• « L’#indifférence face aux morts en #Méditerranée est le signe d’un effondrement en #humanité »

    L’écart entre l’#émotion provoquée par la disparition des cinq occupants du submersible « Titan » et l’indifférence à l’égard des centaines de migrants ayant subi le même sort, huit jours plus tôt, en Méditerranée doit nous interpeller, soulignent les anthropologues Michel Agier, Filippo Furri et Carolina Kobelinsky.

    Jusqu’à la difficile acceptation, le 22 juin, de la mort des cinq touristes embarqués dans le submersible #Titan pour voir de près l’épave du #Titanic, les médias du monde entier ont suivi heure par heure les rebondissements de cette tentative de #sauvetage, dans laquelle plusieurs Etats s’étaient impliqués. L’émotion suscitée par cet accident a mis crûment en évidence, par contraste, le calme plat des Etats et de la plupart des médias européens face à un autre drame maritime, le #naufrage, une semaine plus tôt, le 14 juin, d’un chalutier parti de Libye avec environ 750 passagers originaires pour la plupart du Pakistan, de Syrie et d’Egypte, dont seulement 104 personnes sont rescapées. A ce jour, seuls 84 corps ont été retrouvés.

    Reste un calcul que presque personne ne semble vouloir faire, portant à plus de 600 le nombre de victimes fatales. Ce naufrage n’est tristement pas le premier, mais il est l’un des plus meurtriers de ces dernières années. Pourtant, si le naufrage, déjà en Méditerranée, du 3 octobre 2013 et celui survenu dans la nuit du 18 au 19 avril 2015 ont provoqué un grand retentissement médiatique ainsi que des réponses des autorités italiennes, cette énième tragédie, elle, n’a pas eu d’effet.

    La tragédie n’a pas donné lieu à la sidération collective, elle n’a pas provoqué de polémique publique sur les politiques sécuritaires qui sont aujourd’hui la norme de presque tous les Etats européens. Elle n’a pas fait changer d’un pouce les discours xénophobes et sécuritaires des dirigeants européens. En France, les tractations continuent autour de la nouvelle loi sur l’immigration, sans cesse repoussée faute d’accord entre la droite et le centre droit, avec en perspective la remise en cause des conventions internationales de droits humains, et le durcissement des mesures sécuritaires antimigrants.

    Le rejet des responsabilités

    En Europe, le nouveau pacte sur l’asile et la migration porte moins sur la capacité des pays membres à organiser un dispositif d’asile européen que sur le renforcement, une fois de plus, de la fermeture des frontières et de la logique d’externalisation [consistant à délocaliser la gestion administrative et policière des migrants dans les pays de départ ou de transit].

    Comme cela s’est passé après le naufrage dans la Manche du 21 novembre 2021, lorsque les gardes-côtes et sauveteurs français et britanniques se rejetèrent la #responsabilité du drame, ou après celui de Cutro, en Calabre, le 26 février 2023, où la police, les douanes et les gardes-côtes italiens sont mis en cause, l’Agence européenne des frontières externes (Frontex) et les gardes-côtes grecs se renvoient la responsabilité de cet abandon en mer pour le drame du 14 juin.

    Plusieurs témoignages de rescapés accusent directement les gardes-côtes grecs d’avoir provoqué l’accident après avoir attaché un câble au chalutier afin de l’éloigner des eaux territoriales grecques pour ne pas avoir à prendre en charge ses occupants une fois à terre. Une telle pratique pour remorquer le bateau n’est pourtant pas recommandée, puisqu’elle comporte le risque de déstabiliser l’embarcation, voire de la faire chavirer.

    Une gestion migratoire au mépris du droit

    Détournant les regards ailleurs que sur les administrations grecques et européennes, la mise en cause rapide de neuf supposés « passeurs » parmi les rescapés n’est autre que l’invention cynique d’un bouc émissaire. Le renvoi (« push back »), l’abandon ou le harcèlement aux frontières sont devenus la règle implicite de la gestion migratoire contemporaine, au mépris du droit.

    Depuis que l’Europe de Schengen existe, elle a tué ou au moins « laissé mourir » plus de 55 000 exilés, hommes et femmes, à ses frontières. L’Organisation internationale pour les migrations, liée aux Nations unies, évoque quant à elle, selon ses données actualisées en juillet, le total de 27 675 morts et disparus dans la seule Méditerranée depuis 2014. Mais la publication de ces nombres, aussi édifiants soient-ils, semble sans effet.

    C’est surtout l’#indifférence apparente des sociétés qui interpelle. Pour les uns, le sentiment d’impuissance et l’accablement laissent sans voix, pour les autres une acceptation ou une accoutumance coupables à une hécatombe interminable. Huit jours après le naufrage du 14 juin, un autre a déjà eu lieu près de Lampedusa, faisant 46 morts, passés cette fois totalement inaperçus.

    Le refus de faire face collectivement à la réalité

    Des hommes et des femmes originaires d’Afrique subsaharienne avaient embarqué à Sfax pour échapper aux persécutions en Tunisie, alors que, dans le même temps, à l’instar de l’Italie, les pays européens marchandaient avec le président de ce pays, dont les propos racistes contre les Africains ont pourtant été largement rapportés, pour faire de la Tunisie un pays de rétention, comme l’est déjà la Libye.

    Ces politiques d’externalisation sont des manières de mettre en œuvre le rejet des indésirables, leur disparition des radars de l’attention publique, et elles ont besoin de l’indifférence des sociétés. A la peur des étrangers venus des pays du Sud, régulièrement entretenue ou suscitée par des dirigeants bornés, aveugles aux réalités du monde, succèdent des politiques de repli et de fermeture, puis, logiquement, des dizaines de milliers de « vies perdues », selon les mots du sociologue Zygmunt Bauman (1925-2017) dans son livre qui porte ce titre (Payot, 2006), consacré à « la modernité et ses exclus ».

    On évoque souvent, à propos de ce naufrage du 14 juin, « au moins 80 morts » et « des centaines de disparus ». Certes, parler de « #disparus » peut être une forme minimale de respect à l’égard des familles et des proches qui attendent encore de voir les corps de leur frère, cousin ou enfant. Mais c’est aussi une façon de ne pas faire face collectivement à la réalité. Attend-on que les corps noyés se volatilisent ?

    Une urgence absolue

    Plus probablement, l’absence de reconnaissance et de deuil pour ces plus de 600 personnes qui avaient un nom, une vie et des proches contribuera à en faire des fantômes pour l’Europe. En 2015, après le naufrage du 18 au 19 avril, l’opération de récupération de l’épave organisée par le gouvernement italien de l’époque, coûteuse et complexe, avait interpellé la conscience collective, avec l’ambition de récupérer les corps des victimes et de mettre en place un dispositif médico-légal pour les identifier et leur donner un nom. Cette fois, ces corps semblent destinés à rester emprisonnés à jamais au fond de la mer.

    L’écart entre l’#émoi suscité par la disparition des cinq occupants du Titan et l’indifférence à l’égard des centaines de personnes migrantes subissant le même sort huit jours plus tôt ne tient-il qu’à l’#anonymat de ces dernières, au fait qu’il n’y aurait pas d’histoires à raconter, pas de suspense à susciter, tant leur sort s’est banalisé ? S’émouvoir, comprendre, agir sont trois moments indispensables pour faire face.

    L’indifférence face aux morts en Méditerranée est le signe d’un effondrement en humanité dont il nous faut prendre la mesure pour sortir du cercle infernal qui l’a provoqué. Il nous faut, collectivement, raconter toutes ces vies perdues, retracer ces destins individuels, comprendre ce qui est en train de se passer, et agir dans le respect de toutes les vies humaines. La tâche est « titanesque » et demande du temps et du courage, mais elle est absolument urgente. Paradoxalement, l’#accoutumance, l’#accablement ou l’indifférence apparente sont les signes les plus éclatants de cette urgence.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/25/l-indifference-face-aux-morts-en-mediterranee-est-le-signe-d-un-effondrement
    #morts_aux_frontières #décès #migrations #réfugiés #frontières #Filippo_Furri #Carolina_Kobelinsky #mourir_aux_frontières #morts #14_juin_2023 #terminologie #mots #mourir_en_mer

  • Le tourisme pour ultra-riches, un créneau en plein essor Jean-François Sacré - L’Echo

    L’accident du Titan a mis au grand jour l’essor du tourisme pour « super riches ». Des abysses à l’espace, ces voyages de l’extrême fascinent...
    La disparition des cinq passagers du micro sous-marin Titan affrété par la société OceanGate dans l’Atlantique Nord fut sans doute l’événement le plus médiatisé de la semaine. Ce qui en dit long sur les priorités sociétales du moment.

    Cette « expédition » de l’extrême, à 250.000 dollars par passager, est l’illustration d’une tendance que Jean-Michel Decroly, professeur en sciences et gestion du tourisme à l’ULB appelle le « cénotropisme » (du grec kénos, vide) : « Il y a une attirance croissante pour les lieux vides de toute âme humaine, qu’il s’agisse des profondeurs des océans, de l’espace, des plus hauts sommets de la terre ou les étendues désertiques, des endroits inaccessibles au commun des mortels », relève-t-il.


    Le 27 juin prochain, Virgin Galactic, la société d’expédition spatiale de Richard Branson (photo), lancera son premier vol commercial. ©ABACA

    « Avec la massification du tourisme et au fur et à mesure que l’écart entre les ultra-riches et les autres augmente, ce besoin d’exclusivité ne fait que s’accentuer. » Jean-Michel Decroly, Professeur en sciences et gestion du tourisme à l’ULB

    Dans le cas du Titan, s’y ajoute l’objet du voyage : l’exploration de l’épave du mythique Titanic qui git depuis 111 ans, scindé, à 4.000 mètres de profondeur : « Il y a toujours une fascination sur les privilèges des ultra-riches, poursuit l’expert, mais quand ils peuvent aller explorer le Titanic, cela amplifie la médiatisation. »

    Pour Jean-Michel Decroly, le phénomène remonte même à la deuxième partie du 19e siècle, lorsque les classes aisées anglaises fuyaient la foule d’estivants des côtes pour se réfugier dans de luxueuses villas sur la Côte d’Azur. « Avec la massification du tourisme et au fur et à mesure que l’écart entre les ultra-riches et les autres augmente, ce besoin d’exclusivité ne fait que s’accentuer. »

    Entre luxe et environnement, le délicat exercice d’équilibre de la compagnie Ponant
    L’exclusivité, c’est essentiellement ce que vend une compagnie maritime comme Ponant, spécialisée dans les croisières de grand luxe lorsqu’elle se vante « d’aller là où les autres ne vont pas », comme les deux pôles – compter 44.000 euros par personne pour un mois dans l’Antarctique –, transformant le touriste fortuné en « explorateur ».

    Tourisme spatial
    Mais, en matière de voyages exclusifs, Ponant semble être un petit joueur – même si comparaison n’est pas raison. Le prix de certaines expéditions atteint des montants extravagants. En 2001, l’homme d’affaires californien Dennis Tito a ainsi embarqué, moyennant 20 millions de dollars, pour sept jours à bord de la mission Soyouz TM-32. Il est ainsi devenu le premier touriste de l’espace, avant que quelques autres milliardaires bien connus - Jeff Bezos, Elon Musk et Richard Branson – ne décident d’en faire un véritable business.

    Afin d’embarquer à bord de Virgin Galactic, il faudra compter 450.000 dollars... Pour quelques minutes dans l’espace.
    Fondateur d’Amazon, le premier a créé la société Blue Origin qui se propose d’envoyer des voyageurs en apesanteur à 100 kilomètres d’altitude pour observer la courbure de la terre. Plusieurs voyages ont déjà effectué pour un coût minimal de 200.000 dollars par passager. La semaine prochaine, le 27 juin, la compagnie Virgin Galactic du milliardaire britannique Richard Branson lancera son premier vol commercial, suivi d’un autre en août, avant d’adopter un rythme mensuel, ce qui laisse sous-entendre qu’il y a une véritable demande pour ce genre de folie à 450.000 dollars pour quelques minutes dans l’espace. Mais ce n’est rien à côté d’Elon Musk et sa compagnie SpaceX, qui proposent aux passagers de passer plusieurs jours en orbite autour de la Terre, moyennant 55 millions de dollars.

    Le phénomène ne risque pas de se tarir. Car, comme le souligne Jean-Michel Decroly, la richesse s’est mondialisée avec des milliardaires issus de pays émergents comme la Chine, la Russie ou l’Inde. À bord du Titan figurait ainsi l’homme d’affaires d’origine pakistanaise Shahzada Dawood.

    Faut-il réguler ?
    Une aubaine pour les organisateurs de ce type d’expédition qui ont beau jeu de mettre en avant, comme le fait Ponant « une expérience dont vous vous souviendrez toute votre vie ». Par eux, l’agence flandrienne Starling, citée par De Standaard, qui propose, entre autres, des excursions en Alaska à la rencontre des grizzlis, des expéditions au pôle Sud pour observer les manchots empereurs moyennant 75.000 euros par personne ou encore une aventure dans la forêt tropicale de Bornéo à la recherche de la panthère nébuleuse.

    L’ascension de l‘Everest reste un grand classique qui se monnaie de plus en plus cher.
    Cette soif d’aventure exclusive et inédite des ultra-fortunés est aussi amplifiée par l’omniprésence des réseaux sociaux. Quoi de plus valorisant pour l’ego – même des plus blasés – que de poster un selfie à 8.849 mètres d’altitude au sommet de l’Everest. Et tant pis pour ce que beaucoup considèrent comme des loisirs élitistes et des non-sens écologiques.

    Faut-il dès lors les réguler ? Interdire l’accès à certains sites ? « Idéalement oui », répond Jean-Michel Decroly. « Mais il y a souvent derrière des enjeux économiques vitaux pour des populations locales comme, par exemple, au Népal. » L’ascension de l‘ Everest reste en effet un grand classique, mais qui se monnaie de plus en plus cher. Selon différents sites spécialisés il faut compter entre 40.000 et 200.000 dollars selon les services recherchés, dont le permis d’ascension de 11.000 dollars exigé par le Népal. À en juger par d’étonnantes photos de files d’attente à l’approche du sommet, le business de l’Everest semble florissant. D’où cet étonnant paradoxe qu’aujourd’hui même grimper sur le "toit du monde" commence à perdre son caractère exclusif.

    #pollution par les #super_riches #co2 #privilèges #titan #titanic #business #virgin_galactic #richard_branson #tourisme des #ultra-riches #jeff_bezos #elon_musk #virgin_galactic #blue_origin #spaceX #égo

    Source : https://www.lecho.be/entreprises/tourisme/le-tourisme-pour-ultra-riches-un-creneau-en-plein-essor/10476660.html?_sp_ses=73c9e887-6831-4a3a-9a3b-2eff958868a6

  • Titan und Titanic
    https://jacobin.com/2023/06/titan-submersible-implosion-search-media-wealth-inequality

    L’inconscient régit nos décisions. Il n’exerce son pouvir pas comme les lois qui régissent les mouvements des astres, il n’a rien d’inexorable. C’est dans l’hybris qu’il trouve son expression idéale.

    C’est pourquoi la mort des passagers de troisième classe du Titanic n’a rien de l’hybris souvent associé avec ce naufrage. 62 pour cent parmi eux n’ont pas survécu. Ils avaient de bonnes raison pour un voyage vers un avenir meilleur. Ensuite ils ont acheté le ticket le tout juste abordable pour quitter cette Europe qui ne leur faisait plus de promesse à hauteur de leur espoirs. Avec cette décision ils plaçaient leur sort entre les mains des dieux sur terre, les armateurs des lignes transatlantiques.

    Le compte n’est pas le même pour les passagers de première classe. D’abord seulement 25 pour cent d’eux ont péri dans le même naufrage. Ils avaient les moyens de vérifier le bien fondé des affirmations des vendeurs de tickets et pouvaient choisir le type d’embarcation, le jour et l’itinéraire du voyage. Pour eux il y avait des canots de sauvetage. Leur foi en la promesse de sécurité absolue par la technologie a conduit les victimes parmi eux dans l’abîme. Leur sort ressemble aux punitions divines pour ceux qui dans l’antiquité transgressaient sciemment les limites du comportement humain respectueux et raisonnable.

    On retrouve dans les circonstances de la mort des hommes le sens et la raison d’être de leurs vies. Pour les moins fortunés ce sont le courage, l’espoir et le désespoir. Les naufragés de luxe n’en connaissaient que l’hybris.

    111 ans après dans un périmètre minuscule l’hybris de la classe dominante est parfaite. C’est par l’implosion programmée du submersible Titan que meurent plusieurs membres des plus hautes sphères capitalistes et un de leurs laquais. Leur hybris les a conduit au plus proche de l’hybris de leurs ancêtres de classe sur le Titanic .

    Le crépuscule des puissants est toujours précédé par le massacre des pauvres, en mer, en guerre et dans les usines.

    Le Vaisseau des morts a toujours fait partie d’une profitable armada amarinée des damnés de la terre que la faim et le désespoir poussent à monter sur les embarcations de fortune. Leur chances de survie ne sont systématiquement qu’à peine plus élevée que celle du petit sous-marin qui s’est transformé en tombe de milliardaires.

    L’élite n’accepte pas qu’un combat des chefs remplace la guerre où se battent les poilus. Il arrive pourtant que des spécimens de la classe au pouvoir tombent dans le piège de leur propres mythes et jouent aux valeureux guerriers et courageux explorateurs. C’est en ce moment qu’ils s’en aperçoivent qu’ eux aussi ne sont que des mortels en chair et en os.

    Qu’ils reposent en paix.
    Désormais on aura des choses plus importantes à faire que de leur être serviable.

    No Matter How Rich You Are, You Can’t Own the Sea

    23.6.2023 y Nicholas Boni - Tell me, O Muse, of the man who dove to the depths of the sea, heeding the siren call of piles of money. Stockton Rush, the millionaire founder and CEO of OceanGate, Inc. and Xbox-controller-wielding pilot of the Titan, was confirmed dead on Thursday after his nonrated, custom-made submersible predictably imploded under the pressure of millions of tons of water, instantly killing him and his four passengers. Alongside him died Hamish Harding, a British billionaire; Shahzada Dawood, a Pakistani millionaire, and his son Suleman; and French billionaire Paul-Henri Nargeolet, the director of underwater research at RMS Titanic, Inc., the company that claims to own to the Titanic wreck, and had to settle its debts by auctioning off relics from the site, a practice commonly known as “graverobbing.”

    Rescue efforts by the United States Navy and Coast Guard will likely total in the millions, after OceanGate was wholly unprepared for any kind of search and rescue operation for their deep-sea boondoggle: the vessel did not have a locator beacon onboard, and it was even painted white, the color of breaking waves, making it nearly impossible to locate on the surface. Rush’s philosophy for his undersea exploration company was, “I think I can do this just as safely by breaking the rules.”

    David Lochridge, an engineer on the sub, thought differently in 2018, pointing out, among other flaws, that the main viewing port was only rated to a dive depth of 1,300 meters, less than a third of the depth to the seafloor where the wreck of the Titanic lies. He was promptly fired. So now, after years of safety warnings, open letters, and legal proceedings, the American public will pay for the futile, days-long search for a white strand of hay in a white haystack, even after the US Navy heard the vessel implode.

    The twelve-thousand-foot-deep pleasure cruise around the wreck of the Titanic is the latest in a fad of highly dangerous and expensive stunts carried out by the uber-wealthy who are desperate to feel something, and willing to spend their vast fortunes extracted from their workers in the attempt to do so. The price of admission to this death trap was $250,000. Trying to live out a Jules Verne fantasy, passengers of the Titan join the wealthy victims of the Titanic, which, when it sank in 1912, also killed by class: of first-class passengers, 62 percent survived the sinking, compared with just 25 percent of third-class passengers.

    Letting the lower class drown is a trend that continues today. The most recent example is the horrific capsizing of a ship carrying at least five hundred migrants off the coast of Greece, which has killed at least seventy-eight people. In stark contrast to the all-out, multinational effort to save the Titan, the Greek Coast Guard has been accused of deadly inaction after discovering the ship dead in the water and dangerously overcrowded. This is only the latest incident in a constellation of tragedies involving migrants in the Mediterranean: between 2015 and 2023, it’s estimated that over twenty-four thousand people are dead or missing after setting out for Europe, including over 1,100 this year alone. That’s more than a Titanic every year, but you don’t see the same kind of breathless, wall-to-wall news coverage.

    In a world where shipwrecks abound, why are we so obsessed with the Titan and the Titanic? It’s a combination of panache, prestige, and that classically Greek concept of hubris. Important people went down with both vessels: millionaires, royalty, business tycoons. The splendor of the Titanic’s Grand Staircase has been rendered in countless paintings, documentaries, and films. And, of course, there’s the epithet that steams Poseidon’s ears: “unsinkable.” It’s hard for the average person to imagine possessing both the arrogance to claim total victory over the sea, and the influence to skimp on lifeboats based on that claim.

    The sorrowful odysseys of migrant ships don’t sell papers because, for one thing, those papers are usually in bed with the draconian, inhumane, and vengeful regimes that allow such horrible fates to befall migrants in the first place; and for another, because the misery hits very close to home for most people. Not everyone has been a refugee, but most people in the post-COVID era know what it’s like when suddenly you can’t afford your home anymore and have to move, or when food becomes absurdly expensive, or your job disappears, and you’re faced with difficult choices and uncertainty for yourself and your family. Staring down the barrel of human-driven climate change, an astronomical cost of living, and a poor economic outlook, most people recognize that they are far closer in life to desperate refugees than they are to the politicians, war profiteers, and rapacious capitalists who create them.

    Anyone’s death is a tragedy, of course, and it’s awful that the passengers on the Titan died this way. But their deaths come amid a much larger wave of preventable suffering inflicted by the ilk of those aboard the Titan. Perhaps there’s a ripple of irony in watching these very billionaires, who buy shipwrecks and private submarines with the hoarded treasures of our society, humbled by an inescapable facet of ownership: ius abutendi, the right to destroy, held over every ship by the wine-dark sea.

    #naufrage #Titanic #Titan #hybris #capitalisme

    • Auf Deutsch denkt sich dieser Text nuanciert anders :

      Antwort auf
      No Matter How Rich You Are, You Can’t Own the Sea
      https://jacobin.com/2023/06/titan-submersible-implosion-search-media-wealth-inequality

      Das Unbewusste steuert unsere Entscheidungen. Es übt seine Macht nicht so aus wie die Gesetze, die die Bewegungen der Gestirne bestimmen, es ist nicht unerbittlich. Seine ideale Ausdruckform ist die Hybris.

      Für die Passagiere der dritten Klasse der Titanic hatte der Tod deshalb nichts von der Hybris zu tun, die oft mit ihrem Untergang assoziiert wird. 62 Prozent von ihnen überlebten nicht. Sie hatten gute Gründe für eine Reise in eine bessere Zukunft. Dann kauften sie ein für sie zugängliches Ticket, um Europa zu verlassen, das ihnen nichts mehr zu versprechen hatte. Mit dieser Entscheidung legten sie ihr Schicksal in die Hände der Reeder, irdische Götter im Besitz der Überseelinien.

      Die Rechnung sieht für die Passagiere der ersten Klasse ganz anders aus. Nur 25 Prozent von ihnen kamen bei demselben Schiffsuntergang ums Leben. Sie hatten die Mittel, die Behauptungen der Ticketverkäufer auf ihre Richtigkeit zu überprüfen, und konnten die Art des Schiffes, den Tag und die Route der Reise selbst wählen. Sie hatten Retuungsboote. Ihr Glaube an das Versprechen der absoluten Sicherheit durch die Technologie hat einige von ihnen ins Verderben geführt. Deren Schicksal ähnelt den göttlichen Strafen für alle, die in der Antike wissentlich die Grenzen respektvollen und vernünftigen menschlichen Verhaltens überschritten.

      Die Todesumständen der Menschen verraten Sinn und Zweck ihres Lebens. Für die weniger Wohlhabenden sind es Mut, Hoffnung und Verzweiflung. Die Schiffbrüchigen des Luxus kannten nur die Hybris.

      111 Jahre später, an einem winzigen Punkt, ist die Hybris der herrschenden Klasse perfekt. Durch die konstruktionsbedingte Implosion des Tauchboots Titan starben mehrere Mitglieder aus höchsten kapitalistischen Kreisen und einer ihrer Lakaien. Ihre Hybris hat sie der Hybris ihrer Klassenvorfahren auf der Titanic so nah wie nur möglich gebracht.

      Der Mächtigen Götterdämmerung geht immer das Gemetzel an den Armen voraus, auf See, im Krieg und in den Fabriken.

      Das Totenschiff war schon immer Teil einer profitablen Armada, bemannt mit den Verdammten der Erde, die Hunger und Verzweiflung dazu treiben, sich auf Seelenverkäufern einzuschiffen. Ihre Überlebenschancen sind systematisch kaum höher als die des kleinen U-Boots, das zum Milliardärsgrab wurde.

      Die Elite will nicht, dass ein Kampf der Häuptlinge den Krieg ersetzt, den Schütze Arsch für sie kämpft. Manchmal tappen unaufmerksame Exemplare der herrschenden Klasse in die Falle ihrer eigenen Mythen und geben die tapferen Krieger und mutigen Entdecker, nur um zu spät zu bemerken, dass auch sie nur Sterbliche aus Fleisch und Blut sind.

      Mögen sie in Frieden ruhen.
      Von nun an werden wir uns wichtigere Dinge kümmern, als ihnen zu Diensten zu sein.

  • Missing Titanic Sub Once Faced Massive Lawsuit Over Depths It Could Safely Travel To | The New Republic
    https://newrepublic.com/post/173802/missing-titanic-sub-faced-lawsuit-depths-safely-travel-oceangate

    Ah, ces lanceurs d’alerte....

    Court documents reveal a former OceanGate employee had several safety complaints over the tourist submersible—and then he was fired.

    #Titanic #Sous-Marin #Néo-libéralisme

  • OceanGate Was Warned of Possible ‘Catastrophic’ Problems with Titanic Mission - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2023/06/20/us/oceangate-titanic-missing-submersible.html

    Ah le tourisme de l’extrême pour les riches... et ces entreprises qui veulent se dispenser des règles de sécurité et d’expérience... n’est-ce pas Elon et Jeff.

    Je me demandais pourquoi on faisait tant de bruit sur un sous-marin « automatique » qui allait voir le Titanic... je n’avais pas compris qu’il y avait des gens à bord. Quelle folie !!!

    Experts inside and outside the company warned of potential dangers and urged the company to undergo a certification process.

    An underwater photograph of the Titan submersible, which has a small porthole at the end of the tube-shaped craft.
    This undated image, courtesy of OceanGate Expeditions, shows their Titan submersible launching from a platform.Credit...OceanGate Expeditions/Agence France-Presse — Getty Images
    An underwater photograph of the Titan submersible, which has a small porthole at the end of the tube-shaped craft.

    By Nicholas Bogel-Burroughs, Jenny Gross and Anna Betts

    June 20, 2023

    Years before OceanGate’s submersible craft went missing in the Atlantic Ocean with five people onboard, the company faced several warnings as it prepared for its hallmark mission of taking wealthy passengers to tour the Titanic’s wreckage.

    It was January 2018, and the company’s engineering team was about to hand over the craft — named Titan — to a new crew who would be responsible for ensuring the safety of its future passengers. But experts inside and outside the company were beginning to sound alarms.

    OceanGate’s director of marine operations, David Lochridge, started working on a report around that time, according to court documents, ultimately producing a scathing document in which he said the craft needed more testing and stressed “the potential dangers to passengers of the Titan as the submersible reached extreme depths.”

    Two months later, OceanGate faced similarly dire calls from more than three dozen people — industry leaders, deep-sea explorers and oceanographers — who warned in a letter to its chief executive, Stockton Rush, that the company’s “experimental” approach and its decision to forgo a traditional assessment could lead to potentially “catastrophic” problems with the Titanic mission.

    Now, as the international search for the craft enters another day, more is coming to light about the warnings leveled at OceanGate as the company raced to provide extreme tourism for the wealthy.

    #Titanic #Marché_luxe #Tourisme_riches

  • Sous-marin Titan disparu : le tourisme des profondeurs, la nouvelle passion des grandes fortunes à 250 000 dollars le ticket. Claire Rodineau - figaro
    Et en plus, ce sous marin avait un hublot beaucoup trop grand

    Une conclusion potentiellement tragique à ce qui devait, au départ, être une expérience exceptionnelle pour trois voyageurs, prêts à casser la tirelire pour quelques jours de grand frisson. Prix de l’expérience à bord du petit submersible de carbone ? 250.000 dollars. C’est la somme déboursée par le milliardaire anglais Hamish Harding, désigné par sa famille comme l’un des trois « civils » à bord du sous-marin disparu, en plus du pilote et d’un scientifique français, le grand spécialiste du Titanic Paul-Henry Nargeolet.

    . . . . . . . .
    « Complètement stupide », s’agace le plongeur français Christian Petron, directeur technique des premières campagnes d’exploration du Titanic. « Cette nouvelle forme de tourisme est dangereuse car plonger à de telles profondeurs ne peut se faire qu’avec de tout petits sous-marins. L’expérience sera réservée à une poignée de milliardaires et, dans le cas des plongées Titanic, elle se double d’une composante voyeuriste, quand on pense au nombre de morts qu’a fait ce drame. »

    Paul-Henri Nargeolet lui-même n’était pas favorable à cette forme de tourisme, assure-t-il. « Il y allait pour la science, même s’il était réservé sur l’appareil en lui-même, dont il trouvait le hublot beaucoup trop grand pour aller si profond. Mais partir avec OceanGate était le seul moyen de revoir l’épave du Titanic, faute d’expéditions purement scientifiques. Elles ne sont pas financées, contrairement à celles de l’espace », nous confie l’une de ses proch
    . . . . . . . .
    #Sous-marin #mer #tourisme des #grands_bourgeois #tourisme des #grandes_profondeurs #pollution #titanic

    Source : https://www.lefigaro.fr/voyages/sous-marin-disparu-le-tourisme-des-profondeurs-nouvelle-passion-des-grandes

    • Les grands et grandes bourgeois.es ont un grand besoin d’histoires à raconter lors de leurs diners en ville.
      Voyages en bathyscaphes, en navette spatiale, ascension de l’Himalaya, repas avec emmanuel macron, nouveau jet, nouvelle villa, . . . .
      Que ne doivent ils faire afin d’éviter l’ennui de leurs #existence vides ?

      Le bon côté, c’est que ça peut nous débarrasser de leur #suffisance.

    • Il y avait une dizaine de milliards de dollars dans le bathyscaphe touristique

      Shahzada Dawood, un homme d’affaires pakistanais.
      Il est connu pour figurer au palmarès des Pakistanais les plus riches du monde grâce à ses affaires dans le secteur de l’engrais, de la nourriture, de l’énergie et pharmaceutique. Il s’était lancé dans l’expédition avec son fils Suleman.

      Le nom de Hamish Harding a également été évoqué.
      Ce dernier est un milliardaire britannique de 58 ans habitué à ce genre d’expérience.
      . . . .
      Source : https://www.vanityfair.fr/article/titanic-cinq-disparus-sous-marin

  • Un bateau viking refait surface | Actu de science - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=7uQW1qiS62w&list=TLPQMDUwMTIwMjFR9BEKfEw3cw&index=2

    En Norvège, les archéologues s’affairent à exhumer un bateau-tombe viking récemment découvert. Menacées par les moisissures, ces ruines appartiennent à l’un des plus grands bateaux de ce genre jamais retrouvés.

    Réalisation : Anaïs Poncet
    Production : Universcience 2020

  • Comme elle est bizarre cette rentrée ! Contrairement aux autres années, nous n’avons pas la nostalgie bien naturelle du sable chaud de la plage, de l’apéro devant le barbecue ou des escapades dans la forêt ou le maquis. Cette rentrée ressemble à un embarquement dans une machine infernale dont on ne sait où elle va s’écraser. Plus fort que le chant des cigales ou le frémissement de l’écume des vagues, les nouvelles sur le dérèglement de la planète furent, cet été, tintamarresques. Des incendies en Grèce et en Californie, le mercure qui battait chaque jour des records, l’Arctique qui continuait de fondre, les migrations qui passaient du statut de problème à gérer à celui de catastrophe humaine, rien ne va plus sur la planète. Et puis, patatras, au détour d’une émission de radio, voilà notre ministre emblématique, l’écolo le plus séduisant de France qui jette l’éponge et dit « ne plus avoir la foi ».
    http://www.up-magazine.info/index.php/decryptages/analyses/7975-de-rugy-face-a-la-montee-des-perils-sur-le-climat-la-planete-l-hu

    <b>Comme elle est bizarre cette rentrée ! Contrairement aux autres années, nous n’avons pas la nostalgie bien naturelle du sable chaud de la plage, de</b> …

  • Si je gagne, je gagne et si je perds alors tu ne gagnes pas.
    Je savais reconnaître les membres de ce parti mais maintenant, il faudra peut-être arbitrer avec son nez. Ça dépasse l’entendement. Ils préfèrent le banquier non encarté au mec élu et qui a sa carte.

    Ils se demandent pourquoi Trump, pourquoi le Brexit et pourquoi demain Le Pen. Ben moi j’ai un bout de réponse : l’ouvrier attache encore un peu d’importance à la loyauté. Socialistes connaissent plus et les antifas n’ont jamais connue.
    Le début de la fuite, on va rire de + en +.

    http://www.lexpress.fr/actualite/politique/elections/hamon-vainqueur-deja-quatre-deputes-ps-rejoignent-macron_1874039.html
    #titanic

  • Quel constructeur automobile européen a enregistré une croissance de son CA de 14.5% en 2014 ?

    Un constructeur qui fait du transport en commun pour répondre à l’envolée des prix pétroliers, ou bien de la bagnole économique, écologique, électrique comme on pourrait s’y attendre si le marché était un temps soit peu rationnel en ce dur contexte (permanent) de crise économique et écologique ?

    Que Nenni, ce constructeur c’est ... Ferrari..

    https://fr.sports.yahoo.com/news/ferrari-succ%C3%A8s-financier-d%C3%A9route-sportive-103242432.html

    Voilà, juste une petite dépêche... déprimante, comme tant d’autres..

    #monde_de_merde
    #liberalisme
    #titanic
    #manger_le_monde

  • Ein Prosagedicht löst riesiges Medienspektakel und persönliche Angriffe aus, Israel erklärt einen deutschen Träger des Literaturnobelpreis zur persona non grata.

    http://www.flickr.com/photos/olereissmann/5606946171

    Flickr

    Nach Lektüre des Gedichts drängt sich der Eindruck auf, dass der am lautesten « haltet den Dieb » schreit, der von den eigenen Taten abzulenken versucht.

    was gesagt werden muss von Günter Grass http://www.neues-deutschland.de/artikel/223456.was-gesagt-werden-muss.html

    gleichfalls darauf bestehen,
    daß eine unbehinderte und permanente Kontrolle
    des israelischen atomaren Potentials
    und der iranischen Atomanlagen
    durch eine internationale Instanz
    von den Regierungen beider Länder zugelassen wird.

    Nur so ist allen, den Israelis und Palästinensern,
    mehr noch, allen Menschen, die in dieser
    vom Wahn okkupierten Region
    dicht bei dicht verfeindet leben
    und letztlich auch uns zu helfen.

    Günter Grass exprime son inquiétude face aux armes nucléaires d’Israel et du possible développement d’armes nucléaires par l’Iran. Il explique dans son poème qu’il ne peut plus se taire face à la folie meurtrière de la région, qu’il a le devoir de demander un contrôle des armes nucléaires par une commission internationale - parce que sinon il se tairait une deuxième fois devant une hécatombe imminente.

    Après la publication de son poème la totalité des médias et politiciens allemands à l’exeption du parti de gauche s’expriment contre lui, parfois en des termes injurieuses. Le gouvernement israelien le déclare persona non grata .

    La morale de l’histoire : quand on vole quelquun il faut crier bien fort « au voleur » afin de ne pas se faire attrapper.