• Giorgia Meloni, Marine Le Pen : sur l’immigration, deux discours, deux stratégies
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/03/giorgia-meloni-marine-le-pen-sur-l-immigration-deux-discours-deux-strategies

    Giorgia Meloni, Marine Le Pen : sur l’immigration, deux discours, deux stratégies
    Lorsque Marine Le Pen et Giorgia Meloni emploient le mot « immigration », elles ne parlent pas de la même chose. On aurait tort de prendre les deux dirigeantes d’extrême droite pour les interprètes d’un même discours. Pour la présidente du conseil italien, l’immigration est un phénomène de géographie humaine externe qui doit être contrôlé, sa régulation offrant des opportunités en matière de politique étrangère.
    En revanche, quand le terme est employé par les chefs de file du Rassemblement national [RN], il évoque tout autre chose. On ne parle plus d’un phénomène quantifiable. On convoque plutôt, au moyen de non-dits, un imaginaire anxieux faisant référence moins à des flux réels qu’à des tensions et à des malaises identitaires intérieurs, produits de la longue histoire coloniale et migratoire qui a façonné la société française contemporaine.
    Il est donc question d’autre chose. Dans ce discours confus mais efficace, la notion d’immigration sert de liant à un ensemble d’angoisses nationales, identifiant le terrorisme islamiste, les révoltes des banlieues, les fraudes sociales, la criminalité et, depuis le 7 octobre 2023, l’antisémitisme, à la figure d’un migrant imaginaire. Le discours du RN vise en réalité les citoyens appartenant aux minorités, en particulier ceux de confession musulmane.En Italie, dans le discours de Giorgia Meloni, ce sous-texte est inexistant. Le thème de l’immigration ne sert pas à camoufler un discours sur une réalité intérieure qu’elle laisse à ses alliés de la Ligue et aux franges les plus droitières du spectre politique. Il désigne un phénomène extérieur.
    Dans les discours de la présidente du conseil, le migrant est une victime « désespérée » dont le « droit à ne pas émigrer » a été bafoué du fait de carences de développement économique imputables aux politiques jugées prédatrices de puissances extérieures. C’est alors la France qui est visée. Il est surtout victime de « trafiquants d’êtres humains » à combattre en puisant dans le savoir-faire italien de la lutte antimafia. Dès lors, la politique migratoire de Rome est devenue un vecteur d’action diplomatique. Depuis le début de son mandat, Giorgia Meloni a posé les jalons d’un discours prônant une coopération renouvelée avec les Etats africains. Ayant organisé un sommet Italie-Afrique à Rome en janvier, elle met en avant un récit selon lequel l’Italie serait porteuse d’une approche « d’égal à égal », socle d’une coopération en matière migratoire avec les Etats de départ et de transit.
    Cette politique s’est traduite par des accords avec l’Egypte, la Libye et la Tunisie conditionnant des aides financières à un contrôle plus efficace des flux, au prix de violations des droits humains au sud de la Méditerranée. De fait, le nombre d’arrivées irrégulières par la mer a considérablement baissé avec 41 181 personnes enregistrées fin août pour l’année 2024 contre 113 877 personnes à la même période en 2023.
    La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a été partie prenante de cet effort italien et Mme Meloni a pour l’instant abandonné le discours selon lequel l’Union européenne [UE] était complice d’une immigration illégale bouleversant les équilibres communautaires. La présidente du conseil a préféré présenter à ses électeurs l’Italie comme une force motrice en matière migratoire, se félicitant que Bruxelles se soit réapproprié son raisonnement. Mme Meloni a d’ailleurs soutenu le Pacte européen sur la migration et l’asile adopté en mai, farouchement combattu par le Rassemblement national.
    La poursuite de cette dynamique dépendra de l’évolution des relations entre Rome et Bruxelles. Soucieuse de ne pas abandonner trop d’espace à droite à son allié Matteo Salvini de la Ligue, Giorgia Meloni s’est en effet abstenue au Conseil européen lors de l’élection pour un deuxième mandat d’Ursula von der Leyen. Le parti de la cheffe de l’exécutif italien, Fratelli d’Italia, a annoncé avoir voté au Parlement contre sa reconduction à la tête de la Commission.
    Au-delà de l’UE, la diplomatie migratoire de Giorgia Meloni s’est également traduite par un accord inédit avec l’Albanie censé aboutir à l’ouverture de centres de rétention pour demandeurs d’asile. Ces structures de droit italien qui seront installées en territoire albanais ont été présentées comme propres à dissuader les candidats à l’exil. La présidente du conseil veut voir dans ce projet bilatéral une preuve de l’influence retrouvée de l’Italie sur la scène internationale.
    Elle a trouvé en son homologue à Tirana, Edi Rama, un italophone avec lequel elle entretient des relations d’une cordialité démonstrative. Ce dernier est en effet toujours prêt à flatter l’orgueil italien en rappelant avec reconnaissance l’accueil dont ont bénéficié les migrants albanais venus s’installer en Italie dans les années 1990. Le gouvernement de Mme Meloni a aussi fait preuve de pragmatisme en confirmant l’ouverture de l’Italie à la migration régulière dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et de déclin démographique prononcé. En 2023, un décret organisant l’entrée dans le pays de 452 000 travailleurs étrangers d’ici à la fin de 2025 a ainsi été adopté.Cet été, la question de l’accès à la nationalité a été rouverte. Le vice-président du conseil, Antonio Tajani, chef de file de Forza Italia (centre droit), partenaire de Mme Meloni au sein de la coalition au pouvoir, s’est en effet prononcé en faveur d’un assouplissement des règles de naturalisation pour les enfants d’immigrés scolarisés en Italie. Sa proposition, rejetée par de la Ligue et par Fratelli d’Italia, faisait suite aux succès d’athlètes italiens qui, aux Jeux olympiques de Paris, ont donné à voir une nouvelle fois à l’Italie, pays d’émigration devenu terre d’immigration, sa diversité déjà bien installée.

    #Covid-19#migration#migrant#italie#albanie#egypte#afrique#tunisie#libye#UE#politiquemigratoire#economie#demographie#sante#migrationreguliere

  • “Attività di polizia”: la finzione del Viminale per celare i luoghi di sbarco dal Mediterraneo

    Mentre rivendica come un successo il calo degli sbarchi via mare nei primi sette mesi del 2024, il governo dichiara inaccessibili le informazioni precise sulle singole località di arrivo. Divulgarle favorirebbe i trafficanti: una scusa per giustificare l’ennesima mancanza di trasparenza nei confronti dell’opinione pubblica.

    “Sui migranti i dati parlano chiaro”, ripete il ministro dell’Interno Matteo Piantedosi, rivendicando il “risultato” del calo degli sbarchi in Italia nei primi sette mesi del 2024 (migliaia di persone continuano a soffrire lontano dai nostri occhi). I dati diffusi dal Viminale nel dossier ferragostano hanno avuto grande eco sulla stampa e sui telegiornali: 33.480 gli arrivi via mare al 31 luglio di quest’anno contro gli 88.939 dello stesso periodo del 2023 (l’ormai famoso “-62,4%”), o i 41.435 dei sette mesi del 2022 (-19,2%).

    Il ministero quasi gongola quando scrive che “a fronte della riduzione dei flussi migratori, pari al 64% nel Mediterraneo centrale, e al 75% lungo la rotta balcanica, si rileva un parallelo aumento degli arrivi lungo le rotte del Mediterraneo occidentale e di quello orientale che hanno interessato, nello specifico, Spagna e Grecia”. Nessuna remora a indicare esplicitamente, non si sa bene sulla base di quale fonte, le “partenze di migranti irregolari bloccate da Libia e Tunisia”: 12.548 nei primi sette mesi dell’anno dalle “autorità” di Tripoli (quando furono 17.025 in tutto il 2023) e 46.030 da quelle tunisine (quando lo scorso anno in tutto furono in teoria 76.321). È la rassegna dei numeri a caso.

    Lo stesso Piantedosi, intervistato da La Stampa il 31 dicembre 2023, aveva riferito infatti che “la collaborazione con le autorità tunisine e libiche” aveva “consentito di bloccare molte decine di migliaia di altri arrivi”, fornendo il dato apparentemente al capello di “121.883” (è una tecnica per far la figura di quello analitico e inattaccabile). Ma come? Nell’ultimo dossier di Ferragosto i “bloccati” da Libia e Tunisia nel 2023 sono diventati 93.346, ne mancano 28.537. Chi ha tirato a indovinare? Dove sono finite quelle persone? Sono fake news adesso o lo erano allora?

    Tutte domande che non meritano una risposta. La retorica di questi anni sul Mediterraneo e sui confini chiusi punta esattamente a incanalare il dibattito in un vicolo cieco, stordente e incomprensibile. Una domanda che merita una risposta, invece, ci sarebbe.

    Nessuno ha incredibilmente chiesto al ministro una cosa semplice: dove sono sbarcate di preciso queste 33.480 persone (prima che numeri) giunte via mare dal primo gennaio al 31 luglio? Da tempo il Viminale non riporta più questa informazione nel proprio cruscotto statistico pubblico (giornaliero o bisettimanale) e tocca chiederne conto attraverso la laboriosa procedura dell’accesso civico generalizzato. Riluttante, il ministero aveva sempre fornito il dato, distinguendo per mesi, località e numero di arrivi. Questo permetteva, a posteriori e con tutti i limiti del caso, di avere un po’ più chiare alcune dinamiche, soprattutto distorte, com’è stata quella nel 2023 di creare ad arte l’emergenza Lampedusa, concentrando sulla piccola isola quasi 110mila dei 157mila sbarchi complessivi.

    Ma da quest’estate c’è una novità: il Viminale ha fatto sapere ad Altreconomia di non voler più rendere note all’opinione pubblica le località di arrivo dei naufraghi, tanto meno quelle dei cosiddetti “rintracciati a terra”. Preferisce stare sul vago, indicando meramente la Regione di approdo. Tipo “Sicilia”, come se Lampedusa fosse uguale a Palermo. La motivazione che ci ha comunicato il direttore reggente della Direzione centrale dell’immigrazione e della polizia delle frontiere del Viminale, Claudio Galzerano, è che si tratterebbe di informazioni “non ostensibili” in quanto “strettamente connesse ad attività di polizia e, più propriamente, al sistema nazionale di sorveglianza marittima”. Divulgarle le renderebbe “conoscibili e utilizzabili anche da parte di soggetti coinvolti nel traffico di esseri umani”, ostacolando così “la conduzione di indagini sui reati e il loro perseguimento”.

    Peccato che a gennaio 2024, non dieci anni fa, lo stesso ministero, e lo stesso Galzerano, queste informazioni le divulgava senza il patema di aiutare fantomatici scafisti. Poi deve essere successo qualcosa, prettamente politico e che nulla c’entra con le leggi che dovrebbero governare la trasparenza della Pubblica amministrazione. Sui migranti, non ce ne voglia il ministro, i dati non parlano affatto chiaro.

    https://altreconomia.it/attivita-di-polizia-la-finzione-del-viminale-per-celare-i-luoghi-di-sba

    #migrations #Méditerranée #Italie #réfugiés #débarquement #chiffres #manipulation #statistiques #arrivées #Tunisie #Libye #externalisation #pull-backs #guerre_des_chiffres

  • Chute des arrivées de migrants en Italie : oui, mais à quel prix ? - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/59485/chute-des-arrivees-de-migrants-en-italie--oui-mais-a-quel-prix

    Chute des arrivées de migrants en Italie : oui, mais à quel prix ?
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 29/08/2024
    Le ministère de l’Intérieur italien a publié fin août les chiffres des arrivées d’exilés sur le sol italien depuis le début de l’année : 40 000, soit trois fois moins qu’en 2023 à la même période. Si le gouvernement italien parle « d’efficacité » de sa politique migratoire, les ONG dénoncent elles une politique répressive, mise en place au mépris des vies humaines.
    Quel bilan migratoire après deux ans de mandat de Giorgia Meloni ? Selon Rome, c’est un succès. Entre le 1er janvier et le 28 août 2024, le ministère italien de l’Intérieur affirme que 40 660 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes. C’est trois fois moins qu’en 2023 à la même période quand 113 000 avaient foulé le sol italien.
    « Les résultats parlent d’eux-mêmes », s’est félicité le député de son parti, Fratelli d’Italia, Antonio Giordano, dans un communiqué cet été. « Il y a une réduction significative des débarquements par rapport aux années précédentes et une amélioration de la gestion des flux migratoires. Le gouvernement Meloni ne mérite que des retours positifs pour sa politique efficace et innovante ».
    La stratégie de la cheffe du gouvernement a toujours été claire : miser sur la répression pour faire baisser les arrivées. Et pour ce faire, Giorgia Meloni a utilisé l’outil législatif en promulguant le « décret Piantedosi » du nom du ministre de l’Intérieur, entré en vigueur en décembre 2022. Devenue la bête noire des ONG, la loi a introduit toute une série de nouvelles mesures pour régir les activités des navires humanitaires en Méditerranée. Elle oblige par exemple les ONG à se rendre « sans délai » au port de débarquement assigné par les autorités italiennes juste après un premier sauvetage. Impossible donc pour les bateaux de procéder à une autre opération de secours - sauf accord exceptionnel de Rome. En cas de désobéissance, les navires humanitaires font face à des risques d’amendes et immobilisations de leur bateau.
    Les associations dénoncent aussi l’attribution de ports lointains. Après les sauvetages, les bateaux d’ONG ont régulièrement ordre de se rendre dans des villes au centre voire au nord du pays, beaucoup plus éloignées que les ports siciliens ou Lampedusa, où étaient traditionnellement débarqués les migrants secourus. « Avant le décret, devoir débarquer dans le nord, c’était épisodique. Désormais, c’est systématique », avait regretté en janvier à InfoMigrants, Margot Bernard, coordinatrice de projet adjointe à bord du Geo Barents.
    Ce décret a eu des conséquences dramatiques, selon les ONG. En 2023, Rome a procédé à 23 arrestations de navires de sauvetage. « Cela revient à 540 jours de paralysie pendant lesquels les navires des ONG n’ont pas pu secourir [de migrants] sur l’une des routes les plus meurtrières au monde », écrit Médecins sans frontières (MSF) sur X."Ce décret-loi a été spécifiquement conçu pour entraver les activités de recherche et de sauvetage des ONG en mer", dénonce encore l’ONG dans un communiqué publié hier, mercredi 27 août, après l’immobilisation de son navire, le Geo Barents, pour 60 jours.
    Une autre étude menée par l’ONG SOS Humanity dénonce elle une perte de « plus d’un an » de temps de sauvetage en Méditerranée.
    Et surtout, déplore l’ONG Sea Watch, « depuis que la Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni a pris ses fonctions, davantage de personnes sont mortes en Méditerranée ». Selon l’ONG allemande, le nombre moyen de personnes disparues ou décédées en mer a augmenté ces deux dernières années. Il était de 162 personnes/mois (en 2020-2022) contre 218 personnes/mois (en 2022-2024), soit dès le début du mandat de Meloni. La baisse des arrivées de migrants en Italie « ne signifie pas un succès dans la lutte contre le trafic d’êtres humains. Au contraire ».
    Depuis le début de l’année, 1 045 personnes sont mortes en Méditerranée, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM). Mais combien ont disparu sans laisser de traces ? Combien de « naufrages invisibles », ces embarcations qui partent et sombrent en mer sans que personne ne le sache ? Sûrement beaucoup, mais ils sont difficilement quantifiables. La faute à la loi Piantedosi, dénonce encore MSF. « En partant immédiatement [de la zone de sauvetage] après une seule opération de secours, on laisse la mer déserte. C’est une grande source de frustration pour nous, et surtout, cela nous fait craindre une augmentation [des morts] », déplorait Margot Bernard.
    Sur un volet plus diplomatique, la cheffe du gouvernement se félicite des partenariats qu’elle a noués avec la Libye et la Tunisie ces dernières années pour contribuer à faire chuter les arrivées en Italie. Ces deux États de transit sont les deux principaux pays de départ des migrants qui tentent la traversée de la mer. Le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi avait affirmé que ces accords avaient permis de « bloquer la moitié des arrivées ». A quel prix ? Un accord datant de 2017 (signé avec le soutien de l’Union européenne), permet aux Italiens de se reposer sur les Libyens pour enrayer les traversées de la mer. Les garde-côtes réputés pour leur brutalité, interceptent depuis 7 ans les migrants en Méditerranée et les ramènent de force vers la Libye. Le partenariat entre Rome et Tripoli donne aussi aux autorités libyennes la charge de la coordination des sauvetages au large de Lampedusa, tâche qui incombait auparavant au centre de coordination de sauvetage maritime de Rome. Depuis le début de l’année, 14 000 migrants ont été interceptés par les garde-côtes libyens en Méditerranée.
    Malgré les preuves de plus en plus nombreuses et documentées par les médias et les ONG sur les cas de maltraitance – voire de torture et de meurtres - envers des migrants sur le sol libyen, l’UE n’a pas cessé son aide financière au pays. Pire, les Vingt-sept ont même reconnu dans un rapport confidentiel remis en début d’année que les autorités libyennes avaient eu recours à un « usage excessif de la force » envers les migrants.Depuis des années, InfoMigrants reçoit des témoignages des exactions, viols, tortures, rançonnages, tabassages subis dans les prisons libyennes – officielles ou clandestines.
    Même critique en ce qui concerne les accords tuniso-italiens. En 2023, les deux pays ont scellé une alliance dont l’un des principaux axes concerne l’immigration illégale. Elle prévoit de renforcer les contrôles aux frontières et les retours de candidats à l’exil en Tunisie. Depuis la signature de l’accord, Giorgia Meloni s’est déplacée au moins quatre fois à Tunis. A chaque fois pour insister auprès du président Kais Saied sur l’importance d’empêcher les embarcations de quitter les côtes tunisiennes. Il faut dire que la « crise de Lampedusa » en septembre 2023 - lors de laquelle près de 10 000 migrants sont arrivés en une semaine sur la petite île italienne - avait fait vaciller le système d’accueil italien, complètement débordé.Une lutte chère à l’homme fort de Tunis qui a pris en grippe les Africains subsahariens en situation irrégulière. Depuis un discours virulent prononcé en février 2023 - où il accusait ceux-ci d’être à l’origine de « violence, de crimes et d’actes inacceptables » et de vouloir changer la composition démographique du pays - les migrants vivent un enfer en Tunisie.Rafles, abandons dans le désert, InfoMigrants a reçu de nombreux témoignages faisant état des sévices endurés par les Noirs dans le pays.
    Documentées, ces arrestations sont menées grâce au soutien financier de l’Union européenne et de ses États membres. Les migrants arrêtés sont conduits vers des zones désertiques, à la frontière libyenne, algérienne ou parfois malienne. Dans des conditions extrêmement éprouvantes, sans eau et nourriture, ils luttent pour rester en vie. L’été dernier, des dizaines de migrants sont morts dont Marie et sa petite fille de 6 ans, Fati. Elles avaient été expulsées de leur domicile à Sfax, dans le centre du pays, et abandonnées dans le désert à la frontière libyenne. Elles sont mortes de soif.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#migrationirreguliere#mediterranée#libye#tunisie#decretPiantedosi#politiquemigratoire#humanitaire#sante#mortalite

  • Tunisie : un Italien arrêté pour construction d’un bateau pour des migrants irréguliers
    https://www.dakaractu.com/Tunisie-un-Italien-arrete-pour-construction-d-un-bateau-pour-des-migrants

    Tunisie : un Italien arrêté pour construction d’un bateau pour des migrants irréguliers
    Un Italien résidant en Tunisie a été arrêté pour avoir construit et fourni un bateau pour une opération de migration irrégulière, a appris mercredi l’AFP de source judiciaire.Agé de 45 ans, le ressortissant italien « travaillait dans une usine de construction de bateaux », a indiqué Farid Jha, porte-parole du Parquet de Monastir, ville côtière du centre-est de la Tunisie.
    L’homme, dont l’identité n’a pas été communiquée, a construit ce bateau en résine plastique dans un atelier à Ouardanine, près de Monastir, à plus de 150 km au sud-est de Tunis, selon la même source.Le bateau été utilisé dans une tentative de départ irrégulière depuis les côtes de Monastir vers l’Europe, déjouée par les gardes-côtes tunisiens, a indiqué encore M. Jha.Trois organisateurs tunisiens de l’opération irrégulière ont été aussi arrêtés. Un autre est en fuite. Avec la Libye, la Tunisie est le principal point de départ en Afrique du nord des migrants cherchant à traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Italie. Les côtes italiennes se trouvent à moins de 150 km du littoral de Sfax, grande métropole industrielle tunisienne située à plus de 100 km au sud de Monastir et épicentre de nombreux départs irréguliers.
    C’est la première fois qu’un Européen est arrêté en Tunisie pour la construction illégale de bateaux destinés à des opérations de migration irrégulière.Des réseaux illégaux de construction d’embarcations de fortune impliquant des Tunisiens ou des migrants provenant de pays d’Afrique subsaharienne ont été démantelés ces dernières années, mais plutôt dans la zone de Sfax.
    Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont été portés disparus en 2023 dans des naufrages au large des côtes tunisiennes, selon le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES).
    Du 1er janvier à la mi-mai, 103 embarcations de fortune ont fait naufrage, selon le ministère tunisien de l’Intérieur. Sur les quatre premiers mois de l’année, la Garde nationale a dit avoir « intercepté ou secouru » 21.545 migrants, en hausse de 22,5% sur un an.
    L’an passé, des dizaines de milliers de ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, fuyant la pauvreté et les conflits notamment au Soudan, ainsi que des milliers de Tunisiens, poussés par la crise économique et de fortes tensions politiques internes, ont débarqué en Italie. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), sur la dernière décennie, plus de 27.000 migrants ont péri en Méditerranée, dont plus de 3.000 l’an passé

    #Covid-19#migrant#migration#italie#tunisie#libye#migrationirreguliere#monastir#sfax#sante

  • Nouvelle SAR zone tunisienne : « Ils ne répondent pas à nos appels », dénonce une ONG en mer - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/59402/nouvelle-sar-zone-tunisienne--ils-ne-repondent-pas-a-nos-appels-denonc

    Nouvelle SAR zone tunisienne : « Ils ne répondent pas à nos appels », dénonce une ONG en mer
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 27/08/2024
    Lundi, l’ONG allemande Sea Watch a demandé l’aide des garde-côtes tunisiens pour secourir des migrants en Méditerranée, en vain. Tunis n’a jamais répondu à leur appel. Le pays s’est pourtant doté d’un « centre de recherche et de sauvetage » (MRCC) depuis le mois de juin pour secourir toute personne en détresse au large de ses côtes, dans les eaux internationales.
    C’est un appel comme il y en a des centaines, lancés depuis des années, par les ONG présentes en mer Méditerranée. "Urgent : un canot coule actuellement en Méditerranée. Il s’est dégonflé et 12 personnes sont dans l’eau depuis plus de deux heures, probablement pour réduire le poids et protéger les 4 enfants à bord.
    Cet appel de détresse a été lancé par l’ONG allemande Sea Watch, le 26 août à 17h. Ce jour-là, leur avion de reconnaissance, le Sea bird, survole la Méditerranée et repère le canot dégonflé et plusieurs personnes dans l’eau. Sea Watch demande en urgence l’aide des garde-côtes italiens, mais ces derniers les renvoient vers les Tunisiens, officiellement en charge de la zone maritime où se trouve le canot.
    Depuis le mois de juin, en effet, les Tunisiens se sont dotés d’un MRCC (Maritime Rescue Coordination Centre), sorte de tour de contrôle maritime en charge d’une zone précise de la Méditerranée, appelée SAR zone.Tunis avait annoncé fièrement la création de ce nouveau MRCC. « Sur décision présidentielle, la Tunisie peut aujourd’hui donner un cadre juridique à ses opérations de recherche et de sauvetage en mer », déclarait ainsi le ministre de la Défense Imed Memmich dans une vidéo promotionnelle. « Cette décision comprend la création d’un centre de coordination et les garde-côtes tunisiens seront en charge de ces opérations ».
    Concrètement donc, les Tunisiens ont la responsabilité de secourir toute personne en détresse dans leur SAR zone, comme les embarcations de migrants en perdition."Nous voulons renforcer l’efficacité de l’intervention de l’État tunisien […] dans le but de fournir un service de recherche et de sauvetage maritime au bénéfice de tous les usagers de la mer, tunisiens et non tunisiens, dans la zone de responsabilité tunisienne", précisait même un communiqué tunisien.
    Et pourtant, lundi 26 août, ce sont des appels dans le vide qu’ont lancés les humanitaires de Sea Watch pour secourir les migrants à l’eau. « Dans le passé également, lorsque nous appelions [les autorités tunisiennes], nous ne parvenions à joindre personne. Leur adresse e-mail était en panne, les appels n’aboutissaient pas. Si nous parvenions à quelqu’un, il ne nous aidait pas. D’après notre expérience, il semble évident que leur mission n’est pas de sauver des vies », a déclaré l’équipe de communication de l’ONG Sea Watch à InfoMigrants.
    C’est le voilier Nadir de l’ONG Resqship qui est finalement venu au secours des naufragés. « Vers 1h du matin [mardi matin ndlr], nous avons trouvé 19 personnes en détresse en mer. Nous les avons récupérées, elles sont à bord. Le Nadir est maintenant en route vers Lampedusa » pour débarquer les rescapés.
    Une SAR zone, c’est quoi ?Les conventions maritimes internationales (OMI) divisent la mer - plus précisément les « eaux internationales » - en plusieurs zones qui se trouvent chacune sous la responsabilité d’un État côtier.Au sein de sa SAR zone, un État doit assurer la prise en charge et la coordination des secours en mer. En Méditerranée centrale, il existe des SAR zones maltaise, italienne et libyenne, par exemple. Concrètement, cela signifie que les navires de chaque pays peuvent se déplacer dans leurs eaux territoriales et dans leur SAR zone pour aider toute personne en détresse en mer. « Ce n’est pas une zone où l’État jouit d’une autorité ou de droits étendus, mais plutôt un espace de responsabilité », précise le professeur Pierre Micheletti, responsable du diplôme « Santé-Solidarité-Précarité » à la Faculté de médecine de Grenoble, dans the Conversation.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#mediterranee#SAR#droitmaritime#migrationirreguliere#sante

  • Plus de 550 migrants secourus en mer Méditerranée par des ONG ce week-end - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/59071/plus-de-550-migrants-secourus-en-mer-mediterranee-par-des-ong-ce-weeke

    Plus de 550 migrants secourus en mer Méditerranée par des ONG ce week-end
    Par La rédaction Publié le : 12/08/2024
    De nombreux sauvetages ont eu lieu en mer Méditerranée ce week-end. Entre vendredi et dimanche, les ONG qui opèrent dans la zone ont secouru au moins 552 personnes. Le week-end a été chargé pour les navires humanitaires qui arpentent la Méditerranée. Au total, plus de 550 exilés ont été secourus ces derniers jours lors de leur tentative de traversée de la mer. Pour l’Open Arms, qui lançait vendredi 9 août sa nouvelle mission de sauvetage à bord de son navire l’Astral, les opérations ont immédiatement commencé.
    Vendredi matin, peu après son départ d’Italie, l’ONG a été mobilisée pour assister au sauvetage de 12 personnes originaires du Soudan, de Syrie, du Pakistan et de Palestine. Ils ont été transportés dans un port sûr par les garde-côtes italiens après avoir quitté les côtes libyennes.
    Quelques heures plus tard, l’Astral a secouru 45 personnes, dont deux bébés de 7 mois et 1 an, en pleine nuit. Le lendemain, l’ONG a mené avec succès une opération de sauvetage in extremis. Lors de son arrivée sur place, comme en attestent des vidéos publiées par l’ONG, de nombreux migrants étaient déjà dans l’eau et l’embarcation avait déjà à moitié coulé lorsque le navire de sauvetage est arrivé. Lors de cette opération, 55 personnes, dont six enfants et un bébé d’un mois, ont été sauvés. Dimanche, lors de la 5e intervention du navire en 48 heures, 44 personnes, dont 3 enfants et un bébé de deux semaines, ont été secourues suite à leur départ de Tunisie « dans une embarcation en fer très dangereuse ». Selon l’ONG, il s’agissait de ressortissants venant de Sierra Leone, du Cameroun, du Niger et du Sénégal.
    Ce même jour, le Nadir, de l’ONG Resqship, a secouru un bateau surpeuplé avec 56 personnes à bord. Elles ont toutes été prises en charge par les garde-côtes italiens. La veille, 27 personnes qui avaient fui la Libye et qui étaient tombées en panne d’essence ont été assistées puis déposées sur l’île de Lampedusa alors qu’elles étaient à la dérive. Le Louise Michel a aussi mené une opération auprès de deux embarcations en détresse. Ainsi, 40 personnes ont été secourues par l’équipage. Elles ont ensuite été débarquées au port de Pozzallo, en Sicile. Pendant ce même temps dimanche, l’ONG SOS Humanity a secouru des centaines de personnes. Tout d’abord, l’équipage est venu en aide à 13 personnes « à bord d’un petit canot pneumatique déjà rempli de plus de 30cm d’eau ». « Le moteur était en panne. Les personnes étaient trempées et personne ne portait de gilet de sauvetage. Un bateau inutilisable comme celui-ci n’a que quelques heures avant de couler », a rappelé l’ONG sur X.
    Dans la même journée, SOS Humanity a multiplié les opérations de sauvetage en coopération avec les autorités italiennes. Cet après-midi, les migrants à bord de trois embarcations en détresse ont été secourus. L’un des bateaux était en train de se dégonfler et de nombreuses personnes étaient à l’eau au moment de l’intervention.
    Au final, 273 personnes sont à bord du Humanity 1. « Certaines sont extrêmement faibles, déshydratées ou ont le mal de mer. Plusieurs personnes ont temporairement perdu connaissance en raison de l’épuisement ou de la déshydratation », selon l’ONG.
    Une personne a notamment dû être évacuée par les autorités italiennes à cause d’une urgence vitale. « Nous avons contacté le Centre de coordination des secours maltais (RCC) pour organiser une évacuation médicale. Ils ont d’abord raccroché le téléphone. Puis ils nous ont dit qu’ils n’avaient pas les capacités nécessaires. Finalement, après des demandes répétées et plusieurs heures, les autorités italiennes ont lancé une évacuation », a indiqué l’ONG. Deux membres de sa famille, dont un mineur, ont pu l’accompagner.
    Avec donc près de 300 personnes à son bord, le navire humanitaire fait route vers Gênes, à 1 240km du lieu du dernier sauvetage. Cela signifie qu’il faudra au moins quatre jours pour que les rescapés soient débarqués dans un port. « Ils restent sur le pont et en Méditerranée, il fait très chaud en ce moment. Notre équipage a mesuré des températures de 28 degrés à 8 heures du matin », a signalé SOS Humanity. Les ONG estiment régulièrement que les récentes lois italiennes entravent l’action des navires humanitaires en mer et viole le droit maritime. En effet, selon de récents textes adoptés en Italie, une fois un sauvetage effectué, les ONG doivent en informer l’Italie et ne plus effectuer de sauvetage tant que les migrants n’ont pas été débarqués dans le port attribué.
    Or, les ONG dénoncent le fait que les ports attribués sont très éloignés alors que d’autres permettraient aux humanitaires de retourner en mer plus rapidement. Elles craignent ainsi que leur absence prolongée provoque plus de morts en mer. Selon l’association de sauvetage SOS Humanity en 2023, les navires de secours en Méditerranée ont perdu 374 jours à effectuer de longs trajets pour rejoindre des ports de débarquement italiens au lieu de rester en mer pour porter assistance aux canots en détresse.
    La Méditerranée centrale est la route migratoire la plus dangereuse du monde, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). L’agence onusienne estime qu’en 2023, 3 155 migrants y ont disparu. Et depuis janvier, ce sont déjà 1 312 personnes qui ont perdu la vie dans ces eaux. Pour autant, les départs depuis les côtés d’Afrique du Nord vers l’Italie se poursuivent. Depuis le 1er janvier, 35 725 personnes sont arrivées en Italie.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#mediterranee#routemigratoire#humanitaire#soudan#syrie#pakistan#palestine#tunisie#senegal#niger#cameroun#sierraleone#sante

  • La LDH dénonce l’arrestation de Sihem Ben Sedrine en Tunisie

    L’arrestation de Sihem Ben Sedrine est un symbole de la volonté du régime du président Kaïs Saïed de faire taire toute voix discordante dans le pays. En effet, la répression ne cesse de s’aggraver en Tunisie. On ne compte plus le nombre d’opposantes et opposants politiques, syndicalistes, journalistes, magistrats et défenseurs des droits arrêtés pour avoir osé exprimer leur opinion ou simplement essayer de faire leur travail.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/08/07/ces-tunisiennes-qui-font-trembler-kais-saied/#comment-61841

    #international #tunisie

  • Ces Tunisiennes qui font trembler Kais Saied

    Elles sont issues de tous bord : militantes associatives, journalistes, femmes politiques. Elles subissent les foudres d’un régime qui tend à brider les voix discordantes. Comme les hommes, elles font les frais de leur activisme.

    Elles s’appellent Cherifa Riahi, Saadia Mosbah, Sonia Dahmani, Chaima Issa, Chadha Hadj Mbarek, Leila Kallel, Mariem Sassi, Abir Moussi. Ce sont des femmes politiques, des journalistes, des militantes associatives. Et elles croupissent en prison.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/08/07/ces-tunisiennes-qui-font-trembler-kais-saied

    #international #tunisie

  • Tunisie : plus de 4 100 migrants sont retournés « volontairement » dans leur pays via l’OIM - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/58832/tunisie--plus-de-4-100-migrants-sont-retournes-volontairement-dans-leu

    Tunisie : plus de 4 100 migrants sont retournés « volontairement » dans leur pays via l’OIM
    Par Leslie Carretero Publié le : 31/07/2024
    Depuis le début de l’année, l’Organisation internationale des migrations (OIM) a organisé le « retour volontaire » de plus de 4 100 migrants depuis la Tunisie vers leur pays d’origine, contre un peu plus de 2 500 pour l’ensemble de l’année 2023. Les violences de la part de la population et des autorités, les destructions quotidiennes de campements, les interceptions en mer et les expulsions de Subsahariens dans le désert expliquent cette forte hausse des retours.
    Mardi 23 juillet, 162 migrants burkinabé sont montés dans un avion depuis la Tunisie vers leur pays d’origine « en toute sécurité et dans la dignité », selon les mots de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Ces exilés ont bénéficié du programme de retour volontaire de l’ONU. « Aujourd’hui marque un nouveau départ pour de nombreux migrants bloqués en Tunisie qui vont retrouver leurs proches », s’est félicitée sur Facebook l’agence onusienne en Tunisie.
    À l’instar de ces Burkinabés, plus de 4 000 migrants vivant en Tunisie sont rentrés dans leur pays via l’OIM depuis janvier. La majorité d’entre eux sont des hommes seuls, originaires de Gambie, du Burkina Faso et de Guinée, précise l’agence à InfoMigrants.
    Un chiffre en nette augmentation : sur l’ensemble de l’année 2023, 2 557 personnes ont profité du « retour volontaire » depuis la Tunisie, ce qui représentait déjà une hausse de 45 % par rapport à 2022 où 1 614 exilés avaient bénéficié de ce programme.
    Cette augmentation s’explique par la situation délétère en Tunisie pour les Subsahariens. En effet, depuis le discours raciste du président Kaïs Saïed en février 2023 accusant les Noirs d’être la source de violences et de crimes, les exilés sont constamment harcelés par la population et les autorités.L’été dernier, des milliers d’entre eux ont été raflés dans les rues et les appartements de Sfax, puis envoyés dans le désert à la frontière libyenne ou algérienne. Abandonnés au milieu de nulle part, sans eau ni nourriture sous une chaleur écrasante, une centaine d’entre eux sont morts de soif, d’après les associations locales d’aide aux migrants. La photo de Fati et de sa fille de cinq ans, gisant sur le sable, avait fait le tour des réseaux sociaux.
    Ces expulsions collectives, pourtant illégales au regard du droit international, ont perduré. En janvier, InfoMigrants a reçu les témoignages de plusieurs Subsahariens arrêtés à Sfax et envoyés dans la montagne, près de la frontière algérienne. « Nous étions complètement perdus. Nous avons rencontré un berger, qui nous a aidés. Il nous a indiqué la bonne route à suivre », expliquait Fatma, une Sierra-Léonaise. Son groupe a marché pendant cinq jours pour rejoindre la première ville algérienne. Pendant ce trajet, il a « un peu neigé » mais surtout il a plu. « Ce fut très dur. Mais personne de notre groupe n’est mort. C’est déjà ça…. Il n’y a eu que des malades. »
    En mai, des migrants faisaient à nouveau état à InfoMigrants d’une vague d’"arrestations générales". Les exilés racontaient être traqués partout : dans les cafés, dans les rues, dans les gares, dans les taxis, dans les commerces ou dans les appartements. « Ils vont dans les maisons, cassent les portes, confisquent les passeports, volent tout ce qu’ils trouvent - téléphones, effets personnels, argent… - frappent les gens avec des matraques et les embarquent dans des bus », relatait Salif, un Guinéen vivant à Sfax.
    Si certains exilés sont livrés à eux-mêmes à la frontière algérienne, d’autres sont directement transmis aux forces libyennes, révélait en décembre InfoMigrants. L’échange, entre les policiers tunisiens et les milices libyennes, se fait discrètement en plein désert."Le véhicule s’est arrêté au niveau d’une montagne de sable. De l’autre côté, c’est la Libye. Les Tunisiens sont montés sur la montagne pour annoncer leur présence. Cinq minutes après, on a entendu des klaxons venus d’en face. Les policiers ont alors braqué leur kalachnikov sur nous et nous ont dit : ‘Haya, haya’ [’allez-y’, en français, ndlr] en montrant la Libye. Tout le monde avait peur", témoignait un autre Guinéen.
    Les migrants sont ensuite envoyés dans les prisons libyennes, où ils risquent d’y subir des violences, des viols, de l’extorsion, des privations de nourriture… Pour en sortir, les exilés doivent payer une rançon de plusieurs centaines d’euros.Les arrestations en Tunisie sèment la panique au sein de la population migrante vivant dans le pays. Fatigués de ce climat de terreur, beaucoup préfèrent ainsi faire marche arrière, et mettre fin à leur rêve européen.
    Dans le cadre du programme de retour volontaire de l’OIM, les migrants sont accompagnés à leur arrivée chez eux. L’agence « fournit une assistance qui comprend le transport jusqu’à la destination finale, l’aide à l’hébergement si nécessaire, ainsi qu’une assistance à plus long terme par le biais d’un soutien à la réintégration », détaille-t-elle.Les anciens exilés, qui présentent un projet fiable, sont accompagnés financièrement dans leurs démarches et la création, par exemple, d’un commerce ou d’une entreprise.
    Mais pour certains, l’accès à cette aide relève du parcours du combattant. L’an dernier, Ibrahim, un Guinéen de retour chez lui après six ans en Libye, affirmait à InfoMigrants attendre depuis 10 mois l’aide financière promise par l’OIM pour financer son projet.
    « Démotivé », le jeune homme de 22 ans a décidé de reprendre la route de l’exil vers l’Europe. « J’ai essayé de rester au pays. J’avais beaucoup d’espoir, je voulais tenter de faire quelque chose en Guinée. Mais cela faisait trop longtemps que j’étais parti, la réintégration était difficile. Quand j’ai quitté mon pays en 2017, j’avais 14 ans. Je n’avais pas fini mes études et je n’avais pas de travail. Aujourd’hui, je ne vois pas comment refaire ma vie au pays, sans l’aide de l’OIM. Il n’y a aucune perspective là-bas »

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#OIM#rapatriement#guinee#gambie#burkinafaso#algerie#reintegration#sante

  • Le CSDH exprime son inquiétude face à la détention de 70 sénégalais en Tunisie
    https://www.dakaractu.com/Le-CSDH-exprime-son-inquietude-face-a-la-detention-de-70-senegalais-en-Tu

    Le CSDH exprime son inquiétude face à la détention de 70 sénégalais en Tunisie
    Le Comité Sénégalais des Droits de l’Homme (CSDH) a exprimé sa vive préoccupation concernant la détention de 70 Sénégalais en Tunisie par des bandes armées. Ces individus, candidats à l’émigration clandestine, se trouvent actuellement dans une situation de grande précarité, selon les informations rapportées.
    Le CSDH a déclaré qu’il n’a pas encore reçu de détails précis sur les circonstances entourant leur détention, ni sur leurs conditions actuelles. Devant cette situation alarmante, le Comité a appelé les autorités sénégalaises et tunisiennes à prendre des mesures urgentes pour assurer la sécurité et la libération de ces migrants.
    Dans un communiqué publié ce mercredi, la structure dirigée par Professeur Amsatou Sow Sidibé a également sollicité l’attention de la communauté internationale, demandant ainsi, un suivi attentif de cette situation et un soutien aux efforts visant à protéger les droits et la dignité des migrants. Le Comité a insisté sur la nécessité d’une action concertée pour garantir le respect des droits de l’Homme, même dans les contextes de migration clandestine. Enfin, le Comité Sénégalais des Droits de l’Homme réitère son engagement à défendre les droits de tous les migrants et à promouvoir une coopération internationale renforcée pour résoudre les défis de la migration clandestine dans le respect des droits de l’Homme », conclut le communiqué signé par le Pr Amsatou Sow Sidibé.
    Cette déclaration intervient alors que la question de la migration clandestine continue de poser des défis significatifs aux gouvernements et aux organisations internationales. La situation des Sénégalais détenus en Tunisie met en lumière les dangers auxquels sont confrontés les migrants en quête d’une vie meilleure et l’urgence de réponses humanitaires et politiques adaptées.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#tunisie#CSDH#droit#migrationirreguliere#detention#sante

  • 70 migrants sénégalais retenus en Tunisie : Un collectif des familles touchées lance un appel à l’aide
    https://www.seneweb.com/news/Societe/70-migrants-senegalais-retenus-en-tunisi_n_446286.html

    70 migrants sénégalais retenus en Tunisie : Un collectif des familles touchées lance un appel à l’aide
    Par : Adiouma Ndiaye - Seneweb.com | 24 juillet, 2024 à 11:07:05 |
    Une situation de détresse et d’urgence mobilise la commune de Thiaroye-sur-Mer et l’ONG Horizons sans Frontières. Plus de 70 migrants sénégalais, âgés de 19 à 35 ans et originaires de plusieurs localités du Sénégal, sont retenus en otage en Tunisie par des bandes armées. Ces migrants, partis clandestinement de Yenne le 5 mai 2024, dans l’espoir de rejoindre l’Europe, se trouvent depuis près de trois mois à Gafsa où leurs vies sont menacées par leurs ravisseurs.
    Lors d’une audience tenue aujourd’hui à l’Hôtel de Ville de Thiaroye-sur-Mer, le maire El Mamadou Ndiaye et Boubacar Sèye de l’ONG Horizons sans Frontières ont rencontré un collectif de familles touchées par cette tragédie. Les témoignages recueillis de diverses sources indiquent que les ravisseurs exigent constamment des rançons pour la libération des otages. Face à leur désespoir, le maire a officiellement alerté les autorités étatiques par correspondance bordereau n°51 en date du 10 juillet 2024, appelant à une intervention rapide pour secourir les victimes.
    Dans un élan de solidarité, la commune de Thiaroye-sur-Mer et Horizons sans Frontières lancent un appel solennel au président de la République et aux autorités compétentes pour une prise en charge urgente de cette crise. Ils exhortent également à la tenue d’assises sur l’émigration clandestine, un fléau qui décime la jeunesse sénégalaise depuis des décennies.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#tunisie #routemigratoire#migrationirreguliere#trafic#sante

  • Tunisie : 38 migrants africains arrêtés après des heurts avec les forces de sécurité (médias)
    https://www.dakaractu.com/Tunisie-38-migrants-africains-arretes-apres-des-heurts-avec-les-forces-de

    Tunisie : 38 migrants africains arrêtés après des heurts avec les forces de sécurité (médias)
    Trente-huit migrants africains ont été arrêtés mercredi en Tunisie après des heurts avec les forces de sécurité lors de l’interception d’une tentative d’émigration irrégulière vers l’Europe par la mer, ont rapporté les médias. Les migrants, originaires de pays d’Afrique subsaharienne, sont soupçonnés de violences à l’encontre d’une force des gardes-côtes qui a avorté leur tentative de traversée depuis les côtes de Sfax, dans le centre de la Tunisie. « Lors de leur encerclement, les migrants ont lancé des pierres sur les agents et se sont emparés d’un petit bateau à bord duquel ils ont trouvé un agent de sécurité dont ils ont ligoté les mains », a affirmé Hichem Ben Ayyad, porte-parole du tribunal du gouvernorat de Sfax, cité par les médias.
    Selon lui, les migrants « ont également poussé un autre agent de sécurité à la mer après l’avoir blessé au niveau de la poitrine avec un objet tranchant. Son état est stable ». La Tunisie est l’un des principaux points de départ des migrants qui risquent la périlleuse traversée de la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Selon le ministère de l’Intérieur tunisien, environ 23.000 migrants irréguliers seraient actuellement présents dans le pays. Les tentatives de rallier l’Europe clandestinement ont enregistré une hausse depuis un discours aux accents xénophobes du président tunisien Kais Saied en février 2023 envers les migrants des pays d’Afrique subsaharienne en situation irrégulière. A l’été 2023, l’Union européenne et la Tunisie ont conclu un « partenariat stratégique », qui prévoyait une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière, incluant le financement du « retour volontaire » de 6.000 migrants irréguliers.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#afriquesubsaharienne#routemigratoire#partenariatstratégique#UE#sante

  • Le responsabilità della Garde Nationale della #Tunisia nel naufragio del 5 aprile 2024
    https://irpimedia.irpi.eu/tunisia-garde-nationale-responsabilita-naufragi

    Testimonianze, immagini satellitari e video dai social raccontano come sono morti almeno 15 #Migranti. Gli stessi guardacoste tunisini sono da poco responsabili di una zona di salvataggio in mare L’articolo Le responsabilità della Garde Nationale della Tunisia nel naufragio del 5 aprile 2024 proviene da IrpiMedia.

    #Mediterraneo #Europa #Libia
    https://irpimedia.irpi.eu/wp-content/uploads/2024/07/video-tunisia-guardia-costiera-attacco-diretto-2.mp4


    https://irpimedia.irpi.eu/wp-content/uploads/2024/07/signal-2022-11-09-180038_002_2.mp4

    https://irpimedia.irpi.eu/wp-content/uploads/2024/07/video-tunisia-guardia-costiera-interception-24-03.mp4

  • Expulsion des Tunisien·nes d’#Italie : la #complicité discrète des #compagnies_aériennes

    Toutes les semaines, l’Italie expulse des dizaines de Tunisien·nes de son territoire, en les chargeant dans des #avions #charters, à l’abri des regards. Quelles sont les compagnies aériennes chargées de ces voyages forcées ? Comment sont-elles engagées par l’Etat italien ? À travers l’exemple de la jeune compagnie #Aeroitalia, inkyfada, en collaboration avec le média italien internazionale, révèle les rouages d’un système opaque bien rodé. Enquête.
    Rome, juillet 2023. Parmi les panneaux publicitaires qui jalonnent les rues de la capitale, on trouve ceux d’une compagnie aérienne qui vient de fêter sa première année et qui offre d’excellents tarifs pour la Sicile et la Sardaigne. Aeroitalia, "la nouvelle compagnie aérienne italienne à capitaux entièrement privés", comme l’indique son site Interne , promet de "donner le meilleur service possible, en prenant soin de ses passagers avec de petits gestes, de l’attention et de la chaleur humaine".

    À la même période, l’activiste et chercheur sénégalais Ibrahima Konate reçoit un message de la part d’une connaissance tunisienne : le 20 juillet, le frère de ce dernier a été rapatrié d’Italie. Selon son témoignage, le vol n°XZ7744 a été opéré par la compagnie Aeroitalia. La même opération a été rapportée par le site d’information tunisien Falso et par Majdi Karbai, ancien parlementaire et militant tunisien, dans un post publié sur Facebook le 21 juillet.

    Grâce au numéro de vol, il est possible de vérifier l’information. Comme le confirment plusieurs sites de surveillance du trafic aérien, dont FlightRadar et FlightAware, le matin du 20 juillet, un avion d’Aeroitalia a effectivement décollé de l’aéroport de Rome Fiumicino à destination de la Tunisie. Après une escale à Palerme, il atterrit à Tabarka, située à environ 130 kilomètres à l’ouest de Tunis, presque à la frontière algérienne.

    Mais cette destination ne figure pas parmi celles annoncées sur le site Internet d’Aeroitalia, car les vols opérés sur cette route sont des vols spéciaux, réservés à des passager·es qui ne souhaitent pas partir. Dans cet avion, il n’y a que des Tunisien·nes, escorté·es par les autorités italiennes.

    Le vol du 20 juillet 2023 est lié au marché des rapatriements forcés par charter : des vols programmés par les autorités d’un pays pour expulser, contre leur gré, des groupes de personnes à qui l’on refuse la possibilité de rester sur le territoire national. Dans le cas de l’Italie, il s’agit principalement de ressortissant·es tunisien·nes, comme le confirment les données les plus récentes sur les rapatriements aériens fournies par le ministère de l’intérieur.

    En 2023, sur un total de 106 vols charters de rapatriement, 70 étaient à destination de la Tunisie. 80% des personnes rapatriées sur ces vols - 2 006 sur un total de 2 506 - étaient des ressortissant·es tunisien·nes.

    La Tunisie dans le viseur de l’Italie

    À l’été 2023, Aeroitalia n’est pas la seule à s’intéresser à la Tunisie. Après une première visite officielle le 6 juin, le Premier ministre italien Giorgia Meloni retourne à Tunis le 11 juin en compagnie de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et du Premier ministre néerlandais Mark Rutte. L’espoir est d’obtenir du président tunisien Kais Saied un engagement renouvelé à coopérer dans la lutte contre l’immigration dite irrégulière.

    Ce ballet entre l’Europe et la Tunisie intervient dans un contexte de persécution des personnes d’origine subsaharienne en Tunisie, alimenté par la présidence elle-même, et la répression croissante de la société civile. Cela n’a pas empêché l’Union européenne (UE) de signer, le 16 juillet, un protocole d’accord pour renforcer la coopération. Depuis des années, l’Europe tente d’engager des gouvernements étrangers en externalisant ses politiques de fermeture et de refoulement : de l’argent en échange d’une surveillance accrue des frontières et d’une augmentation des réadmissions de citoyen·nes non-européen·nes expulsé·es.

    Les gouvernements européens tentent ainsi, par tous les moyens, d’empêcher les gens de quitter leur pays pour l’Europe. Certains sont plus directs : refus de visa, rejet des bateaux sur lesquels ils voyagent ou absence de sauvetage en mer. D’autres, plus insidieux, se mettent en place dans des États tiers à travers la formation et le financement des garde-côtes ou la promotion de technologies de surveillance de plus en plus sophistiquées.

    Des expulsions peu étudiées

    Mais pour expulser une personne de l’Union européenne, le moyen le plus efficace est généralement de la charger dans un avion. C’est là qu’interviennent des entreprises comme Aeroitalia, protagonistes et bénéficiaires d’un système encore peu étudié. Comme l’observe le chercheur William Walters, "l’aviation civile est le pivot central des déportations de personnes en provenance des pays du Nord, mais ceux qui étudient le sujet des déportations se sont rarement intéressés aux questions de mobilité aérienne".

    Les retours forcés peuvent également avoir lieu sur des vols réguliers, en embarquant la personne avant les autres et en l’isolant à l’arrière du transporteur. Mais il y a toujours le risque que la personne résiste à sa propre expulsion, en essayant d’attirer l’attention des passager·es, et que le capitaine finisse par la débarquer si la situation à bord devient ingérable. Rien de tout cela ne se produit sur les charters.

    "L’avantage des expulsions par charter est qu’elles sont plus faciles à contrôler", résume Yasha Maccanico, chercheur à l’organisation Statewatch.

    L’Italie privilégie ainsi les expulsions par charter et a mis en place un système d’une rare lourdeur pour les gérer. Depuis 2011, année d’un des nombreux accords de "coopération migratoire" entre l’Italie et la Tunisie, les autorités italiennes tentent, sans succès, de maintenir une moyenne de deux vols charters de rapatriement par semaine : chaque vol est prévu pour 20-40 personnes à rapatrier et 60-110 accompagnateur·trices.

    Compte tenu de la fréquence, un contrat à moyen ou long terme pour un service de "transfert de migrants irréguliers", pour reprendre le jargon officiel, serait la solution la plus logique, comme c’est déjà le cas au Royaume-Uni et en Espagne.

    En 2016, un #appel_d'offres est lancé à cet effet par #Consip* pour le compte de la Direction centrale de l’immigration et de la police des frontières et du Département des libertés civiles et de l’immigration. Mais celui-ci n’aboutit pas, par désintérêt de la part des compagnies aériennes, selon les informations obtenues auprès de Consip. C’est ainsi qu’en Italie, contrairement à d’autres pays de l’UE, le système "un appel d’offres par vol" perdure.

    Un système d’appel d’offre opaque

    Jusqu’à la fin de l’année 2023, pour chacun de ces appels d’offres, le Viminale - le ministère de l’Intérieur - a publié sur son site internet deux documents : le texte de l’appel d’offres pour un vol programmé généralement une semaine plus tard, qui invite divers opérateurs à postuler, et le résultat de l’appel d’offres, ou "avis d’adjudication".

    Les vols sont, bien entendu, opérés par des compagnies aériennes, mais leurs noms n’apparaissent presque jamais. En effet, la totalité des appels d’offres sont remportés par deux sociétés intermédiaires (ou courtiers) : l’entreprise allemande Professional Aviation Solutions (PAS) et Air Partner, une société britannique rachetée en 2022 par la société américaine Wheels Up.

    Ces dernières se partagent le marché et prennent une commission de 3 à 5% sur le montant demandé pour opérer le vol. Les compagnies aériennes fournissent les moyens et le personnel sans lesquels les rapatriements ne pourraient avoir lieu, mais ce sont les courtiers, interlocuteurs indispensables des autorités, qui permettent à la machine à rapatrier de tourner à plein régime.

    Outre le nom du courtier, les avis d’attribution de marché indiquent le nombre d’offres reçues par le ministère de l’intérieur pour le vol en question (souvent deux, parfois une seule) et le coût de l’offre retenue.

    Le nom de la compagnie qui opérera le vol, et qui empochera donc l’essentiel de cet argent, n’apparaît pas.

    C’est pourquoi, en réponse à une demande d’accès à l’information présentée dans le cadre de cette enquête, le secrétariat du Département de la sécurité publique a pu répondre qu’il "n’a pas de contact direct" avec Aeroitalia, étant donné que "l’attribution du service au transporteur identifié parmi ceux qui ont fait la meilleure offre se fait par l’intermédiaire d’une société tierce - ‘broker’”. Et en effet, en recherchant sur le site du ministère de l’Intérieur les documents relatifs au vol Rome-Palerme-Tabarka du 20 juillet 2023, on découvre seulement que l’appel d’offres a été remporté par PAS avec une offre de 115 980 euros. Pas de trace d’Aeroitalia*.

    Mais dans le même temps, les avis d’attribution des contrats pour les vols charters de rapatriement opérés jusqu’à la fin de 2023 précisaient que la sous-traitance n’était pas possible. Pourtant, le service de transport aérien a bien été fourni par un tiers (le transporteur), ce qui pourrait s’apparenter à de la sous-traitance.

    Jusqu’à fin 2023 également, la procédure d’appel d’offres n’était pas à jour : les avis d’attribution des marchés contenaient la liste des opérateurs économiques invités à participer à l’appel d’offres, liste dans laquelle figuraient Mistral Air (devenu Poste Air Cargo en 2019), Meridiana (qui a fermé en 2018) et le courtier Astra Associated Services, aujourd’hui en liquidation.

    Un business discret

    Pour les vols opérés à partir de janvier 2024, les documents relatifs aux vols charters de rapatriement publiés par le ministère de l’Intérieur ont changé. Sur le site Internet, les appels d’offres sont toujours disponibles, avec la nouveauté qu’une offre peut concerner deux vols effectués dans la même semaine - le premier au départ de Trieste, le second au départ de Rome - et que la dépense maximale doit être inférieure à 110.000 euros au lieu de 140.000 euros auparavant.

    Par ailleurs, les avis d’attribution des marchés sont désormais indisponibles : il est donc impossible de savoir quels opérateurs ont été invités à proposer leurs services et combien d’offres ont été présentées. La référence à l’interdiction de la sous-traitance a également disparu. Parmi les nouveaux documents disponibles figurent les contrats avec les courtiers attribués, qui ne mentionnent cependant jamais le nom de la compagnie aérienne responsable de l’exploitation du vol, tandis que les offres reçues par le ministère de l’intérieur restent introuvables.

    Cette opacité ne caractérise pas seulement les rapatriements de charters depuis l’Italie. Le chercheur Matthias Monroy* raconte que le ministère allemand de l’Intérieur avait défini comme "confidentielles" les données sur les compagnies de vols charters qui profitent des rapatriements. Répondant à une question parlementaire du parti Die Linke, le ministère affirmait que "ces informations pourraient exposer les compagnies à une ’critique publique’, entravant les opérations de rapatriement".

    Le Viminale a également rejeté la demande d’accès à l’information d’inkyfada, mais en invoquant une autre raison. La publication des offres reçues pour chaque vol de rapatriement, dans lesquelles figure, outre le nom du courtier, celui de la compagnie qui devrait opérer le vol, ne concernerait pas l’intérêt public. Un argument difficilement défendable étant donné que la majeure partie de l’argent public dépensé pour ces vols est empochée par les compagnies et non par les courtiers. Face à cette réponse, inkyfada et internazionale ont déposé une demande de réexamen qui a été rejetée le 8 mai 2024, le ministère de l’Intérieur s’étant contenté de renvoyer encore une fois vers les documents disponibles sur le site.

    Entretemps, un problème informatique - ou, plus probablement, une erreur humaine - a permis de consulter deux de ces documents. Le 13 novembre 2023, le ministère de l’Intérieur a publié les deux offres reçues des courtiers habituels pour le vol du 12 octobre 2023, avec départ de Trieste Ronchi dei Legionari, escale à Palerme et arrivée à Tabarka. De manière surprenante, tant PAS qu’Air Partner avaient proposé pour ce vol un avion appartenant à la société espagnole Albastar, demandant respectivement 71.200 € et 71.880 €.

    En d’autres termes, même si un seul courtier a remporté l’appel d’offres - en l’occurrence PAS, qui proposait l’offre la plus basse -, Albastar se serait de toute façon vu attribuer ce vol : une situation qui confirme le manque de sérieux de ces procédures d’appel d’offres.

    Pour tenter d’identifier ces compagnies, il est donc nécessaire d’utiliser d’autres sources : les témoignages de déporté·es, les sites internet de certains aéroports et les sites de surveillance des vols.

    Les quinze vols d’Aeroitalia

    Aeroitalia n’est pas la seule compagnie à avoir opéré des vols charters de rapatriement forcé vers la Tunisie en 2023. En croisant les données de vol publiées par le ministère de l’Intérieur et celles disponibles sur les sites de surveillance des vols et sur le site de l’aéroport de Palerme, nous avons pu dater les 70 vols charters de rapatriement forcé vers la Tunisie.

    Il a été possible d’identifier les courtiers dans 63 cas - Pas s’est vu attribuer 36 vols, Air Partner 27- et la compagnie aérienne dans 56 cas :

    – 25 vols opérés par #Albastar, travaillant à la fois avec #Pas et #Air_Partner
    – 15 vols opérés par Aeroitalia, uniquement pour le compte de PAS
    – 9 vols opérés par la compagnie roumaine #Carpatair (qui ne semble travailler qu’uniquement avec Air Partner)
    – 4 vols opérés par #Malta_MedAir
    – 2 par la compagnie croate #Trade_Air
    – 1 par la compagnie bulgare #Electra_Airways.

    La recherche est rendue difficile par le fait que les compagnies aériennes peuvent attribuer des numéros de vol différents à une même route.

    Retour à l’été 2023. Derrière sa bannière de “chaleur humaine”, Aeroitalia a réalisé 13 vols de rapatriement forcé vers la Tunisie entre le 20 juillet et le 3 octobre 2023, au départ de Trieste Ronchi dei Legionari ou de Rome. En supposant une commission maximale de 5 % retenue par le courtier PAS, Aeroitalia a perçu pour ces treize vols presque 1.3800.000 : un chiffre remarquable si l’on considère qu’en moyenne, les vols opérés par Aeroitalia étaient beaucoup plus chers que ceux opérés par d’autres compagnies sur les mêmes routes et au cours de la même période (112.000 euros en moyenne contre 82 000 euros).

    Les deux autres vols Aeroitalia en 2023 remontent au 17 et 31 janvier, toujours avec PAS, qui a reçu respectivement 71.490 euros et 69.990 euros. D’après les informations recueillies en ligne, il s’avère également qu’Aeroitalia a commencé à opérer des vols de rapatriement forcé dès 2022 : certainement les 13 et 18 octobre, les 8 et 15 novembre et le 29 décembre (vols relevés par FlightRadar) et, selon un passager d’Aeroitalia, peut-être même en juillet de cette année-là, donc peu de temps après le lancement de la compagnie.

    En mars 2023, un utilisateur du forum italien Aviazionecivile.it a fait le commentaire suivant à propos d’Aeroitalia : “Donc tous ces charters pour Tabarka au départ de Palerme et de Rome qu’ils ont opéré fréquemment au cours des derniers mois étaient des vols de #rapatriement”.
    Ni PAS ni Aeroitalia n’ont répondu aux demandes de commentaires envoyées dans le cadre de cette enquête.

    L’ensemble des vols de rapatriement font une escale à Palerme, où les autorités consulaires tunisiennes doivent confirmer - pro forma - l’identité des personnes ayant fait l’objet d’un décret d’expulsion. Chacun·e rencontre le consul, un·e par un·e. inkyfada a pu échanger avec Louay et Wael, deux ressortissants tunisiens qui ont été expulsés d’Italie respectivement en février 2021 et juillet 2023. Leurs histoires, très similaires, témoignent de ce système bien rôdé. Tous deux ont effectivement rencontré le consul tunisien à cette occasion. L’échange a duré à peine quelques minutes.

    “Une minute grand maximum !”, s’exclame Louay. “Je lui ai dit que j’avais fait une demande d’asile et que je ne voulais pas rentrer en Tunisie… Il a juste dit ‘Ok’”.

    “Il m’a juste demandé d’où je venais, pourquoi j’étais en Italie…”, confirme Wael. “Puis il m’a dit qu’on allait tous être expulsés”.

    Des vols charters pas tous identiques

    Fondée en 2022 par le banquier français #Marc_Bourgade et l’entrepreneur bolivien #Germán_Efromovich, Aeroitalia est dirigée par #Gaetano_Francesco_Intrieri, expert en aviation et ancien conseiller du ministre des transports de l’époque, #Danilo_Toninelli. Si le premier est peu connu du grand public, Efromovich et Intrieri se sont retrouvés par le passé au cœur de plusieurs scandales de corruption et de faillite*.

    Dès sa création, l’objectif d’Aeroitalia était de se concentrer sur le marché des vols charters, explique le dirigeant Intrieri dans une interview en avril 2022. Marc Bourgade, de son côté, a déclaré à l’Air Financial Journal que la nouvelle compagnie prioriserait "d’abord les vols charters parce qu’ils garantissent des revenus dès le jour où nous obtenons le certificat d’opérateur aérien".

    La compagnie s’est notamment occupée du transport de plusieurs équipe sportives*, des partenariats qu’elle vante sur son site internet… contrairement aux vols de rapatriements, impliquant de transporter des groupes de personnes contre leur gré.

    Dans une recherche publiée en 2022, le Centre pour les droits de l’homme de l’Université de Washington a révélé comment, aux États-Unis, de nombreuses équipes sportives et artistes ont voyagé à leur insu sur des avions charters utilisés à d’autres moments pour des opérations de rapatriement souvent violentes. Si les passagers l’ignorent, les opérateurs de ces vols, aux États-Unis comme en Italie et ailleurs, savent certainement dans quel contexte ils offrent leurs services. Les vols de rapatriement forcé ne sont pas des vols comme les autres, mais des opérations de sécurité publique qui s’inscrivent dans un ensemble de pratiques et de politiques discriminatoires.

    La machine à expulsion

    Là encore, l’exemple de la Tunisie est emblématique : les chiffres des rapatriements donnent une idée de la "sérialisation" qui sous-tend ce système, observe l’avocat Maurizio Veglio, membre de l’Association pour les études juridiques sur l’immigration (ASGI). Pour remplir deux vols charters par semaine, il faut pouvoir compter sur un grand nombre de personnes rapatriables. Or, une personne est d’autant plus facilement rapatriée que ses chances d’obtenir une protection, voire de la demander, sont limitées.

    Quand Wael arrive à Pantelleria, en juillet 2023, il est directement amené dans un centre de rétention où on lui donne la possibilité de passer un coup de téléphone d’une minute. L’amie qu’il contacte lui conseille de demander l’asile. En assistant à cet échange, l’homme responsable des communications, tunisien également, lui rétorque “[qu’ils] n’acceptent plus l’asile maintenant”.

    Selon les statistiques disponibles, 76,6% des demandes d’asiles émises par des Tunisien·nes en Italie ont été rejetées en 2022. C’est le troisième plus haut taux de rejet de demande d’asile après l’Egypte (90,3%) et le Bangladesh (76,8%).

    “Après plusieurs semaines dans les centres de rétention, j’ai pu voir les nationalités qui étaient le plus expulsées”, raconte Wael . “Avec les accords, les Tunisiens et les Egyptiens sont toujours expulsés (...). Nous, c’est le mardi et le jeudi, et eux, c’est le mercredi !”.

    En 2019, l’Italie a inclus la Tunisie dans la liste des pays d’origine dits sûrs, un instrument qui, bien que prévu par la directive sur les procédures de 2013, "est ontologiquement en contradiction avec la procédure de protection internationale, c’est-à-dire avec l’évaluation sur le droit de l’individu à être protégé", dénonce l’avocat Maurizio Veglio. Ces listes, également adoptées par d’autres pays, ainsi que par l’UE elle-même, sont "un outil totalement asservi à la volonté des administrations de sérier au maximum les réponses négatives”.

    “Il s’agit d’un énième forcing qui tente de faire de l’évaluation de la demande de protection internationale un simple incident bureaucratique, à accomplir dans les plus brefs délais, afin de classer la procédure et d’entamer le processus de rapatriement".

    En effet, l’inclusion de la Tunisie dans la liste des pays d’origine sûrs “décourage les demandes de protection dont l’issue est en partie compromise par la simple citoyenneté du demandeur”, résume-t-il. “Les personnes de nationalité tunisienne qui ne demandent pas de protection (...), risquent d’être rapatriées dans un délai extrêmement court. Le mécanisme est si rapide qu’il annule la possibilité d’un droit de défense effectif”.

    Sans surprise, la demande d’asile de Wael a été refusée, malgré ses recours. “Au bout d’un mois et demi, tous ceux qui avaient été dans les centres avec moi ont vu leur demande être refusée et ils ont été expulsé s", décrit le jeune homme. Selon lui, l’expulsion est quasiment systématique dans certains centres, notamment ceux de Trapani et Catania. “Là-bas, tu peux être sûr à 90% que tu vas être renvoyé en Tunisie”.
    Résignation et Révolte

    Dans les centres de rétention, l’incertitude et l’attente rythment le quotidien de ces personnes en sursis. “On était six par chambre. Rien n’est clair. Un coup, on nous dit qu’on va nous amener chez le docteur, une autre fois chez le psychologue, et à la fin personne ne vient”, rapporte Wael. “On n’a confiance en personne”.

    Certain·es vivent très mal ces conditions d’isolement. “Un Tunisien avec nous était complètement déprimé”, raconte Louay . “Il n’en pouvait tellement plus qu’il a fait une tentative de suicide en s’immolant. Ils lui ont mis quelques pansements puis l’ont ramené dans sa chambre”.

    À cette période, en 2021, la crise du Covid-19 bat son plein. Pour pouvoir expulser des individus, les autorités italiennes sont obligées de vérifier que personne n’est porteur du virus avant d’embarquer les passager·es vers leur pays d’origine. Louay et d’autres refusent à plusieurs reprises de faire le test.

    “On m’a menacé plusieurs fois de me le faire de force (...). Une fois, j’ai demandé à parler à mon avocat. On m’a dit : ‘Fais ton test et on te laissera l’appeler’”, rapporte Louay. “Pareil pour parler avec ma famille".

    Malgré ses refus, sa tentative de demande d’asile et ses multiples recours, Louay est finalement expulsé, tout comme Wael. Malgré les deux ans qui séparent leur expulsion respective, leur parcours est presque identique. “Un matin tôt, vers 2h du matin, on nous a mis dans un bus pour nous emmener vers une destination inconnue”, continue Louay. “On était 20, et seulement des Tunisiens”.

    A l’aéroport, ils attendent quelques heures. Après un bref échange avec le consul, tous les passagers, escortés chacun par deux policiers, sont placés dans l’avion. Direction l’aéroport d’Enfidha Hammamet pour Louay, Tabarka pour Wael.

    Ces témoignages confirment ce que le Garant national des droits des personnes privées de liberté observe depuis des années en suivant les vols de rapatriement. Selon son ex-président Mauro Palma, " les phases les plus problématiques sont celles qui précèdent l’arrivée à bord" : la phase de transfert du centre à l’aéroport, souvent sans avertissement, après un réveil brutal, au milieu de la nuit ou à l’aube ; l’attente à l’aéroport sans contrôle adéquat de l’état de santé physique et psychique des personnes ; l’utilisation de moyens de contrainte tels que des bandes Velcro appliquées aux poignets.

    Pour citer à nouveau William Walters, qui place le phénomène des déportations aériennes dans le cadre plus large de la "géographie carcérale", les vols charters sont les maillons d’une "chaîne de détention" par laquelle les personnes sont "transférées d’un environnement à l’autre, d’une autorité à l’autre". D’autres chercheurs parlent de "couloirs de déportation" pour évoquer les différentes étapes et dimensions du phénomène.

    Pour les personnes contraintes de quitter l’Italie, la phase de vol, une fois qu’elles sont escortées à bord, est souvent qualifiée de phase de "résignation", notamment parce qu’il n’existe pas de mécanisme de plainte en cas d’abus ou de mauvais traitements. “Dans l’avion, tout le monde était tranquille, que ce soit les hôtesses ou les passagers. On sait qu’il n’y a plus rien à faire et pas de solution”, commente Wael d’un ton désabusé.

    Contrairement aux vols coordonnés par l’agence européenne Frontex, qui a introduit un nouveau mécanisme en 2019 - peu efficace selon de nombreux·ses expert·es -, les vols charters organisés par les autorités italiennes n’offrent pas de réelle "possibilité de plainte", confirme Mauro Palma. Comme dans le cas des centres de détention et de rapatriement, il peut arriver que le garant recueille des plaintes, puis les transmette au ministère de l’Intérieur, mais ce "dialogue" restera interne, sans conséquence pour la personne qui a voulu signaler un abus, et ne permettra pas d’alimenter les statistiques officielles sur ces plaintes. Et sans données, le problème n’existe pas.

    Enfin, il ne faut pas oublier que sur ces vols, le rapport de force - deux ou trois agents d’escorte pour chaque personne rapatriée - est beaucoup plus déséquilibré que dans les centres de rétention et de rapatriement, où les émeutes non seulement éclatent, mais peuvent conduire à la fermeture partielle ou totale du centre de rétention, comme l’a encore montré la récente émeute du CPR de Milo.
    Entreprises complices

    Même lorsqu’ils ne sont pas le théâtre de violences physiques, les rapatriements forcés sont des opérations violentes, des démonstrations de force de la part des États qui "finissent par affecter les segments les plus faibles de la population étrangère", observe l’avocat Veglio. Il s’agit des groupes exclus, par le système discriminatoire des visas, des canaux de mobilité légale et sûre. En d’autres termes, toutes ces personnes qui, aujourd’hui, n’ont pas le droit de prendre un vol pour l’Italie, mais qui seront embarquées de force dans un avion pour en être expulsées.

    En opérant ces vols, les compagnies deviennent complices et bénéficiaires de tout le système : plus les gouvernements accordent d’attention et de fonds aux rapatriements, plus les compagnies qui profitent d’une vision répressive et discriminatoire de l’immigration engrangent des revenus. Comme le rappelle Yasha Maccanico, l’obsession déjà manifeste des gouvernements européens pour les rapatriements risque de s’étendre grâce à la révision de la directive européenne sur le retour de 2008. La procédure, entamée en 2018, est actuellement bloquée au Parlement européen, qui n’est pas encore parvenu à une position commune. Mais selon Maccanico, la tentative est de présenter "tout facteur lié à l’état de santé, à l’âge ou aux droits de l’homme d’une personne comme un obstacle en matière de retour", et de ne plus les considérer comme des éléments "devant primer sur la directive retour".

    Ces dernières années, des campagnes ont été lancées dans plusieurs pays contre les entreprises impliquées dans des opérations de rapatriement forcé par charter. Selon la chercheuse Sophie Lenoir, de l’organisation Corporate Watch, qui consacre un rapport annuel aux rapatriements forcés par charter depuis le Royaume-Uni, ces campagnes ont plus de chances d’aboutir si la compagnie visée "opère également des vols commerciaux, et se soucie donc davantage de son image de marque".

    Sophie Lenoir cite l’exemple de Tui Airways (filiale britannique du groupe allemand Tui) qui, comme Aeroitalia, "propose également des vols commerciaux destinés aux familles qui partent en vacances". Au Royaume-Uni, après une importante campagne de dénonciation, "Tui a cessé de collaborer avec le Home Office dans le cadre d’opérations de rapatriement". Elle ajoute toutefois que cet impact présente des limites et qu’une entreprise n’arrête généralement ce type de vols " que temporairement, en attendant que l’attention du public retombe".

    Un parallèle entre l’Italie et le Royaume-Uni émerge de l’analyse de Lenoir : tout comme en Italie, les personnes de nationalité tunisienne ont été pendant des années la principale cible des discours officiels contre l’immigration irrégulière, au Royaume-Uni, il en va de même pour la population albanaise. "Les Albanais", a dénoncé la philosophe britannico-albanaise Lea Ypi en 2022, "sont les victimes les plus récentes d’un projet idéologique qui, pour masquer ses propres échecs politiques, expose les minorités à des stéréotypes négatifs, à la xénophobie et au racisme".
    Contre la logique des rapatriements

    C’est ce même racisme que dénoncent les militant·es tunisien·nes, mères et sœurs de jeunes disparu·es ou mort·es en tentant de traverser la Méditerranée, dans un communiqué sur la répression du soulèvement du CPR Milo publié par l’association Mem.Med (Mediterranean Memory) : "Une fois de plus, nous constatons l’injustice d’une situation dans laquelle des jeunes sont traités comme des criminels en raison de leur migration”.

    “Il n’y a personne qui va traverser la mer, sachant qu’il risque de mourir, sans bonne raison”, résume Louay.

    Des compagnies aériennes, comme Aeroitalia et d’autres, collaborent ainsi à un système visant à la répression de plus en plus brutale du projet migratoire de milliers de jeunes à la recherche d’une vie meilleure en Italie, qui tenteront de quitter à nouveau la Tunisie à la première occasion. "La ré-émigration des migrants tunisiens donne la mesure de l’échec des accords de rapatriement entre l’Italie et la Tunisie", écrivait le chercheur David Leone Suber en 2019. "La ré-émigration de ceux qui ont été rapatriés doit être interprétée comme un acte conscient et subversif contre la logique des rapatriements et des déportations."

    Wael est d’ailleurs reparti en Italie à peine quelques mois après avoir été expulsé. “De toute façon, je suis habitué aux tentatives ratées”, dit-il avec un sourire. “J’avais déjà tenté de passer par la Serbie en 2016-2017. Mais je me suis toujours dit qu’un jour, ça finirait bien par marcher”.

    Cette fois, son bateau, avec à bord 42 personnes, part de Bizerte jusqu’en Sardaigne. La traversée dure 20h, et les derniers kilomètres sont réalisés avec l’armée italienne. A terre, il est amené vers un centre de rétention avec tous les autres passager·es. “Vers 4h du matin, je suis sorti et je me suis enfui. J’ai marché des kilomètres jusqu’à pouvoir prendre des transports jusqu’à une autre ville…”.

    De fil en aiguille, le jeune homme réussit à rejoindre la France. Depuis trois mois, il est installé à Paris où il travaille au noir comme livreur, en attendant de trouver un moyen de stabiliser sa situation. Face à ces histoires, “difficile de croire aujourd’hui, à une libre circulation des personnes entre l’Italie et la Tunisie, comme c’était le cas dans les années 1990”, rappelle le chercheur David Leone Suber.

    Le 27 mars, comme pour donner une fin ouverte à cette enquête, le ministère de l’Intérieur a publié une autre consultation de marché : sept ans après le résultat décevant de l’appel d’offres Consip, le Viminale recherche des candidats pour un service de transport aérien de migrants irréguliers pour une durée de 36 mois.

    Comme indiqué dans la note technique, les principales destinations seront la Tunisie et l’Égypte. En cas de succès, l’appel d’offres sera remporté par un courtier et le nom de la compagnie aérienne responsable de ces vols “pas comme les autres”, restera méconnu, maintenant l’opacité sur les bénéficiaires de ce système d’expulsion.

    https://inkyfada.com/fr/2024/06/24/expulsions-compagnie-italie-tunisie
    #expulsions #renvois #Tunisie #migrations #réfugiés #sans-papiers #migrants_tunisiens #réfugiés_tunisiens #chiffres #statistiques #business #vols #coût #retours_forcés
    ping @isskein @karine4 @_kg_

    • Come funzionano i voli di rimpatrio forzato dall’Italia alla Tunisia

      Il 31 maggio 2024, dal suo account X (ex Twitter), il ministro dell’interno italiano Matteo Piantedosi annunciava: “Altri 35 migranti sono stati rimpatriati in Tunisia. Proseguono gli sforzi per dare risposte concrete al fenomeno della migrazione irregolare”. La fotografia di un aereo pronto al decollo sotto lo sguardo di un agente di polizia accompagnava il tweet.

      L’immagine è rappresentativa dei rimpatri forzati via charter: voli programmati dalle autorità di un paese per espellere, contro la loro volontà, gruppi di persone alle quali è negata la possibilità di restare sul territorio nazionale. Per svolgere queste operazioni i governi si affidano a compagnie aeree che offrono servizi charter. Un intero aereo è noleggiato per trasportare una o più decine di persone, ognuna delle quali sarà scortata da due o tre agenti di polizia.

      Nel caso dell’Italia, quelle persone sono in gran parte di nazionalità tunisina, come confermano i dati che ci ha fornito il ministero dell’interno. Nel 2023 sono state 2.006 su 2.506. Su 106 voli di rimpatrio via charter, settanta erano diretti in Tunisia. In partenza dall’aeroporto di Trieste o da quello di Roma, questi voli fanno sempre scalo a Palermo, dove le autorità consolari tunisine devono confermare pro forma – sulla base di un accordo bilaterale siglato il 5 aprile 2011 – l’identità delle persone che hanno ricevuto un decreto di espulsione. In alcuni casi il volo parte da Trieste, si ferma a Roma o a Bari per prendere altre persone da rimpatriare e agenti, poi prosegue verso Palermo (o parte da Roma e si ferma a Bari prima di andare a Palermo). All’aeroporto di Palermo è imbarcato anche chi arriva dai centri di permanenza per i rimpatri (cpr) siciliani. ​​A quel punto l’aereo può decollare. Se la rotta seguita da questi voli è nota, i nomi delle compagnie che li operano sono invece tenuti segreti.

      Una destinazione speciale

      Roma, luglio 2023. Tra i cartelloni pubblicitari che svettano lungo le strade della capitale ci sono quelli di una compagnia aerea che ha da poco compiuto un anno e vanta ottimi prezzi per la Sicilia e la Sardegna. Aeroitalia, “la nuova compagnia italiana a capitale interamente privato”, come si legge sul sito, promette di “dare il miglior servizio possibile prendendoci cura dei nostri passeggeri con piccoli gesti, attenzioni e calore umano”.

      Proprio in quei giorni, l’attivista e ricercatore senegalese Ibrahima Konate riceve un messaggio da un conoscente tunisino: il 20 luglio suo fratello è stato rimpatriato dall’Italia su un volo XZ7744 della compagnia Aeroitalia. La stessa operazione è segnalata dal sito d’informazione tunisino Falso e da Majdi Karbai, ex parlamentare e attivista tunisino, in un post pubblicato su Facebook il 21 luglio. Il numero del volo permette di fare una ricerca sui siti di monitoraggio del traffico aereo, tra cui FlightRadar: la mattina del 20 luglio, un velivolo Aeroitalia è effettivamente decollato dall’aeroporto di Fiumicino diretto in Tunisia. Dopo uno scalo a Palermo, è atterrato a Tabarka, 130 chilometri a ovest di Tunisi, quasi alla frontiera con l’Algeria. È l’aeroporto dove atterrano i voli di rimpatrio forzato in provenienza dall’Italia.

      Nell’estate 2023 la Tunisia è al centro dell’attualità italiana ed europea. Dopo una prima visita ufficiale il 6 giugno, la presidente del consiglio italiano Giorgia Meloni torna l’11 giugno a Tunisi in compagnia della presidente della Commissione europea Ursula von der Leyen e del primo ministro olandese Mark Rutte. La speranza è quella di strappare al presidente tunisino Kais Saied un impegno a collaborare nella cosiddetta lotta contro l’immigrazione irregolare.

      Poco importano la persecuzione delle persone di origine subsahariana in Tunisia, alimentata dalle posizioni xenofobe di Saied, e la crescente repressione della società civile. Il 16 luglio dell’anno scorso l’Unione europea firma con il paese nordafricano un memorandum d’intesa che dovrebbe rafforzare il quadro della loro cooperazione. La ricetta è sempre la stessa, quella con cui l’Ue tenta di assoldare i governi stranieri esternalizzando le sue politiche di chiusura e di respingimento: soldi in cambio di maggiore sorveglianza delle frontiere e di più riammissioni di cittadini e cittadine espulsi dal territorio europeo.

      Per impedire alle persone di raggiungere l’Ue, i governi europei hanno diversi mezzi a disposizione. Alcuni sono più diretti: negargli il visto, respingere le imbarcazioni su cui viaggiano o non prestare soccorso in mare. Altri, più indiretti, sono applicati negli stati terzi (addestrare e finanziare chi intercetta le imbarcazioni, incoraggiare l’adozione di leggi che criminalizzano il traffico di migranti o l’emigrazione irregolare, promuovere tecnologie di sorveglianza sempre più sofisticate).

      Per espellere una persona dall’Unione europea, invece, in genere il modo è solo uno: metterla su un aereo. Ed è qui che entrano in gioco le compagnie aeree, protagoniste e beneficiarie di un sistema ancora poco studiato.

      Come osserva il ricercatore William Walters, “l’aviazione civile è il perno centrale delle espulsioni di persone dai paesi del nord, eppure chi fa ricerca sulle espulsioni si è raramente interessato alle questioni legate alla mobilità aerea”. Negli ultimi anni sono usciti i primi studi, tra cui un numero della rivista antiAtlas Journal curato dallo stesso Walters con i colleghi Clara Lecadet e Cédric Parizot. Nell’introduzione, i tre autori sottolineano come l’opacità del settore, in particolare quello delle espulsioni via charter, abbia ostacolato lo sviluppo della ricerca sul tema.

      I rimpatri forzati possono svolgersi anche su voli di linea, imbarcando la persona prima degli altri passeggeri e isolandola nei posti in fondo. Ma c’è sempre il rischio che faccia resistenza, cercando di attirare l’attenzione degli altri passeggeri, e che il comandante finisca per farla sbarcare se la situazione a bordo diventa ingestibile. Tutto questo sui charter non succede. “Il vantaggio dei rimpatri via charter è che sono più facili da tenere sotto controllo”, riassume Yasha Maccanico, ricercatore dell’organizzazione Statewatch, che segue da vicino il tema dei rimpatri a livello europeo.

      L’Italia predilige le espulsioni via charter e, per gestirle, ha adottato un sistema di rara macchinosità. L’accordo di cooperazione con la Tunisia del 2011 prevede la possibilità di rimpatriare – su due voli charter a settimana – un massimo di 80 cittadini tunisini (ogni volo è previsto per 20-40 persone da rimpatriare e 60-110 agenti di scorta).

      Data la frequenza, un contratto a medio o a lungo termine per un servizio di trasporto aereo regolare sembrerebbe la soluzione più logica. E infatti nel 2016, sull’onda della cosiddetta crisi migratoria del 2015, la centrale acquisti della pubblica amministrazione italiana (Consip) ha lanciato una gara d’appalto in questo senso (del valore di 31 milioni e 500mila euro), su incarico della direzione centrale dell’immigrazione e della polizia delle frontiere e del dipartimento per le libertà civili e l’immigrazione. La gara, che riguardava tutti i voli di rimpatrio, non solo quelli per la Tunisia, è andata deserta. In una nota tecnica, che abbiamo ottenuto attraverso richiesta di accesso civico generalizzato, la Consip spiega i motivi di questo disinteresse: per le aziende del settore, le troppe variabili legate al servizio richiesto (in particolare i tempi di programmazione dei voli di rimpatrio e il numero di persone da trasferire) lo renderebbero difficilmente conciliabile con la loro normale attività di trasporto aereo.

      E così l’Italia, a differenza di altri paesi europei (tra cui la Spagna, la Germania e il Regno Unito), ha continuato a indire una gara d’appalto per ogni volo.

      Il sistema degli appalti

      Nei documenti pubblicati dal ministero sui rimpatri via charter verso la Tunisia non compare mai il nome di una compagnia aerea. Le gare d’appalto sono tutte vinte da due società d’intermediazione (o broker), la tedesca Professional aviation solutions (Pas) e la britannica Air partner (acquisita nel 2022 dalla statunitense Wheels up), che si spartiscono il mercato. Le compagnie aeree forniscono i mezzi e il personale senza i quali i rimpatri sarebbero impossibili, ma sono i broker a permettere che la macchina dei rimpatri giri senza sosta.

      Fino alla fine del 2023, per ogni volo charter di rimpatrio il ministero pubblicava il testo della gara d’appalto (“determina”) per un volo programmato in genere una settimana dopo, e il risultato della gara (“avviso di appalto aggiudicato”). Oltre al nome del broker selezionato, gli avvisi di appalto aggiudicato indicavano il numero di offerte ricevute dal ministero dell’interno per il volo in questione (spesso due, a volte una) e il costo dell’offerta selezionata. Il nome della compagnia che avrebbe operato il volo, e intascato quindi il grosso di quella cifra, non era precisato.

      Alle nostre domande la segreteria del dipartimento della pubblica sicurezza ha risposto di “non avere contatti diretti” con Aeroitalia, dato che “l’affidamento del servizio al vettore individuato tra quelli con l’offerta migliore avviene attraverso una società terza – ‘broker’”. E infatti, cercando sul sito del ministero dell’interno i documenti relativi al volo Roma-Palermo-Tabarka del 20 luglio 2023, scopriamo solo che l’appalto è stato vinto dalla Pas con un’offerta di 115.980 euro.

      Inoltre, fino alla fine del 2023 gli avvisi di appalto aggiudicato precisavano che il subappalto non era possibile. Eppure il servizio di trasporto aereo era eseguito da un terzo (il vettore) rispetto all’aggiudicatario, ovvero il broker. Sempre fino alla fine del 2023, la procedura di appalto non era aggiornata: gli avvisi di appalto aggiudicato contenevano la lista degli operatori economici invitati a partecipare alla gara, lista che includeva Mistral air (diventata Poste air cargo nel 2019), Meridiana (che ha chiuso nel 2018) e il broker Astra associated services (che risulta in liquidazione).

      Per i voli operati dall’inizio del 2024 il ministero dell’interno ha modificato i documenti disponibili sul sito. Sono sempre presenti i bandi delle gare d’appalto (con la novità che una gara può riguardare due voli operati la stessa settimana – il primo da Trieste, il secondo da Roma – e che la spesa massima dev’essere inferiore a 110mila euro invece dei precedenti 140mila euro), mentre sono spariti gli avvisi di appalto aggiudicato. Impossibile quindi sapere chi è stato invitato a partecipare alla gara e quante offerte sono state presentate. Sparito anche il riferimento al divieto di subappalto. Tra i nuovi documenti disponibili ci sono i contratti con i broker aggiudicatari, ma neanche qui c’è il nome della compagnia aerea incaricata di operare il volo.

      Questa opacità non caratterizza solo i rimpatri charter dall’Italia. Come riferisce il ricercatore Matthias Monroy, nell’agosto 2023 il ministero dell’interno tedesco, rispondendo a un’interrogazione parlamentare del partito Die Linke, ha definito “confidenziali” i dati sulle compagnie di voli charter che guadagnano con i rimpatri, perché “queste informazioni potrebbero esporre le compagnie a ‘critiche da parte dell’opinione pubblica’, ostacolando le operazioni di rimpatrio”.

      Anche il ministero dell’interno italiano ha respinto la nostra richiesta di conoscere i nomi di queste compagnie, ma dando un’altra spiegazione. La pubblicazione delle offerte ricevute per ogni volo di rimpatrio, in cui oltre al nome del broker compare il nome della compagnia che opererebbe il volo, non sarebbe di interesse pubblico. Abbiamo presentato un’istanza di riesame, e nella sua risposta dell’8 maggio il ministero dell’interno si è limitato a rinviare ai documenti disponibili sul sito.

      Nel frattempo, un intoppo informatico (o, più probabilmente, un errore umano) ha reso possibile la consultazione di due di queste offerte. Il 13 novembre 2023 sono state pubblicate le offerte ricevute dai soliti broker per il volo del 12 ottobre 2023, con partenza da Trieste, scalo a Palermo e arrivo a Tabarka. Fatto sorprendente, sia la Pas sia la Air partner avevano proposto per quel volo un aereo della compagnia spagnola Albastar, chiedendo rispettivamente 71.200 euro e 71.880 euro. Ha vinto la Pas, con l’offerta più bassa, ma Albastar si sarebbe in ogni caso aggiudicata quel volo.

      Tredici voli

      Torniamo ad Aeroitalia. Cercando il volo XZ7744 su FlightRadar, vengono fuori tredici voli operati su Tabarka tra il 20 luglio e il 3 ottobre, nelle stesse date e lungo le stesse tratte indicate nei documenti pubblicati dal ministero dell’interno. Dagli avvisi di appalto aggiudicato, sappiamo che i bandi per quei voli sono stati vinti dalla Pas, e conosciamo la cifra richiesta, come per esempio nel caso del volo del 20 luglio.

      La commissione trattenuta dai broker, secondo un esperto del settore che desidera restare anonimo, è compresa tra il 3 e il 5 per cento. Se ipotizziamo una commissione massima del 5 per cento trattenuta dalla Pas, per quei tredici voli Aeroitalia potrebbe aver incassato quasi 1.380.000 euro. Gli altri due voli Aeroitalia nel 2023 risalgono al 17 gennaio e al 31 gennaio (rintracciati su FlightRadar con il numero XZ8846), sempre per conto della Pas, che ha incassato rispettivamente 71.490 euro e 69.990 euro.

      Da ulteriori ricerche su FlightRadar emerge che Aeroitalia avrebbe cominciato a operare voli di rimpatrio già nel 2022. Ne abbiamo rintracciati il 13 e 18 ottobre, l’8 e il 15 novembre e il 29 dicembre, con i numeri di volo XZ8452, XZ8535 e XZ8846. Nel luglio 2022, quindi poco dopo il lancio della compagnia, l’allora primo velivolo Aeroitalia, il Boeing 737-85f 9h-cri, è stato noleggiato per portare Zubin Mehta e l’orchestra e il coro del Maggio musicale fiorentino a Malaga in occasione di un concerto. Il volo di ritorno ha avuto un ritardo di diciassette ore. In quel lasso di tempo, secondo i dati disponibili su FlightRadar, l’aereo ha effettuato vari spostamenti, tra cui un volo Roma-Bari-Palermo-Tabarka (numero ​AEZ4410).

      Né la Pas né Aeroitalia hanno risposto alle nostre richieste di commento.

      Un’azienda che fa parlare di sé

      Fondata nell’aprile 2022 dal banchiere francese Marc Bourgade e dall’imprenditore boliviano Germán Efromovich, Aeroitalia è guidata da Gaetano Francesco Intrieri, esperto di trasporto aereo e, per un breve periodo nel 2018, consulente dell’allora ministro dei trasporti Danilo Toninelli. Bourgade è una figura poco nota al grande pubblico, mentre in passato sia Efromovich sia Intrieri sono finiti al centro di alcuni processi per reati di corruzione e bancarotta. Efromovich è stato assolto, Intrieri condannato ma la sentenza a due anni e quattro mesi è stata poi cancellata nel 2006 dall’indulto. Dal novembre 2023 Aeroitalia può contare anche sui servizi di Massimo D’Alema, assunto come consulente.

      Dal 2004 al 2019 Efromovich è stato l’amministratore delegato della holding aeronautica latinoamericana Avianca holdings (oggi Avianca group). Determinato a entrare nel mercato italiano, avrebbe voluto acquisire Alitalia, ma ha finito per lanciare Aeroitalia. L’azienda si è fatta rapidamente notare per la disinvoltura con cui chiudeva rotte appena aperte, scatenando le ire di diversi aeroporti, tanto da spingere l’Enac a intervenire con una diffida il 31 ottobre 2023.

      Intervistato dal Corriere della Sera nell’aprile 2022, al momento del lancio della compagnia, Intrieri spiegava che Aeroitalia si sarebbe concentrata da subito sul mercato charter “perché in Italia è semi-morto, ma pure le compagnie aeree charter qui sono semi-morte”. Nello stesso periodo, Marc Bourgade dichiarava all’Air Financial Journal che la nuova compagnia si sarebbe concentrata “prima sui voli charter perché garantiscono ricavi dal giorno in cui otteniamo il certificato di operatore aereo”. E infatti il primo volo operato da Aeroitalia, il 3 maggio 2022, è stato un charter Bologna-Valencia che trasportava la squadra di pallacanestro Virtus Segafredo Bologna.

      Da allora, tra le collaborazioni strette con altre squadre sportive, Aeroitalia è diventata partner ufficiale dell’Atalanta (ottobre 2022), della Lazio (agosto 2023) e della squadra di pallavolo femminile Roma volley club (dicembre 2023).

      Non tutti i voli charter sono uguali

      Ma trasportare squadre di sportivi, o comitive di turisti, è un conto. Un altro è trasportare contro la loro volontà persone verso la Tunisia, paese che secondo esperti e tribunali non può essere considerato sicuro.

      In una ricerca pubblicata nel 2022, il Center for human rights dell’università di Washington ha rivelato come negli Stati Uniti molte squadre sportive e molti artisti viaggiassero a loro insaputa su aerei charter usati in altri momenti per operazioni di rimpatrio spesso violente.

      L’esempio della Tunisia è emblematico: i numeri relativi ai rimpatri danno un’idea della “serializzazione” alla base di questo sistema, osserva l’avvocato Maurizio Veglio dell’Associazione per gli studi giuridici sull’immigrazione (Asgi). Per sperare di riempire due voli charter a settimana bisogna poter contare su un ampio bacino di persone rimpatriabili. E una persona è tanto più facilmente rimpatriabile quanto limitate sono le sue possibilità non solo di ottenere una qualche forma di protezione, ma perfino di chiederla.

      Rispetto ai cittadini tunisini l’Italia ha agito su entrambi i fronti. Nel 2019 ha inserito la Tunisia nella lista dei cosiddetti paesi di origine sicuri, uno strumento che, pur essendo previsto dal diritto dell’Unione europea (la direttiva procedure del 2013), “è ontologicamente contrastante con la procedura di protezione internazionale, cioè con la valutazione sul diritto del singolo di essere protetto”, denuncia Veglio. Queste liste, adottate anche da altri paesi, oltre che dalla stessa Ue, sono “uno strumento al servizio delle autorità per rendere praticamente automatiche le risposte negative. Si tratta dell’ennesima forzatura che cerca di rendere la valutazione della domanda di protezione internazionale un mero incidente burocratico, da assolvere nel minor tempo possibile, per poter archiviare la procedura e avviare il processo di rimpatrio”.

      Secondo Veglio, l’inserimento della Tunisia nella lista di paesi di origine sicuri “disincentiva le domande di protezione, il cui esito è in parte pregiudicato dalla semplice cittadinanza del richiedente. D’altra parte le persone di nazionalità tunisina che non richiedono la protezione, una volta sbarcate in Italia, ricevono un decreto di respingimento, possono essere trattenute e, in un lasso temporale estremamente ridotto, rischiano il rimpatrio. Il meccanismo è così rapido da vanificare la possibilità di un diritto di difesa effettivo”.

      Wael ne sa qualcosa: arrivato a Pantelleria il 1 giugno 2023, dopo una settimana è trasferito nel cpr di Milo, a Trapani. Gli è concesso di fare una telefonata di un minuto. L’amica che chiama gli consiglia di presentare una domanda di protezione. Ma un altro tunisino detenuto nel centro lo avverte: “Qui non danno più l’asilo”. Nel 2022 il 76,6 per cento delle richieste di protezione presentate da persone di nazionalità tunisina è stato respinto, il tasso di rifiuto più alto dopo quello dell’Egitto (90,3 per cento) e del Bangladesh (76,8 per cento).

      In seguito due agenti di polizia si presentano accompagnati da una traduttrice marocchina, che invita Wael a firmare un foglio: “Mi sono rifiutato, e lei mi ha detto che tanto lo avrebbero firmato al mio posto. Allora ho ceduto. Dopo varie settimane trascorse nel centro, ho visto quali erano le nazionalità più espulse. Grazie agli accordi, tunisini ed egiziani sono sempre espulsi: noi il martedì e il giovedì, loro il mercoledì”. Prevedibilmente, la sua domanda di protezione è respinta.

      Attesa e incertezza

      Nei cpr, i giorni scorrono nell’attesa e nell’incertezza. “Eravamo sei in una stanza”, ricorda Wael. “Nessuno ti spiegava nulla. Magari venivano e ti dicevano che sarebbero tornati per portarti dal dottore, oppure dallo psicologo, per verificare se eri davvero minorenne, ma poi non tornavano. Non potevi fidarti di nessuno”. C’è chi non sopporta l’isolamento. “Un tunisino detenuto con noi era talmente depresso che ha provato a darsi fuoco”, racconta Wael. “Gli hanno messo qualche benda e l’hanno rispedito in stanza”.

      Louay (nome di fantasia) ha vissuto un’esperienza simile, due anni prima. Nel 2021, al momento del suo arrivo in Italia e della sua immediata detenzione, la pandemia era ancora in corso. Prima di procedere a un rimpatrio, le autorità dovevano fare un tampone per il covid. Louay e altri si sono rifiutati. “Mi hanno minacciato più volte di farmelo con la forza. Quando ho chiesto di poter parlare con il mio avvocato, mi hanno risposto: ‘Fai il test e poi potrai chiamarlo’. Stessa cosa se volevo parlare con la mia famiglia”. Anche Louay, come Wael, è stato espulso, in circostanze simili. “Una notte, verso le due, ci hanno fatto salire su un autobus senza dirci dove fosse diretto”, ricorda. “Eravamo in venti, tutti tunisini”.

      All’aeroporto di Palermo hanno aspettato varie ore prima di essere imbarcati. L’incontro con il console tunisino è durato pochissimo. “Un minuto al massimo!”, dice Louay. “Gli ho detto che avevo chiesto l’asilo e che non volevo tornare in Tunisia. Ha risposto solo ‘Ok’”.

      “A me ha chiesto da dove venissi in Tunisia e perché fossi venuto in Italia”, dice Wael. “Poi ha aggiunto che saremmo stati tutti espulsi”. Ammanettati, scortati da due agenti di polizia, Wael e Louay hanno affrontato l’ultima tappa: il volo charter.

      Rassegnazione e rivolta

      Le loro testimonianze confermano quanto osservato dal garante nazionale dei diritti delle persone private della libertà personale in anni di monitoraggio di voli di rimpatrio. Secondo l’ex presidente Mauro Palma, “le fasi più problematiche sono quelle che precedono l’arrivo a bordo”: il trasferimento dal centro in aeroporto, spesso senza preavviso, dopo un risveglio brusco, in piena notte o all’alba; l’attesa in aeroporto senza che siano fatte le adeguate verifiche sullo stato di salute fisica e mentale delle persone; l’uso di mezzi contenitivi come le fascette di velcro applicate ai polsi.

      Per citare di nuovo William Walters, che inserisce il fenomeno dei rimpatri aerei nel quadro più ampio della “geografia carceraria”, i voli charter sono anelli di una custodial chain (“catena di custodia”) attraverso la quale le persone sono “trasferite da un ambiente all’altro, da un’autorità alla seguente”. Altri ricercatori parlano di deportation corridor, corridoi della deportazione, per evocare le diverse tappe e dimensioni del fenomeno.

      Una volta scortate a bordo, per le persone costrette a lasciare l’Italia quella del volo è spesso definita la fase della “rassegnazione”, anche perché non esiste un meccanismo di reclamo in caso di abusi o maltrattamenti. A differenza dei voli di rimpatrio coordinati dall’agenzia europea Frontex, che ha introdotto un simile meccanismo nel 2019 (poco efficace, secondo vari esperti), i voli charter organizzati dalle autorità italiane non offrono una reale “possibilità di reclamo”, conferma Mauro Palma.

      Come nel caso dei centri per il rimpatrio, può succedere che il garante raccolga dei reclami, per poi trasmetterli al ministero dell’interno, ma è uno scambio informale, privo di conseguenze per la persona che ha voluto denunciare un abuso, e non permetterà di alimentare statistiche ufficiali su queste denunce. E senza dati, il problema non esiste.

      Infine, non bisogna dimenticare che su quei voli il rapporto di forza – due o tre agenti di scorta per ogni persona rimpatriata – è molto più squilibrato rispetto a quanto accade nei cpr, dove le rivolte non solo scoppiano, ma possono portare alla chiusura parziale o totale della struttura detentiva, come ha dimostrato ancora una volta la rivolta nel cpr di Milo-Trapani a febbraio 2024 (ricostruita da diverse associazioni in un comunicato pubblicato sul sito di Melting Pot Europa).

      Campagne di denuncia

      Anche quando non sono teatro di violenze fisiche, i rimpatri forzati sono operazioni violente che “finiscono per colpire la fasce più deboli della popolazione straniera”, osserva Veglio. Quelle fasce escluse, attraverso il sistema discriminatorio dei visti, dai canali della mobilità legale e sicura.

      Come ricorda Yasha Maccanico, l’ossessione dei governi europei per i rimpatri rischia di dilagare grazie alla revisione della direttiva europea sui rimpatri del 2008. Avviata nel 2018, la procedura di revisione è al momento bloccata al parlamento europeo, che non ha ancora raggiunto una posizione comune. Ma secondo Maccanico, il tentativo è quello di presentare “ogni fattore legato allo stato di salute, all’età o ai diritti umani di una persona come un ostacolo rispetto al rimpatrio”, invece di considerarli elementi “che dovrebbero prevalere sulla direttiva rimpatri”.

      Negli ultimi anni in diversi paesi sono state lanciate campagne di denuncia contro le compagnie che partecipano alle operazioni di rimpatrio forzato via charter. Secondo la ricercatrice Sophie Lenoir, dell’organizzazione Corporate watch (che ogni anno dedica un rapporto ai rimpatri forzati via charter dal Regno Unito), queste campagne hanno più probabilità di successo se la compagnia presa di mira “opera anche voli commerciali, e tiene quindi di più alla propria immagine pubblica”.

      Lenoir fa l’esempio di Tui airways (sussidiaria britannica del gruppo tedesco Tui group) che, come Aeroitalia, “propone anche voli commerciali puntando sulle famiglie che partono in vacanza”. Nel Regno Unito, dopo una grossa campagna di denuncia, nel 2022 “Tui ha smesso di collaborare con il ministero dell’interno nel quadro delle operazioni di rimpatrio”, spiega Lenoir, aggiungendo però che una compagnia può interrompere questo tipo di voli “solo temporaneamente, nell’attesa che cali l’attenzione dell’opinione pubblica”.

      Dall’analisi di Lenoir emerge un parallelo tra Italia e Regno Unito: proprio come in Italia le persone di nazionalità tunisina sono da anni tra i principali bersagli dei discorsi ufficiali contro l’immigrazione irregolare, nel Regno Unito lo stesso sta succedendo con la popolazione albanese. “Gli albanesi”, denunciava nel 2022 la filosofa britannico-albanese Lea Ypi, “sono le vittime più recenti di un progetto ideologico che, per mascherare i propri fallimenti politici, espone le minoranze alla stereotipizzazione negativa, alla xenofobia e al razzismo”.

      Quello stesso razzismo denunciato dalle attiviste tunisine, madri e sorelle dei giovani scomparsi o deceduti nel tentativo di attraversare il Mediterraneo, dopo la repressione della rivolta al cpr di Milo: “Ancora una volta, constatiamo l’ingiustizia di una situazione in cui dei giovani sono trattati come criminali per colpa della loro migrazione”, si legge nel loro comunicato, diffuso dall’associazione Mem.Med (Memoria Mediterranea).

      “Nessuno attraversa il mare, sapendo che rischia di morire, senza una buona ragione”, dice Wael, che ha ripreso la via del mare pochi mesi dopo la sua espulsione. “Tanto ero abituato ai tentativi falliti”, commenta con un sorriso. “Avevo già provato a raggiungere l’Europa passando per la Serbia nel 2016-2017. Mi sono sempre detto che prima o poi ce l’avrei fatta. Con quello che guadagnavo in Tunisia è impossibile vivere”.

      “L’emigrazione di migranti tunisini già rimpatriati dà una misura del fallimento degli accordi sui rimpatri tra Italia e Tunisia”, scrive il ricercatore David Leone Suber. “I loro tentativi devono essere interpretati come atti coscienti e sovversivi nei confronti della logica dei rimpatri”.

      La terza volta, a fine dicembre del 2023, Wael è partito dalla città tunisina di Biserta: “Eravamo in 84, ci hanno divisi su due gommoni, diretti in Sardegna. Ci sono volute venti ore. È stato un viaggio lungo e stancante. Per l’ultimo tratto siamo stati scortati dall’esercito italiano”. A terra, Wael è stato trasferito in un centro. “Verso le quattro del mattino sono scappato. Ho camminato per alcuni chilometri fino a un’altra città…”. Dopo varie tappe, è riuscito ad arrivare in Francia. Ora vive a Parigi, dove lavora in nero come corriere per Deliveroo, nell’attesa di riuscire a regolarizzare la sua situazione.

      Sentendo queste storie, è difficile credere che fino agli anni novanta, ovvero fino ai “primi decreti sull’introduzione di visti e restrizioni per i cittadini di paesi terzi”, esisteva “il libero movimento di persone tra Italia e Tunisia”, come ricorda Suber. Ora quel periodo sembra lontano anni luce (come lontanissima sembra l’epoca tra le due guerre mondiali, evocata in un recente articolo dalla politologa Speranta Dumitru, in cui gli europei odiavano una recente invenzione chiamata passaporto).

      Il 27 marzo 2024 il ministero dell’interno italiano ha pubblicato una consultazione di mercato diversa: sette anni dopo l’esito deludente della gara Consip, il Viminale cerca candidati per un servizio di “trasporto aereo di migranti irregolari” della durata di 36 mesi. Le “manifestazioni di interesse” andavano mandate entro il 17 aprile. Come si legge nella nota tecnica, le destinazioni principali saranno la Tunisia e l’Egitto. Se andrà in porto, la gara d’appalto sarà vinta da un broker, e si porrà di nuovo il problema della mancata trasparenza sui nomi delle compagnie aeree coinvolte.

      https://www.internazionale.it/reportage/haifa-mzalouat/2024/06/24/voli-rimpatrio-italia-tunisia

  • Nous dénonçons l’injustice subie par Maître Sonia Dahmani

    Avocats Sans Frontières France dénonce la condamnation de Maître Sonia Dahmani, avocate et journaliste tunisienne, à une année de prison ferme par le Tribunal de Première Instance de Tunis pour avoir dénoncé, le 7 mai dernier sur la chaine Carthage +, les atteintes graves aux droits fondamentaux des migrants subsahariens en Tunisie.

    Lire le texte entier
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/11/le-reve-revolutionnaire-vire-au-cauchemar-dans-une-tunisie-redevenue-une-vaste-prison/#comment-61557

    #international #tunisie

  • Ces binationaux franco-tunisiens qui choisiront la Tunisie si le Rassemblement national gouverne
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/07/03/ces-binationaux-franco-tunisiens-qui-choisiront-la-tunisie-si-le-rassembleme

    Ces binationaux franco-tunisiens qui choisiront la Tunisie si le Rassemblement national gouverne
    Par Monia Ben Hamadi (Tunis, correspondance)
    « J’avais pour projet de repartir en France l’année prochaine, mais j’entends de plus en plus mes amis qui vivent là-bas parler de la montée du racisme », confie Mehdi (les personnes interrogées n’ont pas souhaité donner leur nom de famille), 42 ans, programmeur informatique. Né d’une mère française et d’un père tunisien, il vit à Tunis avec sa conjointe et leur fille de 2 ans. C’est pour cette dernière que Mehdi avait envisagé de retourner en France, où il a déjà vécu entre 2000 et 2011, afin, dit-il, « de lui offrir une meilleure qualité de vie et un environnement plus sain ».
    Toutefois, ces derniers temps, Mehdi hésite. Il envisage désormais une opportunité au Maroc. « J’aurais préféré retourner en France, mais tout dépendra de l’évolution de la situation politique. Si l’extrême droite gagne du terrain et commence à persécuter les migrants et les étrangers, je n’aurai pas envie que ma fille subisse cela », déplore-t-il.
    Les inquiétudes de Mehdi se sont accrues après l’arrivée en tête du Rassemblement national (RN) au premier tour des législatives le 30 juin. Le parti d’extrême droite pourrait obtenir une majorité, absolue ou relative, et il n’est plus exclu qu’il accède au pouvoir, une première historique. Les déclarations racistes des cadres du parti, visant notamment les binationaux, ont accentué ces craintes.
    « Le Maghrébin binational a sa place en France, mais pas dans les hauts lieux. Nous devons protéger la France », a déclaré Daniel Grenon, député sortant du RN dans l’Yonne, lors d’un débat le 1er juillet. Des propos confirmés par la bande sonore de l’échange, bien que le parti ait tenté de minimiser en parlant de citation « erronée ».
    Mehdi a lui-même expérimenté le racisme lorsqu’il vivait à La Rochelle (Charente-Maritime) en tant qu’étudiant. En 2002, lors de l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, il a été agressé par des militants d’extrême droite. « On m’appelait aussi Mohamed par moquerie », se rappelle-t-il.
    En 2011, après un burn-out, il retourne en Tunisie, où vient d’avoir lieu la révolution qui a mis fin au pouvoir de Zine El-Abidine Ben Ali. « Nous étions nombreux à rentrer, mais nous avons vu les résultats », ironise-t-il amèrement face à la crise économique et politique actuelle du pays, accentuée par le coup de force du président Kaïs Saïed le 25 juillet 2021.Il tente de se rassurer quant au traitement que pourrait subir sa fille en France, avec ses traits clairs et ses cheveux blonds : « Ma fille a un prénom arabe et un prénom français. Je me dis que son prénom français pourrait l’aider, ce serait toujours mieux pour trouver un appartement à Paris, par exemple. »
    Dans la capitale française, Sarra, qui s’y est installée après son baccalauréat obtenu à Tunis, partage les mêmes doutes mais, contrairement à Mehdi, préférerait retourner en Tunisie où sa nationalité n’est pas « conditionnée ». « Je me sens davantage chez moi à Tunis, malgré tous les problèmes, ma nationalité n’y est pas remise en question », souligne-t-elle, avant d’ajouter : « Mais je suis aussi française. J’ai vécu plus longtemps en France, où je suis née, qu’en Tunisie. Il y a diverses façons d’être français. J’aurais aimé me sentir chez moi ici car j’y ai construit ma vie, ma famille, ma carrière, mais on m’a fait sentir que je n’étais pas chez moi. »
    Née en France de parents tunisiens, Sarra a acquis la nationalité française grâce au droit du sol que le RN souhaite abolir. Après avoir grandi en Tunisie, elle est revenue en France pour y poursuivre ses études et a entamé une carrière dans une grande entreprise. Mariée à un Franco-Tunisien, elle envisage à présent de retourner vivre en Tunisie à moyen terme. « Je ne sais pas encore quand je partirai. Tout dépendra de la situation », confie-t-elle.
    Récemment, elle a été heurtée par une affiche montrant un petit garçon blond avec l’inscription : « Donnons un avenir aux enfants blancs. » « Mon fils est typé, il va grandir en tant que garçon arabe avec tous les stéréotypes associés, je ne veux pas qu’il vive cela », s’indigne-t-elle.Sarra estime par ailleurs que les questions liées au racisme anti-arabe et à l’islamophobie ne sont pas suffisamment prises en compte : « Ce problème n’est pas récent, mais il est souvent invisibilisé. Lorsque j’en parle à mes collègues, certains me disent que j’exagère, que la France ne se résume pas à CNews, d’autres qu’il faut comprendre les racistes. »
    Selon le rapport 2023 de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, l’indice de tolérance à l’égard des musulmans en France est relativement faible, avec une note de 57 sur 100. Cette minorité est moins tolérée que les Noirs (77) ou les juifs (68), tandis que la tolérance à l’égard des Roms est la plus basse, avec un indice de 42. Selon la même étude, une majorité de sympathisants du RN (51 %) estime que « les musulmans ne sont pas des Français comme les autres ».
    En avril 2024, l’ouvrage La France, tu l’aimes mais tu la quittes : enquête sur la diaspora française musulmane (éd. Seuil, 320 pages, 23 euros), a mis en lumière un phénomène jusque-là peu étudié : le départ à l’étranger de musulmans français, souvent bien intégrés, souhaitant échapper à une atmosphère jugée « islamophobe ».
    Rym, 33 ans, franco-tunisienne, a déjà fait son choix depuis plusieurs années. Installée à Londres, où elle travaille pour une ONG internationale, elle n’envisage pas de retourner en France, où elle a pourtant grandi. « La montée du racisme en France n’est pas la raison pour laquelle je suis partie, mais c’est ce qui fait que je n’y retournerai pas », affirme-t-elle. « Quand j’ai entendu Jordan Bardella, le chef de file du Rassemblement national, stigmatiser les binationaux, cela m’a énervée et attristée. Puis je me suis dit que quitte à avoir une nationalité occidentale, autant que ce soit la nationalité anglaise. Avant, je n’y avais jamais pensé. Maintenant, j’y pense sérieusement », confie la jeune femme. Si elle devait être contrainte de choisir, Rym n’hésiterait pas : « Je n’abandonnerai jamais ma nationalité tunisienne, c’est la nationalité de mon père, c’est ma première nationalité. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#politique#extremedroite#racisme#tunisie#retour#sante

  • Dans l’impasse en Tunisie, de plus en plus de migrants rapatriés dans leur pays d’origine
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/06/27/dans-l-impasse-en-tunisie-de-plus-en-plus-de-migrants-rapatries-dans-leur-pa

    Dans l’impasse en Tunisie, de plus en plus de migrants rapatriés dans leur pays d’origine
    Le Monde avec AFP
    Publié hier à 16h39, modifié hier à 17h29
    Le nombre de migrants africains rapatriés de Tunisie vers leur pays connaît une forte augmentation depuis le début de l’année, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), sur fond de montée d’un sentiment anti-immigrés alimenté par un discours officiel aux accents xénophobes.
    « Entre le 1er janvier et le 25 juin, l’OIM a facilité le retour volontaire d’environ 3 500 personnes depuis la Tunisie vers leur pays d’origine », soit une augmentation de 200 % par rapport à 2023 à la même période, a détaillé l’OIM, à Tunis, auprès de l’Agence France-Presse, qui précise que les principaux pays de retour sont la Gambie, le Burkina Faso et la Guinée.
    Les migrants rapatriés bénéficient du « programme d’assistance au retour volontaire et à la réintégration » de l’OIM, avec notamment une prise en charge du trajet de retour ainsi qu’une aide à la réintégration dans leur pays. Le caractère « volontaire » de ces rapatriements est néanmoins contesté par les défenseurs des droits.
    Pour Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), ces rapatriements sont le résultat d’une « politique antimigrants qui les voit comme une menace et contribue à leur précarité en les empêchant de travailler, de louer des appartements ou d’utiliser les transports publics ». Depuis un discours aux accents xénophobes du président tunisien Kaïs Saïed en février 2023, des milliers de ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne séjournant de façon irrégulière en Tunisie ont perdu leur logement et leur travail.
    Leurs conditions de vie se sont encore détériorées quand ils ont été chassés de grandes villes comme Sfax pour s’entasser dans des campements de fortune insalubres, sans aucune ressource, dans l’attente d’un hypothétique départ.Selon M. Ben Amor, cette hausse des rapatriements est la conséquence de la « politique d’endiguement migratoire » voulue par l’Union européenne (UE). « L’UE a donné tous les moyens financiers, logistiques et techniques » à la Tunisie pour mettre en place cette politique, affirme-t-il.
    A l’été 2023, l’UE et la Tunisie ont conclu un « partenariat stratégique » qui prévoyait une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière, incluant le financement du « retour volontaire » de 6 000 migrants irréguliers.
    La Tunisie est l’un des principaux points de départ des migrants qui risquent la périlleuse traversée de la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Selon le ministère de l’intérieur tunisien, environ 23 000 migrants irréguliers seraient actuellement présents dans le pays. Plus de 1 300 migrants sont morts ou ont été portés disparus en 2023 dans des naufrages au large des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#OMI#retour#UE#gambie#burkina#guinee#migrationirreguliere#sante

  • Montée de l’extrême droite : Les associations tunisiennes alertent des risques sur les droits des tunisiens et des migrants

    Après l’échec des gouvernements à résoudre les crises économiques et sociales croissantes, les partis de droite et d’extrême droite ont remporté la majorité des suffrages dans un nombre important de pays européens. Ces partis sont connus pour leurs idéologies nationalistes chauvinistes, leurs positions racistes, leur opposition aux institutions démocratiques et leur non-respect des lois nationales et internationales de protection des droits humains.

    Lire le texte en entier sur le blog
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/06/25/dans-nos-lieux-de-vie-et-de-travail-dans-les-urnes-faire-reculer-les-politiques-de-haine-et-le-rn-6/#comment-61420

    #tunisie #france #migration

  • Méditerranée : 10 morts retrouvés dans les cales d’un canot de migrants parti de Libye - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/57820/mediterranee--10-morts-retrouves-dans-les-cales-dun-canot-de-migrants-

    Méditerranée : 10 morts retrouvés dans les cales d’un canot de migrants parti de Libye
    Par Charlotte Boitiaux Marlène Panara Publié le : 17/06/2024
    Le Nadir, voilier humanitaire de l’ONG allemande ResQship, a retrouvé, tôt ce lundi matin, les corps de 10 exilés coincés à l’intérieur d’une embarcation en Méditerranée. Cinquante et une autres personnes ont pu être secourues, en majorité des Bangladais. Le canot était parti de Zouara, en Libye.
    « Quand nous avons trouvé le canot, il était trop tard », raconte sobrement Stefen Seyfert, responsable communication de l’ONG ResQship contacté par InfoMigrants. Lundi 17 juin, à l’aube, l’ONG allemande a annoncé sur son compte X que son voilier-humanitaire Nadir avait retrouvé les corps de 10 migrants dans la cale d’un canot en bois, dérivant en mer Méditerranée.
    Quand le Nadir s’est approché, les membres de l’ONG ont compris que le canot était surchargé. « On a porté secours aux personnes sur le pont supérieur et ensuite on a vu qu’il y avait des gens en-dessous », raconte Stefen Seyfert. « La cale était inondée, remplie d’un mélange d’eau et d’essence. A l’intérieur, nous avons vu 12 corps, dont deux inconscients mais encore vivants ».La première personne inconsciente a pu être sortie sans encombre « mais on a dû casser le pont avec une hache pour extirper la seconde ».D’après ResQship, les dix victimes, toutes des hommes, sont mortes d’intoxication aux fumées du moteur. « À force de respirer l’essence, les passagers se sont évanouis. Puis le bateau prenant l’eau, elles se sont noyées de manière inconsciente ».
    Quarante neuf autre personnes, qui étaient aussi à bord sur le pont supérieur, ont été secourues. Elles ont été prises en charge, deux heures plus tard, par les garde-côtes italiens. « Ils ont aussi récupéré les deux blessés inconscients ».Mais les dix cadavres n’ont pas pu être extraits du canot. « Nous n’avons pas d’endroit à bord pour les conserver. Ils sont donc restés dans le canot, qui est attaché à notre voilier. Nous faisons route vers Lampedusa pour les déposer là-bas. Nous prévoyons d’arriver dans la nuit ».Le bateau était parti de Zouara, en Libye, d’après les rescapés. Un premier décompte fait état de plusieurs nationalités à bord : une trentaine de Bangladais, des Pakistanais, des Syriens et des Égyptiens.
    Ce n’est pas la première fois que des navires humanitaires font face à de tels naufrages. Vendredi 7 juin, les corps sans vie de onze migrants qui dérivaient en pleine mer, au large des côtes libyennes ont été récupérés par le Geo Barents, navire de Médecins sans frontières (MSF). Le 28 mai, les sauveteurs de l’ONG allemande SOS Humanity ont retrouvé le corps sans vie d’un bébé de six mois dans un canot de migrants à la dérive.
    La plupart des canots en bois qui s’aventurent en Méditerranée sont constitués d’un pont supérieur et de cales dans lesquelles s’entassent des dizaines de personnes - souvent des femmes et des enfants, piégés près du carburant et de ses vapeurs toxiques. Les places du dessus sont généralement réservées aux hommes.
    S’asseoir à l’intérieur des cales, avec un accès limité à l’air libre, est donc éminemment dangereux. Depuis des années, de nombreuses personnes sont récupérées par les ONG en mer victimes de brûlures aux jambes, aux cuisses, et sur leurs parties génitales à cause du mélange entre le carburant et l’eau de mer.La Méditerranée centrale représente à elle seule 80 % des morts et disparitions en Méditerranée l’an dernier. Elle est très utilisée par les migrants cherchant à entrer dans l’Union européenne depuis la Tunisie et la Libye. Depuis janvier, 923 migrants y sont décédés ou portés disparus.La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.

    #Covid-19#migrant#migration#mediterranee#traversee#mortalite#tunisie#libye#italie#lampedusa#mortalite#sante#routemigratoire

  • Tunisie : pourquoi l’Europe ferme les yeux sur les dérives autoritaires du président Kaïs Saïed
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/06/14/tunisie-pourquoi-l-europe-ferme-les-yeux-sur-les-derives-autoritaires-du-pre

    Tunisie : pourquoi l’Europe ferme les yeux sur les dérives autoritaires du président Kaïs Saïed
    Par Monia Ben Hamadi (Tunis, correspondance)
    Il a finalement décliné l’invitation. Convié au sommet du G7, qui se tient du jeudi 13 au samedi 15 juin dans le sud de l’Italie, le président tunisien, Kaïs Saïed, sera représenté par le chef du gouvernement, Ahmed Hachani. Aucune explication n’a été avancée alors que les relations entre Rome et Tunis sont au beau fixe. Georgia Meloni, la présidente du Conseil italien, s’est rendue en Tunisie à quatre reprises en moins d’un an. Et Kaïs Saïed, malgré sa dérive autoritaire, reste un interlocuteur à ménager pour les Occidentaux.
    Leur relative indulgence tient à la priorité donnée par l’Union européenne (UE) au contrôle des flux migratoires, particulièrement en provenance de la rive sud de la Méditerranée, dans le cadre du mémorandum d’entente signé le 16 juillet 2023 avec la Tunisie. Les récentes crispations liées aux inquiétudes exprimées par l’UE, la France et les Etats-Unis à la suite de la vague d’arrestations de journalistes, d’avocats et de responsables d’ONG, en mai, n’ont pas fondamentalement altéré cette relation.
    Certes, les critiques de Bruxelles, Paris et Washington ont suscité la colère de Kaïs Saïed, qui a convoqué les ambassadeurs concernés et réaffirmé le refus de toute ingérence étrangère. Mais côté européen, on a préféré temporiser et laisser passer l’orage. Et pour cause : la coopération entre la Tunisie et l’UE en matière de contrôle des flux migratoires montre des résultats. Depuis le début de l’année, moins de 23 000 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes, contre près de 60 000 durant la même période en 2023.
    En mai, le ministre tunisien de l’intérieur, Kamel Feki (limogé depuis), avait confié aux parlementaires, lors d’une audition à huis clos, que les frontières étaient étroitement surveillées en réponse aux demandes de certains dirigeants européens à l’approche des élections européennes, selon des révélations du journal Acharaa El Magharibi confirmées par le député Yassine Mami.
    « L’Italie a toujours plaidé pour garder des liens avec Kaïs Saïed et continue de miser sur lui pour assurer la stabilité du pays, analyse Hamza Meddeb, chercheur au cercle de réflexion Carnegie Middle East Center. Dans l’ensemble, les capitales européennes privilégient aujourd’hui une approche transactionnelle, avec comme priorités la migration, la sécurité ou l’énergie. Si le prix à payer est de fermer les yeux sur l’absence de calendrier électoral ou de droits humains, elles le feront. »
    Professeur de droit constitutionnel qualifié à l’époque de « radical-conservateur », Kaïs Saïed est arrivé au pouvoir en octobre 2019 après une nette victoire à l’élection présidentielle. Sa campagne, axée sur la lutte contre la corruption, le rejet des élites politiques traditionnelles et un système de démocratie participative décentralisé, a trouvé un écho favorable parmi les Tunisiens, particulièrement les jeunes, désillusionnés par dix ans de crises politiques post-révolution et un processus de transition démocratique jugé insatisfaisant.
    Le 25 juillet 2021, en pleine crise du Covid-19 et avec l’aggravation des blocages politiques et de la crise économique, Kaïs Saïed a renversé la table en suspendant le Parlement et en s’octroyant les pleins pouvoirs, une action qualifiée de « coup d’Etat » par ses détracteurs mais acceptée globalement par la communauté internationale. Un an plus tard, il a entériné son virage hyperprésidentialiste en faisant adopter une nouvelle Constitution qui lui confère des pouvoirs étendus.
    Depuis son coup de force, l’homme fort de Carthage a entrepris un démantèlement méthodique des corps intermédiaires et des institutions mises en place après le renversement de Zine El-Abidine Ben Ali en 2011, une période post-révolutionnaire que ses partisans appellent « la décennie noire ». Gouvernant par décret, il a pris la décision unilatérale de dissoudre définitivement le Parlement en mars 2022, après avoir suspendu l’application de la Constitution et dissous le Conseil de la magistrature.
    La même année, il a accru sa mainmise sur le pouvoir judiciaire par la révocation d’une cinquantaine de juges, avant de s’attaquer à la liberté d’expression avec la publication du décret-loi 54, promulgué en septembre 2022 pour lutter contre les « fausses nouvelles ». Dès 2023, des dizaines d’opposants de différents partis politiques, en majorité des cadres du parti islamiste Ennahda – dont son leader, Rached Ghannouchi –, ont été emprisonnés et accusés de complot contre la sûreté de l’Etat ou d’intelligence avec des puissances étrangères. Plusieurs journalistes, syndicalistes, hommes d’affaires, avocats ou responsables d’ONG ont été incarcérés et poursuivis pour les mêmes charges.
    Parallèlement, la répression contre les migrants subsahariens s’est intensifiée. Accusés par le chef de l’Etat de participer à un complot visant à modifier la « composition démographique » du pays, ces derniers ont fait l’objet de véritables chasses à l’homme à partir de juillet 2023. Plusieurs milliers d’entre eux ont été expulsés de leurs domiciles, licenciés ou déplacés aux frontières, en plein désert, au moment de la signature du mémorandum d’entente avec l’UE.
    Dans ses discours, le président joue volontiers le bras de fer avec les Occidentaux, rejetant toute critique – même timide – venue de l’étranger comme une atteinte à la souveraineté du pays. Mais s’il plaide pour un rapprochement avec la Russie ou la Chine, où il a été reçu fin mai lors d’une visite d’Etat, il peut difficilement se permettre de rompre avec les Occidentaux. L’Europe est le premier partenaire commercial de la Tunisie et les Etats-Unis apportent un soutien financier non négligeable à son armée. La volte-face de Kaïs Saïed, qui a rejeté l’adoption d’une loi criminalisant les relations avec Israël en novembre 2023, illustrerait les leviers de pression dont dispose encore Washington, selon plusieurs députés tunisiens.
    Le 19 mai, un article du quotidien italien La Repubblica faisant état d’avions « militaires russes » ayant atterri sur l’île de Djerba a suscité une certaine fébrilité. Bien que cette information ait été démentie par Moscou et Tunis, la crainte d’une évolution prorusse de la Tunisie, traditionnellement affiliée au camp occidental, marquerait une rupture, bien que le changement de trajectoire diplomatique revendiqué par le président et son discours « anti-impérialiste » ne se soient que très peu concrétisés dans les faits. « Je pense que personne ne le prend au sérieux, commente Hamza Meddeb. Toutes ses gesticulations diplomatiques ne sont pas suivies d’actions concrètes, c’est juste un discours et des slogans. »

    #Covid-19#migrant#migration#UE#tunisie#afriquesubsaharienne#droit#italie#frontiere#expulsion#sante

  • Comment des migrants sont abandonnés en plein désert en #Afrique

    Une enquête de plusieurs mois menée par « Le Monde », le média à but non lucratif « Lighthouse Reports » et sept médias internationaux montre comment des dizaines de milliers de migrants en route vers l’Europe sont arrêtés et abandonnés en plein désert au Maroc, Tunisie et Mauritanie.

    https://www.dailymotion.com/video/x8yrqiy

    #vidéo #migrations #désert #abandon #Mauritanie #Maroc #Tunisie #réfugiés #externalisation #frontières #rafles #racisme_anti-Noirs #Fès #déportations #Rabat #forces_auxiliaires #refoulements #arrestations_arbitraires #enlèvements #centres_de_détention #Ksar #détention_administrative #Espagne #bus #Algérie #marche #torture #Gogui #Mali #accords #financements #expulsions_collectives #Nouakchott #forces_de_l'ordre #Sfax #Italie #équipement #aide_financière #UE #EU #Union_européenne #forces_de_sécurité #gardes-côtes #gardes-côtes_tunisiens #droits_humains #droits_fondamentaux

    ping @_kg_

  • La gioventù tunisina scende in strada per manifestare contro il governo
    https://www.meltingpot.org/2024/05/la-gioventu-tunisina-scende-in-strada-per-manifestare-contro-il-governo

    Un aggiornamento da una collaboratrice di Melting Pot che si trova in Tunisia. Nel terzo articolo spiega le proteste, soprattutto giovanili, di questi giorni: “No all’oppressione, no al totalitarismo, no agli italiani che vogliono governarci“, gridano in piazza. Tunisi – Venerdì 24 Maggio è stato chiamato un corteo nella capitale tunisina che si è mosso da davanti alla sede dell’Unione dei giornalisti tunisina per raggiungere, nel centro città, il viale di Avenue Bourghiba, dove il corteo si è concluso ad alcune centinaia di metri dalla sede del Ministero degli interni separato dai manifestanti da un cordone di forze di (...)

    #Notizie

  • L’UE reconnait « une situation difficile » dans ses partenariats avec les pays africains pour lutter contre l’immigration irrégulière - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/57257/lue-reconnait-une-situation-difficile-dans-ses-partenariats-avec-les-p

    ’UE reconnait « une situation difficile » dans ses partenariats avec les pays africains pour lutter contre l’immigration irrégulière
    Par La rédaction Publié le : 22/05/2024
    La Commission européenne a reconnu mardi « une situation difficile » après la publication d’une enquête journalistique révélant que les fonds de l’UE alloués à des pays africains – Tunisie, Maroc et Mauritanie – servaient en partie à financer des refoulements dans le désert pour empêcher les exilés d’atteindre l’Europe. Des pratiques contraires au droit international.
    Face aux accusations de complicité sur les violations des droits de l’Homme dans certains pays d’Afrique, la Commission européenne a réagi mardi 21 mai. « Parfois, la situation est difficile dans nos pays partenaires » mais ils « restent des États souverains et contrôlent leurs forces nationales », a affirmé une des porte-parole de l’institution, Ana Pisonero. Son homologue Éric Mamer, interrogé lors d’un point presse quotidien, a lui aussi partagé la même analyse : « C’est une situation qui est difficile, qui est mouvante et sur laquelle nous allons continuer à travailler ».
    Une enquête, publiée le même jour par des médias internationaux dont Le Monde et le Washington Post avec le collectif de journalistes Lighthouse Reports, révèle comment « l’Europe soutient, finance et participe directement à des opérations clandestines menées dans les pays d’Afrique du Nord pour abandonner chaque année des dizaines de milliers de personnes noires dans le désert ou dans des régions reculées afin de les empêcher de venir dans l’Union européenne (UE) ».
    L’enquête signale que des réfugiés et migrants au Maroc, en Mauritanie et en Tunisie sont « appréhendés en raison de la couleur de leur peau, emmenés dans des bus et conduits au milieu de nulle part, souvent dans des zones désertes et arides », sans eau ni nourriture. Certains sont emmenés vers des zones frontalières où ils sont « vendus par les autorités à des trafiquants d’êtres humains et à des gangs qui les torturent contre rançon ». Depuis plusieurs années, InfoMigrants a publié des dizaines d’articles et de témoignages de migrants racontant les arrestations arbitraires dans les rues ou dans les maisons des Noirs dans ces pays, mais aussi en Libye et en Algérie, et les refoulements dans des zones désertiques.
    À l’été 2023, la rédaction avait récolté plusieurs récits d’exilés relatant les interpellations dans les rues de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie, et les expulsions dans le désert, à la frontière avec l’Algérie et la Libye – des pratiques qui n’ont jamais cessé depuis et qui se sont mêmes accentuées ces derniers jours.
    En fin d’année, InfoMigrants avait révélé que des exilés étaient discrètement transmis par des forces tunisiennes à des Libyens, et transférés dans les prisons du pays. « Le véhicule s’est arrêté au niveau d’une montagne de sable. De l’autre côté, c’est la Libye. Les Tunisiens sont montés sur la montagne pour annoncer leur présence. Cinq minutes après, on a entendu des klaxons venus d’en face. Les policiers ont alors braqué leur kalachnikov sur nous et nous ont dit : ‘Haya, haya’ [’allez-y’, en français, ndlr] en montrant la Libye. Tout le monde avait peur », avait expliqué Moussa, un Guinéen. De l’autre côté, des milices libyennes les attendaient pour les conduire dans des centres de détention.
    Au Maroc aussi, les témoignages recueillis de ce type sont nombreux. Le dernier date de février 2024 : un Guinéen avait détaillé à la rédaction ses multiples refoulements dans le désert, vers Ourzazate (sud du Maroc) et Beni Melal (centre du Maroc).
    Des fonds de l’UE utilisés pour refouler des migrants dans le désert
    elon l’enquête de Lighthouse Reports publiée mardi, ce « système de déplacement de masse (…) fonctionne notamment grâce à l’argent, les véhicules, l’équipement, le renseignement et les forces de sécurité fournis par l’UE et les pays européens ». Le quotidien Le Monde écrit qu’en Tunisie les « pick-up Nissan utilisés par la police pour arrêter les migrants correspondent à des modèles livrés par l’Italie et l’Allemagne entre 2017 et 2023 ».Au Maroc, les « 4x4 Toyota Land Cruiser, utilisés lors d’arrestations dont les images ont été diffusées sur les réseaux sociaux (…) correspondent aux modèles achetés par l’Espagne, puis par l’Europe » dans le cadre d’un accord entre les deux pays.
    En Mauritanie enfin, l’UE finance « la reconstruction de deux centres de rétention. Ceux-là mêmes où des migrants sont enfermés avant d’être envoyés dans le désert, acheminés dans des pick-up Toyota Hilux en tout point similaires à ceux livrés par l’Espagne en 2019 », peut-on lire dans l’enquête."Des exemples, parmi d’autres, qui démontrent que ces opérations, contraires à la Convention européenne des droits de l’Homme, bénéficient du soutien financier de l’UE et de ses États membres", insistent les journalistes.
    Depuis 2015, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie ont reçu 400 millions d’euros pour la gestion des frontières via le fonds fiduciaire d’urgence (FFU). Une somme à laquelle s’ajoutent d’autres aides financières accordées directement par des pays européens à ces trois États africains. D’après Lighthouse Reports, les instances de l’UE ont parfaitement connaissance d’une partie de ces arrestations arbitraires, contraires au droit international. Dans le cas du Maroc par exemple, la Commission européenne avait en 2019 fait référence à une « vaste campagne de répression » contre des Subsahariens et des expulsions « illégales » vers des zones reculées dans un document sur les financements de l’UE au royaume chérifien. Sans pour autant mettre fin à son partenariat.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#tunisie#maroc#mauritanie#espagne#migrationirreguliere#politiquemigratoire#droit#sante#expulsion