Bon ça se précise. En tout cas je suis en train de manger une copieuse salade de coquillettes : je suis dans les épreuves. Pour le service de presse spécial seenthis , j’aimerais recommencer l’expérience d’Une Fuite en Egypte dont je pense que nous gardons toutes et tous un bon souvenir ici. Donc si vous voulez faire partie de la double (possiblement triple) chaîne de distribution des exemplaires de service de presse, laissez un commentaire en ce sens sous ce billet. Et ensuite je me charge d’organiser la chaîne.
Sinon, Raffut .
En fiction, singulièrement cinématographique, l’intrigue avance avec des bottes de sept lieues. Quand les faits réels, eux, bien souvent se développent à une vitesse qui n’est pas perceptible à l’œil nu.
En rentrant du travail, un père qui élève seul ses trois enfants apprend qu’Émile, son fils autiste, est à l’hôpital après avoir été frappé à un arrêt de bus. Que lui est-il vraiment arrivé ? A-t-il pu provoquer la violence dont il a été victime ? Et comment réagir face à cette épreuve qui vient chambouler la vie ordinaire d’une famille ?
Dans ce roman autobiographique, dont le récit se concentre sur une seule semaine, Philippe De Jonckheere relate la façon dont, peu à peu, le déroulement des faits se reconstitue, et suit l’imbroglio des diverses procédures qu’il doit accomplir jusqu’à la confrontation au tribunal lors du procès en comparution immédiate intenté au jeune agresseur d’Émile.
Il décrit aussi les affres et les questionnements qui l’habitent, les sentiments qui l’étreignent et qui évoluent, passant de la colère à l’empathie, de l’appréhension à l’indulgence, en essayant toujours de mettre de côté ses a priori pour comprendre où se situe la complexe vérité des paroles, des actes, et de leur incidence. À commencer par celle du « raffut », ce geste du rugby, sport que pratique Émile, et qui a son importance dans la dispute entre les jeunes garçons.
Porté par une grande élégance stylistique, irrigué par une douceur et un humour subtils, ce livre profondément humaniste raconte l’histoire d’un cas de conscience, dans ce qu’il a de plus universel
Euh vous aurez compris que ce n’est pas moi qui écris les quatrièmes de couverture, du coup je n’y coupe pas : #shameless_autopromo
]]> Philipe De Jonckheere, ...(...)... n’a sans doute pas lu les recommandations du Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale concernant ce signe (le point-virgule) de ponctuation :
« On doit éviter d’en faire un emploi excessif et notamment de l’utiliser là où il faudrait une virgule ou un point. »
Non, sans doute pas.
]]>▻https://charybde2.wordpress.com/2017/07/02/note-de-lecture-une-fuite-en-egypte-philippe-de-jonckheere
Ce qui frappe aussi est la justesse absolue, sans auto-complaisance, des phrases qui se succèdent et qui ne cachent rien des angoisses, des peurs et parfois de l’humour d’un homme qui nomme tout et met à nu la douleur et tous les angles morts du deuil, sombres, éprouvants ou drôles, au fil des motifs répétés, musicaux, à la manière d’une fugue.
Après une tel éloge je vais être obligé d’aller dans cette librarie et leur acheter quelques pléiades. Tout ceci va finir par me coûter cher.
]]>▻https://addict-culture.com/philippe-de-jonckheere-une-fuite-en-egypte-inculte
Des ombres retournées à l’ombre – Une fuite en Egypte
Le livre est un bloc mais entaillé partout par des points-virgules. Les autres signes de ponctuation sont absents. On se retrouve à mettre son propre rythme de lecteur dans les phrases de Philippe de Jonckheere. Ce qui pourrait apparaître comme une coquetterie de style produit un effet saisissant, comme si on contribuait en partie au livre par cette lecture forcément personnelle, tellement marquée par l’originalité de la structure rythmique. Tout cela laisse des traces et fait d’Une fuite en Egypte, un livre que l’on ne peut oublier. De ceux qui réussissent à faire coïncider la banalité des choses de la vie, ce qu’elles ont parfois aussi de plus extraordinairement terribles dans un équilibre pudique et en même temps bouleversant.
The #shameless_autopromo never stops
#une_fuite_en_egypte
▻http://remue.net/spip.php?article8946
L’écriture de Philippe De Jonckheere impose immédiatement un univers, décrivant sans concession les soubresauts, les heurts d’une intimité meurtrie. Le livre est une implosion infinie, laissant le narrateur au milieu de ruines intérieures qu’il explore en aveugle, ou de constructions de mondes possibles qui surgissent violemment.
Là franchement, Sébastien, je ne sais plus où me mettre. Sans compter que jusqu’à la lecture de cet article je n’avais aucune idée que je faisais, comme Monsieur Jourdain, de l’épanorthose, sans le savoir. Et sans en avoir l’air.
]]>▻http://next.liberation.fr/livres/2017/06/09/la-blue-note-de-de-jonckheere_1575759
L’auteur y réussit avec talent, à la manière d’un jazzman parti dans une longue impro subtile, ponctuée de reprises et de variations. La blue note de De Jonckheere tient dans la rythmique que lui offre un signe de ponctuation un peu délaissé : le point-virgule.
Ca, plus une comparaison d’avec le monologue de Molly Bloom de Joyce, mes enfants sont inquiets que je devienne vraiment insupportable à la maison, ou comme ils disent, genre que je prenne le melon.
Je n’y coupe donc pas : #shameless_autopromo
#une_fuite_en_egypte
▻http://www.humanite.fr/philippe-de-jonckheere-le-desordre-et-lecriture-du-deuil-636686
Philippe de Jonckheere, par la violence même de son récit, par l’effet de masse du texte, joue subtilement sur la distance que le lecteur prendra avec lui. Le roman, en effet, ne mise pas tout sur la sidération. Les moments souriants, ironiques, voire comiques, ne manquent pas. Et l’émotion se fait parfois poignante par sa douceur même, comme ce moment où le narrateur prend conscience de la disparition progressive de l’odeur de sa femme, chassée par la sienne propre. Face à l’expérience de deuil, Philippe de Jonckheere pose celle de la littérature. Au lecteur de s’en saisir.
Avec une entrée aussi fracassante dans la littérature , je ne coupe pas, je ne crois pas, au tag infamant #shameless_autopromo
]]>▻https://www.franceculture.fr/emissions/poesie-et-ainsi-de-suite/poesie-et-chair
Aujourd’hui, je cause dans le poste, sur France Culture, à 15 heures, dans l’émission La Poésie et ainsi de suite de Manou Farine. sont également invités à cette émission, Francçoise Decquiert et vincent Labaume, autour des deux expositions de Michel Journiac.
Je repasserai en fin d’après-midi pour donner le lien du poadcast (notamment pour @monolecte qui préfère 17 heures, le moment où la journée bascule).
▻http://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/Architecture-labsence-2017-05-18-1200848058
Dans le même temps, il lui faut élever ses enfants, les relever. Répondre à leurs questions sur la mort, apprendre à faire la différence entre leur chagrin et les caprices, ne pas trop les laisser dormir avec lui dans le grand lit car les « spécialistes » le déconseillent, résister à la tentation de les faire manger dans le bain même si cela évite les taches, ou à celle de leur servir des coquillettes au beurre à chaque repas. L’attention de ce père envers ses enfants, son souci permanent de bien faire sont peut-être ce qu’il y a de plus touchant dans ce texte qui ne s’interdit pas l’humour. Ainsi de la peur enfantine du narrateur d’être égorgé pendant la nuit, angoisse que calmait la simple présence de sa femme de l’autre côté du lit, « à croire que je trouvais quelque réconfort que ce fût elle qui puisse être égorgée endormie et non moi », écrit-il.
Je ne peux pas dire que je suis hyperfan du choix iconographique ou encore des mises en garde contre la crudité, mais il y a quelques justesses dans cet article de la Croix
]]>▻http://www.millepages.fr/-agenda-.html?jour=2017-05-16#Rencontre avec Philippe de Jonckheere
Mardi 16 mai à 19h30, je suis invité à présenter, lire et signer Une fuite en Egypte à l’excellente libraire Mille pages de Vincennes (91 rue de Fontenay - Vincennes | 01 43 28 04 15 - Métro Château de Vincennes - RER A, arrêt Vincennes, bus 46, 56, 112, 114, 115, 118, 124, 210, 215, 318, 325). Ce sera également l’occasion de venir boire un verre une fois que j’aurais fini de faire mon intéressant, j’espère pas trop longtemps, histoire de fêter, dignement, la sortie de ce livre longtemps maudit, désormais auréolé de gloire.
Venez nombreux, cela me fera plaisir de voir toutes et tous.
Amicalement
Phil
▻http://desordre.net/blog/?debut=2017-05-07#3142
#shameless_autopromo et tout le tintouin.
#une_fuite_en_egypte
▻http://towardgrace.blogspot.fr/2017/04/ponctuer-labsence.html
Car ici, le point-virgule est pluriel, il ne dit pas toujours la même chose, il est différence et répétition, c’est une variable, mais c’est aussi tantôt une coupure, tantôt une suture. Certes, sa fonction première dans Une fuite en Egypte semble évidente à première vue : éviter le point et, dans le même temps, refuser la virgule. Empêcher la finitude, affirmer la fragmentation. Continuer en trébuchant. Dès lors, le point-virgule devient une balise flottante, capable de trancher, de retarder, de déséquilibrer, etc. Une notation musicale inédite, contrainte d’assumer à elle seule le rôle de toutes les notes, toutes les nuances
:
Bon c’est pas tous les jours non plus que je reçois les traces d’une lecture tellement attentive et tellement fine. Claro, plus connu pour son maniement du lance-flammes, a lu Une Fuite en Egypte et il en pense apparemment du bien. Je serais carbonisé une autre fois sans doute
]]>J – 30
Dans le métropolitain, le lis Hors du chantier natal de Claro, mélange foutraque de deux biographies, celle d’un ethnologue russe du siècle précédent le siècle précédent et celle de l’auteur, à laquelle donc, s’ajoute la conversation de ma voisine dans la rame qui explique dans le détail à son compagnon comment elle souhaite que soit construite la bibliothèque du salon et j’en suis presque à lui proposer bientôt de prendre la construction en charge, parce qu’il me semble avoir compris ce qu’elle voulait, à la différence de son compagnon, et que cela fait partie des choses que je sais faire, si seulement elle accepte de raccrocher et, partant, d’enlever cette épaisseur surnuméraire qu’elle impose à ma lecture quand j’en viens à comprendre que, pas du tout, je me comprends, mais cette conversation de téléphone de poche d’une inconnue et qui me fait envisager comment je concevrais certaines coupes à mi-bois et comment je jouerais de la fausse équerre dans l’angle du mur du fond, pour lequel son compagnon et elle ne sont visiblement pas d’accord, cette conversation donc, me permet d’ancrer avec force ce récit, peut-être trop intelligent à mon goût, à un réel, à un vernaculaire, qui me rendent cette lecture plus concrète, plus intelligible. Et j’en viendrais presque à suivre cette femme dans les couloirs du métropolitain jusqu’aux dernières pages du livre. Les rayonnages de la bibliothèque construits, je ne manquerais pas de lui offrir le livre de Claro, avec une dédicace, à celle qui m’a fait lire Claro . Et ce n’est pas rien.
Je retrouve ma voiture garée dans le bois de Vincennes. Je démarre, je profite d’un ralentissement de la circulation pour faire un demi-tour pour le moins hasardeux, je coupe une ligne continue, l’avenue est à quatre voies, vous voyez le genre. Surgit une voiture de police et je pense raisonnablement que mon heure est venue, je n’ai pas avec moi les papiers de la voiture, à vrai dire c’est rare que je les ai avec moi, j’ai perdu mon permis de conduire il y a au moins un an, je me fais chaque fois la promesse d’aller à la sous-préfecture pour m’occuper de son remplacement et je sais, Martin la dernière fois que je suis allé à Autun m’en a fait suffisamment le reproche, que mes pneus sont lisses, mon compte est bon. C’est sans compter sur le dieu des ivrognes. La voiture de police se porte à ma hauteur en roulant par ailleurs toutes sirènes hurlantes à contre sens de la voie opposée, mais ce n’est pas après moi que les policiers en ont mais à un autre citoyen qui roule, lui, dans une voiture qui a une autre apparence que la mienne, plus propre, et des pneus dont je vois bien qu’ils sont profondément gravés, eux, sans compter que lui a parfaitement indiqué par son clignotant qu’il souhaiterait tourner à gauche au prochain feu, je ne peux pas dire que je me sois embarrassé d’une tel protocole lors de mon demi-tour, un peu cavalier, et même, un peu dangereux, je le reconnais sans mal, on n’est pas toujours brillant, surtout conducteur, en revanche cet autre conducteur, plus prudent et plus civil, a, contre lui, d’être fort brun et sombre de peau.
Du temps de mon apprentissage de la photographie, mon père a un jour eu un besoin urgent d’une photographie d’identité. Et je lui ai réglé cette affaire pendant le week-end. Le samedi matin je l’avais fait poser devant un mur blanc, j’avais réglé le flash en indirect avec rebond sur le plafond blanc, l’enfance de l’art en somme. Mon père avait besoin de cette photographie d’identité dans le cadre de son travail, aussi il avait mis une chemise, une cravate et une veste de costume, pour le reste c’était samedi matin, il sortait de sa douche, il était donc en slip. Et il aura été en slip pratiquement jusqu’à la fin de sa carrière sur tous les documents professionnels le concernant, comme par exemple son badge d’accès à certaines zones protégées dans les aéroports. Et je ne peux pas m’empêcher d’y repenser tandis que Renaud Montfourny tire mon portrait de jeune primo-romancier, atteint, en pleine prise de vue, par une crise aigüe de démangeaison du scrotum.
]]>Bon je ne suis pas bien sûr de comment on fait ces choses-là, je me lance.
Je serai au salon du livre ce week end disons samedi de 15H30 à 16H30 et dimanche de 15H à 16H, ces deux créneaux, sûr, au stand d’ Inculte . Où je serai ravi de rencontrer qui veut autour d’ Une fuite en Egypte . Je risque d’y être aussi un peu avant et un peu après. Voilà
Oh ben finalement ce n’était pas si difficile que ça. Un moment de honte est vite passé.
]]>►http://www.inculte.fr/catalogue/une-fuite-en-egypte
J – 62 : J’y suis. Une fuite en Egypte sort aujourd’hui en librairie. Chez Inculte . La classe. Je marche cinq centimètres au-dessus du sol. Le roi n’est pas mon cousin. Je suis sur le nuage numéro neuf.
Du coup je tente de mettre les petits plats dans les grands. Les petites iframes dans les grands frames .
Vous ne pensiez tout de même pas que je ne faisais plus rien dans le garage ces derniers temps ? quand même ? si ?
Dans la page de garde d’ Une fuite en Egypte , il y a la mention d’une URL (▻http://www.desordre.net/egypte/index.htm ) qui donne accès à toutes sortes de ressources relatives au récit, des extraits, des échanges de mail avec mon éditeur pour, notamment, la construction de la quatrième de couverture, sans parler de la couverture en elle-même, tous les morceaux de musique mentionnés dans le récit et Dieu sait si je ne peux jamais me retenir de dire quel est le disque que le narrateur écoute au moment où se déroule le récit, pareil avec toutes sortes d’œuvres, Cy Twombly, Lucian Freud, Weegee, etc… bref, les coulisses. Ne pas le faire cela aurait été se désavouer. Plus tard, dans un an ou deux, peut-être que je penserai à une version hypertexte de ce récit.
Mais ce n’est pas tout ce que j’ai fait dans le site pendant tout ce temps.
Il y a trois ans j’ai tenté de donner une nouvelle forme au Désordre , ce n’est pas un succès, mais ce n’est pas entièrement raté non plus. C’est la forme Ursula (►http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/index.htm). En 2014 j’ai accumulé tout ce que je pouvais accumuler de textes, de sons d’images fixes et d’images en mouvement, et tout un tas d’autres petites constructions, notamment en html, que j’ai réunies dans une manière de bouquet, plus exactement de collection de coquillages d’Ursula (►http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/bouquets/index.htm). Parmi ces coquillages, il y avait le Jour des innocents ( file :///L :/phil/sites/desordre/bloc/ursula/2014/cinquantaine/index.htm ) , le récit de cinquante souvenirs de faits historiques, pas tous importants d’ailleurs, s’étant produit pendant les cinquante dernières années, et cela vu à ma hauteur au moment des faits, autant dire à hauteur d’enfant pendant les années 60, à hauteur d’adolescent pour ce qui est des années septante, de jeune homme pour ce qui est des années 80, de jeune adulte pour les années nonante, d’adulte pour les années 2000 et d’homme vieillissant pour les années 10 de notre ère. En 2015, j’ai tenté de tenir le journal de l’année en utilisant toujours cette séparation des contenus selon leur nature, chaque jour donnait lieu à une page qui contenait un triptyque photographique, un texte, un extrait sonore, un extrait vidéo, quelques images, un lien vers une page antérieure du site, tout cela sous la forme de blocs déplaçables à l’intérieur de la page pour faciliter, ou pas, la lecture et renforcer, ou pas, le plaisir du lecteur : Février (►http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/index.htm). Début 2016, j’ai bricolé un récit en hommage à Pierre Boulez dont la disparition m’a beaucoup ému, de façon plus ou moins compréhensible, il s’agissait d’un récit à la manière de ceux produits par les invités de Marie Richeux pour la séquence Au Singulier de son émission les Nouvelles vagues sur France Culture, émission à laquelle j’avais été moi-même invité à participer ( ▻http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/accessoires/artistes/nouvelles_vagues/index.htm ), Pierre Boulez et le bricolage ( ►http://www.desordre.net/bloc/ursula/2016/boulez.htm ) . Surtout pendant toute l’année 2016 j’ai construit, pour mieux le déconstruire sans doute, mon propre récit de la nuit du 13 novembre 2015, au cours de laquelle mon amie Laurence et moi sommes passés tout près de la catastrophe, il s’agit d’ Arthrose (spaghetti) (►http://www.desordre.net/bloc/ursula/arthrose/index.htm), un récit très hypertextuel pour tenter de retrouver toutes les radicelles qui conduisent à ce qui aurait pu être la fin de nos existences. Et puis, dernière tentative reprenant cette forme inventée en collaboration avec Pierre Hanau dans le cadre éducatif des stages de formation à l’école du doc de Lussas, la forme Ursula (▻http://www.desordre.net/invites/lussas/2010/journal/index.htm) , une manière de journal que je tiens en ligne depuis la fin du mois d’août l’été dernier, depuis que j’ai pris la décision ferme et définitive de vouloir tout ignorer de la catastrophe électorale en cours, Qui ça ? (►http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/index.htm)
Remarquant que tous ces projets contenaient en eux une sorte de dimension supérieure au Désordre , que le site tel qu’il avait existé jusqu’à maintenant était une sorte de toile de fond, j’ai fini par admettre que c’était désormais la nouvelle direction du Désordre , vos ascenseurs ont intérêt à ne pas tomber en panne. La page d’accueil du Désordre est désormais un tirage au sort entre ces différents projets que l’on peut par ailleurs visiter à l’intérieur même de chaque projet, on peut, par exemple, lire Arthrose à l’intérieur de Qui ça ? et inversement, tout en continuant de visiter le Désordre , mais je ne sais pas si je dois recommander une telle lecture. Vous verrez.
Si, après de tels efforts je ne parviens pas à semer les derniers visiteurs du Désordre c’est à désespérer de tout.
Et sinon, vous avez Une Fuite en Egypte qui reprend un mode de navigation et de lecture qui a fait ses preuves, je crois que l’on appelle cela un livre.
]]>Voilà, cela va nécessairement être du #shameless_autopromo à bouche que veux-tu avec cette affaire. Je vous propose ceci.
Les deux premi.er.ère.s à répondre en commentaire à ce signalement reçoivent un exemplaire de service de presse à une adresse postale qu’il.elle.s m’envoient par mail (pdj arotruc desordre.net) et s’engagent après lecture à l’envoyer aux deux suivant.e.s
]]>J – 122 : Je reçois dans l’après-midi les épreuves d’Une Fuite en Égypte . En premier lieu c’est un soulagement la maquettiste a trouvé le bon équilibre, dont je me demandais même s’il existait, de lisibilité de ce texte qui n’est constitué que d’un seul paragraphe, en fait, d’une seule phrase si l’on y pense bien, ou d’une multitude de segment de phrases inabouties et mises bout à bout.
Et puis c’est une surprise, celle de découvrir ce que mon amie Alice appelait le travail de dentelière dans les corrections. Cette attention au détail, au moindre détail. Et les questions que pose justement à la fois une telle attention et ce que cela révèle de mes approximations ou de mes erreurs.
Les doubles négatives par exemple. Mon écueil par excellence. À tel point qu’il arrive fréquemment que lorsqu’on lit une de mes doubles négatives, on peut raisonnablement se demander si c’est bien ce qui est écrit que j’ai voulu dire. Ce qui m’afflige c’est de constater à quel point j’y ai recours quand je n’ose pas tout à fait dire ce que je pense finalement. Et qu’à force de ne pas vouloir dire exactement ce que je pense, je finis par dire le contraire de ce que je pense. En fait je suis saisi par cette idée que ce qui est un défaut incurable chez moi dans la vie de tous les jours, à savoir une forme paralysante d’indécision, se retrouve, à ma plus grande surprise, dans la façon dont j’écris une fiction dans laquelle j’aurais pourtant cru que tout était possible, puisque n’est-ce pas là la grande force de la fiction ? Et dire que je pensais que la fiction était la voie de l’émancipation, il semble qu’il y ait encore du travail.
En tout cas, ce que je perçois de prime abord c’est que le travail réalisé par la correctrice est un travail fondamental sur la langue, d’une part, mais aussi sur la logique. Ainsi dans le récit, j’imagine le futur des deux enfants et comment ils repenseront à leur enfance, plus tard, et je ne me rends pas compte que la manière dont je continue de les décrire dans ce futur, si proche soit-il, est identique à celle qui est la mienne depuis le début du récit, or ils ont grandi et un simple emploi du présent au lieu du futur fait que les personnages des enfants se cognent la tête contre une toise invisible. Une fois que la chose est signalée, elle apparaît lumineuse, éclairée, soulignée mais je me demande bien quelle peut être l’immense force de la correctrice pour repérer un tel détail dans la masse de graviers des deux cents pages de monobloc ? Bref je suis impressionné, d’autant que désormais, nous avons été quelques-uns à avoir relu ce texte, lui avoir découvert ici une coquille insignifiante, là un espace manquant avant un point-virgule, ici encore une imprécision dans l’emploi des temps et là encore une hypallage discrète. Les antennes de la correctrices sont d’une sensibilité de puce chauve.
Pour bien me donner toutes les chances de recul nécessaire dans ma propre relecture de ces propositions de corrections, je fais le travail en deux temps, deux couches successives que j’espace d’une séance de cinéma avec les enfants.
Cigarettes et chocolat chaud de Sophie Reine. On rit beaucoup avec les enfants, d’autant que ce n’est pas difficile de rire de surcroît au familier des scènes de ce père élevant seul ses enfants, s’y prenant pas toujours au mieux, souvent dépassé, mais toujours bienveillant et fatigué du matin jusqu’au soir, et nous devons être très indisciplinés envers les autres spectateurs de ce film à force de se chuchoter quelques références personnelles qui nous viennent à l’esprit, ainsi le goûter dans le supermarché pour ne pas avoir à payer les croissants nous fait un peu penser aux DVD qui parfois se coincent contre les packs de lait au moment du passage en caisse — mon combat contre les majors et autres lobbyistes de la loi HADOPI est un combat minuscule, mais je suis tenace — ou encore la critique fort sévère par le père d’un spectacle improvisée par ses deux filles nous fait immanquablement penser à un inextinguible fou rire qui avait gâché un spectacle préparé avec beaucoup de cœur par Madeleine et que ce fou rire avait entièrement gâché, on en rit aujourd’hui, mais cela ne faisait pas du tout rire Madeleine ce jour-là.
A la moitié du film je réalise avec retard que le thème même du film est très proche de celui d’Une fuite en Égypte dont j’ai laissé les épreuves en plan dans le garage, celui d’un veuf dépassé par les événements et qui doit élever deux enfants et j’ai la gorge serrée de panique. On va s’en rendre compte. La critique va m’éreinter, J’entends déjà les phrases perfides d’Éric Chevillard dans le Monde suggérant, plein de fiel, qu’Une fuite en Égypte est le plagiat éhonté d’un film populaire, et pendant que toute la salle rit de bon cœur, mes enfants n’étant pas les derniers, je pense au sourire goguenard et mauvais d’Éric Chevillard qui me démollit . Je tente de recoller, mais en vain, au film, Adèle à mes côtés vibre de plaisir, le rire sonore de Nathan emplit la salle, mais mon rire à moi est désormais étouffé par l’angoisse et le sentiment d’imposture réglé à son niveau maximum. Je pense à mon éditeur — j’aimais bien dire mon éditeur —, désœuvré pendant la trêve qui se laisse convaincre par sa compagne ou quelques amis de cette sortie au cinéma, voir ce qu’il est convenu d’appeler un feel good movie , lui-même est en train de voir ce film en ce moment même, non, il l’a vu lors de la séance précédente et nul doute, quand je vais descendre dans le garage, tout à l’heure, en sortant du cinéma, je trouverai un mail de lui m’indiquant qu’il vient de voir Cigarettes et chocolat chaud de Sophie Reine et qu’il réalise que je lui ai refourgué un épouvantable plagiat, la contrat est annulé, c’est fini.
En sortant du cinéma, les enfants me trouvent un peu chose et s’étonnent de me voir descendre dans le garage à toutes jambes pour constater que non mon éditeur n’est pas encore allé voir Cigarettes et chocolat chaud de Sophie Reine, et contrairement à ce que je pensais, m’envoie au contraire un mail plein de conseils prévenants (et fort utiles) sur la manière de s’y prendre avec les épreuves et des encouragements (fort inutiles tant je prends un pied pas possible à y travailler) pour ce dernier coup de collier. Je lui réponds en lui donnant quelques recommandations cinéphiles pour les prochains jours, tu devrais aller voir Premier contact de Denis Villeneuve, un peu plus et j’irai même jusqu’à la pousser à aller voir aussi Passengers pour faire contrepoids à Premier contact , et que s’il veut je dois avoir le DVD d’ Enemy , de Denis Villeneuve aussi, que je veux bien lui prêter, bref, tout faire pour qu’il n’aille pas voir les prochains jours Cigarettes et chocolat chaud .
Je me remets au travail. Vers minuit, Adèle descend dans le garage pour me souhaiter une bonne nuit et selon son expression me demande ce que je bricole, je lui explique le principe des épreuves, le travail de l’excellente correctrice et la belle façon dont elle a composé le texte. Adèle à qui j’ai déjà expliqué le principe de ce texte dont le point-virgule est le seul signe de ponctuation du livre, me demande combien j’ai fait de fautes, je les compte avec elle, vingt-quatre.
Adèle : tu imagines ce que tu dirais si j’avais fait vingt-quatre fautes dans une seule phrase ?
Exercice #66 de Henry Carroll : Prenez la photographie d’une publicité où l’image dit tout, sans besoin d’une légende.
]]>J – 144 : Aujourd’hui j’ai vécu dans un film de science-fiction très étonnant, de la science-fiction proche, disons une période, très prochaine donc, où l’on viendrait tout juste d’inventer la téléportation. Un matin vous vous levez un peu plus tôt, et vous vous dires tiens aujourd’hui j’irai bien déjeuner en terrasse de seiches a la plancha sur les bords du Rhône à Arles. Nous sommes en décembre, ni une ni deux, vous montez dans un tube d’acier avec votre éditeur et vous voilà propulsé en un tour de main sur la place du forum, mais une drôle de place du forum pas du tout celle que vous connaissez pour être l’endroit de la récompense partagée avec Madeleine après avoir visité au pas de charge les soixante expositions de photographies des Rencontres Internationales de la Photographie à Arles, en une seule journée, une bonne glace triple boules pour Madeleine, une simple pour vous chez Casa mia, une place du forum noire de monde et envahie par les terrasses concurrentes de tous les restaurants de la place, non, une place déserte, on pourrait presque y jouer au toucher (rugby sans placage, pour défendre vous devez toucher le porteur du ballon des deux mains, touché ! et il doit poser le ballon par terre), de même dans les petites rues inondées d’un soleil rasant et sur les murs desquelles ricoche un petite bise fraîche et pas un bruit dans les rues dont les magasins arborent dans les vitrines de surprenantes processions de santons — les santons élément indispensable à tout récit de science-fiction qui se respecte.
La téléportation n’en est qu’à ses débuts, l’effet n’est pas immédiat, mais une conversation à rompre du bâton avec votre éditeur et c’est vraiment le sentiment que la Bourgogne et la vallée du Rhône ont été rayées de la carte par du givre et du brouillard et donc traversées dans un clignement d’œil. Et le changement subreptice de décor dans les rues familières d’Arles vous laisse à penser qu’en plus de téléportation il y a potentiellement eu voyage dans le temps ce qui vous est confirmé en visitant l’intérieur d’une maison où chaque bout de ficelle dans une boîte est à sa place, et cela depuis deux cents ans, un arrière-arrière-grand-père a même son portrait photographique des années 60 du dix-neuvième siècle qui trône, non pas sur le manteau d’une cheminée mais sur une pile de livres d’un autre âge celui des années septante mais, cette fois, les années septante du vingtième siècle. Vous avisez même les tranches de quelques collections de polar de cette époque dont vous jureriez disposer de quelques exemplaires des mêmes, eux serrés, dans les rayonnages de votre propre maison de famille, dans les Cévennes, à deux heures de route, plus au Nord donc.
Arrive une heure fatidique, celle qui a motivé l’effet balbutiant, mais réussi, de téléportation, vous pénétrez dans le hall d’un hôtel de luxe assez minable, pensez les décorations intérieures ont été confiées à une petite frappe locale, c’est kitsch et draperies nouveaux riches à tous les étages, rendez-moi vite la poussière des rayonnages de la vieille maison de famille arlésienne, on vous fait patienter dans la cour carrée d’un ancien cloître, vous en profitez pour chiper quelques feuilles de sauge dans les parterres au cordeau et puis on vous appelle et vous pénétrez dans une grande pièce de salon, les représentants commerciaux de votre éditeur-distributeur-diffuseur — je n’ai pas entièrement suivi les explications ferroviaires de mon éditeur — sont fort polis et une trentaine de bonjours anisochrones vous viennent aux oreilles.
Vous avez dix minutes.
Le livre dont on vous demande de parler, il vous a fallu une bonne douzaine d’années pour l’écrire, puis pour l’oublier, pour le réécrire, puis le relire, le corriger, le réécrire, le relire et le corriger à nouveau encore et encore. Vous avez dix minutes qui connaissent le même phénomène d’accélération que lors de la téléportation et vous laissent finalement chancelant sur les bords du Rhône pour une dernière promenade avant d’attraper le téléporteur du soir, la lumière du couchant en hiver sur le fleuve est orgiaque, rien à voir avec cette matraque froide du plein jour en été, là où vous photographiez, chaque année ce coude que le Rhône fait, tel une génuflexion devant la majesté du musée Réattu.
Dans le train, vous lisez la fin de Je Paie d’Emmanuel Adely. Le soir en arrivant chez vous, dans le Val de Marne, donc pas exactement limitrophe des Bouches du Rhône, vous trouvez dans votre boîte aux lettres le deuxième tome du Journal d’une crise que votre ami Laurent Grisel vous a envoyé, et vous constatez, amer, que le matin même vous aviez oublié de refermer la fenêtre de votre chambre en partant, la chambre est parfaitement ventilée certes, mais glaciale, comme la maison des Cévennes quand on la rouvre à Pâques après l’hiver.
Exercice #50 de Henry Carroll : Faites de l’exposition une métaphore
]]>J – 150 : Pour le moment Guy, mon ordinateur s’appelle Guy, n’a toujours pas fini de scanner immense_disque .
Cela fait des années que je cite souvent l’exemple du Hasard de Kristof Kieslowski pour soutenir la validité des récits arborescents à la façon aussi de Smoking non smoking d’Alain Resnais, d’ailleurs nettement plus arborescent que le Hasard, au point même qu’il y ait deux films, celui de la cigarette fumée et celui de la cigarette refusée poliment, ou encore pour soutenir mes propres tentatives de la fiction de suivre, même modestement, de suivre deux voies parallèles dans un récit, ainsi dans une Fuite en Egypte :
; il rendait visite à un parent interné dans un hôpital psychiatrique ; à Villejuif je crois ; je lui avais proposé de l’emmener ; oui ; c’était à Villejuif ; dans le Val de Marne ; dans la banlieue Sud ; je devais aller moi-même dans cette direction ; je lui avais donc proposé de l’accompagner ; aussi parce que je me doutais que cela n’avait rien de drôle d’aller visiter un parent dans un hôpital psychiatrique ; nous nous sommes égarés ; nous avons fait de nombreuses circonvolutions pour retrouver notre chemin ; et ; sans nous départir du calme qui était le nôtre ; sans que ces égarements n’influent ; d’aucune façon que ce soit ; sur la bonne humeur qui était entre nous ; nous nous étions perdus ; et nous nous laissions emporter distraitement par le flot des autres véhicules ; plus soucieux en fait du plaisir de notre conversation que de nous orienter de façon fiable ; nous parlions de son retour hypothétique en Allemagne ; dehors il faisait gris ; et puis à un carrefour les deux voitures qui étaient derrière nous n’ont pas su s’arrêter et l’une a percuté l’autre qui nous a de fait tamponnés ; un tout petit choc ; un accident de rien du tout ; même pas de taule froissée ; le hayon de mon coffre ne fermait plus ; c’était tout ; nous avons réglé cela à l’amiable ; je veux dire entre la personne qui avait percuté l’arrière de ma voiture et nous ; entre les deux autres voitures en revanche les propos n’étaient pas courtois ; les deux conducteurs s’accusaient mutuellement d’être responsables de l’accident ; et tandis qu’ils argumentaient avec véhémence ; Gerd et moi avons continué de discuter aimablement ; Gerd m’a fait remarquer ; dans son accent allemand guttural ; tu te rends compte du nombre de détours que nous avons faits ; tout cela pour avoir cet accident ; nous avons ri de ce concours de hasard bénin ; nous aimions l’un et l’autre ce genre de considérations ; le hasard au travail ; nous avions vu ensemble au cinéma Le Hasard de Kristof Kieslowski ; et j’avais répondu que nous ne le saurions jamais ; en revanche il n’était pas exclu que cet accident et ses détours nous aient en fait déviés d’un accident dans lequel j’aurais perdu la vue et Gerd l’usage de ses membres inférieurs ; comment pouvais-je ; alors ; rire de pareilles éventualités ; à l’époque je ne l’avais pas encore rencontrée ; je n’avais pas encore fait sa connaissance ; je ne l’avais pas encore embrassée ; je n’avais pas encore fait l’amour avec elle ; nous ne vivions pas encore ensemble ; nous n’avions pas encore d’enfants ; elle n’était pas encore morte dans un accident de voiture ; je ne la connaissais pas encore ; je ne pouvais pas savoir ; je ne pouvais pas savoir qu’elle périrait dans un accident de la circulation ; en fait c’est très peu de temps après cet accident ; cet accident sans gravité ; en compagnie de Gerd ; que je l’avais rencontrée ; tenez ; c’est curieux ; c’est la première fois que je m’en rends compte ; que je m’aperçois que cet accident apparemment dénué de conséquences avait en fait été à l’origine de notre rencontre ; parce que cet accrochage anodin ; et le temps que nous avions perdu en nous égarant ; nous avaient mis en retard ; j’avais raté mon rendez-vous avec un assistant qui devait m’aider pour une prise de vue en studio ; le type était furieux ; j’avais donc dû m’adresser ailleurs ; à Paris ; et elle m’avait été recommandée par un collègue ; et c’est de cette façon que je l’ai rencontrée ;
Mais cela faisait extrêmement longtemps que je n’avais pas revu ce film, il me semble, effectivement au cinéma, et sans doute en compagnie de Daphna, donc en première ou seconde années des Arts Déco. Du coup commençant à préparer un manière de mini site pour la publication d’une Fuite en Egypte qui donne donc accès à toutes sortes de ressources et, a minima, à des œuvres des différents artistes cités dans le cours du récit, Twombly, Weegee, Witkin, Wahrol, il y a donc Le Hasard de Kieslowski (à croire que j’ai fait exprès de citer des artistes qui ont tous un w dans leur patronyme, à l’époque de l’écriture, il y une treizaine d’années maintenant, je l’ai sûrement fait exprès, aujourd’hui c’est tout juste si je me rappelle m’être donné de telles contraintes), dont je me suis employé récemment à en tirer un extrait. J’ai donc téléchargé le film - en fait ces derniers temps j’ai eu recours à un excellent assistant pour retrouver certaines des ressources les plus obscures.
Et je viens de le revoir, presque trente ans plus tard tout de même.
Je peux donc mesurer à quel point mon souvenir était vague à bien des égards, et, au contraire, extrêmement précis de certains plans, par exemple je me souvenais parfaitement du clochard de la gare qui ramasse une pièce qui roule et s’achète une bière avec - et apparemment un Tchèque pourrait survivre en Pologne, parce que pour demander une bière en polonais c’est presque Pivo prosim - en revanche, et ce n’est pas banal tout de même, si j’avais du raconter l’intrigue, finalement pas simple pour ses implications politiques, de ce film, comme par exemple, cela peut arriver, en couple, de se raconter des films, à l’image de la deuxième partie de ce film, la femme du mécanicien aéronautique qui raconte Manhattan à son amant, racontant donc Le Hasard , j’aurais oublié, du tout au tout, la troisième partie de ce film, qui, dans mon esprit, sans doute influencé par la trame de Smoking non smoking d’Alain Resnais, n’en comptait que deux, alors que, et c’est tout de même assez troublant, que c’est directement au principe même de la troisième partie que fait référence la remarque que je prête au personnage de Gerd, dans une Fuite en Egypte , à propos d’un accident qui permet d’échapper à un autre, plus grave.
Par ailleurs, c’est quand même étonnant d’avoir oublié la troisième partie plutôt que les deux autres, alors que c’est la troisième partie qui est de loin la plus simple, tout roule pour le personnage principal, sa carrière connait une ascension fulgurante, il se marie avec une jeune femme dont il est fou amoureux, elle lui apprend devant le maire qu’elle est enceinte, et ils pouffent de rire en échangeant leurs vœux, l’enfant nait il est fort mignon et il peut partir à Paris avec un passeport en bonne et due forme.
Et quand je pense à tous les films que j’ai vus, tous les romans que j’ai lus, et pour lesquels mes souvenirs sont pareillement imprécis, ou mélangés, je me dis que je foisonne de récits, il suffit juste que je fasse confiance à ma mémoire dans tout ce qu’elle a d’imprécis.
Sans compter que par ailleurs j’ai tendance à oublier tout ce que j’écris, ou plus exactement que j’écris, non pas pour ne pas oublier, mais au contraire pour oublier. J’avais, par exemple, tout à fait oublié cette référence au Hasard dans mon récit, que je viens de relire une nouvelle fois avant d’en envoyer la version définitive à mon éditeur, j’aime bien dire mon éditeur .
Exercice #45 de Henry Carroll : Photographiez un lieu insipide de jour ... mais fascinant de nuit.
La forêt autour de la maison de Barbara Crane dans le Michigan est nettement plus mystérieuse la nuit que le jour, ce qui est en grande partie dû aux puissant éclairages que cette dernière a braqués sur les bois depuis les autres coins de sa terasse qui entoure sa petite maison, un peu comme Claude Monet a arrangé son jardin pour mieux le peindre. Le parti qu’elle en tire est infiniment supérieur.
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