• Comment l’UE a fermé les yeux sur le refoulement illégal de migrants par la #Bulgarie avant son adhésion à Schengen

    Des documents internes de Frontex révèlent des violations répétées. Malgré des alertes répétées, la Commission européenne salue les « résultats excellents » de la Bulgarie, qui s’apprête à rejoindre l’espace Schengen.

    Au printemps 2022, Ali, un Syrien de 16 ans, entre dans un centre d’accueil à Sofia (Bulgarie) pour demander une protection au titre de l’asile et un regroupement familial avec sa mère et ses cinq autres frères et sœurs, restés en Syrie et au Liban.

    Mais les choses ne se passent pas comme prévu. Au lieu de voir sa demande traitée, il est emmené dans un endroit qui, dit-il, « ressemble à une prison ». Pendant la nuit, comme une cinquantaine d’autres personnes, il est embarqué dans une voiture de la police des frontières et reconduit jusqu’à la frontière turque, à 300 kilomètres de là, sans recevoir la moindre information sur ses droits à l’asile.

    « Ils nous ont fait marcher jusqu’à une #clôture équipée de caméras. Après avoir franchi la clôture, il y avait comme un canal. En même temps, ils frappaient les gens, se remémore le garçon. Ils ont tout pris et m’ont frappé dans le dos, sur la tête. Après cela, ils m’ont jeté dans le canal. » Le groupe est invité à retourner en #Turquie et ne jamais revenir.

    Les refoulements, une « pratique courante »

    Les témoignages de refoulements (ou pushbacks, en anglais) comme celui d’Ali sont généralement réfutés par le gouvernement bulgare. Mais de nombreux abus ont été documentés par l’organe de surveillance des droits humains de Frontex au cours des dix-huit derniers mois, selon une série de documents internes de l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes consultés par le réseau Balkan Investigative Reporting Network (BIRN) et publiés par Le Monde. Ces documents, obtenus grâce aux lois de transparence européennes, décrivent avec force détails des #brutalités commises par des agents bulgares participant aux opérations de Frontex : coups de bâton, #déshabillage de force, #vols d’effets personnels, #agressions verbales et #blessures graves infligées par des chiens, etc.

    Les documents montrent également que les preuves étayant ces pratiques illégales ont été dissimulées non seulement par les autorités bulgares, mais aussi par les hauts fonctionnaires de Frontex et de la Commission européenne. Dans le même temps, l’exécutif européen saluait les « excellents » progrès réalisés par la Bulgarie en matière de #gestion_des_frontières, facilitant l’adhésion du pays à l’espace Schengen – les contrôles aux frontières aériennes et maritimes seront levés le 31 mars, tandis que les contrôles terrestres restent en place pour l’instant.

    Les organisations non gouvernementales (ONG) de défense des droits humains locales et internationales alertent depuis de nombreuses années sur les refoulements violents en Bulgarie. Selon des données compilées par le Comité Helsinki de Bulgarie, 5 268 refoulements, touchant 87 647 personnes, auraient eu lieu au cours de la seule année 2022.

    Plusieurs experts affirment que la plupart des 325 000 entrées de migrants que le gouvernement bulgare revendique avoir « empêchées » depuis 2022 sont en fait des refoulements illégaux. « Ces personnes ont été interceptées à l’intérieur du pays. Nous ne parlons donc pas d’entrées empêchées, mais de retours », explique Iliyana Savova, directrice du programme pour les réfugiés et les migrants du Comité Helsinki de Bulgarie. « C’est un secret de Polichinelle que les gens sont repoussés. De tels ordres existent », admet, sous le couvert de l’anonymat, un haut fonctionnaire du gouvernement bulgare.

    Les preuves s’accumulent tellement que le Bureau des droits fondamentaux de Frontex (FRO) considère « établi » que les refoulements, « impliquant souvent des niveaux élevés de #violence et d’autres #traitements_inhumains_ou_dégradants », sont « une pratique régulière de la police des frontières bulgare », selon un bilan des « rapports d’incidents graves » couvrant la période 2022-2023 obtenu dans le cadre de cette enquête.

    Un lanceur d’alerte en mission discrète

    Pour l’Union européenne (UE), la situation est d’autant plus problématique que son agence des frontières collabore directement sur le terrain avec les forces de sécurité bulgares. Depuis 2022, dans le cadre de l’opération conjointe #Terra, Frontex a déployé des équipes de #gardes-frontières, des véhicules de patrouille et des #caméras_de_thermovision pour aider les autorités bulgares dans leurs activités de #surveillance aux frontières turque et serbe.

    En août 2022, un #rapport inquiétant atterrit sur le bureau de Jonas Grimheden, le chef du FRO. Il émane d’un agent de Frontex qui a mené une enquête de sa propre initiative lors d’un déploiement de six mois à la frontière avec la Turquie. Il révèle que les agents de Frontex sont tenus intentionnellement à l’écart des zones où les migrants sont généralement appréhendés et repoussés. « Lorsque des situations se produisent, le collègue local reçoit les indications pour déplacer l’équipe Frontex, en évitant certaines zones, note le lanceur d’alerte. Ils ont pour instruction d’empêcher Frontex de voir quoi que ce soit, pour éviter qu’ils rédigent un rapport officiel. »

    Pour l’eurodéputée écologiste Tineke Strik, cheffe de file d’un groupe d’eurodéputés chargé de surveiller Frontex, ces conclusions soulèvent de sérieux doutes quant à la capacité de l’agence à garantir le respect des droits humains dans le cadre de ses activités : « Il est étonnant qu’une agence de l’UE soit toujours incapable de faire respecter le droit européen après tant d’enquêtes institutionnelles, de rapports, de recommandations et d’avertissements. »

    Dans les mois qui suivent le rapport du lanceur d’alerte, Jonas Grimheden fait part de ses préoccupations croissantes concernant la conduite des agents frontaliers bulgares aux échelons supérieurs de Frontex, dont le siège se trouve à Varsovie.

    L’agence s’attache alors à restaurer sa réputation, ternie par la révélation de sa complicité dans les refoulements illégaux de migrants en Grèce. En avril 2022, son directeur, Fabrice Leggeri – qui vient de rallier le Rassemblement national en vue des élections européennes –, a été contraint de démissionner après avoir été reconnu coupable par l’Office européen de lutte antifraude d’avoir dissimulé des refoulements de bateaux de migrants en mer Egée.

    Aija Kalnaja, qui lui a succédé à la direction de Frontex pour un court intérim, semble prendre les avertissements du FRO au sérieux. En février 2023, elle exprime de « vives inquiétudes » dans une lettre adressée à Rositsa Dimitrova, alors cheffe de la direction des frontières bulgare, recommandant aux autorités du pays d’accorder au corps permanent de l’agence l’accès aux « contrôles de première ligne et aux activités de surveillance des frontières ».

    Dans sa réponse, #Rositsa_Dimitrova assure que « le respect des droits fondamentaux des ressortissants de pays tiers est une priorité absolue ». Disposée à organiser des séances d’information et des formations à l’intention de ses gardes-frontières, la responsable bulgare explique que chaque violation présumée des droits est examinée par une commission constituée par ses soins. Insuffisant, pour le FRO, qui préférerait un contrôle rigoureux par un « organisme indépendant opérant en dehors de la structure institutionnelle du ministère de l’intérieur bulgare ». Cinq agents ont été sanctionnés pour avoir violé leur code de conduite éthique au cours des dix premiers mois de 2023, précise aujourd’hui le ministère de l’intérieur bulgare.

    Une lettre jamais envoyée

    Au début de 2023, le Néerlandais Hans Leijtens est nommé à la tête de Frontex. On peut alors s’attendre à ce que ce nouveau directeur, engagé publiquement en faveur de la « responsabilité, du respect des droits fondamentaux et de la transparence », adopte une position ferme à l’égard des autorités bulgares. « Ce sont des pratiques du passé », déclare-t-il après sa nomination, en référence aux antécédents de Frontex en matière d’aide aux refoulements en Grèce.

    Soucieux de saisir l’occasion, Jonas Grimheden, à la tête du FRO, lui écrit deux jours après sa prise de fonctions, en mars 2023. Le courriel contient un projet de lettre « que vous pouvez envisager d’envoyer, en tout ou en partie », à Rositsa Dimitrova. La lettre rappelle les « allégations persistantes de retours irréguliers (appelés “refoulements”), accompagnées de graves allégations de #mauvais_traitements et d’#usage_excessif_de_la_force par la police nationale des frontières à l’encontre des migrants » et demande des enquêtes indépendantes sur les violations des droits. Ce brouillon de lettre n’a jamais quitté la boîte de réception d’Hans Leijtens.

    Quelques semaines plus tard, en mars 2023, le #FRO envoie un rapport officiel au conseil d’administration de Frontex, évoquant le « risque que l’agence soit indirectement impliquée dans des violations des droits fondamentaux sans avoir la possibilité de recueillir toutes les informations pertinentes et d’empêcher ces violations de se produire ».

    M. Leijtens a-t-il fait part aux autorités bulgares des conclusions du FRO ? Sollicité, le service de presse de Frontex explique que « les discussions directes ont été jugées plus efficaces », sans pouvoir divulguer « les détails spécifiques des discussions ».

    Une contrepartie pour Schengen ?

    Alors que ce bras de fer se joue en coulisses, sur la scène politique, la Bulgarie est érigée en élève modèle pour le programme de contrôle des migrations de la Commission européenne, et récompensée pour le durcissement de ses #contrôles_frontaliers, en contrepartie de l’avancement de sa candidature à l’entrée dans l’espace Schengen.

    En mars 2023, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, annonce un #projet_pilote visant à « prévenir les arrivées irrégulières » et à « renforcer la gestion des frontières et des migrations », notamment par le biais de « #procédures_d’asile_accélérées » et d’#expulsions_rapides des migrants indésirables. La Commission sélectionne deux pays « volontaires » : la #Roumanie et la Bulgarie.

    Pour mettre en œuvre le projet, la Commission accorde à la Bulgarie 69,5 millions d’euros de #fonds_européens, principalement destinés à la surveillance de sa frontière avec la Turquie. « Toutes les activités menées dans le cadre de ce projet pilote doivent l’être dans le plein respect de la législation de l’UE et des droits fondamentaux, en particulier du principe de non-refoulement », précise d’emblée la Commission.

    Pourtant, à ce moment-là, l’exécutif bruxellois est parfaitement conscient de la situation désastreuse des droits humains sur le terrain. Deux mois avant le lancement du projet, en janvier 2023, deux hauts fonctionnaires de la direction des affaires intérieures (DG Home) ont rencontré à Stockholm la patronne des gardes-frontières bulgares « pour discuter des préoccupations du FRO concernant les allégations de #violations_des_droits_fondamentaux », révèle un compte rendu de la réunion.

    Au fil de l’avancement du projet pilote, les signaux d’alerte se multiplient. En septembre 2023, Jonas Grimheden alerte une nouvelle fois le conseil d’administration de Frontex sur des « allégations répétées de (…) refoulements et d’usage excessif de la force » par les agents bulgares. Si son rapport salue la participation des agents de Frontex aux « activités de patrouille terrestre de première ligne », il rappelle que ces derniers « continuent d’être impliqués dans un nombre limité d’interceptions » de migrants.

    Au cours du projet, deux documents sur les « droits fondamentaux » aux frontières extérieures de la Bulgarie ont circulé au sein de la DG Home. La Commission européenne a refusé de les communiquer au BIRN, arguant que leur divulgation mettrait en péril la « confiance mutuelle » avec le gouvernement bulgare.

    « Les résultats sont excellents »

    La participation de la Bulgarie au projet pilote de la Commission semble avoir joué un rôle crucial pour faire avancer son projet de rejoindre Schengen – un objectif prioritaire depuis plus d’une décennie. Il coïncide en tout cas avec un changement de ton très net du côté de Bruxelles et Varsovie, qui ont dès lors largement balayé les inquiétudes concernant les mauvais traitements infligés à grande échelle aux migrants.

    « Les résultats sont excellents », annonce Ylva Johansson lors d’une conférence de presse en octobre 2023. La commissaire européenne aux affaires intérieures, chargée des migrations, salue les efforts déployés par la Bulgarie pour empêcher les migrants « irréguliers » d’entrer sur le territoire de l’UE, appelant à prendre la « décision absolument nécessaire » d’admettre la Bulgarie dans l’espace Schengen. Cette décision est alors bloquée depuis des mois par les Pays-Bas et l’Autriche, qui exigent des contrôles plus stricts à la frontière terrestre avec la Turquie. Quelques semaines auparavant, Ursula von der Leyen avait salué la Bulgarie, qui « montre la voie à suivre en mettant en avant les meilleures pratiques en matière d’asile et de retour ». « Faisons-les enfin entrer, sans plus attendre », avait réclamé la présidente de la Commission.

    Selon Diana Radoslavova, directrice du Centre pour le soutien juridique, une ONG sise à Sofia, la fermeture effective de la frontière avec la Turquie est indispensable à l’entrée de la Bulgarie dans l’espace Schengen. « [Les autorités] sont prêtes à tout pour respecter cette injonction, y compris au prix de violations extrêmes des droits de l’homme », estime l’avocate. « Tant que la Bulgarie coopère en bonne intelligence avec la protection des frontières et la mise en œuvre du projet pilote, la Commission regarde ailleurs », ajoute l’eurodéputée Tineke Strik.

    Pour défendre la candidature de Sofia à l’espace Schengen, la Commission européenne s’est appuyée sur le rapport d’une mission d’enquête rassemblant les experts de plusieurs agences de l’UE et des Etats membres, dépêchés en novembre 2023 en Bulgarie pour évaluer son état de préparation à l’adhésion. La mission n’aurait trouvé aucune preuve de violation des obligations en matière de droits humains prévues par les règles européennes, y compris en ce qui concerne « le respect du principe de non-refoulement et l’accès à la protection internationale ».

    Ce rapport n’a pas dissipé les inquiétudes de Jonas Grimheden, qui affirme que ses services font encore « régulièrement » part de leurs « préoccupations » au conseil d’administration de Frontex, « auquel participe la Commission européenne ».
    Cette enquête a été produite en collaboration avec le réseau Balkan Investigative Reporting Network (BIRN), qui a reçu un soutien financier de la Fondation Heinrich-Böll. Son contenu relève de la seule responsabilité des auteurs et ne représente pas les points de vue et les opinions de la fondation.

    La réponse de Frontex et de la Commission européenne

    Un porte-parole de Frontex déclare que l’agence prend « très au sérieux » les « préoccupations concernant les refoulements ». « Dans les cas où des violations sont signalées, la question est transmise au directeur exécutif et, si nécessaire, discutée lors des réunions du conseil d’administration avec des représentants des Etats membres. Toutefois, ces discussions ne sont pas publiques, conformément à notre politique de confidentialité visant à garantir un dialogue franc et efficace. »

    Dans une réponse écrite, la Commission européenne rappelle « l’importance de maintenir des éléments de contrôle solides tout en renforçant les actions de suivi et d’enquête ». « Les autorités bulgares, comme celles de tous les Etats membres de l’UE, doivent respecter pleinement les obligations découlant du droit d’asile et du droit international, notamment en garantissant l’accès à la procédure d’asile », explique un porte-parole.

    L’institution précise qu’« il a été convenu de renforcer davantage le mécanisme national indépendant existant pour contrôler le respect des droits fondamentaux », mais qu’« il est de la responsabilité des Etats membres d’enquêter sur toute allégation d’actes répréhensibles ».

    Le Médiateur européen enquête actuellement sur la décision de la Commission de refuser la communication aux journalistes de BIRN de deux documents de la DG Home sur les « droits fondamentaux » aux frontières extérieures de la Bulgarie. Dans l’attente de l’enquête, la Commission a refusé de dire si ces documents avaient été pris en considération lorsqu’elle a émis des évaluations positives du programme pilote et de la conformité de la Bulgarie avec les règles de Schengen.

    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/02/26/comment-l-ue-a-ferme-les-yeux-sur-le-refoulement-illegal-de-migrants-par-la-

    #refoulements #push-backs #migrations #réfugiés #frontières #opération_Terra

  • On Aaron Bushnell’s action in solidarity with Gaza
    https://fr.crimethinc.com/2024/02/26/this-is-what-our-ruling-class-has-decided-will-be-normal-on-aaron-bus

    “This is what our ruling class has decided will be normal.” These words of Aaron’s haunt us. He is right. We are rapidly entering an era in which human life is treated as worthless. Let’s admit that the kind of protest activity that has taken place thus far in the United States has not served to compel the US government to compel a halt to the genocide in Gaza. It is an open question what could accomplish that. Aaron’s action challenges us to answer this question. Source: Crimethinc

  • US-Botschaft Pariser Platz : Der Film, in dem wir leben
    https://www.berliner-zeitung.de/kultur-vergnuegen/kino-streaming/berlinale-in-der-us-botschaft-der-film-in-dem-wir-leben-li.2189453

    A Berlin une réception à l’ambassade US souligne l’attachement des élites allemandes au big brother impérialiste. Il est à la fois triste et étonnant de constater que des personnes qu’on estime pour leur travail de qualité se révèlent comme des opportunistes politiques ou laquais du régime le plus meurtrier depuis celui soutenu par nos ancêtres nazis.

    21.2.2024 von Michael Maier - In der US-Botschaft wurde Nawalnys gedacht. Draußen forderten Aktivisten Freiheit für Assange. Drinnen treffen deutsche Sterne auf echte Stars.

    Die US-Botschaft hatte am Dienstagabend den roten Teppich ausgebreitet und zu einem Empfang anlässlich der Berlinale geladen. Zahlreiche mehr oder weniger prominente Gäste waren der Einladung gefolgt: Franziska Giffey kam, ganz in Rot und wurde in einem Zwischenakt von Siegfried und Joy verzaubert, allerdings nur für ein privates Video. Minu Barati-Fischer kam, mit Fliegen-Schuhen von Chanel, aber ohne Ehemann Joschka. Natalia Wörner kam ebenfalls allein. Veronica Ferres zeigte Grandezza, Fatih Akin echte Coolness. Florence Kasumba erschien auch ohne „Tatort“-Melodie respekteinflößend.

    Theo Koll vertrat die Crème des heimischen Journalismus und tat dies mit angemessener Würde. Dem ukrainischen Botschafter in Berlin, Oleksii Makeiev, fiel das Amüsement schwer, gemeinsam mit seiner Frau brachte er den Auftritt mit Anstand hinter sich. Drei Elevator Boys und andere Influencer begeisterten Töchter, deren Eltern ihnen Fotos aus der Botschaft zugespielt hatten. Dieter Hallervorden kam zunächst über den falschen Pfad ins Haus und hätte das Rampenlicht beinahe verfehlt. Er wurde nach Abgabe seines Mantels auf den roten Teppich zurückgeführt, wo er sich den Kameras stellte.

    Springer-Chef Mathias Döpfner verweigerte das obligate Foto, hastete mit fuchtelnden Armbewegungen an den Fotografen vorbei. „So sind sie, die Milliardäre“, knurrte ein Fotograf. Ganz anders Sharon Stone: Sie bewegte sich geduldig lächelnd von Pose zu Pose, hatte für jeder der Bild-Heischenden ein Lächeln oder einen tiefen Blick, je nachdem, was gefordert wurde.

    Botschafterin Amy Gutmann war aus familiären Gründen verhindert und sprach via Videoschalte von einer großen Leinwand zu den Gästen. Sie sagte: „Nur zwei Jahre, nachdem alliierte Flugzeuge als Lebensader für West-Berlin gedient hatten, wurde die Berlinale in schwierigsten Zeiten ins Leben gerufen. Für manche Menschen in ärmeren Gegenden schien ein Filmfestival das Letzte zu sein, was die Menschen brauchten. Sie hätten nicht falscher liegen können.“ Als die Mauer Stadt und Land spaltete, sei die Berlinale hartnäckig geblieben und habe den Blick der Filmwelt auf einen Ort gerichtet, wo auf der großen Leinwand ein die Geschichte prägender Konflikt der Ideen tobte.

    Die Berlinale habe schon immer eine ganz besondere deutsch-amerikanische Verbindung. Nicht nur, weil die Berlinale in den Anfangsjahren des Festivals eine Marshallplan-Initiative und die Unterstützung US-amerikanischer Filmstudios war: „Die deutsch-amerikanische Kinoverbindung reicht über ein Jahrhundert zurück. Es begann mit den Einwanderern, die die großen Filmstudios gründeten: MGM, Paramount und Universal. Es begann mit Menschen – viele davon Juden –, die in den 1930er-Jahren aus Nazi-Deutschland flohen. Diese Künstler wurden anderswo nicht immer mit offenen Armen empfangen. Die Staats- und Regierungschefs vieler Länder – darunter auch Diplomaten des US-Außenministeriums – widersetzten sich der Aufnahme jüdischer Flüchtlinge in den Vereinigten Staaten.“

    Gutmann lobte den Kampf gegen rechts als Ausdruck besonderer Zivilcourage, erinnerte an den russischen Angriff auf die Ukraine und den im Strafgefängnis verstorbenen politischen Aktivisten Alexej Nawalny: Er habe den unerschütterlichen Glauben daran gehabt, dass das Recht am Ende siegen werde, sagte Gutmann.

    Vor der US-Botschaft forderten Aktivisten vor dem Brandenburger Tor die Freilassung von Julian Assange. Auch spätabends kamen noch Aktivisten. Sie standen mit gesenktem Kopf vor der Botschaft, Gespräche mit gedämpfter Stimme. Aus einem Zelt leuchtete in der Nacht ein Foto des Wikileaks-Gründers, dessen Schicksal sich an diesem Abend zu entscheiden begann. Im Hintergrund der Fernsehturm, weit weg im Osten.

    #Berlin #Berlinale #USA #Pariser_Platz

    • La construction des prix à la SNCF, une socio-histoire de la tarification. De la #péréquation au yield management (1938-2012)

      Cet article analyse les conditions de production et de légitimation des systèmes de prix des billets de train en France, depuis la création de la SNCF en 1938. Initialement fondé sur le principe d’un tarif kilométrique uniforme, le système historique de péréquation est lentement abandonné au cours des décennies d’après-guerre, au profit d’une tarification indexée sur les coûts marginaux. Au tournant des années 1980-1990, ce paradigme est lui-même remplacé par un dispositif de tarification en temps réel – le yield management – visant à capter le maximum du surplus des consommateurs. Les transformations des modèles tarifaires à la SNCF, qui s’accompagnent d’une redéfinition de la notion éminemment polymorphe de service public ferroviaire, résultent du travail de quelques acteurs de premier plan. Ces « faiseurs de prix », qui mobilisent les instruments de la discipline économique et usent de leur capacité d’influence, agissent dans des contextes (politiques, sociaux, techniques et concurrentiels) particuliers, qui rendent possibles, nécessaires et légitimes les innovations qu’ils proposent.

      https://www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2014-1-page-5.htm

      #Jean_Finez

    • Noël : est-ce vraiment moins cher de réserver son train SNCF 3 mois à l’avance ?

      C’est un fait : les tarifs des trajets en train pour la période de Noël ont explosé entre octobre et fin décembre 2023. Nous avons suivi, semaine après semaine, leur évolution. Voici les résultats, parfois surprenants, de notre enquête.

      « Plus on réserve un train à l’avance, plus les prix sont bas. » La phrase de la SNCF semble logique. Mais est-elle vérifiée ? À l’approche des fêtes de Noël, nous avons décidé de nous lancer dans une petite enquête. Numerama a relevé les tarifs d’une vingtaine de trajets en train à travers la France, sur les douze dernières semaines, pour en mesurer l’évolution.

      Nous avions une question principale : est-ce vrai qu’il vaut mieux réserver son billet de train trois mois à l’avance, pour le payer moins cher ? Suivie d’une autre : comment les tarifs évoluent-ils à travers le temps, et à quel rythme les trains deviennent-ils complets ?

      Nous avons choisi arbitrairement dix allers-retours à travers la France. La date est toujours la même, pour simuler un voyage pour les fêtes de fin d’année : un aller le 22 décembre, un retour le 27 décembre. Nous avons choisi un train par jour et suivi l’évolution du tarif des billets chaque semaine, à compter du mercredi 4 octobre, soit la date de l’ouverture des ventes (qui avaient d’ailleurs mis en panne SNCF Connect).
      Prendre ses billets tôt pour Noël permet d’éviter le pire

      Après douze semaines de relevés et une agrégation des données, le premier constat est clair : les tarifs ont énormément augmenté sur cette période. Il est évident que, même s’il y a des exceptions, il reste très intéressant de prendre son billet le plus tôt possible. C’est d’ailleurs ce que la SNCF nous a confirmé, par mail : « Plus on réserve à l’avance, plus les prix sont bas. Le mieux est donc de réserver dès l’ouverture des ventes, ou alors dans les semaines qui suivent. »

      Sur ce graphique, nous avons matérialisé la hausse de tous les trajets confondus. À part une ou deux exceptions (en TER), tous les billets ont augmenté, parfois beaucoup. Certains trajets se sont retrouvés complets très vite — nous les avons matérialisés avec un petit rond barré sur le graphique ci-dessous.

      Les prix peuvent parfois varier du simple au double. Le trajet Nantes-Bordeaux, par exemple, est passé de 58 euros à 136 euros (dernières places en première classe), soit une augmentation de 164 %. Un Strasbourg-Paris a terminé à 153 euros, au lieu de 93 euros il y a trois mois.

      Des hausses de prix jusqu’à 150 %

      Au global, les TGV sont les trains qui subissent les plus grosses hausses à travers le temps, sauf quelques exceptions (Marseille-Nice n’a pas changé d’un iota au fil des 12 semaines, par exemple).

      Sur cette carte réalisée par l’équipe design de Numerama, Adèle Foehrenbacher et Claire Braikeh, on observe quels sont les trajets qui ont subi la plus forte hausse (en rouge foncé), par rapport à ceux qui n’ont pas beaucoup bougé sur 3 mois (en rose).

      Pour les retours de Noël sur la journée du 27 décembre, les trajets les plus onéreux sont les mêmes (Paris-Toulouse, Paris-Strasbourg, Nantes-Bordeaux).

      Certains billets sont moins chers quelques jours avant le départ

      Lorsque nous avons commencé cette enquête, nous nous sommes demandé s’il serait possible qu’un billet devienne moins cher à l’approche de la date du voyage, ce qui est plutôt contre-intuitif. Une occurrence est venue, sur la dernière semaine, être l’exception qui confirme la règle : le trajet Paris-La Rochelle (en jaune ci-dessous) est devenu, au dernier moment, moins cher à l’approche du voyage, par rapport au tarif d’il y a trois mois.

      Autre cas curieux : nous avons constaté au fil des semaines une variation à la baisse sur le trajet Nancy-Grenoble, avec une correspondance. « Ce phénomène est extrêmement rare », nous assure la SNCF. « Nancy-Grenoble n’est pas un train direct. Il se peut que l’un des deux trains se remplissent moins vite et que des petits prix aient été rajoutés à un moment donné », explique-t-on. Le voyage a fini par augmenter de nouveau, pour devenir complet deux semaines avant le départ.

      Le trajet n’est pourtant pas le seul exemple. Prenons le trajet en TER et Train NOMAD Caen-Le Havre. Le 4 octobre, le voyage revenait à 38,4 euros. Surprise ! Dès la semaine suivante, il est tombé à 18 euros, pour rester fixe pendant plusieurs mois. Jusqu’au 13 décembre, où le prix a re-grimpé jusqu’à 48 euros — l’horaire du train de départ ayant été modifié de quelques minutes. Ici, ce n’est pas la SNCF, mais les conseils régionaux qui valident les prix. Par mail, l’établissement régional des lignes normandes nous assure que « la baisse des prix 15 jours après l’ouverture des ventes est impossible ». C’est pourtant le constat que nous avons fait, dès une semaine après l’ouverture.

      Pourquoi de telles hausses ?

      Cela fait plusieurs années que la SNCF a commencé à modifier la manière dont elle décide des tarifs, selon le journaliste spécialisé Gilles Dansart. La compagnie aurait décidé de « faire payer beaucoup plus cher à mesure que l’on s’approche de la date de départ du train », alors qu’auparavant, elle se calquait sur la longueur des kilomètres parcourus pour étalonner ses prix, a-t-il analysé sur France Culture le 21 décembre.

      Contactée, la SNCF nous explique : « Les prix sont les mêmes que pour n’importe quelles dates. Il n’y a pas de prix spécifiques pour Noël. Ce qui fait évoluer les prix, c’est le taux de remplissage et la demande. À Noël les trains se remplissent plus vite et les paliers maximum peuvent être atteints plus rapidement. »

      Ces paliers sont un véritable enjeu, lorsque l’on voit que certains trajets se retrouvent complets très rapidement — le Paris-Toulouse du 22 décembre s’est en effet retrouvé complet, selon nos constats, en à peine une semaine, début octobre.

      En 10 ans, la SNCF a perdu 105 TGV, soit 30 000 sièges, a calculé récemment France 2 dans un reportage. « On n’arrivait plus à remplir les TGV, il y avait des taux d’occupation à moins de 60 % », a expliqué à leur micro Christophe Fanichet, directeur général de SNCF Voyageurs.

      Cette politique de financement de la SNCF ne va pas aller en s’arrangeant pour les voyageurs et voyageuses : l’entreprise a déjà entériné une augmentation du prix des TGV pour 2024, rappelle le Parisien.

      https://www.numerama.com/vroom/1593454-noel-est-ce-vraiment-moins-cher-de-reserver-son-train-3-mois-a-lav

    • Mais on sait que l’investissement sur l’infra était sous dimensionnée autour de 2005, donc voir monter les coûts de péages de l’infra n’a rien d’anormal.
      Nos voisins sont-ils sous le prix réel ? Alors il vont subir un effet boomerang plus tard (effet dette).

  • L’interdiction de l’avortement au Texas nuit aux soins de santé, même pour les femmes qui souhaitent être enceintes

    Les lois strictes contre l’interruption de grossesse dans cet État américain limitent les soins pour les patientes atteintes de cancer et les bénéficiaires de la FIV.

    En 2023, une femme est entrée dans un centre de santé de Houston en traînant une perche à perfusion. Elle souffrait d’hyperémèse gravidique, c’est-à-dire d’une forme extrême de nausées matinales. Elle vomissait constamment, ne pouvait retenir ni nourriture ni liquides et était maintenue en vie grâce à une perfusion.

    « Elle était allée aux urgences tellement de fois », a expliqué le médecin Bhavik Kumar à openDemocracy, « et elle était si fragile et si maigre que les urgences l’ont renvoyée chez elle avec une perche à perfusion. Je n’avais jamais vu cela auparavant ».

    La patiente a demandé un avortement, qui permet de soulager rapidement l’hyperémèse gravidique. Avant la chute de l’arrêt Roe v Wade, qui protégeait constitutionnellement le droit à l’avortement, en 2022, M. Kumar aurait pu fournir ces soins dans sa clinique ambulatoire. Mais en raison de la nouvelle interdiction quasi-totale du Texas, il n’a pas pu apporter son aide.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/02/15/linterdiction-de-lavortement-au-texas-nuit-aux

    #santé #ivg #usa

  • These Philadelphians got rid of their cars in the last year. They haven’t looked back.

    “Now that I’m forced to walk, I’m seeing the city more than I did before," said one newly carless resident. She used to pay about $400 a month on her car payment and insurance.

    Dajé Walker’s Hyundai Elantra was stolen from a Brewerytown parking lot in July, only to be found a week later on the side of a local highway.

    The car that Walker had driven for three years was “in shambles,” Walker said, and the insurance company deemed it a total loss.

    “I had that existential crisis moment where I was like, ‘Do I need a car or do I want a car?’” she said.

    Around the same time, Walker, 28, got a new, completely remote job as a project manager. The news sealed her decision: She took the insurance payout of about $15,000, putting some of the money in savings and using the rest to move from Brewerytown to Old City, and never looked back.

    She no longer has to set aside $300 a month for her car payment and another $100 for insurance. When she recently moved to Old City, she didn’t have to worry about securing a convenient and safe parking spot, which can cost at least $250 a month at private lots.

    The benefits of Walker’s new lifestyle aren’t just financial, though — they’re mental and physical, too.

    “My car, it was a complete crutch,” Walker said. “Now that I’m forced to walk, I’m seeing the city more than I did before.”

    She feels like she’s “seeing the sun more often” on regular walks to judo class, City Fitness, and social gatherings, she added. For outings farther away that require taking the bus, “it’s more time for me to be zen or read a book on the way there.”

    After a surge in car-buying statewide at the height of the pandemic, there are signs that some Philadelphians like Walker have made the decision to do away with their cars in recent years, bucking larger trends.

    In 2022, more than 638,000 passenger vehicles were registered in the city, about 24,000 fewer cars than were registered here a year prior, according to the most recent state data. That represents a 3.6% decline in registered vehicles over a period when the city’s population decreased 1.4%, the largest one-year drop in 45 years.

    The latest registration data was captured before the price of car ownership skyrocketed.

    In 2023, drivers who owned a new car paid more than $12,000 a year on average, a more than 13% increase from the prior year, according to AAA, which accounted for the costs of car payments, gas, maintenance, and insurance.

    In the last year, car insurance premiums nationwide have far outpaced inflation, increasing 20% on average. Philadelphia-area residents told The Inquirer last month that they’ve recently been quoted rates as much as 100% higher than what they were previously paying. A recent Bankrate report found Philadelphia-area residents paid $4,753 a year on average, and the region saw the largest increase of 26 major metro areas last year in terms of average comprehensive coverage costs.

    What you gain by going carless

    So far across the country, the increased cost of car ownership “does not appear to affect whether people are buying or what people are buying,” said Greg McBride, chief financial analyst at Bankrate. “A much longer-term trend is that American consumers have increasingly been moving away from smaller compact vehicles to larger SUVs and trucks.”

    Philadelphia, meanwhile, is consistently ranked among the metro areas with the lowest car ownership and is known for being one of the best cities to live in without a car (though historically not all neighborhoods have the same access to public transit).

    Some residents like Walker also cited a psychological cost to car ownership in the city. Even before she became one of the tens of thousands of residents who had their cars stolen last year, she was constantly worried about her car. And residents who choose to park on the street — which is free in some areas and $35 a year in others — may have a difficult time finding an open spot depending on the neighborhood and what time of day they’re coming home.

    Of course, the ease of driving and parking in the city is all relative.

    “Philly is really hard to have a car,” said Pascale Questel, 30, a copywriter who moved to Brewerytown from Florida three years ago. Every time she walks her dog, she checks on her Honda, which she parks on the street, and her Hyundai Elantra was stolen last year.

    Last year, Leo Walsh, 31, of West Philadelphia, sold his Subaru Forester, a car he said he felt like had become “an extension of me.” He had even lived out of it three months on a solo cross-country road trip.

    He suddenly realized he was resorting to driving at the smallest inconvenience, including for trips to Trader Joe’s a couple miles away or on rainy days when he didn’t feel like biking or walking to the trolley.

    He didn’t end up getting any money for his car — it was a 2004 and needed work — but he is saving on insurance, gas, and maintenance. And there’s an “unquantifiable” benefit, too: how it feels every day to see the faces of passersby as you bike past them, or to end your commute by thanking a conductor instead of slamming your car door shut, alone.

    “I have fallen more in love with the city now, just biking and getting to know all the streets,” said Walsh, who works for Jawnt, a technology company that provides transit benefits for some city employers. “You just don’t get that in a car. You’re in your little bubble.”

    https://www.inquirer.com/business/get-rid-of-car-sales-ownership-philadelphia-20240209.html
    #voitures #villes #urban_matter #piétons #Philadelphie #USA #Etats-Unis #marche #coût #santé #TRUST #Master_TRUST

  • Philosophin des Individualismus : Ayn Rand - Sie sah den Übermenschen als Unternehmer
    https://m.faz.net/aktuell/wirtschaft/wirtschaftswissen/philosophin-des-individualismus-ayn-rand-sie-sah-den-uebermenschen-als-untern


    Malgré quelques erreurs (la Fed n’est pas une banque de l’état) et un parti pris en sa faveur c’est un article intéressant sur l’auteure russo-américaine Ayn Rand. (rien avoir avec la Rand Corporation). L’auteure est malhonnête parce qu’elle omet le fait que la réalité de sa propre vie a contredit toutes idées d’Ayn Rand. Elle est morte pauvre et dépendante de l’aide sociale malgré ses admirateurs d’élite. Sa soi-disant philosohie de l’égoïsme l’objectivisme s’est retournée contre elle.
    So it goes.

    5.8.2010 von Ingeborg Harms - Ayn Rand kam in den Zwanzigern aus Russland in die Vereinigten Staaten und wurde zur schärfsten Kritikerin des Wohlfahrtsstaates. Ihre radikalen Gedanken zur selbstbestimmten Lebensführung beeinflussten Ronald Reagan wie Alan Greenspan und machten sie zur Autorin der Finanzkrise.

    Man wüsste gern, was Ayn Rand durch den Kopf ging, als sie Ernst Lubitschs „Ninotschka“ sah: das Filmmärchen von der sowjetischen Funktionärin, die mit dem Auftrag nach Paris kommt, die russischen Kronjuwelen zu verkaufen. Greta Garbo hüllte ihr dogmatisches Gebaren in eine Wolke aus Eros und Geheimnis und machte das Schreckbild der politisch denkenden Frau im Handstreich glanzvoll. Nichts könnte den Typus der Berufsrevolutionärin besser beschreiben, die ihre weiblichen Reize bedenkenlos einsetzt, um in die besten Kreise vorzudringen und sie von innen zu erschüttern. Der himmelweite Unterschied zwischen Ayn Rand und Ninotschka liegt darin, dass jene kein fertiges Programm abspulte. Als sie 1926 in die Vereinigten Staaten kam, brachte sie aus Leningrad den Keim einer Philosophie mit, die in denkbar größtem Gegensatz zum Kommunismus ihrer Heimat stand. Der Boden, auf dem ihr Denken wachsen und gedeihen sollte, war das Amerika des New Deal, ein gelobtes Land, das ihrer Ansicht nach auf dem besten Weg war, sich in ein zweites Sowjetrussland zu verwandeln.

    Die Greta Garbo der Philosophie kam als Tochter eines jüdischen Apothekers 1905 in Sankt Petersburg zur Welt, ursprünglich hieß sie Alisa Rosenbaum. Die Atmosphäre im Petersburg ihrer Kindheit bezeichnete Ayn Rand als „glanzvollste in der Geschichte der Menschheit“, getragen von „tiefem wechselseitigem Respekt, einem heute unvorstellbaren Wohlwollen und einer selbstbewussten Großmut, die man füreinander und für das Leben empfand“. Mit diesem Ideal schrieb sie drei Romane, mehrere Drehbücher und Theaterstücke und brachte ihr Weltbild auch in zahlreichen Essays zu Papier. Ihr erster Roman, „We the Living“, ist im Leningrad der frühen Zwanziger angesiedelt und hinterlässt einen lebhaften Eindruck nicht nur von Kälte, Enge und Mangel, sondern auch vom geistigen Schreckensregiment der Revolutionäre. Das Studium an der Leningrader Hochschule machte Ayn Rand mit dem Marxismus vertraut und weckte ihre Leidenschaft für endlose Debatten.

    In den Vereinigten Staaten wurden ihre Schriften nicht nur unter Collegestudenten heiß diskutiert, sie führten 1958 auch zur Gründung eines New Yorker Instituts des „Objektivismus“, das Ayn Rands Ideen mit dem Rigorismus einer Kaderschmiede propagierte. In ihrem Umkreis entstand eine Subkultur mit objektivistischen Bällen, Modenschauen, Konzerten, Kinoabenden und Sportveranstaltungen. Aus der exklusiven Gruppe, die sich ironisch „Das Kollektiv“ nannte, ging kein Geringerer als Alan Greenspan, der spätere Chef der Federal Reserve Bank, hervor.
    Rands Porträt als Briefmarke
    Rands Porträt als Briefmarke Bild: ASSOCIATED PRESS

    Karrierestart in Hollywood

    Als Frau wie als Philosophin verführte Ayn Rand zur Radikalität. Ob Liebhaber, der Broadway, Fernsehshows oder Verleger, jede Festung nahm sie im Sturm und machte so unterschiedliche Persönlichkeiten wie Ronald Reagan, Clarence Thomas (ein Mitglied des Obersten Gerichtshofs), den Playboy-Chef Hugh Hefner, den Wikipedia-Gründer Jimmy Wales und den „Craigslist“-Erfinder Craig Newmark zu ihren Adepten.

    Ihr Siegeszug begann in Hollywood. Schon beim ersten Studiobesuch lief sie dem Regisseur Cecil B. DeMille über den Weg. Der nahm die aparte Russin im Sportwagen mit und brachte sie im Skriptbüro unter, denn Ayn Rand hatte die ersten Monate auf dem neuen Kontinent mit dem Verfassen von Drehbüchern verbracht - auf Englisch, versteht sich. Auch der DeMille-Schauspieler Frank O’Connor, in dem sie den idealen Ehemann gewahrte, hatte ihren Wünschen nicht viel entgegenzusetzen. Als beide anlässlich der Verfilmung ihres Romans „The Fountainhead“ nach Kalifornien zurückkehrten, ermöglichten es ihnen die Tantiemen, die modernistische Ranch Josephs von Sternberg und Marlene Dietrichs zu übernehmen.

    Egoismus als Königsweg

    Ayn Rand war der lebende Beweis für ihre Überzeugung, dass der Mensch sich nur ein Ziel setzen musste, um es zu erreichen. Sie zeigte nicht die geringste Toleranz für Unentschiedenheit, Anspruchsdenken oder Bittstellertum. Entsprechend allergisch reagierte sie auf staatliche Regulierung und Interventionen. Sie verfasste Streitschriften gegen Roosevelts New Deal, legte sich mit der amerikanischen Linken an, trat vor dem McCarthy-Ausschuss auf und machte ihre Romane zu epischen Feldzügen gegen einen christlich geprägten Humanismus, der die Menschheit als schwach, unterdrückt und bedürftig darstellte. Altruismus galt ihr als Zwang, für andere zu leben, während Egoismus für sie den Königsweg zum Gemeinwohl darstellte.

    Ihre literarischen Helden sind durchweg Einzelkämpfer, Erfinder, Staats- und Unternehmensgründer. Jedes Individuum hatte ihrer Überzeugung nach sein eigenes Handlungsgesetz, das sich aus seinen Begabungen, Träumen und den Strategien ergab, die es zu ihrer Verwirklichung verfolgte. Ausgerechnet ihrer diabolischsten Romanfigur, dem Journalisten Ellsworth Toohey, legte sie in „The Fountainhead“ den schönen Ausdruck vom „Stil der Seele“ in den Mund. „Wir leben im Geiste“, erläutert Tooheys Gegenspieler, der Architekt Howard Roark, „die Existenz ist der Versuch, dieses Leben in physische Realität zu überführen. Jede Form des Glücks ist privat. Unsere größten Augenblicke sind persönlicher Natur, selbstmotiviert, unberührbar. Vor der promiskuitiven Menge verbergen wir die Dinge, die uns heilig oder kostbar sind.“ Doch Toohey weiß, dass sich die Seele brechen lässt: „Sorge dafür, dass der Mensch sich klein fühlt. Flöße ihm Schuldgefühle ein. Töte seine Hoffnungen und seine Integrität. Wenn seine Seele den Respekt vor sich selbst verliert, hast du ihn in der Hand. Die Natur lässt kein Vakuum zu. Nimm der Seele ihren Inhalt - und du kannst sie nach Belieben füllen.“

    Eine heile Seele kann Tooheys Verlagschef Gail Wynand an ihren Reflexen ablesen. Das Kollektivregime, das in „Fountainhead“ Amerika im Griff hat, charakterisiert er durch die Vorliebe seiner Protagonisten, sich - in direktem Widerspruch zu Kants Lehre vom Erhabenen - ihrer Winzigkeit zu brüsten: „Es ist, als würden sie schmatzen vor Stolz, weil ihr Bestes angesichts der brutalen Gewalt eines Erdbebens zu Staub zerfällt.“

    Die Autorin der Finanzkrise

    „The Fountainhead“ ist mit seinem vielschichtigen Plot, den ziselierten Dialogen, dramatischen Milieus und einer an den großen Romanen des neunzehnten Jahrhunderts geschulten Spannungskurve ihr bestes Buch. Doch es ist ihr letzter Roman „Atlas Shrugged“, der seit Beginn der Finanzkrise derart reißenden Absatz findet, dass die amerikanische Kolumnistin Amity Shlaes von einem politischen Harry-Potter-Phänomen sprechen konnte. Das Buch schaffte es auch in die mit Kultstatus belegte aktuelle Fernsehserie „Mad Men“, die in den frühen sechziger Jahren in einer New Yorker Werbeagentur spielt. Der Kopf der Agentur übergibt seinem kreativsten Mitarbeiter einen Bonusscheck und zieht dazu „Atlas Shrugged“ aus dem Regal: „Sie sind ein fleißiger und vernünftiger Mensch“, lässt er ihn wissen, „und alles in allem völlig egoistisch. Das ist Ihre Stärke. Wir sind anders. Unsentimental hinsichtlich der Menschen, die von unserer harten Arbeit abhängen. Nehmen Sie Einsneunundneunzig von den 25.000 und kaufen Sie sich ein Exemplar.“

    Es mag die Minderheit sein, so legt es Ayn Rands Roman nahe, die ihre naturgegebene geistige Unabhängigkeit und Handlungsautonomie in Anspruch nimmt, doch es ist die Mehrheit, die dabei gewinnt: Eine Gesellschaft von Genies könnte ohne den Rest der Menschheit überleben, doch umgekehrt gilt das nicht. Daher das instinktive Bedürfnis, sich den Besten anzuschließen: „Ein Überlebensgesetz, oder?“ Doch was, wenn dieser Instinkt korrumpiert und der Zusammenhang zwischen Gemeinwohl und den Leistungen bedeutender Einzelner durch einen populistischen Staat verwischt wurde?

    Schon in „We the Living“ zeichneten sich die Helden durch die in Kants Sinn erhabene Freiheit aus, sich unter Absehung von Selbsterhaltungsinteressen gegen das egalitäre Kollektiv zu behaupten. Dass diese Haltung sie dann in eine gerade Ayn Rand verhasste Märtyrerrolle zwingt, ist eine Aporie, für die sie in „Atlas“ eine verblüffende, geradezu kindlich radikale Lösung fand: Sie lässt Amerikas Elite geschlossen in den Streik treten und tatenlos zusehen, wie das Land langsam zerfällt. Diesen Zusammenbruch malt ihr Roman in allen Einzelheiten aus. Seine Überzeugungskraft gewinnt er dadurch, dass er der Simulation eines großen Rechnergehirns gleicht.

    Was diesem Werk an epischem Zauber abgeht, gewinnt es an Katastrophenthrill hinzu. Europa ist längst zur Volksrepublik geworden, die Raubbau an den Resten der Privatwirtschaft treibt. In den Vereinigten Staaten sorgt derweil ein von Lobbyisten, Interessengruppen und linken Intellektuellen ersonnenes Dekret für lückenlose Verstaatlichung, Einführung der Planwirtschaft, Ausschaltung des Wettbewerbs und strenge Zensur. Das Mittelalter ist zurückgekehrt, plündernde Horden ziehen durchs Land, die Provinz verödet, und in den großen Städten tobt der Bürgerkrieg. Bevor die Rohstoffe versiegen und die Verkehrswege darnieder liegen, sind es die Ingenieure, Tüftler und alltäglichen Problemlöser, die ihren Dienst aufkündigen. So entschärft Ayn Rand, eine Schülerin Nietzsches, den wachsenden Verdacht, es sei ihr nur um eine Handvoll von Übermenschen zu tun.

    Verstand und Moral

    Doch im trotzigen Versuch, eine konsistente philosophische Fabel zu entwerfen, verschloss sich ihr Denken immer mehr der Empathie. Ihren gutmütigen, aber hilflosen und ideologisch verwirrten Verlierergestalten wirft der Roman am Ende einzig und allein vor, dass sie der Demagogie des Anspruchsdenkens auf den Leim gegangen sind und sich nicht durch eigene Kraft aus ihrer Unmündigkeit befreiten, dass sie, kurz gesagt, nicht Ayn Rands Schlüsse aus ihrer Situation zu ziehen wussten.

    Im Rückgriff auf Aristoteles definierte sie den Menschen nicht durch seine Triebe, sondern durch seinen Verstand. Daraus ergab sich ein Anspruch für sein ethisches Verhalten: „Das moralische Vermögen ist nicht unabhängig vom Denkvermögen, sondern direkt damit verbunden und aus ihm folgend.“ Doch im Interesse lupenreiner Logik kam ihr literarisches Plädoyer für den Laissez-faire-Liberalismus nicht ohne atavistische Zweiteilung der Menschheit in schaffende und konsumierende Individuen aus. Sofern jene durch diese nicht ersetzt werden können, ist deren Rechtsposition für Rand nicht verhandelbar und unangreifbar. Was „Atlas“ entwirft, ist ein passiver Belagerungszustand, bei dem die Feinde der Festung Amerika nur verschwinden müssen, um sie auszuhungern. Bis dahin machen sie es sich in einem utopischen Hightech-Nest in den Rocky Mountains bequem, das ein ausgeklügelter Reflektorenschirm gegen Entdeckung feit.

    In diesem an Huxleys „Schöne neue Welt“ erinnernden Bergidyll geht es so paternalistisch und konfliktarm zu wie in Ayn Rands New Yorker Institut. Man sehnt sich nach den messerscharfen Kontroversen, die „The Fountainhead“ zum wichtigen Ideenroman der vierziger Jahre machten. Zu schwer zu zügelnder Bestform läuft sie auf, wenn sie die Akteure der öffentlichen Meinungsbildung im Stile von Dostojewskis Großinquisitor porträtiert. Charaktere wie Toohey sind bei ihr die wahren Autokraten. Überzeugt, dass man der Menge die Freiheit nicht zumuten kann, nutzen sie ihren Einfluss, um sie zu einem Instrument im Kampf gegen die Kräfte des Fortschritts zu machen. Wie bei Dostojewski handelt es sich auch bei Ayn Rand um herausragende Intelligenzen, die ihre Begabung aus Mangel an Originalität planmäßig ins Destruktive wenden. Auch an der neueren Kunst des Interessanten wetzte sich Rands parodistischer Furor; nichts war ihr so zuwider wie Experimente im Geiste Dadas oder Gertrude Steins, Unverständliches, Banales, Burleskes, Obszönes, Sinnvernebelung in allen Formen.

    Philosophische K.o.-Kämpferin

    Obwohl sie die Architektur der Moderne mit wehenden Fahnen unterstützte, blieb ihr eigener Kunstbegriff klassizistisch geprägt. Ihre Werke treten mit dem philosophischen Anspruch auf, Welt und geschichtliche Kräfte umfassend zu deuten. Nicht umsonst hatte sie zunächst auf dem Theater Erfolg. Ihr Talent ist dramatisch, auch in den Romanen treten archetypische Prinzipien gegeneinander an. Weil sie trotz ihres scharfen Verstandes aber am Ende eine nicht philosophisch, sondern mathematisch verfahrende Rechthaberin blieb, die in dialektischen Konstellationen der Synthese das K.o. durch Punktsieg vorzog, bevorzugte sie in späteren Jahren die epische Form, die nur einen Helden zulässt. Das Opus magnum, in dem sich Kommunismus und Kapitalismus aneinander abarbeiten, wurde von ihr nicht geschrieben, obwohl sie durch ihre Erfahrung auf beiden Seiten dazu prädestiniert schien.

    Seit eine von der Bankenkrise aufgeheizte Stimmung erneut gegen den Kapitalismus aufbraust, haben auch Ayn Rands Argumente wieder Oberwasser. Ihre Popularität in rechten Kreisen hängt damit zusammen, dass sie nicht nur in die Zukunft schaute, sondern in ihren Streitschriften auch die Vergangenheit deutete. Die Wurzeln dessen, was Amity Shlaes den „Staatskapitalismus des Jahres 2009“ nennt, entdeckte Ayn Rand im „Sherman Act“ von 1890, „einem lächerlichen Flickwerk von undurchsichtigen, unfairen Gesetzen, das amerikanische Unternehmen drangsaliert, zur Ader lässt und sogar erpresst“. Ein besonderer Dorn im Auge war ihr die Aufhebung des Goldstandards: Papier, doziert einer ihrer Helden, „ist eine Hypothek auf Werte, die nicht existieren, assistiert von einem Gewehr im Rücken derer, auf deren Produktivität man sich verlässt. Papier ist ein Scheck, den legalisierte Vandalen sich auf ein Konto ausstellen, das ihnen nicht gehört. Machen Sie sich auf den Tag gefasst, an dem der Scheck mit dem Verweis platzt: Konto überzogen.“

    Greenspans Folgerungen

    In einem Essay von 1966 kam Alan Greenspan angesichts der Finanzkrise von 1929 zu dem Ergebnis, dass die Spekulationsblase vom unmäßigen Papiergeldfluss kreiert wurde, den die Federal Reserve 1927 in die Banken pumpte. Als daraufhin die britische Regierung mit der gänzlichen Aufgabe des Goldstandards voranging, löste sie den weltweiten Bankencrash aus. Er wäre, wie Greenspan glaubt, zu vermeiden gewesen, hätten die Wohlfahrtsstaat-Advokaten aller Länder nicht ihre historische Chance gewittert. Denn solange der Goldstandard herrschte, waren sie gezwungen, den Machterhalt durch unpopuläre Steuern aufs Spiel zu setzen. Also lösten sie sich vom Gold und erzeugten einen Rausch der Machbarkeit auf Kosten privater Sparer: „Seines akademischen Jargons entkleidet, ist der Wohlfahrtsstaat nichts weiter als ein Mechanismus, durch den Regierungen den Besitz der produktiven Mitglieder einer Gesellschaft beschlagnahmen und einer breiten Palette von Wohlfahrtszwecken zuführen.“

    Indem Greenspan das „schäbige Geheimnis“ der damaligen Regierung benennt, legt er auch den Finger auf eine der Ursachen der heutigen Krise: „Die Aufgabe des Goldstandards erlaubte es den Wohlfahrtsstaatlern, das Bankensystem als Instrument zur unbegrenzten Kreditvergabe zu gebrauchen. Ohne Goldstandard gibt es keine Möglichkeit, Ersparnisse vor der Konfiszierung durch Inflation zu bewahren.“

    Sätze wie diese machen Greenspan zur enigmatischsten Figur der Bankenkrise. Er war es, der nach dem 11. September den Leitzins auf ein Prozent herabsetzte und mit der dann zwingend folgenden Kreditschwemme den Immobilienboom auslöste: ein Konsum-Mekka auf Pump. Nicht nur hatten die Sparer nichts von ihrem Vermögen, sie waren auch die künftigen Leidtragenden der auf Taubenfüßen nahenden Inflation. Gelockerte Richtlinien sorgten dafür, dass der Eigenkapitalquotient der Banken im Verhältnis zu ihren Schulden auf 1:30 gesenkt wurde. Die finanziellen Garantien, die es den Banken möglich machten, über ihre Verhältnisse zu leihen, übernahm der Staat. Diese Großzügigkeit schlug vor zwei Jahren in Form von 700 Milliarden Dollar zu Buche, mit denen die Zentralbank die faulen Immobilienkredite aufkaufte. Diese nur von einer hypothetischen Zukunft gedeckte Summe bedeutet de facto eine immense Verringerung des aktuellen Dollarwerts. Der steigende Goldpreis gibt eine Vorstellung von der historischen Entwertung der amerikanischen Währung: Heute zahlt man 1220 Dollar für eine Unze Gold, bis ins zwanzigste Jahrhundert waren es rund 20 Dollar, weniger als zwei Prozent des heutigen Kurses.

    Modell für einen Systemwechsel

    All dies hat nicht nur mit dem Rätsel Greenspan, sondern auch eine Menge mit den von Ayn Rand vorausgesagten Entwicklungen zu tun. Finanzielle Rücklagen stärken die von ihr propagierte Unabhängigkeit des Individuums, machen es frei von politischen Eingriffen und nach eigenen Vorstellungen handlungsfähig. In diesem Sinne müsste Ayn Rand ganz oben auf der Leseliste der autonomen Szene stehen. Denn durch die finanzpolitische Zentralisierung verschiebt sich die persönliche Verantwortung von unten nach oben. Der Zwang, der dann zur Stabilisierung der Verhältnisse nötig wird, verstärkt die Gewaltbereitschaft im Ganzen. Ayn Rand war sich darüber im Klaren, dass ihr Modell, wenn nicht auf einen Systemwechsel, dann auf die Abschaffung des Systems als solchem hinauslief. Entspricht es doch der tief implementierten Struktur der Moderne, Verantwortung an Systeme zu delegieren, deren Entscheidungsträger die Folgen ihres Handelns nicht mitzutragen haben.

    Wie also konnte Alan Greenspan, der sich noch kürzlich in einem Fernsehinterview zu seiner Lehrerin Ayn Rand bekannte, die zynische Spirale der Dollarentwertung mitbedienen und heraufbeschwören, was er selbst einen Finanz-Tsunami nannte? Fehlte ihm das Rückgrat, angesichts der eklatanten Verletzung seiner Prinzipien zurückzutreten, oder hielt er die Papiergeldflut für das geringere Übel? Bei der Anhörung im Kongress Anfang April gab er gewunden zu, dass die Leitzinssenkung 2003 ohne seine Zustimmung und auf politischen Druck hin erfolgt war.

    Bei dem unentwirrbaren Gespinst der Vorwürfe, die seit September 2008 kursieren, geht es auch um eine Schuld, die zu schmerzhaft ist, um offen benannt zu werden. Das 1977 vom amerikanischen Kongress verabschiedete Antidiskriminierungsgesetz („Community Reinvestment Act“) verpflichtete Banken, Kredite auch in Stadtbezirken zu vergeben, die ihren bisherigen Vergabestandards nicht entsprachen. Der Dokumentarfilmer Peter Krieg wies darauf hin, dass ein weiteres Gesetz von 1991 den „Vergleich von Kreditverträgen nach Rassenzugehörigkeit ermöglichte - mit dem erwartbaren Ergebnis, dass die Banken offenbar proportional mehr Kredite an Weiße als an Schwarze vergaben.

    Dies interpretierte die Politik als Ungerechtigkeit seitens der Banken, die umgehend durch öffentlichen Druck, noch mehr ,antidiskriminierende’ Vorschriften und Lockerung des Standards für Kreditvergaben korrigiert werden musste. Wer sich dennoch an seriöse und bewährte Kreditstandards hielt, dem drohten Gesetzgeber und Zentralbanken hohe Geldstrafen an.“ Die regierungseigenen Banken Fannie Mae und Freddy Mac gaben das Tempo vor, mit dem sich durch Verpackung von faulen Krediten Profite erwirtschaften ließen. Wie bekannt, wurde die sich abzeichnende Pleite über Immobilienjunkbonds global verteilt, deren fahrlässig positive Bewertung die Regierung duldete.

    Ein-Frau-Religion

    Am Ursprung dieser Spirale steht mit dem Antidiskriminierungsgesetz die Verantwortungsübernahme für eine Schuld, die Amerika gegenüber dem schwarzen Teil seiner Bevölkerung auf sich geladen hat. Schon der „Equal Credit Opportunity Act“ von 1974 gründete auf dem Optimismus, dass die Subventionierung eines chancenarmen Bevölkerungsteils ein Mehr an Produktivität bewirken würde, das die Überziehung der Reserven auf lange Sicht ausgleichen musste. Doch diese Hoffnung hat sich nicht erfüllt.

    Ayn Rand wollte von Erbschuld nichts wissen, weder in historischer noch in theologischer Hinsicht. Ausdrücklich auf Schwarze zielende Fördermaßnahmen tat sie als legalen Rassismus ab, so wie sie der Frauenbewegung vorwarf, sich als neue unterdrückte Klasse zu erfinden. Ayn Rand lebte eine Ein-Frau-Religion; ihr Aufstieg aus den Hungerhöhlen Leningrads zum Star der amerikanischen Popularphilosophie stählte sie gegen das Argument, nur finanzielle Sicherheit mache ein glückliches und selbstbestimmtes Leben möglich. Umgekehrt wurde sie nicht müde, durch literarische Fabeln zu „beweisen“, dass nur individuelle Autonomie finanzielle Sicherheit bewirken kann. Dass sich ein intellektuell nicht haltbarer Optimismus nicht nur in der Unlogik, sondern, mit Nietzsches Worten, auch im Wesen der Logik verbirgt, hat Ayn Rand sich nie eingestanden. Wie das Zarenreich von seiner Feudalschuld wurde Amerika von seiner kollektiven Verschuldung eingeholt. Es steht nicht in der Macht des Individuums, sie abzulehnen. Diese Wahrheit war es, die Ayn Rand ein Leben lang bekämpfte.

    Le système qu’elle dôlatait la ruina. A la fin de sa vie elle fut obligée de demander de l’ade sociale

    https://de.m.wikipedia.org/wiki/Ayn_Rand

    Rand war eine langjährige Raucherin und musste sich 1974 wegen Lungenkrebs operieren lassen.[6] Sie ließ sich 1976 trotz eigener starker Bedenken von der Sozialarbeiterin ihres Anwalts für Leistungen aus der staatlichen Sozialversicherung und der bundesstaatlichen Krankenversicherung (Medicare-Programm) anmelden. Die Leistungen erhielt sie auf den Namen Ann O’Connor

    Ce n’est pas le gouvernement états-unien qui contrôle les banques à travers la Fed. MaisCe sont les banques qui dominent le gouvernement.
    https://en.m.wikipedia.org/wiki/Federal_Reserve

    The Federal Reserve System has a “unique structure that is both public and private” and is described as “independent within the government” rather than “independent of government”. The System does not require public funding, and derives its authority and purpose from the Federal Reserve Act, which was passed by Congress in 1913 and is subject to Congressional modification or repeal. The four main components of the Federal Reserve System are (1) the board of governors, (2) the Federal Open Market Committee, (3) the twelve regional Federal Reserve Banks, and (4) the member banks throughout the country.

    #Übermensch #surhomme #capitalisme #objectivsme #USA #élitisme

  • Glenn Diesen : Biden vs Trump has profound implications for the world order
    https://www.rt.com/news/592085-biden-vs-trump-world-order

    Quelques idées sur la différence entre les candidats à la présidence états-unienne et leurs différentes stratégies pour gérer l’empire américain.

    8.2.2024 by Glenn Diesen, Professor at the University of South-Eastern Norway and an editor at the Russia in Global Affairs journal.

    The result of the clash of the American political giants will reverberate around the globe for decades

    The world is watching the US presidential election closely as it will have significant implications for global governance. President Joe Biden and former leader Donald Trump have very different views on how the world order should be governed and how the US should respond to its relative decline.

    Biden wants to restore unipolarity with ideological economic and military blocs, strengthening the loyalty of allies and marginalizing adversaries. Trump has a more pragmatic approach. He believes the alliance system is too costly and limits diplomatic room for maneuver.

    Since World War II, the US has enjoyed a privileged position in the key institutions of global governance. The Bretton Woods format and NATO ensured its economic and military dominance within the West. After the collapse of the Soviet Union, the Americans sought to extend their liberal hegemony around the globe.

    They developed a security strategy based on global superiority and an expanded NATO. Washington assumed that its dominance would mitigate international anarchy and great power rivalry, and that liberal trade agreements would strengthen the US’ position at the top of global value chains. The replacement of international law with a ‘rules-based international order’ – in effect, sovereign inequality – was supposed to promote American hegemony and enhance the role of liberal democratic values.

    However, unipolarity has proven to be a temporary phenomenon because it depends on the absence of rivals and values are devalued as instruments of power politics. The US has predictably exhausted its resources and the legitimacy of its hegemony, and competing powers have collectively counterbalanced Washington’s hegemonic ambitions by diversifying economic relations, staging retaliatory military operations, and developing new regional institutions of global governance.

    The Cold War was a unique period in history because the West’s communist adversaries were largely disconnected from international markets, and military confrontation strengthened alliance solidarity to the extent that it mitigated economic rivalry between the capitalist allies. After the Cold War, however, the former communist powers, China and Russia, gained experience in managing economic processes, and submission to the US-led economic path lost its value for them.
    Kirill Babaev: Here’s why the result of Taiwan’s election is bad news for the US

    The system of alliances has also begun to decline. The US previously was willing to subsidize European security in exchange for political influence. But Washington shifted its strategic focus to Asia, demanding that its European allies show geo-economic loyalty and not develop independent economic relations with rivals China and Russia. Meanwhile, the Europeans sought to use collective bargaining mechanisms through the European Union to establish autonomy and an equal partnership with the United States.

    It is now clear that the unipolar moment has come to an end. The US military, exhausted by failed wars against weak opponents, is preparing for a conflict against Russia and China and a regional war in the Middle East.

    The ‘rules-based international order’ is openly rejected by other major powers. US economic coercion to prevent the emergence of new centers of power only encourages separation from US technology, industry, transport corridors, banks, payment systems, and the dollar.

    The US economy is struggling with unsustainable debt and inflation, while socio-economic decline is fueling political polarization and instability. Against this backdrop, Americans could elect a new president who will seek fresh solutions for global governance.
    Biden’s global governance: Ideology and bloc politics

    Biden wants to restore US global dominance by reviving the Cold War system of alliances that divided the world into dependent allies and weakened adversaries. It pits Europe against Russia, Arab states against Iran, India against China, and so on. Inclusive international institutions of global governance are being weakened and replaced by confrontational economic and military blocs.

    Biden’s bloc politics is legitimized by simplistic heuristics. The complexity of the world is reduced to an ideological struggle between liberal democracies and authoritarian states. Ideological rhetoric means demanding geo-economic loyalty from the ‘free world’ while promoting overly aggressive and undiplomatic language. Thus, Vladimir Putin and Xi Jinping are smeared as ‘dictators’.
    Strategic gush: Why India’s investment in Russian hydrocarbons is win-win

    Multilateralism is welcome to the extent that it reinforces US leadership. Biden is less hostile to the UN and the EU than his predecessor, and under his administration, the US has rejoined the World Health Organization and the Paris climate agreement. But Biden has not revisited the Iran nuclear deal or reduced economic pressure on China to change its supply chains. The institutions that could constrain the US – the International Criminal Court (ICC) and the International Court of Justice (ICJ) – are not favored by either Biden or Trump.

    The deteriorating socio-economic and political situation in the US will also affect Biden’s approach to global governance. Biden will remain reluctant to enter into new ambitious trade agreements as the losers of globalization and neo-liberal economics within the US move into the camp of the populist opposition. Nor will he favor free trade agreements in areas where China has a technological and industrial advantage, and his attempts to cut European states off from Russian energy and Chinese technology will further fragment the world into competing economic blocs.

    Western Europe will continue to weaken and become more dependent on the US, to the point where it will have to give up any claim to ‘strategic autonomy’ and ‘European sovereignty’.

    Biden has also shown a willingness to disrupt allied country’s industries through initiatives such as the US Inflation Reduction Act.
    Trump’s global governance: ‘America First’ and great power pragmatism

    Trump seeks to restore American greatness by reducing the costs of alliance systems and hegemony. He sees alliances against strategic rivals as undesirable if they involve a transfer of relative economic power to allies. Trump believes that NATO is an “obsolete” relic of the Cold War because Western Europeans should contribute more to their own security. In his view, the US should perhaps reduce its presence in the Middle East and allies should pay America for their security in some way. Economic agreements such as the North American Free Trade Agreement and the Trans-Pacific Partnership would have promoted US leadership, but under Trump, they have been abandoned because of the transfer of economic benefits to allies. Trump does not reject US imperialism, but wants to make it sustainable by ensuring a higher return on investment.

    Less tied to the alliance system and unencumbered by ideological dogma, Trump can take a more pragmatic approach to other great powers. Trump is able to make political deals with adversaries, use friendly and diplomatic language when talking to Putin and Xi, and even perhaps make a diplomatic visit to North Korea. While Biden’s division of the world into liberal democracies and authoritarian states makes Russia an adversary, Trump’s view of the world as nationalists/patriots versus cosmopolitans/globalists makes Russia a potential ally. This ideological view complements the pragmatic consideration of not pushing Russia into the arms of China, the main rival of the US.
    Fyodor Lukyanov: EU citizens worry about living standards while their elites are obsessed with Ukraine

    Global governance will be utilitarian in this case, and the main goal of the US will be to regain a competitive advantage over China. Trump is fundamentally inclined to blame China excessively for America’s economic problems. Economic pressure on China is intended to restore US technological/industrial dominance and protect domestic jobs. Economic nationalist ideas reflect the ideas of the 19th-century American system, where economic policy is based on fair trade rather than free trade. Trump appears to view the entire post-Cold War security system in Europe as a costly attempt to subsidize Western Europe’s declining importance. These same Europeans have antagonized Russia and pushed it into the arms of China. Trump’s unclear stance on NATO has even prompted Congress to pass a bill prohibiting presidents from unilaterally deciding whether to withdraw the US from NATO.

    While Trump is in favor of improving relations with Russia, his presidency would be unlikely to achieve this goal.

    The US can be seen as an irrational actor to the extent that it allows domestic political battles to influence its foreign policy. In 2016, Hillary Clinton’s campaign staff fabricated the Steele dossier and Russiagate to portray Trump as a Kremlin agent. In the 2020 election, Biden’s campaign staff attempted to portray the Hunter Biden laptop scandal as a Russian disinformation campaign and accused Russia of paying bribes to kill US troops in Afghanistan. These false accusations were designed to distract the public and make Trump look weak on Russia. All of this ultimately soured relations with Russia and even contributed to the current conflict in Ukraine.

    Both Biden and Trump seek to reverse the relative decline of the US in the world, but the difference in their approaches will have a profound impact on global governance. While Biden seeks to restore US greatness through systems of ideological alliances that will fragment global governance into regional blocs, Trump will seek to withdraw from the institutions of global governance because they drain US resources and impede pragmatic policies.

    #USA #politique #impérialisme

  • La version française intégrale de l’interview de Vladimir Poutine par Tucker Carlson

    https://www.youtube.com/watch?&v=Mis5nZ_ESj8

    Source : Librairie tropique https://www.librairie-tropiques.fr/2024/02/poutine-parle-au-monde-libre.html

    La version originale (en Anglais) sur le site de Tucker Carlson

    https://tuckercarlson.com/the-vladimir-putin-interview

    Timestamp Headline
    00:00:00 Introduction

    00:02:00 Putin gives a history of Russia & Ukraine

    00:25:04 NATO Expansion

    00:30:40 NATO & Bill Clinton

    00:41:10 Ukraine

    00:48:30 What triggered this conflict?

    01:02:37 A peaceful solution?

    01:11:33 Who blew up the Nord Stream pipelines?

    01:24:13 Re-establishing communication with the US

    01:36:33 How powerful is Zelensky?

    01:48:36 Elon Musk & AI

    01:51:07 Imprisoned American journalist Evan Gershkovich

    #Russie #otan #nato #Ukraine #Histoire #usa #ue #interview #journalisme #géopolitque

  • Sur Tik-Tok, point de passage du Mexique aux USA, sert aux Chinois.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4574

    Des chiffres des médias attestent que 25% des migrants arrivants aux USA sont de Chine, à raison de 200 000 personnes arrivées avant la COVID-19. Puis la chute de 150 000 en 2020 et 100 000 en 2021, la trêve continua en 2022. Une reprise remarquée en 2023 dont le bilan reste à dresser. Mais les aventuriers qui pénètrent s’adonnent des tuyaux du lieu par où passer, comme fut avec cette transition partagée sur Tik-Tok... diplomatie, présence, officiels, relations, échanges, politique internationale, rapports,

    / #diplomatie,_sécurité,_commerce,_économie_mondiale, Chine, réforme, développement, environnement, Asie, , #crise,_capitalisme,_économie,_justice,_Bourse, #USA,_Maison_Blanche,_CIA, #Immigration_-_émigrants_-_réfugiés_-_déplacés, économie , #Data_-_Données, Internet, Web, cyber-démocratie, (...)

    #diplomatie,présence,_officiels,_relations,_échanges,_politique_internationale,_rapports, #Chine,_réforme,_développement,_environnement,_Asie, #économie_ #Internet,_Web,_cyber-démocratie,_communication,_société,_médias

  • Report: Arlington’s first guaranteed income pilot boosted quality of life for poorest residents

    –—

    En résumé:
    Employment INCREASED by 16%, and their incomes from paid work INCREASED by 37%. The control group saw no such gains.
    https://hachyderm.io/@scottsantens/111890582659889973

    –—

    Results from Arlington’s first guaranteed income pilot reveal that an additional $500 per month significantly enhanced the quality of life for impoverished families.

    Parents with children under 18, earning less than $46,600 annually, reported that the additional $500 monthly helped them obtain better-paying jobs, address basic needs and improve their overall well-being, according to a new report by the Arlington Community Foundation (ACF), the local nonprofit that oversaw the pilot.

    Moreover, the monthly payments enabled individuals to invest in certifications and educational advancement and tackle their medical bills, credit card debt and student loans.

    Between September 2021 and last December, ACF provided the monthly stipend to families earning 30% of the area median income so they could continue living in Arlington, which is known for having some of the highest living costs in the nation.

    The pilot sought to challenge the stigma associated with guaranteed income, which grants a minimum income to those who do not earn enough to support themselves. It drew inspiration from similar programs in Stockton, California, and Jackson, Mississippi.

    In the long term, Arlington’s Guarantee is meant to persuade state and federal lawmakers to implement some form of guaranteed income. This is not to be confused with universal basic income, another touted policy reform that guarantees income to people regardless of their eligibility for government assistance or their ability to work.

    Findings from the pilot come on the heels of a separate report, which found that more than half of families living in South Arlington cannot afford basic food, housing, medical and childcare expenses, compared to just 15% of families in North Arlington. ACF noted that most guaranteed income pilot participants reside in South Arlington.

    While private donations and philanthropy fully funded the $2 million program, Arlington County’s Department of Human Services (DHS) helped select, track and evaluate participants.

    DHS randomly chose 200 households to receive $500 a month and created a control group with similar demographics and income levels, which did not receive stipends, to compare the results. Most (53%) of participants identified as Black or African-American, followed by people who identify as white (23%). Thirty percent identified as Hispanic or Latino and 70% as non-Hispanic.

    With the extra $500 a month, most participants reported putting the money toward groceries, paying bills, buying household essentials, rent and miscellaneous expenses including car repairs.

    Individuals who received the stipend reported increasing their monthly income by 36%, from $1,200 to $1,640, compared to the control group, whose income only rose 9%. ACF says the extra cash gave participants breathing room to make investments that could improve their job prospects.

    “Rather than working overtime or multiple jobs to meet basic needs, some participants reported using the time to pursue credentials… that could lead to a higher-paying job or starting their own business,” ACF said. “Other participants indicated that Arlington’s Guarantee helped them pursue better-paying jobs by allowing them to purchase interview clothes or cover the gap between their old and new jobs.”

    By the end of the study, nearly three-quarters of participants who received a guaranteed income reported improved mental and physical well-being and an increased sense of control, compared to the control group.

    “It’s a mental thing for me. Just the fact that I knew that I had an income coming, it helped me not have panic attacks,” said one participant. “I knew I could have food for the kids and pay the bills. It allowed me to use my time to be wise about money and not stressed about money.”

    Still, most participants reported they still could not cover an unexpected $400 expense from their savings and said they would need to borrow money, get a loan or sell their belongings in case of an emergency. Income, food and housing insecurity were most acute among undocumented immigrants and those who were once incarcerated.

    Arlington County is not the only locality in Northern Virginia experimenting with a guaranteed income program. Last year, Fairfax County also supported a guaranteed income pilot, offering a monthly stipend of $750 to 180 eligible families over 15 months.

    Although the Arlington County Board signed a resolution imploring state and federal lawmakers to implement a guaranteed income program, neither it nor Fairfax County has indicated that a permanent version of these programs would be implemented locally.

    Meanwhile, ACF said it has been engaging state lawmakers about the prospect of restoring the child tax credit, which expired in 2021, to help raise families out of poverty.

    “This expanded federal CTC in 2021 was a game changer: it reduced child poverty by 46% by lifting 3.7 million children out of poverty before it was allowed to lapse in 2022,” the report said. “This was effectively a trial of guaranteed income policy by the federal government.”

    The U.S. House of Representatives recently passed legislation to expand this credit, which has headed to the Senate for a vote. The tax credit offers a break of up to $2,000 per child, with potentially $1,600 of that being refundable. If signed into law, it would incrementally raise the tax credit amount of $100 annually through 2025.

    Democrats in the Virginia General Assembly, meanwhile, have proposed establishing a child tax credit that would extend until 2029. A House of Delegates subcommittee voted yesterday to delay consideration of the bill until next year.

    https://www.arlnow.com/2024/02/06/report-arlingtons-first-guaranteed-income-pilot-boosted-quality-of-life-for-

    #rdb #revenu_de_base #revenu_garanti #qualité_de_vie #réduction_de_la_pauvreté #travail #Arlington #USA #Etats-Unis #statistiques #chiffres

  • Cadences, sous-traitance, pression… quand le travail tue

    « Morts au travail : l’hécatombe. » Deux personnes meurent chaque jour, en moyenne, dans un accident dans le cadre de leur emploi. Ce chiffre, sous estimé, qui n’intègre pas les suicides ou les maladies, illustre un problème systémique

    « J’ai appris la mort de mon frère sur Facebook : la radio locale avait publié un article disant qu’un homme d’une trentaine d’années était décédé près de la carrière, raconte Candice Carton. J’ai eu un mauvais pressentiment, j’ai appelé la gendarmerie, c’était bien lui… L’entreprise a attendu le lendemain pour joindre notre mère. » Son frère Cédric aurait été frappé par une pierre à la suite d’un tir de mine le 28 juillet 2021, dans une carrière à Wallers-en-Fagne (Nord). Il travaillait depuis dix-sept ans pour le Comptoir des calcaires et matériaux, filiale du groupe Colas.

    Deux ans et demi plus tard, rien ne permet de certifier les causes de la mort du mécanicien-soudeur de 41 ans. D’abord close, l’enquête de gendarmerie a été rouverte en septembre 2023 à la suite des conclusions de l’inspection du travail, qui a pointé la dizaine d’infractions dont est responsable l’entreprise. Cédric Carton n’avait pas le boîtier pour les travailleurs isolés, qui déclenche une alarme en cas de chute. « Ils l’ont retrouvé deux heures après, se souvient sa sœur. Le directeur de la carrière m’a dit que mon frère était en sécurité, et qu’il avait fait un malaise… alors qu’il avait un trou béant de 20 centimètres de profondeur de la gorge au thorax. » En quête de réponses, elle a voulu déposer plainte deux fois, chacune des deux refusée, multiplié les courriers au procureur, pris deux avocats… Sans avoir le fin mot de cette triste histoire.

    Que s’est-il passé ? Est-ce la « faute à pas de chance », les « risques du métier » ? Qui est responsable ? Chaque année, des centaines de familles sont confrontées à ces questions après la mort d’un proche dans un accident du travail (AT), c’est-à-dire survenu « par le fait ou à l’occasion du travail, quelle qu’en soit la cause ».

    « Un chauffeur routier a été retrouvé mort dans son camion », « Un ouvrier de 44 ans a été électrocuté », « Un homme meurt écrasé par une branche d’arbre », « Deux ouvriers roumains, un père et son fils, trouvent la mort sur un chantier à Istres [Bouches-du-Rhône] »… Le compte X de Matthieu Lépine, un professeur d’histoire-géographie, qui recense depuis 2019 les accidents dramatiques à partir des coupures de presse locale, illustre l’ampleur du phénomène. Vingt-huit ont été comptabilisés depuis janvier.

    En 2022, selon les derniers chiffres connus, 738 décès ont été recensés parmi les AT reconnus. Soit deux morts par jour. Un chiffre en hausse de 14 % sur un an, mais stable par rapport à 2019. Et, depuis une quinzaine d’années, il ne baisse plus. A cela s’ajoutent 286 accidents de trajet mortels (survenus entre le domicile et le lieu de travail) et 203 décès consécutifs à une maladie professionnelle.

    Et encore, ces statistiques sont loin de cerner l’ampleur du problème. La Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) ne couvre que les salariés du régime général et n’intègre donc ni la fonction publique, ni les agriculteurs, ni les marins-pêcheurs, la majorité des chefs d’entreprise ou les autoentrepreneurs. C’est ainsi qu’en 2022 la Mutualité sociale agricole (MSA) a dénombré 151 accidents mortels dans le secteur des travaux agricoles, 20 % de plus qu’en 2019.

    Pour disposer de chiffres plus complets, il faut se tourner vers la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail (Dares). Problème : sa dernière étude porte sur 2019… A cette époque, elle dénombrait 790 AT mortels chez les salariés affiliés au régime général ou à la MSA et les agents des fonctions publiques territoriale et hospitalière.

    Le secteur de la construction est celui où la fréquence des accidents mortels est la plus importante (le triple de la moyenne). Arrivent ensuite l’agriculture, la sylviculture et la pêche, le travail du bois et les transports-entreposage. Quatre-vingt-dix pour cent des victimes sont des hommes, et les ouvriers ont cinq fois plus de risques de perdre la vie que les cadres.

    Les accidents mortels sont deux fois plus fréquents chez les intérimaires. (...)
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/06/cadences-sous-traitance-pression-quand-le-travail-tue_6214988_3234.html

    https://justpaste.it/2ozrb

    #travail #accidents_du_travail #le_travail_tue

    • Accidents du travail : la lenteur de la justice pour faire reconnaître la responsabilité de l’employeur
      https://www.lemonde.fr/emploi/article/2024/02/06/morts-au-travail-la-douloureuse-lenteur-de-la-justice_6215011_1698637.html

      Les familles de victimes d’accidents mortels doivent parfois attendre des années avant de voir le bout de procédures judiciaires complexes.

      Pour ceux qui ont perdu un proche à la suite d’un accident du travail, la reconnaissance de la responsabilité de l’employeur est essentielle. Mais les procédures, d’ordre pénal ou civil, tournent parfois au parcours du combattant, voire s’étirent sur des années, ajoutant à la douleur des familles. Fabienne Bérard, du collectif Familles : stop à la mort au travail, cite l’exemple de Fanny Maquin, qui a perdu son mari cordiste, Vincent, il y a douze ans. Et qui n’est toujours pas passée en justice pour être indemnisée. « Comme souvent, il y a eu un grand nombre de renvois d’audience, explique-t-elle. L’avocat adverse met en avant que, depuis ce temps, elle a reconstruit une cellule familiale et que le préjudice ne peut pas être établi de la même manière… »

      Tout accident du travail mortel est suivi d’une enquête de l’inspection du travail (qui doit intervenir dans les douze heures), et de la gendarmerie ou de la police. Depuis 2019, les deux institutions peuvent mener une enquête en commun, mais c’est encore rare. Et souvent, l’enquête de l’inspection dure plusieurs mois, parce que les effectifs manquent pour mener à bien les constats immédiats, les auditions des témoins ou encore solliciter des documents auprès de l’entreprise.

      Ces investigations permettent de déterminer si la responsabilité pénale de l’employeur est engagée. Si les règles de santé et sécurité n’ont pas été respectées, l’inspection du travail en avise le procureur, qui est le seul à pouvoir ouvrir une procédure. « Dès lors, le parquet a trois possibilités, explique l’avocat Ralph Blindauer, qui accompagne souvent des familles. Soit l’affaire est classée sans suite, soit une information judiciaire avec juge d’instruction est ouverte, car le cas est jugé complexe, soit, le plus couramment, une ou plusieurs personnes sont citées à comparaître devant le tribunal correctionnel. »

      Un montant négligeable

      En cas de poursuite au pénal, l’employeur est fréquemment condamné pour homicide involontaire en tant que personne morale – ce qui est peu satisfaisant pour les victimes, et peu dissuasif. L’amende est en effet de 375 000 euros maximum, un montant négligeable pour un grand groupe. L’employeur est plus rarement condamné en tant que personne physique, car il est difficile d’identifier le responsable de la sécurité – la peine encourue est alors l’emprisonnement.

      Dans le cas d’une procédure au civil, la reconnaissance d’une « faute inexcusable » de l’employeur permet aux ayants droit (conjoints, enfants ou ascendants) d’obtenir la majoration de leur rente, ainsi que l’indemnisation de leur préjudice moral. La faute est caractérisée lorsque l’entreprise a exposé son salarié à un danger dont il avait, ou aurait dû, avoir conscience et qu’il n’a pas pris les mesures nécessaires pour l’en préserver.

      « Le nœud du sujet, c’est la conscience du danger, en particulier lors d’un malaise mortel, explique Morane Keim-Bagot, professeure de droit à l’université de Strasbourg. Les employeurs remettent en question le caractère professionnel de l’accident, en démontrant qu’il y a une cause étrangère exclusive. » Certains prétendent ainsi que la victime souffrait d’un problème cardiaque décelé au moment de l’autopsie, de surpoids, de stress ou de tabagisme.

      « Si vous tombez sur un inspecteur surchargé, un parquet qui s’y attelle moyennement, des gendarmes non spécialisés et débordés, les procédures durent facilement des années, sans compter les renvois d’audience fréquents, conclut Me Blindauer. La longueur très variable de ces affaires illustre aussi le manque de moyens de la #justice. »

      #responsabilité_de_l’employeur #inspection_du_travail #responsabilité_pénale

    • Entre déni des entreprises et manque de données, l’invisibilisation des suicides liés au travail

      https://www.lemonde.fr/emploi/article/2024/02/06/entre-deni-des-entreprises-et-manque-de-donnees-l-invisibilisation-des-suici

      Le manque de prise en compte du mal-être au travail renforce les risques d’accidents dramatiques.
      Par Anne Rodier

      « La dernière conversation que j’ai eue avec mon mari [Jean-Lou Cordelle] samedi 4 juin [2022] vers 22 heures concernait les dossiers en cours à son travail. Le lendemain matin, mon fils découvrait son père au bout d’une corde pendu dans le jardin », témoigne Christelle Cordelle dans la lettre adressée aux représentants du personnel d’Orange pour leur donner des précisions sur l’état psychologique de son mari avant son suicide, à l’âge de 51 ans, après des mois de surcharge de travail, d’alertes vaines à la hiérarchie et à la médecine du travail.

      Son acte, finalement reconnu comme « accident de service » – c’est ainsi que sont nommés les accidents du travail (#AT) des fonctionnaires –, n’est pas recensé dans le bilan annuel de la Sécurité sociale. Celui-ci ne tient pas, en effet, compte de la fonction publique, invisibilisant les actes désespérés des infirmières, des professeurs ou encore des policiers.

      L’Assurance-maladie parle d’une quarantaine de suicides-accidents du travail par an. Un chiffre stable, représentant 5 % du total des accidents du travail mortels, mais qui serait nettement sous-évalué. C’est entre vingt et trente fois plus, affirme l’Association d’aide aux victimes et aux organismes confrontés aux suicides et dépressions professionnelles (ASD-pro), qui l’évalue plutôt entre 800 et 1 300 chaque année, sur la base d’une étude épidémiologique sur les causes du suicide au travail réalisée fin 2021 par Santé publique France. https://www.santepubliquefrance.fr/recherche/#search=Suicide%20et%20activité%20professionnelle%20en%20France

      L’explosion des risques psychosociaux (RPS) en entreprise constatée étude après étude et par la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM : https://assurance-maladie.ameli.fr/etudes-et-donnees/2018-sante-travail-affections-psychiques) apporte de l’eau au moulin de l’ASD-pro : 1 814 maladies professionnelles relèvent de maladies psychiques, en augmentation régulière, note le rapport 2022. Quant au dernier baromètre du cabinet Empreinte humaine, publié en novembre 2023, il est sans équivoque : près d’un salarié sur deux (48 %) était en détresse psychologique en 2023.

      « Passage à l’acte brutal »

      La mécanique mortifère de la souffrance au travail est connue. « Les mécanismes à l’œuvre semblent être toujours liés : atteintes à la professionnalité et à l’identité professionnelle, perte de l’estime de soi, apparition d’un sentiment d’impuissance », explique Philippe Zawieja, psychosociologue au cabinet Almagora.
      Newsletter

      Tous les RPS ne conduisent pas au geste fatal. « Il y a moins de suicidés chez les #salariés que parmi les #chômeurs, et 90 % des suicides interviennent sur fond de problème psychiatrique antérieur », souligne M. Zawieja. Mais « il existe des actes suicidaires qui ne sont pas la conséquence d’un état dépressif antérieur, qui marquent un passage à l’acte brutal [raptus], lié à un élément déclencheur conjoncturel », indique l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) https://www.inrs.fr/risques/suicide-travail/ce-qu-il-faut-retenir.html. Comme ce fut le cas du management toxique institutionnel à France Télécom. C’est alors que survient l’accident.

      « Pour Jean-Lou, tout s’est passé insidieusement, témoigne sa veuve. Il était en surcharge de travail depuis octobre-novembre 2021, avec des salariés non remplacés, des départs en retraite. Un jour de janvier, je l’ai vu buguer devant son ordinateur. A partir de là, j’ai été plus attentive. En mars [2022], ils ont allégé sa charge de travail mais insuffisamment. En avril, il a craqué. La médecine du travail a été prévenue. Il a finalement été mis en arrêt, sauf qu’il continuait à recevoir des mails. Ils lui avaient laissé son portable professionnel et il n’y avait pas de message de gestion d’absence renvoyant vers un autre contact. Jusqu’au bout, Orange n’a pas pris la mesure ».

      Le plus souvent, les suicides au travail sont invisibilisés, au niveau de l’entreprise d’abord, puis des statistiques. « Classiquement, l’entreprise, quand elle n’est pas tout simplement dans le déni, considère que c’est une affaire privée et que le travail n’en est pas la cause », explique le juriste Loïc Lerouge, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et spécialiste du sujet.

      Un déni qui a valu à Renault la première condamnation pour « faute inexcusable de l’employeur pour n’avoir pas pris les mesures nécessaires alors qu’il avait conscience du danger » concernant les salariés du Technocentre de Guyancourt (Yvelines) qui ont mis fin à leurs jours dans les années 2000. [en 2012 https://www.lemonde.fr/societe/article/2012/05/12/suicide-au-technocentre-renault-condamne-pour-faute-inexcusable_1700400_3224 « On reconnaît pleinement la responsabilité de la personne morale de l’entreprise depuis l’affaire #France_Télécom », précise M. Lerouge.

      Caractérisation délicate

      L’#invisibilisation des suicides commence par le non-dit. En réaction aux deux suicides de juin 2023 à la Banque de France, où l’une des victimes avait laissé une lettre incriminant clairement ses conditions de travail, la direction a déclaré avoir « fait ce qui s’impose » après un tel drame https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/10/10/a-la-banque-de-france-le-suicide-de-deux-salaries-empoisonne-le-dialogue-soc . Puis, lors des vœux 2024 adressés au personnel le 2 janvier, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, n’a pas prononcé le mot « suicide », évoquant les « décès dramatiques de certains collègues ». Et s’il a déclaré « prendre au sérieux les résultats et les suggestions » de l’enquête qui acte le problème de #surcharge_de_travail, présentée au comité social et économique extraordinaire du 18 janvier, il n’a pas mis sur pause le plan de réduction des effectifs dans la filière fiduciaire. Celle-là même où travaillaient les deux salariés qui ont mis fin à leurs jours. « Beaucoup de gens n’ont pas les moyens de faire correctement leur travail et sont en souffrance. Il existe à la Banque de France une forme de maltraitance généralisée », affirme Emmanuel Kern, un élu CGT de l’institution.

      La caractérisation des suicides en accidents du travail est un exercice délicat, au cœur de la reconnaissance de la responsabilité de l’employeur. Pour Santé publique France, la définition est assez simple (« Surveillance des suicides en lien potentiel avec le travail », 2021). Il s’agit de tout suicide pour lequel au moins une des situations suivantes était présente : la survenue du décès sur le lieu du travail ; une lettre laissée par la victime mettant en cause ses conditions de travail ; le décès en tenue de travail alors que la victime ne travaillait pas ; le témoignage de proches mettant en cause les conditions de travail de la victime ; des difficultés connues liées au travail recueillies auprès des proches ou auprès des enquêteurs.

      Mais pour l’administration, le champ est beaucoup plus restreint : l’Assurance-maladie prend en compte « l’acte intervenu au temps et au lieu de travail ». Et la reconnaissance n’aura pas lieu si des éléments au cours de l’enquête permettent d’établir que « le travail n’est en rien à l’origine du décès », précise la charte sur les accidents du travail rédigée à destination des enquêteurs de la Sécurité sociale https://www.atousante.com/wp-content/uploads/2011/05/Charte-des-AT-MP-acte-suicidaire-et-accident-du-travail.pdf. « En dehors du lieu de travail, c’est à la famille de faire la preuve du lien avec l’activité professionnelle », explique Michel Lallier, président de l’ASD-pro. Une vision nettement plus restrictive, qui explique cet écart entre les bilans des suicides au travail.

      #suicide_au_travail #risques_psychosociaux #médecine_du_travail #conditions_de_travail #management #cadences #pression #surcharge_de_travail

    • Manque de sécurité sur les chantiers : « Notre fils est mort pour 6 000 euros », Aline Leclerc
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/07/manque-de-securite-sur-les-chantiers-notre-fils-est-mort-pour-6-000-euros_62

      Pour réduire les coûts et tenir les délais, certaines entreprises du bâtiment accumulent les négligences et infractions au code du travail, susceptibles d’engendrer de graves accidents du travail

      Alban Millot avait trouvé l’offre d’emploi sur Leboncoin. Touche-à-tout débrouillard enchaînant les petits boulots, il n’avait aucune expérience dans la pose de panneaux photovoltaïques ni dans le travail en hauteur. Trois semaines après son embauche, il est passé à travers la toiture d’un hangar, le 10 mars 2021. Une chute mortelle de plus de 5 mètres. Le jour de ses 25 ans.

      « Quand le gendarme vous l’annonce, il parle d’un “accident”, comme on dit quand quelqu’un meurt sur la route », se rappelle douloureusement Laurent Millot, son père. La chute renvoie toujours d’abord l’idée d’une erreur d’attention, d’un déséquilibre. La faute à pas de chance. Et à la victime surtout – Alban n’a-t-il pas marché sur une plaque translucide qu’il savait fragile ?

      Ce n’est que quelque temps après que reviennent en mémoire ces petites phrases qui donnent à l’« accident » un autre sens. « J’avais eu Alban au téléphone une semaine avant. Il m’a dit que son travail était hyperdangereux, et qu’il allait s’acheter son propre harnais parce que celui fourni par la boîte était bas de gamme », raconte Véronique Millot, sa mère. Quand pour la rassurer il lui a dit : « Je fais ça seulement jusqu’à l’été », elle a répondu : « Te tue pas pour un boulot… »

      Inexpérimentés

      L’enquête, étoffée dans ce dossier, a mis en évidence une effarante liste de dysfonctionnements et d’infractions au code du travail de la PME qui l’employait, dont l’activité officiellement enregistrée (son code NAF ou APE) était « commerce de détail en quincaillerie, peintures ». Le seul technicien dûment diplômé avait quitté la société deux mois avant l’embauche d’Alban. Sur les vingt-cinq salariés, une dizaine de commerciaux et seulement trois équipes de deux poseurs, lesquels étaient en conséquence soumis à un rythme intense pour honorer les commandes.

      Avant sa mort, Alban et son collègue de 20 ans, et trois mois d’ancienneté seulement, étaient partis le lundi de Narbonne (Aude) pour un premier chantier en Charente, puis un autre en Ille-et-Vilaine, avant un troisième, le lendemain, dans les Côtes-d’Armor, et un ultime, le mercredi, en Ille-et-Villaine, où a eu lieu l’accident. Alban, seul à avoir le permis, avait conduit toute la route.

      Inexpérimentés, les deux hommes n’avaient reçu qu’une formation sommaire à la sécurité. Et, surtout, ne disposaient pas de harnais complets pour s’attacher, comme l’a constaté l’inspectrice du travail le jour du drame.

      « Méconnaissance totale » et « déconcertante » du dirigeant

      Sans matériel, ils ont loué sur place une échelle chez Kiloutou. « Combien pèse une plaque photovoltaïque ? », a demandé le président du tribunal correctionnel de Rennes, lors du procès en première instance. « Dix-huit kilos », a répondu le chef d’entreprise. « Il faut monter l’échelle avec le panneau sous le bras ? », s’est étonné le président. « Cela dépend du chantier. »

      Il sera démontré pendant l’enquête, puis à l’audience, la « méconnaissance totale » et « déconcertante » du dirigeant, commercial de formation, de la réglementation en vigueur sur le travail en hauteur comme sur les habilitations électriques. Il n’avait entrepris aucune démarche d’évaluation des risques. Et ce, alors que deux autres accidents non mortels avaient eu lieu peu de temps avant sur ses chantiers.

      Dans son jugement du 6 juin 2023, le tribunal a reconnu l’employeur – et non l’entreprise, déjà liquidée – coupable d’homicide involontaire, retenant la circonstance aggravante de « violation manifestement délibérée » d’une obligation de sécurité ou de prudence, « tant l’inobservation était inscrite dans ses habitudes ».

      Enjeux financiers

      Car ces négligences tragiques cachent aussi des enjeux financiers. Monter un échafaudage, c’est plusieurs heures perdues dans un planning serré, et un surcoût de 6 000 euros, qui aurait doublé le devis, a chiffré un ouvrier à l’audience. « En somme, notre fils est mort pour 6 000 euros », souligne Mme Millot.

      L’affaire résonne avec une autre, dans laquelle Eiffage Construction Gard et un sous-traitant ont été condamnés en première instance comme en appel lors des procès qui se sont tenus en mai 2021 et avril 2022, à Nîmes. Mickaël Beccavin, cordiste de 39 ans, a fait une chute mortelle le 6 mars 2018, alors qu’il assemblait des balcons sur les logements d’un chantier d’envergure. Pour une raison restée inexpliquée, une corde sur laquelle il était suspendu a été retrouvée sectionnée, trop courte de plusieurs mètres. Quand la défense de l’entreprise a plaidé la seule responsabilité de la victime, qui aurait mal vérifié son matériel, l’inspecteur du travail a proposé une autre analyse.

      « On peut vous expliquer que le cordiste doit faire attention, mais la question n’est pas que là. La question est : est-ce qu’on devait faire appel à des cordistes pour ce chantier ? », a expliqué Roland Migliore à la barre, en mai 2021. Car la législation n’autorise les travaux sur cordes, particulièrement accidentogènes, qu’en dernier recours : cette pratique n’est possible que si aucun autre dispositif de protection dite « collective » (échafaudage, nacelle…) n’est envisageable. « La protection collective protège le salarié indépendamment de ce qu’il peut faire lui. S’il s’attache mal, il est protégé, rappelle l’inspecteur du travail. Au contraire, si l’on choisit la protection individuelle, on fait tout reposer sur le salarié. »

      « Précipitation »

      Le recours à la corde était apparu à l’audience comme un choix de dernière minute, sur un chantier où « tout le monde était pressé ». L’inspecteur du travail avait alors souligné cet aspect : « Malheureusement, dans le BTP, les contraintes sur les délais de livraison poussent à la précipitation : on improvise, quitte à ne pas respecter le plan général de coordination. »

      Secrétaire CGT-Construction, bois et ameublement de Nouvelle-Aquitaine, Denis Boutineau n’en peut plus de compter les morts. « Très souvent, c’est lié à un manque de sécurité. Quand vous êtes en ville, regardez les gens qui travaillent sur les toits, il n’y a aucune protection ! Pourquoi ? Pour des raisons économiques ! » Il cite ainsi le cas d’un jeune couvreur passé à travers un toit Everite. « L’employeur avait fait deux devis ! Un avec la mise en sécurité, un sans ! Bien sûr, le second était moins cher. Lequel croyez-vous qu’a accepté le client ? »

      Caroline Dilly reste, elle aussi, hantée par un échange avec son fils Benjamin, 23 ans, quelque temps avant sa mort, le 28 février 2022. Couvreur lui aussi, il aurait chuté en revenant dans la nacelle après avoir remis une ardoise en place sur un toit. Il n’était pas titulaire du certificat d’aptitude à la conduite d’engins en sécurité (Caces), nécessaire à l’utilisation de cet engin. Et la nacelle était-elle adaptée pour réaliser ce chantier ? C’est ce que devra établir la procédure judiciaire, encore en cours.

      Mais avant de rejoindre cette entreprise, Benjamin avait été renvoyé par une autre, au bout de quinze jours. « Il avait refusé de monter sur un échafaudage qui n’était pas aux normes », raconte sa mère, qui s’entend encore lui faire la leçon : « Y a ce que t’apprends à l’école et y a la réalité du monde du travail ! » « Je m’en veux tellement d’avoir dit ça… J’ai pris conscience alors à quel point prendre des risques au travail était entré dans nos mœurs. Tout ça pour aller plus vite. Comment en est-on arrivés à ce que la rentabilité prime sur le travail bien fait, en sécurité ? », se désole-t-elle.

      « Quand on commence, on est prêt à tout accepter »

      Depuis qu’elle a rejoint le Collectif familles : stop à la mort au travail, elle est frappée par la jeunesse des victimes : « Quand on commence dans le métier, on n’ose pas toujours dire qu’on a peur. Au contraire, pour s’intégrer, on est prêt à tout accepter. »

      Alexis Prélat avait 22 ans quand il est mort électrocuté sur un chantier, le 5 juin 2020. Son père, Fabien, bout aujourd’hui d’une colère qui lui fait soulever des montagnes. Sans avocat, il a réussi à faire reconnaître par le pôle social du tribunal judiciaire de Périgueux la « faute inexcusable » de l’employeur.

      C’est-à-dire à démontrer que ce dernier avait connaissance du danger auquel Alexis a été exposé et n’a pas pris les mesures nécessaires pour l’en préserver. Le jeune homme est descendu dans une tranchée où était clairement identifiée, par un filet rouge, la présence d’un câble électrique. « Le préposé de l’employeur sous les ordres duquel travaillait la victime ce jour-là aurait dû avoir connaissance du danger », dit le jugement rendu le 11 mai 2023, qui liste des infractions relevées par l’inspecteur du travail, notamment l’« absence d’habilitation électrique » et l’« absence de transcription de l’ensemble des risques dans le document unique d’évaluation des risques ».

      Fabien Prélat relève également que, comme pour Alban Millot, le code APE de l’entreprise ne correspond pas à son activité réelle. Elle est identifiée comme « distribution de produits informatiques, bureautique et papeterie ». Il estime par ailleurs que le gérant, « de fait », n’est pas celui qui apparaît sur les documents officiels. « Bien sûr, ce n’est pas ça qui a directement causé la mort de mon fils. Mais si l’Etat contrôlait mieux les choses, ces gens-là n’auraient jamais pu s’installer », s’emporte-t-il.

      « Pas assez de contrôles de l’inspection du travail »

      Cheffe du pôle santé et sécurité à la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), syndicat patronal, et elle-même gestionnaire d’une PME de charpente et couverture dans le Puy-de-Dôme, Cécile Beaudonnat s’indigne de ces pratiques. « Ce sont des gens contre qui on lutte, explique-t-elle. On les repère quand leurs clients nous contactent, dépités, quand ils comprennent que l’entreprise qui leur a mal installé des panneaux solaires n’avait ni les techniciens qualifiés, ni l’assurance professionnelle décennale », explique-t-elle.

      Normalement, pour s’installer, il y a l’obligation d’avoir une formation professionnelle qualifiante homologuée (au moins un CAP ou un BEP) ou de faire valider une expérience de trois ans sous la supervision d’un professionnel. « Malheureusement, il n’y a pas assez de contrôles de l’inspection du travail », déplore-t-elle. Avant d’ajouter : « Pour nous, c’est avant tout au chef d’entreprise d’être exemplaire, sur le port des équipements de protection, en faisant ce qu’il faut pour former ses salariés et en attaquant chaque chantier par une démarche de prévention des risques. Nous sommes une entreprise familiale, on n’a aucune envie d’avoir un jour un décès à annoncer à une famille. »

      « Il y a une bataille à mener pour faire changer les mentalités. Y compris chez les ouvriers, pour qu’ils ne se mettent pas en danger pour faire gagner plus d’argent à l’entreprise ! Quand on voit les dégâts que ça fait sur les familles… », s’attriste Denis Boutineau.

      Les deux parents d’Alexis Prélat ont obtenu, chacun, 32 000 euros en réparation de leur préjudice moral, sa sœur 18 000 euros. Ils espèrent maintenant un procès en correctionnelle. « La meilleure façon de changer les choses, c’est d’obtenir des condamnations exemplaires », estime Fabien Prélat.

      Fait rare, l’employeur d’Alban Millot a, lui, été condamné en correctionnelle à trente-six mois de prison dont dix-huit ferme. Il a fait appel du jugement. « Avant le procès, j’avais la haine contre ce type, confie Laurent Millot. L’audience et, surtout, une sanction telle que celle-là m’ont fait redescendre. »

    • Accidents du travail : quand les machines mettent en péril la vie des salariés
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/08/accidents-du-travail-quand-les-machines-tuent_6215360_3234.html

      Dans l’industrie, le BTP ou l’agriculture, les accidents liés à l’utilisation de machines comptent parmi les plus graves et les plus mortels. Employeurs, fabricants et responsables de la maintenance se renvoient la faute.

      Lorsqu’il prend son poste, ce lundi 27 décembre 2021, cela fait déjà plusieurs mois que Pierrick Duchêne, 51 ans, peste contre la machine qu’il utilise. Après deux décennies dans l’agroalimentaire, il est, depuis cinq ans, conducteur de presse automatisée dans une agence Point P. de fabrication de parpaings, à Geneston (Loire-Atlantique). Depuis un an et demi, la bonne ambiance au boulot, cette fraternité du travail en équipe qu’il chérit tant, s’est peu à peu délitée. L’atmosphère est devenue plus pesante. La cadence, toujours plus infernale. Les objectifs de #productivité sont en hausse. Et ces #machines, donc, « toujours en panne », fulmine-t-il souvent auprès de sa femme, Claudine.

      Ce jour-là, il ne devait même pas travailler. Mais parce qu’il était du genre à « toujours aider et dépanner », dit Claudine, il a accepté de rogner un peu sur ses vacances pour participer à la journée de maintenance et de nettoyage des machines. Pierrick Duchêne a demandé à son fils qu’il se tienne prêt. Dès la fin de sa journée, à 15 heures, ils devaient aller à la déchetterie. Mais, vers 11 h 30, il est retrouvé inconscient, en arrêt cardiorespiratoire, écrasé sous une rectifieuse à parpaing. Dépêché sur place, le service mobile d’urgence et de réanimation fait repartir son cœur, qui s’arrête à nouveau dans l’ambulance. Pierrick Duchêne meurt à l’hôpital, le 2 janvier 2022.

      Son histoire fait tragiquement écho à des centaines d’autres, se produisant chaque année en France. En 2022, la Caisse nationale d’assurance-maladie a recensé 738 accidents du travail mortels dans le secteur privé, selon son rapport annuel publié en décembre 2023. 1 % d’entre eux sont liés au « risque machine » – auquel on peut ajouter les accidents liés à la « manutention mécanique », de l’ordre de 1 % également. Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), qui répertorie plus précisément les incidents de ce type, les machines sont mises en cause dans 10 % à 15 % des accidents du travail ayant entraîné un arrêt supérieur ou égal à quatre jours, ce qui représente environ 55 000 accidents. Dont une vingtaine sont mortels chaque année.

      « La peur suppure de l’usine parce que l’usine au niveau le plus élémentaire, le plus perceptible, menace en permanence les hommes qu’elle utilise (…), ce sont nos propres outils qui nous menacent à la moindre inattention, ce sont les engrenages de la chaîne qui nous rappellent brutalement à l’ordre », écrivait Robert Linhart, dans L’Etabli (Editions de Minuit), en 1978. L’industrie, et notamment la métallurgie, est un secteur d’activité dans lequel les risques pour la santé des ouvriers sont amplifiés par l’utilisation d’outils et de machines. Les employés agricoles, les salariés de la chimie ou les travailleurs du BTP sont aussi très exposés. Sur le terrain, les services de l’inspection du travail font régulièrement état de la présence de machines dangereuses.

      « Aveuglement dysfonctionnel »

      Si leur fréquence baisse depuis les années 1990, ces accidents sont souvent les plus graves, avec des blessures importantes, et les procédures qui s’ensuivent sont extrêmement longues. La responsabilité peut être difficile à établir, car plusieurs acteurs sont en jeu : l’employeur, le fabricant de la machine, l’installateur, la maintenance. La plupart du temps, chacun se renvoie la faute. Comme si la machine permettait à tous de se dédouaner.

      « Le risque zéro n’existe pas », entend-on régulièrement au sujet des accidents du travail, qui plus est quand une machine est en cause. Pourtant, le dysfonctionnement brutal que personne ne pouvait anticiper, qui accréditerait la thèse d’une infortune létale, n’est quasiment jamais à l’œuvre. Au contraire, les défaillances des machines sont souvent connues de tous. « Il peut s’installer une sorte d’aveuglement dysfonctionnel, analyse Jorge Munoz, maître de conférences en sociologie à l’université de Bretagne occidentale. Le problème est tellement récurrent qu’il en devient normal. »

      Une situation qui hante encore les jours et les nuits de Delphine et de Franck Marais, les parents de Ludovic. Personne ne pouvait soupçonner que ce jeune apprenti barman de 19 ans mettait sa vie en péril en servant pintes et cafés derrière le comptoir d’une brasserie réputée de Tours. Mais, le 16 décembre 2019, quelques minutes avant de rentrer chez lui, à 23 h 45, sa tête est percutée par le monte-charge des poubelles.

      La machine fonctionnait depuis des mois, voire plusieurs années, avec les grilles de protection ouvertes. « Quelqu’un a désactivé la sécurité qui empêchait le monte-charge de démarrer ainsi, grilles ouvertes », raconte Franck, le père. Qui ? Un salarié, pour gagner du temps ? L’employeur, pour que ses salariés aillent plus vite ? Le responsable de la maintenance, à la demande de l’employeur ? Un oubli du technicien ? « On ne saura probablement jamais, mais, finalement, là n’est pas la question, estime l’avocate des parents, Marion Ménage. Ce qui compte, c’est que l’entreprise savait qu’il fonctionnait grilles ouvertes et qu’elle n’a rien fait. »

      « Il se sentait en danger »

      Sécurité désactivée, maintenance non assurée, prévention déconsidérée… Les mêmes logiques, les mêmes légèretés face à des machines dangereuses reviennent méthodiquement dans les récits, soulignant le caractère systémique de ces événements dramatiques. « Les dispositifs de sécurité ralentissent parfois le processus de travail et empêchent de tenir la cadence, analyse Jorge Munoz. On peut être tenté de défaire le mécanisme et, donc, de mettre en péril l’utilisateur. » C’est cette logique mortifère qui a été fatale à Flavien Bérard. Le jeune homme de 27 ans était sondeur pour la Société de maintenance pétrolière (SMP), une entreprise de forage et d’entretien de puits pétroliers, gaziers et de géothermie.

      D’abord employé sur un site dans le Gard, où il s’épanouit malgré les conditions de travail difficiles, Flavien Bérard est transféré après une semaine à Villemareuil, en Seine-et-Marne. Il se retrouve sur un chantier de forage pétrolier dont est propriétaire SMP, « les puits du patron », comme on surnomme le lieu. Industrie lourde, à l’ancienne, rythme en trois-huit, rendements à tout prix… Flavien est confronté à un milieu dur et peu accueillant. « Il nous a vite dit que c’était difficile, se souvient sa mère, Fabienne. Le gaillard de 1,84 mètre, plus de 80 kilos, corps de rugbyman, est pourtant du genre à tenir physiquement.

      « Il nous a surtout dit qu’il se sentait en danger, que les machines étaient dangereuses et qu’il avait des doutes sur la sécurité », déplore aujourd’hui Fabienne Bérard. Ses inquiétudes s’avèrent prémonitoires. Alors qu’il avait décidé de ne pas poursuivre sur le site une fois sa mission arrivée à son terme, le 5 mars 2022, vers 4 heures, une pièce métallique d’une trentaine de kilos se détache d’une machine de forage et percute Flavien à la tête, une quinzaine de mètres plus bas. Il meurt le lendemain, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris.

      « On nous a tout de suite parlé d’une erreur humaine, avec une sécurité désactivée », explique le père de la victime, Laurent Bérard. Selon l’avocat des parents, Lionel Béthune de Moro, le rapport machine de l’expert judiciaire ferait état de « 373 non-conformités », dont 3 concerneraient le système responsable de l’accident. « Une sécurité essentielle a été désactivée, pour le rendement », ajoute-t-il. « On nous a même dit que ce n’était pas la première fois qu’il y avait un problème avec cette machine », renchérit Fabienne Bérard.

      Complexité des procédures

      Ces exemples posent la question de la #prévention et de la maintenance. « L’objectif, c’est que les entreprises voient celles-ci comme un profit et non comme un coût », affirme Jean-Christophe Blaise, expert de l’INRS. L’institut a justement pour mission de développer et de promouvoir une culture de prévention des accidents du travail au sein des entreprises. « Dans certains cas, elle peut être perçue comme quelque chose qui alourdit les processus, qui coûte plus cher, complète Jorge Munoz. Mais l’utilisation d’une machine nécessite une organisation spécifique. »

      D’autant qu’une politique de prévention se déploie sur le long terme et nécessite des actions régulières dans le temps. Les agents de l’INRS travaillent sur trois aspects pour éviter les drames autour des machines : les solutions techniques, l’organisation du travail et le levier humain (formation, compétences, etc.). « Un accident du travail est toujours multifactoriel et il faut agir sur tout à la fois, souligne M. Blaise. La clé, c’est la maintenance préventive : anticiper, prévoir plutôt que subir. »

      Les accidents du travail liés aux machines ont un autre point commun : la complexité des procédures qui s’ensuivent. Plus de deux ans après les faits, Claudine Duchêne ne connaît toujours pas les circonstances exactes de la mort de son mari. « Je sais juste que la machine n’aurait pas dû fonctionner en ce jour de maintenance, qu’il n’aurait pas dû y avoir d’électricité », assure-t-elle. L’enquête de la gendarmerie a été close en juillet 2022, celle de l’inspection du travail a été remise à la justice en juin 2023. Celle-ci révélerait « une faute accablante sur l’organisation de la journée de maintenance », précise Claudine Duchêne. Depuis, elle attend la décision du parquet de Nantes.

      Aux enquêtes de police et de l’inspection du travail peut s’ajouter une expertise judiciaire, ralentissant encore un peu plus la procédure, comme dans le cas de Flavien Bérard. « L’attente est longue et douloureuse pour les familles, souligne Me Béthune de Moro. Plus il y a d’intervenants, plus cela alourdit les choses, mais c’est toujours pour éclairer la situation, dans un souci de manifestation de la vérité. » La famille attend désormais d’éventuelles mises en examen et une ordonnance de renvoi dans l’année pour un procès en 2025.

      Après l’accident de Ludovic Marais, le monte-charge a été mis sous scellé jusqu’en mars 2023, une procédure indispensable mais qui allonge encore les délais. Cela a empêché l’intervention d’un expert judiciaire pendant plus de trois ans. « Le nouveau juge d’instruction a décidé de lever les scellés et une nouvelle expertise est en cours », confie Me Ménage. Le rapport pourrait arriver d’ici à l’été. Sachant que les avocats de la défense pourront éventuellement demander une contre-expertise. La brasserie, le patron, la tutrice du jeune apprenti, Otis (la société ayant installé le monte-charge) et un de ses techniciens chargé de la maintenance sont mis en examen pour « homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité et de prudence dans le cadre du travail ». Un procès pourrait avoir lieu fin 2024 ou en 2025. La fin d’un chemin de croix judiciaire pour qu’enfin le deuil soit possible.

    • Accidents du travail : les jeunes paient un lourd tribut
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/09/accidents-du-travail-les-jeunes-paient-un-lourd-tribut_6215566_3234.html

      Entre les entreprises peu scrupuleuses et la nécessité pour les jeunes de faire leurs preuves dans un monde du travail concurrentiel, les stagiaires, élèves de lycées professionnels ou apprentis sont les plus exposés aux risques professionnels.

      Quatre jours. L’unique expérience professionnelle de Jérémy Wasson n’aura pas duré plus longtemps. Le #stage d’observation de cet étudiant en première année à l’Ecole spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie (ESTP) devait durer deux mois, dans l’entreprise Urbaine de travaux (filiale du géant du BTP Fayat). Le 28 mai 2020, il est envoyé seul sur le toit du chantier du centre de commandement unifié des lignes SNCF de l’Est parisien, à Pantin (Seine-Saint-Denis). A 13 h 30, il fait une chute en passant à travers une trémie de désenfumage – un trou laissé dans le sol en attente d’aménagement – mal protégée. Il meurt deux jours plus tard, à 21 ans.

      L’accident de Jérémy a laissé la grande école du bâtiment en état de choc. « C’est ce qui m’est arrivé de pire en trente ans d’enseignement supérieur », exprime Joël Cuny, directeur général de l’ESTP, directeur des formations à l’époque. La stupeur a laissé la place à de vibrants hommages. Un peu courts, toutefois… L’ESTP ne s’est pas portée partie civile au procès, regrette Frédéric Wasson, le père de Jérémy, qui souligne que « Fayat est l’entreprise marraine de la promo de [s]on fils… », ou que, dès 2021, Urbaine de travaux reprenait des dizaines de stagiaires issus de l’école.

      #Stagiaires, élèves de lycées professionnels en période de formation en milieu professionnel, #apprentis… Les jeunes paient un lourd tribut parmi les morts au travail : trente-six travailleurs de moins de 25 ans n’ont pas survécu à un accident du travail en 2022, selon le dernier bilan de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM). C’est 29 % de plus qu’en 2019. Et encore cela ne porte que sur les salariés du régime général. La CNAM souligne aussi que, par rapport aux autres accidents du travail, il s’agit davantage d’accidents « classiques, c’est-à-dire hors malaises et suicides », et d’accidents routiers.

      « Irresponsabilité totale »

      L’inexpérience de ces jeunes, quand elle n’est pas compensée par un accompagnement renforcé, explique en partie cette surmortalité. Quelque 15 % des accidents graves et mortels surviennent au cours des trois premiers mois suivant l’embauche, et plus de la moitié des salariés de moins de 25 ans morts au travail avaient moins d’un an d’ancienneté dans le poste.

      Tom Le Duault a, lui, perdu la vie le lundi 25 octobre 2021. Cet étudiant en BTS technico-commercial entame alors son quatrième contrat court dans l’abattoir de LDC Bretagne, à Lanfains (Côtes-d’Armor). Sa mère y travaille depuis vingt-neuf ans, et il espère ainsi mettre un peu d’argent de côté. Comme lors de ses premières expériences, il est « à la découpe », où il s’occupe de mettre en boîte les volailles. Ce matin-là, un salarié est absent. Tom doit le remplacer dans le réfrigérateur où sont stockées les caisses de viande. Il est censé y empiler les boîtes avec un gerbeur, un appareil de levage.

      « Sur les dernières images de vidéosurveillance, on le voit entrer à 9 h 53. Il n’est jamais ressorti, et personne ne s’est inquiété de son absence », regrette Isabelle Le Duault, sa mère. Il est découvert à 10 h 45, asphyxié sous deux caisses de cuisses de volaille. Elle apprend la mort de son fils par hasard. « J’ai vu qu’il y avait plein de monde dehors. Une fille m’a dit qu’il y avait un accident grave, elle m’a dit de demander si ce n’était pas mon fils au responsable. Il m’a demandé : “C’est Tom comment ?” C’était bien lui… »

      Les conclusions des enquêtes de gendarmerie et de l’inspection du travail ont vite écarté une éventuelle responsabilité du jeune homme. Jean-Claude Le Duault, son père, en veut à l’entreprise. « Tom n’a pas voulu les décevoir, vu que sa mère travaillait là. Mais on ne met pas un gamin de 18 ans seul dans un atelier, une heure, sans vérifier, sur un gerbeur. Il ne connaît pas les dangers, les règles de sécurité. C’est une irresponsabilité totale, à tous les étages. »

      Manquements

      Dans un monde du travail concurrentiel, les jeunes se doivent de faire leurs preuves. A quel prix ? Selon une enquête du Centre d’études et de recherches sur les qualifications publiée en 2020, 59 % des jeunes sortant de la voie professionnelle sont exposés à des risques de blessures ou d’accidents. Or, dans le même temps, ils n’ont pas la même connaissance de leurs droits. Toujours dans cette étude, 42 % déclaraient ne pas avoir reçu de formation ou d’informationsur la santé et la sécurité à l’arrivée sur leur poste. C’est le cas de Tom Le Duault, qui n’avait même pas de fiche de poste. Comme son utilisation du gerbeur n’était pas prévue, il avait été formé sur le tas.

      « Il avait déjà travaillé avec un appareil de levage lors de son précédent contrat, et il s’était déjà blessé à la cheville, ce qui avait causé trois semaines d’arrêt, fulmine Ralph Blindauer, avocat de la famille. Il a été formé par un autre intérimaire. C’était une formation à l’utilisation, pas à la sécurité ! »

      A l’absence d’encadrement et de formation s’ajoutent d’autres manquements, détaillés lors du procès de l’entreprise au pénal : l’appareil était défaillant, ce qui a vraisemblablement causé l’accident, et les salariés de LDC avaient l’habitude d’empiler les caisses sur trois niveaux au lieu de deux, faute de place dans la chambre froide, ce qui est contraire aux règles de sécurité.

      Le rôle du tuteur est crucial

      LDC Bretagne a été condamné, en mai 2023, à une amende de 300 000 euros, tandis que l’ancien directeur de l’#usine – devenu, entre-temps, « chargé de mission » au sein de l’entreprise – a été condamné à deux ans de prison avec sursis. Reconnaissant ses manquements, l’entreprise n’a pas fait appel, chose rare. La direction de cette grosse PME déclare que des mesures complémentaires ont été prises à la suite du décès de Tom, notamment un « plan de formation renforcé à la sécurité, des habilitations, une évaluation complète et approfondie des risques sur les différents postes, des audits par des cabinets indépendants ou le suivi d’indicateurs ».

      Un badge est désormais nécessaire pour se servir d’un gerbeur, ajoute Isabelle Le Duault. Elle a choisi de rester dans l’entreprise, mais à mi-temps. « Moi, je ne peux plus passer devant cette usine, ou même dans cette ville », renchérit son mari.

      En stage ou en apprentissage, le rôle du tuteur est crucial. Sur le chantier d’Urbaine de travaux, à Pantin, l’arrivée de Jérémy Wasson n’avait pas été anticipée. Le lundi matin, personne ne s’occupe de lui, car le chantier est en retard. Il ne reçoit rien d’autre qu’un livret d’accueil et un rendez-vous de quinze minutes pendant lequel on lui parle surtout des gestes barrières. « Jérémy s’est très vite interrogé sur la nature de son stage. Dès le premier jour, on lui a fait faire du marteau-piqueur, le mercredi soir, il trouvait ça fatigant et inintéressant. Ce soir-là, on a hésité à prévenir l’école… », raconte son père.

      Renforcer la formation à la sécurité

      La société Urbaine de travaux a été condamnée, en 2022, à 240 000 euros d’amende pour « homicide involontaire », et l’ingénieure en chef du chantier à 10 000 euros et deux ans de prison avec sursis. Cette décision du tribunal de Bobigny a confirmé les lourdes conclusions de l’inspection du travail, notamment la violation délibérée d’une obligation de #sécurité, l’absence d’encadrement et de formation de Jérémy et l’absence de #sécurisation de la trémie. L’entreprise a fait appel.

      Face à la violence de ces récits, qui concernent parfois des mineurs, le sujet a été érigé en axe prioritaire dans le plan santé au travail du gouvernement. Mais le choix du ministère du travail de publier deux mémentos qui mettent jeunes et entreprises sur le même plan, les invitant à « respecter toutes les consignes », peut étonner.

      Les écoles et centres de formation ont aussi un rôle à jouer pour renforcer la formation à la sécurité. En 2022, la CNAM a recensé plus de 1 million d’élèves et apprentis (CAP et bac professionnel) ayant reçu un enseignement spécifique en santé et sécurité au travail.

      Faciliter la mise en situation des adolescents

      A la suite du décès de Jérémy, l’ESTP a renforcé les enseignements – déjà obligatoires – sur la sécurité. Un élève ne peut se rendre en stage sans avoir obtenu une certification. « En cas de signalement, on fait un point avec les RH de l’entreprise, et si ça ne se résout pas, nous n’avons pas de scrupules à arrêter le stage. Mais je ne remets pas en cause la volonté des entreprises de créer un environnement de sécurité pour accueillir nos élèves », déclare Joël Cuny.

      Un argument difficile à entendre pour la famille de Jérémy Wasson… Car les #entreprises restent les premières responsables de la santé des jeunes sous leur responsabilité, comme du reste de leurs salariés. Le nombre d’apprentis a explosé ces dernières années, la réforme du lycée professionnel souhaite faciliter la mise en situation des adolescents.

      Par ailleurs, le gouvernement a annoncé l’obligation pour les élèves de 2de générale et technologique, dès 2024, d’effectuer un stage en entreprise ou en association de deux semaines, semblable au stage de 3e. La question ne s’est jamais autant posée : les employeurs mettront-ils les moyens pour protéger tous ces jeunes ?

      #apprentissage

    • Avec la sous-traitance, des accidents du travail en cascade, Anne Rodier
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/10/avec-la-sous-traitance-des-accidents-du-travail-en-cascade_6215798_3234.html

      Pression économique des donneurs d’ordre, délais resserrés, manque de prévention… Les salariés des entreprises en sous-traitance, en particulier sur les chantiers et dans le nettoyage, sont plus exposés aux accidents du travail. Surtout lorsqu’ils sont #sans-papiers.

      https://justpaste.it/axscq

      #sous-traitance

  • @davduf m’apprend la mort de Wayne Kramer, guitariste du MC5.
    https://mamot.fr/@davduf/111867538601483082
    Wayne Kramer, Influential MC5 Guitarist, Is Dead at 75
    https://www.nytimes.com/2024/02/02/arts/music/wayne-kramer-dead.html
    https://www.youtube.com/watch?v=74jS3dW0DtE


    Remembering Wayne Kramer of the MC5
    https://www.discogs.com/digs/music/wayne-kramer-mc5

    https://jail-guitar-doors.myshopify.com

    In 1978, The Clash released the song, “Jail Guitar Doors.” The song tells the story of the imprisonment of their fellow musician #Wayne_Kramer. In 2007, to honor the life of Clash founder, Joe Strummer, Billy Bragg launches an initiative in England to provide musical equipment used to rehabilitate inmates serving time in Her Majesty’s Prisons in the United Kingdom. His initiative is named for that very same song, “Jail Guitar Doors.” In 2009, Wayne Kramer partners with Billy Bragg to found Jail Guitar Doors USA. Together, their combined effort continues the mission for prisoners in America. The circle is unbroken

  • Concerns Over the $34 Trillion of US Debt Are Misguided - Bloomberg
    https://www.bloomberg.com/opinion/articles/2024-01-12/concerns-over-the-34-trillion-of-us-debt-are-misguided

    More important than reducing the debt or balancing the budget would be efforts by lawmakers to protect the US’s exorbitant privilege. Those in Congress creating high drama over the nation’s borrowing and budgets have caused some to question whether Treasuries are really the world’s safest assets. In stripping the US of its AAA credit ratings, both S&P Global Ratings and Fitch Ratings cited concern about rising political dysfunction following several debt-ceiling standoffs.

    Politics is the real threat, not the level of borrowing. A country that prioritizes the size of the federal debt has bad priorities.

    #dollar #usd #privilège_exorbitant

  • Absage Chinas an US-Staatsanleihen : Die siamesischen Zwillinge werden getrennt
    https://www.telepolis.de/features/Absage-Chinas-an-US-Staatsanleihen-Die-siamesischen-Zwillinge-werden-getre

    Le désengagement du capital états-unien des marchés chinois pose plusieurs problëmes. D’abord une guerre entre la super-puissance militaire et le géant économique est de moins en moins risqué pour le capital américain. En même temps les économies des anciens partenaires ne soutiennent plus leur croissance mutuelle. Où investiront-ils alors ?

    Le défi est lancé, la lutte pour la domination des régions avec la plus grande probabilité de croissance a commencé il y a un bon moment. Et l’Europe alors, quel rôle pourrat-elle encore jouer ?

    29.1.2014 von Wolfgang Pomrehn - Beijings Zentralbank trennt sich Schritt für Schritt von ihren Treasuries. US-Firmen ziehen wiederum ihre Investitionen aus China ab. Eine Entkopplungsgeschichte.

    Es gab Zeiten – gerade zehn Jahre ist es her –, da waren die Volkswirtschaften der USA und Chinas sowie ihre Finanzsphären so eng miteinander verknüpft, dass sie siamesischen Zwillingen glichen, wenn auch sehr ungleichen. Manchem Beobachter erschienen die großen wechselseitigen Abhängigkeiten gar als Garant für ein friedliches Miteinander.

    Rund ein Drittel aller chinesischen Exporte gingen in die USA, die diese vor allem mit einer wachsenden Auslandsverschuldung finanzierten, mit Kredit, den nicht zuletzt China selbst gab. Zeitweise hielt die chinesische Zentralbank 2011 US-Staatsanleihen (Treasuries) im Wert von bis zu 1,3 Billionen US-Dollar. 2013 wurde dieser Höchstwert noch einmal erreicht.
    Entkopplung nimmt Fahrt auf

    Doch während sich die USA in der Zwischenzeit immer weiter im Ausland verschuldete – die Funktion des US-Dollars macht es möglich –, hat China in den vergangenen Jahren seinen Treasury-Bestand abgebaut.

    Zuletzt hatte er noch einen Wert von 782 Milliarden US-Dollar. Und während der chinesische Staat 2011 noch 14 Prozent aller ausgegebenen US-Staatsanleihen hielt, sind es derzeit nur noch drei Prozent, wie die Nachrichtenagentur Reuters meldet.

    Chinas Währungsreserven belaufen sich insgesamt auf 3,24 Billionen US-Dollar, wovon noch immer über diverse Kanäle schätzungsweise 60 Prozent in US-Dollar gehalten werden und der Rest in anderen Währungen wie dem Euro, dem Schweizer Franken oder dem japanischen Yen. Aber die finanzielle Entkoppelung hat parallel zur entsprechenden Entwicklung im Warenaustausch Fahrt aufgenommen, und sie verläuft nicht einseitig.

    US-Firmen und -Fonds haben in den letzten Jahren massiv Investitionen aus China abgezogen und einige Beobachter meinen, das könnte einer der Gründe für die derzeitigen Berg- und Talfahrten der chinesischen Aktienmärkte sein. Im dritten Quartal 2023 verlor die Volksrepublik zum ersten Mal seit Beginn der Öffnungspolitik Anfang der 1980er-Jahre mehr ausländische Direktinvestitionen als zugleich ins Land flossen, und zwar 12 Milliarden US-Dollar. Das Kapital flösse aus China ab und der USA zu, meint Reuters.

    Ansonsten ist China aber nicht der einzige Staat, der sich aus den einst bei Zentralbanken sehr beliebten Treasuries zurückzieht. Einerseits strebt die US-Staatsverschuldung immer neuen Rekorden entgegen. Die Schuldverschreibungen haben inzwischen den sagenhaften Umfang von 26 Billionen US-Dollar (93 Prozent des US-Bruttoinlandsprodukts). Das ist immerhin das Fünffache des Standes vor dem Beginn der großen Immobilien- und Börsenkrise 2007.

    Andererseits wird das Gros jedoch von Privatpersonen und privaten Gesellschaften gehalten. Ausländische Zentralbanken haben in ihren Portfolios Treasuries mit einem Wert von nur noch 3,8 Billionen US-Dollar. Weitere gut drei Billionen US-Dollar werden von Privaten im Ausland gehalten, und mit fast 20 Billionen US-Dollar ist der US-Staat im Inland verschuldet.

    #Chine #USA #Europe #économie #impérialisme

  • Thread by MouinRabbani on Thread Reader App – Thread Reader App
    https://threadreaderapp.com/thread/1751803165216010536.html

    THREAD: There have been a number of important developments over the weekend.

    Three US soldiers were killed, and several dozen wounded, in a drone attack on a US military/intelligence base known as Tower 22 in northeastern Jordan, the region where the borders of Jordan, Syria, and Iraq meet.

    The Jordanian authorities continue to insist that the attack was in fact directed at the US base in Tanf in southeastern Syria rather than Tower 22, because it does not want to draw unnecessary attention to the highly unpopular US military presence on Jordanian territory.

    The US deployment is regulated by the 2022 US-Jordan Memorandum of Understanding on Strategic Partnership, which gives Washington virtually unlimited rights to use Jordanian territory for US military purposes, and the Jordanian treasury USD 1.45 billion per year for seven years.

    The attack is significant for a number of reasons. Although there have been numerous attacks on US bases and forces in the Middle East since 7 October 2023, including in Iraq, Syria, in the Red Sea off Yemen, and according to unconfirmed reports Israel as well, these are the first confirmed killings of US soldiers in the region since that date. (Two Navy SEALS died off Yemen’s coast recently, but it was reported as an accident). It is also the first confirmed attack on or from Jordanian territory since 7 October.

    Responsibility for the attack was claimed by the Islamic Resistance in Iraq, a coalition of groups aligned with the Axis of Resistance, itself a coalition of states and movements in the region opposed to US-Israeli hegemony in the Middle East.

    According to the statement of responsibility the attack, apparently launched from Syrian rather than Iraqi territory, is intended to raise the cost of Israel’s genocidal onslaught on the Gaza Strip and US support for Israel’s mass killings.

    “If the US keeps supporting Israel, there will be escalations. All US interests in the region are legitimate targets and we don’t care about US threats to respond.” The expulsion of US forces from Iraq and Syria is an additional, unspoken objective.

    In his own statement about the incident, US President Joe Biden blamed “radical Iran-backed militant groups operating in Syria and Iraq”.
    White House spokesperson John Kirby will probably be trotted out to deny any connection whatsoever between developments in Jordan and Gaza, much as he has done in relation to attacks by Ansar Allah off Yemen’s coast, which even more explicitly reference the Gaza Strip.

    Given US casualties, Washington is virtually certain to respond to this escalation with a significant escalation of its own. This in turn brings direct conflict between the US and Iran one big step closer, from plausible but unlikely to plausible and possible.

    Powerful forces in both the US and Israel have been agitating for such a scenario since 7 October, and will now see a new opportunity to make this a reality.

    The broader significance is that US forces are now dying in defense of Israel. Throughout this war Washington has had a clear choice: put an end to Israel’s genocidal onslaught on the Gaza Strip, or engage in conflict with regional forces determined to do so themselves.

    Given Israel’s extraordinary level of military and political dependence on the US, so visibly demonstrated these past several months, it would take only a brief phone call to achieve the former. But the Biden administration has consistently chosen for the latter.

    In the words of @asadabukhalil : “The US does not want a cease-fire in Gaza and objects to the regional repercussions of its rejection of the ceasefire.”

    That’s not how the US-Israeli relationship is supposed to work. Israel is the designated proxy, assigned to defend Western interests in the Middle East. A “stationary aircraft carrier”, in the words of former US Secretary of State Alexander Haig.

    Instead, the US is functioning as Israel’s proxy, now fighting on multiple fronts, its soldiers dying to defend Israel and protect its ability to continue fighting in the Gaza Strip. This is because for more than 100 days, Israel’s longest war since 1948-1949, it has proven incapable of defeating Hamas, a second-order guerilla movement that doesn’t possess a single aircraft, tank, warship, or anti-aircraft defense system. Its long-range missiles basically need to make a direct impact on an individual’s forehead to achieve a kill.

    As previously argued, Israel’s military incompetence and mediocre performance will have long-lasting consequences for its strategic relationship with its Western sponsors.

    To put it simply, t-shirts emblazoned with an Israeli fighter jet and the slogan “Don’t Worry America, Israeli is Behind You!” used to popular among visiting tourists. I suspect they can now be obtained at a steep discount.

    Related to this, a rally was held in Jerusalem today to promote the expulsion of Palestinians from the Gaza Strip and renewal of Israeli settlements in that occupied territory. It was attended by no less than 12 of Israel’s 37 government ministers (almost a third), including several leaders of parties represented in that state’s genocidal coalition. Two of Israel’s most senior leaders, Minister of National Security Itamar Ben-Gvir and Minister of Finance Bezalel Smotrich, addressed the raucous and adoring crowd of several thousand.

    Ben-Gvir leads Otzma Yehudit (“Jewish Power”), a Kahanist party that is Israel’s equivalent of Germany’s Nazis. Bezalel Smotrich is the leader of Tkuma (Religious Zionist Party), also Israel’s equivalent of Germany’s Nazis.

    One thing that distinguishes these parties (and a few others) from others in Israel is their insistence that Israel is sufficiently powerful to act unilaterally and do as it pleases, and sufficiently independent to give the world, including Israel’s sponsors in the US and Europe, the middle finger. That’s why they convened this meeting within 48 hours of the International Court of Justice session indicating that Israel has plausibly been accused of genocide.

    The above notwithstanding Ben-Gvir and Smotrich have the mannerisms of spoiled children more than seasoned gangsters. Insufferable kids who feel free to grab or break anything they want at the store because they know Mummy and Daddy are there to take care of things, and clean up any resulting mess. In other words, they talk big but know they can only do so because Biden and Brussels have their back. And on this score they’re right.

    Which brings me to UNRWA. Several of Israel’s sponsors, including the US and UK, have suspended their funding of the UN refugee agency for Palestine refugees in response to unproven allegations that several of its employees participated in the attacks on Israel on 7 October. It’s a bit like cutting off aid to a foreign country because a dozen of its civil servants have been charged (but not yet tried) for participation in criminal activity.

    There’s much going on here, including a long-term campaign to liquidate the Palestinian refugee question, in which UNRWA serves as a primary surrogate for US-Israeli hysteria. And a history of previous Israeli allegations against UNRWA subsequently exposed as fraudulent. (For example, a 2014 drone video released by Israel of two UNRWA medics purportedly using an ambulance to transport Hamas missiles was later revealed to be two UNRWA medics transporting a stretcher into an ambulance.)

    But when it comes to UNRWA, a rush to judgement is obligatory, the agency is guilty until proven innocent, and then still guilty.

    The Israeli allegations were transparently released to divert from the ICJ ruling. The response of multiple Western governments should also be seen as a response to the ICJ.

    In their rules-based international order, it is a violation of international law to apply international law to Israel or Western states.

    South Africa dares to hold Israel accountable for genocide? Let’s see what it thinks when we deliberately intensify hunger and famine in the Gaza Strip.

    I’ll conclude by citing the comment of @sarahleah1, former head of MENA at Human Rights Watch and currently Executive Director of Democracy for the Arab World Now (DAWN): “It took Blinken about 3 seconds to suspend UNRWA aid based on mere allegations that 12 employees linked to Hamas attack, but despite evidence that IDF has indiscriminately & deliberately massacred tens of thousands of Palestinians – plausibly a genocide ICJ said – zero suspension of military aid”. END

  • Ikone des Widerstands - Rosen für Angela
    https://www.jungewelt.de/artikel/468226.ikone-des-widerstands-rosen-f%C3%BCr-angela.html


    Nous avon raté le quatre vingtième anniversaire d’Angela Davis

    27.1.2024 von Nick Brauns - Am 26. Januar 1971 starten die Freie Deutsche Jugend und die Junge Welt die Kampagne »Eine Million Rosen für Angela Davis« zum 27. Geburtstag der Kommunistin. Die Philosophiedozentin war mit dem konstruierten Vorwurf der Terrorunterstützung inhaftiert worden. Ihr drohte unter Kaliforniens Gouverneur Ronald Reagan die Todesstrafe. Nicht nur aus der DDR trafen körbeweise Postkarten im Gefängnis ein, weltweit kämpften Millionen für die junge Afroamerikanerin. Mit Erfolg. Davis wurde 1972 in allen Anklagepunkten freigesprochen.

    Die erfahrene Solidarität war für ihr politisches Leben ebenso prägend wie die Erfahrung rassistischen Terrors durch den Ku-Klux-Klan und Apartheid in ihrer Kindheit in Alabama. Nach kurzer Mitgliedschaft bei den Black Panthers trat sie 1968 der kommunistischen Partei bei. Anstatt Identitäts- gegen Klassenpolitik zu stellen, zeigte sie in ihrem Buch »Women, Race & Class« (1981) den Zusammenhang zwischen verschiedenen Unterdrückungs- und Ausbeutungsformen auf und plädierte für entsprechende politische Koalitionen.

    Bis heute ist Angela Davis politisch aktiv – etwa gegen das Gefängnissystem, in der »Black Lives Matter«-Bewegung und für die Freiheit von Palästina. Am Freitag ist sie 80 Jahre alt geworden. Junge Welt gratuliert und wünscht noch viele gesunde und kämpferische Jahre.

    #USA #communistes #féminisme

  • Tesla needs graphite. #Alaska has plenty. But mining it raises fears in nearby villages.

    Ducks and swans flew overhead as Sylvester Ayek, 82, and his daughter Kimberly, 35, hauled rocks to anchor their small salmon net on the bank of a deep, tidal channel — 25 miles inland from the open Bering Sea coast.

    Nearby on that July day, MaryJane Litchard, Ayek’s partner, picked wild celery and set out a lunch of past subsistence harvests: a blue-shelled seabird egg, dried beluga whale meat and red salmon dipped in seal oil.

    Then, as they waited for fish to fill the net, the family motored Ayek’s skiff up the channel, known as the Tuksuk, spotting birds and seals and passing family fish camps where drying salmon hung on racks. Soon, the steep channel walls gave way to a huge estuary: the Imuruk Basin, flanked by the snow-dotted peaks of the Kigluaik Mountains.

    Ayek describes the basin as a “traditional hunting and gathering place” for the local Iñupiat, who have long sustained themselves on the area’s bounty of fish, berries and wildlife.

    But despite a long Indigenous history, and a brief settler boom during the Gold Rush more than a century ago, a couple of weather-beaten cabins were the only obvious signs of human impact as Ayek’s boat idled — save for a set of tiny, beige specks at the foot of the mountains.

    Those specks were a camp run by a Canadian exploration company, Graphite One. And they marked the prospective site of a mile-wide open pit mine that could reach deep below the tundra — into the largest known deposit of graphite in the U.S.

    The mine could help power America’s electric vehicle revolution, and it’s drawing enthusiastic support from powerful government officials in both Alaska and Washington, D.C. That includes the Biden administration, which recently announced up to $37.5 million in subsidies for Graphite One through the U.S. Department of Defense.

    So far, the announcements from the project’s politically connected boosters have received far more attention than the several hundred Alaskans whose lives would be affected directly by Graphite One’s mine.

    While opinions in the nearby Alaska Native villages of Brevig Mission and Teller are mixed, there are significant pockets of opposition, particularly among the area’s tribal leaders. Many residents worry the project will harm the subsistence harvests that make life possible in a place where the nearest well-stocked grocery store is a two-hour drive away, in Nome.

    “The further they go with the mine, our subsistence will just move further and further away from us,” Gilbert Tocktoo, president of Brevig Mission’s tribal government, said over a dinner of boiled salmon at his home. “And sooner or later, it’s going to become a question of: Do I want to live here anymore?”

    Despite those concerns, Graphite One is gathering local support: Earlier this month, the board of the region’s Indigenous-owned, for-profit corporation unanimously endorsed the project.

    The Nome-based corporation, Bering Straits Native Corp., also agreed to invest $2 million in Graphite One, in return for commitments related to jobs and scholarships for shareholders.

    The tensions surrounding Graphite One’s project underscore how the rush to bolster domestic manufacturing of electric vehicles threatens a new round of disruption to tribal communities and landscapes that have already borne huge costs from past mining booms.

    Across the American West, companies are vying to extract the minerals needed to power electric vehicles and other green technologies. Proposed mines for lithium, antimony and copper are chasing some of the same generous federal tax credits as Graphite One — and some are advancing in spite of objections from Indigenous people who have already seen their lands taken and resources diminished over more than a century of mining.

    The Seward Peninsula’s history is a case in point: Thousands of non-Native prospectors came here during the Gold Rush, which began in 1898. The era brought devastating bouts of pandemic disease and displacement for the Iñupiat, and today, that history weighs on some as they consider how Graphite One could affect their lives.

    “A lot of people like to say that our culture is lost. But we didn’t just go out there and lose it: It was taken from us,” said Taluvaaq Qiñuġana, a 24-year-old Iñupiaq resident of Brevig Mission. A new mining project in her people’s traditional harvesting grounds, she said, “feels like continuous colonization.”

    But other Indigenous residents of Brevig Mission and Teller say the villages would benefit from well-paying jobs that could come with the mine. Cash income could help people sustain their households in the two communities, where full-time work is otherwise scarce.

    Graphite One executives say one of their highest priorities, as they advance their project toward permitting and construction, is protecting village residents’ harvests of fish, wildlife and berries. They say they fully appreciate the essential nature of that food supply.

    “This is very real to them,” said Mike Schaffner, Graphite One’s senior vice president of mining. “We completely understand that we can’t come in there and hurt the subsistence, and we can’t hurt how their lifestyle is.”

    U.S. produces no domestic graphite

    Graphite is simply carbon — like a diamond but far softer, because of its different crystal structure. Graphite is used as a lubricant, in industrial steelmaking, for brake linings in automobiles and as pencil lead.

    It’s also a key component of the high-powered lithium batteries that propel electric cars.

    Once mined and concentrated, graphite is processed into a powder that’s mixed with a binder, then rolled flat and curled into the hundreds of AA-battery-sized cylinders that make up the battery pack.

    America hasn’t mined any graphite in decades, having been undercut by countries where it’s extracted at a lower cost.

    China currently produces more than half of the world’s mined graphite and nearly all of the highly processed type needed for batteries. The country so dominates the supply chain that global prices typically rise each winter when cold temperatures force a single region, Heilongjiang, to shut down production, said Tony Alderson, an analyst at a price tracking firm called Benchmark Mineral Intelligence.

    Some forecasts say graphite demand, driven by growth in electric vehicles, could rise 25-fold by 2040. Amid growing U.S.-China political tensions, supply chain experts have warned about the need to diversify America’s sources of graphite.

    Last year’s climate-focused Inflation Reduction Act, written in part to wrest control of electric vehicle manufacturing from China, is accelerating that search.

    For new electric cars to qualify for a $3,750 tax credit under the act, at least 40% of the value of the “critical minerals” that go into their batteries must be extracted or processed domestically, or in countries such as Canada or Mexico that have free-trade agreements with the United States.

    That fraction rises to 80% in four years.

    Graphite One is one of just three companies currently advancing graphite mining projects in the United States, according to the U.S. Geological Survey. And company officials are already marketing their graphite to global electric vehicle makers.

    But when they presented their preliminary plans to Tesla, “they said, ‘That’s great, we are interested in buying them, but we would need to write 40 contracts of this size to meet our need,’” Schaffner, the Graphite One vice president, said at a community meeting this year, according to the Nome Nugget.

    In response, Graphite One is now studying a mine that could be substantially larger than its original proposal.

    It’s too early to know how, exactly, the mine’s construction could affect the surrounding watershed. One reason is that the level of risk it poses is linked to its size, and Graphite One has not yet determined how big its project will be.

    While graphite itself is nontoxic and inert, the company also hasn’t finished studying the acid-generating potential of the rock that its mine could expose — another key indicator of the project’s level of risk. Stronger acid is more likely to release toxic metals into water that Graphite One would have to contain and treat before releasing back into the environment.

    One fish biologist in the region has also said he fears the mine’s construction could negatively affect streams flowing out of the Kigluaik Mountains, though Graphite One officials disagree. The streams’ cool water, according to Charlie Lean, keeps temperatures in the shallow Imuruk Basin low enough to sustain spawning salmon — a critical source of abundant, healthy food for Brevig Mission and Teller residents.

    Graphite One plans to store its waste rock and depleted ore in what’s known as a “dry stack,” on top of the ground — rather than in a pond behind a dam, a common industry practice that can risk a major breach if the dam fails.

    But experts say smaller-scale spills or leaks from the mine could still drain into the basin and harm fish and wildlife.

    “There is always a possibility for some sort of catastrophic failure. But that doesn’t happen very often,” said Dave Chambers, president of the nonprofit Center for Science in Public Participation, which advises advocacy and tribal groups across the country on mining and water quality. “There’s also a possibility there will be no impact. That doesn’t happen very often, either.”

    Anthony Huston, Graphite One’s chief executive, said his project will incorporate local knowledge and protect residents’ subsistence harvests.

    “We are completely focused on making sure that we create a stronger economy, and the entire Bering Straits region, and all of Alaska, for that matter. And that’s something that this project will bring,” he said in an interview. “But it will never bring it at the expense of the traditional lifestyle of Alaska Native people.

    A way of life at stake

    There are no Teslas in Brevig Mission or Teller, the two Alaska Native villages closest to the proposed mine.

    To get to the communities from the nearest American Tesla dealership, you’d first board a jet in Seattle. Then, you’d fly 1,400 miles to Anchorage, where you’d climb on to another jet and fly 500 more miles northwest to Nome, the former Gold Rush town known as the finish line of the Iditarod sled dog race.

    A 70-mile gravel road winds northwest through tundra and mountains before dipping back down to a narrow spit on the Bering Sea coast. The road ends in Teller, population 235, where most residents lack in-home plumbing — let alone own electric cars.

    If you need a bathroom here, you’ll use what’s known as a honey bucket.

    Brevig Mission, population 435, is even more remote than Teller. It sits across a narrow strait and is accessible only by boat or plane.

    The region’s Indigenous history is memorialized in the 1973 book “People of Kauwerak,” written by local elder William Oquilluk. It documents the founding of Kauwerak, an Iñupiaq village by a sandbar near the Imuruk Basin’s innermost reaches.

    The area was chosen, according to the book, for the same reasons it’s treasured now: abundant fish and birds, berries and moose, even beluga whales. Kauwerak became one of the Seward Peninsula’s largest villages before it was abandoned in the 19th century, as residents left for jobs and schools.

    Whalers, then gold miners, brought profound changes to the Indigenous way of life on the Seward Peninsula, especially through the introduction of pandemic diseases. One outbreak of measles and flu, in 1900, is thought to have killed up to one-third of residents in one of the region’s villages. In Brevig Mission, 72 of 80 Native residents died from the 1918 Spanish flu.

    Today, the miners and whalers are gone. In Teller, the population of 250 is 99% Alaska Native.

    Four in 10 residents there live below the poverty level, and a typical household, with an average of three people, survives on just $32,000 a year, according to census data.

    At the community’s main store, the shelves are completely barren of fresh fruits and vegetables. A box of Corn Chex costs $9.55, and a bottle of Coffee-Mate runs $11.85 — more than twice the Anchorage price.

    Residents can buy cheaper groceries in Nome. But gas for the 70-mile drive costs $6.30 a gallon, down from $7 in July.

    The high cost of goods combined with the few available jobs helps explain why some Teller and Brevig Mission residents are open to Graphite One’s planned mine, and the cash income it could generate.

    As Ayek, the 82-year-old subsistence fisherman, pulled his skiff back into Teller with a cooler of fish, another man was slicing fresh sides of salmon a little ways down the beach.

    Nick Topkok, 56, has worked as a contractor for Graphite One, taking workers out in his boat. As he hung his fish to dry on a wood rack, he said few people in the area can find steady jobs.

    “The rest are living off welfare,” Topkok said. The mine, he said, would generate money for decades, and it also might help get the village water and sewer systems.

    “I’ll be dead by then, but it’ll impact my kids, financially,” he said. “If it’s good and clean, so be it.”

    Topkok also acknowledged, however, that a catastrophic accident would “impact us all.”

    Many village residents’ summer fishing camps sit along the Tuksuk Channel, below the mine site. Harvests from the basin and its surroundings feed families in Brevig Mission and Teller year-round.

    “It’s my freezer,” said Dolly Kugzruk, president of Teller’s tribal government and an opponent of the mine.

    Researchers have found all five species of Pacific salmon in and around the Imuruk Basin. Harvests in the area have hit 20,000 fish in some years — roughly 30 per fishing family, according to state data.

    At a legislative hearing several years ago on a proposal to support Graphite One’s project, one Teller resident, Tanya Ablowaluk, neatly summed up opponents’ fears: “Will the state keep our freezers full in the event of a spill?”

    Gold Rush prospector’s descendants would reap royalties

    Elsewhere in rural Alaska, Indigenous people have consented to resource extraction on their ancestral lands on the basis of compromise: They accept environmental risks in exchange for a direct stake in the profits.

    Two hundred miles north of the Imuruk Basin, zinc and lead unearthed at Red Dog Mine have generated more than $1 billion in royalties for local Native residents and their descendants, including $172 million last year. On the North Slope, the regional Iñupiat-owned corporation receives oil worth tens of millions of dollars a year from developments on its traditional land.

    The new Manh Choh mine in Alaska’s Interior will also pay royalties to Native landowners, as would the proposed Donlin mine in Southwest Alaska.

    No such royalties would go to the Iñupiaq residents of Brevig Mission and Teller, based on the way Graphite One’s project is currently structured.

    The proposed mine sits exclusively on state land. And Graphite One would pay royalties to the descendants of a Gold Rush-era prospector — a legacy of the not-so-distant American past when white settlers could freely claim land and resources that had been used for thousands of years by Indigenous people.

    Nicholas Tweet was a 23-year-old fortune seeker when he left Minnesota for Alaska in the late 1800s. His quest for gold, over several years, took him hiking over mountain ranges, floating down the Yukon River by steamboat, walking hundreds miles across beaches and, finally, rowing more than 100 miles from Nome in a boat he built himself.

    Tweet settled in Teller with his family, initially prospecting for gold.

    As graphite demand spiked during World War I, Tweet staked claims along the Kigluaik Mountains, and he worked with a company that shipped the mineral to San Francisco until the war ended and demand dried up.

    Today, Tweet’s descendants are still in the mining business on the Seward Peninsula. And they still controlled graphite claims in the area a little more than a decade ago. That’s when Huston, a Vancouver entrepreneur, was drawn into the global graphite trade through his interest in Tesla and his own graphite-based golf clubs.

    News of a possible deal with Huston’s company arrived at one of the Tweets’ remote mining operations via a note dropped by a bush plane. They reached an agreement after months of discussions — sometimes, according to Huston, with 16 relatives in the room.

    So far, the Tweet family, whose members did not respond to requests for comment, has received $370,000 in lease fees. If the project is built, the family would receive additional payments tied to the value of graphite mined by Graphite One, and members could ultimately collect millions of dollars.

    Bering Straits Native Corp., owned by more than 8,000 Indigenous shareholders with ties to the region, recently acquired a stake Graphite One’s project — but only by buying its way in.

    The company announced its $2 million investment this month. The deal includes commitments by Graphite One to support scholarships, hire Bering Straits’ shareholders and give opportunities to the Native-owned corporation’s subsidiary companies, according to Dan Graham, Bering Straits’ interim chief executive. He declined to release details, saying they have not yet been finalized.

    As it considered the investment, Bering Straits board members held meetings with Brevig Mission and Teller residents, where they heard “a lot of concerns,” Graham said. Those concerns “were very well thought through at the board level” before the corporation offered its support for the project, he added.

    “Graphite One is very committed to employing local workers from those villages, to being as transparent as possible on what the development is,” Graham said.

    Graphite One officials say they have work to do to ensure the region’s residents are trained for mining jobs in time for the start of construction. The company had a maximum of 71 people working at its camp this summer, but Graphite One and its contractors hired just eight people from Teller and Brevig Mission. Sixteen more were from Nome and other villages in the region, according to Graphite One.

    Company officials say they have no choice but to develop a local workforce. Because of graphite’s relatively low value in raw form, compared to gold or copper, they say the company can’t afford to fly workers in from outside the region.

    Graphite One says it’s also taking direction from members of a committee of local residents it’s appointed to provide advice on environmental issues. In response to the committee’s feedback, the company chose not to barge its fuel through the Imuruk Basin earlier this year; instead, it flew it in, at an added cost of $4 a gallon.

    Since Graphite One acquired the Tweets’ graphite claims, progress on the development has been slow. But now, escalating tensions with China and the national push to Americanize the electric vehicle supply chain are putting Huston’s project on the political fast track.

    ‘We don’t have a choice’

    In July, U.S. Sen. Lisa Murkowski boarded a helicopter in Nome and flew to Graphite One’s remote exploration camp overlooking the Imuruk Basin.

    A few days later, the Alaska Republican stood on the Senate floor and brandished what she described as a hunk of graphite from an “absolutely massive,” world-class deposit.

    “After my site visit there on Saturday, I’m convinced that this is a project that every one of us — those of us here in the Congress, the Biden administration — all of us need to support,” she said. “This project will give us a significant domestic supply, breaking our wholesale dependence on imports.”

    U.S. Sen. Dan Sullivan, R-Alaska, U.S. Rep. Mary Peltola, D-Alaska, and GOP Gov. Mike Dunleavy have all expressed support for the project.

    Graphite One has enlisted consultants and lobbyists to advance its interests, according to disclosure filings and emails obtained through public records requests.

    They include Clark Penney, an Anchorage-based consultant and financial advisor with ties to the Dunleavy administration, and Nate Adams, a former employee of Murkowski and Sullivan who’s worked as a lobbyist in Washington, D.C.

    Murkowski has said the mine will reduce dependence on foreign countries that lack America’s environmental and human rights safeguards.

    “Security of supply would be assured from day one, and the standards for the mine’s development and operation would be both exceedingly high and fully transparent,” Murkowski wrote in a letter to the Biden administration in 2022.

    The Defense Department, meanwhile, announced its grant of up to $37.5 million for Graphite One in July. This month, the company also announced it had received a $4.7 million Defense Department contract to develop a graphite-based firefighting foam.

    In a statement, a department spokesman said the July agreement “aims to strengthen the domestic industrial base to make a secure, U.S.-based supply of graphite available for both Department of Defense and consumer markets.”

    In Teller and Brevig Mission, Graphite One’s opponents have noticed how the electrical vehicle transition seems to be driving interest in the mine planned for nearby.

    As the project gathers outside political support, some village residents said that local attitudes have been shifting, too, in response to the company’s offers of jobs and perks.

    Tocktoo, the chief of Brevig Mission’s tribal council, said resistance in his community has diminished as Graphite One “tries to buy their way in.”

    The company awards door prizes at meetings and distributes free turkeys, he said. Two years ago, the company gave each household in Brevig Mission and Teller a $50 credit on their electrical bills.

    The project, though, remains years away from construction, with production starting no earlier than 2029.

    Before it can be built, Graphite One will have to obtain an array of permits, including a major authorization under the federal Clean Water Act that will allow it to do construction around wetlands.

    And the project also faces geopolitical and economic uncertainties.

    At least last year, Graphite One was tight on cash. It had to slightly shorten its summer exploration season because it didn’t have the money to finish it, company officials said at a public meeting this year.

    And while Graphite One is counting on a partnership with a Chinese business to help set up its graphite processing and manufacturing infrastructure, the partner company’s top executive has said publicly that U.S.-China political tensions may thwart the transfer of necessary technologies.

    Murkowski, in an interview at the Nome airport on her way home from her visit to Graphite One’s camp, stressed that the project is still in its very early stages.

    The permitting process and the substantial environmental reviews that will accompany it, she added, will give concerned residents a chance to pose questions and raise objections.

    “There’s no process right now for the public to weigh in. And it’s all so preliminary,” she said. “When you don’t know, the default position is, ‘I don’t think this should happen.’”

    But opponents of the project in Brevig Mission and Teller say they fear their objections won’t be heard. Lucy Oquilluk, head of a Teller-based tribal government, said she feels a sense of inevitability.

    “It just feels like we have nothing to say about it. We don’t have a choice,” Oquilluk said. “They’re going to do it anyways, no matter what we say.”

    https://alaskapublic.org/2023/09/29/tesla-needs-graphite-alaska-has-plenty-but-mining-it-raises-fears-in-n

    #Tesla #graphite #extractivisme #terres_rares #voitures_électriques #mines #peuples_autochtones #USA #Etats-Unis #Canada #Graphite_One #Brevig_Mission #Teller

  • Trump the Terminator?
    https://tomdispatch.com/trump-the-terminator

    14.1.2024 by Alfred McCoy - How His Second Presidency Could Signal the End of American Global Power

    With recent polls giving Donald Trump a reasonable chance of defeating President Biden in the November elections, commentators have begun predicting what his second presidency might mean for domestic politics. In a dismally detailed Washington Post analysis, historian Robert Kagan argued that a second Trump term would feature his “deep thirst for vengeance” against what the ex-president has called the “radical Left thugs that live like vermin within the confines of our Country,” thereby launching what Kagan calls “a regime of political persecution” leading to “an irreversible descent into dictatorship.”

    So far, however, Trump and the media that follow his every word have been largely silent about what his reelection would mean for U.S. foreign policy. Citing his recent promise of “a four-year plan to phase out all Chinese imports of essential goods,” the New York Times did recently conclude that a renewed trade war with China “would significantly disrupt the U.S. economy,” leading to a loss of 744,000 jobs and $1.6 trillion in gross domestic product. Economic relations with China are, however, but one piece of a far larger puzzle when it comes to future American global power, a subject on which media reporting and commentary have been surprisingly reticent.

    So let me take the plunge by starting with a prediction I made in a December 2010 TomDispatch piece that “the demise of the United States as the global superpower could come far more quickly than anyone imagines.” I added then that a “realistic assessment of domestic and global trends suggests that in 2025, just 15 years from now, it could be all over except for the shouting.”

    I also offered a scenario hinged on — yes! — next November’s elections. “Riding a political tide of disillusionment and despair,” I wrote then, “a far-right patriot captures the presidency with thundering rhetoric, demanding respect for American authority and threatening military retaliation or economic reprisal. The world pays next to no attention as the American Century ends in silence.”

    Back then, of course, 2025 was so far off that any prediction should have been a safe bet. After all, 15 years ago, I was already in my mid-60s, which should have given me a “get-out-of-jail-free” card — that is, a reasonable chance of dying before I could be held accountable. But with 2025 now less than a year away, I’m still here (unlike all too many of my old friends) and still responsible for that prediction.

    So, let’s imagine that “a far-right patriot,” one Donald Trump, does indeed “capture the presidency with thundering rhetoric” next November. Let me then don the seven-league boots of the historical imagination and, drawing on Trump’s previous presidential record, offer some thoughts about how his second shot at an America-first foreign policy — one based on “demanding respect for American authority” — might affect this country’s global power, already distinctly on the decline.

    As our Lonely Planet Guide to a country called the future, let’s take along a classic study former National Security Adviser Zbigniew Brzezinski wrote in retirement in 1997. Drawing on his view that Eurasia remained the “central basis for global primacy,” he argued that Washington had to do just three things to maintain world leadership: first, preserve its position in Western Europe through the NATO alliance; second, maintain its military bases along the Pacific littoral to check China; and finally, prevent any “assertive single entity” like China or Russia from controlling the critical “middle space” of Central Asia and the Middle East. Given his past record and current statements, it seems all too likely that Trump will indeed badly damage, if not destroy, those very pillars of American global power.

    Wrecking the NATO Alliance

    Trump’s hostility to alliances in general and the North Atlantic Treaty Organization (NATO) in particular is a matter of historical record. His hostility to NATO’s crucial mutual-defense clause (Article 5) — requiring all signatories to respond if one were attacked — could prove fatal. Just days after his 2018 sycophantic summit with Russian leader Vladimir Putin, Fox News host Tucker Carlson asked Trump, “Why should my son go to Montenegro to defend it from attack?”

    Weighing his words with uncharacteristic care, Trump replied: “I understand what you’re saying. I’ve asked the same question.” He then offered what could, in a second term, prove a virtual death sentence for NATO. “Montenegro,” he said, “is a tiny country with very strong people…They’re very aggressive people. They may get aggressive, and congratulations, you’re in World War Three.”

    Since then, of course, Putin has invaded Ukraine and the Biden White House has rallied NATO to defend that frontline European state. Although Congress approved a massive $111 billion in aid (including $67 billion in military aid) for Ukraine in the war’s first 18 months, the Republican-led House has recently stalled President Biden’s request for an additional $67 billion critical to Kyiv’s continued resistance. As the campaign for his party’s nomination gathers momentum, Trump’s pro-Putin sentiments have helped persuade Republican legislators to break with our NATO allies on this critical issue.

    Keep in mind that, right after Russia invaded in February 2022, Trump labeled Putin’s move “genius,” adding, “I mean, he’s taking over a country for $2 worth of sanctions. I’d say that’s pretty smart.” Last September, after Putin thanked him for claiming that, were he still president, he could end the war in 24 hours, Trump assured Meet the Press: “I would get him into a room. I’d get Zelensky into a room. Then I’d bring them together. And I’d have a deal worked out.”

    In reality, a reelected Trump would undoubtedly simply abandon Ukraine, at best forcing it into negotiations that would be tantamount to surrender. As formerly neutral nations Finland and Sweden have rallied to NATO and alliance stalwarts like Britain and Germany make major arms deliveries to Ukraine, Europe has clearly labeled Russia’s invasion and war an existential threat. Under such circumstances, a future Trump tilt toward Putin could swing a wrecking ball through the NATO alliance, which, for the past 75 years, has served as a singular pillar in the architecture of U.S. global power.

    Alienating Allies on the Pacific Littoral

    Just as NATO has long served as a strategic pillar at the western end of the vast Eurasian land mass, so four bilateral alliances along the Pacific littoral from Japan to the Philippines have proven a geopolitical fulcrum for dominance over the eastern end of Eurasia and the defense of North America. Here, the record of the first Trump administration was, at best, mixed. On the credit side of history’s ledger, he did revive “the Quad,” a loose alliance with Australia, India, and Japan, which has gained greater coherence under President Biden.

    But only time spared Trump’s overall Asian diplomacy from utter disaster. His obsessive personal courtship of North Korean dictator Kim Jong-un, marked by two meaningless meetings and the exchange of 27 mash notes, failed to produce any sign of Pyongyang’s (nuclear) disarmament, while weakening America’s alliance with long-standing ally South Korea. Although Japan’s prime minister obsequiously paid court to Trump, he battered that classic bilateral alliance with constant complaints about its cost, even slapping a punitive 25% duty on Japanese steel imports.

    Ignoring the pleas of close Asian allies, Trump also cancelled the Trans-Pacific Partnership, leaving the door open for China to conclude its own Regional Comprehensive Economic Partnership with 15 Asia-Pacific countries that now account for nearly a third of Beijing’s foreign trade. Another four years of Trump’s “America first” diplomacy in the Pacific could do irreparable damage to those key strategic alliances.

    Further south, by using Taiwan to both confront and court Chinese President Xi Jinping, while letting the Philippines drift toward Beijing’s orbit and launching a misbegotten trade war with China, Trump’s version of Asian “diplomacy” allowed Beijing to make some real diplomatic, economic, and military gains, while distinctly weakening the American position in the region. Biden, by contrast, has at least partially restored it, a strengthening reflected in a surprisingly amicable San Francisco summit last November with President Xi.

    In South Asia, where the bitter rivalry between India and Pakistan dominates all diplomacy, President Trump trashed a 70-year military alliance with Pakistan with a single New Year’s Day message. “The United States has foolishly given Pakistan more than 33 billion dollars in aid over the last 15 years,” Trump tweeted, “and they have given us nothing but lies & deceit, thinking of our leaders as fools… No more!” Since then, Pakistan has shifted decisively into Beijing’s orbit, while India now plays Moscow and Washington off against each other to its economic advantage.

    Just as Trump’s posture toward Europe could swing a wrecking ball through the NATO alliance in a second term, so his mix of economic nationalism and strategic myopia could destabilize the array of alliances along the Pacific littoral, toppling that second of Brzezinski’s three pillars for American global power.

    That “Assertive Single Entity” in Central Asia

    And when it comes to that third pillar of U.S. global power –- preventing any “assertive single entity” from controlling the “middle space” of Eurasia — President Trump failed woefully (as, in fact, had his predecessors). After announcing China’s trillion-dollar Belt & Road Initiative in 2013, President Xi has spent billions building a steel grid of roads, rails, and pipelines that crisscross the middle space of that vast Eurasian landmass, an enormous new infrastructure that has led to a chain of alliances stretching across central Asia.

    The power of China’s position was manifested in 2021 when Beijing helped push the U.S. military out of Afghanistan in a deft geopolitical squeeze-play. More recently, Beijing also brokered a breathtaking diplomatic entente between Shi’a Iran and Sunni Saudi Arabia, stunning Washington and many Western diplomats.

    Trump’s Middle East policy during his first term in office was focused solely on backing Israel’s right-wing Prime Minister Benjamin Netanyahu — recognizing Jerusalem as Israel’s capital, cancelling a nuclear agreement with Iran, seconding his marginalization of the Palestinians, and promoting Arab recognition of Israel. Since the Hamas terrorist attack of October 7th and Netanyahu’s devastating assault on Gaza’s civilian population, President Biden’s reaction was skewed in an almost Trumpian fashion toward Israel, with a consequent loss of influence in the wider region. And count on one thing: an incoming Trump administration would only compound the damage.

    In short, Beijing is already toppling the third pillar of American global power in that critical “middle space” of Eurasia. In a second Trump term, an unchecked Chinese diplomatic and economic juggernaut could arguably grind that pillar into rubble.

    Africa in the “World Island”

    In fact, however, no matter what Brzezinski might have thought, there are other pillars of world power beyond Eurasia — above all, Africa. Indeed, Sir Halford Mackinder, the author of the global geopolitical analysis that deeply influenced the former national security adviser, argued over a century ago that the locus of global power lay in a tri-continental combination of Europe, Asia, and Africa that he dubbed “the world island.”

    In the age of high imperialism, Europe found Africa a fertile field for colonial exploitation and, during the Cold War, Washington added to that continent’s suffering by making it a superpower surrogate battleground. But Beijing grasped the human potential of Africa and, in the 1970s, began building lasting economic alliances with its emerging nations. By 2015, its trade with Africa had climbed to $222 billion, three times America’s. Its investments there were then projected to reach a trillion dollars by 2025.

    Recognizing the strategic threat, President Barack Obama convened a 2014 summit with 51 African leaders at the White House. Trump, however, dismissed the entire continent, during a 2018 Oval Office meeting, as so many “shithole countries.” The Trump administration tried to repair the damage by sending First Lady Melania off on a solo trip to Africa, but her bizarre colonial outfits and ill-timed administration cuts in foreign aid to the continent only added to the damage.

    In addition to a storehouse of natural resources, Africa’s chief asset is its growing pool of human talent. Africa’s median age is 19 (compared to 38 for both China and the U.S.), meaning that, by 2050, that continent will be home to a full one-third of the world’s young. Given his fraught record with the region, Trump’s second term would likely do little more than hand the whole continent to China on a gold-plated platter.

    South of the Border

    Even in Latin America, the situation has been changing in a complex fashion. As a region informally incorporated into the American imperium for more than a century and suffering all the slights of an asymmetric alliance, its increasingly nationalist leaders welcomed China’s interest in this century. By 2017, in fact, Chinese trade with Latin America had hit a substantial $244 billion, making it — yes! — the region’s largest trading partner. Simultaneously, Beijing’s loans to Caribbean countries had reached a hefty $62 billion by the end of the Trump administration.

    Except for drug interdiction and economic sanctions against leftist regimes in Cuba and Venezuela, the Trump White House generally ignored Latin America, doing nothing to slow China’s commercial juggernaut. Although the Biden administration made some diplomatic gestures toward the region, China’s trade rose relentlessly to $450 billion by 2022.

    Reflecting a bipartisan indifference in this century, a reelected President Trump would likely do little to check China’s growing commercial hegemony over Latin America. And the region would undoubtedly welcome such indifference, since the alternative — along with draconian moves at the U.S.-Mexican border — might involve plans to fire missiles at or send troops to knock out drug labs in Mexico. The backlash to such unilateral intervention amid panic over immigration could cripple U.S. relations with the region for decades to come.

    Fading American Hegemony

    In the world that a second Trump term might face in 2025, American global power will probably be far less imposing than it was when he came into office in 2016. The problem won’t be that this time around he’s already appointing advisers determined to let Trump be Trump or, as the New York Times put it recently, who are “forging plans for an even more extreme agenda than his first term.” By every significant metric — economic, diplomatic, and even military — U.S. power has been on a downward slide for at least a decade. In the more unipolar world of 2016, Trump’s impulsive, individualized version of diplomacy was often deeply damaging, but on at least a small number of occasions modestly successful. In the more multipolar world he would have to manage nearly a decade later, his version of a unilateral approach could prove deeply disastrous.

    After taking his second oath of office in January of 2025, President Trump’s “thundering rhetoric, demanding respect for American authority and threatening military retaliation or economic reprisal,” might indeed fulfill the prediction I made some 15 years ago: “The world pays next to no attention as the American Century ends in silence.”

    #USA #impérialisme