• #Palestine au #Collège_de_France : la protestation de #François_Héran

    _Titulaire de la chaire « Migrations et sociétés » au Collège de France, François Héran rend publique la lettre qu’il a adressée à son administrateur, Thomas Römer, à propos de l’#annulation du #colloque sur la Palestine de son collègue #Henry_Laurens._

    Paris, 9 novembre 2025

    Lettre à #Thomas_Römer,
    administrateur du Collège de France

    Cher Thomas,

    Malgré mon nouveau statut de retraité, tu as bien voulu m’inclure parmi les destinataires de ton message sur l’annulation du colloque de notre collègue Henry Laurens. Je t’en remercie.

    En lisant ton message envoyé à la presse, je découvre que, loin d’être l’apanage du #wokisme, la #cancel_culture peut aussi inspirer l’administration du Collège. Il fallait du courage pour donner des leçons d’#objectivité et d’#intégrité_scientifique à Henry Laurens, qui compte seulement à son actif quelques dizaines d’ouvrages sur la question d’Orient et les affaires de Palestine. Notre collègue, à l’évidence, ne maîtrise pas les enjeux du débat dans un domaine aussi brûlant.

    Il était bon de rappeler aussi qu’en la matière, les partis pris d’un hebdomadaire bien connu pour son traitement rigoureux des faits ont plus de #légitimité qu’un professeur occupant sa chaire depuis vingt-deux ans. On se demande comment ce dernier a osé inviter à son colloque un ancien chef de la diplomatie de l’UE ou un ancien premier ministre, aux côtés d’intervenants capables d’exprimer un large éventail de savoirs et d’opinions, alors qu’il était si simple d’inviter uniquement des intervenants validés par la #Licra.

    Ton message me suggère qu’une révision du règlement intérieur du Collège s’impose de toute urgence :

    Les professeurs qui souhaitent traiter de questions d’#actualité dans des colloques, des cours ou des séminaires risquant de donner lieu à #controverses, devront désormais soumettre la liste des participants à l’autorisation de l’administrateur.

    1. Ils devront également s’assurer de l’assentiment du ministre de la Recherche. Si l’on objecte que la détention d’un doctorat d’informatique ne donne aucune légitimité à intervenir dans des questions de science politique ou d’orientalisme (selon le principe de la séparation des ordres posé en d’autres temps par Pascal), on rappellera dûment aux professeur-es qu’il n’y a pas de plus haute autorité qu’un tweet ministériel.
    2. Le recrutement des professeur-es sera désormais soumis au tribunal de l’opinion publique et médiatique, selon une procédure à déterminer.
    3. Le règlement intérieur proclamera dans son préambule que la notion d’« #engagement », jadis inhérente au libre exercice de la recherche, est désormais désuète. Elle sera donc bannie du Collège. Il faudra effacer de la mémoire de notre institution toute référence aux grands intellectuels, littéraires ou scientifiques, qui se sont aventurés à sortir de la « #neutralité » telle qu’elle est strictement définie dans ton message et dans celui du ministre. On veillera aussi à tenir compte de cet impératif dans la préparation du 500e anniversaire de la fondation du Collège.

    Ces modifications du règlement contribueront, je n’en doute pas, à défendre le Collège. La fable se trompe : mieux vaut la prospérité du Chien que l’indépendance du Loup.

    En te renouvelant, cher Thomas, mes meilleures salutations,

    In dubio pro libertate
    François Héran*

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    Post Scriptum : l’argumentaire du colloque

    Ayant choisi de rendre publique ma lettre à l’administrateur du Collège de France, j’ajoute l’argumentaire du colloque, qui a été transmis à l’ensemble des professeurs. Comme à l’accoutumée chez Henry Laurens, c’est de la science historique de haut niveau, précise et rigoureuse. Pas une ligne, pas un mot, qui justifie le soupçon d’antisémitisme.

    Avec l’ouverture de la « question d’Orient » dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, la Palestine, qui dispose du statut particulier de Terre sainte, devient le lieu névralgique des relations internationales européennes. Durant les décennies qui précèdent la Grande Guerre, les luttes d’influence entre les puissances européennes se multiplient, chacune se présentant comme la protectrice d’une communauté religieuse. Alors que la France et la Russie étendent respectivement leur influence sur les catholiques et les orthodoxes, les Anglais se présentent comme les protecteurs des juifs en Palestine. C’est dans ce cadre que s’inscrit le mouvement sioniste.

    Si la France se voit reconnaître une primauté d’influence à l’issue des guerres balkaniques, les Britanniques profiteront de l’alliance nouée avec le mouvement sioniste lors de la Première Guerre mondiale pour s’arroger un mandat sur la Palestine. La période du mandat britannique est essentielle pour la mise en place des acteurs contemporains que sont le mouvement national palestinien et le mouvement sioniste. Pris dans une double obligation entre les uns et les autres, les Britanniques sont dans l’incapacité de trouver une solution politique satisfaisante pour les deux parties, que ce soit un État palestinien unitaire, une division en cantons ou un partage territorial. Ils doivent ainsi faire face à une révolte palestinienne, puis à une révolte juive. Non sans arrière-pensées, ils délèguent le dossier à l’ONU qui, avec le vote du plan de partage de novembre 1947, provoque une guerre entre Arabes et sionistes, puis, après le 15 mai 1948, une guerre israélo-arabe.

    Dans ce conflit de longue durée, les Européens s’identifient largement à l’État d’Israël. Dans les années 1950 et 1960, la France et l’Allemagne lui fournissent les armements qu’il demande, mais la priorité pour l’État hébreu est d’obtenir l’aide militaire américaine, qui ne devient substantielle qu’après la guerre de juin 1967.Après cette guerre, les « discussions à quatre » voient un rapprochement des positions de la Grande-Bretagne et de la France sur la nécessité d’un retrait des territoires occupés contre une reconnaissance de l’État d’Israël, mais la question de la prise en compte du facteur palestinien reste ouverte.

    S’ouvre ainsi un dialogue euro-arabe. Ce dernier mènera à la résolution de Strasbourg de 1975, appelant Israël à se retirer des territoires palestiniens occupés et à reconnaître les droits nationaux du peuple palestinien, puis à une nouvelle déclaration en 1977 appelant à la création d’une patrie pour le peuple palestinien, et marquant pour la première fois l’opposition européenne à la construction de colonies israéliennes dans les territoires occupés. L’étape la plus importante demeure la déclaration de Venise du 13 juin 1980, qui parle de solution juste et préconise l’intégration de l’OLP dans les discussions de paix.

    Deux niveaux d’action sont à considérer. Le premier est celui de la politique propre à chaque État, le second est celui de l’action collective de la Communauté, devenue Union européenne, le tout étant pris dans le jeu complexe des relations transatlantiques. De fait, la présence de l’Union est forte dans le domaine économique, aussi bien par le traité d’association UE-Israël, qui fait de l’État hébreu le premier partenaire commercial de l’Union, que par le financement des institutions palestiniennes à partir du processus d’Oslo. Néanmoins, l’Europe n’est que simple observatrice des négociations du processus d’Oslo, et si le « quartet » des années 2000 lui reconnaît un rôle, c’est dans un cadre impuissant à faire accepter une solution politique satisfaisante.

    L’Europe est ainsi prise entre le poids de son héritage colonial et impérial, son identification culturelle avec Israël, la charge représentée par sa culpabilité dans la destruction des juifs d’Europe durant la Seconde Guerre mondiale, l’importance de ses relations économiques, technologiques et scientifiques avec l’État hébreu, la montée de l’indignation d’une partie de son opinion publique, marquée par l’accusation d’apartheid et aujourd’hui de génocide dans la guerre de Gaza.

    La question est de savoir si les États européens vont, dans leur grande majorité, reconnaître l’État palestinien et exercer des pressions envers l’État hébreu, en particulier dans le domaine de l’économie, ou s’il s’agit là plutôt de faux-semblants destinés à masquer une impuissance, voireune adhésion, liées à leurs héritages historiques et à leurs engagements géopolitiques. Il n’en reste pas moins que l’Europe, dans sa globalité, est un des grands théâtres d’affrontements du conflit israélo-palestinien, en particulier dans les opinions publiques. En un sens, c’est une bonne part de l’identité européenne qui est en jeu, aussi bien dans l’interprétation de son passé que dans la définition de son identité à venir.

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    Adage juridique latin : Dans le doute, pour la liberté
    *
    François Héran explique l’immigration à Bruno Retailleau

    https://blogs.mediapart.fr/francois-heran/blog/101125/palestine-au-college-de-france-la-protestation-de-francois-heran-0

    #censure #France

    • Annulation d’un colloque sur la Palestine : lettre du conseil académique de « #Jewish_Voice_for_Peace »

      Plus de 120 universitaires représentant le Conseil académique de l’organisation américaine Jewish Voice for Peace expriment leur #inquiétude et leur #indignation face à l’#annulation par le Collège de France du colloque « Palestine et Europe ». « Lorsqu’une institution aussi prestigieuse se laisse contraindre à censurer des activités universitaires, elle risque de perdre son #indépendance et son intégrité académiques, mais elle crée également un précédent inquiétant. »

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      À Thomas Römer, administrateur du Collège de France
      et Philippe Baptiste, Ministre de l’Enseignement supérieur
      Le 10 novembre 2025

      Le Conseil académique de Jewish Voice for Peace* écrit pour exprimer son inquiétude et son indignation face à l’annulation par le Collège de France du colloque « Palestine et Europe », sur la base d’#attaques_médiatiques infondées et de #pressions exercées par le ministère français de l’Éducation.

      Nous comprenons que l’annulation du symposium, prévu depuis plusieurs mois, n’est intervenue qu’après la publication d’un article dans l’hebdomadaire conservateur français #Le_Point, le 7 novembre, qualifiant à tort le symposium de promoteur de l’#antisémitisme, ce qui a incité le ministre de l’Enseignement supérieur, #Philippe_Baptiste, à l’annuler, ce qu’il a fait. De plus, la justification fournie pour cette décision recherchait le recours à l’excuse fallacieuse de « garantir la rigueur scientifique », bien qu’aucune preuve n’ait été fournie à l’appui de cette affirmation. En effet, comme cela s’est déjà produit auparavant, cette justification s’avère être un bouclier pour commettre une #injustice, en censurant de manière injuste la #recherche_scientifique légitime et les conférences consacrées à sa diffusion.

      En tant que plus de 120 universitaires issus de diverses disciplines représentant le Conseil académique de Jewish Voice for Peace*, nous représentons un large éventail de domaines académiques liés aux études juives et l’histoire de l’antisémitisme, y compris les études sur le génocide. Nous nous opposons à toute forme d’antisémitisme, comme nous nous opposons à toutes les formes de racisme. Nous rejetons également tous les efforts visant à utiliser l’ accusation d’antisémitisme à des fins de censure ou pour supprimer des points de vue sur Israël et la Palestine qui devraient être entendus et discutés. L’accusation d’antisémitisme doit être réservée à toutes les occasions où elle est véritablement méritée. Mais l’utilisation fallacieuse et spécieuse de cette accusation pour mettre fin à des travaux universitaires légitimes et à un débat ouvert non seulement sape sa force morale, mais sert les objectifs de la censure. Au contraire, nous vous exhortons à défendre les principes largement partagés de la #liberté:universitaire : la publication et la diffusion des travaux universitaires, la libre recherche dans les #universités et le #débat_public dans les sociétés démocratiques.

      Nous connaissons bien les travaux universitaires des participants cités dans le projet de symposium et attestons de la grande qualité de leurs recherches universitaires et de leurs présentations publiques : leurs publications répondent aux normes les plus élevées en matière de #rigueur_académique, d’ #impartialité et d’#érudition. Il n’y a aucune preuve d’antisémitisme dans le programme qui a été publié, et toute allégation contraire repose sur une fausse représentation de ces universitaires et de leurs travaux. Les participants sont issus de certaines des plus prestigieuses universités d’Europe, où leurs travaux universitaires ont été entièrement examinés et approuvés. Le programme du symposium reflète à juste titre l’état actuel des discussions universitaires et des débats publics sur #Gaza et #Israël/#Palestine de manière plus générale. Nous vous exhortons à ne pas supprimer les discussions universitaires sur des questions d’#intérêt_public, même lorsque les passions s’exacerbent. Seul un engagement en faveur d’une vie intellectuelle ouverte et fondée sur des preuves peut permettre de replacer ces questions dans leur juste perspective et servir à la fois les objectifs universitaires et un débat public éclairé.

      Nous attirons votre attention sur les calomnies proférées par la LICRA, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme. Non seulement cette organisation mène une campagne diffamatoire contre le symposium , mais elle est depuis longtemps considérée comme un groupe dont la crédibilité scientifique est très limitée, concentrant ses efforts sur des campagnes visant à attiser les peurs et à enflammer la haine anti-arabe/musulmane/palestinienne. Le ministère de l’Enseignement supérieur et le Collège de France ne devraient pas se laisser influencer par un groupe dont les références scientifiques sont manifestement faibles et dont les objectifs sont polémiques, diffamatoires et incendiaires, sapant ainsi les critères mêmes des normes intellectuelles appliquées dans les universités françaises les plus prestigieuses. De plus, les établissements d’enseignement ont l’obligation, en période de tensions politiques exacerbées, d’acquérir et de diffuser des connaissances, de prendre en considération un large éventail de points de vue et de créer les conditions propices à un débat et à un jugement publics éclairés. Le #colloque que vous avez annulé proposait précisément cela.

      Lorsqu’une institution aussi prestigieuse que le Collège de France se laisse contraindre à censurer des activités universitaires, elle risque non seulement de perdre son #indépendance et son intégrité académiques, mais elle crée également un précédent inquiétant pour les universités qui luttent pour maintenir leurs normes internes et leurs procédures d’autogestion en ces temps de plus en plus autoritaires.

      Soyons clairs : la décision d’annuler cet événement important est un acte de censure, qui permet aux propos arbitraires et incendiaires circulant dans les médias de servir de base à une décision qui aurait dû être, et qui devrait être aujourd’hui, selon toute norme raisonnable, de soutenir le symposium et ses objectifs. Lorsque des sujets « sensibles » sont ouvertement abordés et débattus par le public, les points de vue scientifiques peuvent être affinés et diverses perspectives peuvent être ouvertement discutées et débattues. La communauté universitaire internationale s’est traditionnellement appuyée sur le Collège de France pour maintenir ces normes, malgré les demandes croissantes des groupes politiques et des responsables gouvernementaux. C’est ni plus ni moins que son #autonomie très admirée qui est en jeu, une autonomie qui a inspiré les collèges et les universités du monde entier. Nous appelons donc le Collège de France à maintenir ses principes les plus élevés et à revenir sur sa décision, afin de permettre au symposium de se dérouler avec son programme publié et important.

      Nous demandons également au ministère français de l’Enseignement supérieur de revoir le processus qui a conduit à une décision aussi malavisée, privilégiant une opinion publique incendiaire et mensongère au détriment de critères scientifiques. Cette décision aurait dû refléter l’autonomie de l’université. Le refus de modifier le jugement scientifique ou professionnel en réponse à une intervention extérieure aurait défendu cette autonomie et reflété à la fois les normes scientifiques du Collège et son attachement à la liberté académique et à la liberté de recherche.

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      *Le Conseil académique de Jewish Voice for Peace est un réseau de chercheurs qui se consacrent à la promotion de la vision et des valeurs de JVP https://www.jewishvoiceforpeace.org. Forts de notre engagement commun en faveur des valeurs juives progressistes et de la libération de la Palestine, nous organisons des actions de solidarité avec la lutte pour la liberté du peuple palestinien dans les milieux éducatifs et universitaires. Nous mettons à profit nos compétences en tant que chercheurs, éducateurs et écrivains pour développer une analyse critique de la censure contemporaine sur la Palestine. Nous nous opposons à l’utilisation de l’accusation d’antisémitisme pour censurer ou criminaliser les discours critiques à l’égard du traitement réservé aux Palestiniens par l’État d’Israël. Nous défendons les droits du travail, la liberté académique et les droits d’association dans l’enseignement supérieur et confirmons les valeurs fondamentales de Jewish Voice for Peace.

      https://blogs.mediapart.fr/jewish-voice-peace-conseil-academique/blog/111125/annulation-dun-colloque-sur-la-palestine-lettre-du-conseil-academiqu
      #ESR #recherche #science #enseignement_supérieur

    • Comment le Collège de France en est venu à annuler un colloque scientifique sur la Palestine

      La décision de suspendre l’événement, prise le 9 novembre par l’administrateur de l’établissement, crée un précédent. Des universitaires dénoncent le rôle joué par le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui aurait contribué à faire du colloque un « #événement_politique ».

      Pourquoi un colloque universitaire consacré à la Palestine a-t-il été annulé au Collège de France ? La question est posée après la décision prise par l’administrateur de l’établissement de déprogrammer un événement intitulé « La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines », qui devait se tenir les 13 et 14 novembre, coorganisé par l’historien Henry Laurens et le Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (Carep Paris).

      Les motivations ayant conduit à cette décision radicale – du jamais-vu depuis le Second Empire, quand le cours d’Ernest Renan fut « suspendu jusqu’à nouvel ordre » par l’empereur Napoléon III, le 26 février 1862 – interpellent dans leur enchaînement. A en croire Thomas Römer, l’administrateur du Collège de France, elle s’est imposée « en réaction à la polémique entourant la tenue » de l’événement.

      La « polémique » a démarré avec un article du Point, publié le 7 novembre. Sous le titre « Un colloque propalestinien à haut risque », le média formule l’hypothèse de « deux journées à tendance pro-Hamas ». La liste des intervenants « ne laiss[ant] aucune place au doute », « le colloque sera propalestinien, antisioniste et décolonial », décrète l’hebdomadaire. La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), interrogée, y voit même un cas d’« entrisme pur et simple ».

      « Foire antisioniste »

      Dès sa parution, l’article est posté sur X par la Licra, qui annonce « saisir » le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, car il s’agit d’un « colloque antisioniste » et d’un « dévoiement » du Collège de France. Le 8 novembre, sur Europe 1, la vice-présidente de la ligue, l’avocate Galina Elbaz, décrit les intervenants comme des « personnalités très sulfureuses qui ont toutes eu des prises de position qui flirtaient avec l’#apologie_du_terrorisme ». Une « #foire_antisioniste » où se seraient retrouvés « défenseurs du #Hamas, militants de #BDS [Boycott Désinvestissement Sanctions], éditorialistes d’#Al-Jazira », insiste la Licra.

      Ces accusations, qui insistent sur le financement du #Carep par des fonds qataris et l’accusent d’œuvrer en sous-main pour les #Frères_musulmans, indignent Salam Kawakibi, le directeur exécutif du centre de recherche. « Nous ne sommes ni des agents du Qatar ni des Frères musulmans, déclare-t-il. Nous sommes financés par un fonds privé, et nous dépendons de l’#Arab_Center_for_Policy_Studies, le plus prestigieux think tank arabe basé à Doha et qui compte des antennes à Washington, Beyrouth, Amman, Tunis, Madrid et Paris. » Le fondateur du centre, Azmi Bishara, vient plutôt de la gauche laïque. Le conseil d’orientation du Carep Paris est dirigé par Denis Bauchard, un diplomate respecté à la retraite, ayant été ambassadeur, notamment en Jordanie et au Canada.

      Le Carep a également été accusé par Le JDD d’avoir choisi à dessein le 13 novembre, qui coïncide avec le 10e anniversaire des attentats du Bataclan et des terrasses, à Paris, et du Stade de France, à Saint-Denis (Seine-saint-Denis). La date a en réalité été proposée par l’administration du Collège de France.

      Dans un communiqué annonçant l’annulation de l’événement, dimanche 9 novembre, Thomas Römer a tenu à rappeler la « stricte neutralité de l’établissement au regard des questions de nature politique ou idéologique ». En tant que « responsable de la sécurité des biens et des personnes, ainsi que de la sérénité des événements », il explique par ailleurs n’avoir d’autre choix que de renoncer « face à la polémique, mais aussi aux risques qui se manifestent autour de ce colloque ».

      Le Collège de France a indiqué au Monde, mardi 11 novembre, que le colloque « ne contrevenait pas aux règles générales en matière de #liberté_académique », mais a souligné que « la question de la pluralité des analyses a été publiquement mise en cause par différents acteurs », ce qui aurait suffi à compromettre la tenue de l’événement. « La violence des mises en cause sur les réseaux sociaux nous a fait craindre des risques liés à d’éventuels débordements aux abords et au sein de l’amphithéâtre », ajoute-t-on.

      Henry Laurens, coorganisateur du colloque au titre du Collège de France, est l’historien français le plus reconnu sur le Proche-Orient. Contacté par Le Monde, il a souhaité s’en tenir à son « devoir de réserve et aux strictes règles de la collégialité ». Des proches le disent très affecté par les accusations d’antisémitisme portées par plusieurs polémistes. Une source interne au Collège de France estime que « l’annulation du colloque est désastreuse : elle a causé plus de bruit et de dommages que n’en aurait causé sa tenue ».
      « Tout cela est assez emblématique de ce qui se passe dans le monde académique avec des approches très orientées, un regard très militant sur la question du Proche-Orient », juge, à l’inverse, Yonathan Arfi, le président du Conseil représentatif des juifs de France, qui se félicite que le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche se soit « largement fait écho du fait que cela dépassait le cadre usuel pour la #recherche_publique ». Dès l’annonce de l’#annulation du colloque, dans un tweet, le ministre, Philippe Baptiste, a en effet salué une « décision responsable d’une institution qui doit symboliser l’excellence du savoir (…) et, pour cela, être le lieu du débat dans toute sa #pluralité, ouvert à tous les courants de pensée ».

      « Je doute que vous soyez en mesure de garantir un débat »

      M. Baptiste n’a pas été un simple spectateur dans cette affaire. Au lendemain de la publication de l’article du Point, il a adressé une lettre à l’administrateur du Collège de France, que Le Monde s’est procurée. Dès les premières lignes, M. Baptiste considère que ce colloque fait l’objet d’une « vive #polémique ». « Sans préjuger des propos qui seront effectivement tenus, je ne peux que constater, à la lecture du programme, un parti pris sur un sujet délicat et fortement polémique », acte-t-il. Avant de mettre en garde M. Römer : « Au vu de ce programme, je doute que vous soyez en mesure de garantir un débat où le pluralisme des idées puisse pleinement s’exprimer. »
      Conscient que son statut de ministre « dans un Etat de droit » lui interdit d’empêcher la tenue d’une manifestation scientifique, Philippe Baptiste poursuit d’une phrase sibylline : « C’est mon rôle de le faire respecter [le code de l’éducation et le principe de liberté académique], et ce y compris dans le contexte de ce colloque, bien que je sois personnellement en profond désaccord avec l’angle retenu par celui-ci. »

      L’entourage du ministre assure au Monde que « c’est la décision exclusive du Collège de France que de choisir d’annuler le colloque » et qu’il n’y a eu « aucune pression » exercée par M. Baptiste. « Un événement comme celui-ci, avec la visibilité qu’il avait acquise au fil des jours, était porteur de risques de troubles à l’ordre public », justifie-t-on sans préciser sous quelle forme auraient pu avoir lieu ces troubles. C’est par « un écosystème de chercheurs, dont certains se sont émus du programme », ajoute-t-on, que le ministre a été informé, le 6 novembre, de la tenue de ce colloque.

      Selon nos informations, un groupe d’universitaires appelé « réseau de recherche sur le racisme et l’antisémitisme », structure fédérative associant huit universités et des associations dont la Licra, a produit de nombreux échanges entre les 8 et 10 novembre. Dans cette boucle qui compte des dizaines de membres de sensibilité plutôt pro-israélienne, on affirme que « certains collègues ont lâché la rampe et ne font plus aucune distinction entre leur expertise scientifique et leur #militantisme », qu’ils ont « pris l’habitude de se servir de leurs diplômes et de l’autorité morale qui en émane pour faire passer ce qui est tout bonnement de l’ordre de la #propagande [propalestinienne] ».

      On y évoque aussi la nécessité de prendre des « mesures coercitives pour les faire rentrer dans le cadre ». Enfin, on y raille le débat de clôture du colloque du Carep, qui prévoyait des prises de parole de l’ancien chef de la diplomatie française Dominique de Villepin, de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, et de l’ex-haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, Josep Borrell.

      « Accablant »

      Historienne et politiste, directrice de recherche au CNRS, Stéphanie Latte Abdallah devait intervenir au cours de l’une des tables rondes sur « Le sionisme comme projet européen d’expansion coloniale ». Elle confie être « choquée » par cette annulation et balaie tout caractère univoque dans les exposés prévus. « Il s’agit d’un colloque qui a un sujet scientifique, la Palestine et l’Europe, et des intervenants qui sont les meilleurs spécialistes de cette question, explique-t-elle. Les choix scientifiques relèvent des libertés académiques et non de la décision d’un ministre. En revanche, quand un colloque clairement politique est organisé au Sénat, le 10 novembre, par l’organisation israélienne #Elnet, financée par le gouvernement de Nétanyahou, cela ne semble poser de problème à personne. » Un autre intervenant, qui préfère garder l’anonymat, ironise : « Faudra-t-il aussi, à chaque colloque sur Israël, inviter un chercheur présentant le point de vue palestinien ? »

      Quant au panel de clôture, « il était bien séparé de la dimension purement scientifique », précise Mme Latte Abdallah. « Faire intervenir Dominique de Villepin, Josep Borrell et Francesca Albanese était un acte conclusif politico-diplomatique, centré sur des questions de #droit_international par des figures qui le portent, en plein génocide, dans un contexte où il nous oblige plus encore », décrit-elle en soulignant que « tout se passe comme si, au lieu de faire respecter le droit international, il était au contraire devenu une cible et quelque chose de dangereux ».

      Parmi les universitaires, plusieurs dénoncent une censure. D’après le politiste Fabien Jobard, directeur de recherches au CNRS et membre de l’Observatoire des atteintes à la liberté académique, « tout cela est vraiment accablant ». « Le ministre a dérogé au principe de respect de la liberté académique, et il le sait. Dans un même courrier, le ministre dit qu’il est le garant de la liberté académique, mais qu’il se garde d’agir pour la garantir. »

      Alors que le colloque était programmé depuis plusieurs mois, les organisateurs s’étonnent d’un tel revirement. « Sous couvert de garantir la #scientificité, le ministre justifie ainsi une intervention politique dans le champ de la recherche, en contradiction avec sa mission première : protéger la liberté académique », écrivent dans un communiqué, le 10 novembre, les responsables de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe du Collège de France et le Carep.

      Appel à la démission

      Cette annulation va « créer un précédent dangereux : il suffira désormais d’un article polémique ou d’un tweet ministériel pour censurer un colloque jugé “sensible”. Accuser ces chercheurs d’antisémitisme ou de militantisme revient à disqualifier sans fondement leurs travaux, pourtant validés par leurs pairs et publiés dans les revues scientifiques les plus prestigieuses, alertent-ils. La recherche n’a pas vocation à être équilibrée politiquement : elle doit reposer sur la compétence, la méthode et la probité intellectuelle. »

      « C’est le ministre qui a transformé ce colloque en événement politique, et c’est une première, observe l’une des intervenantes, qui souhaite taire son nom. Cela brouille toute possibilité d’une réflexion scientifique, équitable et compréhensive. On voit monter ce côté trumpiste, c’est comme une restriction de notre périmètre de recherche, alors même qu’il y a une énorme incompréhension du conflit et un manque de culture générale et de connaissance de l’histoire. »

      L’association France Universités, qui réunit les chefs d’établissement, indique avoir découvert « avec stupeur » cette annulation. Dans un communiqué daté du 10 novembre, elle exprime son incompréhension et une « vive inquiétude » à l’égard des libertés académiques. Près d’un millier de chercheurs, enseignants, étudiants ont signé une pétition dénonçant « la volonté délibérée d’empêcher la recherche académique sur Israël-Palestine, dès lors qu’elle contrevient aux cadres intellectuels portés par les soutiens à la politique israélienne », qu’ils jugent « extrêmement préoccupante ». Demandant une « réponse à la hauteur des enjeux », ils appellent à la démission de Philippe Baptiste.

      https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/11/11/comment-le-college-de-france-en-est-venu-a-annuler-un-colloque-scientifique-

    • Annulation du colloque « La Palestine et l’Europe » au Collège de France : « Cette interdiction ouvre la voie à une ère de censure institutionnelle »

      Dans une tribune au « Monde », un collectif de plus de 300 universitaires, parmi lesquels Jean-François Bayart, Judith Butler et Pierre-Cyrille Hautcœur, s’élève contre l’annulation de l’événement. Ils y voient une « atteinte sans précédent à la liberté académique ».

      N ous, membres de la communauté scientifique, chercheurs, enseignants, étudiants et citoyens attachés à l’indépendance du savoir, exprimons notre profonde inquiétude face à l’annulation du colloque « La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines », initialement prévu au Collège de France.
      Cette décision, prise à la suite d’un article polémique et de pressions directes exercées par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, constitue une atteinte sans précédent à la liberté académique en France. Sous prétexte de garantir l’intégrité scientifique, le ministère a légitimé une intervention politique dans le champ de la recherche, en contradiction avec sa mission première : protéger l’indépendance des universitaires et la pluralité des approches scientifiques.

      Issus d’universités prestigieuses telles que l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse), la School of Oriental and African Studies de Londres, l’université d’Amsterdam, l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et le Centre national de la recherche scientifique, à Paris, ou la Queen Mary University of London, les intervenants ont été injustement discrédités, sur la base d’amalgames et d’accusations infondées. Leur compétence, leur rigueur et la reconnaissance internationale de leurs travaux ne sauraient être effacées par des campagnes de dénigrement.
      Des principes mis en péril
      La recherche n’a pas vocation à plaire ni à se conformer à un « équilibre politique » dicté par le pouvoir. Elle repose sur la méthode, la critique, le débat argumenté, des principes aujourd’hui mis en péril. En confondant évaluation scientifique et contrôle idéologique, cette interdiction ouvre la voie à une ère de censure institutionnelle, où des calomnies médiatiques suffiraient à bâillonner la réflexion universitaire.

      Nous refusons que la France suive cette pente. Nous refusons que le Collège de France devienne le réceptacle d’une telle dérive. Nous affirmons que la mission des universités et des institutions de recherche n’est pas de conforter le pouvoir, mais d’éclairer la société.
      Nous appelons le Collège de France à revenir sur sa décision et à garantir la tenue de ce colloque dans le respect de la liberté intellectuelle. Nous appelons le ministère à honorer son devoir de protection de la recherche, non à en devenir le censeur. Et nous appelons la communauté scientifique tout entière, en France et en Europe, à défendre fermement le principe fondateur de toute science : le droit de penser librement.
      ¶Parmi les signataires : Michel Agier, anthropologue, directeur d’études EHESS ; Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po ; Frédéric Bauden, professeur à l’université de Liège ; Jean-François Bayart, professeur à l’IHEID (Genève) ; Sophie Bessis, historienne ; Karim Emile Bitar, enseignant à Sciences Po ; Judith Butler, professeure distinguée à l’université de Californie ; Bernard Chazelle, professeur à Princeton ; Delphine Dulong, professeure à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne ; François Héran, professeur honoraire au Collège de France ; Pierre-Cyrille Hautcœur, directeur d’études à l’EHESS ; Michel Kaplan, président honoraire de l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne ; Catherine Mayeur-Jaouen, professeure d’histoire contemporaine à Sorbonne Université ; Maurice Sartre, professeur honoraire à l’université de Tours. Liste complète des signataires à retrouver ici : https://docs.google.com/document/d/1p3GSo7mWGeE_0kWoqF_PcYMicwkzm9wK/edit

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/11/11/interdiction-du-colloque-la-palestine-et-l-europe-au-college-de-france-cette

    • Colloque annulé au Collège de France : les manœuvres d’universitaires pro-Israël

      L’interdiction du colloque « Palestine et Europe » qui devait se tenir au Collège de France les 13 et 14 novembre suscite de nombreuses réactions. Entre stupéfaction et dénégation, le temple du savoir vacille. Comment une telle décision, portant une si grave atteinte à la liberté académique et d’enseignement a-t-elle été prise ? Le Collège de France et son administrateur ont fait l’objet de pressions orchestrées notamment par un collectif d’avocats, en coordination avec un réseau de chercheurs, le #RRA (#Réseau_de_recherche_sur_le_racisme_et_l’antisémitisme), qui a largement échangé par courriels pour parvenir à ses fins. Nous avons pu consulter ces échanges, dont la lecture révèle une entreprise coordonnée de délégitimation, de délation et d’influence.

      « Nous avons adressé un courrier à l’administrateur du Collège de France, plus copie au ministre de l’Enseignement, hier par e-mail. J’imagine que notre courrier et toutes les autres initiatives ont permis cette annulation. Bravo à tous. #Déborah_Journo »

      Par ce mail triomphal, l’avocate Déborah Journo s’enorgueillit d’avoir contribué à l’annulation du colloque « La Palestine et l’Europe », coorganisé par l’historien Henry Laurens et le Centre arabe de recherches et d’études de Paris (Carep Paris), qui devait se dérouler au Collège de France les 13 et 14 novembre et qui vient d’être déprogrammé par Thomas Römer - l’administrateur de ce prestigieux établissement.

      Le message de l’avocate est adressé à une centaine d’universitaires, regroupés sous le nom de RRA, Réseau de recherche sur le racisme et l’antisémitisme. Cette structure a été créée en 2019 et a son siège et sa direction à l’université de Picardie. Elle se présente comme un « dispositif contractuel » regroupant « des unités de recherche rattachées à différents partenaires » publics et privés. La plaquette énumère : « Universités, CNRS, associations, institutions publiques ou privées. » Ce RRA se propose de fédérer « les unités de recherche et laboratoires », de renforcer « les synergies » et d’organiser des colloques. Sa direction revendique environ 500 membres, qui communiquent beaucoup entre eux.

      Dans la boucle de mails, des membres du réseau jubilent après l’interdiction du colloque du Collège de France :

      « Je ne boude pas le plaisir de voir ce colloque annulé », lâche une chercheuse (#Danielle_Delmaire, de l’université de Lille).

      « Bravo... j’ose espérer que cela puisse nous servir au sein de nos établissements pour faire jurisprudence. Vaillamment », ajoute une autre, tout aussi satisfaite (#Véronique_Benzaken, Paris-Saclay).

      D’autres encore espèrent que la punition fera office d’avertissement : « L’idée d’inviter des politiques dans un colloque académique – fût-il orienté, malfaisant et non pluraliste – tentera moins de personnes. » (#Paul_Audi, Paris-Descartes).
      Lobby

      Pour bien comprendre ce qui se joue dans ces échanges, il faut remonter au 7 novembre dernier.

      Ce jour-là, l’hebdomadaire Le Point publie un article de son rédacteur en chef #Erwan_Seznec dénonçant la tenue, « au Collège de France », de ce que ce magazine appelle un « colloque propalestinien à haut risque », qui « réunira », selon Seznec, « des personnalités aux positions radicales ».

      L’article provoque une nouvelle panique morale dans le monde politique et médiatique, mais aussi universitaire : au sein du groupe RRA, on perçoit le colloque comme « un autre signe du basculement progressif dans la légitimation et la banalisation des actions antijuives sous couvert d’antiracisme et d’anticolonialisme » - dixit le politologue retraité Pierre-André Taguieff.

      Ce samedi 8 novembre, l’avocate Déborah Journo explique aux universitaires du RRA qu’elle écrit au ministre de l’enseignement pour « dénoncer ce colloque au sein d’un établissement public sous sa tutelle ». Le colloque est annulé et, deux jours plus tard, l’avocate se félicite de l’efficacité de son action.

      Déborah Journo est avocate, elle déclare sur LinkedIn « consacrer l’essentiel de [son] activité à des actions de lobbying auprès du gouvernement, des institutions, des ONG ». Elle est également signataire d’une tribune publiée en août dernier, et sobrement titrée : « Non, il n’y a pas de génocide à Gaza. » Après le 7-Octobre, elle a fondé l’association Actions Avocats, qui mène des actions de lobbying ou des actes juridiques notamment pour défendre « toutes les victimes du racisme, de l’antisémitisme et du terrorisme ».

      Le Collège de France, temple du savoir et de la rigueur scientifique, aurait-il été influencé par l’action de l’avocate lobbyiste ? C’est en tout cas ce dont se targue l’intéressée.

      Rappelons qu’officiellement, c’est au nom de la « sérénité des débats » et du « respect de l’intégrité scientifique » que le colloque qui devait se tenir les 13 et 14 novembre a été annulé par l’administrateur du Collège de France Thomas Römer.

      Pour le chercheur à l’origine du colloque, Henry Laurens, c’est bien « la question de la liberté académique qui est en jeu ». Il exprime des réserves quant à la possibilité de pouvoir encore l’exercer à l’avenir : « Il y a déjà un colloque qui est prévu sur Gaza avec mon collègue Didier Fassin. Au mois de décembre, on verra pour ce colloque-là. »

      #Dénigrement

      Les membres du groupe d’universitaires constitué autour de RRA tiennent des propos dénigrants et calomniateurs à l’égard de leurs collègues investis dans les études autour de la Palestine. Paul Audi écrit par exemple :

      « Personnellement je crois ces gens capables de tout. Il y a un an j’ai fait une émission de radio face à Henry Laurens, et je l’ai vu accumuler des contre-vérités et des mensonges en s’abritant derrière son “autorité”. C’était ahurissant. Ce professeur n’est pas autre chose qu’un militant. »

      Le sérieux méthodologique des enseignants et chercheurs ainsi incriminés est sans cesse remis en cause. Ils sont accusés d’être avant tout des militants, au mieux négligents sur le plan scientifique, au pire antisémites. « De Didier Fassin à Henry Laurens et quelques autres, académo-militants qui occupent le terrain, le Collège de France est en passe de devenir le Collège de la France antijuive », écrit très sérieusement #Pierre-André_Taguieff.

      « Il ne faut pas se tromper de sujet. Il faut avoir balayé le programme de ce colloque […] pour mesurer à quel point il n’a rien à voir avec le périmètre académique et pourquoi il s’agit effectivement d’un meeting », estime quant à lui l’historien Emmanuel Debono.

      Délation, fichage, calomnies : la chasse est ouverte

      Dans ce climat d’insultes et de dénigrement, certains échanges entre universitaires les mieux gradés laissent apparaître une véritable #chasse_aux_sorcières visant les chercheurs travaillant sur les questions palestiniennes, au-delà du seul cas du colloque au Collège de France.

      Le samedi 8 novembre 2025, le directeur de Sciences Po Strasbourg, Emmanuel Droit, s’inquiète de l’invitation, dans son IEP, de la chercheuse Stéphanie Latte Abdallah. Ne pouvant, dit-il, « pas faire grand-chose en interne », il écrit à son réseau afin d’obtenir des informations qui lui serviraient à prévenir la présidence de l’université de Strasbourg contre cette historienne et anthropologue : « Que savez-vous à propos de Stéphanie Latte-Abdallah ? [...] Si jamais vous avez des infos sur cette chercheuse du CNRS me permettant d’alerter la présidence de l’Unistra, je vous en serai reconnaissant. »

      Les réponses aux relents nauséabonds ne tardent pas : « Clairement militante pro-palestinienne étant elle-même d’origine palestinienne Tte sa production universitaire est là-dessus Ses interventions aussi » (#Régine_Waintrater, Paris-Cité).

      La qualité de chercheuse de Stéphanie Latte Abdallah est également attaquée dans ce climat calomniateur qui règne dans le groupe RRA : « Elle fait toutes ces déclarations douteuses dans les médias, clairement pas scientifiques, a-historiques et non vérifiées », écrit #Évelyne_Chayes (CNRS).

      Enfin l’initiateur de cette traque, #Emmanuel_Droit, répond : « Merci oui en faisant des recherches, je viens de voir qu’elle n’a que le mot génocide à la bouche.... »

      Un informateur confie à Blast que ces personnes, importantes au sein de la hiérarchie du monde universitaire, exercent une influence considérable, capable de museler les voix contestataires : « Ils ont beaucoup de pouvoir. Ils ont beaucoup de moyens d’intimider les autres. Donc, il y a beaucoup de gens qui se taisent par #peur. » De plus, « ils ne veulent pas que tout ce qui est relatif à la reconnaissance du génocide puisse être audible », analyse une autre source.

      Un autre encore nous indique que « sous une apparence et des valeurs républicaines et de laïcité, il se joue beaucoup d’ostracisme et un double discours qui s’est envenimé après le 7 octobre en soutenant Israël mais sans jamais le revendiquer vraiment ».

      Dans une autre boucle de mails, un historien propose de constituer, avec l’aide du réseau RRA, des fiches sur les intervenants du colloque annulé sur la Palestine : « Je souhaite constituer un petit groupe de volontaires pour travailler sur l’épluchage des bios de ces intervenants. Il faut du pédigrée et du verbatim, et constituer la revue de presse accablante que cet aréopage mérite. Merci de me contacter si vous souhaitez réfléchir et mettre en œuvre, rapidement, ce travail de salubrité publique. Bien à vous, Emmanuel Debono. »

      Connivences politiques

      Plusieurs membres du RRA se félicitent en outre d’avoir influencé la position de ministres dans une décision aussi sensible que celle de l’annulation du colloque prévu au Collège de France.

      L’une de ces membres, #Déborah_Levy, écrit ainsi le 9 novembre : « Les ministres Aurore Bergé et Philippe Baptiste, prévenus depuis jeudi dernier (les alertes que vous faites remonter ici sont donc précieuses), ont demandé à l’administrateur du Collège de France d’annuler ce colloque, eu égard au risque élevé de trouble à l’ordre public et afin de garantir la sécurité des personnes. »

      À plusieurs reprises, les liens de proximité et de courtoisie entre ces universitaires et l’exécutif apparaissent au fil des échanges. Le 1er novembre, #Isabelle_de_Mecquenem (université de Champagne-Ardenne) évoque ainsi « une invitation à échanger avec le ministre de l’Enseignement supérieur », avant de préciser que la rencontre n’aura finalement pas lieu en raison de « l’instabilité politique ».

      À la lecture des échanges, une inquiétude sourde de voir leur #responsabilité engagée dans la décision d’interdire le colloque apparaît chez certains membres du RRA : « Chers amis, Aucun d’entre nous n’est responsable de l’annulation du colloque. A ma connaissance, en tout cas, nous n’avons pas demandé une telle chose. Comme beaucoup d’autres, nous avons fait état de notre effarement devant la programmation d’un meeting politique au Collège de France, où il ne faisait aucun doute que les échanges “scientifiques“ annoncés étaient de la poudre aux yeux. Albanese ? Villepin ? Peut-être en invitée surprise aurions-nous vu monter à la tribune Rima Hassan… »

      On retiendra de cette histoire qu’un colloque organisé avec et par des personnalités et des scientifiques confirmés et respectés, tels que Salam Kawakibi - directeur du Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris - ou encore Henry Laurens, a pu être interdit entre autres sous la pression d’un #lobbying d’universitaires aux positions ouvertement favorables au gouvernement d’Israël.

      D’autre part, cet événement confirme la volonté d’empêcher la tenue de manifestations scientifiques consacrées à l’histoire de la Palestine, lorsqu’elles ne sont pas agréées par les milieux pro-israéliens. Plus grave encore, les participants font l’objet de manigances et malveillances susceptibles d’affecter leur carrière universitaire.

      La LDH, (Ligue des droits de l’Homme) dans un communiqué publié hier soir, résumait la situation en ces termes : « Cette décision interroge sur l’exercice de la liberté académique et la nécessaire diffusion auprès des citoyens du travail scientifique. (...) Les chercheurs doivent pouvoir librement, indépendamment de toutes pressions directes ou indirectes, organiser des événements scientifiques sur le thème, sous le format et les modalités qui leur paraissent appropriés. »

      Contactée ce mardi 11 novembre au sujet de l’implication du RRA dans l’annulation du colloque, #Céline_Masson, la directrice de la structure universitaire, n’a pas souhaité répondre à nos questions : elle a tenu à préciser que le RRA n’avait aucun lien avec l’annulation du colloque.

      https://www.blast-info.fr/articles/2025/colloque-annule-au-college-de-france-les-manoeuvres-duniversitaires-pro-i

  • Le Collège de France annule un colloque sur la Palestine « en réaction à la polémique entourant » l’événement
    https://www.lemonde.fr/education/article/2025/11/09/le-college-de-france-annule-un-colloque-sur-la-palestine-presente-par-ses-de


    La façade d’entrée du Collège de France, à Paris, le 1ᵉʳ février 2025. SEBASTIEN DUPUY/AFP

    « L’administrateur du Collège de France se voit dans l’obligation en tant que chef d’établissement, responsable de la sécurité des biens et des personnes ainsi que de la sérénité des événements tenus dans l’enceinte du Collège de France, d’annuler la manifestation », a-t-il fait savoir. Le Collège de France « ne prône, ni n’encourage, ni ne soutient aucune forme de militantisme », a affirmé l’établissement qui assure de sa « stricte neutralité (…) au regard des questions de nature politique ou idéologique ».

    Le colloque, intitulé « La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines », et coorganisé par l’historien Henry Laurens et le Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (Carep Paris), avait été qualifié d’événement « propalestinien » par plusieurs personnalités.

    La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) avait dénoncé une « foire antisioniste », et évoqué le « dévoiement d’une institution prestigieuse ». L’association avait annoncé, vendredi, saisir le ministre de l’enseignement supérieur.

    #libertés_académques #Palestine #censure

    • Fin de la présentation du colloque annulé
      https://www.college-de-france.fr/fr/agenda/colloque/la-palestine-et-europe-poids-du-passe-et-dynamiques-contemporaines

      L’Europe est ainsi prise entre le poids de son héritage colonial et impérial, son identification culturelle avec Israël, la charge représentée par sa culpabilité dans la destruction des juifs d’Europe durant la Seconde Guerre mondiale, l’importance de ses relations économiques, technologiques et scientifiques avec l’État hébreu, la montée de l’indignation d’une partie de son opinion publique, marquée par l’accusation d’apartheid et aujourd’hui de génocide dans la guerre de Gaza.

      La question est de savoir si les États européens vont, dans leur grande majorité, reconnaître l’État palestinien et exercer des pressions envers l’État hébreu, en particulier dans le domaine de l’économie, ou s’il s’agit là plutôt de faux-semblants destinés à masquer une impuissance, voire une adhésion, liées à leurs héritages historiques et à leurs engagements géopolitiques.

      Il n’en reste pas moins que l’Europe, dans sa globalité, est un des grands théâtres d’affrontements du conflit israélo-palestinien, en particulier dans les opinions publiques. En un sens, c’est une bonne part de l’identité européenne qui est en jeu, aussi bien dans l’interprétation de son passé que dans la définition de son identité à venir.

    • Non mais on n’est pas totalement opposés au savoir, en France, hein. Regarde, au Sénat on accueille un très beau colloque : Le Sénat abrite un colloque financé par Israël
      https://www.mediapart.fr/journal/international/091125/le-senat-abrite-un-colloque-finance-par-israel

      La manifestation est organisée lundi par le lobby Elnet. Selon les informations de Mediapart, le ministère des affaires étrangères israélien s’est engagé à financer cet évènement à hauteur de 72 000 euros. Et ce, alors que l’association assurait jusqu’alors être totalement indépendante du gouvernement Nétanyahou.

      Lundi 10 novembre, le Sénat accueillera la deuxième édition d’un « sommet annuel » de la « coalition mondiale des femmes contre les violences basées sur le genre utilisées comme armes de guerre », sous le patronage de la sénatrice centriste Dominique Vérien, présidente de la délégation aux droits des femmes au Palais du Luxembourg. Aurore Bergé, la ministre déléguée chargée de l’égalité, interviendra en amont d’une table ronde. Le programme de l’évènement annonce aussi la présence de Manuel Valls, d’élu·es français·es et étranger·es, dont des représentant·es du gouvernement israélien, de juristes et d’ONG.

    • L’historien [Henry Laurens, interrogé par Ration]déplore que l’ensemble de l’événement soit discrédité par la présence de l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin et la juriste italienne Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens, connus pour leurs positions propalestiennes. « Je comprends que leur présence puisse déplaire à certains mais ils ont été invités à échanger avec Josep Borrell [ancien vice-président socialiste de la Commission européenne ndlr], pour un débat de clôture sur l’Europe, ce qui est dans leurs compétences politiques. » précise-t-il.

    • L’annulation d’un colloque sur la Palestine au Collège de France suscite critiques et incompréhension dans le monde [des dirigeants] universitaire[s, pendant que la valetaille des facs et les rangs A s’écrasent]
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/11/10/l-annulation-d-un-colloque-sur-la-palestine-au-college-de-france-suscite-cri

      France Universités, une association qui regroupe les dirigeants d’#université, a exprimé son « incompréhension » et sa « vive inquiétude » face à une décision qui « porte atteinte à la liberté académique », selon elle. France Universités « a découvert avec stupeur l’annulation du colloque scientifique “La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines” », a-t-elle annoncé dans un communiqué. « Les universités doivent pouvoir continuer, à l’abri de toutes formes de pressions extérieures, à promouvoir des débats éclairés par des travaux de recherche scientifique », a-t-elle estimé.

      Depuis 15 ans déjà, ces dirigeants d’université contribuent à détruire l’ancestrale franchise universitaire en tolérant ou en suscitant l’intervention de la police dans leurs locaux, et v’là que ça s’indigne. Ouf ! Il était temps que le corporatisme du choix des thèmes et des intervenants viennent à la rescousse du peu de dignité qui leur reste.

      Un pré carré à bétail, abrité par les vaches.

      François Héran, professeur honoraire au Collège de France, a protesté contre cette décision. « Je découvre que, loin d’être l’apanage du wokisme, la cancel culture peut aussi inspirer l’administration du Collège », a-t-il ironisé.

      Heureusement, LFi a proposé que ce colloque ait lieu à l’A.N.. Au même titre que les sauteries de Tsahal et alii au Sénat ?

    • Il est nécessaire de bien comprendre les exigences actuelles

      edit j’ai pas suivi ces histoires d’IA qui font vivre les morts et me demande si Herzl (qui n’était pas platiste !) pourrait par ce truchement dire son mot sur l’actualité lors d’un colloque sur la Palestine, d’autant qu’il faut bien trouver une manière de tenir compte de l’argument (hostile) qui sépare le savant du politique (De Villepin et je ne sais plus qui) à ce propos.
      Même si c’est un peu désolant au moment où d’autres mélanges des genres s’effectuent sans vergogne aucune (par ex., 5 émissaires de TotalEnergies, dont Pouyanné, ont été accrédités à la COP30 dans la délégation française).

  • #Accusation d’#antisémitisme à #Berkeley : « Je me retrouve dans les mêmes difficultés qu’un personnage de Kafka », par #Judith_Butler

    L’université de Berkeley a transmis vendredi les noms de 160 enseignants et étudiants à l’administration américaine dans le cadre d’une enquête sur des « #actes_présumés_d’antisémitisme ». La philosophe, qui figure dans la liste, dénonce dans une #lettre de graves atteintes aux #droits_civiques.

    Philosophe de renommée mondiale, Judith Butler a exprimé des vues très critiques à l’égard de la politique d’#Israël et s’est engagée dans la défense des droits des Palestiniens. La professeure émérite a écrit une lettre à David Robinson, l’avocat principal de l’université de Berkeley, qui l’a informée de la procédure en cours et dans laquelle elle dénonce de graves atteintes aux droits civiques ainsi qu’une trahison de l’esprit de Berkeley. « Libération » publie une version écourtée de cette lettre, également parue dans The Nation et dans La Stampa.

    Cher David Robinson,

    Ne sachant pas si nous nous sommes déjà rencontrés, je souhaiterais me présenter : je suis une enseignante-chercheuse retraitée, professeure émérite à l’école doctorale de l’#université_de_Berkeley, où je suis actuellement engagée dans un programme de recherche financé par une bourse.

    Durant de nombreuses années, dans mes enseignements de littérature comparée, j’ai consacré des séminaires à la thématique « Kafka et le droit ». Ceux-ci ont mis en évidence les échos des fictions de Kafka dans le monde réel, en particulier, la suspension de la procédure juridique régulière et la normalisation de la détention illimitée.

    Comme vous le savez peut-être, Kafka n’était pas seulement un grand écrivain de langue allemande, mais aussi un membre de la communauté juive tchèque, qui participait au débat sur les traditions du droit juif. Avocat de formation, il a passé la majeure partie de sa vie d’adulte à traiter des demandes d’indemnisation pour des préjudices corporels subis par des travailleurs dans l’exercice de leur métier, veillant à ce que les procédures soient respectées et à ce que les audiences soient équitables.

    Le soir, et surtout le dimanche, il écrivait. Dans ses paraboles, Kafka se demande si nous pouvons encore obtenir justice par la loi ou si, au contraire, la procédure judiciaire s’est tellement écartée de la voie normale que nous en sommes réduits à raconter comment elle étouffe toute demande de justice. Tel est le sujet de mes recherches actuelles et d’un prochain livre dont j’espère avoir terminé le manuscrit à la fin de 2025.

    Mon propos trouve une illustration particulièrement frappante dans son plus célèbre roman, le Procès. Au début de l’histoire, K, un employé de bureau, est réveillé un matin par deux hommes l’informant qu’une accusation a été portée contre lui. Se disant des représentants de la loi, ces émissaires inquiétants semblent plutôt être issus du monde professionnel de K ; leur statut est ambigu. Quoi qu’il en soit, ils l’informent d’une dénonciation. Quand K leur demande de quoi il est accusé, ils lui répondent qu’ils ne sont pas en mesure de le lui dire et semblent de fait l’ignorer.

    Ils envoient alors K, en quête du motif de son accusation, dans différents lieux d’une ville qui ressemble à celle de Kafka, Prague, jusqu’à un bâtiment dont les portes demeurent infranchissables. Cherchant en vain à connaître le motif de sa mise en examen, K doit préparer un procès dans l’ignorance de son objet.

    Après de nombreuses pages narrant des attentes et des recherches infructueuses, les lecteurs comprennent que la quête de K constitue le procès lui-même. K attend indéfiniment et vainement que débute une procédure équitable. L’un des principaux problèmes de K est sa croyance persistante en la régularité des procédures […]. Les avocats qu’il sollicite se montrent d’ailleurs tout aussi déconcertés par le caractère arbitraire et inquiétant de l’affaire.

    Affaire de harcèlement ou de discrimination antisémite est « présumée »

    Vous, qui avez été formé à la tradition juridique américaine, vous reconnaîtrez que K espère désespérément bénéficier de protections équivalentes à celles offertes par le 6e et le 14e amendements de la Constitution, à savoir le droit à être défendu par un avocat, le droit à être présenté devant un jury impartial, et le droit à connaître l’identité de ses accusateurs, la nature des accusations portées contre soi et les preuves retenues pour instruire un procès.

    Ces garanties vous sont sans doute familières aussi parce qu’elles font partie de la politique officielle de l’OPHD (Office for the Prevention of Harassment and Discrimination, Bureau pour la prévention du harcèlement et de la discrimination) […].

    Mon cas diffère bien sûr de celui de K, mais je me retrouve dans les mêmes difficultés que lui. Dans la lettre que vous m’avez adressée, vous m’informez simplement que vos services ont transmis « un dossier ou un rapport relatif à des incidents antisémites présumés » dans lequel figure mon nom. Deux aspects de cette communication retiennent l’attention d’une spécialiste de l’œuvre de Kafka.

    Vous laissez d’abord entendre, sans le dire explicitement, que je suis accusée d’antisémitisme ou que mon nom a été associé à un incident de ce type. Vous êtes en réalité plus prudent, puisque vous dites que l’affaire de harcèlement ou de discrimination antisémite est « présumée », laissant entendre qu’en l’état, l’allégation n’a fait l’objet d’aucune enquête ni d’aucun jugement.

    Au lieu d’établir un rapport conformément à la procédure – ce que vous êtes tenu de le faire en vertu du droit constitutionnel américain et de la politique de l’université de Californie –, vous transmettez à un bureau du gouvernement fédéral une allégation qui n’a donné lieu à aucun jugement. Qu’elle soit fondée ou non n’a apparemment aucune importance à vos yeux. […]. Mon nom figure désormais sur une liste dont le Bureau des droits civiques du ministère de l’Education (qui ne sont clairement pas mes droits civiques) fera les usages qu’il jugera appropriés.

    Vais-je désormais être fichée ? Mes déplacements vont-ils être restreints ? Vais-je être surveillée ? N’avez-vous aucun scrupule à communiquer les noms de « membres de la communauté universitaire de Berkeley » sans avoir au préalable respecté les règles élémentaires d’une procédure régulière, telles qu’elles ont été établies à la fois par la législation américaine et par la politique de l’université de Berkeley ?

    Une violation flagrante de la #confiance, de l’#éthique et de la #justice

    Je suis une personne relativement privilégiée. Je trouverai le moyen de survivre quelles que soient les mesures que le gouvernement prendra à mon encontre, mais le fait que vous ayez exposé des professeurs, des membres du personnel et des étudiants à une #surveillance généralisée constitue une violation flagrante de la confiance, de l’éthique et de la justice.

    J’appelle l’OPHD à faire valoir ses droits, à refuser de céder à de telles demandes issues du gouvernement fédéral, et à adopter une position de principe en faveur d’une procédure régulière et d’un examen équitable de toute affaire portée à sa connaissance.

    Je l’exhorte à suivre les règles qui ont prévalu à l’université de Berkeley avant cette intervention sans précédent, en respectant son #autonomie. Ne sacrifions pas notre #intégrité_institutionnelle sous la pression de formes légalistes d’#intimidation et d’#extorsion.

    Comme K, j’aimerais penser que nous vivons dans un monde où les allégations ne sont pas considérées comme vraies tant qu’elles n’ont pas fait l’objet d’un examen en bonne et due forme, et que, à ce moment particulier de l’histoire, nous ne mettons pas en danger un individu en transmettant une accusation non fondée et non jugée au gouvernement fédéral.

    Peut-être que je suis stupide, ne parvenant à vivre que dans le monde des paraboles. Heureusement, j’ai encore mes livres. Il n’est pourtant pas complètement insensé de résister à l’injustice quand elle se manifeste de manière aussi évidente, – ce qui vous est aussi apparu, je suppose.

    Cordialement,

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/accusation-dantisemitisme-a-berkeley-je-me-retrouve-dans-les-memes-diffic
    #université

  • Soutenu.es par les syndicats, les #vacataires de l’Université Paul-Valéry se mobilisent
    https://academia.hypotheses.org/63538

    Le 6 novembre dernier, les syndicats #CGT et Sud Education de l’Université Montpellier Paul-Valéry (UPMV) appelaient à la #grève et à la mobilisation, en soutien à 16 vacataires administratifs.ves mis.es à la porte du jour au lendemain par la direction … Continuer la lecture →

    #Actualités_/_News #CDD_de_la_honte #précarité #Sud_éducation #Université_Montpellier_3

  • LA RIFORMA DI EUROPOL
    https://radioblackout.org/2025/11/la-riforma-di-europol

    Il 5 novembre, mercoledì, lə eurodeputatə della Commissione LIBE (Commissione Libertà civili, giustizia e affari interni) voteranno una nuova proposta di regolamento su Europol, che mira ad ampliare la sorveglianza di massa in nome della lotta al “traffico di #migranti”. Come avverte Leila Beladj Mohamed in un articolo scritto su questo tema, “dietro la formula […]

    #altavisibilita #L'informazione_di_Blackout #diritti_digitali #frontiere #Mediterraneo #migrazioni #Unione_Europea
    https://radioblackout.org/wp-content/uploads/2025/11/riformaeuropol.mp3

  • Tristan Nitot sir l’éducation et l’IA
    https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7388588383872159744

    Faut-il arrêter de faire des études à l’ère de l’IA ? Telle est la thèse d’un livre sorti récemment qui semble affirmer que oui. Je n’ai aucune doute sur le fait que l’IA va révolutionner l’apprentissage, par contre je suis à peu près certain que ne pas étudier est une bêtise sans nom (ou une provocation supplémentaire des auteurs pour faire parler de l’ouvrage).

    Oui, l’IA va bouleverser l’apprentissage. C’est déjà le cas. On connait le recours fréquent - voire systématique - des étudiants à l’IA générative pour écrire leurs devoirs. Dans ce cas, c’est contre-productif : le professeur donne des devoirs non parce que le monde a besoin de plus de devoirs fait, mais bien parce que faire ses devoirs est la façon de faire face à un problème pour apprendre à le résoudre. Aussi, faire faire ses devoirs par l’IA, c’est comme emmener une grue à la salle de sport pour soulever de la fonte... certes, la fonte est soulevée, mais on n’a pas musclé les corps, ce qui était pourtant l’objectif premier !

    Il y a des fois où l’IA peut être très utile pour l’apprentissage : pour aider les profs à créer des exercices, pour servir aux étudiants à échanger avec un genre de professeur particulier numérique ou bien pour préparer des « flashcards » pour mieux réviser. Un autre cas pourrait être celui où une IA adapte le contenu pédagogique à l’étudiant, en fonction du fait qu’il est plus sensible à la vision, à l’audio ou à l’écrit.

    Alors OUI, l’IA va très probablement changer notre façon de travailler et d’apprendre, mais ça n’est pas une raison pour ne pas faire d’études. Nos parents et grands-parents apprenaient la liste des départements français et leurs préfectures et aujourd’hui cela n’est plus nécessaire. Certains savoirs enseignés aujourd’hui ne sont plus nécessaires.

    Pourtant, certains savoirs pointus seront toujours nécessaires, soit pour s’assurer que l’IA fait bien le travail, ou pour le faire quand elle ne le pourra pas.

    Mais il faudra aussi comprendre le fonctionnement du Monde pour savoir dans quelle direction on veut aller.

    #IA #Education

  • Why the world’s top universities are abandoning the ranking system

    Institutes are questioning the value and methods used by ranking companies, which can focus more on research output than other parameters.

    The Sorbonne University, founded in Paris in 1253 and known globally as a symbol of education, science and culture, has just announced that, starting in 2026, it will stop submitting data to Times Higher Education (THE) rankings. It is joining a growing movement of universities questioning the value and methodology of these controversial league tables.

    Rankings companies add together various indices that purport to measure quality. The indices include research outputs, the results of reputation surveys, the amount of money they receive in research grants and donations, and how many Nobel prize winners they have ever employed.

    Nathalie Drach-Temam, president of the Sorbonne, stated that: “the data used to assess each university’s performance is not open or transparent” and “the reproducibility of the results produced cannot be guaranteed”.

    This echoes wider concerns about the lack of scientific rigour of ranking systems that claim to measure complex institutional performance through simplified metrics.

    The problem is that the general public believe that the rankings offer an indication of quality. As a result rankings have enormous influence over the market. This includes the choice of where to study and where to invest funding.

    The university’s decision aligns with its commitment to the Agreement on Reforming Research Assessment, an agreement signed by over 700 research organisations, funders and professional societies, and the Barcelona Declaration, signed by about 200 universities and research institutes. Both advocate for open science practices to make scientific research, data, methods, and educational resources transparent, accessible and reusable by everyone without barriers. And both recommend “avoiding the use of rankings of research organisations in research assessment”.

    The Sorbonne joins a growing list of high-profile institutions abandoning rankings. Columbia University, Utrecht University and several Indian institutes have opted out of major ranking systems. In the United States, 17 medical and law schools, including Yale and Harvard, have withdrawn from discipline-specific rankings.

    There are five major rankings companies and at least 20 smaller ones. On top of these are a similar number of discipline specific and regional rankings. Together they make up a billion dollar industry. Yet the rankings are accessible without charge.

    The rankings industry has increasingly targeted African countries. It sees the continent as a new market at a time when it is losing traction among high profile institutions in the global north.

    There has been a rapid increase in snazzy events run by rankings organisations on the continent. These events are very expensive and often quite luxurious – attended by vice-chancellors, academics, consultants and others.

    As an academic involved in higher education teaching, I believe that chasing the rankings can harm Africa’s fragile higher education system. There are two main reasons for this.

    Firstly, the rankings metrics largely focus on research output, rather than on the potential for that research to address local problems. Secondly, the rankings fail to consider higher education’s role in nurturing critical citizens, or contributing to the public good.

    The Sorbonne’s decision reflects a growing body of opinion that the rankings industry is unscientific and a poor means of measuring quality.

    Nevertheless, many vice-chancellors are not willing to risk the cost of withdrawing. Rankings might do a poor job of indicating quality, in all its nuanced forms. Nevertheless, they are very good at shaping public opinion. And even if a university chooses to stay out of the ranking by refusing to hand over its data, the industry continues to include it, based only on limited publicly available data.
    The ranking industry

    Rankings themselves are available for free. The ranking industry derives most of its revenue from reselling the data that universities provide. Universities submit detailed institutional data to ranking companies without charge. That information is then repackaged and sold back to institutions, governments and corporations.

    This data includes institutional income. It often also includes contact details of staff and students. These are used for “reputation surveys”. In the case of QS University Rankings, “reputation” makes up more than 40% of the rankings.

    This business model has created what can be described as a sophisticated data harvesting operation disguised as academic assessment.
    Mounting criticism

    Academic research has extensively documented the problems with ranking methodologies. These include:

    - the use of proxy metrics that poorly represent institutional quality. For example, while many university rankings do not include a measurement of teaching quality at all, those that do, use measures such as income, staff to student ratio, and international academic reputation.

    - composite indexing that combines unrelated measurements. The metrics that are collected are simply added together, even though they have no bearing on each other. Our students are repeatedly warned of the dangers of using composite measurement in research, and yet this is at the heart of the rankings industry.

    - subjective weighting systems that can dramatically alter results based on arbitrary decisions. If the system decides to weight reputation at 20% and then make university income worth 10%, we have one order of institutions. Switch these weightings to make the former 10% and the latter 20% and the list rearranges itself. And yet, the quality of the institutions is unchanged.

    Rankings tend to favour research-intensive universities while ignoring teaching quality, community engagement and local relevance.

    Most ranking systems emphasise English-language publications. This reinforces existing academic hierarchies rather than providing meaningful assessment of quality.

    Where new rankings are being introduced, such as the Sub-Saharan Africa rankings, or the Emerging Economies rankings, or even the Impact rankings, they sadly still have the problem of proxy measures, and composite and subjective weightings.

    In addition, many of the ranking companies refuse to reveal precise methodological detail. This makes it impossible to verify their claims or understand on what basis institutions are actually assessed.

    Researchers argue that rankings have thrived because they align with the idea of higher education as a marketplace where institutions compete for market share. This has led universities to prioritise metrics that improve their ranking positions rather than activities that best serve their students and communities.

    The emphasis on quantifiable outputs has created what scholars call “coercive isomorphism” – pressure for all universities to adopt similar structures and priorities regardless of their specific missions or local contexts.

    Research shows that striving for a spot in the rankings limelight affects resource allocation, strategic planning and even which students apply to institutions. Some universities have shifted focus from teaching quality to research output specifically to improve rankings. Others have engaged in “gaming” – manipulating data to boost their positions.

    Looking forward

    Participation in methodologically flawed ranking systems presents a contradiction: universities built on principles of scientific research continue to support an industry whose methods would fail basic peer review standards.

    For universities still participating, Sorbonne’s move raises an uncomfortable question: what are their institutional priorities and commitments to scientific integrity?

    https://scroll.in/article/1087997/why-the-worlds-top-universities-are-abandoning-the-ranking-system
    #abandon #ranking #université #ESR #classement

    –-

    ajouté à ce fil de discussion :
    #Etats-Unis : #Harvard, #Yale et #Berkeley décident de se retirer du prestigieux #classement des facultés de droit
    https://seenthis.net/messages/1048595

    • University ranking systems are being rejected. African institutions should take note

      The Sorbonne University, founded in Paris in 1253 and known globally as a symbol of education, science and culture, has just announced that, starting in 2026, it will stop submitting data to Times Higher Education (THE) rankings. It is joining a growing movement of universities questioning the value and methodology of these controversial league tables.

      Rankings companies add together various indices that purport to measure quality. The indices include research outputs, the results of reputation surveys, the amount of money they receive in research grants and donations, and how many Nobel prize winners they have ever employed.

      Nathalie Drach-Temam, president of the Sorbonne, stated that

      the data used to assess each university’s performance is not open or transparent

      and

      the reproducibility of the results produced cannot be guaranteed.

      This echoes wider concerns about the lack of scientific rigour of ranking systems that claim to measure complex institutional performance through simplified metrics.

      The problem is that the general public believe that the rankings offer an indication of quality. As a result rankings have enormous influence over the market. This includes the choice of where to study and where to invest funding.

      The university’s decision aligns with its commitment to the Agreement on Reforming Research Assessment, an agreement signed by over 700 research organisations, funders and professional societies, and the Barcelona Declaration, signed by about 200 universities and research institutes. Both advocate for open science practices to make scientific research, data, methods, and educational resources transparent, accessible and reusable by everyone without barriers. And both recommend “avoiding the use of rankings of research organisations in research assessment”.

      The Sorbonne joins a growing list of high-profile institutions abandoning rankings. Columbia University, Utrecht University and several Indian institutes have opted out of major ranking systems. In the US, 17 medical and law schools, including Yale and Harvard, have withdrawn from discipline-specific rankings.

      There are five major rankings companies and at least 20 smaller ones. On top of these are a similar number of discipline specific and regional rankings. Together they make up a billion dollar industry. Yet the rankings are accessible without charge.

      The rankings industry has increasingly targeted African countries. It sees the continent as a new market at a time when it is losing traction among high profile institutions in the global north.

      There has been a rapid increase in snazzy events run by rankings organisations on the continent. These events are very expensive and often quite luxurious – attended by vice-chancellors, academics, consultants and others.

      As an academic involved in higher education teaching, I believe that chasing the rankings can harm Africa’s fragile higher education system. There are two main reasons for this.

      Firstly, the rankings metrics largely focus on research output, rather than on the potential for that research to address local problems. Secondly, the rankings fail to consider higher education’s role in nurturing critical citizens, or contributing to the public good.

      The Sorbonne’s decision reflects a growing body of opinion that the rankings industry is unscientific and a poor means of measuring quality.

      Nevertheless, many vice-chancellors are not willing to risk the cost of withdrawing. Rankings might do a poor job of indicating quality, in all its nuanced forms. Nevertheless, they are very good at shaping public opinion. And even if a university chooses to stay out of the ranking by refusing to hand over its data, the industry continues to include it, based only on limited publicly available data.
      The ranking industry

      Rankings themselves are available for free. The ranking industry derives most of its revenue from reselling the data that universities provide. Universities submit detailed institutional data to ranking companies without charge. That information is then repackaged and sold back to institutions, governments and corporations.

      This data includes institutional income. It often also includes contact details of staff and students. These are used for “reputation surveys”. In the case of QS University Rankings, “reputation” makes up more than 40% of the rankings.

      This business model has created what can be described as a sophisticated data harvesting operation disguised as academic assessment.
      Mounting criticism

      Academic research has extensively documented the problems with ranking methodologies. These include:

      - the use of proxy metrics that poorly represent institutional quality. For example, while many university rankings do not include a measurement of teaching quality at all, those that do, use measures such as income, staff to student ratio, and international academic reputation.

      – composite indexing that combines unrelated measurements. The metrics that are collected are simply added together, even though they have no bearing on each other. Our students are repeatedly warned of the dangers of using composite measurement in research, and yet this is at the heart of the rankings industry.

      – subjective weighting systems that can dramatically alter results based on arbitrary decisions. If the system decides to weight reputation at 20% and then make university income worth 10%, we have one order of institutions. Switch these weightings to make the former 10% and the latter 20% and the list rearranges itself. And yet, the quality of the institutions is unchanged.

      Rankings tend to favour research-intensive universities while ignoring teaching quality, community engagement and local relevance.

      Most ranking systems emphasise English-language publications. This reinforces existing academic hierarchies rather than providing meaningful assessment of quality.

      Where new rankings are being introduced, such as the Sub-Saharan Africa rankings, or the Emerging Economies rankings, or even the Impact rankings, they sadly still have the problem of proxy measures, and composite and subjective weightings.

      In addition, many of the ranking companies refuse to reveal precise methodological detail. This makes it impossible to verify their claims or understand on what basis institutions are actually assessed.

      Researchers argue that rankings have thrived because they align with the idea of higher education as a marketplace where institutions compete for market share. This has led universities to prioritise metrics that improve their ranking positions rather than activities that best serve their students and communities.

      The emphasis on quantifiable outputs has created what scholars call “coercive isomorphism” – pressure for all universities to adopt similar structures and priorities regardless of their specific missions or local contexts.

      Research shows that striving for a spot in the rankings limelight affects resource allocation, strategic planning and even which students apply to institutions. Some universities have shifted focus from teaching quality to research output specifically to improve rankings. Others have engaged in “gaming” – manipulating data to boost their positions.
      Looking forward

      Participation in methodologically flawed ranking systems presents a contradiction: universities built on principles of scientific research continue to support an industry whose methods would fail basic peer review standards.

      For universities still participating, Sorbonne’s move raises an uncomfortable question: what are their institutional priorities and commitments to scientific integrity?

      https://theconversation.com/university-ranking-systems-are-being-rejected-african-institutions-

  • Deux mains dans la terre. Vers une #transition_écologique

    Un agriculteur, entouré de sa femme et de sa fille, remet son métier en question puis s’engage dans
    une transition vers l’agriculture biologique dans le but de retrouver son autonomie. Au fil de son cheminement, il change de regard sur l’agriculture et découvre que le paysan peut être un véritable “sauveur climatique” et source d’un renouveau territorial.

    https://actes-sud.fr/catalogue/bande-dessinee/deux-mains-dans-la-terre
    #BD #bande-dessinée #livre
    #agriculture #paysannerie #paperasse #PAC #agrandissement #mécanisation #sols #sols_agricoles #agriculture_conventionnelle #réductionnisme_scientifique #rendement #savoirs #uniformisation #agronomie #productivisme #productivité #agroécologie #bactéries #non-labour #engrais #pesticides #fertilisation #stimulation_de_la_fertilité #légumineuses #tricale #mycorhizes #haies #compost #fumier #élevage #prairies #autonomie #diversité #mosaïque_de_cultures #monoculture #diversité_génétique #semences_paysannes #semences

  • #Olivier_De_Schutter, rapporteur de l’ONU sur l’extrême #pauvreté : « La #stigmatisation des #pauvres accroît le sentiment d’anxiété et d’insécurité économique »

    Dans une tribune au « Monde », le juriste décrit les mécanismes d’une véritable « guerre contre les pauvres plutôt que contre la pauvreté », menée par un Etat-providence qui contrôle plus qu’il ne protège.

    L’économiste juif hongrois #Karl_Polanyi, alors exilé aux Etats-Unis, détaillait en 1944 dans La Grande Transformation, les raisons de la montée de l’#extrême_droite en Europe. Il soulignait que la foi sans limites des élites dans l’#autorégulation_du_marché et l’absence de mécanismes de #sécurité_sociale au moment de la crise économique de 1929 ont plongé une grande partie de la population dans une extrême pauvreté, favorisant la désignation de #boucs_émissaires et la montée des #fascismes. Tirerons-nous les leçons de son enseignement ?

    Les parallèles avec la situation actuelle sont trop nombreux pour pouvoir être ignorés. Depuis les années 1980, l’affaiblissement progressif du #système_social hérité de la période d’après-guerre plonge de plus en plus de personnes dans un état d’#insécurité_économique. Dans un contexte de crise de la croissance keynésienne et de hausse du #chômage, les fondements mêmes de notre système social ont été graduellement remis en cause par les thèses néolibérales.

    L’approche d’une #protection_sociale_universelle, fondée sur l’existence de #droits_sociaux garantis par la Constitution, a été remplacée par une approche conditionnelle. Les dépenses de sécurité sociale sont désormais considérées comme un #coût à réduire plutôt que comme un #investissement nécessaire au maintien de la #cohésion_sociale et à la #lutte_contre_la_pauvreté.

    Dérive dystopique

    En réalité, on a assisté à un grand retournement de la #politique_sociale : du rôle protecteur qui était le sien, l’#Etat-providence est passé à un rôle de #contrôle. Les dispositifs qui le constituent expriment une #méfiance envers des pauvres jugés coûteux, peu méritants, voire #fainéants. Les politiques dites « d’#activation » conditionnent désormais l’obtention d’une #prestation_sociale à une période d’activité, dans le but affiché « d’inciter » les personnes en situation de pauvreté à travailler, suggérant qu’elles sont tentées par l’#oisiveté.

    C’est ce que traduit la récente #réforme du #revenu_de_solidarité_active (#RSA), dont le versement est désormais conditionné à quinze heures d’activité gratuites par semaine. Dans une récente communication au gouvernement français, j’ai mis en garde contre les impacts de cette mesure qui, comme le soulignent la Défenseure des droits, la Commission nationale consultative des droits de l’homme et le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, pourrait mener à une augmentation du taux de #non-recours aux #prestations ainsi qu’à des cas relevant de la qualification de #travail_forcé. A ce jour, le gouvernement français n’a pas répondu à nos inquiétudes à ce sujet.

    La #dématérialisation de l’accès à l’#aide_sociale est une autre illustration de cette dérive aux accents dystopiques. Le « #tout-numérique » peut aggraver le phénomène de non-recours aux #aides_sociales et fragiliser les conditions de vie de nombreuses personnes en situation de pauvreté. En outre, les outils algorithmiques permettent d’automatiser #contrôles et #sanctions.

    La #Caisse_d’allocations_familiales (#CAF) a, par exemple, ciblé de manière discriminatoire des #familles_monoparentales ainsi que des personnes en situation de handicap. Cela mène à des retraits rétroactifs de prestations, aggravant ainsi la situation des bénéficiaires. Non seulement ces formes de contrôle constituent un frein au recours aux aides sociales et à la sortie de la pauvreté, mais elles sont souvent vécues par celles et ceux qui les subissent comme une #humiliation.

    Territoires abandonnés

    L’extrême droite prospère sur l’essor des inégalités et la #peur du #déclassement au sein des classes moyennes et populaires. Dans un contexte économique morose marqué par la stagnation des salaires et de nombreuses #délocalisations, la #stigmatisation des pauvres accroît encore davantage le sentiment d’anxiété et d’insécurité économique des classes moyennes paupérisées. Elle risque ainsi de renforcer les #divisions_sociales en opposant les « pauvres » aux « encore plus pauvres », d’une part, et « nos pauvres », jugés dignes d’être aidés, aux « migrants » qui viendraient leur faire concurrence, d’autre part. Ces dynamiques alimentent le discours décliniste des populistes d’extrême droite, qui attribuent l’insécurité économique à des #boucs_émissaires désignés par leurs origines ethniques.

    Pour inverser la tendance, les politiques sociales doivent être refondées sur le principe d’#universalité de la #protection_sociale, qui constitue un droit humain. Ces efforts doivent se doubler d’un plan de #cohésion_territoriale, permettant de garantir une véritable égalité d’opportunités entre populations des zones rurales et habitants des villes, alors qu’aujourd’hui beaucoup de ruraux ont le sentiment de vivre dans des territoires abandonnés, méprisés par les élites urbaines.

    La montée des populismes d’extrême droite est le résultat direct de la refonte néolibérale du modèle social d’après-guerre. Pour enrayer leur progression, la guerre contre les pauvres doit être remplacée par une guerre contre la pauvreté.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/10/22/olivier-de-schutter-rapporteur-de-l-onu-sur-l-extreme-pauvrete-la-stigmatisa
    #néolibéralisme #conditionnement #conditionnalité #inconditionnalité #immigrés #populisme

    aussi signalé par @colporteur
    https://seenthis.net/messages/1142934

    –-

    ajouté à la métaliste sur la #guerre_entre_pauvres :
    https://seenthis.net/messages/567127

  • Belgian AI scientists resist the use of AI in academia

    This summer, prominent Dutch AI scientists threw a spanner in the works with an open letter calling for a halt to the uncritical adoption of AI technologies in academia. Amongst the signatories is #Luc_Steels, a pioneer of AI research in Belgium. Apache spoke with Steels and several other Belgian scientists who support this letter of resistance. “Universities that encourage students to use #ChatGPT? That stuns me”, says Steels.

    It’s with these five action points that Olivia Guest, Iris van Rooij and a bunch of colleagues conclude their open letter directed to Dutch universities and colleges. Guest and van Rooij know what they’re talking about: both work at the School of Artificial Intelligence and the Donders Centre for Cognition of Radboud University in Nijmegen.

    Guest, van Rooij and their colleagues further explain their reasons for resisting in a position paper. Put simply, the technology that OpenAI and co are pushing threatens the very raison d’être of universities. The authors of the position paper oppose this and insist that “university leaders and administrators must act to help us collectively turn back the tide of garbage software”.

    AI scientists advocating a ban on AI use in classrooms: it sounds like a hallucination of an AI chatbot, but the popularity of the open letter shows it’s anything but that. As of today (23/10), it’s been signed more than 1,400 times, including by students and non-academics.

    Among them are some big names in the field of AI, such as Professor Emeritus Luc Steels. At the Free University of Brussels (VUB), he was one of the pioneers of AI research in Belgium. Katrien Beuls, professor and researcher in language technology at the University of Namur, Belgian professor of computer science Wim Vanderbauwhede from the University of Glasgow, and professor Nicky Dries, head of the Future of Work Lab at the Faculty of Economics at Catholic University of Leuven (KU Leuven), also signed the open letter.
    Embrace the chatbot

    Recent reports by Apache once again made clear how sensitive the topic of AI use is at Belgian universities. Earlier this month, the Department of Philosophy and Moral Sciences at Ghent University (UGent) tried to ban the use of generative AI for researching and writing bachelor’s and master’s theses, but was overruled by university authorities.

    The university policy is to “embrace generative AI”, to encourage students’ responsible use of AI tools, and only to prohibit them “if realistic and necessary for the assessment of competence(s)”. A ban can therefore only apply to tasks that are carried out “in a controlled setting”. At KU Leuven, the other major university in the Flemish-speaking part of Belgium, lecturers can also ban AI for certain tasks or courses under specific circumstances.

    Katrien Beuls is not surprised that higher authorities overturned the ban imposed by the Ghent philosophy department. "The university was a pioneer in Belgium (in adopting AI). When ChatGPT launched at the end of 2022, the then rector, Rik Van de Walle, swiftly announced that students could use the chatbot for their master’s thesis. A bad move. Or at least the beginning of a lot of trouble.”

    The “banned AI ban” indicates that no change in Ghent’s AI policy is to be expected under Van de Walle’s successor, Petra De Sutter. And the new rector of KU Leuven, Séverine Vermeire, has also chosen to “embrace” AI. At the start of the new academic year, Vermeire asserted that AI has really “become a necessity in reading and writing” in a radio interview.
    Best guess machine

    “I’m stunned to hear something like that,” says Luc Steels. The Belgian “godfather of AI” is saddened to see Belgian universities falling for the hype around generative AI tools such as OpenAI’s ChatGPT and Microsoft’s Copilot. These commercial AI systems can generate all kinds of content, such as text and images, based on human input – so-called prompts.

    “These systems will never be able to think and provide reliable information with the current approach to AI”, says Steels. And that current approach is focused on so-called large language models (LLMs). In short, such models are ‘trained’ via machine learning to place one word after another in the most credible way possible.

    “Especially in the US, there’s a belief that we are dealing with a kind of god-like system”, says Steels. “A Judeo-Christian deity who supposedly knows everything, sees everything, understands all languages, can predict everything... And the people in Silicon Valley believe they can build this. It’s a belief eagerly embraced by the capitalist system, with venture capitalists at the forefront. If such a god can be created, and if you can gain a monopoly on it, then you not only have the prospect of great wealth, but also a great deal of power.”

    Katrien Beuls, an AI researcher specialising in language technology, argues that the technology has shortcomings. “We know that, and that will never change. It is inherent to this technology.” Steels agrees: “The system is powerful, but it has fundamental limitations. ‘Hallucinations’ are part of the architecture of such a system.”

    Those ‘hallucinations’ are outputs that make no sense, but American linguist and AI critic Emily M. Bender opposes the use of the term ‘hallucination’ because it is an all-too-human term for a non-human system. An LLM system generates plausible language that a human can interpret and understand, but it has no concept of ‘meaning’ or ‘accuracy’ of what it processes and generates.

    Wim Vanderbauwhede refers to current generative AI programs as best-guess machines. “You give an input and it ‘guesses’ the answer a user would want to get, based on the input and the data it was trained on. The ‘machines’ don’t think; they generate something plausible, something that seems acceptable. But it’s up to the person receiving the message to decide if the answer is acceptable.”

    That is why we have arrived at the fundamental problem, especially when looking at it through a scientific lens: “The machines are unreliable”, says Vanderbauwhede. “That very much limits what you can do with it, because you need a notion of accuracy or truth for most applications.”

    According to Luc Steels, however, people tend to believe that computers give the correct answer. “And in computer sciences, that has always been the goal. No one has tried to build a calculator that gives a wrong answer from time to time.”

    Moreover, Beuls notes, we usually don’t know which training data were used or where they came from. “Will we, as scientists, no longer respect sources, where ideas come from? A university should value and prioritise intellectual property.”
    Outsourcing and losing skills

    The Department of Philosophy and Moral Sciences at Ghent University ultimately failed to introduce a limited ban on the use of generative AI. But why did they want to ban it in the first place? “Bachelor’s and master’s theses are meant to teach students certain skills”, says faculty member Wim Vanrie.

    “This involves detailed reading of philosophical and moral science texts, recognising, analysing and forming arguments, seeing and expressing conceptual connections, etc. Generative AI is a shortcut that is detrimental to developing these skills.”

    Ghent University, as well as the universities of Leuven, Brussels, and Antwerp encourage the “responsible use” of generative AI: the use under certain conditions. But Vanrie wonders what students need to be capable of such ‘responsible use’. “You can only critically assess the output of an AI chatbot if you have the skills to do so, and you don’t develop these skills by using AI. Before you can be critical of an AI summary, you have to learn to understand a text without having it summarized by an AI tool.”

    “It’s our responsibility to teach students certain skills”, says Vanrie. “We must train them to become independent, critical thinkers. They can only become that by doing the hard work themselves, not by outsourcing it. Within the department, we are concerned about the detrimental effects on our students’ development.”

    Nicky Dries is surprised that AI technology – which has only recently been adopted by a broad audience – is already enthusiastically embraced by universities and colleges, even though its long-term effects remain unknown. “Young people, but also children, are being used as guinea pigs.”

    AI scientists Steels and Beuls share the same concern. The former sees the loss of human skills as the greatest danger of AI. The latter won’t leave it at that: “I already ban the use of generative AI in my own courses, and as a promoter of master’s theses. I explicitly tell my students they won’t learn anything by using it. It’s a statement that shocks them, but they’re mostly glad about what they’ve learned afterwards. A general ban is necessary, but nobody dares to say so.”

    Vanderbauwhede would also prefer a ban, but, like many others, fears that it would be impossible to enforce. “We can’t stop our students from using AI, because you can’t check if they’ve used generative AI.” He notes that the guidelines on AI use at most universities are based on a legal concern: avoiding plagiarism lawsuits. “But anything produced by generative AI is based on existing texts and is therefore, technically speaking, always plagiarism. Fair use, the argument often used by AI companies to circumvent copyright restrictions, doesn’t apply to the scientific context.”

    “This is a machine with ingrained biases, which produces convincing-looking answers. To train that machine, stolen data has been used, people have been exploited, and enormous amounts of energy have been required. For me, that’s unacceptable.”
    Learn how to use it

    University guidelines on how to use AI as a student or teacher are invariably very positively formulated. “The advice is ingrained with the optimism that this technology will only get better. It’s the same story the AI companies are telling: with more computers and more data, all will be fine. That’s bullshit. This is and will always be a statistical, associative machine.”

    “Guidelines now focus on early adoption of the technology by students and schoolchildren. But what does it mean to ‘learn how to use ChatGPT’? What are you teaching them? Copying and pasting the output of a chatbot? My advice would be to teach them how computers work, how to code, how to think about the processes behind all this”, says Steels.

    Nicky Dries takes issue with the idea that AI use would prepare students for the labour market. “Are we just going along with the marketing pitch that AI will be inevitable in the workplace? Academic education has always implied a broader, intellectual education. You can’t view this tendency to prioritise education and research with an immediate economic purpose separately from the planned cuts in higher education by the current government.”

    Beuls also criticizes the narrative that students must learn to deal with AI. “Writing prompts isn’t a skill, it’s something you can learn quickly on the job if necessary. I don’t believe translators in training should learn how to prompt. To the contrary: they will be the ones that have to clean up the badly translated texts AI produces.”

    According to Beuls, IT companies are already seeing their codebase – the source code on which their software is built – being polluted with AI-generated code. “Many companies embraced AI, but are now seeing a dip in human expertise. They’re backtracking now.”

    There’s money to be made with cleaning up AI-generated code, Vanderbauwhede says. “But this is not a sustainable way of working. A recent study by METR showed that developers take 19% longer to complete a task with AI tools than without. In terms of productivity, that’s not really good, to say the least. The same applies to our students. And they don’t yet know whether the code that Copilot produced is any good.”
    Don’t miss the boat

    Microsoft and co. are not exactly making it easy for scientists not to use AI. AI functionalities are being crammed into existing programmes, unsolicited and to the annoyance of many. “I don’t want to use it, I’m not asking for it, but the applications I have to use are full of it”, says Dries. “If independent thinking is no longer encouraged at university, where would it?”

    “Even the software I use to review a paper for a scientific journal will ask me if I want an AI summary. While scientific journals have guidelines that virtually prohibit the use of AI when writing a paper, and certainly when reviewing it.”

    “This push is evidently coming from major publishers of scientific journals, like Elsevier. Nowadays, you’re required to tick a box stating that the paper may be used to train AI when you submit a paper. We must continue to ask: what kind of commercial interests are behind this?”

    Vanderbauwhede experiences something similar in Glasgow. “The university board doesn’t even protest against Microsoft integrating AI tools into its products without asking. Universities have enough experts within their organisations, but that doesn’t mean that management listens to them or even asks for their opinion.”

    Beuls sits on the University of Namur’s AI advisory board. There, too, the prevailing sentiment regarding AI is that “the industry demands it”. She doesn’t feel that she is really being heard as an AI researcher. “Too little attention is paid to AI experts. And Belgium does not have many, especially in this specific area of language models.”
    Not so inevitable

    “AI has gained a place in education and research, and it will never lose that place”, said Ghent University rector Petra De Sutter at the start of the academic year to Belgian daily newspaper De Standaard. Nicky Dries opposes this view of AI – and technology in general. “When someone says we can’t miss the boat, I ask: where is the boat going? What exactly will this technology improve? That’s rarely discussed. Since when did we become Big Tech’s free PR department?”

    “In my area of expertise – management and organisational studies – the standard opinion goes as follows: ‘Everything depends on how you use AI, it has good and bad sides. We will have to adapt, because those who cannot work with AI will be replaced.’ If you say something along these lines, you are supposedly being constructive and nuanced, but all these statements are based on zero evidence.”

    Philosopher Vanrie also questions the discourse of ‘inevitability’ around AI that has seeped into Ghent University’s policy. “The conviction that generative AI is inevitable leads to it creeping in everywhere, and this eventually makes it seem inevitable. It’s a self-fulfilling prophecy. But there’s nothing inevitable about it. What’s happening is the result of specific choices.”

    Moreover, AI is emerging at a time when teachers and students alike are under severe pressure. ‘Publish or perish’ on the one side, financial worries on the other. This makes it tempting to seek salvation from ChatGPT. Are these chatbots halting the resistance to these mounting pressures?

    “The solution certainly won’t come from AI; on the contrary, this only magnifies the problem”, Steels believes. He’s worried about the destruction of knowledge production as a serious activity. “Moreover, correcting the errors of AI will cost us loads of time and effort. But once the cat’s out of the bag…”

    Beuls believes many colleagues don’t see the danger. “Or think, out of a kind of defeatism, that they’re fighting against something bigger than themselves, something they cannot control anyway. So they just allow it, or even try to justify it, because students have to learn to work with it anyway, just like ‘in the workplace’ ... But in the end, it is human expertise that counts. A university degree has to be worth something, doesn’t it?”

    https://apache.be/2025/10/24/belgian-ai-scientists-resist-use-ai-academia
    #ESR #université #AI #IA #intelligence_artificielle #résistance #enseignement_universitaire #chatbot #LLM #interdiction #inévitabilité

    • Against the Uncritical Adoption of ’AI’ Technologies in Academia

      Under the banner of progress, products have been uncritically adopted or even imposed on users — in past centuries with tobacco and combustion engines, and in the 21st with social media. For these collective blunders, we now regret our involvement or apathy as scientists, and society struggles to put the genie back in the bottle. Currently, we are similarly entangled with artificial intelligence (AI) technology. For example, software updates are rolled out seamlessly and non-consensually, Microsoft Office is bundled with chatbots, and we, our students, and our employers have had no say, as it is not considered a valid position to reject AI technologies in our teaching and research. This is why in June 2025, we co-authored an Open Letter calling on our employers to reverse and rethink their stance on uncritically adopting AI technologies. In this position piece, we expound on why universities must take their role seriously to a) counter the technology industry’s marketing, hype, and harm; and to b) safeguard higher education, critical thinking, expertise, academic freedom, and scientific integrity. We include pointers to relevant work to further inform our colleagues.

      https://zenodo.org/records/17065099

  • Des universitaires appellent à la reprise des évacuations de chercheurs et étudiants gazaouis
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/10/19/des-universitaires-appellent-a-la-reprise-des-evacuations-de-chercheurs-et-e

    Des universitaires appellent à la reprise des évacuations de Par Soazig Le Nevé et Julia Pascual
    Depuis trois mois, aucun étudiant ou chercheur gazaoui n’a pu être accueilli sur le territoire français. Tout est pourtant prévu pour une centaine d’entre eux, après examen de leur candidature par un comité d’experts scientifiques : une place dans un cursus universitaire ou dans un laboratoire de recherche et un logement. Aucune réponse ne leur est apportée en retour.
    Tout remonte au 1er août. Le ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, décidait de suspendre les opérations d’évacuation, à la suite de l’affaire Nour Atallah. La jeune femme, arrivée le 11 juillet en France, devait intégrer Sciences Po Lille à la rentrée. Mais la découverte de ses publications en ligne appelant à tuer les juifs avait entraîné sa désinscription ainsi que l’ouverture d’une enquête judiciaire pour apologie du terrorisme et d’une enquête administrative.
    Depuis, « les procédures interministérielles ont été renforcées pour examiner les candidatures », indique une source diplomatique. Toutefois, affirme-t-elle, cela n’entraîne aucune remise en cause des visas « Talent » pour les lauréats du programme national d’accueil en urgence des scientifiques et des artistes en exil (Pause), ni des bourses octroyées aux étudiants. Si tout est au point mort, c’est parce que les services français seraient « tributaires des autorisations » émises par les autorités israéliennes, explique cette
    D’après nos informations, la réalité serait cependant plus complexe. L’arrêt des évacuations reste aussi une conséquence de l’affaire Nour Atallah, d’autres Etats ayant pu bénéficier d’évacuations autorisées par Israël sur lesquelles la France a délibérément choisi de ne pas se positionner. « Tout le monde est crispé sur les Gazaouis », analyse une source au ministère de l’intérieur. Au point que la France a refusé, en septembre, d’accueillir des Palestiniens sur son territoire dans le cadre de l’accord migratoire franco-britannique dit « one in, one out », qui permet notamment à Londres de renvoyer en France des migrants arrivés sur son territoire en traversant la Manche à bord de canots pneumatiques.
    « On est dans quelque chose de complètement kafkaïen, commente la professeure de sociologie Nacira Guénif-Souilamas, membre du collectif Universitaires avec Gaza. Nous continuons à instruire des dossiers, à réunir des pièces, à prévoir des inscriptions à l’université, on nous laisse entendre que tout cela va être examiné… mais on a l’impression de travailler dans le vide. On ne sait plus si cela a encore du sens. » De son côté, le Quai d’Orsay s’interrogerait aussi sur la pertinence de poursuivre les évacuations dans le contexte d’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le 10 octobre. Face à cette inertie, Laura Lohéac, directrice du programme Pause, lance « un cri d’alarme auprès des pouvoirs publics ». « Depuis janvier 2024, nous avons soutenu 72 Palestiniens lauréats et leurs familles, soit à peu près 350 personnes, retrace Laura Lohéac. Mais 24 d’entre eux sont encore bloqués à Gaza. Les autres ont bénéficié d’opérations d’évacuation ou avaient pu quitter Gaza pour Le Caire avant mai 2024, moyennant un visa au coût prohibitif avec une structure égyptienne. »
    A la suite de la fermeture totale de l’enclave, en mai 2024, les autorités israéliennes ont soumis toute sortie à une autorisation individuelle. « Il suffisait qu’un membre de la famille ne l’obtienne pas pour tout bloquer », poursuit Laura Lohéac. L’un des lauréats du programme, l’architecte Ahmed Shamia, est mort en mai 2025 à la suite d’un bombardement israélien. Entre avril et juillet, une vingtaine de lauréats ont été évacués et, depuis le 1er août, seul un a pu sortir, grâce à une opération menée par l’Italie, en septembre.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « Nous, étudiants qui apprenons le français à Gaza, lançons un appel à la France »
    Lors du dernier appel à candidatures qui s’est clos fin septembre, 107 dossiers supplémentaires ont été acceptés, en grande majorité des Palestiniens toujours à Gaza. Face à une telle ampleur, le défi est aussi financier. Pour la première fois, Pause ne pourra pas faire face, n’ayant « une capacité de financement que pour 15 personnes sur 107 », alerte Laura Lohéac.
    Pour réunir d’ici à mi-novembre un total de 3 millions d’euros nécessaires à sauver ces scientifiques et artistes en danger et leurs familles, et à préserver le patrimoine scientifique et culturel de Gaza, la directrice du programme en appelle aux ministères des affaires étrangères et de la culture, ainsi qu’au ministère de l’enseignement supérieur. Ce dernier s’était engagé à verser un financement complémentaire de 2 millions d’euros, qui « devrait intervenir d’ici à la fin 2025 », assure l’entourage du ministre, Philippe Baptiste.
    Le président de l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), Jean-François Huchet, affiche son soutien au programme Pause « pour qu’il ne soit pas oublié ». « Il y a une implication très forte des collègues qui prennent en main directement cet accueil, souvent en hébergeant eux-mêmes les chercheurs », relève-t-il. Lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, « une mobilisation sans précédent » avait permis à Pause de réunir 5 millions d’euros supplémentaires de la part des pouvoirs publics. Cette fois, le programme sollicite également le grand public et les mécènes, en ouvrant un appel au don, par l’intermédiaire de la Fondation de France.

    #Covid-19#migrant#migration#france#gaza#palestine#universitaire#PAUSE#sante#politiquemigratoire#asile#sante

  • “Une première victoire” : #Polytechnique claque la porte à #Microsoft_365 et choisit le logiciel libre, la révolte gagne les universités

    L’École polytechnique suspend sa migration vers Microsoft 365, contrainte par une mobilisation inédite. Une victoire qui révèle les failles béantes de la stratégie numérique de l’enseignement supérieur français.

    La direction de l’X a capitulé. Après des mois de tension et face à une procédure précontentieuse engagée par le Conseil National du Logiciel Libre (CNLL), l’École polytechnique annonce la suspension de son projet de migration vers Microsoft 365. Une décision qui résonne comme un désaveu cinglant pour les tenants de la facilité technologique, et comme une victoire éclatante pour ceux qui refusent de brader la souveraineté numérique française sur l’autel de la commodité administrative.

    Quand la loi rattrape l’opportunisme

    Le projet présentait des vulnérabilités rédhibitoires. En migrant vers l’écosystème Microsoft, Polytechnique s’exposait frontalement au droit extraterritorial américain - Cloud Act et FISA en tête - transformant de facto les données de la recherche française en gibier potentiel pour les services de renseignement d’outre-Atlantique. Plus embarrassant encore : cette migration contrevenait explicitement à l’article L123-4-1 du Code de l’éducation, qui impose l’usage prioritaire des logiciels libres dans l’enseignement supérieur.

    Le CNLL, déterminé à utiliser tous les leviers juridiques disponibles, avait dégainé l’artillerie lourde. Suffisamment pour que la direction de l’école comprenne qu’un passage en force n’était plus tenable, dans un contexte géopolitique qui a radicalement évolué depuis l’ère du “circulez, il n’y a rien à voir”.

    Une mobilisation protéiforme

    Cette suspension ne doit rien au hasard. Elle résulte d’une convergence de pressions : la mobilisation tenace des personnels et chercheurs en interne, l’alerte lancée par la presse, et l’intervention de personnalités politiques. Le député Philippe Latombe, notamment, a joué un rôle déterminant. Sa question écrite n°5346 a mis en exergue les contradictions flagrantes entre ce projet et les impératifs de protection des Zones à Régime Restrictif (ZRR), ainsi que les circulaires ministérielles.

    La réponse ministérielle, toutefois, s’est cantonnée à des considérations techniques à courte vue, éludant soigneusement le problème de fond : le caractère transformatif et la dépendance pérenne qu’engendre l’adoption de ces outils non-souverains. Une omission qui contrevient tant à l’article 16 de la loi République numérique de 2016 qu’à la directive n°1/DEF/DGSIC de 2007 portant sur les logiciels du ministère de la Défense.

    L’arbre Polytechnique et la forêt de l’ESR

    Si le cas de l’X capte les projecteurs par sa dimension emblématique, il ne constitue que la partie émergée d’un iceberg préoccupant. Au même moment, la DSB autrichienne (équivalent de la CNIL) décrète que Microsoft 365 Education viole le RGPD, notamment en pistant illégalement les étudiants et en instrumentalisant leurs données à des fins commerciales.

    En France, de nombreux établissements d’enseignement supérieur et de recherche, moins médiatisés que Polytechnique, subissent une pression insidieuse en faveur de solutions propriétaires. Plus inquiétant encore : des “témoignages du terrain” révèlent que des enseignants-chercheurs se voient désormais sommés “d’abandonner les outils libres et ouverts” (y compris dans le cadre de leurs enseignements) au profit d’un écosystème unique et verrouillé, explique la CNLL. Cette dérive, parfois encouragée par des recommandations administratives qui semblent ignorer superbement la législation en vigueur, constitue une atteinte frontale à la liberté académique et au pluralisme technologique qui devraient irriguer nos universités.

    "Sortir du #déni

    Pour Stefane Fermigier, co-président du CNLL qui s’est exprimé à travers un communiqué, cette affaire n’est “qu’un symptôme”,. La décision de la DSB autrichienne, qui tombe au même moment, vient corroborer un diagnostic déjà établi par la CNIL concernant le Health Data Hub en 2020 ou l’enseignement supérieur en 2021. Son verdict est sans appel : “le modèle même des solutions cloud assujetties au droit extraterritorial américain est structurellement incompatible avec le droit européen et la sauvegarde de nos intérêts économiques et stratégiques.”

    Croire pouvoir colmater ces failles structurelles par des arrangements contractuels ? Un “leurre dangereux”, selon lui. Son appel aux administrations est limpide : “sortir du déni et prendre enfin des décisions conformes au droit et à l’intérêt supérieur de la Nation.”

    Une alternative crédible

    Le CNLL ne se contente pas d’une posture critique. L’organisation propose son accompagnement via un groupe de travail dédié à tous les établissements qui, par souci de conformité et de saine gestion, optent pour des solutions libres, souveraines et interopérables. L’écosystème français du numérique ouvert, affirme-t-elle, est suffisamment mature et performant pour offrir une alternative crédible.

    Le message est limpide : il est temps de basculer d’une logique de dépendance subie à une stratégie de souveraineté assumée. Dans le secteur de l’ESR, la loi impose déjà la priorité au logiciel libre. Reste à la faire respecter.

    https://www.lesnumeriques.com/informatique/une-premiere-victoire-polytechnique-claque-la-porte-a-microsoft-365-e
    #ESR #informatique #GAFAM #université #résistance #logiciels_libres #France #linux #interopérabilité #alternative

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    ajouté à la métaliste sur les institutions et municipalités qui claquent les portes à #Microsoft
    https://seenthis.net/messages/1143366

  • Partout, la liberté académique recule.
    En France aussi, les chercheurs voient leurs marges de manœuvre se réduire : conférences annulées, sujets tabous, financements suspendus.
    Le rapport de Stéphanie Balme pour France Universités décrit un climat de peur, entre pressions politiques, dépendance financière et autocensure.
    La politologue y dénonce un « maccarthysme 2.0 » et appelle à inscrire la liberté académique dans la Constitution, à protéger les chercheurs contre les procédures-bâillons et à refonder une culture du savoir libre.
    Parce que sans pensée critique, la démocratie s’étiole.

    🔗 lenouveauparadigme.fr/liberte-academique-sous-pression

    #LibertéAcadémique #Université #Recherche #Science #Démocratie #Savoir

  • Homo Academicus, encore et toujours : pour un MeToo de la recherche

    À la suite du témoignage d’un jeune historien ayant mis en lumière les dérives hiérarchiques et les violences au sein de l’Université, j’ai souhaité apporter mon propre témoignage sur ce système que j’ai, moi-même, expérimenté. Il est temps d’engager une réflexion collective sur ces pratiques afin que l’Université demeure un espace de savoir et de liberté.

    https://blogs.mediapart.fr/soulef-bergounioux/blog/111025/homo-academicus-encore-et-toujours-pour-un-metoo-de-la-recherche

    #université #metoo

  • « J’ai perdu tous mes droits ! » : les étudiants internationaux suspendus au #renouvellement de leur titre de séjour

    La rentrée universitaire a bien commencé pour Reina. L’étudiante libanaise de 21 ans a validé sans encombre son admission en troisième année de licence en mathématiques et informatique à l’#université_de_Paris-Saclay. Et décroché une bourse d’études de la Fondation Jacques Hadamard, qui soutient les meilleures mathématiciennes. Puis elle a trouvé un logement, et un travail alimentaire pour régler le loyer – 750 euros par mois. « C’est toujours une fierté de voir des jeunes du monde entier choisir la France pour leurs études », soulignait, dans un communiqué publié en juillet, le ministre de l’enseignement supérieur démissionnaire, Philippe Baptiste. Comme Reina, ils sont 443 500 étudiants étrangers à avoir choisi la France pour suivre leurs études. Les plus importantes cohortes (230 000) proviennent d’Afrique et du Moyen-Orient. Les étudiants venant d’Asie, d’Océanie ou des Amériques sont moins de 90 000. Tous ont l’obligation de renouveler chaque année leur titre de séjour étudiant.

    Un matin de septembre, Reina prend rendez-vous au GATE, le service de son université destiné à faciliter les démarches des étudiants étrangers dans le dédale des administrations françaises. Face à une conseillère, elle confie son extrême détresse : « J’ai perdu tous mes droits ! » Sans réponse de la #préfecture de l’Essonne concernant le renouvellement de son titre de séjour, l’étudiante libanaise n’est légalement plus autorisée à travailler, elle pourrait donc ne plus être en mesure de payer son loyer et de poursuivre son cursus. Reina a pourtant bien déposé sa demande sur la plateforme d’administration numérique pour les étrangers en France (#ANEF), au début du mois de juin.

    Interrogée par Le Monde, la préfecture de l’Essonne révèle avoir reçu 4 585 demandes de titre de séjour d’étudiants étrangers entre mai et août. « 3 039 ont été traitées », assure l’administration. En septembre, 1 546 étudiants sont donc toujours dans l’expectative pour ce seul département francilien, et des témoignages similaires affluent de plusieurs métropoles. En 2024, 11 579 demandes de titre de séjour étudiant ont été déposées en Seine-Saint-Denis, « le premier département de France en termes d’activité relevant du séjour », rappelle le ministère de l’intérieur.

    https://reuters-fr.com/news/?id=106010

    #étudiants #université #ESR #étudiants_étrangers #titre_de_séjour #France

    ping @karine4

  • L’historien #Mark_Bray, auteur d’un #livre sur l’#antifascisme, contraint de quitter les États-Unis

    Le professeur à l’#université_Rutgers, dans le New Jersey, a fait l’objet de menaces de mort après la signature d’un décret par Donald Trump désignant le « mouvement antifa » comme terroriste. En partance pour l’Espagne, il explique sa situation.

    ContactéContacté par téléphone jeudi 9 octobre dans l’après-midi, Mark Bray était encore aux États-Unis, sur le point de prendre l’avion pour l’Espagne, avec sa femme et leurs deux enfants, après l’annulation mystérieuse de son billet la veille, alors qu’il allait embarquer.

    Historien à l’université Rutgers (New Jersey), Mark Bray est l’auteur du livre L’Antifascisme. Son passé, son présent et son avenir (Lux, 2018, initialement publié aux États-Unis en 2017 sous le titre Antifa, the Anti-Fascist Handbook). Depuis que Donald Trump a signé un décret présidentiel le 22 septembre, désignant l’antifascisme comme un mouvement terroriste, il fait l’objet d’une vague de cyberharcèlement et de menaces de mort.

    Une pétition lancée par Turning Point USA, le mouvement ultraconservateur fondé par Charlie Kirk, a été reprise par Fox News, et l’adresse personnelle de l’historien a été rendue publique sur les réseaux sociaux par des influenceurs d’extrême droite.

    « Cet événement n’est pas anecdotique, a déclaré son éditeur, Lux, dans un communiqué. Il ne concerne pas qu’un historien américain, qu’une seule université. Il témoigne d’un étiolement rapide des #droits_démocratiques en Amériques. Quiconque tient pour fondamentaux la #liberté_de_penser, la sécurité des personnes et le règne de la justice devrait être interpellé par cette situation. »

    Le 8 octobre, lors d’une table ronde à la Maison-Blanche consacrée aux milieux « antifas », Donald Trump a justifié l’intervention de l’armée dans les grandes villes démocrates des États-Unis par l’existence de cette supposée menace. La ministre de la justice, Pam Bondi, a promis de « détruire l’organisation entière du sommet à la base ».

    Après la manifestation d’extrême droite de Charlottesville, en 2017, Mark Bray, très sollicité dans les médias et connu pour son engagement au sein du mouvement Occupy Wall Street en 2011, avait déjà fait l’objet d’une campagne de l’#alt-right l’accusant de faire l’apologie de la « violence » des groupes antifascistes. Il explique à Mediapart la situation dans laquelle il se trouve désormais, dénonce la criminalisation de la gauche aux États-Unis et « un précédent dangereux pour les #libertés_académiques ».

    Mediapart : Comment êtes-vous devenu la cible de l’extrême droite ?

    Mark Bray : J’ai publié mon livre en 2017, quelques jours après les affrontements de Charlottesville [des néonazis s’étaient rassemblés pour défendre une statue du général confédéré Robert E. Lee, des contre-manifestant·es s’y étaient opposé·es et l’une des leurs avait été tuée – ndlr], et il a connu un certain succès. Puis, pendant cinq ans, le sujet s’est effacé, jusqu’à ce que le président Trump signe un décret présidentiel, le mois dernier, déclarant le mouvement « antifa » comme une organisation terroriste – alors que, légalement parlant, seules les entités étrangères peuvent être déclarées terroristes.

    Quelques jours plus tard, un influenceur d’extrême droite, Jack Posobiec, m’a qualifié de « professeur terroriste national » sur X. Le jour suivant, j’ai reçu la première menace de mort par mail : « Je vais te tuer sous les yeux de tes étudiants. »

    La semaine qui a suivi, un autre influenceur d’extrême droite a fait un post similaire, et le groupe local de Turning Point USA à Rutgers a mis en ligne une pétition demandant mon licenciement. Alors qu’à ce moment-là, la pétition n’avait recueilli que quelques signatures, Fox News en a rendu compte – c’était samedi dernier [le 4 octobre – ndlr]. J’ai reçu une autre menace de mort par mail, contenant mon adresse.

    J’ai donc commencé à me sentir mal à l’aise chez moi. Je suis historien de l’Espagne, c’est comme mon deuxième chez-moi, et j’ai décidé que je voulais y retourner. C’est un pays très différent, et très loin. Je ne souhaitais pas que cette décision soit rendue publique. J’ai écrit un mail à mes étudiants dimanche soir, leur expliquant que j’allais en Europe. J’ai été submergé par les messages de soutien, mais quelqu’un a posté ce mail et l’information est devenue publique.

    Lundi, je recevais encore plus de menaces de mort, Fox News me consacrait un nouvel article, mon adresse et des informations sur ma famille ont été postées sur X. La nuit dernière, nous sommes arrivés à l’aéroport international Newark Liberty, nous avions fait le check-in, passé le sas de sécurité, tout allait bien, et au moment de monter à bord de l’avion, mystérieusement, quelqu’un avait annulé notre réservation.

    Au même moment, plusieurs personnes connues qui participaient à mon harcèlement étaient reçues à la Maison-Blanche. Il est difficile de ne pas y voir une coïncidence.

    Le même jour, Donald Trump a réuni une table ronde sur le « mouvement antifa » à la Maison-Blanche, et la ministre de la justice, Pam Bondi, a promis de « détruire l’organisation entière du sommet à la base ». Vous pensez qu’il y a un lien avec votre situation ?

    Il y a probablement un lien avec cette réunion, mais selon moi, il y a clairement un lien avec la politique de l’extrême droite. Je suis convaincu que cette annulation est due à une intervention politique de l’extrême droite, qu’elle vienne du gouvernement ou d’un employé de la compagnie aérienne, un hacker, je ne sais pas. Mais je suis persuadé que c’était motivé politiquement.

    Turning Point USA vous avait mis sur une liste de personnes à surveiller, vous accusant de faire de la propagande de gauche, comme des centaines de professeurs, mais votre harcèlement a commencé après l’assassinat de Charlie Kirk…

    C’est vrai que cela a commencé après, mais ce qui a accéléré le harcèlement à mon égard, c’est le décret signé par Trump. Les deux sont liés. Depuis la mort de Charlie Kirk, dont Trump a accusé la gauche d’être responsable sans en avoir aucune preuve, il s’est servi de cet événement comme d’une opportunité pour s’en prendre à la gauche. Le désignation du mouvement « antifa » comme une organisation terroriste constitue une grande partie de cet effort. Et il concerne même les démocrates [que Trump a qualifiés le 7 octobre d’« insurrectionnistes » – ndlr].

    Comment la communauté étudiante et universitaire a-t-elle réagi à votre situation ?

    Avec indignation. J’ai le soutien total des syndicats de professeurs, qui ont écrit un communiqué en solidarité, du conseil de l’université, de mon département d’histoire, du doyen… J’ai reçu un élan massif de soutiens, incluant des pétitions d’étudiants.

    Le récit promu par Turning Point USA selon lequel je serais en quelque sorte une menace pour la communauté de Rutgers est donc à l’opposé de la vérité. À savoir que je suis en fait aimé par la communauté de Rutgers, qui estime, comme moi, qu’il s’agit d’un précédent dangereux pour les libertés académiques.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/091025/l-historien-mark-bray-auteur-d-un-livre-sur-l-antifascisme-contraint-de-qu
    #USA #Etats-Unis #menaces #menaces_de_mort #terrorisme #ESR #université #recherche

    • L’antifascisme de Mark Bray : une plongée dans l’histoire et les idéaux du mouvement antifasciste

      Dans son livre L’Antifascisme : Son histoire et son importance aujourd’hui, l’historien américain Mark Bray examine le mouvement antifasciste moderne, en retraçant ses racines historiques et en explorant ses pratiques actuelles. Mark Bray, spécialiste de l’histoire des mouvements sociaux et professeur à Dartmouth College, s’appuie sur des recherches approfondies pour exposer les principes, stratégies et débats internes du mouvement antifasciste.
      Une histoire ancienne, une lutte permanente

      Bray commence par replacer le mouvement antifasciste dans un cadre historique, en montrant que l’antifascisme ne date pas d’hier. Dès les années 1920 et 1930, alors que le fascisme gagne du terrain en Europe avec la montée d’Hitler et de Mussolini, des groupes de militants s’organisent pour contrer la propagation de cette idéologie totalitaire et raciste. Bray explore ainsi l’émergence des premiers mouvements antifascistes, notamment en Italie, en Allemagne et en Espagne, où des résistances locales s’organisent pour combattre l’expansion de l’idéologie fasciste.

      Ces premières actions antifascistes sont souvent conduites par des communistes, socialistes et anarchistes, bien que l’antifascisme se veuille plus large et inclusif, transcendant les divisions partisanes. La solidarité avec les victimes de persécutions fascistes et la défense de la démocratie et des libertés fondamentales deviennent alors les principaux moteurs du mouvement.
      Les stratégies et tactiques du mouvement antifasciste

      Mark Bray se penche aussi sur les stratégies adoptées par les antifascistes, des années 1930 jusqu’à aujourd’hui. Parmi les méthodes récurrentes, il décrit l’action directe, la contre-manifestation et le recours à la violence dans certains contextes comme des moyens de riposter contre les groupes néo-fascistes et d’extrême droite. L’auteur explique que l’antifascisme ne se limite pas à une idéologie ou une organisation unique, il s’agit plutôt d’un ensemble d’actions et de stratégies pour empêcher le fascisme de prendre racine dans la société.

      Un point central dans le livre est la justification de ces méthodes parfois controversées. Bray argumente que la violence antifasciste peut être vue comme une réponse proportionnelle à la menace posée par les mouvements fascistes, lesquels sont eux-mêmes souvent violents et répressifs. Il expose également les tensions internes au sein du mouvement, où certains militants prônent une approche plus pacifique tandis que d’autres estiment nécessaire l’usage de la force pour contrer efficacement le fascisme.
      Antifascisme et liberté d’expression : un débat épineux

      Un chapitre important de L’Antifascisme est consacré à la question de la liberté d’expression, qui soulève un dilemme éthique majeur pour les antifascistes. Bray interroge le cadre des sociétés démocratiques, où la liberté d’expression est un droit fondamental, pour poser la question suivante : peut-on vraiment tolérer l’intolérable ? En d’autres termes, doit-on accorder la parole aux fascistes, sachant que leur idéologie vise à détruire cette même liberté et à instaurer un système oppressif ?

      Mark Bray défend l’idée que l’antifascisme ne s’oppose pas à la liberté d’expression en tant que principe, mais qu’il considère que certaines idéologies, telles que le fascisme, sont des menaces existentielles pour la démocratie et les droits humains. Selon cette perspective, empêcher la diffusion des idées fascistes devient une nécessité pour protéger la société contre des dérives totalitaires. Cette position suscite des critiques, notamment parmi ceux qui craignent que de telles méthodes limitent la liberté d’expression de manière excessive.
      L’antifascisme au XXIe siècle : une urgence croissante

      Le livre de Bray est publié dans un contexte de résurgence des mouvements d’extrême droite dans de nombreux pays. Les événements de Charlottesville aux États-Unis, en 2017, marquent un tournant dans la perception de la menace fasciste, surtout après l’assassinat de Heather Heyer par un suprémaciste blanc lors d’une manifestation. Bray explique que ce renouveau du fascisme n’est pas un simple phénomène de « retour » historique ; il s’est modernisé, utilisant les médias sociaux et des techniques de communication contemporaines pour attirer de nouveaux adhérents.

      Mark Bray souligne ainsi la nécessité d’un antifascisme vigilant et organisé, capable de s’adapter aux nouvelles formes de propagation des idées d’extrême droite. Il insiste aussi sur le rôle des individus et des communautés dans la résistance aux idéologies haineuses, en soutenant que l’antifascisme est plus qu’une simple réaction, il est un engagement à défendre une société plus juste et plus égalitaire.
      Un ouvrage engagé et critique

      L’Antifascisme de Mark Bray est un livre engagé, qui se positionne sans ambiguïté en faveur des luttes antifascistes. En tant qu’ouvrage historique, il permet de mieux comprendre les origines et les fondements du mouvement antifasciste tout en confrontant le lecteurice aux défis contemporains. L’ouvrage reste une ressource précieuse pour comprendre les motivations et l’urgence de l’antifascisme aujourd’hui.

      En somme, L’Antifascisme de Mark Bray est une plongée dans les principes, les dilemmes et les actions du mouvement antifasciste, abordant des questions cruciales pour notre époque. Par sa réflexion engagée, Bray pousse ses lecteurs à réfléchir sur la nature du fascisme moderne et sur les moyens de le combattre pour préserver les valeurs démocratiques et humanistes.

      https://luxediteur.com/lantifascisme-de-mark-bray-une-plongee-dans-lhistoire-et-les-ideaux-du-m

  • Pour retrouver les enfants congolais non vaccinés, il est question des fumoirs à poisson et du dialogue inter-religieux
    https://redasadki.me/2025/10/08/pour-retrouver-les-enfants-congolais-non-vaccines-il-est-question-des-fumo

    Au deuxième jour de leurs travaux en direct, les professionnels de la santé congolais sont passés de la découverte à l’exploration des causes profondes qui laissent des centaines de milliers d’enfants exposés aux maladies évitables par la vaccination. Ils découvrent que les racines du problème sont souvent là où personne ne les attend : dans l’économie de la pêche, le dialogue avec les églises ou la gestion des camps de déplacés. Lire également : En #République_démocratique_du_Congo, la traque des enfants « zéro dose » passe par l’intelligence collective des acteurs de la santé Les analyses, plus fines, révèlent des leviers d’action insoupçonnés, démontrant la puissance d’une méthode qui transforme les soignants en stratèges. « La séance d’hier, c’était une séance de découverte, mais aujourd’hui, c’était une séance (...)

    #Global_health #francophone #Gavi #global_health #peer_learning #The_Geneva_Learning_Foundation #UNICEF #zéro-dose

  • En #République_démocratique_du_Congo, la traque des enfants « zéro dose » passe par l’intelligence collective des acteurs de la santé
    https://redasadki.me/2025/10/07/en-republique-democratique-du-congo-la-traque-des-enfants-zero-dose-passe-

    KINSHASA et LUMUMBASHI, le 7 octobre 2025 (La Fondation Apprendre Genève) – « Ces jeunes filles qui ont des grossesses indésirables, quand elles mettent au monde, elles ont tendance à laisser les enfants livrés à eux-mêmes », explique Marguerite Bosita, coordonnatrice d’une organisation non gouvernementale à Kinshasa. « Ce manque d’informations sur les questions liées à la vaccination se pose encore plus, car ces enfants grandissent exposés à des difficultés de santé ». Sa voix, émanant d’une mission de terrain dans la province du Kongo Central, s’est jointe à des centaines d’autres ce 7 octobre 2025. Il s’agissait de la deuxième journée d’un exercice d’apprentissage par les pairs de 16 jours visant à identifier et à atteindre les enfants dits « zéro dose » en République démocratique du Congo (RDC). Ce sont ces (...)

    #Global_health #Gavi #global_health #immunization #peer_learning #UNICEF #zéro-dose

  • Scholarslop: The Dangers of an #Algorithmic Idea of the University
    http://stunlaw.blogspot.com/2025/10/the-coming-threat-of-algorithmic-idea.html

    The #university has long been understood as a site of contestation between different modes of #knowledge production and institutional authority (Becher and Trowler 2001; Collini 2012; Readings 1996). Yet I want to explore whether we are on the cusp of a transformation in this struggle that recalls, for me, the quarrel of the ancients and the moderns, though now inverted by the computational capabilities of large language models.[1] One way of helping us to think about this is to use the concept of the inversion to examine how artificial intelligence can exceed a critical threshold where fake discourse becomes indistinguishable from, and potentially dominant over, genuine academic argument (Berry 2025). This we might call the quarrel of the artificials and the moderns. What distinguishes this moment is not merely the use of artificial intelligence for administrative tasks, but rather the emergence of what we might call the augmented bureaucratic subject, one equipped with the rhetorical and argumentative capacities that previously remained the province of academic expertise.

    (...) This we might call “#scholarslop” as #AI-generated content that mimics #academic discourse whilst lacking genuine scholarly insight, or more specifically “#adminslop” when used in administrative communications, produced at volumes that exhaust the faculty’s capacity to respond.[3] (...)

  • Une semaine pour #se_faire_du_bien

    Les 6, 8 et 9 octobre, Sciences II, le CMU et Uni Mail se transforment en espaces d’#expression_artistique et de #rencontre à l’occasion de la Semaine de la #santé_mentale de l’UNIGE. Un riche programme d’activités permettra à chacun et chacune de donner libre cours à ses #émotions_positives.

    #Joie, #gratitude, #émerveillement, #fierté, #amusement... Vivre des émotions positives permet de mieux affronter des situations stressantes, de s’ouvrir aux autres, de diminuer le sentiment d’#anxiété ou de #déprime et de rebondir plus facilement après des #difficultés. À l’occasion de la Semaine de la santé mentale organisée du 6 au 12 octobre par l’Office cantonal de la santé, l’UNIGE propose un riche programme d’activités qui permettra à chacun et chacune de confirmer le bien-fondé de ce postulat. À Sciences II le lundi 6, au CMU le mercredi 8 et à Uni Mail le jeudi 9 octobre, collaborateurs-trices et étudiant-es sont invité-es à créer pour donner corps à leurs émotions positives et témoigner ainsi de ce qui les inspire. Au cours de la semaine, une dizaine d’artistes ouvriront les portes de leurs univers variés pour inviter le public à dessiner, écrire, peindre, échanger et contribuer à des fresques collectives. Des jeux et des initiations de danse sont également au programme.

    « Nous avons choisi de recourir à la #créativité, à l’#art, parce que nous savons que cela fait beaucoup de bien, et que cela rassemble, peu importe la forme d’expression, que ce soit la danse, l’écriture ou une visite au musée », explique Tamara Ott, psychologue à la Division RH de l’UNIGE et responsable de l’événement, organisé avec la participation du Service santé des étudiant-es de Steps. « L’objectif n’est pas de faire de chacun-e d’entre nous un-e artiste, mais simplement de comprendre que, quand nous déposons nos ressentis, nos idées, nos pensées, par exemple en les écrivant ou en les dessinant, la prise de conscience et l’action qui s’ensuit sont meilleures. L’#expression_créative et les émotions positives jouent un rôle déterminant comme facteurs de protection dans le bien-être psychologique et dans le renforcement de la résilience. »

    Toutes et tous concerné-es
    Au même titre que la santé physique, la santé mentale concerne tout le monde. On estime ainsi qu’en Suisse, une personne sur deux sera atteinte d’un trouble psychique au cours de sa vie. Les enquêtes statistiques récentes montrent aussi des degrés de stress et d’épuisement au travail relativement élevés, notamment chez les jeunes. Au sein de cette population, on signale en outre des niveaux de solitude préoccupants. Pour la deuxième édition de la Semaine de la santé mentale, l’État de Genève, avec ses plus de 60 partenaires, abordera la problématique sous l’angle du lien social.

    À l’UNIGE, les artistes invité-es montreront comment ils et elles se sont servies de leurs pratiques artistiques, qu’il s’agisse de la bande dessinée, de la peinture ou du street art, pour traverser et surmonter des épreuves parfois douloureuses. Lors de démonstrations, de discussions ou d’ateliers, le public pourra contribuer à sa hauteur, de manière sincère et simple, à une fresque collective – inscrire une phrase qui donne du courage ou le refrain d’une chanson qui fait du bien, gribouiller un petit bonhomme riant, etc. – avec l’idée de partager et de s’inspirer les un-es des autres. « L’approche peut paraître légère, parce qu’elle est sur une tonalité plutôt joyeuse, mais, en réalité, parler de ce qui va bien est tout aussi sérieux, important et pertinent, commente Tamara Ott. Pour aller bien, il faut s’entraîner à regarder ce qui nous nourrit. Cela permet d’identifier et de renforcer ses ressources. Il est certes nécessaire d’agir sur les facteurs de stress, mais ce n’est pas suffisant. On oppose souvent le verre à moitié plein au verre à moitié vide, mais les deux ont leur importance. »

    L’équipe organisatrice appelle un maximum de personnes à participer, car la santé au travail est une responsabilité partagée qui n’est pas du seul ressort de l’individu, de l’organisation ou des managers. À noter que le moment consacré à ces activités peut être comptabilisé comme temps de travail et qu’il n’est pas nécessaire d’y rester longtemps pour en tirer un bénéfice. « Il est intéressant de considérer ces moments comme une façon d’investir différemment son temps de pause, pour souffler et se ressourcer, rencontrer autrement d’autres membres de la communauté universitaire et tisser des liens », précise Tamara Ott.

    https://www.unige.ch/lejournal/vie-unige/en-bref/semaine-sante-mentale
    #UNIGE #université_de_Genève

    –-

    voir aussi, à l’#université_Grenoble_Alpes (#UGA) :
    https://seenthis.net/messages/817228

    • Et ça, au même temps que...
      La communauté universitaire se mobilise contre les #coupes_budgétaires

      Quelque 400 étudiantes et étudiants ont manifesté mercredi 1er octobre devant Uni Mail, à l’appel de l’Union des Étudiant-e-s de Suisse (UNES) et de plusieurs syndicats. Rejoint-es par des membres du personnel de l’UNIGE, elles et ils ont exprimé leur opposition aux mesures d’austérité prévues par la Confédération dans le domaine de la formation.

      Dans son programme d’allégement 2027 des finances fédérales, le Conseil fédéral évoque notamment le doublement des taxes universitaires, et leur quadruplement pour les étudiantes et étudiants étrangers, synonyme d’atteinte à l’égalité des chances et à l’avenir des jeunes, selon l’UNES. A noter qu’à Genève, où l’UNIGE a déjà fait connaître son opposition aux coupes dans le domaine "Formation, recherche, innovation", les taxes universitaires relèvent des compétences cantonales.

      Conséquences mal évaluées

      « Les conséquences d’une telle mesure n’ont pas été suffisamment évaluées », souligne Audrey Leuba, rectrice de l’UNIGE. « La hausse des taxes risque d’entraîner une augmentation des bourses octroyées par le canton et d’engendrer des répercussions négatives pour les étudiantes et étudiants ainsi que sur la subvention fédérale de base. Elle irait par ailleurs à l’encontre du principe fondamental de l’accessibilité des études, une université ayant pour vocation d’accueillir toutes les étudiantes et étudiants qualifiés, indépendamment de leurs origines géographiques ou sociales. »

      Les étudiant-es dénoncent également les coupes budgétaires. « Ces coupes participent à un mouvement général de la dévaluation de l’enseignement supérieur, d’attaques à la qualité de la recherche et de réduction de l’accessibilité pour toutes et tous », estiment les organisateurs/trices de la manifestation.

      Menaces sur l’avenir

      « Investir dans la formation et la recherche, c’est investir dans l’avenir de notre pays », souligne Audrey Leuba pour qui « le programme d’allègement est synonyme d’un désinvestissement de la Confédération, qui risque d’occasionner des pertes économiques plusieurs fois supérieures aux économies visées à court-terme. Avec Michael Schaepman, recteur de l’Université de Zurich, nous avons écrit en ce sens aux commissions des finances du Parlement fédéral ».

      Pour l’Université de Genève, les coupes envisagées pourraient s’élever à plus de 22,5 millions de francs par an, une somme qui représenterait la suppression de plus de 20% des projets de recherche et près de 40 postes de professeur-es ordinaires. Ces coupes s’inscrivent dans une tendance à long terme qui voit déjà la population estudiantine croître beaucoup plus vite que le financement de la Confédération : 35,6% contre 23,3% au cours des vingt dernières années.

      Des manifestations similaires se sont tenues à Zurich, Bâle, Lausanne, Neuchâtel et Berne, où l’UNES a remis aux autorités fédérales sa pétition « Étudier doit rester abordable – maintenant », munie de 35’000 signatures.

      https://www.unige.ch/lejournal/vie-unige/automne-2025/manifestation-coupes-budgetaires-uni-mail

  • Gender, technology, and resistance : An interview with #Caroline_Bassett

    Professor Caroline Bassett MAE reflects on the promises and perils of digital technologies, and why critical feminist perspectives remain vital in shaping our technological futures.

    What motivated you and your co-authors to write Furious: Technological Feminism and Digital Futures and what core issues does the book address regarding gender and digital culture?

    “The cheap response to why we wrote Furious is that we were – separately and together – furious! What we were furious about was the way computational technology was being hailed as the future, and as a better future for all, when in fact many developments created problems for many, did little to improve lives, and often exacerbated inequalities. The claims made for technology endlessly revert to the universal; tech, we are told, is ‘for good’ – but the urgent question is always: good for whom, in what way, and where? These questions need to be continually revived in response to new waves of technological innovation, both in relation to industry hype and boosterish academic discourse.

    We all recognise that computational technology is powerful, and that it brings genuinely new developments. But we don’t believe it resets the world or pushes old issues – such as centuries of gendered discrimination, intersecting with other inequalities – to the sidelines. The core issue of the book, then, concerns what we might term, following Berlant, the cruel optimism of promises made about digital developments, particularly as these promises pertain to gender and sexuality.

    We are also furious about waste – the waste of work and opportunity. We’re not anti-computing in a global sense; we are against the waste, the misdirection, and the failure to weigh the costs and possibilities of computational technology against real measures: costs to specific groups, to particular regions, to the environment. We explored this especially in relation to future forms of life, visions of the future, and developments in biotech and health.

    All of this could have produced a very dark book. But we also wanted, through writing, to suggest forms of disruption, possibility, engagement, and solidarity.”

    In Furious, you highlight concerns about the problematic nature of much of the existing discourse on digital culture. Could you elaborate on what makes this writing problematic, and how it influences our understanding of the digital world?

    “One real issue – already clear from the above perhaps – is the fake universalism that pervades much existing discourse on digital culture. Even when the dial shifts from ‘this stuff is good’ to ‘this stuff is evil,’ the assumption is still that it applies equally to everyone. Of course, that’s not the case: what is good for one group often exacerbates suffering and discrimination for another.

    A second issue is the failure on digital culture to historicise. Somebody once said that every generation believes its own technology is exceptional – that it breaks through old barriers and rules, even disrupting earlier possibilities for resistance. In short, that it changes the order of things and determines the future. If you believe this, then history, context, previous injustices and inequalities all become irrelevant in the face of the so-called new. The only thing that matters is the present moment and the possibilities it generates for the future. This kind of short-termism produces a demand to develop technologies to safeguard “future people,” while overlooking the threats, possibilities, and discriminations of contemporary computational culture as a mode of informational capitalism. And because it refuses to recognise the past, it ends up entirely trapped in the present.”

    How do digital technologies, particularly artificial intelligence, both reinforce and challenge existing gender biases? Are there examples where AI has either perpetuated stereotypes or been utilised to promote gender equity?

    “Of course, there are many – and often notorious – examples of how big data has perpetuated existing gender and racial biases; AI bots that became Nazis, or image systems that consistently made doctors male and nurses female. The rise of large language models (today’s AI, if we accept the term) has amplified some of these issues, producing new problems and at larger scales.

    It’s obvious why and how language models are gender biased: they learn from us. Moreover, they have no bodies to ground their assumptions – they are pure discourse. This is partly why they are also highly normative. Homogenisation, the tendency of LLMs to narrow discourse and reproduce the canonical, means dominant ideas are likely to become more powerful and ubiquitous, and oppositional ones less so. I don’t think this is inevitable, but the direction of funding is certainly pushing us that way.

    On the other hand, there are many ways to use AI tools, and artists, teachers, activists, and students are already doing so. Still, the environmental cost of these technologies is urgent and must be addressed.”

    Your career transitioned from technology journalism to academia. How has this journey shaped your approach to studying digital cultures and gender?

    “My time as a tech journalist had a big influence on how I understand and study digital cultures, and questions of gender and intersectional discrimination. When I first started, I worked on a tech business magazine and saw how far vapourware and industry hype – what we might call “industrial imaginaries” – often diverged from the reality of what was actually made or what tech could do. I was also acutely aware of how male this world was, and watched digital technologies being “gendered masculine,” (to quote Judy Wajcman) – from how they were designed to how they were marketed.

    So, from the beginning of my academic life, I was sceptical about promises that technology would deliver universal benefits. Later, working for magazines focusing on Apple technologies, I became very aware of Silicon Valley myth-making. Beautiful design that looked – and in some ways was – radical could also be socially as conservative as ever: designed for the West, with Western culture in mind, and with the ideal user imagined as a white, Western male.

    At the same time, I also had a blast – and met many brilliant women who were hackers, designers, digital media artists, writers, journalists, and campaigners. Some identified as cyber-feminists, and I learned a lot alongside them. Being immersed in industrial tech culture also showed me what could be done with computational technology. Another – better, more equal, freer – world is possible. The fact that technologies that could support building that world are instead so often made for profit takes me back to Furious…”

    How has the intersection of gender studies and digital humanities evolved since you began your career, and what changes do you anticipate in the coming years?

    “I didn’t begin my career in Digital Humanities, at least not in the emerging discipline that later took that name. I was in digital media studies. But I would argue that digital media studies, software studies, and feminist technoscience are all key tributaries of what now constitutes DH. One positive development in DH is that this is increasingly recognised by more people who align themselves, in whole or in part, with the field.

    DH has also begun to move beyond the highly gendered and crudely binary distinction between “hacking” and “yacking” – where one term signalled valued work and the other dismissed as “just talking,” often a cover for the accusation of “uselessly theorizing.” These days, the argument that practice without critical thinking makes no sense has more traction. Feminists – and particularly intersectional feminists – within DH have been central to this shift, and that work needs recognition.

    For me, DH is a cultural study, or it is nothing. It is easier to argue that now than it used to be, and that places DH, amidst all the chaos and violence around us, in a good position to advocate for critical, intersectional feminist perspectives on emerging computational cultures and technologies – and the worlds they don’t determine, but can be used both to secure and to disrupt. I guess in the end, I am hopeful.”

    https://aecardiffknowledgehub.wales/2025/09/30/gender-technology-and-resistance-an-interview-with-caroline
    #genre #technologie #résistance #inégalités #discriminations #environnement #universalisme #faux_universalisme #historicisation #futur #biais #IA #AI #intelligence_artificielle #big_data #LLMs #normativité #homogénéisation #intersectionnalité #gendered_masculine #digital_humanities #féminisme

  • Précarité étudiante : l’urgence d’une réforme des bourses soulignée dans un rapport parlementaire
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/10/01/precarite-etudiante-l-urgence-d-une-reforme-des-bourses-soulignee-dans-un-ra

    La députée communiste Soumya Bourouaha dénonce les archaïsmes et les incohérences des aides allouées aux étudiants, dans un rapport présenté, mercredi 1ᵉʳ octobre, à l’Assemblée nationale. Elle préconise, à terme, de substituer aux bourses un revenu étudiant.

    [...]

    « Près du tiers des boursiers reçoivent mensuellement moins de 150 euros. A l’autre bout de l’échelle, seuls 8,2 % d’entre eux perçoivent 633,50 euros par mois, détaille le rapport. Dans ces conditions, la sortie de la précarité relève de la gageure, d’autant plus que les étudiants recevant ces montants sont les plus précaires par nature, ayant les parents les plus défavorisés. »

    [...]

    « La demi-part fiscale est en profonde contradiction avec les objectifs de redistribution sociale des aides sur critères sociaux, soutient l’élue. Elle ne bénéficie, par nature, qu’à des foyers acquittant l’impôt sur le revenu, [soit] seulement 44 % des ménages aujourd’hui. Elle est, en outre, fort coûteuse pour les finances publiques, avoisinant un montant de 2 milliards d’euros, à mettre en regard du budget de 2,3 milliards d’euros aujourd’hui consacrés aux bourses sur critères sociaux. »

    [...]

    Dans les familles qui appartiennent aux 20 % les moins aisées, environ 35 % des jeunes de 18 à 24 ans sont en études, diplômés du supérieur, ou ont atteint un niveau d’enseignement supérieur. Ils sont près de 90 % dans les familles parmi les 10 % les plus aisées.

    https://justpaste.it/4gkig

    (le boom de l’#apprentissage dans le supérieur a reposé et repose sur la demande de salaire / revenu)

    #étudiants #revenu_étudiant #université

  • #Chat_Control, ça s’en va… et ça revient
    https://framablog.org/2025/09/29/chat-control-ca-sen-va-et-ca-revient

    La directive dite Chat Control, actuellement discutée au niveau européen, pourrait bouleverser en profondeur nos usages numériques quotidiens. Présentée comme une mesure pour lutter contre la pédocriminalité en ligne, elle obligerait les services de messagerie et de communication à analyser … Lire la suite­­

    #Droits_numériques #Enjeux_du_numérique #Libertés_numériques #Libertés #Union_Européenne