• #Féminisme : des Allemandes présentent la facture de leur #travail_domestique pendant le #confinement | Euronews
    https://fr.euronews.com/2020/05/14/feminisme-des-allemandes-presentent-la-facture-de-leur-travail-domestiq

    Cette initiative a provoqué une polémique très violente sur Twitter. De nombreux utilisateurs ont critiqué ces mères « qui ne veulent pas s’occuper de leurs enfants » et qui voient ces derniers « comme un fardeau qui doit être compensé financièrement ».

    Kai Whittaker, un député de la CDU, le parti d’Angela Merkel, a été beaucoup plus virulent, mettant en doute l’intelligence de ces femmes.

  • Révolution contre le travail ? La critique de la valeur et le dépassement du capitalisme, par Anselm Jappe
    http://www.palim-psao.fr/2017/10/revolution-contre-le-travail-la-critique-de-la-valeur-et-le-depassement-d

    Le Marx « ésotérique » se trouve dans une partie assez restreinte de son œuvre de la maturité et, sous sa forme la plus concentrée, dans le premier chapitre du premier volume du Capital : Marx y examine les formes de base du mode de production capitaliste, à savoir la marchandise, la valeur, l’argent et le travail abstrait. Il ne traite pas ces catégories – comme l’avaient fait Adam Smith et David Ricardo et comme le feront plus tard, implicitement, presque tous les marxistes – en tant que présupposés neutres, naturels et transhistoriques de toute vie en société, dont on peut seulement discuter les différentes formes de gestion possible, mais non l’existence elle-même. Au contraire, il les analysait, non sans hésitations et contradictions, cependant, comme des éléments appartenant à la seule société capitaliste – et en même temps comme des catégories négatives qui empêchent toute socialité consciente. La valeur, comme forme sociale, ne considère pas l’utilité réelle des marchandises, mais seulement la quantité de « travail abstrait » qu’elles contiennent, c’est-à-dire la quantité de pure dépense d’énergie humaine mesurée en temps. Elle se représente dans une quantité d’argent. Le capitalisme se caractérise à un niveau profond par le fait que la société tout entière est dominée par ces facteurs anonymes et impersonnels. C’est ce que Marx appelle « fétichisme de la marchandise », qui n’est nullement réductible à une simple « mystification » de la réalité capitaliste.

    […]

    Chez Marx, le statut théorique du travail n’est pas toujours très clair. Mais il est indéniable que le travail sous son aspect de « travail abstrait », de pure dépense d’énergie, y constitue une catégorie négative et « fétichiste ». C’est le travail abstrait – ou, pour mieux dire, le côté abstrait de chaque travail –, et lui seulement, qui donne leur « valeur » aux marchandises, et qui forme donc aussi la « substance » du capital. Le capital n’est pas le contraire du travail, mais sa forme accumulée ; le travail vivant et le travail mort ne sont pas deux entités antagonistes, mais deux « états d’agrégation » différents de la même substance de travail. En tant que travailleur, le travailleur n’est nullement hors de la société capitaliste, mais constitue l’un de ses deux pôles. Une « révolution des travailleurs contre le capitalisme » est alors une impossibilité logique ; il ne peut exister qu’une révolution contre l’assujettissement de la société et des individus à la logique de la valorisation et du travail abstrait

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    On ne pourra pas abolir la valeur sans abolir le travail qui la crée – voilà pourquoi une contestation du capitalisme au nom du travail n’a pas de sens. On se trompe également en opposant le « bon » travail concret au « mauvais » travail abstrait : si l’on abolissait la réduction de tous les travaux à ce qu’ils ont en commun – la dépense d’énergie –, il ne resterait pas le travail « concret » (cette catégorie est elle-même une abstraction), mais une multiplicité d’activités qui sont liées chaque fois à un but déterminé – comme c’était le cas dans les sociétés précapitalistes qui en effet ne connaissaient pas le terme « travail » au sens moderne.

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    Pendant longtemps, la diminution de la valeur (et donc de la portion de survaleur et de profit) contenue dans chaque marchandise particulière a été compensée (voire surcompensée) par l’extension absolue de la production – donc en remplissant le monde de marchandises, avec toutes les conséquences que cela a comportées. Mais avec la fin de la phase fordiste s’est épuisé le dernier modèle d’accumulation basé sur l’utilisation massive de travail vivant. Depuis lors, les technologies – qui ne créent pas de valeur – assurent l’essentiel de la production, dans presque tous les domaines. La masse absolue de valeur, et donc de survaleur, chute à pic. Cela met en crise toute la société basée sur la valeur – mais aussi les travailleurs eux-mêmes. Ce n’est plus l’exploitation qui est le problème principal créé par le capitalisme, mais les masses croissantes d’êtres humains « superflus », c’est-à-dire non nécessaires pour la production, et donc également incapables de consommer. Après sa longue phase d’expansion, le capitalisme se trouve depuis des décennies en rétrécissement, malgré la « mondialisation » : les personnes, les milieux, les régions capables de participer à un cycle « normal » de production et de consommation de valeur assument de plus en plus l’aspect d’« îles » dans une marée montante de laissés-pour compte qui ne servent même plus à être exploités. Et il est vain de revendiquer du « travail » pour eux, étant donné que la production n’en a pas besoin et qu’il serait absurde d’obliger des personnes à exécuter des travaux inutiles comme condition préliminaire de leur propre survie. Il faudrait plutôt revendiquer le droit de bien vivre pour chacun, indépendamment de la question de savoir s’il a réussi, ou pas, à vendre une force de travail dont souvent personne ne veut plus.

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    Pourquoi le système capitaliste ne s’est-il pas encore complètement écroulé ? Principalement en raison de la « financiarisation », c’est-à-dire de la fuite dans le « capital fictif » (Marx). Après que l’accumulation réelle s’est presque arrêtée, c’est le recours toujours plus massif au crédit qui a permis de simuler la poursuite de l’accumulation. L’abandon de la convertibilité du dollar en or en 1971 en était une espèce de date symbolique. Cette atmosphère de simulation – on pourrait dire de virtualisation – s’est alors étendue à la société entière. Elle explique la large diffusion des approches dites « postmodernes » dans tous les domaines. Dans les crédits, des profits futurs espérés – mais qui n’arriveront plus jamais – sont consommés à l’avance et maintiennent en vie l’économie. Comme on le sait, ces crédits et les autres formes d’argent fictif (valeurs boursières, prix immobiliers) ont atteint des dimensions astronomiques et alimentent une spéculation gigantesque qui peut avoir des répercussions terribles sur l’économie « réelle », comme cela est arrivé en 2008. Mais la spéculation, loin d’être la cause des crises du capitalisme et de la pauvreté croissante, a plutôt aidé pendant des décennies à différer la grande crise. La cause réside dans le fait que toutes les marchandises et services additionnés représentent, bien que leur nombre grandisse, une quantité toujours moindre de valeur. Cela implique aussi qu’une grande partie de l’argent circulant dans le monde est « fictif », parce qu’il ne représente pas du travail effectivement dépensé de manière « productive » (productive pour la reproduction du capital).

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    Si l’on entend par « révolution » une véritable rupture avec le travail comme expression fétichisée et autonomisée de la vie sociale, alors il faut conclure qu’aucune révolution n’a eu lieu pendant l’histoire du capitalisme. Une telle sortie de la « civilisation » capitaliste n’a même jamais été envisagée sérieusement. Elle est seulement apparue de temps en temps comme un éclair du possible à l’horizon. La critique de l’appareil technologique qui est le support indispensable du travail abstrait fut également très largement esquivée dans l’histoire des mouvements de contestation. On ne peut cependant pas considérer une rupture de ce genre comme purement « utopique » ou « irréaliste » : le capitalisme, où le travail abstrait, la valeur et l’argent constituent les instances de médiation sociale, est un phénomène historique. Il ne fait pas partie de la vie humaine tout court. La majorité de l’humanité ne l’a vu arriver que dans les dernières décennies.

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    En général, tout recours à la « politique » (et a fortiori à l’État) est impossible, lorsque la fin de l’accumulation, et donc de l’argent « réel », prive les pouvoirs publics de tout moyen d’intervention. L’État n’a jamais été l’adversaire du capital ou du marché, mais leur a toujours préparé les bases et les infrastructures. Il n’est pas une structure « neutre » qui pourrait être mise au service de l’émancipation. Il sera inévitable de sortir du marché autant que de l’État – les deux pôles également fétichistes de la socialisation à travers la valeur – pour arriver un jour à établir un véritable accord direct entre les membres de la société. Tout en gardant évidemment des instances de médiation, une société post-capitaliste ne fera plus dépendre son destin des automatismes incontrôlables d’une médiation fétichiste autonomisée, comme le travail abstrait.

    Il ne suffit pas d’additionner les révoltes et les mécontentements qui secouent actuellement le monde entier pour conclure que la révolution est à la porte. […] Les exploités de jadis s’organisaient pour défendre leurs intérêts, même en restant dans le cadre du système : par contre, la rage des « superflus », le désespoir de ceux dont le système n’a plus besoin, risquent de devenir aveugles. Il ne faut pas s’y tromper : il est de plus en plus difficile de détecter des contenus émancipateurs dans les contestations qui courent dans le monde.

    […]

    La théorie seule ne suffit pas, mais le militantisme sans concept sert encore moins. Pour trouver une alternative au capitalisme, il faut d’abord comprendre la nature de la marchandise et de l’argent, du travail et de la valeur. Ces catégories semblent bien « théoriques », mais leurs conséquences déterminent finalement chacun de nos actes quotidiens.

    #Marx #révolution #travail #critique_du_travail #critique_de_la_valeur #wertkritik #Anselm_Jappe #économie #capitalisme #croissance #automatisation #surnuméraires #crédit

    • les progrès technologiques, et surtout l’application de la micro-électronique à la production, ont réduit le rôle du travail vivant de manière continuelle

      Peut-être dans la production, mais pas dans la consommation et l’usage des technologies. C’est depuis plusieurs décennies que le #travail_fantôme (cf. l’ouvrage éponyme d’Ivan Illich) ne cesse d’augmenter et que le travail vivant résiduel est de plus en plus capté par ce côté là.

      Détail qui crève les yeux quant on pense comment notre rapport à la technologie à transformé nos usages quotidiens, mais que ces brillants théoriciens n’ont toujours pas vu, et moins encore compris.

      La « valeur » n’est, encore et toujours, que le travestissement progressiste de la #dépossession...

      @rastapopoulos, et vlan !

    • Je ne comprends toujours pas ce que tu veux dire. On peut difficilement affirmer que Jappe ne comprends pas l’usage quotidien des technologies, aussi bien dans la production que dans la consommation.

      Déjà la première phrase je ne comprends pas « Peut-être dans la production, mais pas dans la consommation et l’usage des technologies. » Euuuh, le travail vivant on parle bien du travail donc qui produit… c’est le principe du travail dans la production capitaliste, donc je ne vois pas ce que la consommation vient faire là dedans. Le travail fantôme augmente (y compris tout le « digital labor ») mais c’est sans commune mesure avec tout ce qui a été automatisé dans tous les domaines, pas juste là où il y a de la consommation directe ensuite. Le travail fantôme est du travail vivant, et de fait il participe à la création de valeur (@ktche ?), mais dans des proportions infimes par rapport à tout le travail vivant enlevé de l’ensemble des chaînes de production par la robotique et l’informatique.

      La valeur capitaliste est créée intégralement et uniquement par le travail vivant (= la dépense d’énergie humaine). À partir du moment où on automatise de plus en plus, il y a de moins en moins de création de valeur (chaque marchandise contient moins de valeur). L’argent existant actuellement, qui à la base est une représentation de la valeur marchande (et donc du travail vivant) ne représente plus rien et est créé par le crédit et le capital financier. Bref, c’est du grand n’importe quoi.