#uzerche

  • A Uzerche, je vis des arbres de la liberté devant toutes les portes.
    Vous croyez que Uzerche est une ville, c’est une forêt. Je ne serais pas très rassuré s’il fallait la traverser à minuit. La diligence y passe heureusement à midi. Le beau sexe et celui qui ne l’est pas, m’ont paru très médiocrement attrayants. Des canards barbottent (sic) dans de petites mares, au milieu des rues encombrées de fumier. Un monsieur, très démocrate, je suppose, a fait dans sa maison, une niche à un arbre de la liberté, qui en cette qualité se trouve emprisonné dans la muraille, laquelle est peinte en rouge. Ce monsieur a bien du goût. A la bonne heure ! voilà un vrai patriote qui doit faire le bonheur de ses concitoyens, et qui voit les questions d’un peu haut. Braves Uzerchois, ou Uzerchiens, allez !

    Frédéric Le Blanc d’Hackluya, « De Toulouse à Paris », poème en prose publié en 1849 dans le quotidien Le Corsaire. Le Blanc d’Hackluya, de son vrai nom Frédéric Le Blanc du Vernet, est un écrivain et critique d’art toulousain du milieu du XIXe siècle.

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  • En suivant le chemin jusqu’au viaduc, on croise la voie ferrée en franchissant une montée caillouteuse ; du ballast s’écoule par ce raidillon et roule sous les pieds. De l’autre côté de la voie, le chemin descend vers un autre petit bois, mais celui-là clair, ensoleillé, bienfaisant, renaissant ; un bois pour danser, doux aux pas, tendre. On y voit en été des gens installés sur des nappes, des enfants, des fillettes chassant le papillon, des pêcheurs, des baigneurs. Il y règne une atmosphère de sérénité, une lenteur paisible qui fait douter de la réalité, là aussi, du temps et du lieu. Au-delà, un vaste pré calme longe la Vézère. On y voit des vaches rouges, immobiles, qui ajoutent encore à la sérénité du lieu. A un kilomètre en amont en suivant la vallée à mi-pente, une casquette de pierre coiffe d’énormes piliers de rocs plantés dans l’humus, c’est le dolmen. Terre d’histoires et de fantômes, le sacré est partout. Partout les fantômes et les traces. Sur la terre noire, charbonneuse, humide, la trompette-de-la-mort, corolle bleu-gris, fleur vénéneuse, truffe des bois, pousse en abondance.
    Sous le dolmen, un jour de fouilles sauvages, nous avons mis à jour une canette de bière, un journal torcheur, un paquet de Gauloises. L’Homo avait remporté son propre squelette.

    Henri Cueco, « Journal d’un peintre », in Le Limousin. Terre sensible et rebelle, Paris, Autrement, 1995, p. 27.

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