ne pourrait jamais le confesser sur les réseaux sociaux, ça, par exemple : elle ne pourrait jamais dire qu’elle vient de lire « L’Inondation » de Zamiatine (traduction française de Nasaroff) et que... qu’elle n’a pas été plus emballée que ça. Attention, hein, elle culpabilise grave parce qu’objectivement c’est un (très) bon texte, c’est (très) vite lu, le personnage central (Sophia) est très subtilement dépeint — c’est même étonnant qu’un auteur mââââââle parvienne à un tel niveau de finesse, ça confère à l’histoire une dimension presque féministe — et puis il y a l’atmosphère, la fabuleuse atmosphère de Leningrad (1) qui est davantage qu’une protagoniste elle aussi, mais pas la Leningrad des dorures ou de la Perspective Nevski, non, la Leningrad des gueuses(-eux), la Leningrad de l’Île Vassilievski telle qu’elle pouvait l’être au début du siècle dernier, la Leningrad toute en flotte et en camaïeu de gris, le gris de la Neva, celui du Golfe de Finlande, celui du ciel par lequel arrivent les catastrophes.
Alors quoi, qu’est-ce qui ne va pas là-dedans ? Bah, la vieille Garreau ne saurait dire... Peut-être a-t-elle trouvé que ce récit était tout de même légèrement surcoté : toutes les critiques qu’elle a pu en lire étaient dithyrambiques, or elle elle est un peu restée sur sa faim. Mais il est possible que ce soit simplement dû au format : alors qu’elle est la première à affirmer qu’un texte est TOUJOURS trop long pour une fois celui-ci est beaucoup trop court, on voudrait pouvoir s’enfoncer plus profondément dans l’âââââââme de « l’héroïne » comme dans celle de la ville, il y avait là une matière phénoménale et ça laisse l’impression que l’on n’a fait que l’effleurer.
Bon, en même temps il est vrai que c’est plutôt bien de finir une lecture en se disant « Déjà ? » plutôt que « Ouf, ce n’est pas trop tôt ».
Oh et puis ne faites pas attention à ce qu’elle dazibaote, de toute façon la Garreau n’est jamais contente.
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(1) En bonne bolchevique primaire votre dictateuse favorite préférerait crever qu’appeler Leningrad « Saint-Pétersbourg » ; rien que d’y penser ça lui fait saigner le clavier.