• Der Flow der Straße: Schöneberg-Tipps von Calla Henkel und Max Pitegoff
    https://www.monopol-magazin.de/der-flow-der-strasse

    Das Künstlerpaar Calla Henkel und Max Pitegoff zeigt seine Nachbarschaft im Berliner Stadtteil Schöneberg

    The artist duo Calla Henkel and Max Pitegoff show off their Schöneberg neighborhood in Berlin

    TV Bar

    Gemeinsam leiten wir die Künstlerbar TV, die Freitag und Samstag von sieben bis spät in die Nacht geöffnet hat. Die Toiletten dort sind mit Graffiti von Karl Holmqvist versehen, ein Kronleuchter von Klara Lidén baumelt im Hauptraum von der Decke. Es ist ein Projektraum und Performance-Space, in dem es noch relativ günstige Drinks gibt – serviert von Künstlerinnen oder Musikern oder beidem. Für unsere Empfehlungen haben wir uns auf das Drumherum unserer Bar fokussiert und Orte rausgesucht, die wir lieben und ohne die diese Nachbarschaft und diese Straße nicht so lebendig wären.

     

    We run TV Bar, open Thursday, Friday, and Saturday from 7pm until late. There, you’ll find graffiti by Karl Holmqvist in the bathroom, a lamp by Klara Lidén hanging in the main space, occasional events and performances, and cheapish drinks made by bartenders, who are all artists or musicians or both. For our recommendations here, we’ve chosen the places near the bar which we love, the ones which keep this neighborhood, and street, alive.

    TV Bar, Potsdamer Str. 151, 10783 Berlin

     

    Atlantik Fischladen

    Wenn man genug Zeit auf der Potsdamer Straße verbringt, werden die rhythmischen Wellen des Verkehrs zu ozeanischen Geräuschen. Es gibt keinen anderen Ort, der den mediterranen Heavy-Metal-Flow der Straße so gut aufnimmt wie der Atlantik Fischladen. Bestell hier auf jeden Fall die Sardinen und Pommes frites.

    If you spend enough time on Potsdamer Strasse, the rhythmic waves of traffic become oceanic. And there is no other place that embraces the heavy metal Mediterranean flow of the street like Atlantik Fischladen. Order the sardines and French fries.

    Atlantik Fischladen, Potsdamer Str. 166, 10783 Berlin

     

    Khan Aljanub

    Wir verabscheuen den Begriff „verstecktes Juwel“, aber es ist die einzig passende Art, diese Buchhandlung, die sich in der Remise im Hinterhof der TV Bar befindet, zu beschreiben. Angesichts eines Mangels an arabischen Büchern in Deutschland eröffnete Fadi Abdelnour die Buchhandlung Khan Aljanub im Herbst 2020. Dort findet sich eine große Auswahl arabischer Bücher für Kinder und Erwachsene, einschließlich Übersetzungen ins Englische und Deutsche. Es ist eine wunderschöne Leseoase mit Garten und freundlichen Gastgebern.

    We loathe the term “hidden gem”, but it is the only fitting way to describe this bookstore, nestled in the carriage house of TV Bar’s back courtyard. Recognizing there was a lack of places to buy Arabic books in Germany, Khan Aljanub opened in 2020 with a wide selection for children and adults, including translations into English and German. It is a beautiful oasis for reading, replete with garden and gracious hosts.

    Khan Aljanub, Potsdamer Str. 151, 10783 Berlin

     

    Malakeh

    Malakeh Jazmati ist eine aus Syrien stammende Starköchin. Sie zog 2015 nach Berlin und serviert nun gemeinsam mit ihrem Mann wahnsinnig köstliches Essen in ihrem Restaurant in der Potsdamer Straße. Das Mosa’a mit Auberginen ist weltbewegend. Da das kleine Restaurant oft überfüllt ist, kann man sich, wenn man keinen Tisch bekommt, einfach nebenan in die TV Bar setzen – die Bestellung wird gebracht.

    Malekeh Jazmati, a celebrity chef from Syria, moved to Berlin in 2015 and now, together with her husband, serves deliriously delicious food at her beloved namesake restaurant on Potsdamer Strasse. The mosa’a with eggplant is earth shattering. The place is often packed, so if you can’t get a table, you can sit next door at TV Bar and they will bring over your order.

    Malakeh, Potsdamer Str. 153, 10783 Berlin

     

    Begine

    Diese Empfehlung ist nur für Frauen: Begine ist ein lesbisch geprägtes Café, das seit 1986 in einem besetzten Gebäude betrieben wird und eine Vielzahl von Filmvorführungen, Vorträgen und Spieleabenden veranstaltet. Es ist der perfekte Ort für einen Kaffee oder ein Bier am frühen Abend. Gleichzeitig ist es ein generationenübergreifender Treffpunkt für Lesben in der Gegend und eine Erinnerung daran, dass der Aufbau einer gemeinsamen Welt möglich ist.

    This recommendation is for women only. Begine is a lesbian-centered café operating from a squatted building since 1986, and hosts a variety of screenings, talks, and game nights. It is the perfect place for an early evening beer or coffee, an intergenerational meeting place for lesbians in the area, and a reminder that collective world building is possible.

    Begine, Potsdamer Str. 139, 10783 Berlin

     

    Hopscotch Reading Room

    Im Hopscotch herrscht ein konstantes Brummen: ein Ort vollgepackt mit Büchern, aber auch mit Menschen, Veranstaltungen, Lesungen und sogar einer Bar. Das Geschehen erstreckt sich meistens bis in den Innenhof. Siddhartha Lokanandi dirigiert alles und kennt sich bestens mit den nicht westlichen und diasporischen Perspektiven aus, die die Regale füllen. Er hat immer eine Empfehlung parat, die sich in der Regel als genau das herausstellt, was man will (und vielleicht auch braucht).

    There is a constant hum of electricity at Hopscotch, packed with books, but also people, events, readings, and even a bar, all of which spill out into the courtyard. Siddhartha Lokanandi orchestrates all of it, and is deeply knowledgeable on the non-Western and diasporic perspectives that line their shelves, always quick with a recommendation which usually turns out to be exactly what you wanted (and maybe needed).

    Hopscotch Reading Room, Kurfürstenstr. 13/14, Aufgang B, 10785 Berlin❞

    #Berlin #Schöneberg #Tiergarten #Potsdamer_Straße #Kurfürstenstraße #Kultur #Gastronomie #Tourismus

  • La Bulle et la Fête - Etourisme.info
    https://www.etourisme.info/la-bulle-et-la-fete

    Librement romancé et inspiré par « Le grand krach de l’attention – la publicité une bombe au cœur de l’Internet » de Tim Hwang, écrivain, avocat et chercheur sur l’impact politique des technologies. Toute ressemblance avec des personnages existants serait purement fortuite (ou pas).

    Cédric Chabricole était la nouvelle recrue dans la rédaction. Il n’en menait pas large dans le couloir étroit qui le dirigeait tout droit vers le bureau du rédacteur en chef. On pouvait lire « JLB » en lettres capitales, imposantes et dorées sur la porte capitonnée dont l’aspect feutré jurait avec le reste de l’open space central composé de bric et de broc. Avec le succès exponentiel de la jeune entreprise, l’ameublement ne suivait pas le recrutement frénétique des auteurs pour assouvir l’insatiabilité productiviste de JLB. « Un article par jour ou rien ! » C’est le mantra que le rédacteur en chef prononçait tous les matins en sortant de l’ascenseur, d’une voix tonitruante qui faisait sursauter les vaillantes équipes en place dès potron-minet ; elles n’en pouvaient plus de ce rythme de publication insoutenable, mais le capitaine du navire tenait bon. Il faut dire qu’il avait la pression des actionnaires depuis que l’association etourisme.info avait été rachetée par les P&P, de riches canadiens excentriques dont on ne connaissait que les initiales de leur prénom et leur avatar dans le métavers, pour en faire un média international qui dépasserait les frontières francophones.

    « J’ai lu votre papier et je suis assez circonspect. J’ai les Canadiens qui me collent aux basques chaque année lors du Conseil d’Administration de clôture des comptes. Ils m’attendent sur les taux de clics heureusement toujours en hausse grâce à François notre webmarketeur senior qui optimise notre budget publicitaire on-line comme un basque, en obtenant des taux d’engagement ha-llu-ci-nants ! ».

    François avait été engagé comme community manager puis son poste avait évolué comme gestionnaire de campagnes depuis que le classement des destinations sur les réseaux sociaux était exactement proportionnel à celui des organismes qui investissaient le plus en publicité. Par ailleurs, les influenceurs avaient supplanté les community managers dans l’animation des communautés. Un comble puisque ces mêmes community managers avaient porté aux nues les influenceurs à grandes embardées de programmes d’ambassadeurs et autres rencontres entre Instagrammeurs, sans même se douter qu’ils étaient en train de scier la branche sur laquelle ils étaient assis. On enseignait même l’influence à l’Université avec des listes d’attentes interminables pour intégrer le cursus de formation vers un nouveau métier qui faisait rêver les jeunes bien plus que boulanger, pompier, médecin et même cuisinier dans la restauration. Ce qui n’était pas pour faciliter la pénurie de main d’œuvre dans l’industrie touristique.

    — Je vois que vous êtes réceptif, nous allons pouvoir rentrer dans le vif du sujet. Donc mon chez Chabricole, dans votre papier, vous insinuez que nous vivons dans une utopie et vous prétendez que la bulle de la publicité en ligne est prête à exploser alors que le marché a atteint 427 milliards de dollars ! Pour étayer votre thèse, vous faîtes en plus un parallèle avec les marchés financiers. Là sincèrement j’ai du mal à suivre ! Interrogea-t-il d’un air circonspect.

    -- Tout à fait répondit Cédric. Le marché de la publicité en ligne s’est largement inspiré de celui des salles de marché. Par exemple, on achète des publicités programmatiques aux enchères en quelques clics, à une vitesse vertigineuse l’inventaire publicitaire et la position des annonces sont mis à jour grâce à de nombreux algorithmes. On vend de l’espace publicitaire comme on vend des confits de canards ! Dit autrement, on regroupe des moments d’attention en actifs liquides distincts qui sont achetés et vendus sans difficultés sur un marché mondial, jour et nuit.

    — Je poursuivrais sur ce point Monsieur Bourrin, je veux dire Jean-Luc, se reprit rapidement Cédric. Google et Meta concentrent la majorité des budgets d’annonceurs et leur chiffre d’affaires provient à 90% de la publicité. Ainsi l’apparente gratuité des services pour l’utilisateur est en réalité financée par les annonceurs ! De plus, ces plateformes reversent très peu d’imposition dans le système fiscal des pays depuis lesquels ils dégagent de colossaux bénéfices, surpassant même le PIB de tout un pays. Surtout, ils sont à la fois juges et parties. Google fournit même pernicieusement Analytics, un logiciel d’analyse du trafic des sites Web, la firme maîtrise ainsi la chaîne de bout en bout depuis la gestion des annonces publicitaires (avec AdWords, AdSense) jusqu’aux résultats statistiques (Analytics). Enfin, je terminerais sur ce point : aucun organisme n’est habilité à vérifier quotidiennement la fiabilité des données. Quand bien même ce tiers existerait, privé ou public, on pourrait s’interroger sur sa propre légitimité puisque sa viabilité dépendrait de la pérennité du système dans lequel il s’inscrirait. CQFD ! Conclu-t-il avec l’assurance inébranlable d’un camelot.

    Des cris de plus en plus proches venaient distinctement perturber cette séquence mélancolique. Des pas de plus en plus pressés semblaient s’approcher quand soudain la porte s’ouvrit dans un vacarme retentissant. Lorsque François pénétra dans la pièce, il s’exclama :

    -- Bourrin, c’est la fin !

    -- La fin de quoi bon Dieu ? jura Jean-Luc avec inquiétude.

    -- Vous n’avez pas entendu les infos ? La bulle de la publicité en ligne a explosé ! Des lanceurs d’alertes ont tout balancé ! Un dossier long comme mon bras ! Tout le monde panique, Zuckerberg est parti se cacher dans le métavers, plus personne ne sait où il se trouve, c’est malin. Google annonce la fermeture de Adwords et de tous ces services relatifs à la publicité en ligne, c’est un cataclysme. J’en passe ! Mon job est foutu ! Je peux déjà mettre en vente mon appartement à Saint-Jean-de-Luz pour assurer mes arrières. Mais comment ? Si je ne peux plus faire de publicités en ligne, c’est inextricable !

    Pendant quelques minutes, le temps était comme suspendu. Plus personne n’osait prononcer un seul mot, même Ludovic avait décroché de son smartphone et semblait lui aussi happé par l’instant fatidique qui se jouait. Seul Pierre semblait complétement détaché de la scène, il avait déjà anticipé et misé sur d’autres leviers de visibilité que la publicité en ligne.

    #Tim_Hwang #Krach_attention

  • Nous, les exilés (sur Briançon et la situation dans les #Hautes-Alpes)

    –-> série : Là où se cristallisent les questions d’aujourd’hui

    #Didier_Fassin (interviewé aux Terrasses solidaires, où il exerce bénévolement en tant que médecin et est présent en tant que chercheur) :
    (à retranscrire :-))

    –-

    Didier Fassin :

    « Des visages fatigués, épuisés. Des regards qui contiennent presque toujours au moins une lueur d’espoir. Malgré les épreuves déjà traversées. Elles et ils … sont environ 80 millions. 80 millions, soit un peu plus d’1% de la population mondiale. Eux, ce sont les exilés d’aujourd’hui. Dans un monde sous haute tension, personne n’est à l’abri. Vous, moi, nous serons peut-être les exilés de demain. En attendant, là maintenant : comment accueillir ces personnes qui arrivent dans nos régions ? Quelle hospitalité sommes-nous prêts à leur réserver ? Quels dispositifs établir aux frontières ? Et faut-il craindre le fameux appel d’air ? Ces questions, nous allons les déplier en altitude, du côté de Briançon, là où des exilés traversent la montagne au péril de leur vie. »

    Avec Isabelle Lorre (la coordinatrice du programme « migrations frontière transalpine » à Médecins du Monde sur Briançon), Sylvain Eymard (gestionnaire de l’association « Les Terrasses solidaires »), Didier Fassin (anthropologue, sociologue et médecin français. Il est professeur à l’Institute for Advanced Study de Princeton et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris), Jean Gaboriau (l’un des responsables de « Refuges solidaires »), Stéphanie Besson (cofondatrice du mouvement citoyens « Tous migrants » et autrice de « Trouver refuge : histoires vécues par-delà les frontières » chez Glénat), Agnès Antoine ( membre de “Tous migrants”), deux gendarmes et quelques exilés.

    https://www.rtbf.be/auvio/detail_passe-montagne-la-ou-se-cristallisent-les-questions-d-aujourd-hui?id=291

    #podcast #audio #asile #migrations #réfugiés #montagne #Alpes #Briançon #hospitalité #Briançonnais #Hautes-Alpes #Terrasses_solidaires #militarisation_de_la_frontière #risques #chasse_à_l'homme #chutes #traque #tiers-lieu #santé #blessures #efficacité #non-efficacité #spectacle #Didier_Fassin #spectacularisation #performance #inhumanité #inhumanité_institutionnalisée #inhumanité_d'Etat

    ping @_kg_

  • The Despotism of #Isaias_Afewerki: Eritrea’s dictator makes his move on #Tigray

    No country in the world has a purer autocracy than Eritrea. The state of Eritrea is one man, Isaias Afewerki, who for twenty years was the leader of a formidable insurgent army that won a war of liberation against Ethiopia in 1991, and who has since ruled as president without constraint on his power. Three decades after independence, Eritrea has no constitution, no elections, no legislature, and no published budget. Its judiciary is under the president’s thumb, its press nonexistent. The only institutions that function are the army and security. There is compulsory and indefinite national service. The army generals, presidential advisers, and diplomats have been essentially unchanged for twenty-five years. The country has a population of 3.5 million, and more than half a million have fled as refugees—the highest ratio in the world next to Syria and Ukraine.

    President Isaias—Eritreans use the first name—got to his position and held it because his overriding concern is power. The country has no shrill personality cult, no slavish performances of obedience to the leader. Isaias is an underestimated cypher, a lesson in understated ruthlessness. In an era when autocrats have adopted new guises and mastered new tactics, he has persevered with old-fashioned forms of absolute despotism. He has not even pretended to change. He simply outlasted his most vigilant adversaries, expecting that, in due course, a new set of foreign leaders and diplomats would suffer amnesia, gamble on appeasement, or simply not care about norms of human rights and democracy.

    The latest twist to Isaias’s despotism is his effort to contrive a war between the federal government in Ethiopia and its antagonists in the region of Tigray. He wants to see both weakened—and Tigray so badly mauled that he can eliminate it as a viable political entity, once and for all.

    Isaias’s logic is genocidal. In November 2020—when the world was distracted by the U.S. election—Isaias sent his army to join Ethiopian Prime Minister Abiy Ahmed’s forces in a war to “crush” the Tigrayans. Abiy gave him political cover, lying about the Eritrean role. After a year of mass killing, rape, and starvation inflicted on Tigray, as well as havoc across Ethiopia and the Horn of Africa more widely, the Tigray war settled into a stalemate. It was broken late last month with a fierce battle between Tigrayan forces and the Ethiopian federal army. The Tigrayans won the first round.

    On the morning of September 1, the second round began. Eritrean artillery opened up huge barrages, firing at Tigrayan defenses while Ethiopian conscripts readied for Isaias’s signal to charge into battle.

    Eritrea was an Italian colony, carved out of the northern reaches of the feudal empire of Ethiopia during the late nineteenth century scramble for Africa. Isaias was born in 1946, five years after Italian defeat in World War II. Eritreans of his generation have a love-hate relationship with their former colonizer. The Italians exploited Eritreans as laborers and denied them education. But the imperial power also made Eritrea special. Italy’s initial interest was in the Red Sea coast, then as now a strategic shoreline. After the opening of the Suez Canal in 1869, as much as one eighth of the world’s maritime commerce passed through the channel between Eritrea and Yemen. The same is true today, and every global power wants a presence in the Red Sea: China’s first overseas station is in next-door Djibouti, and Russia is negotiating for a naval base in Eritrea.

    Benito Mussolini dreamed of a new Roman Empire in Africa, including Libya, Somalia, and Ethiopia—with Eritrea as its model. The colony became Africa’s second biggest manufacturing center after Johannesburg. Architectural historians salivate over Eritrea’s capital Asmara, considered a showpiece for Art Deco buildings. Its Fiat Tagliero gas station modeled on an airplane is especially cherished by aficionados, of whom Isaias is said to be one. Successive wars have left the city undamaged and undeveloped, a museum of modernism. When a tall and ugly contemporary apartment block was built overshadowing the futuristic Fiat garage in 1994, the president is said to have intervened to insist that central Asmara retain its character. It is one of the few places where the fascist emblem of the bundle of sticks remains on public buildings.

    Mussolini’s new Roman Empire was the “first to be freed” by the Allies in 1941. The British Military Administration dismantled much of Eritrea’s industry in the name of war reparations and referred the future status of the territory to the United Nations, which proposed the delicate and ambiguous solution of “federation under the Ethiopian Crown.” The British left in 1952, remembered for impoverishing the territory but introducing a parliament and newspapers. The federal formula required that Emperor Haile Selassie rule with restraint, but after ten years of contrived unification with the rest of Ethiopia, dissolving Eritrea’s autonomous parliament, a small rebellion escalated. The first shots were fired in September 1961, and the Eritrean Liberation Front (ELF)—founded in Cairo the year before—began its guerrilla operations shortly thereafter, with the single goal of independence.

    Isaias was a science student at university in Addis Ababa when he slipped across the border to Sudan and joined the ELF. He dedicated himself to learning Arabic because the rebels relied heavily on Arab countries for support. In 1967, he went to China for military training. On returning to the field, he was dismayed by the ELF’s lack of consistency in applying its revolutionary tenets and its failure to follow the Maoist model of consolidating a base area: any Eritrean nationalist was welcome to join, and differences of opinion were resolved by putting people of different political leanings in different units or holding inconclusive meetings. Along with another leftist who had trained in China, Ramadan Mohammed Nur, Isaias set up the Eritrean People’s Liberation Front (EPLF) in 1970. It was nationalist but also revolutionary.

    Successive Ethiopian regimes—imperial and communist—fought their wars in Eritrea on a huge scale and with unremitting brutality. Once or twice a year, they launched vast ground offensives. The emperor’s forces burned villages and singled out suspected nationalist sympathizers for detention and torture. Haile Selassie was overthrown in a revolution in 1974, and the head of the military junta, Colonel Mengistu Haile Mariam, switched to the Soviet bloc. The USSR supplied an arsenal and trained Ethiopia officers in its use. They mounted artillery barrages at EPLF-held hillside strongholds, after which massed infantry brigades stormed them, time and again, with relentless futility. Daily daytime air raids meant that the EPLF became nocturnal—all activities from transporting supplies to cooking and laundry took place during the hours of darkness. In the EPLF-controlled areas, every dusk, anonymous hillsides would transform into hives of activity as fighters emerged from their hideouts.

    The EPLF’s ethos was egalitarian and ultra-disciplined. That was what ensured its survival under relentless onslaught. Its leaders insisted that Muslims, Christians, and members of all Eritrea’s nine ethno-linguistic groups were considered equal. Rather than postponing its revolutionary agenda until after the war, it enacted land reform and women’s emancipation in its “liberated areas,” and set up schools and hospitals for fighters and civilians alike. During its twenty years of armed struggle, it had no formal ranks, only positions of commander for specific tasks. After liberation, when it set up a memorial to its martyred fighters, the EPLF chose a monument in the shape of a plastic sandal. Manufactured in an underground factory dug out of a mountainside, sheltered from the daily air raids, plastic sandals had been the ubiquitous footwear of the guerrilla fighter.

    This was the image that Isaias projected to the world: an austere revolutionary, first among equals among comrades. Less mentioned was the fact that the EPLF was also Leninist in structure and discipline. The decisions of the central committee, once adopted, were to be implemented without question. Nor did the EPLF hesitate to kill. On many other occasions, EPLF members were executed on the merest suspicion that they might be spies. Scores of Eritreans were “sacrificed” in these purges, and hundreds perished in the vicious internecine war with the older, fissiparous ELF. In one episode from the early days of the EPLF, a band of well-educated volunteers was purged because they dared challenge Isaias. Known as the Menqa—or “bats”—because they supposedly conspired in darkness, the moniker says as much about the executioners as their victims. (Among them was Mussie Tesfamichael, one of Isaias’s close friends from his school days.) The Menqa were at least subjected to a process of investigation, and their fate became the subject of whispered debate. Not so for the next challenge to Isaias, from a group dubbed Yamin—“rightists” in Arabic—many of them highly educated, who simply disappeared without trace. The merciless elimination of dissent is the original sin of many revolutionary movements, a dark spot that cannot be erased.

    Ultimately, would-be dissenters fell in line because the EPLF was an astonishingly effective military machine. To call it a “guerrilla” movement would be a misnomer. It became a conventional army, defending its base areas in mountain trenches and fighting huge armored battles. The town of Nakfa in the desert hills close to the Red Sea—bombed into ruins by day-in-day-out attacks by Ethiopian fighter jets, yet never yielded by the EPLF—became the symbol of their resistance. (Eritrea’s post-independence currency is called the Nakfa.) After years of relentless combat, the EPLF turned the military tide. In fighting at the port city of Massawa in 1990, the EPLF captured ninety-nine Soviet-supplied tanks and inflicted thousands of casualties. They won a decisive victory in 1991, which was duly followed by a 99 percent vote for independence.

    The seven years after liberation were a period of hope for Eritrea. Fighters turned their energies to reconstruction. The diaspora returned, with professionals from Europe and America starting businesses, teaching at the university, and building retirement houses. Aid flowed in. Eritrea had the good will of the world.

    Signs of incipient autocracy, however, were evident from the outset. The secretive, centralized command structure that had been so efficient in wartime didn’t vanish when the EPLF became an ostensibly civilian government. Days before the declaration of independence, fighters protested the decision that they should continue to serve without pay for two more years. A group of disabled veterans marched—there’s no verb that conveys the determined collective motion of their wheelchairs, artificial limbs, and sticks—towards the capital to demand their pensions. They were shot at with live ammunition. Some were killed, others were arrested and disappeared. At a political convention in 1994, the EPLF dissolved itself and established the Popular Front for Democracy and Justice as a civilian political party. It was ostensibly to be one of many in a multi-party system, but in practice, the PFDJ was indistinguishable from the state itself. The EPLF’s shadowy financial network, set up for clandestine arms purchases, morphed into the party-owned Red Sea Trading Corporation, later the focus of UN investigations for a host of illicit activities.

    Veterans began to vote with their feet. Ramadan Nur quit politics. The minister of foreign affairs, Petros Solomon, a hero of the liberation war, asked to be demoted to run the ministry of maritime resources. Following elaborate consultations across the country, a constitution was drafted, but after the Constituent Assembly ratified it and handed it to the president in a ceremony at the national stadium, no more was heard about elections, an independent judiciary, or freedom of the press. Isaias had a reputation for knowing Eritreans one by one, forgetting no one, with an uncanny ability to espy their secrets. His intelligence network was both invisible and pervasive.

    In May 1998, Isaias escalated a border skirmish into a war with Ethiopia, which was governed at the time by a sister revolutionary movement, the Ethiopian People’s Revolutionary Democratic Front (EPRDF). Ethiopia had a tradition of martial imperialism that the Eritrean leader had learned to fear. Isaias’s border incursion—claiming a small town known as Badme—re-awoke Ethiopia’s militaristic spirit.

    The battle that was unfolding was both a comrades’ war and a cousins’ conflict. The two sides knew each other intimately. The EPRDF coalition was dominated by the Tigrayan People’s Liberation Front (TPLF), founded during the revolution of 1974–1975. Over the next seventeen years, the EPLF and TPLF literally fought in the same trenches against Mengistu’s army, which employed Soviet tactics of relentless obliteration by artillery and airstrikes and massed infantry assaults.

    During that time, the EPLF and TPLF resisted with astonishing stoicism. But they also quarreled over doctrine and tactics. While the EPLF dug trenches to defend their base area in the desert mountains of northern Eritrea, the TPLF waged a textbook guerrilla war among peasant villages, withdrawing when the government army attacked and counterattacking when they could fight on their own terms. They disagreed over political doctrines too, in arcane debates that a generation later seem to belong in the seminars of Marxist theoreticians. Was the Soviet Union a “social imperialist” or ultimately an ally, even though it was the major backer of Mengistu? Were Ethiopia’s diverse ethnic groups—known in Marxist terminology as “nationalities”—entitled to self-determination?

    The worst falling out occurred in the depths of the great famine of 1985, when the EPLF closed the main road that brought relief aid from neighboring Sudan. But three years later, they patched up their differences in order to defeat Mengistu, accomplishing the task in May 1991. For the next seven years the EPLF in Asmara and the TPLF/EPRDF in Addis Ababa appeared to be the best of friends. But their differences were deeper than the factionalism of leftist politics.

    Isaias held the TPLF and its leaders in a special contempt. He and many of the Eritrean leaders hailed from the Eritrean highlands, historically coterminous with Tigray. They speak the same language—Tigrinya—and share the same history, dating back to the Axumite kingdom of the first century C.E. that were divided by the colonial boundary drawn at the turn of the twentieth century. Many Eritrean and Tigrayan families are intermarried. Isaias grew up in urban Asmara, where his father was among the first Eritreans to go to secondary school. Middle-class Asmarinos’ maidservants were often from Tigray’s northernmost district, Agame, as were the street sweepers and boys who hawked prickly pears. Their Tigrinya has a different accent. In private, members of the Asmara elite disparage the TPLF—including their leaders—as “Agames,” the sons of their maids. For them, it is unthinkable that Tigrayans could be their military equals or that Tigray’s prosperity could surpass Eritrea’s.

    The ostensible reason for the 1998 war was a minor territorial dispute over the town of Badme. Underneath it was the question of who should be number one in the Horn of Africa—Isaias would never be content to be anything else. A few weeks earlier, when President Bill Clinton had traveled to meet Africa’s “new brand” of leaders—the other three were Uganda’s Yoweri Museveni, Rwanda’s Paul Kagame, and Ethiopia’s Meles Zenawi—the White House chose Kampala as the venue. To the dismay of White House staffers, Isaias declined the invitation. He knew he wouldn’t dominate the meeting and didn’t want to sign up to a coalition he wouldn’t lead.

    A few weeks after the outbreak of that war, I went to see Isaias with Paulos Tesfagiorgis—who ran the Eritrean Relief Association during the liberation war and had after independence overseen the country’s only human rights organization, the Regional Center for Human Rights and Development, for a brief period until it was shut down. Isaias carefully stage-manages every encounter and likes to meet alone without staff to keep a record. But the Badme War seemed to have shaken him. Arriving at his office, the guards were casual in dress and manner. Security checks were minimal. The receptionist, wearing her fatigues, waved us upstairs. The austere camaraderie of the guerrilla days lingered, but every visitor was monitored.

    The presidential office was an unremarkable Italian-era building with the spacious corridors and high ceilings favored by Mediterranean architects from the era before air conditioning. Isaias’s own office was capacious, simply furnished, and dark. The curtains were drawn, and there was just one dim light shining on a coffee table. Isaias himself sat at a large desk, head in hands. He glanced up only to wave us to sit down. He was wearing a khaki safari suit and plastic sandals.

    We sat, we waited. Then Isaias stood up, more heavily than his frame seemed to warrant—he is tall but slim—and joined us. His few steps were tired, and he slumped into the low chair, summoned coffee, and sighed. His face is normally inscrutable. At that moment he looked weary and wounded. He seemed at a loss for words. What he said next was the only time anyone can recollect any hint of remorse or self-doubt. If it was a performance for our benefit, it was a convincing one. “What have we done?” he asked. “What have I done?”

    But Isaias’s brooding demeanor lasted no more than a minute. As he spoke, he transformed, becoming focused and energized. For more than an hour he surveyed the political and military landscape, the state of world geopolitics, and the failures of the previous seven years. His coffee remained untouched. He shifted his forceful gaze from Paulos to me and back. He was in command of our encounter, and our cups of coffee also went cold.

    Eritrea had made the first gains on the battlefield. From Isaias’s encyclopedic monologue, battalion-by-battalion, he seemed utterly confident in victory. He was up against a much bigger country, however—and as Ethiopia cranked up its military mobilization, it would outnumber and outgun its smaller neighbor. Then again, overcoming long military odds was a familiar predicament for Isaias, even a comfortable one. Since leaving his university studies for the field in the sixties, forging the most efficient insurgent army in Africa, out-fighting Ethiopians was just what he did. We couldn’t tell if he believed in his own mystique, but he was certainly compelling: there was no detail on which Paulos or I could challenge him.

    As Isaias detailed the deployment of his troops, their logistics and fighting capacities, he also portrayed himself as strategist, diplomat, quartermaster, and military tactician. All the other commanders who had led fighters in the previous war faded from his telling. And indeed, many were pushed away from any active role in the command. Isaias was determined that the victory should be his alone. We left the meeting with a clear sense of Isaias’s focused, manic micromanagement of the war, and a glimpse of the dark void that lay behind it. There was also no vision beyond battlefield victory and the inexorable working out of historical inevitability.

    Isaias ran his war and lost it. Perhaps eighty thousand soldiers died on both sides in battles that resembled the western front of World War I. In May 2000, the Ethiopians overran Eritrean trenches, and the rout began. Veteran EPLF commanders hastily took charge of the disarrayed units and organized a last-ditch defense which slowed the Ethiopian advance. Isaias, who had previously scoffed at any suggestion of a ceasefire, desperately called Washington, D.C., to beg for one. Prime Minister Meles then ordered his troops to halt. The Ethiopian army chief of staff, General Tsadkan Gebretensae, rued that order for twenty years. He is now a member of the Tigrayan central command, organizing the defense against the Eritrean attack.

    Meles’s calculus was that Isaias would be overthrown or contained, which seemed possible at first. Eritrean veterans knew who had bungled the war and who had salvaged some honor in the defeat. Demands for change grew louder. Paulos organized a group of independent Eritreans to petition for human rights and democracy. They met in Germany, writing a letter to Isaias, reflecting on their country’s predicament and asking for Eritrea to turn towards the path of democracy. (The story is vividly told in Stephany Steggall’s book, The Eritrean Letter Writers.) In November 2000, the “Group of 13” (G-13) met with Isaias in Asmara.

    This was not an encounter that Isaias wanted and one for which he appeared astonishingly ill-prepared. Meeting the group alone, he began by accusing them of betraying Eritrea and giving solace to its enemies, then demanded they apologize and retract the letter. They of course refused. One of the G-13, the eminent physician Haile Debas, read out the substance of their letter, watching Isaias’s reactions closely. The president was ill at ease and unable to handle a well-articulated challenge. Leaving the meeting, Haile remarked to Paulos, “We have a bigger problem than I thought. He is mentally unstable.”

    A few months later, fifteen senior EPLF leaders—the “G-15”—formulated similar demands. Isaias ignored them. They made the fatal error of waiting. In private conversations (some of them recounted in Dan Connell’s book, Conversations with Eritrean Political Prisoners) they shared their dismay at how Isaias had betrayed their dreams and their remorse over their own failure to confront him over his abuses. For his part, Isaias was biding his time. A week after 9/11, with the world’s attention distracted, he struck with his trademark ruthlessness.

    Petros Solomon returned from his morning jog to find security men waiting for him outside his home. His young children were waking up inside. They have not seen or heard from him since. Their mother, Aster Yohannes, was studying in the United States at the time. After negotiating with the president’s office, she flew home. When Aster’s flight landed at Asmara airport, security agents boarded the plane and took her straight to a prison camp. Her children waited at the arrivals holding their flowers until the airport had emptied. She, too, has been neither seen nor heard of since. Their daughter Hanna has patiently campaigned for her parents not to be forgotten. She told her story in PBS Frontline’s Escaping Eritrea last year.

    One of the G-15 dissidents recanted. Three were abroad. The other eleven—among the most celebrated leaders of the liberation struggle—disappeared into Isaias’s gulag. Some are feared dead, others incapacitated. No one knows. No charges have been published.

    Abiy Ahmed became prime minister of Ethiopia in 2018. A reformer and relative political novice, he offered an olive branch to Isaias. One veteran diplomat compared it to a rabbit asking a cobra for a dinner date. The two men declared an end to the conflict with Eritrea, and Abiy was awarded the Nobel Peace Prize. The details of the deal weren’t revealed to the African Union or the Ethiopian parliament, however. Best practice—and the standard procedure at the African Union—is for a peace agreement to include provisions for democratization, human rights, and demobilization of over-sized armies, all subject to international monitoring and reporting. In this case, everything was chanced on words of goodwill. The Nobel Prize was a triumph for wishful thinking, but the Norwegian committee wasn’t the only one guilty of gullibility. The deal was greased by prince Mohamed bin Zayed of Abu Dhabi. The U.S. assistant secretary of state for African affairs, Tibor Nagy, anticipated a “warm, cordial” relationship with Eritrea. Isaias got sanctions lifted, a security pact with Ethiopia, and an emergent axis of autocrats that brought Somalia into his sphere of influence.

    After Eritrea was brought in from the cold, Isaias didn’t relax his grip. Instead of demobilizing his vast army, he shopped for new weapons. Instead of allowing his people to move freely, he dispatched security agents to Addis Ababa. When Covid-19 hit, he took the opportunity for a rigorous lockdown. He trained special forces for the Somali army, reportedly with the goal that President Mohammed Abdullahi “Farmaajo” could dispense with the inconvenience of an election. The Somalis are skilled at restraining would-be autocrats, however, and managed to hold their election in May, removing their aspiring dictator. Isaias is also fishing in Sudan’s troubled waters.

    But for Eritrea’s despot, these are sideshows. The contest with Tigray is the main event.

    For Isaias, this portends a final decision by force of arms. He will fight without mercy. If he prevails, his lifelong ambition of becoming master of the Horn of Africa will be within his grasp. Should Isaias fall, a complacent international community will be able to claim no credit for the end of his dictatorship and destabilization. Hopefully, after a lost generation, Eritreans will be able to enjoy their long-awaited liberty.

    https://thebaffler.com/latest/the-despotism-of-isaias-afewerki-de-waal
    #Afewerki #Erythrée #dictature #Tigré

    ping @karine4 @isskein

  • Après Taïwan, le Tibet comme représailles américaines ! - par Élisabeth Martens, le 24 août 2022

    Dans le contexte international actuel, on pouvait s’y attendre : les États-Unis resserrent l’étau sur la Chine. Cette fois, ils exploitent l’ancien conflit frontalier entre l’Inde et la Chine pour attiser les tensions et déstabiliser la région. La frontière sino-indienne, nommée « Ligne Mc Mahon » depuis 1914 et rebaptisée « Ligne de contrôle effectif » (ou LAC) depuis 1962, laisse de fameux « flous artistiques » quant aux appartenances territoriales des uns et des autres. Du côté Est, l’Arunachal Pradesh, un État indien jouxtant le Bhoutan est en jeu, et du côté Ouest, c’est l’Aksai Chin contrôlé par la Chine qui est en jeu. Vous l’aurez compris, cela se passe à la frontière du Tibet, une des cinq Régions autonomes de la Chine. Or dès qu’il s’agit du Tibet, les émotions font vibrer les tripes, le dalaï-lama n’est pas loin portant ses 87 ans d’âge, accompagné par ses acolytes de l’ICT (International Campaign for Tibet). Bien joué, Mister Biden !... mais votre tactique est quand même un peu ’téléphonée’ !

    http://tibetdoc.org/index.php/politique/geopolitique/675-apres-taiwan-le-tibet-comme-represailles-americaines
    #Inde #Chine #USA #Tibet

  • L’isola nuda, rimossa dalla coscienza
    https://www.balcanicaucaso.org/aree/Croazia/L-isola-nuda-rimossa-dalla-coscienza-220179

    Sull’isola di Goli otok - Isola nuda -Tito fece internare, tra il 1949 e il 1956, migliaia di dissidenti politici. Fino al 1988, anno della sua chiusura, ha poi funzionato da carcere per detenuti di reati comuni. Ora è lasciata in totale abbandono, e nonostante sia meta di migliaia di turisti rimane una pagina nera rimossa della storia jugoslava

  • Un homme tué et un autre grièvement blessé par des tirs de policiers après un refus d’obtempérer à #Vénissieux
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/08/19/un-homme-tue-et-un-autre-grievement-blesse-par-des-tirs-de-policiers-apres-u

    Deux enquêtes ont été ouvertes après cet incident (...)

    En visite en Corse, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a apporté son « soutien a priori » à « tous les policiers et gendarmes de France qui font face tous les jours à des refus d’obtempérer puisqu’il y en a un toutes les demi-heures dans notre pays ». Selon lui, il y a eu à Vénissieux « une agression claire manifestement contre ces policiers qui faisaient ce contrôle » et « ils ont donc ouvert le feu ».
    « Nous avons, depuis de nombreuses années (…), de plus en plus de refus d’obtempérer (…). La loi a été modifiée pour renforcer les pouvoirs des policiers et des gendarmes et condamner ces personnes. Je ne doute pas du travail de la police », a-t-il également déclaré.

    #police #violences_policières #tirs_policiers #permis_de_tuer

  • #Voyageur_noir (#Schwarzfahrer)

    Un jeune homme noir est harcelé verbalement par une femme plus âgée dans un tramway, tandis que les autres passagers gardent le silence. Il finit par se venger...

    https://www.youtube.com/watch?v=vQbKGDj4K10

    –-> un #court-métrage que je pensais avoir recensé sur seenthis... je rattrape le coup...

    #racisme #bus #ticket #tram #Noirs #film #vidéo #Pepe_Danquart

    ping @isskein @karine4 @_kg_

    • ...et un peu plus de ces stratégies pour les violences dans le transport public c’est pas mal. Il y a quelques jours j’ai entendu celle-ci : si on vous touche on peut bien dire très fort en attrapant la main : « Ecoutez, j’ai touvé cette main sur mes fesses. Est-ce que vous connaissez cette main ? Je cherche la personne à qui cette main appartient. Car il y a quelques secondes cette personne a touché mes fesses. Vous n’avez pas une idée ?... »

  • Atari Jaguar - The Death Rattle Of A Pioneer | Time Extension
    https://www.timeextension.com/features/ultimate-guide-atari-jaguar-the-death-rattle-of-a-pioneer

    Atari may have been instrumental in the genesis of arcade and home video gaming, but by the time the 1990s rolled around, its glory days were arguably long behind it. The video crash of 1983 had effectively killed the ’old’ Atari, with parent company Warner Communications offloading the consumer electronics and home computer divisions to former Commodore boss Jack Tramiel in 1984 – an event which led to the birth of the new ‘Atari Corporation’.

    Histoire de la Jaguar, et donc forcément d’Atari, avec des témoignages exclusifs liés au développement de la console et des jeux développés sur cette plateforme.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #atari #atari_corporation #business #rétrospective #histoire #préservation #jack_tramiel #warner_communications #commodore #console_atari_2600 #console_5200 #console_7800 #atari_st #atari_falcon #atari_panther #atari_jaguar #console_jaguar #commodore_amiga #atari_lynx #console_lynx #sinclair_research #martin_brennan #john_mathieson #epyx #r_j_mical #dave_needle #flare_technology #flare_one #flare_ii #gremlin_graphics #microprose #ocean #titus #us_gold #maxis #time_warner #sega #nintendo #ibm #3do_interactive #ea #electronic_arts #john_skrutch #rebellion_developments #jason_kingsley #jeu_vidéo_gridrunner #jeu_vidéo_attack_of_the_mutant_camels #attention_to_detail #fred_gill #jeu_vidéo_cybermorph #console_megadrive #console_snes #console_philips_cd-i #console_cd-i #console_saturn #console_sega_saturn #jeu_vidéo_alien_vs_predator #jeu_vidéo_tempest_2000 #jeff_minter #jeu_vidéo_doom #john_carmack #id_software #magazine_edge #console_playstation #ted_hoff #august_liguori #console_retro_vgs #darryl_still #jeu_vidéo_zero_5 #llamasoft #john_skrutch #tempest_x3 #john_skrutch #imagitec #jeu_vidéo_missile_command #jeu_vidéo_asteroids #jeu_vidéo_centipede #jeu_vidéo_breakout #jeu_vidéo_star_raiders #jason_kingsley #jeu_vidéo_chequered_flag #jeu_vidéo_virtua_racing #atd #fred_gill #jeu_vidéo_titanfall #jeu_vidéo_apex_legends #jeu_vidéo_virus #david_braben #jeu_vidéo_super_sprint #konix_multisystem #john_skruch #sam_tramiel #leonard_tramiel #jeu_vidéo_battlemorph #jeu_vidéo_space_invaders #jeu_vidéo_combat #jeu_vidéo_et #jeu_vidéo_pac-man

  • Tu sais mon affection pour les #titres_de_la_mort_qui_buzze, et notamment l’usage du « ce », « cette », « ces »…, censés introduire du mystère dans le titre putaclic. L’été, c’est le stagiaire qui s’y colle, alors il te place carrément deux « cette »/« ces » dans le même titre (c’est un peu too much). Rentrée scolaire 2022 : cette pénurie qui menace ces 400.000 élèves français
    https://www.mariefrance.fr/actualite/rentree-scolaire-2022-cette-penurie-qui-menace-ces-400-000-eleves-franca

    Tu veux dire, cette pénurie qui menace ces élèves de ces écoles de ce pays qu’on va tout de dévoiler si tu cliques sur ce lien ?

  • Ticks and #Lyme disease are on the rise in Canada. Here’s why | The Star
    https://www.thestar.com/news/canada/2022/06/20/ticks-and-lyme-disease-are-on-the-rise-in-canada-experts-warn-heres-what-yo

    #Canada has seen a steep rise in reported Lyme disease cases in recent years, and as the planet warms, those numbers are expected to continue climbing.

    With ticks spreading further north each year, some advocates question whether Canada is prepared to cope with the rise of Lyme disease.

    #tiques #climat

  • Ousted Ubisoft developer Ashraf Ismail quietly working for Tencent
    https://www.axios.com/2022/07/28/ashraf-ismail-tencent-ubisoft

    Ashraf Ismail, former top developer on Assassin’s Creed games for Ubisoft before his dismissal from the company in mid-2020, was hired last year to help lead development on a game at Tencent, Axios has learned.

    Why it matters: The new role amounts to a second chance for a developer whose fall from Ubisoft amid allegations of abusing his power was part of the MeToo reckoning in the game industry two years ago.

    Ousted Assassin’s Creed Valhalla creative director now working for Tencent
    https://www.gamedeveloper.com/production/ousted-i-assassin-s-creed-valhalla-i-creative-director-now-working-fo

    Ashraf Ismail left Ubisoft Montreal following allegations of misconduct towards young female fans, and is said to have been quietly working with Tencent since 2021.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #ressources_humaines #ashraf_ismail #méconduite #harcèlement_sexuel #mysogynie #homophobie #ubisoft_montréal #tencent #jeu_vidéo_assassin_s_creed_origins #jeu_vidéo_assassin_s_creed_valhalla #timi #serge_hascoët #yannis_mallat #cécile_cornet #jeu_vidéo_skull_and_bones #a_better_ubisoft #metoo

  • Ousted Assassin’s Creed Valhalla creative director now working for Tencent
    https://www.gamedeveloper.com/production/ousted-i-assassin-s-creed-valhalla-i-creative-director-now-working-fo

    Ashraf Ismail, former creative director at Ubisoft Montreal who left following allegations of sexual harassment, has spent the last year working at Tencent. As reported by Axios, Ismail was brought on in 2021 to help lead development of a new game from the Chinese tech giant.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #business #ressources_humaines #ubisoft #tencent #ashraf_ismail #harcèlement_sexuel #jeu_vidéo_assassin_s_creed #jeu_vidéo_assassin_s_creed_valhalla #timi #serge_hascoët #jeu_vidéo_skull_and_bones

  • An update on Google Play billing in the EEA
    https://blog.google/around-the-globe/google-europe/an-update-on-google-play-billing-in-the-eea

    Developers who choose to use an alternative billing system will need to meet appropriate user protection requirements, and service fees and conditions will continue to apply in order to support our investments in Android and Play. When a consumer uses an alternative billing system, the service fee the developer pays will be reduced by 3%. Since 99% of developers currently qualify for a service fee of 15% or less, those developers would pay a service fee of 12% or lower based on transactions through alternative billing for EEA users acquired through the Play platform.

    Tim Sweeney sur Twitter :
    https://twitter.com/TimSweeneyEpic/status/1549409197007175687

    Congratulations to Google, fast-following Apple to introduce fake open billing in Europe - “allowing” competing payment services but eliminating their ability to compete by demanding 27% of revenue.

    Tim Sweeney sur Twitter :
    https://twitter.com/TimSweeneyEpic/status/1549412449803190272

    A store that sells an app should not have any involvement in commerce that is conducted after the app is purchased. It’s like Ford forcing car buyers to buy gas at Ford gas station and inflating prices 30%. It’s none of their business.

    Tim Sweeney sur Twitter :
    https://twitter.com/TimSweeneyEpic/status/1549414295024418817

    […]

    When Mastercard and Visa process a credit card transaction, they charg 2.5% for the service they perform.

    In this case, however, Google is NOT PERFORMING THE SERVICE they charge their 12% fee on.

    Google annonce autoriser l’usage d’un système de paiement tiers sur les apps mobiles distribuées via Google Play sur… les deux territoires où cela est désormais légalement obligatoire.

    Le patron d’Epic Games, qui se bat contre le duopole de Google et d’Apple au sujet des marges des deux principales boutiques mobiles, critique la part du paiement revenant quand même à Google.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #business #google #google_play #tim_sweeney #epic_games #digital_markets_act #european_economic_area #android #

  • La publicité programmatique et le spectre de la crise - Nonfiction.fr le portail des livres et des idées
    https://www.nonfiction.fr/article-11376-la-publicite-programmatique-et-le-spectre-de-la-crise.htm

    Cet ancien de chez Google alerte sur les proportions inédites de la « bulle de marché » de la publicité programmatique, tout en établissant un parallèle avec la crise des subprimes de 2008.

    La publicité en ligne est en butte à bien des critiques : incitations consuméristes, intrusions dans la vie privée, manipulation des comportements, etc. Toutefois, la performance même de ce procédé n’est jamais remise en cause. À l’inverse, on présuppose à la publicité en ligne — a fortiori la publicité personnalisée, qui cible les consommateurs grâce à des algorithmes — une sinistre efficacité qui, précisément, en amplifierait les méfaits.

    Tim Hwang, avocat, chercheur et anciennement responsable des politiques publiques de l’intelligence artificielle chez Google, déconstruit le mythe des algorithmes de ciblage ultraperformants et de l’économie pérenne et florissante que serait celle de la publicité en ligne. Il dévoile, à rebours de cet imaginaire, une conjoncture gangrénée par les pratiques spéculatives et les manipulations des grandes places de marché publicitaires qui maintiennent à flot un secteur profondément défaillant.

    #Tim_Hwang #Publicité #Programmatique

  • Tic tac. 62 décharges marines d’armes, parfois chimiques, sont laissées à l’abandon le long des côtes de la Manche et atlantiques. Comme ces obus, fréquemment observés par les plongeurs à l’île de Groix. Mais face au risque, l’État oppose le « secret défense ». Une enquête d’Actu.fr sur les décharges d’armes chimiques au large des côtes françaises : une « bombe à retardement ».
    https://splann.org/glane-pour-vous-dans-la-presse-en-juin-2022
    Enquête. Des décharges d’armes chimiques au large des côtes françaises : une "bombe à retardement" | Enquêtes d’actu
    https://actu.fr/societe/des-decharges-d-armes-chimiques-au-large-des-cotes-francaises-une-bombe-a-retar

    Des décharges marines d’armes parfois chimiques polluent les océans depuis un siècle. Le risque de destruction de toute vie est réel. L’État oppose le « secret-défense ».


    #splann #tic_tac

  • La grande croisade de Timothy Leary
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/la-grande-croisade-de-timothy-leary-1214805

    Figure de la contre-culture, romanesque à souhait, Timothy Leary n’est pas entré au séminaire comme le souhaitait son père. Il expérimente le LSD au début des années 1960 alors qu’il enseigne la psychologie à l’université de Harvard.

    J’ai adoré la restitution des expériences de l’armée US sur ses propres soldats :o)

    #lsd #drogue #timothy_leary

  • Course poursuite entre #Sospel et #Nice : la personne blessée par le tir d’un policier est décédée (16 juin 2022)

    Une personne est décédée jeudi 16 juin après avoir été atteinte par le tir d’un policier qui a tenté de stopper la fourgonnette avec laquelle des passeurs venaient de forcer un barrage depuis l’Italie, quatre autres migrants à leur bord.

    (#paywall)
    https://www.nicematin.com/faits-divers/course-poursuite-entre-sospel-et-nice-la-personne-blessee-par-le-tir-dun-

    #Italie #France #frontière_sud-alpine #migrations #réfugiés #frontières #décès #mort #mourir_aux_frontières #Vintimille

    #Omar_El-Khoury #Omar_Elkhouli
    –—

    ajouté au fil de discussion sur les morts à la frontière de Vintimille :
    https://seenthis.net/messages/784767

    lui-même ajouté à la métaliste sur les morts aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • Nice : un migrant blessé par #balles lors d’une #course_poursuite de 40 kilomètres avec la police

      Le conducteur du fourgon qui transportait les deux migrants blessés cette nuit lors d’une poursuite avec la police, est en fuite ainsi que deux autres passagers.

      –—
      Précision : dans une précédente version de cet article, nous indiquions que deux migrants avaient été blessés par balles. Mais, si les deux ont été pris en charge, seul un migrant a été touché par les tirs, l’autre a été victime d’un malaise.
      –—

      Une personne a été blessée par balles dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 juin à l’issue d’une course poursuite avec la #police à Nice dans le quartier des #Moulins (Alpes-Maritimes), selon une source policière révélée par franceinfo. Touchée à la tête, elle est hospitalisée dans un état grave, précise le procureur de la République de Nice dans un communiqué.

      Il s’agit d’un migrant âgé de 35 ans et de nationalité égyptienne. Il faisait partie des passagers d’une camionette frigorifique qui a foncé sur des policiers. Avec lui, quatre autres migrants ont été interpellés. L’un d’eux a été pris en charge également, victime d’un malaise, selon des précisions apportées par France Bleu Azur. L’IGPN est saisie, a-t-on appris de source judiciaire. Trois hommes, dont le conducteur, sont en fuite.

      Selon les informations de franceinfo, tout a commencé vers deux heures du matin, lors d’une opération conjointe de police franco-italienne à la frontière sur la commune de Sospel (Alpes-Maritimes) à la frontière italienne. Le fourgon transportait cinq migrants, plus trois personnes dont le conducteur, a-t-on appris de source judiciaire. Le véhicule a d’abord refusé d’obtempérer au contrôle de la police. Une course poursuite de 40 kilomètres s’est alors engagée jusqu’à Nice, au quartier des Moulins.

      La police a tiré sur le véhicule qui les chargeait

      Le fourgon s’est arrêté avant de redémarrer et a foncé sur les policiers de la #police_aux_frontières (#PAF). Ces derniers ont fait usage de leurs #armes et ont tiré à quatre reprises. Deux personnes, des migrants, à bord du véhicule ont été blessés, l’une grièvement par balles, l’autre prise d’un malaise. Le conducteur et deux autres passagers ont réussi à s’enfuir, laissant sur place les cinq migrants.

      https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/info-franceinfo-nice-deux-migrants-blesses-par-balles-lors-d-une-course

    • La véritable histoire d’#Omar_Elkhouli, tué par un #tir policier à la frontière italienne

      Cet Égyptien a été tué par balle mi-juin après une course-poursuite entre les policiers et la camionnette où il se trouvait, avec d’autres sans-papiers. Présenté comme un « migrant », il vivait en fait en France depuis 13 ans, et s’était rendu en Italie pour tenter d’obtenir une carte de séjour.

      L’histoire d’Omar Elkhouli est emblématique de la violence aux frontières et des risques encourus par les exilé·es qui tentent d’éviter les contrôles de police. Elle est aussi symptomatique des difficultés administratives que rencontrent les étrangères et étrangers en France, en préfecture, pour obtenir des papiers.

      « Omar vivait en France depuis 13 ans », souffle Mohamed, installé dans le salon de sa maison à Carrières-sur-Seine (Yvelines). Il le connaissait à peine, mais c’est lui qui a dû rechercher les proches d’Omar en Égypte, afin de leur apprendre la nouvelle de son décès.

      Âgé de 35 ans, Omar Elkhouli a été blessé par balle à la tête dans la nuit du 14 au 15 juin, à la frontière franco-italienne, alors qu’il se trouvait dans une camionnette conduite par des passeurs. Le véhicule a d’abord été pris en chasse par la police italienne, puis par la police aux frontières (PAF) française, qui a ouvert le feu.

      Omar Elkhouli est mort mercredi 15 juin en fin de journée. « Le migrant égyptien est décédé », titrent alors des médias français. Personne n’imagine qu’il était en réalité établi en France depuis de longues années, et n’aspirait, ce soir-là, qu’à rentrer chez lui.

      « On était juste allés en Italie pour tenter d’avoir une carte de séjour », expliquent Momein et Elmatwely, deux passagers de la fourgonnette, rencontrés par Mediapart au domicile de Mohamed le 26 juin.

      « On leur rend la vie tellement impossible ici que même quand ils ont des années de présence en France, qu’ils travaillent et qu’ils ont des promesses d’embauche sérieuses, ils se retrouvent à faire appel à des entremetteurs qui proposent de leur faire des documents par le biais de trafics », surenchérit Mohamed en extirpant un épais dossier du buffet.

      Depuis 2018, Mohamed regroupe tous les documents permettant de prouver la présence de Momein en France, en vue de déposer une demande de régularisation auprès de la préfecture de Seine-Saint-Denis. « Je suis insomniaque, je me lève presque toutes les nuits pour tenter de lui trouver un rendez-vous pour le dépôt du dossier, mais il n’y en a jamais », dit-il, conscient de ce que son pays inflige aux personnes étrangères.

      Momein et Mohamed se sont rencontrés en 2016, alors que le premier réalisait des travaux chez la sœur du second – beaucoup d’exilés égyptiens travaillent dans le BTP. « On a tout de suite sympathisé, il est devenu un ami. » Un jour, Momein lui explique vouloir aller en Italie avec son ami Omar, pour rencontrer un intermédiaire, qui fournit de faux documents aux sans-papiers, afin de leur permettre d’obtenir une carte de séjour italienne.

      Mohamed les aide à acheter leur billet de train de Paris à Milan, et suit leur trajet « en direct », pour être certain que tout se passe bien. « J’ai encore le billet d’Omar dans nos échanges WhatsApp », glisse-t-il avant de cliquer sur sa photo de profil. « Il était si jeune. » Momein et Omar prennent le train samedi 11 juin au matin et parviennent à déposer leur dossier en préfecture en Italie, grâce au dossier monté par le trafiquant.
      Un rabatteur et une plongée en enfer

      Lorsqu’ils veulent rentrer en France, mardi 14 juin, où plusieurs chantiers en cours les attendent, il n’y a plus de train pour Paris depuis Vintimille. Ils sont approchés par un rabatteur, qui propose de les aider à traverser la frontière. « Il nous a dit qu’il y avait la police à la gare et que c’était risqué de rester là. On s’est dit que c’était une solution », raconte Momein, qui enchaîne les allers-retours au jardin pour griller une cigarette. « Il ne fumait que très occasionnellement avant, commente Mohamed en le voyant se lever. Mais depuis son retour, il n’arrête pas. »

      Le rabatteur trouve Elmatwely, le troisième passager égyptien, marchant sur le bord de la route tout près de la gare. Ce dernier venait d’arriver à Vintimille, il était minuit passé. « Il m’a dit qu’il y avait deux autres Égyptiens pour me mettre en confiance. Je connais bien cette frontière pour l’avoir passée plusieurs fois. Je savais que je risquais un contrôle », raconte-t-il à Mediapart.

      Elmatwely, qui s’était rendu en Italie pour renouveler son titre de séjour expiré, avait déjà été arrêté à deux reprises à la gare, et ramené en Italie. Cette fois, il marche 500 mètres avec Momein et Omar pour rejoindre un parking, où trois passeurs et un camion frigorifique les attendaient.

      « On a donné 50 euros chacun au rabatteur, et les passeurs nous ont dit qu’on les paierait 200 euros à notre arrivée à Nice », poursuit Momein.

      Le camion démarre aux alentours de 0 h 50 et s’arrête peu de temps après, sans doute pour faire le plein d’essence, présument les deux rescapés. « La police française nous a montré une vidéo où l’on voit les trois passeurs à une station essence », précise Momein. Leur dialecte lui laisse penser qu’ils sont algériens, ce que Mediapart n’a pas pu confirmer auprès du parquet de Nice. « Ils étaient jeunes. Pas plus de 30 ans. »

      Les sirènes de la police italienne retentissent 15 minutes après leur départ. Deux Algériens sont aussi à l’arrière du véhicule, parmi les passagers clandestins.

      « On demandait aux passeurs de s’arrêter mais ils accéléraient. Ils prenaient des virages serrés, on se cognait les uns contre les autres. À un moment donné, c’était tellement agité qu’Omar s’est retrouvé à ma place [à l’arrière droite du camion] et moi à la sienne », se remémore Momein.

      La scène dure environ 45 minutes. La police italienne a-t-elle ouvert le feu ? Momein et Elmatwely ne parviennent pas à se mettre d’accord. « Non », dit l’un. « Si, rétorque l’autre, mais ils visaient le châssis de la voiture. » C’est plus tard, durant la course-poursuite avec la PAF qu’Omar reçoit une balle à l’arrière de la tête.

      « Si on n’avait pas été bousculés à l’arrière, c’est moi qui l’aurais reçue », soupire Momein, la mâchoire serrée. Pour stopper l’hémorragie, ce dernier retire sa veste et appuie sur la plaie autant qu’il le peut. Mais Omar perd trop de sang.

      « Omar était encore conscient et priait Dieu », assure Elmatwely en mimant son geste. « Mais il y avait tellement de sang… », ajoute Momein, qui s’arrête brusquement de parler pour ravaler des larmes.

      Malgré leurs supplications, les passeurs refusent de s’arrêter. « On frappait sur la paroi de séparation en hurlant que l’un de nous était blessé à la tête, mais ils continuaient à accélérer. Un des passagers algériens a même appelé le rabatteur au téléphone pour qu’il dise au conducteur de s’arrêter. On a tous cru qu’on allait mourir. »

      « Il s’agissait d’un fourgon frigorifique, il n’y avait donc pas de fenêtres ou de portes à l’arrière pour permettre aux migrants de s’échapper », complète Me Zia Oloumi, leur avocat, qui s’est battu pour obtenir leur libération, une fois le cauchemar terminé.

      À leur arrivée à Nice, vers 2 heures du matin, plusieurs véhicules de police les attendent. Les passeurs « s’évaporent dans la cité », qu’ils semblaient « bien connaître », selon Elmatwely. Une fois la portière ouverte, Momein fait une crise d’angoisse et perd connaissance.

      « Des policiers lui mettaient des coups de pied pour voir s’il réagissait. Ils ont mis 15 minutes à prendre en charge Omar, poursuit son compagnon. Une policière était en état de choc en découvrant la scène, j’ai essayé de l’interpeller en plongeant mes mains dans le sang d’Omar tant elle ne réagissait pas », poursuit-il.

      Omar, puis Momein, sont conduits à l’hôpital. Les autres sont amenés au commissariat. « Les ambulanciers avaient déchiré mes vêtements, pleins de sang, mais quand ils ont vu que je n’étais pas blessé à l’hôpital, la police est venue me chercher. Ils m’ont emmené au poste en boxer », se souvient Momein. Une humiliation.

      En état de choc, Elmatwely estime avoir été « pressé comme un citron », interrogé sans même pouvoir se concentrer, sans avoir pu se changer, ni manger ou, dans un premier temps, boire. À leur sortie du commissariat, en début de soirée le 15 juin, les passagers de la camionnette sont placés en rétention, et se voient délivrer une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Sans suivi psychologique particulier.

      Elmatwely et Momein, qui se disent aujourd’hui « liés par la mort », n’ont plus goût à la vie. « On n’arrive plus à se projeter. On est venus ici pour se construire un avenir, pas pour vivre ce genre de choses. » L’avocat Zia Oloumi a réussi à les faire sortir lundi 20 juin, grâce à une décision de la cour d’appel d’Aix-en-Provence au vu de leur « vulnérabilité », de leur « état psychologique » et des « circonstances particulières de l’affaire ».

      « Le premier juge des libertés et de la détention, qui a pourtant tellement l’habitude de prolonger la durée de rétention qu’on le surnomme “Bonjour 28 jours”, avait déjà considéré qu’il y avait atteinte au droit à la santé et avait demandé leur sortie de rétention, détaille l’avocat. Mais le parquet a fait appel. Le préfet s’est battu pour maintenir ces personnes en rétention malgré le drame qu’ils avaient vécus. »
      La vie tranquille d’Omar Elkhouli en région parisienne

      À leur sortie de rétention, les deux Égyptiens ont porté plainte contre X et contre la police pour « mise en danger de la vie d’autrui ».

      Contacté par Mediapart, le parquet de Nice indique que deux enquêtes sont ouvertes : l’une, contre X, confiée à un juge d’instruction, pour les chefs « d’aide à l’entrée et à la circulation en France d’étrangers en situation irrégulière dans des conditions incompatibles avec la dignité humaine », « refus d’obtempérer aggravé par la mise en danger d’autrui », « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique » ; l’autre, sous l’autorité du parquet, confiée à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale), des chefs « d’homicide volontaire » concernant la victime du tir policier. Selon nos informations, le corps d’Omar Elkhouli devait être rapatrié en Égypte vendredi 1er juillet.

      Depuis Paris, Mohamed a activé son réseau pour retrouver la famille d’Omar dans la région de Gharbeya. Il est finalement parvenu à joindre un de ses cousins vivant en France, auquel il a demandé de se manifester au plus vite auprès de la justice pour permettre le rapatriement du corps.

      Ce cousin s’est aussi rendu au domicile d’Omar en région parisienne, pour récupérer son passeport égyptien et d’autres documents nécessaires aux démarches. Ses colocataires, Ibrahim, Mahmoud et Rezk, que Mediapart a retrouvés, n’arrivent toujours pas à y croire Omar vivait là depuis quatre ans, après avoir vécu avec Ibrahim dans un autre logement à Aubervilliers.

      « On a passé dix ans ensemble, jour et nuit. C’était mon frère », dit ce dernier lorsque nous les rencontrons dans leur appartement à Sarcelles (Val-d’Oise), lundi 27 juin. Les trois colocataires ont laissé sa chambre telle quelle : un lit, un canapé et une armoire occupent l’espace, des calligraphies coraniques décorent les murs ; le tapis sur lequel Omar priait repose encore sur son lit.

      « Omar était quelqu’un de pieux », appuient-ils. Il était aussi passionné d’haltérophilie, entretenant un compte TikTok où il publiait pléthore de vidéos où l’on peut le voir s’entraîner ou coacher des adhérents. Ibrahim se souvient de leur première rencontre, à son arrivée en France dix ans plus tôt.

      « Je suis arrivé sans rien. Je venais de traverser la mer et j’avais des claquettes aux pieds. Un ami en Égypte m’a donné son contact en me disant qu’il pourrait peut-être m’aider. Il m’a hébergé, m’a trouvé du boulot et m’a prêté 100 euros. » À vrai dire, il les a tous aidés. Mahmoud, qui errait dans les rues de Paris sans aucun contact en arrivant en France, a fini par être mis en relation avec lui.

      « Nos propres frères ne nous ont pas aidés comme il l’a fait », résument-ils, ajoutant qu’il organisait aussi des collectes d’argent pour les personnes endeuillées et dans le besoin en Égypte. « On veut que le monde entier sache qu’il n’était pas un “migrant”. Il vivait en France, il n’avait jamais eu d’ennuis avec la police. Il ne méritait pas de mourir ainsi. » Grâce à ses chantiers dans le BTP, Omar envoyait de l’argent à ses proches restés en Égypte chaque mois. Avant cela, il avait vécu deux ans à Dubaï, où il était cuisinier.

      « Pourquoi on nous traite comme ça ? Parce qu’on est des Arabes ? Dites-moi qui veut se lever tous les jours à 5 heures du matin pour aller travailler sur les chantiers ! », clame Mahmoud. « Omar avait des rêves d’Europe et avait choisi de rejoindre un pays de liberté », souligne Ibrahim. Mais après treize années de présence en France, Omar s’est trouvé face à un mur administratif.

      « Il savait qu’il serait impossible de prouver son existence sur treize ans. Mais surtout, il savait qu’il était impossible d’avoir un simple rendez-vous en préfecture. Un de mes amis, Égyptien également, travaille en étant déclaré et a accumulé plus de 40 fiches de paie. Cela fait trois ans qu’il n’arrive pas à prendre rendez-vous en préfecture. En entendant cette histoire, Omar a été totalement découragé », relate Ibrahim.

      Lorsqu’il apprend, en même temps que Momein, qu’un intermédiaire peut aider à obtenir une carte de séjour en Italie, Omar se raccroche à cette hypothèse. « Il voulait juste pouvoir retourner en Égypte voir ses proches. Notre hantise est de ne pas les revoir avant qu’ils ne décèdent », confie Ibrahim, qui n’a jamais revu ses parents et son épouse, aujourd’hui décédés. Et d’ajouter : « Omar voulait se fiancer. Il voulait pouvoir faire des allers-retours librement. » La phrase résonne dans la chambre du défunt, résumant à elle seule les conséquences de politiques migratoires injustes et mortifères.

      Le drame a bousculé Rezk, dont la décision est prise. Il rentrera en Égypte dès cet été. « Je ne peux plus rester ici », souffle cet ancien artisan du marbre, qui n’avait pas pour objectif l’Europe : lui et Ibrahim s’étaient d’abord exilés en Libye, où ils travaillaient et gagnaient « bien mieux », mais la guerre les a ensuite poussés au départ.

      Omar était aussi très impliqué dans la vie de son quartier, allant régulièrement rendre visite à deux personnes âgées vivant non loin de là. « Il avait même les clés de l’appartement de l’une d’elles et ses enfants l’appelaient pour prendre des nouvelles de leur mère », complète Ibrahim, qui vient tout juste de reprendre le travail tant la nouvelle l’a affecté. « J’ai voulu aller à la salle de sport où on allait ensemble tous les soirs, mais je me suis arrêté net devant la porte sans pouvoir entrer. »

      Avec qui ira-t-il au travail, au marché ou à la poste ?, énumère-t-il à l’entrée de leur immeuble, en montrant le nom d’Omar sur la boîte aux lettres. Un voisin lui présente ses condoléances. Le bail de location et les factures d’électricité, qui étaient à son nom, devront être modifiés. « Les choses ne seront plus jamais comme avant. On ne va rien faire de sa chambre pour l’instant, on verra plus tard, dit Ibrahim. On sait qu’on ne rencontrera plus jamais quelqu’un comme lui. »

      https://www.mediapart.fr/journal/france/030722/la-veritable-histoire-d-omar-elkhouli-tue-par-un-tir-policier-la-frontiere

    • Nice : un migrant blessé par balle par la police

      Un migrant a été grièvement blessé dans la nuit de mardi à mercredi à Nice. L’homme se trouvait dans un fourgon dont le conducteur avait forcé un premier barrage de police à Sospel, à la frontière franco-italienne, avant d’engager une course-poursuite jusqu’à Nice. Les forces de l’ordre ont alors ouvert le feu.

      Vers 2h du matin dans la nuit de mardi 14 à mercredi 15 juin, un fourgon transportant plusieurs migrants a forcé un barrage dans la commune de Sospel, située près de la frontière franco-italienne, dans la vallée de la Roya.

      Une course-poursuite s’est alors engagée sur 40 km jusqu’à Nice. Selon France Bleu Azur, la voiture se serait alors arrêtée avant de redémarrer et de foncer sur des agents de la police aux frontières (PAF), dans le quartier niçois sensible des Moulins.

      Le conducteur et ses deux acolytes auraient ensuite pris la fuite à pied, abandonnant les cinq exilés à bord. Les policiers ont fait usage de leurs armes et ont tiré à quatre reprises.
      L’IGPN a été saisie

      Parmi les cinq migrants découverts dans le fourgon, un a été blessé par balle et son « pronostic vital était engagé dans la nuit », a précisé la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) à l’AFP. Un autre a été pris en charge par les secours pour un malaise.

      L’inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie de ce dossier, comme c’est systématiquement le cas lorsqu’un policier fait usage de son arme de service, a indiqué le procureur de la République de Nice.

      https://twitter.com/cestrosi/status/1537022125906722816

      Le maire de la ville, Christian Estrosi, proche du parti présidentiel, a apporté sur Twitter son soutien aux forces de l’ordre. « Je déplore bien évidemment les blessures occasionnées dans le fourgon mais elles sont le résultat d’un acte criminel auquel il était nécessaire de mettre un terme pour la sécurité de nos policiers et gendarmes afin d’éviter d’autres drames », a-t-il écrit.
      Au moins 30 morts à la frontière depuis 2015

      Des milliers de migrants tentent chaque année de franchir la frontière franco-italienne pour pénétrer sur le sol français, au péril de leur vie. Les exilés prennent tous les risques pour essayer de traverser la frontière, très surveillée. Ils montent sur le toit des trains ou empruntent des sentiers dangereux à travers la montagne pour éviter d’être repérés par les forces de l’ordre.

      En février, le corps carbonisé d’un homme avait été retrouvé sur le toit d’un train régional qui reliait la ville italienne de Vintimille à la France. En novembre, le cadavre d’un migrant africain, en état de décomposition avancée, avait été découvert dans une gorge, non loin de Vintimille. La personne avait probablement chuté en tentant de rejoindre la France.

      Selon les associations, au moins 30 exilés sont décédés à la frontière franco-italienne depuis 2015.

      https://www.infomigrants.net/en/post/41219/nice--un-migrant-blesse-par-balle-par-la-police

    • Un autre meurtre par la police, une autre violence pour la frontière.

      Le 16 juin 2022, un homme est décédé des suites d’une blessure à la tête causée par un tir policier. La raison sous-jacente est que, dans le véhicule, il y avait des personnes sans papiers et que le conducteur a refusé d’obtempérer.

      La police tue, la frontière aussi

      Le 16 juin 2022, un homme est décédé des suites d’une blessure à la tête causée par un tir policier. A part quelques articles de presse , ce qu’il s’est produit à la frontière franco-italienne le 15 juin 2022 est passé inaperçu. Pourtant, cela s’inscrit dans dans la continuité d’une série d’épisodes similaires et dans le débat qu’ils ont suscités sur l’usage de la violence par la police face à des refus d’obtempérer face à des automobilistes.

      Ce que l’on sait :

      Selon le communiqué du procureur de la République de Nice, la PAF aurait reçu de la part de ses homologues italiens le signalement d’une camionnette transportant des personnes en situation irrégulière, se dirigeant de la Vallée de la Roya vers Nice, en passant par Fanghetto (Italie) et Sospel (France). C’est l’une des voies de passage bien connues de la zone. Dans le PV de l’enquête (que nous avons pu consulter), la PAF admet que le contrôle effectué cette nuit là s’est effectué dans le cadre de la réintroduction des contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen (cf. infra). Repérée en amont, la camionnette aurait donc refusé d’obtempérer une première fois entre Fanghetto et Sospel, dans une route de col en lacet. S’enclanche alors une course-poursuite de 40 kilomètres sur des routes de montagne sinueuses. A Cantaron, dans les hauteurs de Nice la police aurait de nouveau tenté de bloquer la route, et c’est là que, le conducteur forçant de nouveau le passage, la police aurait tiré à 4 reprises en justifiant d’une situation de légitime défense. L’une des personnes qui était à l’arrière du camion a alors reçu une balle à la tête. La camionnette a continué sa fuite, suivie jusqu’au quartier des Moulins à Nice (une vingtaine de kilomètres plus loin par l’autoroute)où le véhicule aurait été abandonné et le conducteur ainsi que 2 personnes assises a l’avant auraient pris la fuite. Le blessé et 4 autres passagers auraient été retrouvés sur place par la police. 2 impacts de balles au niveau des feux avant et des roues ont été constatés par le procureur, l’un ayant transpercé la carrosserie. Suite à cela le blessé grave (et un autre blessé léger en état de choc) a été transporté à l’hôpital où il a succombé à ses blessures le lendemain. Alors que le blessé agonisait à l’hôpital, les autres passagers, ont été arrêtés puis conduits au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Nice.
      Le lendemain, le 17 juin 2022, malgré la décision de libération prise par le Juge des Libertés et de la Détention (JLD), le Procureur s’acharne et s’obstine en faisant appel de la décision, prolongeant ainsi la double-peine infligée aux victimes, encore sous le choc. Celles-ci risquent désormais un mois de détention suivi d’un éloignement du territoire.

      La frontière tue

      En 2015 la France suspend unilatéralement l’application du Code Frontière Schengen d’abord pour cause formelle de COP21, puis d’antiterrorisme (suite au bataclan). Depuis 2020, le coronavirus est le dernier argument en date venu renforcer encore plus le mythe d’une frontière étanche à tous les maux du monde. Mais en réalité, les habitants du territoire savent très bien que le dispositif cible bien autre chose que le terrorisme ou le Covid. Dans la pratique, il cible les exilé.e.s arrivant d’Italie. C’est d’ailleurs ce qui force ces derniers à trouver d’autres voies de passage plus dangereuses ou coûteuses, et ce qui explique la prolifération des passeurs depuis lors à la frontière franco-italienne. Bien que le code frontières Schengen autorise les Etats-membres à réintroduire des contrôles systématiques à leurs frontières intérieures, cette mesure ne peut en aucun cas dépasser un délai de 2 ans selon ce même code. Or, la France a maintenu ces contrôles de 2015 à aujourd’hui. Le dispositif dans lequel s’inscrit l’opération ayant conduit à la mort d’un migrant est donc illégal au regard du droit européen, comme l’a encore rappelé la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) le 26 avril dernier.

      Vu qu’il perdure depuis 5 ans, rien d’étonnant à ce que ce type de contrôle, pourtant illégal au regard du droit européen, reste indiscuté dans l’opinion publique. De même, rien d’étonnant à ce que le degré de violence dont la PAF ait fait preuve ne soit pas mesuré à l’aune du délit initial dont ils ont été averti dès le début par leur homologues italiens : l’aide à l’entrée et au séjour irrégulier. Pour un délit toute somme « banal », la police a donc fait usage d’armes à feu au moins à quatre reprises.

      Faut-il s’étonner qu’une telle violence à nos frontière ne choque personne ? Ce n’est pas la première fois qu’un exilé meurt des balles de la police à cette frontière. En 1995 déjà,Todor, un enfant bosniaque, fut tué, toujours à Sospel et dans des conditions similaires. A l’époque, cela avait suscité un vif émoi. Si c’est la seconde fois qu’un.e exilé.e.s meurt directement des balles de la police, ce sont pas moins de 47 personnes qui ont péri en tentant de franchir la frontière franco-italienne depuis 2015. Alors oui, il semble ce qui choquait hier s’est banalisé.

      La police tue

      Ce drame vient, encore une fois, rappeler que la police tue, et qu’elle tue en toute impunité. Les parallèles avec la succession d’affaires récentes impliquant l’usage d’armes à feu face à des refus d’obtempérer est évidente. On pense à l’affaire du pont neuf, le meurtre de Souheil en août dernier dans le 3ème arrondissement de Marseille, celui tout récent de Raiana, ou encore ce qu’il s’est encore reproduit dans le même quartier du 18ème arrondissement de Paris le 17 juin.
      Dans tous ces cas, le refus d’obtempérer de la part d’un chauffeur semble avoir été suffisant pour justifier, aux yeux des tireurs, de la justice, de la presse et d’une part de l’opinion publique, l’usage « proportionné » de la force : une salve ininterrompue de tirs à balle réelle. Dans tous ces cas, on ne comprend donc pas bien comment les conducteurs aient pu à la fois « foncer sur le véhicule de police » et « prendre la fuite ». Soit le véhicule de police aurait du être percuté, soit en cas de fuite, la légitime défense ne se justifie pas. En d’autres termes, les témoignages des policiers se contredisent eux-mêmes. Dans tous ces cas, on ne comprend pas bien, vu que le conducteur cherchait à contourner le contrôle, son intérêt à braquer son volant sur les policiers. En revanche, on peut très bien imaginer l’intérêt des forces de l’ordre d’établir une telle version, de sorte à pouvoir plaider la légitime défense.

      Pour revenir à ce qu’il s’est passé dans les Alpes Maritimes, le communiqué de presse du Procureur nous apprend que deux enquêtes auraient été ouvertes. L’une contre les conducteurs/passeurs, pour aide à l’entrée et au séjour irréguliers, refus d’obtempérer "aggravé par la mise en danger d’autrui", et tentative d’homicide sur PDAP. L’autre, auprès de l’IGPN, contre les flics meurtriers, pour « violences volontaires avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique suivie d’une incapacité supérieure à 8 jours ». Nous parlons ici d’un homme, simple passager, décédé d’une blessure à la tête des suites d’un tir policier. Et le Procureur parle d’une ITT de 8 jours. Tentative d’homicide volontaire pour un homme qui de toute vraisemblance a cherché à contourner (et non pas écraser) un barrage de police, violence volontaire ayant entraîné 8 jours d’ITT pour l’homme qui a porté le coup fatal et qui est sorti libre après quelques heures de garde à vue. Deux poids deux mesures.

      Les quatre personnes arrêtées ont été libérées suite à une audience le lundi 21 juin devant la Cour d’appel d’Aix.

      https://mars-infos.org/un-autre-meurtre-par-la-police-une-6421

    • "On veut que le monde entier sache qu’il n’était pas un « migrant »" : l’histoire d’Omar, tué par la police après une #course-poursuite entre Sospel et Nice

      Omar Elkhouli, un sans-papier égyptien, est décédé le 16 juin après avoir été atteint par le tir d’un policier, à la suite d’une course-poursuite entre Sospel et Nice. Ses proches, rencontrés par Mediapart, racontent son histoire.

      « On sait qu’on ne rencontrera plus jamais quelqu’un comme lui. » Les colocataires d’Omar Elkhouli pleurent la disparition de leur ami, survenue le 16 juin.

      Ce jour-là, Omar essaye de rentrer en France après s’être rendu en Italie pour obtenir une carte de séjour. Il est approché par un rabatteur, qui lui propose de lui faire passer la frontière dans un camion frigorifique avec d’autres personnes sans-papiers, dont l’un de ses amis, Momein.

      « On a donné 50 euros chacun au rabatteur et les passeurs nous ont dit qu’on les paierait 200 euros à notre arrivée à Nice », raconte l’Egyptien à Mediapart.
      « On demandait aux passeurs de s’arrêter »

      Dans le camion, se trouvent trois passeurs et cinq migrants. Une quinzaine de minutes après leur départ, la police italienne les repère.

      « On demandait aux passeurs de s’arrêter mais ils accéléraient, se souvient Momein. Ils prenaient des virages serrés, on se cognait les uns contre les autres. À un moment donné, c’était tellement agité qu’Omar s’est retrouvé à ma place [à l’arrière droite du camion] et moi à la sienne. »

      La police italienne aurait ouvert le feu, en visant le châssis de la voiture, puis la police aux frontières (PAF) française prend le relais. C’est là qu’Omar reçoit une balle à l’arrière du crâne.

      « On frappait sur la paroi de séparation en hurlant que l’un de nous était blessé à la tête mais ils [les passeurs] continuaient à accélérer. Un des passagers algériens a même appelé le rabatteur au téléphone pour qu’il dise au conducteur de s’arrêter. On a tous cru qu’on allait mourir. »

      En arrivant à Nice, dans le quartier des Moulins, les passeurs arrêtent la camionnette et s’enfuient. Les cinq passagers clandestins sont directement interpellés par la police.

      « Des policiers mettaient des coups de pied [à Omar] pour voir s’il réagissait », raconte à Mediapart un des migrants. « Ils ont mis 15 minutes à le prendre en charge », poursuit Momein.

      Omar est finalement conduit à l’hôpital, où il décède quelques heures après des suites de ses blessures, tandis que les autres migrants sont placés en rétention avant d’être relâchés le 20 juin, grâce à une décision de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, en raison de leur « vulnérabilité », « état psychologique » et des « circonstances particulières de l’affaire ».
      Il travaillait et vivait en France depuis 13 ans

      Omar, 35 ans, vivait en France depuis 13 ans, selon ses proches, retrouvés par Mediapart. Depuis quatre ans, il logeait à Sarcelles, dans une colocation avec trois autres hommes.

      « Omar était quelqu’un de pieux. Nos propres frères ne nous ont pas aidés comme il l’a fait », assurent-ils. L’Egyptien travaillait sur des chantiers dans le BTP, il envoyait de l’argent tous les mois à ses proches restés en Égypte.

      Il était très impliqué dans la vie de son quartier, où il rendait régulièrement visite à deux personnes âgées. Le soir, Omar allait à la salle de sport, où il se filmait pour son compte TikTok.

      « Il savait qu’il serait impossible de prouver son existence sur 13 ans. Mais surtout, il savait qu’il était impossible d’avoir un simple rendez-vous en préfecture. Un de mes amis, Égyptien également, travaille en étant déclaré et a accumulé plus de 40 fiches de paie. Cela fait trois ans qu’il n’arrive pas à prendre rendez-vous en préfecture. En entendant cette histoire, Omar a été totalement découragé », relate Ibrahim, un de ses colocataires, très impacté par la mort de son ami.

      "On veut que le monde entier sache qu’il n’était pas un « migrant ». Il vivait en France, il n’avait jamais eu d’ennuis avec la police. Il ne méritait pas de mourir ainsi."

      (#paywall)
      https://www.nicematin.com/faits-de-societe/on-veut-que-le-monde-entier-sache-quil-netait-pas-un-migrant-lhistoire-do

  • Les #tiers-lieux, entre militantisme, logiques marchandes et stratégies d’aménagement
    https://metropolitiques.eu/Les-tiers-lieux-entre-militantisme-logiques-marchandes-et-strategies

    Les tiers-lieux, symboles de l’urbanisme alternatif, peuvent-ils être autre chose qu’une parenthèse spatiale et temporelle dans la fabrique des métropoles ? Sandra Mallet et Arnaud Mège analysent ici le cas de l’Écosystème Darwin à #Bordeaux, qui tente de trouver sa place entre logiques marchandes et aménagement de ZAC. Situé sur la rive droite de la Garonne, sur les friches de l’ancienne caserne militaire Niel, l’Écosystème Darwin, tiers-lieu « branché » à « l’esprit d’entreprise engagé », est devenu au #Terrains

    / tiers-lieux, Bordeaux, #urbanisme_transitoire, #expérimentation

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_mege_mallet.pdf

  • Une loi adoptée le 28/02/2017, concernant la légitime défense des agents de la force publique a engendré une dérive catastrophique : en six mois, l’IGPN pointe, dans un rapport alors confidentiel, un accroissement de 50% des tirs perpétrés par les policiers et les gendarmes (mais surtout les policiers). Explications par Fabien Jobard :

    https://video.twimg.com/amplify_video/1534049475005661184/vid/1280x720/FDtjxk-qvLw2eaKT.mp4?tag=14

    Source : https://twitter.com/GillesSaveret/status/1534157214591635458

    La loi en question est demandée depuis 2012 par le syndicat Alliance qui profite de l’agression de quatre policiers à Viry-Chatillon (08/10/2016) pour faire pression sur le gouvernement Valls et le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve pendant la mandature de François Hollande.