• A l’heure des IA, la révolution silencieuse des examens : « La question n’est plus de savoir s’il faut s’opposer, mais comment on va vivre avec »
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/04/08/a-l-heure-des-ia-la-revolution-silencieuse-des-examens-la-question-n-est-plu

    « Nous vivons un moment de bascule. Nous sommes passés en quelques décennies de la machine à écrire au traitement de texte et aujourd’hui à la génération de texte. Utilisons les IA, questionnons-les ! », observe Jacques Fayolle, directeur de l’Ecole des mines de Saint-Etienne et membre de la commission permanente de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs. Selon lui, à l’avenir, avec l’avènement des IA, les évaluations ne se feront de toute façon plus sur les connaissances mais sur des mises en situation, elles tendront vers un apprentissage par problème et conduiront les étudiants à détailler les étapes et ressources nécessaires à sa résolution.

    https://archive.ph/OKewK

    #IA #université #étudiants #examens #management #mise_en_situation #apprentissage_par_problème #évaluation

  • Métropole de Lyon. « Ce qui s’est passé à Lyon 2 est grave » : une enquête ouverte après l’interruption du cours d’un enseignant
    https://www.leprogres.fr/education/2025/04/04/ce-qui-s-est-passe-a-lyon-2-est-grave-une-enquete-ouverte-apres-l-interrup

    Scandant « racistes, sionistes, c’est vous les terroristes » et avec une banderole « Palestine libre, non au nettoyage ethnique », la quinzaine de personnes avait interrompu le cours de Fabrice Balanche sur la politique européenne de voisinage. C’est le syndicat étudiant UNI, qui agrège soutiens de droite et d’extrême droite, qui avait relayé une vidéo et assuré que le professeur était visé parce qu’il « s’était opposé à la rupture du jeûne du ramadan au sein de l’université. »

    Une version qu’a lui-même relayée le maître de conférences dans les médias. Il a de nouveau témoigné sur CNews ce vendredi se disant « dans le collimateur d’un groupe plus islamiste que gauchiste depuis plusieurs semaines ».

    • en complément, un entretien avec le ministre de l’ESR P. Baptiste :
      https://www.leparisien.fr/societe/professeur-duniversite-empeche-de-faire-cours-a-lyon-nous-nallons-pas-nou

      lundi 7 avril 2025 972 mots, p. AUJM10
      « On ne va pas se laisser intimider »

      Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, nous annonce qu’une plainte va être déposée dans l’affaire de l’enseignant de Lyon-II empêché de faire cours.

      Frédéric Gouaillard

      Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, réagit à l’incident qui s’est déroulé, mardi, à l’université Lumière-Lyon-II et apporte son soutien au professeur de géographie. Fabrice Balanche avait dû quitter l’amphithéâtre face à l’hostilité d’une quinzaine d’étudiants encagoulés qui ont interrompu son cours et l’ont traité de « sioniste » et de « raciste ». Quelques jours plus tôt, l’enseignant avait soutenu la décision de l’université de ne pas autoriser, dans ses locaux, la tenue d’un repas de rupture du jeûne du ramadan.

      Quelle est votre réaction après l’incident de Lyon-II ?

      PHILIPPE BAPTISTE. C’est une réaction de sidération et de solidarité avec l’enseignant victime. Interdire à un professeur de faire cours, c’est extrêmement grave. Ce sont des actes qui sont le contraire de ce que doit être l’université : un lieu de débat et d’ouverture. C’est pourquoi, avec la ministre d’État, Élisabeth Borne, nous appelons à une très grande fermeté.

      L’enseignant va-t-il reprendre les cours dès cette semaine ? L’université parle de « préventions nécessaires ».

      Il doit pouvoir reprendre ses cours le plus rapidement possible et cela doit se faire dans des conditions de sécurité normales. C’est indispensable et nous n’allons pas nous laisser intimider.

      Le ministère va-t-il déposer plainte devant la justice ?

      Le professeur et l’université vont déposer plainte ensemble et je m’en félicite. Dans cette procédure, le ministère n’a pas à se substituer à l’université, qui est en première ligne et qui a tout mon soutien.

      Était-ce au professeur de venir appuyer la direction de l’université qui s’était prononcée contre le prêt d’une salle à des étudiants pour la rupture du jeûne ?

      La direction de l’université s’est prononcée contre le prêt de cette salle parce qu’elle considérait qu’il pouvait y avoir un trouble à l’ordre public, c’est son rôle et c’est son droit. Fondamentalement, ce professeur, comme tous les professeurs, a le droit d’exprimer son opinion tant qu’il reste dans le cadre de la loi. Nul ne conteste que, dans cette affaire, c’était le cas. Ce qui est inacceptable et qui méritera les sanctions les plus fermes, c’est l’attitude des individus qui l’ont empêché de tenir son cours.

      Autonome Lyon 2, un média militant, explique que Fabrice Balanche propage des discours racistes et génocidaires au sujet de la guerre entre Israël et le Hamas, et a des positions pro-Assad, l’ancien dictateur syrien, ou procoloniales...

      Un collectif qui, pour défendre ses opinions, empêche un professeur de s’exprimer, n’a de leçon à donner à personne. L’intimidation et les menaces sont des procédés inacceptables dans notre démocratie. Cela n’a rien à voir avec la liberté universitaire et ce n’est pas comme ça qu’on fait progresser une cause, quelle qu’elle soit.

      Ce professeur a fait l’objet d’un signalement pour islamophobie par un groupe d’étudiants auprès de la direction de l’université. Une enquête interne a-t-elle été ouverte ?

      Je n’ai pas échangé avec la direction de l’université là-dessus. M. Balanche est enseignant-chercheur, géographe. Il travaille sur différents sujets et réfléchit à ce qu’est l’islamisme dans le cadre de sa liberté de chercheur.

      C’est à ce titre qu’il participait à une rencontre avec Bachar al-Assad, en 2016, en compagnie de parlementaires, dont Thierry Mariani (ancien LR qui a rejoint le RN), et des figures de l’extrême droite ?

      Je n’ai pas à juger des opinions politiques de ce professeur. Mon rôle, c’est de défendre les libertés académiques. Et la défense des libertés académiques, ce n’est pas défendre seulement la liberté d’expression de personnes avec qui on est d’accord.

      Que disent les statistiques sur les incidents liés à des manifestations propalestiniennes depuis le 7 octobre 2023 ?

      Une cinquantaine d’actes antisémites ont été recensés depuis. Mais les cas qui nous sont signalés ne sont que les plus graves. Malheureusement, le problème est plus profond que ça, et ce qu’on voit remonter n’est qu’une petite proportion. L’absence d’incidents ne veut pas dire que le climat est toujours serein, et je sais qu’il y a des étudiants juifs qui souffrent souvent de se sentir discriminés. Et ça, c’est intolérable.

      Quelle réponse y apporter ?

      Avec les parlementaires, nous souhaitons simplifier les mesures disciplinaires pour les rendre plus rapides et plus efficaces. J’ai écrit au ministre de la Justice pour qu’il y ait des poursuites systématiques quand un article 40 (« tout fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République ») est signalé par un président d’université. Enfin, avec le ministère de l’Intérieur, nous mettons tout en oeuvre pour que les interventions des forces de l’ordre soient plus efficaces dès lors qu’il y a des dérapages ou des troubles à l’ordre public. Aujourd’hui, directement ou indirectement, LFI attise le feu dans un certain nombre d’établissements universitaires.

      Vendredi, vous étiez à Strasbourg avec le directeur de Sciences-po et la présidente de l’université. Ce mardi, un comité d’examen doit se prononcer sur le partenariat avec l’université israélienne Reichman, suspendu en juin, puis réactivé par la direction de l’Institut d’études politiques, entraînant de nombreux blocages d’étudiants propalestiniens en début d’année. Quel message leur avez-vous transmis ?

      Nous avons abordé la question du partenariat avec l’université israélienne Reichman. J’ai une position extrêmement claire là-dessus et j’ai eu l’occasion de la rappeler : un établissement ne peut pas décider d’arrêter un partenariat pour des raisons politiques. Ce n’est pas à l’IEP de Strasbourg ou à l’université de décider de la politique étrangère de la France ! Et si, à Strasbourg ou ailleurs, un conseil d’administration mettait fin à un partenariat académique pour des raisons militantes, nous saisirions immédiatement le tribunal administratif.

    • et un article du Parisien : https://www.leparisien.fr/societe/je-suis-un-ovni-a-lyon-ii-parce-que-je-suis-de-droite-fabrice-balanche-de

      mercredi 9 avril 2025 695 mots, p. AUJM13
      « Je ne suis pas quelqu’un qui ferme sa gueule »

      Pris à partie par des inconnus encagoulés en plein cours, le 1er avril, le professeurFabrice Balanche a repris le chemin des amphis de l’université Lumière-Lyon-II.

      Cyril Michaud ; Cyril Michaud Correspondant À Lyon

      Son retourà l’université Lumière-Lyon-II était scruté. Ce mardi, à 14 heures, Fabrice Balanche, maître de conférences, se présente un peu en avance devant l’entrée du bâtiment W. Costume foncé, le pas déterminé, le géographe se dit serein, expliquant ne pas avoir voulu bénéficier d’une sécurité rapprochée, avant de filer directement dans l’amphi Simone-Weil, suivi par une cinquantaine d’étudiants.

      L’épisode du 1 er avril est encore dans toutes les têtes. Ce jour-là, Fabrice Balanche est pris à partie en plein cours par une quinzaine d’individus encagoulés qui le traitent de « raciste » et de « sioniste ». Ces jeunes militants du collectif Autonomes de Lyon-2 reprochent au professeur de s’être opposé à la tenue d’une soirée de rupture de jeûne du ramadan dans une salle de l’université.

      « Il n’y a pas eu de violence, juste des mots »

      Pour le retour de Fabrice Balanche, aucun policier aux abords de l’université. Une cinquantaine d’étudiants sont présents sur la centaine inscrite au cours. Ce qui est dans la moyenne. Quelques-uns d’entre eux acceptent de s’exprimer : « C’est sûr, on a été un peu surpris par cet incident. Mais il n’y a pas eu de violence, juste des mots. Je ne pense pas que ça va se reproduire. »

      Les étudiants que nous avons interrogés ont plutôt tendance à minimiser les faits et disent avoir surtout été étonnés par le retentissement médiatique de l’affaire : « On n’imaginait pas que cette histoire prendrait de telles proportions. Ces personnes n’étaient pas dangereuses physiquement pour notre professeur. Sinon, on serait intervenus », assure l’un d’eux, présent le 1 er avril. Un autre tient lui aussi à relativiser l’influence du groupe Autonomes de Lyon-2 au sein de l’université. « Ils sont marginaux, c’est une évidence. Ils doivent être une quarantaine dont une quinzaine véritablement actifs. Ces militants d’extrême gauche ont un poids politique très faible sur le campus. »

      Sa camarade de cours les connaît et fait partie des rares étudiants croisés ce mardi à les soutenir. Elle reproche à Fabrice Balanche ses convictions politiques (il est encarté LR et conseiller municipal à Caluire-et-Cuire, dans la banlieue de Lyon) : « Il traite les étudiants d’islamo-gauchistes en dehors des cours. Il est intervenu sur CNews. Il a déclaré que la fac n’était pas une mosquée. Est-ce que ça justifie l’intrusion du 1 er avril ? Pour moi, oui. C’est choquant d’avoir un prof qui tient de tels propos. »

      En désaccord avec sa camarade, un autre loue la qualité de l’enseignement du géographe, spécialiste reconnu du Moyen-Orient, même si, parfois, il lui reproche de manquer de mesure : « Il est vrai qu’il peut avoir un avis tranché, mais c’est un bon prof. » L’élève dit espérer que cet épisode ne va pas se reproduire trop souvent à l’avenir au sein de l’université Lumière-Lyon-II : « La liberté académique doit absolument être préservée dans l’enceinte de la fac. »

      « Il a une vie militante à côté, et c’est son droit »

      Une préoccupation que partage Lydia Coudroy de Lille, vice-présidente de l’université Lumière-Lyon-II : « Personne n’a le droit de bouleverser un cours en étant masqué et en invectivant un enseignant, c’est ça, la liberté académique, souligne-t-elle. Il a une vie militante à côté, et c’est son droit le plus strict. »

      Questionné sur ses convictions politiques, la veille de son retour, Fabrice Balanche estime être devenu un bouc émissaire et assume. « Je suis un peu un ovni à Lyon-II parce que je suis de droite et je ne suis pas quelqu’un qui ferme sa gueule. Ces gens-là, il leur faut un ennemi, explique-t-il. Pour moi, la laïcité, c’est une ligne rouge. C’est la digue qui permet de résister aux extrêmes et aux religieux qui cherchent à s’imposer. »

      Ce mardi, son cours s’est déroulé dans le calme. « Ça s’est bien passé », confirme le professeur, qui reverra ses élèves une dernière fois la semaine prochaine. « Ensuite, précise-t-il, je n’ai plus de cours jusqu’à novembre. »

    • La présidente de l’université Lyon-II menacée de mort, une enquête ouverte
      https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/04/21/a-lyon-ii-des-menaces-de-mort-contre-la-presidente-de-l-universite-font-l-ob

      Isabelle von Bueltzingsloewen a dénoncé les « paroles affligeantes » du maître de conférences Fabrice Balanche qui avait fustigé « l’islamo-gauchisme » en vigueur selon lui à Lyon-II après qu’un de ses cours eut été interrompu.

  • #Tufts_University student #Rumeysa_Ozturk held by ICE in Louisiana, protesters demand release

    Hundreds of people gathered at Powder House Park on Wednesday, to demand the release of Rumeysa Ozturk, a Turkish PHD student at Tufts University, who was arrested by federal agents Tuesday night.

    The 30-year-old graduate student and Fulbright Scholar was detained Tuesday by federal agents in Somerville. A representative of the Department of Homeland Security said the student “engaged in activities in support of Hamas.” She’s now being held at an ICE Detention Center in Central Louisiana.

    “The university campus should absolutely be a place for the free and open exchange of ideas and the fact that someone can just be disappeared into the abyss for voicing an idea is absolutely horrifying,” said rally attendee Sam Wachman.

    Detained on #Somerville sidewalk

    A neighbor’s surveillance video showed the moments Ozturk was cornered by about six plain clothes ICE agents on her Somerville sidewalk, then handcuffed and taken away.

    City leaders in neighboring Medford, where the university is located, joined the rally after seeing the video.

    “This is the exactly the wrong thing for America. This is the wrong thing for Medford. I know it’s not what our community stands for and I think we need to really see robust action from the state government here in Massachusetts to say that we’re not going to let this happen here,” said Medford City Council president Zac Bears.

    Officials with the Department of Homeland Security say DHS and ICE investigations found Ozturk engaged in activities supporting Hamas. “A visa is a privilege not a right. Glorifying and supporting terrorists who kill Americans is grounds for visa issuance to be terminated. This is commonsense security,” said a DHS spokesperson.
    Ozturk wrote op-ed in Tufts Daily

    It comes as the Trump administration is cracking down on college students who’ve voiced support for the pro-Palestinian movement. Rally organizers say last year Ozturk helped write an op-ed in the Tufts Daily calling for the university to acknowledge genocide in Palestine and separate from companies with ties to Israel.

    “This should be a safe haven for international students,” said Wachman. “Boston is a hub of international thought and it’s known for its universities and if the Trump administration is going to essentially kneecap Boston by making international students feel unsafe here, I mean that’s something we can’t just sit back and watch.”

    “What they’re saying, and reality have no bearing, they’ll just say anything as long as they get the result which they want which is to create an environment of fear,” said rally attendee David Fleig. “There’s no respect for the law there’s no respect for diversity, there’s no respect for our Bill of Rights- where is it going to end?”

    Ozturk’s attorney says no charges have been filed against her.

    The attorney also filed a writ of habeas corpus petition to get Ozturk released, and the judge has given immigration officials until Friday to respond.

    https://www.cbsnews.com/boston/news/tufts-university-student-rumeysa-ozturk-detained-protest

    #doctorante #étudiante #USA #répression #Etats-Unis #trumpisme #arrestation #déportation #renvoi #expulsion #étudiants_étrangers #ESR #université #facs #censure

    • Ordre a été donné de ne garder que des crétins haineux qui ne savent pas lire, seulement alimentés par sonde en foxnews burger et soda.
      De très bons électeurs pour les fascistes.

    • The US government is effectively kidnapping people for opposing genocide

      Rumeysa Ozturk, a visa holder, was snatched off the streets by Ice agents and sent to a detention center 1,000 miles away for opposing war crimes in Gaza

      The abductors wore masks because they do not want their identities known. On Tuesday evening, Rumeysa Ozturk exited her apartment building and walked on to the street in Somerville, Massachusetts – a city outside Boston – into the fading daylight. Ozturk, a Turkish-born PhD student at Tufts University who studies children’s media and childhood development, was on her way to an iftar dinner with friends, planning to break her Ramadan fast.

      In a video taken from a surveillance camera, she wears a pink hijab and a long white puffer coat against the New England cold. The first man, not uniformed but wearing plain clothes, as all the agents are, approaches her as if asking for directions. But he quickly closes in and grabs her by the wrists she has raised defensively toward her face.

      She screams as another man appears behind her, pulling a badge out from under his shirt and snatching away her phone. Soon six people are around her in a tight circle; she has no way to escape. They handcuff her and hustle her into an unmarked van. Attorneys for Ozturk did not know where Immigration and Customs Enforcement (Ice), the US homeland security department that has become Trump’s anti-immigrant secret police, had taken the 30-year-old woman for almost 24 hours.

      In that time, a judge ordered Ice to keep Ozturk, who is on an F-1 academic visa, in Massachusetts. But eventually, her lawyers learned that their client had been moved, as many Ice hostages are, to a detention camp in southern Louisiana, more than 1,000 miles (1,600km) from where she was abducted.

      In the video, before she is forced into the van, Ozturk looks terrified, confused. She may well have thought she was being robbed by street thugs; she did not seem to understand, at first, that she was being kidnapped by the state. She tries to plead with her attackers. “Can I just call the cops?” she asks. “We are the police,” one of the men responds. Ozturk remains imprisoned; she has been charged with no crime. In the video of her arrest, a neighbor can be heard nearby, asking: “Is this a kidnapping?”

      The answer is yes. Ozturk is one of a growing number university students who have been targeted, issued arrest warrants, or summarily kidnapped off the streets by Ice agents. She joins the ranks of include Mahmoud Khalil, the Syrian-born Palestinian former graduate student and green card holder from Columbia University; Alireza Doroudi, an Iranian-born mechanical engineering doctoral student at the University of Alabama; Yunseo Chung, a 21-year-old Columbia undergraduate who was born in South Korea but has long been a green card holder after immigrating to the United States with her parents at the age of seven; and Momodou Taal, a dual British and Gambian citizen who is studying for a graduate degree at Cornell University and has gone into hiding after receiving a summons from Ice to turn himself in for deportation proceedings.

      Many of these students had some connection – however tenuous – to anti-genocide protests on campuses over the past year and a half. Taal and Khalil, in different capacities, were leaders of protests for Palestinian rights at their respective universities. Chung attended one or two demonstrations at Columbia. Ozturk co-authored an op-ed in the Tufts student newspaper that cited credible allegations that Israel was violating international human rights law in Gaza and called on the university president to take a stronger stance against the genocide. In a statement regarding her arrest, a DHS spokesperson said: “Investigations found Ozturk engaged in activities in support of Hamas.” They meant the op-ed.

      The state department claims that some of these students have had their visas or permanent resident status rescinded – in a video of the arrest of Mahmoud Khalil, taken by his pregnant wife, agents proclaim that his student visa has been revoked, but when they are informed that he has a green card, they say: “We’re revoking that too.” This unilateral revocation of green card protections, without notice or due process, is illegal. But that is not the point – the Trump administration clearly thinks of immigrants as a population with no rights that they need respect.

      Rather, the point is that Trump administration’s promise to crack down on student protests against Israel’s genocide in Gaza has the effect of articulating a new speech code for immigrants: no one who is not a United States citizen is entitled to the first amendment right to say that Israel is committing a genocide in Gaza, or that the lives of Palestinians are not disposable by virtue of their race.

      It is up to those us who do have citizenship to speak the truth that the Trump administration is willing to kidnap people for saying: genocide is wrong, Israel is committing it against Palestinians in Gaza, and Palestinians, like all people, deserve not only the food and medicine that Israel is withholding from them, and not only an end to Israel’s relentless and largely indiscriminate bombing, but they deserve freedom, dignity and self-determination. This has become an unspeakable truth in Trump’s America. Soon, there will be other things we are not allowed to say, either. We owe it to one another to speak these urgent truths plainly, loudly and often – while we still can.

      Here is another truth: that the US’s treatment of these immigrants should shame us. It was once a cliche to say that the US was a nation of immigrants, that they represented the best of our country. It is not a cliche anymore. For most of my life as an American, it has been a singular source of pride and gratitude that mine was a country that so many people wanted to come to – that people traveled from all over the world to pursue their talent, their ambition and their hopefulness here, and that this was the place that nurtured and rewarded them.

      It may sound vulgar to speak of this lost pride after Ozturk’s kidnapping – all that sentimentality did nothing, after all, to protect her, and may in the end have always been self-serving and false. But as we grapple with what America is becoming – or revealing itself to be – under Donald Trump, I think we can mourn not only the lost delusions of the past but the lost potential of the future.

      Ozturk – a student of early childhood education, and someone brave enough to take a great personal risk in standing up for what she thought was right – seems like a person the US would be lucky to have. Instead we are punishing her, terrorizing her, kidnapping her and throwing her away. She deserves better, and so do all of our immigrants – hopeful, struggling people who mistook this for a place where they could thrive. Who, in the future, will continue to think of the US as a place where immigrants can make a difference, can prosper? Who will share their gifts with us now?

      https://www.theguardian.com/commentisfree/2025/mar/28/rumeysa-ozturk-tufts-trump-immigration-gaza

    • Rumeysa Öztürk, PhD student from Turkey, among scores of people detained in the US

      The student was snatched by ICE officers while on her way to break her Ramadan fast.

      On March 25, Rümeysa Öztürk, a 30-year-old Turkish national and Ph.D. student at Tufts University in Massachusetts, was arrested by U.S. Immigration and Customs Enforcement (ICE) agents near her residence in Somerville. The arrest occurred as Öztürk was en route to meet friends and break her Ramadan fast.

      Öztürk was detained without prior notice to Tufts University officials. Despite a federal judge’s order requiring 48 hours’ notice before moving Öztürk out of Massachusetts, the student was nevertheless transferred to the Central Louisiana ICE Processing Center. According to CNN, “On Friday, [March 28] a judge in Boston ordered Öztürk not to be deported until she can determine whether the Boston court has jurisdiction to decide if Öztürk was lawfully detained — a decision that drew praise from Öztürk’s lawyers.”

      Öncü Keçeli, a spokesperson for Turkey’s Ministry of Foreign Affairs, confirmed efforts by the Turkish government to secure the student’s release, including consular and legal support. According to reporting by CNN International, “Öztürk is one of several international university students facing deportation following a Trump administration order to crack down on pro-Palestinian demonstrations on college campuses.”

      Öztürk’s arrest was reportedly linked to an op-ed she co-wrote last year in Tufts’ student newspaper. The authors called on the “university to acknowledge the Palestinian genocide, apologize for University President Sunil Kumar’s statements, disclose [the university’s] investments and divest from companies with direct or indirect ties to Israel.”

      Responding to Öztürk’s arrest, Secretary of State Marco Rubio suggested she was engaged in disruptive behavior. “If you apply for a visa to enter the United States and be a student, and you tell us that the reason why you’re coming to the United States is not just because you want to write op-eds, but because you want to participate in movements that are involved in doing things like vandalizing universities, harassing students, taking over buildings, creating a ruckus, we’re not going to give you a visa,” Rubio reportedly said. The Department of Homeland Security (DHS) spokesperson Tricia McLaughlin accused Öztürk of “glorifying and supporting terrorists.” Friends have said that, other than co-writing the op-ed, Öztürk was not involved in pro-Palestinian protests.

      On March 31, the Student Press Law Center and 13 other free speech and journalism organizations released a statement condemning what happened to Öztürk, writing that the basis on which she was detained was “a blatant disregard for the principles of free speech and free press within the First Amendment.”

      Meanwhile, in Turkey, the leader of the main opposition Republican People’s Party (CHP), Özgür Özel, condemned the detention of Öztürk in the strongest possible terms. Other politicians also condemned the detention, including the leader of the DEVA party, Ali Babacan, who stated that “supporting Palestine was not a crime but a conscientious responsibility.” Turkey’s Minister of Justice Yılmaz Tunç also condemned the detention of Öztürk during a meeting, saying the action is proof that “there is no freedom of thought and human rights are not respected in so-called democratic countries.”

      On April 3, university President Sunil Kumar defended Öztürk in a court document filed on the student’s behalf. “The University has no information to support the allegations that she was engaged in activities at Tufts that warrant her arrest and detention,” wrote Kumar, according to news reports.

      https://globalvoices.org/2025/04/04/rumeysa-ozturk-phd-student-from-turkey-among-scores-of-people-detained

  • #Tanzania’s #marine_reserves offer long-term #benefits to #communities, study finds

    https://news.mongabay.com/2025/03/tanzanias-marine-reserves-offer-long-term-benefits-to-communities-stu

    #Marine_protected_areas in #Tanzania boosted living standards in nearby communities over a span of nearly 20 years, a recent study in Conservation Letters found.

    Near #MPAs, living standards improved, and there was a shift away from agricultural work, said study author #Julia_Girard, a Ph.D. student in #environmental_economics at the #University_of_Montpellier, France.

    How marine reserves fare in conservation and community development is an important question for Tanzania, where 20% of the population is heavily dependent on #fisheries for #food and #income.

    The country established five multiuse MPAs in the 1990s, which allow fishing with additional rules designed to promote sustainability. Scientists have identified MPAs where regulated fishing activity is permitted as powerful tools to help Tanzania and other nations protect 30% of their #oceans by 2030 without denying fishers their livelihoods.

    To see how these MPAs have impacted local development, the research team surveyed 840 households in 24 #villages in 2021, asking questions about employment, fishing history, standard of living, and perceptions about the marine reserves. They then compared the data with the results of a similar survey conducted in 2003. This is one of just a few studies documenting the #long-term_impacts of #multiuse_MPAs on #local_development.

  • L’origine ou la religion d’une étudiante est discriminante pour accéder aux masters, selon une étude
    https://www.francetvinfo.fr/societe/racisme/l-origine-ou-la-religion-d-une-etudiante-est-discriminante-pour-acceder

    Pour ce faire, l’Ondes a effectué un « test » en créant cinq candidates fictives, l’une avec un nom à consonance française, les autres évoquant une origine maghrébine, d’Afrique de l’Ouest, asiatique et une autre censée être juive. Ce test se fonde sur de simples demandes d’information, sans plus de détail sur les profil des candidates fictives, envoyés à près de 2 000 responsables de formations dans toutes les #universités_françaises.

    8,5% de chances en moins pour « celles dont l’identité signale une origine africaine »

    Les résultats, basés sur le taux de réponses positives reçues en fonction des noms, "mettent en évidence des pénalités significatives pour toutes les origines relativement à la candidate de référence", alerte l’étude. Les candidates "les plus pénalisées" sont "celles dont l’identité signale une origine africaine, (...) avec une baisse de 8,5% des chances de succès, qui dépasse même 15% dans le seul domaine des Sciences, Technologie et Santé", met en avant l’enquête.

    "Les candidates dont l’identité suggère une affiliation juive ou une origine asiatique présentent des écarts deux fois moins importants mais qui s’avèrent statistiquement significatifs dans les estimations", précise-t-elle. L’Ondes appelle à "des mesures correctrices de la part de la puissance publique et de l’ensemble des acteurs concernés". L’an dernier, le « testing » de l’Observatoire avait constaté que le port du voile diminue de "plus de 80%" les chances de décrocher un entretien après une candidature spontanée pour un contrat d’apprentissage dans une entreprise.

  • Why Hasn’t Columbia U. Sued to Protect Itself?
    https://www.chronicle.com/article/why-hasnt-columbia-u-sued-to-protect-itself

    The pressure on Columbia is immense. The Trump administration canceled $400 million in federal funding because, officials say, the university has not done enough to protect Jewish students from antisemitism. Over the past two weeks, researchers on many National Institutes of Health projects, including studies on diabetes, breast cancer, and maternal mortality, have gotten notifications that their funding is gone. A total of $5 billion in federal grants to Columbia is under review.

    Legal scholars reached this week by The Chronicle agreed that Columbia would have a strong case to make if it were to sue to protect its funding.

    [...]

    On Wednesday, another target emerged. The Trump administration announced that it had frozen $175 million in federal grants for the University of Pennsylvania. The White House posted on X that the funding pause was in response to the university’s policies on transgender athletes’ participation in sports.

    Columbia is not some small, under-resourced institution unable to fight back,” Bagenstos said. “If this institution, with a strong legal case, does not push back, that sends a pretty chilling message to the American academy generally.

    https://archive.ph/rEN9i
    #université #recherche

    • Frappée au portefeuille, l’université Columbia accepte les réformes voulues par Trump
      https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20250322-frapp%C3%A9e-au-portefeuille-l-universit%C3%A9-columbia-accepte-l

      L’université, qui n’évoque jamais la question financière dans sa lettre, se dit prête à revoir totalement sa gestion des mouvements de protestation #étudiants, à formaliser une définition de l’antisémitisme ou encore à réformer les départements d’études sur le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et l’Afrique, que le gouvernement souhaitait placer sous « tutelle académique ».

      Columbia a également écrit qu’elle allait se doter d’un nouveau service d’ordre, en embauchant « 36 agents spéciaux » en cours de formation qui auront pour prérogative d’"arrêter" des personnes ou de les expulser du campus quand cela sera jugé « approprié ».

      Le port du #masque sera banni, sauf exceptions liées à des raisons sanitaires notamment, ajoute l’université, invoquant des questions de sécurité, alors que Donald Trump reproche à Columbia de ne pas avoir assez protégé ses étudiants juifs.

      La réforme qui inquiétait le plus le corps professoral depuis la missive gouvernementale, notamment en matière d’indépendance académique, est celle des départements d’étude ciblés.

      Sur ce sujet, Columbia va nommer un vice-recteur en charge de superviser les départements sur le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et l’Afrique. Il sera chargé de mener une « évaluation approfondie du portefeuille de programmes », en « commençant immédiatement avec le Moyen-Orient ». En particulier, insiste Columbia, l’évaluation portera sur le Centre d’études palestiniennes et l’Institut d’études israéliennes et juives.

      The school has also said it would move forward with several steps not demanded in the government’s March 13 letter. This includes adopting institutional neutrality—which means they will stop taking official positions on most political issues—and launching programming for their hub in Tel Aviv this spring.

      In addition Columbia will develop a free K-12 curriculum on topics such as how to have difficult conversations and foster open inquiry. The school said it already began searches for new faculty members with joint positions in both the Institute for Israel and Jewish Studies and the departments of Economics, Political Science, and School for International and Public Affairs to “contribute to a robust and intellectually diverse academic environment, reinforcing the University’s commitment to excellence and fairness in Middle East studies.”

      WSJ : https://archive.ph/yBSHa

    • Ah ça c’est sûr (comme l’est le fait que la répression des campus sous Biden a bien préparé le terrain).
      Dans l’article du wsj :

      On top of those nine demands [by the Trump administration], Columbia now says it is already taking additional actions to encourage more intellectual diversity at the historically left-leaning institution. 

      ...

      the school believed there was considerable overlap between needed campus changes and Trump’s demands.

    • @kassem :

      I am a Palestinian political prisoner in the US.
      I am being targeted for my activism
      - a letter from Mahmoud Khalil
      https://seenthis.net/messages/1103179#message1105484

      While I await legal decisions that hold the futures of my wife and child in the balance, those who enabled my targeting remain comfortably at Columbia University. Presidents [Minouche] Shafik, [Katrina] Armstrong, and Dean [Keren] Yarhi-Milo laid the groundwork for the US government to target me by arbitrarily disciplining pro-Palestinian students and allowing viral doxing campaigns – based on racism and disinformation – to go unchecked.

      Columbia targeted me for my activism , creating a new authoritarian disciplinary office to bypass due process and silence students criticizing Israel. Columbia surrendered to federal pressure by disclosing student records to Congress and yielding to the Trump administration’s latest threats. My arrest, the expulsion or suspension of at least 22 Columbia students – some stripped of their BA degrees just weeks before graduation – and the expulsion of SWC [Student Workers of Columbia] President Grant Miner on the eve of contract negotiations, are clear examples.


    • Souleymane Bachir Diagne, philosophe [en poste à Colombia] : « Notre époque est marquée par un repli identitaire généralisé, l’universalisme est mort de sa belle mort »

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/03/24/souleymane-bachir-diagne-philosophe-notre-epoque-est-marquee-par-un-repli-id

      Dans un entretien au « Monde », l’intellectuel sénégalais s’alarme de la guerre lancée à l’université Columbia par l’administration Trump et rappelle que « l’Afrique subsaharienne n’a jamais eu une grande importance dans le propos américain ».

      Souleymane Bachir Diagne est à un poste idéal pour observer les décisions de Donald Trump sur l’éducation ou ses prises de position sur l’Afrique. Cet intellectuel, né au Sénégal en 1955, formé à l’Ecole normale supérieure à Paris, notamment par Louis Althusser et Jacques Derrida, enseigne depuis 2008 la philosophie à l’université Columbia à New York.

    • FACULTY UNIONS SUE TRUMP ADMIN: NO HALTING SCIENCE RESEARCH TO SUPPRESS SPEECH | American Federation of Teachers
      https://www.aft.org/press-release/faculty-unions-sue-trump-admin-no-halting-science-research-suppress-speech

      NEW YORK– The American Association of University Professors (AAUP) and the AFT today sued the Trump administration on behalf of their members for unlawfully cutting off $400 million in federal funding for crucial public health research to force Columbia University to surrender its academic independence. While the Trump administration has been slashing funding since its first days in office, this move represents a stunning new tactic: using cuts as a cudgel to coerce a private institution to adopt restrictive speech codes and allow government control over teaching and learning.

      The plaintiffs, who represent members of Columbia University faculty in both the humanities and sciences, allege that this coercive tactic not only undermines academic independence, but stops vital scientific research that contributes to the health and prosperity of all Americans. The terminated grants supported research on urgent issues, including Alzheimer’s disease prevention, fetal health in pregnant women, and cancer research.

      The Trump administration’s unprecedented demands, and threats of similar actions against 60 universities, have created instability and a deep chilling effect on college campuses across the country. Although the administration claims to be acting to combat antisemitism under its authority to prevent discrimination, it has completely disregarded the requirements of Title VI, the statute that provides it with that authority–requirements that exist to prevent the government from exercising too much unfettered control over funding recipients. According to the complaint, the cancellation of federal funds also violates the First Amendment, the separation of powers, and other constitutional provisions.

      […]

  • #mobilitazione nazionale indetta dai lavoratori precari dell’università
    https://radioblackout.org/2025/03/mobilitazione-nazionale-indetta-dai-lavoratori-precari-delluniversita

    Questo lunedì l’inaugurazione dell’anno accademico è stata contestata da precari universitare e studenti. Condannata la situazione insestenibile dei lavoratori precari, la rivendicazione della partnership con Israele da parte del rettore Geuna e la compartecipzione dell’ateneo al disinvestimento continuo nell’istruzione per il reindirizzamento dei fondi nel settore bellico. Non da ultimo contestata la presenza dell’ex ministro […]

    #L'informazione_di_Blackout #precari_scuola #Riforma_Bernini #riforma_del_preruolo #università
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2025/03/PrecariMobilitazioneNazionale20Marzo.mp3

  • L’HCERES et l’évaluation des universités
    https://laviedesidees.fr/L-HCERES-et-l-evaluation-des-universites

    Jugé opaque, bureaucratique et peu fiable, le travail d’évaluation de l’enseignement supérieur mené par l’HCERES suscite régulièrement critiques et mobilisations des universitaires. Clémentine Gozlan revient sur les origines et le fonctionnement de cette bureaucratie qui incarne l’entrée de l’Université dans l’ère du New Public #management.

    #université #recherche #évaluation #mobilisation #Sciences

  • Academic Freedom Index
    https://academic-freedom-index.net

    The Academic Freedom Index (AFI) assesses de facto levels of academic freedom across the world based on five indicators: freedom to research and teach; freedom of academic exchange and dissemination; institutional autonomy; campus integrity; and freedom of academic and cultural expression. The AFI currently covers 179 countries and territories, and provides the most comprehensive dataset on the subject of academic freedom.

    The AFI rests on assessments by 2,363 country experts worldwide, standardized questionnaires, and a well-established statistical model, implemented and adapted by the V-Dem project. The V-Dem project is known for generating sound data on various dimensions of democracy. The Academic Freedom Index uses a Bayesian measurement model method for data aggregation: it not only provides so-called point estimates, but also transparently reports measurement uncertainty in the global assessment of academic freedom. We strongly recommend that users take this uncertainty into account when comparing scores between countries and over time. You can learn more about our research and the index on our website. In addition, this introductory article explains the index design in more detail.

    Katrin Kinzelbach, chercheuse : « La vitesse et le nombre d’attaques contre les universités américaines sont à couper le souffle »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/03/13/katrin-kinzelbach-chercheuse-la-vitesse-et-le-nombre-d-attaques-contre-les-u

    #université #recherche #liberté_académique

  • Tribune – La #liberté_académique : pilier de la démocratie – ALIA
    https://liberte-academique.fr/tribune-la-liberte-academique-pilier-de-la-democratie

    Mais si la fabrique de l’ignorance prospère, c’est d’abord parce qu’elle sert les intérêts de groupes économiques, financiers et politiques très puissants, à l’image de l’empire d’Elon Musk, qui ont bien compris l’avantage stratégique d’accaparer la connaissance, de la contrôler et de la falsifier. Aujourd’hui, ces stratégies délétères constituent une menace directe pour la démocratie, dont l’exercice effectif suppose un espace public de pensée, de critique réciproque et de délibération. Sans savoir partagé et sans langage commun, aucun dialogue constructif n’est possible.

    Pour faire reculer cette menace, l’#Université, comme institution en charge de produire, critiquer, transmettre et conserver les savoirs, doit pouvoir exercer ses activités en toute indépendance vis-à-vis de toutes les formes de pouvoir. Car l’Université et la Recherche sont fondées sur une interrogation illimitée sur le monde, qui ne s’arrête devant rien, qui se propose de fournir et de partager des clés de compréhension, sans finalité pratique et monnayable, et qui se remet elle-même constamment en cause. Cette extraordinaire capacité à se renouveler et à réinventer notre vision du monde garantit la production et le partage d’un savoir fiable, conscient de ses acquis mais aussi de ses limites, seul à même d’alimenter de manière constructive et saine le débat démocratique. Mais cette capacité ne peut s’exercer que grâce à la liberté accordée aux universitaires de choisir collectivement, en conjuguant connaissances et intuition, les objets de travail les plus fructueux ainsi que les méthodologies les plus heuristiques, et de diffuser sans limite les résultats de leurs recherches, y compris, en particulier, si ceux-ci bousculent opinions et croyances.

  • Assemblée Générale à l’Université de Nantes
    https://nantes.indymedia.org/events/139963/assemblee-generale-a-luniversite-de-nantes-2

    Mobilisation à Nantes Université face au déficit et au budget d’austéritéPublié le 12/02/2025 Une nouvelle vague d’austérité dans les universités En janvier, le Sénat a voté une baisse du budget de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) de plus de 630 millions d’euros dans un contexte où les universités souffrent…

    #mobilisation #Université_de_Nantes

  • #Guide de l’étudiant pour ne pas écrire avec #ChatGPT

    OpenAI a publié un « Guide de l’étudiant pour écrire avec ChatGPT » (https://openai.com/chatgpt/use-cases/student-writing-guide). Dans ce billet, je passe en revue leurs #conseils et je propose quelques contre-#arguments, d’un point de vue d’enseignant-chercheur. Après avoir abordé chacune des 12 suggestions d’OpenAI, je conclus en évoquant rapidement les aspects éthiques, cognitifs et environnementaux que tout étudiant devrait considérer avant de décider d’utiliser ou non ChatGPT. J’ajoute quelques commentaires en fin de billet au fil des retours critiques. (Version anglaise : A Student’s Guide to Not Writing with ChatGPT)

    « Déléguez la mise en forme des #citations à ChatGPT. L’IA excelle dans l’automatisation des tâches fastidieuses et chronophages telles que la présentation des citations. N’oubliez cependant pas de vérifier l’exactitude de vos bibliographies par rapport aux documents source. »

    Cette dernière phrase est probablement là pour des raisons juridiques, parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas dire que ChatGPT produira systématiquement des résultats exacts. En effet, mettre en forme des citations et des #bibliographies consiste à présenter des métadonnées conformément à des règles formelles (les #styles_bibliographiques). On n’est pas ici dans le domaine du langage naturel. ChatGPT fera des #erreurs, qui prendront du temps à trouver et à corriger. Alors utilisez plutôt un logiciel de gestion bibliographique, tel que #Zotero. Il s’occupera de vos citations et bibliographies de manière fiable, parce qu’il est programmé pour. Il vous suffit de nettoyer les métadonnées des références au fur et à mesure que vous les collectez, et vos bibliographies ne contiendront jamais d’erreurs.

    –-

    « 2. Informez-vous rapidement sur un nouveau sujet. ChatGPT peut vous aider à démarrer vos recherches en vous permettant d’acquérir un #socle_de_connaissances sur un sujet. »

    ChatGPT est un simulateur de conversation humaine, et non un système d’information ou une base de connaissances. L’#information, ça se trouve dans des cerveaux, des documents et des bases de données. ChatGPT n’est pas doté de capacité de #compréhension : il ne fait que produire des réponses plausibles en tant que réponses, sans comprendre rien à rien. Il ne peut donc pas vous informer de manière fiable. Ne demandez pas à un intermédiaire qui n’a pas la capacité de comprendre une information de vous l’expliquer : à la place, faites un tour dans la #bibliothèque universitaire la plus proche et cherchez vous-même l’information, avec l’aide des bibliothécaires et des documentalistes.

    –-> J’ai tendance à conseiller de solliciter les enseignants, bibliothécaires et co-étudiants. Mais comme me le suggère Adrien Foucart sur Mastodon, peut-être que vous préférez apprendre par vous-même. Dans ce cas, le plus important est de développer vos compétences en recherche d’information. Selon moi, la référence reste le tutoriel CERISE (Conseils aux Etudiants en Recherche d’InformationS Efficace : https://callisto-formation.fr/course/view.php?id=263), que vous pouvez suivre de manière entièrement autonome.

    –-

    « 3. Demandez une feuille de route pour trouver des #sources pertinentes. ChatGPT peut guider votre recherche en vous suggérant des chercheurs, des sources et des termes de recherche pertinents. Mais n’oubliez pas : bien qu’il puisse vous orienter dans la bonne direction, ChatGPT ne remplace pas la lecture de #sources_primaires et d’articles évalués par des pairs. Et comme les #modèles_de_langage peuvent générer des informations inexactes, vérifiez toujours vos faits. »

    (Ce point est encore plus litigieux que le point 1, donc OpenAI nous gratifie de deux phrases complètes qui sont probablement là pour des raisons juridiques.) Parce que ChatGPT n’a pas de capacité de compréhension, il ne sait pas ce que sont des choses comme « une source » ou « une affirmation vraie ». Vous ne pouvez donc pas vous fier à ses indications. Vous perdrez du temps et ferez des erreurs. Encore une fois, demandez à un humain ou faites une recherche de documents et de données dans un vrai système d’information.

    –-

    « 4. Approfondissez votre compréhension en posant des questions précises à ChatGPT. »

    Parce que ChatGPT n’a pas de capacité de #compréhension, il ne connaît pas les réponses réelles à vos questions, seulement des réponses plausibles. Il génèrera des réponses vraies et fausses sans distinction. Cela retardera votre apprentissage. Encore une fois, passez par des humains, des documents et des données directement au lieu de demander à ChatGPT.

    –-

    « 5. Améliorez votre #écriture en demandant à ChatGPT comment il trouve votre structure. »

    Parce que ChatGPT n’a pas de capacité de compréhension, il ne comprend pas ce qu’est une structure de texte « attendue » ou « améliorée », même si vous lui décrivez. Il ne peut que rehausser la qualité de votre texte à ce qu’il pense être un niveau moyen, ou l’abaisser à ce même niveau. Dans les deux cas, vous obtiendrez des notes médiocres. Pour progresser réellement dans votre écriture, demandez conseil à un professeur ou joignez un groupe d’étudiants qui s’entraident là-dessus  ; si un tel groupe n’existe pas, réunissez quelques personnes et créez-le – ce sera une expérience utile en soi.

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    « 6. Vérifiez votre raisonnement en demandant à ChatGPT de transformer votre texte en liste à puces. »

    Comme l’a récemment montré une étude australienne (https://pivot-to-ai.com/2024/09/04/dont-use-ai-to-summarize-documents-its-worse-than-humans-in-every-way), ChatGPT ne sait pas #résumer, seulement #raccourcir. À l’heure actuelle, savoir résumer reste un savoir-faire humain. Un #savoir-faire que vous pouvez acquérir en suivant un cours de #résumé dans un cursus en sciences de l’information, un programme de formation continue, un cours en ligne, etc. (Je suis plutôt partisan de faire les choses dans l’autre sens mais plusieurs collègues me disent que sur le fond cette méthode du reverse outlining leur est très utile et qu’ils la conseillent à des étudiants.)

    –-

    « 7. Développez vos idées à travers un dialogue socratique avec ChatGPT. »

    Enfin un conseil qui est lié à la fonction réelle de ChatGPT : simuler la communication humaine. Cependant, le #dialogue_socratique implique que vous conversez avec quelqu’un qui a une compréhension supérieure du sujet et qui vous amène progressivement au même niveau. Malheureusement, ChatGPT n’est pas Socrate. Utiliser ChatGPT comme partenaire d’entraînement vous restreindra à son niveau : celui d’une machine qui produit des phrases humaines plausibles. Proposez plutôt cet exercice à vos professeurs et à vos camarades, et mettez-vous avec quelqu’un de plus avancé que vous pour progresser.

    –-

    « 8. Mettez vos idées à l’épreuve en demandant à ChatGPT des #contre-arguments. »

    Pour améliorer votre capacité de #réflexion, vous devez être capable de trouver des contre-arguments, pas seulement d’y répondre. Utiliser ChatGPT pour faire la moitié du travail vous empêchera de progresser. Trouvez vous-même des contre-arguments. Et si vous avez besoin d’aide, ne demandez pas à ChatGPT : il ne peut produire que des arguments moyens, ce qui vous fera rapidement stagner. Faites plutôt appel à quelqu’un qui sait imaginer des arguments solides qui vous obligeront à réfléchir.

    –-

    « 9. Comparez vos idées à celles des plus grands penseurs de l’histoire. »

    ChatGPT peut vous divertir en créant de toutes pièces une pièce de théâtre entre philosophes, mais il n’a pas la capacité de concevoir un exercice aussi complexe de manière à ce que vous puissiez en tirer des enseignements. Suggérez plutôt cette idée à un enseignant, dont c’est le métier.

    –-

    « 10. Améliorez votre écriture en demandant à ChatGPT de vous faire des retours successifs. »

    Il s’agit d’une variante du point 5 sur le fait de solliciter des #avis. Une fois encore, utiliser ChatGPT limitera votre niveau à ce qu’une machine pense être le niveau de l’humain moyen. Faites plutôt appel à vos professeurs, organisez des sessions d’évaluation par les pairs avec vos camarades, et faites en sorte que ces sessions soient itératives si nécessaire.

    –-

    « 11. Utilisez la fonctionnalité #Mode_vocal_avancé de ChatGPT pour en faire un compagnon de #lecture. »

    (« Mode vocal avancé » signifie que ChatGPT vous écoute lire quelque chose à haute voix et tente de répondre à vos questions sur ce que vous venez de lire). Il s’agit d’une variante des points 2-4 concernant le fait de s’informer. ChatGPT n’a pas de capacité de compréhension. Il ne fournira donc pas d’interprétations fiables de ce que vous lisez. À la place, cherchez d’abord la définition des mots que vous ne connaissez pas dans des dictionnaires  ; cherchez des analyses rédigées par des humains pour y trouver des interprétations qui vous aideraient à comprendre ce que vous lisez  ; demandez leur avis à d’autres étudiants travaillant sur le même texte.

    –-

    « 12. Ne vous contentez pas de répéter ce que vous avez déjà fait – améliorez vos compétences. […] Demandez à ChatGPT de vous suggérer des moyens de développer votre capacité à penser de manière critique et à écrire clairement. »

    ChatGPT n’a pas de capacité de compréhension, donc la signification d’expressions comme « pensée critique » et « techniques d’écriture » lui échappent. Prenez ces expressions et entrez-les dans le moteur de recherche du catalogue de la bibliothèque de votre université  ; si vous préférez, demandez conseil à un bibliothécaire. Lisez ce que vous trouvez, et demandez à vos professeurs ce qu’ils en pensent. Pour le reste, rien ne vaut l’entraînement : comme disent les anglophones, practice, practice, practice.

    –-

    Quelques mots de conclusion

    ChatGPT est conçu pour simuler un partenaire de conversation humain. Il s’appuie sur un modèle probabiliste du langage (quel mot est le plus susceptible d’arriver après tel mot) et communique pour communiquer, pour créer l’illusion de la conversation. Il bavarde, tchatche, blablate, indifférent à la signification de ce qu’il dit, indifférent à la vérité. Tout ça est très divertissant mais une attraction de fête foraine n’est pas un outil d’apprentissage fiable, et je pense donc que les étudiants devraient s’en méfier.

    Lorsque des étudiants me posent des questions sur ChatGPT, je mentionne les trois problèmes suivants :

    #éthique : la plupart des modèles de langue ont été construits à partir de données volées  ;
    - #cognition : l’utilisation d’outils comme ChatGPT rend plus dépendant des outils et moins autonome intellectuellement, ainsi que des études ont commencé à le montrer (en voici une réalisée en France)  ;
    #environnement : les coûts énergétiques de l’IA générative sont supérieurs d’un ordre de grandeur à ceux des outils préexistants (et elle n’est même pas rentable, donc on brûle du carburant pour rien).

    C’est généralement suffisant pour faire réfléchir la plupart de mes étudiants. Ce sont des jeunes gens créatifs, ils ont donc de l’empathie pour les créateurs qui ont été spoliés. Pour progresser et obtenir leur diplôme, ils veulent des outils qui leur font gagner du temps, pas des gadgets qui les rendent moins autonomes intellectuellement. Ils sont frappés d’apprendre que ChatGPT consomme dix fois plus d’énergie que Google pour répondre à la même question, généralement en pire (mais Google est en train de rattraper ChatGPT vers le bas).

    La bonne nouvelle, c’est que comme le dit le blogueur Jared White :

    « Vous pouvez littéralement ne pas l’utiliser. […] vous pouvez être un technicien expert et un créateur épanoui, au fait de son époque, très connecté, et rester complètement à l’écart de ce cycle de hype. »

    Si vous avez besoin de plus d’informations sur ce sujet, je vous recommande vivement de consulter le site Need To Know de Baldur Bjarnason (https://needtoknow.fyi). Il s’agit d’une synthèse accessible d’un état de l’art très fouillé sur les risques liés à l’utilisation de l’IA générative. C’est un excellent point de départ. (Et si vous connaissez des ressources similaires en français, je suis preneur.)
    Quelques commentaires supplémentaires
    Suite à la publication de ce billet, j’ai reçu par mail une critique de mon point de vue sur ChatGPT, en particulier l’idée qu’il n’a pas de capacité de compréhension. Je partage ma réponse ci-dessous. Il se peut que d’autres commentaires s’ajoutent ainsi au fil du temps.

    L’idée que ChatGPT n’a pas de capacité de compréhension est discutable. Tout dépend de la définition que l’on donne à « compréhension ». Marcello Vitali-Rosati soutient que le sens n’est pas une prérogative humaine, que les humains ont une forme d’intelligence et que l’IA en a une autre – tout dépend de la façon dont nous définissons les différentes formes d’intelligence. Il évoque le fait que ChatGPT sait faire des choses que les machines ne pouvaient pas faire auparavant mais qu’il échoue à faire d’autres choses que des systèmes plus simples savent faire depuis longtemps. Il serait donc plus juste de dire que ChatGPT possède une forme d’intelligence qui lui est propre, et qui est adaptée à certaines tâches mais pas à d’autres. Marcello mentionne par exemple que ChatGPT peut créer des discours politiques convaincants mais qu’il n’est pas capable de donner la liste des écrits d’un auteur de manière fiable.

    Je suis d’accord avec tout cela. Ça m’amène à préciser un peu les choses : ChatGPT comprend clairement comment communiquer. La manière dont il arrive à cette compréhension est une forme d’intelligence. Le problème, c’est que cette compréhension n’est pas celle qui compte dans un contexte d’apprentissage, de mon point de vue d’enseignant. Comprendre comment communiquer est différent de comprendre une information. C’est fondamental à mes yeux. Et c’est là, à mon avis, que le débat peut véritablement se situer. Quand on fait des études de commerce, ChatGPT est sans doute un outil intéressant pour travailler sur le marketing (même si je pense qu’il vaut mieux y réfléchir soigneusement, du fait des questions éthiques et environnementales). Mais en dehors des domaines dont le matériau principal est le bullshit (tout jugement de valeur mis à part), son utilité est moins évidente.

    Les tâches mentionnées dans le « guide » d’OpenAI font partie de celles où ChatGPT échoue à donner des résultats fiables. ChatGPT n’est pas un système d’information : qu’il passe d’une exactitude de 90 % à 99 %, voire à 99,99 %, ça ne change rien au fait que le risque d’erreur est présent du fait de la nature même de l’outil. On peut légitimement ne pas vouloir prendre ce risque. Quant aux compétences, je crois que les seules personnes qui trouvent ChatGPT bluffant sont celles qui sont moins bonnes que lui dans l’exécution des tâches qui lui sont confiées. Regardons les choses en face : ChatGPT est aussi nul que l’humain moyen. Si on s’appuie sur cet outil pour progresser, tout ce qu’on peut faire c’est plafonner dans le moyen.

    –-

    15/11 – Ce billet sur ChatGPT m’a valu une réponse… générée par ChatGPT ! Sur LinkedIn, Francesc Pujol propose une « critique de ma critique », qu’il explique avoir générée via ChatGPT. Je n’ai pas été convaincu par ce qui ressemble beaucoup à une série de vagues déclarations un peu incantatoires sur la valeur supposée de l’outil. À la fin du texte, l’auteur (humain ou machine ?) dit que mon propos illustre une position « réactionnaire » et « déséquilibrée », et suggère que les gens comme moi pensent que les étudiants n’ont pas envie d’apprendre et les profs pas envie d’enseigner. Charmant !

    Pujol ajoute qu’il va faire lire mes objections à OpenAI et sa « critique de ma critique » par quelques personnes, sans leur dire qui a écrit quoi, pour voir qui de moi ou de ChatGPT produit le plus de déclarations un peu vagues… Là aussi, je ne suis pas convaincu. Mes arguments reposent sur une lecture de la littérature critique sur l’IA générative. Dans mon billet, je renvoie notamment à l’état de l’art réalisé par Baldur Bjarnason et son ouvrage The Intelligence Illusion. Escamoter cela, demander aux gens d’évaluer une série de phrases sans contexte, c’est traiter ce qui devrait être une discussion basée sur des faits comme une dégustation à l’aveugle chez un caviste. Ça me semble particulièrement problématique quand le débat porte précisément sur l’information, les sources, les connaissances vérifiables. Je comprends qu’en tant que partisan de l’utilisation de l’IA dans l’enseignement supérieur on ressente le besoin de défendre ses choix. Encore faudrait-il traiter ses opposants avec un minimum de respect et de sérieux intellectuel.

    –-

    17/11 – Deux jours après la publication de ce billet, Marcello a publié « La créativité des LLM » sur son blog. Il y explique le concept de température, qui est une définition formelle de la créativité mise en œuvre par un outil comme ChatGPT. La fin du billet aide à bien cerner sa position dans un débat qui est de nature épistémologique :

    « Ne me faites pas le petit jeu consistant à dire : “mais non, la créativité est plus que ça !” Si vous n’êtes pas capables de définir formellement ce plus, alors cela veut tout simplement dire que vos idées ne sont pas claires. »

    Pour moi les programmes comme ChatGPT ne sont pas informatifs, en tout cas pas de manière suffisamment fiable dans un contexte éducatif : ils comprennent ce qu’est communiquer, pas informer. Par contre, ils relèvent bien du domaine créatif. Si on n’est pas dans un contexte où la fiabilité de l’information est importante, et que par ailleurs on apporte des réponses aux enjeux d’éthique et de coût énergétique, alors je ne m’oppose pas du tout à l’usage créatif des #LLM.

    https://www.arthurperret.fr/blog/2024-11-15-guide-etudiant-ne-pas-ecrire-avec-chatgpt.html

    #enseignement #AI #IA #intelligence #ESR #université

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    signalé aussi par @monolecte :
    https://seenthis.net/messages/1082701

  • In #italia chi fa il #dottorato è condannato ad una vita sempre più precaria
    https://scomodo.org/in-italia-chi-fa-il-dottorato-e-condannato-ad-una-vita-sempre-piu-precaria

    Ansia, stress, assenza di formazione e indipendenza economica: è il quadro emerso dalle diverse testimonianze raccolte da Scomodo, tra chi decide di intraprendere un percorso di #ricerca L’articolo In Italia chi fa il dottorato è condannato ad una vita sempre più precaria proviene da Scomodo.

    #Istruzione #istruzione #precarietà #salute_mentale #società #Università

  • 40% de budget en moins : la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne suspend le prêt entre bibliothèque (PEB)
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    14 février 2024 Dans notre dernière lettre d’actualités, nous vous vous faisions part de nos incertitudes liées à la potentielle baisse de 23% de notre budget. Le budget de la BIS arrêté pour 2025 est finalement en réduction de plus … Continuer la lecture →

  • Sur le #positionnement_politique des universités

    Les manifestations étudiantes en faveur de la Palestine ont soulevé la question épineuse de la #neutralité politique des universités, en Amérique du Nord comme en Europe. Bien compris, le devoir de « #réserve_institutionnelle » limite l’expression des universités, mais non la libre expression dans les universités. Rediffusion d’un article du 23 octobre 2024

    Tout au long de l’année universitaire 2023-2024, des manifestations contre l’offensive israélienne à Gaza ont éclaté sur les campus d’Amérique du Nord et d’Europe. Certains étudiants ont appelé les universités à se solidariser avec la Palestine et à condamner Israël. Ces manifestations ont suscité l’inquiétude de nombre d’observateurs, consternés par certains incidents antisémites. La critique des manifestations étudiantes a alimenté la polémique récurrente contre les universités dites « #woke ».

    De Sciences Po à Paris à Columbia à New York, politiciens et administrateurs ont entrepris la mise au pas d’universités jugées par trop politisées. Nombre d’universités ont été amenées à adopter une position de « #neutralité_institutionnelle » – le principe selon lequel les universités devraient s’abstenir de prendre position sur les enjeux politiques et internationaux du jour. Les principales universités de la Ivy League, telles que Harvard et Chicago, ont publiquement souscrit à la neutralité institutionnelle et certaines universités britanniques et françaises en discutent actuellement[1].

    Malheureusement, ce que recouvre exactement la neutralité institutionnelle n’est pas évident. De fait, elle est souvent mal comprise, tant par la droite que par la gauche. Depuis une dizaine d’années, des commentateurs plutôt associés à la droite se sont fait les porte-drapeau de la liberté d’expression dans les universités, critiquant le « politiquement correct » ou la « cancel culture » qui y prévaudraient et le manque de diversité des points de vue qui en découlerait. Les mêmes affirment aujourd’hui que le devoir de neutralité politique des universités les oblige à limiter la liberté d’expression – celle des manifestants propalestiniens – sur les campus. Aux États-Unis, des think tanks conservateurs ont invoqué la neutralité institutionnelle pour exhorter les universités à renoncer à leur engagement partisan en faveur de programmes progressistes tels que la diversification des programmes et les initiatives en faveur de l’égalité, de la diversité et de l’inclusion.

    La gauche, à l’inverse, a tendance à être sceptique à l’égard de la neutralité institutionnelle, et ce pour deux raisons. Tout d’abord, en raison de ce qu’elle considère comme son déploiement cynique et idéologique au service de la répression musclée de manifestations et de protestations pacifiques.

    Ensuite, en raison d’objections familières au concept de neutralité lui-même. Les universités sont des acteurs sociaux et politiques qui s’inscrivent dans des réseaux locaux, nationaux et mondiaux et qui agissent inévitablement sur la base de valeurs et de principes qui leur sont propres. La neutralité n’est pas une option pour elles. Dans des domaines contestés tels que les contenus d’enseignement et de recherche, les politiques de diversité, la civilité sur les campus et le financement de l’enseignement supérieur, une position prétendument neutre ne ferait que perpétuer la position dominante d’orateurs traditionnellement privilégiés, tout en permettant aux universités d’entretenir un silence, certes plus commode du point de vue financier et des relations publiques[2].

    Malgré leurs divergences idéologiques, la droite et la gauche commettent la même erreur à propos de la neutralité institutionnelle. Elles supposent toutes deux que la neutralité institutionnelle sert à limiter l’expression politique dans les universités. Or il n’en est rien. Je propose ici l’idée que la neutralité institutionnelle, bien comprise, limite l’expression des universités, mais non la libre expression dans les universités. C’est là une distinction fondamentale, souvent ignorée dans les polémiques récentes.

    Pour éviter les ambiguïtés inhérentes au concept de neutralité, je plaide pour ce qu’on peut appeler (suivant une suggestion de Robert Post et Christopher Eisgruber) la réserve institutionnelle. La réserve institutionnelle signale non pas un détachement des universités vis-à-vis des questions sociales et politiques, mais plutôt une présomption d’abstention et de retenue – qui consiste à éviter de prendre position sur des questions qui ne sont pas liées à leur mission propre. La réserve institutionnelle des universités se justifie de deux manières. Elle est à la fois une condition de la liberté académique et de la liberté d’expression et – plus important encore – une garantie prudentielle contre l’emprise politique et le détournement de la mission distinctive des universités qui en découle.
    Réserve institutionnelle, liberté académique et liberté d’expression

    L’idée de la neutralité institutionnelle des universités est historiquement récente. Pendant près de mille ans, les Églises et les États ont contrôlé, dominé et financé les universités européennes, les utilisant comme propagandistes de leurs dogmes et de leurs valeurs. Ce n’est qu’au XIXe siècle que l’on trouve des suggestions de désaveu de la subordination des universités au politique, chez Humboldt par exemple. Et ce n’est qu’au XXe siècle que la neutralité institutionnelle est formulée comme un principe de bonne conduite universitaire[3].

    Outre le livre de Karl Jaspers sur L’Idée de l’université (1923), un texte clé est le mémoire sur la liberté académique rédigé par le philosophe américain Arthur Lovejoy au nom de l’organisation qu’il avait contribué à fonder (avec John Dewey), l’Association américaine des professeurs d’université (American Association of University Professors). La neutralité institutionnelle y est intimement liée au respect de la liberté académique – la liberté des universitaires de rechercher la vérité selon leurs propres normes et procédures[4].

    Plus récemment, un document influent aux États-Unis est le rapport Kalven, rédigé à l’université de Chicago en 1967, à une époque où les étudiants exigeaient que l’université se désengage de l’Afrique du Sud et dénonce la guerre impopulaire au Vietnam. La fonction première de l’université, affirme le rapport, est de faciliter « la découverte, l’amélioration et la diffusion des connaissances ». À cette fin, elle doit simplement être « le foyer et le protecteur des critiques ; elle n’est pas elle-même le critique ». Si l’université adopte des positions collectives, affirme le rapport, elle le fait au prix de la censure de toute minorité qui n’est pas d’accord avec le point de vue adopté. Ainsi, la neutralité de l’université en tant qu’institution favorise en fin de compte « le respect de la libre investigation et l’obligation de chérir la diversité des points de vue ».

    Des versions des recommandations du rapport Kalven ont récemment été adoptées par certaines universités américaines désireuses d’annoncer à la fois leur neutralité politique et leur engagement en faveur de la liberté d’expression et de la libre investigation sur le campus.

    La neutralité de l’université en tant qu’institution n’est donc pas le fruit d’un manque de courage, ni d’une indifférence ou d’une insensibilité. Il s’agit d’un engagement positif, dérivé des principes qui sous-tendent la mission de l’université : faciliter le plus grand nombre possible de débats et de discussions à partir d’une variété de perspectives contradictoires. La neutralité institutionnelle sert donc à protéger à la fois la liberté académique et la liberté d’expression. Une université attachée à une orthodoxie politique particulière porterait atteinte au droit des professeurs à enseigner et faire de la recherche comme ils l’entendent, poursuivre de nouvelles lignes d’investigation, poser de nouvelles questions.

    La #liberté_académique est garantie par une #double_indépendance. Les universités doivent être autonomes par rapport aux institutions politiques telles que les exécutifs, les législatifs et les tribunaux ainsi que par rapport aux pouvoirs économiques tels que les grandes entreprises et lobbies. Et les universitaires doivent être isolés des administrateurs de leur université – qui ne peuvent pas influencer le contenu de leurs recherches ni la manière dont ils enseignent[5].

    Outre la liberté académique, la #neutralité_politique des universités facilite également la #liberté_d’expression de tous leurs membres, y compris les étudiants. Dès lors qu’une université (ou, plus précisément, ses hauts responsables) prend publiquement position sur une question controversée, elle risque d’entraver l’échange libre d’idées en son sein. La neutralité institutionnelle protège le droit des étudiants et des enseignants à participer en tant qu’individus à l’action politique et à la contestation sociale, à la fois sur le campus et dans les espaces extra-muros, sans avoir à craindre la censure politique ou les sanctions disciplinaires. L’expression libre au sein des universités peut et doit être dérangeante – leur vocation est de rendre possible la remise en question, et potentiellement la subversion, de toutes les idées. La liberté académique et la liberté d’expression en général semblent incompatibles avec l’imposition d’une orthodoxie institutionnelle.

    Tant la droite que la gauche ont donc commis une erreur en louant ou en décriant la neutralité institutionnelle au motif qu’elle pourrait justifier la restriction de la liberté d’expression au sein des universités. Nous l’avons montré, la retenue des universités va de pair avec la liberté dans les universités. C’est, par exemple, parce que les universités ont refusé (ou auraient dû refuser) de s’incliner devant les pressions politiques qu’elles peuvent défendre des universitaires controversés[6], du propalestinien Edward Saïd à Columbia au philosophe utilitariste radical Peter Singer à Princeton, jusqu’à (plus récemment) la féministe critique du genre Selina Todd à Oxford ou l’eugéniste « réaliste de la race » Nathan Cofnas à Cambridge.

    C’est parce que les universités doivent respecter les libertés académiques des chercheurs qu’elles devraient s’abstenir d’influencer le contenu des programmes, même lorsque les sujets enseignés sont politiquement controversés.

    C’est parce que les universités ne doivent pas prendre parti sur les mérites de telle ou telle cause qu’elles ne doivent pas réprimer des manifestations simplement parce qu’elles réprouvent les opinions des manifestants.

    Quelles que soient les bonnes raisons de limiter la liberté d’expression à l’université, elles ne sont pas imposées par la neutralité institutionnelle, ou n’en découlent pas. Certes, l’expression au sein des universités peut être limitée lorsqu’elle enfreint la loi ou lorsqu’elle est incompatible avec la mission des universités. Mais c’est une erreur de penser qu’elle peut être limitée au nom de la neutralité politique.

    La neutralité institutionnelle offre au contraire une protection pour la liberté académique et de la liberté d’expression. Mais en est-elle pour autant une condition sine qua non ? Après tout, il n’est pas évident que seules les universités qui respectent la neutralité institutionnelle soient capables de protéger efficacement la liberté académique et la liberté d’expression. Une distinction cruciale s’impose entre l’expression soutenue par des moyens coercitifs et l’expression non soutenue par des moyens coercitifs. Il est évident qu’aucune université ne devrait imposer des opinions partisanes à ses membres de manière coercitive. Les universitaires doivent être protégés contre les actions coercitives telles que les renvois, les licenciements, les refus de titularisation ou l’intimidation pour des raisons politiques. De même, les étudiants ne devraient pas faire l’objet de mesures disciplinaires simplement parce que l’université réprouve leurs opinions politiques.

    Toutefois l’expression officielle de l’université peut également être non coercitive – et dans ce cas, ses effets sur la liberté sont plus diffus, voire inexistants. Si une université adopte une position politique publique sans pour autant contraindre ou réduire au silence ses membres adoptant un point de vue dissident, il n’est pas certain que cela nuise automatiquement à son fonctionnement intellectuel normal. La question essentielle est de savoir comment les universités traitent les dissidents et non ce qu’elles disent. Fait révélateur, certaines universités ayant une éthique religieuse – de Notre Dame dans l’Indiana à l’université catholique de Louvain – ne protègent pas moins la liberté d’expression de leurs membres que les universités laïques. Les universités qui affirmeraient leur solidarité avec telle ou telle cause internationale pourraient de même tout à fait respecter l’expression d’opinions contraires en leur sein.

    Il en ressort que si le discours coercitif de l’université constitue une atteinte réelle pour la liberté de ses membres, la relation entre expression non coercitive et menace sur la liberté n’est pas évidente et dépendra de circonstances contingentes. Qu’advient-il dès lors de notre argument conceptuel en faveur de la neutralité institutionnelle ? Il semble que l’argument de la liberté ne soit pas aussi convaincant que nous l’espérions. Pour être pleinement justifiée, la neutralité institutionnelle doit être défendue sur une autre base.
    Réserve institutionnelle, captation politique et mission de l’université

    Proposons l’argument prudentiel suivant. Une université qui s’engage à faire preuve de réserve institutionnelle sera mieux à même de repousser les tentatives de captation et de contrôle dans un contexte où la poursuite de sa mission est de plus en plus contestée par les politiciens, administrateurs, bailleurs de fonds et médias. Les universités se devraient de maintenir une position de réserve institutionnelle afin de se concentrer sur la poursuite de leur mission propre : la recherche de la vérité au sein d’environnements éducatifs inclusifs.

    Plusieurs points méritent d’emblée d’être soulignés à propos de cette conception de la réserve institutionnelle. Elle reconnaît que les universités ne sont pas des institutions sans valeurs, mais qu’elles poursuivent au contraire des missions distinctement non neutres (d’où ma préférence pour le terme réserve plutôt que pour celui de neutralité). D’autre part, la présomption de silence des universités est strictement spécifique à un domaine : elle ne s’applique qu’aux questions qui ne sont pas liées à leur mission. Cela signifie que les universités peuvent légitimement prendre position sur des questions politiques et sociales externes qui ont un impact sur leur mission. Cela signifie également que, dans la poursuite de leur mission en interne, les universités ne sont pas tenues à un devoir de réserve institutionnelle – en particulier, leur mission spécifique peut les autoriser à réguler l’expression de leurs membres.

    D’évidence, l’argument en faveur de la réserve institutionnelle n’est absolument pas que les universités seraient des institutions apolitiques. C’est précisément parce que la poursuite par les universités de leur mission propre est politiquement saillante et contestée qu’il n’est pas dans leur intérêt d’être distraites par des questions qui ne sont pas essentielles à leur mission.

    Le principe de réserve institutionnelle stipule que les universités ne doivent pas prendre position sur les questions sociales et politiques du jour sauf si elles affectent la poursuite de leur mission. Par exemple, les universités doivent s’abstenir (en général) de faire des déclarations officielles sur les décisions de justice, les élections, les guerres, la législation ou les mouvements sociaux du moment. Elles ne devraient pas se prononcer (en général) sur la politique pénale ou fiscale, la légalité de l’avortement ou de l’euthanasie, la guerre russe en Ukraine ou le conflit israélo-palestinien. Si les universités doivent être des lieux où ces questions sont vigoureusement débattues, elles ne doivent pas chercher à élaborer une position collective à leur sujet.

    La prise de position politique par les universités présente en effet trois risques distincts. Le premier est celui de l’arbitraire. Contrairement aux gouvernements, les positions politiques des universités sont surérogatoires (non obligatoires) et discrétionnaires (non liées à des critères et des normes préalables). La sélection de leurs causes favorites sera forcément arbitraire. Pourquoi la solidarité avec l’Ukraine mais pas avec Gaza ? Pourquoi la solidarité avec Gaza mais pas avec les Ouïgours ? etc. Bien entendu, les accusations d’incohérence ou d’hypocrisie en matière de politique étrangère sont régulièrement portées à l’encontre des gouvernements. Il reste que ces derniers sont politiquement responsables, ce qui n’est pas le cas des universités.

    Le deuxième risque pour les universités est celui de la captation. Une fois que les universités commencent à prendre des positions publiques, elles risquent de voir leur prestige accaparé par les plus offrants ou les plus bruyants, et leurs dirigeants devront faire face à une pression incessante de leurs membres, autorités de tutelle ou bailleurs de fond. Au lieu de défendre la vérité face aux pouvoirs de toute sorte – une tâche que les universités sont particulièrement bien placées pour accomplir –, les institutions académiques pourraient finir par consacrer trop de temps et d’efforts à être les meilleures amies du pouvoir[7].

    Le troisième risque pour les universités est celui de la distraction. Les universités qui dépenseraient temps, ressources et énergie dans des activités qui ne sont pas directement liées à leur mission feraient face à des coûts d’opportunité importants. Elles s’engageraient dans des négociations interminables pour rédiger des communiqués officiels, compromis inefficaces de généralités et de platitudes – au détriment du travail intellectuel rigoureux qui est la raison d’être des universités.

    Les risques d’arbitraire, de captation et de distraction se cristallisent dans un danger plus large, celui de la décrédibilisation des universités à mesure qu’elles perdent la bonne volonté et la confiance qui sont essentielles à leur autonomie institutionnelle. Les universités militantes risquent d’être soumises à des niveaux croissants de contrôle externe si les politiciens, les administrateurs et les médias s’en prennent à leur politisation apparente ou réelle. Ce danger de décrédibilisation est d’autant plus pressant que les universités sont actuellement le point focal de « guerres culturelles », où est critiqué leur parti pris supposément de gauche.

    Si les universités souhaitent continuer à poursuivre leur mission avec l’indépendance et la sérénité dont elles ont besoin, il est dans leur intérêt de se concentrer sur la poursuite de leurs objectifs épistémiques et éducatifs spécifiques. Ceux-ci ne sont pas neutres, au sens ordinaire du terme : ils impliquent des pratiques contestées, telles que la discrimination entre les bons et les mauvais arguments, la défense de lignes de recherche impopulaires, et des efforts positifs pour corriger les inégalités d’accès et de participation à l’enseignement supérieur. Dans un contexte de campagne idéologique concertée contre la poursuite de ces objectifs par les universités (sous la bannière douteuse de l’« antiwokisme »), la priorité des universités devrait être de défendre leur mission, et non de fournir des munitions à l’ire des critiques. Tel est, en substance, le cœur de l’argument prudentiel en faveur de la réserve institutionnelle – un argument susceptible de convaincre même les sceptiques de gauche.

    Dans la poursuite de leur mission, l’expression des universités n’est pas neutre, mais n’enfreint pas pour autant l’obligation de réserve institutionnelle. Distinguons trois domaines où l’université peut, et parfois doit, prendre position et où l’injonction selon laquelle elle devrait être « institutionnellement neutre » est inopérante. Premièrement, les universités peuvent prendre position sur les questions sociales et politiques externes qui affectent la poursuite de leur mission. Cette exception au principe de neutralité institutionnelle a également été relevée par le rapport Kalven.

    Quelques exemples. Dans les contextes de conflits et de crises à l’étranger, les universités apporteront naturellement leur soutien à leurs étudiants, enseignants et personnel directement touchés par les guerres – ou autres catastrophes. Les universités peuvent également prendre légitimement position sur les politiques de l’enseignement supérieur (tel le soutien gouvernemental à la recherche) ou sur les politiques d’immigration lorsqu’elles affectent leur recrutement (comme les restrictions en matière de visas pour les étudiants étrangers). Elles peuvent également faire preuve de solidarité avec les universitaires du monde entier dans le cadre de leur engagement général en faveur de la défense de l’enseignement supérieur.

    Des questions peuvent également être légitimement posées sur les politiques d’investissement des universités : dans les domaines où l’université doit agir en tant qu’entreprise sur le marché – lorsqu’elle possède des biens ou reçoit des fonds –, elle ne peut éviter de discuter de la légitimité éthique de ses engagements financiers.

    Enfin, les universités peuvent exprimer leur soutien à des causes sociétales importantes dans la mesure où ceci les aide à corriger des défauts structurels dans la poursuite de leur mission elle-même. Ce fut le cas, par exemple, des mouvements LGBTQ+, Black Lives Matter et #MeToo, qui ont amené les universités à reconsidérer douloureusement leur capacité à fournir un environnement éducatif inclusif dans un contexte d’injustices structurelles persistantes.

    Le deuxième domaine dans lequel l’expression universitaire n’est pas neutre, dans le sens où elle favorise naturellement certains points de vue par rapport à d’autres, est la priorité qu’elle accorde à la liberté académique par rapport à la liberté d’expression. Alors que la liberté d’expression protège le droit égal de chacun d’exprimer ses convictions dans les échanges privés et sur la place publique, une des caractéristiques de la liberté académique est qu’elle protège le droit plus spécifique d’experts accrédités de discriminer entre bonnes et mauvaises idées sur la base de leur expertise disciplinaire.

    Dans des pratiques telles que l’enseignement, la recherche, l’évaluation des étudiants et des pairs, la délivrance de diplômes, les universitaires dévaluent régulièrement les points de vue qui ne répondent pas aux normes académiques attendues. Comme le dit bien Michele Moody-Adams, la non-neutralité est à la fois un droit et un devoir de la liberté académique[8]. Les universitaires ne sont pas tenus de rechercher un « équilibre des points de vue » dans leur enseignement ou leur recherche : la seule norme pertinente est la rigueur scientifique. Sur la réalité de l’Holocauste, le changement climatique ou l’efficacité des vaccins, il n’y pas de place (à l’université) pour ceux qui rejettent les fondements épistémiques des disciplines académiques – même quand ils bénéficient par ailleurs de la pleine liberté d’expression dans la sphère publique au sens large.

    Le troisième domaine dans lequel l’expression officielle des universités n’est pas neutre est quand elle vise à créer un environnement éducatif inclusif. D’évidence, les universités doivent censurer les discours interdits par la loi : ceux qui harcèlent, incitent à la violence, menacent ou discriminent, en particulier sur la base de caractéristiques protégées telles que la race, le sexe, la religion ou la sexualité.

    Certes, il existe des différences nationales significatives dans ce domaine : les pays européens répriment et les États-Unis protègent les discours de haine. Mais la question se pose de savoir si les universités devraient simplement appliquer le droit existant ou bien s’efforcer, au travers de leurs règlements et codes internes, de créer des environnements éducatifs inclusifs, dans lesquels les groupes défavorisés – les groupes structurellement désavantagés dans leur accès et leur participation à l’enseignement supérieur – ne seraient pas systématiquement intimidés, mis à l’écart et réduits au silence. Ces codes sont souvent perçus comme symptomatiques du développement d’une « cancel culture » qui porterait atteinte à la liberté d’expression en imposant une idéologie du politiquement correct conformiste et anti-intellectuel.

    Sur ce vaste et épineux sujet, je me contenterai de faire trois remarques. D’une part, l’annonce de la mort de la liberté d’expression sur les campus a été largement exagérée. La montée en épingle de divers incidents a contribué à alimenter une panique morale sur l’état des universités, diagnostic qui reflète imparfaitement l’expérience de ceux et celles qui y travaillent ou étudient[9].

    D’autre part, on ne peut nier la tendance, chez de nouvelles générations d’étudiants, à exiger que les universités soient des « espaces sûrs » (safe spaces) les protégeant de l’exposition à des idées dérangeantes ou offensantes. Or les universités ne sont pas là pour rendre les idées inoffensives pour les étudiants, mais bien pour permettre aux étudiants d’affronter les idées – elles devraient être des brave spaces, non des safe spaces. On frémit à l’idée que les administrateurs d’universités – souvent terrifiés par les pressions médiatiques ou les réflexes consuméristes des étudiants – aient le pouvoir de réprimer les discours qu’ils jugent offensants, stigmatisants ou victimisants ou les discours qui (à l’inverse) réduiraient au silence les critiques du « politiquement correct ».

    La limitation coercitive de la liberté d’expression doit être réservée aux cas flagrants de discours qui, en niant l’humanité de l’autre, empêchent les personnes visées de participer au débat en tant que membres à part entière de la communauté éducative[10]. C’est sur cette base que l’expression des suprémacistes blancs, antisémites notoires et misogynes extrémistes peut légitimement être interdite sur les campus universitaires étatsuniens, dans la mesure où elle réduit effectivement au silence les Noirs, les juifs ou les femmes. Le préjudice objectif que représente le fait d’être réduit au silence est très différent du simple désagrément que constitue le fait d’être soumis à des idées déstabilisantes ou dérangeantes.

    Pour le reste, à l’université, la meilleure réponse au mauvais discours sera le plus souvent plus de discours plutôt que moins de discours. Les enseignants ont à leur disposition toute une palette de pratiques non-coercitives visant à l’inclusivité. Ils ne devraient pas utiliser le concept de safe space pour censurer l’expression d’idées jugées offensantes pour les étudiants, mais ils peuvent créer des safe spaces dans le cadre de l’enseignement, qui garantissent que tous les étudiants se sentent libres d’exprimer le plus large éventail d’opinions sans être punis, harcelés ou condamnés. Les campus peuvent sensibiliser les étudiants et les enseignants aux préjugés inconscients et à l’impact que peuvent avoir certains mots, tels les épithètes sexistes ou racistes, sans avoir à contrôler les « micro-agressions ». Bref, il existe une différence essentielle entre la promotion de normes de civilité dans l’expression et l’imposition de normes par la censure ou la punition.

    Les universités elles-mêmes peuvent déployer un contre-discours pour condamner les discours de haine les plus flagrants en leur sein. Même si cela réduit certaines voix au silence – la frontière entre expression et coercition est ténue –, il peut s’agir d’une réduction au silence légitime dès lors qu’elle sert la mission éducative de l’université[11].

    Ces remarques rapides ont eu pour but d’illustrer le point suivant. Dans les cas (étroitement spécifiés) où l’expression des enseignants et des étudiants peut être légitimement limitée, ce n’est pas en vertu de la « neutralité institutionnelle » des universités, et encore moins en vertu de leur engagement en faveur d’un « équilibre des points de vue » entre les différentes opinions idéologiques.

    Les universités ne devraient pas invoquer la neutralité pour réprimer les manifestations étudiantes – un exercice légitime de la liberté d’expression – tant que ces dernières sont pacifiques, exemptes de discours de haine et ne bloquent pas l’accès aux cours. Elles ne peuvent pas non plus invoquer la neutralité pour contester la censure d’orateurs incompétents sur le plan scientifique – les universités peuvent se livrer à une discrimination des discours, compte tenu de leur mission spécifique. Enfin, la neutralité ne peut pas être opposée aux initiatives d’éducation inclusive – les universités ne sont pas neutres quant à leur engagement substantiel en faveur d’environnements éducatifs inclusifs. Les pratiques des universités peuvent certes être critiquées dans tous ces domaines. Mais elles doivent l’être sur la base d’arguments de fond, non par appel à une neutralité inopérante.

    La réserve institutionnelle limite l’expression des universités, mais non la libre expression dans les universités. Si les universités sont en droit de limiter certaines formes d’expression en leur sein, ce n’est pas du fait de leur obligation de réserve. Les universités ne sont pas tenues à la réserve lorsqu’il s’agit de poursuivre leurs missions propres telles que la défense de la liberté académique et la promotion d’environnements éducatifs inclusifs. Les universités devraient être plus modestes dans leurs prises de position politiques externes, mais aussi plus fermes dans la défense de l’intégrité de leur mission éducative et de recherche.

    https://aoc.media/analyse/2024/12/30/sur-le-positionnement-politique-des-universites-2
    #université #recherche #ESR #devoir_de_réserve

  • Le #RN déclenche le #cyberharcèlement d’une universitaire de Toulon enregistrée à son insu

    La députée RN #Laure_Lavalette a diffusé un #enregistrement clandestin d’une juriste de la faculté de Toulon qui commentait pendant son cours un tract de #La_Cocarde étudiante, syndicat étudiant d’#extrême_droite, déclenchant une vague de #haine contre elle sur les #réseaux_sociaux.

    L’opération semble avoir été savamment orchestrée. Ce mardi 4 février, comme l’a révélé Le Monde, la maîtresse de conférences en droit public à l’université de Toulon #Hélène_Hurpy découvre des dizaines de #tracts déposés sur les tables de son amphithéâtre par La Cocarde étudiante, syndicat étudiant d’extrême droite. Une pratique normalement proscrite à l’intérieur de l’université, y compris pendant les élections étudiantes qui avaient lieu les 4 et 5 février.

    S’emparant d’un tract, la juriste se lance dans un commentaire de droit sur le texte, qui appelle notamment à mettre fin aux bourses d’excellence pour les étudiants étrangers. En 2024, la faculté a sélectionné trois étudiants étrangers en master et leur a attribué une bourse de 950 euros par mois pour les aider à suivre leur cursus en France. Au nom de la « #priorité_nationale », La Cocarde étudiante, en pleine campagne pour les élections internes, défend une réorientation de ces sommes aux profits des « étudiants français dans le besoin ».

    Sur un ton posé, Hélène Hurpy, spécialiste de droit public, donne son analyse des revendications de La Cocarde étudiante. « Ça, c’est ce qu’on appelle une discrimination et évidemment pour un motif totalement illégitime au sens de l’article 14 de la Cour européenne des droits de l’homme et à l’encontre de l’article premier de la Constitution… que je vous encourage à tous relire », avance-t-elle. « C’est pour cela qu’il y a des partis politiques qui sont à traiter en l’occurrence différemment d’autres partis politiques », poursuit la juriste, en précisant qu’elle vise « tous ceux qui vont à l’encontre de cet article premier de la Constitution française qui pose les caractères de notre République » une et indivisible.

    L’enseignante-chercheuse ne sait pas qu’elle est alors enregistrée et qu’à peine trois heures plus tard, un extrait d’une minute trente de son intervention sera diffusé sur X par la députée #Rassemblement_national (RN) du Var Laure Lavalette, qui dit avoir été interpellée par « de nombreux étudiants scandalisés » par ces propos.

    La députée dénonce une intervention « outrancière et anti-RN de Mme Hurpy, maître de conférences à l’université de Toulon ». Elle conseille à la juriste de relire l’article de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen selon lequel « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».

    Bien que son parti politique n’ait pas été cité par l’universitaire, la mention d’un parti prônant des mesures discriminatoires et contraires à la Constitution a manifestement suffi à l’élue – qui n’a pas répondu aux sollicitations de Mediapart – pour qu’elle se sente visée. Il est vrai que les liens entre le RN et La Cocarde étudiantes sont des plus étroits. Des députés RN comme Alexandre Loubet et Gaëtan Dussausaye en sont issus et bon nombre de dirigeants du syndicat ont une double affiliation et certains sont des collaborateurs parlementaires d’élus RN, comme le racontait récemment une enquête de Mediapart.
    Tweet supprimé

    Le message de la très médiatique Laure Lavalette a d’ailleurs été immédiatement relayé par La Cocarde étudiante, et en particulier par Quentin Macullo, assistant parlementaire du député RN Guillaume Bigot, grand habitué des plateaux de CNews.

    Le cyberharcèlement de l’enseignante commence peu après la mise en ligne de l’enregistrement et ce, malgré des propos s’en tenant à de strictes considérations d’ordre juridique. Un déluge de commentaires violents suit la publication de Laure Lavalette sur le réseau d’Elon Musk. « Il va falloir faire quelque chose car il y en a assez que l’extrême gauche soit si influente dans les universités », lance un internaute. « Encore une pro-migrants et pro-droits de l’homme », s’offusque un autre, quand un troisième dénonce un « prêchi-prêcha dégoulinant de bons sentiments pour une fois de plus tordre la Constitution suivant leur interprétation bolchévique du monde ».

    D’anciens étudiants de l’universitaire interviennent également sur X : « Je l’ai eue comme prof et je confirme qu’elle avait bien ce discours de gauche déconnectée. » Une motion d’étudiants en droit de deuxième année du master justice, procès et procédures est, au contraire, venue apporter son soutien à Hélène Hurpy.

    L’universitaire a décidé de porter plainte et de signaler l’enregistrement, illégal et passible de poursuites pénales, aux plateformes qui le diffusent. « J’ai envie d’agir pour dénoncer les faits, je ne veux pas que ce soit invisibilisé car cela va se répéter », a expliqué au Monde l’enseignante-chercheuse, qui a reçu la protection fonctionnelle de son université.

    Ce dimanche, le tweet de Laure Lavalette, resté en ligne jusqu’à samedi, avait été supprimé. La bonne cliente des plateaux télé, qui a commencé sa carrière militante à Renouveau étudiant, un groupuscule violent d’extrême droite affilié au Front national, a peut-être été sensible à ce rappel du droit. Elle n’a pas répondu aux sollicitations de Mediapart, pas plus que La Cocarde étudiante, qui n’a, malgré ce happening, remporté aucun siège dans aucun des conseils centraux de l’université.

    Née d’une scission de l’#UNI, #La_Cocarde_étudiante a été créée en 2015 et connaît un nouvel essor depuis 2022. Cheval de Troie du RN dans les facs, La Cocarde assume des positions identitaires ouvertement racistes, comme lorsque le syndicat avait rendu en 2023 un vibrant hommage au théoricien racialiste Dominique Venner, mort dix ans plus tôt.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/090225/le-rn-declenche-le-cyberharcelement-d-une-universitaire-de-toulon-enregist
    #université #ESR #enseignement_supérieur #facs #syndicat_étudiant

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