• #Recherche : les tours de #passe-passe d’#Emmanuel_Macron

    Le chef de l’Etat s’est targué d’un #bilan flatteur en matière d’investissement pour le monde de la recherche, en omettant des #indicateurs inquiétants et des promesses non tenues, tout en vantant une #concurrence délétère.

    Devant un parterre de plusieurs centaines de scientifiques, le 7 décembre, à l’Elysée, le président de la République, Emmanuel Macron, était à l’aise, volontaire, et « en compagnonnage » avec la communauté académique, comme il l’a confessé. Mais c’est moins en passionné de science qu’en magicien qu’il s’est en fait comporté, escamotant ce qui ne rentrait pas dans son cadre, multipliant les tours de passe-passe, sortant quelques lapins du chapeau, pour aboutir à transformer les flatteries adressées à son auditoire en cinglantes critiques. Au point de faire « oublier » un autre discours célèbre, celui de Nicolas Sarkozy en janvier 2009, qui avait lâché : « Un chercheur français publie de 30 % à 50 % en moins qu’un chercheur britannique. (…) Evidemment, si l’on ne veut pas voir cela, je vous remercie d’être venu, il y a de la lumière, c’est chauffé… »

    Premier tour de magie classique, celui de l’embellissement du bilan. Comme une baguette magique, son arrivée en 2017 aurait mis fin à des années de « #désinvestissement_massif ». Sauf que cela ne se voit pas dans le critère habituel de la part du PIB consacrée en recherche et développement (R&D), qui est restée stable depuis le début du premier quinquennat, à 2,2 %. Les estimations indiquent même une baisse à 2,18 % pour 2022.

    Cela ne se voit pas non plus dans la part des #publications nationales dans le total mondial, dont il a rappelé qu’elle a baissé, sans dire qu’elle continue de le faire malgré ses efforts. Même les annexes au projet de loi de finances pour 2024 prévoient que cela va continuer. Pire, côté bilan, compte tenu de l’inflation, la « magique » #loi_de_programmation_de_la_recherche de 2020 donne en fait des #moyens en baisse aux #laboratoires l’an prochain.

    Avec plus de « réussite », le président de la République a littéralement fait disparaître du paysage 7 milliards d’euros. Il s’agit de l’enveloppe, dont se prive volontairement l’Etat chaque année, pour soutenir la recherche et développement des entreprises – le #crédit_d’impôt_recherche – sans résultat macroéconomique. La part des dépenses de #R&D des #entreprises ne suit pas la progression du crédit d’impôt recherche. Mais il n’est toujours pas question d’interroger l’#efficacité du dispositif, absent de l’allocution, comme celle des mesures sur l’#innovation, le 11 décembre à Toulouse.

    Autre rituel classique des discours, faire oublier les précédents. Le chef de l’Etat l’a tenté à deux reprises sur des thèmes centraux de son argumentaire : l’#évaluation et la #simplification. Dans son allocution de 2023, il regrette qu’en France « on ne tire toujours pas assez conséquence des évaluations », quand en novembre 2019, pour les 80 ans du CNRS, il critiquait « un système mou sans conséquence ». Entre ces deux temps forts, il a nommé à la tête de l’agence chargée des évaluations son propre conseiller recherche, #Thierry_Coulhon, qui n’a donc pas réussi à « durcir » l’évaluation, mais a été nommé à la tête du comité exécutif de l’Institut polytechnique de Paris.

    Il y a quatre ans, Emmanuel Macron promettait également la « simplification », et obtenu… le contraire. Les choses ont empiré, au point qu’un rapport publié en novembre du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur enjoint au CNRS de lancer une « opération commando » pour régler des #problèmes_administratifs, qu’un médaillé d’argent, ulcéré, renvoie sa médaille, et que le conseil scientifique du #CNRS dénonce les « #entraves_administratives ».

    #Violence_symbolique

    L’#échec de la #promesse de simplifier pointe aussi lorsqu’on fait les comptes des « #annonces » concernant le « #pilotage » du système. Emmanuel Macron a prévu pas moins de cinq pilotes dans l’avion : lui-même, assisté d’un « #conseil_présidentiel_de_la_science » ; le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche ; le « ministère bis » qu’est le secrétariat général à l’investissement, qui distribue des milliards jusqu’en 2030 sur des thématiques pour la plupart décidées à l’Elysée ; auxquels s’ajoutent les organismes de recherche qui doivent se transformer en « #agences_de_programmes » et définir aussi des stratégies.

    Au passage, simplification oblige sans doute, le thème « climat, biodiversité et société durable » est confié au CNRS « en lien naturellement avec l’#Ifremer [Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer] pour les océans, avec l’#IRD [Institut de recherche pour le développement] pour le développement durable » ; enfin, dernier pilote, les #universités, qui localement géreront les personnels employés souvent par d’autres acteurs.

    Finalement, le principal escamotage du magicien élyséen consiste à avoir parlé pendant une heure de recherche, mais pas de celles et ceux qui la font. Ah si, il a beaucoup été question des « meilleurs », des « gens très bons », « des équipes d’excellence » . Les autres apprécieront. Le Président promet même de « laisser toute la #liberté_académique aux meilleurs », sous-entendant que ceux qui ne sont pas meilleurs n’auront pas cette liberté.

    Cette #invisibilisation et cette #privation_de_droits d’une bonne partie des personnels fonctionnaires sont d’une rare violence symbolique pour des gens qui, comme dans d’autres services publics, aspirent à bien faire leur métier et avoir les moyens de l’exercer. Ces derniers savent aussi, parfois dans leur chair, quels effets délétères peuvent avoir ces obsessions pour la #compétition permanente aux postes et aux moyens. Et accessoirement combien elle est source de la #complexité que le chef de l’Etat voudrait simplifier.

    La « #révolution », terme employé dans ce discours, serait évidemment moins d’accélérer dans cette direction que d’interroger ce système dont on attend encore les preuves de l’#efficacité, autrement que par les témoignages de ceux qui en bénéficient.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/21/recherche-les-tours-de-passe-passe-du-president-macron_6207095_3232.html
    #ESR #Macron #France #université #facs

  • Loi immigration : la chute dans le vide – RogueESR
    https://rogueesr.fr/20231220-2

    ... une bonne partie des démissions tant annoncées se font encore attendre, y compris à cette heure celle de Mme Retailleau. Si leur dimension symbolique serait appréciable, ces démissions resteraient anecdotiques sur le plan politique tant il est illusoire d’imaginer qu’elles pourraient limiter à elles seules la radicalisation du gouvernement. Au moins sauveraient-elles l’honneur des démissionnaires. 

    Quelques présidences d’universités ont marqué une opposition à la loi dans un communiqué conjoint. On peut douter de sa portée effective si l’on observe la part importante des signataires ayant participé à la mise en place du dispositif cyniquement appelé « Bienvenue en France », dont les événements du 19 décembre confirment qu’il s’agissait d’une répétition générale de l’inscription de la « préférence nationale » dans la loi.

    Or, les conséquences de la loi Immigration adoptée hier sont proprement calamiteuses pour l’Enseignement supérieur et la recherche. Elles seront majeures pour les échanges internationaux et les partenariats avec de très nombreux pays, pour les chercheurs étrangers, et pour tous les étudiants extracommunautaires. Le versement obligatoire d’une caution, l’application impérative à toutes les universités de frais d’inscription astronomiques de 2 770 € en licence et 3 770 € en master ainsi que la suppression des APL conduiront des dizaines de milliers d’étudiantes et d’étudiants à se détourner des universités françaises, de notre pays et de notre culture, désormais perçus comme une terre d’exclusion et non plus d’accueil.

    Nous appelons les conseils des laboratoires, UFR et universités à interpeller nominativement les présidences d’universités et d’organismes sur le virage liberticide en cours, dont nul ne peut douter qu’il conduira tôt ou tard une nouvelle vague d’attaques contre la liberté académique. 

    En particulier, devant le désastre tant de fois prédit, une clarification politique serait la bienvenue de la part des nombreux « acteurs de l’ESR » ayant promu ès-qualités la candidature de M. Macron dès le premier tour de la présidentielle de 2017,[2] a fortiori quand ils ont appuyé son programme depuis lors, en se prévalant du supposé clivage irréductible entre Mme Le Pen et lui.[3] Les auteurs de ces prises de position publiques invoquaient alors leur « liberté d’expression » pour soutenir le gouvernement.[4] Useront-ils aujourd’hui de cette même liberté pour dénoncer la mise en œuvre d’un programme contraire aux principes fondamentaux de l’Université ?

    #loi_immigration #universités #recherche

  • Le conflit israélo-palestinien bouscule les facs américaines
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-transition-de-la-semaine/le-conflit-israelo-palestinien-bouscule-les-facs-americaines-4772312

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/16740-09.12.2023-ITEMA_23578802-2023C49329S0343-21.mp3

    [...]
    Pourquoi l’affaire est-elle remontée jusqu’au Congrès ? "Le soutien très clair en faveur de la Palestine et une difficulté parfois à condamner ouvertement les événements du 7 octobre ont dérangé. L’usage du mot « Intifada » aussi a posé beaucoup de problèmes aux élus du Congrès qui ont demandé à des présidents d’universités d’expliquer l’usage de ce terme."
    [...]

    Et uniquement dans le podcast, vient :

    l’usage de ce terme [intifada] est vu [par les membres du congrès] comme une forme d’antisémitisme

    Le problème dans cette affaire est, me semble-t-il, l’amalgame opéré entre intifada et antisémitisme.

    Un amalgame qui n’est remis en question ni par les directrices d’université (visiblement) ni par les commentateurs, les « spécialistes » et les journalistes. S’agirait-il de la résurgence de nouvelles formes de maccarthysme ?

    • Partant de cet amalgame, l’interview déballe ensuite tranquillement les pires énormités : « appeler au génocide des juifs », référence aux défilés nazis aux USA dans les années 30...

    • quand on trouve pas d’antisémitisme à instrumentaliser, on l’invente. et voilà que les accusé.e.s elleux-mêmês ne récusent pas la prémisse fallacieuse dont relève leur procès...
      au delà de la situation en Palestine, [et puisqu’il s’agit du mot Intifada] c’est toute révolte, tout soulèvement qui sont visés. l’obscurité enveloppe ce monde.

    • Comment la guerre Israël-Hamas a déchiré Harvard
      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/17/comment-la-guerre-israel-hamas-a-dechire-harvard_6206253_3210.html

      Interrogée le 5 décembre sur les débordements antisémites sur les campus, avec ses collègues de Penn University, Elizabeth Magill, et du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Sally Kornbluth, Claudine Gay, 53 ans, est incapable de répondre clairement à la question posée par la représentante au Congrès, la républicaine Elise Stefanik. « Est-ce que l’appel au génocide des juifs viole le code de conduite » des universités en matière de harcèlement et d’intimidation ? « Cela peut être le cas, selon le contexte, comme cibler un individu », répond Claudine Gay, à l’instar de ses deux collègues.

      Obsédées par la défense de leur règlement intérieur sur la liberté d’expression, les trois présidentes restent rivées aux éléments de langage préparés par les juristes. « Cela ne dépend pas du contexte. La réponse est oui, et c’est pourquoi vous devriez démissionner », lance Elise Stefanik. Précision notable : cette représentante trumpiste avait démarré l’audition en assimilant le fait d’appeler à l’Intifada (« soulèvement » en arabe) à celui de « commettre un génocide contre les juifs en Israël et au niveau mondial ». Cette définition toute personnelle, non contestée en séance, a fait basculer le débat du soutien à l’Intifada à la question du génocide.

      https://jpst.it/3vwZp

      La pratique de la critique politique étant désormais durablement colonisée par les milieux universitaires, et cela, en particulier, dans le pays de l’oncle Sam, on en vient à considérer qu’il est plus important de mener des guerres de position que de défendre la rationalité factuelle, quant au fond ; à savoir, la non réfutation de l’amalgame entre « intifada » et « antisémitisme », évoquée dans mon précédent message. Une non réfutation qui pose de sérieux problème sur la capacité de cette personne à mener une méthodologie d’argumentation sur des bases scientifiques, me semble-t-il.

      Le plus important pour ces milieux, n’est visiblement pas la réalité factuelle - en particulier, ce qui se passe en Palestine - mais l’avenir de l’institution universitaire, à savoir :
      1) les profils des membres des directions, (sont-ils représentatifs de la « diversité » ?) ;
      2) le discours qui doit s’y tenir (doit-il y avoir un distinguo entre le discours scientifique des enseignants et la liberté d’expression des étudiants ?) ;
      3) et, surtout, le financement.

      Du rôle des intellectuels ?

    • Harvard Is Ignoring Its Own Antisemitism Experts
      https://jewishcurrents.org/harvard-is-ignoring-its-own-antisemitism-experts?token=5WMIOB4HE85XG

      But while Gay’s letter suggests that the task force will explore what she casts as a worrisome relationship between antisemitism and activism for Palestinian rights, none of its members have conducted scholarly research into this supposed intersection. Most notably absent from the advisory group was Derek Penslar, the director of Harvard’s Center for Jewish Studies and a leading scholar of Zionism and its critics. His acclaimed recent book, Zionism: An Emotional State, includes a chapter entitled “Hating Zionism,” on the different motivations that have driven Zionism’s opponents since its creation. Given the relevance of his scholarship, Penslar would have seemed an obvious choice for the advisory group. But according to four faculty members familiar with Jewish studies at Harvard who requested anonymity to discuss internal university affairs, not only was he not selected, he wasn’t even consulted. One professor compared snubbing Penslar to “creating a task force on AI without consulting the chair of the department of computer science.”
      Why wasn’t Penslar chosen? One likely factor is that he signed the Jerusalem Declaration on Antisemitism (JDA), which states that “criticizing or opposing Zionism” is not necessarily antisemitic. By contrast, most of the people appointed to the advisory group—none of whom have Penslar’s expertise—have made public statements alleging that anti-Zionism is antisemitic, or are affiliated with organizations that hold that view. Though Gay’s email claims that the advisory group is committed to “bringing our teaching and research mission” to bear in the fight against antisemitism, the group’s composition suggests that its members were selected less for their scholarly credentials than for their political beliefs, which align with those of influential donors, some of whom have already withdrawn funding or have threatened to do so.
      The advisory group’s composition suggests that its members were selected less for their scholarly credentials than for their political beliefs, which align with those of influential donors.
      Harvard is not the only university where political considerations have trumped scholarly ones in the wake of October 7th. The presidents of New York University and the University of Pennsylvania have also responded to alumni pressure to define anti-Zionism as Jew-hatred with initiatives designed to validate that view. In so doing, they are not only threatening pro-Palestinian speech; they are undermining their universities’ academic integrity. “Scholars with a more nuanced view of antisemitism know that challenging the activities of a government, or even questioning its legitimacy, is not antisemitism,” Lior Sternfeld, an associate professor of history and Jewish studies at Penn State, told me. “Yet their expertise is rejected or sidelined because it is not what the donors and the Jewish establishment want. They don’t want a more scholarly conversation about antisemitism.”

      Intellectuels, certes, mais avant tout employés jetables d’institutions universitaires dépendantes de fonds privés qui ne financent pas « la critique » mais la reproduction d’une élite. La prise en compte des titres et qualification intellectuelles ou scientifiques en dépend. Les rapports de forces politiques sont au centre du gouvernement de ces facs.

      #universités_américaines #antisémitisme #antisionisme #E-U

      edit

      In addition to Penslar, Harvard boasts Sara Roy, who in addition to being one of the world’s leading experts on Hamas and the political economy of the Gaza Strip, is a child of Holocaust survivors who has written powerfully about how the humiliation she witnessed in Gaza helped her understand her parents’ experience of antisemitism in Europe .

      #uprising #intifada #soulèvement #révolte #université #institutions

    • Que les universités aient pour principale fonction de reproduire les élites (et non de produire une quelconque forme de critique sociale effective), cela ne fait absolument aucun doute pour moi. C’est pour cela que j’ai indiqué que la critique politique était actuellement colonisée par les milieux universitaires, y compris en France où l’on ne manque jamais de faire références à telle ou telle « critique radicale » issue des universités étasuniennes.

    • Non, les universités n’ont pas pour principale fonction de reproduire les élites, sinon il n’y aurait pas 2 millions d’étudiants en France. On parle là d’universités d’élite (qui fabriquent aussi des salariés ordinaires), comme on parlerait ici de grandes écoles ou de filères de luxe (il serait plus que temps d’en finir y compris avec le discours sur les « chiens de garde la bourgeoisie » à propos dune université dont les effectifs se sont massifiés à un tel point). Mais ce n’était pas le point que je soulevais qui était plutôt d’observer comment cette madame Gay, et d’autres, peuvent passer pour complaisants avec l’antisémitisme (attaque des conservateurs) et tout faire, y compris sans aucun scrute intellectuel, jusqu’à exclure la critique du sionisme, pour tenter d’éviter que ce soit le cas, afin de ne pas perdre des postes de « direction » dont les bureaux et CA des universités décident.

    • Ah oui ! faut distinguer « élite » et « élites » ;-)

      Le fait qu’il y ait une massification n’est pas contradictoire avec la finalité de la construction sociale des élites (je maintiens), même si le choix des filières et le placement dans les grandes écoles constituent les critères déterminants.

      Alors, qu’il y ait massification des universités, oui mais combien d’étudiants ne dépassent pas 3 ans d’étude, faute d’avoir les moyens de suivre le parcours complet ? Certaines filières sont si peu valorisée qu’elle ne permettent pas objectivement aux étudiants BAC+5 de rejoindre socialement et financièrement la classe des privilégiés. Oui.

      Que l’université, depuis longtemps, soit aussi cette fabrique de « salariés ordinaires », comme tu le dis, c’est indéniable.

      Pour autant, c’est la même institution universitaire qui (re)produit aussi, en partie, la classe qui détient le pouvoir.

      La classe sociale dominante, qu’on le veuille ou non, est toujours constituée de ces personnes ayant traversé avec succès ces lieux d’apprentissage du pouvoir - notamment, les « bonnes filières universitaires », celles qui sont suffisamment compétitives. Ce sont ces anciens étudiants qui ont été socialement et financièrement en capacité d’aller au terme du « bon » cursus.

      Mais effectivement, dans le sujet qui nous occupe ici, le problème principal n’est pas là. Pour moi, c’est l’attitude pitoyable de ces directions d’université aux USA qui ne sont pas capables de tenir un minimum de rigueur et de cohérence théorique dans leur argumentaire, et cela, uniquement pour continuer de garder leurs postes et le financement des établissements.

    • La présidente de l’université Harvard, Claudine Gay, a démissionné à la suite d’accusations de plagiat et de débordements antisémites sur le campus
      https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/02/la-presidente-de-l-universite-harvard-claudine-gay-annonce-sa-demission-a-la


      La présidente de Harvard, Claudine Gay, lors de son audition devant le Congrès, le 5 décembre 2023. MARK SCHIEFELBEIN / AP

      La présidente de l’université Harvard, Claudine Gay, a démissionné à la suite d’accusations de plagiat et de débordements antisémites sur le campus

      Nommée en juillet, elle était vivement critiquée depuis une audition au Congrès en décembre, au cours de laquelle elle n’avait pas explicitement condamné les appels au génocide des juifs.

      Le Monde avec AP

      Claudine Gay, présidente de l’université de Harvard, a finalement annoncé sa démission, mardi 2 janvier. Cette professeure de sciences politiques, devenue en juillet la première présidente noire de l’université Harvard, située près de Boston, était depuis quelques semaines sous le feu des critiques. Visée par des accusations de plagiat liées à ses travaux universitaires, alimentées par un site conservateur, elle était surtout critiquée depuis une audition au Congrès, sur la lutte contre l’antisémitisme sur les campus, où elle n’avait pas condamné clairement des appels au génocide des juifs.

      « C’est le cœur lourd mais avec un profond amour pour Harvard que je vous écris pour vous annoncer que je vais quitter mon poste de présidente », a déclaré Claudine Gay, 53 ans, dans une lettre de démission publiée mardi. « Il est devenu clair pour moi qu’il est dans l’intérêt de Harvard que je démissionne afin que notre communauté puisse traverser cette période de défi extraordinaire en se concentrant sur l’institution plutôt que sur ma personne », explique-t-elle.

      Depuis l’attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre, suivie de représailles meurtrières de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, le conflit déchaîne les passions dans les universités américaines les plus renommées. Mardi 5 décembre, dans une ambiance tendue, Claudine Gay et ses homologues de l’université de Pennsylvanie (Penn) et du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Elizabeth Magill et Sally Kornbluth, avaient répondu cinq heures durant aux questions d’élus de la Chambre des représentants.
      Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Comment la guerre Israël-Hamas a déchiré Harvard

      Elles avaient notamment été interrogées sans ménagement par l’élue républicaine Elise Stefanik, qui a assimilé les appels de certains étudiants à l’« Intifada » à une incitation à « un génocide contre les juifs en Israël et dans le monde ». Lorsque Mme Stefanik avait demandé si « appeler au génocide des juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard, oui ou non ? », Mme Gay avait répondu : « Cela peut, en fonction du contexte », avant d’ajouter : « Si c’est dirigé contre une personne. » « Si le discours devient acte, cela peut devenir du harcèlement, avait répondu Mme Magill à la même question. C’est une décision qui dépend du contexte. »

      Leurs réponses, devenues virales, avaient provoqué un tollé jusqu’à la Maison Blanche, dont un porte-parole, Andrew Bates, avait jugé « incroyable que cela doive être dit : les appels au génocide sont monstrueux ».

      « Il a été pénible de voir mis en doute ma détermination à lutter contre la haine et à faire respecter la rigueur scientifique – deux valeurs fondamentales qui sont pour moi essentielles – et effrayant d’être soumise à des attaques personnelles et à des menaces alimentées par du racisme », souligne Mme Gay dans sa lettre de démission, appelant la communauté de Harvard à « lutter contre les préjugés et la haine sous toutes ses formes ».

      La deuxième présidente de l’Ivy League à démissionner

      Après son audition au Congrès, Mme Gay avait présenté des excuses, déclarant au journal étudiant The Crimson qu’elle s’était laissée entraîner dans un échange houleux et qu’elle n’avait pas dénoncé correctement les menaces de violence à l’encontre des étudiants juifs. « Ce que j’aurais dû avoir la présence d’esprit de faire à ce moment-là, c’est de revenir à la vérité qui me guide, à savoir que les appels à la violence contre notre communauté juive – les menaces contre nos étudiants juifs – n’ont pas leur place à Harvard et qu’ils ne resteront jamais sans réponse », avait-elle déclaré.

      Cet épisode a entaché le début du mandat de Mme Gay à Harvard et a semé la discorde sur le campus. Plus de 70 parlementaires, dont deux démocrates, ainsi que des anciens étudiants et des donateurs de renom avaient réclamé le départ de Mme Gay. La présidente avait toutefois reçu le soutien de la communauté éducative et avait été maintenue mi-décembre dans ses fonctions.

      Elle devient la deuxième présidente de l’Ivy League, qui rassemble huit universités d’élite, à démissionner. En décembre, Elizabeth Magill, de l’université de Pennsylvanie, avait annoncé son départ face aux pressions.

      La commission parlementaire avait annoncé qu’elle enquêterait sur les politiques et les procédures disciplinaires en vigueur à Harvard, au MIT et à Penn. Des enquêtes fédérales distinctes sur les droits civils ont déjà été ouvertes à Harvard, à Penn et dans plusieurs autres universités à la suite de plaintes déposées auprès du ministère de l’éducation américain.

      « Attaques personnelles »

      L’instance dirigeante de l’université Harvard, qui a accepté mardi la démission de Mme Gay, a salué sa « résilience remarquable face à des attaques continues et profondément personnelles ». « Si une partie de cette affaire a eu lieu de façon publique, une grande partie a pris la forme d’attaques immondes et dans certains cas racistes contre elle via des emails et des appels téléphoniques honteux », précise l’institution dans un communiqué.

      La républicaine Elise Stefanik a de son côté qualifié sur le réseau social X cette démission de « très tardive », assurant qu’il s’agissait du « début de ce qui constituera le plus grand scandale de toute l’université dans l’histoire ».

      « Résilience remarquable » ou esprit de sacrifice, peut importe les mots permettant de décrire une position défensive personnelle qui traduit avant tout la défaite de l’expression politique anticolonialiste et antiraciste - notamment, la cause palestinienne - sur les campus étasuniens, c’est à dire, là où elle est censée (selon ses détracteurs) être la plus répandue et la plus influente. Il ne faudra pas oublier de remarquer le rôle de l’administration politique démocrate dans cette affaire.

  • Caricatural, ultra-politisé : le grand n’importe quoi du nouveau #musée_d'Histoire de #Lyon

    Nous avons visité la nouvelle #exposition_permanente du #musée niché dans le vieux Lyon : un parcours déroutant, regorgeant de lacunes, défendant une vision de l’#histoire_engagée et surtout trompeuse.

    Le jour de notre visite, un dossier de presse le martèle, en #écriture_inclusive : le nouveau parcours du musée d’Histoire de Lyon, qui achevait samedi 2 décembre une réorganisation commencée en 2019, a été « co-construit », aussi bien avec des « expert.es » que des témoins et… « témouines », citoyens anonymes de Lyon. Une des conceptrices du musée le détaille : « On est allé en ville, on a posé des questions aux passants, à des jeunes qui faisaient du skate pour leur demander leur récit de la ville ». Un postulat de départ qui fait sourire autant qu’il inquiète et augure du sentiment qu’on éprouvera pendant toute la visite.

    Celle-ci tient par-dessus tout à s’éloigner de la si décriée approche chronologique. Une première salle « questionne » donc la ville, exposant pêle-mêle des objets touristiques ou sportifs récents (maillot de foot), sans enseignement apparent. Il faudra s’y faire : l’histoire n’est pas vraiment au centre du musée d’histoire. La fondation de la ville est évoquée au détour d’un panneau sur lequel un Lyonnais de l’Antiquité exhibe sa… Rolex. Une farce assumée par le musée, dont les guides nous préviennent que les anachronismes fleuriront tout au long des salles. On se mettrait à rire si le musée n’était pas destiné aux enfants aussi bien qu’aux adultes, avec la confusion que ces erreurs assumées entraîneront chez les premiers.
    L’homme blanc quasi absent de... l’industrie lyonnaise

    Les salles, justement, sont magnifiques dans cet hôtel de Gadagne, bâti au XVIe siècle. Mais l’architecture des lieux ne semble pas devoir nous intéresser : un tout petit cartel pour présenter une cheminée monumentale, puis plus rien. Les objets historiques sont rares et s’effacent au profit de montages photographiques et de récits (tous en écriture inclusive bien sûr) de quatre personnages fictifs censés raconter la ville : trois femmes nées à différents siècles, et Saïd, ouvrier devenu bénévole associatif. À l’étage suivant, une pirogue-vivier datée de 1540 trône quand même, dans une ambiance bleutée : c’est la partie consacrée au Rhône et à la Saône. Quelques (beaux) tableaux figurant des scènes de vie des deux fleuves sont exposés... à quelques centimètres du sol : cette seconde partie est dédiée aux enfants de cinq ans et l’on apprend que deux groupes de maternelle ont été consultés pour la concevoir. Des jeux ont été élaborés avec eux, « sans mauvaise réponse pour ne pas être moralisateurs » et parce que le musée est un avant tout un lieu d’amusement. Nous commençons à le croire.

    La suite de l’exposition permanente, qui aborde le sujet de l’industrie lyonnaise, prend toutefois un tour nettement plus désagréable, voire odieux. Voyons bien ce que nous voyons : une absence quasi totale de référence aux ouvriers masculins et blancs. Un métier à tisser inanimé constitue la seule preuve tangible de l’existence des canuts et une salopette vide accrochée au mur figure le prolétariat du XXe siècle. Une véritable provocation car les ouvrières sont elles bien mises en avant, et surtout les travailleurs immigrés. Le directeur, Xavier de La Selle, avait prévenu : « Le concept de Lyonnais de souche n’a aucun sens. » Un visiteur manquant de recul sortira de cette pièce convaincu que la ville n’a été construite que par le travail de femmes et de maghrébins. Le prisme social de l’histoire aurait pu présenter ici un réel intérêt : il est manipulé pour servir une vision politique qu’on ne peut qualifier autrement que de délirante.

    Et nous ne sommes pas au bout de ce délire : la dernière partie, celle qui vient d’être révélée au public, porte sur les « engagements » des Lyonnais. On entre ici dans un bric-à-brac stupéfiant, synthèse gauchiste assumée faisant de l’histoire politique de Lyon une sorte de grande convergence des luttes. Sur les murs et dans les vitrines, des nuages de mots à peu près tous synonymes de rébellion, des pancartes féministes, un haut-parleur, et même un objet sordide : un fait-tout utilisé par une avorteuse locale, célèbre semble-t-il, qui y stérilisait ses ustensiles médicaux mais y cuisait aussi ses pâtes. Le père Delorme, prêtre connu pour avoir organisé en 1983 une grande marche contre le racisme, est abondamment glorifié. Rappelons qu’en matière de religion, le musée ne nous a toujours pas expliqué pourquoi et quand fut construite la basilique de Fourvière ! L’autre référence au catholicisme dans la ville est celle du Sac de Lyon par les calvinistes, une œuvre de bois peint de 1565 décrivant des scènes de pillage, un bûcher d’objets liturgiques, des moines chassés. Son intérêt historique est toutefois anéanti par le commentaire de notre guide, qui n’y voit « pas du tout une scène violente ».

    Désacralisation du savoir

    À ce stade, le musée d’Histoire de Lyon réussit son pari : il n’est plus qu’un divertissement. On aborde une salle qui couvre à rebours la crise algérienne, la Seconde Guerre mondiale et enfin la Révolution. Cette dernière ne fait l’objet que d’un panneau succinct. Le musée est-il ennuyé de devoir évoquer plus en détail les tendances contre-révolutionnaires de Lyon ? À propos de Joseph Chalier, qui avait mis en place une dictature sanguinaire dans la ville avant d’être renversé par le peuple en 1793, un commentaire : « Certains l’ont considéré comme un martyr de la liberté. » L’homme avait commandé la première guillotine à Lyon et préconisait de l’installer sur le pont Morand afin que « les têtes tombent directement dans le Rhône »... Le principal historien consulté sur cette époque, Paul Chopelin, est entre autres fonctions président de la Société des études robespierristes. Enfin, une galerie des grandes figures de l’histoire lyonnaise conclut ce drôle de parcours. Miracle : il s’y trouve presque autant de femmes que d’hommes. Quitte à ce que la première conseillère municipale féminine y tienne la même place qu’Édouard Herriot, maire pendant près d’un demi-siècle. Pas de portrait de Raymond Barre en revanche, mais une lettre anonyme fièrement disposée, le qualifiant de « peu regretté [maire], qui de toute sa carrière s’est bien peu occupé du sort de ceux que son système économique met de côté ».

    Tirons un bilan positif : il n’est pas donné à tout amateur d’histoire d’expérimenter une telle distorsion, une telle désacralisation du savoir. Aux inventions « pédagogiques » en vogue, pour certaines réussies mais souvent inutiles, le musée d’histoire de Lyon ajoute un militantisme qui laisse pantois, et ignore des pans entiers de l’histoire lyonnaise, ne faisant qu’effleurer le reste. L’équipe du musée est certes enthousiaste, convaincue de bien faire, mais s’est méprise sur la notion d’engagement. Plus qu’une déception, pour une structure qui emploie 50 personnes (et exploite aussi un musée de la marionnette et de guignol, peut-être moins amusant) avec un budget annuel d’environ 3 millions d’euros. Son projet scientifique et culturel, validé par l’État, bénéficie du plein soutien de l’actuelle mairie : le maire Grégory Doucet (EELV) se dit ainsi « admiratif du travail colossal » des équipes du musée d’une ville « profondément humaine, tissée par les lumières du monde ». Un tissu, oui, mais pas vraiment de lumière.

    https://www.lefigaro.fr/histoire/mensonger-ultra-politise-le-grand-n-importe-quoi-du-nouveau-musee-d-histoir

    Mots-clé tirés de l’article et de la vidéo :
    #wokisme #woke #révolution_culturelle_woke #intersectionnalité #affaire_de_Grenoble #militantisme #militants_extrémistes #ségrégationnisme #séparatisme #pride_radicale #non-mixité #genre #panique_morale #anti-wokisme #universalisme #universités #culture #films #imaginaire #civilisation_occidentale #industrie_lyonnaise #woke-washing #engagement #père_Delorme #1983 #Marche_pour_l'égalité_et_contre_le_racisme #planning_familial #catholicisme #racisme_systémique #Sac_de_Lyon #divertissement #Joseph_Chalier #histoire #Paul_Chopelin #militantisme

    Les invité·es :

    1. #Nora_Bussigny, autrice de ce #livre :
    Les Nouveaux Inquisiteurs


    https://www.albin-michel.fr/les-nouveaux-inquisiteurs-9782226476951

    2. #Pierre_Valentin, auteur de ce livre :
    L’#idéologie_woke. Anatomie du wokisme


    https://www.fondapol.org/etude/lideologie-woke-1-anatomie-du-wokisme

    3. #Samuel_Fitoussi :
    https://www.wikiberal.org/wiki/Samuel_Fitoussi
    (et je découvre au même temps « wikilibéral »)
    –-> qui parle notamment du film #Barbie (min 18’30)

    https://www.fondapol.org/etude/lideologie-woke-1-anatomie-du-wokisme

  • Financement des #universités : entre Macron et les présidents d’établissements, les raisons d’une défiance
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/09/30/financement-des-universites-entre-macron-et-les-presidents-d-etablissements-

    Financement des universités : entre Macron et les présidents d’établissements, les raisons d’une défiance
    https://archive.ph/2023.09.30-210209/https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/09/30/financement-des-universites-entre-macron-et-les-presidents-d-etablissements-

    Toutes les études convergent pour constater que les dépenses de l’Etat consacrées aux universités sont en chute libre. Entre 2008 et 2021, le nombre d’étudiants a augmenté de 25 % quand le budget de l’enseignement supérieur a progressé de moins de 10 % (en euros constants), d’où une baisse de 12 % de la dépense par étudiant, a calculé l’économiste Thomas Piketty. Dans le même temps, l’Etat demande aux universités de le suppléer, en payant les frais résultant de l’avancement et des mesures catégorielles qu’engrangent, au cours de leurs carrières, les fonctionnaires que sont les enseignants-chercheurs, soit une manne équivalant à plus de 600 millions d’euros depuis 2012, selon l’association #France Universités.

  • L’élite oligarchique américaine et son impact sur le monde - Chris Hedges

    Elucid (Les crises) : L’élite oligarchique américaine et son impact sur le monde Chris Hedges - Olivier Berruyer

    Chris Hedges est un journaliste américain, lauréat d’un prix Pulitzer. Il a été correspondant de guerre pour le New York Times pendant quinze ans. Reconnu pour ses articles d’analyse sociale et politique de la situation américaine, il a également enseigné aux universités Columbia et Princeton. Dans cette interview par Olivier Berruyer pour Elucid, il propose une critique de ce qu’il appelle « l’élite progressiste » américaine, l’hypocrisie de ses valeurs et son accointance avec les puissances d’argent ("les entreprises"). Il décortique le rôle de cette oligarchie, comment elle a pris le pouvoir et comment elle impacte dorénavant le monde entier.

    La vidéo =>  : https://elucid.media/politique/lelite-oligarchique-americaine-et-son-impact-sur-le-monde-chris-hedges/?mc_ts=crises

    #usa #néolibéralisme #capitalisme #médias #journalisme #universités #censure #chris_hedges #inégalités #guerre #oligarchie

  • Où le #classement_de_Shanghaï mène-t-il l’#université française ?

    Le classement de #Shanghaï, dont les résultats sont publiés mardi 15 août, a façonné une idée jamais débattue de l’« #excellence ». Des universitaires appellent à définir « une vision du monde du savoir » propre au service public qu’est l’enseignement supérieur français.

    Des universités à la renommée mondiale qui attirent les meilleurs étudiants, les chercheurs les plus qualifiés et les partenaires financiers les plus magnanimes : depuis l’avènement des classements internationaux dans l’#enseignement_supérieur, il y a vingt ans, la quête d’une certaine idée de l’« excellence » a intégré le vocabulaire universitaire, jusqu’à se muer en un projet politique.

    En France, en août 2003, la première édition du classement de Shanghaï, qui publie mardi 15 août son édition 2023, a été un coup de tonnerre : ignorant les subtilités administratives hexagonales et la tripartition entre #universités, grandes écoles et organismes de recherche, le palmarès n’avait distingué dans son top 50 aucun des fleurons nationaux. Piqués au vif, les gouvernements successifs se sont engouffrés dans la brèche et ont cherché les outils pour se conformer aux #standards. En 2010, le président de la République, #Nicolas_Sarkozy, avait fixé à sa ministre de l’enseignement supérieur, #Valérie_Pécresse, un #objectif précis : placer deux établissements français dans les 20 premiers mondiaux et 10 parmi les 100 premiers du classement de Shanghaï.

    La loi relative aux libertés et responsabilités des universités, votée en 2007, portait alors ses premiers fruits, présentés en personne par Mme Pécresse, en juillet 2010, aux professeurs #Nian_Cai_Liu et #Ying_Cheng, les deux créateurs du classement. Les incitations aux #regroupements entre universités, grandes écoles et organismes de recherche ont fleuri sous différents noms au gré des appels à projets organisés par l’Etat pour distribuer d’importants investissements publics (#IDEX, #I-SITE, #Labex, #PRES, #Comue), jusqu’en 2018, avec le nouveau statut d’#établissement_public_expérimental (#EPE). Toutes ces tactiques politiques apparaissent comme autant de stigmates français du palmarès chinois.

    Ces grandes manœuvres ont été orchestrées sans qu’une question fondamentale soit jamais posée : quelle est la vision du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche que véhicule le classement de Shanghaï ? Lorsqu’il a été conçu, à la demande du gouvernement chinois, le palmarès n’avait qu’un objectif : accélérer la #modernisation des universités du pays en y calquant les caractéristiques des grandes universités nord-américaines de l’#Ivy_League, Harvard en tête. On est donc très loin du #modèle_français, où, selon le #code_de_l’éducation, l’université participe d’un #service_public de l’enseignement supérieur.

    « Société de marché »

    Pour la philosophe Fabienne Brugère, la France continue, comme la Chine, de « rêver aux grandes universités américaines sans être capable d’inventer un modèle français avec une #vision du savoir et la perspective d’un bonheur public ». « N’est-il pas temps de donner une vision de l’université ?, s’interroge-t-elle dans la revue Esprit (« Quelle université voulons-nous ? », juillet-août 2023, 22 euros). J’aimerais proposer un regard décalé sur l’université, laisser de côté la question des alliances, des regroupements et des moyens, pour poser une condition de sa gouvernance : une #vision_du_monde_du_savoir. »

    Citant un texte du philosophe Jacques Derrida paru en 2001, deux ans avant le premier classement de Shanghaï, la professeure à Paris-VIII définit l’université comme « inconditionnelle, en ce qu’elle peut #repenser_le_monde, l’humanité, élaborer des #utopies et des #savoirs nouveaux ». Or, « vingt ans après, force est de constater que ce texte reste un objet non identifié, et que rien dans le paysage universitaire mondial ne ressemble à ce qu’il projette, regrette Fabienne Brugère. Les grandes universités américaines que nous admirons et dans lesquelles Derrida a enseigné sont habitées par la société de marché ».

    Ironie du sort, c’est justement l’argent qui « coule à flots » qui garantit dans ces établissements de l’hyperélite des qualités d’étude et de bon encadrement ainsi qu’une administration efficace… Autant de missions que le service public de l’université française peine tant à remplir. « La scholè, le regard scolastique, cette disposition à l’étude, ce temps privilégié et déconnecté où l’on apprend n’est possible que parce que la grande machine capitaliste la fait tenir », déplore Mme Brugère.

    En imposant arbitrairement ses critères – fondés essentiellement sur le nombre de #publications_scientifiques en langue anglaise, de prix Nobel et de médailles Fields –, le classement de Shanghaï a défini, hors de tout débat démocratique, une #vision_normative de ce qu’est une « bonne » université. La recherche qui y est conduite doit être efficace économiquement et permettre un #retour_sur_investissement. « Il ne peut donc y avoir ni usagers ni service public, ce qui constitue un #déni_de_réalité, en tout cas pour le cas français », relevait le sociologue Fabien Eloire dans un article consacré au palmarès, en 2010. Est-il « vraiment raisonnable et sérieux de chercher à modifier en profondeur le système universitaire français pour que quelques universités d’élite soient en mesure de monter dans ce classement ? », questionnait le professeur à l’université de Lille.

    Derrière cet effacement des #spécificités_nationales, « une nouvelle rhétorique institutionnelle » s’est mise en place autour de l’« #économie_de_la_connaissance ». « On ne parle plus de “l’#acquisition_du_savoir”, trop marquée par une certaine #gratuité, mais de “l’#acquisition_de_compétences”, efficaces, directement orientées, adaptatives, plus en phase avec le discours économique et managérial », concluait le chercheur.

    Un poids à relativiser

    A y regarder de plus près, Shanghaï et les autres classements internationaux influents que sont les palmarès britanniques #QS_World_University_Rankings (#QS) et #Times_Higher_Education (#THE) valorisent des pays dont les fleurons n’accueillent finalement qu’un effectif limité au regard de leur population étudiante et du nombre total d’habitants. Le poids réel des « #universités_de_prestige » doit donc être relativisé, y compris dans les pays arrivant systématiquement aux tout premiers rangs dans les classements.

    Pour en rendre compte, Le Monde a listé les 80 universités issues de 16 pays qui figuraient en 2022 parmi les 60 premières des classements QS, THE et Shanghaï. Grâce aux sites Internet des établissements et aux données de Campus France, le nombre total d’étudiants dans ces universités a été relevé, et mis en comparaison avec deux autres statistiques : la démographie étudiante et la démographie totale du pays.

    Le cas des Etats-Unis est éclairant : ils arrivent à la 10e position sur 16 pays, avec seulement 6,3 % des étudiants (1,2 million) dans les 33 universités classées, soit 0,36 % de la population américaine.

    Singapour se place en tête, qui totalise 28,5 % des étudiants inscrits (56 900 étudiants) dans les huit universités de l’hyperélite des classements, soit 0,9 % de sa population. Suivent Hongkong, avec 60 500 étudiants dans quatre universités (20,7 % des étudiants, 0,8 % de sa population), et la Suisse, avec 63 800 étudiants dans trois établissements (19,9 % des étudiants, 0,7 % de sa population).

    Avec 98 600 étudiants dans quatre universités classées (Paris-Saclay, PSL, Sorbonne Université, Institut polytechnique de Paris), la France compte 3,2 % des étudiants dans l’hyperélite universitaire mondiale, soit 0,1 % de la population totale.

    La Chine arrive dernière : 255 200 étudiants sont inscrits dans les cinq universités distinguées (Tsinghua, Peking, Zhejiang, Shanghai Jiao Tong et Fudan), ce qui représente 0,08 % de sa population étudiante et 0,018 % de sa population totale.

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/08/14/ou-le-classement-de-shanghai-mene-t-il-l-universite-francaise_6185365_440146

    #compétences #critique

    • Classement de Shanghaï 2023 : penser l’enseignement supérieur en dehors des palmarès

      Depuis vingt ans, les responsables politiques français ont fait du « standard » de Shanghaï une clé de #réorganisation des établissements d’enseignement supérieur. Mais cet objectif d’inscription dans la #compétition_internationale ne peut tenir lieu de substitut à une #politique_universitaire.

      Comme tous les classements, celui dit « de Shanghaï », censé comparer le niveau des universités du monde entier, suscite des réactions contradictoires. Que les championnes françaises y soient médiocrement placées, et l’on y voit un signe de déclassement ; qu’elles y figurent en bonne place, et c’est le principe du classement qui vient à être critiqué. Le retour de l’université française Paris-Saclay dans le top 15 de ce palmarès de 1 000 établissements du monde entier, établi par un cabinet chinois de consultants et rendu public mardi 15 août, n’échappe pas à la règle. Au premier abord, c’est une bonne nouvelle pour l’enseignement supérieur français, Paris-Saclay se hissant, derrière l’américaine Harvard ou la britannique Cambridge, au rang de première université non anglo-saxonne.

      Pourtant, ce succès apparent pose davantage de questions qu’il n’apporte de réponses sur l’état réel de l’enseignement supérieur français. Certes, la montée en puissance du classement chinois, créé en 2003, a participé à l’indispensable prise de conscience de l’inscription du système hexagonal dans un environnement international concurrentiel. Mais les six critères qui président arbitrairement à ce « hit-parade » annuel, focalisés sur le nombre de prix Nobel et de publications dans le seul domaine des sciences « dures », mais qui ignorent étrangement la qualité de l’enseignement, le taux de réussite ou d’insertion professionnelle des étudiants, ont conforté, sous prétexte d’« excellence », une norme restrictive, au surplus indifférente au respect des libertés académiques, politique chinoise oblige.

      Que les responsables politiques français aient, depuis vingt ans, cédé à ce « standard » de Shanghaï au point d’en faire une clé de réorganisation des établissements d’enseignement supérieur ne laisse pas d’étonner. Le principe « grossir pour être visible » (dans les classements internationaux) a servi de maître mot, il est vrai avec un certain succès. Alors qu’aucun établissement français ne figurait dans les cinquante premières places en 2003, ils sont trois aujourd’hui. Paris-Saclay résulte en réalité de la fusion d’une université, de quatre grandes écoles et de sept organismes de recherche, soit 13 % de la recherche française.

      Mais cette politique volontariste de #fusions à marche forcée, soutenue par d’importants crédits, n’a fait qu’alourdir le fonctionnement des nouvelles entités. Surtout, cette focalisation sur la nécessité d’atteindre à tout prix une taille critique et de favoriser l’excellence n’a fait que masquer les #impensés qui pèsent sur l’enseignement supérieur français : comment améliorer la #qualité de l’enseignement et favoriser la réussite du plus grand nombre ? Quid du dualisme entre universités et grandes écoles ? Quelles sources de financement pour éviter la paupérisation des universités ? Comment éviter la fuite des chercheurs, aux conditions de travail de plus en plus difficiles ? Et, par-dessus tout : quel rôle dans la construction des savoirs dans un pays et un monde en pleine mutation ?

      A ces lourdes interrogations, l’#obsession du classement de Shanghaï, dont le rôle de promotion des standards chinois apparaît de plus en plus nettement, ne peut certainement pas répondre. Certes, l’enseignement supérieur doit être considéré en France, à l’instar d’autres pays, comme un puissant outil de #soft_power. Mais l’objectif d’inscription dans la compétition internationale ne peut tenir lieu de substitut à une politique universitaire absente des débats et des décisions, alors qu’elle devrait y figurer prioritairement.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/08/15/classement-de-shanghai-2023-penser-l-enseignement-superieur-en-dehors-des-pa

    • Au même temps, #Emmanuel_Macron...

      Avec 27 universités représentées, le classement de Shanghai met à l’honneur l’excellence française.

      Acteurs de l’enseignement et de la recherche : merci !

      Vous faites de la France une grande Nation de formation, de recherche et d’innovation. Nous continuerons à vous soutenir.


      https://twitter.com/EmmanuelMacron/status/1691339082905833473
      #Macron

    • Classement de Miamïam des universités françaises.

      Ayé. Comme chaque année le classement de Shangaï est paru. Et l’auto-satisfecit est de mise au sommet de l’état (Macron, Borne, et bien sûr Oui-Oui Retailleau). Imaginez un peu : 27 de nos établissements français (universités et grandes écoles) y figurent.

      Rappel pour les gens qui ne sont pas familiers de ces problématiques : le classement de Shangaï est un classement international très (mais vraiment très très très) sujet à caution, qui s’est imposé principalement grâce à une bonne stratégie marketing (et à un solide lobbying), et qui ne prend en compte que les publications scientifiques des enseignants-chercheurs et enseignantes-chercheuses de l’université : ce qui veut dire qu’il ne regarde pas “l’activité scientifique” dans sa globalité, et que surtout il n’en a rien à secouer de la partie “enseignement” ni, par exemple, du taux de réussite des étudiants et étudiantes. C’est donc une vision a minima hémiplégique de l’université. Il avait été créé par des chercheurs de l’université de Shangaï comme un Benchmark pour permettre aux université chinoises d’essayer de s’aligner sur le modèle de publication scientifique des universités américaines, donc dans un contexte très particulier et avec un objectif politique de soft power tout à fait explicite. Ces chercheurs ont maintenant créé leur boîte de consultants et se gavent en expliquant aux universités comment l’intégrer. L’un des co-fondateurs de ce classement explique notamment : “Avant de fusionner, des universités françaises nous ont demandé de faire une simulation de leur future place dans le classement“.

      Bref du quantitatif qui vise à souligner l’élitisme (pourquoi pas) et qui n’a pour objet que de le renforcer et se cognant ostensiblement de tout paramètre qualitatif a fortiori si ce qualitatif concerne les étudiant.e.s.

      Mais voilà. Chaque été c’est la même tannée et le même marronier. Et les mêmes naufrageurs de l’action publique qui se félicitent ou se navrent des résultats de la France dans ledit classement.

      Cette année c’est donc, champagne, 27 établissements français qui se retrouvent “classés”. Mal classés pour l’essentiel mais classés quand même : les 4 premiers (sur la jolie diapo du service comm du gouvernement) se classent entre la 16ème (Paris-Saclay) et la 78ème place (Paris Cité) et à partir de la 5ème place (sur la jolie diapo du service comm du gouvernement) on plonge dans les limbes (Aix-Marseille est au-delà de la 100ème place, Nantes au-delà de la 600ème). Alors pourquoi ce satisfecit du gouvernement ? [Mise à jour du 16 août] Auto-satisfecit d’ailleurs étonnant puisque si l’on accorde de la valeur à ces classements, on aurait du commencer par rappeler qu’il s’agit d’un recul : il y avait en effet 30 établissements classés il y a deux ans et 28 l’année dernière. Le classement 2023 est donc un recul. [/mise à jour du 16 août]

      Non pas parce que les chercheurs sont meilleurs, non pas parce que la qualité de la recherche est meilleure, non pas parce que les financements de la recherche sont plus importants et mieux dirigés, mais pour deux raisons principales.

      La première raison est que depuis plusieurs années on s’efforce d’accroître le “rendement” scientifique des personnels en vidant certaines universités de leurs activités et laboratoires de recherche (et en y supprimant des postes) pour le renforcer et le concentrer dans (très peu) d’autres universités. C’est le grand projet du libéralisme à la française qui traverse les présidences de Sarkozy à Macron en passant par Hollande : avoir d’un côté des université “low cost” dans lesquelles on entasserait les étudiant.e.s jusqu’à bac+3 et où on ferait le moins de recherche possible, et de l’autre côté des “universités de recherche et d’excellence” où on n’aurait pas grand chose à foutre de la plèbe étudiante et où on commencerait à leur trouver un vague intérêt uniquement à partir du Master et uniquement pour les meilleur.e.s et uniquement dans certains domaines (genre pas en histoire de l’art ni en études littéraires ni dans la plupart des sciences humaines et sociales).

      La seconde raison de ce “bon” résultat est que les universités se sont regroupées administrativement afin que les publications de leurs chercheurs et chercheuses soient mieux prises en compte dans le classement de Shangaï. Exemple : il y a quelques années, il y avait plusieurs sites universitaires dans les grandes villes. Chaque site était celui d’une discipline ou d’un regroupement de discipline. On avait à Toulouse, à Nantes et ailleurs la fac de droit, la fac de sciences, la fac de lettres, etc. Et les chercheurs et chercheuses de ces universités, quand ils publiaient des articles dans des revues scientifiques, “signaient” en s’affiliant à une institution qui était “la fac de sciences de Toulouse Paul Sabatier” ou “la fac de lettre de Toulouse le Mirail” ou “la fac de droit de Toulouse”. Et donc au lieu d’avoir une seule entité à laquelle rattacher les enseignants-chercheurs on en avait trois et on divisait d’autant les chances de “l’université de Toulouse” de monter dans le classement.

      Donc pour le dire rapidement (et sans pour autant remettre en cause l’excellence de la recherche française dans pas mal de disciplines, mais une excellence dans laquelle les politiques publiques de ce gouvernement comme des précédents ne sont pas pour grand-chose), la France gagne des places dans le classement de Shangaï d’une part parce qu’on s’est aligné sur les règles à la con dudit classement, et d’autre part parce qu’on a accepté de sacrifier des pans entiers de financements publics de la recherche dans certains secteurs (notamment en diminuant drastiquement le nombre de postes disponibles).

      Allez je vous offre une petite comparaison. Évaluer la qualité de l’université et de la recherche française à partir du classement de Shangaï c’est un peu comme si on prétendait évaluer la qualité de la gastronomie française à partir d’un référentiel établi par Mac Donald : on serait rapidement en capacité de comprendre comment faire pour gagner des places, mais c’est pas sûr qu’on mangerait mieux.

      Je vous propose donc un classement alternatif et complémentaire au classement de Shangaï : le classement de Miamïam. Bien plus révélateur de l’état actuel de l’université française.
      Classement de Miamïam.

      Ce classement est simple. Pour y figurer il faut juste organiser des distributions alimentaires sur son campus universitaire.

      Le résultat que je vous livre ici est là aussi tout à fait enthousiasmant [non] puisqu’à la différence du classement de Shangaï ce sont non pas 27 universités et établissements mais (au moins) 40 !!! L’excellence de la misère à la française.

      Quelques précisions :

      – ce classement n’est pas exhaustif (j’ai fait ça rapidement via des requêtes Google)
      – l’ordre des universités ne signifie rien, l’enjeu était juste de lister “l’offre” qu’elles proposaient sans prendre en compte l’ancienneté ou la fréquence de ces distributions ni le nombre d’étudiant.e.s touché.e.s
      - ce classement est très en dessous de la réalité : par exemple je n’ai inscrit qu’une seule fois l’université de Nantes alors que des distributions alimentaires sont aussi organisées sur son campus de la Roche sur Yon. Beaucoup des universités présentes dans ce classement organisent en fait des distributions alimentaires sur plusieurs de leurs campus et devraient donc y figurer 2, 3 ou 4 fois au moins.
      - je me suis autorisé, sans la solliciter, à utiliser comme crédit image la photo de Morgane Heuclin-Reffait pour France Info, j’espère qu’elle me le pardonnera.

      [Mise à jour du 16 Août]

      On invite aussi le gouvernement à regarder le classement du coût de la vie pour les étudiantes et étudiants : en constante augmentation, et atteignant une nouvelle fois, pour cette population déjà très précaire, des seuils d’alerte indignes d’un pays civilisé.

      Enfin on pourra, pour être complet dans la recension de l’abandon politique de l’université publique, signaler la stratégie de mise à mort délibérée par asphyxie conduite par les gouvernements successifs depuis plus de 15 ans. Extrait :

      “En dix ans, le nombre de recrutements d’enseignants-chercheurs titulaires a diminué de près de moitié, avec 1 935 ouvertures de poste en 2021, contre 3 613 en 2011. En 2022, on enregistre un léger sursaut, avec 2 199 postes de professeur d’université et de maître de conférences ouverts.

      La situation est d’autant plus paradoxale que les universités se vident de leurs enseignants-chercheurs chevronnés, avec un nombre de départs à la retraite en hausse de + 10,4 % en 2021 et de + 10,5 % en 2022, selon une note statistique du ministère publiée en juin. Un avant-goût de la décennie qui vient, marquée par des départs massifs de la génération du baby-boom : entre 2021 et 2029, le ministère prévoit une augmentation de 53 % en moyenne, et de 97 % en sciences – le bond le plus élevé.“

      https://affordance.framasoft.org/2023/08/classement-shangai-miam-miam

  • Les 7 péchés capitaux de la #France libérale | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/7-peches-capitaux-de-france-liberale/00107264

    « Une France ultralibérale ? La bonne blague ! », titre l’éditorialiste des Echos Dominique Seux, le 28 mars dernier. La raison ? « Un pays qui assume des dépenses publiques équivalentes à 58,1 % du PIB et des ponctions fiscales et sociales aussi considérables reste un pays largement socialisé. » Le tournant #néolibéral de la France ? Un « mythe » pour l’économiste Elie Cohen le 17 mai dernier, qui plus est « ressassé ad nauseam » alors que « l’argument est parfois indigent ».

    Les libéraux usent et abusent régulièrement de l’idée : un haut niveau d’imposition, de #dépenses_publiques, de protection sociale, de redistribution, de déficits budgétaires et de dette publique serait la preuve que la France n’a pas connu d’évolution vers un fonctionnement toujours plus marqué par le libéralisme économique.

    #Libéralisme à tous crins

    C’est pourtant bien ce qui s’est passé depuis une quarantaine d’années. Les libéraux sont focalisés sur les #impôts et les dépenses publiques, en fait sur la remise en cause de la protection sociale qui nourrit les prélèvements obligatoires et les dépenses, parce que c’est leur dernière cible. Tout ce qui faisait par ailleurs l’intervention de l’Etat dans la période d’après-guerre a été progressivement remis en cause. Et la liste est longue.

    Ce sont les sept péchés capitaux du libéralisme économique français : une #finance libéralisée, le #libre-échange, un marché du travail libéralisé, des #privatisations, une contre-révolution fiscale au service des plus riches, une chute des #investissements publics, une domination de la lecture libérale du monde, à l’université et dans les médias. Libéralisation économique, il y a bien eu donc. Et le bilan, négatif, de toutes ces dynamiques, est impressionnant.

    Le cadre général a été porté par des évolutions mondiales vers le libre-échange et la libéralisation financière dans lesquelles la France s’est engouffrée vite et fort. Une fois la main mise dans l’engrenage libéral, le bras y passe, et le reste de l’économie aussi, dans une dynamique difficilement arrêtable.
    La libéralisation financière entraîne la mise en concurrence des régimes fiscaux qui obligent à baisser les impôts sur les acteurs les plus mobiles, les riches et les grandes entreprises.

    Ces dernières profitent de la liberté de circulation des marchandises pour s’implanter à l’étranger et de celle des capitaux pour mobiliser des actionnaires étrangers qui poussent à donner plus de place aux dividendes qu’à l’investissement.

    Recul de l’#Etat

    Des défaillances de marché, qui justifiaient l’intervention de l’Etat, on passe aux défaillances de l’Etat qui justifient de donner toute la place au marché. Il faut alors réduire l’intervention publique directe dans l’économie.

    L’investissement public chute : depuis les années 1990, il a été divisé par six, il représente aujourd’hui moins d’un quart de point de PIB.

    Concrètement, au nom de la baisse des dépenses publiques et des recettes fiscales des collectivités locales, les #écoles, les #routes, les #universités, etc., ne reçoivent plus les moyens nécessaires à leur développement.

    L’enseignement supérieur français craque de partout et ouvre la voie à un school business privé qui ne profite qu’à ceux qui en ont les moyens. Sans oublier les conditions de travail précarisées d’une partie des enseignants et des personnels administratifs.

    L’Etat intervenait également directement dans l’économie par l’intermédiaire des entreprises publiques. Droite et gauche confondues ont mené un long et important processus de #privatisations aux lourdes conséquences.

    Les entreprises rendues au privé se sont engagées dans une course au rendement qui a eu plusieurs conséquences néfastes : moindre effort de recherche que dans les autres pays, internationalisation plus poussée qu’ailleurs, désintérêt pour le développement des sites de production sur le territoire, priorité donnée aux actionnaires sur l’investissement, course à la baisse des prélèvements et à la hausse des subventions, à la #précarisation des contrats de travail. On a là la combinaison fatale de la #désindustrialisation française.

    Quant aux privatisations, ou au recul de l’Etat, dans les entreprises concernées par les services publics, le résultat n’a pas été meilleur. Des prestations plus chères, de moins bonne qualité, avec des conditions de travail dégradées pour les personnels.

    Tout cela est porté par un climat intellectuel dans lequel think tanks, économistes et éditorialistes libéraux occupent une place de plus en plus sans partage.

    Certes, même avec tout cela, la France n’est pas devenue un enfer ultralibéral. L’Etat social fait de la résistance en dépit de toutes ces attaques, et heureusement !

    Les temps semblent même commencer à changer : on reparle politique industrielle, taxation des riches, juste effort fiscal des multinationales, souveraineté économique, protectionnisme, etc. Il est temps : la France libérale est dans l’impasse.

  • L’excellence contre la science
    https://metropolitiques.eu/L-excellence-contre-la-science.html

    Décryptant les conséquences des récentes réformes des #universités en #France, Camille Vergnaud montre comment les injonctions au rayonnement international et au partenariat local contribuent à la mise en compétition et à la bureaucratisation de ces établissements. Compétitivité, excellence, visibilité internationale, transfert technologique : autant de termes – à la définition parfois floue – qui guident les politiques publiques actuelles de financement, d’évaluation et de pilotage du système #Essais

    / université, #enseignement, #recherche, #Nanterre, #Paris, #évaluation, #territoire, #États-Unis, France

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_vergnaud.pdf

  • À #Strasbourg, des étudiantes en théologie dénoncent les violences sexistes d’un enseignant

    Une procédure disciplinaire vise un maître de conférences à la faculté de théologie protestante de Strasbourg, après de nombreux signalements de comportements déplacés. Deux anciennes étudiantes ont également porté plainte. La lenteur des procédures pose question.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/070223/strasbourg-des-etudiantes-en-theologie-denoncent-les-violences-sexistes-d-

    #facs #sexisme #patriarcat #violences_sexuelles #violences_existes

    –-

    ajouté à la métaliste sur le #harcèlement_sexuel dans les #universités :
    https://seenthis.net/messages/863594

    et plus précisément ici :
    https://seenthis.net/messages/863594#message863596

    ping @_kg_

  • Mobilisation étudiante contre TestWe, l’entreprise qui veut technopoliser l’Université
    https://www.laquadrature.net/2022/12/02/mobilisation-etudiante-contre-testwe-lentreprise-qui-veut-technopolise

    La Quadrature appelle à soutenir la lutte d’un collectif d’étudiant·es de l’Université Paris 8 contre TestWe, la start-up qui veut technopoliser l’Université. Cette télésurveillance d’examens à distance est déshumanisante, discriminatoire et intrusive, en plus d’être…

    #général #Surveillance

    • Son PDG, Benoît Sillard, se vante ainsi de mettre « en place actuellement un système à double caméras, celle de l’ordinateur qui filme par l’avant, et celle de votre smartphone qui filme l’ensemble de la pièce, pour vérifier qu’il n’y a pas un deuxième ordinateur ou quelqu’un en train de vous souffler ».

      Il est demandé aux étudiant·es de filmer leur environnement (avec un smartphone donc) et dans le même temps il est « interdit d’utiliser un autre appareil électronique » (que l’ordinateur servant à composer) . Cherchez l’erreur

    • #TestWe, déjà mentionnée ici :

      Techniquement, les détails divergent, mais la plupart des entreprises listées par le ministère proposent une #captation_d’image. « D’abord, l’étudiant installe le logiciel et l’autorise à fermer toutes les autres applications. Ensuite il se prend en photo avec sa carte d’identité », explique Benoît Sillard, PDG de #TestWe, l’une des sociétés citées par le ministère.
      Des reproches injustifiés, tente de pondérer Benoît Sillard, qui estime que les examens encadrés par sa société sont « exactement les mêmes, en dématérialisé, que dans une salle de cours ». Le PDG de TestWe affirme avoir été très sollicité par des établissements du supérieur ces dernières semaines et avoir déjà organisé plusieurs milliers d’examens surveillés. « Les grandes écoles ont vite basculé », résume-t-il, rappelant que sa société a déjà travaillé avec l’ENA ou de grosses écoles de commerce comme l’EM Lyon. « C’est plus long du côté des facs », admet-il, tout en assurant être en « négociations très avancées » avec plusieurs universités.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/010520/dans-les-universites-la-tentation-de-la-telesurveillance-des-examens?xtor=

      sur seenthis, ce long fil de discussion sur la "tentation de la #télésurveillance des examens" :
      « Il n’est pas besoin de beaucoup de mots » : #dérogations à tout va dans les #universités
      https://seenthis.net/messages/835328

  • Téléphones interdits, surveillants qui réprimandent les étudiants distraits : une fac française pointée du doigt. Les étudiants de première année de la faculté de médecine de Nancy se plaignent des mesures prises par leur établissement.
    https://www.lalibre.be/international/europe/2022/09/27/telephones-interdits-surveillants-qui-reprimandent-les-etudiants-distraits-u

    De nouvelles règles strictes ont été mises en place à destination des nouveaux étudiants à Nancy, dans la faculté de médecine de l’Université de Lorraine. Et cela ne plait pas à tout le monde. Dans un article de l’Est républicain https://www.estrepublicain.fr/education/2022/09/26/a-la-faculte-de-medecine-de-nouvelles-regles-creent-la-polemique , des étudiants dénoncent des mesures qu’ils jugent trop drastiques.

    Plusieurs étudiants ont en effet confié que leurs téléphones devaient obligatoirement être rangés dans leur sac, que des bouts de scotch distribués par la fac devaient être collés sur les caméras de leur ordinateur, et que des surveillants tapotaient parfois sur l’épaule des étudiants distraits avec une canne télescopique.

    Un étudiant raconte ainsi qu’il a eu droit « à un petit coup la semaine passée ». « J’étais sur mon ordi, je faisais autre chose que le cours et le surveillant m’a tapoté l’épaule. Rien de grave mais c’est surprenant. » Comme l’explique une maman d’étudiant, également enseignante à l’Université de Lorraine, « les surveillants, pendant les cours, regardent sur les ordinateurs ou les tablettes personnels des étudiants, les empêchent de travailler autre chose que les cours, restent à leurs côtés pour les forcer à suivre coûte que coûte ». Elle a fait part de ce constat au Syndicat national de l’enseignement supérieur. Ces mesures sont en effet rares dans le supérieur où les étudiants bénéficient généralement d’une plus grande liberté.

    La réponse de la direction
    Interrogées sur ces faits, les autorités de l’université ont répondu via un communiqué de presse https://www.tf1info.fr/education/a-la-fac-de-nancy-des-vigiles-tapotent-ils-sur-l-epaule-d-etudiants-distrait . L’Université de Lorraine explique notamment qu’en raison du grand nombre d’étudiants en première année de médecine, les cours sont délivrés par des enseignants qui interviennent dans un amphithéâtre et diffusés en vidéo dans d’autres amphithéâtres. « Les contractuels vacataires, appelés ’assistants d’enseignement’ sont présents uniquement dans les amphithéâtres où le cours est retransmis en vidéo afin de s’assurer que la retransmission se passe dans de bonnes conditions », explique l’établissement.

    Concernant les mesures dénoncées par les étudiants, l’université se justifie. Concernant le scotch posé sur les caméras des ordinateurs, elle explique : « Depuis cette rentrée, les assistants pédagogiques font appliquer les décisions de la commission pédagogique concernant l’interdiction de procéder à une captation audio/vidéo/photo. Dans ce cadre, ils peuvent être amenés à intervenir auprès d’étudiants pour leur faire cesser une captation. Il s’agit d’une intervention destinée à faire appliquer une règle, ce qui est toujours délicat. Les cours font de manière récurrente l’objet de trafics. »

    Au sujet de la canne télescopique, l’université reconnait « qu’un des assistants pédagogiques a utilisé un pointeur pendant les tout premiers jours à la rentrée. Cela découlait d’une habitude qu’il avait prise dans ses précédentes fonctions et il ne l’a jamais utilisé avec l’intention de faire peur. Constatant le risque de méprise, cet assistant pédagogique a rapidement cessé de l’utiliser. »

    #université #étudiant-e-s #smartphones #caméras #france #Nancy #travail #éducation #universités #médecine #trafics

  • La professeure Lieutenant-Duval soutient qu’elle ignorait le caractère délicat du mot en n Boris Proulx et Étienne Lajoie - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/societe/751533/la-professeure-lieutenant-duval-plaide-qu-elle-ignorait-la-sensibilite-du-

    Faute de suivre l’actualité, la chargée de cours Verushka Lieutenant-Duval n’était pas au courant du caractère délicat du mot en n avant de le mentionner en classe en septembre 2020, dit-elle. L’Université d’Ottawa l’a ensuite prestement suspendue sans prendre la peine de visionner l’enregistrement de la discussion.

    « J’étais concentrée sur mon objet d’étude. Je n’écoute pas la télévision. J’écoute la radio, mais je ne suis pas les réseaux sociaux. Je n’ai pas d’enfant, donc je ne suis pas trop au courant de ce qui se passe chez les jeunes. […] Je suis dans un milieu fermé, dans ma petite bulle », s’est défendue Mme Lieutenant-Duval mercredi.


    Archives iStockphoto Des étudiants sur le campus de l’Université d’Ottawa

    Elle comparaissait lors d’une séance publique d’arbitrage organisée dans le sous-sol d’un hôtel de la capitale fédérale. Les six journalistes présents à la séance étaient tous francophones.

    La professeure à temps partiel — il s’agit du titre donné aux chargés de cours en Ontario — a déposé deux griefs contre l’Université d’Ottawa en raison des commentaires formulés par l’établissement et la suspension qu’on lui a imposée.

    « Je suis sincère quand je dis ça, je ne savais pas », a-t-elle répété, soulignant que son milieu, en français, « n’avait pas l’habitude de censurer certains mots ».

    La chargée de cours et étudiante au doctorat de 45 ans a notamment raconté son parcours universitaire sans faute, où elle a cumulé les succès jusqu’à ce qu’elle prononce en entier — et en anglais — le mot en n, qui, en rendant certains étudiants mal à l’aise et en provoquant un scandale, compromet maintenant son rêve de décrocher un véritable poste de professeure d’université.

    Les événements se sont rapidement bousculés entre cette première déclamation du mot honni, lors du deuxième cours de la session d’automne 2020 sur la plateforme Zoom, le 23 septembre, et sa suspension avec solde le 2 octobre. Entre-temps, la professeure avait envoyé un courriel d’excuses à une étudiante choquée par ses propos et avait suggéré d’avoir une discussion approfondie concernant l’utilisation du mot lors du cours suivant, le 30 septembre.

    Critiquée sans avoir fourni sa version des faits  
    Au moment de la suspension, une seule plainte officielle avait été déposée par une étudiante, en plus d’une dénonciation sur Twitter par une autre. La professeure a été critiquée pour avoir dit que d’autres professeurs blancs faisaient usage du mot.

    Cette défense a choqué au moins 6 étudiants sur les 47 inscrits au cours, dont les deux premières dénonciatrices. Ils ont cosigné une déclaration à la faculté selon laquelle ils se sentaient « inconfortables » et « en danger » en cas de retour en classe de Mme Lieutenant-Duval après sa suspension.

    Bien que la discussion du 30 septembre sur Zoom fût enregistrée, l’Université d’Ottawa n’a jamais cru bon faire la demande des fichiers vidéo pour les examiner avant dimanche dernier. L’enregistrement, diffusé lors de l’audience publique d’arbitrage, témoigne d’un débat d’idées bref et poli sur la question de la pertinence de l’utilisation du mot en n dans un contexte pédagogique.

    Après la publication d’un article sur l’affaire dans le journal étudiant anglophone de l’Université d’Ottawa, cette dernière a publiquement dénoncé le choix de mots de Mme Lieutenant-Duval, le qualifiant de « langage offensant et complètement inacceptable dans nos salles de classe et sur le campus », et ce, avant même d’avoir obtenu sa version des faits.

    « Je n’en crois pas mes yeux, j’ai l’impression d’être dans un cauchemar, je n’ai pas l’impression d’être au Canada. […] Encore aujourd’hui, je n’arrive pas à comprendre pourquoi on ne m’a pas, au minimum, appelée pour me demander [ce qui s’est passé] », a indiqué la professeure.

    Avant même le début de la session universitaire, Verushka Lieutenant-Duval avait écrit dans son plan de cours que des sujets délicats allaient être abordés en classe, a-t-elle raconté mercredi.
     
    Elle avait invité ses étudiants à s’exprimer en cas de malaise, et avait même annulé la première séance pour permettre à ses étudiants de participer à une manifestation de Black Lives Matters qui tombait ce jour-là.

    Elle a détaillé devant l’arbitre Michelle Flaherty et les avocats de l’Université d’Ottawa comment, dans un cours sur le sujet de la représentation du genre dans les arts visuels, elle a voulu expliquer la réappropriation de certains mots, comme « queer ». Elle dit avoir fait la comparaison avec le mot en n, comme l’avait fait un chercheur dont elle a demandé de taire le nom « parce qu’il n’a pas encore été victime de la culture de l’annulation ».

    « Rectifier les faits »
    Il s’agissait de la deuxième journée de plaidoirie dans le dossier. Lundi, l’Université a maintenu qu’elle n’avait pas porté atteinte à la liberté universitaire.

    Deux griefs ont été déposés par la professeure Lieutenant-Duval. Dans le premier, elle soutient avoir été condamnée par l’établissement postsecondaire de façon prématurée, sans qu’une enquête soit faite. Le second porte sur des commentaires faits par l’établissement et son recteur, Jacques Frémont.

    L’objectif de ses démarches est d’obtenir une compensation financière pour « les souffrances » qu’elle a subies, en plus d’une « rectification des faits » qui lui permettrait de continuer sa carrière universitaire.

    D’après Luc Angers, le vice-président de la mobilisation des membres de l’Association des professeurs et professeures à temps partiel de l’Université d’Ottawa (APTPUO), les griefs ont une « importance capitale ».

    Tant devant le comité d’arbitrage que par voie de communiqué en novembre 2020, l’Université soutient que Verushka Lieutenant-Duval, qui est actuellement chargée de cours à l’UQAM et à l’Université de Sherbrooke, « n’a jamais été suspendue à des fins disciplinaires » et qu’elle avait plutôt été suspendue de manière administrative, avec salaire, pendant une journée ouvrable.

    « L’Université d’Ottawa a été en mesure d’envoyer un communiqué de presse au journal étudiant, de répondre aux courriels des étudiants condamnant la professeure en question avant même de lui avoir parlé. Après, l’Université a laissé croire qu’elle avait contribué à la tempête médiatique », a dénoncé l’avocat de l’APTPUO, Wassim Garzouzi, qui représente Mme Lieutenant-Duval.

    Les événements entourant la suspension de la professeure — en plus des commentaires sur les réseaux sociaux de son collègue Amir Attaran — ont mené à la formation en avril 2021 d’un comité sur la liberté universitaire à l’Université d’Ottawa. Dans un rapport d’une quarantaine de pages déposé en novembre dernier, le comité avait déclaré ne pas être favorable « à la censure institutionnelle ni à l’autocensure quand elle est susceptible de compromettre la diffusion des savoirs ».

    Les parties devraient être de retour devant l’arbitre au plus tard le 1er décembre.

    #violences et #débilité dans les #universités du #canada à #ottawa #censure #autocensure #savoirs #harcèlement #chasse_aux_sorcières pseudo #antiracisme #art_négre #réseaux_sociaux

    • Pour se re faire une virginité suite aux massacres des peuples autochtones qu’elle n’a jamais vu, l’université canadienne va réhabiliter les bûchers, de préférence pour les femmes, en cas d’utilisation du mot « nègre » , le mot en N. interdit.

    • Des professeurs de l’Université Laval dénoncent des « abus » des comités d’éthique Anne-Marie Provost
      - Le Devoir

      https://www.ledevoir.com/societe/education/753498/universite-laval-des-professeurs-denoncent-des-abus-des-comites-d-ethique

      Des dizaines de professeurs de l’Université Laval (UL) affirment être victimes de restrictions abusives de la part des Comités d’éthique de la recherche de l’Université Laval (CERUL). Ils dénoncent devoir attendre très longtemps avant d’avoir le feu vert pour mener leurs projets de recherche, et estiment que l’approche « rigide et tatillonne » nuit aux possibilités de découverte, à l’avancement des connaissances, à la créativité et à la liberté universitaire.

      « Le désarroi des collègues, il est criant, laisse tomber Madeleine Pastinelli, responsable du dossier au Syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval (SPUL). Les comités iraient plus loin que ce que les règles demandent, et tout ce qui est original comme approche serait susceptible de coincer lors de l’évaluation éthique. »

      Le syndicat, qui représente près de 1300 professeurs, a mené une consultation récemment sur le sujet après avoir noté une hausse des plaintes dans les deux dernières années. Plus de 50 professeurs et directeurs de centres de recherche et de départements ont décrit de façon détaillée les embûches qu’ils vivent, dans un rapport qui fait état d’une situation « particulièrement alarmante et problématique ».

      Les professeurs et les étudiants des cycles supérieurs doivent déposer une demande à un CERUL quand leur recherche implique, par exemple, des sorties sur le terrain, la tenue d’entrevues ou l’utilisation d’animaux. Ces comités évaluent la méthodologie et appliquent les lois et cadres réglementaires en matière d’éthique, dans le but que soit atteint un équilibre entre les avantages de la recherche et la protection des participants.

      « Ce qui se dégage des témoignages, c’est que les comités éthiques semblent particulièrement tatillons et rigides, détaille Madeleine Pastinelli. Comme s’ils étaient dans une démarche qui visait uniquement à mettre l’université à l’abri de toute procédure. » Certains renoncent à des approches « qui sont pourtant reconnues comme scientifiquement valables, pertinentes, importantes et tout à fait acceptables sur le plan éthique ».

      Dans le rapport, une chercheuse rapporte avoir vu son projet de recherche bloqué parce qu’il comportait « des éléments qui pourraient causer des réactions politiques et pourraient nuire à l’image de l’Université Laval ». Presque tous ceux qui ont témoigné ont demandé l’anonymat, de peur que leurs confidences nuisent à leurs projets de recherche ainsi qu’à ceux de leurs étudiants.

      Denis Jeffrey, professeur titulaire et directeur du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante, a été le seul à accepter de témoigner à visage découvert au Devoir . Il rencontre des problèmes pour la recherche sur le terrain, a-t-il expliqué dans un échange de courriels alors qu’il se trouvait à l’extérieur du pays.

      « On leur demande [aux comités] de jouer le jeu de douaniers scrupuleux. Et plusieurs jouent ce rôle sans distance critique », dénonce-t-il. Au point où il oriente ses étudiants vers des recherches sans terrain.

      Le fédéral interpellé
      Le SPUL a envoyé une lettre fin août aux présidents des trois conseils subventionnaires du gouvernement fédéral, responsables de l’Énoncé de politique qui balise le travail des comités d’éthique des universités, ainsi qu’aux directions des Fonds de recherche du Québec (FRQ).

      « Ce qu’on espère, c’est qu’ils interviennent en faisant un rappel à l’ordre », souligne Madeleine Pastinelli.

      Contactés par Le Devoir , les FRQ ont indiqué ne pas avoir de commentaires à faire, mais suivre le dossier de près. Les organismes fédéraux répondront quant à eux au syndicat dans les prochaines semaines.

      De son côté, une porte-parole a indiqué que l’UL était ouverte « au dialogue avec toutes les parties prenantes » et qu’elle accordait au rapport « toute l’attention nécessaire ». Les membres des comités « disposent des formations nécessaires au bon exercice de leurs fonctions », souligne Andrée-Anne Stewart.

      Elle rappelle que les CERUL sont dirigés par des professeurs actifs en recherche, et que plusieurs autres participent aux comités en tant que membres scientifiques.
       
      « L’application des règles éthiques est donc en grande partie entre les mains de professeurs, qui sont appuyés dans leurs tâches par un personnel administratif compétent et professionnel », dit-elle.

      #restrictions #éthique #conformisme #contrôle #Recherche #contrôle des #chercheurs et des #chercheuses #Quebec #censure

  • Sommes-nous vraiment dirigés par des cons ?
    https://www.lemediatv.fr/emissions/2022/sommes-nous-vraiment-diriges-par-des-cons-dzItwuocQsaLVbc9MgrD5A

    Est-il bien raisonnable de faire une revue en France… à cette période de l’année, alors que l’actualité #politique est tellement pauvre qu’on peut retrouver à la Une, dans les kiosques, des thématiques aussi particulières que les fleurs de parfum ou l’art…

    #International #Macron #Universités

  • Que valent les évaluations ?
    https://laviedesidees.fr/Que-valent-les-evaluations.html

    À propos de : Clémentine Gozlan, Les valeurs de la science. Enquête sur les réformes de l’évaluation de la #recherche en France, ENS Éditions. Les #universités et la recherche font l’objet de réformes et d’évaluations depuis vingt ans. Clémentine Gozlan étudie la fabrique de ces dispositifs dans le nouveau gouvernement de la science auquel nombres de chercheurs eux-mêmes donnent la main.

    #réforme #évaluation #Sciences
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220119_evaluation.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20220119_evaluation.pdf

  • UK university staff back strikes over pay and conditions

    Vote will add to disruption this winter after previous ballot for industrial action over pensions

    Disruption at UK universities is set to widen this winter after staff backed strikes over pay and working conditions, joining colleagues who voted for strikes over pensions earlier this week.

    A total of 58 institutions have now supported strike ballots, and they may be joined by others after the University and College Union (UCU) said it was looking at reballoting in branches that only narrowly failed to back industrial action – including Newcastle, where turnout was just a single ballot below the 50% required by law.

    The ballot on pay announced on Friday, which had a slightly more than 50% turnout by UCU members, resulted in 70% backing strikes and 85% voting for action short of strike, which could include a marking boycott.

    The UCU general secretary, Jo Grady, said: “We truly hope that disruption can be avoided – that is what staff and students alike all want. But this is entirely in the gift of employers who simply need to end their attacks on pensions, pay and working conditions and finally demonstrate they value their staff.”

    While 37 institutions voted for strikes over pensions in the first ballot, more supported action over pay and conditions, including two of the UK’s largest campus universities: University College London and the University of Manchester. Staff at the Open University, the UK’s largest university, backed strikes over pay and pensions.

    UCU is calling for a £2,500 increase for all staff, an end to pay discrimination, the elimination of zero-hours and other casual contracts, and moves to tackle unmanageable workloads.

    Representing employers, the Universities and Colleges Employers Association (UCEA) claimed that the 50% turnout among members would be “disappointing” for the union.

    “It is clear that the great majority of the 325,000 colleagues in UK HE institutions covered by the collective negotiations on the base pay uplift understand the financial realities for their institutions,” the UCEA said in a statement.

    In late 2019, UCU staff at 60 universities initially went on strike. That swelled to 74 institutions in a second wave of strikes that began in February 2020, as part of a dispute that was overtaken by the Covid outbreak in March.

    https://www.theguardian.com/education/2021/nov/05/uk-university-staff-back-strike-over-pay-and-conditions?CMP=Share_iOSAp

    #université #Angleterre #UK #grève #résistance #universités

    –-

    En 2020 :
    Outre Manche 74 universités entrent en grève en février et en mars
    https://seenthis.net/messages/824269

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    Ajouté à la métaliste sur les résistances dans le monde universitaire en Europe :
    https://seenthis.net/messages/824281

    ping @_kg_

  • Les #enjeux #structurels pour la France - Les #universités à l’horizon 2030 : plus de libertés, plus de responsabilités - 20211021-NS-Universites.pdf
    https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-10/20211021-NS-Universites.pdf

    #rapport de la #cour_des_comptes sur l’#avenir des #universités

    La Cour des comptes prône la disparition des #organismes_nationaux_de_recherche à l’#horizon_2030 !

    Analyse de la #CGT (mail aux chercheurs des #instituts) mettant en avant ce rapport et ses conclusions :

    "Chère collègue, cher collègue,

    La Cour des comptes vient de publier une note intitulée « les universités à l’horizon 2030 : plus de libertés, plus de responsabilités ». La Cour explique que « cette note fait partie d’un ensemble de travaux destinés à présenter, sur plusieurs grandes politiques publiques, les principaux défis auxquels seront confrontés les décideurs publics au cours des prochaines années et les leviers qui pourraient permettre de les relever ».

    S’ensuit un exposé des différentes réformes subies par les universités mais aussi les organismes de recherche, bien qu’ils ne soient pas cités comme impactés, depuis les années 2000. La Cour en déduit que la réforme de l’autonomie des universités est restée au milieu du gué et qu’il est temps de franchir une deuxième étape.

    La Cour, à la 23e page sur les 27 de la note, dévoile ce qu’il reste à mettre en œuvre pour accroître la responsabilité des universités. D’après elle, les UMR (Unités mixtes de Recherche) étant des structures illisibles, les universités pourraient « disposer de la délégation de gestion pleine et entière de ces unités. Dans cette optique, il serait souhaitable que les corps des chercheurs rattachés à ces unités soient également intégrés et fusionnent avec ceux des enseignants chercheurs, afin que l’université en devienne l’unique employeur (et soit de la sorte en mesure de lui verser des primes). Ces agents se trouveraient ainsi dépositaires d’une mission d’enseignement, ce qui tendrait à renforcer l’encadrement des étudiants inscrits dans l’ensemble des filières universitaires [...]. Les organismes deviendraient, quant à eux, des agences de moyens, spécialisées dans les domaines qui les concernent, et leurs implantations régionales disparaîtraient, amenant ainsi d’importantes économies d’échelle sur l’ensemble du territoire. La perspective d’une fusion de ces organismes avec l’ANR pourrait, à terme, être étudiée ».

    Ainsi en quatre phrases, la disparition des organismes de recherche et de leur personnel se voit programmer à l’horizon 2030 !"

  • #Liberté, #exigence, #émancipation. Réinstituer l’#Université

    Les strates successives de #réformes subies par l’Université depuis vingt ans, même si elles ne sont pas dénuées d’incohérences, reposent sur un socle politique et idéologique relativement précis [1]. Celui-ci trouve notamment son articulation dans les travaux de sociologie des établissements d’enseignement supérieur par Christine Musselin [2] ou dans le rapport Aghion-Cohen de 2004 [3] sur “éducation et croissance”[4]. Pour une part, ce socle reprend les théories de la #croissance par l’#innovation et la “#destruction_créatrice” inspirées de #Joseph_Schumpeter [5] , surtout pertinentes pour la #recherche. Le socle intellectuel présidant aux réformes récentes combine cet héritage avec une vision de l’#aménagement_du_territoire fondée sur la partition entre des #métropoles intelligentes et concurrentielles et un vaste hinterland tributaire du #ruissellement_de_croissance, ce qu’Olivier Bouba-Olga et Michel Grossetti [6] appellent la « #mythologie_CAME » (#compétitivité-#attractivité-#métropolisation-#excellence). Dans cette perspective, hormis quelques cursus d’élite, les formations universitaires doivent surtout offrir des gages “d’#employabilité” future. Au fil des reconversions professionnelles, le “portefeuille de #compétences” initial se verra étoffé par des #certificats_modulables attestant de quelques #connaissances_spécialisées, ou de “#savoir-faire” dont certains relèveront probablement surtout du conditionnement opérationnel. Dans le même temps, #évaluation et #valorisation sont devenus les termes incontournables et quasi indissociables de la formulation d’une offre “client” qui débouche sur une organisation par marché(s) (marché des formations diplômantes, des établissements, de l’emploi universitaire…). Dans les variantes les plus cohérentes de ce programme, ces #marchés relèvent directement du #Marché, d’où la revendication d’une #dérégulation à la fois des #frais_d’inscription à l’université et des #salaires des universitaires.

    Sortir l’Université de l’ornière où ces réformes l’ont placée impose de construire un contre-horizon détaillé. Les mots d’ordre défensifs de 2008 et 2009 n’avaient sans doute que peu de chances d’arrêter la machine. Aujourd’hui, la demande d’une simple abrogation des dispositions prises à partir de 2007 ne serait pas à la hauteur des changements internes que ces politiques ont induits dans l’Université. On ne saurait de toute façon se satisfaire d’une perspective de restauration de l’ancienne Université. C’est en ce sens que nous parlons de ré-institution ou de refondation.

    Émanciper qui, de quoi, pour quoi faire

    Il est impératif de prendre comme point de départ la question des finalités sociales et politiques de l’Université. Si la référence à la notion d’émancipation est indispensable à nos yeux, elle ne suffit pas non plus à définir un nouvel horizon. La capacité du discours réformateur néolibéral à assimiler et finalement dissoudre le projet émancipateur n’est plus à prouver, y compris en matière scolaire : le recours à la notion de compétence, du primaire à l’université, renvoie ainsi, cyniquement, à une idée généreuse de pédagogies alternatives visant à libérer l’institution scolaire de ce qui était perçu comme un carcan autoritaire transformant les élèves en singes savants. Cet idéal scolaire émancipateur systématiquement dévoyé a pris des formes multiples et parfois contradictoires, et ce n’est pas ici le lieu de les analyser. Au moins depuis Boltanski & Chiapello [7], on sait qu’il ne faut pas sous-estimer la capacité du management à digérer la “critique artiste du capitalisme”, pour mettre en place un nouveau modèle de néolibéralisme autoritaire. L’auto-entrepreneur·euse de soi-même assujetti·e aux normes de valorisation par le marché est pour nous un épouvantail, mais il s’agit d’une figure d’émancipation pour certains courants réformateurs.

    L’émancipation n’est jamais une anomie : c’est un déplacement collectif et consenti de la nature des normes et de leur lieu d’exercice. Poser la question de la finalité émancipatrice de l’#enseignement_supérieur, c’est demander qui doit être émancipé de quoi et pour quoi faire. Ce “pour quoi faire”, en retour, nous renvoie au problème du comment, dans la mesure où devant un tel objectif, c’est sans doute la détermination du chemin qui constitue en soi le seul but atteignable.

    L’#autonomie_étudiante

    À première vue, la réponse à la question « qui » est tautologique : il s’agit d’émanciper les étudiant·es — mais comme on va le voir, si l’on pose l’existence d’un cycle auto-amplificateur entre étudiant·es et enseignant·es, cela pose aussi la question de l’émancipation de l’ensemble des universitaires. Il importe de souligner que les étudiant·es ne sont pas forcément « la jeunesse », ni la jeunesse titulaire du baccalauréat. Quant à savoir de quoi il s’agit de les émanciper, la réponse est d’abord : du déterminisme par le milieu social, culturel et géographique d’origine [8]. Cela représente à la fois un enjeu démocratique et un enjeu social majeur.

    L’Université doit être librement et gratuitement accessible à toute personne détenant le baccalauréat à tout âge de la vie ; tout établissement universitaire doit proposer une voie d’accès, le cas échéant via une propédeutique, aux personnes ne détenant pas le baccalauréat mais désirant entamer des #études_supérieures ; l’#accès gratuit à l’Université et à son ouverture intellectuelle et culturelle ne doit pas être conditionné à l’inscription à un cursus diplômant.

    Ce programme impose la mise en œuvre parallèle d’une politique d’#autonomie_matérielle des étudiant·es. Nous souscrivons à l’essentiel des propositions formulées par le groupe Acides [9] en faveur d’un “#enseignement_supérieur_par_répartition”, c’est-à-dire d’un système socialisé d’#accès_aux_études, pour qu’elles soient menées dans les meilleures conditions de réussite. Nous proposons que l’#allocation_d’autonomie_étudiante soit versée de droit pour trois ans, prolongeables d’un an sur simple demande, à toute personne inscrite dans une formation diplômante de premier cycle, avec possibilité de la solliciter pour suivre une formation universitaire non-diplômante, mais aussi une formation de deuxième ou de troisième cycle. Pour ces deux derniers cycles, toutefois, ce système nous semble devoir coexister avec un dispositif de pré-recrutement sous statut d’élève-fonctionnaire dans les métiers d’intérêt général que la collectivité a vocation à prendre en charge : médecine et soins infirmiers, enseignement primaire et secondaire, recherche scientifique, aménagement du territoire et transition écologique…

    Pour une #géographie de l’#émancipation_universitaire

    Ces premiers éléments nécessitent de se pencher sur ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler “le #paysage_universitaire”. Il faut ici distinguer deux niveaux : un niveau proprement géographique, et un niveau sociologique qui conduit immanquablement à poser la question des différents cursus post-bac hors universités, et notamment des grandes écoles.

    Au plan géographique, il est nécessaire de s’extraire de la dichotomie mortifère entre des établissements-monstres tournés vers la compétition internationale et installés dans des métropoles congestionnées, et des universités dites “de proximité” : celles-ci, à leur corps défendant, n’ont pas d’autre fonction aux yeux des réformateurs que d’occuper une jeunesse assignée à résidence géographiquement, socialement et culturellement [10]. Le #maillage_territorial actuel est dense, du fait de l’héritage de la dernière vague de création d’#universités_de_proximité. Pour autant, il s’organise selon une structure pyramidale : l’héritage évoqué est en effet corrigé par une concentration des investissements au profit de quelques établissements hypertrophiés. A contrario, nous préconisons une organisation en réseau, dont les cellules de base seraient des établissements de taille moyenne, c’est-à-dire ne dépassant pas les 20.000 étudiants. Nous avons besoin d’universités à taille humaine, structurées en petites entités autonomes confédérées. Ces établissements doivent offrir aux étudiants des perspectives d’émancipation vis-à-vis du milieu d’origine et de la sclérose intellectuelle qui frappe le pays ; ils doivent permettre une recherche autonome, collégiale et favorisant le temps long.

    Pour cela, nous proposons un plan en deux temps. D’une part, un surcroît d’investissement doit être consenti vers des pôles de villes moyennes pour en faire, non des “universités de proximité” centrées sur le premier cycle, mais des établissements complets proposant également une activité scientifique de pointe et exerçant une attraction nationale, afin de décentrer le système universitaire actuellement structuré par l’opposition entre métropoles et hinterland. D’autre part, nous préconisons d’installer trois à cinq nouvelles universités dans des villes moyennes ou des petites villes, à bonne distance des métropoles, en prenant appui sur le patrimoine bâti abandonné par l’État et sur les biens sous-utilisés voire inoccupés appartenant aux collectivités. Certaines #villes_moyennes voire petites disposent en effet d’anciens tribunaux, de garnisons ou même des bâtiments ecclésiastiques qui tombent en déshérence. Notons qu’il ne s’agit pas seulement de les transformer en laboratoires et en amphithéâtres : au bas mot, notre pays a aussi besoin d’une centaine de milliers de places supplémentaires de cités universitaires à très brève échéance.

    L’#utilité_sociale de l’enseignement supérieur ne se réduit pas à “former la jeunesse” : cette nouvelle géographie ne saurait être pensée sur le mode du phalanstère coupé du monde. Au contraire, les #universités_expérimentales doivent être fondues dans la ville et dans la société. La refondation de l’Université s’accompagne donc d’un projet urbanistique. L’#architecture de l’université doit être pensée en sorte que les #campus soient des #quartiers de la ville, avec les services publics et privés nécessaires à une intégration vivante de ces quartiers dans le #territoire. Les lieux de vie universitaires doivent inclure des écoles maternelles, primaires et secondaires, des commerces, des librairies, des théâtres, des zones artisanales et des quartiers d’habitation pour celles et ceux qui feront vivre ces lieux. Les bibliothèques universitaires et les bibliothèques municipales des villes universitaires doivent être rapprochées, voire fusionnées.

    La question des #Grandes_Écoles

    Les politiques de différenciation entre établissements de recherche et de proximité croisent la problématique des grandes écoles, mais ne se confond pas avec elle : en atteste l’échec du projet de fusion de Polytechnique avec l’université d’Orsay-Saclay, ou la survivance d’une myriade d’écoles d’ingénieur·es et de commerce proposant des formations indigentes avec un taux d’employabilité équivalent à celui d’une licence d’une petite université de proximité. La refondation esquissée ici sera compromise tant que la question de la dualité Université / Grandes Écoles n’aura pas été réglée. On ne fera pas l’économie d’une instauration effective du monopole de l’Université sur la collation des grades. Cela implique une montée en puissance des #capacités_d’accueil, c’est-à-dire du nombre d’établissements, des moyens récurrents et des postes d’universitaires titulaires dans tous les corps de métier, de façon à pouvoir atteindre une jauge de 600.000 étudiant·es par promotion de premier cycle, 200.000 étudiant·es par promotion de deuxième cycle, 20.000 étudiant·es (rémunéré·es !) par promotion de troisième cycle, soit un total d’environ 2,4 millions d’étudiant·es. Précisons qu’il y avait en 2019-2020 1,6 millions d’étudiants à l’Université, 600.000 dans d’autres établissements publics, majoritairement des lycées (CPGE, BTS), et 560.000 dans le secteur privé. Le chiffre de 2.4 millions d’étudiants à l’Université correspond donc à une estimation basse des effectifs une fois le monopole universitaire sur la collation des grades rétabli.

    Dans le détail, l’application de ce programme signifie que les formations d’ingénieurs pourront et devront être assurées à l’Université, avec un pré-recrutement dans certains domaines, l’écologie notamment ; les sections de technicien supérieur (STS) seront soit rattachées aux instituts universitaires de technologie (IUT) existants, soit constituées en IUT. Pour ce qui est des écoles de commerce, on pourra se contenter de supprimer la reconnaissance de leurs diplômes dans les conventions collectives et les concours de la Fonction publique. L’Institut d’Études Politiques de Paris doit devenir une université de droit commun. Les IEP de Province et les antennes régionales de l’IEP Paris ont vocation à intégrer l’université la plus proche sous la forme d’une UFR de sciences politiques, tandis que la Fondation Nationale des Sciences Politiques doit être dissoute, et son patrimoine transféré, par exemple à la Fondation Maison des Sciences de l’Homme [11].

    La question des #Écoles_Normales_Supérieures (#ENS), initialement pensées pour pré-recruter des enseignants et des chercheurs au service de l’Université, peut être résorbée par l’extension de ce pré-recrutement à travers le pays, le décentrage vis-à-vis de Paris et Lyon, la construction de cités étudiantes dotées de bibliothèques et la mise en place de formations expérimentales par la recherche interdisciplinaire. Les ENS seraient ainsi rendues caduques du fait de l’extension à l’Université du mode de fonctionnement qui était censé être le leur.

    Une fois privées de leur débouché de principe, on peut se demander quelle utilité resterait aux #classes_préparatoires : beaucoup fermeraient, mais certaines pourraient être maintenues pour aider au maillage territorial à un niveau de propédeutique, si l’on souhaite rétablir une sorte de trivium occupant les trois ou quatre premiers semestres, fonction que le DEUG assurait jadis. En tout état de cause, la licence elle-même ne pourra être obtenue qu’à l’Université.

    Que faire des #cursus ?

    Cela nous amène au problème de l’organisation des enseignements et des cursus, lequel nous impose de faire retour à la question initiale : émanciper qui, de quoi, comment et pour quoi faire ? Pour nous, l’existence de l’Université comme institution d’enseignement distincte du lycée se justifie par un lien spécifique entre la formation universitaire et la #recherche_scientifique. L’enseignement secondaire a pour fonction de transmettre des savoirs déjà stabilisés, ce qui n’est pas exclusif d’un aperçu de l’histoire complexe de cette consolidation, ni même des contradictions subsistant dans les corpus enseignés. La formation universitaire a ceci de spécifique qu’elle ne dissocie jamais totalement la production, la transmission et la critique des #savoirs. Par conséquent, seul le niveau propédeutique, encore essentiellement consacré à l’acquisition de bases communément admises d’une discipline, peut à la rigueur être dispensé hors Université, dans la mesure où il ne donne pas lieu à la collation d’un grade.

    Inversement, la licence (ou le titre qui pourrait lui succéder) impose un saut qualitatif avec une première confrontation aux réalités de la recherche scientifique, entendue comme pratique collégiale de la dispute argumentée, sur une problématique construite par la communauté au vu d’un état de la recherche. Aucune licence ne devrait pouvoir être accordée sans une première expérience en la matière, ne serait-ce qu’en position d’observation. Cette première expérience doit prendre des formes différentes selon les disciplines : stage d’observation en laboratoire, brève étude de terrain, traduction commentée… assortis de la rédaction d’un état de l’art. De ce fait, un #cursus_universitaire doit reposer sur un enseignement dispensé par des scientifiques ayant une activité de recherche. On peut penser qu’en-deçà de deux tiers du volume horaire d’enseignement assuré directement par des scientifiques titulaires, le caractère universitaire d’un cursus est remis en jeu. Reconnaître ce seuil aurait également le mérite de limiter réglementairement le recours aux #vacataires et contractuel·les, qui s’est généralisé, tout en laissant une marge suffisamment importante pour offrir aux doctorant·es qui le souhaitent une première expérience de l’enseignement, et en ménageant une place à des intervenant·es extérieur·es qualifié·es dont le point de vue peut être utile à la formation.

    S’agissant des formes d’#enseignement, nous ne croyons pas qu’il soit possible de s’abstraire dès le premier cycle d’une présentation argumentée et contradictoire de l’#état_de_l’art sur les grandes questions d’une discipline. Le #cours_magistral garde donc une pertinence, non comme instrument de passation d’un savoir déjà établi, mais comme outil de liaison entre transmission et critique des savoirs existants. La dimension expérimentale et créative de la formation doit toutefois monter en puissance au fur et à mesure que cette phase propédeutique initiale approche de son terme. De même, la forme du #séminaire_de_recherche doit avoir sa place dans le ou les derniers semestres de licence, et ce quel que soit le cursus.

    Nous ne nous inscrivons pas dans la distinction binaire entre cursus professionnalisants et non-professionnalisants. Cette question de la qualification nous paraît relever d’une pluralité de pratiques qui doit être réglée à l’échelle des disciplines et des mentions. Pour tenir les deux bouts, l’Université doit proposer un éventail de formations présentant des degrés divers d’imbrication avec la recherche finalisée et non-finalisée, des formes plurielles d’application, et des objectifs professionnels différents. Elle doit être conçue comme une grande maison rassemblant la diversité des formations supérieures ; à cet égard, elle ne doit pas reproduire l’opposition des trois baccalauréats (général, technologique et professionnel), ni leur hiérarchie.

    #Disciplines et #indiscipline

    La progression chronologique des cursus et leur cohérence académique ont une importance particulière. Nous persistons à penser que la connaissance scientifique a une dimension historique et cumulative, qui inclut aussi une part de contradictions. C’est ce qui fait l’importance de l’initiation à la notion d’état de la recherche. De ce fait, la temporalité des cursus doit être pensée en conformité avec une progression intellectuelle, pédagogique et scientifique, et non réduite à une combinaison de modules qu’il faudrait faire entrer au chausse-pied dans des maquettes obéissant à des contraintes essentiellement administratives. De là découlent plusieurs conséquences, qui s’appliquent aussi aux cursus interdisciplinaires et expérimentaux que nous appelons de nos vœux. Tout d’abord, les contraintes bureaucratiques ne doivent pas conduire à malmener la #temporalité_pédagogique des étudiant·es. Cela signifie en particulier que l’allocation d’autonomie étudiante en licence devra pouvoir être portée à quatre ans sur simple demande.

    Sur le plan de l’organisation de l’offre de cours, l’insistance sur la #progression_pédagogique et intellectuelle implique de définir quels enseignements fondamentaux doivent impérativement être validés pour permettre le succès dans les étapes ultérieures de la formation. Cela pose la question de la “compensation” des sous-disciplines entre elles : dans sa forme la plus radicale, ce dispositif permet notamment de passer à l’année supérieure si l’on obtient une moyenne générale supérieure à 10/20, sans considération des enseignements non-validés. Il ne nous semble pas pertinent d’abolir toute forme de compensation, car ce dispositif procède assez logiquement de l’idée qu’un cursus n’est pas une juxtaposition de certificats, mais représente l’agencement cohérent d’enseignements obéissant à une structure systématique. En revanche, nous pensons que pour chaque cursus, un bloc disciplinaire doit être dégagé, à l’échelle duquel un niveau minimal doit être atteint par l’étudiant·e pour être en situation de bénéficier des enseignements ultérieurs. Pour augmenter les chances de succès des étudiant·es après une première tentative infructueuse, les enseignements fondamentaux du premier cycle doivent être répétés à chaque semestre.

    On touche ici à un équilibre délicat : en effet, l’exigence d’une progression pédagogique cohérente, qui requiert un cadrage disciplinaire national, ne doit pas être mise au service d’une conception privilégiant la pure transmission au détriment de la production, de la critique et de la reconfiguration des savoirs et in fine des disciplines elles-mêmes. La discipline représente un stade socialement stabilisé de la pratique scientifique, mais elle émerge à partir d’un réseau social (au sens littéral du terme) de scientifiques, qui développent un jargon, des modèles de pensée, des revues, des conférences, dans une dialectique de l’évolution et de la conservation. Les maquettes de cursus et les instances d’élaboration du cadrage national doivent donc impérativement maintenir le caractère évolutif des disciplines, ainsi que la possibilité de leur hybridation, de leur scission ou de leur fusion.

    Si le contact avec la production et la critique des savoirs, au niveau licence, peut se réduire à une simple observation, il n’en va pas de même en master. Tout master, y compris ceux qui préparent à l’enseignement secondaire et ceux qui ouvrent le droit au titre d’ingénieur, doit inclure une part significative de séminaires de recherche et/ou de séjours en laboratoires et de terrains d’analyse. Considérant la définition que nous donnons de la recherche scientifique comme pratique argumentative contradictoire empiriquement étayée, reposant sur un état de l’art et faisant appel à un appareil probatoire objectivable, il nous semble que la mobilité des étudiants d’un établissement ou d’un laboratoire vers un autre doit être encouragée. Cela passerait par la mise en place de dispositifs d’accompagnement financier et logistique pour favoriser une pratique démocratique de la peregrinatio étudiante. En particulier, elle peut être systématisée dans les cursus donnant lieu à un pré-recrutement sous statut d’élève-fonctionnaire.

    Échapper à la Tour d’Ivoire

    La finalité sociale d’une refondation de l’enseignement supérieur ne doit pas se réduire à la formation initiale des corps mettant en œuvre l’accès aux droits fondamentaux (soin, santé environnementale, génie civil, justice, éducation…). Plus généralement, le rôle de l’Université excède la question de l’émancipation “des étudiant·es” au sens d’un groupe social à la recherche d’une formation précise ou d’une qualification. À la crise environnementale qui frappe la terre entière selon des modalités différentes s’ajoute en France une crise sociale et démocratique profonde. L’objectif de refondation de l’Université est une étape de la réponse politique à cette triple crise.

    Nous devons satisfaire trois exigences : la première est l’autonomie intellectuelle et matérielle maximale de la jeunesse ; la deuxième nécessité est la réévaluation de l’utilité sociale des savoirs et des qualifications, contre les hiérarchies actuelles : il s’agit d’aller vers une organisation où un·e bachelier·e professionnel·le maîtrisant les bonnes techniques agro-écologiques ne se verra plus placé.e socialement et scolairement en-dessous d’un·e trader·euse polytechnicien·ne, ni un·e professeur·e des écoles en-dessous d’un·e publicitaire. Le troisième objectif, par lequel nous souhaitons terminer cette contribution, est l’octroi d’une formation scientifique, technique et artistique de qualité pour le plus grand nombre, condition nécessaire à un traitement démocratique et contradictoire des grands problèmes scientifiques, techniques et écologiques du moment.

    Ce dernier point impose un double mouvement. L’imbrication de l’Université dans la ville doit également concerner les formations elles-mêmes. L’Université doit être sa propre “#université_populaire”, dispensant des enseignements ouverts à toutes et tous. Cela peut se faire pour partie sous la forme d’une #formation_continue gratuite ; l’argent actuellement versé au titre de la formation continue serait alors converti en cotisations patronales à l’enseignement supérieur “par répartition”. Mais au-delà des formations continues, l’Université doit continuer de proposer des formations scientifiques non diplômantes et des cours libres à destination des publics intéressés, et étoffer cette offre lorsqu’elle existe.

    Réinstituer une #communauté_universitaire

    Ce plan suppose une émancipation des universitaires, en particulier des corps enseignants, qui soit l’œuvre des universitaires eux-mêmes. Or après vingt années de fabrication managériale du consentement, le refus ou la difficulté de penser la science et ses modalités de production, de réception et de critique prévalent dans l’esprit d’un grand nombre d’enseignant·es-chercheur·euses. Répondre en détail à ce défi imposerait un retour sur les #politiques_de_recherche qu’il s’agit de reconstruire, et sur l’organisation collective de l’#autonomie_du_monde_savant, avec ses conditions budgétaires et statutaires notamment. Cette affirmation ne relève pas du mot d’ordre catégoriel mais de la nécessité intellectuelle : une recherche scientifique de qualité, participant du libre exercice de la #disputatio ou discussion argumentée et orientée vers la recherche de la vérité, demande des garanties matérielles contre toute tentative d’intimidation ou toute dépendance vis-à-vis de donneur·euses d’ordres, de financeur·euses extérieur·es ou tout·e collègue plus puissant·e et susceptible de prendre ombrage d’un travail. La #liberté_académique a ses conditions de réalisation, et la première est d’offrir aux universitaires un statut pérennisant leur indépendance [12].

    La #précarisation objective et subjective des emplois universitaires et scientifiques change la nature de leur métier, et par ricochet, l’essence même de la recherche, et des formations dispensées à l’Université. En droit, cette protection statutaire s’étend à tous les corps de métier vitaux à l’exercice des missions universitaires. Pour nous, les personnes concernées ne sont pas des “personnels des universités” : elles sont l’Université en tant que communauté de pratiques et de buts. Aujourd’hui, une sphère bureaucratico-managériale s’est constituée par accrétion d’une partie de ces corps de métier (au premier rang desquels certain·es enseignant·es-chercheur·euses). Cette sphère se trouve de fait dans une situation de sécession vis-à-vis du reste de l’Université. Ses prébendes reposent sur la dépossession pratique des agent·es qui constituent la sphère académique. Pour le dire autrement : la sphère gestionnaire des universités se construit sur la négation de l’idée d’Université, et la reconstruction de celle-ci passera nécessairement par le démantèlement de celle-là.

    Le réarmement rationaliste critique a des implications pour l’organisation même de l’Université, qui doit être intégralement revue dans le sens d’une gestion collégiale à échelle humaine, avec rotation des responsabilités, réduction maximale de la division du travail, reconnaissance de la valeur de tous les métiers de l’enseignement supérieur et de la recherche, protection contre les différentes formes de harcèlement et d’intimidation, qu’elles émanent de l’intérieur ou de l’extérieur de l’institution. Cette auto-administration au plus près du terrain doit être redoublée par des garanties nationales en termes de péréquation territoriale et disciplinaire et par la présence d’instances démocratiques de coordination en réseau, selon le principe d’équilibre territorial énoncé plus haut. Les prérogatives accaparées par les bureaucraties depuis vingt ans doivent être reprises démocratiquement, à la fois au sommet (au niveau du pilotage national), et au niveau de l’organisation du fonctionnement des établissements.

    Il y a quelques années, un dirigeant d’université parisienne déplorait que son établissement, alors occupé par des étudiants, soit devenu un “capharnaüm” avec “de la violence, de la drogue, du sexe même” — il y aurait beaucoup à dire sur la hiérarchie des maux que construit cette formule. Signalons simplement que l’Université promue par ces dirigeants est une maison qui rend fou, pleine de violence, de CAME et de souffrance. L’avenir démocratique du pays dépend en partie de notre capacité à leur opposer une vision de l’Université comme tiers-lieu plein de controverses argumentées, d’invention intellectuelle et de #plaisir.

    [1] L’objet de cette contribution n’est pas de récapituler la littérature abondante consacrée à la critique de l’existant ou à la documentation des réformes. Pour une synthèse informée, on se reportera notamment à l’ouvrage de Chr. Granger La destruction de l’Université française (La Fabrique, 2015). On lira également avec intérêt, pour ce qui est des questions de formation, L’Université n’est pas en crise de R. Bodin et S. Orange (Le Croquant, 2013) et La Société du concours d’A. Allouch (Le Seuil, 2017). Le séminaire « Politique des Sciences » et la revue Contretemps Web proposent également des suivis analytiques intéressants de la mécanique réformatrice sur la moyenne durée. Pour une critique des premières étapes du programme réformateur, on lira notamment les travaux de Chr. Charle et Ch. Soulié, comme Les ravages de la « modernisation » universitaire en Europe (Paris : Syllepse, 2007) et La dérégulation universitaire : La construction étatisée des « marchés » des études supérieures dans le monde (Paris : Syllepse, 2015).

    [2] Chr. Musselin, Le Marché des universitaires. France, Allemagne,États-Unis, Paris, Presses de Sciences Po, 2005 ; Chr. Musselin, La grande course des universités,Paris, Presse de Sciences Po, 2017.

    [3] Ph. Aghion, É. Cohen (avec É. Dubois et J. Vandenbussche). Éducation et croissance. Rapport du Conseil d’Analyse Économique, 2004. https://www.cae-eco.fr/Education-et-croissance.html

    [4] Il faudrait également analyser sur la durée la production de think tanks et de revues proches des milieux réformateurs. Citons par exemple plusieurs rapports de l’Institut Montaigne : J.-M. Schlenker, Université : pour une nouvelle ambition, avril 2015 ; G. Babinet & E. Husson (dir.), Enseignement supérieur et numérique : connectez-vous !, juin 2017 ; R. McInness (dir.), Enseignement supérieur et recherche : il est temps d’agir !, avril 2021. On pourra également prendre connaissance avec intérêt du dossier « Universités : vers quelle autonomie ? » paru dans Esprit en décembre 2007, sous la codirection d’Yves Lichtenberger, Emmanuel Macron et Marc-Olivier Padis.

    [5] On pourrait contester l’interprétation que Philippe Aghion, notamment, donne de Schumpeter, en objectant que les théories de celui-ci sont pensées pour l’innovation industrielle et prennent pour point de départ le profit lié au cycle de la marchandise. L’application de tels modèles à un capitalisme de crédit faisant une place importante à la dette étudiante représente une rupture par rapport au cadre initial de Schumpeter, rupture dont les tenants et aboutissants en terme d’économie politique gagneraient à être explicités par les économistes défendant de ce nouveau modèle.

    [6] O. Bouba-Olga et M. Grossetti, “La mythologie CAME (Compétitivité, Attractivité, Métropolisation, Excellence) : comment s’en désintoxiquer ?”, 2018. hal-01724699v2

    [7] L. Boltanski et E. Chiapello, Le Nouvel Esprit du Capitalisme, Paris, Gallimard, 1999.

    [8] La réflexion politique de RogueESR étant articulée autour des notions d’autonomie et de liberté, nous employons de préférence le terme d’ »émancipation », à la fois pour sa dimension simultanément collective et individuelle, pour sa capacité à désigner l’autoritarisme réformateur comme adversaire central, et pour sa faculté à souligner qu’il ne s’agit pas d’offrir l’éducation à celles et ceux qui en sont privés, mais aussi de libérer celle-ci. Mais au moins pour ce qui est de son premier volet, ce programme d’émancipation rejoint la problématique de la « démocratisation » posée par le Groupe de Recherches pour la Démocratisation Scolaire.

    [9] D. Flacher, H. Harari-Kermadec, L. Moulin. “Régime par répartition dans l’enseignement supérieur : fondements théoriques et estimations empiriques », Économie et Institutions, 2018. DOI : 10.4000/ei.6233

    [10] Le projet de “collège de premier cycle” de l’université Paris-Saclay a montré que le même établissement peut parfois jouer tour à tour les deux rôles via des dispositifs de différenciation interne.

    [11] Assurément, ces changements, qui n’affecteront qu’une minorité d’étudiant·es, se heurteront à une résistance considérable compte tenu du rôle que les corps concernés jouent dans l’appareil d’Etat. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous récusons l’idée qu’une refondation de l’enseignement supérieur pourrait se faire sur la seule base de revendications catégorielles ou à plus forte raison strictement budgétaires : le concept d’Université, pour être réalisé, demande une articulation à un programme de ré-institution plus large de la société.

    [12] Cela implique un plan de rattrapage pour l’emploi titulaire, à destination des universitaires précaires qui assurent aujourd’hui des tâches fondamentales dans tous les corps de métiers. Dans la mesure où le chiffre de 15.000 postes parfois avancé est manifestement insuffisant puisqu’inférieur à ce que nécessiterait le simple maintien des taux d’encadrement tels qu’ils étaient en 2010, nous ne nous avancerons pas sur un chiffrage : celui-ci devra être réalisé a posteriori, sur la base d’un audit des besoins qui en définisse le plancher – et non le plafond. Pour un chiffrage des besoins, voir https://tinyurl.com/2jmfd5k9. Le collectif Université Ouverte a également publié des éléments de chiffrage : https://tinyurl.com/4uptvran

    https://mouvements.info/liberte-exigence-emancipation-reinstituer-luniversite

  • German researchers draw up demands for incoming science minister

    With chancellor Angela Merkel’s exit in sight, scientists have a list of reforms and issues they want the next government to tackle

    In her 16 years as Germany’s chancellor, Angela Merkel has overhauled German science, transforming it from under-funded and suffering from brain drain, to well-resourced and attractive to both domestic and visiting academics.

    German government spending on R&D over her tenure rose by €9 billion from 2005 – 2018 and Germany is one of the few EU countries in which combined public and private investment in R&D has reached the European Commission target of 3% of gross domestic product.

    But it hasn’t all been plain sailing. With Merkel’s exit in sight, Germany’s scientists have a list of reforms and issues for incoming government to tackle.

    Easing technology transfer

    One issue that continues to rankle is Germany’s slow and complicated technology transfer system, which is widely viewed as needing a complete overhaul. Scientists with ambitions of starting a company based on their research are often discouraged by complicated rules and administration.

    After years of inaction, researchers are getting frustrated. “Our science and technology policy is too slow and too inflexible,” reads one blunt statement from the Max Planck Society. “The state should enable research, not direct or control it.”

    Stifterverband, an organisation of private companies and research institutions, recently released data showing the share of funding universities get from corporate sources is in decline, and that this is having an impact on the commercialisation of research. "While Germany is at the top in basic research, it is stagnating at German universities in terms of transfer and application,” said Mathias Winde, head of science at Stifterverband.

    Some are hoping BioNTech and Curevac, the two German biotechs that have applied injections of public funding to develop COVID-19 vaccines, have shown politicians what can be done when government administration acts fast.

    “One topic that is really high on the list now is speed,” said Rainer Lange, head of research policy at Wissenschaftsrat, an advisory body to the federal government. Alongside several other research institutes Wissenschaftsrat is calling for administrative hurdles to be removed so that new tech spinoffs can replicate the success of BioNTech and Curevac.

    “We need to analyse how this was possible, and whether or not we can retain some of this spirit in the future,” says Lange.

    It should be noted that before they shot to fame in the pandemic, both of these companies had been working for more than a decade to develop cancer vaccines. Curevac was spun out of the University of Tübingen as far back as 2000, while BioNTech’s move to apply its messenger RNA technology to infectious diseases is based not on research carried out in Germany, but on a license agreement with the University of Pennsylvania, signed in November 2018.

    Whether or not the COVID factor can be bottled, it would appear to be too late for the current government’s own tech transfer initiative, SPRIN-D, set up in 2019 to emulate the approach of the US Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) in backing disruptive research and accelerating innovation.

    The name, Bundesagentur für Sprunginnovation - the Federal Agency for Disruptive Innovation – would seem to make the remit clear, but soon after its launch in 2019, the German Federal Court of Auditors said SPRIN-D needs to follow the same public spending rules as any other semi-state institution.

    Now it’s in a quagmire; trying to fund risky research with high potential, while also justifying its spending to federal fiscal hawks.

    Sprin-D’s head, Rafael Laguna de la Vera, is campaigning for a ‘Sprin-D law’ to be passed in the next legislative period to free it of these restraints. Meanwhile, the German Green Party has proposed an entirely new agency for technology transfer, and other parties are open to the idea.

    Tech sovereignty

    There are other lessons from the COVID-19 pandemic. Developing Germany’s tracking app highlighted technology sovereignty goals for the next government, said Patrick Dieckhoff, secretary general for science policy at Fraunhofer, Europe’s largest applied research organisation.

    While Fraunhofer helped to develop the country’s COVID-19 contact tracing app, rollout ultimately relied on the two US smartphone giants Apple and Google allowing the government to track infections. This reliance caused problems for similar apps in France and the UK.

    “We saw that we don’t have the freedom to operate,” said Dieckhoff. “We depend on large companies which are not European to protect our own security.”

    Fraunhofer is pushing for the next government to develop digital technology through the EU ‘Important Projects of Common European Interest’ programme, in which cross border projects can be developed under relaxed competition rules.

    Germany’s major parties agree that Europe needs to catch up to international rivals. The manifestos of Merkel’s CDU/CSU alliance, the centre left SPD, liberal FDP, and Green party all mention European technology sovereignty, especially in artificial intelligence, digital infrastructure and quantum computing.

    “This is a European question,” said Diekhoff. “Technological sovereignty is a precursor for political sovereignty. This might be a new road for research policy. If you are not at the top of scientific developments, you will not be able to make your own decisions.”

    It’s an issue preoccupying the European Commission, which is taking steps to reduce dependence on technology from elsewhere. The Commission recently announced a €1.2 billion fund for collaborative defence R&D projects, and has said in future that it will base its rules for international scientific cooperation on the principle of ‘open strategic autonomy.’

    However, advice from the Wissenschaftsrat and other research groups cautions against the new German government following calls in Brussels to place constraints on scientists in countries that are held to undermine academic freedom and intellectual property rights.

    “There’s a certain asymmetry sometimes in international relations here,” said Lange. “We need to find a balance here and to have much more open discussions about international R&D cooperation within our system.”

    The German Academic Exchange Service (DAAD) is also wary of scientific research becoming embroiled in foreign affairs. “The coming legislative period will be about securing academic exchange in difficult contexts” in particular with countries that may suppress academic freedom like China or Turkey, DAAD says.

    Christiane Schmeken, DAAD strategy director, is concerned about foreign affairs creeping into the science ministry. “Funding organisations like ours could become instrument[s] to achieve [geopolitical] goals,” she said. “If we end up being considered as being part of the German government, that’s quite a different story.”

    Terms and Conditions

    Researchers are also asserting their rights in a recent debate highlighting the precariousness of employment contracts in Germany.

    Since mid-June scientists have taken to social media to describe their experiences of working through consecutive fixed-term contracts in multiple institutions, and even working on unemployment benefits after their contracts have finished.

    The law affects a majority of academics; approximately 67% of full time university staff had temporary contracts in 2019. If they don’t secure a permanent position after 12 years, researchers are automatically prevented from carrying out contract research work at any German universities.

    The hashtag IchBinHanna used on social media comes from a government video that explains the 2007 Science Contract Act, which set a maximum limit for temporary employment of scientific staff at universities. In it an avatar scientist named Hanna explains that the law prevents incumbents in permanent positions from ‘clogging up’ the system.

    “We have all heard this [clogging up phrase], but it’s a different thing when you hear it in an official video,” said Kristin Eichhorn, one of the organisers of the campaign, who is based at the University of Paderborn.

    German science minister Anja Karliczek has defended the law, but the SPD and the Green Party began to voice their concerns in the closing Bundestag sessions in June.

    The campaign has been picked up by Germany’s Education and Science Union (GEW), which has long lobbied for reform. “The precariousness of academic work is particularly advanced in Germany, but is also on the rise in other European countries,” said Andreas Keller, GEW vice chair and member of the GEW executive board.

    These calls are being heard at an EU level. Keller is also vice president of the European Trade Union Committee for Education, which recently passed a resolution calling for more permanent research positions.

    Researchers’ working rights featured in Portugal’s EU presidency in the first half of this year, with the European Council supporting moves to improve conditions for academic researchers. If the German campaign continues its momentum into the next federal government, it may act as a bellwether of this EU effort.

    For now, Eichorn sees the campaign as a first step on a lengthy path to reform. “I would be happy if we got into an atmosphere where some change would begin,” she said. “This is definitely an issue that will take probably a decade or so.”

    https://sciencebusiness.net/news/german-researchers-draw-demands-incoming-science-minister

    #Allemagne #universités #facs #science #recherche #financement #budget #précarité #précarisation #IchBinHanna #postes #postes_permanents

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  • Violences sexuelles et sexistes : les enquêtes se multiplient dans l’#enseignement_supérieur, sommé d’agir

    En publiant un vade-mecum pour les #enquêtes_administratives, l’#inspection_générale_de_l’éducation, du sport et de la recherche veut inciter les établissements à mettre un coup d’arrêt aux violences sexuelles et sexistes, objet de multiples saisines depuis plusieurs mois.

    C’est le tournant #metoo de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (#IGÉSR) : en partageant, comme un modèle, lundi 27 septembre, un #guide très détaillé sur l’art et la manière dont ils conduisent une enquête administrative susceptible de suites disciplinaires, les inspecteurs généraux veulent appeler à leurs responsabilités les chefs d’établissement de l’enseignement supérieur sur des questions longtemps considérées comme mineures ou extérieures à la vie d’un campus.

    En 2020-21, l’enseignement supérieur a représenté 50 % des activités de contrôle de l’IGÉSR, avec vingt et une enquêtes administratives sur quarante-quatre. En septembre 2021, l’inspection a été saisie de trois nouvelles missions qui s’ajoutent aux cinquante encore en cours. Parmi elles, une majorité est liée aux #violences_sexuelles_et_sexistes (#VSS), au #harcèlement_moral ou à des #agressions lors de week-ends d’intégration. Viennent ensuite le « #management_brutal et inapproprié » ou encore la carence de dirigeants qui auraient pu faire cesser un scandale, comme celui du #Centre_du_don_des_corps de l’#université_Paris-Descartes, où l’ancien président #Frédéric_Dardel a finalement été mis en examen en juin.

    A l’échelle des #universités et #grandes_écoles, les #enquêtes_administratives menées en interne par l’administration de l’établissement – sans recourir à l’IGÉSR – sont un phénomène nouveau. « Il y a quelques années, nous n’en faisions quasiment pas et, aujourd’hui, certains établissements en sont à quatre par an », illustre Delphine Gassiot-Casalas, secrétaire générale de l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux et présidente du réseau national des services des affaires juridiques, JuriSup, qui a publié, en juillet, un guide sur les #procédures_disciplinaires.

    Effet cathartique

    L’année 2021 a eu un effet cathartique dans la communauté universitaire et les grandes écoles. Les premiers à en faire les frais sont les #instituts_d’études_politiques (#IEP).

    Accusés d’#immobilisme voire de #complicité avec la « #culture_du_viol », ils ont été submergés en février par une déferlante de #témoignages d’étudiantes, sous le hashtag #sciencesporcs, rapportant avoir été violées ou agressées par des étudiants ou des personnels, sans qu’aucune sanction ait été prononcée. Aussitôt, Frédérique Vidal, la ministre de l’enseignement supérieur, avait diligenté une mission d’inspection, chargée de faire le tour des dix IEP et des sept campus de l’IEP de Paris.

    Remises fin juillet, les #préconisations de l’inspection invitent à dépasser la simple prise de conscience pour professionnaliser les missions de #veille et de #recueil_de_la_parole.

    Un #plan_national de lutte contre les violences sexuelles et sexistes doit être annoncé fin septembre ou début octobre par Frédérique Vidal ; il sera doté de #formations qui auront « vocation à être renforcées et pérennisées à partir de 2022 », assure le ministère. « Renforcer les cellules de veille et d’écoute est important, prévient Delphine Gassiot-Casalas. Mais il faut aussi recruter au sein des #services_juridiques, car ce sont eux qui gèrent les procédures, et nous croulons sous les affaires. »

    Qu’elle soit commise dans les locaux ou à l’extérieur, toute #agression doit faire l’objet d’un #signalement. « Au domicile d’un étudiant, il s’agit de la même communauté qui se regroupe, et le comportement déviant d’un des membres va nécessairement rejaillir sur le fonctionnement de l’établissement », appuie la présidente de JuriSup. Avec des répercussions immédiates en termes d’#image, de #réputation mais aussi d’#atteinte_à_la_santé et à la scolarité de la victime.

    « Un souci de #transparence »

    Trop longtemps tolérées, « les violences sexuelles et sexistes ne doivent plus du tout avoir cours et donc ne jamais être mises sous le tapis », affirme Caroline Pascal, chef de l’IGÉSR.

    Très régulièrement, lors de leurs missions, les inspecteurs généraux font face à des enseignants ou des responsables hiérarchiques qui ont « des habitudes de tutoiement, de bises, de contacts tactiles appuyés, qu’ils perçoivent comme des attributs de leurs fonctions, relate Patrick Allal, responsable du pôle affaires juridiques et contrôle à l’IGÉSR. Ils n’ont pas compris que le temps est révolu où l’on pouvait arriver le matin et hurler sur quelqu’un ou ne pas réagir au fait qu’un directeur de thèse impose des relations intimes à ses doctorantes ».

    A travers son #vade-mecum des enquêtes administratives, l’IGÉSR situe son action sur le volet de la #procédure. « C’est la première fois qu’une inspection générale rend publique la façon dont elle travaille, souligne Patrick Allal. Nous revendiquons un souci de transparence visant aussi à faire taire les critiques qui régulièrement entourent nos travaux : #opacité, absence de contradiction, enquêtes réalisées à charge, instrumentalisation par les ministres, etc. »

    En 2021, trois rapports ont été contestés par des personnes incriminées lors d’une enquête, soit à l’occasion de la procédure disciplinaire engagée conformément aux préconisations de la mission devant le juge administratif, soit lors des poursuites pénales faisant suite au signalement au parquet par l’inspection générale.

    « Fonctions nouvelles et chronophages »

    Le document de 65 pages détaille le déroulement d’une enquête étape par étape, de la préparation de la mission au recueil des pièces en passant par l’attitude durant l’audition des témoins et la procédure contradictoire préalable à la rédaction du rapport définitif.

    « #metoo a fait émerger une charge de travail nouvelle pour nous, sur un sujet qui était d’ordre individuel et qui devient collectif », analyse Caroline Pascal. « On s’interroge désormais sur l’amplitude de systèmes qui ont pu laisser prospérer des situations de harcèlement moral ou des violences sexuelles et sexistes, faute de réaction et de formation, avec à la clé un possible signalement au parquet », en vertu de l’article 40 du code de procédure pénale, qui prévoit que tout fonctionnaire qui acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République.

    En attendant que se professionnalisent réellement les missions exercées par les cellules de veille et d’écoute au sein des universités et des grandes écoles, l’IGÉSR restera le principal recours. « Ce sont des fonctions nouvelles et chronophages pour lesquelles les établissements ne sont pas forcément très armés, même si l’on constate souvent le souci de bien faire », observe Patrick Allal. En témoigne cette mission d’inspection à l’encontre d’un professeur d’université qui vient tout juste de démarrer au sujet d’une suspicion d’agression sexuelle. L’enquête menée en interne est restée vaine : aucun témoin n’a osé s’exprimer, par manque de #confiance dans l’administration de l’établissement.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/09/27/violences-sexuelles-et-sexistes-les-enquetes-se-multiplient-dans-l-enseignem
    #sexisme #violences_sexuelles #violences_sexistes #ESR #France

    ping @_kg_

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    ajouté à la métaliste sur le harcèlement sexuel dans les universités :
    https://seenthis.net/messages/863594
    Et plus précisément sur la France :
    https://seenthis.net/messages/863594#message863596

  • #Chercheurs afghans abrités par l’uni

    L’université de Genève s’apprête à accueillir deux scientifiques afghans, avant d’en faire venir sans doute d’autres. En parallèle, elle ouvre cette rentrée ses portes à 290 personnes issues de l’asile.

    Le 15 août 2021, les talibans prennent Kaboul. Un voile obscurantiste tombe sur tout le pays. Les scènes de fuite désespérée font le tour du monde et suscitent un important élan de solidarité. En Suisse, l’Académie n’a pas fait exception. L’université de Genève (Unige) se mobilise pour accueillir deux chercheurs, avant sans doute d’autres, dans le cadre du programme international #Scholars_at_risk (chercheurs en danger) visant à protéger les scientifiques en danger de mort ou d’emprisonnement.

    « Dès la chute de Kaboul, la communauté universitaire s’est très fortement mobilisée, se remémore Mathieu Crettenand, délégué à l’intégration et responsable des programmes Scholars at risk et Horizon académique à l’Unige. Rapidement, nous avons reçu des appels de facultés telle que celles des Sciences ou des Sciences de la société, nous informant qu’elles se tenaient à disposition pour accueillir des confrères et consœurs afghan·es. » Le rectorat, tout comme les autorités genevoises, partageaient aussi cette volonté de venir en aide à celles et ceux qui fuient les talibans.

    Pas encore de femmes

    Le délégué à l’intégration et son équipe ont ensuite sondé le siège du programme à New York et les réseaux scientifiques des chercheurs et chercheuses genevois·es pour identifier des profils. Deux sont retenus : un spécialiste de la santé, ancien membre du gouvernement, et un géographe. Et les femmes ? « C’est un regret, nous n’avons pas identifié de profils de chercheuses parmi les réseaux que nous avons sondés. Elles ne devaient sans doute pas être très nombreuses non plus sous le régime précédent les talibans. »

    Si le chiffre de deux peut sembler particulièrement bas, c’est que ce programme est exigeant et les obstacles pour faire venir des chercheurs de pays du Sud sont particulièrement difficiles à franchir. Première pierre d’achoppement : les barrières administratives à la migration dressées en Europe. « Il faut obtenir un visa humanitaire pour les chercheurs et leur famille. L’un a son épouse et trois enfants, et au vu de son profil souhaiterait faire venir ses parents également ; l’autre n’a que son épouse et un nourrisson », détaille Mathieu Crettenand. Le lobbying de swissuniversities et des autorités est en bonne voie de faire aboutir les démarches.

    Un programme de niche

    Mais le plus dur reste l’obstacle financier. « Ce programme est destiné à des scientifiques reconnu·es qu’on extrait d’une situation de danger pour leur offrir un poste dans la recherche. » Il faut donc payer un salaire en lien avec les standards suisses. Pour une personne, cela représente une charge de 100’000 à 120’000 francs. Des sommes importantes qui expliquent sans doute une certaine modestie. Genève a rejoint Scholars at risk en 2008, mais les premiers chercheurs et chercheuses ne sont arrivé·es qu’en 2011. Et jusqu’à présent, il n’y en a eu que 7. « C’est une des limites du programme qui est destiné à un public restreint », concède Mathieu Crettenand. Ces sommes sont financées notamment par l’université, le Fonds national suisse de la recherche scientifique et des partenariats avec les autorités.

    Toutefois, la volonté politique à Genève semble favorable à l’accueil de réfugié·es afghan·es, ce qui se traduit par du lobbying à Berne. « Nous sentons que les obstacles financiers tombent », se réjouit aussi le responsable du programme. Il souligne que « les besoins de protection de scientifiques restent importants ». A terme, l’université pourrait accueillir un contingent plus important. « Des contacts sont déjà établis. »

    290 réfugiées et réfugiés cette rentrée

    Ces dernières années, l’ouverture de l’université de Genève aux exilé·es a connu une accélération sans précédent, grâce au programme #Horizon_académique. Lancé en 2016 avec le Bureau de l’intégration des étrangers, il vise à faciliter l’accès aux études aux personnes relevant de l’asile, à celles détenant un « permis B regroupement familial » et aux Suisses de retour de l’étranger.

    « Le projet a germé après la guerre en Syrie, explique Mathieu Crettenand, responsable d’Horizon académique. La faculté des Sciences de la société a proposé d’ouvrir l’université aux réfugié·es qualifié·es syrien·nes.

    Cinq ans plus tard, la sixième volée découvre les bancs de l’université. Avec une croissance exponentielle : de 35 étudiantes et étudiants en en 2016-2017, puis 152 l’année passée, on est passé à 290 cette rentrée, à tous les niveaux d’enseignement et même en doctorat. On estime entre 10% et 15% les demandeurs et demandeuses d’asile ayant le niveau universitaire.

    Ces étudiant·es ne sont toutefois pas soumis·es aux même critères que les autres. Ils et elles ne sont pas officiellement immatriculé·es mais peuvent suivre les cours. En parallèle, des cours de langue française ainsi qu’un accompagnement académique, professionnel et social leur est offert. A la fin du cursus, des crédits universitaires virtuels leurs sont attribués et peuvent leur ouvrir les voies de l’immatriculation.

    Et les chiffres sont plutôt corrects : 37% finissent par s’immatriculer, 18% obtiennent un autre type de « sortie réussie » (prise d’emploi, orientation vers une autre voie, etc.) et 20% abandonnent. « Mais même pour eux, ce n’est pas un véritable échec. Car en matière d’intégration, l’expérience qu’ils auront vécue sera décisive pour la suite de leur parcours », estime Mathieu Crettenand.

    https://lecourrier.ch/2021/09/22/chercheurs-afghans-abrites-par-luni
    #université #universités-refuge #réfugiés #réfugiés_afghans #solidarité #Genève #université_de_Genève #unige

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    ajouté à la métaliste sur les universités-refuge :
    https://seenthis.net/messages/746030

  • #Covid-19 et les capteurs de CO2 à la rentrée scolaire - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/covid-19-pourquoi-les-capteurs-de-co2-seront-essentiels-a-la-rentre

    Nous savons aujourd’hui que le #coronavirus #SARS-CoV-2 est transmis principalement par #aérosols : des micro-gouttelettes que l’on expire en éternuant, toussant, parlant ou même juste en respirant, et qui restent en suspension dans l’air pendant de longues périodes. Il est estimé que l’on envoie dans l’air jusqu’à 7.200 particules d’aérosol par litre d’air expiré, dans lesquels un patient atteint de Covid-19 peut libérer jusqu’à 105 à 107 copies du génome du coronavirus ! Face à ce constat, les chercheurs encouragent depuis des mois à ouvrir les fenêtres régulièrement afin de ventiler les pièces fermées et les nettoyer de ces aérosols.

    Mais combien de fenêtres faut-il ouvrir ? Et pendant combien de temps ? Des questions complexes qui dépendent de la pièce, du nombre de personnes à l’intérieur, du vent et de la saison. “L’air est très complexe. Il n’y a pas une règle simple, comme ‘lavez-vous les mains pendant 20 secondes’”, expliquait l’ingénieure environnementale Cath Noakes à New Scientist. La solution est donc d’estimer la quantité d’aérosols dans une pièce, pour savoir si on a ventilé suffisamment ou pas. Et pour cela, les capteurs de CO2 sont essentiels, car ils donnent une idée du taux de ventilation. “La quantité de CO2 vous dit quelle quantité de l’air dans cette pièce a déjà été respirée par d’autres personnes”, poursuivait-elle.

    Interrogé par le magazine Marianne, le physicien François Pétrélis, membre du Projet CO2 (groupe de chercheurs qui préconise l’utilisation de ces capteurs pour limiter la dissémination du coronavirus) expliquait plus en détail : “Avec une méthode d’absorption infrarouge, le capteur va donner une valeur en partie par million (ppm). Et l’on sait que le CO2 va montrer à quel point il y a de la respiration dans la pièce, ce qui permet de se faire une idée de l’excès d’aérosol présent.”

    À New York, pas de capteurs, pas de classe

    L’#aération des salles de classe est de plus en plus prise au sérieux. À New York, par exemple, ces #capteurs ont été installés dans toutes les écoles et leur niveau de CO2 est publié par le Département d’éducation de la ville. En plus de ces capteurs, toutes les salles de classe y sont équipées de deux #purificateurs d’air qui nettoient l’air d’une pièce quand la #ventilation n’est pas suffisante. “

    #contamination #enfants #écoles #universités

  • [relai du fil twitter de PYM / @_P_Y_M]
    #ZeroCovid Allemagne remet le couvert et demande que les « responsables » cessent de se défausser par les appels individuels à la vaccin° :
    ✅ tests PCR gratuits
    ✅ filtrage, #ventilation des écoles (cc @nousaerons)(pétition ci-dessous)
    ✅ masque obligatoire
    https://weact.campact.de/petitions/luftfilter-in-alle-klassezimmer

    Et bien sûr les conditions d’un #ZeroCovid :
    ✅ levée des brevets sur les #vaccins,
    ✅ solidarité médicale internationaliste
    ✅ bouclier social (allocations chômage, moratoire sur les loyers)
    ✅ fin des expulsions de migrant·es
    ✅ investissement à l’hôpital, hausse des salaires

    L’analyse détaillée du moment où nous nous trouvons est ici :
    https://zero-covid.org/positionspapier-welle4
    Le taux d’incidence en Allemagne est bien inférieur à ce qu’il est en France, mais l’évolution n’est pas si différente, et une stratégie #ZeroCovid repose d’abord sur le facteur R #4emeVague

    #ZeroCovid dit clairement ce qu’on lit finalement peu en France : la politique d’incitation individuelle à la #vaccination consiste à accepter la contamination de la quasi-totalité des non-vaccinés en faisant comme si toutes et tous avaient choisi de ne pas se faire piquer.

    #ZeroCovid Tout miser sur la vaccination individuelle et abandonner les non-vaccinés, c’est condamner les #immunodéprimés et les groupes sociaux laissés à l’écart du dispositif très bureaucratique de la #vaccination : Pauvres, étranger·es, dyslexiques, personnes isolées.

    Une politique solidaire de #vaccination générale ne dispensera pas de mesures complémentaires #ZeroCovid pour écraser le taux de reproduction et d’incidence : ✅#ventilation & purification de l’air
    #testpcr gratuits généralisés
    ✅télétravail là où c’est possible et nécessaire

    La #rentree sera un moment crucial.
    Les #ecoles et #universités doivent avoir été équipées de #filtres, avoir des stocks de #Tests et des dispositifs de #ventilation ou bien on va à la catastrophe

    Le doc de travail #ZeroCovid signale à juste titre que les #vaccinés AUSSI doivent être solidaires, ce qui veut notamment dire : PORTER OBLIGATOIREMENT UN #MASQUE pour ne pas contaminer les personnes tenues à l’écart de la #vaccination
    https://zero-covid.org/positionspapier-welle4

    L’éventualité du télétravail, y compris en dernier recours à l’école, impose des investissements publics et un soutien spécifique pour les enfants et les familles (notamment pauvres) que ces dispositifs pénalisent le plus

    Le virus ne s’arrête pas aux frontières : cette feuille de route n’a aucun intérêt sans levée des brevets vaccinaux et solidarité internationale.
    Enfin #ZeroCovid n’est pas possible si l’on nie la dimension sociale et économique de la crise.
    ➡️moratoire des loyers, bouclier social, développement des services sanitaires et sociaux, fin de la répression des groupes marginalisés abandonnés à la pandémie (migrant·es, SDF).

    • • • source https://twitter.com/_P_Y_M/status/1426508872223760385 & autre relais https://threadreaderapp.com/thread/1426508872223760385.html

  • Research ethics: a profile of retractions from world class universities

    This study aims to profile the scientific retractions published in journals indexed in the Web of Science database from 2010 to 2019, from researchers at the top 20 World Class Universities according to the Times Higher Education global ranking of 2020. Descriptive statistics, Pearson’s correlation coefficient, and simple linear regression were used to analyze the data. Of the 330 analyzed retractions, #Harvard_University had the highest number of retractions and the main reason for retraction was data results. We conclude that the universities with a higher ranking tend to have a lower rate of retraction.

    https://link.springer.com/article/10.1007/s11192-021-03987-y

    #rétraction #invalidation #articles #édition_scientifique #publications #recherche #université #science #ranking #rétractions_scientifiques #articles_scientifiques #universités_classées #statistiques #chiffres #Harvard #honnêteté #excellence #classement

    ping @_kg_

    • Retracted Science and the Retraction Index

      Articles may be retracted when their findings are no longer considered trustworthy due to scientific misconduct or error, they plagiarize previously published work, or they are found to violate ethical guidelines. Using a novel measure that we call the “retraction index,” we found that the frequency of retraction varies among journals and shows a strong correlation with the journal impact factor. Although retractions are relatively rare, the retraction process is essential for correcting the literature and maintaining trust in the scientific process.

      https://journals.asm.org/doi/full/10.1128/IAI.05661-11

    • Knowledge, Normativity and Power in Academia
      Critical Interventions

      Despite its capacity to produce knowledge that can directly influence policy and affect social change, academia is still often viewed as a stereotypical ivory tower, detached from the tumult of daily life. Knowledge, Normativity, and Power in Academia argues that, in our current moment of historic global unrest, the fruits of the academy need to be examined more closely than ever. This collection pinpoints the connections among researchers, activists, and artists, arguing that—despite what we might think—the knowledge produced in universities and the processes that ignite social transformation are inextricably intertwined. Knowledge, Normativity, and Power in Academia provides analysis from both inside and outside the academy to show how this seemingly staid locale can still provide space for critique and resistance.

      https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/distributed/K/bo33910160.html

      ...written by Cluster of Excellence employees on Academic Excellence —> Based on: Conference “The Power of/in Academia: Critical Interventions in Knowledge Production and Society”, Cluster of Excellence, The Formation of Normative Orders, Goethe University Frankfurt