• La #construction politique des besoins en logements
    https://metropolitiques.eu/La-construction-politique-des-besoins-en-logements.html

    Estimer le nombre de logements à construire n’est pas une simple opération technique mais engage, derrière le choix des paramètres, des visions politiques du présent et de l’avenir. Alexandre Coulondre et Claire Juillard éclairent les controverses dont ce chiffrage fait l’objet. 500 000 ? 300 000 ? 100 000 ? Quel est le besoin de logements neufs en France chaque année ? Entre 2021 et 2025, pas moins de dix exercices de chiffrages ont tenté de répondre à cette question. Publiés par des auteurs #Essais

    / #logement, construction, #transition_écologique, #expertise

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-coulondre-juillard.pdf

  • Lithium dans le #Finistère : en bord de mer gronde la #colère

    À #Tréguennec, un article sur un gigantesque #gisement et une visite ministérielle ont mobilisé les citoyens contre tout projet de #mine.

    L’affaire commence le 24 janvier 2022. « Sous le sol de Tréguennec, des milliers de tonnes de lithium, nouvel or blanc », titre ce matin-là Le Télégramme. Dans la minuscule bourgade du sud du Finistère – 320 habitants –, certains en recrachent leur café. Pourtant, le rapport du Bureau de recherches géologiques et minières qui mentionne le #gisement de 66 000 tonnes date de 2018, les sondages sur lesquels il s’appuie ont eu lieu entre 1977 et 2010. Mais jusqu’à peu, le lithium n’intéressait pas grand monde. C’était avant que ce métal ne devienne un composant essentiel des #batteries électriques et de la #transition_énergétique, et qu’il attise de plus en plus les appétits des industriels et des politiques (lire l’épisode 1, « Le lithium, de l’or blanc en barre » : https://lesjours.fr/obsessions/lithium-france/ep1-lithium-sous-sol-france).

    « C’est un collègue, rédacteur en chef adjoint, qui avait vaguement entendu parler de ça et m’a suggéré de creuser », raconte Didier Deniel, l’auteur de l’article. Qui n’imaginait pas susciter un tel effarement. Le maire Stéphane Morel lui-même n’était pas au courant. « Quand je suis allé le voir la première fois, il en est presque tombé de sa chaise, sourit le journaliste. Et sur le moment, il a pris les choses avec humour, disant qu’ils pourraient s’acheter les meilleurs joueurs de foot et concurrencer le PSG. » Sauf que dans la région, la nouvelle n’a pas suscité le même enthousiasme. Dans la semaine suivant la parution de l’article, une figure de la vie associative locale, Stéphane Le Garrec, monte le groupe Facebook « Lithium à Tréguennec, Non merci ! », qui rassemble très vite plus de 8 000 personnes. Le 26 février, une manifestation a lieu dans le village. Le maire ne plaisante plus. « Tréguennec et le pays bigouden ne sont pas à vendre, même pour tout l’#or_blanc du monde », écrit-il au Télégramme. C’est que ledit gisement ne se situe pas n’importe où.

    À quelques kilomètres du bourg, les vagues se fracassent sur la plage, fine bande de sable blanc séparée des terres par un cordon dunaire. À l’horizon, les bleus du ciel et de l’océan se confondent. Au lieu-dit #Prat-ar-C’Hastel, un tumulus abritant un cimetière préhistorique voisine une ancienne carrière de feldspath engloutie sous les eaux d’un étang. Le gisement de lithium, parmi les plus importants de l’Hexagone, est là, dans une zone à l’équilibre infiniment précaire, que les exploitations passées n’ont cessé de fragiliser. « Il y a un siècle, la #baie_d’Audierne était protégée par un mur naturel de galets de près de 20 kilomètres, formé il y a des dizaines de milliers d’années, lors de la dernière glaciation », raconte Benjamin Buisson, responsable du pôle littoral et biodiversité de la Communauté de communes du Pays Bigouden Sud. L’#Ero_Vili, le « sillon de galets » en breton.

    Mais dans les années 1940, ces galets sont une ressource précieuse pour l’armée allemande occupante, qui bâtit des bunkers tout le long de la côte ouest pour prévenir toute attaque maritime alliée – le mur de l’Atlantique. Fin 1941, les nazis installent une usine de concassage de #galets à Prat-ar-C’Hastel. En à peine plus de deux ans, quelque 400 000 m3 sont retirés du cordon protégeant la baie. Au cours des décennies suivantes, de nombreux autres prélèvements privés viendront le fragiliser encore davantage. Jusqu’à ce jour de février 1966 où l’Ero Vili se rompt sous les assauts de l’océan. L’eau envahit les terres, façonnant un nouveau paysage.

    Aujourd’hui, le squelette de l’immense usine de concassage se dresse toujours, dominant le fragile cordon dunaire qui protège désormais les terres. Au loin, sur la plage, on aperçoit encore deux blockhaus à demi engloutis. Et de l’autre côté de la dune, la flore et la faune fourmillent. Quand on l’interroge sur les possibles impacts d’une #extraction_minière sur la zone, le responsable de la communauté de communes reste prudent : « Je suppose que beaucoup dépend de la technique d’#extraction. Mais le bruit, les poussières, le passage des camions, la gestion de l’eau, l’érosion, le risque que la mer s’engouffre dans les terres si l’on est trop près du trait de côte… Dans une zone sensible comme celle-ci, les #risques_environnementaux d’une extraction ne sont pas négligeables. »

    Et pour preuve, la prairie dunaire et son #écosystème sont aujourd’hui triplement protégés. Depuis 1982, les 650 hectares des rives de la baie appartiennent au Conservatoire du littoral. « Ces terres sont quasi inaliénables », souligne Benjamin Buisson. Selon le Code de l’environnement, le Conservatoire ne pourrait s’en séparer qu’à l’autorisation expresse du Conseil d’État. La prairie dunaire est encore une zone #Natura_2000 et, à l’automne 2021, elle a reçu le #label_Ramsar (de la convention internationale du même nom). « Certes, il s’agit d’une protection essentiellement symbolique, reconnaît Benjamin Buisson, Mais il n’existe qu’une cinquantaine de #zones_humides labellisées Ramsar en France, c’est dire leur importance et la valeur morale qui s’y attache. » Depuis deux ans, les élus locaux préparent même la transformation en parc naturel régional. Extraire du lithium à Tréguennec impliquerait donc de surmonter tous ces obstacles administratifs, symboliques… et sociaux.

    Car les gens d’ici sont férocement attachés à leur terre. Le 26 février 2022, quelque 600 personnes ont ainsi convergé vers Tréguennec. Dans la cour de l’ancienne école publique, on croise alors des pancartes « Pas touche à nos dunes » ou « Tréguennec n’est pas à vendre » et, dans la foule rassemblée, on ressort les mythiques anecdotes de la #résistance de Plogoff, à la fin des années 1970. À l’époque, l’État français prévoit de construire une centrale nucléaire dans cette commune à une trentaine de kilomètres de Tréguennec (dont les terres avaient été un temps considérées par EDF). Mais en juin 1978, les Plogoffites bloquent l’accès au site. Deux ans plus tard, ce sont des dizaines de milliers de manifestants qui déferlent et affrontent la police. En 1981, le projet est finalement abandonné. La résistance de Plogoff devient mythique. La documentariste Nicole Le Garrec (sans lien avec Stéphane Le Garrec) se souvient : « Il y avait une détermination sans faille, qui a rassemblé toutes les classes sociales – des agriculteurs, des marins, des anciens militaires, pourtant peu prompts à la rébellion… Les femmes surtout ont formé le cœur de cette cette résistance. »

    Le 26 février 2022, Nicole Le Garrec et son mari Félix sont allés manifester sans hésiter. Respectivement âgés de 80 et 90 ans, les deux documentaristes n’imaginaient pas se relancer dans la #lutte. « Mais quand nous avons appris qu’il y avait du lithium à Tréguennec, la question ne s’est pas posée », déclare Nicole. Elle raconte d’une voix douce et grave cette baie d’Audierne où ils ont vécu toute leur vie. « Je me rappelle encore l’époque où les vagues se brisaient sur l’Ero Vili. On entendait le roulement des galets à des kilomètres, comme un énorme grondement ! » Aujourd’hui, on ne l’entend plus, mais la beauté reste. « Nous pensions ce lieu magique à l’abri des appétits de l’industrie. Alors d’imaginer que l’on puisse le ravager, mon cœur s’est soulevé. »

    Pourtant, d’appétit de l’industrie… il n’y a pas pour l’heure : la mobilisation citoyenne a eu lieu avant même qu’un hypothétique projet de mine de lithium n’ait été évoqué – à ce jour, il n’y en a toujours aucun. Mais la secrétaire d’État à la Biodiversité, #Bérangère_Abba, a elle-même attisé les craintes le 9 février 2022, quand elle est venue contempler le paysage qui avait reçu quelques mois plus tôt le label Ramsar. « C’est un site exceptionnel mais les besoins sont importants, la pression géostratégique est forte sur ce type de #métaux. Il faut mesurer plus précisément avec des scientifiques l’ampleur de ce gisement. » La course à l’or blanc est mondiale et la France est sur la ligne de départ dans l’Allier. Pourquoi pas dans le Finistère ?

    « Le lithium n’est pas véritablement un métal “rare”, explique Guillaume Pitron, journaliste et chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). D’un point de vue strictement théorique, les ressources en lithium ne manquent pas. Mais la question ne se pose pas uniquement en termes de réserves disponibles mais également de réserves exploitables. Du lithium, il y en a au fond des océans ou dans d’autres zones écologiquement sensibles. Mais l’impact de son extraction serait tel que celle-ci en devient écologiquement inacceptable. Une telle extraction a donc un coût – social, politique – auquel entreprises et gouvernants ne veulent pas se confronter. »

    « Il y a des choses auxquelles il ne faut pas toucher », assène Nicole Le Garrec, en écho. Mais le monde fait alors face à un dilemme. Car les prévisions de croissance des besoins en lithium sont telles que les ressources actuellement exploitées pourraient bien ne pas suffire. Si la production mondiale a dépassé les 100 000 tonnes en 2021, elle devrait être multipliée par huit en 2040 pour répondre aux besoins annuels des seuls véhicules électriques, selon l’Agence internationale de l’#énergie. 800 000 tonnes par an, extraites de réserves mondiales prouvées de 22 millions de tonnes. La ruée vers l’or blanc prend des allures de course vers l’abîme.

    « Les prévisions de consommation annuelle de lithium ne sont pas tenables », tranche Judith Pigneur. Pour la docteure en génie industriel et spécialiste de l’extraction minière de l’association #négaWatt, une telle augmentation de la production mondiale est un danger. « Dans l’industrie, plus on va vite, plus les risques sanitaires et environnementaux sont importants », dit-elle (lire l’épisode 2, « Lithium dans l’Allier : les dés sont-ils pipés ? » : https://lesjours.fr/obsessions/lithium-france/ep2-mines-pollution). Mais au-delà, se pose la question de ce que nous sommes prêts à sacrifier pour accéder à cette précieuse ressource. Car à l’heure actuelle, le #recyclage du lithium n’est pas encore déployé : « La production massive n’en est qu’au début et nous ne pourrions pas recycler assez vite pour répondre aux besoins mondiaux tels qu’ils sont anticipés. » Reste donc la tentation d’extraire toujours plus, dans des zones potentiellement sensibles. « En comptabilisant les projets passés, actuels et futurs, 6,7 millions de km2 de la surface terrestre sont impactés par l’industrie minière, dont 8 % dans des aires protégées. L’accélération de la consommation annuelle de ressources comme le lithium constitue un péril majeur, dont les impacts sur la biodiversité pourraient dépasser ceux évités par l’atténuation du changement climatique », assure Judith Pigneur, s’appuyant sur une étude parue dans la revue Nature en 2020.

    « Il ne s’agit pas pour autant de remettre en question la transition énergétique et de continuer comme avant, mais il faut fixer des lignes rouges à ne pas dépasser, comme le respect des zones protégées », poursuit l’experte. Et pour cela, freiner l’augmentation de la consommation du précieux métal : « Nous ne pouvons penser la transition énergétique sans questionner nos usages et penser des mesures de #sobriété. Penser un futur parc automobile électrique réduit, en autopartage, construire de petites voitures avec des batteries moins importantes… » Dans le cas français, de telles mesures permettraient de limiter cette consommation exponentielle de lithium à 128 000 tonnes entre 2020 et 2050 au lieu de 340 000 tonnes, d’après les études de négaWatt.

    Guillaume Pitron, lui, cite volontiers Albert Einstein : « On ne résout pas un problème avec le mode de pensée qui l’a engendré. » Pour le journaliste, la transition énergétique n’aura de sens « que si elle nous invite à profondément changer la façon dont nous consommons le monde ». « Mais cela implique des changements organisationnels, politiques et des bouleversements intimes immenses, soupire-t-il. Je voudrais croire que si les mines se trouvaient sous nos fenêtres nous aurions tout à coup conscience de l’impact réel de nos modes de consommation. Mais c’est un vœu pieux. »

    À Tréguennec, un an après l’article du Télégramme, le lithium est toujours à 130 mètres sous terre, il n’occupe plus les conversations. Mais la méfiance demeure. Sur les bords de la carrière de Prat-ar-C’Hastel, les habitants ont planté un arbre à la mémoire de Stéphane Le Garrec, décédé dans un accident de voiture l’hiver dernier. À son pied, quelqu’un a déposé une ardoise, avec ce message : « Restons vigilants ».

    https://lesjours.fr/obsessions/lithium-france/ep3-treguennec-bretagne
    #lithium #extractivisme #Bretagne #voitures_électriques

  • Global Ferry Electrification Accelerates: 70% Of New Orders Go Electric - CleanTechnica
    https://cleantechnica.com/2025/05/05/global-ferry-electrification-accelerates-70-of-new-orders-go-electric

    Seventy percent of #ferries currently on order globally now feature #electric #drivetrains, a remarkable shift underscoring just how rapidly #maritime #transportation is #decarbonizing. Norway has about 70 electric ferries running already, and there are likely north of 200 globally. There are about 15,400 ferries in operation around the world, new ones are overwhelmingly being purchased with electric drivetrains, and most operators have electric retrofit plans for existing vessels.

    This #transition, which seemed speculative just a decade ago, has moved swiftly from niche experiments in sustainability to mainstream procurement decisions, and the industry is now firmly on a trajectory toward large-scale electrification. The launch of vessels such as the China Zorrilla catamaran ferry, designed to operate between Argentina and Uruguay on a 200 km route at 25 knots multiple times a day, exemplifies the accelerating trend.

  • L’expérience du « #test_climat » dans les métropoles québécoises
    https://metropolitiques.eu/L-experience-du-test-climat-dans-les-metropoles-quebecoises.html

    Au #Québec, les grands projets d’aménagement font l’objet de « tests-climat », en amont des processus de décisions. Comment certains mouvements d’opposition se saisissent-ils de cet outil scientifique afin de remettre en question les choix menant à leur réalisation ? Au Québec, ces dernières années, la notion de test climat a été évoquée par plusieurs acteurs et paliers gouvernementaux. En 2018, la ministre de l’Environnement de la province du Québec promettait que les projets industriels d’importance #Débats

    / test climat, Québec, #transition_écologique, #métropole, #Canada, #trajectoire_climatique

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_murer_etal.pdf

  • Des collectifs d’habitants perturbent l’assemblée d’actionnaires d’une multinationale minière

    Des collectifs des quatre coins de la France se sont rassemblés à Paris contre les projets d’une multinationale minière française, #Imerys. De la Bretagne à la Dordogne, tous sont impactés par l’extraction, poussée au nom de la #transition_écologique.

    « Les nouveautés 2025 ! Profitez du réchauffement : venez vous ressourcer au Parc Imeryx ! » lancent à la volée une vingtaine de personnes venues du Cantal, de Bretagne, de Dordogne et de l’Allier. Ils et elles se sont retrouvés ce 13 mai dans un quartier chic de la capitale, au quai de Grenelle, où se tient l’Assemblée générale des actionnaires d’Imerys, une multinationale minière française.

    Ces collectifs d’habitants sont tous engagés, chacun dans leur département, contre quatre projets d’#extraction_minière sur le territoire français. Ils profitent de l’assemblée des actionnaires pour alerter les investisseurs sur l’#impact_environnemental de l’entreprise, distribuant des tracts humoristiques aux nombreux hommes vêtus de costumes noirs qui entrent dans les locaux.

    Imerys extrait et transforme des #minéraux, pour les secteurs des biens de consommation, l’industrie et la construction. Implantée dans 46 pays, la multinationale possède plus de 200 sites dans le monde et 28 en France, regroupant #mines, carrières et usines. Et compte accroître son activité extractive en France.

    « L’entreprise projette d’ouvrir une quatrième fosse d’extraction à #Glomel, dans les Côtes-d’Armor, située sur une zone considérée comme le château d’eau de la Bretagne », dénonce un membre du collectif #Mines_de_Rien. Imerys y exploite depuis plus de 50 ans une carrière d’#andalousite – un minerai utilisé dans la #sidérurgie – et une usine d’extraction.

    Un autre projet d’Imerys a fait parler de lui récemment. Dans l’#Allier, à #Échassière et à #Saint-Victor, la multinationale compte exploiter une mine de #lithium ainsi qu’une usine de transformation du minerai pour produire la matière première pour 700 000 #batteries de voiture par an.

    Face cachée de la transition

    Sur le parvis où sont distribués les tracts, l’un des responsables du projet d’Imerys dans l’Allier, sort à la rencontre des militants. Le projet doit « réduire la dépendance française et européenne à l’importation de lithium », explique l’homme, « stimuler l’économie locale » et « relever le défi de la transition énergétique ». « C’est un projet stratégique pour la #décarbonation ! », lance-t-il.

    Le gouvernement a reconnu le projet d’Imerys dans l’Allier comme étant d’intérêt national majeur, promettant de faire de la France le premier producteur de lithium européen. Et l’État y investit directement à hauteur de 100 millions d’euros d’argent public. Étienne, du collectif Stop Mines 03, n’est pas convaincu. « Si le lithium extrait sert à construire des SUV et détruire la planète, ça n’a aucun sens de parler de décarbonation ! » répond-il au représentant de l’entreprise.

    L’appel à un débat sur les usages

    En avril dernier, Imerys a organisé un séminaire sur l’usage du lithium au cours duquel des SUV de la marque BMW ont d’ailleurs été présentés... Autre argument sur la question de l’usage : « On ne peut pas se passer de cette ressource si on veut la transition, mais on peut pas l’utiliser pour fabriquer des maillots de bain connectés qui vous indique quand remettre de la crème solaire », ironise Étienne alors que l’AG se poursuit à l’intérieur.

    « Nous, citoyens, demandons un débat public sur les usages de nos minéraux », réclame l’un des membres des collectifs au responsable d’Imerys.« On ne va pas, nous, Imerys, mener un débat public », répond le responsable, avant de repasser la porte du grand bâtiment où sont réunis les actionnaires. Le dialogue est clos. Mais dehors, l’action se poursuit.

    Des territoires sinistrés

    « Imerys exploite nos terres et s’étend telle une pieuvre dévorante », déplore au micro Nathalie, de l’association #Sauvegardons_Razac_et_le_Bassin_de_la_Cole, en Dordogne. La multinationale prévoit d’y étendre son extraction de #quartz sur 40 hectares. Le minerai est notamment utilisé dans les domaines de l’électricité et du numérique.

    À #Nouvialle, dans le Cantal, Imerys souhaite extraire de la #diatomite, minerai utilisé dans l’#industrie_agroalimentaire pour ses propriétés filtrantes. « Les 400 hectares concernés sont au centre d’un fragile équilibre, régulent naturellement le cycle de l’eau, c’est une ressource fourragère pour les agriculteurs, et ils abritent 142 espèces protégées », dénonce Chantal du #Collectif_pour_la_narse_de_Nouvialle, une #zone_humide.

    À Glomel, là où se trouve la carrière d’andalousite, les #landes, #tourbières et prairies humides laissent la place à des #bassins_de_décantation remplis d’eau acide. Imerys y raffine sa production d’andalousite. Comme le révélait le média breton Splann ! l’année dernière, des taux anormalement élevés de #nickel, #cobalt, #arsenic et autres #métaux_toxiques ont été retrouvés dans un ruisseau où la multinationale rejette chaque année 1,5 million de mètres cubes d’#eaux_usées. « On a l’impression d’être une population et un territoire sacrifié au nom du profit et de l’andalousite », se désole l’un des membre de Mines de Rien.

    Alors que le collectif de Glomel clôt sa prise de parole, une longue silhouette colorée apparaît de l’autre côté de la rue. Drapé d’une chemise bleue recouvrant ses tentacules jaunes, vertes et rouges, une grande marionnette prend place sur le parvis du bâtiment accueillant l’AG. Nommée Pelletassou, elle porte une pancarte « Imerys » et ses bras sont en forme de pelleteuse. Ce monstre carnavalesque inspiré de la culture occitane représente « la grande machine extractiviste ». « #Pelletassou a été jugé par un tribunal populaire. Demain il sera au Parlement Européen, pour sensibiliser les dirigeants à la réalité que nos riverains vivent », explique François, l’un des militants, en souriant. Sur d’autres sites de production, ailleurs dans le monde, Imery est régulièrement accusé de générer des pollutions, comme à Barcarena, aux portes de l’Amazonie brésilienne.

    https://basta.media/Des-collectifs-perturbent-assemblee-d-actionnaires-multinationale-miniere-I

    #résistance #extractivisme

  • Dans les #banlieues, la naissance d’une #écologie_populaire et émancipatrice

    Accusés d’être indifférents aux questions écologiques, voire d’y être opposés, les habitants des #quartiers_populaires sont pourtant en première ligne des effets du dérèglement climatique. À l’avant-poste d’une écologie qui se veut plus discrète, conscients des #inégalités_structurelles des territoires qu’ils occupent, ils sont de plus en plus nombreux à revendiquer une écologie populaire et émancipatrice.

    En mai 2021, dans les quartiers populaires de #Bagnolet, en #Seine-Saint-Denis, le syndicat Front de mères et l’association #Alternatiba créent la première #Maison_de_l’écologie_populaire, sous le nom de #Verdragon. L’objectif  ? Mettre en place des projets écologiques au plus près des besoins des habitants des quartiers populaires. Dès l’ouverture, les membres du syndicat #Front_de_mères, créé deux ans plus tôt par la politologue et militante #Fatima_Ouassak, sont taxés de #communautarisme après la parution d’une tribune adressée au maire de Bagnolet qui les accuse de propager des idées «  indigénistes et racialistes  » et d’utiliser Alternatiba comme caution écologiste.

    En réponse à ces attaques, Alternatiba publie un communiqué de soutien qui rappelle que «  ce sont les milieux populaires et particulièrement les personnes racisées qui sont et seront les plus touchés par l’aggravation du #changement_climatique  ». Depuis, le lieu poursuit sa vie, entre l’organisation de soirées pour discuter des rapports du GIEC, d’expositions sur les luttes paysannes, ou encore via la distribution de paniers de légumes avec l’Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap). Mais les attaques qu’ont subies les co-fondatrices de Verdragon peu après l’ouverture du lieu révèlent la difficulté de faire émerger un endroit qui réunit les habitants des quartiers populaires autour de l’écologie. Comme si ces derniers, emmurés dans des grandes tours, devaient s’accommoder d’un territoire où s’entassent datacenters, usines polluantes ou échangeurs autoroutiers, sans jamais espérer s’en affranchir.

    Des réalités multiples

    D’abord, qu’entend-on par quartiers populaires  ? Dans sa thèse, la géographe #Léa_Billen rappelle que cette catégorie a tendance à gommer des réalités plurielles  : «  Ce que j’appelle “quartiers populaires” désigne des quartiers classés en #politique_de_la_ville. Mais il s’agit d’une toute petite partie de ce qu’on appelle plus largement “quartiers populaires”, des territoires à la fois très divers d’un point de vue urbain, avec des quartiers de #grands_ensembles, des #faubourgs_ouvriers, des centres anciens plus ou moins dégradés et du point de vue de leurs habitants, avec une #mixité_sociale plus ou moins importante. Mais ce qui les rassemble, ce sont des #inégalités_sociales, urbaines et économiques très fortes.  » Son travail de terrain s’est concentré sur les initiatives qui «  transforment les modes de vie au quotidien  », comme l’installation de #composteurs de quartier ou de #jardinières partagées, les #groupements_d’achats de produits écologiques ou encore la mise en place d’ateliers d’#autoréparation.

    Des initiatives qui s’inscrivent dans une diversité de modes d’action  : mobilisations contre un projet d’aménagement, interpellation de la ville ou du bailleur, actions de sensibilisation… S’il n’existe pas à ce jour d’études quantitatives pour le démontrer, «  ces initiatives sont beaucoup plus nombreuses qu’on ne le croit en quartiers populaires, d’après la géographe. Elles sont juste très discrètes, car les personnes qui les portent ne communiquent pas forcément sur leurs actions en dehors du territoire concerné. Parfois, même, les personnes qui font vivre ces initiatives ne se revendiquent pas de l’écologie.  »

    Pouvoir aux régies

    Cette écologie, plus silencieuse, se retrouve par exemple dans les #régies_de_quartier. Apparues dans les années 1980, elles viennent au départ répondre au problème de chômage des habitants des quartiers prioritaires. Elles fonctionnent sur un modèle hybride  : elles cumulent le statut d’association à celui d’entreprise d’insertion et les habitants sont majoritaires aux côtés d’élus, de représentants d’associations ou d’institutions aux instances de décision. Au départ, les régies de quartier se chargent principalement de l’entretien des lieux publics ou des résidences de quartiers et de l’insertion par l’emploi. Depuis l’arrivée de l’écologiste et ancien membre d’EELV Mathieu Glaymann à la direction de la régie de quartier de Saint-Denis, la régie s’est transformée en laboratoire de la #transition_écologique. Récupération et valorisation de cartons et de cagettes en bois, vide-grenier toutes les trois semaines, livraison en cyclo-logistique, ateliers zéro déchet, entretien des espaces publics avec des produits éco-labellisés… Les projets fleurissent sur le territoire.

    «  Ces initiatives sont beaucoup plus nombreuses qu’on ne le croit en quartiers populaires. Elles sont juste très discrètes.  »

    Aujourd’hui, 60 % du chiffre d’affaires de la régie de Saint-Denis repose sur des projets en lien avec la transition écologique  : «  Les régies de quartier en Seine-Saint-Denis comptent environ 500 salariés, affirme Mathieu Glaymann. Et dans notre régie, nous recrutons dans 95 % des cas des habitants de Saint-Denis. Il ne faut pas sous-estimer cet outil.  » Un puissant levier d’#émancipation, donc, qui fait écho à la stratégie d’#ancrage_territorial que la politologue et militante Fatima Ouassak revendique dans son essai La Puissance des mères. Pour un nouveau sujet révolutionnaire (La Découverte, 2020 : https://www.editionsladecouverte.fr/la_puissance_des_meres-9782348059377). L’autrice fait référence à l’#attachement ressenti par les habitants pour un territoire, critère indispensable selon elle, pour garantir sa protection.

    La théorie de l’indifférence

    Si le terme «  écologie  » est néanmoins toujours mis à distance par certains, «  c’est parce [qu’il] est associé à un discours dominant qui exclut les habitants des quartiers populaires et qui considère que l’écologie ne les concernerait pas, voire qu’ils y seraient même hostiles, note Léa Billen. Ce discours est performatif  : il produit un sentiment d’#impuissance chez ces habitants qui peuvent effectivement finir par penser que ce n’est pas pour eux  ». Pour en saisir les causes profondes, il faut revenir à l’histoire des politiques qui ont bâti ces quartiers. À partir des années 1960, le gouvernement décide de construire des grands ensembles pour répondre au défi du relogement des classes moyennes.

    Or, «  la construction des grands ensembles n’est pas accompagnée d’aménagements alentour  : il manquait beaucoup d’équipements publics, sociaux et culturels. Et malgré les plaintes des habitants de la classe moyenne, l’État est resté passif, analyse #Hacène_Belmessous, auteur de l’ouvrage Petite histoire politique des banlieues populaires (Syllepse, 2022), pour lequel il a fouillé les archives des municipalités populaires en périphérie des villes. Ces populations ont fini par céder à l’achat de maisons individuelles, laissant place à une population immigrée extra-européenne à qui l’on avait longtemps refusé l’accès à ces logements.  » Par la suite, la politique de #rénovation_urbaine dans les banlieues populaires qui se poursuit en 2003 après les émeutes des années 1990 est «  d’abord une tentative d’éliminer un problème politique  », poursuit le chercheur. L’objectif n’est pas de créer un meilleur cadre de vie pour les habitants, mais plutôt «  d’ouvrir les cités pour que la police puisse intervenir  ».

    Des quartiers qui étouffent

    Ces inégalités ont structuré les banlieues populaires. S’y ajoutent aujourd’hui des injustices environnementales. Documentées aux États-Unis depuis les années 1980, où les nuisances et pollutions frappent plus fréquemment les populations afro-américaines, elles deviennent une préoccupation en Europe à partir des années 2000. «  On étouffe à l’intérieur, entre les quatre murs des appartements HLM, trois étroits, trop chauds l’été, véritables passoires thermiques l’hiver, où l’air est pollué par l’ameublement bon marché  », constate aujourd’hui l’essayiste Fatima Ouassak, dans son ouvrage Pour une écologie pirate (Seuil, 2023). Mais aussi à l’extérieur, «  entre les quatre murs du quartier, submergés par le bruit des voitures, les odeurs nauséabondes, l’éclairage artificiel et la pollution atmosphérique  », poursuit-elle.

    «  Le problème n’est pas le message, mais le messager. Pour embarquer les catégories populaires, il faut créer des rapports plus horizontaux.  »

    En 2021, le Réseau action climat (RAC) et l’Unicef ont publié un rapport sur les liens entre la pauvreté des enfants et la pollution de l’air. Chez les enfants, «  cette exposition peut entraîner des problèmes respiratoires et immunitaires, mais aussi des pathologies telles que le diabète, l’obésité ou la dépression  », souligne le rapport. Si les populations les plus riches résident aussi dans les centres urbains, là où la pollution atmosphérique est la plus forte, les conséquences ne sont pas les mêmes pour les plus précaires. «  Les inégalités d’accès aux soins, liées aux revenus ou à la catégorie sociale, font qu’un même degré d’exposition a un impact différent sur la santé  », confirme l’Observatoire des inégalités dans une de ses analyses.
    S’émanciper des clichés

    Ces injustices sont de plus en plus largement dénoncées. Contre un discours écologique «  déconnecté des réalités des classes populaires  », #Féris_Barkat, né à Illkirch près de Strasbourg, a cofondé l’association #Banlieues_climat fin 2022, à tout juste 20 ans. Son but  ? Sensibiliser les jeunes de banlieue aux enjeux écologiques et leur permettre d’être formateurs à leur tour. Selon lui, l’écologie est avant tout un moyen de mettre en lumière des inégalités sociales «  peu audibles pour les politiques  ». Plusieurs membres de Banlieues climat sont ainsi allés former des parlementaires. Sept au total – dont le député La France insoumise François Ruffin et l’écologiste Marie-Charlotte Garin – ont bénéficié d’une formation de trois heures donnée par Féris, Sanaa, Someïa, Aymen, Imane et Khadim, le 17 janvier à l’Assemblée nationale. L’idée de cette formation est d’interpeller les élus. Pour le cofondateur de Banlieues climat, si leur message ne passe pas auprès des jeunes de banlieue, «  c’est une question de posture  »  : «  Le problème n’est pas le message, mais le messager. Pour embarquer les catégories populaires, il faut créer des rapports plus horizontaux.  »

    Il y a aussi «  un manque de représentativité  », constate #Amine_Kessaci, âgé de 21 ans et originaire des quartiers nord de Marseille. En juin 2020, il a créé l’association Conscience qui mène des projets de sensibilisation et organise des campagnes de ramassage de #déchets dans son quartier. L’initiative prend vite et sera bientôt déclinée localement dans d’autres quartiers populaires en France. Un succès rapide qu’il attribue au fait que «  ces initiatives sont portées par d’autres jeunes de quartiers  ». Aujourd’hui, s’il se présente aux élections européennes de juin, sur la liste menée par l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint, c’est principalement pour porter la voix des quartiers populaires et déconstruire les stéréotypes qui leur sont associés.

    À l’affirmation que l’écologie ne parlerait pas aux habitants des quartiers, il répond  : «  Au contraire  ! Le 2 décembre, plusieurs personnes de mon quartier sont montées à Paris avec moi au meeting de Marie Toussaint. Elles se sont retrouvées dans son discours et ont compris ce qu’elle défendait.  » De son côté, Féris Barkat annonce que l’association Banlieues climat aura bientôt un lieu dédié à leur formation, depuis peu certifiée par le Ministère de l’Enseignement supérieur, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Car, conclut-il, «  si les classes populaires ne sont pas outillées dès le départ à cause des inégalités d’accès à la connaissance, nous misons, au contraire, sur l’intelligence  ».

    https://www.socialter.fr/article/banlieue-climat-inegalites-ecologie-populaire
    #écologie

  • Au colloque du #Greenwashing Total, bar à salades et sciences fossiles
    https://www.terrestres.org/2025/04/11/au-colloque-greenwashing-total

    En juin 2024, pour fêter son centenaire, la multinationale TotalEnergies a organisé un grand colloque historique et international dans sa tour de la Défense. Si l’on en croit ce reportage in situ, qui nous a été transmis par un participant, la mémoire y était encore bien plus sélective que les poubelles de tri qui trônaient dans les couloirs. Voyage de l’autre côté du miroir de la #Transition. L’article Au colloque du greenwashing Total, bar à salades et sciences fossiles est apparu en premier sur Terrestres.

    #Climat #Histoire

  • Le grand basculement capitaliste
    https://laviedesidees.fr/Jerome-Baschet-Quand-commence-le-capitalisme

    Peut-on situer l’origine du grand basculement du féodalisme au #capitalisme ? L’hypothèse de la #transition ne se réduit ni à une simple expansion du commerce ni à une évolution linéaire. Il implique une transformation des rapports sociaux, du travail et de la production.

    #Histoire
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20250414_baschet.pdf

  • La droite imite Trump et attaque l’#ESS

    Si jusqu’à présent seul le Rassemblement national constituait une menace pour l’économie sociale et solidaire (ESS), le consensus républicain l’entourant semble s’éroder depuis la dissolution de l’Assemblée nationale.

    En région #Auvergne-Rhône-Alpes, le précédent président et actuel président du groupe dit de « La Droite républicaine » à l’Assemblée nationale, #Laurent_Wauquiez s’était surtout illustré par l’affaire du « Dîner des Sommets » à 180 000 euros, des déjeuners coûteux et des sondages en série.

    Il a ouvert le feu en début d’année en supprimant la totalité de sa #subvention à la #Chambre_régionale_de_l’ESS (#Cress), soit 230 000 euros et un quart de son #budget. Et ce au mépris de la #loi qui prévoit que la région, en partenariat avec l’Etat, doit conclure une #convention_d’agrément avec celle-ci afin qu’elle puisse mettre en œuvre les missions qui lui sont confiées.

    C’est une atteinte plus grave encore aux #libertés_associatives que sept députés Les Républicains (LR) viennent de commettre en proposant la triple #suppression du #Conseil_supérieur_de_l’ESS, une instance consultative placée auprès de Bercy dont les membres sont bénévoles, les Cress dont le budget alloué par l’Etat n’est en moyenne que de 80 000 euros, et ESS France qui représente l’ensemble des mouvements de l’ESS dont la subvention de 500 000 euros pèse bien peu en comparaison des soutiens de l’Etat à hauteur de 600 millions d’euros pour les Chambres de commerce et d’industrie (CCI) et de 250 millions d’euros pour les Chambres des métiers et de l’artisanat (CMA).

    Une atteinte aux libertés associatives

    La suppression des Cress comme d’#ESS_France n’est par ailleurs pas du ressort de l’Assemblée nationale car, si leurs missions sont organisées par la loi, elles sont constituées en associations. Leur suppression par la loi serait donc une #répression de la #société_civile sans équivalent depuis la guerre.

    Ces #amendements, déposés dans le cadre de l’examen du #projet_de_loi de #simplification_de_la_vie_économique, ont heureusement été rejetés en commission. Ils ont cependant de quoi étonner, tant parce qu’ils peuvent difficilement prétendre à la résorption des déficits de l’Etat au regard des montants engagés, que parce qu’ils se font sans considération de la ministre en charge de l’ESS, Véronique Louwagie, pourtant issue du groupe de La Droite républicaine.

    Excès de zèle ? Simple cafouillage ? Ou début de fronde chez Les Républicains ? Le président d’ESS France, Benoit Hamon, pointe à juste titre que cette initiative relève de la « #post-vérité » digne de Donald Trump ou d’Elon Musk puisque le chiffre avancé d’un #coût de fonctionnement de 15,6 millions d’euros d’ESS France est totalement faux et grotesque. Son budget n’est que de 2 millions d’euros.

    Certes l’ESS a le plus souvent été soutenue par des gouvernements de gauche depuis son institutionnalisation par Michel Rocard en 1981 (création d’une délégation interministérielle et d’un Institut de développement de l’économie sociale, intégration au Plan, adoption d’une loi, etc.). Mais jusqu’à présent elle a toujours fait l’objet d’un consensus transpartisan en raison de sa participation à l’#intérêt_général.

    La IIIe République elle-même, pour renforcer sa légitimité sociale après avoir éloigné le risque d’une restauration monarchique, s’est beaucoup reposée sur l’économie sociale dans la conception et la mise en œuvre de ses politiques de solidarité.

    Le 3 mars dernier, la ministre Véronique Louwagie, annonçant devant le Conseil supérieur l’élaboration d’une stratégie nationale de l’ESS, soulignait que celle-ci ne devait pas être celle « d’un gouvernement ou d’un camp politique : elle doit être celle de notre pays ».

    L’ESS : un enjeu européen

    Cette stratégie est en effet exigée par l’Europe. Chaque Etat membre doit s’en doter d’ici la fin de l’année. Alors que la France et les pays latins sont souvent apparus isolés en matière d’ESS sur le vieux continent, cette politique bénéficie aujourd’hui d’une assise plus large grâce au soutien en particulier de l’Allemagne et de la Pologne.

    Cette orientation résiste à la vague conservatrice des dernières élections européennes, puisqu’il y a toujours une commissaire qui doit appliquer le plan d’action en faveur de l’économie sociale, la roumaine Roxana Minzatu, ainsi qu’un intergroupe dédié au Parlement européen.

    Des craintes existent aujourd’hui au niveau européen de ne considérer l’ESS que comme une économie réparatrice, cantonnée aux politiques de l’emploi alors qu’elle est parvenue ces dernières années à être reconnue par la Commission européenne comme l’un des quatorze écosystèmes industriels européens.

    A l’heure où la #souveraineté_industrielle est mise à l’agenda, elle pourrait prétendre à une place plus importante en Europe. N’obéissant pas aux diktats financiers, les emplois de l’ESS sont le plus souvent des emplois non délocalisables. Les entreprises détenues par leurs salariés, à l’image des sociétés #coopératives et participatives (#Scop), survivent par ailleurs plus longtemps et ont une meilleure #productivité.

    L’ESS pourrait même contribuer à réconcilier l’exigence de #compétitivité avec la #transition_écologique. C’est ce que démontre un rapport d’experts européens sur les clusters d’innovation sociale et écologique (https://www.lelabo-ess.org/system/files/inline-files/ET0621205FRN.fr%20%282%29.pdf) qui, à l’instar des #pôles_territoriaux_de_coopération_économique (#PTCE) en France, regroupent une diversité de parties prenantes (ESS, entreprises, société civile, pouvoirs publics, enseignement et recherche) pour « améliorer la prospérité et la régénération économique, écologique et sociétale locale en facilitant la coopération, la mise en commun des ressources et le renforcement des capacités d’innovation ».

    Ainsi, plutôt que de chercher à détruire l’écosystème de l’ESS sous couvert de #simplification, les représentants de la nation devraient au contraire le renforcer. Une solution simple et sans surcoût serait de réorienter vers les Cress une part de la taxe parafiscale1 attribuée aux CCI et aux CMA correspondant aux contributions des organisations de l’ESS. Aux élus de retrouver leur boussole républicaine.

    https://www.alternatives-economiques.fr/timothee-duverger/imite-trump-attaque-less/00114509
    #économie_sociale_et_solidaire #France #attaque

  • Imaginer le futur agricole et alimentaire des territoires
    https://metropolitiques.eu/Imaginer-le-futur-agricole-et-alimentaire-des-territoires.html

    Comment rapprocher production agricole et #alimentation ? À partir d’une expérience #prospective menée avec des acteurs locaux, l’article explore la richesse de leurs récits du futur et les alternatives qu’ils proposent au système en place. Dossier : Transformer le #système_alimentaire ? Les impacts négatifs du régime socio-écologique dominant sont largement documentés, tant sur le plan social qu’environnemental (GIEC 2022 ; IPBES 2019). Dans le cas du système agri-alimentaire, l’un des enjeux identifiés #Terrains

    / alimentation, #agriculture, système alimentaire, prospective, #récit, #transition_socio-écologique, (...)

    #France
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_barataud.pdf

  • « #Covas_do_Barroso », un docu-western sur la face sombre de la #transition_énergétique au #Portugal

    https://www.youtube.com/watch?v=ZklsYH2S58Y

    Le réalisateur #Paulo_Carneiro sort le 26 mars un film choral qui remet en scène la résistance d’un village portugais contre un mégaprojet de #mines de #lithium porté par la multinationale britannique #Savannah.

    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/260325/covas-do-barroso-un-docu-western-sur-la-face-sombre-de-la-transition-energ
    #film #énergie #résistance #extractivisme #lutte

  • Transformer le système alimentaire ?
    https://metropolitiques.eu/Transformer-le-systeme-alimentaire.html

    En #France, le #système_alimentaire hérité du XXe siècle pose des problèmes de santé publique et de respect de la biosphère. Comment le transformer ? Ce dossier met en lumière de nouvelles façons d’aménager les villes pour en faire des territoires nourriciers et les adapter aux crises contemporaines. ▼ Voir le sommaire du dossier ▼ En 2021, 14,2 millions de tonnes de produits agricoles et alimentaires ont été importées pour nourrir les Franciliens (Mariasine et al. 2024). Ces aliments ont été produits à une #Dossiers

    / #agriculture_urbaine, système alimentaire, #alimentation, #urbanisme, #projet_urbain, #transition_socio-écologique, #crise, (...)

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_introdossier_syst_alim.pdf

  • Rien trouvé dans la presse pour le moment, mais bientôt une avalanche de vélos-cargos « gratuits » ?

    Dans le cadre des #CEE, et pour la dernière année de la 5ème période du dispositif, viennent de sortir trois arrêtés qui modifient les opérations éligibles. Pas trouvé d’infos à jour sur les sites des ministères, mais un résumé ici :
    https://www.centre-val-de-loire.developpement-durable.gouv.fr/le-dispositif-de-certificats-d-economies-d-energie-a4946.html

    Cette révision introduit notamment au 1er janvier 2025 l’opération n° TRA-EQ-131, soit le financement de l’"achat ou location, par une personne morale, de vélos-cargos neufs ou reconditionnés", à hauteur de 673€ max.

    Tous les professionnels, personnes ou sociétés détentrices d’un numéro de SIRET, sans restriction de secteur d’activité, et a priori sans aucun autre justificatif, vont donc pouvoir sur simple demande se faire livrer leur vélo-cargo « gratuit ». Ou des tombereaux de vélos-cargos « gratuits », selon la taille de la boite, puisque la limitation serait à un vélo par salarié...

    • Ont donc fleurit ces dernières semaines quelques sites montés à l’arrache, au WHOIS masqué, sans coordonnées ni nom de société (ni mentions légales ni politique de confidentialité évidemment…)

      copecocargo - Registered On : 2025-02-10
      voelio - Registered On : 2025-01-19
      velo-gratuit - Registered On : 2025-02-10
      velo-cargo-gratuit - Registered On : 2025-02-10

      Avec éventuellement quelques faux « témoignages » de clients satisfaits (parce qu’il n’y a certainement pas encore eu un seul vélo de livré).
      Probablement pas même en stock ni commandés (d’ailleurs sur ces sites aucune description d’un modèle proposé), c’est juste la course pour se positionner au plus vite et espérer pouvoir empocher sa part du pactole.

    • C’est un voisin qui m’a appelé pour me dire qu’il avait « un cadeau pour moi ».
      Qu’il avait été missionné par une boite pour écouler au plus vite 5000 de ces vélos-cargos « gratuits ».
      Que cette seule boite espérait en faire livrer quelque chose comme 150000.
      Qu’au prix de sa commission, il ne pourrait se permettre de faire du porte-à-porte, mais devait plutôt démarcher des grosses structures ("j’ai fait ** hier, 300 membres du personnel, 100 vélos-cargos réservés").

      Cette boite a bien une adresse postale en région parisienne, et se dit spécialiste en revente de produits liés à la transition énergétique pour « lutter contre le changement climatique » et « pour un futur plus vert », qui vont, selon le sens du vent fiscal du moment, de la chaudière à granulés au radiateur-à-un-euro, en passant par les spots à leds et donc désormais les vélos-cargos. Comprendre : spécialiste en extraction de bénéfices sur les millions d’aides que génère cette « #transition_énergétique ».

      Pour l’opération vélos-cargos qui est en train de se monter, c’est avec #TotalEnergies Électricité et Gaz France SA qu’ils font affaire.

      #greenwashing

  • « La #République_démocratique_du_Congo est une réserve pour les dominants »

    Dans « Barbarie numérique, une autre histoire du monde connecté », le sociologue Fabien Lebrun explique comment la révolution numérique est depuis trente ans l’une des causes des guerres dans l’est de la RDC, où une grande partie des #minerais nécessaires sont disponibles.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/270125/la-republique-democratique-du-congo-est-une-reserve-pour-les-dominants
    #RDC #guerre #extractivisme #numérique #conflits

  • Entretien avec Celia Izoard : « L’exploitation minière, un modèle intrinsèquement prédateur et destructeur » - POLITIS
    https://www.politis.fr/articles/2025/01/entretien-celia-izoard-mine-exploitation-ce-modele-est-intrinsequement-preda

    très très bel interview de Célia Izoard

    Une nouvelle ruée minière a lieu dans le monde, au nom de la transition énergétique. Une fausse solution et des politiques mensongères que décrypte la journaliste et philosophe Celia Izoard.

    Vanina Delmas 
    • 8 janvier 2025

    Drapeau d’opposants à la mine de lithium dans l’Allier, dans la commune d’Échassières.
    © Tristan Dereuddre
    Dans le même dossier…

    Dans l’Allier, le lithium mine la transition énergétique
    L’urgence de lutter contre le changement climatique et de sortir du tout-pétrole est brandie comme un prétexte en or pour justifier le nouvel essor de l’industrie minière. Dans son livre enquête La Ruée minière au XXIe siècle, Celia Izoard décrit avec acuité les ravages environnementaux de ces mines à ciel ouvert présentées comme « vertes », notamment celles de Rio Tinto et de Cobre Las Cruces, en Andalousie, région touchée par des sécheresses à répétition. Mais aussi le désastre social et humanitaire, comme au Maroc, dans la mine de Bou-Azzer où les mineurs travaillent comme des forçats, au contact de polluants, pour sortir des tonnes de cobalt, indispensable aux véhicules électriques.

    La ruée minière au XXIe siècle. Enquête sur les métaux à l’ère de la transition, Celia Izoard, Seuil, 344 pages, 2024.
    Votre livre La Ruée minière au XXIe siècle. Enquête sur les métaux à l’ère de la transition, déconstruit les mythes concernant l’industrie extractive, notamment l’idée que les mines appartiennent au passé. Vous montrez qu’il n’y a jamais eu de rupture. Comment s’est passée cette continuité ?

    Celia Izoard : Le capitalisme industriel est fondé sur l’extraction de minéraux et la maîtrise des hautes températures que nécessite la métallurgie, et cette dépendance n’a cessé de s’amplifier. À la fin du XVIIIe siècle, l’alliance du fer et du charbon a permis l’émergence des forces productives et de ce mode de vie qui menace aujourd’hui les conditions d’habitabilité de la planète. Le boom de l’après-guerre a engendré un changement d’échelle monumental : nous sommes passés des mines souterraines à la généralisation de la mine à ciel ouvert. Ce modèle d’extraction ultra-mécanisé a permis de disperser les mineurs, cette masse de travailleurs qui, en s’unissant, avait réussi à acquérir des droits qui sont ensuite devenus la base des régimes de protection sociale dans plusieurs pays.

    Dans les mines d’aujourd’hui, chaque jour, ces gigantesques machines sortent des centaines de milliers de tonnes de roches, qui sont broyées et trempées dans des bains chimiques. Les mines recrachent des boues toxiques, des dizaines de milliers de tonnes de résidus qui remplissent des vallées, retenus par des barrages. Régulièrement, et de plus en plus à cause de l’instabilité climatique, ces barrages cèdent et détruisent parfois des centaines de kilomètres de cours d’eau. Ce modèle est intrinsèquement prédateur et destructeur, parce qu’il est fondé sur la mobilisation de quantités énormes de matière et de ressources.

    Pourquoi la production minière a-t-elle doublé au cours des dernières années dans le monde et ne cesse-t-elle d’augmenter ?

    Regardons autour de nous : toutes les productions augmentent, les appareils électroniques, les avions, les satellites, les infrastructures électriques, la 5G, les caméras, les écrans publicitaires… Nous vivons un déferlement d’objets qui consomment des minéraux, que ce soit pour fabriquer des couleurs, des composants électroniques, des câbles électriques. L’aéronautique et l’aérospatiale, par exemple, sont des secteurs basés sur l’extractivisme. Airbus, qui produit 700 avions par an, est l’une des sociétés les plus consommatrices de métaux au monde. Dans un A380, vous avez 80 tonnes d’aluminium-lithium, 18 tonnes de titane, etc.

    Sur le même sujet : Et si on pouvait arrêter de polluer avec nos outils numériques ?
    Quant au secteur du numérique, c’est un véritable gouffre pour les métaux, en particulier les data centers. Chacun de ces immenses entrepôts remplis de serveurs contient des milliards de composants qui contiennent chacun des dizaines de métaux différents, utilisés en alliages sous forme de trace, donc irrécupérables. Par exemple, dans une petite puce, vous trouverez de l’arsenic ou de l’or, disséminés à l’échelle du microgramme, parfois du nanogramme. De plus, pour éviter les pannes, les entreprises du cloud comme Amazon renouvellent ces serveurs tous les trois ans et doublent l’alimentation électrique en stockant des tonnes de batteries qui contiennent donc du lithium, du cobalt, du manganèse, du graphite, du nickel, etc.

    Comment s’est imposée l’idée que les mines sont le prix à payer pour réussir la transition énergétique ?

    Le monde de l’entreprise a interprété l’accord de Paris sur le climat à sa façon, c’est-à-dire en considérant que la baisse des émissions de GES ne devait en aucun cas affecter la croissance, mais qu’elle pouvait être l’occasion de créer un nouveau marché de l’énergie en développant à toute vitesse les technologies dites bas carbone. Comme ces technologies sont intensives en métaux, en particulier la voiture électrique, l’industrie minière s’est engouffrée là-dedans avec le concept de « métaux pour la transition ».

    La catastrophe climatique devrait nous obliger à faire le bilan de notre rapport à l’extraction de fossiles et de métaux.

    En 2017, la Banque mondiale a lancé une campagne en ­partenariat avec le principal lobby minier au monde, dans lequel on retrouve les entreprises d’extraction Glencore ou Orano. Ils ont produit un rapport sur la transition qui affirme que les mines sont nos meilleures alliées pour résoudre le réchauffement climatique. Cette promesse s’appuie sur l’idée qu’il pourrait exister des mines et de la métallurgie bas carbone : ce qui n’a pour l’instant aucune réalité, ce sont les secteurs qui émettent le plus de CO2 au monde. Donc tout repose sur les promesses de l’industrie minière d’améliorer ses pratiques alors que c’est l’une des plus opaques du monde.

    Sur le même sujet : Exploitation minière : 20 milliards sous les mers
    La catastrophe climatique devrait nous obliger à faire le bilan de notre rapport à l’extraction de fossiles et de métaux, et à nous pencher sur des mondes qui auraient extrait et produit de manière plus modeste. Or, c’est l’inverse qui se produit, et au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Il faut démontrer que l’extraction minière est complètement contre-productive pour lutter contre les émissions de GES, et l’ampleur des violences qu’elle engendre.

    Que voulez-vous dire ?

    Quand on crée un parc automobile électrique en France ou en Allemagne, on ne fait que délocaliser les émissions carbone vers les pays producteurs de métaux. Pour extraire des matières premières, on détruit les puits de carbone naturels que sont les forêts tropicales de l’Indonésie ou du Brésil, les tourbières et les forêts boréales du Canada.

    Sur le même sujet : Voiture électrique : les effets pervers d’une révolution
    On construit des routes, des barrages hydroélectriques et des usines. Souvent, cela va de pair, comme en Inde, avec une militarisation et une politique de terreur. Dans plus de la moitié des cas, ces mines sont créées sur les terres collectives de peuples autochtones, dont les pratiques de subsistance et la culture sont détruites par ces projets qui servent in fine à produire des SUV de deux tonnes pour des Européens.

    La voiture électrique est la quintessence du mode de vie impérial.

    La voiture électrique est la quintessence du mode de vie impérial. Mais l’argument de chercher des métaux pour la transition est aussi le prétexte à approvisionner l’ensemble des industries occidentales, menacées par une crise des matières premières du fait de la guerre commerciale avec la Chine. Les « mines pour la transition » sont souvent tout autant des mines pour les data centers, les avions et les satellites.

    Qu’en est-il de la politique minière sur le territoire français ? 

    Ces dernières années, il y a eu deux moments : en 2010-2012, Arnaud Montebourg a tenté de mener une relance minière avec l’argument de créer des emplois, mais les populations s’y sont opposées. Une nouvelle tentative est menée depuis 2022, cette fois avec l’argument de la transition. Le projet phare est l’ouverture de la mine de lithium dans l’Allier par l’entreprise Imerys, vitrine d’une relance minière plus vaste avec d’autres projets portant sur des métaux précieux comme l’or en Bretagne, dans le Rhône, le Massif central, en Dordogne…

    Sur le même sujet : Dans l’Allier, le lithium mine la transition énergétique
    Ce nouvel argumentaire autour des mines pour la transition est dénué de fondement. Le lithium pourrait éventuellement participer à une décarbonation, mais cela supposerait d’investir massivement dans les transports en commun et les vélos cargo et dans de petits véhicules électriques uniquement. Tant qu’il n’y aura aucun arbitrage sur la consommation de lithium et les besoins, celui-ci servira à produire des batteries pour des SUV, des drones et des aspirateurs robot qui n’ont aucun rapport avec la lutte contre les émissions de GES.

    Un autre mythe qui s’est propagé repose sur l’idéal de la mine propre, verte, durable.

    J’ai enquêté pour le média Splann ! sur une mine en Bretagne, gérée par Imerys, qui prétend n’avoir presque aucun impact sur l’environnement. Il s’agit de la mine de Glomel, dans les Côtes d’Armor, qui est définie comme une carrière d’un point de vue administratif, mais qui est en réalité une mine à ciel ouvert où l’on extrait de l’andalousite, un minéral industriel. Lors de mon enquête, j’ai découvert l’ampleur de la minimisation des impacts environnementaux, car tout est fondé sur l’autocontrôle. J’ai réalisé des prélèvements des sédiments dans le lit de la rivière en aval : j’ai trouvé du cadmium, du cobalt, des métaux lourds cancérigènes. Les taux de nickel dépassent de 20 à 60 fois les valeurs guides pour le bon état écologique des cours d’eau. Ce qui est très préoccupant puisqu’on est à l’amont des stations de pompage d’eau potable.

    Aujourd’hui, les mines réapparaissent réenchantées par la promesse « responsable ».

    Pourquoi est-il important de réfléchir à l’imaginaire collectif lié à la mine ?

    Sur le plan philosophique, il est fascinant de voir comment elle a pu tour à tour apparaître et disparaître dans l’imaginaire collectif occidental. Pendant les années 1980-1990, les mines sont devenues « du passé » alors qu’elles n’ont jamais été si grandes et si destructrices pour les peuples d’Amazonie ou de Papouasie, par exemple. Aujourd’hui, les mines réapparaissent réenchantées par la promesse « responsable » et auréolées de la mission salvatrice de la transition. Cette fiction est tout aussi irréelle que la fable précédente.

    Par Vanina Delmas

    #Celia_Izoard #Mines #Ecologie #Transition #Arnaque

  • General Electric coupe le courant de la filière française des éoliennes en mer | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/general-electric-coupe-courant-de-filiere-francaise-eoliennes-me/00113518

    Le 13 Janvier 2025

    Malgré un marché porteur, General Electric souhaite fermer deux usines françaises productrices d’éoliennes en mer, ce qui menace une industrie stratégique pour la transition énergétique.

    Passqueue lainairjie couteuh trau chair de ceux cauté de l’océan

    • L’attribution du premier parc, à Saint-Nazaire, en 2011 a donné naissance à une filière nationale sous l’égide d’Alstom… dont les usines ont été vendues à GE en 2014, en même temps que les fameuses turbines Arabelle utilisées dans le nucléaire.

      Dix ans après cette acquisition et malgré un marché porteur, GE n’en finit pas de sacrifier les vestiges d’Alstom. La multinationale, fragilisée par la crise des subprime, affichait une dette de 550 milliards de dollars en 2008.

      Pourtant, « pendant des années, GE a continué à verser autant de dividendes alors que ses revenus baissaient de moitié. La bulle a explosé peu après le rachat d’Alstom », développe Cyrille Gohier.

      GE a dû alors vendre de nombreuses branches et réduire les coûts pour se relancer, et en 2024, GE se scinde en trois entités : pharmaceutique, aérospatial et énergie. Cette dernière, dénommée Vernova, a été introduite en Bourse en avril.

      Son cours a presque triplé, passant de 126 à 340 dollars, car « le storytelling autour de la décarbonation passe très bien auprès des investisseurs », estime le syndicaliste, selon lequel ces performances boursières « ne reflètent pas l’état de l’entreprise ».

      D’autant que « les actionnaires, principalement des fonds de pension américains, dont Blackrock, exigent des marges énormes, inadaptées au temps long de l’industrie ».

      https://justpaste.it/dnt4e

      #General_Electric #Alstom #transition_énergétique #éolien_off-shore

      Juste se rappeler que #Emmanuel_Macron a été un acteur majeur dans ce processus de « trahison énergétique ».

  • #Neutralité_carbone et #libéralisation ferroviaire : aux origines de la schizophrénie

    D’ici 2050, l’Union européenne vise la neutralité carbone. D’ici 2050, l’Union européenne vise également l’ouverture à la #concurrence dans le domaine du ferroviaire. Depuis des décennies, elle exerce une pression croissante sur l’État français pour qu’il mette à bas le #monopole de la #SNCF. Dans La révolution ratée du transport ferroviaire au XXIe siècle (Le bord de l’eau, 2024), Chloé Petat, co-rédactrice en chef du média Le temps des ruptures, analyse ce processus et met en évidence son incompatibilité avec la #transition_écologique. Extrait.

    Le #fret, levier incontournable de la transition écologique

    L’Union européenne et la France se sont fixés d’importants objectifs de réduction des gaz à effet de serre : pour la France, atteindre la neutralité carbone en 2050 avec une réduction de 37,5% de ses émissions d’ici 2030. L’Union européenne, quant à elle, avec le plan « Ajustement à l’objectif 55 » souhaite réduire de 55% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Elle va même plus loin dans le Green Deal avec un objectif de fin des émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici 2050. L’Union européenne souhaite devenir le « premier continent neutre pour le climat ».

    Pour ce faire, l’Union se fixe plusieurs objectifs de réduction dans un certain nombre de secteurs. Les transports, qui représentent aujourd’hui 30% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, sont forcément dans son viseur : « la #décarbonation du secteur des transports est essentielle pour atteindre les objectifs climatiques de l’Union européenne ». Parmi les différents transports, toujours au niveau national, 72% des émissions sont attribuables au transport routier, alors que le transport ferroviaire n’est responsable que de 1% des émissions totales.

    En effet, en comparaison, un #TGV émet cinquante fois moins de CO² par kilomètre que la voiture, vingt-cinq fois moins qu’en covoiturage et huit fois moins qu’en bus. Un train de fret émet dix fois moins de CO² par kilomètre que le nombre de poids lourds nécessaire pour transporter le même total de marchandises. Toutefois, les trains roulant majoritairement à l’#électricité, les émissions dépendent fortement du mix énergétique du pays et de sa décarbonation.

    Du fait de son faible impact écologique, l’Union s’est fixé comme objectif d’augmenter, voire de doubler la part modale actuelle du transport ferroviaire. Cet objectif est nécessaire pour permettre les mobilités tout en réduisant leur impact écologique. Pour autant, l’Union et la France ne se donnent pas réellement les moyens de réduire les émissions dans le secteur des transports.

    Au-delà de ses impacts climatiques, le transport routier est source de nombreuses externalités négatives dont la collectivité paie le coût : bruits, pollution, accidents routiers, embouteillages etc. Selon l’Alliance 4F, groupement qui réunit les acteurs du fret ferroviaire, sur la période 2021-2040, ces externalités coûteront entre 16 et 30 milliards d’euros. En Europe, ce coût est estimé à 987 milliards par an, dont 19% est imputable au transport de marchandises. Il faut aussi mentionner la destruction des surfaces agricoles, pour pouvoir y réaliser des infrastructures routières : le réseau ferroviaire occupe 2% des surfaces de transport, quand la route en occupe 70% au niveau européen.

    Autre élément majeur à prendre en compte : la consommation d’énergie. Nous vivons dans une société où le coût de l’énergie ne cesse d’augmenter, comme en témoignent les augmentations successives auxquelles nous faisons face depuis plusieurs années. Nous devons également, dans une perspective écologique, réduire notre dépendance aux énergies fossiles.

    Le secteur des #transports est très énergivore, surtout le transport routier : pour un kilogramme équivalent pétrole, un camion peut transporter une tonne de marchandises sur 50 kilomètres, alors que le ferroviaire peut en transporter 130. En effet, le train dispose d’une capacité de transport plus importante, et le réseau français est majoritairement électrifié. Un nouvel avantage du ferroviaire, vers lequel nous devons tendre : l’électrification des secteurs, grâce à un mix énergétique décarboné, permettrait une réduction importante de l’impact carbone, et de la dépendance aux énergies fossiles. Pour autant, il faudra paradoxalement produire davantage d’énergie : il faut donc pouvoir adopter le bon mix énergétique en réduisant la part des énergies fossiles, tout en capitalisant, augmentant à la fois la part de l’énergie nucléaire et des énergies renouvelables, en adéquation avec les besoins réels.

    Aux origines du #démantèlement

    Un autre scénario serait de réduire nos déplacements, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports. Cette option est utopique. Même si les déplacements des pays occidentaux se réduisaient, nous ne pourrions empêcher la mobilité croissante des autres pays du monde, notamment ceux en développement. Cela semble d’autant plus utopique au regard des prévisions démographiques : le Conseil général des Ponts et Chaussées indique qu’un Français parcourait 14 000 kilomètres par an en 2000, et 20 000 en 2050. Comment conjuguer l’augmentation de la demande de transports et nos objectifs de réduction de gaz à effet de serre ? Dans le secteur des transports, le ferroviaire est le meilleur candidat.

    Depuis les années 1950, alors qu’elle était majoritaire, la part modale du fret ferroviaire dans le total des échanges de marchandises n’a fait que baisser en France et en Europe. L’ouverture à la concurrence, effective totalement depuis 2005/2006, n’a fait qu’accentuer ce déclin, contrairement aux tendres rêveries de nos dirigeants français et européens.

    Aujourd’hui, le bilan est sans appel : c’est un fiasco et la part modale du #transport_de_marchandises par train est de 9% contre 89% pour la route.

    Pire, #Fret_SNCF est aujourd’hui accusé par la Commission européenne d’avoir bénéficié de subventions allant à l’encontre du principe de la concurrence libre et non faussée. Afin de la satisfaire, Clément Beaune a annoncé en mai 2023 la prochaine réforme de Fret SNCF1, qui va lui porter un coup de grâce et causer la banqueroute de notre entreprise nationale, synonyme également de plus de camions sur la route.

    L’Union souhaite que la part modale du fret atteigne 30% d’ici la fin de la décennie en cours : c’est effectivement ce qu’il faut viser, mais la stratégie de l’Union européenne pour y arriver est inadaptée. Il faut se rendre à l’évidence : aucune des réformes de ces vingt dernières années n’est allée dans ce sens. A commencer par l’ouverture à la concurrence du fret, bien que présentée comme une solution miracle par l’Union européenne.
    Le fret se rapproche du ravin

    La #Commission_européenne a ouvert en janvier 2023 une procédure d’examen à l’encontre de Fret SNCF. L’entreprise est accusée d’avoir bénéficié d’aides financières de l’Etat français allant à l’encontre du principe de la libre-concurrence en ne respectant pas l’article 107 du TFUE : on parle de l’annulation de la dette de l’entreprises en 2019, d’un montant d’environ 5 milliards d’euros, ou encore de sommes versées en 2019 pour permettre la recapitalisation de l’entreprise. D’autres entreprises ferroviaires, comme la DB Cargo, filiale de la DB, sont aussi dans le viseur de la Commission. Le verdict n’a, en date de mai 2024, pas encore été rendu2.

    Comment l’#Union_européenne peut-elle se donner de tels objectifs de réduction de gaz à effet de serre dans le domaine des transports, tout en lançant des enquêtes, dont les sanctions aboutissent au démantèlement du fret et à un report modal énorme vers le routier ?

    Pour faire passer la pilule à la Commission, le gouvernement en la personne de l’ancien ministre délégué des Transports, Clément Beaune, a annoncé un grand plan de refonte de Fret SNCF. Un plan qui est censé, encore une fois, rendre ses titres de noblesse à l’entreprise. Quand on analyse son contenu, on se rend compte qu’il va plutôt contribuer à pousser Fret SNCF dans le ravin, qui n’en est d’ailleurs pas très loin. Ce plan n’est rien d’autre qu’un coup de massue.

    L’idée principale est de diviser Fret SNCF en deux entités, une en charge de la gestion du trafic, l’autre de la maintenance des matériels, rassemblées dans un groupe holding (Rail Logistics Europe) mais toujours rattachées à la maison-mère SNCF. Le capital de l’entreprise serait également ouvert à des acteurs privés, bien que la proportion n’ait pas été communiquée. Pour la gestion du trafic, encore faut-il que cette société puisse se coordonner avec SNCF Réseau, responsable de l’allocation des sillons. Le plan reste flou sur la répartition exacte des missions.

    Enfin, autre élément majeur du plan : il propose de déposséder Fret SNCF de ses activités les plus importantes et rentables financièrement. Au total, 23 des lignes les plus rentables que l’entreprise exploite aujourd’hui seraient ouvertes obligatoirement à la concurrence. La nouvelle entreprise « new fret » ne pourrait pas candidater aux appels d’offres pour ces lignes pendant 10 ans. Ces flux représentent plus de 100 millions d’euros et permettent à Fret SNCF de garder aujourd’hui la tête hors de l’eau. Les employés seraient les premiers à en subir les conséquences, du fait des réduction d’emplois et des réallocations des travailleurs vers les sociétés privées.

    Comment Fret SNCF peut-il survivre à une telle réforme ? C’est tout à fait impensable, l’entreprise n’étant déjà pas viable financièrement.

    Le rapport de la commission d’enquête du Sénat publié en 2023, précédemment cité, dénonce fortement ce plan, qui n’empêchera d’ailleurs pas la Commission de prendre des mesures pénalisantes, lorsqu’elle aura rendu les conclusions de son enquête. Le souhait du gouvernement de développer la part modale du transport ferroviaire d’ici 2030 semble encore davantage un horizon inatteignable. […]

    D’autres solutions s’offrent à nous. Face au libéralisme à toute épreuve, nous devons faire preuve de pragmatisme et penser de nouvelles réformes ambitieuses, au risque de voir le secteur ferroviaire s’effondrer. Pour répondre aux grands enjeux de notre temps : la transition écologique, le désenclavement des territoires, la réduction du coût des transports pour les foyers, ou encore le respect du droit aux vacances et à l’accès aux mobilités. La France et l’Union européenne doivent changer de cap. Des solutions existent : coûteuses oui, mais ce sont des investissements à amortir sur le long terme et qui seront suivis d’effets considérables pour la collectivité en matière écologique. Ce livre propose de nombreuses solutions, qui sont à notre portée : il ne reste plus qu’à.

    Notes :

    1 Cette réforme va finalement entrer en vigueur en janvier 2025.

    2 Cette réforme va entrer en vigueur en janvier 2025 et va séparer FRET SNCF en 2 entités, et ouvrir à la concurrence 23 de ses flux les plus rentables.

    https://lvsl.fr/neutralite-carbone-et-liberalisation-ferroviaire-aux-origines-de-la-schizophren
    #train #transport_ferroviaire

    • La révolution ratée du transport ferroviaire au 21e siècle

      A l’heure du réchauffement climatique, le transport ferroviaire apparaît comme une alternative permettant de réduire considérablement les gaz à effet de serre liés aux transports et aux échanges. Pourtant, l’ouverture à la concurrence imposée par l’exécutif et Bruxelles semble contre-productive à son développement. Cela est d’autant plus étonnant au regard des objectifs stricts fixés par l’Union européenne en matière de réduction de gaz à effet de serre d’ici 2030. Au-delà de cet aspect, le transport ferroviaire pourrait avoir un impact fort sur le désenclavement des territoires, être un facilitateur des mobilités, dans un monde où les flux ne feront que s’accentuer.

      D’autres solutions s’offrent à nous. Face au libéralisme à toute épreuve, nous devons faire preuve de pragmatisme et penser de nouvelles réformes ambitieuses, au risque de voir le secteur ferroviaire s’effondrer. Pour répondre aux grands enjeux de notre temps (transition écologique, désenclavement des territoires, réduction du coût des transports pour les foyers, etc.) la France et l’Union européenne doivent changer de cap.

      https://www.editionsbdl.com/produit/la-revolution-ratee-du-transport-ferroviaire-au-21e-siecle

      #livre

  • La #Chine approuve un projet de #barrage géant au #Tibet

    Le barrage de #Motuo, dont les autorités chinoises viennent d’approuver la construction sur le haut plateau tibétain, aurait une capacité de 60 gigawatts, soit le triple du barrage des Trois-Gorges, actuellement le plus puissant du monde.

    Haut sur le plateau tibétain, là où le fleuve #Brahmapoutre s’appelle encore #Yarlung_Tsangpo, la Chine ambitionne de construire un imposant et complexe barrage, possiblement le plus puissant de la planète. L’agence #Chine_nouvelle a annoncé, mercredi 25 décembre, l’approbation par le gouvernement de ce projet évoqué depuis plusieurs années, un pas de plus dans la course chinoise à la construction de #retenues_hydroélectriques sur le haut des grands fleuves d’Asie.

    La Power Construction Corporation of China estimait dès 2020 que cet ouvrage, le #barrage_de_Motuo, pourrait avoir une capacité de 60 gigawatts, soit le triple du barrage des Trois-Gorges, actuellement le plus grand du monde. « Il s’agit d’une contribution majeure à la transition de la Chine à une #énergie_verte et bas carbone », faisait valoir, mercredi, l’agence officielle.

    Le fleuve prend sa source dans la région autonome du Tibet qu’il traverse d’ouest en est. Il forme le plus profond #canyon du monde, d’où l’intérêt de la Chine pour sa pression hydraulique, en particulier sur une section où il perd 2 000 mètres de dénivelé sur une distance de seulement 50 kilomètres. C’est là, alors que le fleuve effectue un virage majeur, que les ingénieurs chinois creuseraient des tunnels d’une vingtaine de kilomètres de long à travers une montagne, le sommet himalayen #Namcha_Barwa haut de 7 782 mètres, pour détourner la moitié du courant vers des turbines et retrouver le cours plus bas. Le fleuve, le plus haut du monde, pénètre ensuite en Inde dans l’Etat d’Arunachal_Pradesh dont une zone est contestée entre Pékin et Delhi, avant de traverser l’Assam et d’arriver au Bangladesh.

    Politique du fait accompli

    La Chine ne donne pas de calendrier précis ni de détails clairs sur le projet, un flou de communication qui n’est pas anodin. L’évocation du projet dès 2020 avait suscité de vives réactions de la part de l’#Inde s’inquiétant du contrôle chinois sur des eaux vitales pour le sous-continent indien. Pékin se garde donc d’en dire trop avant que ses chantiers ne soient bien avancés, pratiquant une politique du fait accompli.

    Ce projet n’en est qu’un parmi une longue série sur les fleuves prenant leur source sur le Toit du monde, à l’heure où la Chine, encore dépendante à un peu moins de 60 % du charbon pour sa production d’#électricité, accélère ses investissements dans les #énergies_renouvelables. « La Chine considère que l’#hydroélectricité issue de cette zone et transférée ensuite vers l’est du pays est un des moyens de réduire sa dépendance aux #énergies_fossiles, même si les populations locales s’en trouvent affectées », constate Amit Ranjan, un chercheur spécialisé dans la géopolitique des cours d’eau en Asie à l’université nationale de Singapour.

    Dans un rapport rendu public le 5 décembre, l’organisation de défense des Tibétains International Campaign for Tibet relève 193 barrages construits ou en projet dans les zones tibétaines sous contrôle chinois depuis l’an 2000, dont 80 % sont de grande ampleur. Avec des risques d’exposition aux séismes, aux glissements de terrain et aux inondations, une menace pour les écosystèmes et le débit des cours d’eau et des #déplacements_de_populations tibétaines des zones concernées.

    #Répression

    Championne de l’ingénierie et des infrastructures, la Chine envisage aujourd’hui des barrages dans des zones montagneuses plus hautes, plus reculées et plus complexes alors que ses projets passés, à l’image des Trois-Gorges, quoique massifs, étaient situés plus bas sur des fleuves tels que le Yangzi et le Mékong. « La Chine a accumulé beaucoup de savoir-faire et elle est désormais convaincue de sa capacité à lancer des projets qui par le passé ne paraissaient pas envisageables », explique Dechen Palmo, une experte des barrages chinois au Tibet Policy Institute, situé dans le nord de l’Inde.

    Cette accélération inquiète les Tibétains des régions concernées. Le 14 février, plusieurs centaines de résidents s’étaient rassemblés devant le siège du gouvernement local à Dege, une région tibétaine de la province du Sichuan, pour demander la suspension du chantier de barrage de 1 100 mégawatts de #Gangtuo (Kamtok en tibétain) sur la rivière #Jinsha. Il s’agit de l’une des treize retenues prévues sur ce cours d’eau, qui n’est autre que le haut #Yangzi. Plus de 4 000 personnes doivent être déplacées. Les locaux craignent la disparition d’au moins deux communes et de six monastères, dont celui de Wontoe avec ses fresques murales datant du XIIIe siècle.

    Sur les vidéos des mobilisations de début 2024, on voit des Tibétains s’agenouiller pour implorer les officiels de suspendre le chantier. Mais sur le plateau tibétain, l’expression d’inquiétude de la population, qui ailleurs en Chine pourrait être perçue comme légitime, sur l’environnement ou la situation des personnes affectées, n’est lue qu’au prisme de la sécurité nationale, donc vivement réprimée. Des centaines de personnes ont été détenues durant les semaines qui ont suivi. Dans une lettre adressée en juillet, plusieurs rapporteurs spéciaux des Nations unies sur les droits fondamentaux s’inquiétaient des violents coups subis au cours de ces détentions policières et de constater que tous les détenus n’avaient pas été libérés.

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/12/27/la-chine-approuve-un-projet-de-barrage-geant-au-tibet_6469838_3244.html
    #barrage_hydro-électrique #transition_énergétique #résistance

  • #Géothermie au Japon : quand le #capitalisme_du_désastre menace les #montagnes_sacrées

    🌋 #Géothermie au #Japon : sous couvert de transition énergétique 🌱, un #capitalismedudésastre menace les montagnes sacrées 🏔️ et les #onsen 🛁. Tradition vs profit : jusqu’où ira-t-on pour « décarboner » ? 💡⚡

    L’article d’Eric Johnston sur la géothermie au Japon met en lumière une tension fondamentale entre la #transition_énergétique et les enjeux culturels et environnementaux. Cependant, une lecture critique révèle une dynamique plus sombre : celle d’un capitalisme du désastre, concept popularisé par Naomi Klein, où des crises ou des impératifs globaux servent de prétexte à des transformations brutales, souvent au détriment des communautés locales.

    Au nom de la #décarbonation et de la #neutralité_carbone d’ici 2050, le gouvernement japonais envisage d’exploiter les #ressources_géothermiques situées dans des zones protégées ou proches des #onsen, joyaux culturels et touristiques. Ces projets, bien qu’ambitieux, s’inscrivent dans une logique où l’urgence climatique devient un levier pour imposer des réformes économiques ultra-libérales. Sous couvert de #revitalisation_rurale, ces initiatives risquent de sacrifier des patrimoines naturels et culturels sur l’autel de la #rentabilité.

    Les résistances locales, notamment celles des propriétaires d’onsen, sont présentées comme des obstacles à surmonter plutôt que comme des voix légitimes. Cette approche reflète une stratégie typique du capitalisme du désastre : « déplacer les montagnes sacrées » pour ouvrir la voie à une #exploitation industrielle, sans réelle considération pour les conséquences sociales ou environnementales. Loin d’être un simple débat énergétique, cette situation illustre une tentative de #colonisation_économique où le #profit prime sur le #bien_commun.

    Citations :
    [1] https://www.scienceshumaines.com/la-strategie-du-choc-la-montee-d-un-capitalisme-du-desastre_fr_224
    [2] https://www.economia.ma/content/le-capitalisme-du-d%C3%A9sastre-0
    [3] https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Strat%C3%A9gie_du_choc
    [4] https://reporterre.net/Le-capitalisme-nous-conduit-au-desastre
    [5] https://cdurable.info/la-strategie-du-choc-naomi-klein-la-montee-du-capitalisme-du-desastre1010
    [6] https://journals.openedition.org/developpementdurable/7533
    [7] https://cerclearistote.fr/produit/sortir-du-capitalisme-du-desastre-philippe-murer

    https://homohortus31.wordpress.com/2024/12/22/geothermie-au-japon-quand-le-capitalisme-du-desastre-menace-

    #montagnes #montagne #Japon #patrimoine_naturel #patrimoine_culturel #résistance

  • "Le travail de mémoire est une étape fondamentale dans la reconstruction de soi."

    Renée Dickason, professeure en civilisation et histoire contemporaine à l’Université Rennes 2, porte le projet aLPHa, lauréat en février 2023 de l’appel émergence TISSAGE. Ce financement va permettre de franchir une première étape dans l’impulsion d’un projet de création de #Mémorial vivant virtuel des survivant·es de viol(ence)s, sous le patronage du Pr. Dr. #Denis_Mukwege, prix Nobel de la Paix et Docteur Honoris Causa de l’Université Rennes 2.

    Votre projet, aLPHa, est lauréat de l’appel émergence TISSAGE (https://www.univ-rennes.fr/saps-tissage). C’est le premier jalon d’un projet plus vaste de création de « Mémorial vivant virtuel des survivant·es de viol(ence)s », sous le patronage du Pr. Dr. Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix. De quoi s’agit-il précisément ?

    Renée Dickason. Notre projet porte sur une réalité sociale lourde : les viols et les #violences faites aux femmes, aux enfants, aux vulnérables, abordés à travers les #témoignages de survivant·e·s (terme de Denis Mukwege) dans des situations de #guerres, de #conflits et de #paix.

    Face à ce problème de société prégnant, aux enjeux multiples, nous avons souhaité développer un agir collectif qui fasse société en nous concentrant sur la #libération_des_paroles, le #recueil des #mots substantialisant les #maux et la nécessaire #mise_en_mémoire de ces témoignages dans l’écriture d’une histoire singulière, plurielle et tout à la fois universelle.

    C’est dans ce cadre que nous avons déposé une réponse à l’appel à projets « émergence » de recherches participatives TISSAGE (Triptyque Science Société pour Agir Ensemble) : le projet aLPHa, qui a été retenu par le jury. Suite à la signature d’une convention bipartite, il est prévu que nous bénéficions d’un accompagnement financier d’amorçage d’un montant de 3 000 euros.

    aLPHa s’inscrit dans une dynamique globale autour de la lutte contre les #violences_genrées, en particulier celles à l’encontre des femmes, quel que soit le contexte culturel, géopolitique, social ou sociétal considéré, le phénomène étant universel.

    aLPHa a été imaginé comme un laboratoire co-partenarial d’expérimentations à ciel ouvert, qui constitue, en effet, un premier jalon, assez modeste car naissant, mais utile pour impulser un projet d’une envergure plus large qui nécessitera des financements pérennes, celui de la création progressive d’un Mémorial vivant virtuel des survivant·e·s de viol(ence)s, sous le patronage du Pr. Dr. Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix et Docteur Honoris Causa de l’Université Rennes 2 (octobre 2022).

    Dans le cadre du projet aLPHa, nous espérons tisser des liens, recueillir des soutiens et ouvrir nos collaborations à des acteurs locaux et régionaux de la société civile, à des associations sur les droits humains et/ou qui interviennent à différents stades de la #réparation, de la #reconstruction ou de l’#accompagnement des #victimes / survivant·e·s de viol(ence)s, ou encore à des entreprises responsables et sincères, des responsables du secteur privé sur le territoire breton et des élus locaux…

    Phénomènes malheureusement universels, les violences sexuelles sont des expériences banalisées et souvent réduites au silence. Elles présentent des similarités malgré la pluralité des contextes où elles ont lieu. Dans le cadre d’aLPHa, nous allons entamer une série d’entretiens de survivant·e·s, réfugié·e·s, exilé·e·s, migrant·e·s, accompagné·e·s et suivi·e·s dans différentes structures, à Rennes. Nous allons aussi organiser, avec plusieurs membres fondateurs de notre projet, un « atelier témoignages » avec des survivant·e·s congolaises et certain·e·s de celles et ceux qui les aident et les accompagnent.

    En prolongement, et dans un autre périmètre que celui du projet aLPHa, le recueil de témoignages se fera aussi sur les lieux des exactions ou dans des zones de tension ou dans des structures de prise en soins, de formation ou de réinsertion, dans un but cathartique individuel et collectif, et avec une visée de reconstruction personnelle et/ou historique des faits. Tous ces aspects sont à l’étude avec des collègues médecins et psychologues, dont l’expertise permettra de se prémunir des risques (non souhaités, à l’évidence) de re-traumatisations des victimes.

    Colliger des témoignages de survivant·e·s déplacé·e·s dans leur pays, des survivant·e·s ayant vécu ou vivant dans des camps et/ou recueilli·e·s dans des centres d’accueil ou de réinsertion nécessite des partenariats multiples, qui vont s’engager en parallèle et dans la poursuite d’aLPHa. Nous avons, à cet égard, commencé à établir des conventions de recherche entre l’Université Rennes 2 et des centres en République Démocratique du Congo et au Kenya. Cette dimension du projet est soutenue et sera cofinancée par plusieurs laboratoires de l’Université Rennes 2 (ACE, ERIMIT, LIDILE, LP3C, Tempora).
    Pourquoi est-il important de mettre en mémoire la parole des survivant·es ? Comment cette mémorialisation se construit-elle ?

    R. D. Pour les victimes, les survivant·e·s de violences sexuelles (excision, viol, esclavage…), celles qui font face à des contextes de conflits notamment, il s’agit de chercher à s’échapper en s’engageant sur les chemins de l’exil et à s’extraire du trauma(tisme) ; ceci alors que viennent s’entretisser plusieurs trajectoires de violences et de vulnérabilités. Le poids du trauma(tisme) est alourdi par la souffrance psychique surajoutée qui découle de prises en soins parcellaires, de handicaps cumulés, ou encore du déracinement, de l’arrachement, voire de l’errance culturels… une pluralité de facteurs renforçant le silence, l’impossible communicabilité autour des expériences vécues.

    Il nous est apparu, après plusieurs échanges avec des personnes ayant subi des violences sexuelles et après plusieurs rencontres et discussions avec le Professeur Docteur Denis Mukwege, que le travail de mémoire est une étape fondamentale dans la reconstruction de soi, que ce soit de manière individuelle ou collective.

    Mettre en mémoire la #parole des survivant·e·s est donc une étape nécessaire qui s’ajoute à d’autres mécanismes et préoccupations qui caractérisent, par exemple, la #justice_transitionnelle et les initiatives déployées dans la quête d’une #vérité_réparatrice, le plus souvent essentiellement basée sur la reconnaissance des exactions, des violations des #droits_humains.

    La #mémorialisation se construit en plusieurs phases : dévoilement, collecte, partage, puis analyse des témoignages.

    Étape indispensable pour contribuer à la fabrique de l’Histoire face aux omerta multiples, la mise en mots des maux, la « re-visibilisation » d’une histoire invisibilisée, occultée, la libération d’une parole enfouie, cachée, parfois interdite, prolongent un cheminement personnel thérapeutique.

    Vous l’avez compris, une partie de notre projet global réside dans la collecte mais aussi dans la création d’« archives vivantes », où les témoignages de rescapé·e·s, de survivant·e·s (toujours en vie, et c’est un point d’importance !) auront une place centrale. Quatre mots-clés sous-tendent toutes leurs trajectoires : trauma(tisme), réparation, reconstruction, mémoire.

    La mise en mémoire, la mémorialisation des expériences vécues des victimes, survivant·e·s de violences sexuelles dans le contexte d’une histoire « en train de s’écrire » seront croisées avec le regard des chercheurs impliqués.

    En révélant leur #vérité_subjective, les victimes qui témoignent seront actives dans leur processus de reconstruction et dans la mise en récit d’une histoire à la fois intime, personnelle et commune. Livrant leur #vécu et celui de leurs semblables, ces #personnes-histoires-témoins contribueront, ipso facto, outre à reprendre #confiance en elles-mêmes, à faire évoluer les mentalités et les regards portés sur les survivant·e·s et les violences. Ceci d’autant que ces témoignages auront vocation à être accessibles, à terme, à un public élargi, à travers le Mémorial vivant virtuel des survivant·e·s de viol(ence)s.

    Pouvez-vous nous expliquer en quoi votre recherche est interdisciplinaire et participative ?

    R. D. Nous sommes un groupe d’universitaires, de psychologues et de médecins, venant de divers horizons disciplinaires et de différents secteurs. Nos travaux, par essence, interdisciplinaires (histoire et civilisation, anthropologie, littérature, psychologie, traductologie, médecine…) ont une finalité réflexive et éducative. Notre but est de contribuer à assurer la transmission, la bascule vers une dynamique collective de mise en partage et en expression des #expériences_vécues, afin de construire une #transition_sociale pleinement partagée, vertueuse et inclusive.

    Nos intérêts communs convergent autour d’objectifs à visée transformationnelle, des objectifs de responsabilité sociale et de développement durable tels qu’identifiés par l’ONU, des objectifs centrés sur le respect de la dignité et des droits humains, la lutte contre les violences genrées, la bonne santé et le bien-être, l’égalité de traitement et de prises en soins, une éducation de qualité, une paix responsable et pérenne.

    La nature de nos objets de recherche nous amène à nous pencher sur les interactions entre sciences et société et sur les interactions avec le tissu socio-économique et culturel, la société civile, tant pour essaimer les résultats de nos travaux que pour éveiller à certaines réalités troublantes et nécessitant une prise de conscience citoyenne, première étape dans la résolution des problèmes. Cette dimension participative est, d’ailleurs, centrale au projet aLPHa.

    Soucieux de faire évoluer les regards, les comportements et les mentalités relatifs aux questions complexes des violences sexuelles, conformément aux termes de la Charte des sciences et recherches participatives en France, nous sommes toujours sensibles à la possibilité d’ouvrir de nouveaux horizons réflexifs, de développer diverses formes de production de connaissances scientifiques, que ce soit par le truchement des arts ou par le relai d’espaces de paroles ponctuels et/ou de rencontres plus systématiques ou grâce à des collaborations entre la communauté scientifique et la société civile, telles que définies par l’UNESCO ou par le Comité économique et social européen.

    Autre précision, nos travaux sont régis par une charte éthique. Les données personnelles collectées nécessitent, en effet, une vigilance particulière du fait de leur caractère sensible, voire intime, afin de protéger la vie privée des survivant·e·s et de recueillir leur consentement et leur accord informé.

    Dans ce projet de recueil et de mise en lumière de témoignages de survivant·es – qui n’est pas sans évoquer le travail journalistique –, qu’est-ce que l’expertise des chercheur·ses vient apporter ?

    R. D. Question vaste et très intéressante qui soulève une réflexion complexe quant à la porosité des apports du travail des journalistes d’investigation, ici, face à celui des chercheurs toutes disciplines confondues… Outre le fait que les missions des uns et des autres évoluent, les attentes que l’on peut avoir d’un article rédigé par un journaliste diffèrent de celles que suscite la contribution d’un chercheur… le dialogue entre le journaliste et le chercheur enrichit indéniablement les débats et aide à faire avancer nos pensées… Le travail journalistique peut ainsi venir en complément de celui du chercheur et surtout aider à la diffusion des résultats.

    Au gré des registres abordés, de la maïeutique discursive mobilisée, des mots à appréhender, de la finesse des ressentis exprimés et de la nature des maux à guérir, la recherche au sens large du terme est protéiforme. Le travail journalistique permet, en somme de « prendre le pouls » des sujets porteurs de sens, investis par les chercheurs et/ou la société civile, de donner à voir et de questionner la diversité des perspectives dans la modalité du traitement des sujets.

    Pour faire simple, et de manière générale, dans ce type de problématique sanitaire, humanitaire, humaniste, sociétale, des correspondances peuvent se faire jour entre travail journalistique d’investigation et travail de recherche. Cela passe, par exemple, par des méthodes d’observation, de recueil de données, de conduite d’enquêtes... Par contre, les modalités d’analyse et de diffusion diffèrent. Sensibiliser, documenter, analyser, informer, alerter font certes partie du travail du chercheur, mais sa focale n’est pas la même que celle du journaliste. Ceci d’autant que la posture du chercheur, son approche, ne sont pas les mêmes selon le champ d’expertise. L’ampleur des dispositifs mis en œuvre est aussi à souligner car si le chercheur peut travailler seul, généralement, ses résultats sont ceux d’un travail d’équipe et le travail mené s’inscrit dans le temps long. Ce temps long de la recherche est, à l’évidence, un marqueur de nos réflexions de recherche autour de la mémorialisation.

    Dans une démarche de recueil et de mise en lumière de témoignages de survivant·e·s, victimes de trauma(tisme)s, des précautions s’imposent. Il s’agit pour nous de conduire des entretiens en équipe interdisciplinaire comprenant la présence de médecins et de psychologues. Au-delà de la transmission d’informations, d’analyses et de connaissances, les recherches, se nourrissant de croisements disciplinaires multiples, peuvent ouvrir des horizons et être vecteurs d’innovation grâce aux propositions/préconisations émergeant du travail mené.

    Enfin, le travail de recherche se nourrit de la confrontation à l’expertise d’autres chercheurs, d’autres cadres analytiques. Dans cette perspective, les échanges lors de divers types de manifestations scientifiques (séminaires, colloques...) ainsi que la mise en dialogue par écrits interposés (publication d’articles, de monographies) contribuent à nourrir le perfectionnement des outils d’analyse et à renouveler les questionnements. Un autre niveau est celui des productions à destination d’un public élargi (vulgarisation, « traduction » du travail de recherche par les journalistes) qui, par les allers-et-retours générés, viennent alimenter la réflexion sur la pertinence, la justesse de la démarche de recherche.
    Au-delà de sa dimension de recherche, votre projet ambitionne de proposer à l’avenir une formation aux survivant·es de violences. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

    R. D. Notre projet global, au-delà d’aLPHa donc et en complément du Mémorial, ambitionne de proposer à l’avenir une formation aux survivant·e·s de violences, une formation à visée holistique (la perspective holistique est, d’ailleurs, au cœur du modèle Panzi

    de Denis Mukwege). Selon les financements que nous pourrons réunir, il nous semble important de donner à ces victimes, ces témoins, ces survivant·e·s, des outils pratiques pouvant les aider à évoluer dans leur parcours personnel, à différents stades, dans leur cheminement, leur reconstruction et leur permettre de se prendre en charge, de faire entendre leur voix, de co-construire leur histoire individuelle et collective, d’écrire une histoire des survivant·e·s de violences, de faire évoluer les mentalités et les comportements…

    En d’autres termes, l’idée ici est d’encourager et d’outiller les survivant·e·s, de leur donner des clés pour développer un empowerment et un leadership au féminin.

    Face à l’empire du silence, il s’agirait de leur donner la chance, que certains ont voulu briser…

    … de se relever

    … de reprendre confiance en elles/eux

    … de s’émanciper

    … de faire entendre leur voix

    … d’affirmer leur place dans la société

    … de devenir des leaders de demain

    …et ainsi pour citer Denis Mukwege, « de changer le cours de l’Histoire ».

    https://nouvelles.univ-rennes2.fr/article/travail-memoire-est-etape-fondamentale-dans-reconstruction-so
    #viols #violence #survivants #VSS

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  • Immigration : Patrick Stefanini, figure de la droite, nommé pour négocier des accords de réadmission
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/11/29/immigration-patrick-stefanini-figure-de-la-droite-nomme-pour-negocier-des-ac

    Immigration : Patrick Stefanini, figure de la droite, nommé pour négocier des accords de réadmission
    Par Julia Pascual
    C’est le retour d’une figure de la droite aux affaires. Patrick Stefanini a été nommé, vendredi 29 novembre, représentant spécial du ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, avec pour mission principale « le renforcement du dispositif de réadmission des personnes en situation irrégulière », a indiqué la Place Beauvau, dans un communiqué.
    Enarque, conseiller d’Etat, préfet, M. Stefanini a eu une longue carrière à droite. Fidèle serviteur de Jacques Chirac, de Nicolas Sarkozy, d’Alain Juppé (il a été condamné en 2004 avec lui dans l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris) et de François Fillon, il a notamment été le directeur de campagne de Valérie Pécresse lorsqu’elle était candidate à l’élection présidentielle, en 2022.
    A 71 ans, après s’être reconverti dans le conseil, M. Stefanini fait son retour dans un ministère qu’il connaît bien. Il a notamment été, à la fin des années 1980, sous-directeur des étrangers et de la circulation transfrontière, mais aussi, plus tard, l’un des artisans puis le secrétaire général du ministère de l’immigration et de l’identité nationale, instauré en 2007 sous la présidence de Nicolas Sarkozy (2007-2012), et qui a consacré la concentration Place Beauvau du pilotage des sujets migratoires.
    « C’est quelqu’un de très compétent, estime Didier Leschi, directeur de l’Office français pour l’immigration et de l’intégration. Il est l’un de ceux qui réfléchissent vraiment sur les sujets migratoires. » Il y a en tout cas consacré un livre : Immigration, ces réalités qu’on nous cache, publié en 2020 chez Robert Laffont. Dans cet ouvrage, il exposait sa pensée et louait l’œuvre des anciens ministres de l’intérieur Charles Pasqua et Brice Hortefeux ou encore de Nicolas Sarkozy, lequel était, à ses yeux, « le seul président de la République à [avoir porté] une vision d’ensemble de sa politique migratoire (…) sous l’appellation d’“immigration choisie” ».
    Il y défendait aussi l’intérêt des accords de gestion concertée des flux migratoires, qui consistent à organiser des voies légales de migration et à les conditionner à une coopération du pays d’origine en matière de retour de ses ressortissants irréguliers.« C’est un homme de droite raisonnable, qui a une vision utilitaire de l’immigration. Il pense qu’on doit la freiner, même s’il sait qu’on en a besoin en matière économique », résume Jean-François Carenco, ancien préfet et ministre délégué chargé des outre-mer (2022-2023), qui a été son camarade de promotion à l’ENA.
    En 2023, alors que Gérald Darmanin était Place Beauvau et négociait les voix des Républicains pour l’adoption de sa loi sur l’immigration, M. Stefanini a été missionné, avec l’ancien ministre (de gauche) de la santé Claude Evin, pour produire un rapport sur l’aide médicale d’Etat (AME), ce panier de soins pour étrangers en situation irrégulière, dont la droite a fait un totem à abattre, symbole à ses yeux de la trop grande générosité des pouvoirs publics. Dans le rapport, publié en décembre 2023, les deux hommes convenaient de l’utilité sanitaire de l’AME et relativisaient son « effet aimant » compte tenu du nombre important d’étrangers qui pourraient en bénéficier mais qui n’y ont pas recours.
    Aujourd’hui, M. Stefanini est donc chargé par M. Retailleau de conclure « de nouveaux accords ou arrangements bilatéraux de réadmission avec des pays source d’immigration et de transit, mais également de l’optimisation des accords existants, qui pourra passer par [leur] renégociation », précise le ministère de l’intérieur. Place Beauvau, M. Retailleau a fait de l’immigration son chantier prioritaire. Il entend la réduire et, au-delà d’une énième loi annoncée pour 2025, cela passe par un pilotage resserré de l’action des préfectures ou encore par la baisse des régularisations, un volet international.
    M. Retailleau a demandé à ses services de négocier de nouveaux accords de réadmission comprenant la possibilité de renvoyer, outre les ressortissants des Etats concernés, des personnes ayant seulement transité par le territoire des Etats contractants. Ainsi, un accord a été signé, le 5 novembre, avec le Kazakhstan, dans l’idée de pouvoir y renvoyer des ressortissants afghans qui y auraient transité ou séjourné par le passé. C’est donc M. Stefanini qui portera ce dossier, le temps que durera le gouvernement de Michel Barnier.

    #Covid-19#migrant#migration#france#readmission#politiquemigratoire#transit#sante#AME

  • Ce que l’énergie fait à la ville : une perspective historique
    https://metropolitiques.eu/Ce-que-l-energie-fait-a-la-ville-une-perspective-historique.html

    Les transitions énergétiques remodèlent-elles l’organisation des villes ? Dans le cadre du partenariat de Métropolitiques avec le Prix de thèse sur la ville, Julie Roland et Jean Soumagne présentent le travail de Clarence Hatton-Proulx, Grand Prix 2024, qui analyse cette question au prisme du #Montréal des années 1945-1980. Tout le monde a en tête le machiavélique juge Doom de Qui veut la peau de Roger Rabbit. Nous sommes en 1947, à Los Angeles, et il symbolise ce que le pétrole s’apprête à changer #Commentaires

    / #métropole, #énergie, #transition_énergétique, #consommation, Montréal, #Canada, #histoire

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_puca-roland-soumagne.pdf

  • #Macron à la conquête du #lithium en #Amérique_latine

    #Emmanuel_Macron a profité de son séjour en Amérique du Sud suite au G20 pour négocier des #accords_commerciaux avec l’#Argentine et le #Chili, sur des matériaux stratégiques comme le lithium.

    Le Cône sud du continent américain regorge de #matières_premières indispensables à la #transition_énergétique, et Emmanuel Macron le sait très bien. En Argentine dimanche, le président français a affiché ses objectifs : « La promotion des intérêts commerciaux et de la défense de l’agriculture française. » Si ce dernier point fait une claire référence à l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur qui a, de nouveau, déclenché la colère des agriculteurs en France, le premier concerne avant tout les riches sous-sols du continent... Et les entreprises françaises qui les exploitent.

    Lors de sa rencontre avec le président argentin Javier Milei, qui a sommé la délégation de son pays de quitter la COP29, Emmanuel Macron a cherché à « s’imposer comme une figure représentative sur les questions environnementales », explique Alejandro Frenkel, docteur en relations internationales à l’Universidad Nacional de San Martín. Malgré ces désaccords de façade, les deux chefs d’État ont affiché leur volonté de renforcer les investissements français dans l’industrie du lithium argentin, alors que la compagnie minière française #Eramet vient d’inaugurer une mine dans le pays.

    #Uranium, #cuivre et lithium

    Au Chili, pays dont l’économie dépend énormément du commerce international (75 % du PIB), Emmanuel Macron a trouvé un allié pour développer sa stratégie d’« #économie_bleue_et_verte ». Premier producteur mondial de cuivre et deuxième de lithium, le Chili souhaite devenir le premier fournisseur d’#hydrogène dit vert. Le président français y a annoncé des #partenariats_stratégiques pour la production d’hydrogène dit vert, le stockage d’énergie, et le développement de la filière des #batteries_électriques.

    Emmanuel Macron a aussi souhaité que la France soit « un partenaire dans l’#extraction du lithium » et dans « l’exploitation du cuivre », en ajoutant que cela permettrait, « là aussi, de faire face à nos besoins en termes d’uranium ». Le Chili possèderait, en effet, de grandes #ressources d’uranium, jamais exploitées faute d’investissements de pays étrangers.

    Au Congrès national chilien à Valparaíso, lors d’un discours de politique générale en Amérique latine, Emmanuel Macron a salué l’#accord_de_libre-échange signé en décembre 2023 entre le Chili et l’Union européenne. Un accord qui facilitera l’accès aux #matériaux_stratégiques comme le lithium ou le cuivre.

    Le président français s’est également étonné qu’au Chili comme en France, « souvent, la lutte pour la biodiversité ou contre le dérèglement climatique a été opposée à la lutte pour le développement économique ». Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de « bâtir la #croissance #en_même_temps que de lutter contre le dérèglement climatique », alors que de nombreux scientifiques s’évertuent à expliquer que la croissance est incompatible avec la préservation d’un climat vivable sur Terre.

    300 filiales d’entreprises françaises sont déjà présentes au Chili, et Emmanuel Macron a rappelé la volonté de grands groupes de son pays de continuer à investir dans l’exploitation des métaux et les #énergies_renouvelables. Il s’est aussi opposé aux « entreprises prédatrices » qui « imposent des clauses léonines pour mieux exploiter les ressources du continent, ne laissant derrière elles qu’une population appauvrie et une nature ravagée ». Ce alors que plusieurs entreprises françaises, comme #Engie et #Suez, sont impliquées dans la destruction d’écosystèmes aux conséquences sociales majeures au Chili.

    https://reporterre.net/Macron-a-la-conquete-du-lithium-en-Amerique-latine
    #extractivisme #minéraux #terres_rares