#tuer_une_vache_humainement

  • aimer les animaux jusqu’à la mort

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    Sauf qu’il y a un problème. Comis, l’éleveur de porcs bien élevés, croit que ce qu’il fait dans la vie est mal. Moralement mal. « Comme #éleveur porcin, je mène une vie qui n’est pas #éthique », écrivait-il récemment dans le Huffington Post. Il est bien conscient qu’il « pourrait bien être une très mauvaise personne de tuer ainsi des #animaux pour gagner sa vie ». Pour Bob Comis, le principal problème avec son travail c’est l’#abattage d’êtres sensibles et capables d’émotions. Son verdict est sans équivoque : sa vie est « nimbée d’un voile de justifications en vue de l’acceptation sociale ». À ceux qui veulent leurs côtelettes de porc bien élevé, il déclare « je suis un propriétaire d’esclaves et un meurtrier » et « ce que je fais est mal ». Même si « je ne peux rien y faire pour l’instant », il conclut « je le sais jusqu’au plus profond de mes os ».

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    Lorsqu’il a présenté sa thèse au sein du Food Movement – élever et tuer mes #cochons_heureux n’est pas éthique –, Comis a ouvert la porte à une question philosophique sur le principe de tuer des animaux pour de la #nourriture dont nous n’avons pas besoin. Pour un mouvement qui vise à changer radicalement la façon dont on se nourrit, cet examen aurait dû être fait depuis longtemps.

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    Il fallait lire Every Twelve Seconds de Timithy Pachirat, un regard cru sur le travail en #abattoir_industriel. Pendant notre discussion, un étudiant, vétéran de la guerre en Irak, tatoué, Purple Heart haltérophile de compétition et propriétaire d’un ranch texan, a dit à ses collègues de classe, dégoûtés par ce qu’ils venaient de lire, qu’il y avait une meilleure façon. Une façon complètement différente de s’occuper du bétail. Mon collègue et moi avons demandé à cet étudiant – appelons-le Mike – s’il accepterait de commencer le prochain cours en décrivant comment il s’occupe du bétail sur le ranch familial, où on tue deux vaches par année pour consommation personnelle. Il a généreusement accepté.

    Mike a commencé son exposé en expliquant comment il était horrifié par la description que fait Pachirat de la façon dont le bétail est traité dans les abattoirs industriels. Il était visiblement irrité. Ses poings étaient fermés. Il a grandi avec les animaux « j’ai un faible pour les vaches », concéda-t-il, encore plus que pour ses chiens. Il pensait qu’abattre ses animaux avec dignité est de la plus grande importance.

    Mike décrivait comment sa famille prenait soin des veaux, comment elle entretenait les liens maternels, s’assurait que les animaux avaient accès à des pâturages quand la météo le permettait et à des abris pendant les tempêtes, comment elle contrôlait leur nourriture, comment elle n’avait jamais eu à leur donner d’antibiotiques ou de vaccins et comment elle les couvrait d’affection physique. Beaucoup de caresses, beaucoup de massages. Et alors, Mike prit une grande respiration, il regarda la classe de ses yeux bleus perçants et commença à expliquer que, pour #tuer_une_vache_humainement, il faut créer une atmosphère calme, s’assurer que son couteau est bien aiguisé, rassembler la famille et… et… il fit une pause. Il eut l’air sous le choc pendant une seconde, sans voix. Son regard fit le tour de la classe vers ses collègues silencieux. Il prit une grande respiration et commença à parler de sectionner la mœlle épinière. Et puis c’en était trop. Je sentais ce moment cathartique approcher et j’ai fixé son regard pendant que ses yeux se remplissaient de larmes. La seule chose dont je me souvienne, c’est d’avoir pensé que cet éleveur cherche un nouveau chemin que personne ne lui propose. C’est impossible qu’il soit le seul.

    http://versusmagazine.co/01/lire/aimer-les-animaux-jusque-a-la-mort