• Il y a un an (2 mars 2022) : La politique criminelle de Poutine, chef de la bureaucratie russe, face à la pression de l’impérialisme https://journal.lutte-ouvriere.org/2022/03/02/la-politique-criminelle-de-poutine-chef-de-la-bureaucratie-r (#archiveLO)

    Le ministre français des Affaires étrangères, Le Drian, a qualifié Poutine de « semeur de guerres », l’Élysée a parlé de sa « paranoïa » tandis que Biden évoquait son « désir d’empire ». Mais la réalité est que la Russie a vu sa zone d’influence disputée et de plus en plus réduite depuis les années 1990.

    L’impérialisme, surtout l’#impérialisme_américain, le plus puissant, exerce une pression économique et militaire aux marges de la Russie qui crée des rivalités et a déjà provoqué plusieurs guerres. Et si le conflit actuel en Ukraine pourrait être plus grave, il n’en relève pas moins de la même logique.

    Après la dissolution de l’#URSS par ses propres dirigeants en 1991, les républiques ex-soviétiques ont connu une décennie chaotique. Les cercles dirigeants étaient issus de la bureaucratie qui avait usurpé le pouvoir du temps de #Staline, une couche sociale parasitaire de plusieurs millions de membres présents à tous les niveaux de l’appareil d’État. Ils se sont jetés sur tout ce qui dans l’économie pouvait rapporter gros et rapidement. Ils se sont approprié les entreprises les plus rentables et les banques, par des méthodes autoritaires et mafieuses...

    Fortune pour quelques #oligarques, déception pour beaucoup d’autres

    La population des États issus de cette décomposition de l’URSS voyait son niveau de vie s’effondrer à une vitesse vertigineuse. Mais l’enrichissement de quelques hommes à la tête des nouveaux pouvoirs indépendants, ceux qu’on allait appeler les oligarques, a été tout aussi spectaculaire. Cette décennie qui avait des allures de Far-West version orientale se traduisit aussi par la chute des États ex-soviétiques au rang de pays pauvres pour certains, tel le Tadjikistan, et de pays plus ou moins développés mais en voie de régression pour les autres. Au sommet des appareils d’État, les hommes et clans de la bureaucratie les mieux placés pour exploiter la situation à leur profit s’en tiraient brillamment. En revanche les moins chanceux, et surtout la grande masse des bureaucrates petits et moyens qui avaient bénéficié d’une position dominante dans la société soviétique, se retrouvaient déclassés et humiliés.

    C’est dans ce contexte que Poutine arriva au pouvoir en janvier 2000, désigné par son prédécesseur, Eltsine. Ancien officier supérieur du KGB, il s’employa à mettre un coup d’arrêt à cette évolution en rétablissant ce qu’il appela la « verticale du pouvoir ». Pour stopper les volontés indépendantistes qui menaçaient désormais la Fédération de Russie elle-même, il déclencha une deuxième guerre de Tchétchénie, rasa sa capitale Grozny et mit au pas les autorités locales. Il installa dans les régions des gouverneurs à sa botte. Quant aux oligarques, il leur fit comprendre qu’ils devraient eux aussi se soumettre au pouvoir, partager leur mainmise sur certains secteurs stratégiques comme l’énergie, réinvestir en Russie une partie de leur fortune, qu’ils faisaient fuir à l’étranger. Les oligarques qui crurent pouvoir s’y opposer le payèrent, certains de leur vie, d’autres d’années de prison et de la confiscation de leurs trusts. Beaucoup émigrèrent définitivement et les autres firent allégeance pour continuer leurs affaires.

    Si Poutine a ainsi pu rétablir un État fort, c’est fondamentalement parce que le régime autoritaire qu’il incarne depuis déjà vingt-deux ans répond aux intérêts collectifs de sa base sociale, cette bureaucratie qui avait failli tout perdre avec la disparition de l’ancien État. Poutine sut asseoir son pouvoir en permettant aux clans au sommet de l’État de continuer à faire des profits par milliards pour peu qu’ils acceptent son autorité. Mais il le fit aussi en rendant à la bureaucratie dans son ensemble, du haut en bas de la chaîne hiérarchique, la possibilité de vivre de ses prébendes.

    Cette politique était possible du fait de l’héritage de l’#économie_soviétique, des immenses richesses de la Russie. Ses matières premières, le gaz, le pétrole ont vu leur cours exploser dans les années 2000. Les liens subsistaient aussi avec les autres républiques ex-soviétiques qui dataient de l’époque antérieure, celle de l’économie planifiée à l’échelle de l’URSS.

    Retour de l’Etat fort

    Dès les années 1990, l’impérialisme a commencé à avancer ses pions dans tout l’espace ex-soviétique. Le #capitalisme était bien incapable d’assimiler l’économie construite à l’époque soviétique. Mais il était prêt à exploiter ce qui pouvait lui être profitable, c’est-à-dire des marchés où exporter ses capitaux, des matières premières, de la main-d’œuvre qualifiée à moindre coût. Une rivalité s’instaura aussitôt entre la Russie de Poutine, qui cherchait à reconstituer des partenariats avec les ex-­républiques soviétiques en préservant les liens économiques historiques indispensables, et l’impérialisme qui s’efforçait de les attirer aux dépens de la Russie. Symbole de cette politique expansionniste, l’#OTAN, au lieu de se dissoudre comme certains dirigeants américains l’avaient promis à Gorbatchev en 1990, a entouré la #Russie de bases militaires, dans les pays Baltes, en Roumanie, en Pologne.

    La question des relations avec l’#Ukraine, qui a débouché sur la crise de 2014 et en fin de compte sur la guerre actuelle, après d’autres conflits en Géorgie, en Moldavie, en Arménie, illustre cette rivalité. En 2014, l’Union européenne a en effet proposé un accord d’association à l’Ukraine, avec une zone de libre-échange, des mesures de coopération en matière énergétique, nucléaire, etc., à condition que l’Ukraine refuse le partenariat proposé au même moment par la Russie.

    En fait, les États impérialistes, à commencer par les États-Unis, ont évidemment vu la fin de l’URSS d’un œil favorable. Les dirigeants russes qui étaient, de l’aveu de Poutine, tout prêts à coopérer ont dû se rendre compte que l’impérialisme voulait une Russie à genoux, soumise à son bon vouloir et réduite à la portion congrue.

    La #bureaucratie et son chef ne peuvent l’accepter. De plus, avec la crise de l’économie capitaliste, la pression impérialiste s’accroît partout dans le monde, et l’Est de l’Europe ne fait pas exception.

    #Poutine, représentant de l’oligarchie et de toute la bureaucratie russe, est évidemment un ennemi des travailleurs, tout autant que les dirigeants impérialistes. Il est l’ennemi de ceux de son pays comme de ceux de l’Ukraine où il mène la guerre aujourd’hui. Pour autant, la situation actuelle n’est pas due à sa personalité, mais à la guerre économique qui règne sur la planète et qui ne peut manquer, tant que le capitalisme règnera, de se transformer à un moment ou à un autre en guerre tout court.

    #guerre_en_ukraine #impérialisme #oligarchie

  • #Révolution #URSS #FascismeRouge #domination #dictature #totalitarisme #bolchevisme #Lénine #Trotsky #Staline #Cronstadt #persécution #répression #crime

    #anarchisme #conseillisme #émancipation #Voline #EmmaGoldman #SimoneWeil #CorneliusCastoriadis #OttoRühle #HannahArendt...

    ★ LES RÉVOLUTIONNAIRES CONTRE LE FASCISME ROUGE... - Socialisme libertaire

    On ne saurait accuser tous les révolutionnaires d’avoir trempé dans les crimes de Lénine, Staline et leurs continuateurs : tout au long du XXe siècle, des minorités existèrent au sein du mouvement ouvrier, qui non seulement dénoncèrent l’imposture du « socialisme réellement existant », mais tentèrent d’en tirer des leçons pour la critique sociale et l’émancipation des classes dominées (...)

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2022/11/les-revolutionnaires-contre-le-fascisme-rouge.html

  • #Troski #trotskisme #Lénine #bolchevisme #Révolution #URSS #Staline #stalinisme #totalitarisme #dictature #pouvoir #bureaucratie...

    ★ via l’Organisation Communiste Libertaire (OCL) :

    ★ La maladie infantile du trotskysme, l’Etat ouvrier dégénéré – 🔴 Info Libertaire

    L’image positive d’un Trotski héros tragique de la critique de la bureaucratie soviétique s’est construite, au fil du temps et au-delà de la stricte mouvance qui lui est consacrée, grâce à l’acharnement de Staline contre lui et ses partisans. Ecarté, pourchassé, banni puis assassiné, il est devenu, victime et martyr, le symbole de l’opposition de gauche au maître du Kremlin.
    Considéré en outre comme un homme de grande culture, ouvert aux nouvelles formes d’expression artistique telles que le surréalisme, maîtrisant bien le français, il a séduit (sans les affilier pour autant) bien des intellectuels de l’entre-deux-guerres, c’est un profil du « vieux », parfaitement antinomique de celui de la brute inculte et honnie que fut Staline, qui s’est construit au sein des mouvances d’extrême gauche qui tentaient, en France, de résister à la mainmise du PCF inféodé à Moscou sur le mouvement ouvrier (...)

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️ https://www.infolibertaire.net/la-maladie-infantile-du-trotskysme-letat-ouvrier-degenere

    ▶️ Site de l’OCL : https://oclibertaire.lautre.net

    =====================================================

    ▶️ « Sur les contradictions du marxisme » par Simone Weil (1934) : https://www.socialisme-libertaire.fr/2018/01/sur-les-contradictions-du-marxisme.html

    ▶️ « Trotsky proteste beaucoup trop » par Emma Goldman (1938) :
    https://www.socialisme-libertaire.fr/2018/09/trotsky-proteste-beaucoup-trop.html

    ▶️ « Les pleureuses du vieux Léon » (Blog libertaire de Floréal) : https://florealanar.wordpress.com/2020/12/31/les-pleureuses-du-vieux-leon

    ▶️ « Les marxistes-léninistes ont inauguré un régime de terreur » (GLJD) : http://le-libertaire.net/les-marxistes-leninistes-inaugure-regime-terreur

    ▶️ « Danger ! Trotskistes ! » (Archives du ML 2003) :
    https://www.monde-libertaire.fr/?page=archives&numarchive=10823

    ▶️ « Staline, Trotsky : l’héritage de Lénine » (UCL) :
    https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Lire-Huhn-et-Mattick-Staline-Trotsky-l-heritage-de-Lenin

    ▶️ « Du trotskysme au communisme libertaire » (UCL) :
    https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Lire-Jean-Pierre-Hirou-Du-trotskysme-au-communisme-liber

    ▶️ « Mars 1921, la troisième révolution russe se jouait à Kronstadt » (UCL) :
    https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Mars-1921-la-troisieme-revolution-russe-se-jouait-a-Kron

    • @recriweb

      Que tu n’aimes pas notre Page, que tu vomisses nos articles, que tu détestes l’anarchisme : c’est ton droit le plus absolu.

      Mais que tu inondes notre Page de « commentaires » insultants et trash, tous plus anti-anarchistes les uns que les autres : c’est « Niet » !
      D’ailleurs, nous avons viré tes diatribes et nous l’assumons.
      Tu écris ce que tu veux sur ta Page mais pas ici.
      Pour notre part, nous n’allons jamais insulter les gens sur leurs Pages même et surtout sous couvert de « convictions ».

      > Pour « résumer » tes « commentaires » hautains, pédants et arrogants, un petit florilège :

      Emma Goldman : « ...ne comprend jamais grand chose à rien » (sic)

      Affiche FA antiguerre : « très con » (sic)

      Textes de Simone Weil : « inepties », « tissu de bêtises », « très bête » (sic)

      Texte du GLJD : « crétinerie ahurissante » (sic)

      – etc.

      Tu es toujours et systématiquement dans l’autosatisfaction béate pour la glorification du marxisme-léninisme-trotskisme car, bien évidemment, avant cette religion politique c’était le néant 😱 et depuis c’est la parole sacrée indépassable : critiquer saint Lev Davidovitch Bronstein relève du blasphème, un être parfait est forcément incritiquable.
      Reste dans tes certitudes « dialectiques », égocentriques et canoniques, mais tellement « scientifiques »... 😅 ... qui donnent surtout « bonne conscience »... Alléluia !

      « Oyez, oyez ! gens incultes : hors LO point de salut ! » 😈

      > On entend déjà les cris outrés du moine-soldat qui défend son bout de gras et qui va jouer au « martyr » pour se faire plaindre.
      Heureusement pour nous... la Tchéka n’existe plus ! ✊

      Inutile de nous répondre, on connait déjà les réponses stéréotypées du grimoire trotskiste : on a autre chose à faire /

      🏴🏴

    • Oui après c’est relativement légitime qu’à une suite de liens critiquement vertement le trotskysme (arguments valables ou pas peu importe dans un premier temps), il est normal/logique que des gens ne trouvant pas ces arguments valables aient envie de contre-argumenter… Surtout si ça ne l’est pas dans le général abstrait (où là ça n’aurait pas grand intérêt effectivement), mais si c’est en tentant de démontrer le faux de passages précis des textes liés.

      Tant que c’est pas du troll comploto-raciste (comme il y en a aussi, et partout), ça reste quand même l’intérêt de seenthis qui n’est pas une liste à sens unique mais un système avec des commentaires dessous :)

    • @rastapopoulos

      Nous sommes bien d’accord pour le dialogue. ;-)
      Nous avons répondu des dizaines de fois à cette personne depuis plusieurs semaines.

      Pour nous libertaires, Trotsky est un criminel, un dictateur manqué qui a persécuté les anarchistes et bien au-delà.
      Un "staline raté" qui a du fuir devant son concurrent.
      Dire cela ne fait pas plaisir aux zélateurs du "maître", on le comprend bien mais ce n’est pas notre problème.
      C’est son libre choix mais qu’il le vive sans nous.
      Cette personne le sait très bien, on lui a dit maintes fois... mais comme il s’en fout il revient, recommence et s’incruste.
      Nous sommes patient, mais il y a des limites.
      On veut bien croire que c’est un sujet très clivant depuis des décennies et on sait très bien qu’on va pas le convaincre... ce dont nous n’avons nulle envie.

      > Il ne cherche pas le dialogue, mais la confrontation.

      Ceci dit notre Page, qui est très récente, n’est pas un « paillasson » ni un défouloir.

      Il a franchi une limite arrogante avec des insultes et son langage ordurier, ce que nous n’acceptons pas. Nous connaissons -que trop- ce genre de méthodes, vu que nous sommes sur pas mal de réseaux sociaux depuis de nombreuses années. Ici comme ailleurs, il y a des attitudes et des comportements que nous n’accepterons jamais.

      Cette personne veut nous pousser dans nos retranchements, quitte à s’imposer et pinailler sans fin sur chaque article qui ne lui plait pas. Lorsque nous ne voulons pas aller plus loin, il crie "au scandale" de ne pas répondre à ses injonctions... si cela ne lui plait pas, il n’a pas à venir sur notre Page avec arrogance et outrance.

      C’est le même scénario à chaque fois et c’est fatiguant... en plus, il veut nous faire passer pour les "méchants" de service (comme il ne se gêne pas de le faire sur sa Page... pathétique) : ça va 5 mn ce petit jeu !

      Bref, c’est une sorte de "troll zélé de la sainte cause de LO", qui envoie ses bataillons de militants contredirent ceux qui ne pensent pas comme eux par une propagande parfois agressive.

      Nous concluons sur le fait que l’on se contrefout des humeurs de ce genre de personne, donneuse de leçon et à l’ego susceptible...

      Cela ne mérite vraiment pas de s’attarder sur ce "non sujet".

  • 20 février 1938 : « Léon Sédov, le fils – l’ami – le militant — dédié à la jeunesse prolétarienne » (Léon Trotsky)

    A l’instant où j’écris ces lignes, à côté de la mère de Léon Sédov, des télégrammes me parviennent de divers pays, m’apportant l’expression de condoléances. Et chacun de ces télégrammes suscite la même et insupportable question :

    « Ainsi tous nos amis de France, de Hollande, d’Angleterre, des Etats-Unis et du Canada et d’ici, au Mexique, considèrent comme définitif le fait que Sédov ne soit plus ? »
    Chaque télégramme est une preuve nouvelle de sa mort. Et pourtant, nous ne pouvons encore y croire. Et non pas seulement parce qu’il est notre fils, fidèle, dévoué, aimant. Mais avant tout, parce que plus que quiconque au monde, il est entré dans notre vie, s’y est lié avec ses racines, comme camarade d’idées, comme collaborateur, comme gardien, comme conseiller, comme ami.

    De cette génération aînée, dans les rangs de laquelle nous sommes entrés à la fin du siècle dernier, sur la route de la Révolution, tous, sans exception, ont été balayés de la scène. Ce que n’ont pu faire les bagnes du tsar, la déportation rigoureuse, les besoins des années d’émigration, la guerre civile et les maladies, Staline l’a fait au cours des dernières années, comme le fléau le plus malfaisant de la révolution. Après la génération aînée, a été anéantie la meilleure partie de la génération moyenne, c’est-à-dire celle qu’a suscitée 1917 et qui a reçu sa formation dans les 24 armées du front révolutionnaire. Piétinée sans traces la meilleure partie de la jeunesse, de la génération de Léon. Lui-même n’y a échappé que par miracle : grâce au fait qu’il nous a accompagnés en déportation et ensuite en Turquie. Au cours des années de notre dernière émigration, nous avons acquis de nombreux amis, et quelques-uns d’entre eux sont entrés étroitement dans la vie de notre famille, jusqu’à pouvoir être considérés comme ses membres. Mais tous nous ont approchés pour la première fois seulement dans ces dernières années, quand nous avons atteint le seuil de la vieillesse. Seul Léon nous a connu jeunes, et a participé à notre existence depuis le temps, où il a pris conscience de lui-même. Demeuré jeune, il fut comme de notre génération.

    Il a traversé avec nous notre deuxième émigration : Vienne, Zurich, Paris, Barcelone, New Amherst (le camp de concentration canadien) et, finalement, Pétrograd.

    Encore tout enfant – il allait sur ses douze ans – il avait à sa manière assimilé consciemment le passage de la révolution de février à celle d’octobre. Son adolescence s’est passée sous une haute pression. Il s’est ajouté une année pour entrer plus vite aux Jeunesses Communistes, qui brûlaient alors de toutes les ardeurs d’une jeunesse éveillée. Les jeunes boulangers, au milieu desquels il menait sa propagande, le gratifiaient d’un petit pain frais, et il le rapportait joyeusement sous le pan déchiré de sa veste. Ce furent des années brûlantes et froides, grandioses et affamées.

    De sa propre volonté, Léon quitta le Kremlin pour le logis en commun des étudiants prolétariens, afin de ne pas se distinguer des autres. Il refusait de s’asseoir avec nous dans l’auto, afin de ne pas jouir des privilèges des bureaucrates. En revanche, il prenait jalousement sa part dans tous les « samedis communistes » et autres « mobilisations de travail », il nettoyait la neige dans les rues de Moscou, « liquidait » l’analphabétisme, déchargeait le pain et le bois des wagons, et ensuite, en qualité d’élève polytechnicien, réparait les locomotives. Il ne s’est pas trouvé sur le front des opérations, c’est seulement parce que l’addition de deux et même trois années supplémentaires n’aurait pu l’aider : la guerre civile s’est terminée quand il avait seulement quinze ans. Mais plusieurs fois, il m’avait accompagné sur le front, s’imprégnant d’impressions sévères (rudes), et connaissait fermement le pourquoi de cette lutte sanglante.

    Les derniers télégrammes d’agence ont appris que Sédov vivait à Paris « dans les conditions les plus modestes ». Ajoutons, beaucoup plus modestes que celles des ouvriers qualifiés. Mais à Moscou, dons ces années où son père et sa mère occupaient de hautes fonctions, il ne vivait guère mieux que ces derniers temps à Paris, plutôt moins bien. Etait-ce une règle parmi la jeunesse bureaucratique ? Non, alors déjà, c’était une exception.

    Dans ce garçon, et plus tard dans l’adolescent, et dans le jeune homme, le sentiment du devoir et du sacrifice s’est éveillé de bonne heure.

    En 1923, Léon s’est brusquement et entièrement plongé dans le travail de l’opposition. II serait injuste de voir là seulement l’influence de ses parents. II avait quitté le bel appartement du Kremlin pour le logement en commun, froid, sale et sans pain, non seulement sans intervention de notre part, mais contre notre volonté.

    Son orientation politique a été déterminée par ce même instinct qui l’incitait à préférer les tramways surchargés de monde aux limousines du Kremlin. La plate-forme de l’Opposition a seulement donné une expression politique aux traits organiques de son caractère. Léon rompait inflexiblement avec les étudiants amis, que leurs pères bureaucrates arrachaient à coups de griffes du « trotskysme », et retrouvait le chemin de ses amis boulangers.

    Ainsi, à 17 ans, a commencé sa vie pleinement consciente de révolutionnaire. Il a vite assimilé l’art de la conspiration, des réunions illégales, de la presse secrète et de la diffusion des écrits oppositionnels.

    Le Komsomol a rapidement formé les cadres de ses chefs oppositionnels.

    Léon se distinguait par des qualités remarquables de mathématicien. Il venait infatigablement en aide aux étudiants prolétariens, n’ayant pas fait d’études secondaires. Et, dans ce travail, il mettait toute son ardeur, corrigeait, poussait en avant, grondant les paresseux. II considérait son jeune enseignement comme un service consacré à sa classe. Ses propres études à l’Institut technique supérieur se poursuivaient avec succès. Mais elles ne prenaient qu’une partie de sa journée de travail. La plus grande partie de son temps, il la donnait avec ses forces et son âme, à la cause de la révolution.

    En hiver 1927, quand commença la destruction politique de l’Opposition, Léon achevait sa vingt-deuxième année. Il avait déjà un enfant qu’il venait nous montrer avec fierté au Kremlin. Sons une minute d’hésitation, il s’est arraché à sa jeune famille et à son école, pour partager notre sort en Asie Centrale. II agissait non seulement comme un fils mais, avant tout, comme un camarade d’idées ; il fallait avant tout assurer notre liaison avec Moscou.

    Son travail à Alma-Ata, pendant toute une année, fut, en toute sincérité, incomparable. Nous le nommâmes ministre des Affaires étrangères, ministre de la police, ministre des P.T.T. Et, dans toutes ces fonctions, il fut obligé de s’appuyer sur un appareil illégal. Sur les instructions du Centre Oppositionnel de Moscou, le camarade X..., très dévoué et très sûr, avait acquis une voiture et une troïka de chevaux et travaillait en qualité de cocher indépendant entre Alma-Ata et Frounzé (Pichpek) alors station terminale de la ligne de chemin de fer.

    Le travail qui lui était dévolu était de nous apporter, toutes les deux semaines, le courrier secret de Moscou et de rapporter nos lettres et manuscrits à Frounzé où l’attendait le courrier de Moscou. Parfois, des courriers spéciaux nous arrivaient de Moscou. Les rencontrer n’était pas une chose facile à faire.

    Nous étions logés dans une maison de tous côtés entourée d’organisations de la Guépéou et des appartements de ses agents. Les rapports extérieurs reposaient sur Léon. Il quittait le logis par les nuits profondes, pluvieuses ou neigeuses, ou, trompant la vigilance des espions, il s’échappait dans la journée de la bibliothèque, retrouvant les agents de liaison à l’établissement des bains publics, ou dans les fourrés profonds, aux environs de la ville, ou encore au marché oriental où les Kirghizes grouillaient en foule, avec les chevaux, les ânes et les marchandises.

    Chaque fois, il revenait frémissant et heureux, avec une flamme guerrière dans les yeux et avec des acquisitions précieuses cachées sous le linge. Ainsi, pendant une année, il fut imprenable à l’adversaire.

    Et mieux que cela, il entretenait avec ces ennemis, « camarades » d’hier, les rapports les plus « corrects », presque « amicaux », montrant un self-contrôle et un tact constant et nous protégeant soigneusement de tout conflit avec l’extérieur.

    La vie idéologique de l’opposition était alors à son apogée. C’était l’année du 6º Congrès du Komintern. Dans les colis de Moscou arrivaient des dizaines de lettres, articles, thèses de célébrités et d’inconnus.

    Dans les premiers mois, jusqu’au changement brutal de la politique de la guépéou, de nombreuses lettres arrivaient aussi par la poste officielle des différents lieux de déportation.

    Dans ce matériel varié, il fallait opérer une soigneuse discrimination. Et là, je ne me convainquais qu’avec étonnement comment, d’une manière pour moi imperceptible, cet enfant avait eu le temps de mûrir, comme il savait bien choisir parmi les hommes, il connaissait une quantité beaucoup supérieure d’oppositionnels que moi. Combien sûr était son instinct révolutionnaire, lui permettant de distinguer sans hésitation le vrai du faux, le réel du superficiel. Les yeux de sa mère, qui connaissait davantage son fils, s’illuminaient de fierté à nos entretiens.

    D’avril à octobre, il nous arriva près de 1000 lettres politiques et documents et près de 700 télégrammes. Nous avons expédié, pour la même période, 800 lettres politiques, et, dans cette quantité, une série de travaux considérables comme la critique du programme du Komintern, etc. Sans mon fils, je n’aurais pu accomplir la moitié du travail.

    Une aussi étroite collaboration ne signifiait pas, toutefois, que des frictions ne s’élevaient pas entre nous, et parfois des différents aigus.

    Mes rapports avec Léon, pas plus à ce moment-là que plus tard, dans l’émigration, ne se distinguaient particulièrement – loin de là – par un caractère égal ni dépourvu d’aspérités.

    Je ne m’élevais pas seulement contre ses appréciations catégoriques à l’égard de certains « vieux » de l’opposition par des rectifications et des semonces énergiques, mais encore, je laissais apparaître, dans mes rapports avec lui, l’exigence et le formalisme qui me sont inhérents dans les questions pratiques.

    Ces traits peut-être utiles et même indispensables pour un travail de grande envergure, mais assez insupportables dans les relations privées, ont rendu la tâche difficile aux êtres qui me furent le plus proche. Et comme le plus proche d’entre tous les jeunes était mon fils, il a eu ordinairement plus à supporter que tous les autres. A un oeil superficiel, il pouvait même sembler que nos rapports étaient empreints de sévérité ou d’indifférence. Mais sous cette apparence existait un profond attachement réciproque, fondé sur quelque chose d’incomparablement plus grand que la communauté du sang : la communauté de vues et des jugements, les sympathies et les haines, les joies et les souffrances vécues ensemble, et les mêmes et grandes espérances. Et cet attachement mutuel s’illumina de temps à autre de flammes tellement vives, qu’elles récompensaient nos trois destins de la médiocre usure du quotidien.

    Ainsi nous vécûmes à 4000 Kms de Moscou, à 250 Kms de la voie ferrée, une année difficile et inoubliable, qui est restée toute entière sous le signe de Léon, ou plus exactement de « Lévik » ou de « Levoussetki », comme nous l’appelions.

    En janvier 1929, le bureau politique décréta mon bannissement « au-delà des limites de l’#URSS » et, comme il s’est avéré, en Turquie.

    Aux membres de ma famille fut laissé le droit de m’accompagner. De nouveau sans hésitation, Léon décida de nous suivre en exil, se séparant à jamais de sa femme et de son fils qu’il aimait beaucoup.

    Dans notre vie s’ouvrit un nouveau chapitre, avec une page presque vierge : relations, amitiés, liaisons, il fallut nouer tout cela à nouveau. Et de nouveau notre fils devint pour nous tous l’intermédiaire dans les rapports avec le monde extérieur, le gardien, le collaborateur, le secrétaire, comme à #Alma-Ata, mais sur un plan de beaucoup plus vaste. Les langues étrangères qu’il possédait, étant enfant, mieux que le russe, se trouvèrent presque oubliées dans la fièvre des années révolutionnaires.

    II fallut les étudier à nouveau. On commença un travail littéraire approprié. Les archives et la bibliothèque étaient entièrement dans les mains de Léon. Il connaissait bien les oeuvres de Marx, d’Engels et de #Lénine, il connaissait à merveille mes livres et manuscrits, l’histoire du parti et de la révolution, l’histoire des falsifications thermidoriennes. Dans le chaos même de la bibliothèque publique d’Alma-Ata, il avait étudié les collections de la Pravda des années soviétiques et avait tiré d’elles, avec un esprit d’investigation sans faille, les citations et les extraits indispensables. Sans cette documentation précieuse et sans les recherches ultérieures faites par Léon dans les archives et les bibliothèques, d’abord en #Turquie, ensuite à Berlin, finalement à Paris, pas un des travaux que j’ai écrits au cours de ces dix dernières années n’eut été possible, et en partie L’Histoire de la Révolution Russe. Sa collaboration, incalculable par sa quantité, n’avait pourtant pas qu’un caractère « technique ». Le choix personnel des faits, des citations, des caractéristiques, prédéterminait ma méthode de développement, ainsi que les conclusions. Dans #la_Révolution_Trahie, il y a pas mal de pages écrites par moi sur les données de quelques lignes extraites des lettres de mon fils et des illustrations tirées par lui des journaux soviétiques qui m’étaient inaccessibles. Encore plus de matériaux m’ont été fournis par lui pour la biographie de Lénine. Une telle collaboration était seulement possible parce que notre solidarité idéologique était entrée dans le sang et dons les nerfs. Presque tous mes livres à partir de l’année 1928 devraient en toute justice porter le nom de mon fils à côté du mien.

    A Moscou, il restait à Léon une année et demie jusqu’à l’achèvement de sa formation d’ingénieur. Nous insistions avec sa mère pour qu’il revint à l’étranger aux études abandonnées. Une nouvelle équipe de jeunes collaborateurs de tous les pays avait eu entre temps le loisir de se former à Prinkipo, en étroite collaboration avec mon fils. Léon ne consentit au départ que sous la pression du fait que, en Allemagne, il pouvait rendre d’inappréciables services à l’#Opposition_de_gauche internationale

    Ayant repris à Berlin ses occupations estudiantines (il fallut repartir au commencement), Léon en même temps s’était consacré tout entier au travail révolutionnaire. Bientôt il entra au Secrétariat International en qualité de représentant de la section russe. Ses lettres d’alors à sa mère démontrent avec quelle rapidité il s’était assimilé à l’atmosphère politique de l’Allemagne et de l’Europe Occidentale, comme il savait bien distinguer parmi les hommes et discerner parmi leurs divergences et les nombreux conflits de cette période infantile de notre mouvement. Son instinct révolutionnaire, enrichi déjà d’une sérieuse expérience, l’aidait à trouver la voie juste dans presque tous les cas, d’une manière indépendante. Comme nous nous réjouissions de trouver dans ses lettres fraîchement décachetées, les mêmes raisonnements et conclusions que je recommandais la veille à son attention. Et combien, passionnément et sobrement, se réjouissait-il de telles rencontres dans nos idées. Le recueil des lettres de Léon constituera indubitablement une des sources les plus précieuses pour l’étude de la préhistoire intérieure de la Quatrième Internationale.

    Mais les affaires russes demeuraient au centre de ses préoccupations. Encore à Prinkipo, il devint l’éditeur effectif du Bulletin de l’Opposition russe dès son apparition (mi-1929 et avait complètement pris en charge ce travail dans ses mains depuis son départ à Berlin ( début 1931 ), d’où le Bulletin fut transféré à sa suite à Paris. La dernière lettre de Léon que nous avons reçue, écrite le 4 Février 1938, douze jours avant sa mort, commence par ces mots :

    « Je vous envoie les épreuves du Bulletin, car le prochain bateau ne partira pas de sitôt, et le Bulletin ne sera prêt que demain matin. »
    La sortie de chaque numéro fut un petit événement dans sa vie – petit événement qui coûtait de grands efforts –. La composition du Bulletin, la finition des matériaux bruts, la rédaction des articles, une correction minutieuse, l’expédition, la correspondance avec les amis et les correspondants et ce qui ne vient pas à la dernière place, ce qui n’était pas le moins important la recherche des moyens financiers. En revanche, comme il s’enorgueillissait de chaque numéro « réussi ». Dans les premières années de l’émigration, il entretenait une correspondance considérable avec les oppositionnels en U.R.S.S. Mais en 1932, la Guépéou rompit presque tous nos liens.

    II fallut chercher des informations fraîches par des voies détournées.

    Léon était toujours sur le « qui-vive », cherchant avidement des tuyaux de Russie, s’emparant des touristes revenus d’U.R.S.S., des étudiants soviétiques en mission et des fonctionnaires sympathisants des Représentations à l’étranger. Il parcourait Berlin pendant des heures entières et ensuite Paris, pour semer les agents de la Guépéou à sa poursuite et ne pas compromettre ses informateurs. Pendant toutes ces années, il n’y eut pas un cas où quelqu’un eût à souffrir de son manque de vigilance, de son inattention ou de son manque de discernement.

    Sur les rapports de la #Guépéou, il figurait sous le sobriquet de « fiston », ainsi que nous en informait l’infortuné Reiss ; on a dit plus d’une fois à la Lublianka :

    "Le « Fiston » travaille habilement, le « Vieux » l’aurait dure sans lui."
    C’était la vérité. La tâche n’eût pas été facile sans lui ! Justement pour cette raison, les agents de la Guépéou, pénétrant aussi dans les organisations de l’Opposition, entouraient Léon d’un filet épais d’observations, d’intrigues, de pièges. Dans les procès de Moscou, son nom figurait invariablement à côté du mien. Moscou cherchait le moyen d’en finir à tout prix avec lui.

    Après l’arrivée de Hitler au pouvoir, le Bulletin de l’Opposition fut immédiatement interdit. Léon passa en Allemagne encore quelques semaines, menant un travail illégal et se cachant de la Gestapo dans les appartements étrangers. Nous sonnâmes l’alarme avec sa mère, insistant sur un départ immédiat de l’Allemagne. Au printemps 1933, Léon se décida enfin à abandonner un pays qu’il avait eu le temps de connaître et d’aimer et se logea à Paris où le suivit le Bulletin. Ici, Léon recommença ses études à nouveau : il fallut passer un examen dans une école française d’enseignement secondaire, ensuite, pour la troisième fois, recommencer en Sorbonne, depuis le début, ses études de Physique et de Mathématiques à la Faculté des Sciences. Il vivait à Paris dans des conditions difficiles, dans le besoin, s’occupant par à-coups de ses études universitaires, mais, grâce à des dispositions remarquables, il put mener ses études à bonne fin, c’est-à-dire jusqu’au diplôme.

    Ses principaux efforts, à Paris, étaient consacrés, encore plus qu’à Berlin à la #révolution et à une collaboration littéraire avec moi. Dans les dernières années, Léon commença à écrire lui-même plus systématiquement pour la presse de la Quatrième Internationale. A des signes divers, notamment à la rédaction de ses mémoires, pour mon autobiographie, j’ai commencé à soupçonner en lui, encore à Prinkipo, des dispositions littéraires. Mais il était surchargé par toutes sortes d’autres travaux, et, comme les idées et les thèmes nous étaient communs, il me consacrait toujours son activité d’écrivain.

    En Turquie, il écrivit, à ce qu’il m’en souvient, seulement un article de dimensions plus importantes : « Staline et l’Armée Rouge ou comment on écrit l’histoire », sous la signature de Markine, matelot révolutionnaire, auquel l’unissait, dans ses années d’enfance, une amitié colorée d’une véritable adoration. Ce travail entra dans mon livre « Les crimes de Staline ». Ultérieurement, ses articles ont paru toujours plus fréquemment, dans les pages du Bulletin et autres publications de la Quatrième Internationale, chaque fois sous la pression des nécessités. Léon écrivit seulement quand il avait quelque chose à dire et qu’il savait que nul autre ne pourrait l’exprimer mieux. Dans la période norvégienne de notre vie, je recevais de divers côtés des lettres me demandant d’analyser le mouvement stakhanoviste, qui atteignit, dans une certaine mesure, notre mouvement à l’improviste. Quand il apparut que le prolongement de ma maladie ne pourrait me permettre de faire face à ce problème, Léon me fit parvenir le projet de son article sur le stakhanovisme avec une lettre d’introduction très modeste. Le travail me parut, par son sérieux et par sa pénétration, embrasser la question sous tous ses aspects, plein de concision et de relief dans l’argumentation.

    Je me souviens quelle joie causa mon approbation chaleureuse à Léon. L’article fut imprimé en plusieurs langues et établit immédiatement un point de vue juste sur l’édification socialiste sous le fouet de la bureaucratie. Des dizaines d’articles ultérieurs n’ont rien ajouté de concret à cette analyse.

    Le principal ouvrage littéraire de Léon fut toutefois son livre « Le Procès de Moscou », consacré au procès des seize (Zinoviev, Kamenev et autres) et publié en français et en allemand. Nous nous trouvions alors, avec ma femme, dans la prison norvégienne, pieds et mains liés, sous les coups de la plus monstrueuse des calomnies. A certains degrés de la paralysie, les êtres voient, entendent et comprennent tout, mais sont incapables de remuer le petit doigt pour écarter un danger mortel.

    Le gouvernement « socialiste » norvégien nous contraignit à cette paralysie politique. Dans ces conditions, le livre de Léon fut pour nous un présent inappréciable, première et cinglante réplique aux falsifications du Kremlin. Je me souviens que les premières pages m’en parurent plutôt pâles ; ceci parce qu’elles répétaient une appréciation politique de l’ensemble de la situation en U.R.S.S. déjà faite précédemment.

    Mais à partir du moment où l’auteur a abordé l’analyse personnelle du procès lui-même, je me suis senti tout à fait entraîné. Chaque nouveau chapitre me paraissait meilleur que le précédent. « Bravo, Levoussetka, » nous disions nous avec ma femme. « Nous avons un défenseur ! » Comme ses yeux devaient briller joyeusement en lisant nos louanges chaleureuses !

    Dans certains journaux, et en partie dans l’organe central de la social-démocratie danoise, on émettait la conviction que, malgré les conditions rigoureuses de l’internement, j’avais visiblement trouvé le moyen de prendre part à l’ouvrage paru sous le nom de Sédov. « On sent la main de Trotsky ». Tout cela, inventions ! Dans le livre, il n’y a pas une ligne de moi.

    Beaucoup de camarades qui étaient enclins à considérer Sédov seulement comme le fils de Trotsky – comme en Karl Liebknecht, on n’a vu pendant longtemps que le fils de Wilhelm Liebknecht – ont eu la possibilité de se convaincre, ne fut-ce QUE PAR ce livre, qu’il représentait une personnalité indépendante, mais une personnalité d’envergure.

    Léon écrivait comme il faisait tout le reste, c’est-à-dire consciencieusement : il étudiait, réfléchissait, vérifiait. La gloire littéraire lui était étrangère. Les déclamations de propagande ne le séduisaient guère. En même temps, chaque ligne écrite par lui est illuminée par une flamme vivante dont la source était son rare tempérament révolutionnaire.

    Les événements de sa vie privée et familiale de notre époque, ont formé son caractère et l’ont trempé. En 1905, sa mère attendait sa naissance dans une prison de Pétersbourg.

    Le vent de libéralisme l’en a fait sortir en automne. l’enfant est venu au monde en février de l’année suivante. A ce moment-là, j’étais déjà en prison. Voir mon fils pour la première fois ne me fut possible que treize mois après, lors de l’évasion de Sibérie. Ses toutes premières impressions furent imprégnées du souffle de la première révolution russe, dont la défaite nous jeta en Autriche. La guerre frappa la conscience de ce garçon de huit ans, en nous rejetant en Suisse. Mon expulsion fut la seconde de ses grandes leçons.

    Sur le paquebot, il tenait des conversations révolutionnaires mimées avec le chauffeur catalan. La révolution signifiait pour lui tous les biens et, avant tout, le retour en Russie. Sur la route du retour d’Amérique, à Halifax, Lévik, âgé de douze ans, avait frappé du poing un officier britannique. II savait qui frapper : non les matelots qui m’emportaient du navire, mais l’officier qui commandait. Au Canada, au moment de mon internement au camp de concentration Léon apprit à dissimuler et à jeter furtivement à la boite les lettres non contrôlées par la police. A Pétrograd, il fut brusquement plongé dans une atmosphère de poursuite anti-bolchévique.

    A l’école bourgeoise où il se trouva d’abord, les fils de libéraux et des S.R. le battaient parce que fils de Trotsky.

    Il vint un jour au Syndicat des ouvriers du bois où travaillait sa mère, avec la main ensanglantée ; c’était le résultat d’une explication politique avec les fils des kérenskystes. Il se joignait dans la rue à toutes les manifestations et se cachait dans les portes cochères des forces armées du Front Populaire de l’époque (coalition des cadets, des S.R. et des menchéviks). Après les journées de juillet, amaigri et pâle il me rendait visite dans la prison de Kérenski et de Tséretelli. Dans la famille d’un colonel ami, au cours d’un déjeuner, Léon et Serge se jetèrent armés de couteaux sur un officier qui avait déclaré que les bolchéviks étaient des agents du Kaiser. Ils répondirent d’une manière à peu près analogue à l’ingénieur Sérébrowsky, plus tard membre du C.C. stalinien qui essaya de les persuader que Lénine était un espion allemand.

    Lévik apprit tôt à faire grincer ses jeunes dents à la lecture de la calomnie des journaux. Il passa les journées d’Octobre avec le matelot Markine qui, à ses heures de loisir, lui enseignait l’art du tir, dans la cave.

    Ainsi s’est formé le futur militant. La révolution n’était pas pour lui une abstraction, oh, non ! Elle le pénétrait par les pores de sa peau. C’est pourquoi il agissait sérieusement avec le devoir révolutionnaire commençant par les volontaires des samedis communistes et finissant par les traînards. C’est pourquoi plus tard, il est entré si ardemment dans la lutte contre la bureaucratie. En automne 1927, Léon accomplissait un voyage oppositionnel à travers l’Oural, en compagnie de Mratchkowsky et de Deloborodov. Au retour tous deux parlaient avec un enthousiasme sincère de la conduite de Léon, au cours d’une lutte aiguë et sans espoir, de ses interventions sans compromis aux réunions de la jeunesse, de son courage physique devant les bandes d’apaches suscitées par la bureaucratie, de sa virilité morale, lui permettant de subir la défaite en portant haut sa jeune tête. Quand il revint de l’Oural, devenu homme en six semaines, j’étais déjà exclu. II fallait s’apprêter pour la déportation.

    Il n’y avait en lui aucun manque de discernement, ni aucune forfanterie, loin de là. Mais il savait que le danger était l’essence de la révolution comme de la guerre. Il savait, quand il le fallait, et il le fallait souvent, aller au devant du danger. Sa vie, en France, où la Guépéou a des amis à tous les étages de l’édifice étatique, était une chaîne ininterrompue de dangers. Des assassins professionnels étaient sans relâche à ses trousses. Ils vivaient à côté de son appartement. Ils volaient ses lettres, ses archives et écoutaient ses conversations téléphoniques. Quand après sa maladie, il passa deux semaines sur les bords de la Méditerranée, son seul repos au cours de longues années, les agents du Guépéou prirent pension au même hôtel. Quand il se prépara à partir pour Mulhouse afin de rencontrer l’avocat suisse, à propos de l’affaire des calomnies staliniennes dans la presse, toute une bande de la Guépéou l’attendait à la gare de Mulhouse, celle-là même qui, plus tard assassina Ignace REISS. Léon échappa à une perte certaine, seulement grâce à ce que, tombé malade la veille, il ne pouvait quitter Paris avec une température de 40º. Tous ces faits sont établis par les autorités judiciaires de France et de Suisse. Et combien de secrets restent-ils non encore dévoilés ? Ses amis les plus proches nous écrivaient il y a trois mois, qu’à Paris, il courait un trop grand danger, et insistaient pour son départ pour le Mexique. Léon répondait que le danger était certain à Paris, mais que c’était un poste de combat trop important et que l’abandonner serait criminel. II ne restait qu’à s’incliner devant cette raison.

    Quand, à l’automne de l’année dernière, commença une série de rupture entre les agents soviétiques à l’étranger, le Kremlin et la Guépéou, Léon se trouva au centre de ces événements. Certains amis protestaient contre ses relations avec ces nouveaux alliés non encore « éprouvés » : une provocation était possible. Léon répliquait : le risque est indéniable, mais impossible de développer ce mouvement important en restant à l’écart. Il fallait prendre Léon, cette fois encore, tel que l’avaient fait la nature et les circonstances politiques. Comme un vrai révolutionnaire, il appréciait la vie seulement dans la mesure où elle servait la lutte libératrice du prolétariat.

    Le 16 février, les journaux mexicains du soir imprimèrent un court télégramme annonçant la mort de Léon Sédov à la suite d’une intervention chirurgicale. Pris par un travail urgent, je n’avais pas vu ces journaux. Diégo Rivera contrôla par radio de sa propre initiative et vint m’apporter la terrible nouvelle. Au bout d’une heure, j’ai appris la mort de notre fils à Natalia – dans ce même mois de février où, 32 ans plus tôt, elle m’avait appris en prison sa naissance. Ainsi s’acheva ce 16 février, la journée la plus noire de notre vie privée.

    Nous nous attendions à beaucoup, presque à tout, mais pas à cela. C’est que très peu de temps avant, Léon nous avait fait part de son intention d’entrer comme ouvrier dans une usine. En même temps, il exprimait l’espoir d’écrire, pour un centre d’études, l’histoire de l’opposition russe. II était rempli de projet. Seulement deux jours avant que la nouvelle de sa mort ne nous parvint, nous reçûmes de lui une lettre énergique et pleine de vie, datée du 4 février. Elle est devant moi. « Nous nous préparons au procès en Suisse ; l’affaire concerne la mise en jugement des participants à l’assassinat d’Ignace Reiss, écrivait-il l’atmosphère y est très favorable en ce qui concerne l’opinion publique et aussi l’attitude des autorités. » Il énumérait une série d’autres faits et symptômes favorables. « En somme, nous marquons des points. » La lettre respirait la confiance dans l’avenir. D’où provenait donc ce mal et cette mort fulgurante au bout de 12 jours ?

    Première et essentielle supposition : le poison. Trouver accès auprès de Léon, de ses vêtements, de sa nourriture n’offrait guère de difficultés aux agents de Staline. Est-ce qu’une enquête judiciaire, même libérée des raisons diplomatiques peut, à cet égard, parvenir à la pleine lumière ? En relation avec la guerre, la chimie et l’art de l’empoisonnement ont atteint, ces temps derniers, un développement tout particulier. Les secrets de cet art sont à vrai dire inaccessibles aux simples mortels. Mais aux empoisonneurs de la Guépéou tout est accessible. Il est tout à fait possible d’admettre qu’un tel poison, ne laissant pas de traces après le décès, même à la plus minutieuse des analyses. Et où sont les garanties de la minutie ?

    Ou bien l’ont-ils tué sans le secours de la chimie ? Il a fallu trop supporter à ce jeune être, très sensible et très tendre, dans les profondeurs de sa nature. Une campagne de plusieurs années déjà contre son père et les meilleurs de ses camarades aînés, que Léon s’est habitué dès l’enfance à respecter et à aimer, avait profondément secoué son organisme moral. Une longue suite de capitulations des participants de l’opposition ne lui a pas porté un coup moins rude. Ensuite suivit le suicide à Berlin de Zina, ma fille aînée, que Staline avait traîtreusement, par pure vengeance, arrachée de ses enfants, de sa famille, de son milieu. Léon se trouva sur les bras le cadavre de sa soeur aînée et un enfant de 6 ans. Il résolut d’essayer d’obtenir une communication téléphonique avec son frère cadet, Serge, à Moscou. Est-ce que la Guépéou avait perdu la tête devant le suicide de Zina, ou espérait-elle surprendre quelque secret, le fait est que la communication fut établie, contre toute attente, et Léon réussit à communiquer de vive voix la nouvelle tragique à Moscou. Telle fut l’ultime conversation des deux frères, condamnés déjà, sur le corps encore chaud de leur soeur. Les communications de Léon à Prinkipo sur ce qu’il venait de vivre furent courtes, avares, mesurées. Il nous épargnait trop. Mais sous chaque ligne se sentait l’insupportable tension morale.

    Les difficultés matérielles et les privations, Léon les supportait facilement, comme un vrai prolétaire, en plaisantant mais elles aussi, naturellement, laissèrent leur trace. Infiniment plus destructives furent les épreuves morales ultérieures. Le procès des seize à Moscou, le caractère monstrueux de l’accusation, les dépositions hallucinantes des accusés, et dans ce monde Smirnov et Mratchkowsky, que Léon connaissait bien et aimait, l’internement inattendu de son père et de sa mère en Norvège, quatre mois sans nouvelles, le vol des archives, notre déportation secrète avec ma femme au Mexique, le deuxième procès de Moscou, avec des accusations et des aveux encore plus délirants, la disparition de son frère Serge, sous l’accusation « d’empoisonnement d’ouvriers », les innombrables exécutions d’hommes qui furent autrefois des amis proches ou qui le restèrent jusqu’au bout, les poursuites et lès attentats de la Guépéou en France, l’assassinat de Reiss en Suisse, le mensonge, la bassesse, la trahison et les pièges – non, le « stalinisme » – était pour Léon autre chose qu’un phénomène politique abstrait, mais une série ininterrompue de coups moraux et de défaites psychiques. Fallut-il aux spécialistes moscovites recourir à la chimie afin de parachever leur oeuvre, ou suffisait-il de tout ce qu’ils avaient fomenté auparavant, le résultat demeure le même : ILS L’ONT ASSASSINÉ. Et la nouvelle de sa mort fut marqué comme un grand triomphe au calendrier thermidorien.

    Avant de le tuer, ils firent tout pour calomnier et noircir notre fils aux yeux des contemporains et des générations à venir. Caïn-Djougachvili et ses acolytes essayèrent de transformer Léon en agent du fascisme et en partisan secret d’une restauration capitaliste en URSS, en organisateur de catastrophes de chemin de fer et en assassin d’ouvriers. Grands furent les efforts de ces crapules ! Des tonnes de boue thermidorienne tombent sur sa jeune image sans y laisser une seule tâche. Léon était essentiellement un être humain d’une propreté et d’une honnêteté transparentes. II pouvait raconter sa vie à n’importe quelle assemblée ouvrière, sa vie brève par ses jours comme court est mon récit.

    II n’avait rien à se reprocher, rien à sceller. L’honnêteté morale était le fil conducteur de son caractère. II servait sans fléchir la cause des opprimés et, en cela, il restait fidèle à lui-même. Des mains de la nature et de l’histoire, il est issu homme d’une trempe héroïque. Les grands et terribles événements qui s’approchent de nous auront besoin de tels êtres. Si Léon avait vécu jusqu’à ces événements, il aurait montré sa vraie mesure. Mais il ne les a pas atteints. Notre Léon n’est plus, notre enfant, notre fils et militant héroïque !

    Avec sa mère, qui fut pour lui l’être le plus proche en ce monde, nous vivons ces heures terribles, évoquant son image, trait pour trait, ne pouvant croire qu’il n’est plus, et pleurons car il n’est plus possible de ne pas le croire.

    Comment nous habituer à cette idée qu’est disparu, sur l’étendue terrestre, le lumineux point humain, qui nous fut lié par les fils indestructibles des souvenirs communs, de la compréhension mutuelle et d’un tendre attachement. Personne ne nous connaissait ni ne nous connaît comme lui, avec nos côtés forts et nos côtés faibles. II était une part, la part jeune de nous deux. Pour cent raisons, nos pensées et nos sentiments allaient chaque jour vers lui, à Paris. Avec notre garçon est mort tout ce qui demeurait en nous de jeune.

    Adieu, Léon ! Adieu, cher et incomparable ami ! Nous ne pensions pas, avec ta mère, nous ne nous attendions pas à ce que le sort nous chargeât de cette terrible tâche : écrire ta nécrologie. Nous vivions avec la ferme certitude que longtemps après nous encore, tu serais le continuateur de l’oeuvre commune. Mais nous n’avons pas su te protéger. Adieu Léon ! Nous léguons ta pure mémoire à la jeune génération ouvrière de ce monde. Tu auras droit de cité dans les oeuvres de ceux qui travaillent, souffrent et luttent pour un monde meilleur.

    JEUNESSE RÉVOLUTIONNAIRE DE TOUS LES PAYS, PRENDS NOUS LE SOUVENIR DE NOTRE LÉON, ADOPTE LE, IL LE MÉRITE ET QUE, DÉSORMAIS, IL PARTICIPE INVISIBLE A TES LUTTES, PUISQUE LE SORT LUI A REFUSÉ LE BONHEUR DE PRENDRE PART A LA VICTOIRE FINALE.

    LÉON TROTSKY
    20 février 1938 – COYOACAN (Mexique)

    #Léon_Sédov #Léon_Trotsky #assassinat #Staline #stalinisme #jeunesse_révolutionnaire #révolution _sociale #procès_de_moscou

  • 4 - 11 février 1945, la conférence de Yalta : peur de la révolution et partage du monde

    https://journal.lutte-ouvriere.org/2015/02/18/fevrier-1945-la-conference-de-yalta-peur-de-la-revolution-et

    Du 4 au 11 février 1945, le président américain Roosevelt, le Premier ministre britannique Winston Churchill et le dirigeant de l’URSS Staline se réunissaient à Yalta, en Crimée, alors que la fin de la guerre était proche, pour décider du sort de l’Europe. Ce ne fut qu’une des conférences qui jalonnèrent la guerre, après celle de Téhéran en novembre 1943, et avant celle de Potsdam en juillet 1945, sans compter les multiples rencontres bilatérales, ou tripartites, entre chefs d’État ou ministres. Mais Yalta allait rester le symbole d’un accord de partage du monde.

    L’entente entre ces #Alliés contre l’#Allemagne était une collaboration non seulement pour gagner la guerre, mais aussi pour s’opposer à tout mouvement révolutionnaire. Ils n’avaient pas oublié que de la Première Guerre mondiale était sortie une révolution qui, partie de la Russie en 1917, avait ébranlé le monde.

    Alliés… contre le danger d’explosion révolutionnaire

    Les représentants de l’#impérialisme, en la personne de #Roosevelt et de #Churchill, se méfiaient de #Staline. Il était certes un dictateur, ce qui ne pouvait que les rassurer, à la tête d’un État gangrené par la #bureaucratie dont il était le représentant. Mais cet État était issu d’une révolution ouvrière, celle d’octobre 1917. Et si les travailleurs russes n’avaient plus le pouvoir politique en #URSS, l’économie, elle, restait collectivisée. De ce fait, les représentants américains et anglais de l’impérialisme n’auraient pas vu d’un mauvais œil que l’URSS soit vaincue par Hitler. Mais il n’en fut pas ainsi.

    Roosevelt et Churchill durent donc collaborer avec un allié dont la fidélité ne leur paraissait pas assurée. En réalité, Staline était tout autant qu’eux décidé à éviter l’explosion d’une révolution en Europe. Celle-ci aurait pu secouer la #classe_ouvrière soviétique, lui donner l’envie et la force de renverser le #régime_bureaucratique de Staline. Mais celui-ci n’en dut pas moins prouver aux Alliés impérialistes sa volonté de maintenir l’ordre établi.

    La crainte d’une révolution engendrée par la guerre, la misère et l’instabilité, conséquence de la destruction des appareils d’État, n’était pas seulement fondée sur le souvenir des révolutions passées, mais sur les événements révolutionnaires qui agitaient alors l’Italie et la Grèce.

    Italie, Grèce, Allemagne, la peur de révoltes ouvrières

    En Italie, dès le début du mois de mars 1943, en plein conflit mondial, et alors que #Mussolini était au pouvoir depuis vingt et un ans, une #grève contre la vie chère, partie de l’usine #Fiat de #Turin, s’étendit aux autres villes industrielles, du nord jusqu’au sud du pays. Au total, 300 000 ouvriers firent grève contre les bas salaires, mais aussi et surtout parce qu’ils en avaient assez de la guerre et de la dictature. Cette vague de grèves allait contribuer à l’écroulement du régime de Mussolini, et réveiller l’espoir des opprimés.

    Cette agitation, dans laquelle la classe ouvrière joua un rôle prépondérant, continua après le débarquement des troupes anglo-américaines en juillet 1943, après l’arrestation de Mussolini et la mise en place d’un nouveau régime qui ressemblait beaucoup à l’ancien.

    Un an plus tard, en mars 1944, toute l’Italie du Nord connut de nouveau une vague de grèves qui toucha 1 200 000 travailleurs. Mais le dirigeant du #Parti_communiste_italien (#PCI), #Togliatti, de retour d’URSS, assura les Alliés anglo-américains qu’ils n’avaient rien à craindre. Il déclara que le PCI, loin d’envisager une révolution, apportait son appui à « un gouvernement fort, capable d’organiser l’effort de guerre », et dans lequel il y avait, selon lui, « place pour tous ceux qui veulent se battre pour la liberté de l’Italie ».

    Cela incluait entre autres le roi, compromis jusqu’à la moelle avec le fascisme. Le 22 avril 1944, se constitua un gouvernement d’union nationale reconnaissant l’autorité du roi, avec Togliatti comme vice-président !

    Cette politique d’alliance dans des Fronts de résistance, allant des PC à des partis d’extrême droite et à des forces politiques qui s’étaient déjà compromises au pouvoir, fut appliquée partout.

    En #Grèce, comme en Italie, la population se révoltait contre la guerre et la misère. Mais le Parti communiste, qui avait organisé la résistance à l’occupation allemande, accepta de négocier avec les représentants de la dictature honnie de Metaxas et le roi, qui tous avaient fui en exil à Londres, et fit passer ses milices sous le commandement militaire anglais. Le 12 octobre 1944, les troupes allemandes évacuaient Athènes, et trois jours plus tard, les troupes britanniques y faisaient leur entrée. Début décembre, à l’occasion d’une manifestation à Athènes, Churchill donna pour consignes au commandement britannique de ne pas hésiter « à agir comme si vous vous trouviez dans une ville conquise où se développe une rébellion locale ». Le commandement britannique imposa la loi martiale et continua jusqu’au 5 janvier 1945 à réprimer la population qui se révoltait contre le retour de ces politiciens haïs.

    Au travers des événements en Italie et en Grèce, les Alliés purent vérifier la loyauté de Staline et son soutien total à la mise au pas de la population. Mais le danger révolutionnaire n’était pas écarté pour autant. Plus encore que la Grèce et l’#Italie, c’était la possibilité que les classes ouvrières allemande et japonaise réagissent qui inquiétait les dirigeants américains et anglais, et aussi Staline. Leur politique, initiée par les gouvernements américain et anglais dès 1941, fut de terroriser la population ouvrière, de la disperser, par des #bombardements massifs et systématiques des grandes villes, comme ceux qui, à #Dresde, rasèrent littéralement la ville, du 13 au 15 février 1945.

    La même terreur fut appliquée contre la population au #Japon. En 1945, cent villes furent bombardées et 8 à 10 millions de leurs habitants durent les fuir, avant même les bombes atomiques que les États-Unis allaient larguer sur #Hiroshima et #Nagasaki en août 1945.

    Le partage de l’Europe

    La #conférence_de_Yalta se tint trois mois avant la fin de la guerre, mais les futurs vainqueurs discutaient depuis déjà longtemps des zones d’influence qui leur reviendraient. Ces marchandages, se basant sur les rapports de force militaires existant sur le terrain, n’étaient alors pas favorables aux Occidentaux. L’#armée_soviétique, qui avançait à grands pas en Europe de l’Est, n’était déjà qu’à une centaine de kilomètres de Berlin.

    C’est dans ce contexte que se discuta le sort qui serait fait à l’Allemagne, une fois celle-ci définitivement vaincue. Roosevelt, Churchill et Staline tombèrent vite d’accord pour imposer le démantèlement du pays. L’Allemagne fut divisée en trois zones d’occupation, anglaise au nord-ouest du pays, américaine au sud-ouest, soviétique à l’est, auxquelles s’ajouta une zone d’occupation française prélevée sur les zones occidentales. La capitale, Berlin, fut elle aussi divisée en quatre zones. C’est en fait toute l’Europe qui allait être divisée en une zone contrôlée par l’URSS à l’est, et une autre à l’ouest contrôlée principalement par les États-Unis.

    Une fois le danger de révolution écarté avec certitude, l’entente entre les représentants de l’impérialisme et de la bureaucratie allait vite voler en éclats pour faire place à la #guerre_froide – froide seulement parce qu’elle ne dégénéra pas en guerre mondiale – opposant l’impérialisme américain à l’URSS.

    L’alliance militaire entre les États impérialistes et l’URSS stalinienne pour vaincre les #puissances_de_l’Axe se doubla ainsi d’un accord politique pour empêcher, à la fin de la guerre, toute révolution ouvrière qui aurait pu renverser le système capitaliste. La fin de la boucherie impérialiste ne fut pas celle du système économique qui l’avait engendrée. Soixante-dix ans après, l’humanité entière paye très cher cette survie d’un ordre social qui ne cesse d’engendrer crises, guerres et massacres.

    #éphéméride

  • #Deuxième_guerre_mondiale #impérialisme

    Les plans anglo-américains de Casablanca | La Lutte de classe, #Barta, 5 février 1943)

    https://www.marxists.org/francais/barta/1943/02/ldc09_020543.htm#plans

    Pour comprendre la politique des impérialistes anglais et américains dans la présente guerre depuis que l’#Union_Soviétique et l’#Allemagne impérialiste sont aux prises, il faut se rappeler comment les gouvernements alliés se situent eux-mêmes par rapport à l’#URSS. Répondant à la propagande allemande qui agite le péril bolchévique incarné par l’URSS, Radio-Londres, pour rassurer le monde capitaliste fait valoir :

    1) que l’URSS est tellement affaiblie par les destructions occasionnées par la guerre qu’il lui faudra vingt ans pour la reconstruction du pays ;

    2) que les puissances anglo-saxonnes en guerre représentent un contre-poids suffisant pour barrer la route à l’URSS en cas de défaite de l’Allemagne.

    Les impérialismes anglais et américain visent à établir leur domination sur le monde. Si ces visées les contraignent à utiliser la lutte de la Chine contre le Japon et de l’URSS contre l’Allemagne, ils doivent aussi (car il s’agit de leur sort en cas d’échec) empêcher et l’URSS et la Chine de remporter une victoire complète sur leurs adversaires impérialistes.

    Ainsi, l’offensive annoncée par les alliés a-t-elle deux tranchants : elle ne vise à vaincre les puissances de l’Axe que pour établir leur propre domination sur le monde et leur propre barrage devant l’URSS, faute de mieux, c’est-à-dire le rétablissement du capitalisme en URSS et l’exploitation coloniale de la Chine.

    #Roosevelt et #Churchill exigent la capitulation sans conditions des pays de l’Axe. Cette conclusion officielle des dix jours de conversations impérialistes a pour but de faire croire aux masses que le but de guerre des alliés c’est de punir les responsables de la guerre (châtier un criminel c’est poser en justicier) et les mettre dans l’impossibilité de « recommencer ».

    L’Italie et le Japon étaient dans l’autre guerre dans le camp allié. Vingt ans après, ils ont recommencé dans le camp de l’Axe. Quelles garanties les « nations unies » donnent-elles au monde sur leur propre attitude ? En réalité cette phrase ("capitulation sans conditions") veut dire que seuls MM. Roosevelt et Churchill régleraient le sort du monde, c’est-à-dire de tous les peuples. Y a-t-il un seul ouvrier pour oser confier le sort de sa classe, de ses proches et du sien propre aux chiens de garde du capital anglais et américain ? Ne serait-il pas criminel de faire de nouveau crédit aux faillis frauduleux de Versailles qui tous les vingt ans ont besoin d’un carnage mondial pour sauver la paix et la civilisation ?

    Nous devons prendre notre sort entre nos propres mains. Nous n’appelons pas l’intervention des #alliés. Nous utiliserons pour la Révolution prolétarienne toutes les circonstances que feront naître les contradictions impérialistes. Dans la lutte que nous menons avec le prolétariat de l’URSS et son #Armée_Rouge contre l’Allemagne impérialiste et ses alliés capitalistes européens, nous profiterons de la nécessité où se trouvera l’Allemagne d’affaiblir les contingents d’occupation en vue de faire face à ses besoins du front, pour renverser le capitalisme et instaurer les Etats-Unis socialistes d’Europe.
    Ainsi nous ferons échec à tous les plans impérialistes et nous mènerons la société humaine à la paix, à la liberté et au bien-être de tous.
    #Hitler ne peut lutter contre l’intervention militaire alliée qu’avec des forces impérialistes, qui succombent à la tâche d’établir la domination du capital financier allemand sur le monde. La révolution prolétarienne en #Europe, c’est-à-dire les Etats-Unis socialistes d’Europe qui tendront la main aux ouvriers de l’URSS, opposeront aux tentatives de l’impérialisme anglo-américain de détruire les Soviets européens et russes une force révolutionnaire qui sapera la base même des impérialismes anglais et américain. La #révolution en Europe soulevera les peuples d’Afrique et d’Asie contre l’impérialisme et les prolétariats anglais et américain contre leur propre bourgeoisie.

    DE CETTE GUERRE SORTIRONT LES ETATS-UNIS SOCIALISTES DU MONDE, OU LE MONDE NE SORTIRA PLUS DE LA GUERRE !

  • #Histoire #Goulag #Campdeconcentration #terreur #bolchevisme #communisme_autoritaire #Lénine #Staline #URSS #stalinisme #dictature #répression #négationnisme...

    ★ GOULAG : UNE HISTOIRE SOVIÉTIQUE...

    « Amnésie et (auto-)amnistie caractérisent les crimes du communisme. Fort heureusement, des historiens dignes de ce nom font depuis pas mal d’années maintenant un travail formidable pour nous révéler l’atrocité des régimes s’étant réclamé de cette idéologie mortifère. On a déjà pu prendre en partie connaissance des abominations perpétrées au nom de l’avenir radieux au Cambodge et bien sûr en URSS. Espérons connaître un jour plus complètement la triste vérité sur des pays où la dictature rouge sévit toujours, comme la Chine et la Corée du Nord, ainsi que Cuba (...)  »

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2020/03/goulag-une-histoire-sovietique.html

  • La Lutte de Classe n°9, #Barta, 5 février 1943

    Côte à côte avec les hommes, LES FEMMES TRAVAILLEUSES DOIVENT PASSER A L’ACTION CONTRE LES DEPORTATIONS ! L’arme de la grève doit être utilisée contre les rafles d’ouvriers !

    https://www.marxists.org/francais/barta/1943/02/ldc09_020543.htm

    Subitement, la bourgeoisie redécouvre les qualités professionnelles de la femme. La femme que le #régime_de_Vichy a profondément humiliée par des mesures consacrant son « infériorité » sociale (statut de la femme mariée, etc...), figure de nouveau en première page des journaux, non pas au foyer conjugal parmi les casseroles (vides) et la marmaille (affamée), mais derrière la machine, à l’atelier, où elle fait montre d’une habileté toute particulière.

    Après la débâcle de juin 1940, la bourgeoisie entreprit d’empêcher la lutte commune des exploités contre le capitalisme fauteur de guerre et de misère, et de désunir les travailleurs. Disposant de toutes les ressources du pouvoir policier, elle pourchassa les « étrangers », mit au ban de la société les « Juifs » (en détournant la colère des masses contre un supposé « capitalisme juif » la bourgeoisie protégeait ainsi les capitalistes en chair et en os avec ou sans religion) et, pour diviser ouvriers et ouvrières, chassa la femme au foyer.

    D’où viennent ces alternatives de mépris et d’engouement pour la femme de la part des organes capitalistes ? Que se cache-t-il derrière ?

    Toujours un but d’#exploitation économique.

    Engagé dans une lutte à mort pour étendre toujours plus sa domination, le capitalisme impérialiste (c’est-à-dire la domination de l’Etat et de toute la vie sociale par le grand capital) provoque des changements brusques et profonds dans la vie des peuples. #Chômage complet ou #travail_forcé pour toute la population, esclavage familial ("retour au foyer") ou dispersion de toutes les familles, tels sont maintenant les effets de la domination de la bourgeoisie. Vichy déporte les hommes en Allemagne pour y travailler au sauvetage du capitalisme européen contre l’Union Soviétique et veut que la femme les remplace dans les usines en France, pour la même besogne : fabriquer des engins de mort.

    Si les capitalistes sont prodigues de louanges sur l’habileté et même sur la supériorité dans certains cas du travail de la femme, c’est que l’ouvrière continue à être, à travail égal, moins payée que l’ouvrier.

    Les femmes (de même que les jeunes), sont plus que jamais surexploitées par la bourgeoisie. Et dans la situation actuelle, les conséquences de l’insuffisance des salaires sont d’autant plus graves pour la femme, qu’exploitée à l’usine, elle doit continuer son travail de ménagère, terrible esclavage surtout quand il faut soigner enfants et mari. Et, parmi les travailleuses les plus mal payées, la famine appelle la prostitution, suprême exploitation de la femme.

    La femme travailleuse ne doit pas accepter avec résignation la double exploitation que lui impose le capitalisme, en tant qu’ouvrière et en tant que ménagère. Les ouvrières entreront également dans la lutte pour mettre fin à la situation de plus en plus intolérable que leur crée le régime bourgeois pourrissant.

    Il faut faire le premier pas en commençant une action résolue basée sur la grève, pour l’amélioration des salaires et pour la revendication du salaire égal à travail égal pour tous les ouvriers sans distinction d’âge et de sexe. Lier cette lutte à celle des ouvriers contre la #déportation pour la guerre contre l’URSS, voilà le premier moyen d’unifier tous les exploités contre les exploiteurs et faire échec aux plans de guerre impérialistes.

    Autrefois la lutte de la femme pour l’égalité juridique et politique rencontrait l’incompréhension ou même l’hostilité des ouvriers les plus arriérés. Mais le régime policier de Vichy a réalisé la plus complète égalité politique de l’homme et de la femme, en les écrasant tous les deux. Ensemble, ils doivent lutter pour la reconquête des droits de la classe ouvrière (liberté de réunion, de presse, droit de grève, etc.) y compris le droit de vote pour les deux sexes à partir de 18 ans (peut-être à partir de 17 ou même de 16 ans puisque la bourgeoisie considère qu’à cet âge-là un jeune homme peut devenir chair à canon et qu’une jeune fille peut se marier et avoir des enfants).

    Pour lutter avec succès pour ces revendications la classe ouvrière doit s’organiser. Les organisations de lutte (économiques et politiques) du prolétariat doivent être basées sur la plus complète égalité de devoirs et de droits entre l’homme et la femme dans tous les domaines et pour toutes les tâches quelles qu’elles soient.

    Sous le régime capitaliste, qui a pour base la famille en tant que petite entreprise économique individuelle, l’égalité réelle et complète de la femme dans la société (égalité de charges et de droits) n’est pas possible. Libérer la femme, seule le peut la société socialiste qui libère la famille de l’esclavage économique en transformant les charges individuelles en charges sociales : maternités, crèches, jardins d’enfants, restaurants, blanchisseries, dispensaires, hôpitaux, sanatoria, organisations sportives, cinés, théâtres, etc..., la société bourgeoise connaît tout cela, mais dans quelle mesure et dans quel but ? Hôpitaux, maternités, restaurants, etc... doivent seulement entretenir, dans la mesure strictement indispensable à la production capitaliste, l’efficacité de la main-d’œuvre (assurances sociales, etc...). Théâtres, cinés, organisations sportives, etc... tout cela n’est pas destiné à rendre la vie heureuse et à instruire, mais à abrutir et à maintenir les masses sous la domination de l’idéologie bourgeoise. Quelles que soient les améliorations conquises, la grande majorité des femmes croupira toujours tant que les moyens de production appartiendront à la bourgeoisie. Ce n’est que quand la #classe_ouvrière sera la maîtresse de ses instruments de production et de répartition et quand la femme prendra part à leur administration et au travail dans les mêmes conditions que tous les membres de la société travailleuse, que ses qualités pourront s’épanouir librement et harmonieusement.

    La Quatrième Internationale attire tout particulièrement l’attention des femmes travailleuses sur le fait que le seul pays où la femme ait réalisé le maximum d’égalité c’est l’URSS, c’est-à-dire le pays qui s’est développé par la révolution prolétarienne d’Octobre 17. Elle attire également l’attention des ouvriers sur le fait que sans l’entrée en lutte à ses côtés des ouvrières le prolétariat ne pourra jamais vaincre la bourgeoisie.

    Pour améliorer les #salaires et les conditions de vie, vive l’union de lutte de l’ouvrier et de l’ouvrière ! A travail égal, salaire égal ! Egalité juridique pour la femme : à bas les statuts de la femme mariée ! En s’opposant par la #grève à ce que les ouvriers soient déportés pour la relève impérialiste contre l’#URSS, les ouvriers et les ouvrières commenceront la lutte qui mettra fin à la guerre impérialiste, au régime de misère et d’oppression, la lutte qui nous mènera au gouvernement ouvrier et paysan, le gouvernement des travailleuses et des travailleurs !

    #collaboration #impérialisme #révolution_russe #lutte_de_classe #droits_des_femmes #lutte_des_femmes

  • #Révolution #Soviet #Russie #URSS #Lénine #Trosky #Staline #stalinisme #bolchevisme #communisme_autoritaire #fascisme_rouge #dictature #Cronstadt #histoire...

    ★ LES RÉVOLUTIONNAIRES CONTRE LE FASCISME ROUGE...

    "On ne saurait accuser tous les révolutionnaires d’avoir trempé dans les crimes de Lénine, Staline et leurs continuateurs : tout au long du XXe siècle, des minorités existèrent au sein du mouvement ouvrier, qui non seulement dénoncèrent l’imposture du « socialisme réellement existant », mais tentèrent d’en tirer des leçons pour la critique sociale et l’émancipation des classes dominées.

    DURANT SEPT DÉCENNIES, l’ombre de l’URSS a dominé la politique mondiale, d’abord épouvantail des classes possédantes, puis, après 1945, avec la guerre froide et l’opposition entre les blocs sous différentes formes. Avec la chute du mur de Berlin en 1989, puis l’implosion de l’URSS deux ans plus tard, il aurait été logique de tirer le bilan de ce régime et d’examiner sereinement s’il avait été, ou non, comme on l’a dit, le « socialisme réellement existant ». Durant toutes ces années, que ce soit pour l’aduler ou pour le condamner, un discours quasi unanime a présenté l’URSS comme un régime « socialiste », et fait de même pour les pays qui l’imitèrent, des « démocraties populaires » d’Europe de l’Est à la Chine, en passant par Cuba et le Viêtnam. Pour les partisans du statu quo et du maintien ad vitam aeternam des dominants, la fin de l’URSS était la pure et simple confirmation que nous étions condamné-e-s à vivre dans ce monde : elle montrait au grand jour que toute tentative de sortir du capitalisme ne pouvait mener qu’à instaurer un système encore plus oppressif.
    Pourtant, des critiques de gauche du système dit « soviétique » se firent entendre tout au long du XXe siècle, mais elles restèrent inaudibles pour le plus grand nombre. Avant de voir ce qu’elles furent, il faut s’interroger sur les raisons de ce déni, et un retour en arrière s’impose (...)
    "

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2022/11/les-revolutionnaires-contre-le-fascisme-rouge.html

  • La réédition du Staline de Léon Trotsky
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2023/01/23/la-reedition-du-staline-de-leon-trotsky_472798.html

    Les #éditions_Syllepse ont eu la bonne idée de rééditer le #Staline de Trotsky, que l’on ne trouvait plus depuis longtemps. Il s’agit d’une édition d’un millier de pages. Augmentée par rapport à celle de 1948, elle intègre des écrits destinés à cet ouvrage que l’on a récemment retrouvés dans les archives de #Trotsky. Elle rétablit aussi le contenu du texte original que, par endroits, le premier traducteur américain avait mutilé ou remanié selon ses propres opinions.

    – Petite et grande Histoire
    – Défense et illustration du #bolchevisme

    #stalinisme #révolution_russe #bureaucratie

    • […] On a là un texte plus fidèle, plus complet, dont l’importance réside d’abord dans le fait qu’il s’agit du tout dernier livre auquel #Trotsky a travaillé, et qu’on y retrouve donc le maximum de l’expérience et de la compétence dont toute une vie de #révolutionnaire l’avait doté.

      Au travers de la biographie de #Staline, il traite sous de multiples angles toute une série de questions qui concernent la #révolution et les tâches des révolutionnaires  : le #Parti_bolchevique, son rôle, ce qu’étaient les militants qui le construisirent et le firent vivre, «  l’air des cimes  », dit-il, qui y soufflait du temps de Lénine  ; l’attitude à l’égard des minorités nationales  ; la construction d’un mouvement ouvrier politiquement conscient  ; l’irruption des masses sur la scène durant les trois révolutions russes et la guerre civile  ; la création et la signification de l’#Internationale_communiste  ; l’#armement_du_prolétariat  ; la lutte pour l’édification d’un #État_ouvrier  ; les flux et reflux de l’histoire  ; le rôle des individus et des partis dans ces bouleversements  ; les ressorts de la dégénérescence bureaucratique de l’#URSS, la comparaison entre le #Thermidor_russe et le #Thermidor de la #révolution_française, la mise en place de la #dictature_stalinienne, la nature de la bureaucratie  ; l’avenir de l’URSS et la confiance que, tôt ou tard, la classe ouvrière internationale reprendra le drapeau de la lutte pour l’avenir communiste…

      Tous ces thèmes, Trotsky les discute au fil d’époques différentes de l’histoire du mouvement ouvrier, au travers de situations concrètes, de leur changement plus ou moins rapide et de la compréhension qu’en ont les masses, des conclusions qu’en tirent militants et dirigeants révolutionnaires. Et ils sont des centaines connus ou moins connus que Trotsky, qui les a côtoyés en tant que camarade de lutte, fait resurgir dans ces pages.

      C’est dire que, quand on veut s’inscrire dans la lignée du combat de #Lénine, de Trotsky et des bolcheviks pour renverser le système capitaliste tout entier, et donc comprendre ce qu’en furent les enjeux et en quoi ils sont aujourd’hui plus actuels que jamais, il y a toutes les raisons de lire ou de relire ce texte. En effet, Trotsky y a concentré ce qui faisait de lui un maillon irremplaçable dans la transmission du flambeau de la révolution aux nouvelles générations  : son expérience unique de #militant_communiste internationaliste, de dirigeant de la première #révolution_prolétarienne victorieuse de l’Histoire. […]

  • Le 30 décembre 1922, le congrès des soviets regroupant des délégués de 4 #républiques_socialistes_soviétiques, #Russie, #Ukraine, #Biélorussie, et #Transcaucasie qui rassemblait les populations d’#Arménie, d’#Azerbaïdjan et de #Géorgie, décidait la création d’une union fédérale : l’Union des républiques socialistes soviétiques, l’#URSS.

    30 décembre 1922, la naissance de l’URSS
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/01/11/30-decembre-1922-la-naissance-de-lurss_467558.html

  • Requiem pour un rêve : 100 ans après la fondation de l’URSS - Par Oleg Yasinsky

    J’appartiens à une génération privilégiée. Je suis né à la fin des années 1960 à Kiev, la capitale d’une Ukraine soviétique et socialiste, et j’ai eu la chance de passer mon enfance, mon adolescence et même ma jeunesse dans un pays diabolisé comme aucun autre dans l’histoire de l’humanité : l’URSS.

    https://b-tornare.overblog.com/2022/12/requiem-pour-un-reve-100-ans-apres-la-fondation-de-l-urss.html


    #URSS

  • Lecture d’un extrait du livre « Tenir sa langue » de Polina Panassenko, paru aux éditions de l’Olivier, en 2022.

    http://liminaire.fr/radio-marelle/article/tenir-sa-langue-de-polina-panassenko

    L’auteure raconte son parcours du combattant pour reprendre son prénom de naissance francisé à sa naturalisation. Elle inscrit cette démarche dans l’histoire de sa famille, Juifs ukrainiens, ayant déjà hérité d’une modification onomastique. Son arrière-grand-père a fui les pogroms pour s’installer en URSS, il a choisi de russiser les prénoms de ses enfants afin de les protéger. Le père de l’auteure a fait de même en francisant son prénom russe. L’histoire ne se répète pas cependant. Pauline redevient Polina. (...) #Radio_Marelle / #Écriture, #Langage, #Livre, #Lecture, #En_lisant_en_écrivant, #Podcast, #Littérature, #Amour, #Mémoire, #Histoire, #Mort, #URSS (...)

    http://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_tenir_sa_langue_polina_panassenko.mp4

    http://www.editionsdelolivier.fr/catalogue/9782823619591-tenir-sa-langue

  • Mit Melnyk im Plenarsaal
    https://www.jungewelt.de/artikel/440140.geschichtspolitik-mit-melnyk-im-plenarsaal.html

    Résumé de la discussion scientifique des origines de la grande famine en Union Soviétique et de la qualification de génocide de sa partie ukrainienne. Texte assez complet et différencié.

    2.12.2022 von Reinhard Lauterbach - Die Erzählung vom »Hunger-Genozid« gegen die ukrainische Bevölkerung entstand in den späten 1970er Jahren in Kanada, wo die größte ukrainische Exilcommunitiy lebt und bereits 1983 ein erstes Denkmal zur Erinnerung an den »Holodomor« eingeweiht wurde.

    Ginge es nur um historische Erkenntnis, könnte man den Beschluss des Bundestages, die Hungersnot in der Ukraine während der Kollektivierung Anfang der 1930er Jahre (nachfolgend auch: »Holodomor«) als »Genozid« einzustufen, ignorieren. Denn zur Klärung dessen, was passiert ist, trägt er nichts Neues bei, und was er beiträgt, ist eine moralisierende Einordnung, durch die man auch nicht klüger wird. Solcher gedankliche Mummenschanz ist kein Zufall. Die Demokratie als »Legitimation durch Verfahren« (Niklas Luhmann) hat sich mit dem Mehrheitsprinzip ein Kriterium für Entscheidungen gewählt, das sich von Inhalten irgendeiner Art unabhängig macht. Papier ist geduldig, und beschließen kann man alles, wofür man eine Mehrheit findet. Das Parlament der Republik Polen hat vor ein paar Jahren auch schon einmal die Jungfrau Maria als Königin Polens anerkannt,¹ ohne dass irgend jemand hierin den Staatsstreich gewittert hat, der dieser Beschluss objektiv gewesen wäre, wenn man ihn ernstgenommen hätte.

    Aber etwas mehr als ein beliebiger Unsinn ist dieser Beschluss natürlich schon. Er ist – und soll es sein – eine politische Solidarisierung mit einer Ideologie, die in der Ukraine den Charakter der zentralen Herrschaftslegitimation angenommen hat, obwohl ihre Argumentationsgrundlage zumindest erhebliche Zweifel weckt. Die Ukrainer seien Anfang der 1930er Jahre Opfer eines sowjetisch-russischen Genozidversuchs geworden, so die Erzählung. Bebildert wird diese Behauptung mit der tatsächlich hohen Zahl der Opfer, die die Kollektivierung in den sowjetischen Dörfern forderte, darunter auch in der Ukraine. Die meisten Autoren gehen von sieben bis acht Millionen durch Gewalt oder Hunger getötete Menschen in den Agrarregionen der Sowjetunion aus, darunter etwa die Hälfte in der Ukrainischen Sowjetrepu­blik. Aber eben bei weitem nicht nur dort.
    Beschleunigte Kollektivierung

    Diese hohe Zahl an Opfern lässt sich erklären, auch ohne dass man dafür die Vermutung eines antiukrainischen Komplotts der (als russisch unterstellten, faktisch durchaus multinationalen) Sowjetführung bemühen müsste. Der Mainstream der historischen Forschung unterstellt, dass die sowjetische Führung den Beschluss des Jahres 1928, die Landwirtschaft beschleunigt zu kollektivieren (also die Agrarrevolution der Jahre 1917 bis 1920 zurückzunehmen, der die Bolschewiki in der frühen Phase ihrer Herrschaft immerhin den Sieg ihrer Revolution verdankten, weil die Bauern dem zaristischen und bürgerlichen System die Gefolgschaft verweigerten und sich statt dessen Landanteile sicherten), aus im wesentlichen drei Motiven heraus fasste:

    Erstens, den Aufwand für die Industrialisierung des Landes auf Kosten der Dorfbevölkerung zu finanzieren; Stalin selbst hat diese Überlegung damit verglichen, den Bauern eine »Industrialisierungsrente« abzuverlangen ähnlich derjenigen, mit der die kapitalistischen Industriestaaten ihre ursprüngliche Akkumulation durch die Extraausbeutung der Kolonien und ihrer Bewohner finanziert hatten: eine Phase »ungleichen Tausches« mit dem Ziel, die UdSSR industriell zu entwickeln und dadurch auch zur Abwehr imperialistischer Angriffe zu befähigen. Die Ukrai­ne war zu diesem Zeitpunkt das wichtigste Getreideüberschussgebiet der Sowjetunion – die Urbarmachung des Kaukasusvorlands und der östlichen Ausläufer der Schwarzerderegion in Kasachstan stand erst noch bevor. Damals war in der Ukraine schlicht das meiste für die staatlichen Ziele zu holen, deshalb wurde sie zwangsläufig auch zu einer Schwerpunktregion der Repression gegen den Widerstand der bäuerlichen Bevölkerung gegen ihre faktische Enteignung.

    Denn der zweite Aspekt der Kollektivierung bestand darin, dass sie eine Reihe von Widersprüchen der 1921 von Lenin proklamierten »Neuen Ökonomischen Politik« (NÖP) gewaltsam auflösen sollte. Die NÖP hatte faktisch die Wiederzulassung des Kapitalismus in Landwirtschaft und Leichtindustrie bedeutet. 1921 war das eine aus der wirtschaftlichen Zerrüttung nach dem Bürgerkrieg geborene Notmaßnahme gewesen, ausgelöst auch vom beharrlichen Widerstand der Bauern gegen die Getreidekonfiskationen zugunsten von Städten und Armee. Im Zuge der 1920er Jahre brachte sie neue (bzw. alte) Klasseninteressen hervor: die der Privateigentümer in Landwirtschaft, Kleinhandel und Leichtindustrie, also den konsumnahen Branchen der sowjetischen Wirtschaft. Diese sozialen Interessen liefen denen der zentralen Industrialisierungsplanung zuwider. Bauern verhielten sich zu ihren Produkten wie die Eigentümer, die sie waren, das bedeutete auch, dass sie sie verkauften, wenn es ihnen profitabel erschien, und dies unterließen, wenn ihnen die staatlichen Aufkaufpreise zu niedrig waren. Sie mussten aber niedrig – also aus Sicht der Bauern nicht kostendeckend – sein, wenn mit ihnen das politisch vorgegebene Ziel erreicht werden sollte, Mittel für die Industrialisierung zu beschaffen. Als Folge geriet das andere Ziel in Gefahr, um dessentwillen die Bolschewiki den privaten Handel der Bauern wieder zugelassen hatten: die Versorgung der Industrieregionen und der Arbeiterklasse als ihrer sozialen Hauptstütze zu garantieren. Sie ließ sich eben nicht garantieren, solange man das Interesse der aus der Agrarrevolution ohne Zutun der Bolschewiki hervorgegangenen und durch die NÖP gesetzlich anerkannten privaten Parzellenbauern politisch gelten ließ.

    Damit stellte sich drittens die Frage, wie lange auf dieser Grundlage die Herrschaft der Bolschewiki als Partei noch aufrechtzuerhalten sein würde. Wenn Stalin die »Rechtsabweichler« um Nikolai Bucharin, die dafür eintraten, die NÖP laufen zu lassen und der Sowjetwirtschaft ein gemäßigteres und eher an den Konsumbedürfnissen der Bevölkerung orientiertes Wachstum zu erlauben, als Gefahr für die Herrschaft der Bolschewiki ausmachte, war das nicht völlig aus der Luft gegriffen. Es wäre tatsächlich wahrscheinlich früher oder später auf die Notwendigkeit eines Klassenkompromisses mit den Bauern und den sonstigen sozialen Nutznießern der NÖP hinausgelaufen – genau das, was Lenin in seinen Reden und Schriften zur Einführung der NÖP als drohende Gefahr erkannt hatte, die die Partei aber, so seine Überzeugung, neutralisieren könne, wenn sie die politische Kontrolle fest in der Hand behalte.

    Die »Scherenkrise« der späten 1920er Jahre (der Umstand, dass die Preise für Industrieprodukte beständig stiegen, während landwirtschaftliche Güter immer niedriger vergütet wurden) demonstrierte der sowjetischen Führung, dass das so einfach nicht war. Von daher gewann der Gedanke, den gordischen Knoten widerstreitender Klasseninteressen lieber früher als später zu durchschlagen, an Plausibilität. Dass dies einen neuen Bürgerkrieg lostreten könnte, war für niemanden in der Parteiführung eine Überraschung; die passende Theorie über den im Verlaufe des Aufbaus des Sozialismus angeblich immer schärfer werdenden Klassenkampf war schnell postuliert, und das für den Sieg in diesem neuen Bürgerkrieg absehbar erforderliche Maß an Gewalt gegen einen Teil der eigenen Gesellschaft, den man noch vor kurzem als Verbündeten der Arbeiterklasse hofiert hatte, bereitete den überlieferten Quellen zufolge nur wenigen in der Parteiführung Probleme, schon gar keine moralischen. Alle Beteiligten hatten den ersten Bürgerkrieg mitgemacht und waren überzeugt, dass dies eben die Regeln des politischen Kampfes seien. Man kann dies im nachhinein bedauern oder kritisieren, aber solche Kritik bleibt moralisch, solange nicht erkannt wird, dass der Handlungs- und Vorstellungsraum der damaligen politischen Akteure eben durch die Gewalterfahrung von Revolution und Bürgerkrieg geprägt worden war.

    Keine Beweise

    All dies ist in der russischen und auch internationalen Forschung umfassend diskutiert worden. Die führende Studie dazu stammt von dem an der russischen Universität Penza lehrenden Historiker Wiktor Kondraschin,² und die Überzeugungskraft des ukrainischen Narrativs könnte insbesondere durch die Tatsache geschmälert werden, dass dieses gut 500 Seiten starke Werk 2008 unter Schirmherrschaft der inzwischen in Russland verbotenen, antisowjetischen NGO »Memorial« und im Verlag des »Jelzin-Zentrums« in Jekaterinburg herausgegeben wurde, also von aus westlicher Sicht »guten« Russen. Auch der notorische Kommunistenfresser Jörg Baberowski von der Humboldt-Universität in Berlin hat sich im Kern dieser Argumentation angeschlossen,³ und sogar die US-Historikerin und -Journalistin Anne Applebaum, die sich in ihrem seit 2010 aus offenkundig ideologischen Beweggründen unter Nutzung ganz überwiegend ukrainischer Quellen entstandenen Buch »Roter Hunger«⁴ bemüht hat, für ein breiteres Lesepublikum die spezielle ukrainisch-nationalistische Sichtweise auf den tragischen Verlauf der Kollektivierung im Westen zu popularisieren, kommt nicht umhin, im Nachwort zu diesem umfangreichen Werk zuzugeben, dass die Argumentation der »funktionalistischen« Historiker wie Wiktor Kondraschin »teilweise richtig« sei.⁵

    Auch Applebaum schafft es nicht, den schlüssigen Beweis zu führen, dass die Opfer der Kollektivierungsphase nicht die Folge einer mit höchster Beschleunigung und maximalem Gewalteinsatz durchgesetzten Enteignung der Bauern, konkret der Rücknahme der Agrarrevolution der Jahre 1918 bis 1920, gewesen sei, sondern der Ausdruck einer gezielt gegen die Ukraine und ihre Bevölkerung gerichteten Politik der Bolschewiki. Ihr Trick besteht darin, parallel auf zwei Ebenen zu argumentieren und die Gleichzeitigkeit der Ereignisse auf beiden zum Beleg ihres inneren Zusammenhangs zu erklären, konkret: die Kollektivierung auf der einen Seite und das Zurückdrängen der nationalukrainischen Einflüsse im Kulturleben der ukrainischen Sowjetrepublik ab der zweiten Hälfte der 1920er Jahre auf der anderen Seite.

    Selbst wenn man Applebaums These folgt, dass die siegreichen Bolschewiki nach 1917 in mehreren Teilen des Imperiums, das sie aus der Konkursmasse der provisorischen Regierung übernommen hatten, mit nationalen Abspaltungsbewegungen konfrontiert gewesen seien, von denen die in der Ukraine für sie aus verschiedenen Gründen die gefährlichste gewesen sei und sie deshalb über Jahre bemüht waren, diese politisch zu neutralisieren, ist die Folgerung der Autorin, die vielen Kollektivierungsopfer in der Ukraine seien primär Ausdruck einer antiukrainischen Kampagne gewesen (was waren sie dann in Russland oder Kasachstan?) nicht zwingend.

    Mit der Parallelisierung beider Entwicklungen versucht sich Applebaum um ein zentrales Beweisproblem herumzudrücken, das Politik und Rechtsprechung seit der Entwicklung des Genozidbegriffs durch den polnischen Juristen Raphael Lemkin in den 1940er Jahren im US-Exil prägt: Lemkin hatte in seiner Pionierstudie »Axis Rule in Occupied Europe« (1944) Genozid definiert als einen »koordinierten Plan verschiedener Aktionen, der auf die Zerstörung essentieller Grundlagen des Lebens einer Bevölkerungsgruppe gerichtet ist mit dem Ziel, die Gruppe zu vernichten«.⁶ Lemkin setzt also erstens Absicht voraus, und zweitens das Ziel, die Zielgruppe des Völkermordes insgesamt zu vernichten. Applebaum räumt selbst ein, dass die Kollektivierungskampagne Stalins dieses Ziel gar nicht verfolgt habe⁷; gleichwohl ist sie bemüht, einen Genozid zu suggerieren. Sie erreicht das, indem sie das Element der Intentionalität aus dem Vorgehen gegen die ukrainische Intelligenz entnimmt (die ja aber nur ein Teil der ukrainischen Bevölkerung war und an der sich – sogar im hypothetischen Fall ihrer vollständigen Vernichtung – das Kriterium der universellen Mordabsicht nicht hätte demonstrieren lassen können) und mit dem Element der Massenhaftigkeit der Repression aus dem Vorgehen gegen die Bauern in der Ukrai­ne (das sich aber nicht auf diese Republik beschränkte) verbindet.

    Politische Motive

    Applebaum räumt im Nachwort, das der »Wiederkehr der ukrainischen Frage« im Zuge der Diskussion um den »Holodomor« gewidmet ist, verklausuliert ein, dass die von ihr im übrigen propagierte These vom antiukrainischen Völkermord Resultat einer politischen Absichtserklärung unter dem »prowestlichen« ukrainischen Präsidenten Wiktor Juschtschenko (2005–2010) gewesen sei, demselben Juschtschenko, der politisch stark unter dem Einfluss der ukrainischen Diaspora in den USA und Kanada stand und dessen politischer Nachlass im wesentlichen darin besteht, dass er 2006 die Hungersnot zum Genozid und 2010 den Antisemiten und Nazikollaborateur Stepan Bandera sowie etliche seiner Gesinnungsgenossen zu »Helden der Ukrai­ne« erklärt hat. Applebaum ist sich übrigens völlig klar über den manipulativen Charakter von Juschtschenkos Holodomor-Argumentation: »Juschtschenko verstand die Macht der Hungersnot als einigende nationale Erinnerung der Ukrainer (…). Zweifellos politisierte er sie, (…) einige seiner Zahlenangaben waren übertrieben«.⁸

    Der schwedische Historiker Per Anders Rudling hat rekonstruiert, wie die Legende vom Hungerverbrechen an den Ukrainern entstanden ist.⁹ Nach seinen Erkenntnissen haben die ehemaligen ukrainischen Nazikollaborateure, die sich nach 1945 mit Protektion insbesondere des britischen Geheimdienstes trotz ihrer den Alliierten bekannten Nazivergangenheit über den Atlantik retten konnten,¹⁰ die Erzählung vom »Holodomor« in den späten 1970er Jahren entwickelt, als unter dem Eindruck der US-Fernsehserie »Holocaust« (1978) die Auswirkungen der Debatte über die Akteure und Profiteure der Judenvernichtung in Osteuropa spürbar wurden; mit einer Gegenerzählung hätten sie versucht, von ihrer eigenen Verwicklung bzw. der ihrer Organisationen in jene Verbrechen abzulenken. Es ist eine Chuzpe, wie sie in ukrainischen Nationalistenkreisen kein Einzelfall ist. Andrij Melnyk, der langjährige Botschafter der Ukraine in der Bundesrepublik, hat nie etwas dabei gefunden, sich einerseits als Bandera-Fan zu outen, andererseits aber die deutsche Gesellschaft an die Naziopfer in der Ukraine zu erinnern.

    Es ist also eine ausgesprochen trübe Suppe, aus der der Bundestag seinen Holodomor-Beschluss geschöpft hat. Die Frage ist, warum; nur die Tatsache, dass zuvor bereits die Parlamente Kanadas (2008) und der USA (2010) ähnliche Beschlüsse gefasst haben, kann es nicht gewesen sein, sie bindet den Bundestag ja nicht. Unkenntnis kann auch nicht geltend gemacht werden, schließlich unterhält der Bundestag »Wissenschaftliche Dienste«, die genau die Aufgabe haben, die politisch Verantwortlichen auf Unsicherheiten, Zweifelsfälle und potentielle Peinlichkeiten hinzuweisen, bevor sie politisch aktenkundig werden.

    Allerdings ist es dann die politische Entscheidung der Abgeordneten, ob sie diesen Ratschlägen folgen. Dass sie das nicht tun, wenn ihnen die Schlussfolgerung der Experten nicht in den Kram passt, hat bereits im Frühjahr dieses Jahres die Auseinandersetzung um die Frage gezeigt, ob es eine indirekte Kriegsbeteiligung sei, wenn die Bundeswehr ukrainische Soldaten auf deutschem Boden ausbilde.¹¹ Während die Experten dies bejahten, beschloss die große Mehrheit der Abgeordneten, diese Bedenken zu ignorieren und mit der Ausbildung ukrainischer Soldaten auf deutschem Boden fortzufahren. Nach genau derselben Logik ignorierten die Parlamentarier jetzt die schwache Argumentationsgrundlage und die fragwürdige Entstehungsgeschichte des »Hunger-Genozids«.

    Schlag gegen Russland

    Es liegt nahe anzunehmen, dass es die Absicht der den Beschluss tragenden Fraktionen ist, Russland auf geschichtspolitischer Ebene einen symbolischen Schlag zuzufügen. Mehr ist es in der Sache nicht, auch wenn sich jetzt schlechtinformierte Leitartikler auf den Bundestagsbeschluss berufen können, um dessen Inhalt nachzuplappern. Was der Beschluss aber tatsächlich bezwecken soll, ist nicht recht absehbar. Die Vermutung, hier solle durch die Unterstellung eines »sowjetischen Holocaust« die Bedeutung des von Deutschland ins Werk gesetzten Völkermords an den europäischen Juden relativiert werden, wirkt wenig überzeugend. Zu gut hat die bundesdeutsche Geschichtsmoral genau mit der – billig zu habenden – Anerkennung der »Einzigartigkeit« der deutschen Verbrechen international Punkte gemacht, nicht zuletzt in Israel, das aus der Behauptung dieser Einzigartigkeit ein Element seiner Staatsräson gemacht hat. Wozu sich an dieser Stelle den Ärger einhandeln, den sich die Ukraine bereits 2019 eingefangen hat, als Präsident Wolodimir Selenskij Israel aufgefordert hat, die Anerkennung der Hungersnot der frühen 1930er Jahre als mit dem Holocaust vergleichbar vorzunehmen.¹² An der Stelle hört für Israel der Spaß auf. Das ukrainische Ansinnen wurde brüsk zurückgewiesen.

    Das hindert die ukrainische Seite freilich nicht, für ein Publikum ohne philologische Kenntnisse diese Gleichsetzung über den ähnlichen Anlaut der beiden Wörter »Holodomor« und »Holocaust« zu suggerieren. Dabei hat das eine slawische und das andere griechische Wurzeln, beide haben also nichts miteinander zu tun. Trotzdem hat sich das Leibniz-Institut für Sozialwissenschaften nicht entblödet, 2009 den Artikel einer rumänischen Autorin zu veröffentlichen, der diese peinliche Dummheit zumindest als Eingangsfrage wiederholt.¹³

    Eher könnte die Resolution der Versuch sein, die innerdeutsche Debatte zu zensieren. Denn schon im Oktober ist das Strafgesetzbuch um einen Paragraphen 130b erweitert worden, der »das öffentliche Billigen, Leugnen oder gröbliche Verharmlosen von Völkermord, Verbrechen gegen die Menschheit und Kriegsverbrechen« unter Strafe stellt.¹⁴ Damit wäre auch das juristische Dilemma umschifft, dass zwar eine Bestrafung nur auf Grund eines Gesetzes möglich ist, dass jedoch der Inhalt der neuen Vorschrift nicht präzisiert, was das Kriterium solcher »Verharmlosung« ist: womöglich auch ein inhaltlich fragwürdiger und von seinem Charakter her rein deklarativer Parlamentsbeschluss ohne Gesetzeskraft. Wenn sich der Bundestag von ukrainischen Geschichtsideologen vorschreiben lässt, was in Deutschland gesagt und geschrieben werden darf, wäre dies nicht verwunderlich, nachdem das politische Berlin die monatelangen Pöbeleien eines Andrij Melnyk widerstandslos hingenommen hat. Insofern ist leider, so belanglos die Resolution inhaltlich ist, Schlimmes für die Diskussionsfreiheit in Deutschland zu befürchten: die Melnykisierung des Diskurses.

    Anmerkungen:

    1 http://orka.sejm.gov.pl/proc8.nsf/uchwaly/1128_u.htm, Beschluss vom 15.12.2016

    2 Wiktor Kondraschin: Golod 1932-33gg. Tragedija sowetskoj derewni (Der Hunger der Jahre 1932/33. Die Tragödie des sowjetischen Dorfes), Moskwa 2008, online unter: http://library.khpg.org/files/docs/1388162603.pdf

    3 Jörg Baberowski: Die Kollektivierung der Landwirtschaft und der Terror gegen die Kulaken (2007), https://www.europa.clio-online.de/essay/id/fdae-1311

    4 Anne Applebaum: Roter Hunger. Stalins Krieg gegen die Ukraine, München 2019

    5 Ebd., S. 440 f.

    6 »a coordinated plan of different actions aiming at the destruction of essential foundations of the life of national groups, with the aim of annihilating the groups themselves«. Rafael Lemkin: Axis Rule in Occupied Europe. Laws of Occupation, Analysis of Government, Proposals for Redress, New Jersey 2005 [1944], S. 79

    7 Applebaum, a. a. O., S. 437: »Der Holodomor entspricht diesem Kriterium nicht. Die ukrainische Hungersnot war nicht der Versuch, jeden Einzelnen Ukrainer zu vernichten, außerdem endete sie im Sommer 1933, bevor sie das gesamte ukrainische Volk auslöschen konnte.«

    8 Ebda., S. 438:

    9 Per Anders Rudling: Memories of »Holodomor« and National Socialism in Ukrainian political culture. In: Yves Bizeul (Hg.): Rekonstruktion des Nationalmythos? Frankreich, Deutschland und die Ukraine im Vergleich. Göttingen 2013. S. 227-258

    10 Richard Breitman; Norman J. W. Goda: Hitler’s Shadow. Nazi Criminals, US Intelligence, and the Cold War, Washington D.C. 2007, online unter: https://www.archives.gov/files/iwg/reports/hitlers-shadow.pdf

    11 Rechtsfragen der militärischen Unterstützung der Ukraine durch NATO-Staaten zwischen Neutralität und Konfliktteilnahme (16.3.2022), https://kurzelinks.de/Wissenschaftlicher_Dienst

    12 https://www.president.gov.ua/en/news/glava-derzhavi-zaklikav-izrayil-viznati-golodomor-aktom-geno-56861

    13 Alexandra Ilie: Holodomor, the Ukrainian Holocaust? In: Studia Politica: Romanian Political Science Review 11 (2011), No. 1, 137-154, https://kurzelinks.de/Ukrainian_Holocaust

    14 https://www.german-foreign-policy.com/news/detail/9096

    #Ukraine #URSS #Russie #histoire #génocide #stalinisme

  • #léninisme #marxisme_léninisme #Trotsky #stalinisme #étatisme #centralisme #bureaucratie #militarisme #URSS #dictature #DictatureduProlétariat #domination #répression #impérialisme #KGB #Poutine #PCF

    #anarchisme #émancipation #Liberté #Maknovchtchina #antiétatisme #anticapitalisme #antimilitarisme #internationalisme

    🛑 Les marxistes-léninistes ont inauguré un régime de terreur…

    " Les marxistes-léninistes, avec leur dictature du prolétariat, leur appareil d’Etat centraliste, leur bureaucratie et leur police secrète, ont inauguré un régime de terreur et la pire forme d’absolutisme depuis la naissance de l’Etat moderne en Europe : de quoi faire pâlir de jalousie l’Inquisition et la fameuse Okhrana tsariste ! Les communistes hors de Russie ont non seulement accepté tout cela, mais ils l’ont défendu par principe ; leur vocabulaire absurde, stigmatisant, aujourd’hui comme hier, quiconque s’oppose à la théorie et à la pratique bolcheviques du moment, a empoisonné toute discussion de principes à l’intérieur du mouvement ouvrier. On connaît le dénouement : toute la « vieille garde » bolchevique fut liquidée…S’il est exact que tous les collaborateurs de Lénine aient été des « contre-révolutionnaires », des « espions » et des « fascistes », ceci jette un jour singulier sur la dictature du prolétariat ; et si c’est faux, comment qualifier un gouvernement qui a justifié par de tels arguments les séries de meurtres de l’époque stalinienne ? (…) "

    ▶️ Lire la suite…

    ▶️▶️ http://le-libertaire.net/les-marxistes-leninistes-inaugure-regime-terreur

  • Mikhaïl Gorbatchev : le véritable héritage — Le correspondant socialiste

    Les médias britanniques ont écrit leurs nécrologies élogieuses sur Mikhaïl Gorbatchev, le dirigeant qui a présidé à la disparition de l’Union des républiques socialistes soviétiques. L’acclamation et son rôle terminal ne sont pas sans rapport. Que 80% des journaux publiant ces nécrologies soient la propriété privée de 5 milliardaires pourrait éveiller nos soupçons.

    https://www.legrandsoir.info/mikhail-gorbatchev-le-veritable-heritage.html


    #URSS #Gorbatchev #Russie

    En mars 1991, un référendum a abouti à une majorité écrasante pour préserver l’Union soviétique en tant que fédération de républiques souveraines égales. Le résultat a été mis de côté. Au mois d’août suivant, Gorbatchev signa un décret interdisant le Parti communiste de Russie.

    Avec son prix Nobel en poche et sa réputation héroïque à l’étranger, Gorbatchev a mis sa popularité à l’épreuve en se présentant à la présidence russe en 1996. Il a obtenu 0,5% des voix.

  • Mensonge, fraude et sacrilège

    Pourquoi Poutine fait-il de tous les morts soviétiques de la Deuxième Guerre mondiale… des « Russes » ?

    Le 9 mai est passé, et comme c’est la constante depuis deux décennies, tant les ennemis que les amis de M. Poutine ont répété à l’unisson que le 9 mai de chaque année, la Russie se souvient et honore les 20 ou 25 millions de ses morts pendant la Seconde Guerre mondiale. On dirait même que ces dernières années, et plus encore cette année en raison de la guerre de M. Poutine contre l’Ukraine, ces millions de morts russes ont été commémorés avec encore plus de force afin de souligner – apparemment – l’absence des Ukrainiens du martyrologe.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/05/16/mensonge-fraude-et-sacrilege

    #histoire #urss

  • #URSS : une #histoire renouvelée depuis l’ouverture des archives - Aymeric Monville

    Depuis l’ouverture des archives après la fin de l’Union soviétique, l’histoire soviétique ne peut plus décemment se faire sur le mode de la propagande de guerre à laquelle nous avait habituée la guerre froide. Aymeric Monville, éditeur de nombreux livres d’histoire en ce domaine et auteur d’un ouvrage de synthèse sur la question, abordera différents historiens qu’il a publiés : Viktor Zemskov, premier historien à être allé dans les archives et vis-à-vis duquel toute la recherche en soviétologie a toujours été tributaire ; Marc Tauger qui a considérablement enrichi notre vision de l’agriculture soviétique ; ou encore Grover Furr et d’autres auteurs qui nous donnent une vision renouvelée du rapport Khrouchtchev ou encore des procès de Moscou. À l’heure actuelle où notre état-major prétend préparer la France à une « guerre de haute intensité » contre la Russie – car sinon contre qui d’autre ? –, puisse ce café marxiste renforcer la compréhension mutuelle entre Russes et Français, aujourd’hui comme hier mise à mal par les tambours de guerre et les marchands de canons.

    https://www.youtube.com/watch?v=HTh6SAswk14

  • Nicolas Trifon - Guerre en Ukraine

    Émission du 18 mars 2022, nous recevons Nicolas Trifon, qui intervient sur « Le Courrier des Balkans » et qui a participé à la revue d’Istok dans les années 80-90 (revu sur les dissidences dans les pays dans le giron de l’#URSS). On va revenir brièvement sur l’histoire de l’#Ukraine, et sur la guerre actuelle et ses conséquences sur les régions voisines.

    https://offensivesonore.blogspot.com/2022/03/nicolas-trifon-guerre-en-ukraine.html

  • Des peuples unis par la révolution, séparés par la réaction | Le Journal Lutte Ouvrière
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2022/03/02/des-peuples-unis-par-la-revolution-separes-par-la-reaction_2

    Pendant 70 ans, Russes et Ukrainiens ont vécu dans le même ensemble politique et économique, l’Union des républiques socialistes soviétiques. Fondée officiellement en 1922 par les bolcheviks, l’URSS a été dissoute fin 1991 par les chefs d’une bureaucratie qui en avait pris la tête des décennies plus tôt...

    Ultra-nationalisme, néo-nazisme et antisémitisme https://journal.lutte-ouvriere.org/2022/03/02/ultra-nationalisme-neo-nazisme-et-antisemitisme_223598.html
    #ukraine #russie #URSS #révolution_russe

  • L’ex-avocat Régis de Curières de Castelnau devenu éditorialiste nous livre sa vision des faits concernant la crise en #Ukraine. Son opinion (un peu) crypto-stalinienne et (complètement) souverainiste convoque le géopolitologue Yves Lacoste pour nous inciter à relativiser les cris d’orfraie des médias de l’Occident « otanisés ». A cette lecture, peut-on en conclure que le #droit_international, ça sert juste à être bafoué ?...

    Crise ukrainienne : la géographie, ça sert d’abord à faire la guerre - Vu du Droit
    https://www.vududroit.com/2022/02/crise-ukrainienne-la-geographie-ca-sert-dabord-a-faire-la-guerre

    On avait appris avec le grand géopolitologue Yves Lacoste que : « La géographie ça sert d’abord à faire la guerre ». Nous avons devant nous une bonne leçon.

    La Russie s’est en partie reconstitué un glacis sécuritaire pour compenser celui anéanti par la chute de l’Union soviétique. Fait des petits morceaux de son ancien empire, ayant ou non le statut d’État indépendant reconnu. Au sud avec bien sûr le Kazakhstan et la Géorgie neutralisée par les tampons de l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Au sud-ouest on trouve la Transnistrie et désormais les régions de l’Est ukrainien. Quant à l’ouest, il ne faut pas oublier l’enclave russe dans l’UE, avec Kaliningrad. Mais à l’ouest, il y a surtout ce pays dont on parle finalement très peu, c’est-à-dire la Biélorussie que la ridicule tentative de « révolution de couleur » a rejeté dans les bras de Moscou. Sur le plan militaire, la Russie a donc récupéré un glacis défensif pouvant s’avérer menaçant vis-à-vis de certains pays de l’OTAN.

    #géopolitique #glacis_soviétique #Russie #URSS

    Voir aussi : https://seenthis.net/messages/950227

  • Une histoire politique d’#internet

    Personne ou presque ne sait raconter l’histoire d’Internet. #Julien_Le_Bot a eu envie d’essayer de vous raconter pourquoi.

    On a parfois l’impression qu’Internet est entré presque par effraction dans nos vies au cours des années 1990, et est devenu aussi essentiel que l’électricité ou l’eau courante. En un demi-siècle, Internet s’est imposé comme une nécessité. Internet est partout, mais son histoire, son fonctionnement, son essence même, ne sont visibles nulle part. Techniquement, Internet nous relie. Mais est-on sûr de bien comprendre ce qu’on fabrique, peu à peu, depuis des années ?

    On vous propose de remonter aux origines de ce #réseau des réseaux, où l’on croisera des individus épris d’#utopie et de #liberté aux #Etats-Unis_d'Amérique, mais aussi des ingénieurs entêtés en #France face aux poids des #télécoms, des chercheurs en ex-#URSS appelés à échanger avec le monde libre, ou encore, en #Chine… des fonctionnaires obsédés par le #contrôle de l’information. Revenir sur ces moments fondateurs, c’est essentiel pour comprendre la portée intimement politique de cette infrastructure devenue mondiale. On ne parlera pas ici de Blockchain, de NFT ou de crypto : on revient aux origines.

    https://www.franceculture.fr/emissions/serie/une-histoire-de-l-internet