• Contre-histoire des États-Unis, Roxanne Dunbar-Ortiz – Éditions Wildproject
    https://wildproject.org/livres/contre-histoire-des-etats-unis

    Le monde qui vient
    novembre 2021
    9-782-381140-278
    336 pages
    22 €
    13 × 20 cm
    Préface et traduction par Pascal Menoret
    Première édition française 2018

    Ce livre répond à une question simple : pourquoi les Indiens dʼAmérique ont-ils été décimés ? Nʼétait-il pas pensable de créer une civilisation créole prospère qui permette aux populations amérindienne, africaine, européenne, asiatique et océanienne de partager lʼespace et les ressources naturelles des États-Unis ? Le génocide des Amérindiens était-il inéluctable ?

    La thèse dominante aux États-Unis est quʼils ont souvent été tués par les virus apportés par les Européens avant même dʼentrer en contact avec les Européens eux-mêmes : la variole voyageait plus vite que les soldats espagnols et anglais. Les survivants auraient soit disparu au cours des guerres de la frontière, soit été intégrés, eux aussi, à la nouvelle société dʼimmigrés.

    Contre cette vision irénique dʼune histoire impersonnelle, où les virus et lʼacier tiennent une place prépondérante et où les intentions humaines sont secondaires, Roxanne Dunbar-Ortiz montre que les États-Unis sont une scène de crime. Il y a eu génocide parce quʼil y a eu intention dʼexterminer : les Amérindiens ont été méthodiquement éliminés, dʼabord physiquement, puis économiquement, et enfin symboliquement.

    L’autrice

    Roxanne Dunbar-Ortiz est une historienne et militante née en 1938. Docteur en histoire (UCLA, 1974), elle est également diplômée en droit international et droits de lʼHomme de lʼIDH de Strasbourg (1983). Militante de la cause amérindienne depuis 1967, cofondatrice du Mouvement de libération des femmes (MLF) aux États-Unis en 1968, elle a aussi vécu en Europe, au Mexique et à Cuba. Elle est lʼautrice dʼune quinzaine dʼouvrages.

    On en parle

    Avec ce compte-rendu de la conquête des États-Unis du point de vue de ses victimes, Roxanne Dunbar-Ortiz nous rend un service immense. Renseigné en profondeur, éloquent et lucide, ce puissant récit dʼun crime terrible prend aujourdʼhui un sens nouveau : les survivants rejoignent en effet les peuples indigènes du monde pour lutter – en idées et en actions – contre la destruction écologique du monde causée par la civilisation industrielle.
    Noam Chomsky, linguiste

    Voici sans doute la plus importante histoire des États-Unis jamais écrite. Voici, restituée de façon honnête et souvent poétique, lʼhistoire de ces traces et dʼun peuple qui a survécu, meurtri mais insoumis. Spoiler alert : la période coloniale nʼest pas close – et tous les Indiens ne sont pas morts.
    Robin Kelley, historien

    Lʼoubli de lʼhistoire est la maladie fondamentale de la plupart des Américains blancs. Dunbar-Ortiz demande à ses lecteurs de retourner à ce point de départ : de sʼenraciner dans la poussière rouge et les débris de la mémoire.
    Mike Davis, sociologue

    Issue dʼun milieu ouvrier, ayant grandi en Oklahoma, Roxanne Dunbar-Ortiz a participé à tous les grands mouvements féministes ou révolutionnaires des années 1960 et 1970. Elle éclaire ces expériences avec une implacable précision, et fait preuve dʼune fière et admirable indépendance.
    Howard Zinn, historien

    Roxanne Dunbar-Ortiz a écrit le livre fondamental, celui qui remet à l’endroit l’histoire nationale américaine, structurée par un génocide originel et une violente colonisation de peuplement.
    Raoul Peck, cinéaste

    Sommaire

    Préface du traducteur
    Note de lʼauteure

    Introduction. Cette terre

    Suivez le maïs
    La culture de la conquête
    Le culte de lʼalliance
    Des empreintes de sang
    Naissance dʼune nation
    Le Dernier des Mohicans et la république blanche dʼAndrew Jackson
    Dʼun océan à lʼautre, étincelant
    Pays indien
    Triomphalisme et colonialisme en temps de paix
    La prophétie de la danse des esprits : une nation arrive
    La Doctrine de la Découverte

    Conclusion. Lʼavenir des États-Unis

    • Roxane Dunbar-Ortiz est une historienne et une militante connue aux USA pour sa participation active aux luttes d’émancipation des années 60 (droits civiques, anticolonialiste,féministe). Elle nous propose cette contre-histoire passionnante des États-Unis, « telle que les peuples indigènes la vécurent », ce qui « requiert de mettre à neuf le récit national ».

      S’appuyant sur une description précises des faits, Roxane Dunbar-Ortiz n’hésite pas à qualifier en terme de « génocide », la politique de colonisation de peuplement conduite par les colons états-uniens. D’autres auteurs, notamment Robert Jaulin, ont employé le terme d’ethnocide pour décrire les conséquences du colonialisme (voir le lien ci-dessous).

      La première partie du livre est consacrée à l’examen historique des faits concernant l’éradication des nations autochtones. Il semblerait que ces faits historique soient méconnus ou ignorés de la grande partie de la population états-unienne. Des mises en perspectives expliquent comment ces faits structurent encore largement l’idéologie du pays.

      Les fondations de l’histoire des États-Unis sont à trouver dans le débarquement des caravelles espagnoles sur le continent d’Amérique. Le mythe fondateur états-unien, proprement dit, débute officiellement, à l’issue de la guerre d’indépendance des colonies anglaises, en 1783. Environ 4 millions d’européens vivent alors sur 13 colonies britanniques, le long de la côte atlantique. « La conquête de l’Ouest » qui s’en suit, conduit progressivement en un siècle à la dépossession de l’intégralité des territoires autochtones situés sur cette partie du continent.

      L’autrice explique par le détail comment les conquérants étasuniens ont systématiquement mis en œuvre une politique de colonisation de peuplement en chassant les nations indigènes afin de s’approprier leurs terres. Plusieurs méthodes furent employées à cette fin : les massacres des populations, la destruction de leurs ressources végétales et animales (notamment les bisons), la manipulation des nations indigènes dressées les unes contre les autres, la signature d’accords systématiquement violés, l’enferment des autochtones dans des réserves racistes, l’assimilation forcée, l’acculturation, la corruption, leur dépendance aux logiques capitalistes…

      Le mythe colonialiste du « nouveau monde » est taillé en pièces par l’autrice. Ce récit évoque un continent vide et habité par des sauvages avant l’arrivée des Européen ; ces derniers s’émerveillent, par exemple, de la présence de « bois ouverts », estimant qu’il s’agissait d’une configuration caractéristique de l’Amérique du nord, sans voir que ce paysage n’était rien d’autre que la résultante du rapport que les peuples indigènes entretiennent avec la nature.

      L’autrice remet en cause le contenu du mythe fondateur états-unien qui fait de cette nation, se constituant sur le colonialisme le plus brutal, une nation exceptionnelle. On glorifie l’appropriation du continent par une sorte de délire mystique alors que la création des États-Unis est directement liée à l’émergence du capitalisme et de ses contingences de développement économique.

      Outre son intérêt pour la restitution historique de faits qui semblent méconnus au pays de l’oncle Sam, l’ouvrage propose une réflexion assez approfondie sur les considérants idéologiques structurant l’imaginaire états-unien encore aujourd’hui. Ce qui constitue la seconde partie de l’ouvrage.

      On voit comment, à partir de fables nationales telles que celle du « destin manifeste », on construit un mythe selon lequel les États unis est une nation prédestinée à conquérir les territoires « d’un océan à l’autre ». Le pays est composé « d’exceptionnelles entités » eu égard à l’influence calviniste des premiers colons. De ce fait, la fin justifiant les moyens, rien n’est plus ordinaire que d’y entendre des voix conduite à vanter « les conséquence positives de la colonisation ».

      Enfin, Roxane Dunbar-Ortiz explique comment la guerre permanente contre les peuples autochtones a construit une logique militarise omniprésente, encore aujourd’hui, dans l’idéologie dominante de ce pays. Le militarisme états-unien sert de justificatif à la politique impérialiste conduite dans le monde entier. Il est rappelé, aussi, en quoi le deuxième amendement de la constitution (sur le port d’arme) en est tributaire.

      L’autrice explique comment le passé colonial contre les nations indigènes, a directement structuré des concepts militaires, encore mis en pratique à notre époque par les États-Unis dans leur politique impérialiste (guerres du Vietnam, d’Irak, etc.). Les termes en usage pour définir les tactiques guerrières pour exterminer les nations indigènes lors de le « conquête de l’Ouest » tels que « guerre totale », « guerre irrégulière » ou « guerre de contre-insurrection » font encore partie du vocabulaire des militaires états-uniens d’aujourd’hui. On apprend, enfin que, bien au-delà des frontières du continent américain, le terme de « pays indiens » est encore employé encore de nos jours, par l’administration militaire États-unienne pour désigner une zone située derrière les lignes ennemies.

    • Un extrait de la conclusion de Contre-histoire des États-Unis, Roxanne Dunbar-Ortiz :

      https://www.salon.com/2014/10/13/north_america_is_a_crime_scene_the_untold_history_of_america

      North America is a crime scene: The untold history of America this Columbus Day
      The founding myth of the United States is a lie. It is time to re-examine our ruthless past — and present
      By Roxanne Dunbar-Ortiz
      Published October 13, 2014 5:45PM (EDT)

      Excerpted from “An Indigenous Peoples’ History of the United States”

      That the continued colonization of American Indian nations, peoples, and lands provides the United States the economic and material resources needed to cast its imperialist gaze globally is a fact that is simultaneously obvious within—and yet continually obscured by—what is essentially a settler colony’s national construction of itself as an ever more perfect multicultural, multiracial democracy. . . . [T]he status of American Indians as sovereign nations colonized by the United States continues to haunt and inflect its raison d’etre. —Jodi Byrd

      The conventional narrative of U.S. history routinely segregates the “Indian wars” as a subspecialization within the dubious category “the West.” Then there are the westerns, those cheap novels, movies, and television shows that nearly every American imbibed with mother’s milk and that by the mid-twentieth century were popular in every corner of the world. The architecture of US world dominance was designed and tested by this period of continental U.S. militarism, which built on the previous hundred years and generated its own innovations in total war. The opening of the twenty-first century saw a new, even more brazen form of U.S. militarism and imperialism explode on the world scene when the election of George W. Bush turned over control of U.S. foreign policy to a long-gestating neoconservative and warmongering faction of the Pentagon and its civilian hawks. Their subsequent eight years of political control included two major military invasions and hundreds of small wars employing U.S. Special Forces around the globe, establishing a template that continued after their political power waned.

      Injun Country

      One highly regarded military analyst stepped forward to make the connections between the “Indian wars” and what he considered the country’s bright imperialist past and future. Robert D. Kaplan, in his 2005 book Imperial Grunts, presented several case studies that he considered highly successful operations: Yemen, Colombia, Mongolia, and the Philippines, in addition to ongoing complex projects in the Horn of Africa, Afghanistan, and Iraq. While US citizens and many of their elected representatives called for ending the US military interventions they knew about—including Iraq and Afghanistan—Kaplan hailed protracted counterinsurgencies in Africa, Asia, the Middle East, Latin America, and the Pacific. He presented a guide for the U.S. controlling those areas of the world based on its having achieved continental dominance in North America by means of counterinsurgency and employing total and unlimited war.

      Kaplan, a meticulous researcher and influential writer born in 1952 in New York City, wrote for major newspapers and magazines before serving as “chief geopolitical strategist” for the private security think tank Stratfor. Among other prestigious posts, he has been a senior fellow at the Center for a New American Security in Washington, D.C., and a member of the Defense Policy Board, a federal advisory committee to the US Department of Defense. In 2011, Foreign Policy magazine named Kaplan as one of the world’s “top 100 global thinkers.” Author of numerous best-selling books, including Balkan Ghosts and Surrender or Starve, Kaplan became one of the principal intellectual boosters for U.S. power in the world through the tried-and-true “American way of war.” This is the way of war dating to the British-colonial period that military historian John Grenier called a combination of “unlimited war and irregular war,” a military tradition “that accepted, legitimized, and encouraged attacks upon and the destruction of noncombatants, villages and agricultural resources . . . in shockingly violent campaigns to achieve their goals of conquest.”

      Kaplan sums up his thesis in the prologue to Imperial Grunts, which he subtitles “Injun Country”:

      By the turn of the twenty-first century the United States military had already appropriated the entire earth, and was ready to flood the most obscure areas of it with troops at a moment’s notice.

      The Pentagon divided the planet into five area commands—similar to the way that the Indian Country of the American West had been divided in the mid-nineteenth century by the U.S. Army. . . . [A]ccording to the soldiers and marines I met on the ground in far-flung corners of the earth, the comparison with the nineteenth century was . . . apt. “Welcome to Injun Country” was the refrain I heard from troops from Colombia to the Philippines, including Afghanistan and Iraq. To be sure, the problem for the American military was less [Islamic] fundamentalism than anarchy. The War on Terrorism was really about taming the frontier.

      Kaplan goes on to ridicule “elites in New York and Washington” who debate imperialism in “grand, historical terms,” while individuals from all the armed services interpret policy according to the particular circumstances they face and are indifferent to or unaware of the fact that they are part of an imperialist project. This book shows how colonialism and imperialism work.

      Kaplan challenges the concept of manifest destiny, arguing that “it was not inevitable that the United States should have an empire in the western part of the continent.” Rather, he argues, western empire was brought about by “small groups of frontiersmen, separated from each other by great distances.” Here Kaplan refers to what Grenier calls settler “rangers,” destroying Indigenous towns and fields and food supplies. Although Kaplan downplays the role of the U.S. Army compared to the settler vigilantes, which he equates to the modern Special Forces, he acknowledges that the regular army provided lethal backup for settler counterinsurgency in slaughtering the buffalo, the food supply of Plains peoples, as well as making continuous raids on settlements to kill or confine the families of the Indigenous fighters. Kaplan summarizes the genealogy of U.S. militarism today:

      Whereas the average American at the dawn of the new millennium found patriotic inspiration in the legacies of the Civil War and World War II, when the evils of slavery and fascism were confronted and vanquished, for many commissioned and noncommissioned officers the U.S. Army’s defining moment was fighting the “Indians.”

      The legacy of the Indian wars was palpable in the numerous military bases spread across the South, the Middle West, and particularly the Great Plains: that vast desert and steppe comprising the Army’s historical “heartland,” punctuated by such storied outposts as Forts Hays, Kearney, Leavenworth, Riley, and Sill. Leavenworth, where the Oregon and Santa Fe trails separated, was now the home of the Army’s Command and General Staff College; Riley, the base of George Armstrong Custer’s 7th Cavalry, now that of the 1st Infantry Division; and Sill, where Geronimo lived out the last years of his life, the headquarters of the U.S. Artillery. . . .

      While microscopic in size, it was the fast and irregular military actions against the Indians, memorialized in bronze and oil by Remington, that shaped the nature of American nationalism.

      Although Kaplan relies principally on the late-nineteenth-century source of US counterinsurgency, in a footnote he reports what he learned at the Airborne Special Operations Museum in Fayetteville, North Carolina: “It is a small but interesting fact that members of the 101st Airborne Division, in preparation for their parachute drop on D-Day, shaved themselves in Mohawk style and applied war paint on their faces.” This takes us back to the pre-independence colonial wars and then through US independence and the myth popularized by The Last of the Mohicans.

      Kaplan debunks the argument that the attacks on the World Trade Center and the Pentagon on September 11, 2001, brought the United States into a new era of warfare and prompted it to establish military bases around the world. Prior to 2001, Kaplan rightly observes, the US Army’s Special Operations Command had been carrying out maneuvers since the 1980s in “170 countries per year, with an average of nine ‘quiet professionals’ on each mission. America’s reach was long; its involvement in the obscurest states protean. Rather than the conscript army of citizen soldiers that fought World War II, there was now a professional military that, true to other imperial forces throughout history, enjoyed the soldiering life for its own sake.”

      On October 13, 2011, testifying before the Armed Services Committee of the US House of Representatives, General Martin Dempsey stated: “I didn’t become the chairman of the Joint Chiefs to oversee the decline of the Armed Forces of the United States, and an end state that would have this nation and its military not be a global power. . . . That is not who we are as a nation.”

      The Return of Legalized Torture

      Bodies—tortured bodies, sexually violated bodies, imprisoned bodies, dead bodies—arose as a primary topic in the first years of the George W. Bush administration following the September 2001 attacks with a war of revenge against Afghanistan and the overthrow of the government of Iraq. Afghans resisting U.S. forces and others who happened to be in the wrong place at the wrong time were taken into custody, and most of them were sent to a hastily constructed prison facility on the U.S. military base at Guantánamo Bay, Cuba, on land the United States appropriated in its 1898 war against Cuba. Rather than bestowing the status of prisoner of war on the detainees, which would have given them certain rights under the Geneva Conventions, they were designated as “unlawful combatants,” a status previously unknown in the annals of Western warfare. As such, the detainees were subjected to torture by U.S. interrogators and shamelessly monitored by civilian psychologists and medical personnel.

      In response to questions and condemnations from around the globe, a University of California international law professor, John C. Yoo, on leave to serve as assistant U.S. attorney general in the Justice Department’s Office of Legal Counsel, penned in March 2003 what became the infamous “Torture Memo.” Not much was made at the time of one of the precedents Yoo used to defend the designation “unlawful combatant,” the US Supreme Court’s 1873 opinion in Modoc Indian Prisoners.

      In 1872, a group of Modoc men led by Kintpuash, also known as Captain Jack, attempted to return to their own country in Northern California after the U.S. Army had rounded them up and forced them to share a reservation in Oregon. The insurgent group of fifty-three was surrounded by U.S. troops and Oregon militiamen and forced to take refuge in the barren and rugged lava beds around Mount Lassen, a dormant volcano, a part of their ancestral homeland that they knew every inch of. More than a thousand troops commanded by General Edward R. S. Canby, a former Civil War general, attempted to capture the resisters, but had no success as the Modocs engaged in effective guerrilla warfare. Before the Civil War, Canby had built his military career fighting in the Second Seminole War and later in the invasion of Mexico. Posted to Utah on the eve of the Civil War, he had led attacks against the Navajos, and then began his Civil War service in New Mexico. Therefore, Canby was a seasoned Indian killer. In a negotiating meeting between the general and Kintpuash, the Modoc leader killed the general and the other commissioners when they would allow only for surrender. In response, the United States sent another former Civil War general in with more than a thousand additional soldiers as reinforcements, and in April 1873 these troops attacked the Modoc stronghold, this time forcing the Indigenous fighters to flee. After four months of fighting that cost the United States almost $500,000—equal to nearly $10 million currently—and the lives of more than four hundred of its soldiers and a general, the nationwide backlash against the Modocs was vengeful. Kintpuash and several other captured Modocs were imprisoned and then hanged at Alcatraz, and the Modoc families were scattered and incarcerated on reservations. Kintpuash’s corpse was embalmed and exhibited at circuses around the country. The commander of the army’s Pacific Military Division at the time, Lieutenant General John M. Schofield, wrote of the Modoc War in his memoir, Forty-Six Years in the Army: “If the innocent could be separated from the guilty, plague, pestilence, and famine would not be an unjust punishment for the crimes committed in this country against the original occupants of the soil.”

      Drawing a legal analogy between the Modoc prisoners and the Guantánamo detainees, Assistant U.S. Attorney General Yoo employed the legal category of homo sacer—in Roman law, a person banned from society, excluded from its legal protections but still subject to the sovereign’s power. Anyone may kill a homo sacer without it being considered murder. As Jodi Byrd notes, “One begins to understand why John C. Yoo’s infamous March 14, 2003, torture memos cited the 1865 Military Commissions and the 1873 The Modoc Indian Prisoners legal opinions in order to articulate executive power in declaring the state of exception, particularly when The Modoc Indian Prisoners opinion explicitly marks the Indian combatant as homo sacer to the United States.” To buttress his claim, Yoo quoted from the 1873 Modoc Indian Prisoners opinion:

      It cannot be pretended that a United States soldier is guilty of murder if he kills a public enemy in battle, which would be the case if the municipal law were in force and applicable to an act committed under such circumstances. All the laws and customs of civilized warfare may not be applicable to an armed conflict with the Indian tribes upon our western frontier; but the circumstances attending the assassination of Canby [Army general] and Thomas [U.S. peace commissioner] are such as to make their murder as much a violation of the laws of savage as of civilized warfare, and the Indians concerned in it fully understood the baseness and treachery of their act.

      Byrd points out that, according to this line of thinking, anyone who could be defined as “Indian” could thus be killed legally, and they also could be held responsible for crimes they committed against any US soldier. “As a result, citizens of American Indian nations become in this moment the origin of the stateless terrorist combatant within U.S. enunciations of sovereignty.”

      Ramped Up Militarization

      The Chagos Archipelago comprises more than sixty small coral islands isolated in the Indian Ocean halfway between Africa and Indonesia, a thousand miles south of the nearest continent, India. Between 1968 and 1973, the United States and Britain, the latter the colonial administrator, forcibly removed the indigenous inhabitants of the islands, the Chagossians. Most of the two thousand deportees ended up more than a thousand miles away in Mauritius and the Seychelles, where they were thrown into lives of poverty and forgotten. The purpose of this expulsion was to create a major U.S. military base on one of the Chagossian islands, Diego Garcia. As if being rounded up and removed from their homelands in the name of global security were not cruel enough, before being deported the Chagossians had to watch as British agents and U.S. troops herded their pet dogs into sealed sheds where they were gassed and burned. As David Vine writes in his chronicle of this tragedy:

      “The base on Diego Garcia has become one of the most secretive and powerful U.S. military facilities in the world, helping to launch the invasions of Afghanistan and Iraq (twice), threatening Iran, China, Russia, and nations from southern Africa to southeast Asia, host to a secret CIA detention center for high-profile terrorist suspects, and home to thousands of U.S. military personnel and billions of dollars in deadly weaponry.”

      The Chagossians are not the only indigenous people around the world that the US military has displaced. The military established a pattern during and after the Vietnam War of forcibly removing indigenous peoples from sites deemed strategic for the placement of military bases. The peoples of the Bikini Atoll in the South Pacific and Puerto Rico’s Vieques Island are perhaps the best-known examples, but there were also the Inughuit of Thule, Greenland, and the thousands of Okinawans and Indigenous peoples of Micronesia. During the harsh deportation of the Micronesians in the 1970s, the press took some notice. In response to one reporter’s question, Secretary of State Henry Kissinger said of the Micronesians: “There are only ninety thousand people out there. Who gives a damn?” This is a statement of permissive genocide.

      By the beginning of the twenty-first century, the United States operated more than 900 military bases around the world, including 287 in Germany, 130 in Japan, 106 in South Korea, 89 in Italy, 57 in the British Isles, 21 in Portugal, and 19 in Turkey. The number also comprised additional bases or installations located in Aruba, Australia, Djibouti, Egypt, Israel, Singapore, Thailand, Kyrgyzstan, Kuwait, Qatar, Bahrain, the United Arab Emirates, Crete, Sicily, Iceland, Romania, Bulgaria, Honduras, Colombia, and Cuba (Guantánamo Bay), among many other locations in some 150 countries, along with those recently added in Iraq and Afghanistan.

      In her book The Militarization of Indian Country, Anishinaabe activist and writer Winona LaDuke analyzes the continuing negative effects of the military on Native Americans, considering the consequences wrought on Native economy, land, future, and people, especially Native combat veterans and their families. Indigenous territories in New Mexico bristle with nuclear weapons storage, and Shoshone and Paiute territories in Nevada are scarred by decades of aboveground and underground nuclear weapons testing. The Navajo Nation and some New Mexico Pueblos have experienced decades of uranium strip mining, the pollution of water, and subsequent deadly health effects. “I am awed by the impact of the military on the world and on Native America,” LaDuke writes. “It is pervasive.”

      Political scientist Cynthia Enloe, who specializes in US foreign policy and the military, observes that US culture has become even more militarized since the attacks on the World Trade Center and the Pentagon. Her analysis of this trend draws on a feminist perspective:

      Militarization . . . [is] happening at the individual level, when a woman who has a son is persuaded that the best way she can be a good mother is to allow the military recruiter to recruit her son so her son will get off the couch. When she is persuaded to let him go, even if reluctantly, she’s being militarized. She’s not as militarized as somebody who is a Special Forces soldier, but she’s being militarized all the same. Somebody who gets excited because a jet bomber flies over the football stadium to open the football season and is glad that he or she is in the stadium to see it, is being militarized. So militarization is not just about the question “do you think the military is the most important part of the state?” (although obviously that matters). It’s not just “do you think that the use of collective violence is the most effective way to solve social problems?”—which is also a part of militarization. But it’s also about ordinary, daily culture, certainly in the United States.

      As John Grenier notes, however, the cultural aspects of militarization are not new; they have deep historical roots, reaching into the nation’s British-colonial past and continuing through unrelenting wars of conquest and ethnic cleansing over three centuries.

      “Beyond its sheer military utility, Americans also found a use for the first way of war in the construction of an ‘American identity.’. . . [T]he enduring appeal of the romanticized myth of the ‘settlement’ (not the conquest) of the frontier, either by ‘actual’ men such as Robert Rogers or Daniel Boone or fictitious ones like Nathaniel Bumppo of James Fenimore Cooper’s creation, points to what D. H. Lawrence called the ‘myth of the essential white American.’”

      The astronomical number of firearms owned by U.S. civilians, with the Second Amendment as a sacred mandate, is also intricately related to militaristic culture. Everyday life and the culture in general are damaged by ramped-up militarization, and this includes academia, particularly the social sciences, with psychologists and anthropologists being recruited as advisors to the military. Anthropologist David H. Price, in his indispensable book Weaponizing Anthropology, remarks that “anthropology has always fed between the lines of war.” Anthropology was born of European and U.S. colonial wars. Price, like Enloe, sees an accelerated pace of militarization in the early twenty-first century: “Today’s weaponization of anthropology and other social sciences has been a long time coming, and post-9/11 America’s climate of fear coupled with reductions in traditional academic funding provided the conditions of a sort of perfect storm for the militarization of the discipline and the academy as a whole.”

      In their ten-part cable television documentary series and seven-hundred-page companion book The Untold History of the United States, filmmaker Oliver Stone and historian Peter Kuznick ask: “Why does our country have military bases in every region of the globe, totaling more than a thousand by some counts? Why does the United States spend as much money on its military as the rest of the world combined? Why does it still possess thousands of nuclear weapons, many on hair-trigger alert, even though no nation poses an imminent threat?” These are key questions. Stone and Kuznick condemn the situation but do not answer the questions. The authors see the post–World War II development of the United States into the world’s sole superpower as a sharp divergence from the founders’ original intent and historical development prior to the mid-twentieth century. They quote an Independence Day speech by President John Quincy Adams in which he condemned British colonialism and claimed that the United States “goes not abroad, in search of monsters to destroy.” Stone and Kuznick fail to mention that the United States at the time was invading, subjecting, colonizing, and removing the Indigenous farmers from their land, as it had since its founding and as it would through the nineteenth century. In ignoring that fundamental basis for US development as an imperialist power, they do not see that overseas empire was the logical outcome of the course the United States chose at its founding.

      North America is a Crime Scene

      Jodi Byrd writes: “The story of the new world is horror, the story of America a crime.” It is necessary, she argues, to start with the origin of the United States as a settler-state and its explicit intention to occupy the continent. These origins contain the historical seeds of genocide. Any true history of the United States must focus on what has happened to (and with) Indigenous peoples—and what still happens. It’s not just past colonialist actions but also “the continued colonization of American Indian nations, peoples, and lands” that allows the United States “to cast its imperialist gaze globally” with “what is essentially a settler colony’s national construction of itself as an ever more perfect multicultural, multiracial democracy,” while “the status of American Indians as sovereign nations colonized by the United States continues to haunt and inflect its raison d’etre.” Here Byrd quotes Lakota scholar Elizabeth Cook-Lynn, who spells out the connection between the “Indian wars” and the Iraq War:

      The current mission of the United States to become the center of political enlightenment to be taught to the rest of the world began with the Indian wars and has become the dangerous provocation of this nation’s historical intent. The historical connection between the Little Big Horn event and the “uprising” in Baghdad must become part of the political dialogue of America if the fiction of decolonization is to happen and the hoped for deconstruction of the colonial story is to come about.

      A “race to innocence” is what occurs when individuals assume that they are innocent of complicity in structures of domination and oppression. This concept captures the understandable assumption made by new immigrants or children of recent immigrants to any country. They cannot be responsible, they assume, for what occurred in their adopted country’s past. Neither are those who are already citizens guilty, even if they are descendants of slave owners, Indian killers, or Andrew Jackson himself. Yet, in a settler society that has not come to terms with its past, whatever historical trauma was entailed in settling the land affects the assumptions and behavior of living generations at any given time, including immigrants and the children of recent immigrants.

      In the United States the legacy of settler colonialism can be seen in the endless wars of aggression and occupations; the trillions spent on war machinery, military bases, and personnel instead of social services and quality public education; the gross profits of corporations, each of which has greater resources and funds than more than half the countries in the world yet pay minimal taxes and provide few jobs for US citizens; the repression of generation after generation of activists who seek to change the system; the incarceration of the poor, particularly descendants of enslaved Africans; the individualism, carefully inculcated, that on the one hand produces self-blame for personal failure and on the other exalts ruthless dog-eat-dog competition for possible success, even though it rarely results; and high rates of suicide, drug abuse, alcoholism, sexual violence against women and children, homelessness, dropping out of school, and gun violence.

      These are symptoms, and there are many more, of a deeply troubled society, and they are not new. The large and influential civil rights, student, labor, and women’s movements of the 1950s through the 1970s exposed the structural inequalities in the economy and the historical effects of more than two centuries of slavery and brutal genocidal wars waged against Indigenous peoples. For a time, US society verged on a process of truth seeking regarding past atrocities, making demands to end aggressive wars and to end poverty, witnessed by the huge peace movement of the 1970s and the War on Poverty, affirmative action, school busing, prison reform, women’s equity and reproductive rights, promotion of the arts and humanities, public media, the Indian Self-Determination Act, and many other initiatives.

      A more sophisticated version of the race to innocence that helps perpetuate settler colonialism began to develop in social movement theory in the 1990s, popularized in the work of Michael Hardt and Antonio Negri. Commonwealth, the third volume in a trilogy, is one of a number of books in an academic fad of the early twenty-first century seeking to revive the Medieval European concept of the commons as an aspiration for contemporary social movements. Most writings about the commons barely mention the fate of Indigenous peoples in relation to the call for all land to be shared. Two Canadian scholar-activists, Nandita Sharma and Cynthia Wright, for example, do not mince words in rejecting Native land claims and sovereignty, characterizing them as xenophobic elitism. They see Indigenous claims as “regressive neo-racism in light of the global diasporas arising from oppression around the world.”

      Cree scholar Lorraine Le Camp calls this kind of erasure of Indigenous peoples in North America “terranullism,” harking back to the characterization, under the Doctrine of Discovery, of purportedly vacant lands as terra nullis. This is a kind of no-fault history. From the theory of a liberated future of no borders and nations, of a vague commons for all, the theorists obliterate the present and presence of Indigenous nations struggling for their liberation from states of colonialism. Thereby, Indigenous rhetoric and programs for decolonization, nationhood, and sovereignty are, according to this project, rendered invalid and futile. From the Indigenous perspective, as Jodi Byrd writes, “any notion of the commons that speaks for and as indigenous as it advocates transforming indigenous governance or incorporating indigenous peoples into a multitude that might then reside on those lands forcibly taken from indigenous peoples does nothing to disrupt the genocidal and colonialist intent of the initial and now repeated historical process.”

      Excerpted from “An Indigenous Peoples’ History of the United States” by Roxanne Dunbar-Ortiz (Beacon Press, 2014). Copyright 2014 by Roxanne Dunbar-Ortiz. Reprinted with permission of the publisher. All rights reserved.

      By Roxanne Dunbar-Ortiz

    • Je trouve que c’est bien traduit ; en tous cas, agréable à lire. Le traducteur a aussi écrit l’introduction.

      Autre chose, qui n’a rien à voir avec la traduction... maintenant que j’y pense ; j’ai oublié de le mettre dans ma présentation : le seul reproche que je ferais c’est l’absence de cartes, à l’exception de la reproduction, à la fin de l’ouvrage, d’un document à peine lisible. Dommage cela aurait été bien utile.

    • pour ce qui est devenu le Québec, Marie-Christine Lévesque et Serge Bouchard, tombés en amour pour les Innus, décrivent dans Le peuple rieur, Hommage à mes amis innus (ethnographie qui ne propose pas une histoire d’ensemble), un bref moment de rapport plutôt égalitaire, à l’arrivée de Champlain, où l’établissement de comptoirs commerciaux isolés, rares, occasionne des échanges (traite des fourrures), et durant lequel les Innus sont admirés par les arrivants pour leurs capacités cynégétiques ainsi que leur manière de réussir à subsister sur un territoire que les arrivants voient comme principalement hostile. mais c’était avant qu’ils deviennent des ostie de sauvages.
      #peuples_premiers #nations_sans_état

    • Aussi, une #BD ...
      Une histoire populaire de l’empire américain

      Depuis le génocide des Indiens jusqu’à la guerre en Irak en passant par le développement d’un capitalisme financier globalisé, les États- Unis se sont constitués au fil des siècles comme un empire incontournable. Peu à peu, leur histoire est devenue mythologie, mais ce livre propose le récit d’une nation, un récit qui a réussi à changer le regard des Américains sur eux-mêmes.

      https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-une-histoire-populaire-de-l-empire-americian/album-une-histoire-populaire-de-l-empire-americian
      #bande-dessinée #histoire_populaire

      que j’avais signalé ici :
      https://seenthis.net/messages/784696

  • Le vaccin et ses simulacres : instaurer un être pour gérer une population, 1800-1865 | #Jean-Baptiste_Fressoz (2011)
    https://journals.openedition.org/traces/5368

    L’article montre comment le #vaccin contre la #variole a été construit comme un objet parfaitement bénin et efficace, notamment à partir des expérimentations humaines.

    A partir de 1800 on commence à vacciner contre la variole en inoculant la vaccine (aka cowpox, ou variole de la vache), une maladie bénigne qui protège contre la (vraie) variole (aka petite vérole).
    Cette vaccine c’est du pus de pustule de cowpox de personne vaccinée précédemment. On peut donc dire littéralement que le vaccin « se transmet de bras à bras » (et que c’est assez dégueu).
    Plusieurs problèmes et questions se posent alors. D’abord, pour ne pas perdre le vaccin, il faut ne pas cesser de vacciner. On va pour ça utiliser des enfants trouvés et en faire des « dépôts de vaccin ». Ils serviront aussi à plusieurs expériences plus ou moins dangereuses pour définir les compétences du vaccin (notamment pour savoir s’il transmet les maladies dont serait porteur le vaccinifère).

    En 1800, le vaccin est un être nouveau. On ne sait ni ce qu’il est, ni ce qu’il peut. Nombreuses sont les vaccinations malheureuses. C’est aussi un être rare et transitoire : son existence dépend de sa transmission. Si les médecins n’ont plus de sujets à vacciner, il disparaît. Les tentatives de conserver le pus ex vivo, dans des plaques en verre, des tubes capillaires, des fioles vidées d’air ou remplies d’azote, ne sont pas concluantes et les vaccines réussissent bien mieux lorsqu’elles se font avec de la matière fraîche, de bras à bras. Aussi, pour conserver et transporter ce virus protecteur, les médecins doivent organiser des chaînes vaccinales. Tout au long du XIXe siècle, les enfants trouvés en constitueront les maillons indispensables.

    [...] L’instrumentalisation biologique de la misère n’effarouchait pas les parents. Ils suspectent la santé des enfants abandonnés ; fruits des turpitudes, ils craignent qu’ils ne transmettent la syphilis, ils demandent à inspecter leurs corps et préfèrent le pus des enfants légitimes. Ils reprochent au système d’être dangereux, jamais d’être inhumain.

    Les enfants des hospices servirent également de terrain d’essai : les vaccinateurs acquirent sur eux les savoir-faire et l’expérience nécessaire pour juger des bonnes et des mauvaises vaccines. Comme sur ces enfants les accidents pouvaient être passés sous silence, les vaccinateurs ne risquaient pas de subir les récriminations des parents et d’alimenter les traités anti-vaccinistes.

    Au départ, les médecins qui ignorent tout de la vaccine ont besoin d’identifier ses phénomènes et d’apprendre à les reproduire avec régularité. Le Comité [de vaccine] établit, par exemple, le laps de temps nécessaire à la vaccination pour donner une protection efficace en organisant des contre-épreuves varioliques sur 40 enfants : on commence par insérer vaccin et variole en même temps avant de retarder jour après jour la seconde inoculation. Autre problème : à quel âge peut-on vacciner ? Le Comité opère sur des enfants de plus en plus jeunes, jusqu’à vacciner des prématurés. Aucun âge ne lui paraît défavorable. Il se pourrait aussi que la préservation de la vaccine ne soit que locale. On inocule donc la petite vérole aux extrémités opposées aux points de vaccination. Les vaccinateurs essaient aussi de reproduire des accidents : ils déposent du pus dans la gorge ou sur les muqueuses nasales afin d’étudier les complications respiratoires liées à la vaccine. De même, pour comprendre les éruptions vaccinales, ils mettent la peau à vif et déposent quelques gouttes de vaccin. Le sujet écope d’une plaie gangréneuse. À l’intérieur des hospices, l’expérimentation humaine se banalise. Les enfants trouvés servent ainsi de corps-tests : si après une vaccine, une maladie éruptive se déclare, on leur inocule le pus incriminé pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’une petite vérole.

    Des essais furent aussi menés dans le but de réfuter le risque de contamination par la vaccine : Alibert vaccine des dartreux, des scrofuleux et des teigneux en faisant passer le pus des uns aux autres, sans constater de contaminations croisées. Cullerier et Richerand reportent du vaccin pris d’enfants syphilitiques sur des enfants sains sans les infecter. Ces expériences dangereuses et très critiquées furent réalisées sur quelques enfants seulement. Elles eurent pourtant des conséquences considérables : durant tout le siècle, après des cas hypothétiques de contamination syphilitique, les médecins invoquent, pour dédouaner la vaccine, les grandes expériences qu’aurait réalisées le Comité au début des années 1800. En somme, grâce à l’expérimentation sur les enfants trouvés, le Comité explore et définit les compétences du vaccin. Le programme philanthropique d’un virus absolument bénin qui peut être inoculé à tous commence à prendre consistance.

  • La vaccination contre la variole du singe en France voisine interdite aux Suisses RTS - Anouk Pernet/jop
    https://www.rts.ch/info/suisse/13306180-la-vaccination-contre-la-variole-du-singe-en-france-voisine-interdite-a

    Alors que la Suisse tarde à autoriser des premiers vaccins contre la variole du singe, de nombreuses personnes cherchent à aller se faire vacciner à l’étranger. Mais en France, les centres de vaccination proches de Genève refusent de vacciner les Suisses, a appris la RTS.

    Non loin de Genève, à Saint-Julien-en-Genevois, Grenoble ou Annecy, les centres de vaccination contre la variole du singe sont submergés d’appels depuis la Suisse. Mais la réponse est toujours la même : ils ne vaccinent que leurs propres résidents, afin d’économiser les doses.


    Pourtant, au nord de la France, les Belges peuvent, eux, passer la frontière pour recevoir une injection à Lille. Ils représentent même parfois jusqu’à 90% des vaccinations quotidiennes. Selon le service de prévention-santé de la métropole de Lille, il s’agit simplement de solidarité envers les voisins européens.

    Solidarité européenne
    « Dans un premier temps, une recommandation a été donnée de prioriser les publics vivant sur le territoire national, sans pour autant exclure le reste des demandeurs », détaille le centre de vaccination dans une réponse à la RTS. Par la suite, le ministère français de la Santé a indiqué qu’en raison de « la solidarité avec nos voisins européens, les centres sont invités à ne pas prioriser les publics cibles par leur lieu de résidence ».

    Mais autour de Genève, aucune instruction de la sorte n’a été transmise. Au contraire, les institutions de soin ont pour directive de demander la carte vitale pour avoir une preuve de résidence. Les centres de vaccination soulignent que les doses ne suffisent déjà pas à la demande locale. Le centre de Saint-Julien, par exemple, n’en dispose que d’une quinzaine par semaine.

    Inégalité d’accès aux soins
    Pour Loïc Michaud, infirmier responsable du Checkpoint de l’association Dialogai à Genève, ces restrictions locales sont compréhensibles, mais elles créent des inégalités. « Il existe des centres de vaccination qui ne demandent, jusqu’à maintenant, pas d’identité. Mais ce sont des centres beaucoup plus éloignés, comme à Paris, ou dans d’autres pays d’Europe. Et cela crée une inégalité d’accès aux soins », déplore-t-il.

    Les associations LGBT demandent donc un partenariat transfrontalier. Interrogé, l’Etat de Genève explique qu’il est en discussion avec ses équivalents français pour trouver une solution de collaboration, comme il l’a fait pour la vaccination contre le Covid. Tout dépendra du moment où le canton obtiendra des doses.

    Genève a récemment fait part de sa volonté d’acquérir des doses au plus vite, même sans l’aval de la Confédération. Début août, Swissmedic indiquait n’avoir pas encore reçu de demande d’autorisation du produit.

    #Suisse #France #lgbt #variole #santé #épidémie #monkeypox #vaccins #vaccin #épidémies #covid #tourisme de la #vaccination #virus #maladie #variole_du_singe #santé_publique

  • Les #CDC et #Reuters suppriment les avertissements sur une transmission aérienne de la variole du singe. - World Socialist Web Site
    https://www.wsws.org/fr/articles/2022/08/09/vari-a09.html

    Historiquement, on a longtemps reconnu que la transmission par voie aérienne était l’une des voies-clés de passage de la #variole_du_singe d’une personne à l’autre, et la science du virus n’a pas changé d’un jour à l’autre au cours de l’actuelle épidémie qui est sans précédent. Un récent article préimprimé étudiant l’épidémie de cette année au Royaume-Uni montre que « trois des quatre échantillons d’air recueillis » au cours de l’étude se sont révélés positifs pour la variole du singe, indiquant que la maladie est transmise par voie aérienne. Au Nigeria, pays où les épidémies de variole sont plus fréquentes, les directives sanitaires relatives à cette maladie prévoient toujours des « précautions contre la transmission aérienne ».

  • Jugoslavia e vaiolo: un documentario, il presente
    https://www.balcanicaucaso.org/aree/Balcani/Jugoslavia-e-vaiolo-un-documentario-il-presente-219978

    «Un’altra primavera» [Još jedno proleće] del regista Mladen Kovačević racconta come la Jugoslavia socialista vece fronte ad un’epidemia di vaiolo. E fa riflettere sul momento presente, sulle pandemie, sul crollo di fiducia nelle istituzioni

  • #Lille #Variole_du_singe : 90% des personnes vaccinées samedi à Lille étaient des Belges Marine Lambrecht - RTBF
    https://www.rtbf.be/article/variole-du-singe-la-majorite-des-personnes-vaccinees-samedi-a-lille-etaient-des

    Samedi, un peu moins de 500 injections, avec ou sans rendez-vous, du vaccin contre la variole du singe ont été administrées à Lille. « Environ 90% des personnes vaccinées ce samedi venaient de Belgique » , a indiqué à Belga lundi la Ville de Lille.

    Ces vaccinations ont eu lieu au Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) de Lille, où se tenait samedi une journée exceptionnelle d’ouverture entre 9h et 17h. Il s’agissait uniquement de primo-injections.
    #variole #santé #épidémie #monkeypox #vaccins #vaccin #épidémies #covid #tourisme de la #vaccination #virus #maladie #variole_du_singe #santé_publique

  • Pour Laurent Kaiser (chef du Département de médecine des Hôpitaux Universitaires de Genève) , le vaccin n’éviterait pas forcément la transmission de la variole du singe Thibaut Schaller - Antoine Michel - RTS.CH
    https://www.rts.ch/info/suisse/13265129-pour-laurent-kaiser-le-vaccin-neviterait-pas-forcement-la-transmission-

    En Suisse, la demande pour le vaccin contre la variole du singe est forte. Mais il n’est pas certain que le sérum stoppe la transmission du virus, tempère dans Forum le professeur Laurent Kaiser, chef du Département de médecine des Hôpitaux Universitaires de Genève.

    L’Organisation mondiale de la santé a annoncé samedi un niveau d’alerte maximal face à cette maladie infectieuse. « Il y a un consensus, de la part des autorités mondiales de santé, pour dire que c’est une maladie extrêmement sérieuse et qu’il faut favoriser le développement de stratégies de santé publique et également la mise en place de stratégies de contrôle », souligne le médecin-chef.


    Variole du singe : où en est la vaccination en Suisse ? Interview de Laurent Kaiser / Forum / 5 min. / hier à 19:53

    On pense alors automatiquement à une campagne de vaccination. Les stocks du sérum anti-variolique actuellement prescrit contre l’"orthopoxvirose simienne" sont peu garnis (quelques dizaines de doses en Suisse), explique Laurent Kaiser, car il n’était pas considéré comme prioritaire ces dernières années. Se pose aussi la question de savoir si le fabricant (la société danoise Bavarian Nordic, ndlr) arrivera à contenter tout le monde, sachant que la Suisse « n’est pas en tête de liste de ceux qui ont demandé des vaccins. »

    Pas la panacée
    Le corps médical n’a pour l’heure pas de certitude sur la capacité de ce vaccin à prévenir la contamination. Car celui-ci est dérivé du virus Vaccinia et est destiné à « prévenir une résurgence de variole », crainte comme agent bioterroriste. Or, « ici, c’est un cousin qui revient, qui n’est pas très virulent, mais qui fait partie d’une famille de virus qu’on n’a pas envie de voir circuler à travers le monde », explique Laurent Kaiser.

    « Si vous faites le parallèle avec le Covid, vous voyez qu’on a un vaccin qui est (basé sur, ndlr) un cousin de l’Omicron. Il prévient de la maladie, mais pas forcément de la transmission. On pourrait être dans la même situation », prévient-il. Vu le manque d’expérience avec ce vaccin, « il faut aussi l’utiliser avec parcimonie », estime le docteur.

    Agir sur les comportements
    Selon le spécialiste des maladies infectieuses, il faut d’abord « rompre les chaînes de transmission », en évitant notamment les rapports sexuels sans protection ou avec des individus inconnus.

    Pour l’instant, l’épidémie est en grande majorité restreinte à un groupe particulier, les hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes. « Mais je suis certain que si on laisse circuler ce virus, il y aura un risque d’adaptation et de transmission peut-être amélioré, comme on l’a vu des fois avec le Covid. Peut-être que cela peut prendre un mois, une année, dix ans. Donc, il est très important d’agir dès qu’on peut, avant que la transmission ne soit trop importante », soutient Laurent Kaiser.

    #MST #épidémies #Santé #Sante #pandémie #vaccination #vaccins #vaccin #santé_publique #variole_du_singe #variole #bill_gates #oms
     

  • Urgence sanitaire mondiale due à la variole du singe. Pour Bill Gates, c’est « Moneypox » : Simulation d’une pandémie fictive du virus de la variole du singe en mars 2021, mise en service en mai 2022. | Par Prof Michel Chossudovsky

    Dans les derniers développements, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, est allé à l’encontre du vote majoritaire du comité d’experts de l’OMS (9 contre 6 en faveur) : c’est-à-dire CONTRE la déclaration d’une urgence de santé publique de portée internationale (PHEIC).

    https://www.mondialisation.ca/pour-bill-gates-cest-moneypox-simulation-dune-pandemie-fictive-du-virus-de-la-variole-du-singe-en-mars-2021-mise-en-service-en-mai-2022/5668444
    #monkeypox #varioledusinge

  • Quand arrive la #variole_du_singe, demeure l’énigme SARS-CoV-2
    https://www.blast-info.fr/articles/2022/quand-arrive-la-variole-du-singe-demeure-lenigme-sars-cov-2-K34WG6BjT56Dm

    L’apparition en Europe de la variole du singe inspire la complosphère où certains imaginent des plans machiavéliques derrière cette nouvelle épidémie à prendre toutefois au sérieux. Son origine naturelle ne fait guère de doute, à la différence de celle de…

    #Covid-19 #complotisme
    https://static.blast-info.fr/stories/2022/thumb_story_list-quand-arrive-la-variole-du-singe-demeure-lenigme-

  • ETE Fr sur Twitter
    https://twitter.com/ete_fr/status/1532375840910102528

    Sur les cas de #variole #simesque (#MPXV) détectés de par le monde, quelques réflexions d’épidémiologie, de modélisation et d’évolution de l’équipe. Car, pour le moment, ce sont surtout les #génomes viraux qui apportent des indications !

    https://threadreaderapp.com/thread/1532375840910102528.html

    […]
    Mais ⚠️, à ce stade, les conclusions épidémiologiques sont très fragiles à cause des #biais de dépistage.
    Plus on cherche de cas, plus on en trouve.
    La hausse pourrait donc ne traduire qu’un effort de dépistage.

    Au passage, il s’agit de l’exact effet inverse observé actuellement avec le nombre de reproduction #Rt du #SARSCoV2 calculé sur les dépistages en France, en forte baisse avec le pont de l’Ascension.
    […]
    Les inconnues sont nombreuses.

    Quelle proportion des personnes infectées ont des #symptômes ?

    Combien de cas secondaires sont causés par une infection #R0 ?

    Quelle est la #virulence de l’infection et sa durée ?


    figure de @MT_Sofonea

  • Variole du singe Le premier cas suspect de Grèce était une varicelle AFP
    https://www.lessentiel.lu/fr/story/le-premier-cas-suspect-de-grece-etait-une-varicelle-262823936465

    Le touriste britannique qui présentait des symptômes faisant penser au virus du singe est en fait atteint d’une autre maladie.

    Les examens sérologiques effectués sur un touriste anglais en Grèce, premier cas suspect de variole du singe dans le pays, n’ont pas détecté la maladie mais la varicelle, a assuré dimanche l’organisme de santé publique. Le vacancier et sa partenaire de voyage avaient été transférés samedi à l’hôpital et mis à l’isolement.

    « Le virus du singe n’a pas été détecté après examens sérologiques sur l’homme hospitalisé à l’hôpital Attikon (banlieue d’Athènes), mais la varicelle a été détectée suite à deux examens successifs », a annoncé l’organisme de santé publique dans un communiqué. « Il existe des symptômes proches et des apparitions de lésions cutanées semblables » entre les deux maladies, a-t-il précisé.

    Pas de traitement
    Plusieurs pays occidentaux dont la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les États-Unis, la Suisse l’Espagne ou encore la Suède ont recensé des cas. La variole du singe ou « orthopoxvirose simienne » est une maladie rare dont le pathogène peut être transmis de l’animal à l’homme et inversement.

    Ses symptômes ressemblent, en moins grave, à ceux que l’on observait dans le passé chez les sujets atteints de variole : fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, dorsales, au cours des cinq premiers jours. Puis apparaissent des éruptions cutanées, des lésions, des pustules et enfin des croûtes.
    Il n’existe pas de traitement pour cette maladie qui guérit en général spontanément et dont les symptômes durent de 14 à 21 jours.

    #variole #variole_du_singe #covid-19 #santé #épidémie #coronavirus #épidémies #vaccins #covid #confinement #maladie #virus

    • T’as des journalistes ils sortent d’école, se spécialisent en pandémie, maladies, vaccins, santé... et 2 ans après, tout s’arrête et faudrait qu’ils aillent dans un pays en guerre pour conserver leur boulot. Donc ils tentent le tout pour le tout.

    • L’information est donc arrivée en Suisse et en Belgique, pas en France, en tous cas, pas sur ce blog.
      RTBF Variole du singe : risque « très faible » d’une vaste contagion, selon une agence européenne
      https://www.rtbf.be/article/variole-du-singe-risque-tres-faible-d-une-vaste-contagion-selon-une-agence-euro
      . . . . . .
      Au total, 85 cas ont été recensés jusqu’ici dans huit pays de l’UE (France, Belgique, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Espagne, Portugal et Suède), selon l’ECDC. Les autorités sanitaires au Danemark ont par ailleurs annoncé un premier cas lundi.

      La maladie, cousine moins dangereuse de la variole éradiquée depuis une quarantaine d’année, est endémique en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. 
      . . . . . . . .

    • Variole de Cannes & Festival de singes Nicolas D’Asseiva - Kairos
      https://www.kairospresse.be/variole-de-cannes-festival-de-singes

      Le cinéma nous a habitués aux suites à répétition. Qu’importe le scénario, qu’importe la vraisemblance, tant qu’il y a assez de consommateurs avides de médiocrité et adeptes de la facilité, tous les coups sont permis. Sur les écrans, comme dans la réalité. Du moins, celle qui nous est vendue.



      On imagine déjà les images, la musique inquiétante qui monte en puissance et la phrase d’accroche qui commence par « cette année… » ou « cet été… ». C’est peut-être la bande-annonce du prochain film diffusé sur tous les écrans : « La variole du singe ». Ou « #Monkeypox » pour faire plus américain, plus hollywoodien. Et pourquoi pas y ajouter un sous-titre grotesque dans le genre « Covid-19, le retour de la vengeance » ? Une coproduction « Big Pharma — OMS » « en partenariat avec les gouvernements de nombreux pays » et « l’aimable autorisation du Label On prend à peu près les mêmes et on recommence  ».

      Cette nouvelle superproduction devrait ravir les esclaves 2.0 qui ont assuré les recettes du premier opus. Elle a tous les atouts d’une redite avec les ajustements qui manquaient au premier épisode car la variole du singe (du macaque pour être précis) est déjà connue. Nous avons donc un sentiment de maîtrise du sujet. Elle est visible puisque qu’elle provoque des éruptions cutanées, elle est peu contagieuse et se transmet par frottements, par le sang, le sperme et la salive. Sa létalité se situe entre 1 et 10% ou 5 et 10% des cas, selon les sources. Chiffres bien plus spectaculaires que ceux de la terrible pandémie de Covid 19. Il semblerait aussi qu’elle disparaisse d’elle-même. Au bout de combien de temps, avec quelles séquelles ? On ne nous le dit pas encore. Et puis le meilleur pour la fin : les cas graves sont plus fréquents chez les jeunes, les enfants en particulier.

      Voilà une présentation plus ou moins « rassurante », pour le moment. Mais la masse ayant été nourrie à l’angoisse dès le printemps 2020, il lui est désormais acquis que des virus mortels nous menacent en permanence. Avec la variole du singe, il peut balancer entre l’idée qu’une distanciation sociale est de rigueur, qu’un confinement n’est peut-être pas nécessaire (quoique l’on n’est jamais trop prévenant) et celle que l’injection à répétition pour les plus petits est gage de sécurité. Ou comment passer cette barrière qui instaure le doute chez les parents dans le cadre de « la vaccination des 5–11 ans ».

      Attendu qu’il faut maintenir l’attention des spectateurs qui peu à peu ont désertés les salles où était projeté Russie-Ukraine, la 3ème guerre mondiale arrive, le scénario peut évoluer et toutes les informations données ici peuvent être obsolètes dans un proche avenir. Dans un sens ou dans l’autre. Cette variole pourrait par exemple « muter », que ce soit crédible ou pas, les scénaristes peuvent tout se permettre. Ils ont un public considérable et de puissants producteurs (Big Pharma Entertainment presents !) qui ne demandent qu’à amasser de nouveaux millions, quand ce ne sont pas des milliards.

      Tout ceci n’est, pour l’heure, que spéculation. A la table de travail des scénaristes on trouve néanmoins des informations non négligeables. Plusieurs éléments troublants qui ne sont peut-être que d’étonnantes coïncidences.

      Retenons-en deux. En mars 2021, une agence américaine appelée Nuclear Treat Intiniative (Initiative sur la Menace Nucléaire), sponsorisée, entre autres par la fondation #Gates (mais dans quel organigramme ne trouvons-nous pas trace du plus grand philanthrope de tous les temps ? ) a mis sur pied une simulation d’attaque biologique. Le scénario était le suivant : apparition de la variole du singe le 15 mai 2022.

      Le 22 janvier 2022, en Pennsylvanie, un camion transportant quelques centaines de macaques est entré en collision avec un autre camion. Il était en route pour un centre de quarantaine, selon le Center of Disease Control and Prevention (Centre de Contrôle et de Prévention des Maladies). Quatre de ces singes se sont échappés du véhicule accidenté. Trois ont été récupérés et il été demandé aux autorités de surveiller les habitants locaux pour détecter les symptômes de rhume. On n’en sait pas plus à l’heure actuelle.

      L’origine de cette variole est principalement attribuée aux macaques d’Afrique équatoriale. C’est une maladie endémique de plusieurs pays de ce continent. De ces vilains pays qui n’ont pas, ou si peu, joué le jeu des injections et de la panique générale. A quand la cirrhose du panda ? Venue de Chine évidemment, ou la vérole du mouflon des neiges qu’on ne trouve qu’en Sibérie, donc en Russie tout aussi évidemment. Ou mieux encore, la scarlatine du scorpion (Geogarypus hungaricus, par exemple) qui nous viendrait, au hasard, de Hongrie, puisque c’est le dernier pays d’Europe qui refuse d’appliquer les sanctions contre la Russie. Ajoutons sur un ton plus léger que les pays où les premiers cas sont annoncés et confirmés sont ceux où l’on ne trouve pas de singes mais une majorité de personnes injectées contre le Covid 19. De fait, on peut ajouter que la variole attaque les systèmes immunitaires déjà affaiblis. On en tire les enseignements que l’on peut sachant que les injections instaurées depuis plus d’un an causent des dégâts avérés sur lesdits systèmes immunitaires.

      On constate donc que le spectacle bat son plein. Dans la réalité vendue qui se confond avec la fiction. En plein festival de Cannes, c’est de bon augure, un véritable alignement des planètes. La présence (sur écran) du président ukrainien à l’ouverture des réjouissances en est une des meilleures représentations. Une mise en scène qui n’est pas sans rappeler les apparitions de Big Brother dans le film 1984. Mais après tout, un acteur phare d’un des plus grands films de tous les temps a bien sa place dans l’incontournable événement. Avec à la clé, une standing ovation de la grande famille du cinéma. Celle qui n’a pas à souffrir de savoir comment se nourrir décemment jusqu’à la fin du mois, ni de voir ses enfants transformés en chair à canons au nom de guerres dont les enjeux sont multiples et certainement pas ceux exposés par les mass médias. De même, une star qui débarque en hélicoptère ou une autre en jet privé sont parfois les mêmes qui nous expliquent tous les enjeux du changement climatique. Sans oublier un show aérien de la Patrouille de France pour un clin d’œil à un film. Un véritable festival de singes qui vivent dans un monde parallèle qui n’a que faire de ces petites gens juste bons à consommer et s’émerveiller. Des singes en robes et costumes qui semblent contaminés parce ce que l’on pourrait appeler « le virus du dédain » ou la « Variole de Cannes ». Peut-on vraiment les blâmer ? Qui sacrifierait des années de notoriété, de position sociale et financière de haut rang pour pleurer avec le « petit peuple » ? Sûrement pas la majorité de ce petit peuple qui reste tout aussi consternant. Il devrait cesser de penser à ses vacances, allant même jusqu’à prévoir celles qu’il passera aux sports d’hiver. Il devrait lutter au quotidien contre cette satanée nature humaine façonnée au plaisir immédiat. Et surtout, arrêter de se baser sur les éléments du présent pour se projeter dans le futur. Il risque d’être fort altéré pour ne pas dire « différent ». Ce genre de futur, pas si lointain, où la destination des prochaines vacances ne sera plus à l’ordre du jour. Où l’on peut supposer que l’on aura « autre chose à penser » pour rester dans l’euphémisme.

      Un autre festival avec des singes autrement plus inquiétants se déroule en simultané : Le Forum économique Mondial de #Davos. Fief des vrais scénaristes et des futurs au pire « voulus » ou au mieux « hypothétiques » mais toujours probables. Et toujours en simultané, encore une coïncidence, à Genève la 75ème Assemblée mondiale de la Santé. Là ou l’on met sur pied un nouveau protocole sanitaire qui va permettre de passer outre les décisions étatiques au nom du nouvel ordre mondial. Le président ukrainien n’y a pas (encore ?) fait son apparition. Heureusement, il est l’invité d’honneur du Forum de Davos. Show must go on et la majorité reste encline à payer sa place au spectacle. Sans en comprendre vraiment le prix et même si le récit est digne d’un mauvais boulevard. Ce qui n’est pas un pléonasme puisqu’il existe d’excellentes pièces dites « de boulevard ». Tous ceux qui n’ont toujours pas saisi que la phase covidienne n’est que l’acte 1 vont avoir du mal à suivre la pièce jusqu’à la fin de la représentation. Pour autant qu’ils aient réalisé qu’elle se déroule sous leurs yeux et qu’ils n’en sont pas que les spectateurs mais aussi des acteurs. De seconde zone, certes, mais cette figuration massive est l’une des clés majeures de la trame. Il est possible qu’au rideau final, ils ne se soient rendus compte de rien, ou de si peu, et qu’ils réservent, toujours sans réflexion, leur place pour le prochain spectacle. Celui de la soumission totale, de la fonte dans le grand rien.

      On peut considérer que nous sommes dans un nouveau remake de La planète des singes . Mais quelle que soit la version proposée, elle se termine toujours de la même manière. C’est-à-dire très mal pour l’être humain. Néanmoins, cette duperie monumentale n’étant pas achevée, nous avons encore une marge de manœuvre. Ce n’est rien de le dire, ce n’est rien de l’écrire. Il est plus que temps de (ré)agir.

      Nicolas d’Asseiva, auteur de Pax Dystopia

  • Coronavirus : ce que les grandes épidémies disent de notre manière d’habiter le monde
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/21/ce-que-les-grandes-epidemies-disent-de-notre-maniere-d-habiter-le-monde_6040

    C’est une carte animée de la Chine qui donne le vertige. On y voit d’immenses flux de petits points verts se déplacer en étoile autour des métropoles : fondés sur les données de géolocalisation des téléphones portables, ces mouvements enregistrés pendant le Nouvel An chinois retracent les centaines de millions de voyages qui ont permis au coronavirus de conquérir la Chine depuis la ville de Wuhan. Au milieu du nuage de points verts, figurent nombre de petits points rouges – ce sont, précise le New York Times, les personnes infectées par le SARS-CoV-2.
    Le graphique suivant n’est guère plus rassurant : cette fois, les dizaines de milliers de points se dirigent vers Tokyo, Manille, Milan, Dubaï, Athènes, Buenos Aires, Islamabad, Los Angeles, Moscou, Singapour et Hongkong. En ce mois de janvier 2020, le New York Times recense 900 trajets par mois vers New York, 2 000 vers Sydney, 15 000 vers Banghok. Lorsque les vols au départ de Wuhan sont suspendus, fin janvier, il est déjà trop tard : les liaisons aériennes qui quadrillent le monde ont permis au virus de s’implanter sur tous les continents. « Dès la fin janvier, l’épidémie est présente dans plus de 30 villes et 26 pays », précise le quotidien.
    Pour l’immunologue Norbert Gualde, professeur à l’université de Bordeaux, ces graphiques illustrent à merveille le mécanisme des épidémies. « Ce n’est pas le virus, c’est l’homme qui fait l’épidémie, rappelle-t-il. Le virus est sédentaire : il n’a aucun moyen de locomotion. Pour se déplacer, il lui faut passer de corps en corps. C’est ce qu’exprime l’étymologie du mot épidémie : le terme est emprunté au latin médical “epidemia”, lui-même issu de la racine grecque “epidemos” – “epi”, qui circule, “demos”, dans le peuple. »

    #Covid-19#migrant#migration#santé#épidémie#circulations#santé#transports

    • La carte du New York Times aurait sans doute stupéfié les médecins qui, de la Renaissance au XIXe siècle, invoquaient au contraire la toute-puissance du « genius loci » (génie des lieux). « Ils croyaient fermement que l’apparition épidémique de certaines maladies était la conséquence des influences telluriques et cosmiques sur une région déterminée » , souligne l’historien de la médecine Mirko Drazen Grmek (1924-2000), en 1963, dans Les Annales. A l’époque, nul ne redoutait les épidémies mondiales : l’heure était au contraire à la recherche des « conditions géographiques et astrales » qui engendraient, dans chaque lieu, des maladies singulières.

      Cette tradition de la « topographie médicale » atteint son apogée au XVIIIe siècle avant de décliner à la fin du siècle suivant. Les découvertes de Louis Pasteur (1822-1895) et de Robert Koch (1843-1910) sur les micro-organismes pathogènes et leur contagion donnent le coup de grâce à une discipline qui souffre, selon Mirko Drazen Grmek, de son « caractère trop général » et de ses « synthèses précipitées » . Dès la fin du XIXe siècle, l’hygiéniste américain John Shaw Billings (1838-1913) n’hésite d’ailleurs pas à moquer ses confrères : il compare leur simplisme et leur naïveté à celle de chimistes qui voudraient analyser la composition d’un rat en le mettant tout entier dans un vase d’expérience.

      « Un passager clandestin planétaire »

      Le Covid-19 montre en effet que si les maladies contagieuses apparaissent plus aisément sous certains cieux, elles restent rarement prisonnières des « topographies médicales » imaginées aux XVIIe et XVIIIe siècles. Comme ses prédécesseurs, le SARS-CoV-2 s’est promené dans le vaste monde au gré des voyages des hommes : il est monté avec eux dans les trains, a emprunté des vols long-courriers, a séjourné dans des bateaux de croisière, a pris des autobus de banlieue. Le coronavirus est un « passager clandestin planétaire » qui suit pas à pas nos déplacements, résume le géographe Michel Lussault : comme toutes les épidémies, il raconte les allées et venues des hommes.

      Née en Chine, la « peste noire » met ainsi plus d’une quinzaine d’années, au Moyen Age, pour atteindre l’Europe. Apparu au début des années 1330, le mal emprunte, au rythme des déplacements humains, les routes commerciales entre l’Asie et l’Europe jusqu’à Caffa, un comptoir génois de Crimée où se joue le « futur drame de l’Occident » , notent Stéphane Barry et Nobert Gualde dans La Peste noire dans l’Occident chrétien et musulman (Ausonius, 2007). En 1345-1346, un chef militaire qui assiège la ville jette par-dessus l’enceinte des cadavres pestiférés. « Si certains historiens s’interrogent sur la véracité de cet événement, il est certain qu’une terrible épidémie éclate parmi la population. » En 1346, plusieurs navires partis de Caffa répandent alors la peste dans toute l’Europe.

      Le mal se propage au fil des mois sur les côtes de la mer Noire, en Grèce, en Crète, à Chypre, avant de débarquer, le 1er novembre 1347, dans le port de Marseille. Il emprunte ensuite les voies commerciales terrestres et fluviales : la peste franchit les Alpes, frappe la Suisse et progresse vers l’Allemagne et les Pays-Bas. En Europe du Nord, elle traverse à nouveau la mer pour se répandre en Angleterre, puis, en 1349, en Irlande et en Ecosse. En 1350, elle atteint la Scandinavie, puis tout l’espace hanséatique, avant de toucher Moscou en 1352.

      Routes commerciales et conflits militaires

      Si les épidémies empruntent volontiers les routes commerciales tracées par les hommes, elles savent aussi tirer habilement parti des conflits militaires. Lors de la guerre de 1870-1871, les troupes françaises et prussiennes disséminent ainsi la variole sur l’ensemble du territoire. « Pendant l’année 1869 et le commencement de 1870, les épidémies demeurèrent locales ou ne se propagèrent, par voisinage, qu’à de très courtes distances , constate, en 1873, Paul-Emile Chauffard, rapporteur de l’Académie de médecine. Mais lorsque la guerre amena ce grand mouvement de population qui suivit nos premiers désastres, l’épidémie reprit de toutes parts une nouvelle intensité. »

      Pendant le conflit, les soldats du Second Empire contaminent en effet les populations civiles. « Ils promènent la variole partout avec eux et les populations fuyant le flot envahisseur l’entraînent avec elles dans des retraites où elle n’avait pas encore sévi » , poursuit Paul-Emile Chauffard. Une fois faits prisonniers, les militaires français exportent le virus dans les pays frontaliers. « A mesure des batailles perdues, ils sont envoyés dans des camps en Prusse , raconte, en 2011, l’historien des sciences Gérard Jorland dans la revue Les Tribunes de la santé. La population civile allemande, par le biais de ses interactions avec les prisonniers, est contaminée. »

      Les réfugiés de Sedan propagent l’épidémie en Belgique, où elle fait plus de 33 000 morts en 1870-1872. Les volontaires italiens qui ont combattu en Côte-d’Or l’implantent à Naples, Milan, Turin et Gênes en rentrant chez eux. Les Français qui fuient les combats emportent le virus en Angleterre, où il provoque plus de 40 000 morts en 1871-1872. De ces pays, l’épidémie se répand en Irlande, en Ecosse, aux Pays-Bas, au Danemark, en Suède, en Autriche et en Russie avant de conquérir les Etats-Unis, le Japon, le Chili, Hawaï, l’Australie, Bornéo, Ceylan et l’Inde. Dans la seule Europe, l’épidémie fait 500 000 morts.

      Une cinquantaine d’années plus tard, au début du XXe siècle, c’est une nouvelle fois la guerre qui précipite la diffusion planétaire de la grippe espagnole. « L’épidémie, qui est repérée au Kansas au début du printemps 1918, franchit l’Atlantique grâce au premier conflit mondial, explique le géographe Freddy Vinet. La progression du virus suit les mouvements de troupes : au printemps 1918, les soldats américains envoyés sur le front diffusent le virus dans toute l’Europe, et à l’automne 1918, les militaires engagés sur le sol européen retournent chez eux en disséminant cette fois le virus dans les territoires coloniaux et les pays alliés. »

      Une guerre éclair

      Dans La Grande Grippe-1918, la pire épidémie du siècle (Vendémiaire, 2018), Freddy Vinet reconstitue en détail l’itinéraire de cette épidémie qui a fait plus de victimes que la première guerre mondiale. « Pour un virus se transmettant par voie respiratoire, les déplacements de troupes à l’échelle du globe sont une aubaine , explique-t-il. En 1918, plus de vingt pays sont en guerre, auxquels s’ajoutent les empires coloniaux – la quasi-totalité de l’Afrique, les Indes britanniques, les Indes Orientales néerlandaises (Indonésie), la Caraïbe… Les seuls recoins de la planète épargnés par le virus le doivent à leur isolement ou à des quarantaines strictes. »

      Comme le bacille de la peste ou le virus de la grippe espagnole, le SARS-CoV-2 a envahi la planète en se glissant discrètement dans les bagages des hommes. Mais il l’a fait à une tout autre allure : la peste médiévale avait mis près de vingt ans pour passer des terres mongoles au port de Marseille, et le virus de la grippe espagnole, une année pour se répandre sur toute la Terre. Le coronavirus a, lui, mené une guerre éclair : apparu au mois de décembre en Chine, il a franchi les frontières et les océans à une vitesse foudroyante. Le 8 mars, plus de 100 pays avaient déjà signalé des cas de Covid-19.

      Que nous disent ces épidémies de la géographie du monde ? En quoi témoignent-elles de notre manière d’habiter la planète ? La « peste noire » médiévale racontait la vitalité des routes commerciales entre l’Asie et l’Europe, et la grippe espagnole, l’ampleur des transports de troupes pendant la première guerre mondiale. Pour le géographe Michel Lussault, le SARS-CoV-2 est le signe que notre monde est devenu un « buissonnement d’interdépendances géographiques » : le moindre événement local se diffuse désormais sans délai à l’ensemble de la planète à la manière du battement d’ailes du papillon évoqué en 1972 par le météorologue Edward Lorenz.

      Le coronavirus remet frontalement en question nos modes de vie
      Pour l’économiste Laurent Davezies, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, le coronavirus remet frontalement en question nos modes de vie. « Tout ce que nous considérions il y a encore quelques mois comme vertueux est devenu vicieux. La mondialisation a fait reculer la pauvreté comme jamais dans l’histoire de l’humanité mais elle a précipité l’extension de l’épidémie. La densité urbaine des métropoles a boosté l’innovation technologique mais elle a favorisé les contaminations. Le SARS-CoV-2 nous montre que la concentration et la mobilité qui régissent désormais la planète peuvent engendrer de graves périls. »

      Si les hommes se sont toujours déplacés, le monde contemporain est en effet caractérisé par une explosion mobilitaire sans précédent. « Tout bouge, sans cesse : objets, marchandises, matières, données, informations, humains, animaux, et tout emprunte des voies innombrables – terrestres, maritimes, aériennes, satellitaires, filaires, constatent Michel Lussault et Cynthia Ghorra-Gobin, en 2015, dans la revue Tous urbains (PUF). Tout est sans cesse en contact avec tout et cela témoigne de la vigoureuse montée en puissance des pratiques mais aussi des imaginaires et des cultures de la connectivité. »

      Les déplacements à l’intérieur des frontières ont beaucoup augmenté : un Français parcourt en moyenne près de 15 000 kilomètres par an contre moins de 10 000 en 1980. Le nombre de voyages à l’étranger a, lui aussi, explosé : en 2018, près de 1,5 milliard d’individus ont, au cours de l’année, franchi une frontière pour effectuer, loin de leur domicile, un séjour de moins d’un an, ce qui représente une progression de 50 % en une décennie. La tendance à franchir toujours plus les frontières n’est ni une mode ni une anomalie, résume François Héran, professeur au Collège de France : c’est une « lame de fond » .

      Les marchandises, elles aussi, ne cessent de se déplacer

      Pour Laurent Davezies, cette mobilité représente une « transformation radicale ». « Pendant des siècles, les Français avaient été assignés à résidence dans un territoire. Mais aujourd’hui, tout a changé : selon le sociologue Jean Viard, le travail, entre la naissance et la mort, ne représente plus que 12 % à 13 % de notre vie. L’immense plage de temps libéré par ce recul des contraintes professionnelles est consacrée à des activités qui supposent des déplacements – faire des études à l’étranger, visiter une ville pendant les vacances, partir en week-end, effectuer des visites familiales pendant la retraite. »

      Les marchandises, elles aussi, ne cessent de se déplacer. Dans un livre publié en 1996, Mondialisation, villes et territoires (PUF), l’économiste Pierre Veltz décrivait les rouages de l’ « économie d’archipel » composée par le réseau planétaire des grandes régions urbaines. « Ces métropoles concentrent l’essentiel des flux de toute nature, et notamment ceux d’une production industrielle de plus en plus éclatée, explique-t-il. Pour fabriquer une brosse à dents électrique, les piles viennent de Tokyo, l’assemblage est fait à Shenzhen et les tests aux Philippines. L’acier vient de Suède et le plastique d’Autriche. Au total, les composants parcourent plus de 30 000 kilomètres par air, par mer ou par route, avant de servir le marché californien. »

      Dans cette nébuleuse hyperconnectée qu’est devenu le monde, les villes jouent un rôle capital. L’urbanisation de la planète est, selon Michel Lussault, une mutation comparable à celle du néolithique ou de la Révolution industrielle : aujourd’hui, plus de 4 milliards de personnes vivent en ville – et toutes ces zones urbaines sont reliées. « Loin de se réduire à un centre historique et à un quartier d’affaires, la métropole contemporaine doit plutôt s’appréhender comme un entrelacs de réseaux qui mettent quotidiennement en relation des lieux de formes, de tailles et de fonctions très diverses » , analysent le géographe Eric Charmes et le politiste Max Rousseau dans un article publié sur le site de la Vie des idées.

      Cette révolution ne s’est pas contentée d’engendrer des « world-cities » comme New York, Londres ou Tokyo : elle a également fait disparaître les frontières qui séparaient les villes des campagnes. « Aujourd’hui, en France, le monde rural est habité par des gens qui sont en relation permanente avec le monde urbain, souligne Laurent Davezies. La moitié des actifs qui vivent à la campagne travaillent en ville et tous fréquentent des circuits de consommation situés dans des territoires urbanisés. Les va-et-vient sont permanents – au point que certains géographes ont renoncé à utiliser les termes rural et urbain : ils parlent simplement d’une variation de la densité. Il n’y a pas de changement radical de mode de vie entre ces deux mondes. »

      Le bouleversement des pratiques sociales

      Selon le géographe et urbaniste Jacques Lévy, cette culture mondiale de la mobilité a provoqué un véritable changement d’échelle du monde. « A l’époque de la peste médiévale, les villageois se déplaçaient dans un réseau, comme nous, mais à l’échelle de la marche ou du cheval, explique le professeur à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. La modernité a inventé un espace d’échelle mondiale à partir des espaces préexistants d’échelle inférieure. Certaines civilisations anciennes avaient imaginé sans y croire qu’un jour, elles pourraient se pencher au-dessus d’une corniche pour regarder l’ensemble du monde. Nous y sommes. »

      Le plus étrange, poursuit Jacques Lévy, c’est que cette stupéfiante mutation s’est accomplie en l’absence de révolution des transports. « Les voitures et surtout les avions ne vont pas tellement plus vite que dans les années 1950, constate-t-il. L’explosion des mobilités n’est donc pas liée au changement de la vitesse nominale des transports mais au bouleversement des pratiques sociales. A l’époque préfordiste, la mobilité était pendulaire – elle se résumait aux trajets domicile-travail. Avec le fordisme, s’y sont ajoutés des voyages liés aux vacances et aux loisirs. Aujourd’hui, le trajet domicile-travail ne représente plus que 20 % des déplacements. »

      Pour illustrer ce changement d’échelle, Jacques Lévy, Ogier Maître et Thibault Romany ont imaginé en 2016, dans la revue Réseaux , une nouvelle manière de cartographier le monde. A la métrique euclidienne classique – la distance kilométrique entre deux points –, ils ont substitué, pour 35 villes de plus de dix millions d’habitants, une « métrique de réseau » fondée sur le temps de transport entre les mégapoles. Cette carte ne cherche pas à représenter la topographie physique : elle s’efforce de dessiner les nouvelles lignes de force de l’espace mondial, faites de « réseaux et plus particulièrement de rhizomes » .

      Le concept de rhizome

      Inventé en 1980, par Gilles Deleuze et Félix Guattari, le concept de rhizome désigne des réseaux aux frontières floues dont les éléments s’influencent en permanence les uns les autres. Depuis la fin du XXe siècle, les « rhizomes ouverts de l’individu, urbain et mondialisé, contemporain » ont remplacé les « petits pays enclavés du paysan » , conclut l’article. « Notre carte fait apparaître des ensembles que les transports ont rapprochés, même s’ils restent éloignés en kilomètres , ajoute Jacques Lévy. Cette trame du monde qui met en exergue les lieux forts et les liens rapides correspond parfaitement à la géographie de l’épidémie : le coronavirus colle à la planète interconnectée. »

      C’est en effet en parcourant ces rhizomes que le coronavirus a conquis le monde à la vitesse de l’éclair. Il ne s’est pas contenté d’emprunter les avions, les bateaux ou les trains : il a prospéré dans les espaces publics interconnectés du monde contemporain que sont les gares, les stades de foot ou les galeries marchandes, ces lieux de sociabilité intense où les hommes se frôlent avant de se connecter à un autre pôle, un autre réseau, une autre ramification. « A l’échelle mondiale, l’infrastructure spatiale de cette épidémie, ce sont les hubs – les hubs stricto sensu que sont les aéroports, mais aussi les centralités plus spécialisées que sont, par exemple, les centres commerciaux » , résume Jacques Lévy.

      Avec la pandémie de Covid-19, la planète urbanisée et hyperconnectée de ce début de XXIe siècle s’est révélée extrêmement vulnérable : pour un virus aussi contagieux que le SARS-CoV-2, les flux, les rhizomes, les plates-formes, les liens et les réseaux constituent un véritable paradis. La lutte contre le coronavirus a donc imposé aux habitants de la planète un revirement radical : il a fallu immobiliser brutalement un monde qui vénérait depuis des décennies le principe de la mobilité. Reprendra-t-il, une fois que la pandémie sera vaincue, sa folle course – au risque de voir renaître de nouvelles épidémies ? Nul ne le sait encore.

      #villes #métropole #mobilité #voyage #transport_aérien #peste_noire #variole #grippe_espagnole

  • FDA Approves New Smallpox, Monkeypox Vaccine: What Is It For?
    https://www.forbes.com/sites/brucelee/2019/09/25/fda-approves-new-smallpox-monkeypox-vaccine-what-is-it-for

    [...] smallpox could always return from a more unfortunate accident or the use of the virus for bioterrrorism, as I have described previously for Forbes. There is even concern that climate change will eventually reveal smallpox virus that has so far remained frozen in colder climes. [...] at least 2 generations of people have developed no immunity to smallpox. A return of the virus could mean rapid spread across a sea of smallpox virgins, so to speak.

    That’s why government agencies like the Biomedical Advanced Research and Development Authority (BARDA) continue to support the development of new ways to prevent and treat smallpox. Even though smallpox was successfully eradicated, major gaps remain in smallpox prevention and treatment. The major gap in treatment has been a lack of treatments, at least, until last year. That’s when the FDA approved TPOXX, the first real treatment for smallpox, an approval that I covered for Forbes.

    Then there are the limitations of the long-used smallpox vaccines. These vaccines have contained live versions of the vaccinia virus, which is nowhere near as dangerous as the variola virus but still on some occasions can cause problems. [...]

    The Jynneos vaccine does include the vaccinia virus, but it’s a modified version. This version is called the Modified Vaccinia Ankara and apparently “does not cause disease in humans and is non-replicating, meaning it cannot reproduce in human cells,” according to the FDA announcement. That means compared to the traditional smallpox vaccine, this new vaccine poses less risk and can be administered to a wider range of people.

    #vaccin #variole

  • An explosion rocked a Russian research facility known for housing the smallpox virus - Bulletin of the Atomic Scientists
    https://thebulletin.org/2019/09/an-explosion-rocked-a-russian-research-facility-known-for-housing-the-s


    Smallpox virus virions.
    Credit : Fred Murphy / Sylvia Whitfield / CDC.

    An explosion Monday caused a fire at the State Research Center of Virology and Biotechnology, a biological research facility in Siberia known for being one of the two centers in the world housing samples of live smallpox virus. The US Centers for Disease Control and Prevention (CDC) in Atlanta is the only other place known to maintain live samples of the deadly pathogen.

    According to the head administrator of Koltsovo city, where the research center, commonly called the #Vector_Institute, is located, the explosion occurred during scheduled maintenance work. The incident doesn’t pose a threat to the surrounding community, Nikolai Krasnikov told the Russian TASS news agency. According to TASS, there were no biohazard substances involved. One worker was injured and taken to a hospital with burns. Russia Today reported that emergency responders were treating the explosion and fire as a major incident, given the sensitive work of the Vector Institute.

    The Vector Institute is known for producing top-notch epidemiological research. According to TASS, researchers recently wrapped up successful trials on an Ebola vaccine earlier this year. Despite that reputation, there have been questions raised about the institute. A high-ranking Soviet bioweapons official who defected to the United States in the 1990s claimed that smallpox had been moved to the Vector Institute in order to conduct bioweapons research.

    The world’s other smallpox repository, the CDC, has also faced questions about its safety processes and infrastructure. In 2016, USA Today published an investigation on failures at the centers, including a 2009 incident where scientists in biohazard suits could see light seeping into a decontamination chamber where workers who’d just done work with deadly pathogens were supposed to be doused in a chemical shower.

    The last known smallpox outbreak was in 1977 and the World Health Organization declared the disease eradicated in 1980. The disease killed about 300 million people in the 20th century, and three in 10 people who contracted it died. Survivors were often left scarred and blind.

    Monday’s blast follows relatively closely on the heels of another explosion at a Russian facility conducting high-tech and risky research. In August, an accident at a missile test site killed five nuclear scientists. US officials believe researchers at the site were working on a nuclear-powered cruise missile.

    communiqué issu d’un bulletin de l’agence Tass
    Один человек пострадал при взрыве баллона в вирусологическом центре под Новосибирском - Происшествия - ТАСС
    https://tass.ru/proisshestviya/6890064

  • La première attaque biologique ~ Le Saviez-Vous ?
    http://www.le-saviez-vous.fr/2010/10/la-premiere-attaque-biologique.html

    C’est lors de la guerre de 7 ans, opposant les royaumes de France et de Grande-Bretagne, qu’a eu lieu la première attaque biologique officielle. L’officier britannique Jeffery Ahmerst, suggéra à son subalterne, le colonel Henri Bouquet, l’usage de couverture infectées par la variole, pour tenter de contaminer les indiens des Delaware, alliés des français :

    « You will do well to try to innoculate the Indians by means of blankets, as well as every method that can serve to extirpate this execrable race. » (« Vous feriez bien d’essayer d’infecter les Indiens avec des couvertures, ou par toute autre méthode visant à exterminer cette race exécrable. »)

    Des couvertures contaminées par la petite vérole furent ainsi distribuées(*), causant près de 20 000 morts chez les indiens, pour lesquels cette maladie tout à fait nouvelle fut particulièrement virulente. La petite vérole ou Variole et une infection d’origine virale, provoquant des éruptions cutanées dont les cicatrices perdurent après la maladie, si le patient survit : le taux de mortalité était très élevé et la maladie est toujours restée hors de portée d’un traitement efficace. Elle a été éradiquée, selon l’OMS, en 1977. Plusieurs exemplaires sont néanmoins conservés dans le cadre de la recherche.

    Si le tragique exemple de l’usage de cette arme biologique est le premier réellement recensé, d’autres utilisations de maladies ou d’agents pathogènes avaient fait parler d’eux par le passé. Empoisonner les puits avec des cadavres d’animaux, offrir à ses ennemis des objets manipulés par des malades... Le pouvoir de la contamination dans une guerre est apparu aux yeux des belligérants dès la prise de conscience de contagions.

    En 1344, les Turcs Tatars (tartares) ont ainsi vaincu le comptoir génois de Théodosie, en catapultant des cadavres pestiférés dans la ville assiégée. Cette évènement pourrait avoir déclenché la grande vague de peste bubonique : suite à l’arrêt des combats entre turcs et génois, les bateaux génois purent ré-embarquer et rejoindre l’Europe, diffusant probablement la maladie, l’une des plus importantes pandémies de l’histoire humaine (pics de la peste noire en 1348 et 1350). Cette pandémie tua près de 30 à 50% de la population européenne. Quelques cadavres catapultés pour la prise d’une ville auraient alors scellé le destin de 25 millions de vie. Ce n’est pourtant pas la plus ancienne utilisation du potentiel guerrier biologique.

    Le tout premier incident relaté d’utilisation de matériel contaminé remonte à 1500 avant Jésus-Christ : Des documents estimés à cette période (-1500/-1200) indiquent que les hittites emmenaient en territoires ennemis les victimes de la peste. L’usage de poisons s’est répandu par la suite, de même que la contamination des denrées : lors de la première Guerre Sacrée de Grèce, vers 590 avant J-C., des Athéniens empoisonnèrent l’eau de la ville assiégée de Kihrra, avec des hellébores, connues pour leur toxicité.

    #guerre #contagion #contamination #empoisonnement #peste #variole

  • Variole, une résurrection inquiétante
    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2017/10/30/variole-une-resurrection-inquietante_5207923_1650684.html

    Un excellent papier par Yves Sciama

    C’est un important tournant pour la biologie synthétique et la sûreté biologique. » Pour le professeur Gregory Koblentz, spécialiste de biosécurité à l’université George-Mason, en Virginie, il n’y a aucun doute : la synthèse du virus éteint de la variole équine, à partir de segments d’ADN issus du commerce sur Internet et livrés par voie postale, doit valoir signal d’alarme. Quand bien même cette synthèse avait seulement pour objectif « d’améliorer l’actuel vaccin contre la variole humaine », selon le professeur David Evans, de l’université canadienne d’Edmonton, qui l’a coordonnée.
    La « recette » de la variole humaine

    Si cette expérience, révélée durant l’été et financée par le laboratoire Tonix Pharmaceuticals, a franchi une ligne jaune, selon de nombreux spécialistes, c’est qu’elle fournit, clés en main, rien moins que la « recette » de la synthèse de la variole humaine.

    Pourtant, la synthèse de la variole ressuscite brusquement un scénario de cauchemar : celui de son retour, par un accident de laboratoire ou l’acte malveillant d’un déséquilibré, de terroristes ou d’un Etat voyou.
    Contagieuse par voie respiratoire, la maladie fit au XXe siècle 300 millions de morts.

    Une épidémie de variole sèmerait un chaos et une panique inimaginables : contagieuse par voie respiratoire, la maladie (qui tue un malade sur trois) fit au XXe siècle 300 millions de morts – plus que toutes les guerres cumulées. Ses survivants sont de plus généralement défigurés par les centaines de vésicules dont la maladie recouvre le corps et les muqueuses.

    L’atmosphère de panique qui avait entouré la poignée de cas d’Ebola sortis d’Afrique – maladie a priori moins contagieuse que la variole – laisse imaginer le chaos que causerait une flambée de variole : les replis, les perturbations du système de transport, notamment aérien, les chocs économiques qui s’ensuivraient, etc. Des dizaines de rapports d’analystes documentent combien l’extrême interconnexion de notre monde fait d’une épidémie l’un des principaux risques globaux.

    J’avais défendu un moratoire sur la biologie de synthèse en 2009, dans le silence le plus assourdissant

    Mais la question de la variole n’est que la partie émergée du gigantesque iceberg qu’est devenue la biologie de synthèse, dont les fulgurants progrès commencent à révéler l’énorme potentiel d’usages malveillants. David Evans a indiqué qu’il n’avait fallu que six mois et 100 000 dollars à son thésard et à lui-même pour ressusciter la variole équine. Il n’en faudrait donc sans doute pas plus pour son homologue humaine. Or la ­variole appartient à la partie complexe du spectre des virus dangereux – la plupart sont bien plus simples à fabriquer (celui de la poliomyélite, par exemple, a été synthétisé dans les années 2000). Même la construction de génomes bactériens, porteurs de centaines de gènes, est maîtrisée depuis une décennie.

    Bien évidemment le marché de l’ADN est forcément éthique... selon la logique des Conférences d’Azilomar : ce sont ceux qui font qui décident des limites (on voit par exemple l’effet dans la crise actuelle des opiodes de cette « auto-régulation » des industries...)

    Cette industrie de la synthèse d’ADN se trouve être l’un des importants leviers d’action disponibles pour réguler, et reprendre un tant soit peu le contrôle des risques engendrés par les sciences du vivant. En particulier parce que c’est une industrie qui s’est dès ses débuts, spontanément, posé la question de la sûreté biologique. Et qui a mis en place des mesures de sécurité dès 2009.

    Des mesures, baptisées « Protocole Standard », dont il faut souligner qu’elles sont entièrement volontaires. Elles ne sont appliquées que par les entreprises du secteur adhérentes au Consortium international de synthèse génétique (IGSC), une association dont la fonction est « d’élever le ­niveau de sûreté biologique, pour garder cette ­industrie propre », résume Marcus Graf, res­pon­sable de l’activité biologie synthétique au sein de la société allemande Thermo Fisher Scientific. L’IGSC compte aujourd’hui onze membres, ­contre cinq en 2009, et représente environ 80 % du marché mondial de la synthèse d’ADN.

    Mais rien n’est simple : on peut être partisan de l’auto-régulaiton, mais vouloir que les règles sur les choses dangereuses soient fixées par d’autres (sans qu’on se demande comment seront financés les experts « indépendants », si ce n’est pas des contrats recherche/entreprise...).

    Secundo, la fameuse base de données des ­séquences suspectes, que l’industrie réactualise chaque année, devrait en fait être constamment tenue à jour, afin de suivre les progrès rapides de la biologie. Il faudrait affecter à ce travail des équipes entières de biologistes chevronnés, au fait des derniers développements de la littérature, capables d’anticiper sur les usages malveillants – et non pas laisser le soin de le faire à une industrie hyper-concurrentielle, obsédée par la nécessité de réduire ses coûts et ses délais de livraisons. « Cette base de données devrait être établie et tenue à jour par les Etats, et ce serait aussi leur rôle de consacrer une importante ­recherche publique à cette tâche », souligne ­Gregory Koblentz.

    Une intervention de l’Etat que, une fois n’est pas coutume, les industriels appellent de leurs vœux. « Nous serions très contents qu’une agence nous dise au niveau national ou au niveau international ce qui doit aller ou non dans notre base de données », confirme Todd Peterson. La chose n’a en effet rien de trivial – elle suppose d’identifier dans le génome d’un pathogène quelles sont les parties vraiment dangereuses, liées à la virulence, la contagiosité ou la résistance aux traitements, et quels sont les gènes bénins, partagés avec d’innombrables autres organismes, qui servent uniquement au fonctionnement de base de l’organisme – respirer, se diviser, percevoir, etc.

    Ce dont les industriels ne veulent pas, il est vrai, c’est d’un contrôle des commandes qui serait ­effectué directement par les agences étatiques (telles que l’ANSM en France). Ils estiment que dans ce cas, ceux d’entre eux qui auraient l’agence la moins diligente perdraient leurs marchés. « Nos clients veulent être livrés en 3 à 5 jours, deux semaines maximum – le screening ne doit pas prendre plus de quelques minutes », avertit Marcus Graf.

    Ce que cet excellent article dit un peu plus loin :

    Il n’en reste pas moins que, partout dans le monde, la plupart des obligations liées à la ­sûreté biologique reposent sur des listes d’organismes suspects… dont la variole équine ne fait nulle part partie – c’est d’ailleurs ce qui a permis à David Evans de commander sur Internet ses séquences. « Actuellement prédomine une concep­tion très étroite de la sûreté biologique, analyse Gregory Koblentz. Elle revient à dire que tout biologiste qui ne travaille pas sur la quinzaine d’organismes de la liste peut dormir tranquille et se dispenser de réfléchir à ces problèmes – la sûreté biologique est manifestement perçue avant tout comme un fardeau dont il faut affranchir le plus grand nombre. » Or, pour ce chercheur, il faut que l’ensemble de la communauté scientifique soit mobilisée par cette question, qu’elle soit supervisée par des comités de ­contrôle multiples, enseignée à l’université, etc.

    Mais l’hubris des démiurges de la biologie de synthèse est si fort. Ce sont des prédicateurs (titre d’un article sur le sujet que j’ai commis il y a quelques années... et qui ne doit pas être encore en ligne)

    En réalité, il est frappant de constater à quel point la situation préoccupe peu la majorité des biologistes, partagés entre inquiétude que des profanes se mêlent de leur imposer des règles, et fatalisme technologique. Pour David Evans, par exemple, « dire qu’il est possible de mettre arbitrairement des limites à ce que la science peut ou ne peut pas faire, c’est tout simplement naïf. Le génie est sorti de la bouteille ». Et d’ajouter, un brin provoquant : « La biologie synthétique a même dépassé de beaucoup ce dont la plupart de ses critiques ont conscience… »

    Bon, j’aurais envie de citer tout le papier... il est très bon. Voici la conclusion, que je partage totalement :

    Il serait pourtant bon de faire mentir la règle, bien connue des spécialistes du risque industriel, selon laquelle on ne régule sérieusement les activités dangereuses qu’après qu’elles aient causé un accident emblématique. Car on frémit à l’idée de ce que pourrait être un « Titanic » de la biologie synthétique.

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    Une affaire dans l’affaire : que faire des souches de variole existantes

    Doit-on détruire les échantillons de variole ? : le débat se poursuit

    Après l’éradication de la variole en 1980, il ne reste aujourd’hui que deux séries d’échantillons du virus sur la planète, l’une au Center for Disease Control (CDC) américain, à Atlanta, et l’autre au centre VECTOR russe à Novossibirsk – du moins en principe, car l’existence d’échantillons clandestins ne peut être exclue. Un débat enfiévré fait rage depuis les années 1990 entre partisans et adversaires de la destruction de ces deux échantillons, les premiers plaidant que l’éradication de la maladie justifie – et même impose – d’effacer le virus de la surface de la Terre, les seconds invoquant la nécessité de nouvelles recherches sur les vaccins et traitements. Bien qu’elle en ait beaucoup diminué l’enjeu, la possibilité d’une synthèse artificielle de la variole n’a pas éteint ce débat. Les « destructeurs » argumentent que, puisqu’il y a possibilité de reconstruire le virus en cas de besoin urgent, autant le détruire ; tandis que les « conservateurs » estiment qu’il n’y a plus de raison de se débarrasser du virus, car il peut plus que jamais se retrouver dans des mains malveillantes. Verdict à l’Assemblée mondiale de la santé, dans deux ans.

  • A Mummy’s DNA May Help Solve The Mystery Of The Origins Of #Smallpox : Goats and Soda : NPR
    http://www.npr.org/sections/goatsandsoda/2016/12/08/504618235/a-mummys-dna-may-help-solve-the-mystery-of-the-origins-of-smallpox


    The child mummy was found in this crypt in a church in Lithuania.
    Kiril Cachovski/Lithuanian Mummy Project

    The surprise find of smallpox DNA in a child mummy from the 17th century could help scientists start to trace the mysterious history of this notorious virus.

    Smallpox currently only exists in secure freezers, after a global vaccination campaign eradicated the virus in the late 1970s. But much about this killer remains unknown, including its origins.

    Now scientists have the oldest complete set of smallpox genes, after they went hunting for viral DNA in a sample of skin from a mummified young child, probably a boy, that was found in a crypt underneath a Lithuanian church.

    #variole

  • Mission : Save the Environment by Sean B. Carroll - Project Syndicate
    https://www.project-syndicate.org/commentary/smallpox-eradication-global-cooperation-by-sean-b--carroll-2016-0

    (le passage qui suit concerne l’éradication de la #variole)

    The key to this tremendous medical achievement was not, as one might expect, some major health breakthrough (the smallpox vaccine had been around since the eighteenth century). It was diplomacy, flexibility, and #cooperation.

    [...]

    Henderson recognized that the Soviet Union – which had been pressing for an eradication campaign for several years, and had already pledged to donate 25 million doses of vaccine annually – would not be enthusiastic about an American leading the charge. So he reached out to the Soviet deputy health minister, Dimitri Venediktov, with whom he established a rapport that enabled the two sides to work together on strategy and logistics, in addition to their vaccine donations (the US had agreed to provide 50 million doses each year). The two most unlikely allies ended up leading the fight together.

  • Histoire forestière de l’Outaouais - Le choc microbien : la tragédie des peuples autochtones
    http://www.histoireforestiereoutaouais.ca/a4/#3

    Les « Algoumequins » de l’Outaouais ne seront pas épargnés par ce choc microbien. Ils connaîtront des épidémies de petite vérole ou variole (c’est-à-dire, la « picotte »), qui s’avèrera être la plus grande tueuse dans la vallée de l’Outaouais. Les Ouechkarinis (Algonquins de la Petite Nation) sont les premiers touchés au cours de l’hiver 1623-16243. C’est une hécatombe ! Et ils seront à nouveau victime d’épidémies en 1637 et 1639. On rapporte également qu’ils sont menacés par une famine en 1647 à la suite du déclenchement d’une épizootie dans la population de caribous forestiers, ce qui « leur [faisait] vomir du sang par la gueule et [les faisait] raides morts » instantanément !

    #épizootie #épidémie #indiens #colonisation #Québec #vérole

  • Wary of Attack With Smallpox, U.S. Buys Up a Costly Drug
    http://www.nytimes.com/2013/03/13/health/us-stockpiles-smallpox-drug-in-case-of-bioterror-attack.html

    The United States government is buying enough of a new smallpox medicine to treat two million people in the event of a bioterrorism attack, and took delivery of the first shipment of it last week. But the purchase has set off a debate about the lucrative contract, with some experts saying the government is buying too much of the drug at too high a price.

    #pharma #variole