• Les luttes pour le salaire ménager : théorie et pratique
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    La possibilité de faire ainsi converger des luttes spécifiques vers une revendication commune est évidemment à mettre en lien avec l’inspiration opéraïste des militantes et théoriciennes telles que Mariarosa Dalla Costa, selon laquelle ces différents lieux de lutte constituent « l’autre usine », l’usine sociale : le travail des « ouvrières du trottoir », des « ouvrières de la maison » – jusqu’ici considéré exclusivement comme porteur d’une valeur d’usage – acquiert ainsi une reconnaissance en tant que travail productif, puisque c’est lui qui produit et reproduit la force de travail. Si ce travail n’a pas été considéré comme tel jusqu’à alors, c’est parce que, considéré comme naturel, allant de soi pour les femmes, comme un « travail d’amour », pour reprendre le titre de l’ouvrage de Giovanna Franca Dalla Costa (Un lavoro d’amore), il n’a jamais été salarié ; ou plutôt, c’est parce qu’il n’a jamais été salarié qu’il n’a pas été considéré comme travail. Il sera ici profitable, afin de mieux saisir les dynamiques de cloisonnement entre le travail à la maison, considéré comme non productif et donc non rémunéré, et le travail à l’extérieur, considéré comme productif et donc rémunéré, de lire ces théories au regard de l’ouvrage Caliban et la sorcière de Silvia Federici, qui offre une description du processus de formation de la figure de la « ménagère » dans la transition du féodalisme au capitalisme. En permettant l’intégration des « sans salaire » à la classe ouvrière, ces théories invitent donc à une meilleure compréhension du fonctionnement de l’exploitation capitaliste, notamment de la manière dont le salaire organise également l’exploitation des non-salarié-e-s.

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