• Face à la haine en ligne, « l’État a confié la gestion de la liberté d’expression aux plateformes capitalistes »
    https://www.bastamag.net/Haine-en-ligne-plateforme-Pharos-loi-Avia-attentat-Conflans-moderation-Gaf

    Le gouvernement ressort les dispositions de la loi Avia censés renforcer la lutte contre les contenus haineux sur internet. Ces mesures ont pourtant été censurées par le Conseil constitutionnel en juin, car elles portent atteinte à la liberté d’expression. Explications avec Arthur Messaud, juriste à La Quadrature du Net. Depuis l’attentat de Conflans, le gouvernement cherche à relancer la loi « Avia » (du nom de la députée LREM auteure du projet de loi, Lætitia Avia), contre les contenus haineux et (...)

    #bot #algorithme #manipulation #technologisme #modération #LoiAvia #LaQuadratureduNet #ConseilConstitutionnel-FR #Facebook #Twitter (...)

    ##YouTube

    • C’est Pharos qui avait demandé la censure d’Indymedia, donc pour la censure politique, a priori, ça marche. Mais pour les signalements des messages haineux, ils ne servent pas à grand-chose. Actuellement, sur la modération des contenus en France, l’État a tout délégué aux plateformes étatsuniennes. Des juges sont parfois saisis, mais #Pharos, ce n’est pas la justice. Le droit est construit pour que Twitter, Facebook et les autres modèrent pour le compte de l’État. Ces plateformes privées font donc à la fois office de #police et de juge...

      https://seenthis.net/messages/861733
      #gafam #loi_Avia

  • #Frontex categorically denies any involvement of its officers in violations of fundamental rights. We condemn any form of inhumane treatment, unprocessed returns and any other form of violence which are illegal under the European Charter for Fundamental Rights.

    https://twitter.com/Frontex/status/1158393650356920322

    –-> ce tweet date de 2019, mais j’archive au cas où...

    #hypocrisie #frontières #Frontex #asile #migrations #réfugiés #droits_humains #droits_fondamentaux #traitements_inhumains #traitements_dégradants #tweet

    ping @isskein @karine4

  • The Battle That Will Define Big Tech for Decades - Will Oremus
    https://onezero.medium.com/the-battle-that-will-define-big-tech-for-decades-141f192b86d5

    Google’s antitrust case won’t reshape the industry. But it’s the start of something that might. The Department of Justice’s antitrust lawsuit against Google got a lot of attention this week, and understandably so. It mirrors the landmark antitrust case against Microsoft two decades ago, which stands as the prototypical example of the U.S. government grappling with a big tech company’s power. But it is also, in many ways, a narrow case : It focuses exclusively on Google’s dominance of internet (...)

    #Alphabet #Google #Microsoft #DoJ #Facebook #Twitter #procès #domination #modération #BigData #GAFAM #microtargeting #surveillance (...)

    ##FTC

  • Shoshana Zuboff : « Nous avons besoin de nouveaux droits pour sortir du capitalisme de surveillance »
    https://aoc.media/entretien/2020/10/23/shoshana-zuboff-nous-avons-besoin-de-nouveaux-droits-pour-sortir-du-capitalis

    Sociologue et professeure émérite à la Harvard Business School, Shoshana Zuboff s’est intéressée à l’économie des big data. Alors que son dernier livre paraît en français, elle expose ici les rouages du « capitalisme de surveillance », dernier stade du capitalisme à l’ère numérique, marqué par la transformation de nos données personnelles en produits marchands. Un phénomène inquiétant qui devrait nous conduire à définir au plus vite un droit qui garantisse à chacun la souveraineté sur son expérience personnelle.

    Shoshana Zuboff enseigne à la Harvard Business School depuis 1981. Elle a publié en 1988 une analyse des transformations du travail dans In the Age of the Smart Machine : The Future of Work and Power. En 2019, elle fait paraître un livre déjà traduit en une vingtaine de langues, qui a d’ores et déjà un impact considérable sur les analyses de l’économie des big data et des plateformes, et qui vient de paraître en français aux éditions Zulma sous le titre L’âge du capitalisme de surveillance. Le combat pour un avenir humain face aux nouvelles frontières du pouvoir. Elle présente ici quelques points fondamentaux de l’appareil théorique proposé par son ouvrage, en même temps qu’elle discute des revendications politiques sur lesquelles il débouche. YC.

    Comment inscrivez-vous l’économie actuelle des big data et de la surveillance dans les développements du capitalisme ?Retour ligne automatique
    Il y a un modèle de longue durée que suit le capitalisme et qu’a décrit Karl Polanyi dans La Grande Transformation dans une analyse restée célèbre. Ce modèle est en fait très complexe. Il implique que le capitalisme évolue et se développe en prenant des objets qui existent en dehors de la dynamique du marché, et en les insérant dans cette dynamique du marché, en les transformant en objets qui peuvent être vendus et achetés. C’est ce que Polanyi appelait des marchandises fictionnelles. Le capitalisme industriel a fait cela en visant la nature, une nature qui vivait innocemment sa propre vie. Les prairies, les rivières et les forêts se sont trouvées intégrées à la dynamique du marché et transformées en sources de matières premières, en sources d’énergie, en biens fonciers et immobiliers, en choses qui pouvaient être vendues et achetées. Au cours de cette marchandisation, nous perdons la trace de la nature comme nature, et nous ne pouvons plus la percevoir que sous sa forme marchande. En parlant de « marchandises fictionnelles », Polanyi attirait l’attention sur le fait que la nature n’est pas en elle-même une marchandise, qu’elle n’est pas née marchandise : elle est devenue marchandise à cause du capitalisme.Retour ligne automatique
    Avançons maintenant, très rapidement, vers le XXIe siècle, le siècle du numérique. Nous sommes dans la Silicon Valley, parmi les start-up, en l’an 2000 ou 2001. Il s’y produit ce qu’on appelle « l’effondrement de la bulle Internet » : le marché se rend compte que toutes ces petites start-up ont été surévaluées. Les investisseurs se retirent et beaucoup de start-up font faillite. Cela s’explique en partie par le fait qu’elles n’ont pas trouvé de moyen de monétiser leurs activités. Elles sont sur Internet, elles ont des clients et elles offrent des produits et des services, mais elles ne gagnent pas d’argent : elles n’ont pas trouvé leur marchandise fictionnelle. Pendant un moment, ça a été la panique dans la Silicon Valley. Quelle sera la « marchandise fictionnelle » de la nouvelle économie, qui pourra être vendue et achetée, qui produira ex nihilo des revenus et du profit ? Personne, personne ne savait. Personne ne comprenait. Personne n’avait la réponse.

    C’est là le tournant de la nouvelle forme de capitalisme que vous appelez le « capitalisme de surveillance » ?Retour ligne automatique
    Exactement, et voilà comment s’est opéré ce tournant. La réponse – et c’est Larry Page qui l’a formulée en 2001, je crois, pour Google – c’était ce qu’on a appelé « les données personnelles ». Mais plus précisément, c’était l’expérience humaine personnelle. À un moment donné, on a compris que l’expérience humaine personnelle était le nouveau bois vierge, la nouvelle forêt, la nouvelle prairie inexploitées – pouvant être monétisée et transformée en marchandise fictionnelle. Une nouvelle source de matière première qui pouvait être revendiquée unilatéralement et qui pouvait être introduite dans la dynamique du marché. Donc, à la place de la nature, c’était la nature humaine : notre expérience personnelle. Et par là-même, ce qui s’est passé, c’est qu’on a considéré l’expérience humaine personnelle comme une matière première disponible, traduite en données comportementales par les processus informatiques de ces entreprises.Retour ligne automatique
    L’important est de comprendre que ces données comportementales étaient alors implicitement définies comme confidentielles. Elles étaient à nous sans même qu’on pense qu’elles pouvaient être appropriées par autrui. Eh bien, elles se sont trouvées transférées, déplacées dans ce que je considère comme une nouvelle « chaîne d’approvisionnement ». Chaque interface avec des entreprises comme Google, chaque interface activée par Internet s’est fait intégrer dans une chaîne d’approvisionnement. Et maintenant, on a des réseaux de chaînes d’approvisionnement complexes, qui commencent avec la recherche et la navigation en ligne, mais qui s’étendent désormais à toute activité en ligne.Retour ligne automatique
    Les données comportementales prétendument confidentielles, qui circulent dans les chaînes d’approvisionnement, où vont-elles ? Eh bien, comme toutes les matières premières, elles vont dans une usine. Mais c’est une usine de l’ère numérique, nommée « intelligence artificielle », « apprentissage machine » ou « apprentissage automatique ». Et ce qui se passe dans cette nouvelle forme d’usine, c’est la même chose que ce qui se passe dans toutes les usines : on fabrique des produits. Sauf que dans le cas présent, ce sont des produits informatiques.

    Quelle est la spécificité de ces produits mis en circulation par le capitalisme de surveillance ? Qu’est-ce donc qui s’y vend ?Retour ligne automatique
    Pendant des années, quand j’essayais de comprendre les fondements du capitalisme de surveillance, ses mécanismes fondamentaux, je regardais toute la journée des vidéos de gens comme Eric Schmidt ou Larry Page – les dirigeants de Google – en train de donner une conférence, de discuter avec des développeurs, de prononcer des discours ou de parler de leurs résultats financiers. Et cela m’a fasciné d’entendre si souvent Eric Schmidt répéter : « Vous savez, nous ne vendrons jamais vos informations personnelles ». Je m’asseyais à mon bureau et je pensais : pourquoi ne le fait-on pas arrêter, ou dénoncer, pour avoir tout simplement menti aux gens ? Je veux dire : comment peut-il affirmer « nous ne vendrons jamais vos informations personnelles », alors que c’est précisément ce qu’ils font ?Retour ligne automatique
    Mais peu à peu, je me suis plutôt efforcée de répondre à la question suivante, qui est un peu différente : comment se fait-il que ce que répétait Eric Schmidt est finalement vrai ? J’ai décidé de supposer qu’il n’a pas le culot de mentir à tout le monde encore et encore. Et c’est ainsi que j’ai pu comprendre le surplus comportemental. C’est cela que monétise le capitalisme de surveillance. Car il s’avère que ce qui se trouve dans ces chaînes d’approvisionnement ne se limite pas aux « informations personnelles », que je donne sciemment à Google, Facebook, Amazon, Microsoft, Twitter ou autre. Ces informations personnelles que je donne sciemment en échange de services gratuits ne représentent qu’une infime partie des informations qu’ils ont sur moi. Leur modèle repose sur le fait que, bien au-delà de ces seules informations personnelles, ils passent en revue chacune des empreintes que je laisse dans le monde numérique, chaque trace que je laisse de mon activité sur Internet, où que ce soit. Ils extraient toutes ces traces et les analysent pour leurs signaux prédictifs.Retour ligne automatique
    L’important est qu’ils ont découvert très tôt – et on peut le voir dans leurs demandes de brevet – qu’ils pouvaient rechercher des informations personnelles sur l’ensemble de l’Internet, où que l’on soit. Et ils pouvaient rassembler toutes ces informations, et, à partir de ces données, les scientifiques disent être capables d’induire ou de déduire des informations vous concernant et que vous n’aviez jamais eu l’intention ni la conscience de divulguer : votre orientation politique, votre personnalité, votre orientation sexuelle, etc.

    C’est tout ceci qui constitue « le surplus comportemental » qui est la nouvelle matière première exploitée par le capitalisme numérique ?Retour ligne automatique
    Oui, et un an plus tard, lorsque Facebook est apparu, la collecte d’informations ne s’est pas cantonnée à ce que vous dites dans un post. Elle s’est rapidement étendue au fait que vous y utilisez des points d’exclamation, ou des puces. Ce n’est pas seulement les photos de votre visage qui vous taguent, c’est l’analyse des muscles de votre visage pour déceler les micro-expressions, parce que celles-ci trahissent vos émotions et que vos émotions prédisent fortement votre comportement. Et puis c’est la saturation des couleurs des photos, pas seulement le contenu des photos. Toutes ces données, ce sont des surplus comportementaux, qui donnent des informations. En tant qu’utilisateurs, nous ne pouvons pas les identifier, et nous n’avons aucune idée de la manière dont ils sont extraits.Retour ligne automatique
    Je résume : ce qui entre dans les tuyaux du capitalisme de surveillance, ce qui arrive dans ses nouvelles usines, c’est en partie des informations que nous avons sciemment données (les « données personnelles »), mais ce sont surtout ces énormes flux de surplus comportementaux qu’ils nous soustraient. Cela a commencé avec nos traces laissées en ligne, mais maintenant, cela s’étend à tous nos comportements, à tous nos déplacements, c’est le fondement de la révolution de la mobilité. En effet, si le smartphone a été inventé, c’est parce que le smartphone est devenu la mule du surplus comportemental. Chaque application que l’on installe sur son téléphone transmet le surplus comportemental – en même temps que les informations que vous avez données à l’application – dans ces « agrégateurs », dans leurs chaînes d’approvisionnement : la localisation du microphone, la caméra, les contacts, tout cela.

    Vous distinguez clairement le cas restreint des « données personnelles » des masses bien plus larges de ce que vous appelez « surplus comportemental ». Je me demande si une distinction similaire pourrait se faire entre le cas restreint de ce qu’on appelle habituellement « l’attention » et ces masses bien plus importantes que vous appelez « expérience humaine personnelle ». Cela remettrait dans une perspective très différente, et très suggestive, ce qu’on appelle « l’économie de l’attention ».Retour ligne automatique
    Oui, je pense en fait que le langage de « l’économie de l’attention » a empêché le grand public de comprendre ces phénomènes, et que c’est un concept malavisé. Pour être honnête, lorsque j’écrivais ma thèse de doctorat à Harvard en psychologie sociale dans la deuxième moitié des années 1970, on faisait notre travail de recherche et puis, dans mon département, il fallait rédiger deux études d’envergure dans ce que vous aviez choisi comme domaines de spécialité – deux articles dans les domaines de spécialité. Et j’ai choisi l’histoire du travail comme l’un de mes domaines de spécialité. J’ai écrit mon mémoire sur ce que j’ai appelé L’interaction sociale et l’histoire du travail, avec pour sous-titre L’organisation sociale de l’attention. Je commençais par parler des éthologues qui étudiaient le comportement du regard, le comportement du regard des primates en petits groupes. J’ai réinvesti ces études dans mon travail sur l’invention de l’organisation de l’usine et le contrôle de l’attention.Retour ligne automatique
    Et j’ai toujours tenu à définir l’économie de l’attention comme ce que nous faisons maintenant, dans cet entretien par Zoom : c’est une affaire de regard, souvent à plusieurs. Par exemple, nous regardons l’écran, notre attention se concentre sur l’écran – notre attention visuelle. C’est bien entendu un phénomène réel, à l’évidence – et ce n’est pas une bonne chose que nous regardions des écrans toute la journée… Mais encore faut-il mettre cela en parallèle avec une logique économique. Et c’est là que l’on fait erreur. Le fait que notre attention soit sollicitée par l’écran est un effet, non une cause. Et c’est là que l’idée d’économie de l’attention s’effondre. Le fait que notre attention soit hypnotisée, les phénomènes dit d’addiction, tous ces phénomènes sont les effets d’une cause, tout comme la désinformation. Notre vulnérabilité à la désinformation est un effet d’une cause.Retour ligne automatique
    Or la cause de ces effets est la logique économique que j’appelle le capitalisme de surveillance, avec ses lois d’airain et ses impératifs économiques. Et l’effet, c’est que le surplus comportemental est maximisé par une plus grande mobilisation de l’attention. Ainsi, le surplus comportemental – la maximisation de l’extraction du surplus comportemental – est un impératif économique. Les économies d’échelle sont un impératif économique.Retour ligne automatique
    La mobilisation de l’attention est seulement un moyen d’atteindre cet objectif. Ici aussi, en réfléchissant au surplus comportemental plutôt qu’à l’économie de l’attention, on s’aperçoit que d’énormes volumes de surplus comportementaux sont extraits à notre insu, sans que nous en ayons conscience et, surtout, sans que nous y prêtions attention. Et c’est pourquoi j’appelle cela « capitalisme de surveillance » : c’est parce que cela doit se produire d’une manière qui nous est cachée pour être efficace. Si nous le savions, nous y résisterions.

    Vous venez de mentionner les « économies d’échelle » et, dans le livre, vous passez de ce concept assez familier aux « économies de gamme » (economies of scope) et aux « économies d’actions ». De quoi s’agit-il dans ces deux derniers cas ?Retour ligne automatique
    Le principe est que la dynamique du capitalisme de surveillance est orientée vers la collecte de la totalité des données, parce que la totalité des données mène à une certitude parfaite. On a vu que le capitalisme de surveillance avait mis en place des usines de calcul, traitant le surplus comportemental, pour en tirer quoi ? Des produits de prédiction (predictive products). Ces produits de prédiction sont vendus sur des marchés à terme comportementaux (behavioral futures markets). Je les ai aussi appelés « marchés à terme humains » (human futures markets) parce que ce sont des marchés qui négocient des contrats à terme humains, tout comme nous avons des marchés pour négocier des contrats à terme sur la poitrine de porc ou sur le pétrole ou sur le blé. Alors, qu’est-ce qui se vend sur ces marchés à terme humains ? Eh bien, en gros, on vend de la certitude. C’est à cela que les programmes de prédiction aspirent : des résultats fiables pour vendre de la certitude. Quelles sont donc les dynamiques concurrentielles si vous vendez de la certitude, si vous concurrencez l’incertitude ?Retour ligne automatique
    Tout d’abord, vous avez besoin de beaucoup de données, parce que l’I.A. s’améliore avec l’échelle. Plus les algorithmes ont de données, meilleurs ils sont. Ensuite, il faut de l’envergure, toute une large gamme de données diverses entre elles, parce qu’il faut du volume mais aussi de la variété. Ces deux aspects sont en fin de compte assez faciles à comprendre. C’est effrayant de comprendre ce qu’est vraiment la variété et ce qu’est le volume de tout cela, parce que c’est tellement vaste. Mais on voit quelles sont les économies d’échelles (en extension) et de gamme (en diversité).Retour ligne automatique
    Les économies d’action nous font sortir de la métaphore du web et des écrans, pour nous faire entrer dans le monde, à savoir nos maisons, nos voitures, nos villages, nos villes, nos parcs, nos restaurants, nos cafés, etc. Il est de plus en plus difficile d’y échapper à la surveillance.Retour ligne automatique
    La concurrence pour la certitude devient un domaine toujours plus intrusif. Elle apprend à influencer notre comportement, non seulement à observer mais à intervenir activement dans le cours de nos vies ordinaires et à les régler en s’y insinuant de diverses manières – indices subliminaux, nudges, dynamiques de comparaison sociale artificielles, microciblages psychologiques, gamification, récompenses et punitions en temps réel. Tout cela, ce sont des techniques, des mécanismes utilisés sur le web et en dehors du web, dans le monde physique, pour influencer notre comportement, pour pousser notre comportement dans une certaine direction. Cela maximise la certitude, cela maximise les résultats attendus des prédictions et devient donc plus lucratif dans la compétition pour la certitude. Il s’agit donc d’un tout nouveau domaine, qui relève d’économies d’actions.

    On pourrait vous objecter que ces dispositifs d’influence ne datent pas des années 2000, mais remontent à bien plus loin.Retour ligne automatique
    Les gens me disent en effet souvent : « Nous avons de la publicité persuasive depuis le milieu du XIXe siècle. Il n’y a rien de nouveau là-dedans ». Ce genre de choses me rend folle, parce que c’est la rengaine « plus ça change, plus c’est la même chose ». Mais non, ce n’est pas « la même chose » ! Il faut être attentif aux circonstances matérielles toujours changeantes dans lesquelles la vie humaine se déploie. Et ces circonstances matérielles produisent un changement qualitatif, et pas seulement quantitatif, dans les conditions d’existence. Il est très dangereux de dire « Oh, ce n’est que de la persuasion ». Nous disposons maintenant d’une infrastructure numérique ubiquitaire qui imprègne nos vies en ligne et nos vies dans le monde réel. Et cette infrastructure omniprésente peut être mobilisée pour influencer notre comportement, nos attitudes, nos pensées, nos sentiments. Et cela est absolument sans précédent.Retour ligne automatique
    C’est pourquoi je parle de la naissance d’un pouvoir instrumentarien, en essayant d’expliquer pourquoi nous ne le comprenons pas et combien il est essentiel pour nous de le comprendre. Parce que c’est une nouvelle forme de pouvoir et qu’il s’inscrit dans nos sociétés, dans nos vies et dans notre politique. En effet, ces économies d’action, la capacité à l’échelle d’utiliser ces mécanismes – indices subliminaux, dynamiques de comparaison artificielles, microciblages psychologiques, etc. –, d’utiliser ces mécanismes et de les réorienter à des fins politiques, c’est précisément ce que nous avons vu avec Cambridge Analytica. Cela a fait peur à tout le monde. C’est ce que nous avons vu se produire – nous le savons à présent – lors de la campagne de Trump en 2016, et cela a peut-être fait la différence lors de l’élection de Trump en 2016. C’est cela, les mécanismes et les méthodes inventés par le capitalisme de surveillance et la compétition pour la certitude, réquisitionnés par des agents politiques, axés sur des objectifs politiques, qui pourraient bien être responsables de la présidence de Trump.

    Outre les usages politiques des technologies de surveillance, j’aimerais revenir brièvement sur la nature du capitalisme dont il est question ici. Quel est son lien avec les développements récents de la finance, et avec ce que des analystes comme Randy Martin ont appelé « la financiarisation de la vie quotidienne ».Retour ligne automatique
    S’il n’y avait pas eu de financiarisation, je ne suis pas sûre que le capitalisme de surveillance aurait pu voir le jour. La financiarisation a grandement participé à insinuer dans la mentalité humaine l’idée selon laquelle le capitalisme tournerait moins autour de la vente de biens et de services que sur des activités complètement dérivées – sur des sortes de produits dérivés, des valeurs plus abstraites, dérivées de vrais produits et services. En effet, c’est à ce moment-là que les entreprises ont commencé à gagner de l’argent non plus sur leurs produits, mais sur le financement de leurs produits. Les entreprises ont commencé à gagner de l’argent non plus grâce à leurs services, mais grâce à leurs investissements de portefeuille dans des produits financiers – ce qu’elles pouvaient se permettre grâce au capital généré par leurs services. Voilà comment la financiarisation nous a appris à penser la capitalisation comme étant intrinsèquement parasitaire et dérivée.Retour ligne automatique
    Le capitalisme de surveillance va plus loin dans cette voie. Toute la logique d’accumulation – la richesse s’accumulant effectivement dans le capitalisme de surveillance – est entièrement dérivée, entièrement parasitaire. Cela commence par un surplus comportemental arraché à notre expérience. Notre expérience, en tant que telle, n’a aucun intérêt pour le capitalisme de surveillance. Guérir ma maladie, cela n’a aucun intérêt. Les capitalistes de surveillance veulent juste savoir ce que je cherche sur le web au jour le jour. M’aider à obtenir un prêt hypothécaire équitable, cela n’a aucun intérêt. Ils veulent seulement savoir le travail que j’ai fait pour essayer d’obtenir un prêt hypothécaire. Qu’est-ce que j’ai cherché ? Et comment cela se combine-t-il à mes données démographiques, à mon crédit et à mes achats ? Ils font tout cela en créant des profils sur moi. Mais personne ne revient en arrière pour dire : « Hé, laissez-moi vraiment vous aider à obtenir un prêt hypothécaire honnête pour vous et votre famille. » Cela n’a absolument aucun intérêt pour eux. C’est pourquoi je parle de surplus comportementaux « arrachés » : ce qui reste derrière, c’est la carcasse de nos vies présentes. C’est comme prendre l’ivoire d’un éléphant. Ce qui reste, c’est moi et ma vie avec tous mes problèmes et mes difficultés.Retour ligne automatique
    Quand Henry Ford a inventé le modèle T, il essayait en fait de résoudre des problèmes de la vie réelle de vraies personnes (des gens qui voulaient une voiture au prix qu’ils étaient en mesure de payer – des agriculteurs et des commerçants). Certes, Henry Ford était une personne horrible : il était antisémite et misogyne, et il était détestable à bien des égards. Mais le capitalisme industriel fondé sur la production de masse s’est étendu dans le monde entier parce qu’il résout les problèmes réels de gens réels. C’est ce dont Schumpeter a fait l’éloge.Retour ligne automatique
    À présent, le secteur de la Tech reprend une expression de Schumpeter, celle de « destruction créative », et s’en sert comme insigne d’honneur pour son activité parasitaire. Alors qu’en fait Schumpeter ne parlait pas seulement de « destruction créative ». Schumpeter parlait de mutations économiques qui, selon sa propre théorie, profitent à tout le monde, donc augmentent la classe moyenne, augmentent la prospérité des gens ordinaires : c’est ce qui définit la mutation économique dans son esprit. Or ce n’est pas du tout ce qu’a fait le capitalisme de surveillance – dont le modèle de profit est parasitaire en ne s’intéressant qu’aux produits dérivés de nos expériences personnelles.

    Que dites-vous aux défenseurs de Google qui pourraient dire : « OK, Google extrait mon surplus comportemental pour profiter de ses produits dérivés, mais il me rend aussi un service réel : lorsque je fais une recherche, je peux trouver quelque chose facilement. Henry Ford a produit des voitures et Google produit une capacité d’accès à des informations pertinentes sur l’énorme quantité de données sur Internet » ?Retour ligne automatique
    Henry Ford a produit des voitures – et maintenant nous avons le réchauffement climatique ! Autrement dit : nous avons des externalités. Cela aurait pu être différent, mais nous devons maintenant faire face à ces externalités. Tout ce que nous avons sera remis en question pour compenser ces externalités. Maintenant, pour être juste envers Ford, il n’avait aucune idée de tout cela, nous n’avions pas la science du climat, donc il ne l’a pas fait exprès.Retour ligne automatique
    Google nous permet de faire des recherches Internet et c’est formidable, mais cela s’accompagne aussi d’externalités. Cependant, contrairement à Henry Ford, nous savons maintenant identifier ces externalités. Nous connaissons les externalités provenant de concentrations de connaissances sans précédent, provoquant des concentrations de pouvoir sans précédent – générant un pouvoir que j’appelle « instrumentarien ». Nous connaissons les objectifs visant à remplacer la démocratie par une gouvernance informatique, par une gouvernance algorithmique. Nous avons déjà bien vu cela, dans de nombreux cas, et ce n’est qu’un début. Nous connaissons les objectifs de la modification des comportements. Nous voyons les effets de la désinformation, nous voyons les effets de l’addiction. Nous en voyons les effets chez nos enfants : diminution de l’identité, de la capacité de jugement moral indépendant. Nous sommes face à ce chaos. Dans mon pays, en ce moment, le chaos dans lequel nous nous trouvons à l’approche de cette élection très importante est dû à 100 % aux externalités du capitalisme de surveillance.Retour ligne automatique
    Ma réponse à cela est donc : faisons des recherches sur Internet, et utilisons les réseaux sociaux, faisons-le, faisons appel à la technologie numérique – mais faisons-le sans les externalités du capitalisme de surveillance. Utilisons la technologie numérique d’une manière qui réponde réellement à nos problèmes, qui subvienne aux besoins des gens et qui réponde aux véritables besoins sociaux. Pas cette activité parasitaire dans laquelle toutes ces prédictions qui sortent des usines de calcul sont centrées sur moi, mais pas pour moi. Elles sont vendues à un groupe restreint d’entreprises clientes qui parient sur mon comportement futur afin d’améliorer leurs revenus et leurs profits.Retour ligne automatique
    Vous avez donc ces marchés qui profitent de mes problèmes et qui parient sur mon avenir. Vous avez les entreprises de la Tech, les capitalistes de la surveillance qui profitent de ma vie sans y contribuer. Et vous avez les investisseurs qui bénéficient de la capitalisation boursière, la capitalisation boursière construite sur ces opérations parasitaires, fondamentalement illégitimes. Il y a donc un groupe restreint de personnes qui s’enrichissent, et le reste d’entre nous qui observe cette concentration croissante de connaissances, de richesses et de pouvoir, en se disant « Mais qu’est-ce qui se passe ici ? Et nous, alors ? »

    Comment nous émanciper de ce pouvoir instrumentarien et extractiviste, qui profite de l’exploitation de nos expériences personnelles en générant des externalités funestes ? Autrement dit, quel agenda politique émane de votre analyse du capitalisme de surveillance ?Retour ligne automatique
    Il semble parfois n’y avoir aucun espoir, mais ce n’est pas le cas. La première chose à savoir, c’est que le capitalisme de surveillance n’a que vingt ans. La démocratie est plus ancienne. La raison pour laquelle le capitalisme de surveillance a connu un tel succès depuis vingt ans est qu’il n’y a pratiquement pas eu de loi pour lui faire obstacle. À la marge, un peu ici et là, dans quelques pays, le RGPD (règlement général sur la protection des données) a pu être un vague obstacle, comme certains ont pu le penser : mais c’est juste un début, et certainement pas une fin. Nous n’avons donc pas vraiment eu de loi pour faire obstacle au capitalisme de surveillance. Si nous avions vraiment pris des mesures en ce sens ces vingt dernières années et que nous étions toujours dans cette situation, je serais beaucoup plus pessimiste. Mais ce n’est pas le cas.Retour ligne automatique
    Mon point de vue est le suivant : qu’il s’agisse de l’antitrust ou du RGPD, nous n’avons pas encore le type de lois et de paradigmes de réglementation (de chartes, des droits et de structures institutionnelles) dont nous avons besoin pour rendre cet avenir numérique compatible avec la démocratie. Et cela veut dire que nous n’avons pas les outils, les outils juridiques dont nous avons besoin pour suspendre et interdire les mécanismes clés du capitalisme de surveillance. Il est donc essentiel de comprendre ces mécanismes, car, une fois qu’on les a compris, la perspective de les suspendre et de les interdire n’est pas aussi écrasante.Retour ligne automatique
    Par exemple, j’ai soutenu que les marchés qui font le commerce de l’avenir humain (markets that trade in human futures) devraient être illégaux. Les marchés qui font le commerce d’organes humains sont illégaux. Les marchés qui font le commerce d’êtres humains sont illégaux. Et ils sont illégaux parce que nous savons qu’ils entraînent indubitablement des conséquences néfastes, dangereuses et antidémocratiques. Ils entraînent indubitablement des préjudices qui sont intolérables pour une société démocratique. Et je soutiens que les marchés, le commerce de l’avenir humain, entraînent également des dommages qui sont intolérables pour la démocratie. Nous pouvons donc rendre ces marchés illégaux.Retour ligne automatique
    Et si nous le faisons, nous supprimons complètement les incitations financières. Nous éliminons de toute cette sphère ce que j’appelle le « dividende de la surveillance », ce dividende parasitaire. Et nous disons alors : « Donnez-nous la technologie numérique, mais donnez-nous la technologie numérique sous une forme qui nous respecte, qui respecte notre droit de revendiquer la souveraineté sur notre propre expérience personnelle ».Retour ligne automatique
    Du côté de la demande, donc, nous avons ces marchés à terme où il y a des incitations financières qui créent une demande pour les produits de prédiction. Du côté de la demande, il y a donc un moyen d’intervenir et de changer réellement la dynamique. Et si nous le faisions, cela ouvrirait instantanément le paysage concurrentiel à une véritable innovation. Pour tous les gens qui sont là – car il y en a littéralement des centaines dans ma boîte de réception chaque semaine qui ont des idées sur la façon dont nous devrions faire de la recherche et sur la façon dont nous devrions utiliser la technologie numérique pour résoudre toutes sortes de problèmes sans le capitalisme de surveillance –, nous pouvons facilement imaginer le numérique sans le capitalisme de surveillance. En revanche, nous ne pouvons pas imaginer le capitalisme de surveillance sans le numérique. La suspension de ces incitations financières ouvre donc la voie à une nouvelle ère d’innovation numérique. Tant mieux.

    Voilà pour ce qui concerne le côté de la demande. Comment peut-on agir du côté de l’offre ?Retour ligne automatique
    Le côté de l’offre, c’est celui où l’expérience humaine personnelle est considérée comme matière première gratuite, dont on cherche à extraire des surplus comportementaux. Cette activité que l’on appelle capitalisme de surveillance est conçue pour être secrète, pour nous maintenir dans l’ignorance. Si vous la décrivez à n’importe quel enfant de huit ans, il répondra : « Mais c’est du vol ! » Et il aura raison. Le système actuel est un permis de voler. Les capitalistes de surveillance ont eu le droit de voler, tout l’édifice est construit sur une base illégitime, à savoir nous prendre sans demander. Donc, du côté de l’offre, nous devons définir de nouveaux droits, que j’appelle des droits épistémiques.Retour ligne automatique
    Depuis que j’ai publié le livre, j’ai beaucoup écrit sur l’égalité épistémique, sur les droits épistémiques, et sur la justice épistémique. Les questions principales sont : Qui sait ? Qui décide ? Qui décide qui sait ? Qui décide qui décide ? Ce sont des questions de connaissances, d’autorité et de pouvoir.Retour ligne automatique
    Avant le pouvoir instrumentarien, on considérait comme un droit élémentaire le fait que je sois le seul à connaître mon expérience personnelle – et peut-être que je la partage avec un ami, ou avec ma famille, ou avec mon partenaire, mais c’est moi qui décidais. Je savais et je décidais. Et il n’y avait pas vraiment matière à contestation à ce sujet, car la vie humaine était ainsi faite. Les humains ont une vie limitée dans le temps : on mourait, parfois nos vies étaient traduites en histoire ou en mythe, et puis plus tard il restait des photos et des lettres… Le fait de savoir quand décider qui sait ou ne sait pas ne devait pas être codifié en un droit juridique formel.Retour ligne automatique
    Mais maintenant, c’est le cas. Les droits sont codifiés dans l’histoire, tout comme le droit à la liberté d’expression a été codifié dans l’histoire. Je veux dire que quiconque est né sans handicap particulier peut parler. Si vous êtes en bonne santé d’un point de vue physiologique, vous pouvez parler. Vous n’avez pas besoin d’un droit à la parole, pas plus que vous n’avez besoin d’un droit de vous lever et de vous asseoir (tant que vous êtes en bonne santé). Mais à un certain moment de l’histoire de l’humanité, à cause de la pression politique, de la nature changeante de la société et nos conditions d’existence, nous avons dû codifier un droit à la liberté d’expression. Et nous l’avons fait.Retour ligne automatique
    Maintenant, au XXIe siècle, nous devons définir un droit qui garantisse à chacun la souveraineté sur son expérience personnelle – à savoir : je connais et je décide qui connaît mon expérience personnelle. Si je veux que mon expérience personnelle soit traduite en données, et si je veux donner ces données à un groupe qui travaille sur une forme particulière de cancer, ou à un groupe qui cherche à trouver des solutions contre la pauvreté dans mon quartier ou dans ma communauté, ce sont des décisions que je prends.

    C’est là, pour vous, le défi principal de notre époque ?Retour ligne automatique
    Tout à fait. Du côté de l’offre, nous avons besoin d’un nouveau droit. Du côté de la demande, nous avons besoin de nouvelles lois et de nouveaux paradigmes de réglementation. Et ces mesures ne sont pas difficiles à mettre en place. Ne pas les mettre en place, ce serait comme si nous étions arrivés à la fin du XXe siècle et qu’il n’y avait pas de lois sur le travail des enfants ; ou bien qu’il n’y avait pas de droit d’adhérer à un syndicat ou de négocier collectivement ; pas de droit de grève ; pas d’institutions qui encadrent les institutions démocratiques, qui encadrent la sécurité des salariés, leurs salaires ; pas d’institutions qui encadrent la sécurité de nos aliments, de nos médicaments, de nos bâtiments, de notre environnement ; pas de filets de sécurité en matière de santé, de retraite et de vieillissement. Imaginez que l’on ait vécu au XXe siècle sans rien de tout cela. Le XXe siècle aurait été un siècle de ténèbres, de souffrance, d’oligarchie, de servitude.Retour ligne automatique
    C’est là où nous en sommes aujourd’hui. Nous nous dirigeons vers un avenir numérique sans les protections dont nous avons besoin. Et mon argument est que, Dieu merci, ce n’est pas la fin du XXIe siècle. C’est encore le début. Nombre de ces protections dont nous disposions au XXe siècle ne sont pas apparues avant la troisième et la quatrième décennie. Je suis donc convaincue à présent que cette décennie, la troisième décennie du XXIe siècle, doit être le moment où nous nous attelons à ce travail. Parce qu’une décennie de plus sans protection et sans trouver une nouvelle voie pour l’avenir deviendra très, très difficile – et, j’en ai bien peur, beaucoup plus violente que ce à quoi nous sommes confrontés aujourd’hui.Retour ligne automatique
    Voici donc mon appel à agir pour les législateurs, pour les citoyens, pour tous ceux qui se soucient de l’avenir de la démocratie : nous devons élaborer un modèle d’avenir numérique qui soit conforme à nos aspirations en tant que démocraties libérales. Et nous n’avons pas encore fait ce travail.

    Shoshana Zuboff, L’Âge du capitalisme de surveillance, traduit de l’anglais par Bee Formentelli et Anne-Sylvie Homassel, éditions Zulma, 2020.

    Traduit de l’anglais par Clément Duclos.

    L’enregistrement audio de cet entretien en anglais est disponible en podcast sur le site de l’EUR ArTeC.

    Yves Citton

    Professeur de littérature et médias, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, co-directeur de la revue Multitudes

    #Google #Microsoft #Amazon #Facebook #Twitter #algorithme #smartphone #technologisme #[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données_(RGPD)[en]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR)[nl]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR) #émotions #législation #addiction (...)

    ##[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données__RGPD_[en]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_[nl]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_ ##bénéfices ##BigData ##comportement ##GAFAM ##surveillance

  • « Les réseaux sociaux hébergent les pires immondices dont sont capables des humains »
    https://larevuedesmedias.ina.fr/reseaux-sociaux-moderateurs-web-sarah-t-roberts

    La chercheuse américaine Sarah T. Roberts signe une enquête de référence sur les modérateurs, ces milliers de travailleurs qui, dans l’ombre, sont chargés de nettoyer le web. Internet ne va pas de soi. C’est, au fond, ce que Sarah T. Roberts a voulu mettre en évidence en enquêtant pendant huit ans sur les « nettoyeurs du web ». Chercheuse et enseignante en sciences de l’information à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA), elle a rencontré des dizaines de modérateurs. Chargés de faire le tri (...)

    #Facebook #algorithme #Twitter #manipulation #modération #violence #SocialNetwork #santé

    ##santé

  • Facebook sues two companies engaged in data scraping operations
    https://techcrunch.com/2020/10/01/facebook-sues-two-companies-engaged-in-data-scraping-operations/?tpcc=ECTW2020&guccounter=1&guce_referrer=aHR0cHM6Ly90LmNvL0NJN29FRk1jUG

    Facebook today says it has filed a lawsuit in the U.S. against two companies that had engaged in an international “data scraping” operation. The operation extended across Facebook properties, including both Facebook and Instagram, as well as other large websites and services, including Twitter, Amazon, LinkedIn and YouTube. The companies, who gathered the data of Facebook users for “marketing intelligence” purposes, did so in violation of Facebook’s Terms of Service, says Facebook. The (...)

    #Amazon #Facebook #Instagram #LinkedIn #Twitter #YouTube #données #DataBrokers #profiling #publicité #scraping (...)

    ##publicité ##SocialNetwork

  • Chaos Monkeys
    https://www.harpercollins.com/products/chaos-monkeys-antonio-garcia-martinez?variant=32207601565730

    The instant New York Times bestseller, now available in paperback and featuring a new afterword from the author—the insider’s guide to the Facebook/Cambridge Analytica scandal, the inner workings of the tech world, and who really runs Silicon Valley “Incisive.... The most fun business book I have read this year.... Clearly there will be people who hate this book — which is probably one of the things that makes it such a great read.” — Andrew Ross Sorkin, New York Times Imagine a chimpanzee (...)

    #Facebook #Twitter #bénéfices #marketing #SocialNetwork

  • Injustices - Ou peut-être une nuit
    Louie Media
    #TW #inceste

    Dans cette deuxième saison d’Injustices, « Ou peut-être une nuit », Charlotte Pudlowski décortique la fabrique du silence autour de l’inceste.

    Ou peut-être une nuit 1/6 : « Ce que ma mère ne m’avait jamais dit
    https://www.youtube.com/watch?v=K_btxsjH0gA

    Ou peut-être une nuit 2/6 : « Apprendre à se taire »
    https://www.youtube.com/watch?v=DjasrY1UvJk

    Ou peut-être une nuit 3/6 « L’Ampleur du problème »
    https://www.youtube.com/watch?v=AgAX2LJ2eZk

    Ou peut-être une nuit 4/6 : « Une histoire de haine et de domination »
    https://www.youtube.com/watch?v=SWXO-lw86Ig

    Ou peut-être une nuit 5/6 : « Les poupées russes du silence »
    https://www.youtube.com/watch?v=JbF424IRwd4

    Ou peut-être une nuit 6/6 : « Le monde que construit l’inceste »
    https://www.youtube.com/watch?v=dDoxMjfxlFI

    #viol #culture_du_viol #famille #silenciation #patriarche

  • We need to rethink social media before it’s too late. We’ve accepted a Faustian bargain
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2020/sep/27/social-dilemma-media-facebook-twitter-society

    A business model that alters the way we think, act, and live our lives has us heading toward dystopia When people envision technology overtaking society, many think of The Terminator and bulletproof robots. Or Big Brother in George Orwell’s 1984, a symbol of external, omnipotent oppression. But in all likelihood, dystopian technology will not strong-arm us. Instead, we’ll unwittingly submit ourselves to a devil’s bargain : freely trade our subconscious preferences for memes, our social (...)

    #Google #Facebook #Instagram #Twitter #YouTube #algorithme #émotions #addiction #bénéfices #comportement #microtargeting #profiling #santé #SocialNetwork (...)

    ##santé ##surveillance
    https://i.guim.co.uk/img/media/9f77718e08e23282d272df642b39e17b91473bfb/0_543_5590_3354/master/5590.jpg

  • Twitter n’est toujours pas à la hauteur s’agissant de protéger les femmes contre les violences et les abus en ligne
    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2020/09/twitter-failing-women-over-online-violence-and-abuse

    Twitter n’en fait toujours pas assez pour protéger les femmes contre les violences et les abus en ligne, malgré de multiples promesses, révèle la nouvelle analyse d’Amnesty International. Twitter n’agit pas suffisamment pour faire barrage au déluge de violence que subissent les femmes sur la plateforme. Rasha Abdul Rahim, co-directrice d’Amnesty Tech Le programme Twitter Scorecard évalue le bilan de ce réseau social s’agissant de mettre en œuvre une série de recommandations pour éradiquer les (...)

    #Twitter #sexisme #violence #femmes #harcèlement #Amnesty

  • Twitter still failing women over online violence and abuse
    https://www.amnesty.org/en/latest/news/2020/09/twitter-failing-women-over-online-violence-and-abuse

    Twitter is still not doing enough to protect women from online violence and abuse, despite repeated promises to do so, new analysis by Amnesty International reveals. Twitter is still not doing enough to tackle the deluge of abuse women face on the platform. Rasha Abdul Rahim, Co-Director of Amnesty Tech. The Twitter Scorecard grades the social media company’s record on implementing a series of recommendations to tackle abuse against women on the platform, since Amnesty first (...)

    #Twitter #sexisme #violence #femmes #harcèlement #Amnesty

  • Twitter privilégie-t-il les personnes blanches aux personnes noires sur les photos ?
    https://www.numerama.com/tech/649576-twitter-privilegie-t-il-les-personnes-blanches-aux-personnes-noires

    Des internautes ont découvert que l’algorithme qui choisit quelle partie d’une photo s’affiche en aperçu sur Twitter semble privilégier les photos de personnes blanches par rapport aux personnes noires. Le réseau social s’intéresse de près à ce constat. Ce sont deux photos d’hommes politiques américains : Mitch McConnell est un sénateur blanc de 78 ans, Barack Obama est un ancien président américain noir de 59 ans. Lorsque l’on publie leur photo l’une en-dessous de l’autre sur Twitter, c’est Mitch (...)

    #Twitter #algorithme #racisme #biais #discrimination

    //c1.lestechnophiles.com/www.numerama.com/content/uploads/2020/09/stock-image.jpg

  • Twitter apologises for ’racist’ image-cropping algorithm
    https://www.theguardian.com/technology/2020/sep/21/twitter-apologises-for-racist-image-cropping-algorithm

    Users highlight examples of feature automatically focusing on white faces over black ones Twitter has apologised for a “racist” image cropping algorithm, after users discovered the feature was automatically focusing on white faces over black ones. The company says it had tested the service for bias before it started using it, but now accepts that it didn’t go far enough. Twitter has long automatically cropped images to prevent them taking up too much space on the main feed, and to allow (...)

    #Twitter #algorithme #racisme #biais #discrimination

    https://i.guim.co.uk/img/media/1696fddc3849785c68cd1dbfe1e906ebc718026b/0_185_4000_2400/master/4000.jpg

  • Why don’t more people say f**k the algorithm ?
    https://thecorrespondent.com/706/why-dont-more-people-say-f-k-the-algorithm/851046359306-112317b5?pk_campaign=collection-notifier&pk_source=em

    Protest movements around the world have become inherently digital, but why are there so few protests responding to governments’ online actions ? And find out how volunteers are tracking down tourists breaking quarantine in Hawaii. We live in a digital society. But while the internet’s relationship with protest movements has become truly intertwined over the past decade (think Belarus or the Arab Spring), it is still rare to see street protests that have been provoked by digital policy or (...)

    #Facebook #Twitter #algorithme #biométrie #facial #reconnaissance #COVID-19 #délation #discrimination #enseignement #LGBT #pauvreté #santé #SocialCreditSystem #SocialNetwork #CNIL (...)

    ##pauvreté ##santé ##GlobalVoices

  • ARTE Radio : Reportages, témoignages et bruits pas sages | ARTE Radio
    https://www.arteradio.com/son/61664642/tour_de_fric

    Perdants,
    Gagnantes,

    J’ai vu récemment un match de #football parce que je suis resté un gars simple, et j’ai constaté qu’on remplit désormais les stades vides avec de faux sons de public. A l’image le match se déroule en direct, avec la garantie qu’il se passe quelque chose de réel, mais le son, lui, est entièrement rajouté. On subit un brouhaha artificiel, une rumeur factice, de fausses voix de supporters. Un volapük sans humanité. En régie, un technicien qui devrait avoir honte tente d’accorder ce faux son à l’action véritable : il monte le volume des cris en cas d’attaque, ajoute des sifflets après une faute, et impose 90 minutes de bousin écoeurant de flatulences robotiques. Et tout le monde s’en fout. Personne n’en parle ni ne proteste. Sauf ARTE Radio, qui entend porter l’affaire au Tribunal de La Haye pour crime contre les oreilles de l’humanité. Car écoute-moi bien, sale capitalisme obsédé du pognon, il s’agit là tout simplement d’un mensonge. De quel droit peut-on truquer la retransmission du réel ? A ce compte-là, autant animer les joueurs en CGI, ça fera peut-être gagner le PSG. Mais quand il s’agit du son, tout le monde s’en fout, ah la la purée de sa race. Sauf que non, en fait, c’est tout le contraire. Ce minable trucage est bien la preuve que c’est le son qui compte. Que personne ne supporterait un match dans un silence seulement rompu par les tendres échanges des joueurs et le chuchotis de l’entraîneur. Vous et moi le savons bien, le son, c’est la vie, même s’il faut encore que j’améliore ce slogan. Vous êtes trois fois plus nombreuses à nous écouter en 2020 qu’en 2019. Vous avez été 288, record battu, à participer à notre concours d’été. Vous êtes la Vérité, la Voix et la Vertu. Tous ensemble, exigeons des trains qui sifflent dans la nuit, des chants d’oiseaux en rut. Exigeons le murmure de l’intime et la voix des marges. Ecoutons Livo coincer son micro dans la roue du Tour. Roisin Burns rêver aux pirates de Liverpool. Elise Costa bander le suspense d’un procès. Richard Gaitet et Tristan Garcia voltiger sur Ellroy, l’écriture et la SF. Fermons les yeux au faux, au fade, au facile. Ouvrons-nous au best du bloup, au fun du dring, au top of the plop

    je ne suis pas amateur de foot mais c’est vrai que les match avec ce son tout trafiqué c’est encore plus naze. Heureusement que des fois ils se mettent sur la gueule, ça met un peu d’ambiance !

  • Haine en ligne : ils veulent lutter autrement que les GAFAM
    https://www.franceculture.fr/numerique/haine-en-ligne-ils-veulent-lutter-autrement-que-les-gafam

    Les géants du net ont multiplié les initiatives pour lutter contre haine et désinformation cet été. Comptes bloqués, vidéos censurées, labels signalant les « médias affiliés à un État ». Mais pour les promoteurs de l’internet libre, le problème est bien plus profond. Tour d’horizon de leurs solutions. YouTube, Twitter, Facebook... Les grandes plateformes n’hésitent plus à intervenir désormais lorsqu’un contenu ne respecte pas les règles du réseau. L’ex humoriste Dieudonné en a fait les frais cet été, banni de (...)

    #Google #Facebook #Instagram #Twitter #YouTube #bot #algorithme #manipulation #censure #modération #GAFAM (...)

    ##LaQuadratureduNet

  • Apple’s New Privacy Settings Could Protect Us From Trackers. But Do We Care ?
    https://onezero.medium.com/data-privacy-exhaustion-is-real-9ca868068f2b

    Protecting our personal info is a lifestyle choice many of us aren’t making “I am currently reading an article titled ‘10 Ways to Keep Sweaty Hands From Holding You Back,’” a man shouts from a toilet cubicle in Apple’s latest iPhone video. The ad is about a new feature in iOS 14 that blocks tracking cookies : bits of code that follow you across the internet so you can be targeted by ads. In the video, people shout aloud private information to highlight what tracking cookies are doing behind the (...)

    #Apple #Google #Microsoft #Stripe #Facebook #Twitter #Zoom #cookies #iPhone #smartphone #[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données_(RGPD)[en]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR)[nl]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR) #BigData #DataBrokers (...)

    ##[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données__RGPD_[en]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_[nl]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_ ##microtargeting ##publicité ##EFF

  • A l’Elysée, la mue « républicaine » du macronisme [avec de l’ethos de droite, du Zemmour, du Valeurs actuelles, ndc]
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/09/14/a-l-elysee-la-mue-republicaine-du-macronisme_6052101_823448.html

    La ligne dite « régalienne » prend de plus en plus de poids à la présidence de la République. Avec un objectif : mettre Emmanuel Macron en position de reconquérir les classes populaires pour 2022.

    Une image léchée, impeccable. Entre les hauts murs du Panthéon, Emmanuel Macron écoute le chœur de l’armée française chanter La Marseillaise. Le chef de l’Etat vient de présider une cérémonie de naturalisation, prétexte à vanter la République comme un « bloc », fustiger « séparatisme » et repentance. Devenir français, c’est « aimer nos paysages, notre histoire, notre culture », clame-t-il ce 4 septembre, sa voix résonnant comme dans une église. « Le sacre de Reims et la Fête de la Fédération. On ne choisit jamais une part de France, on choisit la France. » D’un bloc, toujours. Quatre jours plus tard, à l’Elysée, deux conseillers se croisent dans les couloirs du palais. « Tu as vu, lance le premier au second, le discours a plu à Eric Zemmour, il a demandé sur CNews qui en était l’auteur ! »

    En coulisses, ce discours commémoratif – également salué par Jean-Pierre Chevènement ou l’ex-plume de Nicolas Sarkozy Camille Pascal – a été l’objet d’un jeu d’influences qui en dit long sur l’évolution du quinquennat depuis trois ans. Inspirée par le conseiller mémoire, Bruno Roger-Petit, et mise en musique par la plume du président, Jonathan Guémas, tous deux tenants d’une ligne dite « régalienne » à l’Elysée, cette harangue aux accents patriotes tranche singulièrement avec l’esprit de 2017, quand le candidat d’En marche !, qui affichait optimisme et modernité, reprochait à Manuel Valls sa rigidité. Mais, à deux ans de la présidentielle, il n’est plus temps de vanter la diversité ou de prôner une vision ouverte de la société. Plutôt d’opérer la mue « républicaine » du macronisme, en lançant une offensive sur la laïcité, le communautarisme ou la sécurité.

    Une fois n’est pas coutume, le discours du Panthéon n’a pas été relu par le conseiller spécial, Philippe Grangeon. Le fait est suffisamment rare pour être noté tant ce social-démocrate, qui fut l’un des principaux artisans de l’aventure En marche !, occupe un rôle central dans le dispositif présidentiel. Mais l’ancien dirigeant de la CFDT, 63 ans, a décidé de prendre sa retraite ; il quitte le palais le 15 septembre. Celui que ses adversaires dépeignent en « libéral », représentant de la « gauche américaine », prétendument éloigné d’une vision assimilationniste de la République, aurait-il contribué à changer la tonalité du texte s’il l’avait visé ? L’éminence grise, pour qui le social est la base de tout, aura en tout cas répété jusqu’au bout qu’à ses yeux le macronisme reconnaît et respecte les diversités du pays.

    Incarnation et verticalité

    Appartenant à la même mouvance sociale-démocrate, deux anciens stratèges du quinquennat précédent, l’ancien conseiller en communication de François Hollande, Gaspard Gantzer, et l’ex-plume de Manuel Valls, Benjamin Djiane, ont bien tenté, de leur côté, de peser sur ce discours de rentrée. Dans une note envoyée à l’Elysée, trois jours avant, ils ont plaidé pour une République ouverte et capable de reconnaître ses « erreurs lourdes » dans l’histoire. Mais c’est la ligne dure qui l’a emportée. D’aucuns pointent le doigt vers Bruno Roger-Petit pour désigner l’homme se cachant derrière cette orientation.

    Cet ancien journaliste, nommé porte-parole de l’Elysée en 2017, avait été écarté de son poste un an plus tard après une conférence de presse ratée pendant l’affaire Benalla, et nommé conseiller mémoire. Ses adversaires le pensaient mis au placard. Rival de l’ancienne plume Sylvain Fort, « BRP » a entretenu des relations tendues avec les « mormons », ces jeunes conseillers ayant accompagné Emmanuel Macron dans sa conquête du pouvoir, comme Ismaël Emelien ou Sibeth Ndiaye. Imprégnés des démocrates américains, ces derniers sont d’ardents défenseurs de l’horizontalité, du progressisme et de la « start-up nation », sur fond de dépolitisation.

    A l’inverse, Bruno Roger-Petit plaide pour l’enracinement dans l’histoire, l’incarnation et la verticalité, défendant une ligne « gaullo-mitterrandienne ». Pourfendeur de « l’identité heureuse » d’Alain Juppé, inspirateur de la formule « l’art d’être français », prononcée par le chef de l’Etat après l’incendie de Notre-Dame de Paris, l’ex-journaliste aime se référer à l’entretien accordé par M. Macron en 2015 à l’hebdomadaire Le 1, dans lequel il évoquait la figure du roi, dont « l’absence » continue de hanter la démocratie française. Le président se vante de maîtriser les codes de la droite culturelle (« J’ai un ethos de droite », confie-t-il à ses proches) afin de mieux la trianguler ; « BRP » se plaît à vouloir mettre en musique cette ambition, censée contribuer à désamorcer la menace populiste.

    Le conseiller – issu de la gauche et qui se défend d’avoir viré à droite – est ainsi l’officier traitant au palais des nouveaux hussards de la droite conservatrice, qui portent selon lui « une part de l’esprit français ». En mai, il s’est ainsi félicité qu’Emmanuel Macron appelle Eric Zemmour pour réconforter le polémiste, pris à partie par un homme dans la rue. Le conseiller mémoire aime également débattre et tester ses formules avec Geoffroy Lejeune, patron de la rédaction de l’hebdomadaire droitier Valeurs actuelles. « Un journal de punks », sourit-il.

    Les adversaires de « BRP » assurent que le conseiller n’appartient pas au dispositif stratégique du chef de l’Etat, et qu’il ne faudrait pas voir en lui un nouveau Patrick Buisson, l’omniprésent « mauvais génie » de Nicolas Sarkozy. Mais ses amis, qui le décrivent comme « truculent et cultivé », croient voir sa main derrière certains arbitrages présidentiels.

    « Je m’en fous des bourgeois »

    Au palais, la ligne « régalienne » compte d’autres soutiens, qui partagent avec M. Macron l’analyse d’une cassure entre les Français et leurs élites. Comme la plume du président Jonathan Guémas, ex-collaborateur de Gérard Collomb à Lyon, marqué par son passage place Beauvau, où il a été brutalement confronté aux questions d’insécurité et de communautarisme. Avec « BRP », le jeune normalien partage parfois la table du questeur de l’Assemblée nationale Florian Bachelier, qui convie les députés par fournées à venir écouter la bonne parole de ces deux émissaires de l’Elysée. L’ex-conseiller intérieur, Laurent Hottiaux, participait de la même mouvance avant sa nomination comme préfet des Hauts-de-Seine en août. Il a été remplacé à son poste par Frédéric Rose, un expert de la lutte contre l’islamisme. Enfin, le directeur du cabinet du chef de l’Etat, Patrick Strzoda, défend lui aussi une stratégie de reconquête des classes populaires à travers ces sujets. « Je m’en fous des bourgeois, ils voteront toujours pour nous ! », a-t-il un jour glissé à un visiteur.

    Hantés par le souvenir de Lionel Jospin, qui a trébuché sur la sécurité en 2002, ces stratèges regrettent que les questions d’identité et de sécurité restent un « impensé de la deuxième gauche ». « Le pays a besoin d’ordre et de justice », explique l’un d’eux. A leurs yeux, le costume présidentiel du « prince » habité par l’histoire colle davantage aux aspirations des Français que celui du « manageur » de la start-up nation, prétexte aux procès en « déracinement ». « La demande de retour de France s’est accentuée », assure « BRP » en privé, persuadé que les questions identitaires ont pris le pas sur l’économique et le social.
    La nomination de l’ancien conseiller de Sarkozy Jean Castex, « notre Pompidou cassoulet », sourit-on à l’Elysée, ainsi que celle de figures populaires, comme Roselyne Bachelot ou Eric Dupond-Moretti, à la place de ministres experts n’ayant jamais « imprimé », ont réjoui ces conseillers. Cette nouvelle équipe, pensent-ils, saura mieux parler au cœur de la droite que le juppéiste Edouard Philippe, méfiant face aux envolées identitaires. « C’est le gouvernement de la cause du peuple », jure l’un d’eux en paraphrasant le titre d’un livre de Patrick Buisson.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Macron recadre Darmanin et Dupond-Moretti après la polémique sur le terme « ensauvagement »
    La lutte d’influence sur les sujets régaliens s’est manifestée début juillet, à l’occasion du remaniement. Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, issu du Parti socialiste, s’est ainsi récrié face à la nomination attendue de Jean-Michel Blanquer au ministère de l’intérieur en raison de ses positions intransigeantes sur l’islam. L’affaire semblait pourtant scellée, M. Macron ayant proposé de vive voix au ministre de l’éducation ce transfert place Beauvau. Nommé à la place, le transfuge de la droite Gérald Darmanin, très écouté au palais, contribue depuis à modeler tout autant le visage du macronisme, au sortir d’un été où le ministre de l’intérieur a pourfendu l’« ensauvagement » de la société.
    Beaucoup, dans l’entourage de M. Macron, se disent persuadés que la prochaine présidentielle se jouera sur les questions régaliennes. Son ancien conseiller Sylvain Fort juge ainsi qu’il n’est plus temps de s’attacher à la question de l’émancipation, centrale lors de la campagne de 2017. « La France est anxieuse de l’insécurité, de son identité », estime l’ex-plume, qui craint une République en pleine « défaisance ». « “BRP” et d’autres veulent que Macron soit le candidat de la droite populaire, comme Sarkozy l’a été », analyse un familier de l’Elysée.

    Maintenir un équilibre

    L’influence grandissante de cette ligne se lit également en miroir des départs : la quasi-totalité des « historiques », promoteurs du progressisme, ont quitté l’Elysée. Après Philippe Grangeon, mi-septembre, la secrétaire générale adjointe, Anne de Bayser, qui porte une sensibilité sociale, devrait partir elle aussi ces prochains mois, dans le sillage de l’ex-communicant Joseph Zimet, nommé en août préfet de Haute-Marne. Ce dernier, proche de Philippe Grangeon, s’affrontait durement avec Bruno Roger-Petit sur les enjeux mémoriels.
    Soucieux de maintenir un équilibre entre des conseillers « venus de tous les horizons », M. Macron a nommé fin août un nouveau communicant, Clément Leonarduzzi, formé par l’ex-conseillère de Lionel Jospin Marie-France Lavarini, avant de faire la communication des Gracques, un think tank social-démocrate. Selon nos informations, le conseiller social de l’Elysée, Pierre-André Imbert, lui aussi issu de la gauche, devrait remplacer Anne de Bayser comme secrétaire général adjoint afin de rééquilibrer la balance.

    Sur le fond, le chef de l’Etat entend assortir son offensive sécuritaire d’annonces en matière d’égalité des chances. Mais dès le 11 novembre, le président devrait être de retour au Panthéon pour célébrer « ceux de 14 » à travers la figure de l’écrivain Maurice Genevoix, qui a porté dans ses livres la mémoire des combattants français de la première guerre mondiale. Une occasion de plus de se mettre en scène au milieu des hérauts de la République.

  • Septante Minutes Avec Florence Hainaut & Marie Peltier – La Cancel Culture
    #audio : https://www.jaimebienquandtuparles.com/septante-minutes-avec-florence-hainaut-marie-peltier-la-canc


    La Cancel Culture existe-t-elle vraiment ? Qui empêche-t-on vraiment de s’exprimer ? Quel rôle le conspirationnisme joue-t-il vis-à-vis des systèmes d’oppressions ?
    Au final l’émission tourne surtout autour du #harcèlement et du #féminisme, de manière assez logique pour qui a creusé ces questions.
    Je ne peux que conseiller l’écoute de cette émission. J’apporterai une nuance : amha #twitter n’est pas prévu pour être un réseau social mais est devenu un outil indispensable pour les professionnel-le-s de l’info. Et, comme partout, les femmes s’effacent face aux grandes gueules.
    Je suis très inquiète de voir la plupart des gens minorer la percée du #complotisme actuellement en France. Je trouve beaucoup moins méprisant de tirer la sonnette d’alarme sur les groupes (Gilets Jaunes, anti-masques...) que de croire que ça épargnera plus la France que les Etats-Unis. Je parle bien des groupes, pas de toi, là, qui doute à juste titre vu le confusionnisme à tous les étages.
    Comme le dit très justement Marie Peltier, face au harcèlement et aux thèses complotistes, on n’a pas besoin de « petit cœurs » et de « câlin virtuel » mais d’une PO-LI-TI-SA-TION de ces sujets, bordel ! Ces groupes ne se forment pas par hasard : ils rassemblent et fédèrent des angoisses de #mascus, de #racistes et autres flippé-e-s qui ont besoin de e rassurer... coûte que coûte.

    #mythe #construction #cancel_culture #réseaux-sociaux

  • European Union must impose interoperability on Web giants
    https://www.laquadrature.net/en/2020/09/08/european-union-must-impose-interoperability-on-web-giants

    The European Commission is about to start a new legislative debate regarding Internet hosting providers – services that are hosting and make information available online. These providers have been protected since 2000 by the E-Commerce Directive, when the Internet was maybe a less complex thing to address through legislation. The rules were simple : hosting services are not liable for information they store if they stay “passive” – if they do nothing more than storing information provided by (...)

    #ARCEP #Google #Facebook #Twitter #YouTube #interopérabilité #législation #LaQuadratureduNet

    ##interopérabilité

  • Nice
    https://technopolice.fr/nice

    Projet « Safe City » À Nice, dans le cadre du « Projet d’expérimentation Safe City » voté par la Ville en juin, Thales et le consortium qu’il dirige veulent aller plus loin, en créant le « Waze de la sécurité » à la mode Big Data. Pour aider les « décideurs », il s’agit de « collecter le maximum de données existantes et d’en chercher les corrélations et les signaux faibles », de « développer les nouveaux algorithmes d’analyse et de corrélation permettant de mieux comprendre une situation et de développer des (...)

    #Two-I #Thalès #algorithme #CCTV #SmartCity #smartphone #biométrie #émotions #facial #reconnaissance #vidéo-surveillance #enseignement #SocialNetwork #surveillance # #CNIL #LaQuadratureduNet (...)

    ##_ ##Technopolice