massenracket in der Natur“ die Rede ist) seine eindeutige Konnotation. Eine explizite „Theorie der Rackets“ arbeitete Horkheimer nie aus, obgleich er später in Gesprächsnotizen seines Freundes Friedrich Pollock, der „grauen Eminenz der Frankfurter Schule“ (wie ihn Philipp Lenhard in einer jüngst erschienen Biografie bezeichnet), solch eine noch einmal unter den veränderten Verhältnissen nach dem Ende des Zweiten Weltkrieges skizzierte: „Der Trend geht überall zu einer Vermehrung und Koordinierung der Rackets.“
Dass Horkheimer diese „Theorie der Rackets“ nie konkret und dezidiert ausführte, lag vermutlich daran, dass maßgebliche Mitglieder des Instituts für Sozialforschung wie Franz Neumann, Otto Kirchheimer und Herbert Marcuse diesem Konzept sehr kritisch gegenüberstanden, und selbst Horkheimers Co-Autor Adorno schien dieses Modell – auch wenn er es in den 1940er Jahren in seinen „Reflexionen zur Klassentheorie“ übernahm – fragwürdig. „Wenn wirklich, wie eine zeitgenössische Theorie lehrt“, schrieb er in Minima Moralia, „die Gesellschaft eine von Rackets ist, dann ist deren treuestes Modell gerade das Gegenteil des Kollektivs, nämlich das Individuum als Monade.“ In dieser Einschätzung traf sich Adorno mit Polonsky.
Wie Gunzelin Schmid Noerr – neben Alfred Schmidt einer beiden Herausgeber der Horkheimer-Schriften im Verlag S. Fischer – schrieb, war der Ausgangspunkt der Rackettheorie „eine Analyse der zeitgenössischen Gesellschaft als eines Konglomerats organisierter Gruppen unter der Leitung bürokratischer oder quasibürokratischer Eliten.“ In erster Linie geht es um die Durchsetzung von Partikularinteressen, Manipulation und Machterhaltung. Die Zwiespältigkeit der Theorie liegt in der „Überspannung“ der Verhältnisse, die vom ökonomischen Sektor in den politischen verschoben werden, wobei immer ein verschwörungstheoretischer Unterton mitschwingt. „Nach dem Bilde der manifesten Usurpation, die von den einträchtigen Führern und Arbeit heute verübt wird“, schrieb Adorno in seiner „linksradikalen“ Phase 1942, sei die Geschichte nun „die Geschichte von Bandenkämpfen, Gangs und Rackets“.
Auf dieser Linie, obwohl sie die Rackettheorie auf kriminelle Milieus verengt, marschiert der im Milieu der „Antideutschen“ agierende Philosoph Thorsten Fuchshuber, dessen Dissertation unter dem Titel Rackets: Kritische Theorie der Bandenherrschaft veröffentlicht wurde. Dabei verspricht der Titel jedoch mehr, als das Buch einzuhalten vermag. Fuchshuber ist nicht mehr als der hagiografische Imitator der Thesen Horkheimers, auch wenn er sich als philosophisch gebildeter, situationistisch ausgebildeter Epigone im Zirkus der antideutschen Artisten präsentieren möchte. Bereits zu Anfang führt er sich als FlickFlack-Künstler in der Manege mit dem Hinweis ein, dass Horkheimer „diesen aus der amerikanischen Soziologie stammenden Ausdruck“ – RACKET – entwendet habe, „um ihn für eigene sozialphilosophische Überlegungen zu nutzen“. In folgenden Darbietungen lobt der Autor Elia Kazans Denunziationsdrama On the Waterfront als „cineastisches Denkmal“ oder ereifert sich über die „erpresserische Gewerkschaftspraxis“. Vor allem weiß er im Kopf Horkheimers herumzuspazieren: „Wie sich zeigen wird«, schwadroniert er, „sind […] viele der wesentlichen subjekttheoretischen Motive der Racket-Theorie schon um das Jahr 1938 im Denken von Horkheimer vereint.“
Im Jargon einer imaginären Opposition zur herrschenden Gesellschaftstheorie bläht Fuchshuber seine Theorie der Bandenherrschaft in einer zum blanken, klopfartigen, ausdruckslosen Zeichensystem degradierten Sprache auf, die in einem Miasma von zweitausend Anmerkungen und Fußnoten auf dem akademischen Schafott verendet. „Die Rackets als gesellschaftliches Strukturprinzip fungieren als Organisationsformen aggressiver Partikularität innerhalb einer Totalität, in der tendenziell allein die Wertform als Vermittlungsinstanz bleibt, einer Gesellschaft also, die sich zunehmend als total vergesellschaftet erweist und begrifflich mit der philosophischen Vorstellung von absoluter Identität konvergiert.“
Solche unfreiwilligen Parodien des akademischen Jargons durchziehen Fuchshubers Buch, der sich mit seiner „bestimmten Negation“ auf dem „Strahl der Erkenntnis“ wähnt. Die Rackets als Verkörperung des Bösen am Rande der Gesellschaft des Liberalismus wandern im postbürgerlichen Zeitalter ins Zentrum, um vollends die Macht zu übernehmen. Die „Instanzen des Rackets“ werden von „Agenturen des Kollektivs“ übernommen, die auf den Ruinen des beschädigten und schließlich eliminierten Subjekts die totale Herrschaft errichten. „Die Racket-Theorie ist die Theorie der nachbürgerlichen Gesellschaft“, dekretiert Fuchshuber, unter dessen starren Augen (als gehörten sie zu einer späten Inkarnation von Doktor T. J. Eckleburg) die Welt zu einer grauen Aschelandschaft der Rackets vom Iran über Russland bis zu zerstückelten Stammesterritorien marodierender „Warlords“ verschwimmt. Das ganze Projekt firmiert unter dem Begriff einer „kritischen Gesellschaftstheorie“, welche die Realität ihren ideologischen Vorgaben anpasst.
In seinen Ausführungen folgt Fuchshuber dem antideutschen Stichwortgeber Wolfgang Pohrt, der in seinem Buch Brothers in Crime (1997) in selbstproklamierter Tradition der „Kritischen Theorie“ Auskunft über die „Herkunft von Gruppen, Cliquen, Banden, Rackets und Gangs“ erteilen wollte, wobei es jedoch in erster Linie um die Darlegung seiner im deutschen Provinzialismus einbetonierten Weltsicht ging. Eine kritische Analyse der realen Verhältnisse findet nicht statt. Überall sind Rackets am Werk; allenthalben ereignen sich Verschwörungen gegen den „kritischen Geist“, den allein die Illuminati in sich tragen. Bereits Hannah Arendt hatte in der Diskussion über Hans Magnus Enzensbergers Essayband Politik und Verbrechen (1964) insistiert, dass das fehlende Verständnis der Deutschen für angelsächsische Traditionen und die amerikanische Realität eine „alte Geschichte“ sei. Dieses Manko wirkt jedoch bis heute ins Milieu der „Antideutschen“, die sich wie die rechthaberischen Todeszwerge in William Burroughs’ Nova Express aufführen.
„In der wahren Idee der Demokratie, die in den Massen ein verdrängtes, unterirdisches Dasein führt, ist die Ahnung einer vom Racket freien Gesellschaft nie ganz erloschen“, schrieb Horkheimer in seinem Text „Die Rackets und der Geist“. Diesen oppositionellen Geist findet man bei Fuchshuber nicht. Der akademische „Kritiker“ des Autoritarismus reflektiert den Zustand, den er zu kritisieren vorgibt, negativ – nicht zuletzt in seiner akademischen Zurichtung der Sprache, die ihn als Zuverlässigen in seinem autoritären Milieu ausweist. „Die erstarrte Sprache weist anklagend gen Himmel wie nackte Baumstümpfe auf verlassenen Schlachtfeldern“, notierte Horkheimer. „Sie denunziert die Welt der Rackets, der sie dienen muß.“ In diesem „toten Wald der Worte“ ist Fuchshuber heimisch.
]]>La #géographie, c’est de droite ?
En pleine torpeur estivale, les géographes #Aurélien_Delpirou et #Martin_Vanier publient une tribune dans Le Monde pour rappeler à l’ordre #Thomas_Piketty. Sur son blog, celui-ci aurait commis de coupables approximations dans un billet sur les inégalités territoriales. Hypothèse : la querelle de chiffres soulève surtout la question du rôle des sciences sociales. (Manouk Borzakian)
Il y a des noms qu’il ne faut pas prononcer à la légère, comme Beetlejuice. Plus dangereux encore, l’usage des mots espace, spatialité et territoire : les dégainer dans le cyberespace public nécessite de soigneusement peser le pour et le contre. Au risque de voir surgir, tel un esprit maléfique réveillé par mégarde dans une vieille maison hantée, pour les plus chanceux un tweet ironique ou, pour les âmes maudites, une tribune dans Libération ou Le Monde signée Michel Lussault et/ou Jacques Lévy, gardiens du temple de la vraie géographie qui pense et se pense.
Inconscient de ces dangers, Thomas Piketty s’est fendu, le 11 juillet, d’un billet de blog sur les #inégalités_territoriales (▻https://www.lemonde.fr/blog/piketty/2023/07/11/la-france-et-ses-fractures-territoriales). L’économiste médiatique y défend deux idées. Premièrement, les inégalités territoriales se sont creusées en #France depuis une génération, phénomène paradoxalement (?) renforcé par les mécanismes de #redistribution. Deuxièmement, les #banlieues qui s’embrasent depuis la mort de Nahel Merzouk ont beaucoup en commun avec les #petites_villes et #villages souffrant de #relégation_sociospatiale – même si les défis à relever varient selon les contextes. De ces deux prémisses découle une conclusion importante : il incombe à la #gauche de rassembler politiquement ces deux ensembles, dont les raisons objectives de s’allier l’emportent sur les différences.
À l’appui de son raisonnement, le fondateur de l’École d’économie de Paris apporte quelques données macroéconomiques : le PIB par habitant à l’échelle départementale, les prix de l’immobilier à l’échelle des communes et, au niveau communal encore, le revenu moyen. C’est un peu court, mais c’est un billet de blog de quelques centaines de mots, pas une thèse de doctorat.
Sus aux #amalgames
Quelques jours après la publication de ce billet, Le Monde publie une tribune assassine signée Aurélien Delpirou et Martin Vanier, respectivement Maître de conférences et Professeur à l’École d’urbanisme de Paris – et membre, pour le second, d’ACADIE, cabinet de conseil qui se propose d’« écrire les territoires » et de « dessiner la chose publique ». Point important, les deux géographes n’attaquent pas leur collègue économiste, au nom de leur expertise disciplinaire, sur sa supposée ignorance des questions territoriales. Ils lui reprochent le manque de rigueur de sa démonstration.
Principale faiblesse dénoncée, les #données, trop superficielles, ne permettraient pas de conclusions claires ni assurées. Voire, elles mèneraient à des contresens. 1) Thomas Piketty s’arrête sur les valeurs extrêmes – les plus riches et les plus pauvres – et ignore les cas intermédiaires. 2) Il mélange inégalités productives (le #PIB) et sociales (le #revenu). 3) Il ne propose pas de comparaison internationale, occultant que la France est « l’un des pays de l’OCDE où les contrastes régionaux sont le moins prononcés » (si c’est pire ailleurs, c’est que ce n’est pas si mal chez nous).
Plus grave, les géographes accusent l’économiste de pratiquer des amalgames hâtifs, sa « vue d’avion » effaçant les subtilités et la diversité des #inégalités_sociospatiales. Il s’agit, c’est le principal angle d’attaque, de disqualifier le propos de #Piketty au nom de la #complexité du réel. Et d’affirmer : les choses sont moins simples qu’il n’y paraît, les exceptions abondent et toute tentative de catégoriser le réel flirte avec la #simplification abusive.
La droite applaudit bruyamment, par le biais de ses brigades de twittos partageant l’article à tour de bras et annonçant l’exécution scientifique de l’économiste star. Mais alors, la géographie serait-elle de droite ? Étudier l’espace serait-il gage de tendances réactionnaires, comme l’ont laissé entendre plusieurs générations d’historiens et, moins directement mais sans pitié, un sociologue célèbre et lui aussi très médiatisé ?
Pensée bourgeoise et pensée critique
D’abord, on comprend les deux géographes redresseurs de torts. Il y a mille et une raisons, à commencer par le mode de fonctionnement de la télévision (format, durée des débats, modalité de sélection des personnalités invitées sur les plateaux, etc.), de clouer au pilori les scientifiques surmédiatisés, qui donnent à qui veut l’entendre leur avis sur tout et n’importe quoi, sans se soucier de sortir de leur champ de compétence. On pourrait même imaginer une mesure de salubrité publique : à partir d’un certain nombre de passages à la télévision, disons trois par an, tout économiste, philosophe, politologue ou autre spécialiste des sciences cognitives devrait se soumettre à une cérémonie publique de passage au goudron et aux plumes pour expier son attitude narcissique et, partant, en contradiction flagrante avec les règles de base de la production scientifique.
Mais cette charge contre le texte de Thomas Piketty – au-delà d’un débat chiffré impossible à trancher ici – donne surtout le sentiment de relever d’une certaine vision de la #recherche. Aurélien Delpirou et Martin Vanier invoquent la rigueur intellectuelle – indispensable, aucun doute, même si la tentation est grande de les accuser de couper les cheveux en quatre – pour reléguer les #sciences_sociales à leur supposée #neutralité. Géographes, économistes ou sociologues seraient là pour fournir des données, éventuellement quelques théories, le cas échéant pour prodiguer des conseils techniques à la puissance publique. Mais, au nom de leur nécessaire neutralité, pas pour intervenir dans le débat politique – au sens où la politique ne se résume pas à des choix stratégiques, d’aménagement par exemple.
Cette posture ne va pas de soi. En 1937, #Max_Horkheimer propose, dans un article clé, une distinction entre « #théorie_traditionnelle » et « #théorie_critique ». Le fondateur, avec #Theodor_Adorno, de l’#École_de_Francfort, y récuse l’idée cartésienne d’une science sociale détachée de son contexte et fermée sur elle-même. Contre cette « fausse conscience » du « savant bourgeois de l’ère libérale », le philosophe allemand défend une science sociale « critique », c’est-à-dire un outil au service de la transformation sociale et de l’émancipation humaine. L’une et l’autre passent par la #critique de l’ordre établi, dont il faut sans cesse rappeler la contingence : d’autres formes de société, guidées par la #raison, sont souhaitables et possibles.
Quarante ans plus tard, #David_Harvey adopte une posture similaire. Lors d’une conférence donnée en 1978 – Nicolas Vieillecazes l’évoque dans sa préface à Géographie de la domination –, le géographe britannique se démarque de la géographie « bourgeoise ». Il reproche à cette dernière de ne pas relier les parties (les cas particuliers étudiés) au tout (le fonctionnement de la société capitaliste) ; et de nier que la position sociohistorique d’un chercheur ou d’une chercheuse informe inévitablement sa pensée, nécessitant un effort constant d’auto-questionnement. Ouf, ce n’est donc pas la géographie qui est de droite, pas plus que la chimie ou la pétanque.
Neutralité vs #objectivité
Il y a un pas, qu’on ne franchira pas, avant de voir en Thomas Piketty un héritier de l’École de Francfort. Mais son texte a le mérite d’assumer l’entrelacement du scientifique – tenter de mesurer les inégalités et objectiver leur potentielle creusement – et du politique – relever collectivement le défi de ces injustices, en particulier sur le plan de la #stratégie_politique.
S’il est évident que la discussion sur les bonnes et les mauvaises manières de mesurer les #inégalités, territoriales ou autres, doit avoir lieu en confrontant des données aussi fines et rigoureuses que possible, ce n’est pas manquer d’objectivité que de revendiquer un agenda politique. On peut même, avec Boaventura de Sousa Santos, opposer neutralité et objectivité. Le sociologue portugais, pour des raisons proches de celles d’Horkheimer, voit dans la neutralité en sciences sociales une #illusion – une illusion dangereuse, car être conscient de ses biais éventuels reste le seul moyen de les limiter. Mais cela n’empêche en rien l’objectivité, c’est-à-dire l’application scrupuleuse de #méthodes_scientifiques à un objet de recherche – dans le recueil des données, leur traitement et leur interprétation.
En reprochant à Thomas Piketty sa #superficialité, en parlant d’un débat pris « en otage », en dénonçant une prétendue « bien-pensance de l’indignation », Aurélien Delpirou et Martin Vanier désignent l’arbre de la #rigueur_intellectuelle pour ne pas voir la forêt des problèmes – socioéconomiques, mais aussi urbanistiques – menant à l’embrasement de banlieues cumulant relégation et stigmatisation depuis un demi-siècle. Ils figent la pensée, en font une matière inerte dans laquelle pourront piocher quelques technocrates pour justifier leurs décisions, tout au plus.
Qu’ils le veuillent ou non – et c’est certainement à leur corps défendant – c’est bien la frange réactionnaire de la twittosphère, en lutte contre le « socialisme », le « wokisme » et la « culture de l’excuse », qui se repait de leur mise au point.
▻https://blogs.mediapart.fr/geographies-en-mouvement/blog/010823/la-geographie-cest-de-droite
]]>En France, une vague d’arrestations contre le mouvement écologiste radical
►https://reporterre.net/En-France-une-vague-d-arrestations-contre-le-mouvement-ecologiste-radica
Une quinzaine de militants ont été arrêtés dans 8 communes de France le 5 juin, dans le cadre d’une instruction judiciaire concernant des dégradations commises en décembre dernier dans une usine Lafarge des Bouches-du-Rhône.
Lundi 5 juin à six heures, une vague d’arrestations et de perquisitions sans précédent a frappé des militantes et militants proches des Soulèvements de la Terre et de l’écologie radicale. L’opération a été menée dans le cadre d’une instruction judiciaire concernant des faits de dégradations accomplis le 10 décembre dernier dans une usine Lafarge à Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône).
Les forces de police ont ciblé huit communes à travers la France, dans des grandes villes, à Marseille, Montreuil, Dijon, Lyon, Toulouse, Bayonne ainsi que des zones rurales, à Caylus et à Verfeil-sur-Seye, dans le Tarn-et-Garonne. Plus d’une quinzaine de personnes sont actuellement en garde à vue dans différents commissariats du pays. Elles sont interrogées, selon des sources proches du dossier, dans le cadre d’une enquête ouverte pour association de malfaiteurs et dégradations en bande organisée. Leur garde à vue pourrait durer jusqu’à 96 heures.
[...]
Pour des proches des inculpés, cette opération policière viserait surtout à mettre « un coup de pied dans la fourmillière ». Elle servirait à nourrir le dossier de dissolution des Soulèvements de la Terre qui peine aujourd’hui à avancer.
[...]
« Assimiler aujourd’hui à du terrorisme l’usage légitime de la pince coupante, de la masse et de la clef à molette en vue de neutraliser des infrastructures est un inacceptable retournement ! Les centrales à béton sont des armes d’artificialisation massive des terres agricoles et de destruction de la biodiversité, des bombes à retardement climatique. Il est donc plus que jamais légitime et nécessaire de les désarmer », ont déclaré les Soulèvements de la Terre.
edit
Mediapart
▻https://seenthis.net/messages/1005261
com SDLT
▻https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/appel-a-soutien-suite-a-une-vague-d-arrestations-en-france
#militants #écologie #Soulèvements_de_la_Terre #association_de_malfaiteurs #criminalisation #anti_terrorisme #SDAT #Police #théorie_du_désarmement #répression
]]>Au fait, Maria Mies est morte ya 2 semaines à 92 ans… à peu près rien pour le dire chez les francophones :(
▻https://en.wikipedia.org/wiki/Maria_Mies
(que dalle sur le WP FR)
Note par Geneviève Pruvost
▻https://blogs.mediapart.fr/gpruvost/blog/270523/deces-de-maria-mies-ecofeministe-allemande
Du Maria Mies en français : ▻https://sniadecki.wordpress.com/tag/maria-mies
#féminisme #théorie #Maria_Mies #sociologie #écoféminisme #subsistance #marxisme #RIP
]]>Carré Sator
▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Carr%C3%A9_Sator
Le carré Sator est un carré magique contenant le palindrome latin SATOR AREPO TENET OPERA ROTAS. Ce carré figure dans plusieurs inscriptions latines, la plus ancienne connue qui a été trouvée à Pompéi ne pouvant être postérieure à l’an 79.L’énigme formée par le sens de cette inscription a intrigué de nombreux savants et suscité diverses hypothèses, utilisant des interprétations exégétiques juive ou chrétienne et provoquant le scepticisme sur une signification de l’inscription de la part d’historiens de la Rome antique.
(Et non, je n’ai toujours pas vu le film Tenet.)
]]>Travail trans, salaire trans
▻https://www.trounoir.org/?Travail-trans-salaire-trans
Harry Josephine Giles est écrivaine, performeuse et militante, elle a vécu sur quatre îles, chacune plus grande que la dernière. Aujourd’hui elle habite à Leith, un quartier portuaire d’Édimbourg. Son travail est principalement reconnu pour sa production de poésie et de textes de science-fiction. En 2019, suite à une invitation à participer à une exposition autour du roman de science-fiction féministe d’Ursula Le Guin, La Main gauche de la nuit, elle décide de se saisir de ses honoraires pour financer la production d’un texte politique qu’elle intitule Wages for transition. Sa proposition s’inscrit dans une perspective matérialiste et s’appuie sur deux références principales : le mouvement Wages for Housework, campagne féministe marxiste des années 70 pour la reconnaissance du travail reproductif (tâches ménagères, travail affectif, gestation, etc). Et le manifeste du collectif socialiste des patients (SPK, Sozialistiches Patientenkollektiv), Faire de la maladie une arme, qui soutient que la maladie est un fait politique, produit par le capitalisme en tant que contradiction interne au capitalisme lui-même.
Harry Josephine Giles part du postulat que le système capitaliste dans lequel nous vivons produit le genre tel que nous le connaissons : une catégorie sociale permettant l’exploitation et l’extraction de la valeur. Par conséquent, les divisions genrées dont le capital a besoin pour se développer produisent les personnes trans, en tant qu’ « externalité de genre non chiffrée ». Pour l’autrice, exister en tant que personne trans dans ce contexte s’apparente à un travail, un travail de survie en milieu capitaliste. Le manifeste repose donc sur la nécessité immédiate de revendiquer un salaire pour ce travail, une compensation économique qui permet de récupérer une partie de la valeur produite par ce même travail. « Nous exigeons notre part ».
#transidentité #travail #théorie #capitalisme #Harry_Josephine_Giles #Trou_noir
]]>‘We use chess as a spine’: the Corsican revolutionaries teaching children moves beyond the board
▻https://www.theguardian.com/global/2023/may/04/we-use-chess-as-a-spine-the-corsican-movement-teaching-children-moves-b
The clamour is proof of what amounts to a Corsican chess revolution. There are now almost 7,000 licensed chess players on the island with a population of 340,000; more than 25 times the rate in mainland France.
]]>« Ecoutez Jeanne Humbert »
▻http://anarlivres.free.fr/pages/nouveau.html#humbert
En ce mois de mars, rendons hommage à une des pionnières du combat des femmes pour une libre sexualité, la liberté de la contraception et de l’avortement, Jeanne Humbert (1890-1986), militante libertaire, pacifiste, naturiste et néo-malthusienne. Initié à la fin du XXe siècle par le pédagogue libertaire Paul Robin (1837-1912), le néo-malthusianisme visait à ce que le peuple puisse en contrôlant les naissances améliorer son sort et offrir moins de chair à canon (pour la guerre), de chair à travail (pour l’usine) et de chair à plaisir (pour la prostitution). Eugène (1870-1944) et Jeanne Humbert vont populariser cette forme de lutte (...)
#pacifisme #néomalthusianisme #libertaire #anarchisme #féminisme #Humbert #PaulRobin
]]>Marx et les coopérative de production : une question de valeur, par Hervé Defalvard (Revue internationale de l’économie sociale, numéro 330, octobre 2013, p. 43–56)
▻https://www.erudit.org/fr/revues/recma/2013-n330-recma0901/1019456ar
▻https://www.erudit.org/fr/revues/recma/2013-n330-recma0901/1019456ar.pdf
Résumé
Les positions de #Marx sur les #coopératives_de_production sont bien renseignées. Selon l’économiste, bien qu’elles dépassent la division en deux classes de l’organisation capitaliste, elles ne supplantent pas le capitalisme en tant que forme politique. Sur la base des études disponibles, le présent article rappelle dans une première partie les positions de Marx sur les plans doctrinal et pragmatique. La deuxième partie aborde la #théorie_de_la_valeur, afin de traiter la question du projet politique des #coopératives : béquille du capitalisme ou dépassement de ce dernier. Si Marx traite cette question en évoquant une réunion d’hommes libres avec un plan concerté, la théorie de l’équilibre général avec des firmes autogérées est ici mobilisée. C’est en effet au niveau de l’ensemble de l’économie, de l’#économie comme société, que les rouages de la valeur font la différence, en tombant soit du côté « du marché du travail », soit de celui d’une valeur qui répond à des normes éthiques. En conclusion, quelques enseignements de Marx aident à éclairer la question actuelle de l’#économie_sociale_et_solidaire comme projet politique.
]]>175 Jahre Manifest der Kommunistischen Partei
►https://seenthis.net/messages/991553
Als Karl Marx und Friedrich Engels auf dem zweiten Kongress des Bundes der Kommunisten vom 29. November bis 8. Dezember 1847 den Auftrag erhielten, den seit 1872 als Kommunistisches Manifest bekannten Text zu verfassen, wollten sie die sozialistischen Gruppierungen in Europa um ein neues Konzept der Gesellschaft und des sozialen Kampfes herum vereinen. Sie brauchten einen kurzen, verständlichen Text, der mit den noch verschwommenen und rein utopischen Ideen von Conte, Saint-Simon und anderen Vorläufern des wissenschaftlichen Sozialismus Schluss machen sollte.
Hier auf Seenthis habe ich eine Kurzfassung ohne Argumente zu Auseinandersetzungen und philosophischen Traktaten der Zeit um 1848 zusammengestellt.
►https://seenthis.net/messages/991553
Der vollständige Test ist hier zu finden:
►http://mlwerke.de/me/me04/me04_459.htm
Als das Manifest der Kommunistischen Partei im Februar 1848 veröffentlicht wurde, übertraf es bei weitem die Qualität eines kurzlebigen Flugblattes, das von weniger klugen Köpfen verfasst worden war. In den 175 Jahren ihres Bestehens hat ihr Werk nichts von seiner Aktualität verloren, denn ihre Beschreibung des Kapitalismus, der Klassenbeziehungen und die von Karl Marx und Friedrich Engels verfochtenen Lösungen werden immer auf der Tagesordnung stehen, solange der Kapitalismus die Welt beherrscht.
]]>Spontanéité, Médiation, Rupture by Endnotes
▻https://endnotes.org.uk/translations/endnotes-spontaneite-mediation-rupture
« Nous ne savons pas s’il faut voir dans les destins [opposés] de Luxemburg […] et de Lénine un lien avec le fait que Lénine et son groupe aient armé les #ouvriers, quand les Spartakistes ont persisté à penser l’organisation comme une #coordination […] et le #refus_du_travail comme unique arme adéquate pour les ouvriers. L’essence du léninisme évolue, du rapport entre #spontanéité et #parti au rapport entre parti et #insurrection. » Sergio Bologna.
Est-ce que les luttes actuelles évoluent vers la #révolution ? Nous tentons de nous positionner par rapport à cette question de la seule façon possible : non seulement grâce à notre vécu actuel, mais aussi en relisant les théories révolutionnaires du passé. Se référer à de telles théories peut toutefois se révéler hasardeux : elles sont apparues en réaction à un ensemble de questions énoncées au cours d’une période spécifique — une époque qui n’est pas la nôtre. Il est vrai que les théories révolutionnaires du XXe siècle se sont développées au cours d’une séquence de luttes que nous appelons le mouvement ouvrier. Elles ne portent pas uniquement les traces du mouvement ouvrier dans son ensemble. Ces théories ont été formulées en réaction aux limites auxquelles ce mouvement a été confronté à son apogée, à savoir la période révolutionnaire de 1905-1921.
Les limites du mouvement ouvrier étaient entièrement prises dans la question de la diffusion de la conscience de classe au sein d’une population qui n’avait alors été que partiellement prolétarisée. Confrontés à une importante paysannerie dans les campagnes et à un ensemble hétérogène de classes ouvrières dans les villes, les stratèges du mouvement ouvrier espéraient un moment futur, lorsque la prolétarisation complète, dépendante du développement des forces productives, éliminerait les divisions entre prolétaires. L’unité objective de la classe trouverait alors son corolaire subjectif. Il se trouve que ce rêve n’est pas devenu réalité. Le développement des forces productives qui s’en est suivi a renforcé certaines des divisions entre prolétaires, tout en en créant d’autres. Dans le même temps, ce développement a détruit le fondement de l’unité des ouvriers. Ils ont découvert qu’ils n’étaient plus la force vive de l’époque moderne : à la place, ils avaient été transformés en appendices — en accessoires d’un ensemble proliférant de machines et d’infrastructures qui échappait à leur contrôle2.
Il peut être utile de se rapporter brièvement au zénith révolutionnaire du siècle précédent, avant la destitution du mouvement ouvrier, pour comprendre le contexte dans lequel les théories révolutionnaires du passé avaient pris naissance. Partant, on commencera à articuler une théorie révolutionnaire de notre époque. Mais il nous faut prendre garde lorsqu’on entreprend aujourd’hui une telle tâche : l’émergence des révolutions est, de par sa nature même, imprévisible ; notre #théorie doit d’une façon ou d’une autre intégrer cette imprédictibilité en son sein. Les révolutionnaires de l’ère précédente refusaient le plus souvent de s’ouvrir à l’inconnu — alors même que les révolutions dont ils faisaient l’expérience ne se déroulaient jamais comme ils l’avaient imaginé.
]]>Théorie Communiste N° 27 est chez l’imprimeur - « Vie quotidienne et luttes des classes »
▻http://dndf.org/?p=20683
La question que nous posent ces luttes, sans présumer de la suite, se formule ainsi : comment s’effectue, à partir d’eux-mêmes, la transformation des rapports objectifs de la situation dans les rapports de production en rapports de classes et donc en lutte des classes ? Le travail productif est le point de départ impérieux et incontournable de la définition des classes, mais il est seulement un point de départ. C’est dans tout un processus que se constituent les classes telles qu’engendrées par les rapports de production, mais qui ne peuvent en être un calque du fait de toutes les instances au travers desquelles la production est nécessairement reproduction, qui n’est pas une répétition.
Le capital ne se reproduit comme rapport social qu’en passant par le moment où il devient objectivité économique : toutes les conditions du renouvellement du rapport se trouvent, à la fin de chaque cycle, réunies comme capital en soi face au travail, les instances politiques, juridiques, idéologiques, morales, les normes sexuelles et de genre, toutes les institutions sociales et éducatives, et, toujours présentes en chacune, l’Etat, la force coercitive et répressive de la police ou de l’armée au besoin, deviennent des moments nécessaires de la reproduction du rapport « purement économique ». Dans cette reproduction, les fonctions économiques qui ne sont que la matière première des classes sont retravaillées, hachées, recomposées pour constituer ce produit que sont les classes, dont cette étrange chose qu’est le prolétariat, ce perpétuel nom donné au pari politique de la production théorique.
]]>Parution le 13 janvier prochain : Marx, par-delà le marxisme. Repenser une théorie critique du capitalisme au XXIe siècle de Moishe Postone (Editions Crise & Critique)
▻http://www.palim-psao.fr/2022/12/parution-le-13-janvier-prochain-marx-par-dela-le-marxisme.repenser-une-th
Figure majeure de la Théorie critique et spécialiste de renommée mondiale de l’antisémitisme moderne, l’historien Moishe Postone a élaboré une réinterprétation de la pensée de Marx d’une grande importance pour une critique sociale à la hauteur de l’époque. Largement saluée, son œuvre maîtresse, Temps, travail et domination sociale, s’est opposée à l’opinion répandue que Marx n’avait plus rien à dire dans une époque d’effondrement du communisme à l’Est et de consolidation du capitalisme néolibéral en Occident. Il a aussi posé les jalons d’une reconstruction de l’œuvre marxienne adaptée à la saisie du monde contemporain qui diffère des critiques marxistes traditionnelles.
Sa thèse centrale est que la critique du capitalisme par Marx ne consiste pas à glorifier le travail et le développement des forces productives, ni à promouvoir une sorte de société sans exploitation dans laquelle les travailleurs pourraient obtenir la pleine valeur de ce qu’ils produisent. Il s’agit plutôt d’abolir le travail tel que nous le connaissons, et avec lui une société dans laquelle le travail, et la valeur qui lui est liée, régissent nos vies.
Postone considérait néanmoins sa relecture comme une enquête préliminaire et a passé les vingt-cinq années suivantes à explorer, dans divers essais et entretiens enfin réunis en français, comment Marx fournit, selon ses propres termes, « une puissante théorie sociale critique du monde contemporain ». Il montre combien les Grundrisse contribuent à éclairer la critique de la modernité élaborée dans Le Capital, se confronte au rapport de Marx à Hegel ou encore aux analyses de Georg Lukács sur la corrélation entre les dimensions subjective et objective de la vie sociale et Marcel Mauss sur la distinction entre don et marchandise. Des réflexions qui nous exhortent à élaborer une pensée de la réflexivité théorique et de la spécificité historique pour mieux comprendre et transformer le monde dans lequel nous vivons.
#Moishe_Postone #critique_de_la_valeur #wertkritik #Marx #marxisme #Histoire #théorie_critique #capitalisme #travail #critique_du_travail
]]>Marx et la critique de la technique : réflexions à partir des Grundrisse et du Capital
▻https://www.erudit.org/fr/revues/cs/2020-n2-cs05860/1075552ar
▻https://www.erudit.org/fr/revues/cs/2020-n2-cs05860/1075552ar.pdf
Ce texte comporte trois parties. Dans un premier temps, la manière dont Marx aborde la question de la technique à partir de son ontologie de l’autoproduction de l’être générique sera présentée. Par la suite, la critique marxienne du machinisme sera évaluée à l’aune de son ontologie de l’autoproduction. L’analyse du machinisme proposée par Marx dans le chapitre XIII du Capital permettra de faire un retour critique sur le désormais célèbre passage des Grundrisse intitulé « Fragment sur les machines » qui est mobilisé par de nombreux théoriciens contemporains du post-capitalisme tels que les cognitivistes ou les accélérationnistes14 . Contre leur vision productiviste, il s’agira de proposer une lecture qui permettrait de dépasser les apories auxquelles mènent les analyses unilatérales du développement technologique sous le capitalisme, que celles-ci soient progressistes ou romantiques.
#Marx #technique #critique_techno #philosophie #Aristote #Hegel #théorie_critique
]]>Évènement : Écoféminisme et résistance à Lyon - Floraisons
▻https://floraisons.blog/ecofeminisme-et-resistance
Conférence annulée et qui a failli ne pas se faire, donc vraiment censurée, suite à un mouvement coordonné pour faire pression sur le lieu d’accueil.
Ma foi pourtant du contenu extrêmement intéressant utile et dense, théorique, mais bien vulgarisée, mais sans concession et sans paillettes.
►https://d3ctxlq1ktw2nl.cloudfront.net/staging/2022-10-21/3002b7ff-211d-f333-764f-cef96970be40.mp3
👉 Cette conférence s’adresse aux femmes en cheminement, aux curieuses, aux écofeministes en herbe, à toutes celles qui en ont marre de faire leur lessive maison et qui sont à la recherche d’outils théoriques et stratégiques.
🌾 De la naissance de l’agriculture jusqu’à la civilisation industrielle, l’analyse radicale des différentes représentations de la femme et de la nature et la dégradation de leurs conditions matérielles, permet de poser le principe fondateur du mouvement : la destruction de la nature et l’exploitation des femmes sont intrinsèquement liées.
Porté par le travail d’autrices et activistes telles que Maria Mies, Vandana Shiva, Françoise d’Eaubonne, Lierre Keith, Carolyn Merchant, Ynestra King et tant d’autres, l’écoféminisme reste aujourd’hui dévoyé de son sens initial et vidé de sa substance.
Le détail de l’opération d’annulation est dans le texte sous le podcast, dont une mise au point :
Nous proposons une analyse radicale des systèmes de domination, c’est-à-dire que nous cherchons à remonter à leurs origines pour mieux en comprendre les mécanismes. Cette approche est en opposition directe avec une idéologie qui a noyé tous les débats intellectuels : la théorie queer. Selon la grille d’analyse queer, le sexe serait une construction sociale oppressive « assignée » à la naissance, tandis que le genre serait un mode d’expression libérateur des individus. Les politiques identitaires viennent remplacer les schémas d’oppression. Il n’est plus possible de désigner matériellement une classe d’opprimées ni les conditions de l’oppression.
– Nos détracteurs nous disent transphobes parce que nous disons que le sexe existe, qu’il n’est pas une pure construction sociale (bien que le social influence le biologique, et vice versa), qu’il est immuable et qu’une femme est un être humain adulte de sexe féminin. Ils nous disent également transphobes parce que nous nous opposons à la médicalisation systématique des enfants « non conformes au genre ».
– Ils nous disent validistes parce que nous soulignons que le capitalisme industriel détruit la planète en asservissant les êtres humains, et parce que nous disons qu’il nous faut donc en sortir.
– Ils nous disent putophobes parce que nous luttons contre le proxénétisme, parce que nous estimons que la prostitution est un produit de la phallocratie, qui devrait être aboli avec elle, et que les personnes en situation de prostitution devraient être aidées à en sortir.
– Ils nous disent eugénistes parce qu’ils ne savent pas ce qu’est l’eugénisme (s’ils savaient, peut-être réaliseraient-ils que ce sont eux qui sont eugénistes, étant donné leur soutien irréfléchi de la PMA, de la GPA et du technologisme en général). Ils nous disent eugénistes tandis qu’ils soutiennent activement la stérilisation des enfants non conformes aux stéréotypes sexistes (les bloqueurs de puberté empêchent le processus de puberté, c’est à dire, le développement et la maturation du cerveau, des organes génitaux et du système reproducteur, de manière irréversible).
– Ils nous disent essentialistes parce qu’ils ne savent pas non plus ce qu’est l’essentialisme, eux qui considèrent qu’un homme faisant état d’un « sentiment » (ou « ressenti ») de féminité, d’une sorte d’essence prétendument féminine, est une femme.
– Ils emploient des méthodes indignes pour défendre des idées qui le sont tout autant, en affirmant fièrement qu’il ne doit surtout pas y avoir de débat. Au moyen de sophismes grossiers et en recourant à une manipulation émotionnelle, ils prétendent que le débat menacerait l’existence de divers individus, cependant que leurs idées et leur lobbying institutionnel produisent des changements législatifs et sociétaux dont les effets concrets menacent un grand nombre de vies, notamment de femmes et d’enfants.
Tous ces procédés malhonnêtes visent à décrédibiliser et faire taire les femmes qui luttent pour leurs droits et les hommes qui les soutiennent. Nous appelons donc au soutien de notre rencontre écoféministe.
ping @mad_meg, un podcast long à écouter en travaillant :p
#femmes #féminisme #écologie #écoféminisme #théorie #censure #genre #sexisme #queer #essentialisme #matérialisme
Et pourtant elles parlent
▻https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article1768
Samedi 19 novembre 2022, Floraisons et Deep Green Resistance France organisaient une réunion publique « Ecoféminisme et résistance » à Lyon (voir présentation ci-après). L’événement, initialement programmé à la Maison de l’écologie, « tiers-lieu écologiste radical », a dû être déplacé en un lieu discret réservé aux inscrits, suite à son annulation par la Maison de l’écologie. Laquelle a cédé aux injures, menaces et intimidations déferlant, via les réseaux sociaux, d’activistes gauchistes, néo-sexistes, queer et LGBT les jours précédant la rencontre ; ainsi qu’aux pressions de ses partenaires politiques d’EELV. Une soixantaine de personnes ont pu discuter durant près de trois heures, et les échanges ont été enregistrés. Pour savoir ce que les annulateurs ne voulaient pas qu’il soit dit librement, vous pouvez écouter (...)
▻https://floraisons.blog
►http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=545
►http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=559
►http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=547
►http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=885 #Faits_divers
►https://d3ctxlq1ktw2nl.cloudfront.net/staging/2022-10-21/3002b7ff-211d-f333-764f-cef96970be40.mp3
L’inflazione, ultimo tentativo di salvataggio dello status quo ?
R. F. e B. A.
▻http://illatocattivo.blogspot.com/2022/10/linflazione-ultimo-tentativo-di.html
«Un anno fa (aprile 2021), concludevamo il terzo episodio della nostra serie sulla crisi da Covid con delle proiezioni sui possibili scenari dell’ulteriore sviluppo di quella crisi. Uno di questi scenari era il «ritorno dell’inflazione». [...] Oggi il ritorno dell’inflazione non è più in dubbio, anche se la discussione è aperta sulla sua durata. In questo episodio, si tratterà non solo di analizzarne le cause profonde, ma anche di coglierne le implicazioni, soprattutto dal punto di vista della massiccia devalorizzazione (e della concomitante crisi sociale) che abbiamo prospettato. L’inflazione attuale può condurre a uno scongelamento/aggravamento della crisi, contrariando la traiettoria di uscita dalla recessione? Può essere portatrice di una forte ripresa delle lotte sul posto di lavoro, unico possibile innesco della grande ristrutturazione di cui il capitale sembra oggi così bisognoso? Queste sono le domande a cui cercheremo di rispondere sulla base degli elementi strutturali che, al di là dei fattori più immediati e superficiali, sono all’origine dell’inflazione attuale: la brutale caduta del saggio di profitto e la crisi della perequazione distorta del medesimo.»
#comunizzazione #comunismo #teoria #communisation #communisme #théorie
]]>Théorie communiste : nouvelles traductions en espagnol
▻http://dndf.org/?p=20331
Traduction de 3 textes du nº 15 (A propos du texte “Sur la decadence” de Aufheben, Sur la critique de l’objectivisme, Quelques problèmes théoriques à partir de l’objectivisme et de la théorie de la décadence), du nº 25 (Note méthodologique), la présentation de TC dans le site web (Qui sommes nous ?) et deux textes hors de revue, (Crise et théories des crises et À propos de la dialectique systématique)…dndf
]]>Le vote par approbation : un scrutin plus démocratique ?
▻https://lvsl.fr/le-vote-par-approbation-un-scrutin-plus-democratique
Le vote par approbation modifie très peu nos habitudes de vote, et à bien des égards, nous le pratiquons déjà : questionnaire à choix multiples, choix de dates, et Doodle en tous genres. Simple, instinctif même, mais pas seulement. Ce petit changement dans la manière de voter permet de résoudre les deux principaux problèmes de notre mode de scrutin actuel, à savoir le Spoiler effect et le vote utile qui empêche le vote de conviction.
]]>Quelques textes de Théorie communiste 23 et 25 en castillan
▻http://dndf.org/?p=20277
Traduction en castillan des textes des nºs 23 (“Distinction de genres, programmatisme et communisation” et “Autoprésupposition du capital : essence / surface / fétichisme”) et 25 (“Comme un marasme”, “Se positionner” et “Race et racisation”).
]]>Laurie Laufer : « La psychanalyse a du mal à inventer un autre langage, à penser au-delà de Freud et Lacan »
Alors que les études de genre, les savoirs et les théories LGBTQI + ont inventé d’autres perspectives en matière de sexualité, la discipline s’est quelque peu refermée sur elle-même et doit intégrer les changements sociétaux, explique la psychanalyste dans un entretien au « Monde ».
Dans son ouvrage Vers une psychanalyse émancipée. Renouer avec la subversion (La Découverte, 240 pages, 18,50 euros), la psychanalyste Laurie Laufer dresse une critique sévère de sa discipline. Repliée sur elle-même, cette dernière serait dépassée, voire à contre-courant de notre société, certains psychanalystes n’hésitant pas à afficher leurs opinions contre le mariage pour tous ou contre la PMA pour les couples de femmes. Alors, la psychanalyse a-t-elle encore des choses à dire, et si oui, lesquelles ? Laurie Laufer, également professeure des universités à Paris-Cité et directrice de l’UFR Institut humanités, sciences et sociétés, invite à une relecture des principes fondateurs de sa discipline en replaçant le sujet – qu’il soit hétérosexuel, bi, homo, trans ou intersexe – au cœur de son travail analytique, sans négliger le contexte social et politique dans lequel s’inscrit sa démarche.
Des grands concepts psychanalytiques sont aujourd’hui rejetés par les mouvements LGBTQI +, quels sont-ils ?
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Il me semble que ce qui est plutôt rejeté, ce ne sont pas tant les concepts qu’a développés Freud, mais la façon dont certains psychanalystes les utilisent. Si des praticiens considèrent que la différence des sexes – l’un des principes fondateurs de la psychanalyse – revient à dire que l’anatomie fait le destin, cela produit une position normée et normative. Je pense que ce qui est rejeté, à juste titre, c’est la hiérarchisation, ce sont les discriminations et les oppressions que produit l’idée de la différenciation binaire. L’hétéronormativité – et la binarité qui va avec – participe d’un discours dominant, issu de ceux qui ont le privilège de ne pas être inquiétés par cette différenciation.
De même, la notion de « femme phallique », ou de femme « puissante », est toujours considérée de manière péjorative ou dénigrante par la doxa. Mais pourquoi serait-il pathologique pour une femme de souhaiter obtenir ce que les hommes ont comme privilèges ? On associe souvent les termes « femme », « passive », « soumise » et « masochiste ». Mais à force de répéter cette association, on l’intègre. C’est notamment ce que souligne la philosophe américaine Judith Butler : nous jouons et rejouons dans le champ social les normes de genre que nous avons intériorisées ; si je veux me faire reconnaître comme femme, alors je dois jouer la passivité, la soumission, etc. Ce qui est intéressant, c’est de voir comment la psychanalyse peut créer les conditions pour défaire cette chaîne de mots socialement intégrée.
Vous rappelez que, pour Freud, l’homosexualité est une « variation de la fonction sexuelle ». D’aucuns soutiennent que la psychanalyse prédispose à l’homophobie…
C’est en partie vrai. Plusieurs textes écrits par des psychanalystes traitaient l’homosexualité comme s’il fallait la guérir, sous-entendant que c’était une maladie. Mais ce n’est pas ce que dit Freud. Selon lui, l’homosexualité est « un choix d’objet », comme l’hétérosexualité. Il y a une sorte de détermination inconsciente qui fait que le sujet choisit son objet. C’est une forme de contingence, en somme.
Rappelons-nous qu’à partir des années 1920 il y a un conflit majeur entre [le psychiatre et psychanalyste gallois - 1879-1958 ] Ernest Jones et Sigmund Freud. Jones s’oppose à Freud en assurant qu’une personne homosexuelle ne peut pas devenir psychanalyste. Cette pensée a irrigué la formation des analystes. Mais personne ne s’étonne qu’un hétérosexuel puisse analyser un autre hétérosexuel.
Est-ce à dire que ce sont les disciples de Freud qui ont pathologisé l’orientation sexuelle ou l’identité de genre ?
Il est compliqué de l’affirmer, car vous pouvez lire Freud et trouver dans ses textes de l’homophobie. Il en est de même avec Lacan et la transphobie. Mais lorsque Lacan commente l’œuvre de Freud, il invite à toujours replacer ses concepts dans leur contexte historique. Il n’a d’ailleurs cessé de dire qu’il fallait réinventer la psychanalyse en permanence.
En tant que psychanalyste, j’ai appris de ces concepts-là. Mais ce qui importe, c’est la façon dont je peux m’y référer, en lien avec les situations cliniques que je rencontre. A savoir, des configurations familiales et sexuelles différentes de l’époque de Freud ou Lacan.
Du reste, il n’y a pas de raisons pour que la psychanalyse actuelle échappe à la droitisation de la sphère publique et politique. L’analyste n’est pas tout-puissant, en surplomb par rapport à son époque. Il y a donc des psychanalystes qui ont des positions politiques conservatrices.
La psychanalyse a-t-elle finalement oublié d’être subversive, comme elle l’a été au moment de sa fondation ?
Dire, comme l’a fait Freud, que l’homosexualité est une variation sexuelle, que la vie psychique est amorale, que l’enfant est un pervers polymorphe – au moment où on le considère comme candide et innocent –, tout cela est extrêmement subversif pour l’époque.
On peut rappeler qu’en 1886 le psychiatre allemand Krafft-Ebing (1840-1902) écrit Psychopathia sexualis, ouvrage dans lequel il répertorie toutes les « déviances sexuelles », c’est-à-dire, selon lui, les actes sexuels qui ne visent pas la reproduction de l’espèce. Freud rompt avec cette idée. La question, aujourd’hui, pour moi, est de comprendre comment la psychanalyse s’est moralisée et normalisée. Et c’est en cela que Michel Foucault [1926-1984] m’intéresse. En 1975, dans une interview, il demande : « Qu’est-ce que c’est que cette pudeur sacralisante qui consiste à dire que la psychanalyse n’a rien à voir avec la normalisation ? »
Certains psychanalystes sont restés enfermés dans la binarité sexuelle et de genre, et il y a une sorte d’affolement dès qu’on parle du corps. Car le corps est révolutionnaire, puissant, il n’est pas simplement anatomique. Il est également politique. C’est le support des formes de libération. Et c’est cette question que soulèvent la pensée, les savoirs et les théories LGBTQI +. Que peut un corps ? Beaucoup de choses, je crois. Ce sont les corps, les sexualités qui peuvent mettre le désordre dans un ordre social rigidifié.
Les psychanalystes ne sont-ils pas suffisamment curieux ?
C’est souvent compliqué de penser le « désordre » pour un psychanalyste, habitué à la différence des sexes et à la norme sexuelle. La pathologisation peut servir à calmer l’angoisse d’un praticien qui ne sait pas entendre une personne LGBTQI +. Il est des analystes qui préfèrent dire que ce sont des pervers ou des psychotiques, car ils n’arrivent pas à penser les personnes LGBTQI + en dehors des catégories qu’ils ont eux-mêmes figées. Ils n’ont pas vu l’aspect politique des mouvements LGBTQI + et sont restés sourds aux avancées scientifiques qui, tout au long du XXe siècle, ont remis en cause la binarité. Ils pensent une psychanalyse « hors histoire ».
Lors de la Manif pour tous, l’expression de catastrophe anthropologique, utilisée par plusieurs psychanalystes, a été reprise en chœur par les anti-mariage pour tous et par les transphobes, se revendiquant de « la » psychanalyse, ainsi instrumentalisée. Qu’est-ce qui nous fait croire qu’il faut un père et une mère pour élever un enfant ? La question de l’œdipe est bien plus complexe que cela. L’anthropologie et la sociologie nous permettent de comprendre qu’il y a une multiplicité de formes de familles possibles.
C’est donc cela que vous tentez de faire dans votre ouvrage, repenser votre discipline en l’inscrivant dans son temps ?
L’idée de mon livre, ce n’est pas de dire « voilà ce que la psychanalyse peut dire des LGBTQI + », mais « voilà ce que les personnes LGBTQI + peuvent faire entendre à la psychanalyse ». Il s’agit d’analyser la façon dont la psychanalyse peut se laisser instruire par un autre discours, qui ne soit pas un discours autoréférencé. Parfois, j’ai l’impression que les psychanalystes parlent de la psychanalyse aux psychanalystes. Il faut sortir de sa bulle : le monde existe autour de nous !
Il y a des psychanalystes qui considèrent les identités LGBTQI + comme de la « perversion sociale ». Moi, cela ne m’intéresse pas. Je ne suis pas une experte en diagnostic, et je ne suis pas dans une approche pathologisante. Quand un patient vient en séance, ma question n’est pas de savoir qui il/elle aime. Je ne suis pas là pour faire de la morale.
Les mouvements LGBTQI + parlent de sexualité, de désir, de genre – tout ce qui intéresse la psychanalyse. Ils et elles ont écrit, pensé, produit des savoirs. A l’exception majeure de l’Ecole lacanienne de psychanalyse (ELP), qui a introduit un dialogue entre les théoriciens queers et la psychanalyse, comment se fait-il que la discipline ne soit pas allée regarder du côté de ce nouveau corpus théorique ?
De quoi la psychanalyse souffre-t-elle aujourd’hui ?
Je trouve que la psychanalyse n’a pas suffisamment travaillé à une épistémologie critique, à une réflexivité sur l’émergence de ses propres concepts. Comme l’a écrit le philosophe et théologien Michel de Certeau [1925-1986] dans Histoire et psychanalyse entre science et fiction (Gallimard, 1987) : « Là où la psychanalyse “oublie” sa propre historicité (…), elle devient ou un mécanisme de pulsions, ou un dogmatisme du discours, ou une gnose de symboles. » Je crois aussi qu’il ne faut pas négliger le poids des écoles psychanalytiques. II y a une sorte d’autoréférence permanente dans les formations. La psychanalyse a également du mal à inventer un autre langage, à penser au-delà de Freud et Lacan.
Quel risque la psychanalyse court-elle en ne se réinventant pas ?
Le risque – si c’est un risque – est d’amplifier cette idée que la psychanalyse est une pratique normative, réactionnaire. Je n’ai pas envie de sauver « la » psychanalyse, je pense simplement qu’il y a une autre façon de la pratiquer. Il y a aujourd’hui des psychanalystes qui intègrent les éléments de la théorie critique et les éléments politiques de notre société : les choses changent. Plusieurs psychanalystes se sont récemment déclarés homosexuels : c’est un geste éminemment politique. Aujourd’hui, il y a d’ailleurs une demande de « psy safe », à savoir des psys concernés ou alliés. Mais tout le monde devrait être concerné par la violence, la discrimination ou l’oppression. Depuis quand accepte-t-on que quelqu’un se fasse détruire ? C’est quand même curieux, non ?
La psychanalyse a donc un réel intérêt pour les personnes LGBTQI + ?
Il n’y a pas d’analyse « pour » les LGBTQI + : cela sous-entendrait qu’il y a un « eux », et un « nous » universel. En revanche, il peut y avoir des contextes de discrimination et d’oppression qui produisent des effets réels. Mais si une personne souffre ou a envie de parler à quelqu’un, de s’inventer, de retrouver des capacités d’agir et d’aimer, un élan érotique, alors la psychanalyse peut être une expérience intéressante. Judith Butler parle de l’agency– la puissance, la capacité d’agir – ainsi : « Qu’est-ce que je fais avec ce que l’on fait de moi ? » Pour le dire autrement, que fait-on avec les assignations dans lesquelles on est enfermé ? Pour l’expérience analytique, j’ajouterais : comment fais-je avec ce que je ne sais pas de moi-même ?
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/08/14/laurie-laufer-la-psychanalyse-a-du-mal-a-inventer-un-autre-langage-a-penser-
#théorie #historicité #hétéronormativité #psychanalyse #droitisation #pathologisation #normes #femmes #homosexualité #homophobie #corps #sexualité
]]>Théorie Communiste - À propos de la révolte dite des « #GiletsJaunes »
▻http://dndf.org/?p=20248
De ce point de vue, un mouvement comme celui des Gilets jaunes permet de préciser quelques points au sujet de la restructuration-contre révolution. Pour le moment une « restructuration » demeure encore très hypothétique. Mais si nous commençons à y réfléchir à partir des caractéristiques particulières de la crise actuelle du mode de production, le « populisme » n’est en aucune façon le contenu de la contre-révolution / restructuration pouvant advenir. Le « populisme » ne porte pas de « réponses économiques » et il ne pourra être le socle sur lequel se bâtit une restructuration. Il faudra des luttes d’une tout autre ampleur mondialement et qu’elles soient battues (ce qui n’est pas évident) pour que se définisse une restructuration. Pour l’instant, nous pouvons seulement avancer que des mouvements comme celui des Gilets jaunes (et bien d’autres actuellement) portent sur la spécificité de la crise : la rupture de la relation entre valorisation du capital et reproduction de la force de travail (ce qui n’est qu’une façon de désigner la mondialisation). Ce qui ne veut pas dire que ces mouvements présentent une « solution ». L’important, ce qui est la force et la limite de ces luttes, c’est que la spécificité de la crise est « seulement » désignée au niveau même et dans les termes mêmes où elle se présente et apparaît : comme distribution et redistribution (ce qui n’est pas sans relation avec la composition sociologique du mouvement). Ni Macron, ni les Gilets jaunes, ni même leur conflit, ne représentent alors une restructuration à venir. Pour l’instant, ce conflit est concrètement, pragmatiquement, l’existence manifeste et en actes de la contradiction à résoudre : réarticuler mondialement l’accumulation du capital et la reproduction de la force de travail globale. C’est déjà très important, mais c’est tout. Il faut ajouter cependant que la façon dont, dans le cas des Gilets jaunes, la contradiction à résoudre est posée par ceux qu’elle désigne comme ses porteurs s’accompagne de trois grandes absences : les « pauvres de centre-ville » (majoritaires parmi les personnes en dessous du seuil de pauvreté) ; les prolétaires des cités de banlieues ; les ouvriers des entreprises de plus de cent ou deux cent salariés (il y en avait dans le mouvement mais c’était marginal). Comme si nous avions avec les ronds-points une forme de socialisation revendicative de ceux et celles pour qui cette socialisation est impossible dans le cadre du travail même. Constater la chose n’implique aucune hiérarchie entre ces deux formes de socialisation revendicative et même on peut dire que celle des ronds-points brise l’idiotisme de métiers. En partant de la distribution en général, en dehors de catégorisations professionnelles, c’était toute la vie quotidienne qui était en jeu et ça c’était fort.
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