• Au Brésil, les chefs indiens s’unissent contre Bolsonaro
    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-monde-est-a-nous/au-bresil-les-chefs-indiens-sunissent-contre-bolsonaro_3768729.html

    Un village caché au coeur de la forêt amazonienne. Et une zone protégée du Brésil, dans l’Etat du Matto Grosso du Sud. En théorie et sans doute plus pour longtemps, les indiens y sont les maîtres.

    C’est là que ce sont réunies depuis quelques jours plusieurs dizaines de chefs de tribu indiennes. Il est très rare qu’ils se retrouvent, enterrant leurs propres conflits, leurs différences. Mais cette fois-ci, il y a urgence et unanimité : la politique du président Jaïr Bolsonaro les menace de plus en plus sérieusement.

    Hier, entre des séries de danses rituelles, les chefs indiens ont annoncé une union sacrée contre la politique environnementale du président.

    #indiens #écologie #brésil #bolsonaro #devenir_naturaliste #universalisation

  • Retraites amères pour les #classes_populaires

    Le projet de réforme ne permet pas de garantir une réduction des #inégalités. Il existe au contraire de bonnes raisons de penser que celles-ci risquent de s’accroître.

    Bien sûr, il existe encore de nombreuses inconnues sur le fonctionnement du futur système de retraite liées à l’#âge_pivot à 64 ans, aux règles sur l’évolution de la #valeur_du_point, aux conditions concrètes de prise en compte de la #pénibilité, aux conditions de #revalorisation des #salaires des #enseignants et des autres #fonctionnaires, à l’avenir des #pensions_de_réversion ou encore au devenir des 24 milliards d’euros de recettes annuelles de la #Cades [Caisse d’amortissement de la dette sociale] à partir de 2024… Tous ces sujets sont encore sur la table après deux ans de concertation dont on peut se demander à quoi elle a servi pour en arriver à un tel gâchis : mis à part le Medef, plus aucun partenaire social n’a confiance en la parole du gouvernement. Mais pour celles et ceux qui sont attachés au système par #répartition tout en considérant qu’il doit être unifié et amélioré, le cœur du sujet, c’est qu’un #système_universel par points n’est pas forcément juste, ni même plus juste que l’actuel.

    L’#universalité est un moyen, pas un but. Les points ou les trimestres sont des outils, pas des formules magiques. Or, en l’espèce, le mantra « un euro cotisé donne les mêmes droits à tous » pour séduisant qu’il puisse paraître dans sa simplicité conduit à des #injustices difficilement justifiables. Tout d’abord parce qu’il ne tient aucun compte des différences d’espérances de vie suivant la #trajectoire_sociale, et en particulier des espérances de vie en bonne santé. Dans notre société où l’#héritage_social est celui qui est le mieux partagé, cette #fausse_égalité conduirait à ce que les #classes_moyennes et populaires continuent plus que jamais de payer massivement pour les retraites bien plus longues des plus aisés. La mise en place d’un âge pivot à 64 ans, comme le veut le gouvernement, aggraverait encore ce défaut.

    On nous explique que ce serait un progrès de passer du système actuel qui prévoit la prise en compte des 25 meilleures années dans le privé ou des 6 derniers mois dans public pour le calcul de la retraite, à un calcul sur la totalité de la carrière grâce au système par points. C’en serait indéniablement un pour celles et ceux qui ont travaillé longtemps moins de 150 heures par trimestre dont les cotisations ne leur donnent aucun droit aujourd’hui. Mais fallait-il absolument changer de système pour y parvenir ? Non, il suffirait de modifier cette règle.

    Qu’en sera-t-il pour les autres ? Si, pour les « carrières plates » en termes de rémunération, il n’y aura pas de pertes et que, au contraire, les grandes fulgurances de fin de carrière seront moins profitables, aucune simulation ne permet aujourd’hui de garantir une réduction des inégalités si on prend en compte l’ensemble des situations. Il existe au contraire de bonnes raisons de penser que celles-ci risquent de s’accroître. Les #cadres sortis à 23 ou 24 ans d’une grande école, avec tout de suite un CDI bien payé en poche, n’auront plus à travailler jusqu’à 67 ans pour percevoir une retraite à taux plein et seront à coup sûr gagnants. Ainsi que les #hauts_fonctionnaires, de Bercy et d’ailleurs, qui reçoivent des #primes conséquentes. Ils n’ont par nature jamais de trous dans leur carrière et pourront eux aussi s’arrêter de travailler plus tôt.

    Ce ne sera pas le cas pour les plus nombreux. Bien entendu pour les enseignants et toutes les autres catégories de fonctionnaires qui reçoivent peu de primes, sauf revalorisation improbable massive de leurs rémunérations. Mais aussi pour les ouvrier·e·s, les employé·e·s, les technicien·ne·s qui ont commencé à travailler à 20 ans en étant mal payés, qui ont connu le chômage à plusieurs reprises, avant de décrocher un CDI vers 30 ans et commencer alors une carrière un peu plus rémunératrice. Ce ne sera pas le cas non plus pour les employé·e·s sous statut privé pendant des années dans les services publics avant d’être titularisé·e·s. Ni pour les #mères_célibataires obligées de travailler moins pour éduquer plus. Tous verront leur retraite amputée du fait que la règle des meilleures années ne permettra plus d’effacer les années de galère pour le calcul du niveau de leurs pensions.

    Ceux-ci et celles-ci sont pour l’essentiel les enfants des classes populaires et moyennes. Ils vont, d’une génération à l’autre, devoir travailler au-delà de 64 ans pour glaner suffisamment de points afin de rendre leurs pensions tout juste acceptables. Il ne nous a pas échappé bien sûr que ce fonctionnement par points était déjà celui des régimes complémentaires actuels du secteur privé. Il n’en reste pas moins que sa généralisation dans le cadre du nouveau système universel renforcerait beaucoup les injustices qu’il engendre déjà. En prenant en compte de la même manière les rémunérations perçues à l’âge de 25 ans et à 60 ans, les systèmes par points dénaturent la fonction sociale fondamentale d’un système de retraite par répartition : offrir aux retraités une pension qui reflète leur niveau de vie en fin de carrière ou durant les meilleures années de celle-ci.

    Au lieu de promouvoir une telle injustice à travers la retraite par #capitalisation, la majorité actuelle réussit à le faire en prétendant défendre et améliorer la retraite par #répartition. Tout en parachevant l’étatisation de la #protection_sociale et en dotant le pays d’un mécanisme qui permettrait, en jouant sur la valeur du point, de réduire peu à peu les retraites futures sans avoir besoin de changer les règles du jeu. C’est un exploit qu’il convient de saluer, mais à force de détourner de leur sens les #valeurs de la République, cela conduit le pays dans une #impasse.

    https://www.liberation.fr/debats/2019/12/19/retraites-ameres-pour-les-classes-populaires_1770224

    –-> un ami économiste me signale que cette analyse de la réforme des #retraites est très intéressante...

  • L’universalisme, le miroir aux alouettes de la réforme des retraites | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/185624/reforme-des-retraites-egalite-universalisme-equite-penibilite-inegalites

    Pourtant, financièrement parlant, il n’y avait pas besoin de réformer les régimes de retraite. Ce n’est pas moi qui le dit, évidemment, mais c’est ce qu’a longuement expliqué Daniel Cohen sur France Culture. Le système n’est pas en péril, le système est stabilisé. Précisons que Daniel Cohen n’est pas un ultra-gauchiste patenté. Il est prof d’économie à Normale Sup’ et il se définit comme un pragmatique. Il n’est pas le seul à faire cette analyse. De là à en conclure qu’il s’agirait d’une réforme nécessaire à l’aune de déséquilibres économiques...

    Il est question d’#universalisme à la française, d’#équité et d’#égalité à propos de régimes spéciaux et de#pénibilité.
    #retraites #Titiou_Lecoq

    Liens vers
    https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/la-reforme-a-quel-prix


    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/12/19/herve-le-bras-sur-les-retraites-il-n-y-a-aucune-urgence-a-prendre-des-mesure

  • #Condamnation pour #mutilations_génitales_féminines commises à l’étranger

    Critique de l’arrêt du Tribunal fédéral du 11 février 2019

    Dans un arrêt rendu en février 2019, le Tribunal fédéral a confirmé la peine privative de liberté avec sursis infligée à une ressortissante somalienne pour avoir fait exciser ses deux filles, alors que ces mutilations génitales avaient été pratiquées en 2013 en Somalie, bien avant l’arrivée de ces personnes en Suisse. Cet #arrêt, qui a suscité tant l’approbation que l’incompréhension, porte déjà préjudice à la prévention des mutilations génitales féminines.

    Des excisions pratiquées à Mogadiscio en 2013

    La ressortissante somalienne en question et son mari, lui aussi somalien, ont deux filles (nées en 2006 et en 2007) et deux fils (nés en 2008 et en 2009). Le mari est venu en Suisse à la fin 2008 pour y déposer une demande d’asile. Sa mère, son épouse et les quatre enfants ont quitté leur quartier de Mogadiscio vers octobre 2013, puis ont passé un certain temps dans un centre pour réfugiés en Somalie, avant de gagner l’Éthiopie. De ce pays, ils ont rejoint la Suisse à la fin novembre 2015, une fois leur demande de regroupement familial acceptée. Au printemps ou en automne 2013 – le tribunal n’a pas pu établir avec certitude la date exacte des faits –, la mère a fait pratiquer une excision totale ou quasi-totale sur sa fille aînée et une ablation clitoridienne partielle sur la cadette. Après son arrivée en Suisse en 2015 avec ses enfants, son époux a déposé plainte pénale contre elle.

    Le Tribunal fédéral vient de confirmer les jugements des deux cours précédentes – le Tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers et le Tribunal cantonal de Neuchâtel – qui avaient condamné cette ressortissante somalienne à une peine privative de liberté de huit mois avec sursis.

    Principe d’#universalité  : légalité de la sanction imposée pour mutilation génitale féminine commise à l’étranger

    Dans son arrêt, le Tribunal fédéral a jugé que les auteurs d’une excision/mutilation génitale féminine (E/#MGF) pouvaient être poursuivis en Suisse, même s’ils n’avaient aucun lien avec la Suisse au moment des faits.

    Pour parvenir à sa conclusion, le Tribunal fédéral a suivi le raisonnement suivant  : tant la lettre de l’article 124 CP que les travaux qui ont abouti à son approbation montrent que le législateur n’a pas souhaité limiter la punissabilité aux infractions commises par des personnes établies en Suisse. Il ajoute que cette disposition doit viser la répression la plus large possible des mutilations d’organes génitaux féminins, notamment dans un but de prévention générale, et que les personnes cherchant asile en Suisse n’en sont pas exemptées. La Cour de Mon-Repos conclut son argumentation en énumérant les autres infractions du code pénal pouvant également être poursuivies en vertu du principe d’universalité  : infractions commises à l’étranger sur des mineurs, mariage forcé, prise d’otages, disparition forcée, génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.
    Une violation de la Convention européenne des droits de l’homme  ?

    L’un des droits humains les plus essentiels veut que l’on ne puisse être condamné pour une action que si sa punissabilité est inscrite dans la loi, et qu’elle l’était avant que l’action n’ait été commise («  nulla poene sine lege  »). Ainsi, l’article 7 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) dispose que personne «  ne peut être condamné pour une action [...] qui, au moment où elle a été commise, ne constituait pas une infraction d’après le droit national ou international  ». Seules les violations particulièrement graves des droits humains telles que les génocides, la torture ou les disparitions forcées sont considérées comme des crimes internationaux et peuvent être poursuivies indépendamment du lieu où elles ont été commises, de la nationalité et du domicile de leurs auteurs. On évite ainsi que ces derniers échappent à une condamnation en s’enfuyant à l’étranger.

    En 2011 déjà, le CSDH indiquait que la communauté internationale proscrit bel et bien les mutilations génitales féminines ordonnées par les parents ou par un autre membre de la famille, qui constituent une violation des droits humains, mais que cette infraction n’est pas, au sens du droit international, un délit qui peut être poursuivi indépendamment de son inscription dans le droit de l’État concerné. Ainsi, la condamnation pour des actes d’excision qui auraient été commis avant l’arrivée en Suisse pourrait constituer une violation de l’article 7 CEDH.

    Les difficultés que ce principe d’universalité pouvait provoquer étant passées inaperçues lors du processus législatif de l’art. 124 CP, les Chambres fédérales ne les avaient pas abordées. À l’origine, le législateur cherchait à rendre punissables les infractions commises à l’étranger par des personnes établies en Suisse et rares ont été les député-é-s à se prononcer sur la question de l’extraterritorialité.
    Le Tribunal fédéral n’admet pas d’erreur sur l’illicéité

    Dans son recours, la ressortissante somalienne faisait valoir qu’au moment des faits elle ne savait pas ni n’aurait pu savoir qu’elle commettait une infraction, et qu’elle n’était dès lors pas coupable et ne devait pas être condamnée.

    Le Tribunal fédéral n’a pas admis cette objection, indiquant que la Constitution somalienne interdit l’excision depuis 2012. Il admet toutefois qu’étant donné que la loi pénale ne contient pas de disposition expresse à ce sujet, la recourante n’était peut-être pas au courant de la prohibition constitutionnelle. Il avance ensuite un argument surprenant : ayant fait pratiquer l’excision de façon «  clandestine  », et pas par du personnel médical, la mère était forcément consciente d’agir dans l’illégalité. Le Tribunal fédéral précise qu’elle avait déclaré que l’excision était «  quelque chose qui n’est pas bien  » et qu’elle devait donc avoir eu une certaine conscience de son illicéité. Enfin, il lui reproche de ne pas avoir cherché à se renseigner auprès des autorités de son pays.
    Le Tribunal fédéral ne tient pas suffisamment compte de la situation en Somalie

    On ne peut que constater que la cour n’a pratiquement pas examiné les faits pertinents. Manifestement, les juges de Mon-Repos n’ont pas pris en compte le fait que, selon les données de l’UNICEF, 98 % des filles et des femmes en Somalie sont encore excisées et que les mutilations ne sont presque jamais pratiquées par du personnel médical.

    La Somalie, l’un des pays les plus pauvres au monde, est un État en déliquescence qui figure en queue de peloton du classement mondial tant pour le taux d’alphabétisation que, par exemple, pour la fourniture de soins de santé. Les dispositifs de protection de la femme y sont des plus précaires. Comme l’a souligné la recourante, les filles non excisées sont considérées comme des prostituées, de sorte que les familles ont à cœur de protéger leurs filles et de préserver leurs chances de trouver un mari.
    Appréciation différente de la situation en Somalie par le Tribunal administratif fédéral

    Dans un arrêt de 2014, le Tribunal administratif fédéral a jugé différemment la problématique des mutilations génitales féminines en Somalie. Il a ainsi conclu qu’une Somalienne, qui avait donné naissance à plusieurs enfants en Suisse, avait dû se soumettre à une réinfibulation à son retour en Somalie, sans quoi elle aurait été rejetée par la société et n’aurait plus trouvé à se remarier. Il constatait par ailleurs que cette femme, membre d’un clan minoritaire, déplacée interne qui ne bénéficiait pas de la protection d’un homme de sa famille, courait de sérieux risques d’être victime de persécutions fondées sur le sexe et d’être exposée à de graves préjudices.
    Pas d’examen attentif des faits ni de la situation de la prévenue

    Ni le Tribunal fédéral ni les instances précédentes ne se sont livrés à une telle analyse de la pression sociale. Le Tribunal cantonal neuchâtelois s’est borné à indiquer que la prévenue vendait des tomates au marché. Les cours pénales ne se sont intéressées ni à la façon dont cette mère subvenait à ses besoins et à ceux des quatre enfants qu’elle élevait seule, ni aux ressources dont elle disposait ou à ses liens de dépendance familiale et économique. Elles n’ont pas non plus pris conscience que la vie en Somalie est par ailleurs déterminée par l’appartenance à des familles et à des clans.

    Les autorités pénales n’en ont pas moins supposé qu’il était dans le pouvoir de cette mère de 26 ans, élevant seule ses enfants, de protéger ses filles de l’excision. En revanche, il lui a été reproché de ne pas avoir consulté les autorités. Or, en 2013, lorsque les excisions ont été pratiquées, Mogadiscio se relevait à peine d’une guerre civile destructrice. À quel genre de services publics cette femme aurait-elle alors pu s’adresser et comment aurait-elle pu protéger ses filles  ? Difficile de le savoir.
    Pas de clarification du principe d’universalité

    La Suisse est invitée à faire tout son possible pour éradiquer la coutume cruelle de l’excision et en protéger femmes et filles. Les femmes qui ont cherché – et trouvé – refuge en Suisse ne devraient pas être condamnées pour un acte traditionnel perpétré il y a bien longtemps et pratiqué par l’immense majorité dans leur pays d’origine. Certes la lettre de l’article 124 CP qui interdit les mutilations génitales féminines ne laisse aucun doute quant à la portée universelle de la prohibition. Toutefois, l’interprétation de la norme pénale aurait voulu que l’on examine aussi la validité du principe d’universalité et du principe «  nulla poene sine lege  » à la lumière de l’article 7 CEDH en particulier.

    L’arrêt de la Cour de Mon-Repos illustre par ailleurs les difficultés générées par le principe d’universalité. Lorsque les actes incriminés ont lieu à l’étranger, établir les faits et administrer les preuves d’une façon qui satisfasse aux principes de l’État de droit n’est pratiquement pas possible  : il faudrait mener des enquêtes approfondies avec tout le soin requis, ce qui représenterait une charge de travail considérable.
    Conséquences de cet arrêt

    Les premiers effets néfastes de cet arrêt se font déjà sentir, en particulier dans le domaine de la prévention de l’E/MGF. Des familles craignent d’être condamnées pour des mutilations pratiquées il y a très longtemps et, dans le pire des cas, d’être expulsées de Suisse. Certaines redoutent que leur mari ou leur clan les dénoncent aux autorités pénales pour mutilations génitales féminines afin de se débarrasser de femmes devenues «  indésirables  ». En dernier lieu, cet arrêt pourrait dissuader des femmes et des filles de s’adresser à des services de santé ou de consultation juridique.

    https://www.skmr.ch/frz/domaines/genre/nouvelles/condamnation-emgf-etranger.html
    #justice #excision #Suisse #femmes #filles #Somalie #jurisprudence

  • L’universalisme, une arme pour la gauche – Anti-K
    https://www.anti-k.org/2019/08/15/luniversalisme-une-arme-pour-la-gauche

    Les défaites en rase campagne accumulées se sont en effet accompagnées d’un spectaculaire pilonnage intellectuel. Non que les idées de transformation sociale aient déserté le paysage : les intellectuels progressistes ou radicaux continuent d’enseigner dans nombre d’universités, du moins aux Etats-Unis. Mais c’est le sens même de la radicalité politique qui a changé. Sous l’influence des théories poststructuralistes, les concepts de base de la tradition socialiste sont devenus suspects, voire dangereux.

    Pour ne prendre que quelques exemples, affirmer que le capitalisme possède une structure coercitive réelle qui pèse sur chaque individu, que la notion de classe sociale s’enracine dans des rapports d’exploitation parfaitement tangibles, ou encore que le monde du travail a tout intérêt à emprunter des formes d’organisation collectives — autant d’analyses considérées comme évidentes à gauche durant deux siècles —, passe aujourd’hui pour terriblement suranné.

    Amorcée par l’école poststructuraliste, la répudiation du matérialisme et de l’économie politique a fini par prendre force de loi au sein de la plus récente des chapelles de ce courant, mieux connue aujourd’hui dans le monde universitaire sous le nom d’études postcoloniales.

    #universalisme #postcolonialisme

  • Vivendi ouvre Universal Music à la Chine
    https://www.liberation.fr/france/2019/08/06/vivendi-ouvre-universal-music-a-la-chine_1743975

    Le géant chinois Tencent va acquérir 10% du leader mondial de la musique pour 3 milliards d’euros. Une opération juteuse pour les actionnaires du groupe français, dont la famille Bolloré. Excellent vendeur, Vincent Bolloré n’a pas fait mentir sa réputation financière. Le milliardaire, actionnaire de référence du groupe français Vivendi, a convaincu le mastodonte chinois Tencent d’acquérir un petit bout de sa filiale Universal Music (UMG) au prix fort : 10% pour 3 milliards d’euros, avec une option (...)

    #Universal #SFR_Vivendi #Tencent #concurrence

  • Vivendi invite le chinois Tencent au capital d’Universal Music
    https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/universal-music-vivendi-ouvre-la-porte-a-tencent-1122512

    Le propriétaire de WeChat prévoit de prendre 10 % du capital du numéro un mondial de la musique contrôlé par Vivendi et valorisé 30 milliards d’euros. Il dispose d’une option d’achat d’un an pour doubler sa participation. Vivendi bondit en Bourse. Vivendi est entré en « négociations préliminaires » avec le chinois Tencent en vue de lui céder une participation de 10 % dans sa filiale Universal Music Group (UMG). D’ici à un an, le groupe chinois propriétaire de WeChat pourrait même doubler sa mise pour (...)

    #Gameloft #WeChat #SFR_Vivendi #Tencent #Universal #jeu #bénéfices #concurrence

  • Une Déclaration pas si universelle

    La lutte pour les droits humains ne conduit pas toujours à l’#émancipation et à #la liberté. C’est même souvent le contraire qui est vrai, estime la chercheuse indienne #Ratna_Kapur.


    Les droits humains sont-il universels ? La question était au centre d’un débat organisé en mars dans le cadre du Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH) de Genève. Parmi les intervenants, l’universitaire indienne Ratna Kapur a développé un point de vue résolument critique et féministe qui souligne les limites de luttes basées sur les droits humains.

    Professeure de droit international et chercheuse à l’université Mary Queen de Londres, elle vit entre la capitale anglaise et l’Inde, et s’intéresse en particulier aux questions de genre et d’altérité1. Ratna Kapur soutient que les droits humains ont, dès le départ, davantage servi des objectifs politiques et culturels que la condition des groupes opprimés, et ce partout dans le monde. Interview.

    Les droits humains sont-ils universels ?

    Ratna Kapur : Clairement pas. Relisez la #Déclaration_universelle_des_droits_de_l’homme et vous serez frappé par l’utilisation du pronom masculin, par une certaine conception de la #famille (nucléaire et dépendante) et du #mariage qui exclut d’emblée d’autres modèles, par exemple.

    Rappelons par ailleurs que le comité de rédacteurs de la Déclaration [adoptée en 1948] n’incluait pas de représentants des gros deux tiers de la planète qui étaient encore sous le règne colonial ou sous le joug de la ségrégation ou de son héritage. Dans certaines parties du monde, les #femmes n’avaient pas accès à la propriété ni au droit de vote. Ces auteurs portaient une perspective paternaliste, en affirmant savoir ce qui est bon pour les autres, qui remonte au #colonialisme : « Nous, les pays civilisés, savons ce qui est bon pour vous. »

    Pourtant, la plupart des droits contenus dans la Déclaration paraissent couler de source. Le droit à la vie, le droit à la santé ou à la liberté d’expression ne seraient pas universels ?

    Le droit à la vie, pour ne prendre que celui-ci, est très contesté : il y a différents points de vue sur l’avortement et la peine de mort. Plus fondamentalement, si nous pensions vraiment que les droits humains étaient universels, les migrants qui traversent la Méditerranée pour se rendre en Europe auraient le droit à la vie, n’est-ce pas ? En réalité, on conditionne les droits, on bricole des justifications pour ne pas les octroyer à certains groupes – les réfugiés et les homosexuels, par exemple. Les droits sont toujours négociés selon certains critères. Tant que nous nous conformons à ces critères, tout va bien, mais s’ils apparaissent remis en cause ou menacés, les droits ne s’appliquent plus. Il y aura toujours une justification pour dénier des droits. Pour en bénéficier, les « non-Blancs », par exemple, doivent prouver leur capacité à s’assimiler.

    Vous faites référence à cet égard à l’exemple de l’interdiction du voile intégral en France…

    Oui, certaines féministes ont décrété que c’était un signe de soumission. Pourtant, selon des musulmanes qui désiraient porter ce voile, le fait de ne pas montrer son visage est un moyen de tourner son attention vers l’intérieur de soi-même. C’est une toute autre philosophie et une éthique de vie. Pourquoi ne pas les écouter ?

    Après l’interdiction en 2011, des femmes sont allées voilées dans l’espace public, dans le but ensuite de pouvoir saisir la Cour européenne des droits de l’homme pour faire valoir leur droit. En 2014, la Cour a statué que le port du voile intégral contrevenait aux politiques démocratiques de cohésion sociale et au vivre-ensemble. Pourtant, il n’existe rien de tel dans la Convention européenne des droits humains. Il s’agit donc bien là d’une décision politique. De même, quand des policiers armés et vêtus de gilets pare-balles ont envahi les plages pour ordonner à des femmes en burkini de se dévêtir, ce ne sont pas les droits humains qui sont en jeu.

    Est-ce les droits humains eux-mêmes que vous mettez en cause ? Ou leur instrumentalisation ?

    Aucune loi, aucun droit, ne peut être appréhendé hors de son contexte historique. Invariablement, les droits humains, façonnés par l’homme blanc, ont fonctionné en dénigrant certaines communautés, en les faisant passer pour « non civilisées ». Cet aspect est constitutif des droits humains, la raison pour laquelle ils ont été façonnés.

    Prenons un autre exemple : l’égalité entre femmes et hommes. Il s’agit de définir ce qu’est l’égalité. Surgit alors la question conflictuelle : sont-ils différents ? Et ensuite, s’ils le sont : différents par rapport à qui ? Aux hommes hétérosexuels ? Aux hommes blancs ? Aux hommes mariés ? Qui représente le standard de la similitude ?

    Longtemps, on a justifié le refus d’accorder le droit de vote aux femmes avec l’argument qu’elles étaient différentes des hommes. Idem pour les personnes homosexuelles qui réclament le droit à l’égalité. Si vous ne pouvez prouver que vous appartenez à la catégorie de référence, vous êtes traités différemment. Je constate que l’universalité cache en réalité cette conception sous le couvert de la neutralité.

    A vos yeux, les droits humains ne sont-ils pas un instrument utile ?

    Si, nous en avons besoin, et ils peuvent être des outils radicaux. Je dis simplement que nous devons leur porter un autre regard : comprendre que les droits sont une construction politique et un lieu de pouvoir. Tout le monde peut les manier. Ils peuvent donner plus de pouvoir à l’Etat, à la police ou aux ONG, et pas forcément aux personnes qui en ont besoin – ils peuvent même être exploités pour les affaiblir. Ce ne sont pas toujours les « gentils » qui gagnent.

    Par conséquent, nous devons nous ôter de la tête que les droits humains sont nécessairement progressistes en eux-mêmes et nous engager politiquement avec eux. C’est parce que les droits humains sont trop souvent utilisés dans une perspective quelque peu naïve que nous perdons sans cesse.

    #droits_humains #universalité #universalisme #paternalisme #néo-colonialisme #droit_à_la_vie #avortement #peine_de_mort #droits #voile #burkini #civilisation #égalité #neutralité #pouvoir

  • You Might Not Need Server Side Rendering
    https://hackernoon.com/you-might-not-need-server-side-rendering-f2681e02e4e?source=rss----3a814

    The Displaced Universal #react Web App in a #serverless FutureTaco Lost in the AbyssIt’s easy to get lost in the labyrinth of choices when building a web app these days. I jumped on the “universal” bandwagon (back when it was called “isomorphic”) early and have many learned lessons since.A universal app is one that can execute the same code universally — on the server and client. React provides ways to render components to static markup as documented in the official docs, typically used on a Node server. This support revolutionized the way many of us think of and write JavaScript. The practicality of scaling and maintaining such a mechanism however is questionable.Universal… Why?Beyond the ability to share code across the stack, why go universal? Some would say SEO (just that one word). I remember (...)

    #universal-app #server-side-rendering #lighthouse

  • Building isomorphic #javascript packages
    https://hackernoon.com/building-isomorphic-javascript-packages-1ba1c7e558c5?source=rss----3a814

    Building Isomorphic JavaScript PackagesI had to look up isomorphic in a dictionary the first time I came across this word in web development. Wikipedia reports that Isomorphic JavaScript, also known as Universal JavaScript, describes JavaScript applications which run both on the client and the server.Building a package that works out of the box in both the server (ie Node) and the client (ie a browser) is hard. As soon as you start mixing in dependencies, if even one of them makes a call to a node-only package (think fs) or browser-only object (think window) , it will tank your whole build. Worse yet, you may not even be able to reasonably infer this problem exists, as they may be buried in sub-sub-sub-dependencies that have no bearing on the code you are writing.This document describes (...)

    #universal-javascript #nodejs #typescript #isomorphic-javascript

  • Les langues dans sa poche - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2018/11/28/les-langues-dans-sa-poche_1694807

    Le philosophe sénégalais #Souleymane_Bachir_Diagne démonte, via le langage, les clichés qui font de l’Afrique un continent rétif à la raison et réconcilie particularismes et universel

    Je n’avais jamais entendu parlé de Souleymane Bachir Diagne mais je sens que ça va me plaire et que je vais pas savoir par ou commencer la lecture !

    #Bergson #universalisme #universel #traduction #islam #philosophie_islamique #decolonialisme

    • Le philosophe oppose la pensée d’Emmanuel Levinas qui craignait que le monde « désoccidentalisé » d’après Bandung soit un monde « désorienté » par une « sarabande de cultures innombrables », à Maurice Merleau-Ponty, « le philosophe qui a le mieux pris la mesure de ce qu’était un monde décolonisé », et dont il prédit le grand retour dans le champ de la pensée. « Merleau-Ponty a compris que l’universel de surplomb, représenté par l’Europe, ne tenait plus. Qu’il fallait construire un universel de rencontres, de traductions. » Le philosophe sénégalais, lui, distingue l’universel, un but à atteindre, de l’universalisme, qu’il faut combattre. « On parlera d’universalisme pour marquer la position de celui qui déclare universelle sa propre particularité en disant : "J’ai la particularité d’être universel." On est alors parfaitement fondé à demander à cet universalisme : "En vertu de quoi ? de quel droit ?" » écrit-il dans En quête d’Afrique(s).

  • Self-Sovereign #identity: Will your universal digital ID be secure in the quantum future?
    https://hackernoon.com/self-sovereign-identity-will-your-universal-digital-id-be-secure-in-the-

    Data today: The Wild West.If you have digital tracks, the latest revelation of corporate data intrusion will leave you shaking in them.According to a newly released Oxford University study, Android is a data monster with a voracious appetite for your data. The mobile operating system with 85 percent market share is harvesting and sharing data from 90 percent of the apps running on its OS. More disconcertingly, 43 percent of these apps transfer data to third parties, including Facebook and Twitter.Such data intrusion is characteristic of the current age of data. Users have been used to seeing their data harvested by the giants of this world, be it companies or governments.What will it take to re-instill public #trust in Google and Android apps? Consider that the recent report of a data (...)

    #big-data #universal-digital-id #blockchain

  • Pascale Casanova : « La langue mondiale est aussi la langue du pouvoir »
    Par Jacques Drillon - Publié le 01 octobre 2018 à 12h37

    https://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20181001.OBS3200/pascale-casanova-la-langue-mondiale-est-aussi-la-langue-du-pouvo

    Pascale Casanova est décédée le 29 septembre à l’âge de 59 ans. Ancienne élève de Pierre Bourdieu, auteur et voix de L’Atelier littéraire sur France Culture, cette chercheuse et critique avait écrit « La République mondiale des Lettres », livre à succès traduit en anglais, japonais, espagnol ou coréen. Elle avait approfondi son étude des relations littéraires internationales avec « La langue mondiale », paru aux éditions du Seuil en 2015, dans lequel elle analysait l’anglais en tant que langue universelle. Nous reproduisons ci-dessous l’entretien paru dans « L’Obs » à cette occasion.

  • Avant j’étais féministe (écologiste et égalitariste aussi)
    https://reflets.info/articles/que-faire-du-tribunal-populaire-2-0

    Quand l’arène numérique embarque tout A un moment, quand tout est récupéré de manière bornée et agressive, on se dit qu’en fait tout ça n’a plus aucun sens et ne mènera nulle part. Autant alors se dégager de toute forme de défense d’idéal social ou quoi que ce soit d’équivalent. Avant j’étais féministe, parce que — certainement — ma mère était une militante féministe des années 70. Certainement. Parce que j’ai bien vu et senti — très tôt — que mépriser les femmes était une idée absurde, dégueulasse et humainement inacceptable. Ou même leur assigner des fonctions spécifiques quotidiennes. J’étais aussi écologiste : mes parents étaient des anti-nucléaires de la première heure et s’étaient lancés dans l’agro-biologie. La Terre allait crever de la pollution humaine, déjà, et (...)

    • L’affaire Cantat-Trintignant parle de la complexité des rapports hommes-femmes, des pulsions les plus violentes qui animent ces relations, de la difficulté à vivre les uns avec les autres, à se maitriser, à se faire du mal les uns les autres. Pas seulement d’un « monstre tabasseur et meurtrier de femme ». Ca c’est bon pour Twitter et pour les foules avides de sensationnel. Cette affaire parle aussi du rapport à la célébrité, aux drames médiatisés, puisqu’il n’y a personne pour venir pleurer ou défendre les femmes tuées chaque année sous les coups de leur maris…

      Ben si si, yen a même pas mal de plus en plus qui mettent ce #féminicide ça s’appelle, sur le devant de la scène, et des médias même grand public.

      Et notamment pour rappeler que dans l’écrasante majorité des cas, c’est la femme justement qui est tué. Pur hasard ? C’est juste des gens qui ont des relations compliqués où on se fait du mal l’un et l’autre ?

    • Je l’avais lu il y a quelques heures, je l’avais laissé en suspens sur mon écran après avoir réagi plutôt de façon négative ; le voici en entier, à vous de juger...

      A un moment, quand tout est récupéré de manière bornée et agressive, on se dit qu’en fait tout ça n’a plus aucun sens et ne mènera nulle part. Autant alors se dégager de toute forme de défense d’idéal social ou quoi que ce soit d’équivalent.


      Avant j’étais féministe, parce que — certainement — ma mère était une militante féministe des années 70. Certainement. Parce que j’ai bien vu et senti — très tôt — que mépriser les femmes était une idée absurde, dégueulasse et humainement inacceptable. Ou même leur assigner des fonctions spécifiques quotidiennes. J’étais aussi écologiste : mes parents étaient des anti-nucléaires de la première heure et s’étaient lancés dans l’agro-biologie. La Terre allait crever de la pollution humaine, déjà, et il fallait la préserver, pour préserver aussi les humains, leur santé. Les remettre en harmonie avec la nature. C’était il y a plus de 40 ans.

      J’étais aussi égalitariste dans le sens où l’injustice me faisait mal. Je pensais que si l’on créait plus de choses pour aider les gens à faire « plus ce qu’ils voulaient », ce serait mieux pour tout le monde et qu’en créant plus d’égalité — dans le sens d’offrir des outils qui donnent leur chances à tous — on s’éclaterait plus, en gros. Ca irait mieux. Mais ça n’a pas bien fonctionné. A tous les niveaux, que ce soit d’un point de vue politique ou social. Chez les gens aussi, dans leur tête, ça n’a pas bien fonctionné.

      Mon féminisme à moi…

      Aujourd’hui, être féministe c’est assez compliqué pour quelqu’un comme moi. On a été quelques uns — avec quelques potes — à montrer l’exemple en fait. Je pense. On n’est pas allé dans la rue avec des pancartes revendiquer des trucs pour les femmes, non. On a fonctionné avec les femmes de façon juste et équilibrée. Partage des tâches ménagères, quotidiennes, s’occuper des enfants, et au final entretenir des relations avec elles exactement comme si elles étaient nos égaux, ce qui était le cas. Une femme reste un individu pour un féministe « vieille école » comme moi. Je l’envisage comme n’importe qui. De la même manière qu’une personne avec une couleur de peau différente de la mienne est « quelqu’un » et rien de plus ou de moins, une femme est quelqu’un. Quelqu’un qui peut être très pénible, avenant, perturbé, intéressant ou totalement superficiel pour mon propre jugement. Mais au fond, mon féminisme est en réalité universaliste : je crois à l’indifférence à l’égard des genres, des origines, du milieu social, de tout. Je ne m’envisage pas comme « homme, mâle, blanc, hétéro gagnant telle somme annuelle ». Je ne m’envisage pas en réalité. En face, par contre, on envisage méchamment. On catégorise. On pointe. On dénonce. On milite. On lutte. On attaque.

      Le féminisme n’est pas un bloc unifié

      Je ne sais pas comment on en est arrivé là. Mais on y est. Le militantisme 2.0, qu’il soit féministe ou autre est devenu le fer de lance des luttes pour l’égalité. Il est sans nuances. Il est très agressif. Il a besoin de bourreaux et de victimes. Il stigmatise. Il refuse le débat. Il est une forme de tribunal de l’instant, violent et aveugle. Ce féminisme 2.0 pense qu’il va faire progresser les droits des femmes en exposant — entre autres — des hommes à la vindicte populaire. Ce féminisme oblige à une seule forme de participation, celle de l’adhésion pleine et entière, sinon, le rejet et l’opprobre. « Si vous n’êtes pas avec nous c’est que vous êtes contre nous » disait Georges W. Bush en 2001 après les attaques du 11 septembre. Suivez mon regard.

      Le concept du féminisme est ancien, il a plus d’un siècle, et il est difficile de le réduire à une seule poche de réflexion binaire. Comme si dire « frapper les femmes c’est mal » vous protégeait définitivement de toute forme de critique, vous mettait dans le camp des « bons » et vous permettait ensuite de chercher sur qui « taper » virtuellement — pouvant représenter ce « mal ». Oui, frapper les femmes c’est mal. Mais en réalité, frapper les gens c’est mal. Et si les femmes sont plus frappées que les hommes dans les couples, ce n’est pas si simple : il suffit de lire les témoignages de femmes battues, mariées le plus souvent, pour le comprendre. Le monde des hommes et des femmes n’est pas en noir et blanc et les rapports de domination, d’exercice du pouvoir, qu’il soit sexuel ou sentimental, économique, social ne sont pas réductibles à une phrase et une sentence. Sachant qu’il faudrait surtout mettre en place le maximum de travailleurs sociaux et d’accès à des d’écoute pour réduire, voire peut-être faire quasiment disparaître ce phénomène des femmes battues. Hurler sa propre sentence ne sert à rien. Juste à exciter les foules et faire croire qu’on s’est emparé du problème. Alors qu’il n’en est rien.

      Paye ton militantisme 2.0

      Chasser en bande. Taper sur tout ce qui bouge. Tenter d’expliquer à tout prix ses choix de militants ou militantes même les plus grossiers et les plus violents, comparer les souffrances, asséner, mépriser est devenu la règle du militantisme féministe 2.0. Du féminisme tout court puisque des voix plus modérées et cherchant la réflexion mesurée ont plus que du mal à se faire entendre. Voire, sont bâillonnées, ou tout du moins fatiguées de devoir se défendre en permanence. Au point de se taire.

      Le féminisme plus ancien appelait les hommes à changer, tout comme les femmes. Le rapport homme-femme dans la société n’est pas réductible à la seule demande de « changement des hommes », uniques responsables de situations désagréables, injustes ou archaïques envers les femmes. Les femmes doivent changer elles aussi. Se mettre en question. Tout comme les hommes. Que ne font-elles pas, que font-elles pour que leur situation soit encore aussi « désagréable » dans les rapports hommes-femmes ? Et les femmes qui se sentent l’égal des hommes, celles qui n’ont aucun problème pour se positionner dans la société, dans les rapports aux hommes, qu’ont-elle à dire, pourrait-on les entendre ? Parler de ce qui fonctionne pourrait donner des idées pour améliorer le sort du plus grand nombre, au lieu de ne parler seulement de ce qui dysfonctionne ? Ou bien le militantisme 2.0 ne peut-il que se contenter de clivages binaires et manichéens pour faire son office ?

      Dystopie contre-culturelle ?

      La brève sur le message de Cantat et le communiqué de l’Observatoire sur la création artistique n’était pas là pour défendre Bertrand Cantat. Elle exprimait juste une inquiétude et soulignait un problème en cours de constitution, celui du tribunal populaire Vs le tribunal institutionnel. Que les internautes, les militants et militantes estiment que Bertrand Cantat est un « tueur de femmes », un promoteur du « féminicide », soit, c’est un peu leur problème. La justice a elle, considéré — après enquête — que Marie Trintignant et Bertrand Cantat, solidement alcoolisés et défoncés, s’étaient — une nouvelle fois — battus dans leur chambre d’hôtel, et que la mort — tragique — de Marie Trintignant était survenue après des coups très violents portés par Bertrand Cantat, sans intention de la donner.

      Il y a plusieurs manières de s’emparer ou non de ce fait divers, puisque c’en est un. Des morts de femmes — injustes, atroces — de ce type, surviennent tous les ans, particulièrement lorsque les personnes sont sous l’emprise de l’alcool, et particulièrement dans des relations sentimentales. Le coupable est dans ces cas là, jugé, purge une peine, se repend aussi, et paye sa dette ainsi à la société. Il a fauté. Il a commis l’irréparable. Mais il n’est pas pour autant un monstre sans pitié, cruel, qui a monstrueusement retranché la vie de la femme avec qui il partageait sa vie de façon froide et meurtrière et qui devrait payer alors son crime odieux jusqu’à la fin de ses jours. Philippe Laflaquière, le juge d’application des peines qui a décidé en 2007 d’accorder sa libération conditionnelle à l’artiste après qu’il a purgé la moitié de sa peine dénonce son impossible réinsertion sur franceinfo :

      C’était sans compter la montée en puissance des réseaux sociaux, formidable caisse de résonance d’une "dictature de l’émotion" depuis longtemps dénoncée. Bien évidemment, le magistrat et le citoyen que je suis ne peuvent qu’approuver la libération de la parole et l’action des mouvements féministes. Mais ce combat pleinement légitime tourne maintenant à la vindicte publique. Sans autre forme de procès, une véritable mise au pilori en place médiatique.

      Ceux qui voient cette histoire sous le prisme du monstre assassin qui parade sur scène sont plus des lecteurs du "Nouveau Détective" qu’autre chose. Et des ardents défenseurs, au final, de la fameuse "société autoritaire et ferme" que certains appellent de leurs vœux par les urnes.

      L’affaire Cantat n’est pas seulement une histoire de meurtre de femme sous les coups d’un homme. Ce serait trop simple et trop facile. Surtout quand ceux qui viennent — 15 ans après — donner la leçon du bien et du mal, assoir leur morale de bons citoyens respectables auprès de ceux qui rappellent juste que la justice et la loi ont encore un poids dans cette société, face à la vindicte populaire.

      Compréhensible de la part d’une famille endeuillée, l’utilisation du terme d’"assassin" appliquée à un homme qui n’a jamais voulu donner la mort, et moins encore avec préméditation [Bertrand Cantat a été condamné pour "coups mortels" et non pour "assassinat" qui retient la préméditation], me semble difficilement acceptable, car fausse et démagogique, de la part de responsables associatifs ou politiques.

      L’affaire Cantat-Trintignant parle de la complexité des rapports hommes-femmes, des pulsions les plus violentes qui animent ces relations, de la difficulté à vivre les uns avec les autres, à se maitriser, à se faire du mal les uns les autres. Pas seulement d’un "monstre tabasseur et meurtrier de femme". Ca c’est bon pour Twitter et pour les foules avides de sensationnel. Cette affaire parle aussi du rapport à la célébrité, aux drames médiatisés, puisqu’il n’y a personne pour venir pleurer ou défendre les femmes tuées chaque année sous les coups de leur maris…

      Ce qui est le plus gênant au final dans les réactions "féministes" qui fusent de toute part autour de ces sujets, est l’incapacité de la plupart à se situer dans les problèmes évoqués. Comme si dans cette nouvelle société très "pure", personne n’avait de pulsion violente, meurtrière. Comme si personne ne dépassait les limites, que personne ne vivait des relations tourmentées, limites, glauques parfois. Comme si personne ne pratiquait l’injustice. Cette nouvelle forme de dystopie contre-culturelle ne manque pas de m’étonner chaque jour qui passe. Cette identification des foules aux victimes (et à leurs familles), cette compassion parfaitement fabriquée, ce refus de voir la réalité en face, remplacée par la création d’histoires manichéennes, cette capacité incroyable à plonger dans le marigot du pire et d’en faire un combat personnel, tout ça est décidément stupéfiant.

      Ceux ou celles qui un jour vont trouver le moyen de faire circuler les histoires constructives et positives des rapports hommes-femmes, montrer par l’exemple comment mieux vivre ensemble, ceux-là arriveront à quelque chose.

      En attendant, je ne suis plus féministe (ni écologiste ni égalitariste).

  • Comment les labos amassent des fortunes grâce à des #médicaments au prix exorbitant - Basta !
    https://www.bastamag.net/Comment-les-labos-amassent-des-fortunes-grace-a-des-medicaments-au-prix
    https://www.bastamag.net/IMG/arton6286.jpg?1507123870

    Grâce à l’enquête du Sénat étas-unien, on en sait plus sur la #stratégie du laboratoire lors de ces négociations. « L’industriel a testé, relate Médecins du Monde à partir du rapport, auprès de différentes parties concernées (payeurs bien sûr, mais aussi professionnels de santé, associations, experts en charge des recommandations de prise en charge, etc.), des hypothèses de #prix en cherchant à déterminer, pour chaque cible, le seuil qu’il convenait de ne pas dépasser au risque de déclencher des réactions trop négatives en termes de restrictions inacceptables dans l’accès aux soins ou de protestations. » Au terme de ces études, l’entreprise a défini un montant, à ne pas dépasser lors des négociations dans chaque pays, de 84 000 dollars pour une cure standard. Sans faire référence aux coûts de production, de recherche et développement, de commercialisation ou d’impôts, pour justifier le prix du médicament...

    Avec, en France, environ 200 000 personnes identifiées comme portant le virus de l’#hépatite B, un traitement à plus de 40 000 euros pour chaque patient aurait coûté plus de 8 milliards à l’assurance maladie ! Une situation intenable qui a conduit les autorités à restreindre le traitement aux malades les plus sévèrement atteints (plutôt que de s’attaquer à son prix), et aux populations combinant un risque d’être atteint par le VIH. Ce qui a ébréché le principe d’#universalité dans l’accès aux soins, souligne Médecins du Monde. Autrement dit, le prix du traitement implique de faire un tri entre les malades, plutôt que d’en faire bénéficier toutes les personnes atteintes .

    #inégalités #profitation #spoliatation

    • RANCIÈRE, DÉMOCRATIES EN MARCHE, Robert Maggiori
      http://next.liberation.fr/livres/2017/05/31/ranciere-democraties-en-marche_1573646

      Attendre le Grand Soir ? Ou réorganiser ici et maintenant d’autres mondes communs et rendre visibles les capacités et les intelligences de tous ceux qui les habitent ? Tel pourrait être, selon le philosophe français, le sens novateur de l’émancipation. (...)

      Tenir la représentation pour agonisante, c’est en réalité estimer que son principe est la démocratie même. Or, précise le philosophe, « la démocratie n’est pas le choix des représentants, elle est le pouvoir de ceux qui ne sont pas qualifiés pour exercer le pouvoir ». La « doxa dominante » voit la représentation comme « mouvement qui part d’en bas », dans lequel « le peuple est là comme un corps collectif qui se choisit des représentants ». Mais il n’en va pas ainsi, selon Rancière. « Un peuple politique, ce n’est pas un donné préexistant, c’est un résultat. Ce n’est pas le peuple qui se représente mais la représentation qui produit un certain peuple ». (....)

      Les exemples sont nombreux. Le mouvement protestataire de 2013 au Gezi Park d’Istanbul, les « printemps arabes », Occupy Wall Street, les Indignados de la Puerta del Sol à Madrid, les rassemblements place Syntagma à Athènes, Nuit debout, etc., ont tous, en dépit de ce qui les distingue du point de vue culturel, idéologique et historique, révélé d’autres façons d’être ensemble, d’agir, de sentir, de comprendre, de penser la hiérarchie et la représentation, et montré comment une communauté devenait politique en prenant possession d’« un espace et d’un temps propres », en créant un « autre monde commun ». « En art comme en politique, écrit Rancière, le commun se donne aujourd’hui comme quelque chose qui est à construire avec des matériaux et des formes hétérogènes et non comme l’affirmation des ressources propres à des unités constituées, qu’il s’agisse des classes sociales, d’organisations spécialisées ou d’arts définis ».

      Gains de justice et de liberté
      Certes, aux logiques « mouvementistes », il manque une « force unitaire ». Les luttes nées de circonstances spécifiques - « une forme de domination, un type d’injustice » - et menées pour défendre « les droits des pauvres qu’on veut chasser de leur logement ou des paysans qu’on veut chasser de leur terre », s’opposer à un « projet menaçant l’équilibre écologique », accueillir « ceux qui ont dû fuir leur pays », offrir des « moyens d’expression à ceux qui n’en ont pas », permettre « à telle ou telle catégorie d’être humains infériorisés pour telle ou telle raison - de sexe, d’origine, de capacité physique, etc. - d’imposer une règle d’égalité », s’effectuent en dehors de l’« idée de fusion orientée par une vision de l’histoire et du futur ». Elles ne visent aucun « Grand Soir », mais sont comme des matins du monde, car elles permettent à chaque fois de développer les « formes de sécession par rapport aux modes de perception, de pensée, de vie et de communauté proposées par les logiques inégalitaires ». On a certes pensé autrement, jadis, la « révolution ». Mais le temps dans lequel nous vivons - où le capitalisme, « plus qu’un pouvoir », est devenu « un monde » - n’exclut en rien les gains de justice et de liberté si, suivant Jacques Rancière, on conçoit l’émancipation comme « l’invention hic et nunc de formes du commun » et comme « manière de vivre dans le monde de l’ennemi dans la position ambiguë de celui ou celle qui combat l’ordre dominant mais est aussi capable d’y construire des lieux à part où il échappe à sa loi ».

      #livre

    • « D’un côté, l’écart affirmé (par rapport au fonctionnement de ce qu’on entend par politique) est orphelin d’un monde symbolique et vécu auquel s’adosser (plus de communauté déjà-là qui garantisse la communauté à venir. Le travail ne fait plus monde). De l’autre, il a du mal à trouver les formes dans lesquelles se développer. C’est pourquoi l’idée que le système est moribond et prêt à s’effondrer reste commode. Elle comble l’intervalle entre les écarts actuels et l’avenir espéré et elle permet de s’imaginer alternativement qu’il suffit qu’on donne un petit coup d’épaule au système pour que tout s’effondre ou qu’il suffit qu’on se retire pour qu’il se dissolve."

      #comitéinvisible

  • De la #langue à la race
    http://www.laviedesidees.fr/De-la-langue-a-la-race.html

    Étude des langues dans lesquelles s’incarne l’esprit humain, la #philologie a contribué à la formation des idéologies racistes au 19e siècle, selon Markus Messling. Rompant avec ce passé, l’historien allemand s’attache à penser les conditions d’un #universalisme philologique authentique.

    Livres & études

    / philologie, langue, #racisme, universalisme

    #Livres_&_études

  • Après l’Occident
    http://www.laviedesidees.fr/Apres-l-Occident.html

    Pour Achille Mbembe, la #démocratie libérale se nourrit des ennemis qu’elle se fabrique depuis l’ère des empires coloniaux et de l’esclavage transatlantique. En oubliant le rôle des dominés dans la construction des idéaux démocratiques, l’histoire de la colonialité qu’il esquisse donne paradoxalement la part bien belle à l’Occident.

    Livres & études

    / #études_postcoloniales, #universalisme, démocratie, #libéralisme

    #Livres_&_études

  • Etienne Balibar : « L’#universel ne rassemble pas, il divise »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/02/09/etienne-balibar-l-universel-ne-rassemble-pas-il-divise_5077178_3232.html

    On peut donc contester l’#universalisme au nom de ses propres principes, comme l’a fait aussi toute une partie du discours anticolonialiste. Voyez Toussaint Louverture et Frantz Fanon, William E. B. Du Bois, Aimé Césaire. C’est l’autre face de la tension qui travaille tout universalisme : il peut justifier les #discriminations, mais il rend aussi possibles la #révolte et l’#insurrection.

  • Gauche et droite dans un #paradigme_de_l’immobilité

    La fermeture des frontières semble aujourd’hui constituer le seul horizon des politiques migratoires. Gauche et droite se sont enfermées dans un paradigme de l’immobilité, où dans un monde idéal, les migrations n’existeraient pas. Celles-ci sont donc perçues comme une anomalie du monde, un problème à résoudre, voire une crise à gérer. Les politiques migratoires se sont transformées en politiques managériales de gestion des flux, où les migrants sont volontiers considérés comme des marchandises que l’on peut renvoyer à l’expéditeur. Gauche et droite délivrent le même nombre de permis de séjour, procèdent au même nombre d’expulsions, comme si les partis républicains avaient renoncé à formuler une véritable politique d’asile et d’immigration, se contentant de reproduire sans broncher les politiques du gouvernement précédent.

    Et l’idée de l’#ouverture_des_frontières, portée jadis comme revendication progressiste, a été rangée au placard des utopies dangereuses, de peur que l’extrême droite ne s’en empare pour l’agiter comme un épouvantail. Tout se passe comme si ni arguments rationnels, ni valeurs, ni principes n’avaient plus de prise aujourd’hui sur le débat public sur ces sujets. Comme si gauche et droite s’étaient résignées à se placer à la remorque d’une opinion publique fantasmée. C’est une faillite politique et morale absolue. Il importe aujourd’hui que les progressistes renouent avec l’idée de l’#universalisme, que les choix politiques en matière d’asile et d’immigration puissent être débattus sereinement et rationnellement, et que le discours de la gauche sur le sujet ne se résume pas à débusquer les mensonges de l’#extrême_droite. Sinon, il n’y a même plus besoin d’organiser des élections : le FN a déjà gagné.

    http://www.liberation.fr/elections-presidentielle-legislatives-2017/2017/03/10/gauche-et-droite-dans-un-paradigme-de-l-immobilite_1554947
    #politique #gauche #droite #migrations #immobilité #fermeture_des_frontières #asile #réfugiés #liberté_de_circulation