• Choc des savoirs pour l’école inclusive : l’aporie scélérate | #Dominique_Momiron
    https://www.cafepedagogique.net/2024/03/22/choc-des-savoirs-pour-lecole-inclusive-laporie-scelerate

    Dans les objectifs assignés à cette réforme sont convoquées deux notions importantes : une « action pédagogique ciblée » et des « approches personnalisées ». Curieusement, cette mise en avant de ces deux notions pédagogiques tendrait à inférer qu’elles ne seraient pas requises lors de l’enseignement ordinaire pour tous, en classe entière. Or, ces deux notions sont fondamentales dans la pédagogie inclusive qui devrait être celle qui prévaut dans une école devenue pleinement inclusive. Ici, elles ne seraient mobilisées que dans une organisation pédagogique semi-ségrégative en groupes de niveaux qui séparent les élèves en catégories hiérarchisées. Par essence, on se trouve là dans une aporie : faire de la scolarisation inclusive en séparant les élèves en catégories. Ce que l’on reproche à la #Segpa de collège deviendrait donc la norme tout au long du collège pour tous les élèves.

    [...]

    La note nous dit : « Pour l’ensemble des groupes, les programmes et les attendus de fin d’année sont identiques. Afin de garantir leur acquisition progressive par les élèves, les démarches didactiques et pédagogiques sont adaptées aux besoins de ceux-ci. Les séances en groupes ciblent certaines compétences spécifiques qui répondent aux besoins particuliers des élèves ». Comment ne pas se demander pourquoi cela ne serait pas possible en classe entière tout au long de l’année ? Pourquoi serait-il indispensable de déstructurer les classes entières pour le faire, notamment dans les groupes qui n’auront pas des effectifs réduits ? Et finalement, ces prescriptions ne devraient-elles pas être celles qui prévalent dans une pédagogie inclusive au sein d’une école de droit commun où chacun a sa place et dans laquelle prévaut l’accessibilité pédagogique ? Eh bien, ce n’est pas le choix du Premier ministre. Le sujet est clos, quoi qu’en pense la ministre qui veut y réfléchir.

    Sentant le danger provoqué par la déstructuration des classes en groupes de niveau hiérarchisés, les rédacteurs de la note ont introduit cette prescription : « L’organisation retenue doit permettre de se prémunir de tout risque d’assignation des élèves ». Malheureusement, s’impose à l’esprit du lecteur qu’il y a ici ce que l’on appelle un vœu pieux. La rigidité de l’organisation avec la majorité du temps de français et de maths en groupes de niveau ne peut qu’aboutir à cette assignation. [...]

    De la même manière, les auteurs ont tenu à préciser que l’affectation des élèves doit s’effectuer sans prendre en ligne de compte la situation de handicap. Cette référence s’inscrit dans le vœu pieu précédent : elle rend compte justement d’un risque quasi inévitable, et cela d’autant plus que la majeure partie des élèves en situation de handicap, notamment ceux qui bénéficient d’une #Ulis ou d’une #UEE, présentent des troubles des fonctions cognitives ou du neurodéveloppement qui perturbent leurs performances d’apprentissage. Il se retrouveront donc systématiquement dans le groupe des élèves les plus faibles ; de même que les élèves présentant des troubles spécifiques du langage et des apprentissages, les élèves allophones nouvellement arrivés, les élèves issus de familles itinérantes et de voyageurs, les élèves décrocheurs.

    Au final, on est loin d’une réforme qui contribue ou même préserve l’aspiration à ce que notre école soit une école pleinement inclusive. En séparant les élèves selon leur niveau scolaire, en redynamisant la pratique du redoublement, en renforçant la difficulté d’acquisition du diplôme national du brevet devenu un examen de passage au lycée, en créant une filière de « classe préparatoire à la classe de seconde », on favorise toutes les dynamiques scolaires d’autrefois qui privilégiaient la compétition, les séparatismes pédagogiques, et la relégation progressive des perdants hors du champ scolaire. Et prétendre le contraire fait naître un constat, celui d’une aporie scélérate.

    #école_inclusive #collège #choc_des_savoirs #handicap

    • Les guerres traditionnelles sont une aubaine pour les médecins, surtout pour le chirurgiens. Tout le monde les respecte et les épargne parce qu’ils promettent de soigner tout le monde. sans exception Là Israël ne fait pas d’exception humanitaire pour les soignants et patients. Je suppose qu’ils ont assez de soignants et d’hôpitaux à leur disposition.

      Le contexte est différent mais on doit constater que mes ancêtres nazis agisssaient de la sorte lors de l’invasion des pays habités par les « races inférieures » slaves et les juifs. Pourtant on ne doit pas oublier qu’à l’époque les attaques contre les convois, trains et bateaux marqués avec la croux rouge furent la sale besogne des soldats de toutes les nations en guerre.

      Ceci explique pourquoi il n’est pas sûr que l’Israël ou ses forces armées soient fascistes. Ils suivent les tactiques de toutes les armées modernes dans les conflits asymmétriques. Dans un avenir trop proche on verra sur tous les continents et océans les robots tueurs agir d’une manière encore plus impitoyable . Est-ce qu’on qualifiera alors les robots de fascistes ?

      En ce qui concerne les forces armées d’Israël on n’a pas besoin d’analogies ou de comparaisons pour comprendre le rôle et la raison d’être des massacres dont elles sont responsables. Il suffit de suivre leurs propres déclarations et celles de leurs commanditaires. Ce sont des gens qui sont prêts à tout pour conquérir et défendre ce que leur dieu leur a promis. Ce sont des croyants fondamentalistes et des cyniques avérés.

      Je plains les voisins de tous les croyants fondamentalistes du monde. Soyez vigilants et intéressez vous aux affaires religieuses. Vous ne pouvez pas faire confiance aux divinités adorées par vos voisins. Si demain un dieux cinglé demande à ses fidèles de vous massacrer il faudra savoir riposter.

      #triage #sélection #guerre #religion

  • Covid: Schwere Vorwürfe wegen massenhafter künstlicher Beatmung
    https://www.telepolis.de/features/Covid-Schwere-Vorwuerfe-wegen-massenhafter-kuenstlicher-Beatmung-9048800.h

    15.5.2023 von Timo Rieg - Chefarzt spricht von 20.000 vermeidbaren Todesfällen während der Corona-Pandemie. Andere Ärzte widersprechen. Worum es bei dem Streit geht.

    Der Vorwurf, viele Covid-19-Patienten seien vor allem in Deutschland fälschlicherweise künstlich beatmet worden und gerade deshalb gestorben (oder schwer geschädigt worden) ist seit dem zweiten Pandemiejahr schon gelegentlich in den Medien erhoben worden.

    Die hohen Sterberaten von Beatmeten hatten schon zu Beginn der Pandemie aufgeschreckt, etwa mit der Meldung, in New York würden 80 Prozent dieser Intensiv-Patienten versterben.

    In einem Interview mit der Welt hat kürzlich einer der prominenten Kritiker sogar eine Zahl benannt: Thomas Voshaar, Chefarzt der Klinik für Lungen- und Bronchialheilkunde der Stiftung Krankenhaus Bethanien für die Grafschaft Moers, geht von mindestens 20.000 unnötigen Todesfällen in Deutschland aus, die eine zu frühe invasive Beatmung verursacht haben soll.

    Im Interview mit der Welt sieht Voshaar als Ursache auch finanzielle Fehlanreize.

    Es gibt für invasive Beatmung richtig viel Geld. Die stationären Behandlungskosten liegen durchschnittlich bei 5.000 Euro, maschinelle Intensivbeatmung kann dagegen mit 38.500 Euro abgerechnet werden, im Einzelfall sogar mit 70.000 Euro. Das ist etwa sieben- bis zehnmal mehr, als die schonende Behandlung mit Sauerstoff über die Maske.
    Thomas Voshaar, Welt, 5. Mai 2023

    Allerdings sei auch Routine eine mutmaßliche Ursache für falsche Behandlungen.

    Auf Intensivstationen ist um 17 Uhr Visite. Da weiß niemand, ob der Patient die Nacht übersteht. „Tu den Tubus rein, dann kann nichts passieren“, heißt es dann. Ein Trugschluss, wie wir jetzt wissen. Viele Studien zeigen sehr klar, dass die Intubation die Todesrate um das 5- bis 6-fache erhöht, bei gleichem Schweregrad. Die Pandemie hat das noch einmal bestätigt.
    Thomas Voshaar

    Vorwurf: Blickverengung Sauerstoffsättigung

    In einem Beitrag in der Deutschen Medizinischen Wochenschrift (DMW, 8/2023) kritisiert Voshaar zusammen mit Dieter Köhler und weiteren Kollegen unter anderem einen zu starren Blickwinkel auf die Sauerstoffsättigung des Bluts.

    Denn die reelle Sauerstoffversorgung des Gewebes hänge von verschiedenen Größen ab, unter anderem der Pumpleistung des Herzens (Herzzeitvolumen) und der Menge an Hämoglobin (in den roten Blutkörperchen), das den Sauerstoff bindet.

    Da intubierte Beatmung mit erheblichen Eingriffen in den Organismus verbunden ist, gehen mit diesen intensivmedizinischen Behandlungen auch große Risiken einher. Unter anderem müssen Patienten für eine künstliche Beatmung in Narkose gelegt werden, was zahlreiche Folgebehandlungen notwendig macht, u.a. eine medikamentöse Korrektur des Blutdrucks.

    Außerdem gibt es ein hohes Risiko für neue Infektionen. Und der Körper kann störende Stoffe nicht mehr durch Husten aus der Lunge befördern.

    Im Interview mit Elke Bodderas in der Welt beschreibt Thomas Voshaar mögliche Komplikationen anekdotisch so:

    Ich werde nie die Videos von Kollegen aus den USA vergessen, die wir hier in Deutschland nachts auf YouTube sahen. Zum Beispiel den Arzt in New York, der eine 72-Jährige filmt, die er intubieren soll. Die Frau ruft ihren Mann an und sagt, die Ärzte wollen mich intubieren, ich kann gleich nicht mehr mit dir reden, weil ich in Narkose gelegt werde. Soll ich das machen? Und der Mann sagt, ja, mach das, was die Ärzte raten. Dann wirst du wieder gesund. Und am nächsten Morgen war die Frau tot.
    Thomas Voshaar, Welt

    In einer Art Triage seien in deutschen Krankenhäusern bei knappen Beatmungsplätzen zum Teil jüngere Menschen für diese Behandlung ausgewählt worden, weil sie die vermeintlich besseren Überlebenschancen hätten. Die Realität habe dann aber oft ein anderes Bild gezeigt: Die jungen, invasiv beatmeten Patienten seien verstorben, während Alte auf Normalstation überlebt hätten.

    Tatsächlich wurde zumindest zu Beginn der Pandemie in verschiedenen Fachartikeln eine pulsoxymetrisch gemessene Sauerstoffsättigung von weniger als 90 Prozent als mögliche Indikation zum Intubieren angesehen (vgl. WHO).

    Voshaar und Kollegen hingegen meinen, bei Gesunden mit normalem Hämoglobin-Wert stelle sich eine Unterversorgung des Gewebes mit Sauerstoff erst bei einem Sättigungswert von 50 Prozent und weniger ein. Sie schreiben:

    Da insbesondere jüngere Patienten mit Covid-19-Pneumonien sonst gesund waren, passt auch die klinische Erfahrung dazu, dass sie bei teilweise stark erniedrigter sO2 [Sauerstoffsättigung] im Bett keine Luftnot hatten.
    Dieter Köhler/ Thomas Voshaar u.a.

    In einem Hintergrundgespräch berichtet ein Professor für Pneumologie, bei Flugbegleitern habe man auf Langstreckenflügen aufgrund des geringen Kabinendrucks regelmäßig Sauerstoffsättigungen unter 90 Prozent gemessen - aber niemand wäre auf die Idee gekommen, sie deshalb zu intubieren und maschinell zu beatmen.
    Schwierige Vergleiche

    Empirisch valide Vergleiche invasiver und nicht-invasiver Maßnahmen bei Covid-19-Patienten werden immer schwierig sein, da die Patienten nicht „randomisiert“ sind, also per Zufall der einen oder anderen Behandlung unterzogen werden, sondern nach medizinischer Einschätzung der jeweiligen Klinik und natürlich dem Patientenwillen, soweit dieser artikuliert werden kann.

    Voshaar und Kollegen haben bei ihren Patienten eine 50-Prozent Sterberate nach Intubation beobachtet (vier von acht Patienten), während in der Gruppe nicht-invasiv Beatmeter keiner der 17 Patienten verstarb.

    In der Gruppe mit der geringsten Unterstützung (Sauerstoffzugabe in die Nase) verstarben von 53 Patienten zwei (Alter 86 und 96 Jahre). Diese hatten allerdings verfügt, keine darüber hinausgehende Atemunterstützung zu erhalten.
    Mehr Probleme geschaffen als gelöst?

    In einem Artikel des Vereins „Sokrates - kritische Rationalisten“ formulieren Thomas Voshaar, Matthias Schrappe, Gerd Antes und weitere Autoren ihre Kritik deutlich. Im Beitrag „Warum hat in der Pandemie die Intensivmedizin häufig mehr Probleme geschaffen als gelöst? Oder: Die Laborwertemedizin und ihre Folgen“ schreiben sie am 25. April 2023.

    Mehr als 20 Jahre werden Patienten allein aufgrund eines isolierten Sauerstoffmangels im Blut (Hypoxämie) intubiert und beatmet, oft gesteuert durch die einfache Messung der Sauerstoffsättigung (sO2) im Blut. Dieses Vorgehen ist als schwerer Behandlungsfehler zu werten, entbehrt dieses Vorgehen doch jeder wissenschaftlichen bzw. pathophysiologischen Grundlage. [...]

    Seit deutlich mehr als 20 Jahren gibt es in der physiologischen und klinischen Forschung zahlreiche Belege, dass die invasive Beatmung, dort wo nicht indiziert, mehr schadet als nutzt. Selten steht eine etablierte klinische Praxis auf so schwachem Fundament. In der Pandemie ist das besonders deutlich geworden: Kliniken, die diesen Fehler nicht begangen haben, hatten eine etwa sechsfach geringere Todesrate bei der schweren Verlaufsform der Lungenentzündung (Covid-19).

    Während der Corona-Pandemie wurde sehr früh deutlich, dass unter einer Strategie der frühen Intubation bei auch nur leichter Hypoxämie ca. 60 – 90 Prozent der Patienten unter diesem Vorgehen bereits nach wenigen Tagen, ein kleiner Teil sogar nach wenigen Stunden, starben.

    Daher gab es schon im April 2020 aus vielen Ländern kritische Fragen zu einem solchen Vorgehen und eine zunehmende Nutzung nicht-invasiver Verfahren. In Deutschland wurde allerdings besonders lange an der primären invasiven Beatmung über einen Tubus festgehalten.
    Thomas Voshaar et al.

    Die Deutsche interdisziplinäre Vereinigung für Intensiv- und Notfallmedizin (DIVI) und die Deutsche Gesellschaft für Pneumologie und Beatmungsmedizin (DGP) beantworteten konkrete Fragen vom 9. Mai zu ihrer Einschätzung der Kritik an zu früher invasiver Beatmung nicht, sondern kündigten eine gemeinsame Stellungnahme an. Diese liegt noch nicht vor.

    Allerdings sind offenbar doch zahlreiche Ärzte im Verlauf der Pandemie zurückhaltender geworden beim Einsatz von Intubations-Beatmung. Wolfram Windisch, seit April 2023 Präsident der DGP, schreibt in einer Literaturschau mit Stand März 2021 (Bedeutung nicht-invasiver Verfahren [NIV] in der Therapie des akuten hypoxämischen Versagens bei COVID-19):

    So wurden während der ersten Welle noch 74 Prozent der Patienten ohne NIV-Versuch direkt intubiert, während es in der zweiten Welle nur noch 40 Prozent gewesen sind und entsprechend der Anteil mit NIV stark angestiegen ist.
    Wolfram Windisch et al.

    Ein Grund für das frühe und zum Teil auch besonders heikle Intubieren dürfte eine massive Angst des Personals vor einer eigenen Corona-Ansteckung gewesen sein. So heißt es in „Empfehlungen zur intensivmedizinischen Therapie von Patienten mit Covid-19“ vom 12. März 2020, formuliert von Vertretern aus vier medizinischen Fachgesellschaften:

    Prozeduren an den Atemwegen (Intubation, Bronchoskopie, offenes Absaugen, manuelle Beatmung, Tracheotomie) sollten aufgrund der Aerosolbildung nur bei absoluter Notwendigkeit mit entsprechenden Schutzmaßnahmen (inkl. FFP2/ FFP3-Maske und Schutzbrille) durchgeführt werden. [...] Wenn vertretbar sollte eine Rapid Sequence Induction (RSI) ohne Zwischenbeatmung durchgeführt werden, um die Aerosolbildung zu minimieren.
    Stefan Kluge, Uwe Janssens, Tobias Welte et al.

    Eine „Rapid Sequence Induction“ ist ein Verfahren zur besonders schnellen Intubation. „Angewandt wird es hauptsächlich bei dringlicher Intubationsindikation eines nicht-nüchternen oder anderweitig aspirationsgefährdeten Patienten“, heißt es dazu im Medizinlexikon von Amboss, wo das Verfahren auch dezidiert beschrieben ist, einschließlich der möglichen Komplikationen wie einer Intubationsverletzung.

    Zum Eigenschutz heißt es in dem Fachartikel von Kluge, Janssens, Welte et al. mit den Empfehlungen weiter:

    Der Gebrauch des Stethoskops zur Lagekontrolle des Tubus sollte zurückhaltend erfolgen. Bei einer notwendigen Reanimation ist besonders auf die entsprechenden Schutzmaßnahmen des Personals zu achten, die Atemwegsicherung sollte dabei schnell erfolgen und die betreuende Personalgruppe klein gehalten werden.
    Kluge, Janssens, Welte et al.

    Und schließlich besonders deutlich:

    Insgesamt sollte daher die Indikation für HFNC/NIV [nicht-invasive Methoden] bei akuter hypoxämischer respiratorischer Insuffizienz im Rahmen von COVID-19 eher zurückhaltend gestellt werden. Bei Patienten mit einer schwereren Hypoxämie (PaO2/FIO2 ≤ 200mm Hg) ist vorzugsweise die Intubation und invasive Beatmung anzustreben.

    In jedem Fall müssen ein kontinuierliches Monitoring und eine ständige Intubationsbereitschaft sichergestellt sein. Eine Verzögerung der Intubation bei Nichtansprechen einer NIV verschlechtert die Prognose, eine notfallmäßige Intubation sollte aufgrund des Übertragungsrisikos unbedingt vermieden werden.

    Einen guten Monat nach diesen „Empfehlungen“ publizierte die Deutsche Gesellschaft für Pneumologie und Beatmungsmedizin (DGP) am 22. April 2020 ein „Positionspapier zur praktischen Umsetzung der apparativen Differenzialtherapie der akuten respiratorischen Insuffizienz bei COVID-19“. Daran war neben Windisch und anderen auch Voshaar beteiligt. Darin heißt es:

    Der Schutz des Personals durch persönliche Schutzausrüstung soll sehr hohe Priorität haben, weil die Angst vor Ansteckung kein primärer Intubationsgrund sein darf.
    Positionspapier

    Was man auch so lesen kann, dass eben sehr wohl aus Angst vor Ansteckung intubiert wurde. Ein eigener, umfangreicher Abschnitt befasst sich mit „Aerosol bei Therapieverfahren zur Atmungsunterstützung“, u.a. mit Erfahrungen aus der H1N1-Epidemie (Schweinegrippe) und von Patienten mit Erkältungssymptomatik.

    Und auch in diesem Positionspapier wird vor zu zögerlichem Intubieren gewarnt.#

    Kritik an Medien

    In einem Kommentar in der Fachzeitschrift Pneumologie kritisierte Wolfram Windisch gemeinsam mit Co-Autoren im Mai 2021 die mediale Debatte um ein möglicherweise zu frühes Intubieren von Covid-19-Patienten.

    Für Verärgerung hatte vor allem ein Monitor-Beitrag gesorgt ("Gefährliche Intubation - Könnten mehr Covid-19-Erkrankte überleben?") - in dem die kleine Studie von Thomas Voshaar und Kollegen sowie ihr Erfolg mit nicht-invasiven Behandlungen eine tragende Rolle spielt.

    Windisch und Kollegen kritisierten: „Auf welcher Basis die Sendung schließlich zu der Meinung gelangt, es werde zu früh intubiert, bleibt letztlich völlig unklar.“ Und schreiben dann im Beitrag: Fachdiskussion zur „zu frühen Intubation“: Rolle der öffentlichen Medien:

    Sehr bedauerlich ist am Ende der Sendung das Zitat des Moderators [Georg Restle]: „Man fragt sich, warum die Lernkurve in der Pandemie bei so vielen Verantwortlichen im Land so unglaublich langsam steigt.“ Vor dem Hintergrund der sachlich an mehreren Stellen schlichtweg falschen Darstellung der klinischen und wissenschaftlichen Zusammenhänge schmerzt vor allen Dingen die Diffamierung der vielen Pflegekräfte und Ärzte sowie Wissenschaftler vor einem Millionenpublikum, die seit einem Jahr mit hervorragender Arbeit ihr Bestes in der Pandemiebekämpfung geben: ein echter Skandal!
    Wolfram Windisch, Bernd Schönhofer et al.

    Die Vertreter der Deutschen Gesellschaft für Pneumologie und Beatmungsmedizin wünschten sich interne statt medial-öffentliche Diskussionen bei den Fachfragen - und ein geschlossenes Auftreten:

    Eine intern diskutierende und auch intern streitende, aber in der Erarbeitung von nach außen getragenen Empfehlungen im Konsens agierende Pneumologie und Intensivmedizin ist nämlich das Wichtigste, was wir in der Pandemiebekämpfung brauchen.

    Dass eine medizinische Fachgesellschaft ihre Fachfragen intern klären möchte, ist nicht zu beanstanden. Da unabhängig davon allerdings die Öffentlichkeit Anspruch auf Informiertheit erhebt, ist der Journalismus gefordert, die relevanten Informationen zu recherchieren.
    Einfache Übernahmen, mangelnde Tiefe

    Im Zusammenhang mit der Behandlung von Corona-Patienten hat er dies viel zu lange unterlassen und unter anderem in den täglichen Zahlenmeldungen zur Lage der Pandemie verkündet, wie viele Patienten auf Intensivstationen gerade „beatmet werden müssen“ (Beispiele: Ruhr-Nachrichten, HAZ, BR) - obwohl es für dieses behauptete „müssen“ keinen Beleg gab.

    So aber dürfte auch vielen Patienten oder deren Angehörigen die künstliche Beatmung in Vollnarkose alternativlos erschienen sein.

    Wie viele Menschen aufgrund falscher Covid-19-Behandlung verstorben sind, wird sich verlässlich nie klären lassen. Aber der Vorwurf, es handele sich allein in Deutschland um viele tausend, wiegt schwer.

    Zumal auch außerhalb der Corona-Pandemie möglicherweise Patienten intubiert werden, bei denen dies medizinisch keinesfalls zwingend notwendig wäre. Der befragte Pneumologie-Professor berichtet, manchen Ärzten und Pflegern seien sedierte Patienten die angenehmeren - und vieles werde einfach gemacht, weil man es schon immer so gemacht habe.

    #covid-19 #triage #iatrocratie

  • Ärzte als Verwalter von Mangelzuständen: Der Charité-Streik ist nur ein Anfang
    https://www.berliner-zeitung.de/open-mind/aerzte-als-verwalter-von-mangelzustaenden-der-charite-streik-ist-nu

    12.10.2022 von Ruth Schneeberger - Wenn Medizin nicht endlich wieder vom Patienten her gedacht wird, wird das deutsche Gesundheitssystem zusammenbrechen.

    Viele Menschen machen sich keine Vorstellung davon, was es heißt, in einem Notfall oder bei schwerer Krankheit dringend auf medizinische Hilfe angewiesen zu sein – und sie nicht zu bekommen. In einem reichen Land wie Deutschland, in dem an anderen Stellen noch so viel Überfluss herrscht.

    Andere finden schon allein den Gedanken daran so erschreckend, dass sie sich lieber gar keine Vorstellung davon machen wollen – und verdrängen ihn deshalb so weit in ihr Unterbewusstsein, dass sie Menschen mit Lügen strafen, die von einem schon vor Corona völlig überlasteten Gesundheitssystem berichten. Oder sie hören einfach nicht hin.

    Und dann gibt es noch solche, die sogar behaupten, auch während Corona sei das deutsche Gesundheitssystem an keiner Stelle überlastet gewesen, weder in den Kliniken noch auf den Intensivstationen noch in den Praxen oder sonst wo. Das sind die besonders Ausgebufften. Unter ihnen sind auch einige Politiker. Was sie treibt, ist fraglich. Im besten Falle Ahnungslosigkeit.

    Denn es ist kein Zufall, dass vergangene Woche etwa 1000 Ärzte an der Charité gestreikt haben. Ihnen geht es nicht nur um mehr Geld. Ihnen geht es um halbwegs akzeptable Arbeitsbedingungen in einem ohnehin schwierigen Arbeitsfeld. Spricht man mit den Ärzten oder versucht man auch außerhalb eines Streiks mit Medizinern als Journalist über die Zustände zu sprechen, dann ist da meist sehr viel Vorsicht – und Angst.

    Angst, sich zu weit aus dem Fenster zu lehnen. Angst, sich um Kopf und Kragen zu reden. Angst, den eigenen Arbeitsplatz zu verlieren. „Wir sind wahnsinnig abhängig von unseren Vorgesetzten, zumal an den Unikliniken, wo geforscht wird“, begründet Jana Reichardt, eine der Initiatorinnen des Streiks an der Charité, das Schweigen vieler Kollegen – und die jahrelange Zurückhaltung. Niemand wolle alleine dastehen, wenn er Kritik äußere in einem noch sehr stark autoritär geprägten Arbeitsumfeld.

    Die Pflegekräfte äußern sich – nach ebenfalls viel zu langer Zurückhaltung – seit Corona immer öfter und lauter über die Zustände. Wenn sie merken, dass das auch nichts bringt, schmeißen viele den Job hin. Das führt zum mittlerweile allseits bekannten Pflegenotstand. Die Ärzte hingegen haben bisher in der Mehrzahl geschwiegen. Sie stützen das System. Noch.

    Doch mit dem Streik an der Charité und Graswurzelbewegungen junger Mediziner und Medizinstudenten wird sich auch dies ändern. Im Netz, wo man im Gegensatz zu den klassischen Medien nicht mit Klarnamen auftreten muss, findet sich schon längst der Protest auch der Mediziner. Unter #Medizinbrennt und auf zahlreichen Accounts mit viele Followern berichten Ärzte von immer mehr Kollegen, die aussteigen, weil sie den Wahnsinn der Überforderung nicht mehr mittragen wollen und sonst selbst krank werden würden. Sie berichten von den verbliebenen Fachkräften, wie sie den Notstand nur notdürftig ausgleichen können. Und was das für Folgen für die Patienten haben kann. Im schlimmsten Falle den Tod. Der mit ein bisschen besserer Ausstattung, auch im personellen Bereich, leicht vermeidbar wäre.

    Denn Menschen machen Fehler, aber wenn Mediziner Fehler machen, kann das schnell über Leben und Tod entscheiden. Und unausgeschlafene, gestresste, überforderte Mediziner und Pflegekräfte, die kaum noch Zeit für ihre Patienten haben, machen umso mehr Fehler.

    Wie aber gehen Mediziner damit um, wenn durch ihre Überforderung, durch ihre Fehler ein Mensch zu Schaden kommt – entweder durch Tod oder auch durch lebenslange Behinderung wegen ärztlicher Fehlbehandlung oder Unterlassung? Wenn das Problem der Überforderung schon systemisch ist, und davon berichten inzwischen viele Mediziner, wie gehen sie dann mit den Folgen um?

    Jana Reichardt sagt, es gebe die Möglichkeit, Fehler in einer internen Konferenz zu besprechen, doch eine echte Fehlerkultur gebe es in der Medizin noch nicht. Auch die gelte es jetzt zu entwickeln.

    Man muss sich das mal auf der Zunge zergehen lassen: Mediziner werden weder in ihrem Studium noch im Berufsalltag von Vorgesetzten darauf vorbereitet, mit ihren eigenen Fehlern umzugehen. Wenn also etwa ein Mensch unter ihren Händen stirbt, der bei weniger angespannter Personallage oder bei weniger Zeitnot, einem niedrigeren Stresslevel oder einfach anderen Umständen nicht gestorben wäre, dann muss der Arzt damit selber fertigwerden, es gibt keine professionellen Strukturen, die das auffangen.

    Schlimmer noch: Es gibt kaum Studien oder belastbare Zahlen, die diesen Zusammenhang aufdecken. Ganz Deutschland ist ein Studien- und Datenmangelland in Bezug auf den Gesundheitssektor, auch das hat Corona peinlicherweise gezeigt.

    Im Blindflug durch die Corona-Pandemie

    Und es geht noch absurder: Auch für den Patienten, der womöglich durch einen schweren Ärztefehler für den Rest seines Lebens gezeichnet ist, gibt es kaum Hilfe. Geschweige denn für Angehörige von Verstorbenen. Es hängt sogar alleine vom Willen und der Verfassung des jeweils zuständigen Arztes ab, ob und wie er überhaupt mit Angehörigen darüber kommuniziert. Plus – darauf weist auch der Berliner Intensivpfleger Ricardo Lange immer wieder hin: Vielen Angehörigen werde gar nicht gesagt, dass Oma oder Opa, Mutter oder Bruder am Pflegenotstand gestorben sind, weil niemand auf der Station ihren Herzinfarkt oder Schlaganfall bemerkt hat. Sie würden sich stattdessen dem ruhigen Gewissen hingeben, dass ihre Angehörigen eh gestorben wären – auch wenn das explizit nicht stimmt.

    Die streikenden Ärzte an der Charité und die immer lauter werdende Pflege sind sich jedenfalls inzwischen einig: Ein Weiter-so darf es im Gesundheitssektor nicht geben. Da die Politik sich aber vorwiegend für andere Dinge interessiert, wird das Gesundheitssystem wohl zusammenbrechen, wenn nicht sehr bald ein Umdenken einsetzt, das sich wieder mehr am Patientenwohl orientiert als an der Rendite.

    Wie der todsichere Weg dahin aussieht, hat zuletzt der ärztliche Twitterer Intensivdoc am Beispiel einer Intensivstation passend beschrieben: „Es ist eine Verwaltung von Mangelzuständen. Man versucht, Löcher mit Material zu stopfen, was woanders neue Löcher aufreißt. Und darum dreht sich im Wesentlichen der ganze Tag. Wenn zwischendurch Zeit ist, macht man mal ein bisschen Medizin.“

    #triage #pandémie #iatrocratie

  • Triage-Urteil zwischen den Feiertagen
    https://www.heise.de/tp/features/Triage-Urteil-zwischen-den-Feiertagen-6302610.html

    Tu mourra parce tu es handicapé. L’euthanasie entre par l’arrière-porte. En Allemagne la cour de justice constitutionnelle décidera après noël sur la plainte d’une association qui revendique le droit au traitement pour les handicapés. Après des années de fermetures d’hôpitaux on risque le triage des patients. Les handicapés craignent d’ètre les premières victimes de la peinurie des soins et exigent des règles de triage qui leur donnent la même chance comme les personnes sans handicap.

    21.12.2021 von Claudia Wangerin - Bundesverfassungsgericht entscheidet über Klage von Menschen mit Behinderung, die befürchten, in der Pandemie „medizinisch aussortiert“ zu werden

    Der lange nur in der Kriegsmedizin gebrauchte Begriff ist in der Corona-Krise auch wegen des kaputt gesparten Gesundheitssystems wieder an der Tagesordnung: Zwischen Weihnachten und Silvester will das Bundesverfassungsgericht seine Entscheidung zur Triage veröffentlichen.

    Das höchste deutsche Gericht in Karlsruhe kündigte heute an, am 28. Dezember zu bekanntzugeben, wie es über eine Klage von neun Menschen mit Behinderungen und Vorerkrankungen, die befürchten, bei einer Überlastung der Intensivstationen wegen ihrer statistisch schlechten Überlebenschancen benachteiligt zu werden, entschieden hat.

    Die Klage wird von dem Verein Ability Watch unterstützt. Die Beteiligten fordern, dass die Gesetzgebung Entscheidungskriterien für den Fall vorgibt, dass die Intensivkapazitäten in der Corona-Pandemie nicht ausreichen. Sie berufen sich auf das Diskriminierungsverbot in Artikel 3 Absatz 3 des Grundgesetzes, in dem ausdrücklich steht: „Niemand darf wegen seiner Behinderung benachteiligt werden.“ Die Frage, wer im Fall nicht ausreichender Behandlungsplätze versorgt wird, sei deshalb keine rein medizinische, sondern eine gesellschaftliche, betont Ability Watch,

    Ihre Verfassungsbeschwerde hatten sie bereits im vergangenen Jahr angestrengt und mit einem Eilantrag verbunden, um durchzusetzen, dass bis zum Abschluss des Gesetzgebungsverfahrens ein Gremium, in dem auch behinderte Menschen vertreten sind, Regelungen für die Zwischenzeit erarbeitet. Dem war der zuständige Erste Senat aber nicht nachgekommen.

    Als krankenversicherte Menschen haben wir einen Anspruch auf medizinische Behandlung – gerade, wenn sie unser Leben retten kann. Diesen Anspruch haben wir gleichberechtigt mit allen anderen krankenversicherten Patienten. Wenn der Gesetzgeber davon ausgeht, dass eine Situation eintreten kann, in der die Ressourcen nicht ausreichen, jede und jeden, der lebensrettender Behandlung bedarf, dementsprechend zu versorgen, muss er versuchen, Ressourcen zu erweitern.

    Wenn das nicht ausreichend möglich ist, muss er zumindest selbst Kriterien entwickeln, wie diese Knappheit zu bewältigen ist. Diese Lösungen müssen in der Gesellschaft diskutiert werden und sie müssen verfassungsgemäß sein. Eine Lösung, die Menschen mit Behinderungen in so einer Situation benachteiligt – egal ob direkt oder mittelbar – ist nicht verfassungsgemäß.

    Ability Watch e. V.

    Medizinerinnen und Mediziner könnten entscheiden, wie eine lebensrettende Behandlung aussehen könne und für wen sie indiziert sei.

    Der Fachverband der Intensivmediziner (DIVI) hatte im Frühjahr 2020 eine „Leitlinie zur Priorisierung und Triage bei akuter Ressourcenknappheit“ vorgelegt. Die Fachgesellschaften hatten zwar einleitend betont, nicht aufgrund von Behinderungen oder aus Altersgründen diskriminieren zu wollen, allerdings war dies nach Ansicht der Klägerinnen und Kläger durch die Auswahl der Kriterien zumindest indirekt der Fall. Ihnen drohe nach DIVI-Kriterien die „medizinische Aussortierung“.
    Fehlende Impfung gilt nicht als legitimes Kriterium

    Im November dieses Jahres wurde die Leitlinie zwar aktualisiert, aber nicht aufgrund der Kritik von Menschen mit Behinderungen, sondern vor allem wegen der Debatte um die mögliche Benachteiligung von ungeimpften Covid-19-Patienten und der Kritik an der massenhaften Verschiebung „planbarer“ Operationen – darunter auch Krebs-Operationen – zugunsten von Covid-19-Patienten allgemein.

    Eine fehlende Impfung ist demnach kein legitimes Kriterium für Triage-Entscheidungen, da laut der DIVI-Arbeitsgruppe Ethik medizinische Hilfspflichten „bei lebensbedrohlichen Erkrankungen unabhängig vom Auslöser beziehungsweise dem vorangehenden Verhalten des bedürftigen Patienten“ bestehen.

    Zugunsten von Covid-19-Patienten dürfen laut der aktualisierten Leitlinie zunächst nur solche Behandlungen anderer Krankheiten aufgeschoben werden, bei denen durch die Verzögerung „keine Verschlechterung der Prognose, keine irreversiblen Gesundheitsschädigungen oder gar der vorzeitige Tod“ zu erwarten sind. In Grenzfällen sollen die Betroffenen zumindest nicht gegenüber Covid-19-Patienten benachteiligt werden. Die Gleichbehandlung aller zu versorgenden Patienten ist auch im Falle knapper Ressourcen zu gewährleisten, heißt es.

    #coronavirus #covid-19 #triage #maladie #euthanasie

  • Lockdown oder Triage ?
    https://www.heise.de/tp/features/Lockdown-oder-Triage-6189729.html

    Voilä un texte qui explique le fonctionnement du triage de patients dans le contexte du lsystème médical allemand actuel. On peut en retenir deux affirmations principales :
    – D’abord le triage, le fait de refuser un tratement fait pour sauver sa vie à un patient est toujours la décision d’un médecin.. Il n’y a pas de loi qui lui imposerait des critères pour sa décision. Le triage est l’expression pure et simple du pouvoir de décision sur ma vie et ma mort d’un médecin particulier. Il n’y a rien d’abstrair ici.
    – Puis cette décision est prise dans un contexte où le pouvoir en place refuse de fournir assez de moyens pour sauver la vie de chaque patient.
    Autrement dit nous vivons sous un régime qui nous autorise uniquement ä vivre tant que nous sommes en assez bonne forme pour nous faire exploiter. Les malades sont sacrifiés et exterminés tout en servant de cobayes pour l’expérimentation médicale et comme ressource pour l’élaboration de statistiques qui dans l’ensemble ne constituent effectivement que la preuve de la suprématie du pouvoir médical..

    11.9.2021, von Christoph Jehle - Die Debatte zur Priorisierung der Covid- gegenüber den Nicht-Covid-Patienten und die Not: die Pflegekapazität

    Gebannt stellt man fest, dass die Zahl der Hospitalisierungen von Covid-Patienten gegen Ende des Sommers wieder zunimmt. Nachdem die Inzidenzen als Grundlage der Coronamaßnahmen von den Hospitalisierungsinzidenzen abgelöst wurden, hofft die Politik, zumindest etwas Zeit gewonnen zu haben. Der Preis dafür ist das Risiko, dass man die Auslastung der Krankenhäuser nicht mehr vorhersagen kann, weil erst die Fakten zählen.

    Die Hospitalisierungsinzidenz ist die aktuelle Messlatte für Maßnahmen zur Kontaktbeschränkung. Man hat damit die Beurteilung der aktuellen Situation auf der Zeitschiene nach hinten verlegt, in der Hoffnung, dass viele Geimpfte nicht oder nicht symptomatisch erkranken.

    Da die Anzahl der in der Region freien Krankenhausbetten künftig für die Entscheidung über regionale Kontaktbeschränkungen die relevante Größe darstellt, werden schlecht versorgte Gebiete auch schneller mit Maßnahmen bis zum Lockdown rechnen müssen. Die in der Vergangenheit geforderte Gleichbehandlung für alle Bundesländer wird dadurch von einer deutlich kleinteiligeren Differenzierung abgelöst. Berücksichtigt werden dabei alle für Covid-19-Patienten geeigneten Isolierstationen und nicht nur Intensivbetten.

    Die Intensivstationen könnten schnell wieder an ihre Belastungsgrenze kommen, bevor der Auslöser für Kontaktbeschränkungen erreicht werde, so die Befürchtung.

    Wann ist eine Intensivstation an der Grenze zur Maximalauslastung?

    Die Zahl der Intensivbetten ist keine Größe, die man ausreizen kann. Stephan Jakob, Chef der Intensivmedizin am Berner Inselspital, betont nachdrücklich, dass eine Intensivstation nie zu 100 Prozent ausgelastet werden darf. 70 Prozent aller Patienten in der Klinik kämen als Notfälle, für diese müsse man Kapazitäten freihalten.

    Die Auslastung einer Intensivstation dürfe bei maximal 75 Prozent liegen. Und diese Betten können nicht zu 100 Prozent für Corona-Patienten freigehalten werden, weil dadurch andere Intensivpatienten von der benötigten Versorgung ausgeschlossen würden. Die Intensivstation im Berner Inselspital sei derzeit mit 27 Patienten zu 95 Prozent belegt, so der Intensivmediziner vor ein paar Tagen. Davon seien sieben Covid-Patienten, alle ungeimpft.

    „Im Vergleich zu früheren Wellen sind die Patientinnen und Patienten sehr schwer krank. Drei von ihnen benötigen eine künstliche Lunge, viele leiden unter Multiorganversagen“, so Jakob gegenüber der Berner Zeitung.

    Die Pflegekapazität setzt die entscheidenden Grenzen

    Am Anfang der Corona-Pandemie war die technische Ausstattung mit Beatmungsgeräten und anderem technischen Equipment der wichtigste begrenzende Faktor bei der Kapazität zur Behandlung von Corona-Patienten. Die inzwischen erfolgte Aufrüstung und Erfahrung bei der Behandlung dieser Patientengruppe hat gezeigt, dass letztlich die Pflegekapazität die entscheidenden Grenzen setzt, da diese Gruppe einen erhöhten Pflegebedarf hat.

    Wenn jetzt die Ausbildung von mehr Pflegern gefordert wird, sollte man auch berücksichtigen, dass die Pflegeschüler in manchen Bundesländern noch immer teils dreistellige Summen pro Monat selbst bezahlen müssen. Wer schon eine Stelle als Pfleger hat, kann bei großen Kliniken eine kostenfreie berufsbegleitende Weiterbildung zum Intensivpfleger belegen.

    Für Pfleger anderer Einrichtungen schlägt diese Weiterbildung mit etwa 5.000 Euro zu Buche. Auch wenn die Bezahlung sich in der klinischen Pflege zuletzt deutlich verbessert hat, sind die Arbeitszeiten wenig familienfreundlich und die häufigen Wechselschichten gehen zulasten der eigenen Gesundheit.

    So werden die qualifizierten Pfleger schnell knapp. Das für die Intensivpflege qualifizierte Pflegepersonal müsste dann aus anderen Abteilungen abgezogen werden und die dortigen Kapazitäten reduzieren. Patienten mit anderen Vorfällen könnten somit nicht im üblichen Umfang behandelt werden. Was faktisch einer Triage zum Nachteil der Nicht-Corona-Patienten gleichkommt.

    Debatte über Priorisierung

    Unterstützt wurde die Priorisierung der Versorgung von Covid-Patienten auch über die sogenannten Freihaltepauschalen, die in der Praxis dafür gesorgt haben, dass andere Patienten nötige Untersuchungen und Eingriffe zu spät bekommen hätten. Eine gesellschaftliche Debatte über die Priorisierung der Covid- gegenüber den Nicht-Covid-Patienten hat bislang nicht stattgefunden und auch über die legitimen Interessen der solcherart zurückgestellten Patienten spricht kaum jemand.

    Jetzt aber zu behaupten, die Krankenhaus- und speziell die Intensivbetten seien nie knapp gewesen, ist eine bedauerliche Missinterpretation der vorhandenen Zahlen.
    Welche Entscheidungskriterien gelten bei einer Triage?

    Für einen Lockdown kann der Gesetzgeber klare Grenzwerte anhand von Inzidenzen oder Hospitalisierungsinzidenzen festlegen, diese veröffentlichen und auch die jeweils getroffenen Maßnahmen der Öffentlichkeit bekannt geben. Wenn er mit diesen Entscheidungen zu spät kommt und die Betten auf den Isolierstationen ihre Kapazitätsgrenze erreichen, ist der Gesetzgeber außen vor, denn für das Instrument der Triage gibt es aus systematischen Gründen keine gesetzlichen Vorgaben und auch keine Veröffentlichungspflicht.

    Der Gesetzgeber darf hierzu keine Festlegungen treffen und die Entscheidung, wer aufwendig kurativ und wer palliativ behandelt wird, haben die verantwortlichen Ärzte im jeweiligen Einzelfall zu treffen.

    Dabei wird sich dann auch die Frage stellen, welche Bedeutung der Impfstatus des Patienten haben könnte. Die Zürcher Gesundheitsdirektorin Natalie Rickli hat sich mit ihrer Aussage - „Wer Impfgegner ist, der müsste eigentlich eine Patientenverfügung ausfüllen, worin er bestätigt, dass er im Fall einer Covid-Erkrankung keine Spital- und Intensivbehandlung will“ -, auch unter Schweizer Kollegen starken Widerspruch eingehandelt. Die Politik hat es vorgezogen, dieser Frage auszuweichen und fürs Erste die liberalen Coronamaßnahmen zurückzunehmen und vertritt nun eine härtere Gangart.

    Das Thema Triage hat übrigens nicht nur bei Intensivpflegeplätzen eine zunehmende Bedeutung bekommen, sondern auch bei der Zuteilung von Spenderorganen in der Transplantationsmedizin. Im Grund muss bei allen knappen Gütern die Entscheidung gefällt werden, welches Leben soll man retten.

    In der aktuellen Pandemiesituation hat sich deutlich gezeigt, dass unser Gesundheitssystem im Grunde ein „Krankheitssystem“ ist. Aus den Krankenkassen wurden trotz aller Namenskosmetik keine Gesundheitskassen, weil nur die Krankenheilung monetarisiert wird. Für ein echtes Gesundheitssystem müsste deutlich mehr Wert auf die Erhaltung der Gesundheit gelegt werden. Aber das ist ein eigenes Thema.

    #maladie #iatrocratie #pandémie #triage #covid-19 #corona #épidémiologie

  • Coronavirus live news: Heathrow opens separate ‘red list’ terminal | World news | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/live/2021/jun/01/coronavirus-live-news-peru-death-toll-more-than-doubles-after-review-wh
    https://i.guim.co.uk/img/media/55d2eb3289b6f55e804361c0458374a58f1479cb/0_835_4440_2663/master/4440.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Coronavirus live news: Heathrow opens separate ‘red list’ terminal.
    Heathrow airport begins processing arrivals from ‘red list’ countries in separate terminal. Heathrow airport in London has begun processing arrivals from red list countries in a dedicated terminal following concerns about them mixing with other passengers. Travellers arriving from red list nations on direct flights are being taken to Terminal 3.

    #Covid-19#migrant#migration#grandebretagne#frontiere#circulation#sante#zonearisque#triage

  • Biden launches barbaric attack on immigrants
    https://www.wsws.org/en/articles/2021/03/16/immi-m16.html

    Perhaps even worse than the conditions imposed by the Biden administration on the children and youth that it has allowed to enter the country is its decision to summarily expel all arriving adult immigrants and those children crossing with relatives on the grounds that they pose a health risk due to the coronavirus.

    In a late January letter to the Biden administration, dozens of medical experts explained that such “Title 42” expulsions serve no medical purpose: “Imposing restrictions on asylum seekers and other migrants based on immigration status is discriminatory and has no scientific basis as a public health measure.” Title 42 abolishes due process, ends the right to apply for asylum or other relief, and denies immigrants the right to appear for a hearing before expulsion. Seventy percent of the over 100,000 people who attempted to cross the border in February, including thousands of children, were expelled in this manner.

    Those immigrants deported under Title 42 are sent back across the border after US authorities strip them of their possessions, including their shoelaces, leaving them to shuffle across bridges into Mexico. Many are flown hundreds of miles away from where they crossed, to be expelled at a different point along the border. Thousands presently find themselves homeless or detained along the US-Mexico border where the pandemic is spreading unabated.

    #USA #Mexique #immigration #iatrcratie #triage #covid-19 #enfants #mineurs

  • Tri des patients : des dérives laissent penser que les personnes en situation de handicap sont discriminées
    https://www.bastamag.net/tri-des-patients-covid-handicap-reanimation-deces-etabissements-medicaux-s

    Les chiffres du ministère de la #Santé_sont de plus en plus confus sur les personnes en situation de handicap mortes du Covid sans avoir pu être prises en charge à l’hôpital. Plusieurs documents officiels montrent que ces personnes ont pu ne pas été considérées comme prioritaires pour accéder aux soins. Or, le handicap ne constitue pas en soi un facteur de comorbidité aggravant face au Covid. Depuis début avril, le ministère de la Santé communique chaque semaine le nombre de décès dus au Covid dans (...) #Résister

    / #Discriminations, #Inégalités, Santé , #Droits_fondamentaux, A la une

  • Who Gets the Ventilator ? (Ep. 413) - Freakonomics #Freakonomics
    https://freakonomics.com/podcast/covid-19-ventilators

    So: how do you decide who gets priority? Should it be first-come, first-served? Should it be the very sickest people? Or perhaps the least-sick of the very sick, since they’ll have a better shot at survival? Should it be older people, who may be fragile; or younger ones, with more life left to live and, theoretically, more to contribute to society? Should the wealthy and powerful have privileged access to this life-extending equipment, as they have access to most other resources? Or should it be reversed, with priority going to the poor and powerless?

    Question d’#éthique en #médecine sur le #tri #triage. Très intéressant.
    #audio

  • « Bienvenue en Alsace, à Coronaland »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/26/bienvenue-en-alsace-a-coronaland_6037791_3224.html

    Le département du Haut-Rhin, dans le sud de l’Alsace, a été l’un des principaux foyers nationaux de l’épidémie. Alors que le pire semble être derrière elle, la population tente timidement d’entrevoir « l’après ».

    Sous une treille de glycine, un enfant a accroché son dessin à la fenêtre d’une ferme : des lapins qui jonglent avec des œufs de Pâques devant une pancarte « Bienvenue en Alsace, à Coronaland » . Traverser le Haut-Rhin aujourd’hui, un des départements les plus touchés par le virus, c’est voyager de ville en village au pays des drapeaux en berne et des hélicoptères sanitaires. « Ailleurs en France, ils se rendent compte que le monde a changé ? Qu’on ne vivra peut-être plus comme avant ? » , demande un gendarme. Ce matin, il a eu un choc en voyant à la télé des joggeurs qui bronzaient, quelque part dans Paris.

    A la mairie d’Altkirch

    Ils sont à deux mètres les uns des autres, mais se dévorent des yeux par-dessus leurs masques chirurgicaux. Certains ont grossi, d’autres maigri. L’une a pris un coup de soleil au jardin, celui-là est tout pâle de ne pas avoir quitté la chambre. A la mairie d’Altkirch, les cinq membres de la cellule de crise se rencontrent pour la première fois après des semaines de réunions par ordinateur. Ils se retiennent pour ne pas sangloter. Etre à nouveau ensemble, tout simplement.


    Marques de distanciation sur le trottoir devant La Poste d’Altkirch (Haut Rhin) le 25 avril. Pascal Bastien/Divergence Images pour Le Monde

    La journée paraît bénie, il faut dire. En cette mi-avril, trois décès seulement ont été enregistrés en vingt-quatre heures à l’état civil, contre sept ou huit depuis le début de la crise. Au « temps d’avant » , il y en avait un seul par semaine ; on n’arrive plus à réaliser.

    « Et si on parlait du “temps d’après” ? , dit quelqu’un sur un ton attendri, la voix étranglée.

    Désolé de casser l’ambiance, mais on n’est pas au bout, pas du tout. »

    Adjoint à la sécurité, Didier Lemaire vient de doucher les enthousiasmes. Il a 45 ans, est pompier professionnel à Colmar, pas de carrière politique en vue. Un « bon soldat » , dit-il de lui-même. Dans sa tête, le pompier se répète : « Objectif principal : ne pas se laisser envahir par l’émotion, faire comme si j’étais dans mon job. »

    Chez les Lemaire, Mathilde, 8 ans, la cadette, descend l’escalier et déclare d’un ton martial, imitant Emmanuel Macron : « Nous sommes en guerre. » Elle a vu papa et maman malades, se relevant juste pour travailler et regarder les infos. A la maison, le virus a tout envahi, jusqu’aux conversations à table. « Avec sa sœur, elles ont dû se sentir seules » , dit Sophie, leur mère, infirmière libérale. La petite résume l’affaire, à sa manière, tel un pitch pour Hollywood : « Super, mes parents ont le Covid. »

    Altkirch, 6 000 habitants et « capitale » du Sundgau, comme on appelle ce territoire du Sud alsacien, est à 20 km de Mulhouse, mais on entre dans un autre monde. Des fermes, des collines, des villages aux clochers si pointus qu’ils paraissent passés au taille-crayon. Et tout au bout, la Suisse. Nicolas Jander, le maire (UDI) d’Altkirch, se souvient qu’il débattait du budget municipal quand un texto lui a appris l’hospitalisation de Jean-Luc Reitzer, député (LR) et ancien maire de la ville. « On a traduit : “Le virus est chez nous.” »

    Le maire décide de fermer les écoles. D’arrêter les marchés. De suspendre la pièce de théâtre. Quel fondement juridique ? Il ne se pose pas la question. De son côté, Didier, le pompier, monte la cellule de crise et prévient : « Tout ce que vous connaissez, c’est terminé. Maintenant, sa fierté, son amour-propre, ses titres, on va s’asseoir dessus et essayer d’avancer sans laisser personne au bord de la route. »

    C’est après seulement qu’est apparue la trouille. On est début mars, le mot « confinement » semble encore du chinois. « Qui sommes-nous, à notre tout petit niveau, pour imposer ça ? » , se demande le maire. Il appelle partout. Pas de réponse. Tout flotte. « On était seul. Ce n’est pas correct de le dire, mais c’est ce qui s’est passé. » Collecte des ordures, sécurité ou administration, chaque chose est à réinventer. Didier, le pompier : « Après cette crise, il faudra une remise en question générale. »

    Au centre médical Sainte-Anne, à Guebwiller

    Sur le parking du centre, le camion vient de démarrer, avec un homme en armes calé sur le siège passager. Ne pas communiquer l’heure de départ, ni le trajet. Ne prendre aucun risque. Près de Belfort, un dépôt de masques chirurgicaux a été attaqué, les convois de matériel médical commencent à se faire braquer. Tout va bien se passer, répète comme un mantra un manutentionnaire, chargé des livraisons entre la pharmacie centrale et les 5 unités de soins de l’Ugecam dans le Haut-Rhin, réseau parapublic relevant de l’Assurance-maladie. Toujours ces pénuries à répétition, qui restent un frein énorme. Parfois, il craint « une forme de guerre civile autour du matos ».

    Le camion a tourné le coin. Aucun humain en vue sous le ciel d’un bleu impeccable. C’est le Grand-Est, pas le Far West, mais on finirait par croire qu’ils se ressemblent.

    « Combien le prix de la blouse jetable aujourd’hui ? » , demande Claude Moser, directeur du pôle Sud Alsace à l’Ugecam.

    Dans la salle de réunion, l’écran de l’ordinateur s’allume.

    La responsable logistique a fait une offre à 7 euros, mais un autre groupe l’a raflé à 10.

    « Dix euros la blouse jetable, répète le directeur, détachant chaque syllabe. En janvier, elle valait 37 centimes. »

    Ces dernières années, les mêmes consignes circulaient dans tout le système médical français, privé ou public : tenir les budgets, ne pas faire de stocks, externaliser un maximum de postes, louer les équipements (maintenance comprise) plutôt que les acheter. Bref, tout ce qui s’est avéré catastrophique dans la crise. « Je commence mon autocritique : moi aussi, je l’ai fait, convient le directeur. Il va falloir repenser tous nos modèles. »

    Avec la crise, le centre Sainte-Anne a été transformé en « unité Covid ». L’opération aurait dû être impossible, voire interdite. Mais personne ne s’est préoccupé d’autorisation. « On serait parti là-dedans, on était face à une morgue » , assure Claude Moser. En moins d’une semaine, le système a été entièrement reconfiguré, y compris la mise en place d’une cuve à oxygène. Le directeur se marre en pensant aux autorités de tutelle. « Si le Covid-19 n’était pas si dangereux, ils nous feraient des inspections. Heureusement, ils ont peur. »

    Au départ, le personnel aussi – une soixantaine de personnes – était inquiet : « Vous nous jetez dans l’arène, sans rien. » Ne sont restés que les volontaires, autrement dit tout le monde. Des médecins et des infirmières en psychiatrie sont venus en renfort.

    « Une perfusion ? Je ne sais plus les poser, dit l’une.

    – Eh bien tu vas t’y remettre, ma grande. »

    La réunion bifurque sur ce patient, décédé la veille à 19 h 45. Il avait des enfants, des frères, des sœurs, mais un seul proche avait été autorisé à son chevet. Qui choisir ? Et qui décide ? La famille ? Le médecin ? La courte paille ? « Chaque jour, il faut trouver des solutions qu’on n’aurait jamais osé imaginer. » Autour de la table, personne ne porte plus de bijou, pas même d’alliance. Règles sanitaires strictes. 74 patients ont déjà été accueillis – dont 24 guérisons et 3 décès –, en majorité des hommes, au tournant de la soixantaine et en surpoids. Le directeur soulève discrètement sa cravate pour se palper le ventre. Cette fois, ce sont ses collègues qui sourient.

    D’un bond, Claude Moser s’est levé de sa chaise. Il vient d’apercevoir par la fenêtre une soignante sortie fumer dans le parc. Or, une seule pause est désormais autorisée, vu le prix des blouses jetables. Il s’énerve : « Vous trouvez normal de vous conduire comme ça ? » La fille pleure. Quand il remonte, on entend le directeur marmonner qu’il s’en veut.

    Sur la route entre Colmar et Mulhouse

    Les camionnettes se succèdent sur la route entre Mulhouse et Altkirch (Haut Rhin), le 25 avril. Pascal Bastien/Divergence Images pour Le Monde
    L’effet est spectaculaire : les camionnettes professionnelles ont recommencé à circuler entre Colmar et Mulhouse, au lendemain du discours d’Emmanuel Macron, le 13 avril 2020. La simple annonce de la fin du confinement pour le 11 mai a produit l’effet d’un signal de départ. Ici, un électricien reprend un chantier, là un horticulteur. Le long du Rhin, vers la frontière allemande, les usines redémarrent, une à une. Cadre dans l’énergie, Christian Rebert pensait que l’activité économique s’arrêterait pour repartir d’un coup, en mode « on » et « off ». En fait, beaucoup de boîtes reprennent sous la carapace du confinement, comme une fourmilière qu’on découvrirait en soulevant une pierre.

    Mais les codes habituels ont parfois volé en éclats. Un éducateur fait le ménage, une secrétaire et un employé à l’entretien des espaces verts aident à faire tourner une blanchisserie. Dans une mairie, les éboueurs sont invités aux réunions par Skype. Chez Dany et Marie-Claude, à Colmar, le salon gentiment bourgeois s’est transformé en atelier de couture, où cet ancien de France Télécom fabrique bénévolement des blouses. Les voisins le disent depuis longtemps : « Il faut être bien avec eux. En temps de guerre, ils pourraient nous fournir. »

    Dans les quartiers est, Emilie, 37 ans, trois enfants, a postulé pour la récolte de fraises, en attendant de reprendre son boulot à la crèche. Manuela, son amie, s’est inscrite aussi. Au chômage, elle avait pourtant refusé le même travail, voilà quelques semaines. Alors pourquoi maintenant ? « J’espère que les cartes vont être redistribuées. »

    Dans le quartier Bourzwiller, dans l’est de Mulhouse

    Au pied d’une HLM, le carré de pelouse n’est pas plus grand qu’un mouchoir, juste la place de déployer un parasol Pepsi-Cola. La mère, la fille et le petit-fils sont confinés dessous, seule tache de vie dans Bourzwiller désert. Les deux femmes, Monique et Nathalie, travaillent dans le ménage, rien en ce moment, ça va sans dire. Juste en face de chez elles se dresse un bâtiment imposant, l’église évangélique La Porte ouverte chrétienne. Le parking donne la mesure de sa fréquentation : gigantesque.

    « Moi j’y vais à Pâques et à Noël, c’est magnifique, mieux décoré que la vitrine des grands magasins à Paris » , s’enflamme Monique, la mère.

    « Une secte » , tranche la fille.

    La mère : « Mais une secte gentille. Des drogués et des alcooliques la fréquentent, ils ont l’air mieux après. » Elle-même a participé à une journée d’accueil, en 2015, « pour le buffet surtout, je le dis honnêtement. Il y avait des sandwichs au salami et même à boire. Entrée libre, tout gratuit ».

    La fille : « Mais c’est venu de là-bas. » A Bourzwiller, où s’est aussi construite la première mosquée d’Alsace, la cohabitation était jusque-là sans histoire avec La Porte ouverte chrétienne. Mais début mars, certains jeunes n’avaient qu’une idée en tête : la brûler, quand l’église évangélique a été désignée comme un des « détonateurs » de la pandémie dans le Grand-Est. Celle-ci avait organisé une semaine de jeûne, réunissant plus de 2 000 personnes, du 17 au 22 février, donc bien avant les mesures nationales contre le coronavirus.

    Finalement, les larmes ont noyé la colère, raconte Fatima Jenn, ardente défenseuse du quartier et candidate aux municipales (ex-LRM). « D’ailleurs, eux aussi sont victimes » , dit-elle au sujet des évangéliques. D’un coup, elle devient livide, s’assoit sur un coin de trottoir, les escarpins dans le caniveau. Le soir même du scrutin municipal, le virus l’a attrapée en plein vol. Son score au premier tour des élections ? A vrai dire, elle peine à s’en souvenir. « Depuis, les priorités ont changé ! Les gens ont changé ! J’ai changé ! » Elle se relève, la démarche mal assurée. « Pardon, je vais rentrer. »

    Un drapeau de l’Alsace flotte dans le jardin d’une maison du Quartier Bourzwiller. . Pascal Bastien/Divergence Images pour Le Monde
    Ici, on se compte entre morts et vivants, le matin à l’heure du café. Une question revient, la même toujours : « Qui est dans le journal aujourd’hui ? » Une jeune femme tente de se consoler : « La voisine de ma mère vient de décéder, elle aussi. Par chance, leurs tombes sont à côté, au carré musulman, derrière Auchan. Elles restent voisines, comme avant. » A la maison de santé locale, un cabinet où se sont regroupés médecins et infirmiers, 80 % des patients ont des symptômes du Covid-19, selon Dominique Amé, une des docteures. « Tout le monde ici a conscience de vivre dans l’épicentre de la maladie. » Rassurer les patients lui prend de plus en plus de temps.

    Dans le quartier pavillonnaire, on croise une jeune femme en survêtement Puma et jupe à paillettes, qui appartient à une des grandes familles algériennes de la ville. La plus touchée aussi, sans doute : 3 morts, 5 hospitalisés, un nombre incalculable de malades. Les rares valides osent à peine s’afficher au supermarché. Longtemps, les gens les ont évités comme le virus en personne : « Vous êtes dangereux. Pourquoi c’est tombé sur vous ? » Eux aussi se le demandent. Pourquoi nous ? Ils culpabilisent. Qu’est-ce qu’on a pu faire ? Quand ? Qui ? La Porte ouverte chrétienne, juste à côté ? Le milieu médical, où travaillent huit femmes de la famille, en Ehpad ou à l’hôpital ? Ou bien cette fête pour la naissance d’un petit dernier, où une centaine de proches s’étaient retrouvés, fin février ? « C’était un moment très heureux. Au fond de mon cœur, je veux croire que ça ne vient pas de là » , reprend Mlle Jupe-à-paillettes. Elle en tremble, se réveille en sursaut, appelle une fois encore une belle-sœur ou une cousine. Personne ne trouve plus de mots, à force. Alors elles s’écoutent juste pleurer, chacune dans son téléphone.

    Dans une PME, à Mulhouse

    « Ma question sera un peu brutale, prévient le responsable des ressources humaines d’une petite boîte de BTP. Est-ce que vous êtes covidée ? » Avant que son interlocutrice n’ait eu le temps de répondre, il continue : « Pour des raisons sanitaires, l’entreprise se pose la question d’organiser le travail en deux équipes, les covidés et les non-covidés. »

    L’employée hésite. Le responsable parle toujours : « Comprenez-moi, on essaie de gérer. La responsabilité des employeurs risque d’être mise en cause en cas de contamination d’un ou plusieurs salariés. »

    L’employée esquive. « Vous avez le droit de demander notre dossier médical ? Est-ce qu’on peut être obligé de se faire tester ?

    – Il s’agit de santé, c’est vrai, mais aussi de sécurité. Il va falloir s’habituer à vivre comme ça. Enfin, sans doute. »

    Médecin-chef au centre médical Le Roggenberg, près d’Altkirch, le psychiatre Thierry Malassiné se demande si la France va désormais se partager en deux, « Covid-positifs » d’un côté, « Covid-négatifs » de l’autre. Et quelle sera la cohabitation.

    A l’association Marie-Pire, à Riespach

    Sous les grands arbres, Stéphane se roule dans l’herbe. Antonio dort la bouche ouverte et un filet de soleil tombe pile entre ses lèvres. Maria parle de Dalida. L’heure de la promenade ressemble à une récréation dans le jardin de la maison d’accueil spécialisée Marie-Pire. Au bout d’une route de campagne, le centre a d’abord hébergé des orphelins de la guerre de 14-18, des malades de la tuberculose, et aujourd’hui il recueille 36 adultes atteints de handicaps lourds, physiques et mentaux.

    Soudain, Manu se met à pousser des hurlements dans son fauteuil roulant. « Quel bonheur de l’entendre enfin ! » , s’enthousiasme Chloé, une aide-soignante. Depuis des jours, Manu restait recroquevillé, dans la position du fœtus, en silence. Ça avait commencé à l’annonce du premier mort dans le centre, le 22 mars, à 20 heures. Depuis, il y en a eu trois autres. « Quand le ministre de la santé affirme qu’il n’y a pas de tri entre malades dans les hôpitaux, je réponds : “c’est faux” » , dit Pierrick Buchon, directeur général de l’association Marie-Pire, 330 personnes handicapées dans différentes structures.

    Au centre de Riespach, des résidents ont commencé à tousser début mars. Les cas suspects sont aussitôt isolés, une opération compliquée dans le milieu des handicapés. On entendait certains gémir dans leur chambre : « Pourquoi je suis puni ? » Un vendredi soir, Alain, 58 ans, se met à suffoquer. L’aide-soignante se souvient d’avoir appelé le SAMU : « Venez vite, il va me mourir dans les bras ! » L’opérateur évoque la surcharge. Deux jours plus tard, Alain expire dans sa chambre.

    L’aide-soignante s’arrête dans son récit et se tourne vers le directeur : « Est-ce que j’ai le droit de tout dire ?

    – Il faut tout dire » , insiste Pierrick Buchon.

    Elle explique donc que le médecin référent refuse, à son tour, de venir constater le décès, par peur de la contamination. « Il m’a conseillé : “Faites-le vous-même. Et si vous ne supportez pas de le voir, mettez-lui un drap sur la figure, à la guerre comme à la guerre.” »

    Tous les soirs, l’angoisse monte au centre de Riespach. « On se disait : “qu’est-ce qui va se passer ?” » Le cahier des transmissions internes raconte la nuit du 25 mars. A 20 h 30, le SAMU est alerté pour Marie-France, à 21 h 15 pour Bruno, à 1 h 30 pour Gilbert, à 2 h 45 pour Françoise. A 3 heures, c’est le SAMU qui rappelle lui-même : « Arrêtez de téléphoner, on est saturé. » Toujours pas d’ambulance en vue.

    Le lendemain, Pierrick Buchon sollicite l’Agence régionale de santé (ARS). La conversation dure dix-huit minutes. « Ils me le font comprendre très clairement : les personnes handicapées ne seront pas prises en charge. Vous vous les gardez. On vous aidera à mettre en place un accompagnement de fin de vie et une cellule psychologique pour le personnel. » Philou meurt le 28 mars. Gilbert, le 31. Lui pouvait passer la journée à se regarder dans une glace. Il ne s’aimait pas avec les cheveux longs, mais la crise interdisait toute visite. Jusqu’au bout, Gilbert a guetté le coiffeur, suppliant qu’on le fasse venir. Puis le 3 avril, c’est Bruna. « Il a fallu qu’ils tombent les uns après les autres pour qu’on les accepte » , reprend Christine, qui pilote le centre de Riespach. En temps ordinaire, déjà, il lui arrive de voir les soignants se décomposer, quand elle emmène une personne handicapée à l’hôpital. « Ils nous les renvoient parfois sans les toucher. Ils n’ont pas l’habitude de les gérer. Certains le disent carrément : “Ces patients-là c’est pas mon truc.” »

    Dans le couloir passe Etienne, agent de service, fraîchement revenu d’arrêt maladie. Il avait signalé lui-même faire partie de l’église La Porte ouverte chrétienne, après l’alerte officiellement lancée début mars par les autorités sanitaires. Les premiers cas venaient d’être détectés parmi les fidèles. Etienne, 35 ans, fait la sono à l’église le samedi soir et y joue de la guitare, comme son père. Il y a rencontré sa femme. A l’association Marie-Pire, Etienne vient de signer son CDI. Seule une collègue lui a lancé un commentaire amer.

    Au conseil départemental du Haut-Rhin, à Colmar

    Présidente (divers droite) du conseil départemental, Brigitte Klinkert se souvient qu’ « on n’avait pas trop envie de nous voir au début de la crise » . Soudain, tout s’annulait, les rendez-vous, les réunions institutionnelles. Juste au moment où les frontières se fermaient, elle a négocié le transfert de patients en Suisse et en Allemagne, à Fribourg. Le ministère de la santé du Bade-Wurtemberg lui a envoyé la liste des places dans les cliniques, in extremis, autour de minuit. Le préfet et l’ARS sont tenus informés.

    On lui demande : « Vous allez le faire vous-même ?

    – Oui.

    – Toute seule ?

    – Oui. »

    Aujourd’hui, elle a plus souvent le maire de Fribourg au téléphone que les autorités de santé françaises. Dans le ciel, au-dessus du conseil départemental, passe un hélicoptère. S’il est jaune et rouge, mauvais signe. Non, c’est le « contrôle-confinement ». Ici, la gendarmerie relève peu de fraudes aux attestations. « Il y a un effet de sidération qui dure , glisse un gradé. Certains jours encore, on sent la mort, littéralement. »

    Dans le quartier Bel-Air, à Mulhouse

    Bebeto Kalala reçoit dans son salon, à Mulhouse, jolie pièce tamisée par des voilages mauves aux fenêtres. La cinquantaine, intérimaire dans l’industrie, M. Kalala a participé avec ses sept enfants à la semaine de jeûne à l’église La Porte ouverte chrétienne. Il ne manquait que sa femme, aide-soignante dans un Ehpad.

    De ces quelques jours en février 2020, connus de tous aujourd’hui dans la tourmente d’une pandémie, M. Kalala garde, lui, un autre souvenir : celui d’un « miracle », comme il dit. C’était le 18 ou le 19, il ne sait plus, dans la grande salle du culte. M. Kalala priait parmi les fidèles, un millier au moins, quand une dame a fendu la foule en fauteuil roulant. Devant l’estrade, elle se lève soudain et l’arpente. Ses paroles sont confuses, mais une clameur les couvre. On s’étreint. On chante des louanges. La Porte ouverte chrétienne s’est fondée sur la maladie et la guérison : Jean Peterschmitt a créé l’église en 1966, à Mulhouse, quand sa femme Suzanne a été sauvée par la prière, selon lui, d’un mal incurable.

    « La nouvelle de cette guérison instantanée s’est tout de suite répandue : le lendemain, il y avait encore plus de monde à l’église » , raconte M. Kalala. C’est justement une journée consacrée aux malades, comme l’église en organise régulièrement. Dans la salle, le pasteur appelle chacun à toucher son corps à l’endroit où il souffre et à prier. Dieu choisira. Ça tousse et ça crache dans certaines travées, par quintes profondes. M. Kalala pense s’éloigner, mais il a honte. « Je me suis senti plein de préjugés. Les gens étaient venus chercher de la force et je m’enfuyais. »

    Le dernier jour de jeûne, M. Kalala a des frissons à son tour. Une faiblesse extrême. La chaleur lui sort de partout, de la gorge, des yeux, des oreilles. Le carême doit l’avoir fatigué, pense-t-il. Il va pourtant au culte.

    Bebeto Kalala a déjà perdu 7 kg lorsque l’ARS lui apprend, deux semaines plus tard, qu’il est contaminé par le coronavirus. Il demande à passer un test. Réponse : ils sont réservés aux soignants. Depuis, plus de nouvelles.

    De son côté, Jonathan Peterschmitt, petit-fils du fondateur, reste « intimement convaincu » que l’église La Porte ouverte chrétienne n’est pas le détonateur de la pandémie dans le Grand- Est. Lui-même est médecin généraliste dans un village d’Alsace, « un praticien classique, semblable à n’importe quel confrère » , dit-il. Pour aborder d’autres sujets, il attend un signe de ses patients. « Le sud de l’Alsace reste un pays de croyances, de rebouteux, où beaucoup de gens croient aux guérisons miraculeuses. Etant moi-même dans le spirituel, je ne renverse pas la table quand ils m’en parlent. » Dans ces cas, le docteur Peterschmitt, 31 ans et 4 enfants, tous vaccinés, utilise « des moyens autres ». Il vient de demander une enquête scientifique sur la propagation du virus dans le Haut-Rhin, et le CNRS l’aurait déjà contacté. Et si les investigations concluaient à un foyer pendant la semaine de jeûne à Bourzwiller ? « Dieu commence par son peuple s’il veut donner un message. Il nous fait passer une épreuve pour nous donner l’occasion d’en tirer un bénéfice spirituel. » La Porte ouverte chrétienne compte déjà 30 morts et des dizaines de personnes hospitalisées, et 18 membres de la famille Peterschmitt ont été touchés.

    Au cabinet du docteur Vogt, à Mulhouse

    Le cabinet du docteur Vogt résonne d’un chahut d’auberge espagnole : une bande d’infirmières et d’infirmiers l’attendent pour faire signer l’ordre de mission qui les renverra chez eux, à Paris, Saint-Etienne ou Lille. Dépêchés en renfort dans le Haut-Rhin, ils ont 25 ans pas plus, une classe d’âge, comme on le dirait pour la conscription. Jusqu’ici, le virus s’est montré clément avec la jeunesse, « alors, on a mis les vieilles de côté pour nous choisir nous : c’est notre tour » , croit savoir l’une, riant, plutôt fière. Tous ont fraternisé à l’hôpital de Mulhouse, ça flirte un peu, chaises positionnées à un mètre de distance, ne se lâchant la main que pour la passer au gel, à un rythme régulier. « On l’aura fait, on s’est confronté à l’Histoire avec un grand H » , dit un autre, faisant le « V » de la victoire. Comment c’était ? Alors les yeux se voilent. Les souvenirs commencent à se rembobiner. Soudain, ils n’ont plus envie de parler.

    Florence Aubenas

    #crise_sanitaire #covidé #covidée #blouse_jetable à 10€ #porteurs_de_handicaps #tri

    • « Est-ce que j’ai le droit de tout dire ? »

      L’aide-soignante se souvient d’avoir appelé le SAMU : « Venez vite, il va me mourir dans les bras ! » L’opérateur évoque la surcharge. Deux jours plus tard, Alain expire dans sa chambre.

      L’aide-soignante s’arrête dans son récit et se tourne vers le directeur : « Est-ce que j’ai le droit de tout dire ?

      – Il faut tout dire » , insiste Pierrick Buchon.

      Elle explique donc que le médecin référent refuse, à son tour, de venir constater le décès, par peur de la contamination. « Il m’a conseillé : “Faites-le vous-même. Et si vous ne supportez pas de le voir, mettez-lui un drap sur la figure, à la guerre comme à la guerre.” »

      Tous les soirs, l’angoisse monte au centre de Riespach. « On se disait : “qu’est-ce qui va se passer ?” » Le cahier des transmissions internes raconte la nuit du 25 mars. A 20 h 30, le SAMU est alerté pour Marie-France, à 21 h 15 pour Bruno, à 1 h 30 pour Gilbert, à 2 h 45 pour Françoise. A 3 heures, c’est le SAMU qui rappelle lui-même : « Arrêtez de téléphoner, on est saturé. » Toujours pas d’ambulance en vue.

      Le lendemain, Pierrick Buchon sollicite l’Agence régionale de santé (ARS). La conversation dure dix-huit minutes. « Ils me le font comprendre très clairement : les personnes handicapées ne seront pas prises en charge. Vous vous les gardez. On vous aidera à mettre en place un accompagnement de fin de vie et une cellule psychologique pour le personnel. »

      #samu #médecin_référent #personnes_handicapées #société_d'abandon

  • Ageist “Triage” Is a Crime Against Humanity

    My cohort of over-65 people are supposed to be enjoying the new Age of Longevity. But do some younger people still associate us older folks with dying — however unconsciously — so that our premature demise may come to seem — sadly — normal? These questions arise with more gravity because the pandemic Covid-19 may become an atrocity-producing situation for older persons. Will anxiety, which already runs high, come to be focused on the figure of an old person who is seen as expendable? This depends on how panicked different nation-states become, and how discourse about victims is structured by governments and the media.

    The ethical position is that old people have equal claims to life with anyone else. Arthur L. Caplan, head of the Division of Medical Ethics at NYU’s School of Medicine, writes, “It seems to me that we want to guide our decisions about access to healthcare not by biases about being too old or treatments being too expensive, but first and foremost, we want to ask whether there is benefit. Does it work? Is it going to help the individual?” The ethical responsibility is clear: If a 90-year-old can benefit and wants to have a necessary treatment, give it to her. Risks to older people arise in societies when health care systems are overwhelmed. Given the government delays, this is likely to happen in the United States now: “What will happen when there are 100, or a 1000 people who need the hospital and only a few ICU places are left?” Matthew K. Wynia and John L. Hick, who helped write the Guidelines for Establishing Crisis Standards of Care, give the standard answer, “The ethical justification for withholding or removing potentially lifesaving care from one person or group without their consent and giving it to another is that the latter person or group has a significantly better chance at long-term survival.”

    General guidelines become questionable, however, if younger people in power are already implicitly biased, thinking that people much older than they are close to death, or that they have had “full lives,” or that they no longer care to survive. Do you believe this? Doctors may not recognize the ageist prejudice involved in any of these prejudgments. Or they may admit these beliefs, assuming — because ageism is so common — that everyone agrees. An otherwise healthy 75-old gets pneumonia, as does a 37-year-old with end-stage lung cancer. “Which very sick patient gets intensive care?” If the 37-year-old would die even on a respirator … you save the “old man” who could have 25 good years.

    In Italy and Switzerland, where the epidemic has stressed the medical system, doctors asking this question are sometimes answering, it seems, on the basis of age alone. In Switzerland, the head of an infectious disease unit, Pietro Vernazza, projects that they will have to weigh “a patient of a certain age in desperate conditions” against “a younger sick person.” But verbally, this is already wrongly decided, by labelling the older person’s condition “desperate” while the younger person is only “sick.” The mayor of Bergamo said that in some cases in Lombardy the gap between resources and the enormous influx of patients “forced the doctors to decide not to intubate some very old patients,” essentially leaving them to die. “Were there more intensive care units,” he added, “it would have been possible to save more lives.”

    In a crisis like this, ethical decision-making going case by case must fight every societal bias of long standing: refusing to weigh the life of a white person as worth more than that of a person of color, the life of a man more than a woman, a cis person over a trans person, or a younger person over an older person. And what of an old black woman, or someone else whose intersectional category may activate prejudice? Ethical triage focuses on the individual’s condition, not the sociological category. Training for doctors must include not only clinical guidance, but situational awareness about potential bias.

    This ethical trial of rapid decision-making (who will be allowed to survive?) is often foisted on front-line medical personnel who do not have such training. After the Covid-19 epidemic is over, do we want to be forced to conclude that elders died more frequently than younger people (as some early mortality statistics show they do) because, in many cases, age-bias denied them treatment?

    Denying anyone medical care is heartbreaking, but denying someone out of bias is exponentially worse. Once aware of the high stakes of medical ageism, some responsible people, particularly as they grow older, may find themselves left with a lifetime of shame and growing remorse.

    The advice from the European Society of Intensive Care Medicine’s Task Force on avoiding the tragedies of triage is obvious: “Hospitals should increase their ICU beds to the maximal extent by expanding ICU capacity and expanding ICUs into other areas. Hospitals should have appropriate beds and monitors for these expansion areas.” The real crime at the governmental levels, and at the level of hospital administration, is to not open enough hospital beds and intensive care units, fast enough. Preparation is the task of yesterday, and certainly today. We must do everything we can to avoid hastening the deaths of the old.

    As a society, we will be grieving all deaths. Triage is tragic in itself, whether on the battlefield or in civilian hospitals. But only bias makes it criminal. In this saddened state, we should be able to go forward without the added burden of fearing that our country, and our medical personnel, were guilty of a crime against humanity.

    https://lareviewofbooks.org/short-takes/ageist-triage-covid-19
    #tri #crime_contre_l'humanité #âge #coronavirus #covid-19 #vieux #âgisme

    • Avoiding Ageist Bias and Tragedy in #Triage. Even a lottery is fairer than triage by age

      Triage means exclusion from treatment. In parts of the US, triage may become grievously necessary, as pandemic peaks overwhelm resources. Setting proper criteria for such decision-making is crucial for avoiding injustice, guilt, and tragedy. Sorrowfully, a medical consensus on whom to exclude has been forming, in “guidelines” from universities and state commissions, that often works explicitly against the old, and implicitly against people with disabilities, people of color, poor people, and those who live in crowded nursing homes, who are over 75, or 60, or even over 40. Bias in triage decisions is a danger to those whom society has made vulnerable.

      “The transition from conventional to , , , crisis care comes with a concomitant increase in morbidity and mortality,” warns a document on “crisis standards of care” transmitted to the Trump Task Force on March 28. [i] This essay responds to recent arguments justifying crisis exclusions that are erroneous and, to my mind, unethical, but, because they are authoritatively presented or widely held, dangerous.

      “One thing everyone agrees on is that the most morally defensible way to decide would be to ask the patients,” Dr. Wynia, a bioethicist, is quoted as saying in a survey of opinions reported by Sheri Fink for the New York Times. [ii] This sounds plausible: In health, some people make living wills requesting that if unable to speak for themselves (because of e.g., severe cognitive impairment, coma), they be kept alive with “heroic” measures, or not. Consent is indeed necessary from Covid-19 patients who can speak for themselves, who are gasping and scared and might benefit from ICU or intubation if offered. Would such patients sign the same advance directive now? This is supposed to be a moment of choice, involving reassuring explanations from medical personnel about options (even induced coma).[iii] A danger emerges: some candidates for scarce resources might eliminate (“sacrifice”) themselves.

      Consider that internalization of inferiority is real and affects wide swaths of the population. As the feminist and disability rights movements have taught, many people feel they must be self-abnegating: Others’ lives are worth more than theirs, Depressed people may agree to relinquish their chance—but many older people are depressed by the pandemic. We are told often that our lives are more at risk than the lives of others. Family members will be unavailable if we are hospitalized. And, because we are suddenly framed as less valuable by popular opinion and some medical guidelines, older and disabled people may feel expendable.

      The elderly and disabled category has had pointed aggressive societal pressure aimed at them for a long time. Vehemently denied but still widely held, is the feeling that the older the patient, the more undeserving of treatment. “So close to death already.” The attitude spreads, first unconsciously and now explicitly, that younger adults are more valuable than older adults; the healthy more desirable than the less abled.

      Ageism permeating the medical profession, a widespread problem, adds to triage confusion. Older people–not deaf and not cognitively impaired—complain in conventional situations that their doctors often ignore them, preferring to talk to their adult children. We are not seen. We may insultingly be considered “burdens”–too costly, too unproductive, too time-consuming.

      Equal treatment, a constitutional right and an existential necessity, is likely to be ignored in the crisis situation. The University of Pittsburgh guidelines, a model, don’t mince words. The tie-breaker should be age. (A tie means all patients with that score have an equal likelihood of survival.) These guidelines give priority to younger patients within these age groups: 12 to 40, 41 to 60, 61 to 75, over 75+. (Massachusetts’ new guidelines are similar, as reported on April 13th.) The Pittsburgh document calls this “the life-cycle principle.” [iv] A principle! That sounds not just plausible but lofty. Less so if we call it “culling the old.” The United States has seen a growth of longevity that any nation could be proud of. Now their longevity may be used against people as young as forty.

      Do the math. If age is the tie-breaker, let’s say there are 10 ventilators, and 100 people who are tied in terms of equal benefit. One is 83 years old, 4 are 70; 22 are 60, 35 are 50; the rest are under 40. All 10 of those under 40 would get the ventilators; none of the others. That is culling the old. Some triage guidelines suggest patients be warned their ventilator could be taken away from them. Some triage guidelines suggest patients be warned their ventilator could be taken away from them.[v] Isn’t a lottery more fair? A lottery system (for a brief time of crisis) may horrify some people, but in the long run “the ice floe” principle is far more perilous for a society.

      With hostile ageism rampant, as we see, mere chronology counts more than an individual’s medical condition. An article in NEJM gives “priority to those who are worst off in the sense of being at risk of dying young and not having a full life.” [vi] The retired veteran New York philosopher, Andrew Wengraf, argues against the “full-life” argument.

      Age may be a vivid sociological category, but to age is just to go on living. It is true that when Bertrand Russell died age 97 he was said to have had a fulfilled life, a life not free of disappointments but certainly fulfilled. . . . And inasmuch as life is finite, we are nearer death when we are old. But Russell was not obliged to die because of having enjoyed a long, rich life. The burden of proof is on anyone who thinks Russell has a duty to die prematurely. That person needs to explain how Russell could acquire that discriminatory outcome as an obligation. Without that, it cannot simply be imposed upon him in a triage queue.

      New York state’s guidelines are not ageist; Governor Andrew Cuomo said categorically, “My mother is not expendable.” Justice in Aging, a San Francisco legal NGO that protects low-income older people, has co-written a letter to California health officials asking that treatment discussions “include an explicit prohibition on triage and triage guidance that consider an individual’s estimated remaining number of years of life and other factors that cannot realistically be operationalized without taking age into account.”[vii] The Johns Hopkins criteria for treatment, which rightly depended on public input, ask no more than one year of potential life, thus respecting people in their nineties. I have a dear aunt who is 99, healthy, practicing social isolation, not ready to die. At 79, I assert that my life is worth no more than that of my aunt, nor less than that of a 30-year-old.

      Ethicists rightly omit most exclusion criteria (color, gender, low income). Future perceived value ought to be another no-no. Behind the mask, fortunately, a doctor cannot tell if that person with double pneumonia is Einstein or a homeless person of the same age. But age is as visible as gender and race. If we were to exclude people because of age, we would lose many of our current leaders. The UK would lose Queen Elizabeth. And some disabilities are clearly visible.

      In a hospital crisis, ethical decision-making going case by case must fight every societal bias of long standing: refusing to weigh the life of a white person as worth more than that of a person of color, the life of a man more than a woman, a cis person over a trans person, an apparently able person over a person with an obvious disability, or a younger person over an older person. And what of an old black woman, or someone else whose visible intersectional category may activate prejudice? Ethical triage even in crisis care should focus on the individual’s medical condition, not the sociological category. Training for doctors and nurses must include not only clinical guidance, but situational awareness about potential bias.

      Having to decide on triage occurs at many stages, from EMTs to the bedside. Excluding people or withdrawing treatment from some may feel tragic to doctors, as well as for the patients who die, and for their families. Where bias rules, however, triage becomes criminal. The government document to the Trump Task Force, wants all healthcare workers to have “adequate guidance and legal protections . . . from unwarranted liability” (p.4).

      But even the best-designed bias training cannot prevent the appearance at these multiple decision points of many people suffering from long-term health inequalities based on gender, race, national origin, or immigrant status, and low income. For them discrimination starts in utero, with inadequate prenatal care. Early deficiencies may grow worse (toxic environments, substandard housing) throughout life, as sociologist Dale Dannefer has shown through his concept of cumulative disadvantage. [viii] Middle ageism—causing people to lose jobs early in life, preventing them from finding work again—leads to family dysfunction, foreclosure, diseases of stress. Inequality goes on so relentlessly that such people are inevitably at more risk if Covid-19 hits them. Injustice is clearly built into any crisis standard of care that prioritizes the likelihood of highest long-term survival, in a society that has lacked Medicare for All for the past sixty years.

      The most just answer seems to be that all those with similar conditions and equal chances of one-year survival, participate in a lottery. A petition to this effect, addressed to the US Surgeon General, called “Just Rationing,” can be signed at Change.org/JustRationing

      The US government, burdened with racist, market-driven, small-government ideology, for decades denied the poor the right to health care and exacerbated inequality. Under Trump the government underfunded its public health service, disregarded science, procrastinated in preparations. The underfunding of nursing homes, the overwork and underpayment of staff, have already led to uncountable deaths. In many countries, the excess deaths of the pandemic will be the fault of the state. The deaths incurred thereby are crimes against humanity.

      But suppose the curve flattens–we are spared triage! Eventually the data will tell us how many died after having suffered a life of disadvantages. What has been revealed already, however, through these calm, ostensibly reasonable, “ethical” medical guidelines, is a frightening explosion of explicit hate speech against people who are simply older. Older than the valued young. An entire nation has learned that this is normal and expectable. When pinch comes to shove, we alone have a duty to die, cursed by our date of birth. In the midst of grief, outrage.

      ——————————————————-

      [i] National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine. 2020. Rapid Expert Consultation on Crisis Standards of Care for the COVID-19 Pandemic (March 28, 2020). Washington, DC: The National Academies Press, p. 3.. https://doi.org/10.17226/25765. https://www.nap.edu/catalog/25765/rapid-expert-consultation-on-crisis-standards-of-care-for-the-covid-19-pandemic

      [ii] Sheri Fink, “The Hardest Questions Doctors May Face: Who Will Be Saved? Who Won’t?
      https://www.nytimes.com/2020/03/21/us/coronavirus-medical-rationing.html

      [iii] See for example, the interview with a respiratory therapist at Newton-Wellesley Hospital, Boston Globe, April 15, 2020: p. .

      [iv] U of Pittsburgh, Department of Critical Care Medicine, “Allocation of Scarce Critical Care Resources During a Public Health Emergency Executive Summary,” p. 6, 8. https://ccm.pitt.edu/sites/default/files/UnivPittsburgh_ModelHospitalResourcePolicy.pdf

      [v] “Fair Allocation of Scarce Medical Resources in the Time of Covid-19,” by Ezekiel J. Emanuel et al, NEJM March 23, 2020. https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMsb2005114?query=RP

      [vi] “Fair Allocation of Scarce Medical Resources in the Time of Covid-19,” by Ezekiel J. Emanuel et al, NEJM March 23, 2020. https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMsb2005114?query=RP Dr. Emanuel is the author of the notorious article in The Atlantic that said all people should voluntarily refuse medical care after age 75, and that he would do so.

      [vii] Included in a bulletin from Justice in Aging, “Justice in Aging Statement on Discriminatory Denial of Care to Older Adults,” April 4, 2020. https://www.justiceinaging.org/wp-content/uploads/2020/04/Justice-in-Aging-Letter-to-Sec-Ghaly-Age-Discrimination-04032020.pdf

      [viii] Dale Dannefer, “Cumulative Advantage/Disadvantage and the Life Course: Cross-Fertilizing Age and Social Science Theory,” Journal of Gerontology: Social Sciences Vol 58b (2003).

      https://www.tikkun.org/avoiding-bias-and-tragedy-in-triage

  • Danteske Szenen in Spanien: Alte Menschen zum Sterben zurückgelassen | Telepolis
    https://www.heise.de/tp/features/Danteske-Szenen-in-Spanien-Alte-Menschen-zum-Sterben-zurueckgelassen-4689706.h

    25. März 2020 Ralf Streck
    Die Lage in Spanien, vor allem im großen Coronavirus-Ansteckungsherd Madrid, wird immer abstruser und dantesker. Schon vergangene Woche war gemeldet worden, dass 19 alte Menschen in einem Altenheim in Madrid, wo weitere 70 alte Menschen infiziert waren, einfach zum Sterben zurückgelassen worden waren. Dass das kein Einzelfall war, hat sich am Montag auf schreckliche Weise gezeigt. Die Radiokette „Ser“ berichtet, dass bei der Desinfektion in verschiedenen Altersheimen Tote gefunden wurden, die im Zimmer mit Lebenden lagen.

    „Das Militär hat völlig verlassene alte Menschen, darunter bereits verstorbene, in Betten vorgefunden“, bestätigte Verteidigungsministerin Margarita Robles entsprechende Berichte. Sie seien vom Pflegepersonal verlassen worden und hätten unter „extremen Bedingungen und schlechten gesundheitlichen Bedingungen mit Toten“ im Zimmer überleben müssen. Die Namen der Institutionen nannte die Ministerin nicht.

    Robles kündigte aber an, dass die „ganze Härte des Gesetzes diejenigen treffen wird, die ihren Verpflichtungen nicht nachkommen“. Vergangene Woche handelte es sich um das private Pflegeheim Monte Hermoso. Die Staatsanwaltschaft hat inzwischen auf Anzeige des Ombudsmanns Ermittlungen aufgenommen.

    Das ist aber nur eine Seite des Horrors, den vor allem die Hauptstadtregion Madrid gerade erlebt, der sich aber auf das gesamte Land auszubreiten droht, da die Regierung noch immer nicht die nötigen Maßnahmen ergreift. Das Gesundheitssystem in der Hauptstadtregion, wo nun etwa alle fünf Minuten ein Mensch am Covid-19 stirbt, kollabiert oder ist schon kollabiert. Dazu gibt es längst viele Berichte.

    „Wir halten noch durch, aber es wird jeden Tag schlechter“, werden Beschäftigte im Gesundheitssystem vor Ort zitiert. Bilder zeigen Menschen, die auf Bettlaken im Flur gebettet sind, wie im Krankenhaus Severo Ochoa im Madrider Stadtteil Leganés. Sie sprechen eine genauso klare Sprache wie Videos, die zeigen, wie viele Menschen in Madrid in überfüllten Fluren behandelt werden müssen.

    Madrid baut derzeit im Messegelände Ifema ein Nothospital auf. 300 Betten stehen dort nun schon bereit, bis zu 5.000 sollen es werden. Warum aber bleiben ganze Krankenhausbereiche in teilprivatisierten Hospitälern in der Region ungenutzt, die zur Behandlung sicher geeigneter sind?

    #Espagne #covid-19 #triage

  • Être toujours du côté des « opprimé·e·s » : relire le philosophe Paulo Freire en temps de crise éthique
    https://theconversation.com/etre-toujours-du-cote-des-opprime-e-s-relire-le-philosophe-paulo-fr

    En affirmant qu’il peut y avoir des critères de triage « justes » en soi, on risque d’affaiblir l’idéal d’égale dignité des personnes. Il n’est jamais juste au regard de ce principe d’établir des critères de qui a le droit de vivre ou de qui a le droit de mourir. On peut tout au plus parler de degrés d’injustice : il s’agit de trouver des critères qui sont les moins injustes. Mais, il n’y a pas de critères justes au regard du principe absolu d’égale dignité des personnes humaines. Ainsi, le critère de l’âge ou du « score de fragilité » peuvent conduire à une forme de discrimination des personnes âgées ou des personnes en situation de handicap et/ou atteintes de polypathologies.

    Paulo Freire assigne un rôle aux éthiciens et aux éthiciennes, celui d’être toujours du côté des « opprimé·e·s ». Cela signifie que leur rôle actuellement doit être avant tout de visibiliser la situation des personnes en risque de subir des discriminations et de faire l’objet d’inégalités de traitement et non pas de justifier le triage des patients.

    #éthique_médicale #triage_des_patients #coronavirus

  • L’Allemagne alarmée par le triage des patients dans les hôpitaux alsaciens
    https://www.courrierinternational.com/article/sante-lallemagne-alarmee-par-le-triage-des-patients-dans-les-

    [...] une équipe de médecins allemands de l’institut DIKFM s’est en effet rendue dans un hôpital de Strasbourg et y a constaté “des situations choquantes”, explique Die Welt. Certains “médecins infectés continuent de travailler avec des patients atteints du Covid-19”, décrit le Tagesspiegel. Surtout, “les personnes de plus de 80 ans ne sont plus ventilées”, ce qui peut provoquer des “dommages médicaux collatéraux”. Au lieu de cela, “elles sont placées en soins intensifs et des somnifères leur sont fournis”.

    Des décisions qui témoignent de la gravité de la situation dans les hôpitaux alsaciens, submergés face à la pandémie et la pénurie de matériel. Et pourtant, il semblerait que “le triage – la sélection des patients ayant de meilleures chances de survie – soit depuis quelque temps à l’ordre du jour en Alsace”, déplore Die Welt. Interrogée par le journal, Brigitte Klinkert, présidente du Conseil départemental du Haut-Rhin le regrette :

    “Les patients de plus de 80 ans, de plus de 75, certains jours même de plus de 70 ans ne peuvent plus être intubés car nous manquons tout simplement de respirateurs. On ne le dit pas assez souvent, car non seulement nos voisins allemands, mais aussi les Français en dehors de l’Alsace n’ont pas encore conscience de la situation ici.”

    #coronavirus
    #Alsace

  • #Coronavirus : moins d’#humanitaire, plus de #politique !

    Nous devons sortir de la pensée humanitaire qui apporte avant tout des réponses techniques et repenser en des termes politiques le #bien_public, la #solidarité et la #justice_sociale, écrit Julie Billaud, professeure adjointe d’anthropologie à l’Institut de hautes études internationales et du développement.

    Ce qui est frappant dans la manière dont les réponses à la « crise du coronavirus » sont abordées par nos gouvernements, c’est l’insistance exclusive sur les mesures biomédicales. Tout se passe comme si l’#état_d’urgence qui nous est imposé était la réponse la plus évidente dans des circonstances exceptionnelles. Autrement dit, la gestion de la « #crise » relèverait d’enjeux purement techniques. D’un côté, il s’agit de promouvoir au sein de la population le #civisme_sanitaire : se laver les mains, porter un masque, rester confinés, maintenir les distances physiques. De l’autre, la réponse médicale s’articule en termes d’#urgences : réquisitionner des lits de réanimation supplémentaires, construire des hôpitaux de campagne, appeler en renfort le personnel médical retraité et les étudiants en médecine.

    Gouvernance #biopolitique

    Ce que nous voyons à l’œuvre, c’est le passage à un mode de gouvernance humanitaire et biopolitique de la #santé dont l’objectif est d’administrer les collectivités humaines par le biais de statistiques, d’indicateurs et autres instruments de mesure. Le temps presse, nous dit-on, et la fin justifie les moyens. Il faut reprendre le contrôle sur la vie dans le sens collectif du terme et non pas sur la vie humaine individuelle. Voyons, par exemple, comment le gouvernement britannique a pour un moment soulevé la possibilité de « l’immunisation de groupe » acceptant ainsi de sacrifier la vie des personnes les plus vulnérables, notamment celle des personnes âgées, pour le bien du plus grand nombre. Voyons encore comment les migrants vivant dans les camps des îles grecques sont perçus comme un danger biomédical à contenir. Réduits à des matières polluantes, ils ont perdu leur statut d’êtres humains. Leur #isolement ne vise pas à les protéger mais plutôt à protéger la population locale, et la population européenne en général, contre ce virus « venu de l’étranger ». L’#exclusion des « autres » (c’est-à-dire des #étrangers) est justifiée comme étant le seul moyen efficace de sauver « nos vies ».

    Il faut reprendre le contrôle sur la vie dans le sens collectif du terme et non pas sur la vie humaine individuelle

    Mais au-delà des justifications humanitaires du #triage entre les vies à sauver et celles à sacrifier, la #raison_humanitaire tend à neutraliser la politique et à passer sous silence les raisons profondes pour lesquelles nous nous retrouvons dans une telle situation. L’importance croissante des arguments moraux dans les discours politiques obscurcit les conséquences disciplinaires à l’œuvre dans la manière dont les règles sont imposées au nom de la #préservation_de_la_vie. En faisant de l’#expertise la seule forme valable d’engagement démocratique, des activités qui étaient auparavant considérées comme relevant de la politique et donc soumises au débat public se sont vues réduites à des questions techniques. Essayons d’imaginer à quoi ressemblerait notre situation si la santé était encore considérée comme un bien public. Sans le cadre discursif de l’#urgence, il serait peut-être possible d’examiner de manière critique les raisons pour lesquelles une organisation comme Médecins sans frontières a décidé de lancer une mission #Covid-19 en France, un pays qui était considéré il y a encore peu comme doté d’un des meilleurs systèmes de santé du monde.

    Sortir de la pensée humanitaire

    La crise du coronavirus met en évidence comment quatre décennies de #politiques_néolibérales ont détruit nos #systèmes_de_santé et, plus largement, ont diminué nos capacités de #résilience. Les scientifiques ces derniers jours ont rappelé que la recherche sur le coronavirus nécessite du temps et des moyens et ne peut pas se faire dans l’urgence, comme le modèle néolibéral de financement de la recherche le souhaiterait. Les services de santé, déjà surchargés avant la crise, ont besoin de moyens décents pour ne pas avoir à faire le #tri cruel entre les vies. Finalement, l’#environnement (non pas le profit) doit être notre priorité absolue à l’heure de l’effondrement des écosystèmes essentiels à la vie sur terre.

    En d’autres termes, nous devons sortir de la pensée humanitaire qui apporte avant tout des réponses techniques et repenser en des termes politiques le bien public, la solidarité et la justice sociale.

    https://www.letemps.ch/opinions/coronavirus-dhumanitaire-plus-politique
    #immunité_de_groupe #néolibéralisme

  • « Rester confiné chez soi, sur son canapé, n’a strictement rien à voir avec une période de #guerre »

    Les mots ont un sens. « La #pandémie à laquelle nous sommes confrontés exigent des mesures plutôt opposées à un temps de guerre » explique l’économiste et chroniqueur de Basta ! Maxime Combes dans cette tribune.

    Non, nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes en pandémie

    « Nous sommes en guerre ». A six reprises, lors de son allocution, Emmanuel #Macron a utilisé la même expression, en essayant de prendre un #ton_martial. L’anaphore voulait marquer les esprits et provoquer un effet de #sidération. Avec deux objectifs sous-jacents. L’un sanitaire : s’assurer que les mesures de #confinement – mot non prononcé par le président de la République – soient désormais appliquées. L’autre politique : tenter d’instaurer une forme d’#union_nationale derrière le chef de l’Etat. Le tout également pour faire oublier les mesures contradictoires et les hésitations coupables de ces derniers jours.

    Pourtant les mots ont un sens. Et c’est non, mille fois non : nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes en pandémie. C’est suffisant, et totalement différent. Aucun État, aucun groupe armé n’a déclaré la guerre à la France, ou à l’Union européenne. Pas plus que la France n’a déclaré la guerre (article 35 de la Constitution) à un autre État. Le #Covid-19 ne se propage pas en raison du feu de ses blindés, de la puissance de son aviation ou de l’habilité de ses généraux, mais en raison des mesures inappropriées, insuffisantes ou trop tardives prises par les pouvoirs publics.

    La pandémie à laquelle nous sommes confrontés exigent des #mesures plutôt opposées à un temps de guerre

    Non, le virus Covid-19 n’est pas un « #ennemi, invisible, insaisissable, et qui progresse » comme l’a affirmé Emmanuel Macron ce lundi 16 mars. C’est un #virus. Un virus qui se propage au sein d’une population non immunisée, porté par nombre d’entre nous et disséminé en fonction de l’intensité de nos relations sociales. Il est très contagieux, se propage vite et peut avoir des conséquences terribles si rien n’est fait. Mais c’est un virus. Pas une armée. On ne déclare pas la guerre à un virus : on apprend à le connaître, on tente de maîtriser sa vitesse de propagation, on établit sa sérologie, on essaie de trouver un ou des anti-viraux, voire un vaccin. Et, dans l’intervalle, on protège et on soigne celles et ceux qui vont être malades. En un mot, on apprend à vivre avec un virus.

    Oui, les mots ont un sens. Nous ne sommes pas en guerre car la pandémie à laquelle nous sommes confrontés exige des mesures plutôt opposées à celles prises en temps de guerre : ralentir l’activité économique plutôt que l’accélérer, mettre au #repos_forcé une part significative des travailleuses et travailleurs plutôt que les mobiliser pour alimenter un effort de guerre, réduire considérablement les #interactions_sociales plutôt qu’envoyer toutes les forces vives sur la ligne de front. Quitte à provoquer, disons-le ainsi : rester confiné chez soi, sur son canapé ou dans sa cuisine, n’a strictement rien à voir avec une période de guerre où il faut se protéger des bombes ou des snipers et tenter de survivre.

    Il n’est pas question de sacrifier le personnel médical, au contraire, il faut savoir les protéger

    Cette référence à la « guerre » convoque par ailleurs un #imaginaire_viril peuplé d’#héroïsme_masculin – bien que largement démenti par les faits – et du sacrifice qui n’a pas lieu d’être. Face au coronavirus – et à n’importe quelle pandémie – ce sont les #femmes qui sont en première ligne : 88 % des infirmières, 90 % des caissières, 82 % des enseignantes de primaire, 90 % du personnel dans les EHPAD sont des femmes. Sans même parler du personnel de crèche et de garderie mobilisés pour garder les enfants de toutes ces femmes mobilisées en première ligne. Le #personnel_médical le dit clairement : nous avons besoin de soutien, de #matériel_médical et d’être reconnus comme des #professionnels, pas comme des #héros. Il n’est pas question de les sacrifier. Au contraire, il faut savoir les protéger, en prendre soin pour que leurs compétences et leurs capacités puissent être mobilisés sur le long terme.

    Non, définitivement, nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes face à une pandémie. Et c’est déjà bien assez. Nous ne sommes pas des soldats, mais des citoyennes et citoyens. Nous ne voulons pas être gouvernés comme en temps de guerre. Mais comme en temps de pandémie. Nous n’avons pas d’ennemi. Ni à l’extérieur, ni à l’intérieur des frontières. Confrontés pendant des semaines à l’incurie d’un gouvernement incapable de prononcer un discours clair et des #mesures cohérentes entre elles, nous sommes juste des citoyennes et citoyens progressivement en train de comprendre que la meilleure chose à faire est de rester confinés. A devoir apprendre à vivre au ralenti. Ensemble mais sans se rencontrer. A rebours de toutes les exigences de #compétitivité et de #concurrence qui nous ont été assénées depuis des dizaines d’années.

    Instituer la #solidarité et le soin comme principes cardinaux, pas les valeurs martiales et belliqueuses

    Lutter contre la pandémie du coronavirus n’est pas une guerre car il n’est pas question de sacrifier les plus vulnérables au nom de la raison d’État. Comme celles qui sont en première ligne, il nous faut au contraire les protéger, prendre soin d’eux et d’elles, y compris en se retirant physiquement pour ne pas les contaminer. SDF, migrant.e.s, les plus pauvres et plus précaires sont des nôtres : nous leur devons pleine et entière assistance pour les mettre à l’abri, autant que faire se peut : la #réquisition de logements vides n’est plus une option. Lutter contre le coronavirus c’est instituer la solidarité et le #soin comme les principes cardinaux de nos vies. La solidarité et le soin. Pas les valeurs martiales et belliqueuses.

    Ce principe de solidarité ne devrait d’ailleurs pas avoir de frontière, car le virus n’en a pas : il circule en France parce que nous circulons (trop) dans le pays. Aux mesures nationales, voire nationalistes, brandies ici et là, nous devrions collectivement étendre ce principe de solidarité à l’international et nous assurer que tous les pays, toutes les populations puissent faire face à cette pandémie. Oui, la mobilisation doit être générale : parce qu’une #crise_sanitaire mondiale l’exige, cette #mobilisation doit être généralisée à la planète entière. Pour que pandémie ne rime pas avec inégalités et carnages chez les pauvres. Ou simplement chez les voisins.

    Point besoin d’#économie_de_guerre, juste d’arrêter de naviguer à vue

    Alors, oui, sans doute faut-il prendre des mesures d’exception pour réorganiser notre système économique autour de quelques fonctions vitales, à commencer par se se nourrir et produire le matériel médical nécessaire. Deux mois après les premières contaminations, il est d’ailleurs incroyable qu’il y ait encore des pénuries de #masques pour protéger celles qui sont en première ligne : réorienter, par la réquisition si nécessaire, des moyens de production en ce sens aurait déjà dû être fait. Histoire de ne pas avoir à refuser d’exporter des masques comme l’UE le fait désormais, y compris avec la Serbie qui a pourtant entamé son processus d’adhésion : où est donc la solidarité européenne ?

    Point besoin d’économie de guerre pour cela. Juste besoin d’arrêter de naviguer à vue et d’enfin prendre les mesures cohérentes entre elles, fondées sur ce principe de solidarité, qui permettront que chaque population, riche ou pauvre, puisse faire face à la pandémie. La participation consciente et volontaire de l’ensemble de la population aux mesures de confinement nécessaires n’en sera que facilitée. Et la dynamique de l’épidémie d’autant plus facilement brisée. Le monde de demain se joue dans les mesures d’exception d’aujourd’hui.

    Maxime Combes, économiste et membre d’Attac.

    https://www.bastamag.net/pandemie-covid19-coronavirus-Macron-guerre-virus-confinement
    #épidémie #vocabulaire #terminologie #mots #coronavirus

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    • Non Monsieur le Président de la République, nous ne sommes pas en guerre

      La déclaration du Chef de l’Etat qui amène un confinement général de la population et n’autorise les déplacements que par dérogation marque un véritable tournant dans la lutte contre l’épidémie généralisée en France. La guerre est déclarée ? Non Monsieur le Président, la Résistance collective est à l’ordre du jour pour sortir de cette épreuve.

      La déclaration du Chef de l’Etat ce 16 mars qui amène un confinement général de la population et n’autorise les déplacements que par dérogation marque un véritable tournant dans la lutte contre l’épidémie généralisée en France. Jusque-là des recommandations, des consignes, des prescriptions amenaient chacun à prendre sa part à la sûreté de contacts raréfiés. Point de contrôle, point de sanctions mais appel à prendre conscience des mesures d’hygiène à respecter puis du confinement.

      La crise sanitaire s’aggrave comme attendue. Les contaminations réalisées avant l’effectivité des mesures successives ne produisent leurs effets en terme de symptômes, qu’après le délai d’incubation de 5 à 14 jours comme nous pouvons le lire ici et là. Il y a donc mécaniquement une aggravation inévitable avant les possibles effets de ralentissement si ces mesures sont efficaces et suffisantes. Insuffisantes, à l’évidence les mesures prises jusqu’ici l’étaient, raison essentielle d’un strict confinement depuis ce 17 mars à midi.

      Crainte des autorités et politique de santé

      La crainte des autorités que partagent tous les observateurs attentifs - et ils sont nombreux - est la saturation des possibilités d’hospitalisation en réanimation pour les symptômes les plus graves qui menacent la vie même du patient avec une vulnérabilité particulière des personnes âgées ou des personnes souffrant de co-morbidités (affections chroniques ou déficiences organiques etc) sans exclure pour autant ces développements graves de la maladie respiratoire chez des sujets plus jeunes ou à l’occasion d’une « deuxième vague ».

      Cette crainte est d’autant plus vive que nos responsables gouvernementaux, le Chef de l’Etat lui-même, savent bien que les politiques de santé menées depuis des décennies, poursuivies et aggravées depuis la dernière présidentielle à coups d’économies budgétaires inconséquentes ont largement diminuées la capacité à faire face aux circonstances exceptionnelles que nous connaissons aujourd’hui. Les gouvernements successifs, et plus encore celui-ci, quand les économies en grattant toujours plus ont atteint l’os, sont restés sourds aux demandes, revendications, exhortations des professionnels de santé, de leurs organisations syndicales y compris même au début de cette épidémie. Quelle imprévoyance ! La préparation aux moyens de la protection elle-même est manifestement déficiente : les volumes des gels hydroalcooliques, masques, équipements divers sont largement insuffisants ou limites même pour les professionnels de santé, hôpitaux et médecine de ville, sont même menacés de pénurie dans des délais relativement brefs (déclaration Olivier Véran, ministre de la santé).

      Il faut l’abnégation de ceux et celles à qui on a refusé les moyens de soigner, pour faire face, héroïquement chaque jour, à cette montée des périls. La fermeture d’hôpitaux, de services et de lits, la fermeture de postes de soignants pèsent aujourd’hui dans cette lutte de résistance, jour après jour, pied à pied. Les encenser aujourd’hui ne disculpe pas de sa responsabilité, de ses choix politiques.

      Il faudra en rendre compte au peuple français après l’épreuve en changeant radicalement de politique de santé en associant les organisations syndicales et les forces vives du pays : la santé est un bien collectif pas seulement l’affaire du ministère et du gouvernement ! Il faut espérer que cet épisode douloureux amènera un changement complet de politique de santé pour faire face à d’autres épidémies qui ne manqueront pas d’arriver. Elles ne manquerons pas d’arriver dans un monde dominé par la recherche du profit à tout prix pesant en premier lieu sur la santé des populations qui ne pèse pas lourd face aux profits des firmes pharmaceutiques, phyto-sanitaires, tabagiques, agro-alimentaires et de toutes celles qui commercialisent ou utilisent des produits toxiques en semant le doute sur cette toxicité quand bien même ils ont les preuves – qu’ils cachent – d’effets graves sur la santé. Le profit d’abord et quand ce sont des milliards à la clef, on peut tout se permettre et tout maquiller.

      Malheureusement, pour le moment et dans les semaines qui viennent, nous voyons et verrons les résultats de cet abaissement des digues : l’affaiblissement des effectifs soignants et les nombreuses fermetures notamment des hôpitaux de proximité ont abaissé dramatiquement le seuil de saturation des services de réanimation qui prennent en charge les malades du CoVid-19. Nous, c’est-à-dire les citoyen.ne.s de ce pays, en feront les frais. Les petits hôpitaux aujourd’hui avec leurs soignants seraient une réserve de lits pour endiguer ce flot croissant comme autrefois les terrains ouverts sur le Rhône absorbaient les inondations périodiques.

      Nous ne sommes pas en guerre mais en Résistance

      Aujourd’hui si les soignants sont en première ligne y compris avec un risque pour leur propre santé, tous les professionnels de la logistique alimentaire, pharmaceutique, administrative sont à leur côté et assurent le service du public, au service de la Nation.

      La guerre est déclarée ? Non Monsieur le Président, nous ne sommes pas en guerre. Vous devez organiser la Résistance avec nous. Avec la guerre, le chef s’adjuge tous les pouvoirs pour vaincre, ne cherche aucunement à convaincre mais à imposer, à contraindre pour mener la bataille comme il l’entend et dans ce cas, les contestataires et les critiques sont traître et traîtrise à faire taire, vite et bien.

      La stigmatisation de groupes au contact vus à la télé sur les bords de Seine, dans des parcs amène un discours sur l’irresponsabilité de certain.e.s qui n’ont pas pris la mesure du danger pour eux et pour les autres, prétexte à introduire le contrôle et la sanction. C’est un peu facile ! Facile d’oublier son propre manque de responsabilité dans la politique de riches menée depuis son accession à la Présidence notamment la politique de santé qui a abaissé le niveau de protection, de l’assurance-chômage qui abaisse les droits et indemnisations des chômeurs, des chercheurs précarisés qui doivent plus chercher des financements que faire de la recherche. Etait-il bien responsable de matraquer et blesser ces Gilets Jaunes durant plus d’un an sans les entendre, de les poursuivre aujourd’hui pénalement pour se venger d’avoir eu peur et de s’être laissé déborder sur les Champs-Elysées ? Sans parler de bien des affaires qui ont amené certain.e.s à démissionner.

      Reconnaissons-le, la responsabilité n’est chose aisée pour personne surtout dans une société où l’enjeu est de passer la patate chaude de la responsabilité à un.e autre. La première intervention du chef de l’état du 12 mars a certainement manqué de punch pour responsabiliser. Les réactions dimanche sous le soleil sont aussi à inscrire, sans les excuser, à un déni d’ordre psychique d’entrée dans cette période de restriction, en gros, encore un dernier bol d’air avant le confinement. Après, il est possible de rappeler en direct le danger et le devoir. Pourquoi, in fine, et à peu près systématiquement - en acte contrairement aux paroles – devrait-on prendre la population pour non-responsable collectivement ? Individuellement, nous le sommes tour à tour pour, pour sujet plus ou moins important mais collectivement nous pouvons être sérieusement responsables (un peu comme la patience dans mille impatiences) surtout face à ce danger réel, palpable, identifié.

      Le confinement par la force ou la responsabilité ?

      Mais l’ennemi est là, l’invasion a eu lieu : le virus est partout. Oui, le cap doit être clair pour résoudre cette crise d’exception mais faire appel à 100.000 policiers et gendarmes c’est s’engager dans une voie où la coercition, la sanction dispensent de convaincre tout en faisant « comme si », double discours qui rappelle celui pour le premier tour des municipales. Dans ces conditions, la menace de sanction devient, de fait, la seule voie audible, choisie pour parvenir à maintenir le confinement, moyen pour stopper cette épidémie. Ce moyen n’est pas en cause. La contamination a lieu par contact : nécessité du confinement et des mesures-barrières.

      La question est la voie choisie pour parvenir à un confinement : le contrôle par les forces de Police et de Gendarmerie et la sanction financière (on imagine mal engorger les prisons déjà pleine – problème en soi - et propager le virus !). Cette voie prend le risque d’une escalade dans le contrôle de la population par des forces de l’ordre (largement utilisées depuis deux ans, sorte de réflexe) voire de déboucher sur des scènes de chaos plus ou moins localisées ou momentanées.

      Nous comprenons bien que légiférer par ordonnance n’est pas anodin et amorce une éventuelle escalade avec état de siège, intervention de l’Armée au maintien de l’ordre, pourquoi pas in fine l’article 16. Piège de l’escalade qui prend toujours le comportement marginal pour prétexte, piège aux conséquences lourdes et en quelque sorte mécaniques pour la démocratie.

      Sans protection ou avec des protections insuffisantes, les forces de l’ordre pourraient être affectées par l’épidémie. Elles pourraient l’être et affecter un volume plus ou moins important de policiers et gendarmes que leurs armes ne protègent pas comme dans une guerre, rendant impossible de remplir leur mission.

      La Résistance, au contraire, engage le peuple à entrer en Résistance conscient des enjeux pour la santé de tous. Vous n’avez pas vu que partout, à côté de contacts de moins en moins fréquents - aujourd’hui plus un seul – spontanément, les gens dans la rue, devant les magasins, tiennent leurs distances, ne s’affolent pas et s’ils parlent, c’est à distance et pas en face à face. La Résistance c’est avant tout engager chacun à devenir responsable pour devenir collectivement responsable. Et devenir collectivement responsable, c’est non seulement éviter les contacts qui transmettent le virus, mais encore organiser des réseaux de solidarités de proximité pour l’alimentation, la pharmacie etc... en respectant les consignes d’hygiène et de contacts. Tout le monde ne peut pas se déplacer. C’est bien au-delà de la peur du gendarme.

      A défaut, en durcissant encore le confinement, il faudrait organiser un réseau national de distribution à domicile ! Les forces de l’ordre pourraient-elles s’y employer ? Là encore, ce serait faire sans la population quand il s’agit de résister avec la population.

      Organiser la Résistance et mobiliser par des actes

      Il n’y a pas possibilité de résistance si la population n’est pas incitée à s’associer à cette résistance, chacun à sa mesure. La Résistance c’est le peuple et ses dirigeants, quand ceux-ci savent impulser et non seulement commander, contrôler, sanctionner. Les forces de l’ordre plutôt que sanctionner ce qui peut amener à la clandestinité des déplacements devenus illicites, pourraient se transformer en agent de persuasion en rappelant les consignes, en écoutant les nécessités explicitées sans chercher à sanctionner bref... discernement. La campagne c’est pas la ville et chacun ne va pas faire du jogging autour de sa maison ou de son pâté d’immeubles. En Auvergne, balader sur un des Puys en solitaire ou en couple de retraités est sans risque plutôt que rester aux abords de la maison et rencontrer des connaissances ! Les services de santé seront d’autant moins débordés (ou moins vite !) que chacun se sentira, se sent responsable des soignants, en actes et pas seulement en paroles.

      Sans association et conscience de la population, il n’y a en effet que la guerre et son cortège d’oeufs cassés toujours justifiés en toute bonne foi.

      Pour associer le peuple, la suspension des réformes en cours est enfin une mesure de sagesse et d’apaisement. De toutes façons, le calendrier de la réforme des retraites ne peut plus être tenu. Avant l’été c’est râpé ! Le report de la mise en place de la réforme de l’assurance-chômage est aussi la démonstration en creux de revenus dramatiquement insupportables pour quantités de chômeurs, à repousser hors cette période exceptionnelle. Seraient-ils véritablement plus supportables après un retour à la normale ? Revoir la copie.

      Il faut aller plus loin. Pour une adhésion et une responsabilité de la population, Il faut permettre un minimum de confiance quand celle-ci a été dilapidée par une attitude intransigeante toujours dans le sens des riches en pompant l’argent des autres. Il faut annoncer quelles réformes deviennent prioritaires, quel cap social et sociétal elles prendront, avec qui et comment elles seront travaillées (pas seulement une concertation sur un texte à trous béants comme celui des retraites).

      L’indemnisation du chômage partiel prise actuellement pour garder les moyens de subsistance n’illustre-t-elle pas la nécessité de la mise en place d’un revenu universel ? Ce pourrait être un dispositif qui l’initie à élargir et pérenniser.

      Une mesure forte immédiate qui ne coûte pas un euro mais vaudra crédit : arrêter toutes les poursuites pour fait social, grèves et manifestations. La paix sociale ne s’achète pas, elle s’obtient avec des actes.

      La guerre alors n’aura pas lieu

      Vaincre l’épidémie c’est engager la population dans la Résistance et non la délégation aux chefs de mener une guerre qui n’existe pas, même si l’économie s’en rapproche, si l’organisation du fonctionnement en société s’en rapproche. C’est apporter un tournant social à ce quinquennat de riches, non pas le passer au Ripolin vaguement rose mais s’engager à des réformes nécessaires et identifiées dès maintenant avec les moyens d’une co-construction postérieure chacun à sa place. Alors les forces vives de la nation seront mobilisées pour vaincre par la responsabilité et la solidarité. La guerre alors n’aura pas lieu !

      https://blogs.mediapart.fr/georges-andre/blog/170320/non-monsieur-le-president-de-la-republique-nous-ne-sommes-pas-en-gue

    • #Rony_Brauman répond à Macron : « La #métaphore de la guerre sert à disqualifier tout débat »

      Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, approuve les mesures de confinement, mais dénonce la #rhétorique_martiale du chef de l’Etat : « Qualifier les soignants de "#héros", c’est gommer les raisons de la crise sanitaire. »

      Médecin, diplômé de médecine tropicale et épidémiologie, Rony Brauman a été président de Médecins sans frontières (MSF) de 1982 à 1994. Il est aujourd’hui directeur d’études à la fondation de l’ONG. Son dernier livre, « Guerres humanitaire ? Mensonges et intox », conversation avec Régis Meyran, est paru aux éditions Textuel en 2018.
      Interview.

      Comment analysez-vous l’épidémie du #Covid-19 et sa gestion par les autorités françaises ?
      Cette épidémie n’avait pas été prévue, mais elle avait été prédite. De nombreux épidémiologistes avaient anticipé l’apparition d’un nouveau virus se répandant à la faveur de l’accroissement démographique, de l’accélération des voyages internationaux, de l’urbanisation, du changement climatique. Cette crainte, déjà ancienne, s’était renforcée avec les épidémies de sida, le Sras, le Mers, le Zika, le chikungunya, Ebola. Nous savions que le rêve d’un monde débarrassé d’un risque infectieux était une #illusion et les gouvernements successifs ne pouvaient méconnaître ces analyses. Cela ne les a pas empêchés, depuis des années, de réduire les capacités des hôpitaux, avec les effets que l’on voit aujourd’hui. Plus de 4 000 lits ont été supprimés ces trois dernières années, mais c’est depuis trente ans que gagne une #logique_comptable, entrepreneuriale (notamment la loi Hôpital, Patient, Santé, Territoire de 2009, qui concrétise la notion d’« #hopital-entreprise », introduite par #Claude_Evin dès 1989). Pourtant, aujourd’hui, Emmanuel Macron ne tarit pas d’éloge sur le personnel hospitalier... Ses propos qualifiant les soignants de « héros » me semblent particulièrement mal venus. Cette qualification a quelque chose de pervers, parce qu’elle gomme les raisons de la #crise_sanitaire. Outre qu’elle oubliait les autres professions qui continuent à travailler pour que notre vie soit encore vivable (éboueurs, policiers, livreurs, caissières, producteurs, distributeurs de produits essentiels), elle met les soignants dans une position délicate. Un héros, ça ne demande pas des journées de récupération pour s’occuper de ses enfants, de prime de risque, un salaire décent. On sait bien qu’une partie du vidage des hôpitaux vient de ce qu’on paye les gens de façon indécente. Brandir la figure du héros, c’est sous-entendre par contraste la médiocrité de revendiquer des #conditions_de_travail correctes.

      Pourtant, quand les gens applaudissent à leurs fenêtres à #20_heures, n’est-ce pas aussi une façon de saluer dans les soignants des figures héroïques ?
      Si, bien sûr, et je m’y associe. Ces applaudissements constituent un rite de reconnaissance collective vis-à-vis d’une catégorie qui s’expose de façon constante, quotidienne. Mais ils ne doivent pas être séparés d’une interrogation politique sur les #restrictions_budgétaires imposées depuis des années à ceux qui sont considérés aujourd’hui comme les sauveurs de la nation.
      J’ajoute que, dans les propos d’Emmanuel Macron, cette #héroïsation n’est que le complètement logique du discours de la guerre, la métaphore du combat engagé contre l’#ennemi_invisible. Cette notion ne me semble pas la bonne. Nous sommes face à une #catastrophe. Au moment où nous parlons, des structures de soins sont débordées et l’on voit réapparaître les méthodes de la #médecine_de_catastrophe, mises au point, il est vrai, par la #médecine_militaire mais élargies aux situations de crises majeures, notamment de catastrophes naturelles : les techniques de #triage séparant les gens qu’on va pouvoir aider à sortir et ceux pour lequel le pronostic est trop mauvais, relèvent typiquement de la médecine de catastrophe. De façon plus générale, cette métaphore est trompeuse, en ce qu’elle laisse entendre que la #santé passe par la défaite de la maladie. Mais la maladie fait partie de la vie et l’on devrait parler de #droit_à_la_maladie, plutôt que de #droit_à_la santé. Je pense au philosophe #Georges_Canguilhem observant que pour la plupart des gens, la santé, ce n’est pas l’#absence_de_maladie mais la possibilité de tomber malade et de s’en relever.

      Mais n’est-il pas vrai que nous combattons un ennemi : le #virus ?
      Un point, encore : depuis #Pasteur, le germe infectieux place les sociétés dans une situation complexe. Dès lors que nous sommes tous potentiellement vecteurs de #contagion, chaque individu devient une #menace pour la collectivité, chaque voisin est un risque potentiel. Et inversement, l’individu se sent menacé par le groupe, qui peut cacher des malades, et il va donc chercher à s’en isoler. Le #confinement nous demande d’être à la fois solidaires et individualistes. C’est le #paradoxe de l’#épidémie, que dissimule la métaphore de la guerre. Dire qu’on mène une guerre contre un virus, c’est prendre le risque d’alimenter la #guerre_de_tous_contre_tous, chacun étant potentiellement le vecteur de l’ennemi invisible.
      Quand j’entends le président conclure son discours de Mulhouse, le 25 mars, par un martial « Nous ne céderons rien ! », je suis abasourdi. Céder quoi, à qui ? Craignez-vous la restriction des libertés liée au confinement ? J’approuve le confinement et des mesures actuellement en vigueur, à défaut d’autres moyens de protection pour l’instant. Ces mesures sont le résultat, forcément instable, de la recherche d’un équilibre entre trois exigences : la #sécurité_sanitaire, la #liberté des individus et la continuité de la machine économique. La liberté peut être restreinte, mais il est impossible de confiner tout le monde, car une partie l’#activité_économique doit se poursuivre, sous peine d’une morte lente générale. Je rappelle qu’une épidémie peut faire plus de #victimes_indirectes que directes, comme cela a été probablement le cas d’#Ebola : je pense aux malades qui n’ont pas pu se soigner, qui ont été conduits à une issue fatale à cause de la paralysie des régions frappées par la maladie.
      Pour ma part, je comprends le retard de confinement mis en oeuvre en France : l’exigence de #santé_publique était en balance avec l’exigence de liberté et l’exigence de #continuité_économique. Prenons garde à ne pas porter sur les mesures du gouvernement Philippe un regard anachroniquement sévère ! Reste que je m’inquiète de l’empilement des #mesures_autoritaires. N’oublions pas que des dispositions de l’#état_d'urgence antiterroriste ont été intégrées à la #loi_ordinaire et appliquées contre des militants écolos et syndicalistes. On doit craindre une reproduction de ce précédent.

      Portez-vous le même regard compréhensif sur la stratégie de la France en matière de #masques et de #tests ?
      Non ! Ce sont clairement deux loupés de la politique et de la communication gouvernementales. Autant j’apprécie les points quotidiens de #Jérôme_Salomon, le directeur général de la Santé, et son ministre #Olivier_Véran, qui sont très pédagogiques, didactiques, non arrogants, autant la question des masques et des tests a été traitée de façon extrêmement grossière, là encore infantilisante comme l’est la métaphore de la guerre. Ils auraient pu reconnaître qu’il y avait un retard à rattraper - retard imputable aux gouvernements successifs et non au seul gouvernement Philippe - et qu’il fallait plus de masques et plus de tests. Ils pouvaient expliquer que le #rationnement ne durerait pas, qu’ils y travaillaient, bref traiter leurs concitoyens en adultes. Au lieu de cela, ils ont choisi de tenir un discours de #déni. « Pourquoi ne pas faire plus de tests ? - Parce que c’est inutile ! » « Pourquoi ne pas distribuer pas plus de masques ? - Parce que c’est inutile ! » Et ce n’est pas vrai... Oui, c’est mensonger et ce point-là n’a rien à voir avec les choix difficiles, évolutifs, du confinement et de ses limites. Les masques sont indispensables pour les personnels soignants et pour les professions exposées au public. Quant au test, on nous explique qu’il n’est utile que pour les cas graves. Ce n’est pas vrai ! Dans les cas graves, il ne fait que confirmer le #diagnostic_clinique, alors que dans les cas moins graves ou bénins, il permet de connaître le #statut_sérologique des individus. On peut alors choisir pour chacun la solution adaptée : confinement à la maison, isolement dans des structures médicalisées (pour ne pas engorger l’hôpital) et hôpital (si nécessaire). Je suis consterné que les porte-parole du gouvernement se soient cramponnés à cette #pseudoscience. Un tel manquement est très contre-productif car il vient affaiblir la #confiance que l’opinion peut avoir dans d’autres mesures gouvernementales, qui, elles, sont tout à fait argumentables, tel que le confinement.

      Derrière ce loupé, y a-t-il des dissensions internes au champ médical ? Certains scientifiques ont-ils sous-estimé l’épidémie ?
      La #médecine n’est pas une science, c’est une #pratique_scientifiquement_informée. On le voit à l’échelle d’un organisme individuel : le corps n’est pas une matière inerte qui répondrait toujours de la même façon aux mêmes actions. Pour les questions de #santé_publique, c’est encore plus net, car la médecine est alors confrontée à toutes sortes d’événements inattendus et d’une variabilité extrême. La science aide à prendre les décisions, mais elle ne sait pas tout et, dans l’incertitude, ce sont les politiques qui doivent trancher.

      Sur cette épidémie, il n’y a pas de #consensus_médical ?
      Non, pour les raisons que je viens de dire. De plus, la familiarité des médecins avec les réalités épidémiologiques est très limitée. Le métier des médecins est de soigner les pathologies, mais pas forcément de connaître leur diffusion. Cela relève d’un autre type de savoir : l’épidémiologie. Il y a les épidémiologistes médecins, bien sûr, mais aussi des épidémiologistes non-médecins, notamment les statisticiens, les modélisateurs, qui n’ont pas la même approche que les médecins. Il peut y avoir des désaccords et c’est alors au politique de trancher, et de s’en expliquer. Néanmoins, sur la question de l’intérêt des masques et des tests pour gérer l’épidémie au mieux, il y a un consensus quasi-total.

      Mais alors, pourquoi les principaux responsables de la santé en France ont-ils dit le contraire ? Après tout, Jérôme Salomon et Olivier Véran, ainsi que sa prédécesseure #Agnès_Buzyn, sont tous des médecins...
      C’est un mystère. Mon hypothèse, toute personnelle, est qu’il s’agit d’un effet de la propension des responsables politiques à la rigidité comme preuve de leur détermination. En toutes circonstances, ils veulent afficher leur assurance et voient dans toute remise en question un affaiblissement de leur #autorité. Le fantasme de #toute-puissance est à l’oeuvre ! C’est ce que nous disait encore Macron, qualifiant de « polémiques », forcément stériles, et de tentatives de « fracture » de la société, forcément dangereuses, les critiques qui lui sont adressées. Il faut « #faire_bloc », c’est-à-dire marcher au pas, fleur au fusil. Où l’on voit que la métaphore de la guerre sert à disqualifier toute mise en #débat.

      Vous-même, avez-vous changé d’avis sur l’épidémie ?
      J’ai hésité en janvier, mais j’ai été assez rapidement convaincu que le #risque_pandémique était bien réel, tout en considérant la réaction des pouvoirs publics en France était correcte, et que par exemple on n’avait pas de raison de coller immédiatement à ce que faisait l’Italie. Il y a eu des discussions, y compris au sein de Médecins sans frontière, où certains étaient très sceptiques. Dès le début février, il a été clair que la cinétique de l’épidémie était inquiétante, en découvrant que des patients asymptomatiques pouvaient être transmetteurs du virus. Dans une épidémie, ce n’est pas le chiffre de mortalité à un instant T qui importe. On peut toujours comparer ces chiffres à bien d’autres, comme l’ont fait trop longtemps les « corona-sceptiques ». C’est le #temps_de_doublement des cas qu’il faut regarder attentivement : 2,5 jours pour le Covid-19. Là, on comprend assez rapidement que la progression est effrayante, surtout si on le rapporte aux mesures de confinement, qui mettent quinze jours à commencer à produire de l’effet : en quinze jours, on a six fois le doublement des cas, ce qui signifie qu’un porteur contamine 64 personnes en quinze jours, 244 en un mois.

      Que pensez-vous de la polémique sur la #chloroquine ? N’est-ce pas affligeant, dans une telle période ?
      La forme a été parfois affligeante, mais pas la controverse elle-même. Ce qui donne le caractère polémique à cette discussion, c’est le sentiment de vivre une #tragédie_collective dans laquelle tout #désaccord prend une dimension énorme. Mais, en temps normal, c’est le lot commun du travail médical. Pour des #pathologies_émergentes et même pour des pathologies déjà connues, il faut des années d’essais cliniques et de traitement pour obtenir un #consensus. Regardez les médicaments contre le cholestérol, qui font l’objet d’une controverse très vive depuis plusieurs années. Ce n’est pas parce qu’on est en période d’état d’urgence sanitaire qu’il faudrait fermer la porte aux discussions contradictoires, aux critiques. Surtout pas. Nous avons besoin de cette pluralité d’avis. Cela étant dit, la façon dont #Didier_Raoult a présenté la chloroquine comme un médicament miracle appartient plus à un prophète qu’à un spécialiste de santé.

      Il n’y aura pas de médicament miracle pour le Covid-19 ?
      Non, pas plus qu’il n’y en a eu pour les autres infections. Cela me rappelle l’annonce faite en 1985 par le professeur #Andrieux, accompagné de la ministre de la Santé d’alors, #Georgina_Dufoix, donnant la #cyclosporine comme le médicament qui allait tout changer à partir d’un essai sur quelques cas. Pour ce qui est de la chloroquine, ses effets antiviraux et antibactériens sont bien connus, mais l’essai de Marseille n’a rien de concluant, contrairement à ce qu’en disent certains, y compris des politiques qui se croient autorisés à avoir un avis sur cette question totalement technique. C’est une ressource possible, il faut la tester. Le bon côté de cette controverse, c’est que la chloroquine va être jointe aux nombreux essais cliniques en cours. Mais il ne faut pas créer de #faux_espoirs. Didier Raoult a un passé de chercheur sérieux, mais son personnage de génie autoproclamé n’incite pas à la confiance. Quant à la validité de son essai, elle a été très précisément analysée.

      Parmi les multiples réflexions suscitées par l’épidémie, il y a cette idée que la nature malmenée par la #mondialisation serait en train de se venger avec ces différents virus venus du monde animal. Qu’en pensez-vous ?
      Le point commun du Covid, du Sras, du Mers et d’Ebola est que ces maladies sont le fruit d’un passage de la #barrière_virale_d'espèces entre les #animaux et les hommes. L’extension des certaines mégapoles entraîne une interpénétration entre #ville et #forêts : c’est le cas d’Ebola, qui trouve son origine dans la présence des #chauves-souris en ville et qui mangeaient par des humains. Mais ce paramètre, s’il faut avoir à l’esprit, est à manier avec une certaine retenue. Car il s’agit d’une constance dans l’histoire des épidémies : la plupart, à commencer par la #peste, sont liées à ce franchissement. L’homme vit dans la compagnie des animaux depuis le néolithique, notre existence est rendue possible par cette coexistence. Mais la peste avait été importée par la puce du rat qui était disséminé sur les bateaux et les caravanes ; pour le corona, ce sont les #avions qui ont fait ce travail. La spécificité du Covid-19, c’est sa vitesse de #diffusion. Le professeur Sansonnetti, infectiologue et professeur au Collège de France, parle d’une « maladie de l’#anthropocène » : en superposant la carte de l’extension du virus et celle des déplacements aériens, il montre que les deux se recouvrent parfaitement.

      L’enjeu est donc moins la façon dont la #mondialisation malmène la nature, mais dont elle ouvre des avenues à des germes. Faut-il refermer ces avenues ?
      Le propre du vivant, c’est de chercher à répandre ses gènes et le virus obéit à une logique de vie, qui s’inscrit dans une dialectique entre #contagiosité et #mortalité. Il lui faut trouver des #vecteurs - des organismes vivants - qui lui permettent de se répandre. Mais s’il tue trop vite ces vecteurs ou s’il ne trouve pas de nouveaux organismes à contaminer, il arrive à une impasse et meurt. Ce que vise le confinement, c’est à mettre le virus dans une impasse : chacun doit être le cimetière du virus. C’est ici que l’on voit la limite de la méthode : cet isolement total serait notre cimetière à tous, pas seulement celui du virus.
      A quoi cela sert de "gagner du temps" face au coronavirus ?
      #Mutation. Le mot, lorsqu’il est associé au coronavirus, fait peur. Surtout depuis que des chercheurs chinois ont affirmé que le virus avait déjà muté en une variante plus agressive.

      Alors, faut-il redouter ses prochaines transformations ?
      #Luc_Perino, médecin diplômé d’épidémiologie et auteur du livre "Patients zéro" (La Découverte), explique qu’un virus mute en permanence... et pas nécessairement d’une manière défavorable à l’être humain. "Dans la majorité des épidémies, le virus évolue vers moins de #virulence, et vers plus de #diffusion." C’est-à-dire qu’il tend à se propager plus vite... mais en devenant moins mortel.

      https://www.nouvelobs.com/coronavirus-de-wuhan/20200327.OBS26690/rony-brauman-repond-a-macron-la-metaphore-de-la-guerre-sert-a-disqualifie
      #solidarité #individualisme #autoritarisme #mensonge #mensonges #épidémiologie

    • Parler de l’héroïsme des soignants c’est une excision symbolique du corps médical. Les soignants sont des femmes en grande majorité. Les soignantEs ont pour travail de prendre soin, pas de trucider, étriper et violer comme le font les soldats, ni même se sacrifier.
      Les soldat(e)s ne soignent pas.
      Les soignantEs ne tuent pas.

      A la guerre il y a des héros or la racine latine « vir » de viril, virilité, virilisme et aussi vértu viens du sanskrit HERO. L’héroisme c’est ce qui fait l’homme et donc certainement pas les femmes. Traiter les soignantes de héro ou même héroïnes c’est les affubler de virilité.

      #invisibilisation_des_femmes #virilisme #inversion_patriarcale #excision_symbolique

    • La guerre est toujours un beau #prétexte pour imposer la #répression

      « Et nous voilà en dictature ?

      La guerre est toujours un beau prétexte pour imposer la répression.

      Guerre contre les pauvres, contre les travailleur.e.s précarisé.e.s, contre les personnes entassées dans des squats, contre les enfants des quartiers dits « prioritaires », contre les « migrants » comme ils aiment les appeler…Ah, veuillez m’excuser, je n’avais pas compris que notre aimable président parlait de guerre contre un virus…

      Il est vrai qu’en observant le confinement prendre la pelle (l’appel) pour creuser, creuser et creuser encore le gouffre qui sépare les bien loti.e.s des plus précarisé.e.s, je n’avais pas compris qu’il parlait d’une guerre contre la nature… Pourtant, j’aurais dû m’en douter, car il est bien évident que notre président a toujours voué un grand amour pour notre environnement… Mais non, je pensais bêtement que la guerre avait été déclarée. Que l’on nous avait encore pris pour des dindes, en nous faisant par exemple copier deux fois de suite « l’article 3 du décret du 23 mars 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à… » blablabla. Et si tu n’as pas de papier pour écrire, tant pis pour toi ! De toute façon, on est en guerre, gamin.e, alors pourquoi veux-tu te promener dans les rues ? Ah ? La rue est ta maison ? Quelle sombre idée… De toute façon, on est en guerre, alors qui se soucie de savoir si tu vis à la rue, hein ?

      Oui, je n’ai pas réussi à entendre le mot virus quand notre cher président a répété six fois que nous étions en guerre…

      Et il est vrai que quand les jeunes avec qui je travaille m’ont transmis leurs angoisses de « ne pas réussir », avec la peur d’être encore mis de côté, exclus dans leur quartier alors même qu’elles et ils me faisaient part il y a peu de leur désir de « bien s’en sortir » pour montrer à leurs pairs que personne n’est éternellement assigné au quartier, je n’ai pas pensé au virus… Mais à la violence de l’Education Nationale.

      Quand mon amie du Sud de la France m’a quant à elle parlé de son combat éreintant pour récupérer son jeune garçon de 5 ans, confiné chez son père violent et fiché S à Paris, je n’ai pas pensé au virus… Mais à l’horreur du confinement.

      Quand une autre m’a parlé de sa colère en tant qu’infirmière de voir tant de gens ne pas respecter leur investissement/épuisement en continuant à vivre « comme si de rien n’était », je n’ai pas pensé au virus… Mais à la stupidité et l’égoïsme qui animent mes « compatriotes ».

      Et enfin, quand mes collègues m’ont fait part au début du confinement des difficultés à trouver des volontaires pour garder les enfants des soignants, je n’ai pas pensé au virus… Mais à la fameuse « Fraternité » oubliée de la devise française.

      Dites-moi qu’au moins, cela servira de prise de conscience ? Car qui tient donc le pays en ce moment ? Qui le fait (sur)vivre ? Ni moi, ni peut-être vous. Mais celles et ceux que l’on a invisibilisé depuis bien trop longtemps. Et si je dois donc applaudir, j’applaudirais tout autant les agriculteurs/trices, les vendeurs/euses en magasin, les bénévoles (devraient-ils vraiment être bénévoles ?), les professeur.e.s et toutes celles et ceux qui nous permettent de continuer à vivre. En fait, qui nous ont toujours permis de continuer à vivre…

      Alors maintenant, je me demande, que pouvons-nous faire de tout ce temps pour celles et ceux qui en ont plus que d’habitude… N’est-il pas le moment de le « prendre ce temps » pour réfléchir à de nouveaux systèmes ? Puisque dans nos vies à 100 à l’heure, celui-ci manque toujours…

      Qu’a-t-on de fait à proposer ? Comment peut-on imaginer une plateforme pour échanger sur de nouveaux modèles ? Sur la manière de visibiliser ces réalités mais également de contribuer à les changer ? Comment peut-on se servir de ce temps pour ne plus panser les blessures de notre système mais bien penser de nouvelles perspectives ? Si tout le monde est davantage connecté, c’est donc l’occasion de toucher de nouveaux publics, de faire connaitre des réalités, de proposer des formations et de construire quelque chose de nouveau…

      Je sais que certain.e.s s’y attellent depuis bien longtemps. Mais n’est-ce pas alors l’occasion de joindre nos forces pour penser collectivement ? Utiliser le confinement pour se mettre davantage en lien et penser autrement ? Servons-nous de cette colère. Transformons-là. »
      Coline

      https://www.modop.org/se-relier/#3avril

    • « De la #guerre_sanitaire à la guerre économique et sociale »

      A la « guerre sanitaire » aujourd’hui déclarée, risque de succéder une « guerre économique et sociale » impitoyable pour les salariés, les fonctionnaires et les habitants des quartiers populaires. J’ai imaginé ce que pourrait être le discours du président de la République...

      La première victime de la guerre, c’est toujours la vérité

      La deuxième victime de la guerre, ce sont les conquis sociaux

      La troisième victime de la guerre, ce sont les droits et libertés démocratiques

      A la manière d’un certain président de la République.

      « Françaises, Français, mes chers compatriotes. Depuis le déclenchement de la crise sanitaire, je me suis plusieurs fois adressé à vous pour évoquer les épreuves que nous avons traversées, pour annoncer les mesures indispensables afin de juguler l’épidémie d’abord et d’en venir à bout ensuite. Ces circonstances exceptionnelles m’ont conduit à prendre, avec le gouvernement, en accord avec l’Assemblée nationale et le Sénat, des mesures elles aussi exceptionnelles sans lesquelles nous n’aurions pu gagner cette bataille décisive contre le Covid-19. Tout d’abord, je veux, au nom de la nation, saluer toutes celles et tous ceux qui, médecins, infirmiers, personnels hospitaliers, ont été aux avant-postes de ce combat, avec un dévouement et un courage exemplaires, et pour certains, hélas, au péril de leur vie. Ils méritent notre reconnaissance. C’est pourquoi j’ai décidé qu’un hommage national leur sera rendu à une date qui sera précisée. Plus encore, toutes et tous recevront, à titre collectif, la légion d’honneur.

      Ensuite, je veux avoir une pensée pour vous, Françaises et Français, qui avez perdu un parent, un proche, un ami. Je sais votre peine infinie et nous la partageons tous. Dans ces moments que je sais ô combien douloureux, soyez assurés que votre deuil est aussi le nôtre, et jamais nous n’oublierons vos chers disparus. Enfin, je veux également saluer celles et ceux qui, envers et contre tout, ont continué de travailler sans se laisser détourner de leurs tâches indispensables au pays par des revendications aussi démagogiques qu’irresponsables. C’est grâce à eux qu’il n’y a pas eu de pénurie et que les approvisionnements n’ont jamais cessé en dépit des difficultés qu’ils ont eux aussi surmontées avec une ténacité et une résilience remarquables. Françaises, Français, mes chers compatriotes, suite aux décisions que j’ai prises, vous avez, vous aussi, consenti de nombreux sacrifices en respectant un confinement toujours plus strict, en bouleversant vos habitudes, en renonçant à bien des loisirs et à bien des plaisirs : ceux de se réunir en famille, entre amis, de dîner au restaurant, d’aller au cinéma, au théâtre, d’écouter des concerts, de faire du sport, de se promener. Qui, en ville, qui à la campagne pour pêcher ou chasser, qui à la mer ou à la montage. Je sais que les décisions prises ont bouleversé vos vies mais elles étaient indispensables pour sauver le plus grand nombre de nos ainés et de nos concitoyens. Vous l’avez assez vite compris et vous l’avez donc accepté. Toutes et tous, vous avez fait la démonstration remarquable que nous sommes un grand peuple et que la France est une nation à nulle autre pareille qui, dans les épreuves, sait se retrouver pour les affronter dans l’unité, la solidarité et la fraternité.

      Nous venons de gagner une bataille majeure mais nous n’avons pas encore gagné la guerre. La crise sanitaire est certes derrière nous mais nous devons, dès maintenant, mener d’autres combats et relever d’autres défis. Ils sont économiques et sociaux. Ceux d’hier étaient immenses, ceux qui nous attendent ne le sont pas moins. Mes chers compatriotes, je vous le dis avec solennité et gravité, nous sommes toujours en guerre. L’ennemi n’est plus invisible, il n’est plus insidieux mais il n’en est pas moins présent, puissant et menaçant. Cet ennemi, il se nomme récession, régression, faillites en série et reprise possible de la hausse du chômage. Celui que nous venons de terrasser, nous menaçait tous, celui qui se présente maintenant agit de même. Je veux dire par là qu’il peut, lui aussi, bouleverser nos vies en frappant partout et dans toutes les catégories de la population. Nos grandes, moyennes et petites entreprises sont menacées. De même nos admirables artisans qui, partout en France, maintiennent vivantes d’anciennes traditions d’excellence. Je n’oublie pas nos agriculteurs, nos pêcheurs, nos viticulteurs, nos artistes et nos libraires.

      Hier, Françaises, Français, mes chers compatriotes, vous avez consenti de nombreux sacrifices. Je m’adresse à vous tous pour vous en demander de nouveaux car cette situation économique et sociale est elle aussi exceptionnelle. Elle n’est pas sans rappeler celle que nos ainés ont dû affronter au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Ils avaient un pays à reconstruire, nous avons une économie à rebâtir et pour y parvenir au plus vite, il faut être capable de se hisser à la hauteur des tâches multiples et difficiles qui nous attendent. Lorsque je me suis adressé à vous au début de l’épidémie le 16 mars dernier, je vous avais dit qu’après les épreuves traversées, plus rien ne serait comme avant. Ce jour est arrivé et il nous faut maintenant en tirer toutes les conséquences.

      Nous sommes en guerre. Aussi, notre code du travail, conçu dans et pour une autre conjoncture, est-il parfaitement inadapté à celle que nous allons affronter. Il est trop lourd et compliqué. De là d’innombrables lenteurs qui sont autant d’obstacles à la reprise que nous appelons tous de nos vœux. C’est pourquoi je vais demander au gouvernement d’adopter une loi d’urgence économique qui permettra à toutes et à tous de travailler au-delà des 35 heures, de travailler le dimanche si nécessaire et d’étendre le travail de nuit aux secteurs économiques particulièrement fragiles et/ou particulièrement affectés par le confinement auquel notre pays a été soumis. De plus, de nouveaux contrats d’embauche, moins contraignants et plus souples seront mis en place pour permettre de répondre dans les meilleures conditions aux défis multiples et variés que nos entreprises et nos artisans vont devoir relever dans les semaines et les mois à venir. Nous devons travailler plus et plus longtemps, c’est pourquoi la réforme des retraites, suspendue pour les raisons que vous savez, sera enfin adoptée. Et je souhaite qu’elle soit elle aussi assouplie pour permettre à celles et ceux qui veulent continuer à travailler de le faire en toute liberté. Toutes ces mesures s’imposent car il y va de notre place en Europe, de notre place dans le monde, de votre avenir personnel et professionnel, et de celui de vos enfants et de vos petits-enfants.

      Oui, nous sommes en guerre. C’est pourquoi, afin de favoriser au mieux la croissance indispensable aux progrès de notre pays, au relèvement de notre économie et à l’amélioration de vos conditions de vie, je demanderai également au gouvernement de bloquer les salaires pour une durée qui reste à déterminer, de réduire les congés et de permettre aux employeurs de les fixer à leur convenance, après consultation des salariés. Il en sera évidemment de même dans toute la fonction publique à l’exception de la fonction publique hospitalière où des postes seront créés et de nouveaux moyens accordés. En même temps, nous poursuivrons la modernisation indispensable de nos hôpitaux afin d’augmenter là aussi leur compétitivité et donc leur efficacité au service du plus grand nombre. Mes chers compatriotes, je sais votre attachement à notre système de santé qui suscite l’admiration de beaucoup à l’étranger, c’est aussi pour répondre à vos attentes que je vous demande ces efforts. Efforts également dans l’éducation nationale et dans l’enseignement supérieur où, jusqu’à nouvel ordre, aucun recrutement ne sera effectué. Cette situation n’empêchera nullement les écoles, les collèges, les lycées et les universités d’embaucher, de façon temporaire et pour une durée limitée, le personnel enseignant et administratif nécessaire à l’accomplissement de leurs missions. Là aussi, la modernisation doit être impérativement poursuivie car nous pouvons et nous devons faire mieux. Les temps présents comme de nombreux parents l’exigent et personne ne comprendrait, à l’heure où je vous parle, que les fonctionnaires précités désertent cette formidable bataille économique et sociale qu’il nous faut remporter au plus vite.

      C’est parce qu’elle est terrible que nous devons mobiliser toutes les énergies, stimuler tous les talents, libérer toutes les volontés et toutes les ambitions en donnant à chacune et à chacun l’opportunité de s’y associer. A vous Françaises et Français d’abord car, en ces circonstances exceptionnelles il n’est plus acceptable que d’autres, arrivés depuis peu dans notre pays et sans intention d’y faire souche, accèdent rapidement à des emplois qui pourraient être occupés par vous. C’est pourquoi je vais demander au gouvernement de préparer un projet de loi destiné, non à fermer complètement l’immigration, ce serait aussi vain qu’inutile, mais à la limiter au strict nécessaire sur la base de quotas régulièrement révisés, comme cela se fait déjà dans de nombreux Etats développés et démocratiques. De même, il faut rapatrier dans notre pays des activités essentielles à notre indépendance sanitaire, industrielle et économique pour renforcer ainsi notre souveraineté en produisant français avec des travailleuses et des travailleurs français. L’union nationale nous a permis de vaincre l’épidémie hier, elle nous permettra, demain, de renouer avec la prospérité dont vous serez toutes et tous les heureux bénéficiaires.

      Nous sommes en guerre, et cette nouvelle guerre nous ne la gagnerons qu’en étant capables de nous affranchir d’habitudes parfois désuètes et, dans tous les cas, inadaptées aux exigences qui s’imposent désormais à tous. J’ai bien dit à tous, c’est pourquoi, un nouveau gouvernement, plus resserré, sera bientôt formé et les traitements des uns et des autres réduits. De même, le nombre des membres de cabinet. D’ores et déjà, et pour apporter ma contribution à cet effort national sans précédent, je vous annonce que je renonce à mon traitement jusqu’à la fin de ce quinquennat. Mais il faut aller plus loin en poursuivant la réforme de nos institutions ce qui passe, entre autres, par la réduction du nombre de députés et de sénateurs afin que les premiers comme les seconds participent pleinement à cette réduction indispensable, vitale même de nos dépenses publiques. Au cours de ces derniers mois, comme je l’ai dit, l’Etat a payé sans compter pour lutter contre l’épidémie et soutenir les secteurs économiques particulièrement affectés par la crise sanitaire. Ces temps sont désormais révolus et chacun comprendra qu’il n’est pas possible de poursuivre plus longtemps dans cette voie sauf à s’engager de nouveau dans la spirale ruineuse de l’endettement dont les effets retomberont lourdement sur les générations à venir. Cela, je ne le veux pas et je ne le permettrai pas car ce serait trahir les espoirs de notre jeunesse, et je sais que nul, dans ce pays, ne le souhaite.

      Mes chers compatriotes, je vous le dis et je le répète, nous sommes toujours en guerre. Je vous demande donc d’être responsables, de ne céder à aucune surenchère partisane et syndicale, de refuser le repli corporatiste qui a fait tant de mal à notre pays, et de vous élever à la hauteur des tâches exigées par cette situation exceptionnelle. N’écoutez pas celles et ceux qui se complaisent dans la critique mais qui n’ont rien de concret et de sérieux à proposer. Evitons cette démagogie et ces exaltations aussi puériles que mortifères. Unis, chacun fidèle à son poste et à sa place, nous gagnerons. Vive la République ! Vive la France ! »

      https://blogs.mediapart.fr/olivier-le-cour-grandmaison/blog/230320/de-la-guerre-sanitaire-la-guerre-economique-et-sociale

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      Lecture de ce texte :
      #Fin_de_l'épidémie : le discours d’Emmanuel #Macron

      Texte : #Olivier_Le_Cour_Grandmaison
      Lecture : Nicolas Mourer
      Réalisation Christiane Passevant

      https://www.youtube.com/watch?v=tBd5yLA-c-8&feature=share


      #déconfinement #coronavirus #covid-19

      Message de Olivier Le Cour Grandmaison via Facs et Labos en lutte :

      Texte que j’ai rédigé en imaginant le #discours_de_Jupiter au sortir du confinement

    • Ce que nous vivons n’est pas une guerre

      C’est la mondialisation qui fait de l’épidémie de Covid-19, originaire de Chine, une pandémie mondiale. Mais replaçons cette crise, cet effondrement sanitaire, dans le contexte de notre société, celui de l’Anthropocène. Car, au classement des menaces avérées pour le système-Terre, la première porte un nom : Homo Sapiens. Si l’homme persiste dans la mondialisation et dans l’asservissement de la nature, il n’est pas impossible que, d’une façon ou d’une autre, celle-ci contre-attaque.

      CE QUE NOUS VIVONS n’est pas une guerre. Nous vivons un effondrement. Et pas simplement un effondrement des marchés boursiers, un effondrement de l’Anthropocène. 1

      Rappelons quelques chiffres. Dans nos campagnes, la population d’oiseaux a baissé de 30 % en vingt ans à peine. 2 En quelques semaines seulement, l’Australie perdait plus d’un milliard d’animaux dans les incendies. 3 Une étude publiée dans la revue britannique Nature estime qu’un million d’espèces animales et végétales pourraient disparaître en raison du réchauffement climatique. 4

      Parallèlement à ces phénomènes d’effondrement de la biodiversité, on a récemment constaté le développement d’espèces envahissantes ou invasives. Algues tropicales, plantes toxiques exogènes, nombreux sont les exemples de perches dévastatrices, de champignons phytopathogènes et de papillons colononisateurs, qui déciment leur environnement, éradiquent des populations d’insectes, d’animaux ou d’arbres jadis répandus dans nos campagnes.

      Si l’agriculture intensive est bien connue pour favoriser le développement de propagules pathogènes et d’espèces invasives, il est avéré que le commerce international joue un rôle majeur dans leur propagation.

      Je me souviens avoir regardé, impuissant, les buis de mon jardin se faire dévorer par une pyrale invasive venue de Chine par bateau, avec des lots de buis pré-taillés par une main d’œuvre bon marché. Mais le principal prédateur de ladite pyrale était le frelon asiatique, interdit de séjour en France depuis 2013.

      Le Covid-19 est également originaire de Chine et, à nouveau, c’est notre organisation mondialiste qui fait de cette épidémie une pandémie mondiale.

      Or, la pandémie est en soit un effondrement sanitaire. Tout comme le méga-feu est un effondrement écologique qui fait de certaines espèces animales des espèces menacées, la pandémie est une menace pour l’être humain.

      Certes, tout sera fait pour éviter un effondrement massif de la population humaine. Observons les mesures mises en place par l’ensemble de nos gouvernements 5, en dehors du confinement : fermeture des commerces hors alimentation, réduction des transports de marchandises à leur strict minimum, suppression des vols internationaux, blocage drastique de la circulation des véhicules personnels, généralisation du télétravail, etc. Même les écologistes les plus radicaux ne pouvaient rêver un tel scenario !

      L’arrêt quasi total du transport, de la consommation, de l’import-export en quelques heures… L’objectif « zéro carbone », prévu pour 2050, est à portée de main en 2020 !

      Alors qu’on peinait à trouver des financements pour la transition 6, voilà que s’annoncent des dizaines de milliards pour sortir de la crise. On parle même de réguler les marchés, de nationaliser les compagnies aériennes en péril, de reprendre en main les hôpitaux…

      Cet épisode pandémique nous place face à nos responsabilités. Car, quoiqu’on fasse, la Terre ne s’arrêtera pas de tourner et il est probable que le système-Terre sache toujours générer de quoi revenir à un équilibre systémique, en attaquant les entités qui constituent une menace pour le plus grand nombre. 7
      Un virus pour l’Anthropocène

      Au classement des menaces avérées pour les écosystèmes, la première porte un nom : Homo Sapiens. Replaçons le virus dans le contexte de notre société, celui de l’Anthropocène. Si le terme « Anthropocène » vous est totalement étranger ou si vous l’avez volontairement rangé dans la commode des mots anxiogènes, entre « Anthrax » et « Anthropophage », le documentaire « L’âge de l’Anthropocène, des origines aux effondrements » 8 est fait pour vous.

      L’Atelier d’écologie politique (Atécopol), un atelier constitué d’une centaine de chercheurs toulousains, a organisé de nombreuses conférences publiques, trans-disciplinaires, permettant la constitution de ce documentaire scientifique synthétique. Depuis début 2020, ces chercheurs ont défendu le film en prolongeant chaque projection d’un débat public.

      Certes, il n’est pas question de pandémie dans ce film, puisqu’il a été achevé il y a plusieurs mois. Toutefois, les propos de l’historien des sciences Christophe Bonneuil, des économistes altermondialistes Geneviève Azam 9 et Maxime Combes ou encore de l’ingénieur agronome « collapsologue » Pablo Servigne nous éclairent sur cette façon « effondrementiste » 10 d’envisager le futur de notre société capitaliste.

      Le Covid-19 constitue une pierre de plus à l’édifice du film, et non des moindres. Si l’homme persiste dans la mondialisation et dans l’asservissement de la nature, il n’est pas impossible que, d’une façon ou d’une autre, celle-ci contre-attaque.

      https://sciences-critiques.fr/ce-que-nous-vivons-nest-pas-une-guerre

      #Gwarr_Greff

  • Zong massacre - Wikipedia
    https://en.wikipedia.org/wiki/Zong_massacre

    The Zong massacre was the mass killing of 133 African slaves by the crew of the slave ship Zong in the days following 29 November 1781. The Gregson slave-trading syndicate, based in Liverpool, owned the ship and sailed her in the Atlantic slave trade. As was common business practice, they had taken out insurance on the lives of the slaves as cargo. When the ship ran low on potable water following navigational mistakes, the crew threw slaves overboard into the sea to drown, partly in order to ensure the survival of the rest of the ship’s passengers, and in part to cash in on the insurance on the slaves, thus not losing money on the slaves who would have died from the lack of drinking water.

    ... ship’s surgeons were typically involved in selecting slaves for purchase in Africa, so their medical expertise supported the determination of “commodity value” for a captive. If the surgeon rejected a captive, that individual suffered “commercial death”, being of no value, and was liable to be killed by African handlers. Sometimes these killings happened in the presence of the surgeon. It is likely that Collingwood had already witnessed the mass-killing of slaves. As the historian Jeremy Krikler commented, this may have prepared him psychologically to condone the massacre that took place on the Zong.

    #esclavage #triage #holocaust