• ENQUÊTE : « Après le Pass sanitaire, la crainte d’une exportation du modèle de surveillance sociale chinois »
    https://qg.media/2021/08/28/enquete-apres-le-pass-sanitaire-la-crainte-dune-exportation-du-modele-de-surve

    La crise du Covid et la mise en place controversée du Pass sanitaire, notamment en France, a fortement ravivé la crainte de voir le modèle chinois s’exporter dans le monde entier. Pour QG, Julien Moschetti a enquêté sur l’envers du capitalisme de surveillance : reconnaissance faciale, QR code, police prédictive, entre autres technologies qui pourraient avoir des conséquences dramatiques sur l’avenir de démocraties déjà très défaillantes

    « L’émergence d’un bloc autoritaire alimenté par l’Intelligence artificielle et dirigé par la Chine pourrait bouleverser la géopolitique de ce siècle. Elle pourrait empêcher des milliards de personnes, sur de vastes étendues du globe, de jouir un jour d’une quelconque liberté politique », mettait en garde le site américain The Atlantic en décembre 2020. Jamais la Chine n’est en effet allée aussi loin dans la volonté d’exportation de son modèle de surveillance sociale. Il ne s’agit plus seulement pour Pékin d’utiliser ces technologies fondées sur l’IA pour espionner les Tibétains ou les Ouïghours. Il ne s’agit plus seulement d’exporter son modèle de surveillance dans des pays « semi-démocratiques » ou « vulnérables » sur le plan financier, en Afrique (1), en Asie ou en Amérique latine (63 pays ont ainsi importé les technologies de surveillance basées sur l’IA de la Chine en septembre 2019, selon la Fondation Carnegie, NDLR). Il s’agit aussi désormais d’exporter son modèle dans les démocraties occidentales. À l’image de Belgrade, qui est en train de se doter de milliers de caméras de surveillance équipées d’une technologie de reconnaissance faciale fournie par le constructeur chinois Huawei. Baptisé « Safe City », ce projet symbolise « l’expansion mondiale du système chinois d’autoritarisme numérique, selon Xiao Qiang, expert de la surveillance de l’État chinois à l’université de Californie à Berkeley. Soit « la capacité de contrôler, de surveiller et de contraindre les sociétés en utilisant ce type de technologie de safe et de smart city (2) ».

    Les États-Unis ne sont évidemment pas en reste. Les services de police d’États tels que le Massachusetts, le Colorado ou le Tennessee utilisent depuis plusieurs années les technologies de surveillance de l’entreprise chinoise Hikvision. À Londres, c’est au moins la moitié des arrondissements de la capitale qui avaient acheté et déployé des systèmes de surveillance fabriqués en Chine, révélait en février dernier la Fondation Thomson Reuters. Derrière ces technologies, les géants chinois de la vidéosurveillance et de l’IA, Hikvision et Dahua, qui livrent également leurs technologies à la France. Les deux entreprises sont accusées, avec leur homologue chinois Uniview, d’avoir participé à la répression des Ouïghours dans la région du Xinjiang. Raison pour laquelle huit entreprises chinoises spécialisées dans l’IA ont été placées sur liste noire par Washington en octobre 2019. Une liste noire élargie en juin dernier par Joe Biden, pour y inclure les entreprises impliquées dans la fabrication et le déploiement de la technologie de surveillance, susceptible d’être utilisée non seulement en Chine, mais aussi… dans le monde entier...