• Avoir ou devenir un problème social | Pédagogie sociale développement communautaire
    http://recherche-action.fr/intermedes/2015/12/12/avoir-ou-devenir-un-probleme-social

    Les #pauvres, nos ennemis

    Josiane Reymond, pédagogue sociale, et fondatrice de l’association Terrain d’Entente (en Pédagogie Sociale, à Saint – Etienne) a écrit une réflexion forte sur le titre : » Ces pauvres qui deviennent peu à peu les ennemis des #services_sociaux  ».

     

    Elle y développe (...) comment l’impuissance du #Travailleur_Social actuel, pousse inexorablement ses acteurs à s’opposer et à prendre progressivement en grippe les pauvres et #précaires pour qui ils ne peuvent plus rien faire.

    Elle exprime à ce sujet comment ce processus repose sur une inversion extraordinaire : le problème, les problèmes amenés par les personnes qui les subissent font que c’est la victime elle même qui devient le problème.

    Le secteur Social évolue ainsi, au travers de ses pratiques, qu’il identifie de plus en plus les pauvres comme des problèmes au fur et à mesure qu’il s’enfonce dans l’#impuissance à agir sur les processus d’exclusion, de discrimination et de précarisation ;

    Le manque d’outillages, de possibilités d’agir sur les racines et les causes des phénomènes de destruction des liens sociaux, amène les acteurs du lien social à identifier les publics aux problèmes à éliminer. Dès lors, la pénalisation des victimes est en marche et prendra la forme de « contrats rompus » de « conditions non remplies », d’exclusion des dispositifs ou de simple renvoi vers un monde extérieur où on ne met plus les pieds.

    Il faut bien comprendre cette sourde relation entre l’impuissance où sont rendus les professionnels sociaux par le cours de leurs propres institutions et la tendance à la mise en distance, au refus de prendre en compte ou carrément au renvoi et à la répression des publics qui signent cet échec.

    Une machine à produire les précaires

    C’est à partir d’un tel processus que ceux qui n’étaient auparavant que des pauvres (au sens de manque de ressources ou d’accès aux ressources) sont progressivement construits et produits par le traitement institutionnel lui même comme des précaires qui s’isolent, se replient sur eux mêmes, se renferment sous le coup d’une telle expérience.

    #société_punitive

  • Premiers guichets de l’accès au droit, les associations militantes se bureaucratisent| AlterEco+ Alterecoplus
    http://www.alterecoplus.fr/en-direct-de-la-recherche/quand-les-associations-militantes-tombent-dans-la-bureaucratie-20150528

    plusieurs facteurs sont mis en avant par les deux chercheurs : #externalisation croissante de l’action publique, #juridicisation et #individualisation de la vie sociale, complexification du #droit, présence accru des spécialistes du droit parmi les #militants, diffusion d’une « #culture_du_résultat » au sein des associations... Selon Pette, « la position offensive des années 1970 s’est effacée au profit d’une position plus défensive. La défense des acquis sociaux, des emplois ou des individus occupe aujourd’hui la plus grande partie du temps et du travail militant. Par conséquent, les répertoires ont eux aussi changé (...) et la négociation semble privilégiée par les militants. » Cet enrôlement des associations semble en tout cas être garant d’une certaine efficacité : Weil montre, statistiques à l’appui, que « les requérants soutenus par une association ont environ deux fois plus de chances de valider leur recours que ceux qui ont fait l’objet d’un simple suivi par un #travailleur_social ». (...)
    ... En intégrant les attentes de l’Etat
    Mais cette efficacité a un prix : celui d’une #sélection drastique des #candidats défendus, pour ne retenir que les « bons », autrement dit ceux qui ont la plus grande chance d’obtenir une réponse positive de l’administration.

    #séjour #régularisation #logement #DALO

  • Essonne : 6 500 bénéficiaires du RSA dans le viseur
    http://www.leparisien.fr/abbeville-la-riviere-91150/essonne-6-500-beneficiaires-du-rsa-dans-le-viseur-21-06-2015-4880665.php

    Le courrier sera prochainement acheminé dans les boîtes aux lettres de près de 6 500 bénéficiaires du revenu de solidarité active. Il s’agit du nombre de personnes « non référencées », c’est-à-dire qui perçoivent une allocation au titre du #RSA mais qui n’ont pas pris, depuis, contact avec les services d’#insertion professionnelle du département.

    « On verse le RSA à des personnes qui n’ont jamais rencontré un #travailleur_social, indique le président (LR) François Durovray. Cela concerne presque un tiers de nos bénéficiaires (NDLR : 25 632 personnes touchaient le RSA au 31 décembre 2014). »

    Le patron du conseil départemental a déjà estimé que le trop versé du RSA s’élèverait à « au moins » 3,5 M€ : « Il y a très certainement une part de #fraude au RSA que l’on veut éclaircir. »

    Le courrier demandera ainsi à ces 6 500 personnes de prendre attache avec une maison des solidarités (MDS) de l’Essonne sous un mois. Si elles ne le font pas, elles recevront une lettre de rappel. La non-réponse entraînera une #suspension progressive, voire une #radiation du RSA, cette aide sociale que verse le département aux plus de 25 ans éloignés de l’emploi. Quatre agents seront même détachés plusieurs semaines pour honorer les rendez-vous.

    « Il y a très certainement une part de fraude que l’on veut éclaircir »
    La loi n’oblige pourtant pas les bénéficiaires à se rendre d’eux-mêmes dans une structure départementale. En revanche, les textes indiquent que « le RSA peut être soumis à l’obligation d’entreprendre des actions favorisant une meilleure insertion professionnelle et sociale ». Le cas échéant, le RSA peut être suspendu.

    • Donc, 6500 personnes ont 1 mois pour rencontrer 4 agents dédiés sous peine de... mort par inanition lente ?
      Cela fait donc que chaque agent dédié devra recevoir pendant ce mois 1625 personnes. Donc, pendant ce mois, chaque agent disposera de 151.67 heures pour rencontrer 1625 personnes, ce qui représente 0,09 heures par maléficiaire, soit 5 minutes par personne, sans pause, ni transition, ni rien.

      J’ai comme une grosse suspicion de fraude, là !

  • Au royaume des travaillera pauvres, la faim malgré la reprise
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/04/07/malgre-la-reprise-economique-le-royaume-uni-touche-par-la-faim_4609782_3214.

    ... Robert Clarck n’en mène pas large. C’est la deuxième fois qu’il se rend dans la food bank de son quartier (...) pour se procurer de la nourriture. Cet ancien conducteur de bus londonien de 60 ans a arrêté de #travailler il y a quatre ans : à l’époque, il devait s’occuper de son épouse, gravement malade , qui est morte à l’été 2013. Puis il a rencontré lui-même de sérieux problèmes de #santé.

    Aujourd’hui guéri d’un cancer mais souffrant tellement du dos et du pied qu’il peine à se déplacer, l’homme vit quasiment sans le sou. Il reçoit 40 livres (environ 55 euros) d’#allocations par semaine, garde parfois des enfants après l’école pour 15 livres (environ 21 euros) hebdomadaires et se fait surtout aider par ses deux filles qui habitent non loin. « Il y a des erreurs dans le calcul de mes allocations, plaide-t-il. En attendant que les autorités les corrigent, je suis obligé de venir ici. »

    « Sans revenus du jour au lendemain »

    M. Clarck n’est pas le seul dans ce cas, loin de là. « Quand les gens tombent malades, perdent leur emploi ou subissent de quelque manière que ce soit une baisse d’activité, l’#administration met un délai ahurissant à prendre en compte le #changement de #situation »(...). Entre-temps, « beaucoup se retrouvent sans revenus du jour au lendemain et ont des difficultés pour se nourrir ».

    L’aide alimentaire d’urgence fournie par les organisations caritatives prévoit de la nourriture pour trois jours : des pâtes ou du riz, des conserves de viande et de légumes, des céréales, du lait, du thé et du sucre. En théorie, les bénéficiaires ne peuvent en profiter que trois fois en six mois, en échange d’un bon établi par un #travailleur_social ou un médecin et après un #entretien_personnalisé destiné à accompagner la personne dans la réalisation des démarches administratives qu’elle doit réaliser. En réalité, « face aux situations de détresse, on est parfois plus flexibles » (...)

    Dans le quartier de la gare de #Waterloo, à quelques kilomètres de là, une autre food bank reçoit des victimes urbaines de la faim. La plupart de ceux qui y viennent travaillent, mais ne gagnent pas assez pour vivre correctement. Ce jour-là verra passer Jenna [les prénoms ont été modifiés] qui se débat pour faire #vivre, sur son maigre #salaire, son jeune fils handicapé et elle. Patrick, lui, a bénéficié de l’aide prodiguée par la banque alimentaire il y a six mois, et revient donner des coups de main. Ce jeune homme qui travaille dans la #grande_distribution a signé un « #contrat_zéro_heure », qui impose une #flexibilité extrême au salarié : l’entreprise décide du nombre d’heures que doit travailler le salarié, et seules les heures effectuées sont rémunérées. Certains mois, Patrick n’a rien touché. Alors la banque alimentaire est devenue une nécessité.

    Au moins 2 millions de Britanniques mal nourris

    Ces exemples ne sont ni des cas isolés ni des erreurs statistiques. L’association caritative chrétienne Trussel Trust a fait les comptes : au Royaume-Uni, le nombre de personnes s’étant tournées vers son réseau pour obtenir de la nourriture d’urgence est passé de 61 648 entre 2010 et 2011 à 913 138 entre 2013 et 2014, soit un nombre multiplié par 15 en trois ans. Et encore, souligne-t-on à l’association, cette donnée, aussi élevée soit-elle, ne reflète qu’une partie de la réalité.

    Aux 420 établissements gérés par l’association, il faut en effet ajouter au moins autant de banques alimentaires indépendantes, mais aussi compter les personnes vivant dans des endroits où une telle aide n’existe pas ou encore celles qui ne se rendent pas en ces lieux par peur du regard d’autrui . En 2013, l’ONG Oxfam estimait que 2 millions de Britanniques étaient mal nourris, et qu’un #parent sur six se privait de nourriture pour mieux subvenir aux besoins de sa famille. Aucune région n’est épargnée, pas même la riche ville de Londres, qui compte à elle seule quelque 90 banques alimentaires.

    Mais pourquoi le Royaume-Uni se tord-il ainsi de faim ? Comment ce pays qui affiche une insolente #reprise économique dans une Europe n’en finissant pas d’être affectée par la crise peut-il porter en son sein des habitants qui ont de plus en plus de mal à se nourrir ?

    Fin 2013, un rapport sur la faim et l’insécurité alimentaire au Royaume-Uni, mené par des parlementaires de tous bords, a mis en lumière la forte augmentation des prix des denrées alimentaires et du fioul domestique, à un rythme plus rapide que celui de la hausse des salaires et que celui de l’inflation.

    Une politique « punitive » dirigée « contre les pauvres »

    Mais l’invraisemblable augmentation de la pauvreté outre-Manche depuis quelques mois trouve aussi ses origines dans le « #Welfare_Reform_Act 2012 », la réforme d’ampleur de la protection sociale initiée par le gouvernement conservateur de David Cameron. Le journaliste et économiste Stewart Lansley, coauteur d’un essai intitulé Breadline Britain : the Rise of Mass Poverty (« La Grande-Bretagne sous le seuil de pauvreté : la montée de la pauvreté de masse ») évoque une politique « punitive » dirigée « contre les pauvres, et non contre la pauvreté » :

    « D’abord, le #montant de certaines allocations a été considérablement réduit. Ensuite, et surtout, le gouvernement a introduit un régime de #sanctions en 2013 : dans les faits, cela signifie que des chômeurs se voient refuser le versement d’allocations si leur jobcentre [équivalent britannique de Pôle emploi] estime qu’ils ne cherchent pas suffisamment de travail. »
    L’application de cette réforme a été faite « de façon très injuste », insiste l’auteur, qui cite l’exemple de personnes temporairement radiées du système d’allocations pour ne pas s’être rendues à un rendez-vous du jobcentre pour cause… d’entretien d’embauche. Les effets de ce régime sont considérables : selon les calculs de M. Lansley, un million de personnes ont déjà été victimes d’interruptions du versement de leurs allocations – des sanctions qui durent au minimum quatre semaines et peuvent aller jusqu’à trois ans.

    Engagements des travaillistes

    A quelques semaines d’élections législatives qui pourraient déboucher, le 7 mai, sur un changement de majorité, le sujet de la pauvreté au Royaume-Uni est revenu sur le devant de la scène.

    Le 26 mars, interrogé lors d’un débat télévisé sur le nombre de banques alimentaires dans son pays, M. Cameron a eu du mal à répondre, avant d’admettre que le recours à l’aide alimentaire avait augmenté depuis son arrivée au 10, Downing Street. S’ils restent au pouvoir, les tories entendent encore économiser 12 milliards de livres (16,4 milliards d’euros) en rabotant dans le régime de protection sociale. Les travaillistes, emmenés par Ed Miliband, se sont engagés quant à eux, en cas de victoire, à enrayer l’augmentation du nombre de banques alimentaires : ils promettent d’abolir le régime de sanctions, de réduire les retards de versements d’allocations, ou encore d’augmenter le salaire minimum.

    Des propositions qui n’attaquent le problème qu’à la marge, estime M. Lansley : « Avec les #travaillistes, le montant des allocations ne va pas être augmenté, et le #salaire_minimum ne sera pas beaucoup amélioré. » Et de pronostiquer : « La pauvreté va continuer de croître ces cinq prochaines années, lentement si les travaillistes l’emportent, rapidement si ce sont les conservateurs. »

    Epiceries sociales géantes

    Face à une situation qui pourrait durer, d’autres initiatives éclosent. En décembre, une #épicerie_sociale_géante, appelée Community Shop, s’est ouverte au sud-ouest de Londres. Deuxième du genre au Royaume-Uni – un premier magasin avait ouvert en 2013 à Goldthorpe, dans le nord de l’Angleterre – elle permet à ses membres d’acheter des produits jusqu’à 70 % moins cher que dans les supermarchés, sous certaines conditions : les personnes doivent habiter à proximité, bénéficier d’aides sociales et s’engager à suivre un « programme de développement professionnel personnalisé » qui doit les amener à gagner confiance en elles pour trouver un travail.

    « Nous ne sommes ni une banque alimentaire, ni une association caritative et nous donnons bien plus que de la nourriture », défend un de ses représentants, se lançant dans une démonstration contemporaine du proverbe « si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour, si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours ». Les 750 personnes qui fréquentent le magasin londonien reçoivent ainsi des conseils pour gérer leur budget et leurs dettes, apprennent à cuisiner sainement avec peu d’argent, et sont entraînées à passer des entretiens d’embauche .

    L’initiative se veut « plus positive » et « moins stigmatisante » que les food banks. Signe que la détresse alimentaire n’est pas en voie de résorption, 20 community shops de ce genre devraient ouvrir ces prochains mois dans tout le pays.

    #Blair_éxonéré #pouvoir_pastoral #soupes_populaires_modernisées