Marcela Iacub : extension du domaine de la #turlutte
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Le corps des femmes est un champ de bataille. Celui qui, au soir, en est maître, s’assure le plaisir qui est le salaire de la victoire, la possibilité d’une descendance et de voir, dans les yeux des perdants, respect et soumission. Cela s’explique par la nature de la domination chez l’animal humain organisé en société, car, au final, qu’est-ce qui compte le plus au monde sinon de faire des enfants et de leur transmettre sa vision du monde ?
Cependant, en séparant la sexualité de la reproduction — non par ignorance comme l’homme primitif mais par choix — la modernité a forcé l’extension du domaine de la lutte pour la domination sexuelle. En allant plus loin et en séparant la sexualité de la différence sexuelle, puis en la réduisant à un loisir ordinaire, elle a contaminé toutes les activités humaines par un struggle for life qui jamais n’aurait dû échapper au strict domaine de la reproduction.
La concurrence pour l’accès au ventre des femmes est devenue la guerre de tous contre tous pour la puissance éphémère qu’exige la tyrannie des désirs. Cette concurrence était limitée et réglée par l’âge, le sexe, la tradition, la nature de la relation, les convenances ou, pour le dire vite, par l’intelligence que la culture avait de la nature. La remplace une guerre totale, absolue, inexpiable.