• « Thomas Piketty, la France et la méritocratie », par Jean-Pierre Dupuy (Le Monde, 10/03/2015)
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/03/10/thomas-piketty-la-france-et-la-meritocratie_4590638_3232.html

    Le succès quasi planétaire du livre de Thomas Piketty, Le #Capital au XXIe siècle (Seuil, 2013), a quelque chose de troublant. C’est comme si la simple publication de données statistiques sur les #inégalités de richesse et de revenu avait une portée morale et politique immédiate, comme si les faits pouvaient à eux seuls constituer des valeurs, ce qui, en bonne philosophie, est un passage indu.

    Des siècles de réflexions et de débats nous ont en effet appris que le sens attribué aux inégalités dépendait fortement du contexte social et moral dans lequel elles se situent. Opposant les sociétés démocratiques aux temps aristocratiques, Tocqueville écrivait ainsi dans De la démocratie en Amérique : « Quand l’inégalité est la loi commune d’une société, les plus fortes inégalités ne frappent point l’œil ; quand tout est à peu près de niveau, les moindres le blessent. C’est pour cela que le désir de l’égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l’égalité est plus grande. »

    Au sujet de la #France, Piketty affirme trois choses : la méritocratie est une des valeurs phares de la République ; c’est pourquoi les inégalités sont le plus souvent justifiées par le mérite ; cette justification est un masque qui cache une réalité plus sordide.

    Sur les deux derniers points, on croirait lire du Pierre Bourdieu (La Reproduction, 1970), mais pas sur le premier point. Car, jamais Bourdieu n’aurait considéré le mérite comme une #valeur devant être récompensée !

    Nous avons tous appris de Bourdieu à suspecter le vernis hypocrite des légitimités qui masque les rapports de force. La priorité de la sociologie critique est de dénoncer la « transmutation de l’héritage social en grâce individuelle ou en mérite personnel ». Le système d’enseignement se dit capable de sélectionner « les meilleurs » (ceux que la nature a dotés largement en capacités et talents, et qui font l’effort de les développer) et d’assurer leur succès dans la vie, alors qu’il ne fait en réalité que reproduire le classement social de départ, tout en le consacrant au moyen de la fiction du mérite individuel.

    En vérité, la cible de la sociologie critique n’est pas tant la méritocratie que la #hiérarchie. Le voile qu’il s’agit de lever est moins celui de la bourgeoisie que celui de la société d’ordres et de castes.

    Et là on retrouve l’idée de #race (au sens de l’abbé Siéyès, confère le prochain numéro de @vacarme, mais aussi au sens de Nietzsche).

    Le bourgeois, c’est le « parvenu » - parvenu à se hisser au faîte de l’échelle sociale au prix d’efforts dont il va jusqu’à se flatter. Le grossier personnage. La méritocratie du travail et de la peine est surtout coupable de naïveté aux yeux de la sociologie critique : elle trahit la vérité honteuse de l’ordre social, faite de conflit et d’arbitraire.

    Non, c’est au noble, à celui qui possède sans jamais s’être donné la peine d’acquérir, qu’il s’agit d’abord de rabaisser le caquet. D’ailleurs, qui méprise qui ? Est-ce le bourgeois qui méprise l’aristocrate ? Dans la pièce inénarrable d’Octave Mirbeau, Les affaires sont les affaires (1903), le noble de Porcelet répond au bourgeois Lechat qui lui propose une alliance : « Vous pouvez tout nous acheter, nos biens, nos titres, nos filles, mais pas la manière de s’en servir ! »

    Entre les #valeurs de l’acquis et du faire et les valeurs de la naissance, de l’essence et de la nature, la hiérarchie propre aux sociétés aristocratiques a toujours placé les secondes au sommet. Mais c’est aussi le cas, par mimétisme, des sociétés bourgeoises qui ne sont pas en reste pour mépriser la « marque roturière de l’effort ». L’élève que l’on admire n’est pas celui qui réussit en se tuant à la tâche. C’est celui à qui tout est donné et qui caracole en tête les doigts dans le nez.

    Là l’auteur exagère. Philosophe et professeur à l’université Stanford, en #Californie, il devrait peut-être songer à prendre un peu l’air pour voir. Puisqu’on parle de valeurs, il y a là un un glissement de la France aux Etats-Unis (#idéologie_californienne ?).

    Le livre de Piketty montre bien que le #capitalisme redevient un monde d’héritiers. Mais il correspond en cela à l’#idéologie profonde des Français. Ceux-ci ne sont-ils pas bien davantage opposés aux droits de succession qu’à l’impôt sur le revenu ? Contrairement à ce que Piketty pense, les faits et les valeurs sont donc bien en phase. Même si cela ne veut évidemment pas dire que ces valeurs échappent à la critique.

    via @opironet

  • La #technologie devrait être utilisée pour créer de la mobilité sociale... pas pour espionner les citoyens - The Guardian
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/113501569145

    L’indispensable Cory Doctorow (@doctorow) dans sa dernière tribune pour le Guardian se demande pourquoi nous sommes espionnés. “Parce qu’ils peuvent” répond-t-il simpement. L’espionnage n’est pas cher et il est tous les jours moins cher. L’espionnage est un aspect de ce que l’économiste de l’Institut de Santa Fe Samuel Bowles appelle le travail de garde : le travail qui est fait pour stabiliser les relations de propriété, en particulier les biens appartenant aux plus riches. “Le montant qu’un Etat doit dépenser sur le travail de garde est fonction de la quantité de légitimité que l’Etat détient dans la prise en compte de sa population. Un Etat dont la population considère le système comme juste doit faire moins de coercition pour atteindre la stabilité.” Les Etats qui connaissent la stabilité sociale la gagne (...)

    #politique #liberté #gauche #valeurs

  • L’appel de 16 députés : Il faut « désoixantuitardiser » la France ! | Valeurs actuelles toujours aussi frais
    http://www.valeursactuelles.com/appel-de-16-deputes-il-faut-d%C3%A9soixantuitardiser-la-France-508

    Le 7 janvier 2015, les enfants de Mai 68 ont enfin ouvert les yeux. Antiraciste, droit-de-l’hommiste, naturellement méfiante à l’égard de l’ordre et des frontières, cette génération a longtemps nié les problèmes liés à l’immigration, à l’insécurité et à la dislocation du modèle familial conservateur qu’elle a contribué à dynamiter. Elle qui proclamait “Il est interdit d’interdire” a consacré sa domination en se claquemurant dans une pensée unique. Les Zemmour, Finkielkraut ou Houellebecq en savent quelque chose. Nous n’interdisons plus : nous bâillonnons. Nos inquisiteurs modernes appliquent le droit cathodique, et le tweet bashing a opportunément remplacé les cailloux pour les lapidations publiques.

    Symboliquement, ses représentants les plus talentueux — héritiers des lanceurs de pavés voltairiens et libertaires — ont été assassinés avec leurs adversaires historiques — les “flics” — dans une même frappe aveugle. Et c’est ainsi que la France est descendue dans la rue autant pour clamer “Il est interdit d’interdire” que pour ressusciter des choses oubliées : la Marseillaise, le goût d’être ensemble, et même pour applaudir la police. Quel paradoxe !

    En testant au paroxysme l’esprit de Mai 68, celui-ci s’est placé devant ses propres contradictions et a entamé inexorablement son déclin. Il subsiste encore quelques digues, par exemple celle de “réfuter les amalgames” par peur de verser dans “l’islamophobie” ou le “racisme”. Nier l’altérité ne suffit pas à oublier la complexité : effectivement, tous les musulmans ne sont pas des terroristes en puissance mais il faut bien constater que tous ces assassins se proclamaient musulmans. Les musulmans de France ne se sentent pas solidaires des terroristes, mais comment se sentiraient-ils à 100 % Charlie, à partir du moment où certains dessins les insultent ? Au coeur de cette différence d’appréciation, il y a bel et bien un choc culturel sur la notion de sacré, entre un Occident qui dans sa jeunesse a proclamé “Dieu est mort” et pour qui le blasphème moderne est le crime contre l’humanité, et l’islam où l’homme se soumet à son créateur.

    Députés cosignataires : Julien Aubert (Vaucluse) ; Sylvain Berrios (Val-de-Marne) ; Édouard Courtial (Oise) ; Jean-Pierre Decool (Nord) ; Nicolas Dhuicq (Aube) ; Sauveur Gandolfi-Scheit (Haute-Corse) ; Annie Genevard (Doubs) ; Claude Goasguen (Paris) ; Philippe Gosselin (Manche) ; Arlette Grosskost (Haut-Rhin) ; Sébastien Huyghe (Nord) ; Geneviève Levy (Var) ; Jean-François Mancel (Oise) ; Philippe Meunier (Rhône) ; Charles de La Verpillière (Ain) ; Philippe Vitel (Var).

    #valeurs_actuelles #mai_68 #conservation #je_sèche

  • Yanis Varoufakis : Comment je suis devenu un marxiste fantasque (The Guardian) — Yannis VAROUFAKIS
    http://www.legrandsoir.info/yanis-varoufakis-comment-je-suis-devenu-un-marxiste-fantasque-the-guar

    Avant d’entrer en politique, Yanis Varoufakis, l’iconoclaste ministre grec des Finances, qui joue un rôle de premier plan, en cette nouvelle période troublée de la zone euro, avait rédigé cette critique virulente du capitalisme européen, tout en indiquant les leçons que la Gauche pouvait tirer des erreurs de Marx

    • Il y a des morceaux d’explication de la valeur, de la double nature du travail (chap 2 et 3), mais pas forcément de sa critique, je ne sais pas trop.
      cc @ktche

      #Marx #travail #valeur #critique_de_la_valeur

      La seconde erreur de Marx, celle que j’attribue à la commission, est pire encore. C’était son postulat selon lequel la vérité sur le capitalisme pourrait être découverte dans la mathématique de ses modèles (les fameuxt « schémas de reproduction »). Ce fut le pire des mauvais services que Marx pût rendre à son propre système théorique. L’homme qui nous a équipés avec la liberté humaine comme concept économique de premier ordre, le chercheur qui a hissé l’indétermination radicale à sa place méritée au sein de l’économie politique, la même personne qui finit par jouer avec de simples modèles algébriques, dans lesquels les unités de travail étaient, naturellement, entièrement quantifiées, espérant contre toute attente évincer de ces équations quelques perceptions additionnelles sur le capitalisme. Après sa mort, les économistes marxistes ont gâché des longues carrières en usant des mêmes mécanismes scolastiques, finissant comme ce que Nietzsche appelait « les pièces d’un mécanisme qui sont venues se plaindre ». Complètement immergés dans des débats oiseux sur le problème de la transformation et qui faire à ce sujet, ils sont finalement devenus une espèce pratiquement éteinte, alors que les bulldozers néolibéraux écrasaient toute dissidence sur leur passage.

      Comment Marx a-t-il pu se tromper à ce point ? Pourquoi n’a-t-il pas admis qu’aucune vérité sur la capitalisme ne peut jamais sortir de quelque modèle mathématique que ce soit, aussi brillant soit-il ? N’avait-il pas les outils intellectuels nécessaires pour comprendre que la dynamique du capitalisme prend sa source dans la part non quantifiable du travail humain, c’est-à-dire d’une variable qui ne peut jamais être bien définie mathématiquement ? Bien sur qu’il en était capable, puisqu’il a lui même forgé ces outils ! Non, la raison de son erreur est un peu plus inquiétante : tout comme les économistes vulgaires qu’il a si brillamment fustigés (et qui continuent à dominer les départements d’économie aujourd’hui), il convoitait le pouvoir qu’une « preuve » mathématique lui offrait.

    • Il y a des morceaux d’explication de la valeur, de la double nature du travail (chap 2 et 3), mais pas forcément de sa critique, je ne sais pas trop.

      Oui, effectivement, il y a un point de départ explicite dans la double nature de la marchandise. Le problème avec la position de Varoufakis, c’est de faire l’apologie d’une des faces pour critiquer uniquement l’autre. L’abstrait se saisit bien du concret, mais ce dernier n’est qu’un support lui-même historiquement et socialement déterminé par la dynamique immanente au capital, c’est-à-dire celle du travail producteur de marchandise. Il n’y a pas de point d’appui extérieur possible dans le « feu vivant qui façonne la matière » car il est lui même façonné par une forme de vie particulière, celle de la synthèse sociale capitaliste.

      C’est une position très « marxiste traditionnelle » que défend Varoufakis, celle d’une « économie politique critique » qui adopte le point de vue du travail contre le capital. Or, ce que suggère l’analyse de Marx, c’est plutôt la « critique de l’économie politique », c’est-à-dire le fait de considérer les catégories de l’économie politique (travail, argent, marchandise...) comme des catégories négatives et destructrices en soi.

      Le décomposition inhérente au déploiement historique de ces catégories nous a fait passer du keynésianisme ou néolibéralisme, mais cet enchainement, qui produit des effets délétères et bien réels dont on doit se préoccuper par ailleurs, ne doit cependant pas nous donner la nostalgie de la phase antérieure. Car ce sont toujours ces mêmes catégories négatives qui travaillent au cœur des phases successives. La logique du néolibéralisme, si elle parait superficiellement en opposition avec le keynésianisme, est profondément la même.

  • Let Your Values Be Your Guide - Cognition : The blog of web design & development firm Happy Cog
    http://cognition.happycog.com/article/let-your-values-be-your-guide

    Keep the lines of communication open. No matter how big you are, or plan to be, if you stop talking with your team, you can’t provide the type of guidance they (or you) need to be successful. If you are unsure of how to manage communication across a growing team (or you are assigning management responsibilities to others), it may be time to seek the help of a professional. Management/Executive coaches are plentiful and more than willing to provide workshops or individual consulting to provide people with the training they need to be awesome.

    Your values say a lot about who you are, what you do, and how you do it. More importantly, they reassure your team that what’s important will always be preserved, for their benefit and yours.

    #culture-d'entreprise #valeurs
    (je tente le tag Culture d’entreprise, je ne sais pas trop comment Seenthis gère les apostrophes)

  • CTM, Transmédiales à Berlin ; le temps des curateurs.

    « Pricer », « marketer », « auto-fixing », curation, diffusion, réflexivité : la raison de l’art jongle avec les valeurs du marché.
    http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=MULT_057_0061

    "Il semble que l’usage malheureux qui est fait de l’art détourne l’attention de l’expérience artistique elle-même. C’est pourquoi le moment de l’exposition devient le moment où le désir nous lâche, la libido s’éparpille, les stratégies d’évitement se multiplient. Tout est bon pour nous détourner des murs faussement virginaux de l’espace d’art, où nous attendent, dans un silence étincelant, des objets de luxe et de consommation. Des pratiques lénifiantes de « médiation » ont en outre dissuadé les derniers visiteurs d’y prendre la parole. Mais ils ne peuvent pas non plus s’y taire. Les espaces de « vacuoles » réclamés par Deleuze n’y sont plus proposés ou ne trouvent pas preneurs. L’art s’est laissé domestiquer." http://www.chrematistique.fr/wp-content/uploads/2014/06/SB_crematistique.pdf

    Art cent valeurs. http://www.scopalto.com/multitudes/57/art-cent-valeurs

    Non à la “curation” http://owni.fr/2011/02/13/non-a-la-curation

    #curation #valeur #entreprise #art #marketing #marché #acculture #production

  • Les aventures de la liberté d’expression / Alain Brossat « Le silence qui parle
    http://lesilencequiparle.unblog.fr/2015/01/31/les-aventures-de-la-liberte-dexpression-alain-brossat

    Voici ce dont ne se sont pas avisé ceux qui, d’instinct, après les attentats du 7 janvier 2015, ont adopté le slogan « Je suis Charlie » : la liberté d’expression, la liberté de parole, la liberté de la presse dont se réclame ce journal est, sous couvert d’une pratique débridée de « la satire », rigoureusement homogène à celle que promeuvent les activistes du Front national lorsqu’ils s’en vont organiser un « apéro gros rouge et saucisson » à Barbès ou dans tout autre espace urbain densément peuplé de « travailleurs immigrés ». Il s’agit de la liberté de provoquer, outrager, humilier avec le consentement actif de l’Etat – c’est-à-dire sous protection policière – une fraction de la population à laquelle il est ainsi question de faire savoir (au cas où elle l’aurait oublié, ce qui est improbable…) qu’elle n’est pas d’ici mais bien d’ailleurs ; qu’à ce titre sa présence parmi ou au côté de ceux qui sont ici vraiment chez eux n’est que conditionnelle, litigieuse et, au fond, constamment revocable (1). Bien regrettable est alors la distraction de ceux/celles qui, animé(e)s des plus vertueuses dispositions et intentions du monde, ne s’avisent pas que leur ralliement à une prétendue normativité démocratique et républicaine, laquelle s’opposerait à d’autres coutumes et sensibilités d’inspiration religieuse et venues d’ailleurs, a pour effet de reproduire la même fracture exactement dans le corps du peuple que celle sur laquelle prospèrent les discours ouvertement xénophobes – la fracture entre ceux qui sont ici chez eux, de plein droit, dans la mesure où ils s’identifient aux institutions et à l’histoire de l’Etat, et les autres qui ne le sont pas pleinement ou pas vraiment, dans la mesure où ils n’admettent pas que l’on insulte leurs croyances, leur foi et leurs coutumes. Le « c’est ainsi qu’on fait ici, telles sont nos coutumes et nos lois » qu’opposent les intégristes d’un républicanisme et expéditif et d’un démocratisme biaisé à tous ceux qu’offense leur zèle provocateur se poursuit logiquement en « et si vous n’êtes pas contents de ces règlements et de l’usage libéral que nous en faisons, allez voir ailleurs ! » ; il converge ici très ostensiblement avec le discours identitaire et autochtoniste qui spécule sans relâche sur la fracture entre vrais Français et supefétatoires ou indésirables. On s’en tait déjà avisé en plus d’une occasion lors du « débat sur le foulard » de triste mémoire – quand des enseignants d’extrême gauche étaient aux avant-postes de la traque aux adolescentes « voilées » dans les collèges et lycées.

    Ces « libertés » sont donc distinctement entendues comme destinées à mettre en scène et rendre visible (donc accentuer, de ce fait même) l’opposition entre ceux qui sont bien fondés à se moquer, à ridiculiser et outrager du fait même qu’ils occupent la place de l’autochtone (une place toute imaginaire, est-il besoin de le préciser) et ces autres dont la vocation est d’encaisser ces sarcasmes et ces moqueries, du fait de leur origine déficitaire, de leurs mœurs et leurs croyances – du fait même qu’ils sont, fondamentalement, des en-trop, des intrus, des parasites, des outsiders quintessentiels ; ceci, quels que soient leurs efforts pour se fondre dans le paysage ou s’assurer des positions dans ce pays auquel ils demeurent fondamentalement étrangers (comme leurs mœurs et leurs croyances l’attestent, une fois encore). Ce sont des « libertés » qui entendent s’exercer dans le but de reproduire la division entre « ceux d’ici » et les autres – l’opération de base du racisme moderne, comme l’ont montré, entre autres, Michel Foucault et Etienne Balibar.

    #xénophobie #liberté_d'expression #charlie_hebdo #valeurs_républicaines

    • Si le projet républicain est mort, c’est aussi de la gauche dont il faut faire le deuil. Il n’y aura pas d’intégration par l’école de la république, pas de plein emploi, pas de libéralisme sagement domestiqué, pas de police respectueuse. (...)
      Ce qui fait tressaillir d’angoisse ce monde c’est sa propre fin dont les signes sont omniprésents. Sa mythologie hollywoodienne la met en scène à toutes les sauces. Que « l’économie de marché et la démocratie » ne constituent ni la fin de l’histoire, ni le devenir inéluctable de toutes les formes de vie humaines représente un choc à n’en pas douter. Ce qui se joue sous nos yeux n’est rien d’autre que la fin de l’hégémonie de l’occident sur le plan spirituel et culturel aussi. Chez ses propres enfants d’abord. Pour horrible que ce soit, le fait que trois d’entre eux retournent leur rage et leurs armes de la manière la plus violente contre ce qu’ils perçoivent comme les symboles de leur humiliation, emportés par une ligne de fuite fasciste, n’est peut être pas ce qu’il y a de plus notable dans l’époque. Beaucoup plus nombreux en effet sont ceux qui désertent littéralement ce qu’on leur propose ici. Qu’il y ait d’autres idées de la vie et du bonheur, que des mondes adviennent et qu’il y ait du sens à les défendre, que toute vie commune ne doive pas se dire dans la langue de la république et de l’économie, voilà qui constitue un mystère insondable pour un pouvoir qui constate que la greffe ne prend décidemment pas sur la totalité du corps social. Trainer deux jeunes de quinze ans, partis naïvement faire la guerre contre Bachar El-Assad, dans les bureaux de la DCRI à leur retour en dit long par exemple sur ce désarroi. Comme le fait de programmer une opération militaire pour déloger une bande de zadistes armés de cabanes dans les arbres et de bottes en caoutchouc.

      La république est morte. L’époque est nihiliste. C’est de là dont il faut partir. Il faut aller au bout d’un certain désespoir pour en finir avec cette attente triste, perpétuellement déçue. Beaucoup déjà ne désirent plus l’intégration pour avoir bien senti que c’est là où les mailles du pouvoir n’enchâssent pas complètement l’existence que surgit du sens.

      Feu la république.
      http://ledesertdureel.over-blog.com/2015/01/feu-la-republique.html

  • L’école des soignants : Pourquoi des listes de soignant.e.s dressées par les patient.e.s ?
    http://ecoledessoignants.blogspot.fr/2015/01/pourquoi-des-listes-de-soignantes.html

    Qui dit #hiérarchie sociale, dit hiérarchie de #valeurs

    Ici encore, pas besoin de démonstration : les #classes sociales du sommet de la pyramide n’ont pas les mêmes critères de valeur (financiers, culturels, comportementaux) que les classes les moins favorisées. Les #médecins faisant eux-même l’objet d’une sélection liée au milieu d’origine, il n’est pas surprenant que la « culture », autrement dit les valeurs d’une majorité de médecins reflètent le mode de pensée des milieux les plus favorisés.

    Parmi les « valeurs » du monde médical français figurent :

    – l’idée qu’un patient est moins apte à décider pour lui-même que le médecin à qui il fait appel ; ce préjugé découle de l’illusion que devenir médecin confère des qualités ou une clairvoyance particulières ; pour beaucoup de médecins issus de milieux favorisés, il n’est en réalité que le prolongement d’un #préjugé de classe, selon lequel un riche éduqué est toujours plus apte à faire pour les autres des choix appropriés qu’un pauvre sans éducation ne peut faire des choix pour lui-même (je caricature à peine).

    Ce premier préjugé se double d’un autre préjugé, non moins sérieux :
    – l’idée que toute critique émise par un patient à l’égard des soins ou des soignants est nulle et non avenue – au prétexte qu’un patient (malade ou non) ne serait pas en mesure d’avoir une opinion objective. Cette disqualification de la parole et de l’opinion (tenues pour « douteuses », « suspectes » ou au moins « sujettes à caution ») est un pur critère de classe. En effet, aux yeux du médecin qui n’a pas conscience de ses préjugés, un patient risque toujours d’apparaître comme un « pauvre ».

    Ces deux préjugés s’aggravent d’un troisième, fortement ébranlé depuis dix ans mais encore fermement ancré, à savoir que les patients n’ont pas à s’informer ni à communiquer entre eux, et que leurs initiatives de communication sont toujours des obstacles à la bonne pratique de la #médecine. Il était encore de bon ton, en 2000 ou 2001, de dire qu’on lisait « tout et n’importe quoi » sur le web en matière de santé. C’est difficilement défendable aujourd’hui, quand on voit l’effort d’#information aussi bien professionnel qu’institutionnel qui s’est déployé dans tous les pays industrialisés disposant de l’internet. Aujourd’hui, on ne peut pas simultanément s’offusquer que certaines femmes, « à l’heure de l’Internet » ne connaissent rien à la contraception ET reprocher à d’autres femmes de préférer un DIU à une pilule. Ce type de reproche n’est pas seulement idiot et illogique, il est contre-productif. Il est éminemment souhaitable que les patient.e.s s’informent, et leur donner des sources d’information fiable fait intégralement partie des obligations des professionnels de santé !

    – l’idée que la loyauté d’un médecin va d’abord à ses confrères ; ensuite au(x) patients ; le simple fait que les médecins aient autant de mal à critiquer leurs confrères, à dénoncer leurs actes illégaux ou malfaisants, ou à entendre la moindre critique de leur profession est, à lui seul, très significatif de ce conflit d’intérêts, énoncé clairement dans des documents officiels propres à l’Angleterre, aux Pays-Bas, au Canada, à la Suède... mais que je n’ai jamais vu énoncé en France.

    – une fâcheuse tendance à favoriser l’argument d’#autorité face à l’argument scientifique ; j’en ai souligné, au fil des vingt années écoulées, quelques exemples frappants en matière de #santé des #femmes, du refus de DIU aux femmes sans enfant à la prise de pilule en continu, en passant par la prescription sous influence pharmaceutique de Diane, Jasmine et autres « pilules contre l’acné », au mépris des risques encourus par les utilisatrices ; toutes ces attitudes n’ont rien de scientifique, elles sont seulement idéologiques et autoritaires - et, par conséquent, anti-professionnelles.

    – la #misogynie et le #sexisme ; ils sont attestés par un très grand nombre de femmes, et un nombre non négligeable d’hommes ; ils sont visibles sur les fresques des salles de garde et audibles dans les chansons paillardes ; ils sont lisibles dans l’énoncé de nombreux cours, dans les attitudes des enseignant.e.s, dans le comportement des hommes (et parfois de certaines femmes ) médecins avec les patientes, les infirmières, les sages-femmes, les aide-soignantes ; ils sont patents dans l’attitude de nombreux gynécologues ; #homophobie, #transphobie et peur de toute personne ou comportement « non conforme » font partie intégrante du sexisme médical – et les personnes concernées en font douloureusement les frais.

    – le #racisme ; il est, malheureusement, inhérent à la structure pyramidale de la société française, et n’épargne pas la profession médicale ; associé à la misogynie et aux critères de classe, il permet de comprendre qu’une femme blanche, riche, qui accouche dans une clinique privée, a beaucoup moins de souci à se faire qu’une femme pauvre, non blanche, ne parlant pas le français, qui accouche dans une maternité publique – et ce n’est pas insulter les personnels de maternités publiques que de dire ça, mais leur rappeler que personne n’est maître de ses propres préjugés… et encore moins des préjugés de ses supérieur.e.s hiérarchiques.

    (Je m’arrête là, mais la liste n’est pas exhaustive.)

    • Moi aussi je bénis internet qui m’a évité une lourde opération chirurgicale dont j’ai heureusement appris l’inutilité grâce aux témoignages d’autres femmes.

    • Voici le résultat d’un petite recherche pour #iatrocratie

      Du danger, de la dangerosité et de l’usage médical de termes affectivement chargés http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1980_num_4_4_1057

      La corporation médicale en vient peu à peu à définir les normes d’existence de tout un chacun. Avoir des enfants, manger, faire l’amour et exercer un certain nombre d’autres fonctions de l’organisme font désormais l’objet d’une prescription, souvent cristal lisée par une mise en garde. On a parfois l’impression que les seules protections que nous ayons contre la « iatrocratie » * soient les soupçons réciproques et la discorde qui régnent au sein de la profession médicale.

      Toute la merde médicale aux ordures parce que personne n’en veut plus
      http://www.spkpfh.de/Toute_la_merde_medicale_aux_ordures.htm

      La confiance en les médecins est foutue et c’est par conséquence et comme résultat de la confrontation. Confrontation contre les médecins et rester ensemble en solidarité, c’est ce qui importe. Le monopole de pouvoir des médecins dépend de la confiance du patient dans le médecin. C’est le talon d’Achille de la classe de médecins : la confiance des gens. D’être acceptée de l’ensemble de la société en tout cas et de tous, c’est le nerf vital de la iatrocratie.

      Les maladies iatrogènes
      http://www.votre-sante.net/publications/maladiatro.html

      Propos inédits de Knock, rapportés par Jules Romain, un quart de siècle après la pièce
      “Pour moi, l’équilibre vital implique au moins une maladie. La santé parfaite est une dangereuse utopie, une dictature étouffante et absurde. L’équilibre du vivant comporte deux pôles, un pôle santé et un pôle adverse, qui regroupe les antiforces des individus. Les patients sont des gens qu’il ne faut à aucun prix guérir. Le rôle du médecin est au contraire de choisir le trouble, la maladie qui leur convient le mieux, et qui, si possible, les accompagnera fidèlement jusqu’à la mort.” […]
      […] “Naturellement, un tel contrôle des patients par la médecine implique une prise de pouvoir, une médicalisation générale de toute la société, une iatrocratie. Si nous laissons les choses aller, les éléments les plus agités de l’humanité ne tarderont pas à se précipiter, et nous avec eux, vers de nouvelles catastrophes mondiales. Seul le médecin peut les mater.”

  • A propos de Charlie
    http://dndf.org/?p=13979

    Ce sont ces dangers, ces insécurités qui, de la République à la Nation, se sont fugacement cristallisés dans le mythe de la citoyenneté comme protection. Celle qu’apporte un vrai Etat-nation et une citoyenneté nationale non seulement identitaire mais identitaire parce que protectrice, celle qui a foutu le camp depuis les années 1970. Mais la citoyenneté nationale n’est pas innocente ni dans sa naissance ni dans ses implications. Elle se construit face à « l’Autre » qui la menace et elle implique la suppression de la menace. Aujourd’hui l’islamisme, demain ou en même temps la lutte de classe ou les luttes de femmes. Quatre millions de personnes se rassemblent et ce qui est frappant c’est le vide du discours : il n’y a rien à dire, rien à faire d’autre que de dire « je suis républicain », rien d’autre qu’à comprendre « ce qu’est une nation », rien d’autre qu’à promener une immense représentation de la République menacée par d’anonymes corbeaux noirs que tout le monde identifie sans peine.

    #France

    • Ce ne sont pas quatre millions d’ « idiots utiles » qui sont descendus dans la rue, en France, le dimanche 11 janvier. Ils ne réclamaient pas une « opération militaire intérieure » mobilisant 10 000 soldats déployés sur le « territoire national » (déclaration du gouvernement le lundi 12). Dès l’après-midi et la soirée du mercredi 7 (le jour de la tuerie à la rédaction de Charlie) c’est spontanément que se sont organisés les premiers rassemblements et les premières #manifestations citoyennes sur les « #valeurs_de_la_République » et la « liberté d’expression », contre « la barbarie », et qu’est apparu le slogan « Je suis #Charlie ». Il n’était pas besoin de « l’exhortation de l’Etat » et de la mise en branle qui a suivi de l’écrasante machine de propagande. L’Etat a pris le train en marche, non sans quelques maladresses au départ comme celle de l’organisation des manifestations sous l’égide d’un cartel des organisations politiques. Le 11 janvier, le personnel politique était plutôt discret face à un cadeau en partie empoisonné pour la nature actuelle de l’Etat que l’on ne peut plus qualifier simplement de national.

      (...) Ramener l’énorme mobilisation du dimanche 11 janvier à une affaire de manipulation, de propagande, d’embrigadement est un peu facile et à la limite réconfortant. En aurait-il été ainsi, encore faudrait-il expliquer que ça ait marché. Ce n’est pas si simple et peut-être plus grave. Cette soudaine mobilisation du dimanche 11 janvier 2015 était éminemment actuelle.

      L’événement n’est pas survenu comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Dans tout les pays européens, que cela soit sous des thématiques de gauche (Front de Gauche, Podemos, Syriza …) ou de droite (inutile de donner la liste), la #citoyenneté_nationale est devenue l’idéologie répondant à la crise ramenée à l’ « injustice de la distribution des richesses ». Cette « citoyenneté nationale » sous-tend tout un discours mettant en cause la légitimité de l’Etat devenu un appareil dénationalisé responsable de l’injustice. Quand les manifestants applaudissent au passage des cars de #CRS, c’est à l’ordre rêvé de l’Etat protecteur « d’avant la mondialisation libérale » qu’ils rendent hommage et qu’ils croient retrouver . Cela, momentanément, quelles que soient la diversité des insécurités, des dangers, réels ou fantasmés, qui menacent leur vie.

      (...) A la suite des attaques du mercredi 7 et du vendredi 9, les actes anti arabo-musulmans se sont multipliés, mais considérons plutôt l’autre face de la même pièce, l’attitude ouverte et humaniste (ce qui nous évitera les facilités de la condamnation humaniste du racisme et de « l’islamophobie »).

      L’injonction humaniste à accepter « l’Autre » présuppose l’existence de « l’Autre », sa construction comme tel et donc la hiérarchie vis-à-vis de « l’Un » qui a le pouvoir de dire qui est « l’Autre ». Entre « Nous » et « les Autres », il y a une organisation de la société qui s’impose aux individus et préexiste à chacun d’eux. Ceux qui sont invités à « accepter l’Autre » constituent la société normale, légitime. A l’origine des Uns et des Autres, il y a le pouvoir simple et brut. L’Un est celui qui a le pouvoir de distinguer.

      La distinction est la mise en pratique réelle, empirique, quotidienne de l’#universalisme du citoyen. Si l’on abandonne la baudruche d’un « vrai universalisme », l’Occident peut légitimement s’accaparer le monopole de valeurs universelles, si besoin est avec des F16 et des Rafales. L’universalisme est une production idéologique lié au mode de production capitaliste, à l’#abstraction du travail, de la valeur et du citoyen. Ce mode de production est le seul universel et à pratiques idéologiques universelles, à condition que les individus correspondent aux critères de l’universalité, c’est-à-dire qu’ils ne soient pas des femmes ou entretenant des liens communautaires, ethniques, raciaux, familiaux, religieux en concurrence avec l’Etat-nation. Un État, c’est un État-nation car c’est un État capitaliste, il ne connait pas de communautés intermédiaires, d’identités multiples reconnues en son sein, et démarque comme corps étrangers, communautés particulières, donc nuisibles, tout ce qui nuit ou interfère dans son critère d’homogénéité universelle. Toute médiation entre le pouvoir et l’individu a cessé d’exister. Il faut insister sur ce moyen terme qu’est l’État-nation dans sa structure politique, moyen terme sans lequel on ne ferait que renvoyer grossièrement l’explication de l’homogénéisation au développement de la valeur et du capital, à partir desquels on peut expliquer tout et n’importe quoi dans une totalité indifférenciée. Si seul l’État est censé représenter l’individu abstrait de ses déterminations qu’est le citoyen, individu « émancipé », la seule garantie de son « émancipation » est son appartenance-intégration à la collectivité nationale représentée par l’État.

      La #religion, quant à elle est une forme primaire, instable et inaccomplie, d’universalisme de l’Etat, d’idéologie sous laquelle s’effectue la pratique politique. Primaire et instable car au moment où la religion se constitue en idéologie dominante en coagulant les idéologies sous lesquelles s’exercent les pratiques des rapports sociaux et de production, elle révèle et revendique que l’universalité abstraite de l’Etat n’est pas dans l’Etat lui-même, qu’il n’est pas lui-même « la religion réalisée » (Marx, La Question juive).

      « L’Etat politique parfait est, d’après son essence, la vie générique de l’homme par opposition à sa vie matérielle. Toutes les suppositions de cette vie égoïste continuent à subsister dans la société civile en dehors de la sphère politique, mais comme propriétés de la société bourgeoise. Là où l’Etat politique est arrivé à son véritable épanouissement, l’homme mène, non seulement dans la pensée, dans la conscience, mais dans la réalité, dans la vie, une existence double, céleste et terrestre, l’existence dans la communauté politique, où il est considéré comme un être général, et l’existence dans la société civile, où il travaille comme simple particulier, voit dans les autres hommes de simples moyens et devient le jouet de puissances étrangères. L’Etat politique est, vis-à-vis de la #société_civile, aussi spiritualiste que le ciel l’est vis-à-vis de la terre. (…) L’Etat démocratique, le véritable Etat, n’a pas besoin de la religion pour son achèvement politique. Il peut, au contraire, faire abstraction de la religion, parce qu’en lui le fond humain de la religion est réalisé de façon profane. » (ibid).

  • 1h30 de critique de la valeur en vidéo et en français, par Clément Homs et Paul Braun, autour du livre « La grande dévalorisation », dont le dernier est un des traducteurs.

    ▶ Conférence des AMD 34 sur la crise de 2008 - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=ly6Miih-eeE&feature=youtu.be

    via Palim Psao ici
    http://www.palim-psao.fr/article-penser-la-crise-du-capitalisme-autour-de-la-grande-devalorisation

    Les conférences des Amis du Monde diplomatique 34 : Présentation de « La Grande Dévaluation », ouvrage de E. Lohoff et V. Trenkle (ed. Post-éditions) par Clément Homs et Paul Braun (un des 3 traducteurs) à Montpellier le 25 novembre 2014. La dernière crise s’explique par l’explosion de la financiarisation du capital fictif. La robotisation et l’informatisation (bientôt intelligentes) rendent superflus les travailleurs pourtant les seuls créateurs de la valeur capitaliste des marchandises. Cette analyse marxienne de la crise de la valeur, qui relativise la lutte des classes, ne propose pas encore une forme différente de vie sociale. Film réalisé par Serge Tostain des AMD. Décembre 2014

    #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #économie #valeur #marchandise #travail #argent #finance
    aussi #surnuméraires pour @monolecte et d’autres

  • « La tyrannie de la valeur » (entretien avec Eric Martin et Maxime Ouellet - 1ère partie )
    http://www.palim-psao.fr/article-la-tyrannie-de-la-valeur-1ere-partie-entretien-avec-eric-martin-e

    Notre livre vise d’abord à mieux faire connaître les théories qui, dans le sillage de Debord, du groupe Krisis, etc., comme vous le dites, tentent de relire Marx dans une perspective que je qualifierais de moins subjectiviste et de plus sociologique. Je veux dire qu’au lieu de se limiter à voir le capitalisme comme l’affrontement de deux groupes sociaux (dominants VS dominés) cherchant à s’approprier la « richesse » dès lors mal « distribuée » ou « accaparée » par les vilains du scénario, ces théories renouent avec l’analyse plus holiste de Marx qui comprend le capitalisme comme « fait social total », c’est-à-dire qu’il comprend le capitalisme comme une totalité, un Tout, et une forme sociale-historique qui fonctionne avec son idéologie, ses médiations et ses institutions propres. L’une de ces médiations est le « travail aliéné », c’est-à-dire le travail dont le but, la finalité, ne peut pas être déterminée par un individu membre d’une communauté sociale et politique qui pourrait exercer son autonomie tout en prenant en compte des exigences communautaires ; au contraire, le travail aliéné se trouve organisé « par en haut », par l’automouvement du Sujet automate qu’est la valeur abstraite. Ceci veut dire que mon travail ne sert pas à servir des besoins individuels et collectifs déterminés de manière réfléchie, mais uniquement à nourrir l’accumulation infinie de l’argent, qui est devenue le seul but tautologique de notre existence qui nourrit ce cadavre : nous sommes tous des Sisyphes, en quelque sorte.

    #valeur #critique_de_la_valeur #wertkritik #économie #capitalisme #travail

  • Par rapport à l’hystérie relevée ça et là suite à la suppression des notes à l’école, je me rappelle de ceci
    http://seenthis.net/messages/270687
    et je comprends mieux le phénomène : ça semble aller à contre courant de la logique « gestionnaire » du monde, la benchmarkisation universelle, où toute réflexion s’appuie sur l’évaluation et la compilation des valeurs obtenues.

    Socialement, nous confondons de plus en plus notre identité avec notre #valeur. A la question « qui suis-je ? » la réponse inspire la question de savoir combien je vaux.
    Combien je « pèse » en € ? je suis BAC+combien ? Combien d’amis, combien de followers, combien d’avis positifs, combien d’étoiles... L’existence semble indexée sur un classement ATP de ta valeur sociale...
    Forcément, si nos gamins ne peuvent plus s’évaluer avec des chiffres, s’ils ne peuvent plus se hiérarchiser dès l’enfance, tu vois un peu le chamboulement ?
    On risque de ne plus se juger sur ce qu’on est (notre grade, notre statut) et ce qu’on possède (notre capital social, nos privilèges hiérarchiques), mais sur ce qu’on fait . Sale temps pour les puissants..

    En attendant, pour ceux qui ne savent plus raisonner sans la #valeur, on va voir nos rejetons errer partout comme des canards sans tête. Déjà que nos enfants étaient en manque de repère depuis plusieurs millénaires, que maintenant on leur ajoute des parents gays, je vous dis pas l’apocalypse qui nous guette :-)

  • Lire « Le Capital » après Louis Althusser : la centralité de la forme-valeur
    http://revueperiode.net/lire-le-capital-apres-louis-althusser-la-centralite-de-la-forme-valeur

    Parfois, Le Capital de Marx est envisagé comme un livre d’économie classique. Il n’en est rien. Comme le rappelle John Milios dans ce texte, la rupture de Marx avec Ricardo et Smith est totale et irréversible. Marx déplace les questions posées. Loin de se contenter de présenter le travail comme source de valeur, il interroge la manière dont cette valeur nous apparaît : la monnaie, les prix, ces grandeurs abstraites qui semblent aller de soi. Milios confronte les intuitions des « nouvelles lectures de Marx » allemandes aux propositions d’Althusser et des auteurs de Lire le Capital. Il renoue en cela le fil d’un marxisme critique, résolument opposé à toute lecture économiste de Marx.

    #valeur

  • En #France, l’étranger n’est ni un problème ni une menace.

    Dans une société française fragmentée par les injustices et les inégalités, certains désignent aujourd’hui l’étranger comme un bouc émissaire. Et demain qui ?
    Par ce #manifeste, nous affirmons et revendiquons notre soutien et notre solidarité à cet autre nous-même : l’étranger. Nous ne voulons pas être complices de sa dénonciation comme un problème et une menace.


    http://www.valeurajoutee.lacimade.org

    #Cimade #racisme #xénophobie #migration #campagne #valeur_ajoutée

  • La Cour de justice européenne sanctionne le « tourisme social », Europe
    http://www.lesechos.fr/monde/europe/0203929104390-tourisme-social-la-cour-de-justice-europeenne-pose-ses-condit

    DOCUMENT Les Etats membres ne sont pas tenus d’octroyer des aides à des étrangers ne cherchant pas de travail. L’arrêt intervient sur fond de débat intense au Royaume-Uni et en Allemagne.

    L’Allemagne a soufflé de soulagement, ce mardi, après un #arrêt de la #Cour_de_justice_de_l’Union_européenne contre le « tourisme social », qui est également au cœur de la polémique au Royaume-Uni. La Cour a statué que les Etats membres de l’Union n’étaient pas tenus d’octroyer des #prestations_sociales à des citoyens d’autres Etats membres ne se rendant sur leur territoire que dans le but de bénéficier de l’aide sociale.

    Elle avait été saisie par une mère roumaine, Elisabeta Dano, qui vit avec sa fille chez sa sœur à Leipzig depuis 2010 et s’est vue refuser les aides sociales (Hartz 4) par l’Agence pour l’emploi. Selon la Cour, cette dernière a agi conformément à la directive européenne sur la libre circulation, car la jeune femme n’avait pas de relation particulière avec l’Allemagne et s’y était rendue que pour toucher les aides sociales.

    « L’une des conditions (...) pour un permis de #séjour est que les personnes économiquement inactives aient des #ressources propres suffisantes », a-t-elle jugé.
    Le sujet est sensible en Allemagne , qui connaît sa plus grosse vague d’immigration depuis les années 1990. Si une majorité des immigrés sont qualifiés et viennent chercher du travail, de plus en plus de ressortissants de Bulgarie ou de Roumanie touchent les aides sociales, financées par les communes.

    Dans le débat européen depuis deux ans
    Cet arrêt devrait être lu et commenté bien au delà de l’Allemagne, notamment en France. La question du tourisme social s’est en effet invitée dans le débat européen depuis près de deux ans. Première concernée, la Grande-Bretagne puisqu’il s’agit d’un des principaux angles d’attaque d’un David Cameron clamant renégocier les conditions d’appartenance de la Grande-Bretagne à l’Union Européenne. Mais au delà, l’Allemagne, les Pays-Bas ou l’Autriche ont eux aussi dans un passé récent émis des critiques contre les #migrants_européens profitant de leurs systèmes sociaux. De son côté, la Belgique a déjà procédé à des expulsions de certains immigrés de l’Union, qui étaient #demandeurs_d’emplois et donc considérés comme une « charge déraisonnable » pour le pays, soit un motif très comparable à celui invoqué par la Cour de Justice européenne.

    Face à ces critiques de plus en plus sonores, Bruxelles cherche depuis des mois à calmer le jeu, arguant qu’aucune donnée fiable ne vient prouver des abus en matière de tourisme social. « Ce tourisme social est un mythe ! Personne ne peut penser qu’il est aisé de s’installer dans un autre pays et d’y profiter sans délai des prestations sociales » , assurait au début de l’année Laszlo Andor, le Commissaire en charge des Affaires sociales dans l’équipe Barroso. L’arrêt de la justice européenne vient en tout cas prouver que les Etats membres disposent de flexibilités pour traiter ce genre de problème, si jamais ils existent.

    Toutefois, il faut s’efforcer de ne pas faire dire à cette décision de la justice européenne ce qu’elle ne dit pas : si elle exclut des aides sociales pour des migrants européens ne cherchant pas de travail, elle ne tranche en rien par exemple pour ceux en recherche d’emplois ou qui en ont eu un. Elle n’autorise pas non plus des quotas à l’entrée de travailleurs européens, interdits par les Traités et qui sont pourtant une des demandes du Royaume-Uni.

    A Londres, précisément, où le débat sur les prestations sociales versées aux étrangers fait rage, le gouvernement s’est immédiatement félicité de la décision. « Ce qu’elle souligne, c’est que la liberté de circuler n’est pas un droit inconditionnel , a estimé un porte-parole du Premier ministre David Cameron. Nous allons voir ce que nous et d’autres Etats pourrons faire ensemble pour faire suite à ce jugement. »

    Les Conservateurs au pouvoir veulent limiter l’accès des Européens aux allocations familiales, aux aides au logement ou à l’assurance-chômage . Sur ces questions, ils sont attaqués sur leur droite par le parti populiste et europhobe Ukip . Même l’opposition travailliste s’est réjouie de l’arrêt de la Cour. « C’est maintenant au gouvernement d’agir », a déclaré le Labour.

    #préférence_nationale_européenne #xénophobie #drois_sociaux

    • Le mot tourisme est assez offensant quand on considère la situation des personnes concernées. Ce vocabulaire fait partie des outils de propagande des xénophobes qui font pression pour que ce genre de loi européenne soit adoptée.

    • « Le tourisme social est un phénomène marginal en Europe »
      http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/11/12/20002-20141112ARTFIG00311-le-tourisme-social-est-un-phenomene-marginal.php

      INTERVIEW - Selon Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à l’#OCDE, les migrants européens représentent moins de 1% des bénéficiaires des prestations sociales en Europe.

      Quelle est l’ampleur du « tourisme social » en Europe ?

      Ce n’est qu’un phénomène marginal. Les migrants européens représentent une part très faible des bénéficiaires des prestations sociales en Europe : moins de 1% en Belgique ou au Portugal, et entre 1% à 5% en France, en Allemagne ou en Suède. Mais parmi eux, la plupart n’ont pas émigré dans un autre pays d’Europe pour toucher des allocations plus généreuses que dans leur pays d’origine. Il peut par exemple s’agir de retraités britanniques, qui ont choisi d’habiter en France, et se retrouvent finalement bénéficiaires d’une allocation parce que leur situation a changé... Selon la Commission européenne, qui a réalisé une étude sur le sujet, les immigrants européens consomment globalement moins de prestations sociales que les citoyens du pays. Elle conclut dans cette étude que le « tourisme social » est globalement « statistiquement non significatif ».

      Il s’agit donc d’un faux problème ?
      Il n’est pas non plus possible de dire cela. D’abord parce que les migrants qui cherchent à profiter de la générosité de certains pays d’Europe ne sont pas répartis également sur le territoire européen. Si le phénomène est globalement marginal en Europe, il peut en revanche être pesant localement. Certaines villes allemandes, qui font face à un afflux important de Roumains et de Bulgares, sont par exemple particulièrement touchées. 25 millions d’euros leur ont été récemment attribués pour y faire face. Deuxième argument pour prendre le phénomène en considération : il est en augmentation. Même si les abus sont encore marginaux, l’arrêt de la Cour de justice européenne vise justement à éviter que le phénomène ne prenne de l’ampleur.

      La Cour de justice européenne a rappelé que les migrants européens doivent soit subvenir à leurs propres besoins, soit chercher activement un travail. Les migrants inactifs sont-ils nombreux ?
      Non. Globalement, les migrants européens ont plus souvent un emploi que les citoyens de leur pays d’accueil. Ceux qui sont inactifs représentent à peine 0,7% à 1% de la population européenne. Mais la situation diffère selon les pays et la nationalité des migrants. Le taux d’emploi des Roumains et des Bulgares installés au Royaume-Uni est par exemple plus élevé que celui des Britanniques. On observe la même chose en Italie. Mais ce n’est pas le cas en France, en Allemagne et en Espagne. En France, le taux d’emploi des migrants de ces deux pays y est de 13 points inférieur à celui des Français et leur taux de chômage atteint 19%, contre 10% pour l’ensemble de la population. Mais en France, les nationaux ont globalement légèrement plus de chance d’occuper un emploi que les immigrés venus d’autres pays d’Europe, tous confondus.

      L’immigration représente-t-elle globalement un coût pour l’économie ?
      En Europe, l’impact fiscal global de l’immigration est globalement positif : tous pays confondus, les immigrés contribuent davantage qu’ils ne reçoivent. Les cotisations sociales et les impôts dont ils s’acquittent sont supérieurs aux prestations sociales perçues. Ce constat est d’autant plus vrai pour les migrants européens, qui ont un taux d’emploi supérieur aux immigrés des pays hors UE.

    • « Tourisme social » : un vocabulaire scandaleux et un fantasme d’eurosceptiques pour Karima Delli.

      « L’emploi du terme de "tourisme social" est scandaleux, il présuppose qu’aujourd’hui, il existerait une foule d’Européens qui se rendent dans des pays voisins afin de bénéficier de leurs avantages sociaux. Or dispose-t-on de quelconques éléments probants qui prouveraient que les migrants européens plombent nos économies ! Je serais curieuse de les connaître ? C’est bien simple, cette preuve n’existe pas, car les migrants européens ne représentent qu’à peine 5% des bénéficiaires de prestations sociales fournies par les Etats-membres de l’Union européenne. Voilà les faits !

      http://www.karimadelli.com/index.php?rub=au-parlement&pg=commission-emploi-affaires-sociales&spg=&

  • Évaluer l’Art : Propriétés ou Conventions ?
    http://www.laviedesidees.fr/Evaluer-l-Art-Proprietes-ou.html

    Les œuvres d’art ont-elles une #valeur objective ? Si la question intéresse les philosophes, les économistes ont également leur mot à dire. À partir de techniques statistiques simples, V. Ginsburgh et S. Weyers montrent que les propriétés des œuvres ne sont pas dénuées de fondement objectif et s’avèrent même relativement stables à travers les siècles.

    Essais & débats

    / #évaluation, #commerce, subjectivité, valeur, #art

    #Essais_&_débats #subjectivité

  • Tout est relatif - On refait le blog
    http://merome.net/blog/index.php?post/2014/10/02/Tout-est-relatif

    La première chose à comprendre, c’est que la valeur des choses est subjective, dans le temps et dans l’espace. Qu’est-ce que ça signifie ? Très concrètement qu’un objet, un service, peut prendre une valeur toute différente selon l’endroit et l’époque où je me trouve.
    Par exemple, un verre d’eau n’a aucune valeur pour moi, mais peut pratiquement sauver une vie dans le désert au même instant. Inversement, le même objet peut prendre ou perdre toute sa valeur en traversant les âges, regardez le prix d’un micro-ordinateur entre 1975 et aujourd’hui.
    Il n’y a donc aucune façon de prendre un repère fixe pour observer la valeur des choses. Celle-ci varie plus ou moins en fonction de divers facteurs. Certaines plutôt moins que plus, ce sont des valeurs relativement stables dans le temps, mais pas forcément dans l’espace. Par exemple, l’or est une valeur sûre depuis des siècles, mais il est très mal partagé dans l’espace.

    #monnaie

    • Ça me rappelle mes études d’économie... Je (re)découvre les élucubrations du XIXè siècle, comme celles d’un type né à Lyon, genre de pré-curseur des théoriciens de l’offre et du libéralisme, et qui énonçait, à la façon du premier religieux venu :

      Jean-Baptiste Say est très optimiste sur la disponibilité des ressources naturelles. Il affirme : « Les richesses naturelles sont inépuisables, car, sans cela, nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant être ni multipliées ni épuisées, elles ne sont pas l’objet des sciences économiques ».

      Ceci dit, ce n’est pas pour cela que j’ai pensé à lui...

      La notion d’utilité

      Dans la tradition de l’école française, il reprend la théorie de la valeur-utilité : « l’utilité [des] choses est le premier fondement de leur valeur »7. Il distingue marchandises et richesses et souligne que la production est avant tout création de « richesses », donc d’utilité. En partie pour cela il est considéré comme un précurseur de l’école autrichienne d’économie.

      Et, donc enfin, toutes les théories de la valeur :

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Valeur_%28%C3%A9conomie%29

  • Yves Citton : « Le capitalisme entraîne une crise de l’attention » (Libération)
    http://www.liberation.fr/societe/2014/09/26/le-capitalisme-entraine-une-crise-de-l-attention_1109327

    Les troubles déficitaires de l’attention et de l’hyperactivité (TDAH), dont on se lamente de voir les jeunes générations être de plus en plus largement affectées, ne sont souvent que le symptôme de ces multiples exigences contradictoires auxquelles nous soumettent nos structures de vie contemporaines. Le problème, c’est qu’on traite les TDAH comme un problème individuel : c’est cet enfant qui ne parvient pas à se concentrer qu’on traite avec des médicaments. Ou alors comme un problème familial : ce sont ces parents qui ne lui accordent pas assez d’attention et l’abandonnent aux influences pernicieuses des écrans. Il y a des facteurs biochimiques et familiaux, mais il est indispensable de resituer tout cela dans un cadre beaucoup plus large, collectif, socio-économique, anthropologique : notre principale pathologie, c’est le capitalisme lui-même, bien davantage qu’une déficience de tel ou tel neurotransmetteur !

    #éducation #NTIC #attention #TDAH #enfants

    • La prétendue « nouvelle » économie, dont la rareté principale serait l’attention, ne remplace pas « l’ancienne », dont la rareté concerne les facteurs de production (matière première, énergie, etc.). Mais les biens matériels restent notre problème au long cours, et les siècles ultérieurs regarderont, peut-être, comme une inconscience écologique très symptomatique le fait que certains analystes du début du XXIe siècle aient pu croire que l’attention supplanterait la production des biens matériels comme valeur économique dominante…

      En revanche, il est certain que la valeur de l’attention au sein des circuits économiques augmente. Mais il est aussi vrai qu’on a toujours manqué de temps.

      whouh c’est si bien décrit !
      quelqu’un en sait-il plus sur ces fameux « analystes du début du XXIe siècle aient pu croire que l’attention supplanterait la production des biens matériels comme valeur économique dominante » ?

      #surproduction
      #consumérisme
      #capitalisme
      #valeur
      #temps_de_cerveau_disponible
      #propagande
      #publicité

    • Jeremy Rifkin : “Ce qui a permis le succès inouï du capitalisme va se retourner contre lui”
      http://www.telerama.fr/idees/jeremy-rifkin-ce-qui-a-permis-le-succes-inoui-du-capitalisme-va-se-retourne

      Prenez les jouets. Aujourd’hui, ils représentent le premier contact de l’être humain avec la propriété, donc avec le capitalisme. Ce jouet que ses parents lui ont offert, l’enfant découvre que c’est le sien, pas celui de son petit copain. Et personne ne le lui conteste. Mais demain – et en fait aujourd’hui déjà dans de nombreuses familles – les parents emprunteront des jouets pour leurs enfants sur un site internet dédié ; l’enfant l’utilisera pendant quelques semaines ou quelques mois en sachant pertinemment qu’il n’en est pas le propriétaire ; et quand il s’en lassera ses parents renverront le jouet au site web pour que d’autres l’utilisent. A quoi bon garder des dizaines de jouets au grenier, n’est-ce pas ?

      Mais le grand bouleversement à l’œuvre dans cet exemple tout simple, ce n’est pas tant que l’enfant pourra, pendant toute sa jeunesse, profiter d’autres jouets mieux adaptés à son âge : c’est le changement qui se produit dans sa tête par rapport à ce que les générations qui l’ont précédé ont connu. Il apprend en effet « naturellement » que les jouets ne sont pas des objets que l’on possède mais des expériences auxquelles on accède pour un temps donné, et que l’on partage avec les autres. Il se prépare en fait, dès son plus jeune âge, à l’économie du partage qui l’attend. C’est une mutation complète de la société. J’ai presque 70 ans et je n’avais jamais, jamais anticipé qu’une chose pareille se produirait.

      #enfants #jouets #consumérisme #partage #coût_marginal_zéro

  • Retour de Nicolas Sarkozy : exercice de doxosophie sur C dans l’air - observatoire des sondages
    http://www.observatoire-des-sondages.org/Retour-de-Nicolas-Sarkozy-exercice.html

    Comme Valeurs Actuelles, L’Opinion ou Le Figaro, l’émission « C dans l’air » a constamment affiché ses faveurs pour Nicolas Sarkozy. Admettons que ce soit son droit quoique cette émission télévisée soit logée sur une chaîne publique, France 5. Ce n’est pas à ce titre que nous nous intéressons à elle mais comme archétype de l’émission spécialisée dans la doxosophie, l’interprétation, l’exégèse de ce que sont censés penser les Français. Sondeurs et journalistes quasi inamovibles à l’appui. Peut-être d’ailleurs un signe de l’épuisement d’une formule lassante et de plus en plus creuse (si cela est encore possible).

    Le retour de Nicolas Sarkozy devait donc occasionner les propos laudatifs des membres permanents de l’émission. Comme prévu, le retour de l’ancien président de la République est une réussite. Les doxosophes « maison » l’ont donc accueilli conformément à la ligne politique de son animateur-producteur. 

    C dans l’air, 22 septembre 2014, (extraits) :

     Yves Calvi : « Est-ce que c’est réussi ce retour ? »

     Christophe Barbier (L’Express) : « oui c’est réussi pour ceux qui souhaitaient retrouver un Nicolas Sarkozy inchangé, c’est à dire ce cœur de militants de l’UMP ».

     Brice Teinturier (Ipsos) : « Moi je trouve que c’est réussi parce que je trouve qu’il a coché les trois cases importantes. Sur la personnalité, il a pris des gages d’emblée » : « je ne veux pas blesser », « j’ai pris du recul », « j’ai muri ». « Sur le positionnement : il va transcender les clivages. Et puis sur le bilan il s’est débrouillé pour remettre la crise de 2008 et François Hollande comme responsables si ce n’est de manière convaincante, de manière habile. Au bout du bout, je pense qu’il s’est positionné non pas comme un homme providentiel mais comme un homme exceptionnel...c’était plutôt pas mal joué ».

     Roland Cayrol (ex-dirigeant de CSA) : « j’avais trouvé assez beau le texte de Facebook, j’avais trouvé que c’était un bon texte politique, là je reste sur ma faim. J’ai trouvé qu’il était au coeur de contradictions qu’il ne résolvait pas. il faut être un rassembleur comme le disait bien son texte sur Facebook, le positionnement du rassembleur ce n’est pas tout à fait le positionnement du cogneur au coin du ring »......

    #Nicolas_Sarkozy
    #doxosophie
    #C_dans_l’air
    #Yves_Calvi
    #Valeurs_Actuelles
    #L’Opinion
    #Le_Figaro

  • Penser est un sport de combat
    « Manière de voir » n° 137 — Octobre - novembre 2014
    http://www.monde-diplomatique.fr/mav/137

    Entreprendre de penser à #gauche relève désormais du sport de combat. Lutter contre l’#impuissance mélancolique à laquelle invite la situation actuelle, refuser la nostalgie qui condamne à l’inaction, c’est commencer à reconquérir en les fondant à nouveau les #valeurs d’une gauche débarrassée de la peur de l’archaïsme, et menant à son tour la bataille des #idées.

  • Des soldats israéliens refusent de participer à de nouveaux abus contre les Palestiniens
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/09/12/des-soldats-israeliens-refusent-de-participer-a-de-nouveaux-abus-contre-les-

    C’est une lettre envoyée par 43 officiers et soldats israéliens de réserve à leur premier ministre et à leur chef d’état-major. Ayant servi dans l’unité 8200, la plus prestigieuse unité de renseignement militaire israélien, ils ont décidé de ne plus servir, refusant de participer aux « abus » commis selon eux contre les Palestiniens.

    Cette lettre, dont des extraits sont parus dans le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot, est l’une des plus importantes expressions d’#objection de conscience depuis longtemps en Israël. Les 43 signataires, hommes et femmes, ont servi dans cette unité, qui est souvent comparée à l’Agence nationale de sécurité américaine (National Security Agency, NSA). Réservistes, ils peuvent y être rappelés à tout moment.

    Dans leur lettre, ils évoquent leur rôle capital dans les opérations d’éliminations ciblées pratiquées par l’armée. Une femme parle de l’erreur d’identification qu’elle a commise et qui a conduit selon elle à la mort d’un enfant. D’autres s’émeuvent d’avoir à écouter les conversations les plus intimes de Palestiniens. « Nous appelons tous les soldats qui servent actuellement dans cette unité ou qui vont y servir, tous les citoyens d’Israël à faire entendre leurs voix contre ces abus et agir pour y mettre un terme », dit leur lettre. Les 43 objecteurs de conscience encourent des peines de prison.

    #armée #crimes

    • 43 soldats israéliens contre les injustices faites aux Palestiniens
      http://www.romandie.com/news/43-soldats-israeliens-contre-les-injustices-faites-aux-Palestiniens/516987.rom

      Il y est question de mise sous surveillance de millions de Palestiniens sans distinction, jusque dans leur vie privée.

      Ces refuzniks (Israéliens refusant de servir) dénoncent la « persécution politique » à laquelle contribue leur activité d’espionnage.

      Des tribunaux militaires rendent leurs jugements sans que les Palestiniens aient accès aux preuves rassemblées contre eux et certains agissements montent les Palestiniens les uns contre les autres.

      L’armée ignore
      Les signataires s’en prennent plus largement à la règle militaire sous laquelle des millions de Palestiniens vivent depuis plus de 47 ans, ainsi qu’à la colonisation et à l’hypocrisie d’une politique invoquant les nécessités de sécurité pour se justifier.

      L’armée a nié la réalité de ces accusations et a affirmé dans un communiqué ne « pas avoir d’informations selon lesquelles des violations spécifiques mentionnées dans cette lettre ont eu lieu ».

      (ats / 12.09.2014 16h45)

    • Israeli intelligence veterans refuse to serve in Palestinian territories
      http://www.theguardian.com/world/2014/sep/12/israeli-intelligence-reservists-refuse-serve-palestinian-territories

      The signatories include officers, former instructors and senior NCOs from the country’s equivalent of America’s NSA or Britain’s GCHQ, known as Unit 8200 – or in Hebrew as Yehida Shmoneh-Matayim.

      They allege that the “all-encompassing” intelligence the unit gathers on Palestinians – much of it concerning innocent people – is used for “political persecution” and to create divisions in Palestinian society.

      The largest intelligence unit in the Israeli military, Unit 8200 intercepts electronic communications including email, phone calls and social media in addition to targeting military and diplomatic traffic.

      The signatories say, however, that a large part of their work was unrelated to Israel’s security or defence, but appeared designed to perpetuate the occupation by “infiltrating” and “controlling” all aspects of Palestinian life.

      Written in uncompromising language the letter states: “We, veterans of Unit 8200, reserve soldiers both past and present, declare that we refuse to take part in actions against Palestinians and refuse to continue serving as tools in deepening the military control over the Occupied Territories.”

      They add: “The Palestinian population under military rule is completely exposed to espionage and surveillance by Israeli intelligence. It is used for political persecution and to create divisions within Palestinian society by recruiting collaborators and driving parts of Palestinian society against itself. In many cases, intelligence prevents defendants from receiving a fair trial in military courts, as the evidence against them is not revealed.”

      “It’s important to say, the reason I decided to refuse – and I decided to refuse long before the recent [Gaza] operation. It was when I realised that what I was doing was the same job that the intelligence services of every undemocratic regime are doing.

    • Reservists from elite IDF intel unit refuse to serve over Palestinian ’persecution’
      Forty-three signatories, including a major and two captains, in a letter to the prime minister: ’Intelligence is an integral part of Israel’s military occupation over the territories.’
      By Gili Cohen | Sep. 12, 2014 | 2:50 PM
      http://www.haaretz.com/news/diplomacy-defense/1.615498

      Forty-three former members of Israel Defense Forces intelligence Unit 8200, including some officers, wrote an open letter to Prime Minister Benjamin Netanyahu and top military officials, saying they would refuse to do reserve service because of Israel’s `political persecution’ of the Palestinians.

      “We, veterans of Unit 8200, reserve soldiers both past and present, declare that we refuse to take part in actions against Palestinians and refuse to continue serving as tools in deepening the military control over the Occupied Territories.” the soldiers said in the letter, which was also addressed to IDF Chief of Staff Benny Gantz and Maj. Gen. Aviv Kochavi, the head of the Military Intelligence Directorate.

      Among the signatories are a major and two captains in the reserves. Also signing were other intelligence personnel, who include officers and non-commissioned officers who served in the unit in professional capacities.

      “It is commonly thought that the service in military intelligence is free of moral dilemmas and solely contributes to the reduction of violence and harm to innocent people" they said in the letter. “However, our military service has taught us that intelligence is an integral part of Israel’s military occupation over the territories.”

      The signatories claimed, among other things, that while surveillance of Israeli citizens is strictly limited, “the Palestinians are not afforded this protection.”

      The 43 unit members who signed the letter, some of whom serve in the reserves, say that the information that is gathered and stored in the army’s systems “harms innocent people. It is used for political persecution and to create divisions within Palestinian society by recruiting collaborators and driving parts of Palestinian society against itself.”

      For this reason, the signatories say, their consciences do not allow them to continue serving that system and depriving millions of human beings of their rights.

      Daniel, a captain in the reserves who lives in Jerusalem and signed the letter, said that the process of getting signatures for the letter, which took about a year, started with a small group of people who knew each other from the unit.

      “There were fears of how people, and friends from the unit, might respond — if they knew that it was I and if they didn’t know,” Daniel says. But he adds that they felt a sense of responsibility and urgency, so they wrote the letter, Daniel told Haaretz on Thursday. According to the letter’s organizers, most of the people who signed it are reservists, but some of them have adopted a kind of “gray-market dodge” and were not summoned to perform reserve duty.

      “I don’t feel comfortable in my conscience continuing to serve, and instead of dealing with the dilemmas and the ramifications, I chose to take a more evasive route,” Daniel said, describing the “gray-market dodge” he has used for the past three years.

      “Now, later on, we feel that evasion is wrong, and that we have to take responsibility. In the end, I served there for seven years. I believed in what we did there — and for all those reasons, I must take responsibility for what I see as the perpetuation of the cycle of violence. We hope that people will think critically about these things.”

      An official of the IDF Spokesman’s Office said that “Unit 8200 has worked since the day it was established to gather intelligence that allows the army and security agencies to perform their tasks, and each day it helps protect the citizens of the State of Israel.

      "The unit uses varied methods and many fields while using methods and rules directed toward those who consume the information and for its own uses only. Those who serve in the unit are trained after a meticulous search process using training methods that have no parallel in the intelligence community in Israel or in the world. The content of their training places special emphasis upon the fields of ethics, morals and work procedures. These are put into practice during their service as soldiers and officers of the unit, and they are under the constant supervision of commanding officers of various ranks.

      “The concrete claims made in the report are unknown in the Intelligence Directorate. The fact that the alleged signatories of this letter contacted the media before bringing their complaints to their commanding officers or relevant agencies in the army is surprising and raises doubts regarding the sincerity of their claims.

      "Over the years, and particularly in recent years, the unit daily has received appreciation that often takes the form of citations, medals and national-security awards. As for the claims about harm done to innocent people, the process of gaining approval for targets in the army, which is long and meticulous, also takes the topic of uninvolved parties into account.”

      The spokesperson for the Palestinian Authority’s security services, Adnan Damiri, said the reservists made a moral move, and that the Palestinians salute humanitarian ideas of this sort, which come to the aid of an oppressed people, Israel Radio reported.

    • ‘Any Palestinian is exposed to monitoring by the Israeli Big Brother’
      http://www.theguardian.com/world/2014/sep/12/israeli-intelligence-unit-testimonies

      Y compris du chantage contre les #homosexuels palestiniens et les personnes #malades qui ne peuvent obtenir le droit de se faire soigner en Israël qu’en acceptant de se transformer en #indics.

      Autant pour la #hasbara israélienne sur « nos #valeurs »...

      The period during which I collected information on people who were accused of attacking Israelis, trying to attack Israelis, the desire to harm Israelis, thinking of attacking Israelis, in addition to collecting information on completely innocent people, whose only crime was that they interested the Israeli defence establishment for various reasons. Reasons they have no way of knowing. If you’re homosexual and know someone who knows a wanted person – and we need to know about it – Israel will make your life miserable. If you need emergency medical treatment in Israel, the West Bank or abroad – we searched for you. The state of Israel will allow you to die before we let you leave for treatment without giving information on your wanted cousin.

      #pink_washing

  • US Airstrikes Won’t Eradicate #ISIS
    http://www.lobelog.com/isis-and-terrorism-a-stand-back-look

    (...)

    As long as Arab governments are repressive, illegitimate, sectarian, and incompetent, they will be unable to halt the ISIS offensive. In fact, many of these regimes have themselves to blame for the appeal of ISIS. They have cynically exploited religious sectarianism to stay in power.

    If it is true that a young man is not radicalized and does not become a terrorist overnight and if it is true that a terrorist group does not develop in a vacuum, then it’s time to stand back and take a strategic look at the factors that drive ISIS and similar Sunni terrorist groups in the Arab world.

    1. Intolerant Doctrine. Some Arab Sunni regimes, including Saudi Arabia and Bahrain, continue to preach an intolerant religious Sunni ideology that denigrates not only other faiths but also Shia Islam. Christian religious places and educational institutions cannot operate freely in places like Saudi Arabia.

    Much of the anger that has characterized the Islamization of Muslim societies in recent years has been directed against these institutions. This type of harassment is felt across the region, from Palestine to Saudi Arabia. What makes this reality especially sad is the fact that Christian institutions have been at the forefront of Arab educational renaissance since the 19th century.

    The Sunni regimes’ benign neglect of the rapidly spreading Sunni violent ideology and its divisive sectarian policies has allowed ISIS to spread. This does not augur well for its survival. The Saudi brand of intolerant, narrow-minded Wahhabi-Salafi Sunni Islam is not much different from al-Baghdadi’s modern day caliphate.

    The Saudis oppose ISIS because of its perceived threat to the regime, but they cannot disavow their theological worldview, which rejects Shia Islam, Christianity, and Judaism and denies women their rightful place as equal citizens. The rapidly spreading ISIS doctrine is making it a bit late for the Saudis and other Sunni regimes to act. Nor will the West be able to bail them out.

    2. Arab Autocracy. Sunni Arab dictators have refused their peoples freedoms of speech, organization, political activism, innovation, and creativity. The three “deficits” of freedom, education, and women’s rights that Arab intellectuals identified in the Arab Human Development Report in 2002 are yet to be meaningfully addressed.

    Politics is controlled by the powerful with no room for reason or compromise among the different stakeholders and centers of power in society. Those on top commit all kinds of dastardly deeds to stay in power, and those at the bottom are doomed to remain stuck in the proverbial “bottom one billion.” Regimes do not allow the meaningful separation of powers, checks and balances, and independent judiciaries to properly function. Control, fear, and co-optation remain the preferred tools of Arab dictators.

    3. Hypocrisy of “Values.”
    President Obama has often invoked American values of liberty, human rights, equality, justice, and fairness as the underpinnings of American democracy and of “what makes us who we are.” Yet when Arab publics see Washington steadfastly supporting Arab dictators, who are the antithesis of American “values,” the United States comes across as hypocritical and untrustworthy.

    The debates within Islam over whether the faith should return to its 7th century roots, as ISIS’s ruthlessness has shown, or leap into the 21st century modern world, as Turkey has demonstrated, should primarily concern Muslims. They and they alone are the ones to resolve this quandary. ISIS is a violent symptom of this tug of war between intolerant traditionalists and forward-looking reformists. The West should stay out of the debate.

    Western security and law enforcement agencies should focus on their own citizens and track their would-be jihadists, but Western military aircraft should stay out of the skies of the Levant.

    #hypocrisie #valeurs #Etats-Unis #régimes_arabes #irresponsables #dictateurs #liberticides #prévaricateurs #voleurs #illégitimes #sectaires #sectarisme #instrumentalisation_du_religieux