• #Lyon-Turin : retour sur l’opposition française au projet de nouvelle ligne ferroviaire

    En Savoie, des militants écologistes des Soulèvements de la Terre se sont introduits le 29 mai 2023 sur l’un des chantiers de la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin. Une banderole « La montagne se soulève » a été déployée pour appeler au week-end de mobilisation franco-italienne contre ce projet, organisé les 17 et 18 juin 2023 en Maurienne.

    Imaginé dans les années 1980, le projet de nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin a connu depuis de nombreux atermoiements, notamment en ce qui concerne le tracé entre l’agglomération lyonnaise et Saint-Jean-de-Maurienne. Dix ans après la déclaration d’utilité publique (DUP) de 2013, les décisions concernant les 140 km de nouvelles voies d’accès français au tunnel transfrontalier de 57,5 km n’ont toujours pas été prises : ni programmation, ni financement, ni acquisition foncière.

    Les premiers travaux préparatoires du tunnel ont pourtant débuté dès 2002 et sa mise en service est prévue pour 2032. Ce dernier est pris en charge par un consortium d’entreprises franco-italiennes nommé Tunnel Euralpin Lyon Turin (TELT), un promoteur public appartenant à 50 % à l’État français et à 50 % aux chemins de fer italiens. D’une longueur totale de 271 km, le coût de cette nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin est désormais estimé à 26 milliards d’euros au lieu des 8,6 initialement prévus.
    Projet clivant et avenir incertain

    Pour ses promoteurs, elle est présentée comme une infrastructure de transport utile à la transition écologique. Selon eux, elle permettrait à terme de désengorger les vallées alpines du trafic des poids lourds en favorisant le report modal de la route vers le rail. À l’inverse, ce projet est exposé par ses opposants comme pharaonique, inutile et destructeur de l’environnement. Ils argumentent que la ligne ferroviaire existante entre Lyon et Turin et actuellement sous-utilisée permettrait, une fois rénovée, de réduire le transport de fret par camion.

    Ils défendent la nécessité de privilégier l’existant et ne pas attendre des années pour le report modal des marchandises vers le rail. Les défenseurs du nouveau projet jugent quant à eux la ligne existante comme obsolète et inadaptée. En toile de fond de ce débat, les prévisions de trafic autour des flux de marchandises transitant par la Savoie : sous-estimés pour les uns, sur-estimés pour les autres.

    Le 24 février dernier, le rapport du Comité d’orientation des infrastructures (COI) a rebattu les cartes. Il propose en effet de repousser la construction de nouvelles voies d’accès au tunnel transfrontalier à 2045 et donner la première place à la modernisation de la ligne existante.

    Le scénario choisi par la Première ministre prévoit alors le calendrier suivant : études pour de nouveaux accès au tunnel au quinquennat 2028-2032, début de réalisation à partir de 2038, et une livraison au plus tôt vers 2045… soit, en cas de respect du calendrier annoncé par TELT, 13 ans après la mise en service du tunnel. Se profile donc la perspective d’un nouveau tunnel sans nouvelles voies d’accès : un scénario qui ne satisfait ni les défenseurs ni les opposants au projet.

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    Le 12 juin, nouveau rebondissement. Le ministre des Transports annonce 3 milliards d’euros de crédits pour les voies d’accès du tunnel transfrontalier dès les projets de loi de finances 2023 et 2024. Le gouvernement valide également le financement de l’avant-projet détaillé qui doit fixer le tracé, soit environ 150 millions d’euros.
    L’affirmation d’une opposition française

    C’est dans ce contexte que va se dérouler la mobilisation des Soulèvements de la Terre, les 17 et 18 juin 2023. Elle a pour objectif de donner un écho national aux revendications portées par les opposants : l’arrêt immédiat du chantier du tunnel transfrontalier et l’abandon du projet de nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin.

    Outre les collectifs d’habitants, cette opposition coalise désormais des syndicats agricoles (Confédération paysanne) et ferroviaires (Sud Rail), des associations locales (Vivre et agir en Maurienne, Grésivaudan nord environnement) et écologistes (Attac, Extinction Rébellion, Les Amis de la Terre, Alternatiba, Cipra), des organisations politiques (La France Insoumise – LFI, Europe Ecologie Les Verts – EELV, Nouveau parti anticaptialiste – NPA) et le collectif No TAV Savoie.

    Cela n’a pas toujours été le cas : le projet est longtemps apparu consensuel en France, malgré une forte opposition en Italie depuis le début des années 1990 via le mouvement No TAV.

    2012 marque une étape importante dans l’opposition française alors disparate et peu médiatisée. Une enquête publique organisée cette année-là dans le cadre de la procédure de DUP permet une résurgence des oppositions, leurs affirmations et leur coalition au sein d’un nouvel agencement organisationnel. Ce dernier gagne rapidement en efficacité, occupe le champ médiatique et se connecte avec d’autres contestations en France en rejoignant le réseau des Grands projets inutiles et imposés (GP2I), dans le sillage de Notre-Dame-des-Landes.
    Basculement des ex-promoteurs du projet

    Cette publicisation nouvelle participe à une reproblématisation et politisation autour de la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin. Des défenseurs du projet basculent alors dans le camp des opposants, provoquant un élargissement de la mobilisation.

    EELV, pendant 20 ans favorable au projet, est un exemple saillant de cette évolution. Alors qu’il le jugeait incontournable et sans alternative, quand bien même la contestation gagnait en intensité en Italie, la « Convention des écologistes sur les traversées alpines » en 2012 signe son changement de positionnement.

    Ce nouveau positionnement peut se résumer ainsi : la réduction du transport routier ne dépend pas de la création de nouvelles infrastructures ferroviaires mais de la transition vers un modèle de développement moins générateur de flux de marchandises, la rénovation et l’amélioration des infrastructures ferroviaires existantes étant prioritaires pour gérer les flux restants.

    Une position aujourd’hui défendue par les maires de Grenoble et de Lyon, mais aussi par des députés européens et nationaux EEV et LFI. Pour autant, la mobilisation française reste jusqu’à aujourd’hui éloignée des répertoires d’action employés dans la vallée de Suse.
    Effacement de la montagne

    Ce projet de nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin révèle aussi et avant tout une lecture ancienne du territoire européen à travers les enjeux de mobilité. Au même titre que les percements des tunnels ferroviaires, routiers puis autoroutiers depuis la fin du XIXe siècle à travers les Alpes, il contribue à une forme d’aplanissement de la montagne pour en rendre les passages plus aisés et ainsi permettre des flux massifs et rapides.

    Cette norme de circulation des humains et des marchandises est révélatrice d’une vision du monde particulière. L’historienne Anne-Marie Granet-Abisset la résume ainsi :

    « Elle correspond aux modèles édictés par les aménageurs (politiques et techniques) qui travaillent dans les capitales européennes, désirant imposer leur vision aux territoires qu’ils gèrent, en dépit des sommes considérables mobilisées pour ce faire. Toute opposition ne peut être entendue, présentée alors comme de la désinformation ou de la mauvaise foi . »

    Ces enjeux informationnels et communicationnels demeurent omniprésents dans le débat public entre promoteurs et opposants au projet. Ils donnent lieu à de nombreuses passes d’armes, chacun s’accusant mutuellement de désinformation ; sans oublier les journalistes et leur travail d’enquête.
    Ressource en eau

    Depuis l’été 2022, c’est la question de la ressource en eau et des impacts du chantier du tunnel transfrontalier sur celle-ci qui cristallise les tensions. Elle sera d’ailleurs au cœur de la mobilisation des 17 et 18 juin 2023 en Maurienne, permettant ainsi une articulation avec les autres mobilisations impulsées ces derniers mois par les Soulèvements de la Terre. Une controverse sur le tarissement des sources qui existe depuis vingt ans en Maurienne.

    Plus largement, le débat sur l’utilité et la pertinence de la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin révèle le paradoxe auquel sont soumises les hautes vallées alpines. Dans un contexte d’injonction à la transition écologique, ce paradoxe fait figure d’une contrainte double et opposée comme le résume l’historienne Anne-Marie Granet-Abisset :

    « Des territoires qui doivent être traversés aisément et rapidement en fonction des critères de l’économie des transports, un lobby puissant à l’échelle européenne ; des territoires qui puissent apparaître comme préservés, inscrits dans une autre conception du temps, celle de la lenteur des cols et des refuges, en même temps qu’ils doivent être facilement accessibles à partir des métropoles . »

    https://theconversation.com/lyon-turin-retour-sur-lopposition-francaise-au-projet-de-nouvelle-l
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  • Dalla frontiera alpina del Nord-ovest (valle di Susa)

    La situazione alla frontiera nord-ovest in Alta Valle di Susa, dove da mesi #MEDU sta monitorando le condizioni di vita e il rispetto dei diritti umani di uomini, donne e bambini provenienti principalmente dalla rotta balcanica e in transito verso la Francia, è prossima a un collasso programmato che si scarica soprattutto sui più vulnerabili.
    Le principali criticità:
    –Sul versante italiano il sistema di accoglienza si è in pochi mesi ridotto radicalmente. La casa occupata #Chez_Jesuoulx è stata sgomberata il 23 di marzo con procedimenti giudiziari a carico degli attivisti. Il rifugio #Fraternità_Massi ha dovuto sobbarcarsi in toto l’accoglienza con costante sovraffollamento, rischi sanitari e ritmi di lavoro per gli operatori anche di 24 ore. Il finanziamento del progetto di accoglienza, pur approvato, non è mai arrivato. Il risultato è stato che dopo qualche giorno a marzo di apertura 24 ore per tutti, poi l’accoglienza diurna è stata limitata ai più vulnerabili ed infine cancellata. Gli spazi per le famiglie, affittati ai salesiani, troppo onerosi, sono stati definitivamente restituiti. Donne, uomini, bambini, sono costretti a rimanere per strada durante le ore diurne, senza alcun tipo di assistenza e accesso ai servizi essenziali.
    Per converso, in questi mesi è sorto uno spazio aperto a #Claviere che ha svolto il ruolo di presidio solidale in frontiera con cucine ed attenzione medica anche grazie al contributo di #No_Nation_Truck. Il 30 di luglio tale presidio ha cercato di radicarsi con l’occupazione della ex dogana, sgomberata dopo 5 giorni, aprendo la strada a nuovi procedimenti giudiziari.
    Dall’altra parte della frontiera, in Francia, le #Refuge_solidaire ha chiuso i battenti, sfrattato dalle istituzioni, oberato da presenze ormai ingestibili, anche per l’impossibilità di garantire le necessarie misure anti-Covid.
    Le persone in transito sono strette in una morsa da entrambi i lati della frontiera.
    Il clima di criminalizzazione della solidarietà è accompagnato anche da cambiamenti nelle pratiche di controllo da parte delle forze dell’ordine. Dal 20 di luglio al 10 di agosto la polizia è intervenuta un giorno ogni due alle partenze degli autobus a #Oulx per identificare, trasferire alla caserma di #Bardonecchia per schedatura #eurodac e per dissuadere con minacce coloro che erano in partenza. Tre volte è entrata al rifugio Fraternità Massi per portare famiglie a Bardonecchia per identificazione e consegna di fogli di espulsione o per obbligo a presentarsi in questura sotto minaccia di possibile arresto. Non siamo di fronte a prassi irregolari, ma certamente a un cambiamento di atteggiamento che sembrerebbe invalidare quelle prassi concordate a livello inter-istituzionale per cui il rifugio era un luogo neutro, libero da ordinari controlli .
    Di fronte a questo quadro di assenza programmata delle istituzioni, di repressione verso le pratiche di solidarietà, di contrasto agli ingressi e transiti, i flussi crescono e cresceranno sia dai Balcani sia dalla rotta del Mediterraneo centrale. Il compito di stare affianco alle persone in transito ricade su volontari e società civile, esposti per questo al rischio costante di essere denunciati . Il costo di questo atteggiamento pubblico peraltro inefficace quanto crudele, ricade soprattutto sui più vulnerabili, donne, bambini, offesi, quelli che a parole si dichiara sempre pietisticamente di difendere.

    https://mediciperidirittiumani.org/dalla-frontiera-alpina-del-nord-ovest-valle-di-susa
    #Briançon #frontière_sud-alpine #Suse #vallée_de_Suse #Italie #France #frontières #criminalisation #contrôles_frontaliers #asile #migrations #réfugiés #criminalisation_de_la_solidarité #Chez_Jésoulx

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    ajouté à la métaliste sur le Briançonnais :
    https://seenthis.net/messages/733721

    Et plus précisément ici :
    https://seenthis.net/messages/733721#message925945

    • La frontiera alpina del nord ovest

      Approfondimento monografico di Piero Gorza (antropologo e responsabile MEDU Piemonte)

      Continua l’azione di cura e testimonianza di Medici per i diritti umani (MEDU) sulla frontiera alpina nord-occidentale. Poche settimane fa è stato pubblicato un rapporto sulle attività svolte dal team clinico di MEDU a Oulx nei primi quattro mesi del 2022, nell’ambito del progetto “Frontiera solidale” (link al rapporto).

      Il rapporto descrive le difficoltà affrontate dalle persone in fuga lungo il cammino, tra cui numerose famiglie con neonati e minori non accompagnati. Sono stati riscontrati e denunciati i respingimenti messi in atto in maniera sistematica dalle autorità francesi, molto spesso anche nel caso di minori. Il rapporto si chiude con delle raccomandazioni e con la richiesta alle istituzioni italiane ed europee di tutelare i diritti fondamentali delle persone migranti e richiedenti asilo nei paesi di transito e in particolare nelle zone di frontiera, a prescindere dalla loro condizione giuridica.

      Oggi pubblichiamo un approfondimento monografico (https://mediciperidirittiumani.org/medu/wp-content/uploads/2022/06/La-frontiera-alpina-del-Nord-Ovest-23-giugno.pdf), firmato dall’antropologo e referente di Medu Piemonte Piero Gorza.

      Piero Gorza ci consegna un’analisi che si snoda attraverso oltre un anno di ricerca e attivismo solidale, da gennaio 2021 ad aprile 2022. Ricorrendo a dati, approfondimenti e testimonianze ci fa conoscere la vita dei migranti che giungono ad Oulx dopo anni di viaggio, il loro “abitare il cammino”, e offre uno sguardo sulle politiche di frontiera e sulle responsabilità dei diversi attori coinvolti nella promozione o violazione dei diritti umani.

      Piero ci invita a ripensare la dimensione del cammino: “Un viaggio che può essere descritto come un abitare il cammino ossia come una dimensione che non può essere pensata come un trasferimento tra un polo di fuga e uno d’attrazione, ma come un tempo dell’esistenza capace di modellare personalità e favorire cambiamenti relazionali”.

      Ne è un esempio la storia del ragazzo curdo iracheno partito dal Kurdistan a dodici anni e arrivato a Oulx con la sua famiglia all’età di diciotto anni: “la sua adolescenza, o forse sarebbe meglio dire la sua scuola, è stata il cammino”.

      Con uno sguardo sempre vicino alle persone e alle loro storie questo approfondimento permette di addentrarsi nella complessità della frontiera, non solo quella dell’Alta Valle di Susa, ma anche di quelle attraversate prima di arrivare in Italia. Un documento importante che contribuisce a fare luce su un fenomeno sociale e umano che riguarda tutti noi.

      https://mediciperidirittiumani.org/la-frontiera-alpina-del-nord-ovest