• L’HCERES et l’évaluation des universités
    https://laviedesidees.fr/L-HCERES-et-l-evaluation-des-universites

    Jugé opaque, bureaucratique et peu fiable, le travail d’évaluation de l’enseignement supérieur mené par l’HCERES suscite régulièrement critiques et mobilisations des universitaires. Clémentine Gozlan revient sur les origines et le fonctionnement de cette bureaucratie qui incarne l’entrée de l’Université dans l’ère du New Public #management.

    #université #recherche #évaluation #mobilisation #Sciences

  • Academic Freedom Index
    https://academic-freedom-index.net

    The Academic Freedom Index (AFI) assesses de facto levels of academic freedom across the world based on five indicators: freedom to research and teach; freedom of academic exchange and dissemination; institutional autonomy; campus integrity; and freedom of academic and cultural expression. The AFI currently covers 179 countries and territories, and provides the most comprehensive dataset on the subject of academic freedom.

    The AFI rests on assessments by 2,363 country experts worldwide, standardized questionnaires, and a well-established statistical model, implemented and adapted by the V-Dem project. The V-Dem project is known for generating sound data on various dimensions of democracy. The Academic Freedom Index uses a Bayesian measurement model method for data aggregation: it not only provides so-called point estimates, but also transparently reports measurement uncertainty in the global assessment of academic freedom. We strongly recommend that users take this uncertainty into account when comparing scores between countries and over time. You can learn more about our research and the index on our website. In addition, this introductory article explains the index design in more detail.

    Katrin Kinzelbach, chercheuse : « La vitesse et le nombre d’attaques contre les universités américaines sont à couper le souffle »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/03/13/katrin-kinzelbach-chercheuse-la-vitesse-et-le-nombre-d-attaques-contre-les-u

    #université #recherche #liberté_académique

  • Tribune – La #liberté_académique : pilier de la démocratie – ALIA
    https://liberte-academique.fr/tribune-la-liberte-academique-pilier-de-la-democratie

    Mais si la fabrique de l’ignorance prospère, c’est d’abord parce qu’elle sert les intérêts de groupes économiques, financiers et politiques très puissants, à l’image de l’empire d’Elon Musk, qui ont bien compris l’avantage stratégique d’accaparer la connaissance, de la contrôler et de la falsifier. Aujourd’hui, ces stratégies délétères constituent une menace directe pour la démocratie, dont l’exercice effectif suppose un espace public de pensée, de critique réciproque et de délibération. Sans savoir partagé et sans langage commun, aucun dialogue constructif n’est possible.

    Pour faire reculer cette menace, l’#Université, comme institution en charge de produire, critiquer, transmettre et conserver les savoirs, doit pouvoir exercer ses activités en toute indépendance vis-à-vis de toutes les formes de pouvoir. Car l’Université et la Recherche sont fondées sur une interrogation illimitée sur le monde, qui ne s’arrête devant rien, qui se propose de fournir et de partager des clés de compréhension, sans finalité pratique et monnayable, et qui se remet elle-même constamment en cause. Cette extraordinaire capacité à se renouveler et à réinventer notre vision du monde garantit la production et le partage d’un savoir fiable, conscient de ses acquis mais aussi de ses limites, seul à même d’alimenter de manière constructive et saine le débat démocratique. Mais cette capacité ne peut s’exercer que grâce à la liberté accordée aux universitaires de choisir collectivement, en conjuguant connaissances et intuition, les objets de travail les plus fructueux ainsi que les méthodologies les plus heuristiques, et de diffuser sans limite les résultats de leurs recherches, y compris, en particulier, si ceux-ci bousculent opinions et croyances.

  • Assemblée Générale à l’Université de Nantes
    https://nantes.indymedia.org/events/139963/assemblee-generale-a-luniversite-de-nantes-2

    Mobilisation à Nantes Université face au déficit et au budget d’austéritéPublié le 12/02/2025 Une nouvelle vague d’austérité dans les universités En janvier, le Sénat a voté une baisse du budget de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) de plus de 630 millions d’euros dans un contexte où les universités souffrent…

    #mobilisation #Université_de_Nantes

  • #Guide de l’étudiant pour ne pas écrire avec #ChatGPT

    OpenAI a publié un « Guide de l’étudiant pour écrire avec ChatGPT » (https://openai.com/chatgpt/use-cases/student-writing-guide). Dans ce billet, je passe en revue leurs #conseils et je propose quelques contre-#arguments, d’un point de vue d’enseignant-chercheur. Après avoir abordé chacune des 12 suggestions d’OpenAI, je conclus en évoquant rapidement les aspects éthiques, cognitifs et environnementaux que tout étudiant devrait considérer avant de décider d’utiliser ou non ChatGPT. J’ajoute quelques commentaires en fin de billet au fil des retours critiques. (Version anglaise : A Student’s Guide to Not Writing with ChatGPT)

    « Déléguez la mise en forme des #citations à ChatGPT. L’IA excelle dans l’automatisation des tâches fastidieuses et chronophages telles que la présentation des citations. N’oubliez cependant pas de vérifier l’exactitude de vos bibliographies par rapport aux documents source. »

    Cette dernière phrase est probablement là pour des raisons juridiques, parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas dire que ChatGPT produira systématiquement des résultats exacts. En effet, mettre en forme des citations et des #bibliographies consiste à présenter des métadonnées conformément à des règles formelles (les #styles_bibliographiques). On n’est pas ici dans le domaine du langage naturel. ChatGPT fera des #erreurs, qui prendront du temps à trouver et à corriger. Alors utilisez plutôt un logiciel de gestion bibliographique, tel que #Zotero. Il s’occupera de vos citations et bibliographies de manière fiable, parce qu’il est programmé pour. Il vous suffit de nettoyer les métadonnées des références au fur et à mesure que vous les collectez, et vos bibliographies ne contiendront jamais d’erreurs.

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    « 2. Informez-vous rapidement sur un nouveau sujet. ChatGPT peut vous aider à démarrer vos recherches en vous permettant d’acquérir un #socle_de_connaissances sur un sujet. »

    ChatGPT est un simulateur de conversation humaine, et non un système d’information ou une base de connaissances. L’#information, ça se trouve dans des cerveaux, des documents et des bases de données. ChatGPT n’est pas doté de capacité de #compréhension : il ne fait que produire des réponses plausibles en tant que réponses, sans comprendre rien à rien. Il ne peut donc pas vous informer de manière fiable. Ne demandez pas à un intermédiaire qui n’a pas la capacité de comprendre une information de vous l’expliquer : à la place, faites un tour dans la #bibliothèque universitaire la plus proche et cherchez vous-même l’information, avec l’aide des bibliothécaires et des documentalistes.

    –-> J’ai tendance à conseiller de solliciter les enseignants, bibliothécaires et co-étudiants. Mais comme me le suggère Adrien Foucart sur Mastodon, peut-être que vous préférez apprendre par vous-même. Dans ce cas, le plus important est de développer vos compétences en recherche d’information. Selon moi, la référence reste le tutoriel CERISE (Conseils aux Etudiants en Recherche d’InformationS Efficace : https://callisto-formation.fr/course/view.php?id=263), que vous pouvez suivre de manière entièrement autonome.

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    « 3. Demandez une feuille de route pour trouver des #sources pertinentes. ChatGPT peut guider votre recherche en vous suggérant des chercheurs, des sources et des termes de recherche pertinents. Mais n’oubliez pas : bien qu’il puisse vous orienter dans la bonne direction, ChatGPT ne remplace pas la lecture de #sources_primaires et d’articles évalués par des pairs. Et comme les #modèles_de_langage peuvent générer des informations inexactes, vérifiez toujours vos faits. »

    (Ce point est encore plus litigieux que le point 1, donc OpenAI nous gratifie de deux phrases complètes qui sont probablement là pour des raisons juridiques.) Parce que ChatGPT n’a pas de capacité de compréhension, il ne sait pas ce que sont des choses comme « une source » ou « une affirmation vraie ». Vous ne pouvez donc pas vous fier à ses indications. Vous perdrez du temps et ferez des erreurs. Encore une fois, demandez à un humain ou faites une recherche de documents et de données dans un vrai système d’information.

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    « 4. Approfondissez votre compréhension en posant des questions précises à ChatGPT. »

    Parce que ChatGPT n’a pas de capacité de #compréhension, il ne connaît pas les réponses réelles à vos questions, seulement des réponses plausibles. Il génèrera des réponses vraies et fausses sans distinction. Cela retardera votre apprentissage. Encore une fois, passez par des humains, des documents et des données directement au lieu de demander à ChatGPT.

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    « 5. Améliorez votre #écriture en demandant à ChatGPT comment il trouve votre structure. »

    Parce que ChatGPT n’a pas de capacité de compréhension, il ne comprend pas ce qu’est une structure de texte « attendue » ou « améliorée », même si vous lui décrivez. Il ne peut que rehausser la qualité de votre texte à ce qu’il pense être un niveau moyen, ou l’abaisser à ce même niveau. Dans les deux cas, vous obtiendrez des notes médiocres. Pour progresser réellement dans votre écriture, demandez conseil à un professeur ou joignez un groupe d’étudiants qui s’entraident là-dessus  ; si un tel groupe n’existe pas, réunissez quelques personnes et créez-le – ce sera une expérience utile en soi.

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    « 6. Vérifiez votre raisonnement en demandant à ChatGPT de transformer votre texte en liste à puces. »

    Comme l’a récemment montré une étude australienne (https://pivot-to-ai.com/2024/09/04/dont-use-ai-to-summarize-documents-its-worse-than-humans-in-every-way), ChatGPT ne sait pas #résumer, seulement #raccourcir. À l’heure actuelle, savoir résumer reste un savoir-faire humain. Un #savoir-faire que vous pouvez acquérir en suivant un cours de #résumé dans un cursus en sciences de l’information, un programme de formation continue, un cours en ligne, etc. (Je suis plutôt partisan de faire les choses dans l’autre sens mais plusieurs collègues me disent que sur le fond cette méthode du reverse outlining leur est très utile et qu’ils la conseillent à des étudiants.)

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    « 7. Développez vos idées à travers un dialogue socratique avec ChatGPT. »

    Enfin un conseil qui est lié à la fonction réelle de ChatGPT : simuler la communication humaine. Cependant, le #dialogue_socratique implique que vous conversez avec quelqu’un qui a une compréhension supérieure du sujet et qui vous amène progressivement au même niveau. Malheureusement, ChatGPT n’est pas Socrate. Utiliser ChatGPT comme partenaire d’entraînement vous restreindra à son niveau : celui d’une machine qui produit des phrases humaines plausibles. Proposez plutôt cet exercice à vos professeurs et à vos camarades, et mettez-vous avec quelqu’un de plus avancé que vous pour progresser.

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    « 8. Mettez vos idées à l’épreuve en demandant à ChatGPT des #contre-arguments. »

    Pour améliorer votre capacité de #réflexion, vous devez être capable de trouver des contre-arguments, pas seulement d’y répondre. Utiliser ChatGPT pour faire la moitié du travail vous empêchera de progresser. Trouvez vous-même des contre-arguments. Et si vous avez besoin d’aide, ne demandez pas à ChatGPT : il ne peut produire que des arguments moyens, ce qui vous fera rapidement stagner. Faites plutôt appel à quelqu’un qui sait imaginer des arguments solides qui vous obligeront à réfléchir.

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    « 9. Comparez vos idées à celles des plus grands penseurs de l’histoire. »

    ChatGPT peut vous divertir en créant de toutes pièces une pièce de théâtre entre philosophes, mais il n’a pas la capacité de concevoir un exercice aussi complexe de manière à ce que vous puissiez en tirer des enseignements. Suggérez plutôt cette idée à un enseignant, dont c’est le métier.

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    « 10. Améliorez votre écriture en demandant à ChatGPT de vous faire des retours successifs. »

    Il s’agit d’une variante du point 5 sur le fait de solliciter des #avis. Une fois encore, utiliser ChatGPT limitera votre niveau à ce qu’une machine pense être le niveau de l’humain moyen. Faites plutôt appel à vos professeurs, organisez des sessions d’évaluation par les pairs avec vos camarades, et faites en sorte que ces sessions soient itératives si nécessaire.

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    « 11. Utilisez la fonctionnalité #Mode_vocal_avancé de ChatGPT pour en faire un compagnon de #lecture. »

    (« Mode vocal avancé » signifie que ChatGPT vous écoute lire quelque chose à haute voix et tente de répondre à vos questions sur ce que vous venez de lire). Il s’agit d’une variante des points 2-4 concernant le fait de s’informer. ChatGPT n’a pas de capacité de compréhension. Il ne fournira donc pas d’interprétations fiables de ce que vous lisez. À la place, cherchez d’abord la définition des mots que vous ne connaissez pas dans des dictionnaires  ; cherchez des analyses rédigées par des humains pour y trouver des interprétations qui vous aideraient à comprendre ce que vous lisez  ; demandez leur avis à d’autres étudiants travaillant sur le même texte.

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    « 12. Ne vous contentez pas de répéter ce que vous avez déjà fait – améliorez vos compétences. […] Demandez à ChatGPT de vous suggérer des moyens de développer votre capacité à penser de manière critique et à écrire clairement. »

    ChatGPT n’a pas de capacité de compréhension, donc la signification d’expressions comme « pensée critique » et « techniques d’écriture » lui échappent. Prenez ces expressions et entrez-les dans le moteur de recherche du catalogue de la bibliothèque de votre université  ; si vous préférez, demandez conseil à un bibliothécaire. Lisez ce que vous trouvez, et demandez à vos professeurs ce qu’ils en pensent. Pour le reste, rien ne vaut l’entraînement : comme disent les anglophones, practice, practice, practice.

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    Quelques mots de conclusion

    ChatGPT est conçu pour simuler un partenaire de conversation humain. Il s’appuie sur un modèle probabiliste du langage (quel mot est le plus susceptible d’arriver après tel mot) et communique pour communiquer, pour créer l’illusion de la conversation. Il bavarde, tchatche, blablate, indifférent à la signification de ce qu’il dit, indifférent à la vérité. Tout ça est très divertissant mais une attraction de fête foraine n’est pas un outil d’apprentissage fiable, et je pense donc que les étudiants devraient s’en méfier.

    Lorsque des étudiants me posent des questions sur ChatGPT, je mentionne les trois problèmes suivants :

    #éthique : la plupart des modèles de langue ont été construits à partir de données volées  ;
    - #cognition : l’utilisation d’outils comme ChatGPT rend plus dépendant des outils et moins autonome intellectuellement, ainsi que des études ont commencé à le montrer (en voici une réalisée en France)  ;
    #environnement : les coûts énergétiques de l’IA générative sont supérieurs d’un ordre de grandeur à ceux des outils préexistants (et elle n’est même pas rentable, donc on brûle du carburant pour rien).

    C’est généralement suffisant pour faire réfléchir la plupart de mes étudiants. Ce sont des jeunes gens créatifs, ils ont donc de l’empathie pour les créateurs qui ont été spoliés. Pour progresser et obtenir leur diplôme, ils veulent des outils qui leur font gagner du temps, pas des gadgets qui les rendent moins autonomes intellectuellement. Ils sont frappés d’apprendre que ChatGPT consomme dix fois plus d’énergie que Google pour répondre à la même question, généralement en pire (mais Google est en train de rattraper ChatGPT vers le bas).

    La bonne nouvelle, c’est que comme le dit le blogueur Jared White :

    « Vous pouvez littéralement ne pas l’utiliser. […] vous pouvez être un technicien expert et un créateur épanoui, au fait de son époque, très connecté, et rester complètement à l’écart de ce cycle de hype. »

    Si vous avez besoin de plus d’informations sur ce sujet, je vous recommande vivement de consulter le site Need To Know de Baldur Bjarnason (https://needtoknow.fyi). Il s’agit d’une synthèse accessible d’un état de l’art très fouillé sur les risques liés à l’utilisation de l’IA générative. C’est un excellent point de départ. (Et si vous connaissez des ressources similaires en français, je suis preneur.)
    Quelques commentaires supplémentaires
    Suite à la publication de ce billet, j’ai reçu par mail une critique de mon point de vue sur ChatGPT, en particulier l’idée qu’il n’a pas de capacité de compréhension. Je partage ma réponse ci-dessous. Il se peut que d’autres commentaires s’ajoutent ainsi au fil du temps.

    L’idée que ChatGPT n’a pas de capacité de compréhension est discutable. Tout dépend de la définition que l’on donne à « compréhension ». Marcello Vitali-Rosati soutient que le sens n’est pas une prérogative humaine, que les humains ont une forme d’intelligence et que l’IA en a une autre – tout dépend de la façon dont nous définissons les différentes formes d’intelligence. Il évoque le fait que ChatGPT sait faire des choses que les machines ne pouvaient pas faire auparavant mais qu’il échoue à faire d’autres choses que des systèmes plus simples savent faire depuis longtemps. Il serait donc plus juste de dire que ChatGPT possède une forme d’intelligence qui lui est propre, et qui est adaptée à certaines tâches mais pas à d’autres. Marcello mentionne par exemple que ChatGPT peut créer des discours politiques convaincants mais qu’il n’est pas capable de donner la liste des écrits d’un auteur de manière fiable.

    Je suis d’accord avec tout cela. Ça m’amène à préciser un peu les choses : ChatGPT comprend clairement comment communiquer. La manière dont il arrive à cette compréhension est une forme d’intelligence. Le problème, c’est que cette compréhension n’est pas celle qui compte dans un contexte d’apprentissage, de mon point de vue d’enseignant. Comprendre comment communiquer est différent de comprendre une information. C’est fondamental à mes yeux. Et c’est là, à mon avis, que le débat peut véritablement se situer. Quand on fait des études de commerce, ChatGPT est sans doute un outil intéressant pour travailler sur le marketing (même si je pense qu’il vaut mieux y réfléchir soigneusement, du fait des questions éthiques et environnementales). Mais en dehors des domaines dont le matériau principal est le bullshit (tout jugement de valeur mis à part), son utilité est moins évidente.

    Les tâches mentionnées dans le « guide » d’OpenAI font partie de celles où ChatGPT échoue à donner des résultats fiables. ChatGPT n’est pas un système d’information : qu’il passe d’une exactitude de 90 % à 99 %, voire à 99,99 %, ça ne change rien au fait que le risque d’erreur est présent du fait de la nature même de l’outil. On peut légitimement ne pas vouloir prendre ce risque. Quant aux compétences, je crois que les seules personnes qui trouvent ChatGPT bluffant sont celles qui sont moins bonnes que lui dans l’exécution des tâches qui lui sont confiées. Regardons les choses en face : ChatGPT est aussi nul que l’humain moyen. Si on s’appuie sur cet outil pour progresser, tout ce qu’on peut faire c’est plafonner dans le moyen.

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    15/11 – Ce billet sur ChatGPT m’a valu une réponse… générée par ChatGPT ! Sur LinkedIn, Francesc Pujol propose une « critique de ma critique », qu’il explique avoir générée via ChatGPT. Je n’ai pas été convaincu par ce qui ressemble beaucoup à une série de vagues déclarations un peu incantatoires sur la valeur supposée de l’outil. À la fin du texte, l’auteur (humain ou machine ?) dit que mon propos illustre une position « réactionnaire » et « déséquilibrée », et suggère que les gens comme moi pensent que les étudiants n’ont pas envie d’apprendre et les profs pas envie d’enseigner. Charmant !

    Pujol ajoute qu’il va faire lire mes objections à OpenAI et sa « critique de ma critique » par quelques personnes, sans leur dire qui a écrit quoi, pour voir qui de moi ou de ChatGPT produit le plus de déclarations un peu vagues… Là aussi, je ne suis pas convaincu. Mes arguments reposent sur une lecture de la littérature critique sur l’IA générative. Dans mon billet, je renvoie notamment à l’état de l’art réalisé par Baldur Bjarnason et son ouvrage The Intelligence Illusion. Escamoter cela, demander aux gens d’évaluer une série de phrases sans contexte, c’est traiter ce qui devrait être une discussion basée sur des faits comme une dégustation à l’aveugle chez un caviste. Ça me semble particulièrement problématique quand le débat porte précisément sur l’information, les sources, les connaissances vérifiables. Je comprends qu’en tant que partisan de l’utilisation de l’IA dans l’enseignement supérieur on ressente le besoin de défendre ses choix. Encore faudrait-il traiter ses opposants avec un minimum de respect et de sérieux intellectuel.

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    17/11 – Deux jours après la publication de ce billet, Marcello a publié « La créativité des LLM » sur son blog. Il y explique le concept de température, qui est une définition formelle de la créativité mise en œuvre par un outil comme ChatGPT. La fin du billet aide à bien cerner sa position dans un débat qui est de nature épistémologique :

    « Ne me faites pas le petit jeu consistant à dire : “mais non, la créativité est plus que ça !” Si vous n’êtes pas capables de définir formellement ce plus, alors cela veut tout simplement dire que vos idées ne sont pas claires. »

    Pour moi les programmes comme ChatGPT ne sont pas informatifs, en tout cas pas de manière suffisamment fiable dans un contexte éducatif : ils comprennent ce qu’est communiquer, pas informer. Par contre, ils relèvent bien du domaine créatif. Si on n’est pas dans un contexte où la fiabilité de l’information est importante, et que par ailleurs on apporte des réponses aux enjeux d’éthique et de coût énergétique, alors je ne m’oppose pas du tout à l’usage créatif des #LLM.

    https://www.arthurperret.fr/blog/2024-11-15-guide-etudiant-ne-pas-ecrire-avec-chatgpt.html

    #enseignement #AI #IA #intelligence #ESR #université

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    signalé aussi par @monolecte :
    https://seenthis.net/messages/1082701

  • 40% de budget en moins : la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne suspend le prêt entre bibliothèque (PEB)
    https://academia.hypotheses.org/59575

    14 février 2024 Dans notre dernière lettre d’actualités, nous vous vous faisions part de nos incertitudes liées à la potentielle baisse de 23% de notre budget. Le budget de la BIS arrêté pour 2025 est finalement en réduction de plus … Continuer la lecture →

  • Sur le #positionnement_politique des universités

    Les manifestations étudiantes en faveur de la Palestine ont soulevé la question épineuse de la #neutralité politique des universités, en Amérique du Nord comme en Europe. Bien compris, le devoir de « #réserve_institutionnelle » limite l’expression des universités, mais non la libre expression dans les universités. Rediffusion d’un article du 23 octobre 2024

    Tout au long de l’année universitaire 2023-2024, des manifestations contre l’offensive israélienne à Gaza ont éclaté sur les campus d’Amérique du Nord et d’Europe. Certains étudiants ont appelé les universités à se solidariser avec la Palestine et à condamner Israël. Ces manifestations ont suscité l’inquiétude de nombre d’observateurs, consternés par certains incidents antisémites. La critique des manifestations étudiantes a alimenté la polémique récurrente contre les universités dites « #woke ».

    De Sciences Po à Paris à Columbia à New York, politiciens et administrateurs ont entrepris la mise au pas d’universités jugées par trop politisées. Nombre d’universités ont été amenées à adopter une position de « #neutralité_institutionnelle » – le principe selon lequel les universités devraient s’abstenir de prendre position sur les enjeux politiques et internationaux du jour. Les principales universités de la Ivy League, telles que Harvard et Chicago, ont publiquement souscrit à la neutralité institutionnelle et certaines universités britanniques et françaises en discutent actuellement[1].

    Malheureusement, ce que recouvre exactement la neutralité institutionnelle n’est pas évident. De fait, elle est souvent mal comprise, tant par la droite que par la gauche. Depuis une dizaine d’années, des commentateurs plutôt associés à la droite se sont fait les porte-drapeau de la liberté d’expression dans les universités, critiquant le « politiquement correct » ou la « cancel culture » qui y prévaudraient et le manque de diversité des points de vue qui en découlerait. Les mêmes affirment aujourd’hui que le devoir de neutralité politique des universités les oblige à limiter la liberté d’expression – celle des manifestants propalestiniens – sur les campus. Aux États-Unis, des think tanks conservateurs ont invoqué la neutralité institutionnelle pour exhorter les universités à renoncer à leur engagement partisan en faveur de programmes progressistes tels que la diversification des programmes et les initiatives en faveur de l’égalité, de la diversité et de l’inclusion.

    La gauche, à l’inverse, a tendance à être sceptique à l’égard de la neutralité institutionnelle, et ce pour deux raisons. Tout d’abord, en raison de ce qu’elle considère comme son déploiement cynique et idéologique au service de la répression musclée de manifestations et de protestations pacifiques.

    Ensuite, en raison d’objections familières au concept de neutralité lui-même. Les universités sont des acteurs sociaux et politiques qui s’inscrivent dans des réseaux locaux, nationaux et mondiaux et qui agissent inévitablement sur la base de valeurs et de principes qui leur sont propres. La neutralité n’est pas une option pour elles. Dans des domaines contestés tels que les contenus d’enseignement et de recherche, les politiques de diversité, la civilité sur les campus et le financement de l’enseignement supérieur, une position prétendument neutre ne ferait que perpétuer la position dominante d’orateurs traditionnellement privilégiés, tout en permettant aux universités d’entretenir un silence, certes plus commode du point de vue financier et des relations publiques[2].

    Malgré leurs divergences idéologiques, la droite et la gauche commettent la même erreur à propos de la neutralité institutionnelle. Elles supposent toutes deux que la neutralité institutionnelle sert à limiter l’expression politique dans les universités. Or il n’en est rien. Je propose ici l’idée que la neutralité institutionnelle, bien comprise, limite l’expression des universités, mais non la libre expression dans les universités. C’est là une distinction fondamentale, souvent ignorée dans les polémiques récentes.

    Pour éviter les ambiguïtés inhérentes au concept de neutralité, je plaide pour ce qu’on peut appeler (suivant une suggestion de Robert Post et Christopher Eisgruber) la réserve institutionnelle. La réserve institutionnelle signale non pas un détachement des universités vis-à-vis des questions sociales et politiques, mais plutôt une présomption d’abstention et de retenue – qui consiste à éviter de prendre position sur des questions qui ne sont pas liées à leur mission propre. La réserve institutionnelle des universités se justifie de deux manières. Elle est à la fois une condition de la liberté académique et de la liberté d’expression et – plus important encore – une garantie prudentielle contre l’emprise politique et le détournement de la mission distinctive des universités qui en découle.
    Réserve institutionnelle, liberté académique et liberté d’expression

    L’idée de la neutralité institutionnelle des universités est historiquement récente. Pendant près de mille ans, les Églises et les États ont contrôlé, dominé et financé les universités européennes, les utilisant comme propagandistes de leurs dogmes et de leurs valeurs. Ce n’est qu’au XIXe siècle que l’on trouve des suggestions de désaveu de la subordination des universités au politique, chez Humboldt par exemple. Et ce n’est qu’au XXe siècle que la neutralité institutionnelle est formulée comme un principe de bonne conduite universitaire[3].

    Outre le livre de Karl Jaspers sur L’Idée de l’université (1923), un texte clé est le mémoire sur la liberté académique rédigé par le philosophe américain Arthur Lovejoy au nom de l’organisation qu’il avait contribué à fonder (avec John Dewey), l’Association américaine des professeurs d’université (American Association of University Professors). La neutralité institutionnelle y est intimement liée au respect de la liberté académique – la liberté des universitaires de rechercher la vérité selon leurs propres normes et procédures[4].

    Plus récemment, un document influent aux États-Unis est le rapport Kalven, rédigé à l’université de Chicago en 1967, à une époque où les étudiants exigeaient que l’université se désengage de l’Afrique du Sud et dénonce la guerre impopulaire au Vietnam. La fonction première de l’université, affirme le rapport, est de faciliter « la découverte, l’amélioration et la diffusion des connaissances ». À cette fin, elle doit simplement être « le foyer et le protecteur des critiques ; elle n’est pas elle-même le critique ». Si l’université adopte des positions collectives, affirme le rapport, elle le fait au prix de la censure de toute minorité qui n’est pas d’accord avec le point de vue adopté. Ainsi, la neutralité de l’université en tant qu’institution favorise en fin de compte « le respect de la libre investigation et l’obligation de chérir la diversité des points de vue ».

    Des versions des recommandations du rapport Kalven ont récemment été adoptées par certaines universités américaines désireuses d’annoncer à la fois leur neutralité politique et leur engagement en faveur de la liberté d’expression et de la libre investigation sur le campus.

    La neutralité de l’université en tant qu’institution n’est donc pas le fruit d’un manque de courage, ni d’une indifférence ou d’une insensibilité. Il s’agit d’un engagement positif, dérivé des principes qui sous-tendent la mission de l’université : faciliter le plus grand nombre possible de débats et de discussions à partir d’une variété de perspectives contradictoires. La neutralité institutionnelle sert donc à protéger à la fois la liberté académique et la liberté d’expression. Une université attachée à une orthodoxie politique particulière porterait atteinte au droit des professeurs à enseigner et faire de la recherche comme ils l’entendent, poursuivre de nouvelles lignes d’investigation, poser de nouvelles questions.

    La #liberté_académique est garantie par une #double_indépendance. Les universités doivent être autonomes par rapport aux institutions politiques telles que les exécutifs, les législatifs et les tribunaux ainsi que par rapport aux pouvoirs économiques tels que les grandes entreprises et lobbies. Et les universitaires doivent être isolés des administrateurs de leur université – qui ne peuvent pas influencer le contenu de leurs recherches ni la manière dont ils enseignent[5].

    Outre la liberté académique, la #neutralité_politique des universités facilite également la #liberté_d’expression de tous leurs membres, y compris les étudiants. Dès lors qu’une université (ou, plus précisément, ses hauts responsables) prend publiquement position sur une question controversée, elle risque d’entraver l’échange libre d’idées en son sein. La neutralité institutionnelle protège le droit des étudiants et des enseignants à participer en tant qu’individus à l’action politique et à la contestation sociale, à la fois sur le campus et dans les espaces extra-muros, sans avoir à craindre la censure politique ou les sanctions disciplinaires. L’expression libre au sein des universités peut et doit être dérangeante – leur vocation est de rendre possible la remise en question, et potentiellement la subversion, de toutes les idées. La liberté académique et la liberté d’expression en général semblent incompatibles avec l’imposition d’une orthodoxie institutionnelle.

    Tant la droite que la gauche ont donc commis une erreur en louant ou en décriant la neutralité institutionnelle au motif qu’elle pourrait justifier la restriction de la liberté d’expression au sein des universités. Nous l’avons montré, la retenue des universités va de pair avec la liberté dans les universités. C’est, par exemple, parce que les universités ont refusé (ou auraient dû refuser) de s’incliner devant les pressions politiques qu’elles peuvent défendre des universitaires controversés[6], du propalestinien Edward Saïd à Columbia au philosophe utilitariste radical Peter Singer à Princeton, jusqu’à (plus récemment) la féministe critique du genre Selina Todd à Oxford ou l’eugéniste « réaliste de la race » Nathan Cofnas à Cambridge.

    C’est parce que les universités doivent respecter les libertés académiques des chercheurs qu’elles devraient s’abstenir d’influencer le contenu des programmes, même lorsque les sujets enseignés sont politiquement controversés.

    C’est parce que les universités ne doivent pas prendre parti sur les mérites de telle ou telle cause qu’elles ne doivent pas réprimer des manifestations simplement parce qu’elles réprouvent les opinions des manifestants.

    Quelles que soient les bonnes raisons de limiter la liberté d’expression à l’université, elles ne sont pas imposées par la neutralité institutionnelle, ou n’en découlent pas. Certes, l’expression au sein des universités peut être limitée lorsqu’elle enfreint la loi ou lorsqu’elle est incompatible avec la mission des universités. Mais c’est une erreur de penser qu’elle peut être limitée au nom de la neutralité politique.

    La neutralité institutionnelle offre au contraire une protection pour la liberté académique et de la liberté d’expression. Mais en est-elle pour autant une condition sine qua non ? Après tout, il n’est pas évident que seules les universités qui respectent la neutralité institutionnelle soient capables de protéger efficacement la liberté académique et la liberté d’expression. Une distinction cruciale s’impose entre l’expression soutenue par des moyens coercitifs et l’expression non soutenue par des moyens coercitifs. Il est évident qu’aucune université ne devrait imposer des opinions partisanes à ses membres de manière coercitive. Les universitaires doivent être protégés contre les actions coercitives telles que les renvois, les licenciements, les refus de titularisation ou l’intimidation pour des raisons politiques. De même, les étudiants ne devraient pas faire l’objet de mesures disciplinaires simplement parce que l’université réprouve leurs opinions politiques.

    Toutefois l’expression officielle de l’université peut également être non coercitive – et dans ce cas, ses effets sur la liberté sont plus diffus, voire inexistants. Si une université adopte une position politique publique sans pour autant contraindre ou réduire au silence ses membres adoptant un point de vue dissident, il n’est pas certain que cela nuise automatiquement à son fonctionnement intellectuel normal. La question essentielle est de savoir comment les universités traitent les dissidents et non ce qu’elles disent. Fait révélateur, certaines universités ayant une éthique religieuse – de Notre Dame dans l’Indiana à l’université catholique de Louvain – ne protègent pas moins la liberté d’expression de leurs membres que les universités laïques. Les universités qui affirmeraient leur solidarité avec telle ou telle cause internationale pourraient de même tout à fait respecter l’expression d’opinions contraires en leur sein.

    Il en ressort que si le discours coercitif de l’université constitue une atteinte réelle pour la liberté de ses membres, la relation entre expression non coercitive et menace sur la liberté n’est pas évidente et dépendra de circonstances contingentes. Qu’advient-il dès lors de notre argument conceptuel en faveur de la neutralité institutionnelle ? Il semble que l’argument de la liberté ne soit pas aussi convaincant que nous l’espérions. Pour être pleinement justifiée, la neutralité institutionnelle doit être défendue sur une autre base.
    Réserve institutionnelle, captation politique et mission de l’université

    Proposons l’argument prudentiel suivant. Une université qui s’engage à faire preuve de réserve institutionnelle sera mieux à même de repousser les tentatives de captation et de contrôle dans un contexte où la poursuite de sa mission est de plus en plus contestée par les politiciens, administrateurs, bailleurs de fonds et médias. Les universités se devraient de maintenir une position de réserve institutionnelle afin de se concentrer sur la poursuite de leur mission propre : la recherche de la vérité au sein d’environnements éducatifs inclusifs.

    Plusieurs points méritent d’emblée d’être soulignés à propos de cette conception de la réserve institutionnelle. Elle reconnaît que les universités ne sont pas des institutions sans valeurs, mais qu’elles poursuivent au contraire des missions distinctement non neutres (d’où ma préférence pour le terme réserve plutôt que pour celui de neutralité). D’autre part, la présomption de silence des universités est strictement spécifique à un domaine : elle ne s’applique qu’aux questions qui ne sont pas liées à leur mission. Cela signifie que les universités peuvent légitimement prendre position sur des questions politiques et sociales externes qui ont un impact sur leur mission. Cela signifie également que, dans la poursuite de leur mission en interne, les universités ne sont pas tenues à un devoir de réserve institutionnelle – en particulier, leur mission spécifique peut les autoriser à réguler l’expression de leurs membres.

    D’évidence, l’argument en faveur de la réserve institutionnelle n’est absolument pas que les universités seraient des institutions apolitiques. C’est précisément parce que la poursuite par les universités de leur mission propre est politiquement saillante et contestée qu’il n’est pas dans leur intérêt d’être distraites par des questions qui ne sont pas essentielles à leur mission.

    Le principe de réserve institutionnelle stipule que les universités ne doivent pas prendre position sur les questions sociales et politiques du jour sauf si elles affectent la poursuite de leur mission. Par exemple, les universités doivent s’abstenir (en général) de faire des déclarations officielles sur les décisions de justice, les élections, les guerres, la législation ou les mouvements sociaux du moment. Elles ne devraient pas se prononcer (en général) sur la politique pénale ou fiscale, la légalité de l’avortement ou de l’euthanasie, la guerre russe en Ukraine ou le conflit israélo-palestinien. Si les universités doivent être des lieux où ces questions sont vigoureusement débattues, elles ne doivent pas chercher à élaborer une position collective à leur sujet.

    La prise de position politique par les universités présente en effet trois risques distincts. Le premier est celui de l’arbitraire. Contrairement aux gouvernements, les positions politiques des universités sont surérogatoires (non obligatoires) et discrétionnaires (non liées à des critères et des normes préalables). La sélection de leurs causes favorites sera forcément arbitraire. Pourquoi la solidarité avec l’Ukraine mais pas avec Gaza ? Pourquoi la solidarité avec Gaza mais pas avec les Ouïgours ? etc. Bien entendu, les accusations d’incohérence ou d’hypocrisie en matière de politique étrangère sont régulièrement portées à l’encontre des gouvernements. Il reste que ces derniers sont politiquement responsables, ce qui n’est pas le cas des universités.

    Le deuxième risque pour les universités est celui de la captation. Une fois que les universités commencent à prendre des positions publiques, elles risquent de voir leur prestige accaparé par les plus offrants ou les plus bruyants, et leurs dirigeants devront faire face à une pression incessante de leurs membres, autorités de tutelle ou bailleurs de fond. Au lieu de défendre la vérité face aux pouvoirs de toute sorte – une tâche que les universités sont particulièrement bien placées pour accomplir –, les institutions académiques pourraient finir par consacrer trop de temps et d’efforts à être les meilleures amies du pouvoir[7].

    Le troisième risque pour les universités est celui de la distraction. Les universités qui dépenseraient temps, ressources et énergie dans des activités qui ne sont pas directement liées à leur mission feraient face à des coûts d’opportunité importants. Elles s’engageraient dans des négociations interminables pour rédiger des communiqués officiels, compromis inefficaces de généralités et de platitudes – au détriment du travail intellectuel rigoureux qui est la raison d’être des universités.

    Les risques d’arbitraire, de captation et de distraction se cristallisent dans un danger plus large, celui de la décrédibilisation des universités à mesure qu’elles perdent la bonne volonté et la confiance qui sont essentielles à leur autonomie institutionnelle. Les universités militantes risquent d’être soumises à des niveaux croissants de contrôle externe si les politiciens, les administrateurs et les médias s’en prennent à leur politisation apparente ou réelle. Ce danger de décrédibilisation est d’autant plus pressant que les universités sont actuellement le point focal de « guerres culturelles », où est critiqué leur parti pris supposément de gauche.

    Si les universités souhaitent continuer à poursuivre leur mission avec l’indépendance et la sérénité dont elles ont besoin, il est dans leur intérêt de se concentrer sur la poursuite de leurs objectifs épistémiques et éducatifs spécifiques. Ceux-ci ne sont pas neutres, au sens ordinaire du terme : ils impliquent des pratiques contestées, telles que la discrimination entre les bons et les mauvais arguments, la défense de lignes de recherche impopulaires, et des efforts positifs pour corriger les inégalités d’accès et de participation à l’enseignement supérieur. Dans un contexte de campagne idéologique concertée contre la poursuite de ces objectifs par les universités (sous la bannière douteuse de l’« antiwokisme »), la priorité des universités devrait être de défendre leur mission, et non de fournir des munitions à l’ire des critiques. Tel est, en substance, le cœur de l’argument prudentiel en faveur de la réserve institutionnelle – un argument susceptible de convaincre même les sceptiques de gauche.

    Dans la poursuite de leur mission, l’expression des universités n’est pas neutre, mais n’enfreint pas pour autant l’obligation de réserve institutionnelle. Distinguons trois domaines où l’université peut, et parfois doit, prendre position et où l’injonction selon laquelle elle devrait être « institutionnellement neutre » est inopérante. Premièrement, les universités peuvent prendre position sur les questions sociales et politiques externes qui affectent la poursuite de leur mission. Cette exception au principe de neutralité institutionnelle a également été relevée par le rapport Kalven.

    Quelques exemples. Dans les contextes de conflits et de crises à l’étranger, les universités apporteront naturellement leur soutien à leurs étudiants, enseignants et personnel directement touchés par les guerres – ou autres catastrophes. Les universités peuvent également prendre légitimement position sur les politiques de l’enseignement supérieur (tel le soutien gouvernemental à la recherche) ou sur les politiques d’immigration lorsqu’elles affectent leur recrutement (comme les restrictions en matière de visas pour les étudiants étrangers). Elles peuvent également faire preuve de solidarité avec les universitaires du monde entier dans le cadre de leur engagement général en faveur de la défense de l’enseignement supérieur.

    Des questions peuvent également être légitimement posées sur les politiques d’investissement des universités : dans les domaines où l’université doit agir en tant qu’entreprise sur le marché – lorsqu’elle possède des biens ou reçoit des fonds –, elle ne peut éviter de discuter de la légitimité éthique de ses engagements financiers.

    Enfin, les universités peuvent exprimer leur soutien à des causes sociétales importantes dans la mesure où ceci les aide à corriger des défauts structurels dans la poursuite de leur mission elle-même. Ce fut le cas, par exemple, des mouvements LGBTQ+, Black Lives Matter et #MeToo, qui ont amené les universités à reconsidérer douloureusement leur capacité à fournir un environnement éducatif inclusif dans un contexte d’injustices structurelles persistantes.

    Le deuxième domaine dans lequel l’expression universitaire n’est pas neutre, dans le sens où elle favorise naturellement certains points de vue par rapport à d’autres, est la priorité qu’elle accorde à la liberté académique par rapport à la liberté d’expression. Alors que la liberté d’expression protège le droit égal de chacun d’exprimer ses convictions dans les échanges privés et sur la place publique, une des caractéristiques de la liberté académique est qu’elle protège le droit plus spécifique d’experts accrédités de discriminer entre bonnes et mauvaises idées sur la base de leur expertise disciplinaire.

    Dans des pratiques telles que l’enseignement, la recherche, l’évaluation des étudiants et des pairs, la délivrance de diplômes, les universitaires dévaluent régulièrement les points de vue qui ne répondent pas aux normes académiques attendues. Comme le dit bien Michele Moody-Adams, la non-neutralité est à la fois un droit et un devoir de la liberté académique[8]. Les universitaires ne sont pas tenus de rechercher un « équilibre des points de vue » dans leur enseignement ou leur recherche : la seule norme pertinente est la rigueur scientifique. Sur la réalité de l’Holocauste, le changement climatique ou l’efficacité des vaccins, il n’y pas de place (à l’université) pour ceux qui rejettent les fondements épistémiques des disciplines académiques – même quand ils bénéficient par ailleurs de la pleine liberté d’expression dans la sphère publique au sens large.

    Le troisième domaine dans lequel l’expression officielle des universités n’est pas neutre est quand elle vise à créer un environnement éducatif inclusif. D’évidence, les universités doivent censurer les discours interdits par la loi : ceux qui harcèlent, incitent à la violence, menacent ou discriminent, en particulier sur la base de caractéristiques protégées telles que la race, le sexe, la religion ou la sexualité.

    Certes, il existe des différences nationales significatives dans ce domaine : les pays européens répriment et les États-Unis protègent les discours de haine. Mais la question se pose de savoir si les universités devraient simplement appliquer le droit existant ou bien s’efforcer, au travers de leurs règlements et codes internes, de créer des environnements éducatifs inclusifs, dans lesquels les groupes défavorisés – les groupes structurellement désavantagés dans leur accès et leur participation à l’enseignement supérieur – ne seraient pas systématiquement intimidés, mis à l’écart et réduits au silence. Ces codes sont souvent perçus comme symptomatiques du développement d’une « cancel culture » qui porterait atteinte à la liberté d’expression en imposant une idéologie du politiquement correct conformiste et anti-intellectuel.

    Sur ce vaste et épineux sujet, je me contenterai de faire trois remarques. D’une part, l’annonce de la mort de la liberté d’expression sur les campus a été largement exagérée. La montée en épingle de divers incidents a contribué à alimenter une panique morale sur l’état des universités, diagnostic qui reflète imparfaitement l’expérience de ceux et celles qui y travaillent ou étudient[9].

    D’autre part, on ne peut nier la tendance, chez de nouvelles générations d’étudiants, à exiger que les universités soient des « espaces sûrs » (safe spaces) les protégeant de l’exposition à des idées dérangeantes ou offensantes. Or les universités ne sont pas là pour rendre les idées inoffensives pour les étudiants, mais bien pour permettre aux étudiants d’affronter les idées – elles devraient être des brave spaces, non des safe spaces. On frémit à l’idée que les administrateurs d’universités – souvent terrifiés par les pressions médiatiques ou les réflexes consuméristes des étudiants – aient le pouvoir de réprimer les discours qu’ils jugent offensants, stigmatisants ou victimisants ou les discours qui (à l’inverse) réduiraient au silence les critiques du « politiquement correct ».

    La limitation coercitive de la liberté d’expression doit être réservée aux cas flagrants de discours qui, en niant l’humanité de l’autre, empêchent les personnes visées de participer au débat en tant que membres à part entière de la communauté éducative[10]. C’est sur cette base que l’expression des suprémacistes blancs, antisémites notoires et misogynes extrémistes peut légitimement être interdite sur les campus universitaires étatsuniens, dans la mesure où elle réduit effectivement au silence les Noirs, les juifs ou les femmes. Le préjudice objectif que représente le fait d’être réduit au silence est très différent du simple désagrément que constitue le fait d’être soumis à des idées déstabilisantes ou dérangeantes.

    Pour le reste, à l’université, la meilleure réponse au mauvais discours sera le plus souvent plus de discours plutôt que moins de discours. Les enseignants ont à leur disposition toute une palette de pratiques non-coercitives visant à l’inclusivité. Ils ne devraient pas utiliser le concept de safe space pour censurer l’expression d’idées jugées offensantes pour les étudiants, mais ils peuvent créer des safe spaces dans le cadre de l’enseignement, qui garantissent que tous les étudiants se sentent libres d’exprimer le plus large éventail d’opinions sans être punis, harcelés ou condamnés. Les campus peuvent sensibiliser les étudiants et les enseignants aux préjugés inconscients et à l’impact que peuvent avoir certains mots, tels les épithètes sexistes ou racistes, sans avoir à contrôler les « micro-agressions ». Bref, il existe une différence essentielle entre la promotion de normes de civilité dans l’expression et l’imposition de normes par la censure ou la punition.

    Les universités elles-mêmes peuvent déployer un contre-discours pour condamner les discours de haine les plus flagrants en leur sein. Même si cela réduit certaines voix au silence – la frontière entre expression et coercition est ténue –, il peut s’agir d’une réduction au silence légitime dès lors qu’elle sert la mission éducative de l’université[11].

    Ces remarques rapides ont eu pour but d’illustrer le point suivant. Dans les cas (étroitement spécifiés) où l’expression des enseignants et des étudiants peut être légitimement limitée, ce n’est pas en vertu de la « neutralité institutionnelle » des universités, et encore moins en vertu de leur engagement en faveur d’un « équilibre des points de vue » entre les différentes opinions idéologiques.

    Les universités ne devraient pas invoquer la neutralité pour réprimer les manifestations étudiantes – un exercice légitime de la liberté d’expression – tant que ces dernières sont pacifiques, exemptes de discours de haine et ne bloquent pas l’accès aux cours. Elles ne peuvent pas non plus invoquer la neutralité pour contester la censure d’orateurs incompétents sur le plan scientifique – les universités peuvent se livrer à une discrimination des discours, compte tenu de leur mission spécifique. Enfin, la neutralité ne peut pas être opposée aux initiatives d’éducation inclusive – les universités ne sont pas neutres quant à leur engagement substantiel en faveur d’environnements éducatifs inclusifs. Les pratiques des universités peuvent certes être critiquées dans tous ces domaines. Mais elles doivent l’être sur la base d’arguments de fond, non par appel à une neutralité inopérante.

    La réserve institutionnelle limite l’expression des universités, mais non la libre expression dans les universités. Si les universités sont en droit de limiter certaines formes d’expression en leur sein, ce n’est pas du fait de leur obligation de réserve. Les universités ne sont pas tenues à la réserve lorsqu’il s’agit de poursuivre leurs missions propres telles que la défense de la liberté académique et la promotion d’environnements éducatifs inclusifs. Les universités devraient être plus modestes dans leurs prises de position politiques externes, mais aussi plus fermes dans la défense de l’intégrité de leur mission éducative et de recherche.

    https://aoc.media/analyse/2024/12/30/sur-le-positionnement-politique-des-universites-2
    #université #recherche #ESR #devoir_de_réserve

  • Le #RN déclenche le #cyberharcèlement d’une universitaire de Toulon enregistrée à son insu

    La députée RN #Laure_Lavalette a diffusé un #enregistrement clandestin d’une juriste de la faculté de Toulon qui commentait pendant son cours un tract de #La_Cocarde étudiante, syndicat étudiant d’#extrême_droite, déclenchant une vague de #haine contre elle sur les #réseaux_sociaux.

    L’opération semble avoir été savamment orchestrée. Ce mardi 4 février, comme l’a révélé Le Monde, la maîtresse de conférences en droit public à l’université de Toulon #Hélène_Hurpy découvre des dizaines de #tracts déposés sur les tables de son amphithéâtre par La Cocarde étudiante, syndicat étudiant d’extrême droite. Une pratique normalement proscrite à l’intérieur de l’université, y compris pendant les élections étudiantes qui avaient lieu les 4 et 5 février.

    S’emparant d’un tract, la juriste se lance dans un commentaire de droit sur le texte, qui appelle notamment à mettre fin aux bourses d’excellence pour les étudiants étrangers. En 2024, la faculté a sélectionné trois étudiants étrangers en master et leur a attribué une bourse de 950 euros par mois pour les aider à suivre leur cursus en France. Au nom de la « #priorité_nationale », La Cocarde étudiante, en pleine campagne pour les élections internes, défend une réorientation de ces sommes aux profits des « étudiants français dans le besoin ».

    Sur un ton posé, Hélène Hurpy, spécialiste de droit public, donne son analyse des revendications de La Cocarde étudiante. « Ça, c’est ce qu’on appelle une discrimination et évidemment pour un motif totalement illégitime au sens de l’article 14 de la Cour européenne des droits de l’homme et à l’encontre de l’article premier de la Constitution… que je vous encourage à tous relire », avance-t-elle. « C’est pour cela qu’il y a des partis politiques qui sont à traiter en l’occurrence différemment d’autres partis politiques », poursuit la juriste, en précisant qu’elle vise « tous ceux qui vont à l’encontre de cet article premier de la Constitution française qui pose les caractères de notre République » une et indivisible.

    L’enseignante-chercheuse ne sait pas qu’elle est alors enregistrée et qu’à peine trois heures plus tard, un extrait d’une minute trente de son intervention sera diffusé sur X par la députée #Rassemblement_national (RN) du Var Laure Lavalette, qui dit avoir été interpellée par « de nombreux étudiants scandalisés » par ces propos.

    La députée dénonce une intervention « outrancière et anti-RN de Mme Hurpy, maître de conférences à l’université de Toulon ». Elle conseille à la juriste de relire l’article de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen selon lequel « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».

    Bien que son parti politique n’ait pas été cité par l’universitaire, la mention d’un parti prônant des mesures discriminatoires et contraires à la Constitution a manifestement suffi à l’élue – qui n’a pas répondu aux sollicitations de Mediapart – pour qu’elle se sente visée. Il est vrai que les liens entre le RN et La Cocarde étudiantes sont des plus étroits. Des députés RN comme Alexandre Loubet et Gaëtan Dussausaye en sont issus et bon nombre de dirigeants du syndicat ont une double affiliation et certains sont des collaborateurs parlementaires d’élus RN, comme le racontait récemment une enquête de Mediapart.
    Tweet supprimé

    Le message de la très médiatique Laure Lavalette a d’ailleurs été immédiatement relayé par La Cocarde étudiante, et en particulier par Quentin Macullo, assistant parlementaire du député RN Guillaume Bigot, grand habitué des plateaux de CNews.

    Le cyberharcèlement de l’enseignante commence peu après la mise en ligne de l’enregistrement et ce, malgré des propos s’en tenant à de strictes considérations d’ordre juridique. Un déluge de commentaires violents suit la publication de Laure Lavalette sur le réseau d’Elon Musk. « Il va falloir faire quelque chose car il y en a assez que l’extrême gauche soit si influente dans les universités », lance un internaute. « Encore une pro-migrants et pro-droits de l’homme », s’offusque un autre, quand un troisième dénonce un « prêchi-prêcha dégoulinant de bons sentiments pour une fois de plus tordre la Constitution suivant leur interprétation bolchévique du monde ».

    D’anciens étudiants de l’universitaire interviennent également sur X : « Je l’ai eue comme prof et je confirme qu’elle avait bien ce discours de gauche déconnectée. » Une motion d’étudiants en droit de deuxième année du master justice, procès et procédures est, au contraire, venue apporter son soutien à Hélène Hurpy.

    L’universitaire a décidé de porter plainte et de signaler l’enregistrement, illégal et passible de poursuites pénales, aux plateformes qui le diffusent. « J’ai envie d’agir pour dénoncer les faits, je ne veux pas que ce soit invisibilisé car cela va se répéter », a expliqué au Monde l’enseignante-chercheuse, qui a reçu la protection fonctionnelle de son université.

    Ce dimanche, le tweet de Laure Lavalette, resté en ligne jusqu’à samedi, avait été supprimé. La bonne cliente des plateaux télé, qui a commencé sa carrière militante à Renouveau étudiant, un groupuscule violent d’extrême droite affilié au Front national, a peut-être été sensible à ce rappel du droit. Elle n’a pas répondu aux sollicitations de Mediapart, pas plus que La Cocarde étudiante, qui n’a, malgré ce happening, remporté aucun siège dans aucun des conseils centraux de l’université.

    Née d’une scission de l’#UNI, #La_Cocarde_étudiante a été créée en 2015 et connaît un nouvel essor depuis 2022. Cheval de Troie du RN dans les facs, La Cocarde assume des positions identitaires ouvertement racistes, comme lorsque le syndicat avait rendu en 2023 un vibrant hommage au théoricien racialiste Dominique Venner, mort dix ans plus tôt.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/090225/le-rn-declenche-le-cyberharcelement-d-une-universitaire-de-toulon-enregist
    #université #ESR #enseignement_supérieur #facs #syndicat_étudiant

    ping @karine4

  • Federal health workers terrified after ’DEI’ website publishes list of ’targets’

    The site calls out workers who have been involved with DEI initiatives. A majority are Black.

    Federal health workers are expressing fear and alarm after a website called “#DEI_Watch_List” published the photos, names and public information of a number of workers across health agencies, describing them at one point as “targets.”

    It’s unclear when the website, which lists mostly Black employees who work in agencies primarily within the Department of Health and Human Services, first appeared.

    “Offenses” for the workers listed on the website include working on diversity, equity and inclusion initiatives, donating to Democrats and using pronouns in their bios.

    The website, a government worker said, is being circulated among multiple private group chats of federal health workers across agencies, as well as through social media links.

    The site also reached Dr. Georges Benjamin, the executive director of the American Public Health Association, who learned about it Tuesday evening when a federal health worker sent it to him.

    “This is a scare tactic to try to intimidate people who are trying to do their work and do it admirably,” Benjamin said. “It’s clear racism.”

    A government worker said they found out theirs was among the names on the website Tuesday afternoon after a former co-worker sent them the link on social media.

    “It’s unnerving,” said the person, who requested anonymity because of safety concerns. “My name and my picture is there, and in 2025, it’s very simple to Google and look up someone’s home address and all kinds of things that potentially put me at risk.”

    “I don’t know what the intention of the list is for,” the person said. “It’s just kind of a scary place to be.”

    On Tuesday evening, the site listed photos of employees and linked to further information about them under the headline “Targets.” Later Tuesday night, the headline on each page had been changed to “Dossiers.”

    The site lists workers’ salaries along with what it describes as “DEI offenses,” including political donations, screenshots of social media posts, snippets from websites describing their work, or being a part of a DEI initiative that has been scrubbed from a federal website.

    Benjamin suggested the acts of online harassment are criminal. “Law enforcement should look into them.”

    A person who isn’t on the list but works at a federal health agency called the website “psychological warfare.” The link, this person said, is being circulated in their private group chat of federal health workers, causing some to “freak out.”

    It’s hard to gauge, the worker said, whether it’s a legitimate threat. “I don’t know anything about the organization doing this or their parent association. People are just paranoid right now.”

    A note at the bottom of the website says, “A project of the American Accountability Foundation.” That group is a conservative watchdog group.

    It’s not the first time the group has created such a list. In December, it sent Pete Hegseth, then the nominee for defense secretary, a list of names of people in the military whom it deemed too focused on diversity, equity and inclusion, the New York Post reported at the time.

    Neither the American Accountability Foundation nor HHS immediately responded to requests for comment.

    The website comes after a bruising two weeks for public health workers. Employees at the #Centers_for_Disease_Control_and_Prevention say they have received “threatening” memos from the #Department_of_Health_and_Human Services directing them to terminate any activities, jobs and research with any connection to diversity, equity and inclusion — and turn in co-workers who don’t adhere to the orders. HHS oversees federal health agencies, including the CDC and the #National_Institutes_of_Health.

    “The tone is aggressive. It’s threatening consequences if we are not obedient. It’s asking us to report co-workers who aren’t complying,” said a CDC physician who wasn’t authorized to speak to reporters. “There’s a lot of fear and panic.”

    NBC News reviewed one of the memos, which directed employees to “review all agency position descriptions and send a notification to all employees whose position description involves inculcating or promoting gender ideology that they are being placed on paid administrative leave effective immediately.”

    The result, staffers said, is paranoia.

    “I know of people who have been put on administrative leave for perceived infractions related to these ambiguous memos. People are thinking if I put one foot wrong, I’m just going to be fired,” another CDC physician said.

    In one case, a potluck luncheon among co-workers was hastily canceled for fear it would be seen as a way to promote cultural diversity.

    Despite the harassment, public health employees said they remain committed to their work.

    “If I leave, who’s going to replace me?” a CDC physician said. “If nobody replaces me and enough of us leave, then who’s going to be doing the public health work?”

    https://www.nbcnews.com/health/health-news/federal-health-workers-terrified-dei-website-publishes-list-targets-rcna190
    #liste #cibles #USA #Etats-Unis #it_has_begun #fonctionnaires #intimidation #inclusion #diversité #équité #santé #menaces #santé_publique #délation #DEI

    • Higher Ed Fights Back Against Trump’s #DEI_Order

      The American Association of University Professors and others argue in a new lawsuit that the executive orders violate the Constitution.

      College professors and university diversity officers are teaming up with nonprofits and local governments to challenge President Trump’s executive orders that target diversity, equity and inclusion programs in the federal government, higher education and the private sector. Those orders, they argue, violate the U.S. Constitution and have already caused much uncertainty on college campuses.

      The American Association of University Professors, the National Association of Diversity Officers in Higher Education and other groups argue in a lawsuit filed Monday that the orders exceed executive legal authority, violate both the First and Fifth Amendments, and threaten academic freedom and access to higher education for all. They want a judge to declare that the executive orders are unconstitutional and to block the government from further enforcement.

      “In the United States, there is no king,” the plaintiffs say in the 40-page complaint. “In his crusade to erase diversity, equity, inclusion, and accessibility from our country, President Trump cannot usurp Congress’s exclusive power of the purse, nor can he silence those who disagree with him by threatening them with the loss of federal funds and other enforcement actions.”

      Filed in the U.S. District Court in Maryland, the lawsuit is the first to target the DEI-related orders. Numerous states and nonprofits, however, have sued the Trump administration to challenge other executive actions taken during the president’s first two weeks in office, including his attempt to freeze trillions of dollars in federal grants and loans.

      The academic organizations involved in this DEI case are represented by Democracy Forward, the same pro bono legal group that was first to successfully challenge the federal funding freeze. Asian Americans Advancing Justice, another nonprofit civil rights group, also is representing the plaintiffs.

      The executive orders at issue in this lawsuit aim to end what Trump sees as “illegal discrimination” and “wasteful” programs. Institutions that don’t comply could face financial penalties or federal investigations.

      Although AAUP has openly discouraged universities from engaging in “anticipatory obedience,” which it defined as “acting to comply in advance of any pressure to do so,” several colleges and universities have already taken action in an attempt to avoid rebuke from the Trump administration. That includes canceling a Lunar New Year event and removing references to DEI from college websites.

      Trump’s orders are not the first of their kind. They build on a number of laws recently passed in Republican-led states that ban DEI offices and programs in colleges and universities and aim to take those efforts nationwide. Colleges in states like Alabama, Florida, Iowa, Texas and Utah have taken action to comply with those laws, laying off staff and shutting down cultural centers. In some states, such as Kentucky and Michigan, public colleges dissolved certain DEI standards or full offices before legislation passed.

      Regardless of the state-by-state scenarios, groups like NADOHE say they will continue to fight for DEI protection, as such programs are crucial to fulfilling the mission of higher education. Getting rid of DEI, NADOHE says, would send a chilling shock wave throughout academia and lead to increased harassment, discrimination and violence across campuses.

      “By attacking the important work of diversity, equity and inclusion offices at educational institutions, the order seeks to dismantle critical support systems for historically underrepresented students,” NADOHE president Paulette Granberry Russell told Inside Higher Ed after Trump signed the second DEI order. “This would limit workforce preparation and stifle efforts to address systemic inequities. This order depicts diversity, equity and inclusion as divisive when, in reality, these initiatives aim to ensure opportunity for all.”
      What Does the Lawsuit Say?

      The lawsuit is focused on two executive orders that Trump issued during his first 48 hours in office.

      The first order directed federal agencies to get rid of all federal diversity offices and positions and end any “equity-related” grants and contracts. Numerous DEI staffers have since lost their jobs, and dozens of general staff members from the Education Department who attended any DEI training in the past have been put on administrative leave.

      The lawsuit alleges that Trump exceeded his legal authority in issuing that order, as Congress—not the president—has authority over the federal government’s purse strings. Therefore, the plaintiffs argue, Trump does not have the power to unilaterally terminate equity-related grants and contracts “without express statutory authority.”

      The second order, signed Jan. 21, more directly impacts higher education. It calls on all agencies—including the Department of Education—to “enforce our longstanding civil-rights laws and to combat illegal private-sector DEI preferences, mandates, policies, programs, and activities.” It also orders the attorney general and the education secretary to create guidance for colleges and universities on how to comply with the 2023 Supreme Court ruling against affirmative action, and for the secretary to investigate up to nine colleges that have endowments worth more than $1 billion as part an effort “to deter DEI programs or principles.

      The lawyers argue that both orders are overly vague. Neither defines terms such as “DEI,” “illegal DEIA” or “equity.” As a result, they argue, colleges, universities and other institutions have not been given fair guidance as to what is prohibited and what they could be indicted and face penalties for, violating the plaintiffs’ right to due process under the Fifth Amendment. “The lack of definitions necessarily requires people of common intelligence to guess as to what is prohibited,” the lawsuit states. It goes on to suggest that by ordering the investigation of “illegal DEIA” practices at up to nine colleges without first defining the term, the president has granted agencies “carte blanche authority to implement the order discriminatorily.”

      The plaintiffs also argue that the second order violates the First Amendment, discouraging free speech and academic freedom around DEI-related topics on campus—dampening the public service role of academia as a marketplace of ideas. “The Constitution protects the right of scholars, teachers, and researchers to think, speak, and teach without governmental interference,” the plaintiffs write. “The ‘essentiality of freedom in the community of American universities is almost self-evident’ and educators play a ‘vital role in a democracy’.”
      Can Trump ‘Avoid Running Afoul’?

      AAUP president Todd Wolfson said the association is committed to fighting for a higher education system that’s accessible to all, regardless of background. He went on to describe Trump’s orders as “destructive” and said that eliminating DEI at public institutions would threaten the democratic purpose of higher ed.

      “Trump’s orders are about controlling the range of ideas that can be discussed in the classroom, limiting and censoring faculty and students, and codifying into law the prejudices of the past,” he said in a statement to Inside Higher Ed. “These are attempts at authoritarianism that this nation has overcome before. We will do so again.”

      But Tyler Coward, lead counsel for government affairs at the Foundation for Individual Rights and Expression, a First Amendment advocacy group, isn’t so sure. He said in an email statement that Trump’s executive orders on DEI “appear to avoid running afoul of the First Amendment,” but in a more detailed analysis memo, FIRE warns that “implementation should proceed carefully.”

      “Overzealous enforcement could threaten free speech by, for example, indirectly chilling a professor from sharing their positive views of affirmative action policies or leading to investigation of a government grantee for a social media post expressing personal support for DEI initiatives,” the foundation wrote.

      Neither Coward nor the foundation at large, however, commented on the lawsuit’s standing as far as violations of the Fifth Amendment or the separation of powers.

      “We are concerned that the executive order about gender ideology could be used to censor speech on sex and gender,” Coward said. “FIRE is closely watching how federal agencies interpret and enforce the executive orders to ensure the government doesn’t infringe on constitutionally protected speech.”

      https://www.insidehighered.com/news/government/2025/02/05/higher-ed-organizations-sue-against-trumps-dei-orders

      #mots #vocabulaire
      #diversité #équité #inclusion #accessibilité

    • Trump Takes Aim at DEI in Higher Ed

      The executive order doesn’t have an immediate impact on DEI programs at colleges and universities, but experts worry about a chilling effect.

      One of President Donald Trump’s latest executive orders aims to end “illegal” diversity, equity and inclusion policies and could upend programs that support underrepresented groups on college campuses.

      Whether the order, signed late Tuesday night, will be effective is not clear, some experts cautioned Wednesday. Others celebrated it as the end of DEI in America.

      The order calls on all agencies to “enforce our longstanding civil-rights laws and to combat illegal private-sector DEI preferences, mandates, policies, programs, and activities,” though it doesn’t define DEI. Additionally, the order directs the attorney general and education secretary—neither of whom have been confirmed—to create guidance for colleges and universities on how to comply with the 2023 Supreme Court ruling, which banned the use of race-conscious admissions policies.

      The order should not, however, have any immediate impact on higher ed, as most provisions require agency action.

      Higher education experts and diversity, equity and inclusion advocates say it’s difficult to know how far Trump’s latest order against DEI will actually go, but they are certain it represents an attempt to reverse more than 50 years of civil rights work to promote equal access to the American education system.

      University stakeholders add that Trump’s ultimate goal is to amplify culture war issues and create a dichotomy between merit and hard work and programs that celebrate diversity and promote equitable access.

      “What I see is a broad attempt to remove everything that is associated with long-standing institutional efforts to desegregate the U.S. government and institutions like colleges and universities that are entangled with the government through federal financial aid,” said Brendan Cantwell, a professor of education at Michigan State University.

      But anti–diversity, equity and inclusion activists and conservative politicians, on the other hand, see Tuesday’s order as a positive change that reminds colleges to teach students how to think rather than what to think.

      “For too long, social justice warriors crusaded to mandate DEI in every corner of America. Instead of merit, skills, and ability, DEI devotees pushed policies that are antithetical to American exceptionalism,” Republican representative and House education committee chair Tim Walberg said in a statement. “From the classroom to the board room, Americans have felt the negative effects.”

      Christopher Rufo, a senior fellow at the conservative Manhattan Institute, said deconstruction of DEI is impending.

      “Tomorrow morning, the general counsels for every major corporation and university are going to be reading President Trump’s executive orders on DEI and figuring out how they can avoid getting ruined by federal civil rights lawyers,” he wrote on X. “Huge changes imminent.”

      Trump’s latest DEI action builds upon other related orders regarding sex, race and equity that he signed in the first two days of his second term, but this one has the highest likelihood of directly impacting higher education.

      That’s in part because the order designates any institution that receives federal financial aid as a subcontractor. As subcontractors, colleges’ employment, procurement and contracting practices “shall not consider race, color, sex, sexual preference, religion, or national origin in ways that violate the nation’s civil rights laws,” according to the order.

      Additionally, the Education Department must pick up to nine colleges that have endowments worth more than $1 billion to investigate as part an effort “to deter DEI programs or principles.” Harvard University, other Ivy League institutions and more than two dozen other colleges would be on the list for a potential inquiry.

      ‘The DEI Party Is Over’

      Across the board, policy experts that Inside Higher Ed spoke with say that while it is clear what Trump seeks to do, it is uncertain exactly what will actually come to pass. They called the order’s language broad and said much of its consequences will depend on what levers the department pulls for compliance, among other factors.

      Jon Fansmith, senior vice president of government relations and national engagement for the American Council on Education, said in a webinar Wednesday that though the executive orders have created uncertainty, the directives don’t change federal law and are subject to lawsuits.

      “The things we are talking about aren’t absolutes,” he said. “There’s a lot of understandable concern, but some things haven’t changed.”

      On the other hand, Adam Kissel, a visiting fellow of higher education reform at the conservative Heritage Foundation, said the order’s implications are very clear.

      “Colleges and universities, as well as other institutions, are on notice that the DEI party is over,” he said.

      One way that the Trump administration can try to ensure the “DEI party” is fully brought to a halt is by telling colleges that the Supreme Court’s ruling on race-conscious admissions policies extends to any scholarship program or student support services that are geared toward a specific race or ethnic group. Colleges that don’t comply could risk their access to federal financial aid.

      Some legal analysts and Republican officials have argued that the Supreme Court’s ruling also bars scholarships, internships and other educational programs that take race into account. The Biden administration disagreed and said the ruling only affected admissions.

      Kissel said he is “200 percent sure” the Trump administration has the ability to extend the ruling to more than just admissions.

      “The Supreme Court said discrimination is wrong and illegal under the equal protection clause as well as Title VI of the Civil Rights Act of 1964,” he said. And “when we’re talking about nondiscrimination, I think SCOTUS was very clear that the broad interpretation is correct.”

      Kissel expects that the Trump administration will tie DEI compliance to both research grants and Title IV of the Higher Education Act of 1965, which authorizes federal financial aid programs. He believes they have clearance to do so as DEI is, in his view, discriminatory and colleges accessing federal funds cannot discriminate.
      ‘Pre-Emptive Compliance’

      Regardless of the clarity level, a key factor that could determine the impact of the DEI order is how university leaders respond.

      Cantwell said the response from leaders will depend on whether the university is private and what state it’s located in. He expects the order to carry more force at public colleges in Republican-led states. The government has the least control over private universities, he said, and though some dollars come from the federal government, much of higher ed funding is allocated at the state level, giving local lawmakers the most leverage on whether to enforce Trump’s rules.

      Although blue states that disagree with the president’s order may be less likely than red states to pass legislation reinforcing the guidelines, some universities could act on their own. Some institutions, such as the University of Michigan, have already started to rethink their DEI programs in an effort to pre-emptively comply with federal directives.

      “[The case of Michigan] does hint at some wariness,” Cantwell said. “And that wariness and sort of pre-emptive compliance, even absent direct threats from the federal or state government, might be somewhat universal. But I also think we will definitely see lots of variation by state.”

      Sarah Hubbard, a Republican elected regent at the University of Michigan, said the latest executive order shows that Trump is “doing exactly what he said he’d do” and should be a sign that more steps need to be taken in order for Michigan and other public institutions to avoid losing billions in federal funds.

      Michigan has already repealed the use of diversity statements in the hiring process and adopted a policy of institutional neutrality but has not directly cut staff or funding for any of its highly criticized DEI programs. Those decisions would be made in the upcoming budget cycle.

      “Not speaking on behalf of the board … I hope that we will be doing more to realign our campus toward need-based scholarships and removing overbearing DEI bureaucracy,” Hubbard said.
      A Chilling Shock Wave

      Some higher education experts—particularly those working in and around DEI departments—are bracing for it to have a “gigantic” impact on students and faculty.

      Kaleb Briscoe is an assistant professor of adult and higher education at the University of Oklahoma whose recent research has focused on the repercussions of DEI bans. She said that the order has already “sent shock waves,” adding that her phone is “blowing up about it.”

      Although the action does not explicitly say it will ban or restrict DEI programs like some state-level laws, Briscoe believes that Trump’s campaign messages and record from his first term speak loudly. Among other actions, Trump issued an executive order defunding any federally funded trainings or programs that promote race or sex “stereotyping” or “scapegoating.” (Former President Biden rescinded that order.)

      “The language within the executive order does not directly call for [banning DEI], but it doesn’t mean that it cannot be misinterpreted or used by policymakers to come up with additional bans,” she said.

      Shaun Harper, a professor of education, business and public policy and the founder of the University of Southern California’s Race and Equity Center, and an opinion contributor to Inside Higher Ed, said the order “will surely frighten” university administrators. It will likely lead to the pre-emptive hiding, renaming or discontinuation of their DEI initiatives, he added.

      “These leaders will be worried about losing their federal funding, which is exactly what DEI opponents want,” Harper said in an email to Inside Higher Ed. Heterosexual, Christian white men will likely feel supported and affirmed by Trump’s anti-DEI orders, as “too many of them have been tricked into misunderstanding DEI initiatives to be unfair, universal attacks,” he added.

      But in the meantime, Harper said that minority students will face increased harassment, discrimination and violence and will “be left stranded without justice.”

      Briscoe echoed Harper, adding that as the number of DEI-focused staff members dwindles, faculty members will be left to pick up the pieces.

      “We’re looking at a very uphill climb of faculty having to take on more student affairs, diversity professional roles,” she said. “Staff may not exist, but these student needs will have not changed.”

      Paulette Granberry Russell, president and CEO of the National Association of Diversity Officers in Higher Education, said the order is “deeply concerning,” mischaracterizes DEI and takes aim at the core mission of higher education.

      “By attacking the important work of diversity, equity and inclusion offices at educational institutions, the order seeks to dismantle critical support systems for historically underrepresented students,” she said. “This would limit workforce preparation and stifle efforts to address systemic inequities. This order depicts diversity, equity and inclusion as divisive when, in reality, these initiatives aim to ensure opportunity for all.”

      Granberry Russell added that while the order’s immediate impact will depend on how agencies enforce it, “it is already causing uncertainty and fear.”

      “I hope that university leaders will recognize that executive orders should not dictate the values and priorities of higher education institutions,” she said. “Many colleges and universities have long-standing commitments to fostering inclusive environments, and I hope they will continue to uphold these principles despite political headwinds.”

      https://www.insidehighered.com/news/government/politics-elections/2025/01/23/how-trumps-order-targeting-dei-could-affect-higher-ed
      #ESR #recherche #université #enseignement_supérieur

    • ’Unprecedented’: White House moves to control science funding worry researchers

      Darby Saxbe is worried her research funding might get canceled.

      People’s brains change when they become parents. She studies fathers’ brains, in particular, to understand which changes might underlie better parenting. And she wants to study a variety of brains.

      “If you want to understand the brain and biology changes of fathers, you don’t necessarily want to only look at white affluent fathers who are hanging out around a university, which is what a convenient sample might be composed of,” says the University of Southern California neuroendocrinologist. “That just makes for a better, more impactful research project.”

      So with a grant from the #National_Science_Foundation — a federal agency with a $9 billion annual #budget to fund research — she’s working to include more people from minority groups in her study.

      But her research proposal contained the words “diverse” and “underrepresented,” words that now appear on a list of hundreds of DEI-related terms that NSF is currently using to comb through tens of thousands of research grants. The process, described to NPR by two NSF officials who spoke on the condition of anonymity for fear of retribution from the administration, aims to flag research that may not comply with President Trump’s executive orders targeting diversity, equity and inclusion initiatives.

      This kind of scrutiny, along with other actions of the administration so far — freezing grants, clamping down on communications from federal agencies, taking down databases on women’s health, HIV and youth behaviors and purging some of DEI-related terms — represent to many scientists an extreme move to exert more presidential control over the kinds of science that get funded, and potentially who does it. If continued, it could represent a major departure from how science has been funded for decades.

      “This is totally unprecedented, nothing like this has ever happened,” says Neal Lane, who served as director of the NSF from 1993 to 1998. “NSF has a mandate to care about the workforce and ensure that all Americans have opportunities to participate in science,” he says. By targeting DEI, “they’re killing American science.”

      Since the 1990s, Congress has mandated that NSF weigh how its grants will boost the participation of women and minorities in science, in addition to the intellectual merits of the proposal. Now, the Trump administration is essentially saying they can’t follow that law.

      “President Trump was elected president, but in being elected president, the laws of the United States were not repealed and replaced with whatever he wants to do,” says Rep. Zoe Lofgren, D-Calif., ranking member of the U.S. House of Representatives Committee on Science, Space and Technology. “These are bipartisan efforts to make sure that we don’t miss smart people in the science enterprise across the United States.”

      But some say that considering diversity in grantmaking leads to worse science. Last October, Sen. Ted Cruz, R-Texas, said in a report that “NSF allocated over $2.05 billion to thousands of research projects that promoted neo-Marxist perspectives or DEI tenets” and suggested that it undermines “objective hard science.”

      “Intellectual diversity is welcome,” says Jonathan Butcher, a senior research fellow at the Heritage Foundation. “But judging the merits of an idea based on the description of the grant is far more important than figuring out where the people involved are literally coming from, in terms of racial background or country of origin.”
      Changing how science gets funded

      Presidents have the authority to set priorities in research funding, and have used this power. The Biden administration made a push for climate and cancer research, for instance, and George W. Bush’s administration prioritized energy research and the physical sciences. Congress allocates money to these priorities, and then the agencies work out the finer details.

      “Since World War II, science has been organized around this idea of peer review, that scientists understand what good science is and should make decisions about what we should be funding,” says Elizabeth Popp Berman, a sociologist who studies science at the University of Michigan.

      At NSF, that means program officers — often scientists who work at other institutions who come to NSF for temporary stints — manage a review process of proposals, with input from a range of scientists. The law dictates that NSF consider both the intellectual merit of a proposal and the “broader impacts” the research might enable, meaning how the research will benefit society.

      For decades, a key part of those potential benefits is how grants will boost the participation of women and underrepresented groups in science. Since 1997, Congress has required NSF to explicitly weigh such factors in its grantmaking. According to Suzanne Barbour, dean of the Duke University Graduate School and chair of NSF’s Committee on Equal Opportunities in Science and Engineering, that ultimately benefits the taxpayer.

      “There is a large emerging literature that suggests that teams have the largest array of voices, from different different backgrounds, different kinds of lived experiences, voices that perhaps have addressed problems from slightly different angles,” she says. “They’re more creative, they’re more successful and … ultimately are the kinds of teams that make the biggest discoveries.”

      Trump’s executive orders are squarely opposed to that mission. The agency is currently reviewing grants for DEI-related terms using, in part, a list from Sen. Cruz’s October 2024 report titled “How the Biden-Harris NSF Politicized Science,” according to NPR’s NSF sources.

      It’s unclear what will happen to flagged grants. NSF has resumed funding existing awards after freezing them in late January and says they “can not take action to delay or stop payment for active awards based solely on actual or potential non-compliance with the Executive Orders.” The NSF sources tell NPR that approximately 20% of grants were initially flagged, and that number could be further winnowed.

      In reviewing grants for DEI-related content and temporarily pausing payments, the agency seems to be prioritizing the executive order over its congressional mandate, a practice that contradicts internal guidance saying law takes precedence over executive orders when there’s a conflict.

      The Trump administration’s efforts to exert more control over science at NSF go beyond DEI. On Tuesday, staff were informed of plans to cut the agency’s headcount of about 1,700 by 25% to 50% over the next two months, according to NPR’s NSF sources. Staff were also informed that President Trump’s first budget request could slash the agency’s budget from $9 billion to $3 billion, first reported by ArsTechnica and confirmed by NPR, though the actual reduction negotiated by Congress may be different.

      “This administration appears to be not just setting priorities, but enforcing ideological conformity in a way that if your grant is studying something that’s not aligned with a particular view of the world, it’s just not going to be funded,” says Berman. “I think taking that away has the potential to undermine the whole scientific enterprise.”
      Worries about America’s competitive edge

      If the Trump administration continues aggressively targeting diversity initiatives in science and seeking to substantially cut funding, American science will look fundamentally different, says Berman.

      Whole academic fields could wither without federal funds, she says, especially if DEI is broadly defined. “This cuts across economics, psychology, sociology. In all these fields, there are whole chunks of the discipline that may just not be possible to carry on anymore,” says Berman.

      The moves have also sparked a culture of fear among many scientists. “This level of scrutiny is going to make research less collaborative, less competitive and less innovative,” says Diana Macias, an ecologist at the University of California, Berkeley, who is funded by an NSF grant. Bringing more people into science is “not just broadening for the sake of broadening, but it’s broadening for the sake of developing rigorous questions that help us really stay competitive.”

      Only about a quarter of NSF grant proposals win funding, and that’s after a rigorous application process. The idea that an awarded grant could get rescinded, or proposals not get funded for political reasons, makes many scientists uncomfortable and could ultimately lead some to quit or move outside the U.S.

      “I train graduate students and undergrads who want to pursue science careers,” says Saxbe. “It’s hard for me to think about how to encourage them when it seems like the very work that we do is so vulnerable to partisan attack.”

      Federal funding supports these trainees, many of whom ultimately go into the private sector. The NSF funds nearly 80% of fundamental computing research at universities, according to a recent statement from the Computing Research Association.

      Reduced funding could ultimately lead to a smaller skilled workforce to work on important issues in artificial intelligence, cybersecurity and more. That’s despite an insistence by close allies of the president, including Elon Musk, that the U.S. lacks enough homegrown talent to fill the tech industry’s demand for computer science professionals like software engineers and programmers.

      “The private sector does a lot of very important, primarily applied research and development. But they really don’t fund the same kind of research where you are really exploring the frontier,” says Lane, the former NSF director.

      “They can’t justify to their stockholders doing most of the things that the National Science Foundation does. If you take away federal support for science, science is dead in the United States. Nothing can replace that.”

      https://www.npr.org/sections/shots-health-news/2025/02/07/nx-s1-5289912/unprecedented-white-house-moves-to-control-science-funding-worry-researchers

      #science #projets_de_recherche

    • Offensive obscurantiste aux USA : Trump crée un « #bureau_de_la_foi » et #censure le monde universitaire

      Ces propos délirants sortent de la bouche de Paula White, la conseillère spirituelle du président américain depuis 2011. Vous ne la connaissez peut-être pas encore, mais son rôle a été prépondérant pendant la campagne de Trump : elle assure notamment la communication avec les courants intégristes religieux, très puissants aux États-Unis. Un habitant des États-Unis sur cinq se définit en effet comme évangéliste : une base électorale obscurantiste et essentielle pour Donald Trump.
      L’intégrisme chrétien au pouvoir

      Paula White est à présent à la tête d’un nouveau “Bureau de la foi” de la Maison blanche, chargé de renforcer la place de la religion dans la politique du pays. Cette dernière est connue pour ses appels à la haine homophobe ou raciste, déclarant que “l’antifascisme et Black Lives Matter sont l’antéchrist” ou encore “ce n’est pas OK de se faire avorter. Ce n’est pas OK de se marier avec quelqu’un du même sexe”. Ses propos fanatisés semblent sortis d’un autre âge.

      Paula White avait, entre autres joyeusetés, organisé une prière publique en janvier 2020 pour que “toutes les grossesses sataniques aboutissent à une fausse couche”. Cette illuminée aurait toute sa place sous l’inquisition du Moyen-Age, quand un tribunal ecclésiastique jugeait les hérétiques.

      Les mouvements chrétiens fondamentalistes américains considèrent Trump comme un “envoyé de Dieu”, dont la mission sacrée est de s’opposer aux satanistes – les “wokes”, les homosexuels… Il affirmait lui-même d’ailleurs avoir été “sauvé par Dieu” lors de la tentative de meurtre à laquelle il a échappé l’été dernier, pour qu’il guide le pays et lui rende sa grandeur. Une mission divine, exaltée par ses déclarations : “ramenons Dieu dans nos vies” a-t-il réclamé.

      Pourtant, le 1er amendement des États-Unis proclame la séparation de l’État et de la religion. Ces personnes qui se présentent comme les seules vraies gardiens de la Constitution des USA violent donc allègrement son premier amendement. Ces mouvements intégristes religieux constituent la base de l’extrême droite américaine : on les retrouve massivement lors de l’attaque du Capitole en 2021, où nombre de manifestants arboraient des t-shirts avec des symboles chrétiens.

      Dans le même registre, le nouveau secrétaire de la Défense des USA Pete Hegseth, qui est désormais l’un des hommes les plus puissants du pays, a fait inscrire « Jésus » en hébreu sur son bras, un tatouage réalisé à Bethléem, et une grande croix de Jérusalem sur sa poitrine, un symbole représentant une grande croix encerclé de croix grecques plus petites. Un symbole utilisé pendant les Croisades et représentant le royaume de Jérusalem établi par les croisés.

      Hegseth ne cache pas sa fascination pour cette période de conflit sanglant opposant les armées chrétiennes aux musulmans. Cet homme est un vétéran de la Garde nationale du Minnesota, un animateur de la chaine d’extrême droite Fox News, et adhère à une mouvance religieuse sectaire nommée Reconstructionnisme réformé, qui prône l’application de la loi chrétienne biblique à la société, un monde exclusivement dirigé par les hommes et une préparation au retour de Jésus.

      Doit-on s’étonner de voir l’obscurantisme religieux revenir sur le devant de la scène aux États-Unis ? Non. Il avance main dans la main avec le capitalisme sans limite dont rêvent Trump et son inséparable duo Elon Musk. La religion représente d’ailleurs un marché plus que rentable aux États-Unis : 1200 milliards de dollars en 2016.

      L’extrême-droite est étroitement liée aux milieux chrétiens dans de nombreux pays. L’économiste Samir Amin explique que “le capitalisme des monopoles contemporain, en crise, développe une offensive idéologique massive et systématique assise sur le recours au discours de la spiritualité”. Il estime que la faillite de la classe bourgeoise, qui avait massivement adhéré si ce n’est au nazisme ou au fascisme, tout du moins à la collaboration, avait permis aux classes ouvrières au lendemain de la seconde guerre mondiale de construire un rapport de force conséquent.

      Après guerre, le patronat était discrédité, le Parti Communiste était le premier parti dans de nombreux pays, dont la France et l’Italie, et les syndicats étaient de puissants contre-pouvoirs. Pour contrer cela, Washington a poussé à la création de nouveaux partis chrétiens-démocrates afin de résister à la menace communiste.

      Ces partis constituent aujourd’hui la droite traditionnelle dans de nombreux pays européens, remettant le débat autour de l’importance du christianisme comme base de la civilisation occidentale. On en voit la marque de nos jours dans la droite de nombreux pays européens, et la France n’est pas en reste : Macron a largement piétiné la laïcité ces dernières années, comme la cérémonie d’ouverture de Notre-Dame en a été encore l’exemple.

      Aujourd’hui, les partis fascisants qui arrivent au pouvoir dans de nombreux pays se réclament également d’un retour à la foi chrétienne. Mais une foi revisitée, vidée de sa spiritualité, transformée en show, mise en spectacle sur le modèle des évangélistes. Georgia Meloni se revendique “femme, italienne, et chrétienne”, faisant de cette identité un véritable programme politique. Viktor Orban se pose en défenseur des “valeurs chrétiennes”. Marine Le Pen se dit “extrêmement croyante”. Aux États-Unis, l’arrivée au pouvoir de Trump a scellé l’accord parfait entre extrême-droite, intégrisme religieux et capital.
      Guerre contre la science

      L’obscurantisme est défini comme l’attitude attribuée à ceux qui sont hostiles au progrès, au libre exercice de la raison, à la diffusion de l’instruction et du savoir. Cette percée des fondamentalistes religieux s’accompagne ainsi d’une attaque historique contre la science. L’un ne va pas sans l’autre.

      Un décret sur “L’abrogation Woke” a été publié par l’administration Trump il y a quelques jours. Le but ? Détruire toutes les politiques, programmes ou projets de recherche sur des sujets jugés “woke” et donc dangereux pour la sûreté de l’État : le réchauffement climatique et l’environnement, le genre, la diversité, la race, l’inclusion…

      Pour faire simple, une IA va pouvoir identifier des mots clés, au nombre de 120 pour le moment, afin de geler les financements, supprimer des publications… Reporterre dévoile par exemple que toute référence au réchauffement climatique a été purement et simplement effacée de sites internet fédéraux. Certaines pages ont carrément disparu, ne laissant qu’un »404 Not Found ». Parmi les 120 mots interdits, on retrouve “femme”, “préjugé”, “justice environnementale”, “accessibilité”.

      Autre conséquence dramatique : le CDC, le centre de contrôle des maladies, est la plus grosse agence gouvernementale étasunienne pour la santé publique. Une liste de 20 termes a été distribuée en interne afin de retirer ou d’éditer certaines informations, pourtant tout simplement vitales, du site. On trouve notamment dans cette liste les termes « transgenre », « LGBT », « personne enceinte », « biologiquement femme », « biologiquement homme »… Certaines pages sur le virus du SIDA ont également disparu.

      Au fil des siècles, les forces obscurantistes utilisaient l’autodafé afin de détruire les écrits que le pouvoir en place jugeait dangereux pour son propre pouvoir. Le plus célèbre est l’autodafé du 10 mai 1933 où 25.000 ouvrages considérés comme subversifs – auteurs marxistes, anarchistes, juifs…– furent consumés par les nazis. D’ailleurs, en 2023, des élus Républicains du Missouri s’étaient déjà mis en scène en train de brûler des livres considérés comme « woke » au lance-flamme.

      Si l’effacement de données en ligne paraît bien moins spectaculaire, il n’en est pas moins une tentative d’effacement total des pensées divergentes. Et il précède toujours d’autres violences.

      https://contre-attaque.net/2025/02/14/offensive-obscurantiste-aux-usa-trump-cree-un-bureau-de-la-foi-et-ce
      #université #foi

    • US science is feeling the Trump chill

      President Donald Trump’s assault on federal spending, climate science and diversity initiatives is fueling an existential crisis for the nation’s vast web of research institutions — and the scientists who power them.

      The administration is seeking to thwart research it considers a threat to Trump’s agenda — including anything connected to climate science or diversity, equity and inclusion, writes Chelsea Harvey. It has frozen billions of dollars in federal funding, paused grant reviews and cut critical support for university research.

      The language in Trump’s directives is so broad that universities and research institutions worry that projects that make mere mention of gender, race or equity could be on the chopping block. At least one university told researchers that even terms such as biodiversity could be flagged by AI-based grant review systems looking for DEI proposals.

      Republican Sen. Ted Cruz of Texas has added to the alarm by launching an online database last week identifying more than 3,400 grants funded by the National Science Foundation that he said promote “advanced neo-Marxist class warfare propaganda.”

      Federal courts have begun pushing back on some of Trump’s moves — by ordering an end to a sweeping funding freeze, for example — but the administration has been slow to comply and remained steadfast in its attempts to gut science agencies. The atmosphere of fear and confusion is leading some university supervisors to quietly advise faculty to censor their research proposals and other public-facing documents to comply with Trump’s directives.

      A professor at one U.S. university, who was granted anonymity, told Chelsea they were recently advised to remove terms including “climate change” and “greenhouse gas emissions” from research papers and other public documents.

      While past administrations have steered the focus of U.S. research in new directions — from nanotechnology to cancer research — those priorities were typically additive; they didn’t restrict research in other areas.

      Trump’s approach “will have long-term harmful consequences,” said Matt Owens, president of the Council on Government Relations, an association of academic research institutions.

      “One of our strengths as a nation is the federal government has invested across the board in curiosity-driven research, because over time this pays dividends,” he told Chelsea. “So an erosion of broad federal support for all areas of research will damage our ability to remain the global science and innovation leader.”

      Senior prosecutor quits over imperiled climate funds
      A top federal prosecutor in Washington resigned Tuesday rather than follow a Justice Department order to freeze a private bank account holding $20 billion of already allocated climate change funds, write Kyle Cheney, Josh Gerstein, Alex Guillén and Jean Chemnick.

      The resignation of Denise Cheung, the head of the criminal division in the U.S. attorney’s office in Washington, is one of the most dramatic outcomes yet from Trump’s effort to claw back congressionally authorized federal funding.

      Chung said interim U.S. Attorney Ed Martin demanded her resignation after she refused to order the bank to freeze the grants — a step she said is permitted only if prosecutors have “probable cause” to suspect a crime was committed. The Environmental Protection Agency placed the money at Citibank last year to fund a “green bank” created by Congress.

      Trump attacks 50 years of green rules

      The Trump administration is working to unwind almost five decades of rules crafted and imposed under the #National_Environmental_Policy_Act, a foundational statute widely known as the “magna carta” of environmental laws, writes Hannah Northey.

      The plan is to rescind all regulations that the Council on Environmental Quality has issued to implement the bedrock law since 1977, when then-President Jimmy Carter signed an order directing the agency to issue rules under NEPA.

      Trump’s oil ambitions face harsh realities

      Trump wants to “unleash” American energy. The problem: U.S. oil production growth is starting to dwindle, writes Mike Soraghan.

      The nation’s once-hot shale plays are maturing. It’s getting more expensive to get significant amounts of new oil out of the ground. Some observers expect production to level off in the coming years and then start to decline by the early 2030s. Soon enough, oil companies may need to “drill, baby, drill” just to keep up current production levels rather than boosting them.

      https://www.politico.com/newsletters/power-switch/2025/02/18/us-science-is-feeling-the-trump-chill-00204701

      #biodiversité #climat #changement_climatique #projets_de_recherche

    • The foundations of America’s prosperity are being dismantled

      Federal scientists warn that Americans could feel the effects of the new administration’s devastating cuts for decades to come.

      Ever since World War II, the US has been the global leader in science and technology—and benefited immensely from it. Research fuels American innovation and the economy in turn. Scientists around the world want to study in the US and collaborate with American scientists to produce more of that research. These international collaborations play a critical role in American soft power and diplomacy. The products Americans can buy, the drugs they have access to, the diseases they’re at risk of catching—are all directly related to the strength of American research and its connections to the world’s scientists.

      That scientific leadership is now being dismantled, according to more than 10 federal workers who spoke to MIT Technology Review, as the Trump administration—spearheaded by Elon Musk’s Department of Government Efficiency (DOGE)—slashes personnel, programs, and agencies. Meanwhile, the president himself has gone after relationships with US allies.

      These workers come from several agencies, including the Departments of State, Defense, and Commerce, the US Agency for International Development, and the National Science Foundation. All of them occupy scientific and technical roles, many of which the average American has never heard of but which are nevertheless critical, coordinating research, distributing funding, supporting policymaking, or advising diplomacy.

      They warn that dismantling the behind-the-scenes scientific research programs that backstop American life could lead to long-lasting, perhaps irreparable damage to everything from the quality of health care to the public’s access to next-generation consumer technologies. The US took nearly a century to craft its rich scientific ecosystem; if the unraveling that has taken place over the past month continues, Americans will feel the effects for decades to come.

      Most of the federal workers spoke on condition of anonymity because they were not authorized to talk or for fear of being targeted. Many are completely stunned and terrified by the scope and totality of the actions. While every administration brings its changes, keeping the US a science and technology leader has never been a partisan issue. No one predicted the wholesale assault on these foundations of American prosperity.

      “If you believe that innovation is important to economic development, then throwing a wrench in one of the most sophisticated and productive innovation machines in world history is not a good idea,” says Deborah Seligsohn, an assistant professor of political science at Villanova University who worked for two decades in the State Department on science issues. “They’re setting us up for economic decline.”
      The biggest funder of innovation

      The US currently has the most top-quality research institutes in the world. This includes world-class universities like MIT (which publishes MIT Technology Review) and the University of California, Berkeley; national labs like Oak Ridge and Los Alamos; and federal research facilities run by agencies like the National Oceanic and Atmospheric Administration and the Department of Defense. Much of this network was developed by the federal government after World War II to bolster the US position as a global superpower.

      Before the Trump administration’s wide-ranging actions, which now threaten to slash federal research funding, the government remained by far the largest supporter of scientific progress. Outside of its own labs and facilities, it funded more than 50% of research and development across higher education, according to data from the National Science Foundation. In 2023, that came to nearly $60 billion out of the $109 billion that universities spent on basic science and engineering.

      The return on these investments is difficult to measure. It can often take years or decades for this kind of basic science research to have tangible effects on the lives of Americans and people globally, and on the US’s place in the world. But history is littered with examples of the transformative effect that this funding produces over time. The internet and GPS were first developed through research backed by the Department of Defense, as was the quantum dot technology behind high-resolution QLED television screens. Well before they were useful or commercially relevant, the development of neural networks that underpin nearly all modern AI systems was substantially supported by the National Science Foundation. The decades-long drug discovery process that led to Ozempic was incubated by the Department of Veterans Affairs and the National Institutes of Health. Microchips. Self-driving cars. MRIs. The flu shot. The list goes on and on.

      In her 2013 book The Entrepreneurial State, Mariana Mazzucato, a leading economist studying innovation at University College London, found that every major technological transformation in the US, from electric cars to Google to the iPhone, can trace its roots back to basic science research once funded by the federal government. If the past offers any lesson, that means every major transformation in the future could be shortchanged with the destruction of that support.

      The Trump administration’s distaste for regulation will arguably be a boon in the short term for some parts of the tech industry, including crypto and AI. But the federal workers said the president’s and Musk’s undermining of basic science research will hurt American innovation in the long run. “Rather than investing in the future, you’re burning through scientific capital,” an employee at the State Department said. “You can build off the things you already know, but you’re not learning anything new. Twenty years later, you fall behind because you stopped making new discoveries.”

      A global currency

      The government doesn’t just give money, either. It supports American science in numerous other ways, and the US reaps the returns. The Department of State helps attract the best students from around the world to American universities. Amid stagnating growth in the number of homegrown STEM PhD graduates, recruiting foreign students remains one of the strongest pathways for the US to expand its pool of technical talent, especially in strategic areas like batteries and semiconductors. Many of those students stay for years, if not the rest of their lives; even if they leave the country, they’ve already spent some of their most productive years in the US and will retain a wealth of professional connections with whom they’ll collaborate, thereby continuing to contribute to US science.

      The State Department also establishes agreements between the US and other countries and helps broker partnerships between American and international universities. That helps scientists collaborate across borders on everything from global issues like climate change to research that requires equipment on opposite sides of the world, such as the measurement of gravitational waves.

      The international development work of USAID in global health, poverty reduction, and conflict alleviation—now virtually shut down in its entirety—was designed to build up goodwill toward the US globally; it improved regional stability for decades. In addition to its inherent benefits, this allowed American scientists to safely access diverse geographies and populations, as well as plant and animal species not found in the US. Such international interchange played just as critical a role as government funding in many crucial inventions.

      Several federal agencies, including the Centers for Disease Control and Prevention, the Environmental Protection Agency, and the National Oceanic and Atmospheric Administration, also help collect and aggregate critical data on disease, health trends, air quality, weather, and more from disparate sources that feed into the work of scientists across the country.

      The National Institutes of Health, for example, has since 2015 been running the Precision Medicine Initiative, the only effort of its kind to collect extensive and granular health data from over 1 million Americans who volunteer their medical records, genetic history, and even Fitbit data to help researchers understand health disparities and develop personalized and more effective treatments for disorders from heart and lung disease to cancer. The data set, which is too expensive for any one university to assemble and maintain, has already been used in hundreds of papers that will lay the foundation for the next generation of life-saving pharmaceuticals.

      Beyond fueling innovation, a well-supported science and technology ecosystem bolsters US national security and global influence. When people want to study at American universities, attend international conferences hosted on American soil, or move to the US to work or to found their own companies, the US stays the center of global innovation activity. This ensures that the country continues to get access to the best people and ideas, and gives it an outsize role in setting global scientific practices and priorities. US research norms, including academic freedom and a robust peer review system, become global research norms that lift the overall quality of science. International agencies like the World Health Organization take significant cues from American guidance.

      US scientific leadership has long been one of the country’s purest tools of soft power and diplomacy as well. Countries keen to learn from the American innovation ecosystem and to have access to American researchers and universities have been more prone to partner with the US and align with its strategic priorities.

      Just one example: Science diplomacy has long played an important role in maintaining the US’s strong relationship with the Netherlands, which is home to ASML, the only company in the world that can produce the extreme ultraviolet lithography machines needed to produce the most advanced semiconductors. These are critical for both AI development and national security.

      International science cooperation has also served as a stabilizing force in otherwise difficult relationships. During the Cold War, the US and USSR continued to collaborate on the International Space Station; during the recent heightened economic competition between the US and China, the countries have remained each other’s top scientific partners. “Actively working together to solve problems that we both care about helps maintain the connections and the context but also helps build respect,” Seligsohn says.

      The federal government itself is a significant beneficiary of the country’s convening power for technical expertise. Among other things, experts both inside and outside the government support its sound policymaking in science and technology. During the US Senate AI Insight Forums, co-organized by Senator Chuck Schumer through the fall of 2023, for example, the Senate heard from more than 150 experts, many of whom were born abroad and studying at American universities, working at or advising American companies, or living permanently in the US as naturalized American citizens.

      Federal scientists and technical experts at government agencies also work on wide-ranging goals critical to the US, including building resilience in the face of an increasingly erratic climate; researching strategic technologies such as next-generation battery technology to reduce the country’s reliance on minerals not found in the US; and monitoring global infectious diseases to prevent the next pandemic.

      “Every issue that the US faces, there are people that are trying to do research on it and there are partnerships that have to happen,” the State Department employee said.

      A system in jeopardy

      Now the breadth and velocity of the Trump administration’s actions has led to an unprecedented assault on every pillar upholding American scientific leadership.

      For starters, the purging of tens of thousands—and perhaps soon hundreds of thousands—of federal workers is removing scientists and technologists from the government and paralyzing the ability of critical agencies to function. Across multiple agencies, science and technology fellowship programs, designed to bring in talented early-career staff with advanced STEM degrees, have shuttered. Many other federal scientists were among the thousands who were terminated as probationary employees, a status they held because of the way scientific roles are often contractually structured.

      Some agencies that were supporting or conducting their own research, including the National Institutes of Health and the National Science Foundation, are no longer functionally operational. USAID has effectively shuttered, eliminating a bastion of US expertise, influence, and credibility overnight.

      “Diplomacy is built on relationships. If we’ve closed all these clinics and gotten rid of technical experts in our knowledge base inside the government, why would any foreign government have respect for the US in our ability to hold our word and in our ability to actually be knowledgeable?” a terminated USAID worker said. “I really hope America can save itself.”

      Now the Trump administration has sought to reverse some terminations after discovering that many were key to national security, including nuclear safety employees responsible for designing, building, and maintaining the country’s nuclear weapons arsenal. But many federal workers I spoke to can no longer imagine staying in the public sector. Some are considering going into industry. Others are wondering whether it will be better to move abroad.

      “It’s just such a waste of American talent,” said Fiona Coleman, a terminated federal scientist, her voice cracking with emotion as she described the long years of schooling and training she and her colleagues went through to serve the government.

      Many fear the US has also singlehandedly kneecapped its own ability to attract talent from abroad. Over the last 10 years, even as American universities have continued to lead the world, many universities in other countries have rapidly leveled up. That includes those in Canada, where liberal immigration policies and lower tuition fees have driven a 200% increase in international student enrollment over the last decade, according to Anna Esaki-Smith, cofounder of a higher-education research consultancy called Education Rethink and author of Make College Your Superpower.

      Germany has also seen an influx, thanks to a growing number of English-taught programs and strong connections between universities and German industry. Chinese students, who once represented the largest share of foreign students in the US, are increasingly staying at home or opting to study in places like Hong Kong, Singapore, and the UK.

      During the first Trump administration, many international students were already more reluctant to come to the US because of the president’s hostile rhetoric. With the return and rapid escalation of that rhetoric, Esaki-Smith is hearing from some universities that international students are declining their admissions offers.

      Add to that the other recent developments—the potential dramatic cuts in federal research funding, the deletion of scores of rich public data sets on health and the environment, the clampdown on academic freedom for research that appears related to diversity, equity, and inclusion and the fear that these restrictions could ultimately encompass other politically charged topics like climate change or vaccines—and many more international science and engineering students could decide to head elsewhere.

      “I’ve been hearing this increasingly from several postdocs and early-career professors, fearing the cuts in NIH or NSF grants, that they’re starting to look for funding or job opportunities in other countries,” Coleman told me. “And then we’re going to be training up the US’s competitors.”

      The attacks could similarly weaken the productivity of those who stay at American universities. While many of the Trump administration’s actions are now being halted and scrutinized by US judges, the chaos has weakened a critical prerequisite for tackling the toughest research problems: a long-term stable environment. With reports that the NSF is combing through research grants for words like “women,” “diverse,” and “institutional” to determine whether they violate President Trump’s executive order on DEIA programs, a chilling effect is also setting in among federally funded academics uncertain whether they’ll get caught in the dragnet.

      To scientists abroad, the situation in the US government has marked American institutions and researchers as potentially unreliable partners, several federal workers told me. If international researchers think collaborations with the US can end at any moment when funds are abruptly pulled or certain topics or keywords are suddenly blacklisted, many of them could steer clear and look to other countries. “I’m really concerned about the instability we’re showing,” another employee at the State Department said. “What’s the point in even engaging? Because science is a long-term initiative and process that outlasts administrations and political cycles.”

      Meanwhile, international scientists have far more options these days for high-caliber colleagues to collaborate with outside America. In recent years, for example, China has made a remarkable ascent to become a global peer in scientific discoveries. By some metrics, it has even surpassed the US; it started accounting for more of the top 1% of most-cited papers globally, often called the Nobel Prize tier, back in 2019 and has continued to improve the quality of the rest of its research.

      Where Chinese universities can also entice international collaborators with substantial resources, the US is more limited in its ability to offer tangible funding, the State employee said. Until now, the US has maintained its advantage in part through the prestige of its institutions and its more open cultural norms, including stronger academic freedom. But several federal scientists warn that this advantage is dissipating.

      “America is made up of so many different people contributing to it. There’s such a powerful global community that makes this country what it is, especially in science and technology and academia and research. We’re going to lose that; there’s not a chance in the world that we’re not going to lose that through stuff like this,” says Brigid Cakouros, a federal scientist who was also terminated from USAID. “I have no doubt that the international science community will ultimately be okay. It’ll just be a shame for the US to isolate themselves from it.”

      https://www.technologyreview.com/2025/02/21/1112274/the-foundations-of-americas-prosperity-are-being-dismantled

    • Sauver les données scientifiques de la purge numérique de l’administration Trump

      Peu après l’assermentation de Donald Trump, des milliers de pages web du gouvernement fédéral américain ont disparu. Heureusement, des chercheurs canadiens et américains avaient déjà archivé numériquement une bonne partie de ces sites.

      La Dre Angela Rasmussen n’en revient pas. Des milliers de pages des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) comportant des données inestimables sur la santé ont été retirées du web, à la demande de l’administration Trump.

      Cette virologue de l’Université de la Saskatchewan savait que la santé et la science seraient dans la mire de la nouvelle administration Trump.

      "Je n’aurais jamais pensé qu’on serait aussi rapidement dans une situation aussi orwellienne." (Une citation de Dre Angela Rasmussen, virologue et chercheuse à l’Université de la Saskatchewan)

      Lorsque cette chercheuse, d’origine américaine, a entendu d’un ami journaliste que les CDC retireraient sous peu des données scientifiques de son site, elle a contacté en urgence un ami bio-informaticien aux États-Unis.

      "Je lui ai demandé s’il pouvait cloner tout le site. Il pensait que je faisais des blagues. Mais j’étais très sérieuse."

      Avec moins d’une journée de préavis, les deux ont passé de longues heures à archiver le site.

      Ils sont ensuite entrés en contact avec Charles Gaba, un analyste de données sur la santé publique du Michigan, qui lui aussi avait commencé la même tâche, quelques jours plus tôt.

      Ils ont combiné leurs efforts pour archiver un maximum de pages et de bases de données, non seulement des CDC, mais aussi de l’Agence américaine des médicaments (FDA) et une partie du site de l’USAID, le programme qui a été sabré par Elon Musk et son « département de l’Efficience gouvernementale » (DOGE).

      "Je suis fâché. J’aurais dû commencer le travail plus tôt. J’avais réalisé dès le soir de l’élection qu’il y avait un risque qu’on efface des sites gouvernementaux. Dans l’urgence, on a peut-être manqué certaines choses", dit Charles Gaba.

      Mardi, un juge fédéral américain a délivré une ordonnance temporaire obligeant les CDC et la FDA de rétablir toutes les informations publiques sur leurs sites web.

      Selon l’administration Trump, le retrait de ces pages n’est pas nécessairement définitif, et elle affirme que les informations peuvent être consultées par l’entremise de la machine Wayback de l’Internet Archive.

      D’ailleurs, s’il est possible de le faire, c’est grâce au travail exhaustif d’Internet Archive, un organisme à but non lucratif qui archive des sites web et qui rend accessibles au public des copies de ces sites.

      Depuis 2004, dans le cadre du projet de librairie démocratique, toutes les pages web des gouvernements fédéraux canadien et américain sont systématiquement archivées au début et à la fin de chaque mandat.

      Le matériel provenant des États-Unis est sauvegardé sur des serveurs en Colombie-Britannique, au Canada, et celui du Canada, sur des serveurs aux États-Unis.

      L’archivage se fait grâce à une étroite collaboration entre Canadiens et Américains, explique Brewster Kahle, le fondateur d’Internet Archive.

      Par exemple, il y a aussi des professeurs de l’Université de Guelph et de l’Université de Toronto qui travaillent avec l’Environmental Data Governance Initiative (EDGI) pour préserver les données sur les changements climatiques de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis, rapporte CBC News (Nouvelle fenêtre).

      Pour Brewster Kahle, il est primordial de sauvegarder le maximum de documents, même s’ils semblent peu importants. "On ne sait jamais quand et pourquoi on en aura besoin."

      Les informations contenues sur les sites web gouvernementaux relèvent du domaine public et doivent être accessibles à tous, rappelle Brewster Kahle.

      "Cette information appartient aux Américains. Personne n’a le droit de la censurer ou de la retenir." (Une citation de Brewster Kahle, fondateur d’Internet Archive)

      Une crise en santé et en science

      La disparition des données inquiète particulièrement la Dre Rasmussen, qui est virologue.

      "Je n’exagère pas quand je dis que ça sera destructeur pour la santé publique."

      Par exemple, les données sur la propagation de la grippe aviaire aux États-Unis sont particulièrement importantes en ce moment pour le monde entier. "S’il y a une pandémie de H5N1, on pourrait prévenir des millions de morts."

      Et pourtant, le rapport hebdomadaire sur la mortalité n’a pas été publié comme prévu le 15 janvier. "C’est la première fois en 80 ans que ça arrive", dit Charles Gaba.

      De plus, avec la nomination de Robert F. Kennedy Jr. à la tête de la santé, qui tient depuis des années des propos antivaccins, la Dre Rasmussen craint que les informations qui seront accessibles soient davantage politiques que scientifiques. Déjà, les recommandations du comité sur l’immunisation ont disparu du site web des CDC.

      Charles Gaba craint que certaines bases de données ne soient plus mises à jour. Et, même si des données sont publiées, il se demande si elles seront valides. "Ils ont semé un doute. Je n’ai plus confiance."
      "Des autodafés numériques"

      Le retrait de milliers de pages web des sites gouvernementaux survient après une directive de l’administration Trump d’éliminer toute mention de diversité, d’inclusion ou d’équité. Toute page avec la mention de mots provenant d’une liste préétablie doit être retirée.

      "Ils effacent tout ce qui inclut ces mots, même sans contexte et sans discrimination. Ça touche tout le monde qui n’est pas un homme blanc hétérosexuel et chrétien." (Une citation de Charles Gaba, analyste de données sur la santé publique du Michigan)

      Ainsi, des pages sur la prévention des maladies chroniques, des lignes directrices pour le traitement de maladies sexuellement transmissibles, sur les signes avant-coureurs de la maladie d’Alzheimer, sur une formation pour prévenir les surdoses et sur des recommandations sur les vaccins destinés aux femmes enceintes, ont été supprimées.

      Le retrait comprend aussi des pages sur la violence faite aux femmes et aux personnes LGBTQ+, et sur la dépression post-partum.

      La Dre Ramussen est estomaquée. "On a retiré les données sur le VIH et la variole simienne parce que ça touche principalement des personnes marginalisées, des femmes, des personnes de la communauté LGBTQ+ et les personnes racisées. Ça place ces personnes dans une situation encore plus vulnérable."

      Pour elle, la diversité, l’équité, l’inclusion sont des valeurs au cœur de la santé publique.

      Charles Gaba ne mâche pas ses mots : en procédant de la sorte, l’administration Trump procède à des autodafés comme l’avait fait le régime nazi dans les années 1930. Cette fois, "ce sont des autodafés numériques".

      "Ils effacent ces informations parce qu’ils veulent prendre des décisions en fonction de leurs politiques, plutôt qu’en fonction des données probantes", déplore-t-il.

      Pour Brewster Kahle, il s’agit d’un moment de prise de conscience. "Ce sont dans des moments comme ça que les bibliothèques souffrent. Des livres sont bannis, les subventions pour les bibliothèques et archives sont réduites, on criminalise le travail des bibliothécaires."

      Cette tendance à vouloir effacer le passé numérique se produit partout dans le monde, affirme-t-il. Il dit aussi craindre la perte de plus en plus d’archives lors de catastrophes naturelles, dont le risque est multiplié par les changements climatiques.

      Pour la Dre Rasmussen, archiver toute cette information est sa façon de s’opposer aux décisions de l’administration Trump. "C’est ma façon de résister au fascisme."

      https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2140521/donald-trump-donnees-scientifiques-web

  • The Professors Are the Enemy. Right-wing attacks on academic freedom have real repercussions

    “The professors are the enemy.” So said J.D. Vance, a candidate for the U.S. Senate in Ohio, quoting #Richard_Nixon at last month’s National Conservatism Conference. The irony of this statement, coming from someone who has boasted of his position as scholar in residence at Ohio State University, is indisputable. But it is important to ask why it is that #Vance, and others of his political ilk, appear so viscerally hostile to higher ed. One piece of the explanation comes from another Republican, George W. Bush, who, speaking of a quite different enemy, famously declared, “They hate our freedoms.”

    (#pawall)

    https://www.chronicle.com/article/the-professors-are-the-enemy

    #ESR #attaque #enseignement_supérieur #université #extrême_droite #liberté_académique #USA #Etats-Unis #ennemis #George_Bush #hostilité

  • Parcoursup est devenu une vitrine publicitaire pour le privé pendant que l’enseignement supérieur suffoque
    https://www.nouvelobs.com/opinions/20250118.OBS99142/parcoursup-est-devenu-une-vitrine-publicitaire-pour-le-prive-pendant-que-

    Alors que pas moins de 60 #universités sur 75 pourraient se retrouver en déficit d’ici la fin de l’année prochaine, alors que le coût de la vie étudiante augmente, alors que les budgets de la #recherche stagnent ou diminuent irrésistiblement d’année en année, la casse de l’université publique permet le colossal essor de l’#enseignement_supérieur_privé lucratif. Un roc, un pic, un cap, une péninsule : jamais ce secteur n’a été si proéminent et si bien portant, engloutissant tout sur son passage, y compris les #étudiants les plus #précaires qui oseraient s’y aventurer.

    Dans l’ambiance dynamique et pédante des salons d’orientation pour étudiants, les stands (al) loués aux formations privées (qu’elles paient parfois une petite fortune) fleurissent et se multiplient, se mêlant astucieusement aux formations publiques, en en arborant les mêmes insignes et les mêmes sigles, ne formant qu’un immense essaim d’hypothèses de chemins de vie, dans lequel il est de plus en plus aisé de se faire piquer. Les formations privées les plus obscures dépensent une petite fortune pour être présentes à ces salons, tout comme elles le font sur la plateforme de désorientation et de sélection qu’est #Parcoursup.

    En quatre ans, le nombre de formations privées a doublé, passant de 4 992 formations en 2020 à 9 298 aujourd’hui. Le nombre de formations publiques n’a, quant à lui, augmenté que de 15,3 % au cours de la même période. Entre la surreprésentation aux salons d’orientation et la mise en valeur ostentatoire par Parcoursup, les résultats ne se sont pas fait attendre. Un quart des étudiants est inscrit dans un établissement d’enseignement supérieur privé.
    Rassurons-nous collectivement : les étudiants n’y sont pour rien. C’est, comme toujours, l’Etat qui organise minutieusement et financièrement la casse du public, et l’essor collatéral du privé, en oubliant sur son passage la nécessité de contrôle, l’impératif de pédagogie, la probité, l’intégrité académique, au bénéfice du profit, des grosses entreprises, et de la casse tant attendue de l’université privée [coquille ?] par les libéraux. Parcoursup est devenu une vitrine publicitaire pour le privé, prospérant sur fond de laisser-faire et d’absence de contrôle gouvernemental.

  • Remous au #CNRS autour du projet de création de labos d’excellence
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/01/20/remous-au-cnrs-autour-du-projet-de-creation-de-labos-d-excellence_6506714_16

    Remous au CNRS autour du projet de création de labos d’excellence
    Suite à l’annonce de la création des « Key Labs » , le 12 décembre, par Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, une motion de défiance appelant à leur « arrêt immédiat » et à la démission du PDG a recueilli près de 5 000 signatures.

    Le #PDG du CNRS, #Antoine_Petit, est en train de se mettre à dos les employés de l’organisme, les directeurs de laboratoire et même ses partenaires universitaires. Le 12 décembre 2024, à la convention des directrices et directeurs d’unités, représentant plus de 800 laboratoires, il a surpris l’audience en annonçant la création d’un nouveau label, les « CNRS #Key_Labs ».

    Ce statut, accordé à environ 25 % des unités (soit 46 % des personnels CNRS), vise à « faire porter un effort particulier sur un nombre plus restreint d’unités, celles qui peuvent légitimement prétendre à être qualifiées “de rang mondial” ». Au conseil d’administration du CNRS du 20 décembre, un document sur la stratégie jusqu’en 2028 précise qu’il s’agit « d’aider les très bons à devenir encore meilleurs ». Le PDG a également expliqué que « cette priorité ne signifie pas exclusivité », c’est-à-dire que le CNRS n’abandonnera pas les 75 % des #unités non labélisées.

    La précision n’a pas rassuré. Dès le 20 décembre, France #Universités, principal partenaire du CNRS dans ces unités, qualifiées de « mixtes » car en cotutelle entre l’organisme et les universités, a exprimé son « désaccord face aux annonces unilatérales faites par le CNRS ». « Désaccord total » réitéré dans un communiqué, le 17 janvier, malgré une réunion avec Antoine Petit. Une motion de défiance appelant à l’« arrêt immédiat » des Key Labs et à la démission du PDG a recueilli plus de 5 200 signatures. Selon un sondage réalisé par l’Association des directions de laboratoires (ADL), près de 80 % des 428 répondants sont contre la mesure. Le principal syndicat, le Syndicat national de la #recherche_scientifique (SNCS-FSU), a également dénoncé, le 18 décembre, cette « politique destructrice ».

    « Dans le dos des #personnels »
    Deux critiques sont faites. D’abord, sur la méthode. Les universités n’ont été prévenues que la veille au soir, par courriel, avec consigne de « ne pas rendre publique cette annonce ». Lors de la convention, tout le monde a compris que la liste, encore confidentielle, était déjà arrêtée, avec possibilité d’aménagements à la marge. La motion de défiance ainsi que les communiqués syndicaux rappellent aussi qu’aucune instance consultative n’a été informée, alors que la collégialité et l’évaluation par les pairs (pour juger de l’« excellence » scientifique) sont clés dans ces communautés. « On n’y comprend plus rien dans les réformes : Agences de programmes, Programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR), Key Labs… Tout ça se fait dans le dos des personnels. Il faut changer de méthode », souligne Boris Gralak, secrétaire général du SNCS-FSU qui, le 17 janvier, a appelé à une conférence nationale pour « proposer une organisation de la recherche qui soit partagée par l’ensemble des personnels ».

    « Il était normal d’élaborer en interne ce concept, ne serait-ce que pour assurer la cohérence entre disciplines, rappelle au Monde Antoine Petit. Maintenant, nous discutons avec nos partenaires et différentes instances. » Des réunions sont prévues, le 27 janvier avec le conseil scientifique du CNRS, le 29 avec les organisations syndicales, et le 30 avec l’ADL.

    Sur le fond, ensuite, le principe des vases communicants inquiète. « Donner plus à 25 % des labos, ce sera moins pour les 75 % restants », rappelle Boris Gralak. « Dire qu’on mise sur les “meilleurs”, c’est dire aux autres qu’ils ne sont pas bons », critique un pétitionnaire. « Cela affaiblit certains groupes, ajoute de la compétition. Personne n’a encore démontré que concentrer les moyens était plus efficace que collaborer, mettre en réseau ou échanger », rappelle Valérie Boussard, sociologue et coprésidente de l’ADL, qui a convoqué une assemblée générale de ses membres pour discuter des suites à donner à leur sondage. La vision de laboratoires égalitairement dotés est évidemment fictive. Trois mille unités de recherche n’ont pas le CNRS en tutelle. Antoine Petit, en 2019, avait déjà créé une polémique en souhaitant une loi de programmation « inégalitaire » pour la recherche. Parmi les futurs Key Labs, certains sont déjà très « accompagnés ».

    Les moyens financiers ne sont pas vraiment en jeu, car ceux-ci proviennent majoritairement des appels d’offres auxquels répondent les chercheurs, et pas tant des tutelles. Les moyens humains, recherche et soutien, sont en revanche plus critiques. Antoine Petit a prévu que dans cinq ans, près de 55 % des personnels CNRS appartiendront à ces Key Labs – soit dix points de plus qu’aujourd’hui. A recrutement constant, cela fera moins de postes pour les labos n’ayant pas ce label, moins de personnel de soutien, moins d’étudiants attirés… Ce qui fera « péricliter » ces labos selon la pétition, dont un des initiateurs diagnostique : « C’est un autosabordage du CNRS par son PDG qui faillit à sa mission. » « C’est infondé de dire que les CNRS Key Labs sont une réponse à la pénurie de moyens, dont je dis souvent qu’elle est préjudiciable au pays, ajoute Antoine Petit. Le dispositif doit renforcer la France sur une scène internationale où la compétition est féroce. Il n’y a aucune raison que cela crée une catastrophe. »

    Lire aussi | Frédéric Restagno : « Alors, je ne suis pas un bon chercheur ! »

    Lire aussi la tribune : « Le darwinisme social appliqué à la recherche est une absurdité »

    #David_Larousserie

  • Essor de l’#enseignement_privé, asphyxie des #universités : l’Etat joue contre son camp

    Mathis d’Aquino, doctorant à Sciences Po Bordeaux, estime que les pouvoirs publics doivent cesser de financer l’offre d’enseignement supérieur privée et de placer les universités dans une situation financière intenable.

    La chronique de fin d’année 2024 sur les aides à l’embauche d’apprentis1 soulève des interrogations quant au financement de l’enseignement supérieur privé. Depuis la réforme de 2018 sur l’#apprentissage, le secteur privé lucratif du supérieur connaît une croissance exponentielle, portée par la création massive de #centres_de_formation_d’apprentis (#CFA), captant les fonds publics de l’apprentissage.

    Soutenues par un cadre législatif aussi libéral qu’obsolète, ces écoles jouissent d’une agilité déconcertante, là où les #universités_publiques subissent une #rigidité_structurelle. Le privé se déploie très vite, sur des niches sectorielles qui s’étendent du design jusqu’au droit.

    Mais ce « succès » repose sur une demande artificielle créée par des dispositifs marchands, et sur un soutien de l’État dont il est difficile de comprendre les justifications.

    Les #écoles_privées s’insèrent en effet dans un maquis informationnel, où l’#opacité devient une stratégie. La recherche empirique que j’ai menée à Bordeaux entre 2023 et 2024 révèle que familles et étudiants peinent à distinguer les degrés de reconnaissance d’une formation.

    Certaines écoles vendent comme « #diplôme_d’Etat » de simples titres #RNCP [#Répertoire_national_des_certifications_professionnelles, NDLR.], alors que ces derniers ne sont qu’une #certification par le ministère du Travail de l’adéquation entre la #formation et les #besoins_économiques à un instant T, sans contrôle de la qualité des enseignements délivrés.

    De même, les établissements privés jouent du halo terminologique qui entoure les noms des diplômes, comme « Bachelor » (terme non réglementé) ou « Mastère », jouant clairement sur l’ambiguïté avec le « Master » délivré par les universités publiques et reconnu, lui, par l’État. Malheureusement pour les étudiants qui peinent – légitimement – à s’y retrouver, un petit « e » en plus, ce sont de grandes opportunités en moins.

    Au-delà de cette #confusion délibérément entretenue, les stratégies de captation versent parfois dans la #publicité_mensongère. En 2023, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a mis en lumière l’usage illégal de mentions telles que « #licence » ou « #master », facilement observable dans les #salons_d’orientation et sur Internet.

    Ces salons eux-mêmes, prétendument conçus pour éclairer les familles, deviennent des vitrines biaisées où les écoles lucratives sont surreprésentées. Ils sont devenus un véritable maquis d’où les familles ressortent désorientées, ce qui est un comble.

    Discours trompeurs

    Il est d’autant plus difficile de s’y retrouver que les établissements privés développent un discours transformant leurs vices en vertus. L’absence d’un corps professoral permanent, remplacé par des intervenants qui font quelques tours et puis s’en vont, est ainsi valorisée comme une marque de #professionnalisation, masquant en réalité une incapacité à recruter et maintenir des enseignants qualifiés.

    Plus généralement, les écoles privées s’approprient le discours dominant sur « l’#employabilité » (relayé par les pouvoirs publics) en proposant des formations en #alternance rendues « gratuites » grâce aux #aides_publiques. Dans un contexte de réduction des aides à l’embauche d’apprentis, la contraction des offres de contrat d’apprentissage va rendre cette promesse de « gratuité » plus difficile à tenir, exigeant des étudiants et de leurs familles qu’ils redoublent de vigilance.

    De la même façon, l’argument du recrutement « hors #Parcoursup » masque leur incapacité à répondre aux critères de la plate-forme d’accès à l’enseignement supérieur, tout en jouant sur les peurs et imaginaires des étudiants. Mais aujourd’hui ces établissements créent des alternatives telles que #ParcoursPrivé, revendiquant un rôle d’#anti-Parcoursup, tout en mimant son modèle.

    Dépendance aux #subventions_publiques

    Dernier ingrédient pour assurer au privé un avenir radieux : l’injection de #subventions. La loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » de 2018 a conduit à une explosion du supérieur lucratif, en faisant sauter toutes les barrières à l’entrée dans la création d’une école, et en finançant le secteur privé via l’apprentissage.

    Ces écoles, qui derrière des noms rutilants sont souvent des Centres de Formation d’Apprentis (CFA), ne pourraient survivre sans ces aides publiques, qu’elles défendent naturellement avec une ardeur révélatrice. La « réussite » actuelle de la politique d’apprentissage ne dépend que des financements à guichet ouvert, alimentant des profits privés, à l’heure où les #universités sont, elles, assoiffées (d’aucuns diront volontairement ?).

    Une des solutions récemment avancées par les pouvoirs publics était de créer un #label attestant de la qualité des formations. Mais on ne dénombre déjà pas moins d’une trentaine de labels dans le supérieur ! Ce chaos normatif reporte sur les familles la responsabilité du tri, alors qu’elles sont déjà perdues dans cet univers saturé de certifications. L’État a la responsabilité de faire le ménage, y compris au sein des gros groupes (chez qui pantouflent par ailleurs certains architectes de la loi de 2018).

    Ce nettoyage est d’autant plus important qu’en parallèle, les universités publiques, en sous-financement chronique, envisagent de fermer des formations et des campus. Cette #asphyxie_budgétaire accélère la privatisation du supérieur et place l’État dans une position intenable de grand financier du privé et de grand désengagé du public.

    La privatisation de l’#enseignement_supérieur pose de graves questions de #démocratie, de contrôle et de qualité. Par son financement aveugle et sa passivité réglementaire, l’État soutient sur fonds publics un système qui finance des profits privés.

    À l’heure où les universités luttent pour leur survie, il est urgent que l’État reprenne la main : en régulant fermement, en surveillant les pratiques abusives et en soutenant et valorisant ses établissements publics, où la qualité de la formation et de la recherche est assurée.

    L’État doit défendre ses propres établissements, réguler le secteur privé bien au-delà de la simple apposition d’un label, et ne pas faire reposer sur des familles endettées, déçues et désemparées, la #responsabilité de choisir l’incertain.

    https://www.alternatives-economiques.fr/essor-prive-asphyxie-universites-letat-a-contre-emploi-lens/00113661
    #privatisation #ESR #enseignement_supérieur #France #financement #facs #université #régulation

  • L’enseignement supérieur au temps de l’IA...

    J’ai vécu mes premières soutenances « #IA_générative » cette année, c’était une expérience très perturbante. J’en parlerai plus en détail à l’occasion (parce que là : dodo), mais c’était totalement dingue.

    Or donc : dans une UE de master 2, nous demandons aux étudiant.e.s de lire un article scientifique (à choisir dans une liste constituée par nous, les enseignant.e.s).

    Iels doivent le comprendre, et ensuite nous restituer cela sous forme d’une présentation de 10 minutes où iels nous expliquent la problématique abordée, son contexte, l’état de l’art, la méthode proposée, la nature de l’évaluation des résultats, etc.

    Ils ont plusieurs semaines pour faire ça (genre au moins deux mois...)

    Evidemment, il y a toujours de supers étudiant.e.s qui ont tout pigé, sont super clair.e.s, répondent à nos question, et on est content.e.s... et des glandu.e.s qui n’ont pas fichu grand chose, qui ont une compréhension vague et superficielle de l’article, et finissent avec une pas très bonne note, bref, la vie d’enseignant.e.

    J’étais dans l’un des jurys qui a fait passer ces soutenances hier, et on a eu pour la première fois des présentations « systèmes d’IA génératifs » :

    Premier cas : la présentation n’est constitué que de gros blocs de texte (genre 10 lignes par diapo), que l’étudiant.e annone sans même regarder le jury.

    Pendant 10 minutes.

    Aucune illustration issue de l’article (ni de l’architecture du système proposé, du dispositif robotique expérimental utilisé pour les tests, ni des graphes et figures de résultats : rien), juste du texte.

    Et pas n’importe quel texte : juste un résumé très vague, disant à peine plus que le résumé des auteurs en début d’article.

    Le collègue et moi on a passé un très mauvais moment, c’était atroce d’assister à ça.

    Mon hypothèse : la personne n’a pas lu l’article, à demandé à ChatGPT de le résumer en deux pages et a ensuite copié-collé le résultat sur 10 diapos.

    Seule certitude après les questions : cette personne n’avait rien compris du papier.

    Deuxième exemple, et pire truc que j’aie jamais vu dans un tel examen : la présentation IA générative totale !

    Les diapos ont été générées par Gamma, aucun doute là dessus : c’était écrit dans un coin des slides.

    Je vous laisse visiter le site web qui correspond : https://gamma.app/fr

    En gros, vous fournissez du contenu, un système d’IA à la con vous génère des diapos.

    Le rêve humide de tout le middle-management linkedinien.

    Sauf que le contenu fourni devait aussi sortir de plusieurs systèmes d’IA générative :
    Un texte confus, vague, avec les bon mots-clefs mais un peu dans le désordre. Aucune équation, aucun algorithme, juste des fancy bullet points.
    Et des images, des putains d’images, sur chaque putain de diapos. De ces images atroces générées par des systèmes d’IA, avec ce style dégueulasse qu’on reconnait à 100 m.

    Un article scientifique en Intelligence Artificielle, pour celleux d’entre-vous qui n’en sont pas familier, ça regorge de contenu graphique : description du système avec des boîtes et des flèches, algorithme en pseudo-code, courbes de résultats...

    Bref, dans l’exercice dont je vous parle ce soir, il va de soi que ce contenu va être copié et intégré à la présentation, pour appuyer les explications.

    Là non : plein d’images, aucune issue de l’article.

    Et puis des diagrammes à la con, du genre un de ces trucs qui de loin ressemble à 4 axes avec éléments positionnés de manière qualitative, du genre le mème classique ci-dessous.

    Sauf que là les noms des axes ont un vague rapport avec l’article, et les items disposés sont des mots-clefs de l’article, mais qui n’ont aucun rapport avec les axes. Du pur charabia graphique qui sent son IA générative à plein nez.

    Et puis la personne qui parle, en mode linkedin x ChatGPT : les mots sont là, mais pas vraiment dans l’ordre. C’est vraiment comme quand tu demandes à ChatGPT de parler d’un sujet technique que tu connais bien : ça semble, superficiellement, parler du truc, mais rien n’est vraiment vrai, rien n’est clair, des truc à moitiés faux... à croire qu’on nous a envoyé non pas un humain, mais un androïde connecté à internet.

    J’oublie de préciser : sur l’unique diapo qui présente les résultats de l’article, il y a des bullet points (pas clairs, et mentionnant des chiffres dont je ne suis même pas sûr qu’ils soient dans l’article) et...

    ...

    une image générée par une IA représentant un graphe scientifique générique. Je vous le reproduis ci-dessous tellement j’ai halluciné.

    Il y a 10 figures de vrais résultats scientifique dans l’article, mais l’étudiant.e nous colle une fausse figure scientifique.

    Pour... Pour montrer à des scientifiques (nous, dans le jury) à quoi ressemble un graphe scientifique en général ?

    A quoi ça rime ?

    (à rien)

    Démonstration finale qu’on avait bien affaire à un LLM incarné et pas à un humain : doutant sérieusement de la compréhension du papier, et après quelques questions sans réponse, ou avec réponse fausse, je demande : « c’est quoi la fonction schmürz* ? »

    Le schmürz en question, c’est un truc hyper classique, utilisé dans l’article et que l’étudiant.e a mentionné plusieurs fois pendant la présentation confuse qui avait précédé les questions.

    * : cette fonction a demandé à garder l’anonymat

    Là, au lieu de dire juste « je sais pas », l’étudiant.e prend une craie se tourne vers le tableau et écrit « schmürz = » et s’arrête là.

    Comme si écrire ces deux mots allait nécessairement permettre de prédire le prochain item le plus probable et donc de finir l’explication...

    Ces deux spécimens se sont retrouvés dans une série de 4 soutenance vraiment pas terribles, à la pause qui a suivie, mon collègue et moi nous sommes demandés ce qui se passait, si s’en était fini de l’enseignement supérieur, si par hasard c’était pas une caméra cachée... on n’avait jamais vécu un truc pareil.

    https://mastodon.zaclys.com/@LegalizeBrain/113800866669708129

    #IA #AI #intelligence_artificielle #enseignement #université #fac #ESR #mémoires #chatGPT
    #horreur #peur

  • « La fermeture progressive de l’école de psychomotricité de Sorbonne Université n’a pas soulevé la moindre réaction officielle »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/01/07/la-fermeture-progressive-de-l-ecole-de-psychomotricite-de-sorbonne-universit

    Le métier de psychomotricienne et psychomotricien, souvent méconnu du public, est essentiel, au cœur des soins de prévention, d’éducation, de réadaptation et palliatifs. De la petite enfance à la personne âgée, en passant par les adultes en situation de handicap et la psychiatrie, le psychomotricien intervient dans le cadre de handicaps moteurs, sensoriels et cognitifs.

    Pratiquée dans le secteur hospitalier, en libéral et en milieu associatif, la #psychomotricité prend une place croissante dans le parcours des patients en France, d’autant plus dans le contexte d’une augmentation des maladies chroniques, des troubles du développement précoce chez l’enfant et des maladies neurocognitives chez nos aînés. En France, plus de 14 000 psychomotriciens sont en exercice (données au 1er janvier 2022), et il existe 20 instituts de formation en psychomotricité (IFP), dont 6 universitaires.
    Celui de Sorbonne Université est le plus ancien et le plus important, accueillant chaque année plus de 150 étudiants pour une formation professionnalisante de trois ans. En raison de circonstances historiques défavorables, cette formation intégrée à l’université, mais relevant du ministère de la santé, est privée de tout financement depuis plus de dix ans. Seule la région Ile-de-France, se substituant partiellement à l’Etat, a attribué à Sorbonne Université une subvention annuelle couvrant un quart des dépenses indispensables.

    Un investissement national essentiel

    Face aux #restrictions_budgétaires croissantes auxquelles doivent faire face les #universités françaises, notamment du fait de l’absence de compensation des mesures décidées par l’Etat, des coûts énergétiques et des conséquences de l’inflation, la situation n’est plus tenable. Sorbonne Université n’a plus la capacité de subventionner sur ses fonds propres cette formation aux dépens des autres. Consciente de l’impact négatif de cette mesure sur la formation des futurs professionnels et sur l’accès aux soins, elle a dû, à regret, annoncer la fermeture progressive de son école de psychomotricité. Cela n’a pas soulevé la moindre réaction officielle, alors même que l’émoi chez les professionnels, les étudiants et les patients est considérable. Comment en est-on arrivé là ?

    Les priorités politiques en matière d’enseignement supérieur et de recherche ont toujours privilégié les #grandes_écoles, des résultats visés à court terme et les enjeux économiques immédiats, au détriment d’un soutien équitable et durable de la mission scientifique, sociétale et humaine des universités. Nous savons également que la #santé a toujours été considérée comme un secteur qui « coûte et ne rapporte pas », alors même qu’il est vital au sens littéral du terme pour les patients et que des économistes considèrent qu’il s’agit d’un investissement national essentiel.

    Ne pas investir maintenant, c’est la garantie d’avoir des coûts plus élevés demain. La situation est d’autant plus inacceptable que cette anomalie administrative qui perdure vient s’ajouter au financement de l’ouverture de nouvelles écoles ou de places supplémentaires dans d’autres établissements, créant un sentiment d’injustice profond. Nous ne comptons plus les alertes adressées aux ministres et conseillers restées lettre morte.

    L’avenir compromis de notre système de soins

    Il est paradoxal de constater que nos deux ministères (santé et enseignement supérieur) ont mis en place une commission chargée d’étudier l’intégration universitaire des formations paramédicales en s’appuyant sur notre évaluation précise du coût d’un étudiant en psychomotricité ! On finit par se demander si ce défaut de financement public subi ne conduit pas, volontairement ou non, à favoriser les formations paramédicales privées.

    Leurs coûts annuels élevés (de 8 000 à 10 000 euros par an) contraignent les étudiants à s’endetter, les éloignant de fait d’un exercice professionnel à l’hôpital public, alors même que la qualité de la formation privée n’est pas toujours au rendez-vous – comme l’attestent certaines fermetures récentes décidées par l’agence régionale de santé, notamment en Ile-de-France. Les patients peuvent légitimement s’interroger en se remémorant le récent Ségur de la santé dont on leur a tant vanté les effets attendus. C’est oublier les angles morts de cette feuille de route, qui a négligé les enjeux fondamentaux de la formation et de la recherche en santé, compromettant ainsi l’avenir de notre système de soins.

    La situation politique instable actuelle et l’endettement de la France n’aident pas à prendre les bonnes décisions, au moment où la plupart des universités annoncent un déficit budgétaire sans précédent. La fermeture progressive contrainte de l’institut de formation en psychomotricité de Sorbonne Université illustre ce qui risque de survenir pour d’autres formations dans de nombreuses universités.
    Priver l’université des financements nécessaires, c’est détériorer la formation des générations futures et notre capacité d’innovation, c’est hypothéquer l’avenir. Priver les facultés de santé des financements nécessaires à la formation des soignants, c’est aggraver les difficultés d’#accès_aux_soins déjà fortement présentes en France, et appauvrir le travail pluridisciplinaire nécessaire à une offre de #soins compétente, individualisée et empathique. Face à ce fiasco annoncé, une réaction salvatrice des pouvoirs publics s’impose !

    Bruno Riou (doyen de la faculté de santé, Sorbonne Université) et Nathalie Drach-Temam (présidente de Sorbonne Université)

    #enseignement_supérieur_privé

  • UK university drops #Elsevier deal

    #Surrey says Jisc-negotiated deal “not sustainable in the current financial climate”

    The #University_of_Surrey has opted out of a subscription deal with the academic publishing giant Elsevier, saying the arrangement is not financially sustainable.

    The move, coming after the University of Sheffield cancelled its subscription deal with Elsevier, further spotlights how the crisis in university finances is beginning to impact on universities’ subscription deals with publishers—and on the publishing industry.

    Surrey had been part of arrangements negotiated by #Jisc, which negotiates publisher deals on behalf of the UK’s higher education sector and other partners. A spokesperson for Elsevier told Research Professional News that it currently has an agreement with over 150 institutions in the UK, and that the publisher was “delighted” to have Jisc “as customers going into 2025”.

    However, a spokesperson for Surrey told RPN that the university continuously reviews all it commercial subscriptions for value for money, and had concluded that the Jisc-negotiated ‘Read and Publish’ deal with Elsevier was “not sustainable in the current financial climate”.

    “We will continue to subscribe to the most-used individual Elsevier journal titles and will enable our students and researchers to read articles via post-cancellation access to previous subscribed content, via open access and via inter-library loans,” the spokesperson said.

    “We also look forward to continuing to work with Jisc and with publishers on future publishing deals which are financially sustainable, open, transparent and equitable.”

    RPN understands that publication by Surrey researchers in Elsevier journals will not be affected by the move.

    Last month, the Sheffield cancelled its Jisc-negotiated subscription deal, citing concerns over the “sustainability of the current commercial scientific publishing model”. A spokesperson for Sheffield also said publication for its researchers would be unaffected.

    An Elsevier spokesperson said it was “aware of the difficult financial conditions some institutions are under”, adding the company has “worked closely with Jisc to provide relief, and we’ll continue to work with them on a case-by-case basis to support UK institutions”.

    https://www.researchprofessionalnews.com/rr-news-uk-universities-2025-1-uk-university-drops-elsevie
    #édition_scientifique #UK #Angleterre #Elsevier #recherche #université #résistance #abandon #abonnement #arrêt #coût #prix

    –-

    ajouté à la métaliste sur la #publication_scientifique :
    https://seenthis.net/messages/1036396

  • The costs of competition in distributing scarce research funds

    Research funding systems fundamentally influence how science operates. This paper aims to analyze the allocation of competitive research funding from different perspectives: How reliable are decision processes for funding? What are the economic costs of competitive funding? How does competition for funds affect doing risky research? How do competitive funding environments affect scientists themselves, and which ethical issues must be considered? We attempt to identify gaps in our knowledge of research funding systems; we propose recommendations for policymakers and funding agencies, including empirical experiments of decision processes and the collection of data on these processes. With our recommendations, we hope to contribute to developing improved ways of organizing research funding.

    https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2407644121
    #compétition #recherche #université #ESR #projets_de_recherche #financement #coût #excellence #néo-libéralisme #financements_par_projets

  • #Publish_or_perish”. Per ridere e riflettere sul mondo accademico

    Il gioco inventato da #Max_Hui_Bai è una satira ma anche un modo per far emergere le difficoltà dei ricercatori per stare al passo con le tempistiche di pubblicazione. Con la speranza che la loro condizione possa migliorare.

    “Benvenuti nella vita caotica dell’editoria accademica. In questo gioco, sei un ricercatore senza prospettive che cerca di fare l’unica cosa che conta: sfornare pubblicazioni, velocemente”. Sono le premesse del gioco da tavolo “Publish or perish. Un party game umoristico sulla pubblicazione accademica” realizzato e prodotto da Max Hui Bai, ricercatore e psicologo sociale indipendente, in cui i giocatori si danno battaglia a colpi di citazioni, pubblicazioni, workshop e convegni per prevalere come ricercatori e studiosi di successo. Un’occasione per divertirsi ma anche per riflettere sulle difficoltà affrontate ogni giorno da chi lavora nel mondo accademico. E forse portare a un cambiamento.

    “Il termine ‘Publish or perish’ si usa per indicare il fatto che, se si vuole sopravvivere nel mondo accademico, la valuta più importante è la quantità di articoli e ricerche che si riescono a produrre -racconta Max Bai ad Altreconomia-. Devi avere molte pubblicazioni, idealmente su riviste prestigiose. Ma allo stesso tempo un lavoro accademico può richiedere molto tempo e risorse e non sempre portare ai risultati sperati”. Può capitare che uno studioso resti bloccato per molto tempo in un lavoro i cui risultati non siano utilizzabili ma in quello stesso periodo di tempo sarà giudicato dal mondo accademico sul numero di pubblicazioni e di citazioni ottenute. Ma che cosa succede a chi non riesce a stare al passo con le tempistiche di pubblicazione richieste? “Si va incontro a una lenta ‘morte accademica’, cioè si avrà difficoltà a ottenere fondi e finanziamenti, avanzare nella propria carriera o ottenere una posizione di successo”, prosegue Bai. Un problema che è stato aggravato dalla pandemia da Covid-19. “Il settore universitario e della ricerca è stato colpito duramente ma non in modo uniforme. Le facoltà e gli studiosi che disponevano di maggiori risorse sono stati in grado di superare meglio questa crisi, ma chi non aveva questi fondi ha avuto forti difficoltà a pubblicare”.

    Lo scopo del gioco è proprio questo: ottenere il maggior numero possibile di citazioni attraverso la pubblicazione di articoli scientifici dai titoli bizzarri e improbabili come “Pattern di procrastinazione nel mondo accademico: un caso studio su me stesso”. Ricevendo in cambio citazioni, premi e recensioni. I giocatori possono accumulare riconoscimenti ma anche ostacolarsi a vicenda e allearsi. Fintanto che il giocatore con più riconoscimenti accademici non verrà eletto vincitore.

    Max Bai ha avuto l’idea di sviluppare “Publish or perish” durante una serata di giochi di ruolo tra colleghi. Il ricercatore si è reso conto che anche la vita accademica aveva aspetti interessanti e che potevano diventare oggetto di satira. Il gioco infatti contiene diversi elementi parodistici. Ad esempio le regole impongono che quando un giocatore “pubblica una ricerca” gli altri partecipanti gli devono tributare un applauso e fargli i complimenti. E chi non lo fa riceve una penalità.

    Chi ha potuto provare il gioco in anteprima ha espresso pareri per lo più favorevoli. Un successo sottolineato anche dalla campagna di raccolta fondi sul sito Kickstarter che ha raccolto oltre 260mila dollari (al 16 ottobre) su un obiettivo base di cinquemila. “Le persone hanno apprezzato il gioco per diversi motivi: alcuni accademici ne hanno visto una satira del loro mondo, altri un modo per comunicare a persone esterne le loro difficoltà quotidiane -prosegue Bai-, e alcuni hanno semplicemente apprezzato i quiz e le curiosità scientifiche proposte”. Infatti tra le carte del gioco ve ne sono ben cento che contengono domande a risposta multipla su curiosità scientifiche e di cultura generale (lo sapevate che il cervello è l’organo più grasso del corpo umano e che i polpi hanno il “sangue blu”?) a cui i giocatori possono rispondere per ottenere bonus.

    Lo scopo di “Publish or perish” però non è solo quello di divertire ma anche di lanciare un messaggio e denunciare una situazione che per molti sta diventando sempre più insostenibile. Un primo passo, secondo il ricercatore, consiste proprio nel superamento di un sistema che porta gli studiosi a essere valutati esclusivamente in base alle loro pubblicazioni. Dando maggior risalto ad altre attività e finalità che si possono intraprendere, al di fuori della ricerca, come iniziative sociali o attività di tutoraggio accademico.

    “Ho creato questo gioco anche per fare in modo che le persone che lo usano si fermino a riflettere sulla realtà del mondo accademico e magari fare qualcosa per cambiarlo -conclude il ricercatore-. Anche se so che questo gioco non avrà impatti rivoluzionari spero che spinga a dedicare più tempo alla riflessione e che infine porti il mondo accademico a cambiare in meglio”.

    https://altreconomia.it/publish-or-perish-per-ridere-e-riflettere-sul-mondo-accademico
    #édition_scientifique #ESR #recherche #université
    #jeu #satire #publications #citations #impact_factor #H-index

  • Le #doctorat, une période propice aux #violences_sexistes_et_sexuelles selon un #rapport
    https://radioparleur.net/2024/12/20/le-doctorat-une-periode-propice-aux-violences-sexistes-et-sexuelles-se

    Il faut le crier haut et fort, les violences sexistes et sexuelles sont présentes dans tous les milieux. Elles ne sont pas exemptes du milieu doctoral, comme le montre une #enquête de l’Observatoire des Violences Sexistes et Sexuelles dans l’Enseignement Supérieur publiée le 16 décembre 2024. Une enquête sur les violences sexistes et sexuelles […] L’article Le doctorat, une période propice aux violences sexistes et sexuelles selon un rapport est apparu en premier sur Radio Parleur.

    #Au_fil_des_luttes #Carousel_1 #L'actu_des_luttes #enseignement_supérieur #Féminisme #harcèlement #recherche #université

  • L’Europe peine à enrayer la fuite des cerveaux
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/12/18/l-europe-peine-a-enrayer-la-fuite-des-cerveaux_6454837_3234.html

    L’Europe peine à enrayer la fuite des cerveaux
    Par Eric Albert, Anne-Françoise Hivert (Malmö (Suède), correspondante régionale), Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) et Hélène Bienvenu (Varsovie, correspondance)
    Lors de sa dernière saison de recrutement, entre janvier et mars, la prestigieuse école d’économie de Toulouse (Toulouse School of Economics, TSE) a offert des postes à six brillants jeunes économistes, qui venaient de finir leur thèse et commençaient leur carrière de chercheur. Elle a essuyé six refus. Deux ont préféré rejoindre le secteur privé aux Etats-Unis. Quatre ont filé dans d’autres universités, essentiellement étrangères. « C’est dur », reconnaît Jean Tirole, Prix Nobel d’économie 2014 et président honoraire de la TSE.
    L’école d’économie, qui se bat depuis sa fondation en 2007 pour créer un pôle d’excellence, aujourd’hui seizième mondiale de sa catégorie dans le célèbre classement des universités de Shanghaï, déploie pourtant des efforts exceptionnels au regard des standards français. Au lieu du salaire débutant de professeur assistant, autour de 35 000 euros annuels, elle propose une rémunération de 72 000 euros, grâce notamment à des cofinancements de grandes entreprises et à des bourses d’excellence de l’Union européenne (UE).
    Mais cela n’est rien au regard des ponts d’or déroulés par les établissements anglo-saxons. « Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, il n’est pas rare de voir des offres à 250 000 dollars [238 000 euros] ou 300 000 dollars par an, souligne Christian Gollier, le directeur de la TSE. On peut danser sur la tête, ça ne changera pas grand-chose : il suffit de regarder les chiffres pour comprendre le phénomène. »
    En mauvaise posture
    Celui-ci est symptomatique de l’un des grands handicaps dont souffre l’Europe, à l’heure où l’activisme industriel chinois et la puissance économique américaine mettent à mal sa compétitivité. Certes, l’énergie chère, les difficultés de financement des entreprises et la faiblesse de l’innovation la lestent, comme l’a souligné l’accablant rapport remis par Mario Draghi, l’ancien président de la Banque centrale européenne, en septembre. Mais elle est aussi en mauvaise posture dans la grande bataille que se livrent les continents pour attirer les meilleurs chercheurs au monde. « On a quand même un problème, explique M. Tirole. Les étudiants qui ont fait Normale-Sup ou Polytechnique, qui sont parmi les plus brillants et les plus entreprenants de leur promo, et dont les études furent payées entièrement par l’Etat, s’empressent d’aller vivre aux Etats-Unis. Nous sommes incapables de les retenir. »
    Cette concurrence pour attirer les cerveaux ne concerne pas seulement les labos de recherche. Elle fait aussi rage du côté des entreprises, qui cherchent à recruter les profils les plus brillants, quelle que soit leur origine. Outre-Atlantique, 55 % des quelque 500 licornes (entreprises non cotées valant plus de 1 milliard de dollars) du pays ont été créées par des immigrés, selon une étude de la National Foundation for American Policy, un centre de réflexion. Le taux atteint deux tiers en comptant les enfants d’immigrés. L’étude cite notamment Stripe, une entreprise de paiements en ligne créée par des Irlandais, Discord, une plateforme de communication prisée des fans de jeux vidéo, inventée par un Ukrainien, ou encore Biosplice, une société de biotechnologie fondée par un Turc. Elle ajoute aussi SpaceX, l’entreprise spatiale gérée par Elon Musk, né en Afrique du Sud. Au total, sur 500 licornes, 66 ont été créées par des Indiens et 54 des Israéliens, mais on trouve aussi 27 Britanniques, 18 Français et 15 Allemands.
    « Retenir et attirer les talents est un enjeu majeur, confirme l’économiste Camille Landais, un Français lui-même basé à la London School of Economics. On a une littérature économique très riche qui, en étudiant les précédents historiques, montre que les grands talents scientifiques ou les grands innovateurs produisent des retombées économiques importantes. » Il cite l’exemple de la fuite des juifs européens vers les Etats-Unis avant la seconde guerre mondiale, qui contribuèrent grandement à l’innovation dans leur pays d’accueil, notamment en physique et en chimie. A l’exemple d’Albert Einstein.
    L’Europe est-elle en train de perdre ses cerveaux au profit des Etats-Unis ? Les spécialistes du sujet se montrent prudents, tant il est complexe. Les statistiques sont notoirement imprécises, la notion de « cerveau » n’étant pas simple à définir. Parle-t-on des thésards ? Des meilleurs chercheurs ? Faut-il inclure les entrepreneurs ? Les cadres supérieurs ? Marie Sautier, une chercheuse suisse qui fait sa thèse sur la question des parcours internationaux des chercheurs, note que le taux de départ des docteurs européens (ceux qui ont une thèse) est stable depuis les années 2010 : environ 20 % s’envolent vers les Etats-Unis.
    Bien sûr, un passage par l’étranger est un incontournable pour les chercheurs de haut vol. « En France comme aux Pays-Bas, les postdocs font souvent face à une double injonction : internationaliser leur trajectoire en allant à l’étranger, mais, dans le même temps, conserver un réseau et un ancrage local », continue Mme Sautier. Elle préfère parler de « brain circulation » (« circulation des cerveaux ») plutôt que de fuite.
    Camille Landais s’en veut l’un des exemples. Il a fait sa thèse sous la direction de Thomas Piketty à la Paris School of Economics, puis est passé par Berkeley et Stanford, aux Etats-Unis, avant de s’installer au Royaume-Uni en 2012. Aujourd’hui, il est en France deux jours par semaine, où il est président délégué du Conseil d’analyse économique, un organisme rattaché au premier ministre. Le reste du temps, il est à Londres, où il enseigne à la London School of Economics. Comme lui, la plupart des économistes français à renommée internationale sont passés par les Etats-Unis, pour le meilleur. « Le développement actuel des grands centres français d’économie en a bénéficié. Jean Tirole était au MIT [Massachusetts Institute of Technology, de 1984 à 1991], avant d’aller à Toulouse. Pareil avec la Paris School of Economics, quand Daniel Cohen, qui avait passé du temps à Harvard, est rentré [l’économiste, mort en 2023, a été l’un des cofondateurs de l’école]. Thomas Piketty est aussi revenu du MIT. »
    Tout l’enjeu est donc d’offrir des conditions suffisamment attrayantes pour donner envie à ces cerveaux de revenir – mais aussi, pour en attirer d’autres. Or, en la matière, la France, comme nombre de ses voisins européens, peut mieux faire. Et ce n’est pas seulement une question d’argent. « En Italie ou en France, un peu plus de 20 % des chercheurs évoquent leur départ comme une mobilité forcée, contrainte par les normes pesantes de carrière ou l’absence d’alternative locale, contre moins de 3 % au Royaume-Uni », note Mme Sautier. Le manque de postes de chercheurs après la thèse, qui implique de longues années de précarité, pousse à l’expatriation.
    Une étude de la Commission européenne de 2020 indique que les pays les plus touchés par la fuite des cerveaux sont la Grèce (environ 6 arrivées de chercheurs en Grèce pour 10 départs) et l’Italie (7 pour 10). La France connaît aussi un taux de départs net (un peu plus de 9 arrivées pour 10 départs). L’Allemagne équilibre à peu près les flux, le Royaume-Uni connaît un taux légèrement positif. Mais les grands gagnants, sans surprise, sont les Etats-Unis, avec plus de 12 arrivées pour 10 départs.
    Dans les sciences dures, la liste des prix Nobel récemment attribués à des Français donne une idée de l’ampleur des départs. Anne L’Huillier, Prix Nobel de physique en 2023, vit en Suède depuis les années 1980. Pierre Agostini, colauréat la même année, est parti à l’université d’Etat de l’Ohio après sa retraite en 2002 ; Emmanuelle Charpentier, Prix Nobel de chimie en 2020, est installée en Allemagne, étant passée notamment par les Etats-Unis…
    Une tendance comparable apparaît dans les mathématiques, pourtant une spécialité française. Pour mesurer le phénomène, Martin Andler, un mathématicien, s’est penché sur le congrès international des mathématiciens, qui a lieu tous les quatre ans et pendant lequel est remise la médaille Fields, le prix le plus prestigieux de la discipline. A chaque fois, près de 200 mathématiciens sont invités à présenter leurs travaux. En 2014, 31 Français ou étrangers résidants en France avaient eu cet honneur. « Depuis, sept d’entre eux sont partis s’installer à l’étranger », constate-t-il. Plus inquiétant, le flux s’accélère, selon lui : « En 2014, la France était encore légèrement attractive dans le domaine des mathématiques. Depuis, le solde est devenu négatif. »
    Cette tendance n’a pas toujours été aussi nette. Dans les années 1990, quand Jean Tirole a accepté l’invitation de rentrer en France de son ami économiste Jean-Jacques Laffont, qui venait de créer ce qui deviendra la TSE, il enseignait au MIT : « A l’époque, les écarts de salaires avec les Etats-Unis étaient plus faibles. » Depuis, l’envolée des rémunérations américaines s’explique en grande partie par l’extrême inflation des droits d’inscription des étudiants. Le résultat est un système très inégalitaire, avec un sérieux problème d’endettement des jeunes Américains – mais qui permet de financer des conditions de travail et des rémunérations exceptionnelles aux enseignants. Impossible de répliquer cela dans une université en France, où les frais d’études sont presque nuls.
    Le directeur de TSE fustige également les lourdeurs des universités françaises, « avec des conseils d’administration qui durent cinq heures pour savoir si on va attribuer 3 000 euros au bureau des étudiants ». Son école est récemment devenue « grand établissement », c’est-à-dire autonome de l’université, lui permettant d’avoir enfin la maîtrise de ses ressources humaines. Et de s’épargner de telles lourdeurs administratives.
    A tout cela s’ajoute le contexte politique. Attirer les cerveaux, c’est aussi permettre une installation facile aux étudiants étrangers, aux talents recrutés par les universités, les start-up et les entreprises, ainsi qu’à leur famille… Or, à travers l’Europe, c’est la crispation générale. Voire, la fermeture. Le 11 décembre, au Pays-Bas, à l’issue de longues tractations entre les partis politiques, le gouvernement a ainsi trouvé un accord pour réduire le nombre d’étudiants étrangers et « néerlandiser » certaines formations, c’est-à-dire réduire le recours à l’anglais. Les populistes du Parti pour la liberté – le mouvement du dirigeant d’extrême droite Geert Wilders qui domine la coalition au pouvoir – en avaient fait l’une de leurs revendications. Le royaume totalise 128 000 étudiants étrangers (dont 4 860 Français) dans ses universités et ses hautes écoles lors de la rentrée 2023-2024, soit 15 % du nombre total d’inscrits, et il espère réduire ce nombre dès 2025.
    Au Danemark, les possibilités de s’installer dans le pays sont de plus en plus restrictives pour les étrangers, même pour les profils de haut vol recrutés à grands frais par les universités et les entreprises. En Hongrie, où le pouvoir autoritaire a réduit l’autonomie des universités publiques, un sondage réalisé en 2024 par les Jeunes chercheurs universitaires (FKA), un collectif affilié à l’Académie hongroise des sciences, a révélé que le quart des doctorants du pays réfléchissaient à chercher un travail à l’étranger.
    On touche ici à l’un des grands défis à venir pour l’Europe : comment concilier ce penchant pour la fermeture, poussé notamment par les formations d’extrême droite, avec la nécessaire ouverture qu’exige la course à la compétitivité ? Camille Landais appelle à une unification des règles européennes d’immigration pour les chercheurs. « Pourquoi est-ce qu’on n’a pas de visa européen pour les talents, par exemple ? » Pour lui, le danger est que chaque pays défende son pré carré, au détriment de l’intérêt du continent : « Il ne faut pas penser au niveau national, mais européen. Même si on peut vouloir qu’il y ait des centres de recherche en Pologne, en Slovénie, en France, dans chaque pays, ce n’est pas forcément la meilleure manière de rationaliser notre offre universitaire et scientifique. » Cela n’en prend pas le chemin.

    #Covid-19#migration#migrant#UE#migrationqualifiee#politiquemigratoire#economie#developpement#universite#sante#etudiant

    • Il n’est tout simplement pas possible pour les organismes publics de lutter quand il s’agit d’aligner des K€.

      Ces niveaux de salaires n’ont socialement aucune justification.

      Quand l’élitisme se mesure en K€, il est rarement le signe d’une excellence académique et bien plus sûrement l’indice d’une connivence de classe, précurseur de la cooptation nécessaire à la conservation du pouvoir.

    • ça rate beaucoup d’éléments il me semble... Par exemple, la fascination pour les US est finie depuis des années ! je vois beaucoup de femmes refuser d’aller faire un postdoc aux US (les statuts de postdocs sont très précaires, y compris parfois sur l’assurance santé). Et tout le monde évoque l’argent... mais, s’il est vrai que ça peut jouer, c’est surtout que la vie hors de France peut être bien plus agréable ! Depuis des années on me fait du pied pour rentrer en France, mais quand je regarde le niveau de vie et les conditions de vie, désolé, mais je reste à Montréal (logement avec jardin sur l’île, déplacement en vélo, bonnes formations pour les enfants, gens agréables, etc). La France ne fait plus rêver quand on va voir un peu ailleurs, désolé... Les étudiant(e)s que j’attire me le confirme (encore plus quand on parle de personnes issues de minorités visibles, qui sont très content de partir de France). Je me souviens aussi d’une discussion avec une étudiante chinoise qui voulait bosser avec moi, mais j’avais juste un financement en France, et quand j’ai proposé une thèse en cosupervision, sur Paris, elle a dit que non. Montréal et le Canada oui, mais Paris, non.

    • et suite au commentaire de @biggrizzly, parler d’argent c’est vite arriver sur la question de la valeur ("Ces niveaux de salaires n’ont socialement aucune justification"). C’est l’argument que j’entends toujours de la part des médecins (ou des universitaires des facultés de médecine, qui ont, en France comme ailleurs, des avantages démesurés par rapport aux autres facultés - on pourrait aussi parler du droit il me semble) sous prétexte de « sauver des vies » (y compris des dermatos ou des orthodontistes qui soignent des acnés juvéniles ou mettent des appareils dentaires à tous les ados CSP+ qui bossent 3 jours par semaine et gagner 4 fois plus qu’un prof d’université « régulier »). Mon point est que demander à quoi ça sert est dangereux... je suis loin d’être le plus à plaindre, mais souvent, je me demande à quoi je sers, oui. Et je me dis que ça ne changerait pas grand chose si je plaquais tout pour avoir un petit métier que j’exercerais avec mes dix doigts...

    • Deux remarques : une concerne une récente interview de Varoufakis rapportant qu’en Grèce, plus de 50% des médecins quittent le pays moins d’une mois après l’obtention de leur diplôme... comment un État peut il tenir sur la durée avec une telle perte sèche ?

      D’autre part, je me rappelle que la TSE avait fait parlé d’elle quelques mois auparavant pour avoir suspendu un prof qui avait parlé de Gaza en cours. Je ne sais pas si ça joue beaucoup dans l’esprit des jeunes diplômés face au salaire, mais connaissant l’engagement de quelques uns d’entre eux, je ne défausserais pas a priori ce type de cause.