Carnac rechigne à s’aligner derrière la candidature à l’Unesco
dans M Le Magazine, supplément hebdo du Monde d’aujour’hui
quelqu’un a accès à l’article ?
Carnac rechigne à s’aligner derrière la candidature à l’Unesco
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j’ai demandé, il semble que même les abonnés n’aient pas accès à l’article en ligne. le numéro du ouikende spécial luxe, tourisme et vendu cher ne deviendrait accessible que plus tard ?
j’imagine qu’il sera rapido sur archives web ou ailleurs, l’endroit « parle » aux multitudes.
edit vu ce qui suit, je soupçonne mes informateurs d’être plus touristes que mystiques. ce genre là ? « 4 215 habitants voisinent l’été avec plus de 50 000 vacanciers, sans compter les quelque 700 000 visiteurs à la journée. » (on ne peut y retourner qu’en janvier et sur la pointe des pieds ?)
Le classement des célèbres mégalithes bretons au Patrimoine mondial de l’humanité pourrait aboutir vers le 12 juillet. Mais, loin de faire l’unanimité, cette reconnaissance divise la région.
Le jour du solstice d’été, le 21 juin, les touristes sont toujours plus nombreux à venir à Carnac admirer les alignements du Ménec ou le menhir géant du Manio. Ces monuments du néolithique font la beauté et la fierté de la région. Dans quelques semaines, ils seront peut-être le premier site breton classé au Patrimoine mondial de l’humanité. L’Unesco doit rendre public son 47e palmarès aux alentours du 12 juillet et la candidature des mégalithes, portée depuis 2011 et déposée en janvier 2024, a le vent en poupe. Mais, sur place, le consensus, qu’on pensait de granit, montre quelques fissures. À Carnac, certains pestent contre les gros travaux routiers qui sont en cours pour améliorer l’accès au site principal et d’autres redoutent que la zone se transforme définitivement en parc d’attractions à la faveur du développement du tourisme.
« C’est un patrimoine de légende. Je le sais bien, je suis du coin »,indique le parrain de la candidature, l’ancien ministre et maire socialiste de Lorient, Jean-Yves Le Drian, surnommé lui-même le « menhir ». Lorsque les représentants de l’Unesco ont visité Carnac, fin mai, il a plaidé en faveur de « ce symbole de la Bretagne qui inspire le mystère, le silence et qui est porté par un dossier très élaboré ». Ce qui n’est pas l’avis des archéologues. « Nous avons été peu écoutés, le dossier est très politique et économique »,regrette ainsi un ancien membre du comité scientifique qui préfère conserver l’anonymat. La question de la conservation actuelle des sites chiffonne un autre spécialiste, Christian Obeltz, installé à Carnac depuis 1991, où il est considéré comme une solide référence. Dans la forêt de pins qui borde la route départementale, à 5 kilomètres au nord du centre-ville, il se fraye un passage dans les fougères pour montrer l’un des 550 sites recensés pour la candidature, celui du dolmen de Kluder-Yer . « L’endroit est prévu pour être classé, mais comme les trois quarts des sites de la liste, il est en mauvais état »,constate Christian Obeltz devant le monument funéraire, sans accès ni mise en valeur, et menacé par les racines des arbres voisins. Plus loin, l’archéologue montre une carrière de granit où « 200 menhirs ont déjà été détruits dans les années 2010, avec autorisation préfectorale ! L’Unesco, c’est pour le prestige... », dénonce-t-il. Il craint que ce qui a été mal protégé par les lois françaises en matière de patrimoine ne soit pas mieux préservé une fois acquis le classement par l’Unesco.
En ville, personne n’ignore la candidature, mais l’engouement est plutôt timide. L’association Paysages de mégalithes, présidée par le maire de Carnac, Olivier Lepick, promeut l’opération depuis 2013. Ses brochures sont distribuées à l’office du tourisme, installé à 50 mètres de la mairie et du Musée de préhistoire, et juste devant l’église Saint-Cornély, dédiée au patron des menhirs : la légende dit qu’il changea en pierres les soldats romains venus l’arrêter. Mais, dans ces rues très fréquentées, des sourcils se lèvent quand on évoque le développement touristique et les projets d’aménagement - parkings, hôtel de luxe et un nouveau musée - déjà en cours. Il faut dire que, à Carnac, les 4 215 habitants voisinent l’été avec plus de 50 000 vacanciers, sans compter les quelque 700 000 visiteurs à la journée.
« Le maire veut vendre la commune au surtourisme, à n’importe quel prix », accuse un élu d’opposition non inscrit, Pierre-Léon Luneau, en montrant dans la feuille municipale, Carnac magazine, un article de 2015 qui tablait sur une hausse de plus de 25 % de la fréquentation, en cas de label Unesco. Membre de la commission d’urbanisme, il regarde avec méfiance un projet qui « n’est pas une hérésie, mais qui ne protège pas le patrimoine »,et dénonce les conditions opaques, « dignes d’un monde féodal »,dans lesquelles il a, selon lui, été imposé sans réelle concertation . « Il y a un certain nombre de fantasmes. On parle de plus de 30 % de touristes, de hordes de Chinois ou de Japonais... Mais il n’y a pas de surtourisme en Sud Bretagne », répond le maire, Olivier Lepick. Depuis son élection, en 2014 ,il affirme avoir « mené beaucoup de réunions publiques pour devancer les préoccupations et avoir trouvé un engouement important sur le territoire », et se dit convaincu que, « s’il y avait une opposition majeure, on en aurait entendu parler ».
Au beau milieu des alignements de Kermario, quelques moutons paissent entre les menhirs, dont l’accès est restreint par un grillage de 1 mètre de hauteur. C’est là, dans un hameau à l’emplacement exceptionnel, que sont installés les amoureux des mégalithes de l’association Menhirs libres, fondée en 1991 et associée au projet Unesco. « On n’est pas contre la candidature, mais c’est ce qu’il y a après qui nous intéresse, expliquent deux de ses membres, Arnaud Mary et Rémy Cochen, qui plaident pour l’accès libre au site et « l’appropriation collective de ce patrimoine breton ».
Un événement, survenu il y a deux ans, a ravivé les inquiétudes et fédéré les défenseurs des mégalithes. En pleine élaboration du dossier de candidature, la mairie avait signé un permis de construire pour un magasin de bricolage : en juin 2023, des bulldozers étaient venus détruire le site historique du chemin de Montauban, qui abritait 39 menhirs. En regardant la lande, Rémy Cochen et Arnaud Mary plaident pour que soit maintenu le lien mystique et millénaire qui les unit au territoire : « On veut que les menhirs restent un lieu de vie. »
« Sans intervention, ma commune va devenir un centre de vacances » : à Locmariaquer, dans le Morbihan, le maire tente en vain de favoriser l’habitat à l’année
▻https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/06/20/sans-intervention-ma-commune-va-devenir-un-centre-de-vacances-a-locmariaquer
« Immobilier, une crise européenne ». Dans la station balnéaire bretonne de Locmariaquer, où les résidences secondaires pullulent, la municipalité a échoué à faire accepter aux habitants un projet de logements en bail réel solidaire censé rajeunir la commune.
Hervé Cagnard (sans étiquette) est encore « sous le choc », ce 12 juin. Maire de Locmariaquer (Morbihan), commune cossue de 1 600 âmes située sur la touristique côte bretonne, il rumine « l’échec » du référendum local organisé le 18 mai pour sonder les habitants sur l’aménagement des trois dernières réserves foncières municipales.
L’élu proposait d’y construire une trentaine de logements en bail réel solidaire (BRS), dispositif dissociant le foncier du bâti, qui permet à des habitants aux revenus modestes d’acquérir des biens jusqu’à 40 % en dessous du prix du marché. Le BRS s’impose comme un levier pour contenir la spéculation immobilière tout en garantissant la transmission des habitations à des résidents à l’année. « Sans intervention, ma commune va devenir un Ehpad et un centre de vacances à ciel ouvert », martèle l’élu.
A Locmariaquer, la majorité de la population est retraitée. Incapables d’acheter dans cette station balnéaire où le prix de l’immobilier rivalise avec les tarifs parisiens, jeunes et actifs sont repoussés toujours plus loin dans les terres. Les rares logements à vendre sont captés par des résidents secondaires. Nombre de biens à louer à l’année sont fréquemment transformés par leurs propriétaires en plus rentables locations à la nuitée. Ici, six habitations sur dix sont des résidences de vacances. Symbole d’un territoire qui vieillit et vit au rythme du tourisme, l’école élémentaire ne compte plus que 54 enfants. Ils étaient 62, l’année passée.
Face à un marché locatif bouché, la détresse des jeunes actifs : « Mais qui arrive à trouver un appart sans frauder ? »
▻https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/06/18/face-a-un-marche-locatif-bouche-la-detresse-des-jeunes-actifs-mais-qui-arriv
Explosion de la fraude sur les dossiers de candidatures pour des locations.
Face à ces difficultés croissantes pour se loger, certains plaident pour des mesures structurelles. Pour Barbara Gomes, la solution est simple : il suffirait de relever significativement la taxe sur les logements vacants, à l’image de la ville de Vancouver, au Canada, où une taxe équivalente à 4 % de la valeur du bien a été mise en place.
Je m’étonne que l’article ne parle pas de l’élargissement de la garantie de cautionnement par l’État, sans parler de mesures de contrôle des loyers
Et les gens qui ont des parents pas « stables » ?
Avec des loyers d’autant plus élevés (avec ou sans « plafonnement ») qu’ils doivent pour partie compenser le fait que les logements concernés ne sont pas valorisés en « location touristique » et qu’ils concernent des biens raréfiés (quasi arrêt de la construction), des logements « sociaux » en nombre insuffisant (construction en berne), les proprios et leurs gestionnaires choisissent leurs locataires dans l’arbitraire le plus complet (à preuve, ces intermittents du spectacle à 3000 balles par mois dont on attend un CDI).
Il n’y a par ailleurs aucun « contrôle des loyers » dès lors qu’il s’agit d’un nouveau bail. Le « plafonnement » ne fait qu’entériner un « prix de marché » dont on fait ... baisser la hausse.
entre juillet 2019 et juin 2024, l’effet de modération de la hausse des loyers imputable au dispositif d’encadrement à Paris est de -5,2 % par rapport à la hausse qui serait intervenue à Paris en l’absence d’encadrement.
►https://www.apur.org/fr/nos-travaux/effets-encadrement-des-loyers-paris
Le tourisme est le premier secteur économique de ce pays mais on ne se préoccupe guère des conditions de vie de qui, de la restauration au ménage, de la culture à la logistique, travaille directement ou pas pour ce secteur.
le #tourisme donne le la, et pas seulement en matière de logement.
Dans un groupe FB local, j’ai vu passer une offre de job d’un peu plus de 600 balles pour 30h/sem.
« oui, mais bon, un service civique, c’est pas un vrai boulot (30h/sem quand même), c’est pour tester si on veut le faire (genre, comme une période d’essai de droit commun, mais en moins long et sans possibilité de payer sous le SMIC ?) » et sachant que ces jobs tournent plus qu’en service civique et que jamais tu auras un SMIC pour ça ?
J’ai répondu par un laconique : pas facile de se loger à ce prix-là.
Parce que même dans mon bled pas cher et pas trop sous tension, c’est le prix d’un studio.
Deux gamines de 19 ans à Toulouse, serveuses 2 mois à plein rendement en soit disant CDI car les patrons exploitent le turnover des périodes d’essai. (STP évite la brasserie Black Lion à Toulouse). Pour le taf, elles se sont aussi retrouvées une nuit dans une boite de striptease dont l’annonce était sur France Travail où leur a été proposé un studio à 4 et où leur passeport a été confisqué jusqu’à la sortie à 4h du mat.
Pour le logement, après des visites de souplex sentant le moisi et autres studios crades, elles ont finalement trouvé un 2 pièces de 38m2 pour 700€ dans un quartier éloigné du centre. Heureusement la mère de l’une d’elle veillait la nuit et a téléphoné pour insister auprès du proprio et faire valoir moult arguments en leur faveur dont tout ceux inconscients (jeunes/travailleuses/blanches/famille aisée et soudée). Lors de la visite, le proprio nous a montré son annonce le boncoin et en 2 jours il avait reçu 120 demandes …
@colporteur certes, on peut trouver insuffisant le dispositif de contrôle des loyers. Néanmoins, il semble que son efficacité s’accroit :
Il en ressort qu’entre juillet 2019 et juin 2024, l’effet de modération de la hausse des loyers imputable au dispositif d’encadrement à Paris est de -5,2 % par rapport à la hausse qui serait intervenue à Paris en l’absence d’encadrement. L’effet s’accentue dans le temps (-2,5 % entre mi-2019 et mi-2020, -5,9 % entre mi-2022 et mi-2023 et -8,2 % entre mi-2023 et mi-2024) et bénéficie davantage aux petits logements qu’aux grands.
L’analyse élargie à 5 autres villes régulées démontre par ailleurs l’efficacité du dispositif au-delà du seul cas parisien.
►https://www.apur.org/fr/nos-travaux/effets-encadrement-des-loyers-paris
peut être cette amélioration ne reflète elle d’ailleurs que la baisse des prix (environ -10%) sur le marché immobilier ?
Ce pseudo encadrement n’est pas un contrôle. Il limite tout au plus certains abus, qui ne sont pas rares, sans toucher au prix. Comme le prix des petites surfaces (studios) est le prix le plus élevé au mètre carré, c’est principalement là que cela a des effets (ce n’est pas rien : les débrouillards prévoyants et suffisamment dotés peuvent même falsifier leur dossier pour obtenir le bail en prévoyant de faire baisser le loyer ensuite).
À Paris, les colocations pouvaient être un moyen de vivre autrement qu’isolé, et surtout de ruser avec la cherté. Il y a quelques années, ça démarrait à 450€. Aujourd’hui, il n’est pas rare que ce soit 750€. Après tout c’est moins cher et mieux équipé qu’un studio. Il y a d’ailleurs des proprios qui organisent eux-mêmes des colocations (lit par lit, la rentabilité est supérieure à ce qu’elle serait pour l’entièreté de l’appart, pourtant déjà élevée).
On s’est d’ailleurs mis à viser là-aussi le haut du panier avec un coliving qui permet d’obtenir à l’année des revenus au mètre qui tendent v ers ceux de RbnB
▻https://seenthis.net/messages/1115517
Les multipropriétaires possèdent une grande partie des logements privés des centres-villes. Point.
▻https://archive.ph/z95R5#selection-2011.9-2011.105
Et le premier propriétaire venu tâche d’adopter un comportement. Perso, y compris comme « propriétaire » d’un bail à Paris (ceux qui ne sont rien ont malgré tout souvent quelque chose, par exemple des vielleuse à vendre en ligne, jusqu’à ce que la CAF le leur fasse payer), tout incite à le rentabiliser par de la sous loc.
Cette « violence économique » est fonctionnelle. Elle fabrique une subjectivité diffuse : tous propriétaires, partout mordus par les chiens de Guizot, tous commerçants jusqu’à être biffin de soi-même en auto entrepreneur.
Municipaliser un logement touristique repensé (c’est sortir le fusil contre l’hôtellerie et les bailleurs), taxer le patrimoine (histoire connue), fixer le prix des loyers, construire des logements qui soient réellement sociaux (qui veut revaloriser les « cassos » et autres « victimes »), non, on fera rien de structurant, si ce n’est la loi Kasbarian.
Y a pas de réformes sans qu’une menace sociale, révolutionnaire leur ouvre un espace, par crainte, par calcul. Donc pas de réformes, mais bien sûr cette fonctionnalité politique (déterminer les formes de vie) de la violence économique, faut quand même la réguler chouïa. Avec la VP on est dans la gestion d’une « attractivité » qui suppose de faire quelque chose comme une ville, malgré tout, donc éviter que le tourisme qu’on favorise et finance bouffe tout, donc garder des habitants, et pas que des jeunes célibataires ou des vieux, et maintenir la possibilité d’être Parisien, au moins quelque années.
(rassurons-nous, les zoos humains ont été abolis)
A Paris, la pénurie de logements à louer s’aggrave
▻https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/06/20/a-paris-la-penurie-de-logements-a-louer-s-aggrave_6614736_3224.html
« Immobilier, une crise européenne ». Chaque année, 8 000 appartements disparaissent du parc locatif privé parisien. Au grand dam des jeunes actifs, des étudiants et des ménages aux revenus modérés. Un assèchement qui contribue à la muséification de la capitale.
prix moyen du mètre carré à la location 27 euros (plus cher en petite surface).
de bons graphiques
fun fact, l’Apur invente des logements sociaux pour présenter des quantités flatteuses pour la Ville.
▻https://archive.ph/6yoou
partout mordus par les chiens de Guizot,
@colporteur : ?
Est-ce parce que :
Pour certains, c’est en 1840, peu après que Guizot fut devenu le chef effectif du gouvernement, qu’il prononça ces mots : « Éclairez-vous, enrichissez-vous, améliorez la condition morale et matérielle de notre France. » La formule figure dans un discours prononcé par Guizot devant la Chambre des députés en 1843.
?
oui @parpaing, une citation fameuse (qui pointe l’amoralité des pauvres) que j’ai d’ailleurs confondu avec une déclarations de N.S. lors de la campagne électorale de 2007 : "faire de la France un pays de propriétaires"
Meublés Airbnb : quand ubérisation du ménage et main-d’œuvre vulnérable font tourner la machine
▻https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/06/02/meubles-airbnb-quand-uberisation-du-menage-et-main-d-uvre-vulnerable-font-to
Une femme de ménage travaille dans un appartement en location Airbnb, à Paris, en septembre 2018. THIBAULT CAMUS/APC’est une recommandation qu’Airbnb formule sur son site Internet, à destination de sa communauté de loueurs de meublés touristiques. Sous la tête de chapitre « Tout ce que vous devez savoir sur les frais de ménage », afin de « garder un prix compétitif », la plateforme préconise : « Négociez avec la personne chargée du ménage. Envisagez de lui demander si elle peut accepter un tarif plus bas en échange de prestations plus régulières. »
Le #nettoyage, rouage crucial dans l’activité des meublés de tourisme pour assurer une occupation à flux tendu, constitue, en effet, une dépense que les propriétaires, les plateformes et les grandes conciergeries – spécialisées dans la gestion de la location, de l’annonce au dépôt des clés – cherchent à réduire au maximum, pour préserver leurs marges. Derrière les portes closes des meublés touristiques, la massification des Airbnb et la rentabilité attendue de ce type de locations entraînent des cadences et des conditions de travail difficiles.
[...]
En 2022, VIP Services, une société de nettoyage d’appartements loués sur Airbnb, recrutant des Ukrainiennes en situation irrégulière (avant que l’UE ne leur offre une protection valant autorisation de séjour et droit de travailler), a été condamnée en première instance par le tribunal de Paris pour « traite d’êtres humains aggravée ». Un cas extrême. Le jugement de l’affaire éclaire toutefois sur un système de sous-traitance en cascade : des propriétaires de meublés de tourisme confient leurs biens à une conciergerie de premier plan, HostnFly, elle-même donneuse d’ordres auprès de cette société de nettoyage, VIP Services, recrutant à bas coût des femmes de ménage.
[...]
Comme HostnFly, les grandes conciergeries recourent à des applications sur smartphone pour piloter et contrôler le personnel de nettoyage. Nicole Teke-Laurent, doctorante en sociologie du travail à l’IDHE.S-Nanterre, a suivi pour sa thèse une femme de ménage travaillant pour plusieurs locations Airbnb, « équipée d’un diable pour transporter son énorme sac de draps » dans les rues de Paris. « Pour un petit studio, elle devait envoyer à la conciergerie une vingtaine de photos très détaillées retraçant toutes ses tâches : l’évier, le lavabo, la cuvette des toilettes etc., témoigne la sociologue. Un contrôle numérique renforcé par la notation des femmes de ménage, à la fois par les clients des Airbnb et par les propriétaires des appartements, qui postent des avis sur les conciergeries. Cette logique de contrôle constitue une forme de pénibilité supplémentaire. »
#tourisme #Airbnb #rente_foncière #femmes_de_ménage #uberisation
(Y compris en France) ... Mais quelle surprise !
▻https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/02/la-confederation-syndicale-internationale-denonce-un-effondrement-des-droits
À Palavas, ça grouille de précaires saisonniers qui sont Auto-Exploités en gestion des locations courtes durées.
Ça ne sent pas la prospérité économique.
#Ussita. Deviazioni inedite raccontate dagli abitanti
Ussita, nel parco nazionale dei monti sibillini, è mobile come il territorio che racconta: dal movimento della terra scossa dal terremoto a una comunità in movimento, che guida il viaggiatore alla scoperta di se stessa attraverso una narrazione “sismica”, in cui testi e immagini parlano al contempo di vecchio, nuovo e immaginario.
La guida di Ussita, ideata da Sineglossa e composta dalle narrazioni degli abitanti, è impreziosita dalle incursioni degli artisti che hanno incontrato il paese, i paesaggi, i materiali d’archivio: gli scrittori Wu Ming 2 e Alessandro Chiappanuvoli, i fotografi Mauro Pennacchietti e Antonio di Cecco, l’illustratore Giacomo Giovanetti e la giornalista Sara Sartori.
Attraverso percorsi tematici, arricchiti dai podcast del canale Loquis dedicato, chi viaggia da nonturista potrà fare esperienza diretta e intima del posto, entrando in contatto con gli abitanti e i loro luoghi dell’anima
▻https://www.ediciclo.it/it/libri/dettaglio/ussita-ne
#Apennins #montagne #tourisme #non-tourisme #guide #alternative #communauté #monti_sibillini (▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Monts_Sibyllins) #parc_national #monts_Sibyllins #Italie #Ombrie #Marches #territoire #tremblement_de_terre #imaginaire
Ussita - Un dialogo sulla ricostruzione
L’audio che stai per ascoltare nasce da un periodo di residenza di Sara Sartori a Ussita (MC), nel #Parco_Nazionale_dei_Monti_Sibillini, nella primavera-estate del 2023. In questa storia prodotta in anteprima per Loquis, un abitante e un proprietario di una seconda casa di Ussita dialogano sul futuro del paese e raccontano, a 7 anni di distanza dal sisma, l’immobilismo della burocrazia, l’attesa della ricostruzione e l’abusivismo edilizio. Contributo audio di Sara Sartori, prodotto da Sineglossa e C.A.S.A. Cosa Accade Se Abitiamo, all’interno del progetto EIT Community New European Bauhaus Frontignano podcast, sostenuto dall’European Institute of Innovation and Technology (EIT), un organismo dell’Unione Europea. “Funded by the European Union. Views and opinions expressed are however those of the author(s) only and do not necessarily reflect those of the European Union. Neither the European Union nor the granting authority can be held responsible for them.”
▻https://www.loquis.com/it/loquis/3030311/Ussita+Un+dialogo+sulla+ricostruzione
#podcast #reconstruction #audio
Una guida per conoscere da dentro i Sibillini sconvolti dai terremoti del 2016
La comunità di Ussita, nell’Appennino marchigiano, ha immaginato una serie di itinerari per scoprire il territorio ai piedi del Monte Bove. Un modello di turismo responsabile e a basso impatto, che diventa anche spazio di incontro e condivisione, facilitato dall’associazione C.A.S.A. (Cosa Accade Se Abitiamo)
Prima dei terremoti dell’agosto e dell’ottobre 2016 a Frontignano di Ussita, sui Monti Sibillini in provincia di Macerata, non viveva nessuno. Quassù, a 1.350 metri sul livello del mare, c’erano seconde case, residence ed hotel: era (solo) una stazione sciistica, edificata a partire dalla fine degli anni Cinquanta su quelli che fino ad allora erano stati pascoli e campi coltivati a grano.
Oggi a Frontignano c’è una piccola comunità di sette residenti: se “Cosa Accade Se Abitiamo” fosse una domanda, e non il nome dell’associazione (l’acronimo è C.A.S.A.) che tra le abitazioni in località Pian dell’Arco ha aperto un “porto di montagna“, residenza artistica e spazio culturale, la risposta sarebbe: saremmo capaci di costruire comunità, anche affrontando le condizioni più avverse.
È possibile capirlo camminando per mezza giornata, guidati da Chiara e Marta di C.A.S.A., seguendo uno degli itinerari descritti nella guida “Ussita. Deviazioni inedite raccontate dagli abitanti”, uscita per Ediciclo editore nella collana Nonturismo, curata da Sineglossa e Riverrun. È sufficiente ascoltare i “testimoni” del passato, del presente e del futuro di Frontignano: osservando camminare nel bosco una bambina di nome Viola, che a 11 anni si è trasferita quassù con mamma Federica e papà Marco, direttore dell’ufficio postale giù ad Ussita; ascoltando i ricordi di Peppe, che è nato più di sessant’anni fa a San Placido, un borgo sotto Frontignano, e quassù veniva da piccolo a portar l’acqua ai mietitori, a togliere i sassi dai campi di grano perché le falci non si rompessero.
Non ci sono bar né alimentari, a Frontignano, ma non è colpa del terremoto: all’ombra del massiccio del Monte Bove, nella “nostra Innsbruck a due passi da Macerata” (così un articolo del 1987, firmato da Maurizio Costanzo per Il Messaggero) una “comunità” non c’era mai stata. Oggi, invece, di fronte ai ruderi del residence Ambassador (all’inizio degli anni Ottanta “fu inaugurato con un evento chiamato Cristallo di Neve, al quale parteciparano molti personaggi noti […]. Un residence da moquette rossa e corridoi lunghi”, si legge nella guida) una comunità c’è, è capace di far arrivare persone da tutta Italia per partecipare a una camminata e chiede che l’ecomostro non venga ricostruito dov’era e com’era perché oggi, dopo un terremoto distruttivo e a fronte dei ritardi della ricostruzione, quel modello di insediamento, un alveare con 100 appartamenti, non dovrebbe più appartenere a questa montagna.
La comunità è, infine, quel soggetto che può aiutare chi arriva in un luogo, turista o viaggiatore, a scalfire il proprio pregiudizio. È successo anche a chi scrive: seguendo il navigatore verso la sede di C.A.S.A., in un piazzale all’imbocco di uno dei sentieri verso il Monte Bove, la presenza di un baracchino che prometteva “fritti e specialità abruzzesi” aveva fatto storcere il naso. Nei giorni precedenti, in giro per i Sibillini terremotati, con quasi tutti i rifugi ancora chiusi e inagibili, era frequente la presenza di ristori volanti, con improbabili cartocci di olive ascolane offerti ai 1.550 metri sul livello del mare di Forca di Presta, valico stradale dell’Appennino umbro-marchigiano, ai piedi del monte Vettore. Davanti a quel baracchino, però, l’itinerario della “deviazione inedita” prevede un sosta, per incontrarne i gestori, Gianfranco e Franca. Hanno un’ottantina d’anni e ne hanno dedicati oltre cinquanta, insieme, a Frontignano. Raccontano la loro storia: cominciarono gestendo un rifugio del CAI, quello che aveva ospitato il pranzo del loro matrimonio, e quello alle nostre spalle è il loro hotel “Felycita”, l’ingresso sbarrato.
Felicita è il nome della figlia, che con il genero Antonio oggi li aiuta a gestire il baracchino, in attesa di poter riaprire una struttura ricettiva. In pochi metri quadri preparano i piatti della tradizione, come le lenticchie in umido. Alla fine della passeggiata, così, è qui che si torna a bere una birra, seduti ai tavoli di plastica. Brindando a una comunità nata sulle macerie di un terremoto e capace di aiutare chi lo desidera ad aprire gli occhi su ciò che accade in Centro Italia.
▻https://altreconomia.it/cosa-accade-se-abitiamo-frontignano-di-ussita
lo spirito del luogo
elementi storici, tradizionali, folkloristici, ma anche naturalistici, che hanno contribuito a creare l’identità del luogo
EMERGENZE
ciò che è in superficie, che sta venendo a galla (in positivo e in negativo)
VISIONI
proiezioni più o meno utopiche di quello che sarà il territorio raccontato da qua a cinquant’anni
“#Ultima_neve”, perché lo sci non ha frenato lo spopolamento nell’Appennino centrale
▻https://seenthis.net/messages/1116338
Intempéries dans le Var : « Ce ne sont pas des images de guerre, mais de bêtises urbanistiques »
Alors que des #pluies_torrentielles ont causé mardi 20 mai la mort de trois personnes dans le Var, l’urbaniste Amandine Richaud-Crambes estime que ces #événements_extrêmes dévoilent les lacunes en matière d’#adaptation du pays ainsi qu’une perte de mémoire du risque naturel.
Près de 250 millimètres (mm) d’#eau tombés en une heure. Le 20 mai, #Le_Lavandou, station balnéaire varoise, a été frappé par des pluies torrentielles à la suite d’un violent épisode orageux. Les #précipitations dans le département ont provoqué des #inondations puissantes qui ont conduit à la destruction d’#infrastructures publiques – station d’épuration, ponts, routes – ainsi qu’à la mort de trois octogénaires, dont les corps ont été retrouvés au Lavandou et à Vidauban.
Le pourtour méditerranéen est devenu une des régions mondiales les plus touchées par le réchauffement planétaire, comme l’a précisé le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Les scientifiques estiment que ce bassin océanique se réchauffe 20 % plus vite que le reste du globe.
Urbaniste et ingénieure en environnement, Amandine Richaud-Crambes, experte des #risques_naturels en région méditerranéenne, revient sur cet événement extrême qui a frappé le Var. Elle rappelle les dangers de l’#artificialisation_des_sols à tous crins, la nécessaire adaptation au réchauffement planétaire et les besoins d’inculquer une culture de la #prévention_des_risques à l’heure du #chaos_climatique.
Mediapart : L’épisode orageux violent qui a frappé le 20 mai Le Lavandou est-il un phénomène exceptionnel ?
Amandine Richaud-Crambes : Ce n’est pas un événement rare. Le problème est qu’il n’est pas normal que ce type de phénomène se déroule au printemps. Les épisodes méditerranéens sont très fréquents, surtout sur cette partie du Var. Et, malheureusement, ce n’est pas la première fois qu’il y a des morts à la suite d’intempéries aussi violentes.
Sauf que ces événements catastrophiques sont accentués par deux facteurs. Tout d’abord, le changement climatique : habituellement, les épisodes méditerranéens se déroulent en automne et jusqu’à décembre. Mais à cause de chaleurs printanières anormales, la mer Méditerranée se réchauffe déjà, ce qui conduit à des dépressions météorologiques et donc à des précipitations importantes. À cela s’ajoutent des températures au sol très chaudes sur le littoral du Var, intensifiant la violence de l’épisode orageux.
Le Lavandou a enregistré près de 250 mm de précipitations en une heure.
C’est ce qui se passe normalement pour un épisode méditerranéen. Ce sont d’énormes volumes d’eau qui peuvent tomber entre une heure et vingt-quatre heures. Dans la région, on a observé encore cet hiver des épisodes méditerranéens de cette envergure-là.
Concernant Le Lavandou, on se retrouve donc sur un territoire où il a fait très chaud mais aussi avec une commune qui a dans son dos le massif des Maures, qui va bloquer les nuages – un peu comme durant ce qu’on appelle les #épisodes_cévenols. C’est pour cela que les #orages et les pluies intenses se sont concentrés à un endroit très précis.
Et ce qui s’est passé, c’est qu’un des #cours_d’eau locaux qui va jusqu’au Lavandou, la #Môle, est très urbanisé, très canalisé, comme presque toutes les #rivières en France. Particulièrement artificialisées, elles représentent ce qu’on appelle des #lits_secondaires qui originellement jouaient le rôle de #bassins_de_débordement des eaux.
En conséquence, non seulement l’#urbanisation de ces rivières empêche l’#infiltration des pluies dans les sols, mais accélère aussi les flux d’eau. Associé à la #topographie du Lavandou, un événement pluvieux important devient alors très violent. Ces mêmes éléments – des précipitations fortes et stationnaires, une topographie particulière, l’artificialisation des rivières – ont été à l’origine des inondations meurtrières à Valence, en Espagne, à l’automne dernier.
Les messages d’urgence type #FR-Alert qui ont été envoyés sur les téléphones portables de la population pour rappeler les consignes de sécurité sont-ils selon vous suffisants ?
Les #systèmes_d’alerte qui existent actuellement sont multiples et déjà très efficaces. Il faut savoir les respecter. Une #alerte orange avait été émise pour le Var, ce qui appelle déjà à de nombreuses mesures de prévention. Et les services de l’État, la sécurité civile, les pompiers étaient prêts à intervenir.
Mais il faut avoir en tête que, dès que l’alerte est orange, on ne va pas chercher sa voiture, on ne sort pas, on évite les zones à risque. C’est là que nous avons un souci, parce que malheureusement un couple est mort au Lavandou parce qu’ils sont sortis de leur appartement inondé, non loin du bassin de crue. Le troisième décès est celui d’une femme à Vidauban qui était dans son véhicule durant les pluies. 90 % des morts durant ces catastrophes sont dues à des #erreurs_humaines de non-prise en compte du #risque. Nos systèmes d’alerte sont bons, ce qu’il manque aujourd’hui c’est travailler toujours plus sur la #prévention.
Le Var, un département où les habitants sont habitués aux grosses inondations, attire par ailleurs des personnes pas forcément originaires de la région qui ont moins cette histoire et cette mémoire du risque. Les élus locaux ont tout de suite qualifié les dégâts provoqués par les orages d’« images de guerre », mais ce sont des images de bêtises urbanistiques, de changement climatique.
Le réchauffement planétaire nous rappelle ici qu’il faut désormais privilégier l’#habitation et l’#adaptation, plutôt que le #tourisme et l’#économie à tout-va.
L’#adaptation_urbanistique pourra-t-elle répondre aux impacts du changement climatique, qui ne cesse de s’intensifier ?
L’urbanisme ne peut pas tout régler face au #climat, mais rappelons qu’aujourd’hui, nous ne faisons quasiment pas d’adaptation. Les quelques nouveaux #aménagements_urbains réalisés avec des systèmes d’infiltration des eaux ne vont pas du jour au lendemain changer trois décennies de #bétonisation des sols.
Aujourd’hui, 80 % du territoire français est artificialisé. Alors l’urbanisme ne peut pas tout, mais l’urbanisme peut encore beaucoup. Et malheureusement, avec le changement climatique, dans les endroits peu bétonnés, on se retrouve par exemple dans le sud de la France avec des #sols déjà très secs qui absorbent mal les eaux.
À l’échelle d’une mairie ou même d’une communauté de communes, pour s’adapter aux événements climatiques extrêmes, faut-il réviser chaque #plan_local_d’urbanisme (#PLU) ?
Il faut certainement les réviser à l’aune du changement climatique, parce que nombre de PLU datent déjà de plusieurs années. Très peu de ces plans d’aménagement urbain intègrent l’adaptation, notamment dans le sud.
Le maire de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes) m’a assuré encore l’hiver dernier qu’on ne peut pas à la fois demander à construire des logements sociaux, de faire du « zéro artificialisation nette » tout en réduisant les risques naturels. C’est faux. Il faut que certaines zones soient plus constructibles. Mais aussi déplacer, et c’est très dur, les populations qui habitent dans des zones à risque. Ou encore, désendiguer les bassins de rivière, c’est-à-dire relaisser de la place à la nature. Toutes ces mesures difficiles sont possibles à déployer avec le PLU.
En attendant, nombre d’élus bataillent pour détricoter voire supprimer la loi « #zéro_artificialisation_nette ». Mais en tant qu’experte des #risques_naturels en Méditerranée, et venant du Sud, où j’ai grandi avec ces risques inondation, je vois l’artificialisation s’aggraver et surtout, une perte de #mémoire du risque.
Nous oublions les grandes crues qui se sont déroulées il y a vingt voire cinquante ans, et nous pensons que ça ne va plus revenir. Mais le changement climatique nous rappelle aujourd’hui à la réalité naturelle de nos territoires.
▻https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/220525/intemperies-dans-le-var-ce-ne-sont-pas-des-images-de-guerre-mais-de-betise
#urbanisme #aménagement_du_territoire #intempéries #changement_climatique #pluie #oubli #ressources_pédagogiques
Big Brother in der Luft : Flugdaten-Riese verkauft Milliarden Passagierprofile
▻https://www.heise.de/news/Big-Brother-in-der-Luft-Flugdaten-Riese-verkauft-Milliarden-Passagierprofile-1
Tu prends l’avion, tu es fiché. L’intermédiaire derrière ton agence de voyage fournit tes données en realtime aux trumpistes au pouvoir.
15.5.2025 von Stefan Krempl - Airlines Reporting Corp., an der Lufthansa beteiligt ist, sammelt Milliarden Daten über Flugreisende und verscherbelt sie etwa an Trumps Einwanderungsbehörde.
Eine öffentlich bislang weitgehend unbekannte Clearingstelle der Luftfahrtindustrie sammelt und verarbeitet Daten über zwölf Milliarden Passagierflüge pro Jahr und verkauft diese Informationen an die US-Regierung. Dafür bietet die Airlines Reporting Corporation (ARC) Lizenzen für ein Reiseinformationsprogramm in Form des Travel Intelligence Program (TIP) für Behörden an, um die Datenberge zentral durchsuchbar zu machen. Das geht aus jetzt veröffentlichten Beschaffungsunterlagen der US-Einwanderungs- und Zollbehörde (ICE) hervor, die unter US-Präsident Donald Trump besonders hart gegen Migranten vorgeht und die Analysemöglichkeiten der ARC nutzt.
„ARC hat innerhalb der Luftfahrtbranche eine einzigartige Position als zentraler Knotenpunkt für die finanzielle Abwicklung und den Datenaustausch zwischen Fluggesellschaften und Reisebüros und gewährleistet sichere und effiziente Transaktionen“, begründet die ICE den Lizenzkauf. Mit ihren umfassenden Branchendaten biete die ARC „unübertroffene Einblicke und Analysen“ und unterstützt so das Umsatzmanagement, die Betrugsprävention und die Betriebseffizienz der Fluggesellschaften. Die Hauptaufgabe bestehe darin, Reisebüros zu akkreditieren und die finanzielle Abwicklung zu verwalten, wodurch eine „umfangreiche Echtzeit-Datenbank der verkauften Flugtickets“ entstehe.
„Reisebüros müssen täglich Ticketverkäufe und Gelder für über 240 Fluggesellschaften weltweit an die ARC übermitteln“, führt die ICE aus. TIP ermögliche autorisiertem Personal der Strafverfolgungs- und Sicherheitsbehörden, die Flugticketdatenbank von der ARC zu durchsuchen, „um die Reisemuster von Personen von Interesse zu verfolgen und zu analysieren“. Nutzer könnten Suchvorgänge anhand von Schlüsselkennungen wie Passagiername, Reiseroute, Tarifdetails und Zahlungsmethoden durchführen. Das umfangreiche Register enthält über eine Milliarde Datensätze und uumfasst 39 Monate vergangener und zukünftiger Reisedaten, was „eine beispiellose Informationsquelle“ darstelle.
Kopie ausgestellter Tickets
Die ARC fungiert als Clearinghouse, über das Reisebüros in den USA – von kleinen Familienunternehmen bis hin zu großen Online-Agenturen wie Expedia oder Booking.com – Fluggesellschaften für die von ihnen verkauften Tickets bezahlen. Seine Rolle ähnele der von Visa oder MasterCard bei Kreditkartentransaktionen, erläutert der US-Bürgerrechtler Edward Hasbrouck vom kalifornischen Identity Project. Im Gegensatz zu den beiden Finanzdienstleistern habe die ARC in den USA aber keinen Konkurrenten.
Ticketverkäufe melden die US-Reisebüros der ARC täglich über Links zu computergestützten Reservierungssystemen. Jede Woche reichen sie zudem einen Bericht dort ein, der eine Kopie aller ausgestellten Tickets, den gezahlten Betrag, die Tarifberechnung und Steueraufschlüsselung sowie die Zahlungsweise enthält. ARC zieht den Gesamtbetrag der wöchentlichen Verkäufe aller Fluggesellschaften vom Bankkonto des Partners ab und zahlt jeder Airline einen wöchentlichen Gesamtbetrag für die ausgestellten Tickets aus.
Das Unternehmen ist im gemeinsamen Besitz von neun großen Fluggesellschaften. Dazu zählen neben Delta, Southwest, United, American Airlines, Alaska Airlines, JetBlue und Air Canada aus Nordamerika auch Lufthansa und Air France aus der EU. Hasbrouck zufolge wickelt die ARC nur Zahlungen von Reisebüros in den USA ab. Tilgungen und Gutschriften anderer Reisevermittler würden über regionale Clearinghäuser, etwa der Dachgesellschaft International Air Transport Association (IATA) abgewickelt.
Wie steht es mit der DSGVO?
Neben der ICE und dem übergeordneten Department of Homeland Security (DHS) gehören auch das Verteidigungs- sowie das Finanzministerium zu den TIP-Nutzern. Nicht nur deswegen geben sich Daten- und Verbraucherschützer sehr besorgt über das massive Register und die darauf ermöglichten Zugriffe. „Das ist wahrscheinlich die bedeutendste aggregierte Datenbank über amerikanische Flugreisende“, erklärte Hasbrouck gegenüber dem Magazin The Lever. Dass die US-Regierung sich daran bedienen könne, sei eine große Nummer.
Die Firma habe seit langem „ein Quasi-Monopol bei der Bearbeitung von Flugbuchungen“, moniert Bill McGee von der Verbraucherschutzorganisation American Economic Liberties Project. Dass die ARC die umfangreichen persönlichen Informationen an die US-Regierung verkaufe, sei „erschreckend“. Ein ARC-Sprecher sagte The Lever, TIP sei nach den Terroranschlägen vom 11. September eingerichtet worden, um Ermittler zu unterstützen. Verträge etwa mit dem Pentagon sollen mindestens bis 2017 zurückreichen. Parallel stehen Strafverfolgern über umstrittene Abkommen und Richtlinien seit vielen Jahren etwa Passenger Name Records (PNR) zur Verfügung. Die ARC-Informationen gehen aber darüber hinaus und sind einfacher zu durchforsten.
Die bisherigen Erkenntnisse über TIP lassen noch viele Fragen offen. Unklar ist etwa, ob auch Regierungen anderer Länder davon Gebrauch machen. Würden Ticketkäufe von EU-Bürgern erfasst, dürfte zudem zweifelhaft sein, ob das mit der Datenschutz-Grundverordnung (DSGVO) vereinbar ist. Fluglinien oder Reisebüros informieren ihre Kunden bislang in der Regel nicht explizit über diese Praktiken, sodass etwa eine bewusste Einwilligung in die Datenverarbeitung kaum möglich sein dürfte.
Les #parcs africains ou l’histoire d’un #colonialisme_vert
Derrière le mythe d’une Afrique #sauvage et fascinante se cache une histoire méconnue : celle de la mise sous cloche de la #nature au mépris des populations, orchestrée par des experts occidentaux. L’historien #Guillaume_Blanc raconte.
Vous avez longuement enquêté sur les politiques de #protection_de_la_nature mises en place en #Afrique depuis la fin du XIXe siècle. Comment, dans l’esprit des experts occidentaux de la conservation de la nature, a germé cette idée que le continent africain constituait le dernier éden sauvage de la planète, qu’il s’agissait de préserver à tout prix ?
Guillaume Blanc1 Mon enquête historique s’appuie en effet sur plus de 130 000 pages de documents issus de 8 fonds d’archives répartis entre l’Europe et l’Afrique. Pour comprendre ce mythe de la nature sauvage, il faut se mettre à la place des #botanistes et des #forestiers qui partent tenter l’aventure dans les #colonies à la fin du XIXe siècle, et laissent derrière eux une Europe radicalement transformée par l’industrialisation et l’urbanisation. En arrivant en Afrique, ils sont persuadés d’y retrouver la nature qu’ils ont perdue chez eux.
Cette vision est en outre soutenue par un ensemble d’œuvres relayées par la grande presse. C’est par exemple #Winston_Churchill qui, en 1907, publie Mon voyage en Afrique, dans lequel il décrit le continent africain comme un « vaste jardin naturel » malheureusement peuplé d’« êtres malhabiles ». Dans les années 1930, c’est ensuite #Ernest_Hemingway qui évoque, dans Les Neiges du Kilimandjaro, un continent où les #big_five – ces mammifères emblématiques de l’Afrique que sont le #lion, le #léopard, l’#éléphant, le #rhinocéros noir et le #buffle – régneraient en maîtres. Depuis, le #mythe de cette Afrique édénique a perduré à travers les reportages du #National_Geographic et de la BBC ou, plus récemment, avec la sortie du célèbre film d’animation #Le_Roi_Lion.
Qui sont les principaux acteurs des politiques de protection de la nature en Afrique, depuis les premières réserves de faune sauvage jusqu’à la création des parcs nationaux ?
G. B. En Afrique, la création des #réserves_de_chasse à la fin du XIXe siècle par les colonisateurs européens vise surtout à protéger le commerce des troupeaux d’éléphants, déjà largement décimés par la #chasse. À partir des années 1940, ces #réserves deviennent ensuite des espaces dédiés presque exclusivement à la contemplation de la #faune_sauvage – une évolution qui témoigne d’une prise de conscience de l’opinion publique, qui considère comme immoral le massacre de la grande #faune.
Les principaux acteurs de cette transformation sont des écologues administrateurs, à l’image de #Julian_Huxley, le tout premier directeur de l’#Unesco, nommé en 1946. On peut également citer #Edgar_Worthington, qui fut directeur scientifique adjoint du #Nature_Conservancy (une organisation gouvernementale britannique), ou l’ornithologue #Edward_Max_Nicholson, l’un des fondateurs du #World_Wildlife_Fund, le fameux #WWF. À partir des années 1950, ces scientifiques issus de l’administration impériale britannique vont s’efforcer de mettre la #science au service du gouvernement, de la nature et des hommes.
À l’époque coloniale, la nature africaine semble toutefois moins menacée qu’elle ne l’est aujourd’hui. N’y a-t-il pas comme une forme de contradiction de la part des experts de la conservation à vouloir présenter ce continent comme le dernier éden sauvage sur Terre et, dans le même temps, à alerter sur le risque d’extinction de certaines espèces ?
G. B. Si on prend l’exemple des éléphants, ce sont tout de même 65 000 animaux qui sont abattus chaque année à la fin du XIXe siècle en Afrique de l’Est pour alimenter le commerce de l’#ivoire. À cette époque, les administrateurs coloniaux sont pourtant incapables de réaliser que le massacre auquel ils assistent relève de leur propre responsabilité. Car, tout autour des espaces de protection qu’ils mettent en place pour protéger la nature, la destruction des #ressources_naturelles se poursuit – ce sont les #plantations de #cacao en #Côte_d’Ivoire qui empiètent toujours plus sur la #forêt_tropicale, ou le développement à grande échelle de la culture du #café en #Tanzanie et au #Kenya.
À mesure que ce #capitalisme_extractiviste s’intensifie, la protection de la faune et de la flore se renforce via la multiplication des #zones_protégées. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ceux qui entendent préserver la nature en établissant des réserves de chasse, puis des parcs nationaux, sont aussi ceux qui la détruisent en dehors de ces espaces de protection.
Une initiative baptisée « #Projet_spécial_africain » illustre bien cette vision de la nature africaine. En quoi consiste cette grande #mission_écologique, largement promue par les experts internationaux de la conservation ?
G. B. Le Projet spécial africain est lancé à Varsovie en 1960 par l’#Union_internationale_pour_la_conservation_de_la_nature (#UICN), sous l’égide des Nations unies. En septembre 1961, une grande conférence internationale est organisée à Arusha, en Tanzanie, afin de promouvoir les programmes de conservation auprès des dirigeants africains arrivés au pouvoir après les indépendances. Elle réunit une centaine d’experts occidentaux ainsi qu’une trentaine de dirigeants africains.
D’un commun accord, ces derniers déclarent vouloir poursuivre les efforts accomplis par les colons européens dans les parcs nationaux africains qui ont vu le jour depuis la fin des années 1920. Pour, je cite, « aider les gouvernements africains à s’aider eux-mêmes », des experts internationaux sont alors envoyés en Afrique. Le Projet spécial africain, qui se poursuivra jusqu’à la fin des années 1970, prend donc la forme d’une alliance entre les dirigeants africains et les experts internationaux.
Dans le livre que vous avez publié il y a peu, La Nature des hommes, vous rappelez que les institutions internationales ont fortement incité les pays africains à exclure leurs populations des territoires de ce qui allait devenir les parcs nationaux…
G. B. Parmi les institutions impliquées, il y a, d’un côté, les agences des Nations unies comme l’Unesco et la FAO, mais aussi des organisations non gouvernementales comme l’UICN, le WWF ou la Fauna & Flora International (FFI). Ces deux grandes catégories d’institutions ont tout d’abord servi de machine à reconvertir les administrateurs coloniaux en experts internationaux de la conservation. Ce sont elles qui vont ensuite imposer les mesures conservationnistes à l’intérieur des parcs.
La FAO va, par exemple, conditionner son aide au Kenya, à l’Éthiopie ou à la Tanzanie pour l’achat de matériel agricole à l’acceptation des règles édictées par l’Unesco – à savoir que soient expulsées les populations qui vivent dans les parcs pour préserver les grands mammifères. C’est donc un véritable système international qui se met en place, dans lequel les agences des Nations unies vont avoir recours à des experts qu’elles vont mandater auprès de l’UICN, du WWF ou de la #FFI.
Dans les années qui suivent la #décolonisation, les dirigeants africains participent eux aussi à cette #mythification d’un continent foisonnant de vie, car préservé des activités humaines. Quelle est leur part de responsabilité dans la construction de cet #imaginaire ?
G. B. S’ils n’ont pas choisi ce cadre culturel imposé par les experts internationaux de la conservation, selon lequel l’Afrique serait le dernier refuge mondial de la faune sauvage, ils savent en revanche le mettre au service de leurs propres intérêts. Au #Congo, rebaptisé Zaïre en 1971 par le président Mobutu, ce dernier explique lors d’une conférence de l’UICN qui se tient à Kinshasa que son pays a créé bien plus de parcs que le colonisateur belge qui l’a précédé.
En 1970, soit près de 10 ans après son indépendance, la Tanzanie a de son côté quadruplé son budget dédié aux parcs nationaux, sous l’impulsion de son Premier ministre #Julius_Nyerere, bien conscient que le parc national représente une véritable #opportunité_économique. Si Julius Nyerere n’envisage pas de « passer (s)es vacances à regarder des crocodiles barboter dans l’eau », comme il l’explique lui-même dans la presse tanzanienne, il assure que les Occidentaux sont prêts à dépenser des millions de dollars pour observer la faune exceptionnelle de son pays. Julius Nyerere entend alors faire de la nature la plus grande ressource économique de la Tanzanie.
Certains responsables politiques africains mettent aussi à profit le statut de parc national pour contrôler une partie de leur population…
G. B. Pour une nation comme l’Éthiopie d’#Hailé_Sélassié, la mise en parc de la nature donne la #légitimité et les moyens financiers pour aller planter le drapeau national dans des territoires qui échappent à son contrôle. Lorsque l’UICN et le WWF suggèrent à l’empereur d’Éthiopie de mettre en parc différentes régions de son pays, il choisit ainsi le #Simien, dans le Nord, une zone de maquis contestant le pouvoir central d’Addis-Abeba, l’#Awash, dans l’Est, qui regroupe des semi-nomades vivant avec leurs propres organisations politiques, et la #vallée_de_l’Omo, dans le Sud, où des populations circulent librement entre l’Éthiopie et le Kenya sans reconnaître les frontières nationales.
En Afrique, la mise sous protection de la nature sauvage se traduit souvent par l’#expulsion des peuples qui vivent dans les zones visées. Quelles sont les conséquences pour ces hommes et ces femmes ?
G. B. Ce #déplacement_forcé s’apparente à un véritable tremblement de terre, pour reprendre l’expression du sociologue américain Michael Cernes, qui a suivi les projets de #déplacement_de_populations menés par les Nations unies. Pour les personnes concernées, c’est la double peine, puisqu’en étant expulsées, elles sont directement impactées par la création des parcs nationaux, sans en tirer ensuite le moindre bénéfice. Une fois réinstallées, elles perdent en effet leurs réseaux d’entraide pour l’alimentation et les échanges socio-économiques.
Sur le plan environnemental, c’est aussi une catastrophe pour le territoire d’accueil de ces expulsés. Car, là où la terre était en mesure de supporter une certaine densité de bétail et un certain niveau d’extraction des ressources naturelles, la #surpopulation et la #surexploitation de l’#environnement dont parlent les experts de la conservation deviennent réalité. Dans une étude publiée en 20012, deux chercheurs américain et mozambicain ont tenté d’évaluer le nombre de ces expulsés pour l’ensemble des parcs nationaux d’Afrique. En tenant compte des lacunes statistiques des archives historiques à ce sujet, les chercheurs ont estimé qu’entre 1 et 14 millions de personnes avaient été contraintes de quitter ces espaces de conservation au cours du XXe siècle.
Depuis la fin des années 1990, les politiques globales de la #conservation_de_la_nature s’efforcent d’associer les populations qui vivent dans ou à côté des #aires_protégées. Comment se matérialise cette nouvelle philosophie de la conservation pour les populations ?
G. B. Cette nouvelle doctrine se traduit de différentes manières. Si l’on prend l’exemple de l’#Ouganda, la population va désormais pouvoir bénéficier des revenus du #tourisme lié aux parcs nationaux. Mais ceux qui tirent réellement profit de cette ouverture des politiques globales de conservation sont souvent des citadins qui acceptent de devenir entrepreneurs ou guides touristiques. Les habitants des parcs n’ont pour leur part aucun droit de regard sur la gestion de ces espaces protégés et continuent de s’y opposer, parfois avec virulence.
En associant les populations qui vivent dans ou à proximité des parcs à la gestion de la grande faune qu’ils abritent, la conservation communautaire les incite à attribuer une valeur monétaire à ces animaux. C’est ce qui s’est produit en #Namibie. Plus un mammifère est prisé des touristes, comme l’éléphant ou le lion, plus sa valeur pécuniaire augmente et, avec elle, le niveau de protection que lui accorde la population. Mais quid d’une pandémie comme le Covid-19, provoquant l’arrêt de toute activité touristique pendant deux ans ? Eh bien, la faune n’est plus protégée, puisqu’elle n’a plus aucune valeur. Parce qu’il nie la singularité des sociétés auxquelles il prétend vouloir s’adapter, le modèle de la #conservation_communautaire, qui prétend associer les #populations_locales, se révèle donc souvent inefficace.
Des mesures destinées à exclure les humains des espaces naturels protégés continuent-elles d’être prises par certains gouvernements africains ?
G. B. De telles décisions restent malheureusement d’actualité. Les travaux de l’association Survival International l’ont très bien documenté au #Cameroun, en #République_démocratique_du_Congo ou en Tanzanie. En Éthiopie, dans le #parc_du_Simien, où je me suis rendu à plusieurs reprises, les dernières #expulsions datent de 2016. Cette année-là, plus de 2 500 villageois ont été expulsés de force à 35 km du parc. Dans les années 2010, le géographe américain Roderick Neumann a pour sa part recensé jusqu’à 800 #meurtres liés à la politique de « #shoot_on_sight (tir à vue) » appliquée dans plusieurs parcs nationaux d’Afrique de l’Est. Selon cette doctrine, toute personne qui se trouve à l’intérieur du parc est soupçonnée de #braconnage et peut donc être abattue par les éco-gardes. Dans des pays où le braconnage n’est pourtant pas passible de peine de mort, de simples chasseurs de petit gibier sont ainsi exécutés sans sommation.
En Europe, les règles de fonctionnement des parcs nationaux diffèrent de celles qui s’appliquent aux espaces de protection africains. Si on prend l’exemple du parc national des Cévennes, l’agriculture traditionnelle et le pastoralisme n’y sont pas prohibés, mais valorisés en tant qu’éléments de la culture locale. Comment expliquer ce « deux poids, deux mesures » dans la façon d’appréhender les espaces de protection de la nature en Europe et en Afrique ?
G. B. Le parc national des Cévennes, créé en 1970, abrite plus de 70 % du site des Causses et Cévennes, inscrit sur la liste du Patrimoine mondial depuis 2011. Or la valeur universelle exceptionnelle qui conditionne un tel classement est, selon l’Unesco, « l’agropastoralisme, une tradition qui a façonné le paysage cévenol ». C’est d’ailleurs à l’appui de cet argumentaire que l’État français alloue des subventions au parc pour que la transhumance des bergers s’effectue à pied et non pas en camions, ou bien encore qu’il finance la rénovation des toitures et des murs de bergeries à partir de matériaux dits « traditionnels ».
En revanche, dans le parc éthiopien du Simien, la valeur universelle exceptionnelle qui a justifié le classement de ce territoire par l’Unesco est « ses #paysages spectaculaires ». Mais si les #montagnes du Simien ont été classées « en péril3 » et les populations qui y vivaient ont été expulsées, c’est, selon les archives de cette même organisation internationale, parce que « l’#agropastoralisme menace la valeur du bien ».
À travers ces deux exemples, on comprend que l’appréciation des rapports homme-nature n’est pas univoque en matière de conservation : il y a une lecture selon laquelle, en Europe, l’homme façonne la nature, et une lecture selon laquelle, en Afrique, il la dégrade. En vertu de ce dualisme, les activités agropastorales relèvent ainsi d’une #tradition à protéger en Europe, et d’une pratique destructrice à éliminer en Afrique.
►https://lejournal.cnrs.fr/articles/parcs-Afrique-colonialisme-histoire-nature-faune
#colonialisme #animaux #ingénierie_démographique
La nature des hommes. Une mission écologique pour « sauver » l’Afrique
Pendant la colonisation, pour sauver en Afrique la nature déjà disparue en Europe, les colons créent des parcs en expulsant brutalement ceux qui cultivent la terre. Et au lendemain des indépendances, avec l’Unesco ou le WWF, les dirigeants africains « protègent » la même nature, une nature que le monde entier veut vierge, sauvage, sans hommes.
Les suites de cette histoire sont connues : des millions de paysans africains expulsés et violentés, aujourd’hui encore. Mais comment a-t-elle pu advenir ? Qui a bien pu organiser cette continuité entre le temps des colonies et le temps des indépendances ? Guillaume Blanc répond à ces questions en plongeant le lecteur au cœur d’une étrange mission écologique mondiale, lancée en 1961 : le « Projet spécial africain ».
L’auteur raconte l’histoire de ce Projet, mais, plutôt que de suivre un seul fil narratif, il redonne vie à quatre mondes, que l’on découvre l’un après l’autre : le monde des experts-gentlemen qui pensent l’Afrique comme le dernier refuge naturel du monde ; celui des colons d’Afrique de l’Est qui se reconvertissent en experts internationaux ; celui des dirigeants africains qui entendent contrôler leurs peuples tout en satisfaisant les exigences de leurs partenaires occidentaux ; celui, enfin, de paysans auxquels il est demandé de s’adapter ou de disparaître. Ces hommes ne parlent pas de la même nature, mais, pas à pas, leurs mondes se rapprochent, et ils se rencontrent, pour de bon. Ici naît la violence. Car c’est la nature des hommes que d’échanger, pour le meilleur et pour le pire.
▻https://www.editionsladecouverte.fr/la_nature_des_hommes-9782348081750
#livre
Şanlıurfa, ville de prophètes et de #tourisme
▻https://metropolitiques.eu/Sanliurfa-ville-de-prophetes-et-de-tourisme.html
Depuis les années 1990, l’État turc tente de reconquérir les régions kurdes sur le plan militaire, économique mais aussi culturel. À partir du cas de #Şanlıurfa, Julien Boucly met en lumière un consensus néolibéral implicite sur la patrimonialisation et la mise en tourisme des centres historiques. À la suite du coup d’État militaire de 1980, la séculaire cité d’Urfa devient Şanlıurfa, littéralement Urfa « la Glorieuse ». Comme ses voisines Gaziantep et Kahramanmaraş, et par opposition à sa capitale régionale #Terrains
/ #Turquie, #patrimoine, tourisme, #politiques_culturelles, #aménagement, #centre-ville, Şanlıurfa
Il ne suffit pas de vouloir une #écologie_antiraciste : le #zéro_déchet, la #colonialité et moi
On parle souvent des #écologies_décoloniales. On voit moins les #écologies_coloniales interroger leur propre colonialité. C’est ce qu’on va faire ici, en étudiant la colonialité dans le zéro déchet et les écologies de la #sobriété.
#Colonial n’est pas un compliment. Et si j’étais du mauvais côté ? Si mon #écologie était une de ces écologies coloniales qui s’ignorent ? Plus j’y pense plus c’est crédible, plus je creuse plus ça devient évident. Dans ce billet, je tente de conscientiser la dimension coloniale du #zero_waste et des écologies similaires.
Pour ça je vais dérouler les implicites du « point de vue zéro déchet » et montrer ce qu’ils ont de problématique. L’idée est de partir du #zéro_gaspillage et d’arriver à la #décolonialité. J’essaie de baliser un parcours qui aide mes camarades écologistes à voir en quoi iels sont concerné⋅es par la #critique_décoloniale, de tracer un chemin que d’autres pourraient emprunter, sans forcément connaître cette pensée en amont.
Je pars du zéro #gaspillage parce que c’est là où je suis, ce que je connais le mieux, mais la colonialité que je découvre concerne l’écologie de façon beaucoup plus large.
Des écueils et une méthode
Mais il y a des écueils. En tant qu’européen blanc issu d’une famille de colons1 je suis mal placé pour comprendre les questions de colonialité et de #racisme. Bénéficier d’avantages dans un système de pouvoir produit de l’#ignorance chez les dominant·es, une incapacité à reconnaître des choses évidentes du point de vue des dominé⋅es2.
À supposer que je surmonte cet obstacle, je ne suis toujours pas légitime. En abordant ces sujets, je risque d’invisibiliser la voix de personnes plus compétentes que moi et sur qui s’appuie ma réflexion. Même si j’identifie des limites réelles à l’approche zéro gaspillage, je ne suis pas expert en #décolonialité.
Alors pourquoi parler du sujet ? D’abord parce qu’on n’avancera jamais si j’attends de me sentir à l’aise pour discuter de racisme et de colonialité. Mon écologie est d’une #blanchité aveuglante : étudier sa colonialité est une façon d’adresser une partie du problème. Ensuite, parce que je ne prétends pas produire un discours scientifique ou exhaustif. Je présente un témoignage, un parcours de conscientisation personnel, limité et imparfait.
Dans les paragraphes qui suivent, j’aborde un à un des aspects du zéro déchet. Pour chaque aspect j’émets une critique, puis je la rattache à une facette de la colonialité. C’est cette dernière qui donne une unité aux défauts présentés ici.
Un « nous » d’humanité générale
Préserver « nos #ressources », changer « nos modes de productions », réduire « nos #déchets » : les discours zero waste utilisent régulièrement le possessif « #nos ». Ce n’est pas un usage fréquent, mais il n’est pas anecdotique. On peut même résumer l’approche zéro gaspillage à On peut même résumer l’approche zéro gaspillage à « ne pas faire de nos ressources des déchets3 » (je souligne).
Mais qui est derrière ces possessifs ? À quel « #nous » renvoient ces expressions ? Je ne crois pas qu’ils ciblent un groupe limité de personnes physiques, des gens qu’on pourrait compter. C’est un « nous » général, qui désigne un ensemble plus abstrait. Selon moi, il englobe toute l’humanité.
Puisque le zéro déchet pense à l’échelle mondiale, qu’il s’intéresse à l’#intérêt_commun et est anthropocentré, son horizon semble bien être celui de l’#humanité. J’en fais l’expérience dans mes propres textes, quand j’écris « nos besoins », « notre situation » ou « notre planète » dans les articles précédents.
Un point de vue de nulle part
Mais les écologistes qui tiennent ces discours en France ne représentent pas toute l’humanité. Ils et elles sont situées sur toute une série de plans : social, économique, géographique… Avec ce « nous », iels endossent un point de vue désitué et désincarné, qui ne correspond à personne. Ce faisant, iels invisibilisent leur propre situation d’énonciation concrète et oublient son impact sur leurs façons d’agir et leur rapport au monde.
Dans un mouvement inverse, iels invisibilisent la pluralité des voix et la diversité des points de vue au sein des groupes humains. En prétendant que leur voix est universelle, capable d’exprimer celle de « l’humanité », ces écologistes minorent la place des #désaccords, des #conflits et des #hiérarchies entre êtres humains.
Ce double mouvement n’est possible que pour des personnes habituées à être légitimes, écoutées, à bénéficier d’avantages au sein d’un #système_de_pouvoir. Elles ne perçoivent pas ce que leur position a de singulier et ne s’étonnent pas que leur voix puisse énoncer des normes valables partout. Cette attitude semble correspondre à une facette de la colonialité, qui véhicule un #universalisme, voire un #universalisme_blanc.
L’illusion d’une #humanité_unie
Tout se passe comme si l’appartenance à la même espèce créait un lien fort entre les humains, que de ce simple fait, chaque membre de l’espèce avait des intérêts communs ou convergents. De quoi toutes et tous « nous » réunir dans même groupe : l’humanité.
Les êtres humains auraient collectivement un intérêt commun à maintenir un climat stable et biodiversité abondante. Chacun⋅e aurait une bonne raison, même indirecte ou lointaine, d’agir dans ce sens. Par exemple, si je ne veux pas souffrir d’une chaleur mortelle lors de canicules intenses et fréquentes. Ou si j’ai peur que des guerres pour les ressources en eau, en terres fertiles, en ressources énergétiques ou en métaux adviennent sur mon territoire.
Mais est-ce vraiment ce qu’on constate ? Partout les #intérêts_divergent, y compris dans des petits groupes. Qui a vraiment les mêmes intérêts que sa famille, ses ami⋅es ou ses collègues ? Plus le collectif est large, moins on trouve d’unité, d’uniformité et d’intérêts partagés. Les liens qu’on y découvre sont faibles, indirects et peu structurants. Chercher des #intérêts_convergents et significatifs à l’échelle de l’humanité semble largement illusoire.
D’autant que certains ne sont même pas d’accord sur les limites de ce groupe. Qui compte comme un être humain ? Quand certains déshumanisent leurs ennemis en prétendant qu’iels sont des vermines. Que leur génocide n’en est pas un, puisqu’iels ne sont même pas « humains ». Qu’on peut en faire des esclaves, les dominer et les tuer « comme des animaux », puisqu’iels ne sont ne sont pas comme « nous ».
Une faiblesse militante
Pour la géographe #Rachele_Borghi, croire que nous somme toustes « dans le même bateau » est un des symptômes de la colonialité (Décolonialité & privilège, p. 110). Et c’est bien de ça qu’il s’agit : les écologies de la sobriété semblent croire que nous partageons la même situation critique, toustes embarqués dans un seul bateau-planète.
Cette vision explique en partie l’insistance du zéro gaspillage sur la #non-violence et la #coopération. Le mouvement pousse à voir ce qui rapproche les personnes, ce qu’elles ont à gagner en collaborant. Il regarde l’intérêt général, celui qui bénéficie à « tout le monde », sans considération de #race, de #classe, de #genre, et ainsi de suite. Il passe un peu vite ce que chaque groupe a à perdre. Il ignore trop facilement les inimitiés profondes, les conflits irréconciliables et les #rapports_de_force qui traversent les groupes humains.
Cette attitude constitue une véritable faiblesse militante. Faute d’identifier les tensions et les rapports de force, on risque d’être démuni lorsqu’ils s’imposent face à nous. On est moins capable de les exploiter, de savoir en jouer pour faire avancer ses objectifs. Au contraire, on risque de les subir, en se demandant sincèrement pourquoi les parties prenantes refusent de coopérer.
Le spectre de l’#accaparement_des_ressources
Plus profondément, un tel point de vue active un risque d’accaparement des #ressources. Si on pense parler au nom de l’humanité et qu’on croît que tous les êtres humains ont objectivement des intérêts convergents, il n’y a plus de conflits sur les ressources. Où qu’elles soient sur Terre, les #ressources_naturelles sont « nos » ressources, elles « nous » appartiennent collectivement.
En pensant un objet aussi large que « l’humanité », on évacue la possibilité de conflits de #propriété ou d’#usage sur les ressources naturelles. L’humanité est comme seule face à la planète : ses divisions internes n’ont plus de pertinence. Pour assurer sa survie, l’humanité pioche librement dans les ressources naturelles, qui sont au fond un patrimoine commun, quelque chose qui appartient à tout le monde.
Dans cette perspective, je peux dire depuis la France que j’ai des droits4 sur la forêt amazonienne au Brésil, car elle produit un air que je respire et abrite d’une biodiversité dont j’ai besoin. Cette forêt n’appartient pas vraiment à celles et ceux qui vivent à proximité, qui y ont des titres de propriété, ou même à l’État brésilien. C’est un actif stratégique pour l’humanité entière, qui « nous » appartient à tous et toutes.
Sauf que rien ne va là-dedans. À supposer qu’on ait tous et toutes des droits sur certains #biens_communs, ça ne veut pas dire qu’on ait des droits équivalents. La forêt amazonienne m’est peut-être utile, dans un grand calcul mondial très abstrait, mais ce que j’en tire est infime comparé à ce qu’elle apporte à une personne qui vit sur place, à son contact direct et régulier.
Les ressources naturelles sont ancrées dans des territoires, elles font partie d’écosystèmes qui incluent les humains qui vivent près d’elles. « Tout le monde » n’est pas aussi légitime à discuter et décider de leur avenir. N’importe qui ne peut pas dire que ce sont « ses » ressources, sans jamais avoir été en contact avec.
Une attitude de colon
Croire l’inverse, c’est faire preuve d’une arrogance crasse, adopter l’attitude d’un colon, qui arrivant de nulle part dit partout « Ceci est à moi » sur des terrains exploités par d’autres. Il faut une assurance démesurée, un sentiment de légitimité total, pour dire « nos ressources » en parlant de celles qui sont littéralement à autrui.
Les écologistes qui adoptent ce point de vue ne semblent pas conscient⋅es que leur vision fait écho à des #logiques_prédatrices qui elles aussi, se sont parées de discours positifs et altruistes à leurs époques. Après la mission civilisatrice, la #mission_écologique pourrait prendre le relais. On ne viendrait plus exploiter les richesses des colonies pour l’Europe, mais protéger les ressources naturelles pour l’humanité. Un risque d’autant moins théorique qu’on a déjà évoqué les ambiguïtés et l’utilitarisme du zéro déchet.
L’#impensé_colonial se manifeste aussi par une absence d’inversion des rôles. On pense le monde comme plein de ressources pour « nous », mais on ne pense jamais « chez soi » comme une ressource pour les autres. Quand on parle de l’épuisement des ressources en sable, on n’imagine pas renoncer aux plages françaises pour satisfaire les besoins d’autres pays qui veulent fabriquer du béton.
Le « nous » d’humanité générale éclate en morceaux : son caractère fictif devient manifeste. Mis face à une #prédation qui touche à des ressources situées sur notre #territoire, nous, Français⋅es, cessons de considérer que tout est un #bien_commun et que nos intérêts se rejoignent avec ceux du reste du monde. Les crises du climat, de la biodiversité et de l’eau n’ont pas disparues. Mais notre approche ne permet plus d’y pallier.
Une approche individualiste et dépolitisante
Un autre défaut de l’approche zéro gaspillage est son aspect individualiste. Le zero waste veut prendre en compte les intérêts de toutes les parties prenantes, mais sa méthode d’action consiste à ne pas consulter les personnes. On s’informe sur ce qui leur arrive, sur leurs conditions de vie et de travail, mais on n’entre pas en contact avec elles. On veut agir pour ces personnes, mais sans devoir leur parler.
Je vois trois dimensions à cette attitude. D’abord, une telle discussion est matériellement impossible : il y a trop de parties prenantes dans la production mondiale. L’ambition de toutes les prendre en considération est vouée à l’échec. Ensuite, une écologie qui imagine prendre en compte l’intérêt de toute l’humanité n’a pas besoin de parler aux autres. Elle croit pouvoir se projeter dans leurs situations et connaître leurs intérêts. Enfin, un certain mépris de classe n’est pas à exclure. On n’a pas envie de parler à celles et ceux qu’on estime inférieur⋅es : les fréquenter rend visible la #domination et les #injustices dont on profite.
Depuis ma situation individuelle, je tente d’agir pour les autres, mais sans construire de liens explicites, de relations bidirectionnelles. C’est tout l’inverse d’une approche collective et politique. Certes, la matière et le cycle de vie des objets créent un lien invisible entre les personnes, mais il en faut plus pour créer des solidarités concrètes – pas juste des relations économiques entre clients et fournisseurs.
Alors que le zéro gaspillage est un projet politique, dont le concept central est intrinsèquement politique, j’ai l’impression qu’il a du mal à dépasser une approche individuelle, à construire de l’#action_collective et des #solidarités. Il reste en ça prisonnier d’une époque néolibérale où les modèles mentaux partent de l’individu, parfois y restent, et souvent y retournent.
Un risque de #paternalisme
L’approche zéro gaspillage comporte aussi un risque de paternalisme (▻https://plato.stanford.edu/entries/paternalism). Si on définit l’intérêt d’autrui sans échanger avec lui, sans écouter sa voix et ses revendications explicites, on va décider seul de ce qui est bon pour lui, de ce qui correspond à ses besoins. On va considérer comme dans son intérêt » des choix que la personne rejetterait, et rejeter des choix qu’elle jugerait positifs pour elle. C’est précisément ce qu’on appelle du paternalisme : agir « dans l’intérêt » d’une personne, contre la volonté explicite de cette personne elle-même.
Pensez aux travailleurs et travailleuses de la décharge de déchets électroniques d’Agbogbloshie au Ghana (▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Agbogbloshie), qui sont interviewés dans le documentaire Welcom to Sodom (▻https://www.welcome-to-sodom.com). Iels expliquent que travailler là est là meilleure situation qu’iels ont trouvé, que c’est pire ailleurs : pas sûr qu’iels soient enthousiastes à l’idée d’une réduction globale des déchets. Certes, leur environnement serait moins pollué, leur santé moins en danger, etc. mais leur source de revenu disparaîtrait. Une écologie qui minore les désaccords, la diversité des points de vue et les conflits possibles montre encore une fois ses limites.
Ce risque de paternalisme rejoint la question de la colonialité. Les Européens et les Européennes ont une longue tradition de hiérarchisation des races, qui met les blancs en haut et les personnes colonisées non-blanches en bas. Les personnes qu’on envahit, domine et tue sont présentées comme incapables de savoir ce qui est bon pour elles. Mais le colonisateur « sait ». Il est prêt à « se sacrifier » pour l’intérêt de ces peuples, qui « ne lui rendent pourtant pas ». Un tel point de vue s’exprime notoirement dans le poème raciste et colonialiste de l’écrivain Rudyard Kipling, Le fardeau de l’homme blanc (▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Fardeau_de_l%27homme_blanc).
Mais n’est-ce pas quelque chose de similaire qu’on entend, quand j’écris dans l’article précédent (▻https://blog.whoz.me/zerowaste/le-point-de-vue-zero-dechet) que le zéro gaspillage consiste à mettre son intérêt direct en retrait, au profit de celui d’une personne plus loin dans la chaîne de production ? Le mépris s’est (peut-être) effacé, mais le discours sur le sacrifice altruiste est toujours là.
Une position centrale qui interroge
Avec la sobriété, les écologistes occidentaux trouvent une narration qui leur donne une place centrale, positive et active dans la lutte contre les injustices climatiques. Ce sont elles et eux qui proposent d’engager les sociétés contemporaines vers un #futur_désirable. Iels produisent des idées et expérimentent des pratiques qu’iels appellent à devenir la norme (#réemploi, #réparation, etc.). À la fois innovantes, précurseures, bienveillantes, ces personnes n’ont presque rien à se reprocher et plus de raison de se sentir coupables.
Mais on devrait interroger une #narration qui vous donne la meilleure place, légitime vos choix et vos actions, sans jamais leur trouver d’aspects négatifs. Un tel #discours semble trop parfaitement bénéficier à celui ou celle qui s’y retrouve pour ne pas éveiller un soupçon.
Je peine à ne pas voir dans la sobriété une sorte de version non-interventionniste du « #sauveur_blanc 5 ». Au lieu de prendre l’avion pour aller « aider » des enfants pauvres dans un pays du Sud, on « agit » à distance, par des effets indirects, incertains, et à moyen terme.
On s’épargne l’aspect grossièrement raciste et paternaliste d’un « #tourisme_humanitaire » qui intervient sur place, perturbe les dynamiques locales, et laisse les conséquences à gérer à d’autres. Mais cet horizon d’agir de chez soi pour les dominés me semble prolonger des logiques similaires. On passe au sauveur « sans contact », qui sauve par un ruissellement de sobriété.
On reste dans l’idée de porter secours aux « victimes » d’un système… dont on est l’un des principaux bénéficiaires. Un système construit par son pays, ses institutions, voire ses ancêtres… Et qui nous fabrique par notre éducation et nos socialisations.
Des logiques d’#appropriation
D’autant que les écologistes de la sobriété font preuve d’attitudes questionnables, qui tranchent avec leurs postures altruistes. Si j’ai les moyens d’acheter neuf, mais que je choisis l’occasion, je fais une excellente affaire, bien au-delà de l’intention écologique. On peut voir ça comme une façon pour un riche de récupérer des ressources peu chères, qui auraient sinon bénéficié à d’autres catégories sociales.
En glanant Emmaüs et les #recycleries solidaires, les riches écolos s’introduisent dans des espaces qui ne leur étaient pas destinés au départ. Leur pouvoir économique peut même déstabiliser les dynamiques en place. Emmaüs s’alarme de la baisse de qualité des dons reçus, les objets de valeur étant détournés par des nouveaux #circuits_d’occasion orientés vers le profit ou la #spéculation (#Vinted, néo-friperies « #vintage », etc.).
Par ailleurs, la façon dont les écologistes de la sobriété se réapproprient des pratiques antérieures questionne. Éviter le gaspillage, emprunter plutôt qu’acheter, composter, réparer, consigner : ces pratiques n’ont pas été inventées par le zéro déchet. L’approche zero waste leur donne surtout une nouvelle justification, une cohérence d’ensemble, et les repositionne au sein de la société.
Des pratiques anciennement ringardes, honteuses, ou marginales deviennent soudainement à la mode, valorisées, et centrales quand des privilégié·es s’en emparent. L’histoire de ces usages est effacée, et les écolos les récupèrent comme marqueurs de leur groupe social. Une logique qui rappelle celle de l’#appropriation_culturelle, quand un groupe dominant récupère des éléments d’une culture infériorisée, les vide de leur signification initiale et en tire des bénéfices au détriment du groupe infériorisé.
Une vision très abstraite
Ma dernière critique porte sur le caractère très abstrait du zéro gaspillage. Les concepts centraux du mouvement présentent un fort niveau d’#abstraction. J’ai détaillé le cas du « gaspillage », mais on peut aussi évoquer les idées de « ressource » ou de « matière ».
Une « #ressource » n’est pas vraiment une réalité concrète : le mot désigne la chose prise comme moyen d’un objectif, intégrée à un calcul utilitaire qui en fait une variable, un élément abstrait. La « #matière » elle-même relève d’une abstraction. Ce n’est pas un composé précis (de l’aluminium, de l’argile, etc.), mais la matière « en général », détachée de toutes les caractéristiques qui permettent d’identifier de quoi on parle exactement.
Les dimensions géopolitiques, économiques et sociales liées à une « ressource » naturelle particulière, ancrée dans un territoire, sont impensées. Paradoxalement le zéro déchet insiste sur la matérialité du monde via des concepts qui mettent à distance le réel concret, la matière unique et spécifique.
Le zéro déchet mobilise aussi ce que lea philosophe non-binaire #Timothy_Morton appelle des #hyperobjets : « l’humanité », la « planète », le « climat », les « générations futures »… Ces objets s’inscrivent dans un espace gigantesque et une temporalité qui dépasse la vie humaine. Ils sont impossibles à voir ou toucher. Quand on parle de « l’humanité » ou de « la planète », on cible des choses trop grosses pour être appréhendées par l’esprit humain. Ce sont des outils intellectuels inefficaces pour agir, qui mènent à une impasse politique.
Cette fois-ci, le lien à la colonialité m’apparaît mois clairement. Je saisis qu’il y a un lien entre ces abstractions et la modernité intellectuelle, et que la #modernité est intimement liée à la colonisation. J’ai déjà parlé de la dimension calculatoire, optimisatrice et utilitariste du zéro déchet, mais la connexion précise avec la colonialité m’échappe6.
Balayer devant sa porte
Bien sûr, tout ce que je dis dans ce billet vaut aussi pour mon travail et les articles précédents. Mes critiques concernent autant le zéro déchet en général que la manière spécifique que j’ai de l’aborder. La colonialité que je reconnais dans le zero waste ne m’est pas extérieure.
Et encore, ma position sociale et raciale font que je passe forcément à côté de certaines choses. Je sais que mes textes sont marqués de colonialité et de blanchité, par des aspects que je ne perçois pas, ou mal.
Alors que la blanchité de l’écologie est le point de départ de ma réflexion, j’ai échoué à penser directement le lien entre suprématie blanche et sobriété. Cette réflexion sur la colonialité pourrait n’être qu’un détour, un moyen de ne pas aborder le problème, en en traitant un autre.
Dans l’impasse
Le système économique que le zéro gaspillage nous fait voir comme absurde a une histoire. Il est l’héritier de la colonisation du monde par l’Europe depuis le 15e siècle. Il naît d’un processus violent, d’exploitation et de #dépossession de personnes non-blanches par les européens. Son racisme n’est pas un aspect extérieur ou anecdotique.
Une écologie qui veut sérieusement remettre en cause ce système ne peut pas être composée que de personnes blanches. Au-delà de ses « bonnes » intentions7, une #écologie_blanche est condamnée à reproduire des logiques de domination raciale et coloniale. En ne prenant pas en compte ces dominations, elle prolonge les façons de faire et de penser qui ont conduit à la crise climatique.
Mais il ne suffit pas de vouloir une écologie décoloniale et antiraciste : il faut comprendre le problème avec l’écologie qui ne l’est pas. C’est ce j’ai tenté de faire dans cet article, malgré ma compréhension limitée de ces sujets. Le risque d’être imprécis, insuffisant, ou même erroné m’a semblé plus faible que celui ne pas en parler, ne pas ouvrir la discussion.
Et pour qu’elle continue, je vous invite à vous intéresser à celles et ceux qui m’ont permis de recoller les morceaux du puzzle, de reconnaître un motif colonial dans le zéro gaspillage. Ils et elles ne parlent jamais de zéro déchet, rarement d’écologie, mais sans leurs apports, cet article n’existerait pas.
En podcast
Kiffe ta race (Rokhaya Diallo, Grace Ly)
Le Paris noir (Kévi Donat)
Code Noir (Vincent Hazard)
Des Colonisations (Groupe de recherche sur les ordres coloniaux)
Décolonial Voyage (Souroure)
Décoloniser la ville (Chahut media)
Isolation termique (Coordination Action Autonome Noire)
Je ne suis pas raciste, mais (Donia Ismail)
En livre & articles
L’ignorance blanche (Charles W. Mills)
Décolonialité & Privilège (Rachele Borghi)
Amours silenciées (Christelle Murhula)
La charge raciale (Douce Dibondo)
La domination blanche (Solène Brun, Claire Cosquer)
Le racisme est un problème de blancs (Reni Eddo-Lodge)
Mécanique du privilège blanc (Estelle Depris)
Voracisme (Nicolas Kayser-Bril)
En vidéo
Histoires crépues
Notes
Mes grands-parents et mon père naissent dans le Protectorat français de Tunisie. Ma famille quitte la Tunisie six ans après l’indépendance, lors de la crise de Bizerte. ↩︎
J’hérite de cette idée générale de sa version spécifique proposée par Charles W. Mills dans son article L’ignorance blanche. ↩︎
On retrouve cette idée dans Recyclage, le grand enfumage en 2020, même si la formulation de Flore Berligen (p. 15) est plus subtile. À l’inverse, cet article de 2015 reprend littéralement la formule. ↩︎
Pas au sens de « droit » reconnu par un État ou une structure supra-nationale. C’est un droit au sens de revendication légitime, qui possède une valeur impersonnelle et qui mérite d’être prise en compte par tous et toutes, indépendamment de qui formule cette revendication. C’est un usage du mot « droit » qu’on retrouve en philosophie. ↩︎
Toutes les personnes qui font du zéro déchet et prônent la sobriété ne sont évidemment pas blanches. Mais vu la quantité de blancs et de blanches dans le mouvement, on ne peut pas faire abstraction de cette dimension pour réfléchir à cette écologie. ↩︎
Ma copine me souffle que le lien est simple : tout notre système intellectuel (politique, épistémologique, etc.) est produit par des colonisateurs. Il accompagne et légitime la colonisation. Même si je suis d’accord, c’est trop long à détailler à ce stade de l’article. ↩︎
N’oubliez pas : le racisme n’est jamais une question d’intention. Ce sont les effets concrets et la domination qui constituent un acte comme raciste, pas l’intention de la personne qui le commet. ↩︎
▻https://blog.whoz.me/zerowaste/il-ne-suffit-pas-de-vouloir-une-ecologie-antiraciste-le-zero-dechet-la-col
#dépolitisation #individualisme #innovations #second_hand
Blue Origin’s First All-Female Spaceflight Stunt - The New York Times
▻https://www.nytimes.com/2025/04/14/arts/blue-origin-lauren-sanchez-katy-perry.html
Blue Origin’s all-female flight proves that women are now free to enjoy capitalism’s most extravagant spoils alongside rich men.
Bezos’ company has promoted this as the “first all-woman spaceflight” since the Soviet Union cosmonaut Valentina Tereshkova became the first woman in space when she made a solo trip to the Earth’s orbit in 1963. Tereshkova spent three days in space, circled the Earth 48 times and landed an international celebrity and feminist icon. The Blue Origin flight attempted to reverse-engineer that historic moment: By taking established celebrities and activists and launching them into space, it applied a feminist sheen to Blue Origin and made its activities feel socially relevant by association.
Blue Origin pitched the flight as a gambit to encourage girls to pursue STEM (science, technology, engineering and mathematics) careers and to, as Sánchez put it in an Elle cover story on the trip, inspire “the next generation of explorers.” But the flight was recreational, and its passengers are not space professionals but space tourists. Their central mission was to experience weightlessness, view the Earth from above, and livestream it. They are like payload specialists with a specialty in marketing private rockets. If the flight proves anything, it is that women are now free to enjoy capitalism’s most decadent spoils alongside the world’s wealthiest men.
Though women remain severely underrepresented in the aerospace field worldwide, they do regularly escape the Earth’s atmosphere. More than 100 have gone to space since Sally Ride became the first American woman to do so in 1983. If an all-women spaceflight were chartered by, say, NASA, it might represent the culmination of many decades of serious investment in female astronauts. (In 2019, NASA was embarrassingly forced to scuttle an all-women spacewalk when it realized it did not have enough suits that fit them.) An all-women Blue Origin spaceflight signifies only that several women have amassed the social capital to be friends with Lauren Sánchez.
Sánchez arranged for her favorite fashion designers to craft the mission’s suits, leveraging it into yet another branding opportunity. Souvenirs of the flight sold on Blue Origin’s website feature a kind of yassified shuttle patch design. It includes a shooting-star microphone representing King, an exploding firework representing Perry and a fly representing Sánchez’s 2024 children’s book about the adventures of a dyslexic insect. Each woman was encouraged to use her four minutes of weightlessness to practice a different in-flight activity tailored to her interests. Nguyen planned to use them to conduct two vanishingly brief science experiments, one of them related to menstruation, while Perry pledged to “put the ‘ass’ in astronaut.”
The message is that a little girl can grow up to be whatever she wishes: a rocket scientist or a pop star, a television journalist or a billionaire’s fiancée who is empowered to pursue her various ambitions and whims in the face of tremendous costs. In each case, she stands to win a free trip to space. She can have it all, including a family back on Earth. “Guess what?” Sánchez told Elle. “Moms go to space.” (Fisher, the first mother in space, went there in 1984.)
The whole thing reminds me of the advice Sheryl Sandberg passed on to women in “Lean In,” her memoir of scaling the corporate ladder in the technology industry. When Eric Schmidt, then the chief executive of Google, offered Sandberg a position that did not align with her own professional goals, he told her: “If you’re offered a seat on a rocket ship, don’t ask what seat. Just get on.” It is the proximity to power that matters, not the goal of the mission itself.
As Blue Origin loudly celebrates women as consumers of private space travel, it has elided the experiences of professional female astronauts — including the little details that humanized their own flights. Elle suggested that the Blue Origin flight “will be the first time anybody went to space with their hair and makeup done.” As Perry put it, “Space is going to finally be glam.” But in fact, female astronauts have long brought their beauty work into space with them. Life magazine published an image of Tereshkova at the hairdresser, explaining that she was “primping for orbit.” The astronaut Rhea Seddon, who first flew to space in 1985, took NASA-tested cosmetics onboard, knowing that she would be heavily photographed and the images widely circulated.
#Espace #Tourisme #Féminisme_de_pacotille #Jeff_Bezos #Blue_Origin #Amazon
Airbnb condamné en appel à payer 8,6 millions d’euros à la communauté de communes de l’île d’Oléron
▻https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/04/08/bataille-judiciaire-entre-airbnb-et-l-ile-d-oleron-le-geant-mondial-de-la-lo
La plateforme de location touristique sur Internet Airbnb a été condamnée, mardi 8 avril, à payer plus de 8,6 millions d’euros à la communauté de communes de l’île d’Oléron (Charente-Maritime) pour des manquements relatifs à la taxe de séjour.
Les deux arrêts rendus au civil par la cour d’appel de Poitiers concernent les années 2021 et 2022. Ils alourdissent considérablement les sanctions prononcées en première instance, dont #Airbnb avait interjeté appel. Celle-ci a pris acte de cette décision et « étudie les recours possibles », a-t-elle fait savoir mardi à l’Agence France-Presse.
La cour d’appel a sanctionné Airbnb pour des manquements répétés à ses obligations de déclaration, de collecte et de reversement de milliers de taxes de séjour durant les deux années concernées.
Il bene ritrovato. Turismo responsabile e beni confiscati alla criminalità organizzata
Spesso l’immagine dell’Italia è legata alla criminalità organizzata, ma esiste un’altra realtà. Questo libro racconta come il turismo responsabile possa trasformare i beni confiscati alle mafie in risorse per lo sviluppo socioeconomico e culturale, restituendoli alla collettività.
Attraverso storie e testimonianze, scopriremo come questi luoghi, un tempo simboli di potere criminale, siano oggi strumenti di legalità, offrendo opportunità di lavoro, educazione e sensibilizzazione.
Un viaggio tra cooperative turistiche come Addiopizzo Travel e Libera Terra, che promuovono un turismo consapevole e impegnato, capace di valorizzare i territori e contrastare l’illegalità.
Un’indagine sul ruolo dello Stato, delle associazioni e dei cittadini nel combattere le mafie e nel costruire un futuro più giusto.
Il turismo responsabile non è solo una forma di sviluppo sostenibile, ma anche uno strumento di cambiamento sociale, capace di generare consapevolezza e coinvolgere le nuove generazioni.
▻https://altreconomia.it/prodotto/il-bene-ritrovato
#biens_confisqués #confiscation_de_biens #mafia #Italie #tourisme #livre #coopératives #Addiopizzo_Travel #Libera_Terra
Cammini d’italia
Riscopri l’essenza del viaggio lento insieme a noi!
Valorizziamo il territorio percorrendo i sentieri più belli d’Italia.
▻https://camminiditalia.org
#sentiers #tourisme #tourisme_doux #marche #Italie #itinéraires
voir aussi:
Noi camminiamo in Sardegna
▻https://seenthis.net/messages/1102650
Noi camminiamo in Sardegna
Un modello di turismo lento, esperienziale e sostenibile
Paesaggi e itinerari che li attraversano, borghi e comunità che li animano, esperienze condivise tra viaggiatori e chi li ospita, benessere di corpo e anima. La Sardegna è natura, cultura, tradizioni e accoglienza, una terra da ‘vivere’ tutto l’anno, in armonia con l’ambiente e a contatto con le persone, che crea legami indissolubili con abitanti e suoi ospiti.
Lungo le vie percorse nel corso dei secoli dai pellegrini, si arriva al ‘cuore’ dell’identità dell’Isola, nella sua parte più autentica e profonda. Qui si trova il filo conduttore di ‘Noi Camminiamo in Sardegna’, progetto ideato, sviluppato e promosso dall’Assessorato del Turismo della Regione Sardegna.
Un progetto che incarna un modello di turismo lento, esperienziale e sostenibile, imperniato su un’originale ed efficace fruibilità dei Cammini di Sardegna e delle Destinazioni di pellegrinaggio, iscritti al Registro regionale dei Cammini.
Ogni cammino è capace di offrire un’esperienza intima e introspettiva, ogni destinazione è un luogo caratterizzato da profonda devozione, entrambi coniugano le dimensioni spirituale e culturale e propongono un’esperienza tesa a scoprire il patrimonio materiale e immateriale del loro territorio e a sentirsi parte delle comunità che li abitano.
▻https://noicamminiamoinsardegna.it/destinazioni
#tourisme #marche #Sardaigne #Italie #sentiers #tourisme_lent #mer #montagne #itinéraires
Surtourisme : est-ce que le critiquer alimente la tendance ?
▻https://www.ladn.eu/ladn-transition/comment-critiquer-le-surtourisme-alimente-le-tourisme
L’appropriation du terme par Skift a eu un impact immédiat, notamment sur les professionnels du secteur, qui y ont vite vu un os à ronger : proposer d’aller là où ne vont pas les autres, la dénonciation du surtourisme servant de repoussoir. C’est au nom de ce principe qu’on nous vend des destinations lointaines, les plus consommatrices en pollution. L’apogée du phénomène est le tourisme en Antarctique, une hérésie totalement déraisonnable, dont le bilan moyen par personne avoisine facilement les 10 tonnes de gaz à effet de serre (selon l’Ademe, un Français émet en moyenne 10 tonnes de CO₂ par an). Malgré tous les problèmes que cela engendre (partage inégal des richesses, bas salaires…), une seule chose permet selon moi de légitimer le développement du tourisme dans une zone où il n’existe pas : l’apport d’un mieux-être pour les populations locales. Cela ne vaut pas en Antarctique ou dans des îles inhabitées du Pacifique. Produit de la marchandisation de tous nos désirs, ce tourisme-là n’a lieu qu’au détriment de la biodiversité locale et du bilan carbone global, et qu’au bénéfice d’entreprises vendant un respect de l’environnement de façade.
Appel à contributions pour une brochure sur les pratiques de sports de combat quand on a vécu des violences domestiques
▻https://ricochets.cc/Appel-a-contributions-pour-une-brochure-sur-les-pratiques-de-sports-de-com
On est quelques personnes de collectifs de sports de combat autogérés d’Île-de-France à réfléchir à la pratique de sports de combat quand on a vécu des violences domestiques (intrafamiliales et/ou conjugales). On aimerait bien rassembler des témoignages, des ressources, des expériences pour sortir une brochure sur le sujet ! #Les_Articles
/ #Politique,_divers, Tourisme, sports & loisirs, #Textes_très_courts, #Récit, #Féminisme
#Tourisme,sports&_loisirs
Centres de cyberfraude : la Birmanie rend un premier groupe de travailleurs à la Chine, via la Thaïlande : Actualités - Orange
▻https://actu.orange.fr/monde/centres-de-cyberfraude-la-birmanie-rend-un-premier-groupe-de-travailleur
La Birmanie, la Thaïlande et la Chine ont débuté jeudi une opération d’envergure visant à rapatrier des centaines de Chinois exploités dans des centres d’arnaques en ligne sur le territoire birman.
Ces centres criminels se sont multipliés en Birmanie, notamment près de la frontière avec la Thaïlande. Ils fonctionnent souvent avec une main-d’oeuvre captive, notamment des Chinois, contraints d’escroquer leurs compatriotes.
Un premier groupe de dizaines de travailleurs avait embarqué jeudi matin dans un avion à l’aéroport de Mae Sot (nord-ouest de la Thaïlande), d’où il a décollé vers 11H30 (04H30 GMT).
L’appareil est arrivé à Nankin (est de la Chine) dans l’après-midi, a indiqué la télévision étatique chinoise CCTV. « Dans les prochains jours, plus de 800 ressortissants chinois suspectés de fraude devraient être reconduits en Chine », a-t-elle précisé.
Ces personnes étaient passées de la Birmanie à la Thaïlande jeudi matin, sous haute sécurité. Le rapatriement de toutes les personnes concernées pourrait prendre des semaines.
Aucun détail n’a été donné sur ce qui les attend en Chine. Interrogé jeudi, Pékin a renvoyé la presse vers les « autorités compétentes ».
« La lutte contre les jeux d’argent en ligne et les fraudes par téléphone ou en ligne est une manifestation concrète de la mise en oeuvre d’une philosophie de développement centrée sur l’humain », a déclaré Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
« C’est un choix crucial afin de sauvegarder les intérêts communs des pays de la région », a-t-il ajouté lors d’un point presse régulier.
– « Esprit humanitaire » -
La Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra a indiqué mercredi que près de 7.000 personnes attendaient d’être libérées, tandis qu’un représentant des Forces des gardes-frontières (BGF) de l’Etat Karen, une milice ethnique active côté birman, a fixé ce chiffre à 10.000.
Les victimes sont principalement chinoises : employées de force dans les centres de cyberfraude, ou ciblées par les escrocs via des jeux de casino en ligne ou des montages impliquant les cryptomonnaies.
Ces derniers mois, Pékin avait accru la pression sur la junte birmane, dont elle est l’un des principaux fournisseurs d’armes, pour mettre fin à ces activités.
« 200 ressortissants chinois impliqués dans des affaires de jeux d’argent en ligne, de fraude aux télécommunications et d’autres délits ont été remis conformément aux procédures légales par la Thaïlande ce matin, dans un esprit humanitaire et d’amitié entre les pays », a indiqué la junte dans un communiqué.
La ville de Mae Sot, d’où ont décollé jeudi les ressortissants chinois, ne se trouve qu’à une dizaine de kilomètres de Shwe Kokko, ville birmane qui a bâti sa prospérité grâce des trafics variés, dans une impunité quasi-totale.
Des complexes géants de cyberfraude pullulent dans certaines régions birmanes frontalières, à la faveur de la guerre civile qui ravage le pays depuis le coup d’Etat de 2021. Ces escroqueries rapportent des milliards de dollars par an, selon des experts.
– Violences -
Ces centres emploieraient au moins 120.000 petites mains en Birmanie, selon un rapport des Nations unies publié en 2023.
Nombre de victimes ont été soumises à la torture, la détention arbitraire, la violence sexuelle ou encore le travail forcé, d’après le texte.
De nombreux travailleurs disent avoir été attirés ou trompés par des promesses d’emplois bien rémunérés avant d’être retenus captifs.
Début février, une autre milice birmane a rendu aux autorités thaïlandaises 260 victimes présumées, originaires d’une dizaine de pays, dont les Philippines, l’Éthiopie et le Brésil.
Beaucoup portaient des traces de violences, notamment une femme qui présentait d’énormes bleus et qui a déclaré avoir été électrocutée, ont constaté des journalistes de l’AFP qui ont pu les rencontrer.
La Thaïlande a coupé début février l’approvisionnement en électricité de plusieurs régions birmanes frontalières, dont Shwe Kokko, dans une tentative de freiner l’essor des activités illégales.
Le royaume veut donner des gages de sécurité aux visiteurs chinois, cruciaux pour son secteur touristique. Les craintes des Chinois ont redoublé après l’affaire de l’enlèvement à Bangkok d’un acteur chinois, amené de force dans un centre de cyberfraude en Birmanie, avant d’être libéré, début janvier.
publié le 20 février à 11h12, AFP
Le Jardin des supplices
▻https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6497937z
J’aime l’exotisme et l’Asie pittoresque.
▻https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Kidnapping_(homonymie)
#Birmanie #Chine #Thailande #guerre_civile #arnaque_en_ligne #cyberfraude #travail_forcé #exploitation #torture #internet #tourisme #kidnapping
Une romance avec l’Hydre (1)
▻https://www.piecesetmaindoeuvre.com/faits-divers/une-romance-avec-l-hydre-1
En librairie : Les Esperados et La vie dans les restes, par Yannick Blanc. Voir ici. __ Voici une plongée en eaux troubles, au temps de l’incendie climatique. Tout n’est peut-être pas faux dans les divagations ici rapportées. Des gens, peut-être, croiront reconnaître une ville, des bois, une rivière, des événements de leur connaissance. Mais si grossièrement, si outrageusement déformés et exagérés ! Certes, il faut parfois grossir pour se faire entendre, et fabuler pour dire le vrai, (…) #Faits_divers
▻https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/romance_avec_l_hydre_1.pdf
Alpes JO 2030, une folie à combattre, un symptôme de l’impasse de la civilisation industrielle
▻https://ricochets.cc/Alpes-JO-2030-une-folie-a-combattre-un-symptome-de-l-impasse-de-la-civilis
Au lieu de laisser faire la mafia du CIO et les tyrans imbus d’eux-mêmes qui règnent sur les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Sud - Provence-Alpes-Côte-d’Azur, mettons fin à ce projet insensé de JO dans les Alpes en train de fondre du fait du réchauffement climatique plus rapide en montagne qu’ailleurs. Les fanas du pognon et du capitalisme ne veulent pas renoncer à un de leur joujou qui permet de bétonner et d’arroser des tas de gens et d’institutions. JO à tout prix : s’il n’y pas de (...) #Les_Articles
/ Tourisme, sports & loisirs, #Le_monde_de_L'Economie
#Tourisme,sports&_loisirs
▻https://blogs.mediapart.fr/jose-pluki/blog/300125/alpes-jo-2030-le-nom-des-alpes-fond
▻https://no-jo.fr/alpes-2030
▻https://no-jo.fr/jo-alpes-2030-les-alpes-ne-peuvent-pas-accueillir-tout-le-deni-du-monde
« On fait comme si on allait survivre » : le département PS de l’Hérault supprime 100% de ses subventions à la culture
▻https://www.liberation.fr/culture/on-fait-comme-si-on-allait-survivre-le-departement-socialiste-de-lherault
Les structures artistiques financées par des tutelles à gauche sont-elles mieux préservées des coupes budgétaires que celles qui dépendent des collectivités de droite et ne cachent pas leur désir de se débarrasser d’une conception de la culture comme service public ? Kléber Mesquida, président (PS) du conseil départemental de l’Hérault, se distingue en ayant annoncé, lundi 27 janvier, lors d’une réunion avec les vice-présidences, une coupe de 100 % du budget alloué à la culture dans son département. On peut le dire autrement : l’Hérault, doté d’un budget annuel de 2 milliards d’euros, dont la part culturelle non obligatoire représente entre 5 et 6 millions d’euros, sera le seul département de France qui consacrera zéro centime à la culture dès 2025. L’annonce, confirmée par le service de communication du département, n’est pas encore officielle. Nathalie Garraud, codirectrice du théâtre des 13 Vents à Montpellier, ne s’explique pas ce silence : « Il est anxiogène de ne pas savoir fin janvier de combien le budget 2025 sera amputé, surtout si la suppression est totale. Aujourd’hui, la moindre somme compte. Rien a été notifié aux structures. » Et précise : « L’économie des théâtres publics repose sur un financement croisé, il est très important financièrement mais aussi symboliquement que tous les territoires d’un partenaire soient impliqués. »
C’est à cause que les RSAstes coûtent trop cher au département.
#gauche_de_droite #PS #culture #subventions #département
–Et les micro notables de la précarité aussi, pas de jaloux !_
« Si on n’a plus cette subvention du Département on met la clé sous la porte » : la Maison des chômeurs de Montpellier inquiète pour son avenir - midilibre.fr
▻https://www.midilibre.fr/2025/01/21/si-on-na-plus-cette-subvention-du-departement-on-met-la-cle-sous-la-porte-
Ouverte en 1994, la Maison des chômeurs de Montpellier s’est vue notifier l’arrêt du versement de la subvention par le Département de l’Hérault. Un appui « primordial » selon ses responsables qui évoquent une fermeture pure et simple au printemps prochain.
Après la fin de la « société de la connaissance », voilà qu’on semble estimer que l’attractivité touristique des territoires n’implique plus d’investir dans la culture. On cesse de financer du maillage, on table sur des évènements mondiaux (JO, Notre-Dame, Louvre). Étonnant.
Le surtourisme pisté grâce au GPS des smartphones - Sciences et Avenir
►https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/le-surtourisme-piste-grace-au-gps-des-smartphones_183598
En utilisant les données de géocalisation des téléphones portables, une start-up française a développé un outil qui inventorie les flux et la concentration des visiteurs dans un périmètre. De quoi mesurer l’impact humain sur des écosystèmes menacés par une surfréquentation.
Disneylandisation des horreurs de la guerre
▻https://www.visionscarto.net/disneylandisation-guerre
Par Patrick Naef
Il y a presque dix ans, nous avons publié ce texte confié par le géographe Patrick Naef. Ça ne parle pas que de Auschwitz, mais l’approche « Tourisme dans les lieux de violences et de massacres » est très intéressante.
Les théories de Tim Cole sur la commercialisation et la banalisation de l’Holocauste sont certes provocantes et qualifier le site actuel d’Auschwitz de « thème-parc morbide » peut paraître excessif. Mais le processus de commercialisation qui accompagne le site est une réalité et, par exemple, l’organisation d’événements du genre « enterrement de vie de garçon » à Auschwitz représente le pire de la banalisation d’un tel lieu.
L’agence britannique « Last night of freedom » propose ainsi de cocher la « case culturelle » et de participer à une visite du site parmi d’autres activités traditionnellement liées à ce genre d’événements, comme le paintball et le striptease :
« Bien que ce ne soit pas exactement la première chose à laquelle vous penseriez pour un tel week-end, beaucoup de ceux qui visitent Cracovie sentent comme une obligation de venir montrer leur empathie dans ce lieu triste et émouvant [...] Pour ceux souhaitent venir, les transferts, un guide professionnel, l’entrée du musée et des boissons non alcoolisées sont inclus dans le prix d’une excursion qui restera comme une expérience inoubliable, qui donnera à réfléchir et laissera chaque visiteur « engourdi » pendant toute la durée du voyage de retour en bus vers Cracovie ».
Quand le capitalisme fait sécession · Haud Guéguen
▻https://www.terrestres.org/2024/04/02/quand-le-capitalisme-fait-secession
À propos de Quinn Slobodian, Crack-Up Capitalism : Market Radicals and the Dream of a World Without Democracy, Dublin, Penguin Books, 2023, 352 pp.
.... si Les Globalistes se terminait dans les années 1990, avec cette apogée du projet globaliste qu’est la création, à Genève, de l’OMC (et avec les premières manifestations de crise de la globalisation), c’est ici un phénomène en apparence contradictoire qui se trouve pris pour point de départ : une tendance à la « perforation » (p. 16) ou à la « fragmentation » (p. 18) du monde que Slobodian décèle à travers la multiplication toujours croissante du principe de la « zone » économique spéciale – liminairement définie comme une « enclave creusée dans une nation et libérée des formes ordinaires de régulation » (p. 13) – dont il montre qu’elle s’initie à partir des années 1970 dans la colonie anglaise de Hong Kong, et dont la carte qu’il en dresse à l’échelle mondiale n’en dénombre pas moins que 5400 à l’heure actuelle.
En faisant le choix de s’installer dans cette « histoire du passé récent et de notre présent troublé » (p. 19) qu’est celle des quatre dernières décennies, il s’agit ainsi de s’attacher à ce qui n’est en réalité pas tant le contraire que l’autre face de la globalisation néolibérale : ce que Slobodian désigne comme le processus de « zonification » ou la prolifération d’espaces visant à l’optimisation du capital au moyen d’une neutralisation de la démocratie, dont l’auteur souligne qu’elle ne s’opère pas tant contre les États qu’elle ne s’opère au moyen de leur propre coopération. Des zones franches aux paradis fiscaux, des charters cities et des gated communities aux start-up nations ou aux utopies de la Silicon Valley, c’est donc une certaine tendance du capitalisme contemporain à faire « sécession » – ou, dit autrement, à se fortifier en se mettant à l’abri de tout contrôle démocratique – que Slobodian nous invite à regarder de plus près en s’attachant à la multiplicité de ces « enclaves » et des figures qui les promeuvent (de Milton, David et Patri Friedman à Murray Rothbard ou Peter Thiel pour ne citer que quelques-uns des plus connus).
[...]
.... en racontant ce qu’on pourrait se risquer à appeler cette « histoire des vainqueurs », Slobodian donne à voir une tendance dont il interroge la logique propre et les scénarios futurs qu’elle esquisse en montrant comment, à travers toutes ces expérimentations et conformément au projet politique qui les soutient, la valorisation de la liberté économique va de pair avec une désactivation de toute liberté politique. Une telle fétichisation de la liberté économique ne s’accompagnant pas seulement d’un conservatisme raciste ou sociobiologique (...) mais de formes plus ou moins assumées de néo-colonialisme (l’idée étant d’appréhender la fondation de nouvelles « zones » comme la conquête de nouveaux territoires supposant une main d’oeuvre au moindre prix et privée de droits).
L’ « utopie » que dessine la tendance capitaliste à la « zonification » (p. 99) du monde est donc celle d’un monde où la notion même de droit se trouve entièrement transférée du plan politique au plan économique. Mais, comme le souligne très finement Slobodian à propos des rêves sécessionnistes d’une figure de la Silicon Valley comme Valaji Srinivasan (auteur d’un ouvrage intitulé The Network State : How to Start a New Country), c’est aussi celle de ce qu’on pourrait appeler un monde non terrestre, puisque c’est en réalité la question des ressources qui se trouve occultée (...)
▻https://seenthis.net/messages/1032891
#Quinn_Slobodian #capitalisme #État #zones_franches #histoire_contrefactuelle #géographie_politique #Ciskei #libertariens #liberté_économique
Quinn Slobodian, historien : « Il faut oublier cette idée reçue selon laquelle le capitalisme et la démocratie se renforcent mutuellement »
L’historien estime (...) que la démocratie est menacée par l’évolution de l’économie, et notamment par la réalisation d’un rêve ultralibéral : la multiplication des zones économiques spéciales échappant aux règles démocratiques. Propos recueillis par Pascal Riché
Après avoir exploré l’histoire intellectuelle du néolibéralisme dans Les Globalistes (Seuil, 2022), Quinn Slobodian, historien canadien spécialiste de l’histoire globale et professeur à l’université de Boston, poursuit son enquête sur cette école de pensée dans Le Capitalisme de l’apocalypse ou le rêve d’un monde sans démocratie (Seuil, 384 pages, 25,50 euros).
Le titre original de votre livre est « Crack-Up Capitalism », le capitalisme à fragmentation. Que désigne cette expression ?
Elle nous invite d’abord à réfléchir à la géographie du capitalisme d’aujourd’hui. Le capitalisme a été marqué ces dernières décennies non seulement par l’intégration des échanges (la mondialisation), mais aussi par la création d’une variété gigantesque d’instances destinées à favoriser les investisseurs et leurs profits : zones économiques spéciales, ports francs, parcs d’affaires…
La deuxième utilisation du terme « crack-up capitalism » est plus normative. Elle renvoie à la vision de libertariens radicaux qui, depuis l’économiste Friedrich Hayek jusqu’à l’investisseur Peter Thiel, rêvent de l’effondrement du système des Etats-nations. Ils imaginent un monde post-démocratique et même post-nations. L’humanité serait organisée en villes privées – ce qu’ils appellent des charter states (« Etats à charte ») –, dans lesquelles le principe de gouvernance ne serait plus « un homme, une voix ». Elles seraient gouvernées comme des entreprises.
Ce fantasme correspond-il déjà à une réalité ?
En partie. Aujourd’hui, on compte plus de 6 000 zones économiques spéciales, au cœur de la production et des flux financiers, à l’échelle mondiale. De même, les gated communities (« communautés fermées ») aux Etats-Unis, qui n’existaient quasiment pas il y a un demi-siècle, se comptent par dizaines de milliers aujourd’hui.
Une réorganisation de la vie humaine est donc bien en cours. Savoir si elle prépare un monde « post-Etat-nation » reste une question ouverte. Mon livre tente de comprendre pourquoi des personnalités issues de l’élite rêvent d’une telle dystopie.
Ces zones, dans l’esprit de ces idéologues, sont des outils pour se passer des Etats. Mais à la fin du livre, vous dites qu’elles sont en fait des outils au service de ces derniers : Chine, Arabie saoudite, Dubaï… N’est-ce pas paradoxal ?
Il y a toujours une dialectique entre les utopies et la réalité dans laquelle elles s’inscrivent. Le socialisme utopique au XIXe siècle était une façon de lire les mutations qui avaient alors lieu : l’essor de la classe ouvrière, la production de masse… De même, les anarcho-capitalistes et libertariens radicaux d’aujourd’hui voient, dans un monde de contractuels, de chauffeurs Uber, de médias sociaux et de cryptomonnaies, ce que pourrait être un autre futur politique si ces tendances étaient accélérées. Le fait est que la multiplication des zones spéciales ne semble pas près de provoquer l’effondrement des Etats-nations.
Il est plus difficile de se débarrasser des Etats que de la démocratie…
Absolument ! De ce point de vue, il faut oublier cette idée reçue – et relativement récente – selon laquelle le capitalisme et la démocratie se renforcent mutuellement. Joseph Schumpeter, dans les années 1940, était convaincu, comme d’autres alors, que l’avènement de la démocratie signifierait la fin du capitalisme, car les citoyens utiliseraient leur vote pour collectiviser les moyens de production. A l’inverse, des penseurs comme Milton Friedman, dans les années 1970, étaient sceptiques à l’idée que le capitalisme allait de pair avec la démocratie. Ils arguaient qu’un excès de démocratie conduisait à des inefficacités et que cela ralentissait la production. Friedman admirait alors Hongkong, un territoire qui était davantage géré comme une entreprise que comme un pays.
Le récit habituel que l’on fait de l’après-guerre froide est plein de clichés et de platitudes : le triomphe de la démocratie, un mouvement vers une plus grande intégration supranationale, le succès du multilatéralisme, et, globalement, un progrès…
C’est la rhétorique de « la fin de l’histoire », selon le titre du fameux livre de Francis Fukuyama, en 1992…
Oui ! Mais contrairement à ce récit, la démocratie et le capitalisme ne sont pas allés de pair. La priorité donnée à la liberté économique plutôt qu’à la liberté politique – ce pourrait être une définition du néolibéralisme – a conduit à considérer comme des modèles des endroits comme Singapour ou Hongkong, dont les traditions démocratiques sont faibles ou nulles.
Dans le processus de nation branding – les efforts pour attirer touristes et investisseurs –, l’existence d’élections libres ou même d’une liberté d’expression compte très peu. Dans les classements d’attractivité internationaux, Dubaï obtient des scores très élevés, même s’il fonctionne comme une autocratie clanique, même s’il repose sur une main-d’œuvre quasi esclavagisée, même s’il se classe très bas en termes de liberté de la presse ou d’égalité des genres. Que de telles places aient pu devenir les archétypes de ce qu’est un « bon Etat » au XXIᵉ siècle en dit long sur notre civilisation.
Le capitalisme sans démocratie est-il un modèle solide ?
Oui, et ce n’est pas nouveau. La première mondialisation, à la fin du XIXᵉ siècle, fonctionnait sur la base de l’étalon-or, mais aussi sur celle de l’absence de suffrage universel : pour rétablir la parité de la monnaie, on pouvait toujours réduire les salaires ou provoquer des vagues de chômage.
Dans les années 1970, lorsque les banques de la City de Londres ou de Wall Street cherchaient des pays emprunteurs, elles considéraient que le risque était le plus faible dans des endroits comme l’Allemagne de l’Est, la Tchécoslovaquie ou l’URSS. Elles étaient ravies de prêter de l’argent à des pays non démocratiques, et même socialistes. Les démocraties étaient vues comme des sources d’insécurité pour les investisseurs. Les nouveaux droits qui ont été adoptés à l’aube du XXIᵉ siècle concernent surtout la sécurité des investisseurs, les droits du capital, la protection de la propriété privée…
Comment Donald Trump s’inscrit-il dans le récit que vous présentez ?
Son nationalisme économique semble certes aller à l’encontre de la fragmentation mondiale que je décris. Mais il défend aussi des politiques qui accélèrent la fragmentation de son pays : des responsabilités importantes (avortement, contrôle des armes, financement de l’éducation…) sont laissées aux Etats. Cela prépare une intensification de la concurrence entre eux. Par ailleurs, Donald Trump plaide pour la création de villes privées, les freedom cities (« cités de liberté »). Il a aussi poussé des initiatives comme celles d’Elon Musk pour créer des villes d’entreprises, permettant aux entrepreneurs d’élaborer leurs propres législations. Cette tendance devrait s’accentuer.
La Chine, pays au pouvoir autoritaire, s’appuie également sur les zones économiques spéciales que vous décrivez.
La Chine est l’acteur le plus important dans cette histoire du « capitalisme crack-up ». C’est l’émulation créée par Hongkong, dans le sud de la Chine puis dans d’autres régions, qui a permis au pays de connaître une croissance spectaculaire au cours des dernières décennies. On comprend mal ce modèle si on le perçoit comme « centralisé ». Le génie de la direction politique chinoise a été de décentraliser une grande partie des décisions économiques au niveau de ces zones économiques spéciales.
Cela a permis de laisser une latitude importante aux investisseurs étrangers et aux entrepreneurs locaux. Les expérimentations réussies étaient ensuite reproduites dans de nouvelles zones… La Chine représente un mélange extraordinaire de contrôle public et d’initiative privée, qui a été admiré par de nombreux libertariens.
Avec l’initiative « Ceinture et route » (Belt and Road Initiative), la Chine a tenté d’externaliser les zones le long des routes commerciales de l’ancien empire. Elle a reproduit en quelque sorte le modèle des enclaves, utilisé jadis par l’Empire britannique avec ses comptoirs de la péninsule Arabique jusqu’au détroit de Singapour. Comme au XIXᵉ siècle, on ne cherche pas à conquérir de vastes territoires, on se concentre sur des points stratégiques.
Comment les démocraties peuvent-elles empêcher « l’économie de l’apocalypse » ?
L’Europe est un endroit fascinant où la bataille est menée. L’Union européenne (UE) a été conçue pour assurer une concurrence non faussée, ce qui passait par l’élimination de la course au moins-disant fiscal ou social provoquée par des zones spéciales. Cependant, les pays d’Europe de l’Est, qui ont rejoint l’UE plus tard, ont continué à utiliser des zones pour attirer les investissements. La Pologne est devenue une seule grande zone économique spéciale : le pays entier offre des traitements de faveur. La Hongrie, supposée nationaliste et populiste, crée également des zones spéciales pour attirer les investissements coréens. En Italie, Matteo Salvini et Giorgia Meloni s’y sont mis aussi, dans le sud du pays…
Ces initiatives nourrissent une confrontation en Europe, avec pour enjeu l’équité de la concurrence et la primauté de l’Etat de droit. L’UE est en tout cas bien placée pour résister à l’attrait des nouveautés clinquantes comme les cryptomonnaies ou autres gadgets censés fournir une prospérité « à la Dubaï ». Elle n’est pas impressionnée par les bulles de hype que souffle la Silicon Valley.
« Le Capitalisme de l’apocalypse », de Quinn Slobodian : les trous noirs d’un système économique
Le point de départ du livre fascinant de l’historien canadien Quinn Slobodian Le Capitalisme de l’apocalypse (Seuil, 384 pages, 25,50 euros) est une phrase de #Peter_Thiel, lors d’une conférence de 2009 : « Si nous voulons plus de liberté, nous devons augmenter le nombre de pays. » Alors âgé de 41 ans, le fondateur de PayPal imaginait un monde utopique, libéré des Etats, composé de milliers de cités et autres entités connectées. Eh bien, on y est presque, démontre Quinn Slobodian.
L’avenir que décrivait le célèbre investisseur, en partie, est déjà là. Le monde contemporain est constellé de milliers de trous noirs creusés par les détenteurs de capital depuis une cinquantaine d’années. Des micro-Etats, des zones économiques spéciales, des paradis fiscaux, des villes privées… « Pour comprendre l’économie mondiale, il faut apprendre à voir les vides », écrit l’auteur, qui nous emmène les examiner de près : en Asie (Chine), en Amérique latine (Honduras), en Europe (Liechtenstein) en Afrique (Somalie), au Moyen-Orient (Dubaï) ou encore dans le métavers… Le point commun de ces milliers de zones est leur absence de démocratie. Et c’est aussi l’excitation qu’elles provoquent dans l’imagination des fondamentalistes du marché.
A travers le tableau qu’il peint, l’historien déroule une histoire des idées, de celles qui font fantasmer un groupe d’intellectuels et d’entrepreneurs anarcho-capitalistes, dont Thiel est un archétype. L’univers privatisé dont rêvent tous ces disciples néolibéraux de Friedrich Hayek est une monstrueuse dystopie dans laquelle le citoyen disparaît au profit du business. Il apparaît au fil de ce récit coloré que le véritable adversaire de ce groupe de libertariens fortunés et influents n’est pas l’Etat (qui leur est utile à bien des égards), mais la démocratie, cette empêcheuse d’accumuler en rond.
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/01/20/quinn-slobodian-historien-il-faut-oublier-cette-idee-recue-selon-laquelle-le
#histoire #récit #démocratie #économie #libertariens #anarcho-capitalistes #mondialisation #territoire_entreprise #État_entreprise #tourisme #investisseurs #Dubaï #Hong_Kong #Chine #villes_privées #villes_entreprises #dystopie #Empire_britannique #Europe #Pologne #note_de_lecture