• #Migrations : les États membres discutent d’un renforcement de #Frontex et des #renvois vers des #pays_tiers

    Selon une note interne du Conseil de l’UE, les Vingt-Sept s’apprêtent à débattre d’un #renforcement du #mandat de Frontex pour travailler avec les pays tiers, y compris la possibilité d’organiser des #transferts de migrants entre des États non membres de l’UE — ce que les règles actuelles ne permettent pas.

    En mars, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait annoncé une réforme du mandat de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) pour 2026, s’engageant à renforcer le rôle de l’agence dans la gestion des retours de migrants.

    La question sera à l’ordre du jour des ministres de l’UE lors du prochain Conseil « Affaires intérieures ».

    La note interne du Conseil de l’UE, consultée par Euractiv, révèle que les États membres soutiennent largement le renforcement de la coopération avec les pays tiers, y compris l’exploration des options juridiques permettant à Frontex d’organiser « les retours de pays tiers vers d’autres pays tiers », par exemple en renvoyant les migrants d’un pays de transit vers leur pays d’origine ou vers un autre pays où ils pourraient demander la protection.

    Certains gouvernements ont également proposé de confier à Frontex un rôle de soutien dans les « #centres_de_retour », des installations situées dans des pays tiers où les migrants pourraient être transférés vers d’autres pays dans le cadre de la nouvelle proposition de l’UE en matière de retours.

    La note souligne également que cette plus grande flexibilité, notamment la possibilité de négocier des accords ciblés avec des pays tiers, pourrait faire de Frontex « un partenaire plus attractif » le long des principales routes migratoires vers l’Europe.

    La taille et le rôle du corps permanent de Frontex seront également évoqués au Conseil. Si Ursula von der Leyen s’est engagée à tripler ses effectifs pour atteindre 30’ 000 agents d’ici 2027, plusieurs capitales se montrent prudentes. Tout en soutenant une expansion, elles insistent pour que le « #mandat et les #tâches futurs » de Frontex soient clarifiés avant tout renforcement des #effectifs.

    Si les gouvernements de l’UE s’accordent sur le fait que la responsabilité principale de la gestion des frontières et des décisions de retours doit rester aux États membres, la note relève « l’intérêt » d’étudier le rôle de soutien que pourrait assumer Frontex dans le cadre d’une « #gestion_intégrée » des #frontières.

    Par ailleurs, plusieurs capitales estiment que la règlementation actuelle ne permet pas à Frontex de répondre aux exigences du nouveau #Pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile, qui entrera en vigueur l’été prochain, ni de contrer les « #menaces_hybrides » aux frontières de l’UE.

    La présidence danoise du Conseil de l’UE a demandé aux capitales de transmettre leurs commentaires à ce sujet.

    Ces discussions se déroulent alors que Frontex est au centre de controverses. L’agence a été accusée à plusieurs reprises de fermer les yeux sur des violations des droits aux frontières extérieures de l’Union, ce qui avait conduit en 2022 à la démission de son directeur exécutif, Fabrice Leggeri — aujourd’hui député européen. En parallèle, des enquêtes restent en cours sur son rôle présumé dans des refoulements illégaux de migrants.

    https://euractiv.fr/news/migrations-les-etats-membres-discutent-dun-renforcement-de-frontex-et-des-r
    #réfugiés #expulsions #pays-tiers #return_hubs

  • Des exportations massives d’armes et de biens à double usage aux régimes répressifs en 2024
    https://www.obsarm.info/spip.php?article709

    Second exportateur mondial, la France enregistre un montant faramineux de prises de commandes de matériel militaire en 2024 : 21,6 milliards d’euros. Les exportations des #Biens_à_double_usage connaissent également une hausse de 42 % en 2024 pour s’établir à 15,7 milliards d’euros. Nous appelons la France à se ressaisir et mettre en place un véritable contrôle démocratique impliquant les parlementaires et instaurant un dialogue avec la société civile. #Transferts_d'armements

    / Biens à double usage, #Contrôle_des_exportations, Transferts / exportations, #Coopération_industrielle, #La_une, #Communiqué_de_presse

    #Transferts_/_exportations
    https://www.obsarm.info/IMG/pdf/2025-10_cp_rapports_au_parlement.pdf

  • #Complicité_numérique : Analyse d’une faillite systémique de #Meta à #Gaza

    Alors que le génocide à Gaza perdure depuis près de deux ans, le rôle des réseaux sociaux en son sein se clarifie. Le rapport de l’ONG palestinienne 7amleh publié ce mois-ci démontre la complicité de Meta, qui a laissé prospérer, voire amplifié, les appels à la haine et au génocide, tout en censurant massivement les voix palestiniennes.

    La tragédie en cours à Gaza ne se joue pas seulement sur le terrain, mais aussi dans le paysage numérique façonné par Meta, géant du numérique et propriétaire de #Facebook, #Instagram et #WhatsApp. Avec 3,35 milliards d’utilisateurs quotidiens en 2024, Meta est omniprésente tant dans la vie des Palestiniens que des Israéliens : plus de 65 % des Palestiniens et 87 % des Israéliens utilisent ses plateformes. Là où la presse est censurée ou freinée, ces réseaux sont devenus des bouées de sauvetage, des archives des crimes de guerre, des espaces de témoignage et de lutte pour la dignité des Palestiniens.

    Pourtant, la #responsabilité de Meta ne s’arrête pas à la connectivité. Comme l’a montré le rapport de l’ONG 7amleh, cette entreprise ne s’est pas contentée d’être passive durant le génocide à Gaza. Elle a activement amplifié la violence et la déshumanisation, en autorisant l’incitation à la haine et à l’extermination sous couvert de discours politiques, tout en censurant systématiquement les récits palestiniens. Le cas Gaza s’inscrit ainsi dans une continuité inquiétante : après les précédents du Myanmar (contre les Rohingya) et de l’Éthiopie (contre les Tigréens), Meta démontre une incapacité structurelle à empêcher la transformation de ses algorithmes en armes de masse.

    L’histoire comme avertissement : médias et violence de masse

    Les leçons du passé sont claires. En 1946, le Tribunal militaire international de Nuremberg a condamné Julius Streicher, propagandiste nazi, pour crimes contre l’humanité. Le jugement soulignait que « sans Streicher et son journal, le régime nazi n’aurait pas pu persécuter et exterminer les Juifs comme il l’a fait ». Déjà à cette époque, avant même l’incrimination juridique de génocide, on reconnaissait que la parole haineuse constituait un outil décisif d’extermination. En 1994, la Radio-Télévision Libre des Mille Collines (RTLM) a joué un rôle central dans le génocide des Tutsis au Rwanda, en les qualifiant de « cafards » afin de déshumaniser la cible, transformer l’horreur en nécessité et provoquer la tuerie à grande échelle. Aujourd’hui, le vocabulaire n’a guère changé. Dans le contexte de Gaza, des responsables israéliens qualifient les Palestiniens d’« animaux humains », de « virus », de « cafards », ou appellent ouvertement à leur « extermination » et leur « transfert ». Des ministres, des officiers militaires et même des institutions officielles diffusent ces appels à l’élimination sur Meta, parfois dans des campagnes publicitaires payantes. Des hashtags comme « #TransferNow », « Erase Gaza », ou le recours à l’expression de « Nakba », la catastrophe vécue en 1948, sont normalisés et partagés sans entrave.

    L’algorithme, nouveau bras armé de la haine

    Meta n’est pas seulement le réceptacle ; son algorithme devient catalyseur. Au Myanmar, les systèmes automatisés de Facebook ont amplifié de manière virale les discours de haine anti-Rohingya, favorisant le nettoyage ethnique. En Éthiopie, l’inaction de Meta face aux alertes internes a laissé prospérer la haine envers les Tigréens, facilitant assassinats, déplacements forcés et destruction de communautés entières. En Palestine, l’échec de Meta est double : non seulement la modération du contenu en hébreu est défaillante (par manque d’outils, de classificateurs linguistiques et de personnel dédié), mais la modération du contenu en arabe ou pro-palestinien est excessive, allant jusqu’à censurer, suspendre et supprimer des comptes pour des termes anodins ou des images de destruction. Cette disparité, relevée par les experts de l’ONU, constitue une ségrégation algorithmique aux conséquences mortelles.

    Documenter l’incitation à la haine : la lourde tâche de la société civile

    Entre octobre 2023 et mai 2025, 7amleh, à travers l’Observatoire Palestinien des Violations des Droits Numériques, a catalogué plus de 2 265 cas de contenus violents rien que sur Facebook, Instagram et WhatsApp : discours haineux, appels à l’extermination, glorification des crimes de guerre, campagnes de désinformation. Ces exemples incluent des publications de soldats en service célébrant les bombardements, des ministres appelant à « raser » Gaza ou la Cisjordanie, des groupes extrémistes incitant à arrêter l’aide humanitaire et à intensifier le siège contre Gaza. 7amleh a mis en avant les lacunes flagrantes des classificateurs linguistiques de Meta : plus de 2,5 millions de messages en hébreu contenant des propos violents ont été recensés en 2024, dont des dizaines de milliers relèvent clairement de l’incitation à la haine ou au crime. Malgré les signalements, le travail de modération repose quasi exclusivement sur la vigilance des ONG palestiniennes, tandis que Meta se contente de mesures superficielles.

    WhatsApp : l’infrastructure cachée des pogroms

    Loin d’être neutre, WhatsApp est utilisée comme plateforme clandestine d’organisation de la violence : des groupes coordonnent des attaques de colons en Cisjordanie, échangent des informations sur les cibles, organisent les déplacements et partagent des menaces. Selon l’ONU, en 2024, 4 250 Palestiniens ont été déplacés et 1 760 structures détruites suite à des violences de colons, souvent orchestrées via WhatsApp et passées sous silence par Meta et les autorités israéliennes. Les métadonnées de WhatsApp ont également été largement utilisées par l’armée israélienne : le simple fait d’apparaître dans un groupe où figure un membre présumé du Hamas ou du Jihad islamique pouvait suffire à classer une personne comme cible potentielle. Cette exploitation révèle une faille de sécurité majeure de la part de Meta, dont les données ont pu être utilisées à des fins militaires. Même sans preuve d’une coopération directe de l’entreprise, l’usage détourné de ces métadonnées privées a contribué à la désignation massive de civils à Gaza.

    L’incitation publicitaire et la monétisation du crime

    Meta n’a pas seulement laissé prospérer ces discours haineux ; elle en a tiré profit. Le rapport cite de nombreux exemples de publicités payantes sur Facebook et Instagram approuvées malgré leur incitation à la violence et au nettoyage ethnique : appels à expulser les Palestiniens vers la Jordanie, campagnes pour collecter de l’argent en faveur de l’expansion des colonies ou de l’achat d’équipements militaires, et même publicités prônant l’assassinat de militants pro-palestiniens. Les dispositifs de contrôle sont soit défaillants, soit rétroactifs, toujours après que le mal est fait.

    Deux poids, deux mesures : l’apologie du crime d’un côté, la censure de l’autre

    Alors qu’Israël n’a enquêté sur aucun cas d’incitation au génocide par ses dirigeants publics, plus de 400 procédures ont été ouvertes contre des citoyens palestiniens pour simple expression, post ou slogan protestataire. L’impunité est institutionnalisée pour les acteurs israéliens et systématique pour Meta : alors que des centaines de publications et comptes sont supprimés côté palestinien, les usages génocidaires prospèrent en hébreu, malgré les alertes des Nations Unies et des ONG.

    Une complicité qui interroge la légalité

    Les implications juridiques de cette inaction sont majeures. En droit international, la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide ainsi que le Statut de Rome de la Cour pénale internationale établissent que les individus qui incitent, favorisent ou tolèrent la propagande génocidaire peuvent être poursuivis. Si les entreprises ne sont pas pénalement responsables en tant que personnes morales devant les juridictions internationales, elles n’en demeurent pas moins soumises à des obligations en matière de respect des droits humains. Dans le cadre des Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, comme dans certains droits nationaux et européens, elles peuvent être poursuivies au civil, mises en cause pour complicité, ou sanctionnées via des mécanismes de régulation et de devoir de vigilance.

    Pour une responsabilisation efficace : recommandations

    Le rapport de 7amleh ne s’arrête pas au constat. Il propose des mesures concrètes :

    - Investir dans des mécanismes linguistiques et de modération robustes pour l’hébreu.

    – Arrêter de faire porter la charge de la modération sur la société civile.

    – Réaliser une analyse de risques indépendante, urgente et transparente.

    – Alignement total avec les droits humains et le droit international.
    - Mise en place d’un contrôle externe et de mécanismes transparents d’audit des contenus et des algorithmes.

    La responsabilité ne doit pas seulement incomber à Meta, mais aussi aux États et aux législateurs, qui doivent garantir la conformité des plateformes aux exigences internationales en matière de prévention du génocide et du discours de haine.

    Si la neutralité algorithmique n’existe pas, l’irresponsabilité non plus. À Gaza, Meta n’est plus seulement un vecteur numérique  : la plateforme est devenue un acteur central dans la diffusion et la normalisation du discours haineux, voire du projet exterminateur. Le rapport de 7amleh constitue aujourd’hui une base d’action essentielle pour la société civile, les juristes et les instances supranationales, afin d’exiger justice, vérité et redevabilité. La guerre ne se limite plus aux armes et aux tribunaux  : elle se joue aussi sur les serveurs et les réseaux sociaux, là où la parole peut tuer. Meta doit être tenue responsable de ses prises de position ainsi que de ses silences.

    https://www.yaani.fr/2025/09/29/complicite-numerique-analyse-dune-faillite-systemique-de-meta-a-gaza
    #complicité #Palestine #Israël

    • New #7amleh Report : Meta’s Role in Amplifying Harmful Content Against Palestinians During Genocide in Gaza

      The Arab Center for the Advancement of Social Media has released a new report titled “Meta’s Role in Amplifying Harmful Content During Genocide in Gaza.” The report exposes the failure of Meta, the parent company of Facebook, Instagram, and WhatsApp, to protect Palestinians from incitement and hate speech in Hebrew. It reveals the company’s biased policies and complicity in enabling such discourse during Israel’s genocidal war on Gaza, while disregarding the provisional measures issued by the International Court of Justice on January 26, 2024, which explicitly called for the prevention and punishment of “direct and public incitement to commit genocide.”

      The report highlights that Meta, the world’s largest social media company with 3.35 billion daily active users, plays a crucial role in the Palestinian digital ecosystem. However, despite this centrality, the company failed to meet its responsibilities by allowing inciting and dehumanizing Hebrew content to proliferate -including posts from Israeli politicians and government officials- while simultaneously imposing heightened restrictions on Palestinian content through removals, account suspensions, and systematic algorithmic penalties.

      The report is based on a mixed-methods approach combining quantitative and qualitative evidence, including thousands of cases documented by 7or – The Palestinian Observatory for Digital Rights Violations, which recorded over 2,000 pieces of harmful content manually detected on Meta’s platforms between October 2023 and May 2025. It also draws on data from 7amleh’s AI-Powered Violence Indicator, which detected more than 2.5 million harmful Hebrew posts in 2024 alone. Additional evidence includes open-source analyses, investigative journalism, and direct advertising experiments conducted by 7amleh in 2023 and 2025, which showed that Meta’s ad systems continued approving and profiting from violent and inciting content by accepting it as paid advertising.

      Together, these findings place direct responsibility on Meta for failing to curb dangerous discourse fueling digital violence with real-world consequences. The report raises serious concerns about the absence of algorithmic accountability and the company’s negligence in protecting Palestinian users from escalating digital crimes. Despite employing over 40,000 content moderators and generating $134.9 billion in revenue in 2023, Meta failed to allocate sufficient resources to address Hebrew-language incitement. The report stresses this failure is not due to lack of capacity, but lack of will and priority.

      Jalal Abukhater, 7amleh’s Policy Manager, stated: “These practices expose systematic racial discrimination in content governance. While Palestinian narratives are widely suppressed, genocidal incitement in Hebrew is allowed to thrive unchecked, making Meta a direct partner in entrenching injustice and discrimination.”

      The report presents a series of recommendations directed at Meta, policymakers, and civil society. It calls on Meta to immediately invest in effective infrastructure for Hebrew content moderation, develop fair classifiers to detect hate speech and incitement, and take urgent human rights due diligence and risk assessment measures in line with the UN Guiding Principles on Business and Human Rights. Meta must also make a public commitment not to be complicit in atrocity crimes.

      The report further urges governments to investigate the complicity of big tech companies in genocide and to impose binding frameworks for transparency and accountability. Civil society is encouraged to continue documentation, archiving, and cross-border advocacy coordination to ensure accountability for corporate actors involved in violations.

      7amleh emphasizes that Meta’s continued disregard of Hebrew incitement -and its monetization through advertising- represents not only a moral failure but actual complicity in grave violations against Palestinians. Holding Meta and other tech companies accountable is no longer optional; it is a humanitarian, ethical, and legal imperative to ensure that the digital space does not become a tool that enables genocide and mass violence.

      Download report, via this link: https://7amleh.org/storage/posts/pdf/4f22efe2-87e1-4930-9a40-553d2bdc3749.pdf

      https://7amleh.org/post/meta-s-role-during-genocide-en
      #rapport

  • Diaspora Bonds : La « lecture » de Bara Ndiaye | Seneweb -
    https://www.seneweb.com/fr/news/Politique/diaspora-bonds-la-lecture-de-bara-ndiaye_n_468184.html

    Diaspora Bonds : La « lecture » de Bara Ndiaye
    Auteur : Bara Ndiaye
    A Milan, samedi dernier 13 septembre 2025, le Premier ministre Ousmane Sonko a invité les sénégalais de l’extérieur à soutenir le Plan de redressement économique et social (PRES) via le diaspora-bonds qui sera lancé le 18 septembre prochain. « Le Sénégal est confronté à des besoins budgétaires importants. Aujourd’hui, l’État veut innover pour trouver davantage de ressources afin de remplir ses obligations. Et nous comptons sur vous, la diaspora » a déclaré le chef du gouvernement. Saluant cette initiative de l’État de recourir à des financements endogènes, l’ancien Directeur de la Maison de la Presse, Bara Ndiaye invite tout de même les dirigeants à « serrer la ceinture » au même titre que les sénégalais. Selon lui, les autorités doivent revoir leur train de vie. Seneweb publie, in extenso, sa « lecture » sur la question.
    Si les états et les institutions transnationales peuvent prêter au Sénégal les fonds nécessaires à son développement, il est important de reconnaître que les Sénégalais de la diaspora représentent une force économique bien plus puissante et durable. Leur contribution annuelle dépasse largement, parfois du double, l’aide publique au développement. Ce sont eux, les fils et filles du pays, qui envoient chaque année des milliards de francs CFA, soutenant des familles, finançant des projets immobiliers, et maintenant à flot une économie informelle vitale.
    Mais aujourd’hui, l’hésitation des bailleurs classiques dans un monde en crise de ressources impose un modèle de financement alternatif. Ce qui ne doit pas nous faire oublier que le Sénégal ne peut bâtir son avenir uniquement sur des transferts de fonds destinés à la consommation ou à l’investissement immobilier. Il est temps que ces ressources soient orientées vers des projets structurants portés par l’État. Cela implique un sacrifice : les émigrés devront renoncer, en partie, à des investissements personnels pour souscrire à des obligations nationales, à des fonds souverains ou à des projets d’infrastructure. Ce n’est pas une simple contribution, c’est un acte de foi envers la nation.
    Cependant, cette exigence ne peut être unilatérale. Les Sénégalais d’ici et de la diaspora ne doivent pas être les seuls à serrer la ceinture. L’État, lui aussi, doit montrer l’exemple. Il est inadmissible que, dans un contexte de mobilisation nationale, le train de vie des dirigeants reste inchangé. Les voyages en jet privé du Premier ministre, les déplacements coûteux et peu productifs du Président, ainsi que les dépenses superflues des hauts responsables doivent être les premiers leviers d’une nouvelle doctrine de sobriété.
    La pédagogie par l’exemple est un langage puissant. Elle inspire confiance, elle fédère, elle légitime l’effort collectif. Si l’État veut convaincre ses enfants de l’extérieur d’investir dans le destin du Sénégal, il doit d’abord leur prouver que chaque franc mobilisé sera utilisé avec rigueur, transparence et efficacité. Le développement ne se décrète pas, il se construit ensemble dans l’équité, la responsabilité et le respect mutuel.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#diaspora#developpement#economie#transfert

  • Surendetté, le Sénégal tente de séduire sa diaspora et de rassurer ses partenaires internationaux
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/09/17/surendette-le-senegal-tente-de-seduire-sa-diaspora-et-de-rassurer-ses-parten

    Surendetté, le Sénégal tente de séduire sa diaspora et de rassurer ses partenaires internationaux
    Par Abbas Asamaan (Dakar, correspondance)
    Trouver de l’argent. Et vite. Confrontées à une situation économique périlleuse, les autorités sénégalaises sont lancées dans une course contre la montre pour renflouer les caisses de l’Etat. A la manœuvre, le premier ministre, Ousmane Sonko, promoteur d’un « plan de redressement » annoncé en août, fait feu de tout bois. Parmi les sources potentielles de financement figure la diaspora sénégalaise, qui représente plus de 700 000 personnes et contribuait à 12 % du produit intérieur brut (PIB) en 2023, selon les données de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO)
    Samedi 13 septembre, à Monza, en Italie, devant 8 000 Sénégalais établis en Europe, Ousmane Sonko a tenté de remettre ces derniers au centre du jeu. « L’Etat veut innover pour trouver davantage de ressources afin de remplir ses obligations, a-t-il lancé sous les hourras. Nous comptons sur vous, la diaspora. » Chantres du souverainisme, le chef du gouvernement et le président, Bassirou Diomaye Faye, misent sur l’espoir d’un nouvel élan au-delà des frontières nationales. Jeudi, Dakar va ainsi lancer des « titres patriotes et citoyens », a indiqué M. Sonko en Italie, sans préciser s’ils financeraient de la dette ou des projets d’infrastructures.
    Le Sénégal souhaite faire de ces « diaspora bonds » un pilier de sa souveraineté financière. Selon les autorités, la levée attendue de 1 800 milliards de francs CFA (2,7 milliards d’euros) à travers ces obligations alternatives est censée financer sur les trois prochaines années près de 30 % de la première étape du plan de redressement, afin de relever autant l’Etat, asphyxié par la crise de la dette (119 % du PIB fin 2024), qu’un Sénégal meurtri par une crise économique dont le dernier signal alarmant concerne le recul du PIB (– 1,2 %) au premier trimestre, d’après les chiffres du ministère des finances.
    Adopté le 30 juillet pour « redresser les finances publiques », « corriger les déséquilibres structurels » et « relancer l’économie », ce plan a de nouveau été au cœur du plaidoyer d’Ousmane Sonko en Italie pour tenter de désamorcer les mécontentements qui menacent. Car l’une de ses mesures phares – une surtaxe de 0,5 % sur les transferts d’argent et de 1,5 % sur les transactions financières via des applications mobiles – est un pari à hauts risques pour le pouvoir.
    Plébiscités par les Sénégalais, ces échanges monétaires se sont imposés dans la vie quotidienne, atteignant 12 011 milliards de francs CFA en 2023, d’après la BCEAO. Autant débattue dans les travées de l’arena de Monza que dans les ruelles sablonneuses de Dakar, la mesure, très décriée d’un point de vue économique, risque d’être perçue comme une « injustice fiscale », a prévenu l’Union nationale des consommateurs du Sénégal, surtout pour les ménages les plus pauvres, exclus d’un système bancaire trop onéreux et dépendants du « mobile money » pour vivre.
    Controversé, le plan de redressement n’a pas non plus levé les inquiétudes des investisseurs étrangers. Avant l’étape italienne, Ousmane Sonko a opéré un circuit diplomatique qui l’aura vu à Pékin fin juin, à Ankara début août, puis à Dubaï et Abou Dhabi entre le 8 et le 12 septembre. « Ce n’est pas une surprise de le voir se rendre en Chine, en Turquie et aux Emirats arabes unis », note Ayrton Aubry, directeur scientifique au Laboratoire d’analyse des sociétés et pouvoirs/Afrique-Diasporas (Laspad) de l’université Gaston-Berger, à Saint-Louis : « Cette diplomatie économique tournée vers des alliés traditionnels du Sénégal vise à rechercher de nouveaux partenaires économiques et financiers. »
    Pour l’instant, ces efforts sont couronnés de maigres succès. A l’issue de ces rencontres avec les dirigeants chinois et émiratis, aucun plan massif de nouveaux investissements étrangers n’a été dévoilé. Après son entretien avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, Ousmane Sonko a déclaré que « l’objectif était d’atteindre 1 milliard de dollars » entre les deux pays – un but déjà affiché par l’ancien président Macky Sall… il y a quatre ans.
    Au-delà de potentiels contrats, cette tournée diplomatique a d’abord visé à « rassurer les groupes étrangers et les banques de développement », remarque Ibrahima Niang, de l’université Cheikh-Anta-Diop, à Dakar. Ce spécialiste des relations sino-sénégalaises rappelle que les audits lancés par les nouvelles autorités ont « conduit à la suspension de certains projets chinois, comme l’autoroute Mbour-Fatick-Kaolack par la China Road and Bridge Corporation, ou au gel de l’étude de faisabilité des Autoroutes de l’eau [un projet d’irrigation et d’approvisionnement en eau potable] ». Du côté de la Turquie, les déboires fiscaux de l’un de ses fleurons dans le BTP, Summa, ont été évoqués par les deux parties.
    « Turcs ou Chinois, tout le monde regarde les mêmes indicateurs et attend le feu vert du FMI [Fonds monétaire international], dont le prêt de 1,8 milliard de dollars [environ 1,5 milliard d’euros] reste suspendu en raison de la dette odieuse, ironise un banquier d’affaires sénégalais. Tant qu’un deal ne sera pas acté, Dakar n’aura en réalité aucune marge de manœuvre. » Le sort du Sénégal va donc se jouer aux assemblées annuelles des institutions de Bretton Woods, du 13 au 18 octobre à Washington. A l’approche de ce rendez-vous, une source au FMI assure qu’il y a une « volonté générale de tourner la page », alors qu’un rapport très attendu du cabinet Forvis Mazars, chargé d’auditer la dette réelle du Sénégal, n’a toujours pas été publié.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#economie#transfert#FMI#PIB#developpement

  • Aux Etats-Unis, la diaspora africaine fragilisée par la nouvelle taxe sur les envois d’argent à l’étranger
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/07/24/aux-etats-unis-la-diaspora-africaine-fragilisee-par-la-nouvelle-taxe-sur-les

    Aux Etats-Unis, la diaspora africaine fragilisée par la nouvelle taxe sur les envois d’argent à l’étranger
    Par Aby Faye
    Dans la continuité de sa politique antimigratoire, Donald Trump a signé, le 4 juillet, une loi instaurant une taxe sur les transferts de fonds vers l’étranger. Voté la veille par la Chambre des représentants (218 voix pour, 214 contre), le texte devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2026, mais avec un taux abaissé à 1 % par le Sénat au lieu des 3,5 % souhaités par ses initiateurs, le député républicain Kevin Hern appuyé du sénateur J. D. Vance, devenu entre-temps vice-président des Etats-Unis.
    Selon une estimation réalisée par le média américain Politico, cette taxe pourrait générer 10 milliards de dollars (environ 8,5 milliards d’euros) de recettes pour les autorités fédérales. La Maison Blanche n’a pas détaillé la manière dont les fonds seront alloués, mais, selon la présidence américaine, le but recherché est d’« empêcher les immigrés en situation irrégulière de bénéficier de crédits d’impôt » et de « taxer les transferts d’argent envoyés à l’étranger ». Auparavant, la surveillance portait principalement sur la lutte contre le blanchiment d’argent, et non sur la fiscalité.Si l’objectif affiché par Washington est de dissuader l’immigration illégale, la mesure pourrait aussi inciter à repartir ceux venus pour subvenir aux besoins de leur famille. Selon l’avocat new-yorkais Thomas Rome, spécialiste des questions migratoires, le message envoyé à ceux qui souhaitent faire leur vie aux Etats-Unis est clair : « On va tout faire pour vous empêcher d’y vivre si vous venez sans papiers. Mais on va aussi taxer l’argent que vous envoyez chez vous. Alors restez chez vous. »
    Pour de nombreuses familles dont des membres se sont installés aux Etats-Unis, ces transferts d’argent sont essentiels. Selon le Partenariat mondial pour le savoir sur les migrations et le développement (Knomad, une initiative de la Banque mondiale), parmi les diasporas africaines installées aux Etats-Unis, les plus importants expéditeurs de fonds sont les Nigérians, les Egyptiens, les Ghanéens et les Kényans. Les Nigérians ont ainsi transféré vers leur pays d’origine, en 2021, la somme 5,7 milliards de dollars, les Egyptiens 1,8 milliard, les Kényans 1,3 milliard et les Ghanéens 1,1 milliard.
    Selon la même source, ces versements représentaient 18 % du produit intérieur brut (PIB) 2023 du Liberia, pays fondé en 1847 par l’American Colonization Society pour y installer des esclaves américains affranchis. Environ 95 000 Libériens résident aux Etats-Unis en 2025, selon l’organisme privé américain World Population Review. L’Union des associations libériennes aux Amériques estime toutefois leur nombre à plus de 250 000. De quoi susciter des inquiétudes au sein de cette diaspora comme au sein de la somalienne, fortement implantée dans le Minnesota, alors que le climat est devenu délétère pour les étrangers installés aux Etats-Unis.
    « C’est un coup de poing de plus, mais ce n’est pas aussi dramatique que les rafles de sans-papiers par l’ICE [la police de l’immigration] », juge l’avocat Thomas Rome. Boubacar Dramé, président de l’Association des Sénégalais d’Amérique, considère que cette mesure « n’aura aucun impact : les gens continueront d’envoyer de l’argent quoi qu’il en soit ». Par obligation pour leur famille, mais aussi du fait de la faiblesse du taux de prélèvement. « Ils ne s’en rendront pas compte et penseront que c’est la fluctuation du dollar », dit-il. M. Dramé pointe toutefois le « cynisme » de cette mesure, car les taxes collectées sur les envois d’argent des migrants pourraient financer les politiques qui visent à les expulser.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#ICE#transfert#diaspora#afrique#sante

  • Comment la France coopère avec Israël
    https://www.obsarm.info/spip.php?article698

    Ce lundi 16 juin s’ouvre le salon international de l’aéronautique et de l’espace au Bourget jusqu’au 22 juin. Contrairement au salon d’Eurosatory en juin 2024 et d’Euronaval en novembre dernier, Israël sera présent alors que la guerre contre Gaza s’intensifie. À cette occasion, l’Observatoire des armements publie une nouvelle note qui révèle comment des entreprises françaises, présentent au salon, poursuivent leur coopération avec Israël. Le salon du Bourget, vitrine de notre coopération (…) #Notes_d'analyse

    / #Contrôle_des_exportations, #Coopération_industrielle, Transferts / exportations, #La_une

    #Transferts_/_exportations

  • L’#Italie et le transfert des migrants en #Albanie : le laboratoire et les cobayes

    Les gouvernements italien et albanais ont collaboré pour ouvrir deux centres, à #Shëngjin et à #Gjadër, destinés au #transfert_forcé, à la #détention et au #rapatriement des migrants arrivés en Italie. Ce laboratoire d’#externalisation des frontières, observé avec intérêt par d’autres pays, a un précédent : les #navires_de_quarantaine utilisés pendant la pandémie de Covid-19.

    En novembre 2023, les gouvernements italien et albanais ont signé un #accord selon lequel que les migrants et migrantes secourues par les autorités italiennes en mer Méditerranée ne sont pas conduits vers un port italien, mais en Albanie, où on a ouvert de centres de détention, d’#identification et d’#expulsion et de rapatriement. Dans les récits et les analyses, y compris les plus critiques, de la création de ces centres, on dit souvent qu’il s’agit d’un #laboratoire : avant tout, un laboratoire pour les politiques répressives et autoritaires d’Europe et d’ailleurs. On pourrait se demander laboratoire pour quoi, laboratoire pour qui, et avec le consentement de qui. Ou plutôt, on pourrait partir d’un postulat fondamental : que les laboratoires supposent généralement des cobayes.

    Le cas des centres extraterritoriaux albanais voulus par le gouvernement de Giorgia Meloni est en train de devenir un « #modèle » pour d’autres pays européens. Pourtant, ils ne sortent pas de nulle part. Ils sont eux aussi issus d’autres laboratoires. Plus précisément, d’autres tentatives d’#externalisation des frontières et de la gestion de ses migrants et demandeurs d’asile. Cependant, tout cela ne doit pas faire oublier que, tandis que les laboratoires procèdent habituellement par hypothèses potentielles, pour les personnes concernées, les mécanismes de #rétention, de #concentration et d’#exclusion sont tout sauf hypothétiques : elles les vivent en ce moment même, en cette heure.

    Du laboratoire au modèle

    En 2006, Ismaïl Kadaré avait intitulé l’un de ses derniers essais « L’identité européenne des Albanais ». On peut se demander si ce grand écrivain albanais, qui avait publié la plupart de ses œuvres sous une dictature si répressive, n’aurait jamais pu imaginer que l’Union européenne et l’Albanie seraient aujourd’hui liées par une tentative ambiguë d’externalisation de ces mêmes frontières européennes que Kadaré a vu changer au cours de sa vie.

    En octobre 2024, le gouvernement italien avait déclaré avoir achevé la construction d’un centre de détention pour migrants à Gjadër, en Albanie. Ce centre avait été ouvert en octobre dernier et était initialement destiné à accueillir des demandeurs d’asile secourus en mer et provenant de pays considérés comme « sûrs » par le gouvernement italien et l’Union Européenne. Mais les centres construits par l’Italie en Albanie n’avaient encore jamais fonctionné, car les tribunaux italiens n’ont jamais confirmé la détention des trois groupes de demandeurs d’asile qui y ont été transférés.

    Pourtant, le 11 avril 2025, alors que plusieurs centaines de migrants débarquaient à Lampedusa, une quarantaine de migrants, transférés depuis différents centres de rétention italiens, sont partis de Brindisi, dans les Pouilles, et arrivés dans le port et « #hotspot » albanais de Shëngjin, avant d’être emmenés au centre de Gjadër. Un mois plus tard, le 15 mai dernier, la Chambre des députés italienne a voté la #loi visant à transformer officiellement les centres albanais en « #centres_de_rapatriement ».

    Pour ces personnes migrantes, le passage du statut de « transféré » à celui de « détenu » a été immédiat et injustifié. Tout s’est déroulé dans l’opacité la plus totale. Selon un communiqué d’un réseau d’associations, des sources gouvernementales ont déclaré que les personnes transférées constituaient un « #danger_social » et avaient commis des délits, mais rien de tout cela n’a été prouvé. Le caractère punitif du projet albanais est donc évident. Certaines de ces personnes ont découvert qu’elles allaient être transférées en Albanie au moment même où elles sont arrivées, souvent menottées. Aucune information, aucun avertissement, aucune mesure officielle. Cela nous ramène à la dimension de modèle : comme le souligne l’Association italienne d’études juridiques sur l’immigration dans son rapport, cette affaire marque en effet un tournant dans les politiques migratoires et de gestion des frontières, ouvrant la voie à des scénarios inédits dans le contexte européen.

    Le précédent des #navires-quarantaine

    Pourtant, ce laboratoire italo-albanais n’est pas sorti de nulle part. Les pratiques d’#externalisation_des_frontières sont une caractéristique récurrente du régime actuel de gestion des migrations qualifiées d’« illégales » – et aussi, de plus en plus souvent, de « légales », comme nous le constatons par exemple aux États-Unis ces derniers mois. Un exemple parmi d’autres, ou plutôt des précurseurs : les centres de détention pour demandeurs d’asile ouverts en 2001 par le gouvernement australien sur les îles de Manus et de #Nauru. Dans le même temps, je pense qu’il est important de se pencher en priorité sur un exemple interne, européen, qui concerne à nouveau le gouvernement italien, avant même l’arrivée du gouvernement de #Giorgia_Meloni : il s’agit des navires de quarantaine mis en service pendant l’épidémie de #Covid-19.

    Le 7 avril 2020 le gouvernement italien publie un #décret dans lequel il déclare que les ports italiens ne devaient plus être considérés comme des « #POS#Place_of_safety ». Peu de jours après ce décret, en collaboration encore une fois avec la Croix-Rouge italienne, le système de navires-quarantaine a été mis en place et rapidement rendu actif, à travers de nombreuses #dérogations et #exceptions légitimées par l’#urgence_sanitaire. Le premier navire a levé l’ancre le 7 mai 2020. Immédiatement après, cinq autres grands navires sont affrétés et immédiatement mis en service.

    Exactement comme dans le cas des centres albanais, il n’y a jamais eu de communication officielle aux individus, qui n’ont même pas eu la possibilité d’un contact avec le monde extérieur. En outre, de nombreuses personnes contraintes d’embarquer sur des navires-quarantaine ont été soumises à l’obligation de quitter le territoire italien immédiatement après la fin de leur période d’isolement sur le navire en question, sans la possibilité de demander l’asile ou le regroupement familial. Les navires-quarantaine devenaient alors non seulement des centres d’expulsion externalisés et informels, mais aussi des espaces de droits suspendus : le confinement sur une base sanitaire se transformait immédiatement en un outil de gestion des frontières profondément ambigu. Ce que le gouvernement italien a pu faire sous prétexte de pandémie et de biosécurité, il tente désormais de le faire plus ouvertement à travers les centres albanais.

    Les #cobayes, c’est nous

    Les politiques migratoires sont classiquement un laboratoire d’expérimentation de pratiques et de normes à vocation autoritaire. Le cas des centres italiens en Albanie accélère ce processus. Tout cela repose avant tout sur le principe du chantage exercé sur les personnes classées comme migrants « illégaux » : désormais, tout migrant faisant l’objet d’un ordre de retour arbitraire et extrajudiciaire pourra être envoyé en Albanie et y être détenu.

    Ce qui est préoccupant dans cette dimension d’exemple ou de laboratoire, et de leur triste efficacité réelle, c’est qu’il ne s’agit ni d’une hypothèse, ni d’un projet lointain dans le temps. Pour revenir aux navires-quarantaine, il faut noter comment, pendant la pandémie, l’exemple italien a effectivement été suivi par certains : le navire #Bibby_Stockholm mis en place à l’été 2023 par le gouvernement britannique pour le confinement des demandeurs·euses d’asile, par exemple ; ou la proposition du maire de New York, Eric Adams, d’utiliser des #navires_de_croisière comme « solution créative » pour les supposées « vagues de migrants » arrivées dans la ville au cours des mois précédents. Et c’est déjà le cas pour les centres albanais. Pendant sa visite récente en Albanie, Keir Starmer, premier ministre britannique, vient de déclarer : « Nous négocions actuellement avec plusieurs pays au sujet des centres de rapatriement, que je considère comme une #innovation vraiment importante. » Il appelle ces centres « #return_hubs ».

    Face à la facilité avec laquelle ces types d’exemples répressifs sont aujourd’hui suivis et se propagent, il est nécessaire de rester vigilant et de se rappeler que, dans des situations où ces droits fondamentaux sont bafoués et où des personnes qui n’ont commis aucun crime sont soumises à des traitements inhumains et dégradants, le terme « laboratoire » s’avère alors pertinent : mais les cobayes de cette expérimentation sont nos démocraties, et nous tous et toutes.

    https://blogs.mediapart.fr/carta-academica/blog/060625/l-italie-et-le-transfert-des-migrants-en-albanie-le-laboratoire-et-l

    sur les #navi_quarantena :
    https://seenthis.net/messages/866072

    –-

    ajouté à la métaliste sur l’#accord entre #Italie et #Albanie pour la construction de #centres d’accueil (sic) et identification des migrants/#réfugiés sur le territoire albanais...

    https://seenthis.net/messages/1043873

  • Hausse sans précédent des dépenses militaires mondiales avec un bond en Europe et au Moyen-Orient
    https://www.obsarm.info/spip.php?article693

    (Stockholm, 28 avril 2025) - Les dépenses militaires mondiales ont atteint 2 718 milliards de dollars en 2024, soit une augmentation de 9,4 % en termes réels par rapport à 2023. La plus forte hausse annuelle jamais enregistrée depuis au moins la fin de la guerre froide. Les dépenses militaires ont augmenté dans toutes les régions du monde, avec une hausse particulièrement rapide en Europe et au Moyen-Orient. Les cinq plus grands dépensiers – États-Unis, Chine, Russie, Allemagne et Inde – (…) #Transferts_d'armements

    / Dépenses militaires / Budgets, #Guerres, #Industrie_d'armement, #La_une

    #Dépenses_militaires_/_Budgets
    https://www.obsarm.info/IMG/pdf/2005_milex_pr_fre.pdf

  • Italie : peut-on faire #justice sur les #crimes contre les migrants ?

    Les #procès contre les #passeurs de migrants se sont récemment multipliés en Italie. Mais les suspects ne sont souvent accusés que d’être des passeurs. Les charges d’#enlèvement, d’#assassinat, d’#extorsion ou de #violence_sexuelle ne s’appliquent pratiquement jamais. Les principaux trafiquants ne sont généralement pas arrêtés, ni inculpés. Ceux qui le sont relèvent du « menu fretin ». Que révèlent ces procès sur les crimes commis contre les migrants entre l’Afrique et l’Europe ?

    En octobre 2022, #Ghebremedin_Temeschen_Ghebru, un ressortissant érythréen aujourd’hui âgé de 37 ans, a été arrêté par #Interpol à l’aéroport international d’Addis-Abeba, alors qu’il embarquait sur un vol à destination de l’Australie. Il a été extradé vers l’Italie, accusé d’être un membre d’une organisation criminelle de #trafic_de_migrants. Il a été notamment accusé d’être un « #hawaladar ». Le #hawala est un système de transfert d’argent informel et non tracé, par lequel, dans ce cas, les paiements effectués par les parents des personnes kidnappées sont envoyés aux trafiquants, puis à leurs divers intermédiaires tout au long du voyage vers l’Europe.

    Cette affaire et celle d’un autre trafiquant présumé originaire d’Érythrée, connu sous le nom de #Welid, extradé aux Pays-Bas une semaine seulement avant Ghebru, ont été résolues grâce à une équipe conjointe de coopération internationale, mise en place en 2018 et impliquant les autorités judiciaires et policières d’Italie et des Pays-Bas, ainsi que celles du Royaume-Uni, de l’Espagne, d’#Europol et, depuis 2022, de la #Cour_pénale_internationale (#CPI). L’équipe se concentre sur la lutte contre la traite des êtres humains et les crimes contre les migrants en #Libye.

    Le procès de Ghebru a débuté en 2023 et se déroule devant la Cour d’assises de Catane, où les premières victimes de son réseau organisé présumé ont été débarquées. L’accusé a été libéré de prison après le premier ré-interrogatoire, qui n’a trouvé aucun motif pour le #crime_d’association, à savoir la participation à une association, organisation ou bande criminelle, sur lesquels les mesures préventives étaient basées. Ghebru est donc retourné en Australie, où il vit et travaille, explique son avocat Michele Calantropo à Justice Info.

    Au cours des deux dernières années, le tribunal a entendu deux témoins à charge. Le prévenu devait comparaîtra ce 3 mars mais, n’ayant pu obtenir de visa, l’audience a été reportée. La défense prévoit de faire comparaître une dizaine de témoins. Calantropo estime que le procès se terminera en 2025. Le bureau du procureur a refusé de commenter ce dossier.

    « Il n’est pas coupable de tous les crimes », assure Calantropo. En 2017, au moment des écoutes téléphoniques sur lesquelles se base l’affaire, l’accusé a séjourné à Dubaï pendant quatre mois, où il « travaillait comme consultant et comptable pour une société d’import-export, discutant avec des clients et des fournisseurs sur les paiements de fournitures, il n’y a pas un seul contact avec les trafiquants », affirme l’avocat. Calantropo ajoute qu’il a déposé tous les documents de la chambre de commerce de Dubaï concernant la société pour laquelle travaillait Ghebru et que nombre de ses témoins témoigneront également à ce sujet.

    Une série d’affaires : les opérations « #Glauco »

    Le procès en cours n’est que le dernier d’une opération beaucoup plus vaste, connue sous le nom de « Glauco ». Tout a commencé avec le tragique naufrage de 2013 lors duquel 300 migrants ont trouvé la mort au large de l’île italienne de Lampedusa. L’enquête criminelle qui en a résulté a abouti à la condamnation de six passeurs et à l’émission de mandats d’arrêt européens et internationaux à l’encontre d’autres membres du réseau criminel qui opérait en Érythrée, en Éthiopie, en Libye et dans de nombreux pays européens. Dirigée par l’équipe de la direction antimafia du parquet de Palerme, cette opération a donné lieu à trois autres séries d’#arrestations au cours des années suivantes. La dernière en date a été l’opération « Glauco 4 », en 2020, au cours de laquelle une douzaine d’autres personnes ont été appréhendées dans plusieurs villes d’Italie.

    Les hommes arrêtés ont été accusés de traite et de trafic de migrants depuis des pays africains vers des centres de détention libyens, puis vers l’Italie et leur destination finale. Les migrants souhaitent rarement rester en Italie et espèrent se rendre dans des pays d’Europe du Nord, comme la Suède, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Les hommes sont soupçonnés d’avoir géré des #transferts_d’argent vers des comptes à Dubaï dans le cadre du système hawala, par le biais de Postepay, Moneygram ou Western Union.

    Dans les documents officiels, Ghebru est également mentionné comme faisant partie, et soupçonné de diriger, le même réseau international, mais au moment des arrestations, il était toujours en fuite. Le procureur qui travaille sur cette enquête a confirmé les faits lors d’une précédente interview avec Justice Info, mais a préféré ne pas faire de commentaires à ce stade : avec d’autres membres de l’équipe antimafia de Palerme, il a été placé sous protection policière depuis l’automne dernier, après avoir reçu des milliers de menaces pour avoir inculpé l’actuel vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini, d’enlèvement et de manquement à son devoir pour son refus de laisser accoster en Italie un bateau de sauvetage de migrants de l’ONG Open Arms, avec 147 personnes à bord, en 2019. Salvini, qui était ministre de l’Intérieur au moment des faits, a été acquitté en décembre 2024.

    À ses débuts, le procès des personnes arrêtées lors de l’opération « Glauco » a semblé présager des grandes lignes de celui de Ghebru. Le premier ré-interrogatoire n’a trouvé aucun motif pour le crime de participation à une association criminelle, et la plupart des hommes ont pu être libérés pendant que la procédure se poursuivait devant la cour d’assises de Catane. Sur les 14 personnes arrêtées, selon les médias italiens à l’époque, deux ont fait l’objet d’une procédure distincte. Ils ont opté pour un procès abrégé, procédure où il n’y a pas de présentation de preuves mais où le juge étudie le dossier et prononce une peine plus rapide et réduite.

    Parmi les 12 personnes restantes, il y avait dix Erythréens, un Ethiopien et un Soudanais. Le 5 décembre 2023, les juges ont déclaré sept hommes coupables en première instance et ont acquitté les trois autres. Les peines ont été fortement réduites, passant de plusieurs années requises par l’accusation, à une fourchette de 10 à 18 mois. Selon le verdict, trois d’entre eux ont été condamnés uniquement pour les délits liés à l’hawala, deux pour délits financiers et trafic et deux autres pour trafic. Les avocats de la défense ont fait appel et le verdict en appel est attendu pour le 6 mars 2025. Il n’y a pas de victimes dans cette affaire.

    Giuseppina Massaiu s’occupe de la défense de trois de ces hommes. Elle explique à Justice Info que ses clients ne sont pas coupables et qu’ils ont toujours rejeté le chef d’accusation de trafic de migrants : « Ils le considèrent comme diffamatoire », ajoute-t-elle. Selon elle, l’accusation n’a pas pris en compte le fait que toute aide, pour entrer en Italie ou pour transférer de l’argent, peut être apportée par solidarité, « la solidarité envers un parent, une connaissance, quelqu’un de la même région ». « Ce devoir social est culturellement très présent dans leur communauté. Par exemple, il y a des cas de migrants qui arrivent en Italie sans papiers ni argent et qui ont besoin de recevoir des virements de leur famille. Et dans le cas des migrants enlevés et détenus par des trafiquants libyens, ce sont les membres de la famille qui paient car, sinon, leurs proches resteraient indéfiniment dans les centres de détention libyens. » L’enquête qui a conduit aux arrestations de « Glauco 4 », puis à l’#extradition de Ghebru, s’est appuyée sur des écoutes téléphoniques, ce que les deux avocats de la défense ont contesté. « De cette manière, les accusations restent assez superficielles », affirme Massaiu.

    Poursuivre du « menu fretin » ?

    Au cours de la dernière décennie, l’Italie a connu peu de procès pour des #crimes contre les migrants qualifiés de #traite_d’êtres humains, d’enlèvements, de violence et extorsion dans les prisons libyennes. Le plus célèbre est le verdict prononcé en 2017 à l’encontre d’#Osman_Matammud, un ressortissant somalien reconnu coupable d’enlèvement à des fins d’#extorsion, de #meurtres et de #violences_sexuelles commises lors de la gestion de « camps de transit » en Libye. Mais la grande majorité des personnes jugées sont accusées du seul trafic de migrants.

    « La tendance est que les trafiquants les plus importants ne sont pas ciblés, ce qui amène les autorités à s’en prendre aux plus petits, car il est difficile de mener des enquêtes dans d’autres pays », note Stefano Zirulia, professeur de droit pénal à l’université de Milan. « Pour montrer au public qu’elles font quelque chose, et parce qu’elles se concentrent principalement sur le territoire et les eaux italiens, les autorités appliquent les lois italiennes, qui sont très strictes et peuvent même être appliquées à ces individus qui n’ont rien fait ou presque. » Zirulia explique que s’il existe un crime distinct de traite d’êtres humains, qui est plus complexe et exige un objectif d’exploitation, en Italie le trafic de migrants est codifié dans l’article 12 de la loi consolidée sur l’immigration, qui « exige seulement de commettre des actes visant à faciliter l’entrée d’un étranger sans papiers ».

    À la suite de l’adoption par l’Union européenne, en 2002, du « #Pacte_sur_les_facilitateurs », à la suite des attentats du 11 septembre 2001, rappelle Zirulia, tous les pays européens ont dû « criminaliser toute forme d’aide à l’entrée irrégulière ». Depuis lors, l’Italie a vu les gouvernements se succéder pour alourdir les peines afin de donner l’impression de s’attaquer aux trafiquants, ce qui a conduit le pays à avoir certaines des peines les plus sévères pour le trafic, selon Zirulia, qui peuvent aller jusqu’à plus de 20 ans de prison. Selon Zirulia, « la #criminalisation généralisée du trafic, telle qu’elle est pratiquée, risque de mettre en péril les #droits_fondamentaux des migrants : le #droit_à_la_vie lorsqu’ils sont en danger et doivent être secourus, et le droit de demander l’asile ».

    Un large éventail d’actes peut tomber sous le coup de cette loi. « Tout ce qui se passe en Libye peut également entrer dans cette définition et, d’autre part, les personnes qui sont elles-mêmes victimes d’un trafic illicite tombent également sous le coup de cette loi. Parfois, ce sont les migrants qui dirigent le bateau dans la dernière ligne droite parce que, tout simplement, ils ont été placés là et qu’il n’y a personne d’autre qui sache le faire, ou ils utilisent un GPS », explique Maria Crippa, chercheuse postdoctorale au département de droit “Cesare Beccaria” de l’université de Milan. La procédure habituelle, explique-t-elle, consiste pour la police à recueillir les déclarations des migrants lors de leur débarquement et à leur demander qui les a amenés là. « Ce n’est pas toujours facile de comprendre si les personnes qu’ils désignent sont affiliées à une organisation ou si elles sont aussi des victimes. »

    Selon un rapport compilé par le collectif Arci Porco Rosso, en 2024, 106 migrants ont été arrêtés pour trafic, soit un pour 600 arrivées. La majorité a été arrêtée juste après le débarquement. Plusieurs ONG qui assistent les migrants en mer ont également été accusées de trafic au fil des ans.

    « En Italie, nous n’avons pas de pouvoir discrétionnaire : si le procureur dispose d’informations, il doit engager des poursuites. Mais dans la pratique, il est possible de choisir les chefs d’accusation à retenir », note Crippa, ajoutant que la grande majorité des affaires vont devant la justice pour trafic de migrants et pour crime d’association, à savoir la participation à organisation criminelle. Ces principes permettent aux autorités d’appliquer plus facilement les lois italiennes à des actes commis à l’étranger et, en cas de verdict de culpabilité, ils peuvent également montrer la dimension plus large du crime.

    Toutefois, cette stratégie d’application de l’article sur le trafic « a des conséquences sur les personnes inculpées, c’est-à-dire le menu fretin ou les victimes elles-mêmes, et sur les faits qui leur sont reprochés », souligne Crippa. « Par conséquent, les condamnations sont, dans la majorité des cas, prononcées pour complicité, et tout l’aspect lié à la traite des êtres humains et aux crimes contre la personne est perdu. » Alors que la traite des êtres humains est un crime contre la personne, le trafic est légalement considéré comme un crime contre l’intégrité des frontières du pays, rappelle Crippa.

    Pour Stella Arena, avocate de l’Association italienne pour les études juridiques sur l’immigration, avec cette #loi, « le procès pénal est devenu un moyen de contrôler les flux migratoires ».

    Pas de coopération avec la Libye

    En Italie, aucune condamnation n’a encore été prononcée à l’encontre de ressortissants libyens pour des crimes commis contre des migrants. « Il y a un problème de responsabilité pour ceux qui sont au sommet du système, qui sont typiquement libyens », explique Crippa. Elle ajoute que le problème est que les autorités italiennes ne peuvent pas se rendre physiquement à Tripoli pour arrêter ces personnes, leur seul moyen étant d’émettre un mandat d’arrêt international et de compter sur les Libyens pour faire le reste. « Tant que cette situation politique se poursuit en Libye, il est clair qu’un accord, ne serait-ce que pour rassembler des preuves, n’est pas possible, alors imaginez pour une demande d’extradition. » Une option serait d’arrêter un suspect dans un pays tiers qui l’extraderait, mais aucune information publique ne permet de savoir si l’Italie a émis des mandats d’arrêt internationaux contre des Libyens.

    Le débat national sur les crimes contre les migrants s’est intensifié après qu’Osama Najim, un criminel de guerre libyen présumé recherché par la CPI, a été arrêté par la police italienne le 19 janvier 2025, avant d’être relâché et renvoyé à Tripoli deux jours plus tard par le gouvernement, en violation de son obligation de coopérer avec la Cour basée à La Haye. Son arrestation et sa libération ont également suscité un débat sur les liens étroits entre Rome et Tripoli. « Nous l’avons vu avec l’affaire Najim, il n’y a pas de réelle volonté d’agir pour stopper les réseaux d’exploitation de la migration », estime Zirulia. Selon lui, les réseaux de trafic de migrants, contrairement à l’organisation verticale de la mafia, sont le plus souvent organisés horizontalement et peuvent être étroitement liés aux appareils d’État. « C’est donc très difficile de réfléchir à la manière de démanteler sa direction. Ce n’est peut-être pas la bonne question, mais nous devons certainement nous demander ce que nous pouvons faire pour cibler les individus qui ont un pouvoir de décision. »

    Au manque de volonté politique et à la difficile coopération avec la Libye s’ajoute un autre obstacle : une vieille lacune de la loi italienne en matière de crimes internationaux. Rome n’a toujours pas intégré l’ensemble des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dans son code pénal et ne peut donc pas exercer de compétence universelle. En conséquence, « elle perd tout l’aspect des crimes contre l’humanité, de sorte que l’interrelation concernant l’utilisation des migrants comme ressource économique par les milices, comme marchandises à échanger, comme ressource pour maintenir le pouvoir militaire, n’est plus prise en compte », déplore Crippa.

    Omer Shatz, directeur juridique de l’ONG Front-Lex, affirme que la responsabilité des crimes commis contre les migrants ne devrait pas concerner uniquement les trafiquants et les autorités libyennes. Depuis des décennies, les gouvernements italiens ont signé des accords avec leurs homologues de Tripoli, qui incluent le contrôle libyen des flux migratoires. Shatz affirme que les autorités italiennes et européennes, y compris l’agence européenne des frontières Frontex, sont également responsables de l’interception de plus en plus fréquente des bateaux de migrants par des gardes libyens ou tunisiens, et donc de « l’alimentation du commerce du viol, de la torture, de l’extorsion et de la rançon que les familles paient » pour libérer leurs proches des centres de détention en Libye.

    L’avocat international critique le fait que la CPI ait rejoint l’équipe conjointe en 2022, laissant apparemment les poursuites de ces crimes aux mêmes autorités nationales, y compris italiennes, qui n’ont pas les moyens d’aller plus haut dans la chaîne de décision. Alors que la CPI a inclus les crimes contre les migrants dans son enquête sur la Libye, Shatz pense que les autorités italiennes et européennes devraient également faire l’objet d’une enquête en tant que coauteurs des crimes. « Ce sont les acteurs les plus responsables, et c’est pour eux que la CPI a été créée. »

    https://www.justiceinfo.net/fr/142227-italie-peut-on-faire-justice-crimes-contre-migrants.html
    #migrations #réfugiés #3_octobre_2013 #opération_Glauco

  • L’#Ukraine est le plus grand importateur d’armes au monde • Les #États-Unis confortent leur place de leader mondial des #exportations d’armement tandis que celles de la Russie chutent
    https://www.obsarm.info/spip.php?article687

    Nouvelles données sur les transferts internationaux d’armes : les États-Unis ont encore augmenté leur part du marché des exportations d’armes. La #France est le second exportateur devant la #Russie. L’Ukraine est devenue le premier importateur d’armes majeures au monde au cours de la période 2020-24 ; les importations européennes d’armes ont globalement augmenté de 155 % entre ces mêmes périodes. #Armements

    / Transferts / exportations, #Contrôle_des_exportations, #La_une

    #Transferts_/_exportations
    https://www.obsarm.info/IMG/pdf/2025_at_press_release_fre.pdf

  • Des Vénézuéliens détenus à Guantanamo renvoyés vers leur pays, après les accords Maduro-Trump
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/02/21/des-venezueliens-detenus-a-guantanamo-renvoyes-vers-leur-pays-apres-les-acco

    Des Vénézuéliens détenus à Guantanamo renvoyés vers leur pays, après les accords Maduro-Trump
    Renvoyés vers le Venezuela, dans le cadre de la politique d’expulsions massives promise par le président américain, Donald Trump. Cent soixante-dix-sept migrants vénézuéliens ont été transférés par les Etats-Unis de la base cubaine de Guantanamo vers leur pays, avec une escale au Honduras, à la demande des autorités vénézuéliennes, dans un nouveau signe de coopération entre Washington et Caracas.
    Ce groupe s’ajoute aux 190 migrants vénézuéliens renvoyés chez eux il y a dix jours.« Merci ! », a crié l’un des expulsés à sa descente de l’avion. « Vous m’avez sorti de là ! », a lancé un autre à l’intention du ministre de l’intérieur, Diosdado Cabello, qui les a accueillis en leur disant « Bienvenue dans la patrie ».L’avion de la compagnie d’Etat vénézuélienne Conviasa a décollé du Honduras, où un autre appareil américain transportant les détenus est arrivé de la base de Guantanamo, connue pour sa prison militaire ouverte après les attentats du 11 septembre 2001 et qui héberge toujours une trentaine de détenus accusés de « terrorisme ».
    Les migrants expulsés sont tous des hommes, la plupart d’entre eux portant des masques, des combinaisons de sport grises et des baskets sans lacets ou des tongs. Aucun d’entre eux n’était menotté. Ils ont défilé entre une haie de militaires déployés entre l’escalier de débarquement et le terminal.
    « Ceux qui sont revenus sont en théorie tous des Vénézuéliens qui étaient à Guantanamo », a fait savoir M. Cabello à la presse, ajoutant qu’un autre vol de migrants expulsés arriverait en fin de semaine.
    Le Venezuela et les Etats-Unis ont rompu leurs relations diplomatiques en 2019, au cours de la première administration Trump qui menait l’offensive internationale contre le président Nicolas Maduro à coups de sanctions. Et si la position officielle de Washington reste de ne pas reconnaître M. Maduro, qui a prêté serment pour un troisième mandat après une élection contestée, le président américain a initié des contacts avec son homologue axés sur la migration et la libération de ressortissants américains emprisonnés au Venezuela.
    Le gouvernement américain a signalé début février le transfert de dix membres du gang vénézuélien Tren de Aragua vers Guantanamo, où 30 000 lits ont été installés pour les migrants. Cette organisation a été désignée par les Etats-Unis et le Canada comme terroriste.
    « Si l’un des rapatriés se trouve dans une situation correspondant à l’une des formes de criminalité établies dans notre système juridique, les autorités compétentes agiront conformément à la loi », a déclaré le Venezuela, qui a réaffirmé que le gang « a été démantelé » dans le pays.
    Donald Trump mène une vaste offensive contre l’immigration illégale, avec notamment des raids dans plusieurs villes et des expulsions massives, ainsi que la suspension des programmes humanitaires lancés par son prédécesseur, Joe Biden, qui bénéficiaient aux Vénézuéliens, aux Cubains et aux Nicaraguayens.
    Washington reçoit le soutien de plusieurs pays d’Amérique centrale, comme le Panama et le Costa Rica, pour accueillir les personnes expulsées avant qu’elles ne soient renvoyées dans leurs pays d’origine. Le Costa Rica a d’ailleurs annoncé jeudi que 135 migrants de diverses nationalités, dont 65 enfants, expulsés par les Etats-Unis étaient arrivés dans le pays, d’où ils seront rapatriés chez eux. Aucun de ces migrants n’a de casier judiciaire, a précisé le vice-ministre de l’intérieur costaricien, Omer Badilla.
    Il s’agit d’un système d’« externalisation des frontières » par lequel les Etats-Unis transfèrent le lent processus de rapatriement à un pays tiers, a expliqué Carlos Sandoval, chercheur en sciences sociales et expert en migration. Les personnes expulsées vers l’Amérique centrale sont des ressortissants de pays qui n’acceptent pas les vols de rapatriement, ou avec lesquels Washington entretient des relations tendues. Parmi les 299 personnes arrivées au Panama la semaine dernière figurent des ressortissants de l’Iran, de la Chine, de l’Afghanistan, du Pakistan, de l’Inde, de l’Ouzbékistan, de la Turquie, du Népal, du Sri Lanka et du Vietnam.
    Les accords avec le Venezuela ont même permis à deux avions de la compagnie aérienne sanctionnée Conviasa d’entrer sur le territoire américain pour récupérer les 190 premiers ressortissants. Le Honduras a précisé que sa participation au transfert de jeudi ne faisait pas de lui un « pays tiers sûr » ou un « pont » pour les migrants expulsés par l’administration Trump, a souligné auprès de l’Agence France-Presse le vice-ministre des affaires étrangères hondurien, Tony Garcia. « C’est un transfert », les migrants « changent d’avion et continuent » vers leur pays, ils ne restent pas dans des refuges, a-t-il souligné.

    #Covid-19#migration#migrant#etatsunis#expsulsion#rapatriement#transfert#externalisation#frontiere#sante#politiquemigratoire

  • How To Erase a People

    They did it to Native Americans, to Palestinians like my family in 1948, and now Trump wants to do it again in Gaza. It’s called ’forcible transfer,’ and it kills something much greater than any individual life.

    https://www.youtube.com/watch?v=IcVR3qwdkgM


    #peuples_autochtones #effacement #génocide #transferts_de_population #vidéo #Gaza #Trump #perte #Palestine #forêt #nakba #kibbutz #Kibboutz #destruction #Tlingit #langue #archipel_Alexandre #USA #Etats-Unis #saumon #Lakota #bisons #cherokee #irrigation #agriculture #Lakhota #nature #wilderness #histoire #Oklahoma #auto-suffisance #dépendance #enfants #assimilation #culture #expulsion #terre #fruits #légumes #oliviers #arbres #Israël #nettoyage_ethnique #réfugiés_palestiniens #camps_de_réfugiés #Liban #histoire_familiale #graines #semences #Cisjordanie #colonisation #écocide #pins #autochtonie
    ping @reka

    –—

    La réalisatrice fait référence à ce tableau intitulé « The immigrant » de #Sliman_Mansour :


    https://zawyeh.store/product-category/limited/sliman-mansour
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Sliman_Mansour

    #Piste_des_larmes (#trail_of_tears) :

    La Piste des larmes (en cherokee : Nunna daul Isunyi, « La piste où ils ont pleuré » ; en anglais : Trail of Tears) est le nom donné au #déplacement_forcé de plusieurs peuples natif américains par les États-Unis entre 1831 et 1838. Ces populations s’établissent à l’ouest du #Mississippi et leurs anciennes terres sont remises à des colons américains, en application de l’#Indian_Removal_Act, #loi proposée et signée par le président #Andrew_Jackson. Les Cherokees sont alors le plus important groupe autochtone de la zone impliquée.


    https://fr.wikipedia.org/wiki/Piste_des_larmes

    #Bruce_King :


    https://brucekingartist.weebly.com/smaller-paintings.html
    #art

    via @freakonometrics

  • Exportations d’armes : les parlementaires doivent s’émanciper de l’exécutif
    https://www.obsarm.info/spip.php?article684

    Le 18 février 2025, les deux rapports annuels 2023 sur les exportations d’armements et de #Biens_à_double_usage sont enfin présentés par les ministres devant les députés. À l’heure où la commission parlementaire de #Contrôle_des_exportations se met en place, il est indispensable que les parlementaires entendent d’autres voix que l’exécutif, l’armée ou les représentants de l’industrie de l’armement ! Le 18 février, les commissions de la défense, des affaires étrangères et des affaires (…) #Armements

    / Biens à double usage, Contrôle des exportations, Transferts / exportations, #La_une

    #Transferts_/_exportations
    https://www.obsarm.info/IMG/pdf/2025-02-18_audition_rapport_-_cp_obsarm.pdf

  • Suivi démocratique des exportations d’armes en France
    https://www.obsarm.info/spip.php?article681

    Le 17 janvier 2025, la LDH (Ligue des droits de l’Homme), la FIDH (Fédération internationale des droits humains) et l’Observatoire des #Armements ont adressé une lettre ouverte aux parlementaires pour les interpeller à propos du suivi démocratique des exportations d’armes en France. Madame la députée, Monsieur le député, Madame la sénatrice, Monsieur le sénateur, La LDH (Ligue des droits de l’Homme), la FIDH (Fédération internationale des droits humains) et l’Observatoire des armements (…) Armements

    / #Contrôle_des_exportations, #Biens_à_double_usage, Transferts / exportations, #La_sept

    #Transferts_/_exportations

  • En Amérique centrale, les demandes à géométrie variable de Marco Rubio sur l’immigration et la présence chinoise
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/02/07/en-amerique-centrale-les-demandes-a-geometrie-variable-de-marco-rubio-sur-l-

    En Amérique centrale, les demandes à géométrie variable de Marco Rubio sur l’immigration et la présence chinoise
    Par Anne Vigna (Mexico, correspondante)
    Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, l’a dit à plusieurs reprises lors de sa tournée dans cinq pays d’Amérique centrale, qui s’est achevée mercredi 5 février : « La région est désormais une priorité pour les Etats-Unis. » Le premier déplacement du nouveau secrétaire d’Etat a attiré l’attention sur l’Amérique centrale, présentée par l’administration Trump comme une zone pourvoyeuse de migrants et où la présence chinoise nuirait aux intérêts américains.
    La première étape de cette tournée, au Panama, dimanche 2 février, a été la plus suivie, après les menaces de Donald Trump de « reprendre le canal », le président américain considérant que le traité de neutralité qui le régit a été violé par la présence d’entreprises chinoises. Dès que Marco Rubio a repris l’avion, le Panama a annoncé sa sortie du projet de coopération chinoise des « routes de la soie », alors même qu’il avait été le premier pays d’Amérique latine à y adhérer, en 2017.
    « Cette décision est lourde de conséquences pour le Panama, car cela sape totalement les excellentes relations qu’il avait établies avec la Chine, considère Marisela Connelly, spécialiste de la Chine au Colegio de Mexico. C’est évidemment aussi un coup dur pour le gouvernement chinois, car il attendait beaucoup des relations avec le Panama. » Arrivé au Salvador, le secrétaire d’Etat s’est montré beaucoup plus détendu, se promenant avec le président Nayib Bukele au bord d’un lac. Le « dictateur le plus cool du monde », comme ce dernier aime se présenter, a proposé aux Etats-Unis ses lugubres prisons pour incarcérer « des criminels de n’importe quelle nationalité qui sont sur le territoire américain ». En échange d’une contribution américaine, M. Bukele souhaite mettre à profit sa « prison vitrine » de 40 000 places, le centre de confinement du terrorisme, où sont enfermés entre 10 000 et 15 000 détenus, selon les ONG.
    Une offre des plus généreuses, selon Marco Rubio, mais « très préoccupante », pour Noah Bullock, directeur de l’organisation de défense des droits humains Cristosal au Salvador. « Nous avons montré que la torture est pratiquée en prison et qu’elle est responsable d’au moins 350 morts en trois ans. Les droits minimaux des 85 000 détenus, emprisonnés à la suite de la guerre contre les gangs, sont constamment bafoués. C’est une très mauvaise idée de faire du Salvador une colonie pénitentiaire. »
    Marco Rubio n’a jamais évoqué ces violations de droits durant sa visite ; il a, en revanche, signé un accord de coopération pour le développement de l’énergie nucléaire civile au Salvador. Il n’a pas dénoncé les intérêts chinois dans ce pays, alors que l’influence de Pékin y est croissante et que Nayib Bukele s’est très souvent mis en scène dans l’imposante médiathèque offerte par la Chine, inaugurée en 2023 et située dans le centre de la capitale. « Jusqu’à présent, Bukele négociait un traité de libre commerce avec la Chine sur lequel il n’y a aucune information. On soupçonne, car les décisions politiques sont totalement opaques, que la volonté de Bukele de relancer l’exploitation de mines est justement destinée aux entreprises chinoises », ajoute Noah Bullock.
    Comme le Panama et le Costa Rica, le Guatemala, la première économie d’Amérique centrale, avec ses 18 millions d’habitants, a accepté de recevoir davantage de migrants expulsés, y compris des étrangers. Cette fois, Marco Rubio n’a pas eu besoin de menacer son interlocuteur, le président progressiste Bernardo Arevalo étant déjà soumis à un chantage interne constant depuis son élection, en janvier 2024. A trois reprises, le parquet a demandé à la Cour suprême de lever son immunité pour un motif invoqué de corruption. « Le soutien que recevait, jusqu’à présent, le gouvernement guatémaltèque de la part de l’administration Biden est vital pour Bernardo Arevalo. Il ne pouvait pas se permettre, face à Donald Trump, d’avoir la même posture que le président colombien [Gustavo Petro] sur la dignité des migrants rapatriés », explique Luis Mack, politiste à l’université de San Carlos de Guatemala.
    Le poids des Etats-Unis a, pour l’instant, empêché la destitution du président, et les hauts fonctionnaires du parquet sont toujours sous le coup de sanctions européennes et américaines, depuis septembre 2021. Mais Bernardo Arevalo n’a pas de majorité au Congrès et ses nombreux adversaires bloquent systématiquement ses projets. « La droite s’était réjouie de la victoire de Donald Trump, elle l’a vue comme la fin d’Arevalo. Mais Marco Rubio l’a au contraire présenté comme un partenaire-clé des Etats-Unis, pour réduire ce qu’il considère comme des menaces sécuritaires », souligne Luis Mack.
    Marco Rubio a obtenu le droit pour les Etats-Unis d’utiliser les bases aériennes du Guatemala dans le cadre d’une « coopération militaire ». Sa frontière avec le Mexique est décrite par le département d’Etat comme l’une des plus poreuses de la région. D’autre part, la migration vers les Etats-Unis est constante, avec aujourd’hui 3,2 millions de Guatémaltèques, légaux et illégaux, qui y vivraient. L’administration Biden avait repris une initiative de l’ancien président guatémaltèque Alejandro Giammattei (2020-2024), baptisée « murs pour la prospérité » afin de diminuer l’immigration : plutôt que de bâtir des murs, aider au développement de zones de production industrielle au Guatemala.
    Sans surprise, Marco Rubio n’a pas cité ses prédécesseurs ni le terme de « prospérité », alors qu’il était interrogé par les journalistes sur la suspension de l’aide américaine, qui a représenté 178 millions de dollars (171 millions d’euros) pour le Guatemala en 2023, selon l’AFP. « La fin de l’aide américaine et la diminution des “remesas” [envois d’argent] si les migrants sont rapatriés, peuvent rapidement détériorer la situation sociale du Guatemala », prévient Luis Mack.
    Lire notre reportage : Article réservé à nos abonnés De Donald Trump à Joe Biden, le mur antimigrants en suspens
    Marco Rubio a bien obtenu des résultats immédiats de cette tournée, mais les spécialistes comme José Ignacio Cortés, économiste à l’Université nationale autonome du Mexique, sont plus sceptiques sur le long terme : « A la différence des Etats-Unis, la Chine investit dans les 33 pays de l’Amérique latine et des Caraïbes. Le secrétaire d’Etat n’avait pas grand-chose à offrir hormis des menaces. L’Amérique centrale aura besoin de voir rapidement et concrètement qu’elle est devenue une priorité des Etats-Unis pour abandonner la Chine. »

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#ameriquelatine#transfert#expulsion#rapatriement#prison#droit#sante#politiquemigratoire

  • La justice italienne annule une nouvelle fois le transfert de migrants en Albanie - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62597/la-justice-italienne-annule-une-nouvelle-fois-le-transfert-de-migrants

    La justice italienne annule une nouvelle fois le transfert de migrants en Albanie
    Par La rédaction Publié le : 03/02/2025
    Une quarantaine de migrants ont quitté samedi l’Albanie pour l’Italie après que la justice italienne a annulé une nouvelle fois le transfert de ces exilés. Quarante-neuf migrants avaient été interceptés en mer et envoyés en Albanie mardi dernier. Plusieurs d’entre eux avaient été renvoyés en Italie le jour même, en raison de leur vulnérabilité.
    C’est un nouveau camouflet pour la Première ministre italienne Giorgia Meloni. Samedi 1er février, 43 migrants ont quitté en bateau le port albanais de Shëngjin pour l’Italie. La justice italienne a annulé leur transfert vers ce pays des Balkans la veille.
    C’est la troisième fois que les juges italiens mettent en échec l’envoi de migrants en Albanie. Ce projet de délocalisation porté par la dirigeante d’extrême droite a pour but de confier à Tirana le traitement des demandes d’asile des personnes interceptées en Méditerranée, et d’accélérer le rapatriement des exilés déboutés.
    Les migrants rapatriés samedi faisaient partie d’un groupe de 49 personnes interceptées par les autorités italiennes alors qu’elles tentaient de traverser la Méditerranée, avant d’être conduites en Albanie où elles sont arrivées mardi. Plusieurs d’entre eux ont été renvoyés le jour même en raison de leur vulnérabilité, tandis que des dizaines sont restés sur place.
    La plupart sont originaires du Bangladesh, mais le groupe compte également six Égyptiens, un Ivoirien et un Gambien, selon les associations de défense des droits de l’Homme qui suivent l’affaire.
    Vendredi, la Cour d’appel de Rome a donc, une nouvelle fois, renvoyé l’affaire devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Les juges italiens refusent ainsi d’approuver la détention d’un groupe de migrants dans des centres gérés par le pays en Albanie, préférant remettre cette décision à la justice européenne.
    Depuis fin 2024 et les premières tentatives de transferts en Albanie, la CJUE a été saisie pour examiner des questions juridiques soulevées par plusieurs tribunaux italiens. Les juges italiens ont notamment sollicité la CJUE pour qu’elle se prononce sur la notion de pays sûr. Une question au cœur du projet de délocalisation car uniquement les hommes seuls originaires de pays dits sûrs sont concernés par les expulsions en Albanie. L’Italie a établi une liste de pays dits « sûrs » et les demandes d’asile de personnes originaires de ces pays sont traitées de façon accélérée.
    Mais les juges qui ont bloqué le premier transfert de migrants ont invoqué une décision de la Cour de justice de l’Union européenne selon laquelle les pays de l’UE ne peuvent décréter l’ensemble d’un pays sûr alors même que certaines régions de ce même pays ne le sont pas. Cette décision judiciaire est un nouveau coup dur pour le projet d’externalisation des demandes d’asile de Giorgia Meloni. Une source du ministère l’Intérieur italien a réagi, samedi, en déclarant que le gouvernement ne se laisserait pas détourner d’une initiative qui a été discutée lors d’une réunion des ministres de l’UE la semaine dernière. « Le gouvernement ira donc de l’avant », a-t-elle ajouté.
    En novembre 2023, Giorgia Meloni a signé un accord avec son homologue albanais Edi Rama, afin d’ouvrir deux centres gérés par l’Italie en Albanie, de l’autre côté de l’Adriatique. Les centres sont devenus opérationnels en octobre, mais les juges ont rejeté la détention des deux premiers groupes d’hommes qui y avaient été transférés et qui ont donc été renvoyés dans la péninsule.
    Le projet de délocalisation de la demande d’asile de Giorgia Meloni est suivi de près par d’autres pays européens tentés par l’externalisation de l’asile. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen elle-même a déclaré que l’UE devait étudier davantage l’idée de « centres de retour » de migrants en dehors de ses frontières, affirmant que l’UE pourrait « tirer des leçons » de l’expérience Italie-Albanie. Sa proposition d’"explorer la possibilité de centres de retour hors UE" est soutenue par 15 États membres, notamment l’Italie et la Hongrie du conservateur Viktor Orban. Des discussions qui auraient été « impossibles » au sein de l’Union il y a quelques années, avait alors commenté auprès de l’AFP un responsable européen. Mais « le débat a évolué », « vers la droite » de l’échiquier politique, constatait-il.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#albanie#UE#hubmigratoire#asile#externalisation#CJUE#transfer#payssur#droit#santepolitiquemigratoire

  • Accélérer la réforme migratoire européenne, une ambition très difficile à appliquer dans les faits
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/01/29/accelerer-la-reforme-migratoire-europeenne-une-ambition-tres-difficile-a-app

    Accélérer la réforme migratoire européenne, une ambition très difficile à appliquer dans les faits
    Par Philippe Jacqué (Bruxelles, bureau européen)
    L’Europe doit-elle encore attendre juin 2026 et la date officielle de son entrée en vigueur pour appliquer le nouveau pacte sur la migration et l’asile, cet ensemble d’une dizaine de réglementations pour mieux harmoniser et gérer au niveau européen l’immigration clandestine ? Alors que l’Union européenne a enregistré en 2024 quelque 239 000 entrées irrégulières d’exilés, en chute de 38 % par rapport à l’année 2023, de nombreux Etats membres soutiennent l’idée d’une accélération de sa mise en œuvre.
    Depuis l’automne 2024, plusieurs Etats, dont la France et l’Allemagne, appellent à appliquer de manière précoce certaines mesures. Est-ce réaliste ? La réponse est nuancée, tant la tâche des Etats membres est importante et complexe. Près de deux mois après la date butoir, seuls vingt-quatre des Vingt-Sept ont rendu leur plan national de mise en œuvre du pacte. Certains, totalement opposés, entendent prendre le plus de temps possible avant de rendre ce document, à l’image de la Pologne, d’autres bouclent encore le document. De fait, les nouvelles réglementations imposent aux pays de revoir à la fois leurs procédures, pour les mettre en cohérence avec les nouveaux textes – quelque 5 000 pages de réglementations –, mais également d’investir bien davantage dans un grand nombre d’infrastructures, notamment des centres d’accueil.
    Alors que les Vingt-Sept disposent aujourd’hui de 60 000 places d’accueil de demandeurs d’asile à leurs frontières ou à leurs points d’entrée (notamment les aéroports), ils doivent en créer 30 000 de plus d’ici à la mi-2026. Certains pays, comme la Hongrie ou l’Italie, d’importants pays de première entrée, doivent chacun en créer 8 000 de plus qu’actuellement. Viktor Orban, le premier ministre hongrois, hostile au pacte, a assuré qu’il n’en ferait rien. La France doit pour sa part en créer 500 supplémentaires pour atteindre 1 845 places.
    La création de ces centres prendra du temps, d’autant qu’il faut les équiper, et, surtout, les doter de personnels qu’il faudra former. Enfin, le nouveau pacte nécessite une infrastructure informatique améliorée, le nouveau système Eurodac qui collectera toutes les informations sur les personnes souhaitant entrer en Europe afin de les tracer plus efficacement. Or, l’Union européenne a des difficultés à se doter de ces nouvelles infrastructures numériques gigantesques. En témoignent les déboires du nouveau système devant enregistrer toutes les entrées et sorties du territoire de l’UE, dont le lancement a déjà été reporté quatre fois. Le projet est donc à haut risque.
    D’autant qu’il ne bénéficiera pas de grands moyens supplémentaires : à peine 2 milliards d’euros qui viennent s’ajouter aux quelques financements communautaires actuels, très inférieurs aux besoins. Malgré ces obstacles, « nous nous efforçons d’accélérer la mise en œuvre du pacte, dans la mesure du possible », a assuré Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, dans une lettre aux dirigeants de l’UE datée du 16 décembre. L’exécutif communautaire encourage les Etats à « accélérer les travaux dans le cadre de l’acquis actuel dans trois domaines : l’amélioration de la gestion des frontières extérieures ; l’amélioration de l’efficacité et de l’équité du système de Dublin ; une gestion plus efficace des systèmes d’accueil et des retours plus efficaces ».
    Dans une lettre précédente, datée du 13 novembre 2023, aux Etats membres, que Le Monde s’est procurée, la Commission estime que des mesures pourraient être « mises en œuvre rapidement, soit parce qu’elles relèvent de l’acquis actuel, soit parce qu’elles peuvent être prises en compte par un changement de pratique administrative », quitte à utiliser de curieux arguments juridiques. Elle assure, par exemple, que les procédures d’examen d’asile à la frontière – la moitié des Etats membres en ont déjà développé une – peuvent être accélérées si les pays prouvent que les demandeurs d’asile sont des fraudeurs.
    La Commission propose également aux Etats de transposer de manière anticipée la directive sur les conditions d’accueil. Elle autorise notamment les Vingt-Sept à retirer toute aide « à une personne qui ne se trouve pas dans l’Etat membre où il est censé se trouver ». Selon un diplomate européen, « cela a lancé la grande course au moins-disant en Europe ». De nombreux Etats entendent bien retirer rapidement les aides aux « dublinés », ces personnes qui ne déposent pas leur demande d’asile dans leur premier pays d’arrivée, selon la procédure dite de Dublin. Pour ce faire, néanmoins, il faudra que les pays, notamment la France, transposent par une loi cette législation. Vu le contexte politique instable en France, le gouvernement aura du mal à faire adopter rapidement une telle loi sans réactiver de nombreux autres débats sur l’immigration, rallongeant les discussions.
    Dans le même temps, la Commission propose aux Etats de se jumeler, par deux, afin d’accélérer les procédures de transferts des « dublinés » entre le pays qui les accueille et celui de leur première entrée. Ces transferts, très problématiques pour de nombreux Etats dont l’Italie, l’Espagne et la Grèce, permettraient de satisfaire l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique et pourraient se faire en « modifiant la pratique administrative de ces pays », assure la Commission, sans entrer dans les détails. Cependant, relève un diplomate européen, c’est un sujet non pas administratif, mais bel et bien politique : « Certains pays militent pour ce type de mesure. Mais cela nécessite un accord entre les pays, et aujourd’hui, c’est impossible. Pas question pour les pays de première entrée d’accepter ce type de mesure. Il faut être deux pour danser le tango… »
    Conscient du problème, l’exécutif communautaire propose enfin d’appliquer de manière anticipée la clause dite de solidarité, proposant de soulager les Etats de première ligne, en activant l’aide des autres Etats, qui pourraient offrir des mesures de compensations : réduire le nombre de retours des « dublinés » aux pays de première entrée, accepter des relocalisations ou offrir une aide financière ou matérielle. Tant que le pacte ne sera pas obligatoire, le dispositif reste donc sur une base volontaire, et dans le contexte politique actuel hostile, aucun Etat n’entend faire ces efforts.
    Dans les faits, ces propositions d’application anticipée du pacte ne sont autres qu’« un plan de mise en œuvre sélectif qui donne la priorité à des mesures qui sont dans l’intérêt de certains Etats et pas d’autres, et certainement pas dans l’intérêt des demandeurs d’asile car les éléments accélérés seront bien sûr ceux qui auront l’impact le plus dommageable sur le droit d’asile », juge Catherine Woollard, directrice du réseau d’ONG du Conseil européen des réfugiés et exilés.
    S’il est tentant pour les dirigeants politiques d’annoncer des réponses rapides à des problématiques immédiates en anticipant le pacte, « plus on s’approche du concret, plus on se rend compte que cela sera difficile », confie un diplomate européen. Pour ce dernier, qui utilise la métaphore, « le pacte est davantage une centrale nucléaire, qui nécessite des phases de mise en route longues pour délivrer toute sa puissance, que d’une centrale à gaz qui peut être allumée et éteinte rapidement en fonction des besoins ». Les Français en savent quelque chose. La dernière centrale nucléaire EPR a été lancée le 20 décembre 2024, douze ans après sa date théorique d’entrée en service.

    #Covid-19#migrant#migration#france#UE#politiquemigratoire#asile#pactemigratoire#transfert#frontiere#sante

  • Immigration : en Moselle, des gendarmes interpellent une élève dans son collège
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/01/29/immigration-en-moselle-des-gendarmes-interpellent-une-eleve-dans-son-college

    Immigration : en Moselle, des gendarmes interpellent une élève dans son collège
    Par Violaine Morin et Julia Pascual
    De mémoire de militant, ça n’était pas arrivé depuis « les années Sarkozy ». C’est en tout cas ce qu’avance Armelle Gardien, la cofondatrice de Réseau Education sans frontières (RESF), après que, mercredi 22 janvier, des gendarmes sont allés interpeller une collégienne de 14 ans à l’intérieur du collège où elle était scolarisée depuis décembre 2024, à Maizières-lès-Metz (Moselle), pour la renvoyer ensuite vers la Belgique avec sa mère et son petit frère.
    Une situation qui a suscité l’émoi de la communauté éducative et provoqué un recadrage de la part d’Elisabeth Borne, dans un courrier adressé aux recteurs une semaine après les faits, le 29 janvier. « Les interventions des forces de police et de gendarmerie liées aux procédures d’éloignement sont strictement interdites dans le cadre scolaire […] même avec l’accord des parents », peut-on lire dans ce texte de la ministre de l’éducation, consulté par l’Agence France-Presse.
    La famille, de nationalité burkinabée, était visée, à la suite du dépôt d’une demande d’asile, par un arrêté préfectoral de transfert vers la Belgique, dans le cadre de l’application du règlement européen de Dublin. Ce dernier prévoit en effet qu’un seul Etat est responsable de l’examen de la demande d’asile d’une personne, celui où ses empreintes ont été enregistrées. En l’espèce, la Belgique.
    « Cette interpellation va à l’encontre d’orientations ministérielles prises à deux reprises, en 2005 et 2013, considérant que l’école est un terrain infranchissable, s’indigne Armelle Gardien. Mais avec le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, rien n’est infranchissable. » Responsable de RESF en Moselle, Eric Florindi affirme que le précédent dans le département remonte à février 2005, lorsque des gendarmes étaient allés chercher deux élèves irakiens dans un collège, en vue de leur éloignement.
    La communauté enseignante s’est immédiatement mobilisée pour défendre le « sanctuaire » de l’espace scolaire, face à une situation qui rappelle aussi celle de Leonarda, 15 ans, expulsée vers le Kosovo le 9 octobre 2013 après avoir été arrêtée pendant une sortie scolaire. Cette affaire à fort retentissement médiatique avait poussé le ministre de l’intérieur de l’époque, Manuel Valls, à produire une instruction aux préfets, le 19 octobre suivant, précisant que « l’exécution de mesures d’éloignement d’étrangers en situation irrégulière ne doit en aucun cas donner lieu à des interventions au sein ou aux abords des écoles et établissements scolaires ».
    Avant cette circulaire, une autre, signée de Nicolas Sarkozy en octobre 2005, lorsqu’il était ministre de l’intérieur, allait dans le même sens, demandant d’« éviter » les démarches « dans l’enceinte scolaire ou dans ses abords » et proscrivant même l’éloignement des familles « dont un enfant est scolarisé depuis plusieurs mois ».
    Le 22 janvier, dans la matinée, les militaires du groupement de gendarmerie départementale de Moselle auraient contacté le principal du collège pour récupérer l’élève burkinabée sans préciser le cadre dans lequel ils intervenaient. « Quand ils sont arrivés, le principal a compris qu’il s’agissait de ramener l’élève à la frontière belge, mais, le temps qu’il joigne le rectorat, les gendarmes étaient déjà repartis avec l’élève », recontextualise un enseignant qui a souhaité conserver l’anonymat.
    Les syndicats enseignants locaux, ainsi que la FCPE, contestent la méthode. « Ce qui s’est passé mercredi est interdit, rappelle Jacques Valentin, responsable départemental du SNES-FSU. La disposition prise en 2013 [par Manuel Valls] n’a jamais été abrogée, contrairement à ce que nous a indiqué dans un premier temps le rectorat. » Ce dernier, joint par Le Monde, a précisé que la jeune fille avait été récupérée par les gendarmes « avec l’accord de ses représentants légaux » et « dans un cadre réglementaire respecté ».
    La circulaire de 2013 précise pourtant que l’interpellation des élèves dans ces circonstances est interdite « même dans le cas où les parents ou représentants légaux (…) auraient donné implicitement ou explicitement leur accord à l’intervention ». Ce texte n’a cependant pas force de loi. Contactée, la préfecture du Bas-Rhin, responsable des transferts Dublin dans la région, assure que « les modalités pratiques de mise en œuvre de la mesure par les forces de l’ordre ne relèvent pas » de ses services, sans préciser à qui revient la responsabilité de la méthode. Jointe, la préfecture de Moselle renvoie vers celle du Bas-Rhin.
    Pour l’une des enseignantes du collège, qui décrit la jeune fille interpellée comme une « très bonne élève, très agréable, qui participait énormément », le message envoyé est que « les enfants ne sont plus protégés à l’école ». Un point de vue que partage la FCPE, dont la présidente à Maizières-lès-Metz, Danielle Urschel, a un enfant scolarisé dans le même établissement. « Venir interpeller une élève dans l’école provoque un sentiment de stress chez les autres enfants qui sont eux aussi dans des situations compliquées, indique-t-elle. Ils peuvent se dire “nous aussi on pourra venir nous chercher”. » (...)

    #Covid-19#migrant#migration#france#politiquemigratoire#expulsion#sante#santementale#asile#transfert

  • Le Sénégal compte sur sa diaspora pour financer son développement
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/12/26/le-senegal-compte-sur-sa-diaspora-pour-financer-son-developpement_6468481_32

    Le Sénégal compte sur sa diaspora pour financer son développement
    Par Célia Cuordifede (Dakar, correspondance)
    Et si demain, les fonds envoyés par la diaspora sénégalaise servaient à construire un hôpital régional ultramoderne dans la région de Tambacounda (sud-est), l’extension de l’aéroport international Blaise-Diagne ou encore une usine de transformation de mangues en Casamance ? C’est ce que suggère le projet de loi de finances 2025, largement adopté par les députés sénégalais mardi 24 décembre, qui propose notamment de recourir à un emprunt obligataire dont les ressortissants installés à l’étranger seraient les créanciers.
    Face à une dette qui atteint 80 % du PIB et un déficit budgétaire de 10,4 % du PIB sur la période 2019-2023 (tous deux plus importants que prévu), les autorités veulent miser sur une « politique d’endettement prudente » auprès des bailleurs de fonds internationaux et privilégier « le développement de financements domestiques libellés en monnaie locale ». Dans cette perspective, le Sénégal aura « recours aux diaspora bonds comme source de diversification de l’endettement en monnaie locale », indique la version initiale du texte budgétaire.
    Au Sénégal, les fonds venus de la diaspora, principalement installée en Europe et aux Etats-Unis, sont essentiels à la bonne marche de l’économie. En 2023, ils s’élevaient à 1 600 milliards de francs CFA (2,4 milliards d’euros), soit environ 10,5 % du PIB. Un montant nettement supérieur au 1,4 milliard d’euros d’aide publique au développement apportée par les institutions internationales et les bailleurs de fonds bilatéraux.
    « Avec le recours aux diaspora bonds, l’idée est de flécher une partie de ces envois, aujourd’hui essentiellement utilisés pour la consommation de base ou des projets immobiliers individuels, vers des investissements productifs », explique Babacar Sané Ba, ancien banquier d’affaires en France, aujourd’hui ambassadeur et directeur des partenariats et de la promotion économique et culturelle au ministère sénégalais de l’intégration africaine et des affaires étrangères.
    Selon les informations obtenues par Le Monde, les obligations émises par l’Etat sénégalais devraient être lancées d’ici six mois avec un taux d’intérêt autour de 5 %, contre 7,75 % pour la dernière émission d’eurobonds, en juin. « Aujourd’hui, les eurobonds sont un instrument financier extrêmement cher pour les Etats africains, limite prohibitifs », souligne l’économiste Seydina Alioune Ndiaye. « Mais ce n’est pas qu’une question de rendement, estime Babacar Sané Ba. Les diaspora bonds sont aussi un pas vers la souveraineté économique, avec des financements propres et non venus de l’extérieur. »
    « Le mécanisme est bien défini et les transactions seraient régulées par la Bourse régionale des valeurs mobilières [institution financière de l’Union économique et monétaire ouest-africaine]. L’enjeu est d’avoir un panier de projets bien structurés qui intéressent la diaspora et un acteur qui fera la levée de fonds et développera la plate-forme de souscription des obligations », prévient Thiaba Camara Sy, présidente du conseil d’administration de CGF Bourse, l’une des principales sociétés de gestion et d’intermédiation de la place.
    Autrement dit, pour que le projet soit un succès, il s’agira de convaincre les potentiels souscripteurs de la transparence de l’utilisation des fonds, de les informer de l’avancée des projets et de mandater une société chargée de mobiliser l’épargne des Sénégalais de l’extérieur. Si la levée d’obligations auprès de la diaspora est une nouveauté pour l’Etat sénégalais, l’opération a déjà été effectuée en 2019 par la Banque de l’habitat du Sénégal, une société parapublique, pour financer des projets immobiliers privés dans la ville nouvelle de Diamniadio et près du lac Rose. Après une tournée dans 26 pays, le projet avait récolté une souscription de 22,8 milliards de francs CFA, contre 20 milliards espérés.
    Dans un rapport sur la mobilisation des fonds des diasporas publié en décembre 2023, la Banque mondiale notait que « dans la plupart des cas, les diaspora bonds sont fructueux pour le développement des pays d’origine ». L’exemple le plus probant est sans doute Israël, qui a ainsi levé près de 39 milliards d’euros depuis 1951 pour son développement. Plus récemment, l’Inde, entre 1991 et 2003, a levé 10,5 milliards d’euros par le même mécanisme, et le Nigeria 288 millions d’euros en 2017. Dans un contexte de diminution de l’aide au développement, de crise de la dette et de remontée des taux d’intérêt des eurobonds, « les diaspora bonds sont une source très crédible de financement », promet Babacar Sané Ba, convaincu que « la diaspora engagée » sera le ferment du succès.

    #Covid-19#migration#migrant#senegal#diaspora#developpement#economie#sante#transfert

  • La filière kazakhe de deux entreprises leaders dans les drones
    https://www.obsarm.info/spip.php?article674

    Selon notre dernière recherche publiée le 18 novembre dans « La Dépêche du Midi », Exail et Delair auraient transféré en 2024 des technologies au Kazakhstan, un régime autoritaire toujours proche de la Russie. Exail est une société spécialisée dans les robots militaires navals qui est le produit du rapprochement entre ECA group et IxBlue en 2022. Elle est particulièrement en vue puisqu’elle vient de signer un contrat pour la livraison de seize systèmes à l’armée française . Une commande (…) #Armements

    / #Biens_à_double_usage, #La_une, #Contrôle_des_exportations, Transferts / exportations

    #Transferts_/_exportations

  • Le groupe d’ingénierie toulousain Akkodis continue-t-il ses affaires avec la Russie en pleine guerre ?
    https://www.obsarm.info/spip.php?article670

    Selon nos recherches réalisées en partenariat avec « Mediacités », une société du nom d’Akka aviation services llc continuerait d’envoyer des pièces aéronautiques à la Russie, malgré l’embargo de 2022. 212 importations ont été dénombrées pour un montant de 2,9 millions d’euros. Un ordinateur de vol, des batteries électriques, des pièces usinées en aluminium, des commutateurs rotatifs, de nombreuses pièces auraient été expédiées par cette entreprise depuis 2022 à PJSC Aeroflot, qui est la (…) #Armements

    / #Biens_à_double_usage, #Contrôle_des_exportations, Transferts / exportations, #La_une

    #Transferts_/_exportations

  • En Irlande, un excédent budgétaire historique qui dépend du détournement des impôts du reste de l’Europe
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/09/30/en-irlande-un-excedent-budgetaire-historique-qui-depend-du-detournement-des-

    Le problème est que ce spectaculaire succès vient pour partie d’argent « détourné » du reste de l’Europe. Tax Justice Network, une association de lutte contre l’évasion fiscale, calcule pour Le Monde que les multinationales ont transféré artificiellement vers l’Irlande, en 2021, 130 milliards de dollars de profits (116,5 milliards d’euros). De quoi faire perdre 32 milliards de dollars de recettes fiscales aux autres pays de l’Union européenne (UE), dont 3,3 milliards à la France.

    Inversement, profitant de l’imposition plus faible, les multinationales ne versent sur ces bénéfices transférés en Irlande que 13 milliards de dollars d’impôts. « Cela signifie que, pour chaque dollar de recette fiscale gagné par l’Irlande, cela coûte 2,50 dollars en recettes perdues dans le reste de l’Union européenne », détaille Alison Schultz, qui a réalisé ces calculs.

  • Rapports au Parlement : bond des exportations de biens à double usage à Israël en 2023
    https://www.obsarm.info/spip.php?article665

    La France a-t-elle cédé aux demandes pressantes de l’industrie d’armement israélienne induites par la guerre à Gaza ? C’est la question qui se pose quand on examine la dernière édition du rapport au Parlement sur les exportations de biens à double usage qui montre une forte augmentation des transferts à Israël : 192 M€ en 2023 contre 34 M€ en 2022. Cette année, le gouvernement aurait dû remettre ses deux rapports au Parlement — celui sur les exportations d’armement et celui sur les biens (…) #Armements

    / #Contrôle_des_exportations, Transferts / exportations, #Guerres, #La_une

    #Transferts_/_exportations
    https://www.obsarm.info/IMG/pdf/rap_2024_-_biens_double_usage.pdf
    https://www.obsarm.info/IMG/pdf/rap_2024_exportation-armements.pdf