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  • Sur Wikipédia, les rédactrices sont victimes de harcèlement | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/178806/femmes-harcelement-contribution-wikipedia

    Alors que les hommes seraient à l’origine de la majorité des contributions, Wikipédia a fait l’objet de recherches scientifiques relatives au manque de contributrices et on comprend bien pourquoi. Plusieurs d’entre elles ont déclaré subir du harcèlement sur la plateforme selon une nouvelle étude américaine.

    Trois chercheuses des universités de Washington et Syracuse ont conduit des entretiens avec vingt-cinq femmes qui écrivent pour l’encyclopédie en ligne la plus populaire au monde afin d’en savoir davantage sur le quotidien auquel elles sont confrontées sur la plateforme. Bilan des courses, plusieurs d’entre elles ont indiqué ne pas se sentir en sécurité, d’autres ont également affirmé que leurs contributions se trouvent contestées par d’autres membres.

    À LIRE AUSSI Sur Wikipédia, les harceleurs restent impunis
    Menaces de mort

    Si les exemples de harcèlement sur internet sont légion, les scientifiques s’inquiètent de la participation féminine de plus en plus faible à cause du harcèlement. « Les gens peuvent être harcelés lorsqu’ils éditent du contenu sur Wikipédia. Si vous recevez constamment des commentaires négatifs pour avoir écrit quelque chose, à quelle fréquence allez-vous recommencer ? », s’interroge Wanda Pratt, professeure à l’université de Washington et co-autrice de l’étude.

    Certain.es peuvent penser qu’il ne s’agit que de polémiques liées à une guéguerre d’édition mais les chercheuses soulignent le pas franchis par certains membres de l’encyclopédie en ligne. « Dans les données que nous avons recueillies, cela va au-delà du trolling. Il y a le doxxing, qui consiste à exposer les renseignements personnels des gens et à savoir où les trouver en ligne ou dans un espace physique comme à leur adresse. Certaines des femmes à qui nous avons parlé ont reçu des menaces de mort », détaille Amanda Menking, doctorante à l’Information School de l’université de Washington.

  • Ados sur Instagram : enfin de la laideur dans ce monde filtré | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/177627/ados-instagram-sans-filtre-fake-photos-moches

    Les ados iraient même plus loin en cherchant à désembellir leurs photos, d’après l’article. Kurt Cobain aurait approuvé ce message (qui va très bien avec leur mode des joggings moches et des blousons de ski, d’ailleurs –aucun jugement négatif de ma part, j’ai toujours dit que je ne pourrais pas vivre dans un monde d’où la laideur aurait été bannie).

  • J’ai subi des raids de la Ligue du LOL et ça a pesé sur ma carrière | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/173364/ligue-du-lol-temoignage-journaliste-harcelement-raids

    Léa Lejeune a subi du cyber-harcèlement répété qui démarrait, à chaque fois, par des tweets ou messages d’un membre de la Ligue du LOL. Elle raconte les raids incessants, leur impact sur sa carrière et son engagement pour la défense des femmes journalistes.

    Au début, on échange sur les réseaux sociaux (vous retrouverez des blagues), on a l’air potes, au fur et à mesure, ça se gâte.

    Entre 2011 et 2013, j’ai subi du cyber-harcèlement répété qui démarrait, à chaque fois, par des tweets ou messages d’un membre de la Ligue du LOL. C’était souvent des blagounettes en 140 caractères, puis des commentaires injurieux, d’autres sur ma sexualité ou encore des commentaires sur le blog féministe que je tenais à l’époque, « Les diablogues du vagin ». Ensuite, il y a eu des « raids » organisés autour de certains tweets féministes ou d’articles que je publiais en ligne, une critique ciblée mais récurrente. À l’époque, nous évoquions des concepts féministes qui commençaient à peine à émerger dans le débat public français : le patriarcat, la culture du viol et le manspreading.

    Souvent des membres de la Ligue du LOL faisaient des blagues, d’autres critiquaient mes capacités professionnelles, j’avais encore des choses à apprendre. Plusieurs fois, ils ont suggéré que j’avais eu des relations sexuelles avec mon chef de service d’alors pour avoir mon poste en CDD à Libération.

    Quand on reçoit ce genre de message au travail, on ne sait pas comment réagir : on tremble, on rougit, on tente de désamorcer les choses avec humour, de se justifier vis-à-vis d’eux ou de faire de la pédagogie. J’ai perdu beaucoup de temps à faire ça et j’ai nourri ces trolls. Un mauvais réflexe. Un jour, ils me sont tombés dessus parce qu’il y avait une erreur secondaire dans un article (sur l’intitulé de poste d’un interviewé), le raid a commencé : quarante messages en deux heures qui se moquaient de moi. Prise de panique, j’ai mal réagi et commis une erreur professionnelle, une mauvaise réaction, pour laquelle je me suis confondue en excuses le jour même au sein du journal. Mais le raid a recommencé, redoublé, des dizaines et dizaines de messages. Dans un contexte économique difficile, alors que j’avais encore des progrès professionnels à faire, cela a joué contre l’obtention de mon CDI. Mon supérieur ne m’a pas aidée à faire face au cyber-harcèlement, peut-être ne savait-il pas comment s’y prendre, je n’ai pas su me défendre. J’ai pris un autre chemin professionnel. C’est après ce raid-là que j’ai coupé les ponts avec les membres de la Ligue du LOL que je connaissais.

    Ma réponse pour y échapper a d’abord été de tweeter « chiant » ou factuel, de partager des articles économiques et de ne plus m’essayer à l’humour. Puis de me concentrer sur mon travail pour prouver que je peux faire un travail journalistique de qualité. Vous ne lirez pas mes enquêtes sur les inégalités de salaires hommes-femmes dans le CAC40, ni celle sur le vrai business model de Station F, ils sont peu partagés sur internet car je suis plus discrète.

    Avec certaines victimes, nous sommes entrées en contact pour nous serrer les coudes. Pourquoi n’avons-nous pas parlé pendant toutes ces années ? Parce que ces gens-là avaient des postes importants, étaient amis avec des rédacteurs en chef influents ou des personnes à des postes de direction à Slate, à Libération, aux Inrocks, dans la presse people ou magazine –ceux qui sont cités parmi les membres de la Ligue du LOL. Précaires, nous avions peur de perdre des opportunités de travailler. Surtout, à l’époque, le cyber-harcèlement n’était pas encore puni par la loi en France. Il y a un aspect systémique dans le harcèlement pratiqué par des journalistes hommes, blancs, en poste ou en responsabilités, qui s’en prennent à des consœurs plus jeunes et dans la précarité. Parmi leurs autres victimes, il y avait aussi beaucoup d’hommes qui ne correspondaient pas aux normes idéales de la virilité, des personnes LGBT+, d’autres personnes racisées.

    Nous n’avons pas parlé car nous n’avions plus beaucoup de preuves : la quasi-totalité de ces messages a été effacée, de nombreux comptes ont été supprimés. Il y a un problème dans cette impunité. À quel titre un canard de gauche et progressiste peut-il permettre à des journalistes en poste d’écrire des tweets de blagues sexistes, homophobes ou racistes ? Même s’il ne s’agit plus de harcèlement ciblé...

    Mais le 3 novembre 2017, quand Libération a publié une tribune de soutien à Nadia Daam, journaliste pour 28 minutes et Europe 1 cyber-harcelée par les membres du site jeuxvideos.com, Prenons la Une n’a pas signé. Car parmi les signataires, il y avait plusieurs personnes qui avaient participé à mon harcèlement dont Vincent Glad et Alexandre Hervaud qui critiquaient sans gêne les autres. La tribune utilise ces mots : « Nous voulons simplement dire aux brutes qui la persécutent qu’elle n’est pas seule, que nous pensons, comme elle, qu’ils sont des êtres lâches, minables et méprisables, et que nous attendons patiemment, mais avec confiance, que la justice et la communauté même du web les mettent hors d’état de nuire ».

    Certains anciens harceleurs, comme Vincent Glad ou Guilhem Malissen ont construit, je le crois, une réflexion sur ces thèmes, appris à mieux réagir, voire adopté notre vocabulaire. Cela prouve notamment que nous avons gagné la bataille des idées, au moins dans ce milieu journalistique parisien. Je m’en réjouis. Merci pour vos excuses messieurs, continuez à réfléchir, intégrez ces concepts. Mais aujourd’hui faisons en sorte que le secteur des médias ne porte plus cette toxicité en lui. J’espère que nous y contribuons avec Prenons la Une.

    #Masculinisme #Ligue_LOL #Médias #Cyberharcèlement

  • Slate x Titiou

    Je n’ai présentement le popotin sur aucune chaise. Mon suivi des actualités ressemble à une immense partie de ni oui, ni non. Quand j’écoute les infos, je suis étonnée de l’étonnement face à ce mouvement. Le plus surprenant a toujours été pour moi de constater que les gens ne se révoltaient pas et acceptaient un système profondément injuste qui jouait en leur défaveur. Pourquoi accepter les règles d’un jeu auquel on est toujours perdant ?

    D’un autre côté, quand je vais lire les publications sur les pages Facebook des « gilets jaunes », je suis écœurée par le nombre de propos sexistes, racistes, antisémites, homophobes –grosso modo, Emmanuel Macron serait un homosexuel à la solde des banquiers juifs et arabes, avec une épouse qui serait évidemment une catin. Je suis atterrée par le nombre d’intox complotistes qui circulent et me font m’interroger sur la pertinence d’un système démocratique dans ce contexte.

    Je suis sincèrement convaincue que ce système économique et politique est moisi, mais le genre de société à laquelle j’aspire ne pourra pas être mise en place par des mecs avec des barres de fer.

    Et en même temps, je trouve un peu paradoxales ces condamnations unanimes de la violence. Je ne dis pas qu’il ne faut pas condamner la violence, mais enfin, ayez un minimum de cohérence. On nous serine, comme fondement du roman national, la Révolution française ; on se glorifie des insurrections populaires ; dans les livres scolaires, on a des gravures représentant des têtes coupées que l’on promène gaiement au bout d’une fourche ; on nous fait apprendre « La Marseillaise »... Bref, on nous élève dans l’idée que la France, c’est du sang et des barricades face aux injustices, et ensuite, on nous dit qu’aucune injustice présente ne justifierait de recours à la violence –et en même temps que le recours à la violence de la police contre des lycéennes et des lycéens serait normal. C’est le monde à l’envers.

    On ne peut pas dire que 1789, c’était merveilleux et casser la mâchoire d’un jeune à coup de flashball parce qu’il aurait incendié une poubelle. Même au nom de l’État de droit, selon la formule consacrée. Vous pouvez demander à n’importe quel éducateur ou éducatrice, on n’obtient jamais l’ordre par les coups, les menaces ou l’humiliation. Ce que l’on voit dans la vidéo des jeunes à Mantes-la-Jolie ne se discute pas sous l’angle de ce qu’ils ont fait. Ils peuvent être interpellés et jugés, mais dans cette séquence, les policiers cherchent à obtenir leur soumission par l’humiliation –et c’est le meilleur moyen d’obtenir l’effet inverse. Je souscris à cette pétition en tant qu’ancienne lycéenne ayant participé à des manifs et des blocages mais n’a jamais subi une telle répression.

    Et je ne parle même pas de celles et ceux qui s’offusquent de tags sur l’Arc de triomphe, alors que c’est quand même un monument moche célébrant des batailles dont la plupart des gens ne connaissent pas le nom. Et tiens, tant qu’on y est : les Champs-Élysées, c’est l’un des endroits les plus laids de Paris.

    Victor Hugo, qui a assisté à plusieurs émeutes –et au XIXe siècle, on ne se contentait pas de brûler des abribus–, distinguait émeute et insurrection, mais expliquait que l’insurrection elle-même commençait toujours par une émeute.

    « De quoi se compose l’émeute ? De rien et de tout. D’une électricité dégagée peu à peu, d’une flamme subitement jaillie, d’une force qui erre, d’un souffle qui passe. Ce souffle rencontre des têtes qui parlent, des cerveaux qui rêvent, des âmes qui souffrent, des passions qui brûlent, des misères qui hurlent, et les emporte. Où ? Au hasard. À travers l’État, à travers les lois, à travers la prospérité et l’insolence des autres. [...] Quiconque a dans l’âme une révolte secrète contre un fait quelconque de l’état, de la vie ou du sort, confine à l’émeute, et, dès qu’elle paraît, commence à frissonner et à se sentir soulevé par le tourbillon.

    L’émeute est une sorte de trombe de l’atmosphère sociale qui se forme brusquement dans de certaines conditions de température, et qui, dans son tournoiement, monte, court, tonne, arrache, rase, écrase, démolit, déracine, entraînant avec elle les grandes natures et les chétives, l’homme fort et l’esprit faible, le tronc d’arbre et le brin de paille.

    Malheur à celui qu’elle emporte comme à celui qu’elle vient heurter ! Elle les brise l’un contre l’autre.
    Elle communique à ceux qu’elle saisit on ne sait quelle puissance extraordinaire. Elle emplit le premier venu de la force des événements ; elle fait de tout des projectiles. Elle fait d’un moellon un boulet et d’un portefaix un général. »

    (C’est dans Les Misérables.) Victor Hugo se moque ensuite de la bourgeoisie, qui se plaint déjà à l’époque du coût des émeutes : « Toute émeute ferme les boutiques, déprime le fonds, consterne la bourse, suspend le commerce, entrave les affaires, précipite les faillites ; plus d’argent ; les fortunes privées inquiètes, le crédit public ébranlé, l’industrie déconcertée, les capitaux reculant, le travail au rabais, partout la peur ; des contre-coups dans toutes les villes. De là des gouffres. On a calculé que le premier jour d’émeute coûte à la France vingt millions. »

    Dans la suite de son texte, où il défend les insurgés –RIP Gavroche–, il met toutefois en garde. Le peuple n’a pas toujours raison, il peut suivre une mauvaise voie/voix. [Je me permets de souligner des phrases en les mettant en gras.] « Quelquefois le peuple se fausse fidélité à lui-même. La foule est traître au peuple. [...] Il y a des rages folles, il y a des cloches fêlées ; tous les tocsins ne sonnent pas le son du bronze. Le branle des passions et des ignorances est autre que la secousse du progrès. Levez-vous, soit, mais pour grandir. Montrez-moi de quel côté vous allez. Il n’y a d’insurrection qu’en avant. Toute autre levée est mauvaise. Tout pas violent en arrière est émeute ; reculer est une voie de fait contre le genre humain. L’insurrection est l’accès de fureur de la vérité ; les pavés que l’insurrection remue jettent l’étincelle du droit. Ces pavés ne laissent à l’émeute que leur boue. »

    Sa conclusion : « Le suffrage universel a ceci d’admirable qu’il dissout l’émeute dans son principe, et qu’en donnant le vote à l’insurrection il lui ôte l’arme. »

    Il se battait pour le suffrage universel –enfin, dit universel mais en réalité masculin–, mais il n’envisageait peut-être pas que ce vote puisse donner le pouvoir à un parti autoritaire. Or quand tout cela sera retombé sans être apaisé, quand on aura eu une formidable occasion de changer notre modèle et que l’on sera passés à côté, quand la société que j’aimerais voir n’aura pas encore été ébauchée, j’ai bien peur que ce soit celle qui m’effraie le plus qui advienne.

    Et devant les images de lycéennes et de lycéens le visage en sang, je me demande si elle n’est pas déjà là.

    • Je trouve que le texte sur l’« économie morale » de Samuel Hayat est instructif à ce sujet :
      https://seenthis.net/messages/741622

      Cela a un coût dont il faut prendre la mesure : les mouvements fondés sur l’économie morale s’inscrivent dans le rappel d’une coutume, la soumission à un ordre juste, mais aussi dans le cadre d’une communauté. L’économie morale est conservatrice non seulement parce qu’elle rappelle des normes intemporelles, mais aussi parce qu’elle lie entre elles des personnes définies par une commune appartenance. Dès lors, ses potentialités d’exclusion ne sont pas que des scories dont on pourrait aisément se débarrasser : elles sont au cœur du mouvement. Pour ne prendre que l’exemple le plus flagrant, les revendications contre la libre circulation des migrants, pour les expulsions d’étrangers, et plus encore pour l’intégration forcée des non-nationaux (« Vivre en France implique de devenir Français (cours de langue française, cours d’histoire de la France et cours d’éducation civique avec une certification à la fin du parcours) »), tout ceci est indissociable du mouvement, car c’est la conséquence logique de la mise en œuvre d’une économie morale d’abord communautaire, même si elle peut ensuite être travaillée par le mouvement dans différentes directions. L’économie morale est la proclamation des normes d’une communauté, elle n’étend pas la logique de l’égalité des droits aux étrangers, pas plus qu’elle ne reconnaît les conflits internes, en particulier idéologiques.

      […]

      Peut-être indique-t-il aussi que l’on n’est qu’au début d’une nouvelle histoire, que les conditions d’une repolitisation sont là, hors du cadre des vieux partis et des vieilles formes de la politique instituées. A Anzin, les mineurs n’en sont pas restés aux grèves s’appuyant sur une économie morale. Au contact des premières forces socialistes et syndicales de la région, ils s’en sont appropriés les idées et les formes, jusqu’à devenir l’un des foyers d’où est sorti l’anarcho-syndicalisme. Certains comités locaux de gilets jaunes, loin de s’en tenir à une protestation au nom de l’économie morale, en appellent à la formation de comités populaires et à la démocratie directe, c’est-à-dire à une émancipation politique radicale[15]. Rien n’est garanti, mais tout est ouvert.

  • Les #lynchages ont encore aujourd’hui des conséquences sur la population américaine | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/165965/lynchages-consequences-population-americaine

    Aux États-Unis, les comtés où l’on dénombrait le plus de lynchages entre 1877 et 1950 connaissent aujourd’hui un taux de #mortalité plus important que les autres. Telle est la principale conclusion d’une étude menée par Janice C. Probst, Saundra Glover et Victor Kirksey, de l’université de Caroline du Sud, mettant en regard l’occurrence passée des #meurtres_racistes, souvent restés impunis, et la #santé_publique actuelle.

  • #MeToo : le retour de bâton médiatique… dans les pages de L’Obs | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/165545/hommes-apres-metoo-dossier-lobs-masculinite-retour-baton-mouvement-feministe-e

    Un dossier spécial du dernier numéro de L’Obs interroge la condition des hommes après la libération partielle de la parole des femmes. Au lieu de s’inquiéter de leur bien-être, il aurait fallu se demander pourquoi ils n’avaient pas avancé d’un pouce.

    #domination_masculine #backlash #masculinité #déni #metoo #alliés

  • Les idéologues parasitent tout #débat sur #Twitter | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/165272/internet-reseaux-sociaux-twitter-debat-rokhaya-diallo-identite-bleus-football-

    Souvent, mes points de vue font l’objet de débats assez vifs. Dernièrement, j’ai néanmoins remarqué que lorsque je les exprimais sur Twitter, ils étaient systématiquement contredits par des personnes qui, dans leur sillage, entraînaient une meute d’internautes finissant par polluer mes conversations en me submergeant par leur caractère massif et hostile.

    #trolls

  • Les humains ne réprésentent que 0,01% de la vie sur Terre (mais nuisent aux 99,99% restant) | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/162063/etres-humains-destructeurs-planete-terre-animaux

    Aristote est le premier à avoir développé le concept d’#anthropocentrisme : l’homme occupe une place centrale sur Terre. Cette vision du monde place les intérêts des humains avant les autres formes de vie. Pourtant, une nouvelle étude estime que notre espèce ne représente que 0.01% de la biomasse terrestre.

    Comme l’explique The Guardian, les chercheurs de l’Institut Weizmann des Sciences donnent pour la première fois une estimation détaillée de la répartition de la biomasse terrestre. Les résultats ont montré que les plantes représentent 83% des êtres vivants sur notre planète –suivies par les bactéries (13%) et les autres êtres vivants (5%) dont les #insectes, #champignons et autres animaux.

    « J’étais étonné de voir qu’aucun recensement détaillé global de la #biodiversité n’avait été fait. Ça permet de se rendre compte du rôle dominant que joue l’humanité sur la Terre », explique Ron Milo, auteur principal du rapport publiée dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America.

    L’#humanité et ses 0.01% serait responsable de la disparition de 83% des mammifères sauvages et de 50% des plantes sauvages. [...]

    L’activité humaine est si importante que les scientifiques ont lui donné un nom : l’#Anthropocène. Ce terme se définit comme « la période durant laquelle l’influence de l’être humain sur la biosphère a atteint un tel niveau qu’elle est devenue une force géologique ». Un des marqueurs significatifs en est l’omniprésence d’os de poulets partout dans le monde –caractéristique de l’élevage intensif des volailles.

    « Le poulet pourrait bien devenir le fossile qui symbolisera l’Anthropocène pour les futurs géologues », écrit Damian Carrington, journaliste au Guardian.

    Car selon l’étude sur la #biomasse, les volailles d’#élevage représentent 70% de tous les #oiseaux présents sur Terre – les 30% restant étant des oiseaux sauvages. Ce phénomène est encore plus parlant en ce qui concerne les mammifères : 60% d’entre eux sont des animaux d’élevage, 36% sont des #humains et seulement 4% vivent dans la nature.

  • Avis de tempête sur le Printemps des poètes | Slate.fr
    https://www.slate.fr/story/158644/avis-de-tempete-sur-le-printemps-des-poetes

    La scène se déroule le jeudi 1er mars. Comme chaque année avant le Printemps des poètes, le Ministère de la Culture organise une conférence de presse censée introduire l’événement dont la vingtime édition a officiellement débuté deux jours plus tard, avec « L’ardeur » pour thématique affichée. Mais alors que la Garde républicaine accueille les invités en grande pompe dans une cour aussi glaciale que le reste de la France ce jour là, le comédien Jacques Bonnaffé craque littéralement : « MAIS ELLE EST OÙ, MAIS ELLE EST OÙ LA POÉSIE ? », se met-il à hurler le poing levé tandis que les trompettes militaires jouent encore. [...]

    C’était certes la première fois que la #Garde_républicaine ouvrait ainsi la manifestation annuelle, une mise en scène imaginée par #Sophie_Nauleau, nouvelle directrice artistique de l’événement [...]

    le comédien a été prié de quitter les lieux et n’a pas pu assister à la conférence de presse. #Jacques_Bonnaffé condamne « une attitude de gendarme indigne de représentants de la poésie ».

    Bravo à lui :) #misère

  • Désespérés, des scientifiques inscrivent un crapaud en voie d’extinction sur un site de rencontres | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/157546/desesperes-des-scientifiques-inscrivent-un-crapaud-en-voie-dextinction-sur-un-

    Voulant à tout prix éviter son #extinction, les biologistes de la conservation du Muséum d’Histoire Naturelle de Cochabamba remuent ciel et terre pour l’aider à s’accoupler. En vain. Désespérés, ils ont décidé de lui créer un profil sur #match.com (célèbre site de rencontres sur Internet) pour multiplier les chances de lui trouver une partenaire.


    via @mona :)

  • Mettre des crèmes sur sa peau, c’est aussi se protéger du monde extérieur | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/157297/soins-peau-arnaque-plaisir

    Jia Tolentino écrit qu’en achetant un « démaquillant qui exfolie vos peaux mortes comme des miettes de gomme », elle n’était pas sûre « d’être en train d’acheter un produit pour la peau ou une béquille psychologique, ni de savoir s’il y avait vraiment une grande différence entre les deux ». Il vaut peut-être la peine d’analyser, éventuellement dans le cadre d’une thérapie, pourquoi tant d’entre nous ressentons le besoin de nous détourner du monde extérieur, des incessants tweets de Trump, du sentiment de terreur existentielle qui semble avoir imprégné notre pays, avec des rituels qui ne nous donnent que l’air de ne pas perdre les pédales.

    #cosmétiques #beauté

  • « L’#Abkhazie est un endroit perdu sur la carte du monde » | Slate.fr
    http://www.slate.fr/grand-format/abkhazie-154412

    « L’Abkhazie est un endroit perdu sur la carte du monde »

    Fanny Arlandis

    Histoire

    Monde02.01.2018 - 15 h 59, mis à jour le 02.01.2018 à 15 h 59

    Alors qu’elle est étudiante à l’Université des Sciences Appliquées et des Arts de Hanovre, en Allemagne, Ksenia Kuleshova décide de travailler sur l’Abkhazie. Coincé entre la Russie et la Géorgie, au bord de la mer Noire, ce territoire hérite d’un statut disputé et n’est reconnu que par quelques États. « Les gens y vivent un peu comme dans une bulle parce que leur pays n’est pas reconnu. Ils essayent d’exister dans l’incertitude », raconte la photographe dont le travail Abkhazia est toujours en cours. « L’Abkhazie ne fait pas l’objet d’un traitement médiatique. C’est comme un endroit perdu sur la carte du monde. » Son projet est l’un des huit gagnants du concours Tokyo International Photography et fera l’objet d’une exposition en 2018 à New York, Sydney et Tokyo.

    #géorgie #caucase

  • Pour l’écriture inclusive aussi, l’Allemagne a une longueur d’avance sur la France | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/154295/ecriture-inclusive-allemagne

    En effet, ça commence mal...

    Dont acte ; les étudiants de ce cours de pédagogie

    et ça continue...

    Puisque les écoles berlinoises pratiquent l’inclusion scolaire (pour ne pas exclure les enfants handicapés, réfugiés, ou immigrés), les professeurs doivent maîtriser un langage inclusif. Le but : former des futurs citoyens sensibilisés à la question de l’inclusivité.

    #écriture_inclusive #ou_pas

  • « Nous n’enseignerons plus que "le masculin l’emporte sur le féminin" » | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/153492/manifeste-professeurs-professeures-enseignerons-plus-masculin-emporte-sur-le-f

    Nous, enseignantes et enseignants du primaire, du secondaire, du supérieur et du français langue étrangère, déclarons avoir cessé ou nous apprêter à cesser d’enseigner la règle de grammaire résumée par la formule « Le masculin l’emporte sur le féminin ».

    Trois raisons fondent notre décision :

    • La première est que cette règle est récente dans l’histoire de la langue française, et qu’elle n’est pas nécessaire. Elle a été mise au point au XVIIe siècle. Auparavant, les accords se faisaient au gré de chacun·e, comme c’était le cas en latin et comme c’est encore souvent le cas dans les autres langues romanes.

    Bien souvent, on pratiquait l’accord « de proximité », venu du latin, qui consiste à accorder le ou les mots se rapportant à plusieurs substantifs avec celui qui leur est le plus proche. Par exemple : « afin que ta cause et la mienne soit connue de tous » (Ronsard, épître à la Response aux injures et calomnies…, 1563).

    La nouvelle règle a d’ailleurs dû attendre la généralisation de l’école primaire obligatoire pour être appliquée massivement : « On peut aller sur le lac [d’Évian], en bateaux à vapeur ou petits-bateaux, et visiter les coteaux et montagnes voisines, à pied ou en voiture » (Dr Linarix, Guide pratique de la Savoie et Haute-Savoie médicale et pittoresque, 1896).

    • La seconde raison est que l’objectif des promoteurs de la nouvelle règle n’était pas linguistique, mais politique : « Parce que le genre masculin est le plus noble, il prévaut seul contre deux ou plusieurs féminins, quoiqu’ils soient plus proches de leur adjectif. » (Dupleix, Liberté de la langue françoise, 1651) ; « Le masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle » (Beauzée, Grammaire générale… 1767).

    Si l’école de la République a préféré abandonner cette formule au profit de celle qu’on connaît, c’est en reconduisant l’ordre de valeur qui est à son fondement. Un ordre que les classes politiques maintenaient parallèlement, en refusant aux femmes les droits politiques jusqu’en 1944, et en refusant plus longtemps encore de leur ouvrir les grandes écoles ou d’abroger les dernières dispositions du « Code Napoléon ».

    • La troisième raison est que la répétition de cette formule aux enfants, dans les lieux mêmes qui dispensent le savoir et symbolisent l’émancipation par la connaissance, induit des représentations mentales qui conduisent femmes et hommes à accepter la domination d’un sexe sur l’autre, de même que toutes les formes de minorisation sociale et politique des femmes.

    #enseignement #langue #féminin #masculin #règle_de_proximité #accord_de_proximité

  • Quand un article sur les « bienfaits de la colonisation » fait imploser une revue scientifique | Slate.fr

    http://www.slate.fr/story/152360/article-bienfaits-colonisation-revue-scientifique

    Tout a commencé avec la publication par la revue universitaire Third World Quarterly, au début du mois de septembre, d’un article intitulé « The Case for Colonialism » (« Le bien-fondé du colonialisme »). L’auteur, Bruce Gilley, professeur de science politique à l’université de Portland, estime qu’il est « grand temps de réévaluer la signification péjorative » du mot « colonialisme » :

    « La notion selon laquelle le colonialisme est toujours et partout une mauvaise chose nécessite d’être repensée au regard du grave coût humain d’un siècle de régimes et politiques anticoloniaux. »

    Gilley estime que la pensée anticoloniale a surestimé les coûts et sous-estimé les bénéfices de la colonisation et a un peu vite écarté la légitimité politique des régimes coloniaux. Pour lui, les bases de cette pensée n’étaient pas scientifiques mais « politiques et idéologiques » : « Le but n’était pas l’exactitude historique mais un plaidoyer pour l’instant présent. » Il cite des exemples de pays qu’il juge détruits par la décolonisation, comme la Guinée-Bissau, et estime que « peut-être que les Belges devraient revenir » au Congo.

    #colonialisme

    • Quand Slate alimente le « Chomsky-bashing »

      Titre du paragraphe : « Soutien de Noam Chomsky »

      Emploi du l’expression « Certains défendent Bruce Gilley », alors qu’il s’agit d’une autre démarche car « défendre quelqu’un » supposerait qu’on adhère à ses idées ou son point de vue.

      Or un peu plus loin :

      Le cas le plus significatif, ici, est probablement celui du linguiste Noam Chomsky, membre du comité de rédaction de Third World Quarterly, qui a jugé que le retrait de l’article de Gilley était une option « dangereuse » et a estimé que les chercheurs devaient plutôt s’occuper de le réfuter.

      Mais là encore on commence par parler du « cas le plus significatif » (de quoi au juste) ce qui accrédite la thèse de départ, à savoir que Chomsky « défend » Gilley. Mais, ouf, le lecteur un peu fouineur apprend que Chomsky est contre le retrait de l’article et non pas pour les thèses qu’il défend, Chomsky s’en expliquant par le fait que l’article restant visible dans la publication, d’autres chercheurs auraient la possibilité de réfuter les thèses avancées par Gilley.

      Donc nous avons affaire à du mauvais journalisme et Jean-Marie Pottier, son auteur, fait preuve de suivisme et de conformisme intellectuel mais c’est sans doute ce qu’on attend de lui.

      Évidemment, ici ressurgit le spectre des thèses négationnistes de Faurisson auxquelles Chomsky aurait apporté son « soutien ».
      Voir ci-après une discussion sur un article de Wikipédia à propos de Robert Faurisson

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Robert_Faurisson

      En effet, toute autre interprétation est fallacieuse, Chomsky a été très clair sur ce point au cours de nombreuses conférences aux USA. En France. il y des émissions de Daniel Mermet sur ce sujet ainsi qu’un documentaire qui reprend cette polémique en l’éclaircissant. Chomsky précisa à propos de notre loi Gayssot « Staline et Hitler auraient été très heureux d’appuyer une telle loi ». Il indiqua également que si la liberté d’expression ne sert qu’à laisser s’exprimer des opinions favorables aux nôtres, elle ne sert pas à grand chose. Celle-ci n’a un sens que si des opinions que nous abhorrons peuvent avoir libre cours. Sa lettre en soutien au droit d’expression de Faurisson — et non pas à ses idées comme on semble le faire croire ici — ne disait pas autre chose.146.185.28.59 (discuter) 22 août 2014 à 18:27 (CEST)

    • J. Robinson explique ainsi que le calcul coûts/avantages de l’auteur revient à absoudre quelqu’un qui dirait « OK, j’ai tué ma femme, mais mon métier, c’est pompier » et ajoute que « construire des lignes électriques et ouvrir une école ne constitue pas un permis pour dépouiller et assassiner des gens ». Vijay Prashad, professeur au Trinity College (Connecticut) et un des membres démissionnaires du comité de rédaction de la revue, reproche lui à Gillay de s’inscrire dans un courant de « débrutalisation » de l’histoire coloniale très actif depuis une quinzaine d’années. Et, de manière plus actuelle, de refléter le climat politique :

      « Cet essai paraît à l’époque de Donald Trump, alors que le suprémacisme blanc est de retour et les cicatrices du colonialisme encore visibles. L’idée selon laquelle les penseurs progressistes, post-coloniaux et marxistes ont dénigré “l’histoire blanche” est un refrain constant des racistes. »

      Sinon, je connais bien la position de Chomsky sur la censure et il a toujours été très clair avec. https://blog.monolecte.fr/2015/05/06/pourquoi-la-liberte-dexpression-nest-pas-negociable

      D’ailleurs, le papier de Slate ne dit pas autre chose :

      Le cas le plus significatif, ici, est probablement celui du linguiste Noam Chomsky, membre du comité de rédaction de Third World Quarterly, qui a jugé que le retrait de l’article de Gilley était une option « dangereuse » et a estimé que les chercheurs devaient plutôt s’occuper de le réfuter

      .

      Il est important d’expliquer en quoi le postulat du bonhomme sur les bienfait du colonialisme est biaisé, donc d’en débattre et d’en démontrer les mécanismes, un peu comme il est contreproductif de punir un gosse sans lui expliquer pourquoi.

      Bien sûr, Lordon répliquerait que le problème de fond, c’est qu’il ne faut que quelques secondes pour balancer une idée-slogan fausse qui claque et qui marque les esprits, mais qu’il faut souvent bien plus d’une heure pour argumenter et démonter cette idée fausse. Or dans notre contexte médiatique de l’instantanéité et de l’éphémère, il n’y a plus de place pour les temps longs de la réflexion, juste pour les slogans…
      #médias #censure #liberté_d'espression

    • Bien sûr, Lordon répliquerait que le problème de fond, c’est qu’il ne faut que quelques secondes pour balancer une idée-slogan fausse qui claque et qui marque les esprits, mais qu’il faut souvent bien plus d’une heure pour argumenter et démonter cette idée fausse.

      Rapidité et paresse intellectuelle sont deux problèmes qui minent la crédibilité des médias.
      Ce n’est pas en cachant les malades de la peste que l’on éradiquera la maladie. Mais là, je ne fais que paraphraser ce que dis sur ton blog à propos des blattes ...

    • Reclaiming value from academic labor: commentary by the Editors of Human Geography (2017-11-07)

      There have long been discussions about the need for an alternative publishing model for academic research. This has been made clear by the September 2017 scandal involving #Third_World_Quarterly. The editor’s deeply problematic decision to publish an essay arguing in favor of colonialism was likely meant as click-bate to drive clicks and citations. But we should not lose sight of the fact that this latest scandal is only one recent manifestation of a long-simmering problem that has periodically commanded significant attention in the academic literature, blogs, email lists, conference sessions, and the popular press. As a direct result, over the last decade or more, new journals have been created that specifically endeavor to offer routes around corporate/capitalist academic publishing, and several existing journals have removed themselves from this profit-driven ecosystem. In this commentary, the editorial team of the journal Human Geography weighs in on what we see as the nature of the problem, what we are doing in response, what our successes have been, and what challenges remain.

      https://fennia.journal.fi/forthcoming/article/66683/27159
      #université #recherche #édition_scientifique #publications_scientifiques

  • Si seulement mes enfants pouvaient ne pas apprendre « le masculin l’emporte toujours sur le féminin » | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/151880/masculin-emporte-toujours-feminin

    J’avais 9 ans, et cette image m’a révoltée. Le jour de cette leçon, toutes les filles de la classe ont hué et les garçons ont applaudi. On comprenait parfaitement ce qui était en jeu –et l’illustration du livre nous le jetait à la gueule. Les filles perdaient la partie. Guillaume et Quentin ont claironné : « Vous êtes moins fortes ! Vous êtes moins fortes ! » Mme Péron a tenté de tempérer les choses en expliquant que c’était de la grammaire, qu’il n’était pas question de justice, que c’était la règle. Il fallait apprendre la règle et respecter la règle.
    Mais nous, ce qu’on voyait, c’était que la règle nous disait que les garçons l’emportaient. Et les garçons comprenaient exactement la même chose.

    Il nous a donc fallu apprendre par cœur et réciter « le masculin l’emporte toujours sur le féminin ». Ce n’était pas seulement une règle écrite. C’était une phrase qu’on devait dire à haute voix, plusieurs fois, devant toute la classe. Je me sentais assez humiliée de devoir faire ça. Mais j’étais une bonne élève, et je voulais avoir de bonnes notes. On a fait tous les exercices pour bien se rentrer dans le crâne que le masculin l’emporte toujours sur le féminin et qu’il s’agissait d’une règle qu’on ne devait pas questionner.

    #domination_masculine #éducation #sexisme #écriture_inclusive #misogynie #langage

    • J’ai un souvenir comparable, sauf que c’est en CE2 que ca s’est passé pour moi. Le jour ou la maitresse a voulu nous inculqué cette règle j’ai protésté. Il y a eu une sorte de « débat » assez long. Dès que j’ai réagit, les garçons m’ont en coeur dit de fermer ma gueule, et les plus agressifs étaient les plus misogynes des garcons c’est pas par hasard à mon avis. Et ils m’ont dit que je devais me faire une raison et que j’était faible et inferieur. La preuve etait cette règle de grammaire qui était leur aubaine pour me faire taire définitivement. A cette occasion j’ai découvert à quel point mes petits camarades de classe me voulait du mal et me haïssaient. La maitresse était un peu hilarde. J’imagine qu’elle devait assisté à ce spectacle consternant chaque année mais trouvé ca très rigolo. En CE2 au moment ou cette règle nous était infligé (et pour une fois les autres filles de la classe était d’accord avec moi enfin au début) c’etait une période de soulevage de jupes à la récréation (je dit une car il y en a eu plusieurs vagues). La maitresse était aussi indifférentes aux humiliations sexuelles qu’on recevait des garçons en récré que des humiliations verbales que je recevait en classe devant elle pendant ce « débat » pour juger de mon infériorité atavique de femelle. Inferiorité prouvé donc par la grammaire française et que j’allais devoir utiliser à chaque phrase et si je le fait pas je serais sanctionnée dans ma scolarité (ce qui a été le cas). Comme je voulais pas apprendre cette règle, même les filles ont fini par me dire de me taire, car elles voulaient leurs bonnes notes et poursuivre le cours pour apprende que le masculin l’emporte.

      Les gens qui défendent cette règle, je les ai bien compris lors de cette discutions en CE2. Les garçons et les hommes s’en servent pour affirmer leur domination et plus ils sont virulents à défendre cette règle plus c’est des gros misogynes. Et pour les femmes qui défendent ce truc ce sont des « femmes de droite » comme dit Dworkin. C’est à dire qu’elles savent qu’elles sont soumises, mais préfère en tiré des bénéfices perso que lutter contre.

    • Magnifique ce texte de Michèle Lalonde et merci pour ces différents exemples @fil
      Par rapport au racisme, mes maitresses de primaire l’étaient aussi et le « speak white » je l’ai vu en action. En CM1 le seul élèves arabe de la classe était le seul qui avait droit à une fessé déculotté devant toute la classe si il avait fait une chose qui plaisait pas à la maitresse. Le seul. Et ceci ne nous échappait pas, nous avions toutes et tous bien conscience que c’est parcequ’il était arabe que ces humiliations lui étaient infligées. C’etait à l’école catho sous contrat de mon village, celle qui te dit aime ton prochain et te montre le racisme en action.
      #racisme #ségrégation

  • VIDEO - ONPC : Comment Angot et Moix ont violemment voulu réduire Sandrine Rousseau au silence
    https://www.marianne.net/societe/video-onpc-comment-angot-et-moix-ont-violemment-voulu-reduire-sandrine-rou

    https://www.dailymotion.com/video/x62q1im

    Je suis tombé sur des articles parlant de la sortie du livre de Sandrine Rousseau et la manière dont elle a été recu chez Ruquier.
    En plus du #male_gaze de Moix qui ne trouve pas violent d’écouter le récit de ce qu’a subit Sandrine Rousseau, la haine des victimes de Angot est incroyable. Cette émission est un concentré de la récéption de la parole des femmes. On reproche à Rousseau de ne pas dire les choses dignement cad comme le dirait un agresseur et non une victime ou, comme le dirait un écrivain et pas une écrivaine. En tout cas celui qui n’est pas poussé aux larmes et engueulé à la TV par Angot et Moix, c’est Baupin.

    #viol #culture_du_viol #victime #victime_blaming #domination_masculine

    • Je suis en train de lire cette défense du comportement d’Angot par un homme qui me file bien la haine :

      Peut-on hiérarchiser les souffrances ? On peine à s’en défendre. L’inceste est un trou noir. La violence que Sandrine Rousseau décrit semblait jadis bénigne, un outrage qu’une gifle suffirait à résoudre. Ce ne fut pas seulement un point de vue d’homme. En 1969, Chantal Ackerman réalisait le film féministe le plus vif de l’époque, quand s’ébrouait le MLF. Il s’appellait La fiancée du pirate. Bernadette Lafont y jouait une scandaleuse des campagnes, orpheline superbe et un peu sorcière, qui vendait ses charmes et tourneboulait un village moisi, et (à 1 heure et 4 minutes de projection) se débarrassait d’un mâle aviné d’un coup de genou bien placé. Le film célébrait la liberté d’une femme, sur une chanson écrite par Moustaki, Moi j’m’en balance, que chantait Barbara. Barbara évidemment, qui avait su ce que souffrir signifiait, étrange soeur d’Angot, rescapée d’un inceste, et qui n’avait pas pleuré…

      http://www.slate.fr/story/151976/il-ne-faut-pas-condamner-christine-angot-pour-les-larmes-de-sandrine-rousseau

      Ce bitard joue à donner des médailles de bonne et mauvaise victime aux différentes femmes. Angot, Barbara sont des bonnes victimes et Rousseau est une mauvaise victime. Et ce Askolovitch c’est une bonne ordure.

    • Interview d’une violence hallucinante où Christine Angot (qui n’a pas lu le livre ou pas au delà de la page 56 comme elle le dit), écrivaine qui si j’ai bien compris a largement écrit sur les viols que son père lui a fait subir, reproche à Sandrine Rousseau d’avoir cherché à lire d’autre récits de femmes racontant leur vécu, leur expérience, après avoir parlé publiquement des viols ou d’agressions sexuels qu’elles ont subit.

      Christine Angot : Est-ce que c’est pour autant que vous comprenez vous-même ce que c’est le viol. Ou ce que c’est que UN viol ! Car ça n’existe pas LE viol. [...] Et vous vous parlez DU viol et de la parole sur LE viol alors que ça n’existe pas.

      Sandrine Rousseau : Mon livre ne parle absolument pas du viol. Et je ne parle absolument pas du viol dans le livre. Absolument pas, je n’évoque pas du tout ça. Le livre porte uniquement sur le parcours une fois qu’on a déposé plainte et les bouleversements que ça génère.

      Laurent Ruquier (coupe la parole à Rousseau) : pardon je dois préciser qu’une agression sexuelle ne va pas forcément jusqu’au viol. Voilà c’est important de le préciser.

      Sandrine Rousseau : Bah non c’est deux juridictions différentes.

      Laurent Ruquier : Voilà, non mais c’est bien de le rappeler.

      Sandrine Rousseau : Et moi je ne prétend pas voler la parole à d’autre, au contrainte. Ce que je dis c’est qu’à partir du moment où on a dénoncé ça, on ne sait pas ce qui s’ouvre à nous. Et moi j’ai eu l’impression quand-même d’un bouleversement et d’une révolution très dérangeante. J’ai cherché des livres pour m’expliquer si ce que je ressentais était normale ou pas, si c’était commun ou pas, s’il y avait d’autres femmes qui ressentaient ça ou pas. Et je n’en ai quasiment pas trouvé. Il y a assez peu d’écrit sur ce parcours.

      Laurent Ruquier : Sur ce qu’on vit après en fait.

      Sandrine Rousseau :Oui ce qu’on vit après et ce qu’on vit après dans la parole. Parce que ce qu’on vit avant la parole c’est encore différent. Et là je pense que ce livre il est vraiment fait pour tendre la main à celles qui le veulent, à celles qui en ont envie. Pour dire « préparez-vous quand même un peu à cela ». Mais ce n’est pas du tout une injonction.

      Christine Angot : Mais pourquoi vous cherchez un exemple à coté ? Pourquoi vous cherchez dans un livre ? Pourquoi pour comprendre ce que vous ressentez vous cherchez un livre où quelqu’un aurait expliqué ce qu’il a ressenti ? Vous cherchez à l’extérieur de vous la réponse de ce qu’il y a à l’intérieur de vous ?

      Sandrine Rousseau :Je ne m’attendais pas à la violence de ce qu’on a subit une fois qu’on parle. Ça vraiment pour moi ça a été une surprise et plus qu’une surprise... enfin je ne sais pas comment dire autrement qu’un bouleversement. Je ne m’attendais pas à être confronté à cette violence là après la prise de parole.

      Tout dans ce passage montre que Ruquier et son équipe cherchent à délégitimer tout discours sur le viol, toute réflexion qui mettrait en relation les différents viols et les viols avec les agressions sexuelles.

      Dans la première partie de l’émission (qui commence à 40min30s et finie à 56min) Christine Angot et Yann Moix sont au moins aussi agressifs que dans la seconde partie mise en avant par Ruquier sur Youtube.

    • #société_du_spectacle : tout part de là, indirectement, Debord avait déjà tout dit. Même si ce n’est pas tout à fait l sujet de sa thèse, il me semble que des émissions poubelles comme ONPC font parti d’un système essentiellement destiné à faire du fric. Il faudrait simplement refuser de participer à ce cirque, Sandrine Rousseau, son récit et les propositions qu’elle porte méritent beaucoup mieux comme plateforme de débat que ces deux crapules, et ces plateformes existent. Mais elle a peut-être été poussée par la maison d’édition via l’attaché·e de presse qui voit dans cette émission la possibilité de buzz et de promotion. Je trouve que c’est déprimant, et cette histoire comme les autres fout le bourdon.

    • Angot / « On se débrouille » : le gouvernement saisit le CSA - Arrêt sur images
      https://www.arretsurimages.net/breves/2017-10-02/Angot-On-se-debrouille-le-gouvernement-saisit-le-CSA-id20869

      Ouverture d’une enquête au CSA. Après la séquence qui a opposé l’ancienne députée EELV Sandrine Rousseau à l’écrivaine et chroniqueuse Christine Angot dans l’émission On n’est pas couché samedi 30 septembre, la secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa a adressé ce lundi 2 octobre un signalement auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Dans la lettre, que s’est procurée France Inter, la secrétaire d’État dit trouver « éminemment regrettable qu’une victime ayant le courage de briser le silence autour des violences sexuelles soit ainsi publiquement humiliée et mise en accusation ».

    • Cet histoire en dit long sur la haine retourné contre soi et ses semblables qui détruit tant de femmes et de victimes.
      Au passage on ne parle plus que d’Angot et Moix s’en tire à bon compte alors que son attitude était aussi gerbante.

    • Marlène Schiappa cite une phrase de Guy Debord dans sa lettre

      « Le spectacle n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social entre des personnes médiatisé par des images »

      Le rapport social a été coupé au montage, Sandrine Rousseau se souviendra longtemps de son passage à #ONPC. Le seul point positif de ce buzz, pour l’auteure, serait qu’il fasse grimper les ventes de son livre. Guy Debord écrivait qu’il importe peu, à l’ère du spectacle, que l’on croie le mensonge auquel on se trouve continuellement exposé, l’essentiel étant qu’il soit la seule chose à laquelle on ai droit.
      http://www.gouvernement.fr/ministre/marlene-schiappa

    • Ce qui me taraude, c’est que beaucoup de femmes pensent en ces termes exprimés par Angot : « Je ne suis pas une victime, je suis une personne. » Comme s’il fallait choisir. Une personne victime dans une situation donnée n’est pas une victime à vie, en toutes circonstances. Victime, ce n’est pas une identité en soi. Etre renvoyée au miroir de la victime, à des schémas sociaux, est difficile, douloureux, révoltant. Mais je crois que cette étape de la reconnaissance de l’asymétrie entre les hommes et les femmes, donc de l’inégalité et des violences spécifiques, est un passage collectif nécessaire pour qui rêve d’égalité et de liberté. Je sais que les féministes sont de ce fait parfois accusées de porter un « discours victimaire », comme si nous voulions enfermer les femmes dans le rôle de victimes, les amalgamer dans un tout homogène, une « brochette », en niant les réalités individuelles évidemment si diverses, les chemins que chacune s’invente pour survivre, vivre dans le monde tel qu’il est. Que des femmes arrivent à se débrouiller toutes seules, tant mieux. Mais nous avons le devoir de tendre la main à celles, si nombreuses, qui en ont besoin. Nous devons modifier l’ordre existant pour que reculent les violences faites aux femmes, pour que ce ne soit plus « comme ça », pour que le désir masculin sorte d’un modèle prédateur. Ce que nous voulons, c’est que la société mesure, comprenne et déjoue les mécanismes à l’œuvre. Si nous voulons combattre le viol, le harcèlement sexuel, nous ne pouvons échapper à une entreprise de changement des normes.

      sur les victimes par C.Autain

    • Ce qui est pénible avec Angot c’est qu’elle refuse de voir le sexisme et la culture du viol comme un problème culturel et sociétal à combattre. Elle ne propose absolument rien pour faire reculer ce fléau, tout ce qu’elle répète c’est : « c’est comme ça, un point c’est tout. » Aucun argument ! Elle a trouvé refuge elle dans la littérature et ce faisant, elle voudrait faire de son cas une généralité. Mais tout le monde n’a pas les mêmes ressorts face à ces violences et de toute façon, ce combat doit être mené individuellement ET collectivement.

    • Angot à une posture ultra individualiste très viriliste et patriarcale. Elle est forte comme un homme avec des grosses couilles d’auteur-écrivain et elle s’en sort elle (le résultat est pas fabuleux pourtant) et si les autres victimes ne s’en sortent pas c’est leur faute à elles d’avoir subit une agression et Angot se fera une devoir de les agressée à son tour. Les agresseurs par contre pas de pbl, surtout si ils ont une belle plume comme Céline qui fait tellement bander les littérateurs.

      @aude_v je suis désolé pour ce que tu as enduré, mais ca fait pas de Rousseau une bonne ou mauvaise victime. Une femme victime de misogynie n’a pas été solidaire 100% du temps avec 100% des femmes. C’est pas cool mais ca n’a pas sa place ici.
      #procès_de_la_victime #sororité

    • Désolé @aude_v d’avoir été blessante et d’avoir minoré le harcelement et son déni que tu as enduré. Je te fait mes excuses. Je vais édité les parties qui donnent des infos par rapport à ton témoignage puisque tu l’as enlevé.

    • @aude_v : Les informations que tu donnes sur Rousseau sont intéressantes, si on souhaite juger Rousseau, mais en effet, je suis d’accord avec ce qu’exprime mad_meg, à savoir que les faits ONPC dépassent le cas particulier de Rousseau. Je doute que Moix et Angot se soient défoulés sur Rousseau parce qu’ils étaient au courant des faits que tu as subis ou de faits équivalents dont Rousseau serait coutumière (faits que personne ne remet en cause d’ailleurs, en tout cas pas moi).
      Ils se sont défoulés sur cette femme parce que femme.

    • Après Angot : la télé publique, c’est vraiment « comme ça » ? - Arrêt sur images
      https://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=10205

      Le message délivré par la télévision publique, par la chroniqueuse de la télévision publique, aux victimes d’agressions sexuelles, notamment de la part des puissants, et sans aucune atténuation de l’animateur sur le plateau, restera donc : face aux agressions sexuelles, « on se débrouille, c’est comme ça ». Autrement dit, rien à faire. Personne à qui parler, Aucune instance à laquelle s’adresser. Aucun recours. Aucune aide, aucune solidarité à attendre, aucun espoir. Rien. La soumission à la loi du mâle est immémoriale, pourquoi ça changerait ? Si tu en es capable, tu fais un livre. Sinon tu te débrouilles. C’est comme ça.

    • je consulte rarement slate.fr sauf parfois quand il est indiqué ici sur @seenthis J’ai trouvé ce lien sur tumblr ici : http://lechatfeministe.tumblr.com
      ce résumé me semble tellement juste que je le repost intégrale (sans les liens interne qui ne manque pas d’intérêts aussi)

      source : http://m.slate.fr/story/152003/christine-angotsandrine-rousseau-pas-clash

      Ne réduisons pas l’échange Christine Angot-Sandrine Rousseau à un vulgaire clash télé
      Le piège était grossier. On a pourtant sauté dedans avec entrain.
      Samedi soir, dans « On n’est pas couché », a eu lieu une « altercation » entre #Sandrine_Rousseau, qui accuse l’ex-député #Denis_Baupin d’agression sexuelle, et l’écrivain et chroniqueuse #Christine_Angot. Dès la veille, la « séquence », comme on dit désormais, était largement teasée dans la presse avec force ellipses…

      Pendant deux jours, nous avons été abreuvés d’articles écrits non sans gourmandise annonçant qu’un « violent clash » –une « violente altercation »– avait eu lieu lors de l’enregistrement de l’émission entre Sandrine Rousseau et Christine Angot. Que cette dernière a quitté le plateau, et que la première a pleuré.

      L’Express, avant même la diffusion de l’émission, concluait l’article ainsi :

      « Sans jamais que le mot d’“inceste” soit prononcé, la réaction épidermique de Christine Angot, qui est d’ailleurs citée dans le livre de Sandrine Rousseau, tient sans doute à son histoire personnelle. Mais cela autorisait-il la chroniqueuse à prendre à partie une invitée, victime elle-aussi d’une agression ? »

      « Je pensais presque qu’Angot avait pété les plombs et tapé sur Rousseau »

      La production, elle, a bien pris soin de tirer une autre grosse ficelle, en prévenant que le moment où Angot quitte le plateau a été coupé au montage, pour faire « faire preuve d’élégance » à l’égard de sa chroniqueuse –pourquoi, d’ailleurs, avoir pris soin de le dire ici, quand tant d’autres émissions ont été également coupés sans que cela fasse l’objet d’un communiqué de la prod’ ? L’élégance, cela aurait été de ne pas chauffer le téléspectateur à blanc, de ne pas dire que le départ d’Angot n’apportait « rien sur le fond » et donc vider de son sens la réaction de l’écrivain. L’élégance aurait et de ne pas scénariser en amont un échange qui avait déjà tout de tragique pour le rabaisser au niveau d’un vulgaire clash comme la télé sait les organiser. Avec en plus, cette façon de sous-entendre qu’un désaccord entre deux femmes est au mieux une simple bataille de chiffonière. Les termes « harpies », « hystériques » et « folles » n’auront d’ailleurs pas tardé.

      On s‘attendait donc à assister à une scène d’une violence inouïe. À une mise à mort. Un ami me confiait : « Je pensais presque qu’Angot avait pété les plombs et tapé sur Rousseau. » Mais en regardant l’échange –long, ample, fourni, et ne se résumant certainement pas à quelques phrases tirées de leur contexte qui ont permis à plusieurs sites web de continuer à faire leur beurre–, on réalise que ça n’est ni un clash, ni une altercation, et certainement pas un « bad buzz ». On a assisté à la rencontre de deux souffrances. Et constaté qu’une douleur + une douleur, ça ne s’annule pas.

      Ici, Claude Askolovitch écrit pourquoi « il ne faut pas condamner Angot pour les larmes de Rousseau ». Que ce sont bien deux souffrances, mais aussi deux manières de les intellectualiser qui se trouvent confrontées, sans jamais se rejoindre.

      Pas une grande communauté de victimes

      Pour Rousseau, il faut « parler ». Pour Angot, il faut se « débrouiller ». Et il y a, je crois, eu un grand malentendu sur l’emploi de ce verbe : « se débrouiller ». Angot n’impose pas, elle constate. Que quand on a été victime d’une agression sexuelle, on est seul, on se démerde. C’est terrible oui, mais c’est comme ça. Elle n’intime pas à Rousseau l’ordre de se taire, elle lui dit de lui foutre la paix, et à elle, et à toutes les autres victimes (Angot a été victime d’inceste paternel). De ne pas appeler à former une grande communauté de victimes, car chacun(e) doit se débrouiller. En écrivant des livres, en militant, en ne faisant rien…

      Tout cela est trop compliqué et trop peu commode : ça va beaucoup plus vite de décréter qu’il y a de bonnes et de mauvaises victimes. De décider que certaines sont audibles et légitimes, et d’autres trop dures

      Elle essaie aussi de nous dire quelque chose, et on est passés à côté. « Parler » n’est pas nécessairement moins violent que « se débrouiller ». Il y a, sur ces questions des violences faites aux femmes, une injonction à dire. Il suffit de voir ce que les femmes victimes de viols et d’agressions entendent systématiquement : « Porte plainte ! il ne faut pas se taire ! Sinon, cela arrivera à d’autres et cela sera de ta faute. » Voilà comme on passe de victime à coresponsable, simplement parce qu’on a préféré se taire, pour les raisons que ne devraient appartenir qu’à nous.

      Rousseau, elle, croit au collectif. Elle est optimiste, ou en tout cas, y met toutes ces forces. Elle veut que la parole se libère. Et dit comme ça, on ne peut qu’être d’accord. D’ailleurs, je suis d’accord avec les deux. Je comprends Angot et je comprends Rousseau. Même s’il est vrai, qu’après avoir vu l’échange, j’ai ressenti une peine immense pour Sandrine Rousseau, davantage que pour Angot, que je sens et sait plus costaude.

      Choisir son camp, pourquoi ?

      La question est de savoir qui nous a demandé nos avis. Pourquoi devrait-on choisir ? Pourquoi devrait-on élire notre victime préférée et disqualifier l’autre ? Peu importe que Sandrine Rousseau elle-même ait pris soin de préciser que ce n’est pas Angot qui l’a fait pleurer. Tout cela est trop compliqué et trop peu commode : ça va beaucoup plus vite de décréter qu’il y a de bonnes et de mauvaises victimes. De décider que certaines sont audibles et légitimes, et d’autres trop dures. Que leurs traits, leur rage, ne collent pas avec l’idée qu’on se fait d’une femme abusée. Nécessairement démolie mais vaillante.

      On a le sentiment aussi que l’imaginaire collectif veut décréter la sororité obligatoire. Que la solidarité féminine doit aller de soi. Et qu’une femme qui s’en prend à une autre femme est une traitresse. Un homme admonestant une femme sera bien souvent moins accablé. Une femme qui crie sur une femme, et c’est une faute morale, un canif dans le contrat qui ferait des femmes des sœurs unies dans la douleur. Contrat qu’on a jamais signé. Il est sidérant aussi de constater que les auteurs –supposés ou non– des violences dont Angot et Rousseau parlent, ont été eux, extraordinairement épargnés par les commentateurs.

      L’ironie de la chose, c’est que ceux qui se sont découverts une fibre féministe (coucou Rémi Gaillard) se sont pourtant acharnés sur Angot avec fiel et sexisme.

      Torrents de haine

      Il existe sur Facebook un événement « Cours de self contrôle avec Christine Angot ». Je m’y suis abonnée pour voir. Et c’est bien ce que je redoutais : blagues misogynes, remarques odieuses sur le physique, posts débiles sur Angot « qui a ses règles », des « Christine sera notre punching-ball ». Pour de nouveaux hérauts de la lutte contre les violences faites aux femmes, c’est assez cocasse.

      Pour finir, ce moment n’a rien a voir avec « TPMP » ou « Salut les Terriens », monuments de dégueulasserie cathodique. Ce moment est un crève-cœur, parce qu’on est impuissant face à tant de souffrances. Il est aussi symptomatique de notre besoin de choisir un camp, de façon forcément binaire : il faut être #TeamQuelquechose. C’est finalement la façon dont les femmes doivent réagir à la violence qui a été commentée ; pas les auteurs de violences. Ce qui donne tristement raison à Angot : « C’est tellement compliqué de parler. »

    • https://www.franceculture.fr/emissions/la-chronique-de-jean-birnbaum/la-chronique-de-jean-birnbaum-jeudi-5-octobre-2017

      Moi qui aime profondément Angot et ses textes, et qui supporte mal les attaques obscènes dont elle est la cible depuis si longtemps, je me suis souvenu d’un échange que nous avions eu, au cours duquel je lui avais demandé pourquoi elle n’avait jamais porté plainte contre son père qui avait abusé d’elle sexuellement. Elle m’avait révélé qu’en réalité elle avait porté plainte, juste avant ses 28 ans, avant la prescription. Elle avait été bien reçue par un commissaire qui lui avait expliqué que, vu l’ancienneté des faits, son père ne serait sans doute pas condamné. Angot avait donc renoncé et des années plus tard, me racontant cette scène, elle avait conclu, je la cite : « Je vous le dis, il n’y a qu’une seule chose de valable, c’est la littérature. La justice, la police, ce n’est rien. Il n’y a pas de vérité hors de la littérature ».

    • Sauver Angot ! Après l’essorage de Sandrine Rousseau par Christine Angot et Yann Moix chez Ruquier, après le cyber-lynchage consécutif d’Angot, ils sont deux à tenter de sauver l’écrivaine, sur le site Slate.

      D’abord, Claude Askolovitch, de la revue de presse de France Inter. Puis Nadia Daam (notamment chroniqueuse sur Europe 1). Ils disent sensiblement la même chose. Oui, Sandrine Rousseau a souffert, mais Christine Angot aussi. Souffrance contre souffrance. Que n’ont-elles réussi à se parler ! D’ailleurs, le terrible "on se débrouille, c’est comme ça" d’Angot, n’est pas vraiment un "on se débrouille, c’est comme ça", tente d’expliquer Daam. On l’aura mal comprise. Alors reprenons.

      Oui, Angot a souffert. Et elle en a fait un très grand livre, "L’inceste" (paru en 1999), suivi d’un autre, "Une semaine de vacances", paru en 2012. Oui, Angot est (à mon sens) un écrivain français majeur d’aujourd’hui. Mais parmi tous ceux qui auront vu l’agression insensée (et incompréhensible, après montage-charcutage) dont a été victime Sandrine Rousseau sur le plateau de Ruquier, qui l’auront vue en direct, en replay, dans les videos promotionnelles, qui en auront entendu parler dans les buzz préalables orchestrés par la prod de l’émission, combien SAVENT qui est Christine Angot ?

      Combien l’ont lue ? Un sur dix ? Un sur cinq ? Ce serait déjà énorme. Pour eux, cette personne hystérique est une snipeuse de Ruquier comme avant elle Salamé, Polony ou Pulvar. C’est une voix de la télé publique, rien de plus, rien de moins. Le message délivré par la télévision publique, par la chroniqueuse de la télévision publique, aux victimes d’agressions sexuelles, notamment de la part des puissants, et sans aucune atténuation de l’animateur sur le plateau, restera donc : face aux agressions sexuelles, "on se débrouille, c’est comme ça".

      Mission de la télé publique

      Autrement dit, rien à faire. Personne à qui parler, Aucune instance à laquelle s’adresser. Aucun recours. Aucune aide, aucune solidarité à attendre, aucun espoir. Rien. La soumission à la loi du mâle est immémoriale, pourquoi ça changerait ? Si tu en es capable, tu fais un livre. Sinon tu te débrouilles. C’est comme ça. Ce message est d’abord profondément de droite. Le "c’est comme ça", c’est la plus pure définition de la droite (la définition de la gauche étant par exemple "et si ça pouvait être autrement ?").

      Comme le dit très bien Clémentine Autain, si nous aspirons à être sujets de nos vies, c’est précisément pour que ce ne soit plus « comme ça ». Le point de vue politique est celui qui n’accepte pas la résignation et qui, loin de laisser chaque femme se débrouiller seule avec le violeur, entend fonder une réponse collective". Au moins, le "c’est comme ça" est-il cohérent avec la récente évolution vallso-macronienne d’Angot.

      Mais le "c’est comme ça" est surtout profondément incivique. Le harcèlement sexuel est puni par la loi. Non, le crime organisé, c’est pas "comme ça". La haine raciale, c’est pas "comme ça". La torture, c’est pas "comme ça". La fraude fiscale, c’est pas "comme ça". Il y a des lois nationales, des lois de la guerre, du droit international. La mission de la télévision publique est-elle d’en proclamer l’inefficacité radicale et absolue ? Le CSA a été saisi par le gouvernement. A lui de dire si la télé, "c’est comme ça".

      http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-nos-vies-connectees/20171003.OBS5457/le-on-se-debrouille-c-est-comme-ca-d-angot-profondement-inciviq

    • Pour celleux qu’auraient pas compris, je conseille de passer en mode essorage rapide sur RTL.
      http://www.rtl.fr/emission/les-grosses-tetes

      N°1 en France, RTL affiche une audience confortable de 12,2% avec une durée d’écoute élevée de 2H25 en moyenne, faisant mentir ceux qui prédisaient la chute de la maison de la Rue Bayard avec le vieillissement de son auditoire. Le meilleur exemple de sa recette gagnante est le rajeunissement des « Grosses Têtes » qui se sont appuyées sur l’arrivée de Laurent #Ruquier pour renouveler avec succès la formule de l’émission culte de Philippe Bouvard.

      Pas de doute, on est bien en France !

  • Sur les campus américains, la lutte contre les agressions sexuelles vire à la paranoïa | Slate.fr
    http://m.slate.fr/story/148629/campus-americains-lutte-agressions-sexuelles

    Une centaine de procès de ce genre ont été initiés ces dernières années. En 2016, un étudiant de l’université Washington and Lee en Virginie a obtenu des dommages et intérêts de la part de sa fac apres avoir ete expulsé pour agression sexuelle. Une fille l’avait accusé de viol, mais le contexte était très ambigü : elle avait de nouveau couché avec lui après l’agression présumée, et leurs communications électroniques étaient restées amicales. La personne en charge de l’enquête pour le campus avait récemment fait un exposé sur ce qu’on appelle le « gray rape » (« viol gris ») : le concept controversé selon lequel un rapport sexuel que l’on regrette après coup, dont on n’est pas bien sûr qu’on voulait tout à fait, peut être considéré comme un viol.

    • Cet article en fait des tonnes pour deux ou trois cas qui sont j’en suis sur tres bien défendus par le systheme judiciaire américain. Il y a des cas de fausses accusation, mais il a aussi le fait que les agresseur.euse.s nient presque toujours les faits, y compris face aux preuves. L’article ne donne aucune statistique pour voire si cette paranoïa est justifié. Y a t’il vraiment une augmentation des dénonciations d’agression sexuelle dans les facs et dans leur répression par les facs ? Du coup le texte donne des armes aux masculinistes, agresseur.euse.s sexuels et dominant.e.s en propageant la notion de « gray rape » ou en faisant croire qu’il y aurait une augmentation des fausses accusations.
      #backlash #instrumentalisation #culture_du_viol #viol #université

    • Tu as raison, l’article est très superficiel dans sa présentation des faits.

      Je trouve intéressante cette possibilité pour les établissements américains de sanctionner sans attendre. Cela donne l’impression d’inverser l’injustice. Mais injustice toujours.

      Mais comme tu le dis, peu de données ni d’études pour étayer la réflexion.

    • Je pense pas que le viol ou les agressions sexuelles puissent être tolere dans le règlement d’une école ou n’importe quelle institution. En cas de viol, vu que c’est un crime et non un délit il doit y avoir à mon avis un proces obligatoirement mais pour les délits ( agressions sexuelles, vols, agression physique, harcelement...) il me semble que les établissement prennent leurs dispositions depuis toujours. Le droit américain doit être different mais Ca m’étonnerait qu’il ne fasse pas de distinction entre délits et crimes.
      Si on t’accuse d’un délit à tord et que tu es viré de la fac pour Ca tu peu contesté la décision au tribunal (aux USA en France ça m’étonnerait) mais Ca veux pas dire que c’est un probleme généralisé d’injustice. Aussi va savoir combien de ces hommes qui sont reconnus accusés a tords par les institutions sont juste des agresseurs avec de bons avocats qui sont parvenus à renversé la situation a leur aventage. A part Ca je trouve tout de même tres bien que les hommes se soucient enfin un peu de commetre des agressions sexuelles et des viols. jusqu’ici c’était uniquement aux femmes de faire avec la peur du viol, la peur d’être violé et de restreindre leurs libertés. Là peut être que dans certaines facs aux USA les hommes commences a avoir peur de violer, peur de commetre des viols et des agressions sexuelles. C’est tres bien que cette nouvelle peur s’installe chez les hommes et s’efface chez les femmes, pourvu que ça continue dans ce sens et que les hommes apprennent a respecte les limites posé par les femmes.

      Le probleme avec ces cas de prétendues fausses accusations, c’est que au lieu de focalisé les hommes sur la nécessité pour eux d’apprendre à ne pas violer et a ne pas agressé, ce qu’ils sont loin de savoir et de vouloir savoir, ce genre d’anecdote leur permet de se victimisé, de detruire les avancées pour les femmes et de retablir la domination masculine.

    • Je partage totalement ton point de vue.

      Je me souviens d’un film où toute l’intrigue reposait sur une fausse accusation de viol par une gamine, prise au sérieux par tout le monde, l’accusé ayant sa vie gâchée pour quelques années, jusqu’au dénouement où la gamine revient sur ce qu’elle a dit. Mais il s’agissait bien d’une fausse accusation, le film nous le montre dès le début. Et il s’agissait donc bien d’une erreur judiciaire. A l’époque, j’étais jeune, et j’étais totalement choqué par l’injustice. Avec le recul, je suis tout autant choqué par ce film, mais par le choix d’en faire une histoire et d’en faire des tonnes, au point de nous faire accepter que pour éviter de telles injustices, il faut évidemment systématiquement s’assurer que la parole des femmes est vraie, au prix de souffrances démultipliées pour toutes celles qui ont effectivement été violées. Les deux injustices sont insupportables.

      La difficulté du viol n’est pas totalement spécifique en terme de jugement par l’institution. Il s’agit très souvent de juger parole contre parole, et pour avoir été contraint de vivre de tels jugements, l’injustice n’est vraiment pas évidente à éviter. Ou en tout cas, ce sentiment de n’être qu’une montagne de viande baladée et soupesée par l’institution judiciaire... est vraiment difficile à vivre.

    • Il est connu (et même l’article en parle un peu) que le fait que des textos amicaux soient échangés, et même que des relations sexuelles soient répétées par la suite, n’empêche pas que le premier rapport ait été un viol. Pourtant ici c’est presque systématiquement utilise pour discréditer la victime...

  • Quand une étude s’intéresse à l’endométriose… pour son impact sur la vie sexuelle des hommes | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/146391/etude-endometriose-vie-sexuelle

    Depuis la publication de son article intitulé « Une étude sur l’impact de l’endométriose sur la vie sexuelle des hommes ? Rageant ! », le compte Twitter d’Imogen Dunlevie est au bord de l’explosion. Cette jeune étudiante australienne souffre d’endométriose depuis l’âge de 13 ans. Elle a publié son premier article dans le Guardian lorsqu’elle a appris qu’une étudiante en master de philosophie (département Santé sexuelle) à Sydney en Australie allait conduire une recherche sur l’impact de l’endométriose sur la vie sexuelle… des hommes.

    Pour rappel, l’endométriose touche une femme sur dix en âge de procréer. Les symptômes les plus fréquents sont des douleurs abdominales et pelviennes très violentes. Comme nous vous l’expliquions en 2015, le diagnostic est souvent très tardif car la maladie est peu connue des médecins. La plupart du temps, on détecte l’endométriose au bout de dix ans, le plus souvent quand une femme se révèle infertile.

  • Comment la France voyait internet en 1997 | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/136043/rapport-internet-france-1997

    Certains préfèrent se connecter dans des cyber-cafés qui commencent à apparaître. Un article du Monde daté de mars 1996 explique que, contre 40 francs (8 euros aujourd’hui), on peut profiter d’un petit-déjeuner avec pain, croissant, café et une demi-heure de connexion sur un ordinateur « relié à Internet par une ligne spécialisée à haut débit (64 kbps) ». À Paris, une demi-heure dans un cyber-café revient alors à une trentaine de francs (environ 6 euros).

    Mais on se connecte à quoi ? Pour faire vos recherches, oubliez Google, il ne naîtra que l’année suivante. Alors, on passe par « Yahoo !, Excite, Infoseek, Echo (ex-Voila) et surtout AltaVista », rappelle NextInpact.

    #MiniRézo #ManifesteWebIndépendant #Uzine

  • Sur la rafle du Vél d’Hiv, Marine Le Pen veut ramener la France trente ans en arrière | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/143159/le-pen-rafle-vel-hiv

    Ses propos s’inscrivent dans une école de pensée qui a été longtemps majoritaire en France, notamment sous De Gaulle et Mitterrand : celle qui consiste à dire que Vichy et l’État français ne constituaient qu’une autorité de fait, « nulle et non avenue » selon les mots de De Gaulle, et qui n’avaient pu prétendre à aucun moment représenter leur pays, quel que fût le soutien populaire dont ils avaient bénéficié ; que le vote des pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940 étant anticonstitutionnel, les décisions de Vichy ne pouvaient pas être attribuées à une France qui, à ce moment-là, était à Londres. Et qui conclut donc que les positions de Chirac et de ses successeurs constituent une repentance et une autoflagellation malvenue... (Ce qui est oublier que, dans leurs discours, Chirac comme Hollande distinguaient en fait deux France : « Il y a aussi la France, droite, généreuse, fidèle à ses traditions, à son génie. Et cette France-là n’a jamais été à Vichy », lançait Chirac, tandis que son successeur rendait « hommage à tous ces Français qui ont permis que survivent les trois quarts des Juifs de France »).

    On trouve trace de cette école de pensée dans des critiques de divers responsables politiques (Marie-France Garaud, Jean-Pierre Chevènement, Philippe Séguin ou Henri Guaino, par exemple, avaient critiqué les discours élyséens), mais aussi, de manière plus extrême, dans les écrits d’un Éric Zemmour affirmant que le 16 juillet 1995, Jacques Chirac avait « raflé » le général De Gaulle. Le polémiste avait aussi défendu le rôle du régime de Vichy dans la protection des juifs français, thèse critiquée par de nombreux historiens.

    En 2012, au moment du discours de François Hollande, l’un des meilleurs spécialistes français de Vichy, Henry Rousso, jugeait pourtant que ce passé avait « enfin trouvé sa place » et qu’on avait assisté à une « normalisation » de la mémoire.

    #Linfiltré #PhoneStories #FN