L’art selon la « tech » - Nonfiction.fr le portail des livres et des idées
▻https://www.nonfiction.fr/article-11364-lart-selon-la-tech.htm
Par Christophe Camus
L’usage de l’art par les GAFAM n’a sans doute rien à voir avec le mécénat des grandes entreprises du siècle dernier.
C’est dans le prolongement de ses précédents ouvrages analysant les liens entre culture, politique et économie qu’il faut lire le dernier livre de Fred Turner venant questionner les usages de l’art au cœur des grandes entreprises de la Silicon Valley
. Plus précisément, ce petit ouvrage du spécialiste des sciences de la communication nous propose deux explorations de ces pratiques : la première se penche sur les liens existants entre Google et le festival Burning Man ; la seconde s’intéresse à « L’art chez Facebook ».
De l’art dans la Silicon Valley
Avant de commencer, l’auteur se demande si la Silicon Valley ne serait pas « restée étrangement sourde au chant des sirènes du marché traditionnel de l’art », si les grandes fortunes du numérique ne devraient « pas acheter peintures, sculptures et installations multimédias », comme leurs prédécesseurs fortunés, et s’il faut en déduire « que les programmateurs informatiques ne s’intéressent pas à l’art » (p. 6-7)
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La réponse à ces questions n’est évidemment pas si simple. Dans la continuité de ce qu’il a précédemment montré dans sa biographie extensive de Stewart Brand
, Turner revient sur une « longue tradition de collaboration entre industries technologiques et art, en Californie et au-delà » (p. 8). Sans remonter trop loin dans l’histoire de l’art, il nous ramène aux années 1960, auprès d’artistes imprégnés d’une culture cybernétique, utilisant la vidéo. Ses exemples nous entraînent de la Raindance Corporation à György Kepes, du Bauhaus au MIT, en insistant sur le rôle de quelques « entreprises comme AT&T ou Teledyne [qui] offraient des résidences et des bourses aux artistes »
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Une histoire dans laquelle le Palo Alto Research Center (PARC) de l’entreprise Xerox occupe une place de choix : ce centre de recherches californien conçoit l’interface graphique des ordinateurs modernes tout en collaborant avec des artistes de la baie de San Francisco « dans l’espoir qu’ils puissent explorer ensemble de nouveaux horizons ». Une démarche qui a finalement « donné naissance, entre autres, à des sculptures multimédia, des récits multi-écrans, et les premiers exemples d’art algorithmique »
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]]>L’usage de l’art - Fred Turner - Babelio
▻https://www.babelio.com/livres/Turner-Lusage-de-lart/1283295#critiques
C’est bien de pouvoir les critiques des véritables lecteurs. merci Babelio.
Fred Turner nous guide au coeur du festival Burning Man, véritable mythe au sein de la Silicon Valley, puis dans les locaux de Facebook, parmi les plus secrets de la planète. Ses observations nourrissent une analyse sur le nouvel usage de l’art comme outil de management et de création d’une culture d’entreprise.
Acquisitions, fondations, mécénat : les entreprises utilisent depuis fort longtemps l’art pour manifester leur grandeur et leur rayonnement tant dans leurs bâtiments que dans l’espace public. Depuis quelques années, la Silicon Valley utilise l’art différemment pour créer un nouvel environnement de travail, un nouveau style de vie en entreprise, chaque salarié pouvant apporter ses émotions, son moi profond et sa créativité.
Pour accompagner leur croissance accélérée, les firmes du numérique ont développé leur propre culture d’entreprise en intégrant un nouvel usage de l’art. On voit ainsi des ingénieurs préparer des performances pour Burning Man, ou des artistes recouvrir de fresques et d’affiches les murs des locaux de Facebook. À l’image des utilisateurs des médias sociaux, les salariés, chargés de « changer le monde », acceptent de rendre floue la frontière entre vie privée et travail, entre leurs sentiments et leur production.
Dans ce nouvel ouvrage incisif, Fred Turner montre comment les entreprises de technologie ont construit un modèle managérial qui veut rendre invisibles les relations de pouvoir. Elles récupèrent ainsi les idées de la contre-culture, celles d’un monde sans hiérarchie et sans contrats... pour notre bénéfice individuel et pour le plus grand bien des entreprises de la Silicon Valley.
]]>Comment la Silicon Valleyr réagit au COVID19 et à BlackLivesMatter ?
►https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/silicon-valley-covid19-black-lives-matter-interview-fred-turner
Interview de Fred Turner par Nastasia Hadjadji
Alors que la pandémie mondiale de COVID-19 est pour les GAFAM une opportunité de marché en or, les grandes entreprises des nouvelles technologies font face à des contestations venues de différents pans de la société américaine.
Historien, professeur à l’université de Stanford, Fred Turner est un spécialiste de la contre-culture américaine, de l’utopie numérique et de l’histoire des médias américains. Il est notamment l’auteur de Aux sources de l’utopie numérique : De la contre culture à la cyberculture, C&F Editions, 2013. Son prochain essai, L’usage de l’art : de Burning man à Facebook, art, management et innovation dans la Silicon Valley, paraîtra à l’automne aux Editions C&F.
]]>Comment les entreprises tech utilisent l’art et la créativité pour manager
►https://www.ladn.eu/mondes-creatifs/burning-man-facebook-silicon-valley-art-management
Un long entretien avec Fred Turner par Margaux Dussert
Dans son ouvrage L’usage de l’art, paru fin 2020, le chercheur Fred Turner, professeur de communication à l’université de Stanford, montre comment les entreprises de la Silicon Valley utilisent l’art pour bâtir un style de management « cool » et ultra-libertaire. De quoi cacher leurs logiques de pouvoir sous un épais vernis de créativité et une rhétorique de l’émancipation bien huilée.
]]>Rapports de pouvoir invisibilisés par des performances chatoyantes | Entre les lignes entre les mots
►https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/12/30/rapports-de-pouvoir-invisibilises-par-des-performances-
L’auteur analyse le paysage de l’expansion capitaliste, comment sont valorisées les connexions interpersonnelles, la surveillance des utilisateurs et utilisatrices, la cartographie et la quantification des schémas des interactions, l’élaboration des algorithmes pour inciter « subtilement à adopter tel ou tel comportement en particulier », le rôle de l’esthétique dans la modélisation des expériences les plus intimes, les masques des relations contractuelles, les effets des architectures numériques, l’expression individuelle sans syndicalisation, l’assimilation des besoins de l’entreprise à ceux du public, l’abstraction mathématique et ses utilisations dans les schémas de surveillance assistée par ordinateur…
]]>Fred Turner, L’usage de l’art. De Burning Man à Facebook, art, technologie et management dans la Silicon Valley
▻https://journals.openedition.org/lectures/47453
Cette nouvelle publication de Fred Turner poursuit la veine originale qui l’a conduit à explorer, dans d’autres ouvrages traduits par le même éditeur1, les affinités inattendues entre contre-cultures, nouvelles technologies et capitalisme libéral américain. Plus court et plus modeste que les précédents, L’usage de l’art réunit en fait pour le lecteur français deux articles initialement parus dans des revues anglophones.
Si les thèses de Turner semblent parfois reposer sur des analogies quelque peu forcées entre art et idéologie, plutôt que sur des démonstrations documentées, c’est la contrepartie d’un effort stimulant pour lier des disciplines, media studies, histoire de l’art et sociologie du travail, qui communiquent habituellement peu. Le choix d’une approche sous l’angle de l’art d’entreprise permet de comprendre le pouvoir d’attraction que ces multinationales continuent d’exercer sur leurs employés comme sur leurs utilisateurs, malgré des critiques croissantes : leurs promesses de réalisation de soi ne se nourrissent pas seulement « aux sources de l’utopie numérique », mais aussi à celles de la bohème artistique.
]]>Une poupée Barbie coincée entre deux livres de C&F éditions
►https://cfeditions.com/red-mirror
On apprend aujourd’hui dans Actulitté que Mattel, le fabricant des poupées Barbie vient de publier (avec succès) une poupée à l’effigie de la militante africaine-américaine et autrice Maya Angelou, au sein d’une collection Barbie de "femmes inspirantes" (qui comporte par exemple déjà Rosa Parks). ▻https://actualitte.com/article/98429/insolite/mattel-commercialise-une-poupee-barbie-a-l-effigie-de-maya-angelou
Cette annonce m’a évidemment fait bondir par son cynisme... mais il surtout significatif qu’elle entre en écho avec les deux derniers livres publiés par C&F éditions.
Dans "L’usage de l’art", Fred Turner parle longuement des posters de militantes syndicalistes affichés sur les murs à l’intérieur des bureaux de Facebook.
►https://cfeditions.com/usage-art
Et de s’étonner : « Les portraits de figures telles que Dolores Huerta, célèbre syndicaliste s’étant battue pour les droits des ouvriers agricoles aux États-Unis, ou de Shirley Chisholm, première Africaine-Américaine élue au Congrès sont affichés dans les bureaux de Facebook du monde entier. [...] Lorsque l’Analog Research Lab affiche une photo de Dolores Huerta sur les murs d’une entreprise dont les ingénieurs ne sont pas syndiqués, il montre son pouvoir de transformer les mouvements politiques les plus incarnés et institutionnalisés en actes d’expression décontextualisés. Sur une affiche, l’image de Dolores Huerta devient un signe, vidé de son histoire, et dès lors redéfini. Une image qui a autrefois pu inspirer des ouvriers agricoles précaires à descendre dans la rue pour manifester offre dorénavant aux ingénieurs des classes moyennes et supérieures une opportunité de célébrer la diversité d’identité au sein de leur entreprise. »
En écho, Mattel proclame que la collection "Inspiring Women" réunit « des héroïnes incroyables de leur temps, des femmes courageuses qui ont pris des risques, changé les règles et ouvert la voie à des générations de femmes, les invitant à rêver au-delà des limites imposées ».
Un même discours qui sacralise l’individu, mais noie son action collective derrière un gloubi-boulga marketing sur la liberté... Une liberté que Facebook comme Mattel sont loin d’offrir à leurs salarié·es.
Dans un rapport publié en novembre 2020, plusieurs ONG dénoncent les humiliations, l’absence de droits et le harcèlement sexuel... dans les usines chinoises qui fabriquent les poupées Barbie "inspirantes". (▻https://admin.actionaid.fr/uploads/downloadFile/413/Mattel-factory-report-2020.pdf )
« Salaires indignes, charge de travail infernale, logements insalubres, et parfois même travail forcé... Des détails choquants sur les conditions de travail en Chine ont été exposés les uns après les autres depuis les années 1980. [...] Cette année, nous publions les résultats d’une nouvelle enquête de plusieurs semaines dans une autre usine chinoise de Mattel, dont les résultats sont une fois de plus inquiétants. [...] Mattel a refusé de communiquer sur sa politique de lutte contre le harcèlement sexuel et n’a annoncé aucune mesure visant à éradiquer le harcèlement sexuel. »
Ceci nous amène à parler du prochain livre publié par C&F éditions, qui va paraître le 1 février : « Red Mirror : L’avenir s’écrit en Chine ».
►https://cfeditions.com/red-mirror
Cet ouvrage de Simone Pieranni, que nous avons traduit de l’italien, s’intéresse à la manière dont la Chine est devenu le pôle principal de l’avenir du numérique et de l’intelligence artificielle. Il montre les ressorts de ce capitalisme numérique débridé... et notamment les conditions de travail dans les usines de fabrication du matériel informatique, comme dans les bureaux des ingénieures ou le travail à la tâche des "Turcs mécaniques" qui nourrissent l’ogre de l’intelligence artificielle. Un chapitre entier est consacré aux conditions de travail... et nous averti : ce qui se passe là-bas s’étend maintenant dans toutes les usines possédées par les multinationales chinoises. Une analyse confirmée par un article du 13 janvier 2021 sur les employé·es de Huawei en Europe (►https://netzpolitik.org/2021/wolf-culture-how-huawei-controls-its-employees-in-europe - en anglais ).
Parce que le numérique est dorénavant un moteur majeur de nos sociétés, il est devenu essentiel de comprendre les discours de ses entreprises de pointe. De mesurer combien ils servent avant tout à masquer l’émergence d’une forme nouvelle d’exploitation et de dépossession des outils collectifs au profits d’une sacralisation de l’individu... qui le laisse isolé face aux pressions sociales, politiques et culturelles du capitalisme numérique.
Deux ouvrages en plein dans l’actualité.
Bonne lecture,
Hervé Le Crosnier
Fred Turner
L’usage de l’art. De Burning man à Facebook, art, technologie et management dans la Silicon Valley
avec un cahier photo de Scott London et de l’intérieur de Facebook
ISBN 978-2-37662-017-4 - 25 €
►https://cfeditions.com/usage-art
Simone Pieranni
Red Mirror : L’avenir s’écrit en Chine
avec un cahier photo de Gilles Sabrié
ISBN 978-2-37662-021-1 - 25 €
►https://cfeditions.com/red-mirror
(pré-commande. Disponible le 1 février)
#Chine #travail #Red_Mirror #Usage_art #Simone_Pieranni #Fred_Turner
]]>Comment les entreprises tech utilisent l’art et la créativité pour manager
►https://www.ladn.eu/mondes-creatifs/burning-man-facebook-silicon-valley-art-management
Interview par Margaux Dussert.
Dans son ouvrage L’usage de l’art, paru fin 2020, le chercheur Fred Turner, professeur de communication à l’université de Stanford, montre comment les entreprises de la Silicon Valley utilisent l’art pour bâtir un style de management « cool » et ultra-libertaire. De quoi cacher leurs logiques de pouvoir sous un épais vernis de créativité et une rhétorique de l’émancipation bien huilée.
Pourquoi les ingénieurs et les créatifs de la Silicon Valley se rassemblent-ils en masse au festival Burning Man ? Comment un événement, originellement anti-consumériste et enraciné dans la contre-culture américaine des années 60, est-il devenu le terrain de jeu d’anglicismes corpo bien connus (networking, team building et autres manifestations de personal branding) ? Et puis, quelle est cette obsession de Mark Zuckerberg pour le street art et le design militant ? Autant de questions que le chercheur américain Fred Turner pose dans son dernier ouvrage L’usage de l’art : de Burning Man à Facebook, art, technologie et management dans la Silicon Valley, paru aux éditions C&F.
De Menlo Park (Facebook) à Mountain View (Google) en passant par la tentaculaire Black Rock City, célèbre ville éphémère du festival Burning Man, l’auteur dresse une fresque ironique du modèle managérial des entreprises de la Silicon Valley ; entre célébration de la créativité et mise en commun des données, absence apparente de règles et habile invisibilisation des relations de pouvoir. Entretien.
]]>For Founders to Decorators, Facebook Riches - The New York Times
▻https://www.nytimes.com/2012/02/02/technology/for-founders-to-decorators-facebook-riches.html
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SAN FRANCISCO — The graffiti artist who took Facebook stock instead of cash for painting the walls of the social network’s first headquarters made a smart bet. The shares owned by the artist, David Choe, are expected to be worth upward of $200 million when Facebook stock trades publicly later this year.
]]>Does Facebook Have a Secret Paper Fetish? | Collectors Weekly
▻https://www.collectorsweekly.com/articles/facebook-secret-paper-fetish
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On February 1, 2012, at exactly 5:02 p.m., the day Facebook announced it was finally going public, the company’s CEO, Mark Zuckerberg, posted a photograph of his desk on his personal Facebook page. Along with a MacBook Air, dry-erase marker, and bottle of G Series Gatorade, Zuck’s work station featured a plain white poster bearing the all-caps red message, “STAY FOCUSED & KEEP SHIPPING.”
“Posters give us something to share back to Facebook.”
Earlier that day, at 11:48 a.m., Ben Barry posted an image of the same poster on the Facebook Analog Research Lab’s Facebook page with this message: “New posters in the Building 16 2nd floor micro kitchen (by the bridge). Stay focused.”
How did Barry get the jump on his boss? Well, he printed the poster. As co-founder of the Analog Research Lab, Barry is one of several people at Facebook who carve out time from their other duties to spread Facebook’s grassroots gospel around the company’s campus.
Since the summer of 2010, when he and another Facebook designer Everett Katigbak (they were hired on the same day in 2008) began filling a Palo Alto warehouse space with printing presses, a darkroom, and even a few woodworking tools, Barry has been letterpressing and screenprinting posters with simple, propaganda-style messages like “DONE IS BETTER THAN PERFECT,” “MOVE FAST AND BREAK THINGS,” and “WHAT WOULD YOU DO IF YOU WEREN’T AFRAID?”
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