• #Maladies_neurologiques : quand les #pesticides s’attaquent au #cerveau

    Des agriculteurs retraités se retrouvent atteints de graves maladies neurologiques causées par l’exposition aux pesticides. Commence alors un #parcours_du_combattant pour leurs familles, qui espèrent faire reconnaître la maladie comme professionnelle.

    Michel, ancien agriculteur âgé de 77 ans, est imprévisible. Sa fille Valérie, qui est aussi sa tutrice, cherche sur son téléphone des vidéos qui montrent ses changements d’humeurs et de comportements, si désarmants. Elle finit par en trouver et l’on voit Michel, tranquillement assis dans son fauteuil, rire doucement avec son épouse. Et soudain, il se met à crier, battre des bras et des mains, puis il se dirige vers la table pour y donner quelques coups de poing.

    Avant de se rasseoir, un peu plus loin. « Au départ, les médecins croyaient qu’il était atteint de la maladie de Creutzfeldt-Jakob [version humaine de la maladie de la vache folle, ndlr] », décrit Valérie. Très investie dans le soutien qu’elle apporte à son père, elle a multiplié les rendez-vous médicaux, tests en tout genre et allers-retours épuisants entre les hôpitaux de Rennes, le domicile de ses parents et son travail salarié.

    Comment payer un Ehpad avec 1000 euros ?

    Le diagnostic, terrible, est tombé dans les premiers jours de l’année 2021 : démence fronto-temporale. « Au départ, maman a pu s’en occuper, et je venais l’aider. Mais c’est devenu trop dur. Il se roulait par terre et ne voulait pas qu’on l’aide. Nous avons dû le placer en Ehpad, dans une unité d’hébergement renforcée », poursuit Valérie, très affectée par ce qu’elle vit comme « un abandon ». Ce placement en Ehpad est d’autant plus difficile que la petite retraite de Michel – 1100 euros par mois – ne couvre que la moitié du coût mensuel total, qui s’élève à 2200 euros. « Je prends dans ses économies, mais j’arrive au bout. La retraite de maman est très faible aussi. On va être obligées de vendre sa maison pour faire face. Mais je ne trouve pas de nouveau logement pour elle. »

    La reconnaissance du caractère professionnel de la maladie de Michel et le versement d’une #rente en reconnaissance du #préjudice subi pourraient leur apporter un peu d’air… Valérie a entamé les démarches à l’automne 2022, avec l’aide du Collectif de soutien aux victimes des pesticides, que sa mère a découvert via la presse locale. « Papa, il a utilisé beaucoup de pesticides. Il a fait beaucoup de mélanges, et il n’avait pas de cabine sur le tracteur, aucune protection. » Comme de nombreux enfants à cette époque, Valérie a souvent aidé son père dans les travaux des champs, y compris quand il faisait des traitements : « On ne savait pas que c’était dangereux, personne ne parlait de ça autour de nous. »

    Toute la sphère neurologique affectée

    La démence fronto-temporale ne figure dans aucun des tableaux qui listent les #pathologies_professionnelles dues à l’exposition aux pesticides, mais ceux-ci évoluent au fil des luttes et recherches scientifiques. « Historiquement, on a commencé le combat judiciaire avec la maladie de Parkinson puis le lymphome, situe l’avocat François Lafforgue, dont le cabinet accompagne de nombreuses #victimes des pesticides. Ensuite, nous avons travaillé sur les hémopathies et on a obtenu la création ou l’extension des tableaux pour toutes ces pathologies. »

    Ces victoires ne sont pas anecdotiques. Elles permettent de mettre en place ce que l’on appelle la « #présomption_d’imputabilité », qui évite aux victimes de documenter elles-mêmes les liens entre leur maladie et leur exposition. Aujourd’hui, par exemple, toute personne atteinte de la #maladie_de_Parkinson et exposée pendant au moins dix ans aux pesticides dans le cadre de son travail peut obtenir la reconnaissance du caractère professionnel de sa maladie.

    « Au fil des années et des prises de contacts avec des malades, on s’est rendu compte que toute la sphère neurologique était affectée, poursuit François Lafforgue. Nous avons aussi découvert qu’il existe de la littérature scientifique sur les liens entre plusieurs des maladies de cette sphère neurologique et les pesticides. Nous avons donc décidé de défendre la reconnaissance de ce lien devant les tribunaux. » C’est ainsi qu’en juin 2024, la #démence_à_corps_de_Lewy (type de démence partageant des caractéristiques avec la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson) de Joseph Lendormy, ancien agriculteur, a officiellement été reconnue comme étant liée à son exposition aux pesticides. C’est une première qui donne bon espoir au collectif pour le dossier de Michel.

    « Mon père a été exposé pendant plus de trente ans aux pesticides, retrace son fils Philippe Lendormy. Il avait une petite ferme d’élevage bovin-lait et polycultures (maïs, blé, colza...), mais c’est surtout comme chauffeur de la #Cuma [coopérative d’utilisation du matériel agricole, ndlr] qu’il a été exposé. » Joseph a occupé ce poste de 1961 jusqu’à son départ à la retraite en 1999.

    « Il s’agissait d’une grosse Cuma, avec douze fermes, et mon père faisait tous les traitements : #herbicides, #fongicides, #insecticides. Je me souviens qu’au printemps, il avait les mains et les bras orange, car il brassait les mélanges à la main. Il stockait les produits à la maison, y faisait ses mélanges et y rinçait ses cuves, le liquide dévalait la cour. » Sur la liste que Philippe Lendormy a reconstituée pour le dossier de son père, figurent de nombreux produits aujourd’hui interdits, dont plusieurs susceptibles de porter atteinte à la sphère neurologique.

    Des malades toujours plus nombreux

    « Mon père est mort en 2022, mais il est tombé malade huit ans avant, à 72 ans », reprend Philippe Lendormy. Joseph a commencé par oublier où il posait ses affaires, puis à ne plus savoir pourquoi il se trouvait à tel endroit à tel moment. Au fil des mois et des années, son état s’est aggravé. « Il faisait n’importe quoi : un jour, il a mis le feu à un balai et s’est promené avec dans la maison. Rien n’allait plus. Ma mère s’est occupée de lui pendant six ans, elle a été au bout de ses forces. Et il a finalement intégré un Ehpad. » Aucun médecin n’a établi de liens avec les pesticides. C’est Philippe qui a fini par y penser, un peu par hasard, suite à des discussions avec des amis, qui avaient entendu parler du sujet par la presse.

    « C’est un peu toujours la même histoire, commente Michel Besnard du Collectif de soutien aux pesticides de l’Ouest. À chaque fois que l’on médiatise un cas, de nouvelles personnes se manifestent. Si les maladies qu’ils ont ne sont pas dans les tableaux, on les accompagne quand même. » Les démarches sont plus longues, mais elles aboutissent cependant assez souvent, encourageant de nouveaux malades à les entreprendre. « On rencontre de plus en plus de gens avec des démences à corps de Lewy, précise Michel Besnard. Souvent, les neurologues disent d’abord que c’est la maladie de Parkinson (40 % des victimes accompagnées par le collectif en sont atteintes). Puis le diagnostic s’affine et on arrive à cette démence. C’est important de faire circuler ces informations pour que d’autres personnes puissent se manifester. »

    Un soutien inégal de la part des médecins

    « Ce n’est pas parce que l’on n’a pas beaucoup de cas qu’il ne faut pas les prendre en compte, ajoute François Lafforgue. La maladie à corps de Lewy, seconde cause de #démence_neurodégénérative après la maladie d’Alzheimer, est une affection dont les mécanismes sont très proches de ceux de la maladie de Parkinson. Or, les études scientifiques établissent un lien clair entre la maladie de Parkinson et une exposition aux pesticides. »

    Le lien entre la maladie de Joseph Lendormy et son travail a aussi été reconnu comme possible par l’experte du Centre régional de pathologies professionnelles et environnementales de Bretagne, où Philippe avait emmené son père, sur les conseils de l’avocat. « Le rapport d’expertise de l’Inserm de 2021 sur les pesticides rapporte un niveau de présomption fort entre l’exposition aux pesticides et les troubles cognitifs chez les agriculteurs », cite-t-elle dans son courrier bilan, considérant qu’une déclaration de reconnaissance peut être proposée à Joseph.

    Un avis encourageant qui tranche avec la frilosité du médecin de la Mutualité sociale agricole (MSA) qui avait commenté, après avoir écouté le CV de Joseph Lendormy : « L’ensemble des informations recueillies laissent supposer que Mr Lendormy a probablement été exposé à des pesticides au cours de sa vie professionnelle. » Cette prudence dans les propos avait ulcéré Philippe Lendormy. « Ce médecin est venu chez mes parents. On lui avait donné la liste des produits que mon père avait utilisés, car les vendeurs de la coop, c’étaient des amis de mes parents. Il a été exposé toute sa vie, c’est évident, et non "probable". »

    Une vie de travail et pas de retraite

    Récemment, le cabinet de François Lafforgue a obtenu la reconnaissance en maladie professionnelle pour un agriculteur atteint d’Alzheimer. « Mon père a travaillé des années 1960 aux années 2000, explique son fils, Benoît Laurent. Ils étaient six associés et lui était préposé à l’épandage des pesticides. C’était leur organisation. Il travaillait sans protection, je me souviens qu’il versait les produits et qu’il les mélangeait avec un bâton, à mains nues. Souvent, il avait des maux de tête et il saignait du nez. Il est tombé malade en fin de carrière et a été diagnostiqué en 2008, à 68 ans, cinq ans après avoir pris sa retraite. » La reconnaissance obtenue par Martial Laurent est due à un vice de procédure : la MSA n’a pas respecté certains délais, ce qui a entraîné une reconnaissance « implicite ». Il est donc difficile d’affirmer que les institutions valident le lien entre exposition aux pesticides et maladie d’Alzheimer.

    Selon François Lafforgue, « une action engagée a abouti favorablement, ce n’est pas comme s’il ne s’était rien passé ». L’expertise Inserm de 2021, qui s’est intéressée à des centaines d’études à propos des effets sanitaires des pesticides, considère que la présomption de lien entre pesticides et Alzheimer est « moyenne ». Elle cite une analyse réunissant sept études qui « estime à 34 % l’élévation du risque – significative – de maladie d’Alzheimer chez les personnes exposées aux pesticides ».

    « Cette reconnaissance, et la rente qui a été versée, nous permettent de financer l’Ehpad où mon père vit depuis 2020, intervient Benoît Laurent. Son petit pécule de retraite fondait comme neige au soleil. Ils n’avaient pas beaucoup d’argent, mes parents, même s’ils avaient travaillé toute leur vie. » « La rente ne va pas ramener mon père, ajoute Philippe Lendormy, mais cela va soulager un peu ma mère, qui s’est épuisée à l’accompagner. Elle va pouvoir se faire aider pour les travaux quotidiens. Pour moi, c’est aussi important symboliquement cette reconnaissance. Mon père a été un bon soldat, il a nourri la France comme on le lui a demandé. Il a bossé très dur. Et en est tombé malade. C’est bien de le rappeler. »

    Pour Valérie Vivien, « c’est douloureux de savoir qu’ils n’ont pas été prévenus qu’il allait y avoir des conséquences s’ils utilisaient des pesticides. Personne ne leur a jamais dit. C’est injuste. Ils ont travaillé toute leur vie et n’ont pas profité de leur retraite ensemble. » Elle espère que les démarches qu’elle a entamées « faciliteront les choses pour les suivants ». Et en attendant que son père touche, enfin, l’argent nécessaire à sa prise en charge, elle a dû lancer une cagnotte en ligne (https://www.leetchi.com/fr/c/cout-d-un-ehpad-2200mois-et-comptes-bientot-a-0-7503176.

    https://basta.media/maladies-neurologiques-quand-les-pesticides-s-attaquent-au-cerveau
    #santé #maladie #industrie_agro-alimentaire #agriculteurs #agriculture #conditions_de_travail #travail #maladies_professionnelles

  • Remise en cause
    https://www.obsarm.info/spip.php?article689

    Le 14 janvier 2025, la commission d’enquête sur les conséquences des 193 explosions nucléaires pratiqués en Polynésie française de 1966 à 1996 a débuté ses travaux. La précédente commission, mise en place au printemps 2024 (voir Lettre n°1-2025), a été interrompue du fait de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier. Le rythme des auditions est dense et nous vous invitons à les écouter sur le portail vidéo ou à lire les comptes rendus publiés sur le site de l’Assemblée (…) #Lettre_aux_parlementaires

    / #La_une, #Armes_nucléaires, #Prolifération_nucléaire, #Stratégies_nucléaires, #Victimes_du_nucléaire

    https://www.obsarm.info/IMG/pdf/lettre_parlementaire_1_2025.pdf

  • En Europe, les migrants premières victimes de l’intelligence artificielle

    Alors que se tient à Paris cette semaine le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle (IA), chefs d’État, chefs d’entreprise, chercheurs et société civile sont appelés à se prononcer sur les #risques et les #limites de ses usages. Des #biais_discriminatoires et des #pratiques_abusives ont déjà été observés, en particulier dans la gestion européenne de l’immigration.

    Un #détecteur_d’émotions pour identifier les #mensonges dans un #récit, un #détecteur_d’accent pour trouver la provenance d’un ressortissant étranger, une analyse des #messages, des #photos, des #géolocalisations d’un #smartphone pour vérifier une #identité… voici quelques exemples de systèmes intelligents expérimentés dans l’Union européenne pour contrôler les corps et les mouvements.

    « Ici, les migrations sont un #laboratoire_humain d’#expérimentation_technologique grandeur nature », résume Chloé Berthélémy, conseillère politique à l’EDRi (European Digital Rights), un réseau d’une cinquantaine d’ONG et d’experts sur les droits et libertés numériques. « Les gouvernements et les entreprises utilisent les environnements migratoires comme une phase de #test pour leurs produits, pour leurs nouveaux systèmes de contrôle. »

    Des détecteurs de mensonges à la frontière

    L’un des plus marquants a été le projet #iBorderCtrl. Financé partiellement par des fonds européens, le dispositif prévoyait le déploiement de détecteurs de mensonges, basés sur l’analyse des #émotions d’un individu qui entrerait sur le sol européen. « Les #visages des personnes, en particulier des demandeurs d’asile, étaient analysés pour détecter si, oui ou non, ils mentaient. Si le système considérait que la personne était un peu suspecte, les questions devenaient de plus en plus compliquées. Puis, éventuellement, on arrivait à un contrôle plus approfondi par un agent humain », explique-t-elle.

    Expérimenté dans les #aéroports de Grèce, de Hongrie et de Lettonie, il ne serait officiellement plus utilisé, mais l’EDRi émet quelques doutes. « Dans ce milieu-là, on est souvent face à une #opacité complète et il est très dur d’obtenir des informations. Difficile de dire à l’heure actuelle si cette technologie est encore utilisée, mais dans tous les cas, c’est une volonté européenne que d’avoir ce genre de systèmes aux frontières. »

    Drones de surveillance, caméras thermiques, capteurs divers, les technologies de surveillance sont la partie émergée de l’iceberg, la face visible de l’intelligence artificielle. Pour que ces systèmes puissent fonctionner, il leur faut un carburant : les #données.

    Les bases de données se multiplient

    L’Europe en a plusieurs en matière d’immigration. La plus connue, #Eurodac – le fichier des #empreintes_digitales – vise à ficher les demandeurs et demandeuses d’asile appréhendés lors d’un passage de frontière de manière irrégulière. Créée en 2002, la nouvelle réforme européenne sur l’asile étend considérablement son pouvoir. En plus des empreintes, on y trouve aujourd’hui des photos pour alimenter les systèmes de #reconnaissance_faciale. Les conditions d’accès à Eurodac pour les autorités policières ont également été assouplies. « Elles pourront le consulter pour des objectifs d’enquêtes criminelles, on retrouve donc cette idée que de facto, on traite les demandeurs d’asile, les réfugiés, avec une présomption d’illégalité », conclut Chloé Berthélémy.

    Or, ces collectes d’informations mettent de côté un principe clef : celui du #consentement, condition sine qua non dans l’UE du traitement des données personnelles, et clairement encadré par le Règlement général de protection des données (#RGPD). Les politiques migratoires et de contrôles aux frontières semblent donc faire figures d’#exception. Lorsqu’une personne pose le pied sur le sol européen, ses empreintes seront collectées, qu’il soit d’accord ou non. Selon l’EDRi, « l’Union européenne est en train de construire deux standards différents. Un pour ceux qui ont les bons papiers, le bon statut migratoire, et un autre pour ceux qui ne les ont pas ».

    Un nouveau cadre juridique qui a d’ailleurs été attaqué en justice. En 2021, en Allemagne, la GFF, la Société des droits civils (qui fait partie du réseau de l’EDRi) triomphe de l’Office allemand de l’immigration, condamné pour pratiques disproportionnées. Textos, données de géolocalisation, contacts, historique des appels et autres #fichiers_personnels étaient extraits des #smartphones des demandeurs d’asile à la recherche de preuve d’identité.

    Automatisation des décisions

    Une fois les frontières passées, l’intelligence artificielle continue à prendre pour cible des étrangers, à travers sa manifestation la plus concrète : les #algorithmes. Examiner les demandes de #visa ou de #naturalisation, attribuer un #hébergement, faciliter l’organisation des #expulsions, prédire les flux migratoires… la multiplication des usages fait craindre aux chercheurs une administration sans guichet, sans visage humain, entièrement automatisée. Problème : ces systèmes intelligents commettent encore beaucoup trop d’#erreurs, et leur prise de décisions est loin d’être objective.

    En 2023, l’association La Quadrature du Net révèle que le code source de la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf) attribue un « score de risque » à chaque allocataire. La valeur de ce score est ensuite utilisée pour sélectionner ceux qui feront l’objet d’un contrôle. Parmi les critères de calcul : avoir de faibles revenus, être au chômage, ou encore être né en dehors de l’Union européenne. « En assimilant la précarité et le soupçon de fraude, l’algorithme participe à une politique de #stigmatisation et de #maltraitance institutionnelle des plus défavorisés », estime Anna Sibley, chargée d’étude au Gisti. Quinze ONG ont d’ailleurs attaqué cet algorithme devant le Conseil d’État en octobre 2024 au nom du droit à la protection des données personnelles et du principe de non-discrimination.

    Autre exemple : l’IA a déjà été utilisée par le passé pour soutenir une prise de décision administrative. En 2023, le ministère de l’Intérieur a « appelé à la rescousse » le logiciel #Google_Bard, un outil d’aide à la prise de décision, pour traiter la demande d’asile d’une jeune Afghane. « Ce n’est pas tant le fait que l’intelligence artificielle ait donné une réponse négative qui est choquant. C’est plutôt le fait qu’un employé du ministère de l’Intérieur appuie sa réponse sur celle de l’IA, comme si cette dernière était un argument valable dans le cadre d’une décision de justice », analyse la chercheuse.

    #Dématérialisation à marche forcée

    En 2024, un rapport du Défenseur des droits pointait du doigt les atteintes massives aux droits des usagers de l’ANEF, l’administration numérique des étrangers en France. Conçue pour simplifier les démarches, l’interface permet le dépôt des demandes de titres de séjour en ligne.

    Pourtant, les #dysfonctionnements sont criants et rendent la vie impossible à des milliers de ressortissants étrangers. Leurs réclamations auprès du Défenseur des droits ont augmenté de 400% en quatre ans. Des #plaintes allant du simple problème de connexion aux erreurs de décisions de la plateforme. Un casse-tête numérique contre lequel il est difficile de se prémunir. « Les services d’accompagnement déployés sont trop limités », constate Gabrielle de Boucher, chargée de mission numérique droits et libertés auprès du Défenseur des droits. Selon elle, il est important que la France reconnaisse aux étrangers le droit de réaliser toute démarche par un canal humain, non dématérialisé, un accueil physique.

    Le biais discriminatoire

    Autre écueil de la dématérialisation croissante des administrations : le biais discriminatoire. Puisque les systèmes intelligents sont entraînés par des êtres humains, ces derniers reproduisent leurs biais et les transmettent involontairement à l’IA. Illustration la plus concrète : les erreurs d’#identification.

    En 2023, un homme a été arrêté aux États-Unis après que les logiciels de reconnaissance faciale l’ont désigné par erreur comme l’auteur de vols. « On peut légitimement avoir des craintes sur le respect des droits, puisqu’on sait, par exemple, que le taux d’erreur est plus élevé pour les personnes non blanches », s’inquiète Gabrielle du Boucher. Comme elles sont sous représentées dans les #bases_de_données qui nourrissent l’apprentissage de l’IA, celle-ci sera moins fiable que lorsqu’elle devra, par exemple, se concentrer sur les personnes blanches.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/62762/en-europe-les-migrants-premieres-victimes-de-lintelligence-artificiell
    #IA #AI #intelligence_artificielle #migrations #réfugiés #victimes #frontières #technologie #contrôle #surveillance #accent #langue #discrimination

  • #Essais_nucléaires au #Sahara : un #poison pour les populations… et les relations Alger-Paris

    Soixante-cinq ans après les premiers essais nucléaires français dans le Sahara algérien, Alger demande à Paris de reconnaître officiellement sa pleine #responsabilité, d’aider à la #décontamination des sites et d’indemniser les victimes. La résurgence de ce litige mémoriel intervient dans un contexte de fortes tensions entre les deux capitales.

    “Reconnaissance, justice, nettoyage des sites et remise des archives”, tels sont les mots d’ordre énoncés par Ibrahim Boughali, président de l’Assemblée populaire nationale, à l’occasion du 65e anniversaire des premiers essais nucléaires français dans le Sahara algérien, relève le site TSA-Tout sur l’Algérie. Ces propos surviennent à l’occasion d’une journée d’étude organisée par la chambre basse du Parlement algérien le 13 février à Alger sur le thème : “Explosions nucléaires françaises en Algérie : un crime contre l’humanité et l’#environnement”.

    Dénonçant des “#crimes_nucléaires”, Ibrahim Boughali a pressé l’Hexagone de “rendre #justice aux #victimes des #explosions_nucléaires et à leurs familles, à la mesure de l’ampleur du drame qu’ils ont vécu” et de participer à la réhabilitation des zones contaminées par les radiations et les déchets. Il a enfin enjoint l’ex-puissance coloniale de remettre aux experts algériens les archives complètes des sites d’essais, pour qu’ils “puissent évaluer les dégâts et prendre les mesures appropriées à leur égard”.

    #Nuages_toxiques

    Ce dossier fait partie des nombreux points de contentieux historiques et mémoriels entre les deux pays, empoisonnant leurs relations. Les séquelles environnementales de ces essais ont été lourdes, indique The New Arab. Interrogé par média panarabe, Charles K. Johnson, directeur des politiques de l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire, affirme que “les déchets nucléaires continuent d’empoisonner la terre, la santé des populations autochtones et l’écosystème fragile du Sahara algérien”.

    Les conséquences humaines des essais nucléaires sont massives : le 13 février 1960, quand la France a fait exploser sa première bombe nucléaire, baptisée #Gerboise_bleue, près de #Reggane dans le #désert du Sahara, plus de 30 000 personnes vivant dans la région auraient été exposées aux #radiations.

    Pire, les particules radioactives ne se seraient pas arrêtées à la frontière algérienne. Selon le quotidien algérien El-Watan, les retombées auraient touché une grande partie de l’Afrique du Nord et certains pays sahéliens. Les nuages toxiques auraient atteint le Maroc, la Libye, le Niger, le Tchad, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Mali, traversant même la Méditerranée vers les côtes espagnoles et siciliennes. L’armée française avait assuré que la zone touchée par l’explosion était vierge de toute présence humaine. Pourtant, des Touaregs, des agriculteurs et des villageois ont développé des pathologies mystérieuses, allant des migraines intenses aux malformations infantiles, détaille The New Arab.
    Données scientifiques scellées

    Interrogée par ce journal, Sophie Chamelin, une chercheuse qui étudie les répercussions des essais nucléaires en Algérie, indique que :

    “Dans les communautés proches des sites d’essais, les familles souffrent de graves problèmes de santé : cancers, handicaps congénitaux, maladies respiratoires.”

    Selon le média panarabe, ces terres contaminées sont toujours inhabitables, poussant les populations à abandonner leurs terrains agricoles. Un cercle vicieux qui alimente la pauvreté et l’exode.

    Des juristes algériens œuvrent pour faire reconnaître ces essais nucléaires comme crime contre l’humanité. Interrogée par le site d’actualité algérien Jeune Indépendant, l’avocate Fatma Zohra Benbraham révèle que plusieurs obstacles juridiques entravent la procédure. Par exemple, la France refuse toujours d’ouvrir ses archives. Les données scientifiques de l’époque restent effectivement cadenassées, note également El-Watan, à commencer par les mesures des radiations réalisées par Louis Bulidon et Raymond Sené, deux scientifiques mobilisés dans le Sahara algérien en 1962.

    La France a aussi enterré des déchets radioactifs issus des essais et a refusé pendant des décennies de divulguer leurs emplacements, relève The New Arab. “La lutte se poursuit avec détermination”, déclare Fatma Zohra Benbraham.
    Immobilisme français

    Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a plusieurs fois dénoncé publiquement les conséquences des explosions nucléaires. Début février, dans une interview accordée au journal français L’Opinion, il affirmait que les réparations étaient indispensables pour la reprise des relations bilatérales avec Paris, relève le Jeune Indépendant.

    “Le dossier de la décontamination des sites d’essais nucléaires est obligatoire sur les plans humain, moral, politique et militaire.”

    Au cœur de cette tornade diplomatique à venir, la glaciation des relations franco-algériennes joue aussi un rôle. Interrogé par The New Arab, le militant associatif algérien Rachid Aouin affirme ainsi que “tout militantisme sur cette question est réprimé. Le gouvernement l’utilise uniquement comme un outil politique contre la France, sans aucun effort réel pour obtenir justice pour les victimes.”

    https://www.courrierinternational.com/article/diplomatie-essais-nucleaires-au-sahara-un-poison-pour-les-pop
    #indemnisation #Algérie #France

  • Déclaration commune de 30 organisations à l’occasion du 65ᵉ anniversaire de la première explosion nucléaire française en Algérie : Appel mondial à la responsabilité et à la justice
    https://www.obsarm.info/spip.php?article683

    À l’occasion du 65ᵉ anniversaire du premier essai nucléaire français dans le désert algérien, qui a eu lieu le 13 février 1960 sous le nom de code « Gerboise Bleue », 30 organisations — dont l’Observatoire des armements — ont publié une déclaration commune à l’initiative de l’Organisation SHOAA pour les droits de l’homme. Dans cette déclaration, elles renouvellent leur appel à la France pour qu’elle assume sa responsabilité historique et juridique, déclassifie tous les documents relatifs à (…) #Essais_nucléaires

    / #Essais_nucléaires, #Victimes_du_nucléaire, #Mouvements_de_paix_et_de_désarmement, #La_quatre

  • Survivor with loss of vision after deadly border operation at #El_Tarajal files complaint

    Brice O. (anonymized for his protection) filed a complaint to the UN Committee Against Torture challenging Spain’s failure to investigate its use of anti-riot material during the deadly border operation at El Tarajal, Ceuta on 6 February 2014, which caused him permanent loss of sight in one eye. With the support of the European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) and Irídia – Center for the Defence of Human Rights, he seeks to hold Spain accountable for its failure to prevent, investigate or redress the harm caused by Guardia Civil officers.

    “I find it incredibly dangerous that rubber bullets are being used,” says Brice O. “I bear witness as someone disabled in one eye because of a rubber bullet.” On 6 February 2014, it was still dark as swimmers struggled to stay afloat in waters around the seawall separating Morocco and the Spanish enclave of Ceuta. After Guardia Civil officers began firing anti-riot material toward people in the water, Brice O. felt something impact his eye. Although there was no protocol regulating the use of this anti-riot material in the water, officers used at least 145 rubber bullets, 355 blanks, and 5 smoke devices in 21 minutes. Brice O. describes choking and gasping for air. “I found it hard to breathe, so I opened my mouth, but then the sea water entered. And then I felt myself losing consciousness a bit.”

    14 people were officially declared dead and autopsies confirmed the 5 bodies washed ashore in Spain had drowned. Survivors and NGOs estimate the figure to be much higher. Despite forensic evidence confirming injuries consistent with the impact of rubber bullets, Spanish authorities failed to contact survivors living just a few kilometres away, systematically excluding them from the judicial proceedings. “The Tarajal investigation was a farce,” says Hanaa Hakiki, directress of ECCHR’s Border Justice team. “There was no real legal assessment of the force used by the Guardia Civil. The last 11 years have been a disgrace and Spain must fully investigate this deadly border operation.”

    After 8 years of failed investigations, archived without charge, an appeal is pending at Spain’s Constitutional Court filed by a group of Spanish NGOs including the Spanish Commission for Refugees (CEAR), The Human Rights Association of Spain (APDHE) and Coordinadora de Barrios, in relation to other victims and their relatives who also remain unheard. “It’s an opportunity at the constitutional level to establish the protection of migrants’ right to life at borders,” says Elena Muñoz CEAR, “so that these terrible events do not re-occur and so that families finally have access to truth, justice and reparation.”

    The ongoing impunity has led to even deadlier border operations. “For decades, the Spanish Moroccan border has become a site of human rights violations and impunity which impacts black people most violently and gravely. Both the operations at El Tarajal in 2014 and on 24 June 2022 in Melilla show how the indiscriminate use of anti-riot material, pushbacks, the claim of exceptionality, and lack of effective investigations combine to create life-threatening situations causing deaths of Black people at the border,” says Maite Daniela Lo Coco from Irídia.

    NGOs such as Stop Balas de Goma, have long demanded the prohibition of rubber bullets due to the risks posed by this uncontrollable, harmful, even lethal munition. United Nations guidance clearly states that rubber bullets should not be targeted at people above the lower abdomen or to disperse crowds. The indiscriminate nature of rubber bullets and their lack of traceability puts the physical integrity and fundamental rights of people at risk.

    This complaint follows in a series of legal interventions challenging border violence by ECCHR and forms part of ongoing human rights monitoring work on Spain’s southern border carried out by Irídia and NOVACT.

    https://www.ecchr.eu/en/press-release/survivor-with-loss-of-vision-after-deadly-border-operation-at-el-tarajal-files

    Tragedia del Tarajal


    https://es.wikipedia.org/wiki/Tragedia_del_Tarajal

    #justice #plainte #migrations #frontières #massacre #Espagne #gardes-frontières #Guardia_Civil #Ceuta #6_février_2014 #victimes #impunité #violence #massacre_de_el-Tarajal #El-Tarajal

  • Mostly civilians were killed in IDF attack on Lebanon village, BBC finds
    https://www.bbc.com/news/articles/cgrn0nwn0eqo

    The Israel Defense Forces (IDF) says the building was targeted because it was a Hezbollah “terrorist command centre” and it “eliminated” a Hezbollah commander. It added that “the overwhelming majority” of those killed in the strike were “confirmed to be terror operatives”.

    But a BBC Eye investigation verified the identity of 68 of the 73 people killed in the attack and uncovered evidence suggesting just six were linked to Hezbollah’s military wing. None of those we identified appeared to hold a senior rank. The BBC’s World Service also found that the other 62 were civilians - 23 of them children.

    #menteurs_depuis_1948
    #sionisme #crimes #civils #victimes_civiles #impunité #états-unis

  • Pas d’épidémie, mais de nombreuses victimes des injections ! Décoder l’éco - Pierre Chaillot

    Pierre Chaillot explique que les décisions prises par les gouvernements ont aggravé la situation, notamment en abandonnant les soins classiques et en prenant des mesures délétères. Il souligne que les tests PCR, souvent utilisés pour diagnostiquer le Covid-19, étaient en réalité inefficaces et produisaient de nombreux faux positifs. Ces tests n’avaient aucun lien avec la maladie elle-même, ce qui a conduit à une surévaluation des cas et à une panique généralisée.

    Le statisticien insiste sur le fait que les vaccins, loin de protéger la population, ont en réalité causé des dommages significatifs, y compris des décès et des effets secondaires graves. Il met en avant des études et des données statistiques qui montrent une corrélation entre les campagnes de vaccination et les pics de décès, suggérant que les vaccins ont contribué à une augmentation de la mortalité.

    Pierre Chaillot, statisticien de formation, affirme que les chiffres officiels ne soutiennent pas l’idée d’une pandémie. Il critique les tests PCR, qu’il juge non fiables, et pointe du doigt les effets néfastes des vaccins.

    https://www.youtube.com/watch?v=G9aAarO3rVI

    #covid-19 #sante #coronavirus #santé #france #confinement #pandémie #covid #vaccination #statistiques #Insee #enfumage #manipulation #argent #santé #gros_sous #capitalisme #big_pharma #laboratoires_pharmaceutiques #Pierre_Chaillot #victimes

  • 1984-2024 • Agir pour désarmer
    https://www.obsarm.info/spip.php?article678

    L’histoire de l’Observatoire des armements/CDRPC reste à écrire. Lorsque nous avons décidé de créer cette association au printemps 1984, nous étions loin d’imaginer que 40 plus tard nous serions encore là à argumenter pour renforcer la transparence et le contrôle parlementaire des exportations d’armements, à s’opposer au réarmement civique et à la mise en place du Service national universel (SNU), à exiger que la France s’engage pour le désarmement nucléaire et pour la vérité et la justice (…) #Revue_Damoclès

    / #Victimes_du_nucléaire, Recherche & développement, #Actions_contre_la_guerre, #Antimilitarisme, #Mouvements_de_paix_et_de_désarmement, La (...)

    #Recherche_&_développement #La_une

  • #Violences_sexuelles : peut-on faire le pari de la #justice_restaurative ?

    Inscrite dans la loi depuis 2014, la justice restaurative en France peine à se faire une place. Si certains acteurs plaident pour un recours à ces mesures, notamment dans le cadre des affaires de violences sexuelles, que sait-on des effets de la justice restaurative en la matière ?

    Portée par les féministes depuis les années 60 pour pallier aux défaillances du système de justice pénale, la justice restaurative est souvent avancée comme une approche plus adéquate pour répondre aux besoins spécifiques des victimes de violences sexuelles. Dans une vaste enquête sociologique publiée en mai 2024 (https://gip-ierdj.fr/fr/publications/pratiques-et-effets-de-la-justice-restaurative-en-france), deux sociologues se sont attachées à faire le bilan des effets de la justice restaurative en France. Quels sont les effets de ces mesures sur les victimes et sur les auteurs de violences sexuelles ? Comment expliquer qu’un faible pourcentage de victimes aillent au bout du processus ? Assistons-nous à des phénomènes de « #re-traumatisation » chez les victimes ? Quelles sont les limites de la justice restaurative identifiées à ce jour ?

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-question-du-jour/violences-sexuelles-peut-on-faire-le-pari-de-la-justice-restaurative-311
    #justice #Sandrine_Lefranc #médiations_restauratives #dispositif #reconnaissance #dialogue #justice_pénale #colère #victimes #isolement #médiation

    • Pratiques et effets de la justice restaurative en France

      Alors que son développement international remonte aux années 1990, la justice restaurative connaît un engouement en France depuis moins d’une dizaine d’années. Expérimentée tout d’abord dans le champ des majeurs (à la maison centrale de Poissy, en 2010), puis consacrée dans le régime de droit commun en 2014, elle est désormais, sous des aspects variés, dans une phase de généralisation sur l’ensemble du territoire national. Sur le plan normatif, la loi n° 2014-896 du 15 août 2014 et la circulaire dédiée du 15 mars 2017 ont, les premières, permis aux auteurs d’infractions et aux victimes de se voir proposer une « mesure de justice restaurative », « à l’occasion de toutes procédures pénales et à tous les stades de la procédure, y compris lors de l’exécution de la peine ». Expérimentée sur plusieurs territoires pilotes de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) entre 2018 et 2020, elle se généralise aujourd’hui également chez les mineurs. Entré en vigueur en 2021, le Code de la justice pénale des mineurs (CJPM) l’intègre en différents endroits : en tant que principe général, et aux articles L. 13-4, de manière autonome à la procédure sur le modèle de l’article 10-1 du Code de procédure pénale (CPP), et L. 112-8, intégrée aux modules de réparation pénale.

      Cette recherche s’est donné pour but de comprendre et de documenter le fonctionnement de la justice restaurative en France, dans sa triple dimension de politique publique menée par le gouvernement et l’institution judiciaire, de processus mobilisant des professionnel·les et des bénévoles, et de pratiques engageant les justiciables. Elle entend cerner les effets de différentes formes de dispositifs sur les participant·es (personnes victimes et personnes auteurs, leurs proches, leurs familles et, plus largement, leur environnement social). D’une part, elle permet de faire avancer la réflexion sur les méthodes d’évaluation, à partir d’une discussion approfondie de la littérature internationale et des premières évaluations produites localement qui met en évidence la diversité des protocoles évaluatifs, leurs soubassements théoriques, leurs apports et leurs limites comparés. D’autre part, elle fait le pari de produire, avec les outils ordinaires des sciences sociales et une épistémologie de recherche fondamentale, des résultats originaux sur ce qu’il se passe à l’intérieur même des dispositifs de justice restaurative les plus répandus en France et sur leurs effets sur les participant·es.

      La recherche s’inscrit dans la continuité des travaux amorcés par les différents partenaires du projet qui sont à la fois chercheur·ses et praticien·nes, mais également chercheur·ses non praticien·nes issu.es de disciplines variées (droit, criminologie, psychologie, sociologie, science politique). Nous avons toutefois innové en faisant dialoguer des praticien·nes, des acteur·rices et des chercheur·ses qui ne partagent pas tous les mêmes positionnements et points de vue. Ce dialogue s’est principalement ancré dans des ateliers de réflexion conjoints sur l’évaluation des dispositifs de justice restaurative, mais également dans la pratique. En effet, une part de l’enquête de terrain – les focus groups – a directement associé des chercheur·ses du CNRS, des institutions spécialisées que sont l’École national de la protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ) et l’École nationale d’administration pénitentiaire (ENAP) et des associations spécialisées que sont l’Association de recherche en criminologie appliquée (ARCA) et l’Institut français pour la justice restaurative (IFJR).

      La suite de l’enquête, menée entre 2022 et 2023 en collaboration avec d’autres chercheuses (Émeline Fourment, Johanna Lauret), a consisté en une série d’observations directes et d’entretiens semi-directifs. Nous avons observé des mesures en situation (rencontres entre groupes d’auteurs et de victimes, médiations, pratiques restauratives) et produit tout un travail en amont (réunions des groupes-projets, comités de pilotage avec les juridictions, événements de sensibilisation, etc.). Nous avons réalisé des entretiens semi-directifs avec des participant·es (auteurs et victimes) et des encadrant.es (animateur·rices, coordinateur·rices, accompagnant. es, membres de la communauté), sur cinq terrains disséminés en France. Un terrain supplémentaire a également été mené pour approfondir notre compréhension de la justice restaurative en France en tant que politique publique et l’articuler à nos observations sur le terrain (observation de la journée de lancement de l’expérimentation nationale à la cour d’appel d’Aix-en-Provence, échanges avec des représentants du ministère de la Justice, entretiens avec des membres des directions ministérielles investies dans la justice restaurative). Sur ces bases, ce rapport dresse le portrait d’une justice restaurative fragile, voire fragilisée, à l’échelle nationale, mais active sur certains territoires bien délimités localement. Il voit à travers la justice restaurative une forme de reconnexion, certes limitée, des participant·es avec l’État – un État qui donne du temps, de l’écoute, de la reconnaissance, une aide pratique, à des personnes qui en étaient éloignées et ont souvent été éprouvées par l’expérience de la justice pénale. Les contenus et effets des mesures, longuement décrits en partie 4, restent disparates. Néanmoins, le rapport donne à voir certains traits communs, dont notamment les effets systématiquement produits (au moins à court terme) sur l’estime de soi et les sociabilités des individus qui y participent, autant que sur celles des personnes qui les mettent en œuvre.

      https://gip-ierdj.fr/fr/publications/pratiques-et-effets-de-la-justice-restaurative-en-france

      #rapport

  • "Le travail de mémoire est une étape fondamentale dans la reconstruction de soi."

    Renée Dickason, professeure en civilisation et histoire contemporaine à l’Université Rennes 2, porte le projet aLPHa, lauréat en février 2023 de l’appel émergence TISSAGE. Ce financement va permettre de franchir une première étape dans l’impulsion d’un projet de création de #Mémorial vivant virtuel des survivant·es de viol(ence)s, sous le patronage du Pr. Dr. #Denis_Mukwege, prix Nobel de la Paix et Docteur Honoris Causa de l’Université Rennes 2.

    Votre projet, aLPHa, est lauréat de l’appel émergence TISSAGE (https://www.univ-rennes.fr/saps-tissage). C’est le premier jalon d’un projet plus vaste de création de « Mémorial vivant virtuel des survivant·es de viol(ence)s », sous le patronage du Pr. Dr. Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix. De quoi s’agit-il précisément ?

    Renée Dickason. Notre projet porte sur une réalité sociale lourde : les viols et les #violences faites aux femmes, aux enfants, aux vulnérables, abordés à travers les #témoignages de survivant·e·s (terme de Denis Mukwege) dans des situations de #guerres, de #conflits et de #paix.

    Face à ce problème de société prégnant, aux enjeux multiples, nous avons souhaité développer un agir collectif qui fasse société en nous concentrant sur la #libération_des_paroles, le #recueil des #mots substantialisant les #maux et la nécessaire #mise_en_mémoire de ces témoignages dans l’écriture d’une histoire singulière, plurielle et tout à la fois universelle.

    C’est dans ce cadre que nous avons déposé une réponse à l’appel à projets « émergence » de recherches participatives TISSAGE (Triptyque Science Société pour Agir Ensemble) : le projet aLPHa, qui a été retenu par le jury. Suite à la signature d’une convention bipartite, il est prévu que nous bénéficions d’un accompagnement financier d’amorçage d’un montant de 3 000 euros.

    aLPHa s’inscrit dans une dynamique globale autour de la lutte contre les #violences_genrées, en particulier celles à l’encontre des femmes, quel que soit le contexte culturel, géopolitique, social ou sociétal considéré, le phénomène étant universel.

    aLPHa a été imaginé comme un laboratoire co-partenarial d’expérimentations à ciel ouvert, qui constitue, en effet, un premier jalon, assez modeste car naissant, mais utile pour impulser un projet d’une envergure plus large qui nécessitera des financements pérennes, celui de la création progressive d’un Mémorial vivant virtuel des survivant·e·s de viol(ence)s, sous le patronage du Pr. Dr. Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix et Docteur Honoris Causa de l’Université Rennes 2 (octobre 2022).

    Dans le cadre du projet aLPHa, nous espérons tisser des liens, recueillir des soutiens et ouvrir nos collaborations à des acteurs locaux et régionaux de la société civile, à des associations sur les droits humains et/ou qui interviennent à différents stades de la #réparation, de la #reconstruction ou de l’#accompagnement des #victimes / survivant·e·s de viol(ence)s, ou encore à des entreprises responsables et sincères, des responsables du secteur privé sur le territoire breton et des élus locaux…

    Phénomènes malheureusement universels, les violences sexuelles sont des expériences banalisées et souvent réduites au silence. Elles présentent des similarités malgré la pluralité des contextes où elles ont lieu. Dans le cadre d’aLPHa, nous allons entamer une série d’entretiens de survivant·e·s, réfugié·e·s, exilé·e·s, migrant·e·s, accompagné·e·s et suivi·e·s dans différentes structures, à Rennes. Nous allons aussi organiser, avec plusieurs membres fondateurs de notre projet, un « atelier témoignages » avec des survivant·e·s congolaises et certain·e·s de celles et ceux qui les aident et les accompagnent.

    En prolongement, et dans un autre périmètre que celui du projet aLPHa, le recueil de témoignages se fera aussi sur les lieux des exactions ou dans des zones de tension ou dans des structures de prise en soins, de formation ou de réinsertion, dans un but cathartique individuel et collectif, et avec une visée de reconstruction personnelle et/ou historique des faits. Tous ces aspects sont à l’étude avec des collègues médecins et psychologues, dont l’expertise permettra de se prémunir des risques (non souhaités, à l’évidence) de re-traumatisations des victimes.

    Colliger des témoignages de survivant·e·s déplacé·e·s dans leur pays, des survivant·e·s ayant vécu ou vivant dans des camps et/ou recueilli·e·s dans des centres d’accueil ou de réinsertion nécessite des partenariats multiples, qui vont s’engager en parallèle et dans la poursuite d’aLPHa. Nous avons, à cet égard, commencé à établir des conventions de recherche entre l’Université Rennes 2 et des centres en République Démocratique du Congo et au Kenya. Cette dimension du projet est soutenue et sera cofinancée par plusieurs laboratoires de l’Université Rennes 2 (ACE, ERIMIT, LIDILE, LP3C, Tempora).
    Pourquoi est-il important de mettre en mémoire la parole des survivant·es ? Comment cette mémorialisation se construit-elle ?

    R. D. Pour les victimes, les survivant·e·s de violences sexuelles (excision, viol, esclavage…), celles qui font face à des contextes de conflits notamment, il s’agit de chercher à s’échapper en s’engageant sur les chemins de l’exil et à s’extraire du trauma(tisme) ; ceci alors que viennent s’entretisser plusieurs trajectoires de violences et de vulnérabilités. Le poids du trauma(tisme) est alourdi par la souffrance psychique surajoutée qui découle de prises en soins parcellaires, de handicaps cumulés, ou encore du déracinement, de l’arrachement, voire de l’errance culturels… une pluralité de facteurs renforçant le silence, l’impossible communicabilité autour des expériences vécues.

    Il nous est apparu, après plusieurs échanges avec des personnes ayant subi des violences sexuelles et après plusieurs rencontres et discussions avec le Professeur Docteur Denis Mukwege, que le travail de mémoire est une étape fondamentale dans la reconstruction de soi, que ce soit de manière individuelle ou collective.

    Mettre en mémoire la #parole des survivant·e·s est donc une étape nécessaire qui s’ajoute à d’autres mécanismes et préoccupations qui caractérisent, par exemple, la #justice_transitionnelle et les initiatives déployées dans la quête d’une #vérité_réparatrice, le plus souvent essentiellement basée sur la reconnaissance des exactions, des violations des #droits_humains.

    La #mémorialisation se construit en plusieurs phases : dévoilement, collecte, partage, puis analyse des témoignages.

    Étape indispensable pour contribuer à la fabrique de l’Histoire face aux omerta multiples, la mise en mots des maux, la « re-visibilisation » d’une histoire invisibilisée, occultée, la libération d’une parole enfouie, cachée, parfois interdite, prolongent un cheminement personnel thérapeutique.

    Vous l’avez compris, une partie de notre projet global réside dans la collecte mais aussi dans la création d’« archives vivantes », où les témoignages de rescapé·e·s, de survivant·e·s (toujours en vie, et c’est un point d’importance !) auront une place centrale. Quatre mots-clés sous-tendent toutes leurs trajectoires : trauma(tisme), réparation, reconstruction, mémoire.

    La mise en mémoire, la mémorialisation des expériences vécues des victimes, survivant·e·s de violences sexuelles dans le contexte d’une histoire « en train de s’écrire » seront croisées avec le regard des chercheurs impliqués.

    En révélant leur #vérité_subjective, les victimes qui témoignent seront actives dans leur processus de reconstruction et dans la mise en récit d’une histoire à la fois intime, personnelle et commune. Livrant leur #vécu et celui de leurs semblables, ces #personnes-histoires-témoins contribueront, ipso facto, outre à reprendre #confiance en elles-mêmes, à faire évoluer les mentalités et les regards portés sur les survivant·e·s et les violences. Ceci d’autant que ces témoignages auront vocation à être accessibles, à terme, à un public élargi, à travers le Mémorial vivant virtuel des survivant·e·s de viol(ence)s.

    Pouvez-vous nous expliquer en quoi votre recherche est interdisciplinaire et participative ?

    R. D. Nous sommes un groupe d’universitaires, de psychologues et de médecins, venant de divers horizons disciplinaires et de différents secteurs. Nos travaux, par essence, interdisciplinaires (histoire et civilisation, anthropologie, littérature, psychologie, traductologie, médecine…) ont une finalité réflexive et éducative. Notre but est de contribuer à assurer la transmission, la bascule vers une dynamique collective de mise en partage et en expression des #expériences_vécues, afin de construire une #transition_sociale pleinement partagée, vertueuse et inclusive.

    Nos intérêts communs convergent autour d’objectifs à visée transformationnelle, des objectifs de responsabilité sociale et de développement durable tels qu’identifiés par l’ONU, des objectifs centrés sur le respect de la dignité et des droits humains, la lutte contre les violences genrées, la bonne santé et le bien-être, l’égalité de traitement et de prises en soins, une éducation de qualité, une paix responsable et pérenne.

    La nature de nos objets de recherche nous amène à nous pencher sur les interactions entre sciences et société et sur les interactions avec le tissu socio-économique et culturel, la société civile, tant pour essaimer les résultats de nos travaux que pour éveiller à certaines réalités troublantes et nécessitant une prise de conscience citoyenne, première étape dans la résolution des problèmes. Cette dimension participative est, d’ailleurs, centrale au projet aLPHa.

    Soucieux de faire évoluer les regards, les comportements et les mentalités relatifs aux questions complexes des violences sexuelles, conformément aux termes de la Charte des sciences et recherches participatives en France, nous sommes toujours sensibles à la possibilité d’ouvrir de nouveaux horizons réflexifs, de développer diverses formes de production de connaissances scientifiques, que ce soit par le truchement des arts ou par le relai d’espaces de paroles ponctuels et/ou de rencontres plus systématiques ou grâce à des collaborations entre la communauté scientifique et la société civile, telles que définies par l’UNESCO ou par le Comité économique et social européen.

    Autre précision, nos travaux sont régis par une charte éthique. Les données personnelles collectées nécessitent, en effet, une vigilance particulière du fait de leur caractère sensible, voire intime, afin de protéger la vie privée des survivant·e·s et de recueillir leur consentement et leur accord informé.

    Dans ce projet de recueil et de mise en lumière de témoignages de survivant·es – qui n’est pas sans évoquer le travail journalistique –, qu’est-ce que l’expertise des chercheur·ses vient apporter ?

    R. D. Question vaste et très intéressante qui soulève une réflexion complexe quant à la porosité des apports du travail des journalistes d’investigation, ici, face à celui des chercheurs toutes disciplines confondues… Outre le fait que les missions des uns et des autres évoluent, les attentes que l’on peut avoir d’un article rédigé par un journaliste diffèrent de celles que suscite la contribution d’un chercheur… le dialogue entre le journaliste et le chercheur enrichit indéniablement les débats et aide à faire avancer nos pensées… Le travail journalistique peut ainsi venir en complément de celui du chercheur et surtout aider à la diffusion des résultats.

    Au gré des registres abordés, de la maïeutique discursive mobilisée, des mots à appréhender, de la finesse des ressentis exprimés et de la nature des maux à guérir, la recherche au sens large du terme est protéiforme. Le travail journalistique permet, en somme de « prendre le pouls » des sujets porteurs de sens, investis par les chercheurs et/ou la société civile, de donner à voir et de questionner la diversité des perspectives dans la modalité du traitement des sujets.

    Pour faire simple, et de manière générale, dans ce type de problématique sanitaire, humanitaire, humaniste, sociétale, des correspondances peuvent se faire jour entre travail journalistique d’investigation et travail de recherche. Cela passe, par exemple, par des méthodes d’observation, de recueil de données, de conduite d’enquêtes... Par contre, les modalités d’analyse et de diffusion diffèrent. Sensibiliser, documenter, analyser, informer, alerter font certes partie du travail du chercheur, mais sa focale n’est pas la même que celle du journaliste. Ceci d’autant que la posture du chercheur, son approche, ne sont pas les mêmes selon le champ d’expertise. L’ampleur des dispositifs mis en œuvre est aussi à souligner car si le chercheur peut travailler seul, généralement, ses résultats sont ceux d’un travail d’équipe et le travail mené s’inscrit dans le temps long. Ce temps long de la recherche est, à l’évidence, un marqueur de nos réflexions de recherche autour de la mémorialisation.

    Dans une démarche de recueil et de mise en lumière de témoignages de survivant·e·s, victimes de trauma(tisme)s, des précautions s’imposent. Il s’agit pour nous de conduire des entretiens en équipe interdisciplinaire comprenant la présence de médecins et de psychologues. Au-delà de la transmission d’informations, d’analyses et de connaissances, les recherches, se nourrissant de croisements disciplinaires multiples, peuvent ouvrir des horizons et être vecteurs d’innovation grâce aux propositions/préconisations émergeant du travail mené.

    Enfin, le travail de recherche se nourrit de la confrontation à l’expertise d’autres chercheurs, d’autres cadres analytiques. Dans cette perspective, les échanges lors de divers types de manifestations scientifiques (séminaires, colloques...) ainsi que la mise en dialogue par écrits interposés (publication d’articles, de monographies) contribuent à nourrir le perfectionnement des outils d’analyse et à renouveler les questionnements. Un autre niveau est celui des productions à destination d’un public élargi (vulgarisation, « traduction » du travail de recherche par les journalistes) qui, par les allers-et-retours générés, viennent alimenter la réflexion sur la pertinence, la justesse de la démarche de recherche.
    Au-delà de sa dimension de recherche, votre projet ambitionne de proposer à l’avenir une formation aux survivant·es de violences. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

    R. D. Notre projet global, au-delà d’aLPHa donc et en complément du Mémorial, ambitionne de proposer à l’avenir une formation aux survivant·e·s de violences, une formation à visée holistique (la perspective holistique est, d’ailleurs, au cœur du modèle Panzi

    de Denis Mukwege). Selon les financements que nous pourrons réunir, il nous semble important de donner à ces victimes, ces témoins, ces survivant·e·s, des outils pratiques pouvant les aider à évoluer dans leur parcours personnel, à différents stades, dans leur cheminement, leur reconstruction et leur permettre de se prendre en charge, de faire entendre leur voix, de co-construire leur histoire individuelle et collective, d’écrire une histoire des survivant·e·s de violences, de faire évoluer les mentalités et les comportements…

    En d’autres termes, l’idée ici est d’encourager et d’outiller les survivant·e·s, de leur donner des clés pour développer un empowerment et un leadership au féminin.

    Face à l’empire du silence, il s’agirait de leur donner la chance, que certains ont voulu briser…

    … de se relever

    … de reprendre confiance en elles/eux

    … de s’émanciper

    … de faire entendre leur voix

    … d’affirmer leur place dans la société

    … de devenir des leaders de demain

    …et ainsi pour citer Denis Mukwege, « de changer le cours de l’Histoire ».

    https://nouvelles.univ-rennes2.fr/article/travail-memoire-est-etape-fondamentale-dans-reconstruction-so
    #viols #violence #survivants #VSS

    ping @karine4 @_kg_ @cede

  • Eliav Lieblich sur X : https://x.com/eliavl/status/1846602509193793607

    One of the dumbest tropes of fake-laws-of-armed-conflict on this hell site is that giving an advanced warning is enough to somehow change someone’s protected status. It’s as if I’d warn you that I’ll slap you, proceed to slap you, and then say hey I’ve warned you, so it’s OK

    Eliav Lieblich sur X
    https://x.com/eliavl/status/1847323926403153997

    Just some additional thoughts: normatively, warning someone of an impending harm can never in and of itself justify causing that harm to that person, absent an independent reason justifying that harm.

    The law is easy on this point: the fact that a precaution is taken or warning given does not alter the protected status of civilians.

    A warning can have normative implications in 2 cases:

    (a) when someone’s already liable to harm, and the warning is given to allow them to stop their conduct. Here, a warning may help to fulfill the “last resort” condition for force. This is irrelevant to protected civilians.

    (b) the other case is when a warning is given as an order by someone with legal authority, and thus disobeying can be sanctioned. In IHL, a type of legal authority exists under occupation. But while this law may envision sanctions, these don’t include loss of protected status.

    I suspect that those who argue that warning somehow changes someone’s status either assume a preexisting “guilt” and liability to harm, which causes them to view the warning as a supererogatory act to begin with;

    Or, alternatively, that they have a very extreme view of authority, which allows unlimited force as sanction;

    Or, that they think that a failure to adhere to a warning somehow grants the warning giver an absolute epistemic discount, “shifting the burden” to warned civilians - but this is of course both impractical for civilians and illegal.

    #civils #victimes_civiles

  • Association nationale d’aide aux #professionnels #victimes des #pesticides


    Le but premier de notre association est d’apporter un soutien complet aux professionnels victimes des pesticides.

    Ce soutien se matérialise par un accompagnement dans les démarches de demande de reconnaissance en maladie professionnelle, mais aussi en mettant les victimes en relation avec des experts scientifiques, médicaux et juridiques, lorsque cela s’avère nécessaire.

    Nous répondons également à deux objectifs : rendre justice aux professionnels victimes des pesticides et lutter contre la sous-évaluation des conséquences sanitaires des pesticides.

    De ces objectifs découlent plusieurs axes de travail :

    - Faire reconnaitre les pathologies professionnelles liées aux pesticides
    - Défendre les droits des malades
    - Agir pour que les produits nocifs soient retirés du marché
    - Travailler à la mise en place d’un système d’évaluation, d’homologation et d’autorisation des pesticides qui soit indépendant, transparent, et appliquant strictement le principe de précaution
    - Participer à des études scientifiques – épidémiologiques et toxicologiques – indépendantes sur les effets des pesticides sur la santé
    - Promouvoir des alternatives ne mettant plus en danger la santé des professionnels et de leurs proches
    - Soutenir la prévention.

    https://www.phyto-victimes.fr

    #empoisonnement #fleurs #fleuriste #travail #Phytovictimes Phytovictimes #santé #alternatives #association #pathologies_professionnelles #maladie #maladies_professionnelles #industrie_agro-alimentaire #précaution #principe_de_précaution

    En lien avec cet article signalé par @monolecte :
    https://seenthis.net/messages/1075776

  • Why wordfreq will not be updated
    wordfreq/SUNSET.md at master · rspeer/wordfreq · GitHub
    https://github.com/rspeer/wordfreq/blob/master/SUNSET.md

    The wordfreq data is a snapshot of language that could be found in various online sources up through 2021. There are several reasons why it will not be updated anymore.
    Generative AI has polluted the data
    I don’t think anyone has reliable information about post-2021 language usage by humans.

    #oups

  • Joseph Roth, Die Rebellion, Vorwärts, Berlin, 1924
    https://revolte.de/#!index.md


    Deux extrais, début et fin

    Die Baracken des Kriegsspitals Numero XXIV lagen am Rande der Stadt. Von der Endstation der Straßenbahn bis zum Krankenhaus hätte ein Gesunder eine halbe Stunde rüstig wandern müssen. Die Straßenbahn führte in die Welt, in die große Stadt, in das Leben. Aber die Insassen des Kriegsspitals Numero XXIV konnten die Endstation der Straßenbahn nicht erreichen.

    Sie waren blind oder lahm. Sie hinkten. Sie hatten ein zerschossenes Rückgrat. Sie erwarteten eine Amputation oder waren bereits amputiert. Weit hinter ihnen lag der Krieg. Vergessen hatten sie die Abrichtung; den Feldwebel; den Herrn Hauptmann; die Marschkompanie; den Feldprediger; Kaisers Geburtstag; die Menage; den Schützengraben; den Sturm. Ihr Frieden mit dem Feind war besiegelt. Sie rüsteten schon zu einem neuen Krieg; gegen die Schmerzen; gegen die Prothesen; gegen die lahmen Gliedmaßen; gegen die krummen Rücken; gegen die Nächte ohne Schlaf; und gegen die Gesunden.

    Nur Andreas Pum war mit dem Lauf der Dinge zufrieden. Er hatte ein Bein verloren und eine Auszeichnung bekommen. Viele besaßen keine Auszeichnung, obwohl sie mehr als nur ein Bein verloren hatten. Sie waren arm- und beinlos. Oder sie mußten immer im Bett liegen, weil ihr Rückenmark kaputt war. Andreas Pum freute sich, wenn er die anderen leiden sah.
    ...
    Indessen wurden die Apriltage warm, regenschwanger und wie süße Versprechungen. In den Nächten fühlte Andreas einen fernen Duft mit dem Winde daherkommen, seine Glieder wurden mehr müde als sonst. Er verlor das Interesse für viele Dinge. Sogar die Wiederaufnahme seines Verfahrens bekümmerte ihn nicht mehr. Er war alt, er war älter, als er selbst wußte. Schon ragte er hinüber ins andere Leben, während er noch die Pflastersteine dieser Erde trat. Seine Seele träumte sich ins Jenseits, wo sie heimisch war. Fremd kehrte sie in den Tag zurück.

    Seine Schmerzen verstärkten sich, sein Husten wurde noch trockener, die Anfälle dauerten länger. Er vergaß heute, was gestern geschehen war. Er sprach mit sich selbst. Er vergaß manchmal den Papagei und schrak auf, wenn dessen Stimme unvermutet krächzte. Der Tod warf einen großen blauen Schatten über Andreas.

    Da kam eines Tages eine gerichtliche Vorladung. Sie war genau wie die erste mit einem würdigen Amtssiegel versehen, ein weißer Adler erhob seine Schwingen auf blutrotem Grunde, und obwohl die Adresse von flüchtiger Hand geschrieben war und der Gerichte vielbeschäftigte Eile bewies, strömte das Schriftstück doch jene Würde aus, welche den portofreien und amtlichen Briefen innewohnt. Andreas las. Er wurde noch einmal für zehn Uhr vormittags bestellt.

    Er erinnerte sich wieder an seine Leiden, er arbeitete an einer Rede, er bereitete sich zu einer großen Anklage vor. »Hoher Gerichtshof«, wollte er sagen. »Ich bin ein Opfer dieser Verhältnisse, die Sie selbst geschaffen haben. Verurteilen Sie mich. Ich gestehe, daß ich ein Rebell bin. Ich bin alt, ich habe nicht lange mehr zu leben. Ich aber würde mich auch nicht fürchten, selbst, wenn ich jung wäre.« Noch viele tausend schöne und mutige Worte fielen Andreas ein. Er saß auf seinem Stuhl neben der blauen Personenwaage und flüsterte vor sich hin. Ein Herr verlangte Seife, und er hörte es nicht. Ignatz flatterte auf seine Schulter und bat um Zucker. Andreas fühlte ihn nicht.

    Kapitel 19

    Von einer Turmuhr schlug die zehnte Vormittagsstunde. Eine zweite Uhr wiederholte die zehn Schläge. Mit langgezogenen, wehklagenden Tönen fiel eine dritte ein. Viele Türme, alle Türme der großen Stadt warfen Glockenschläge hinunter auf die kupfernen Dächer.

    Andreas stand vor dem Richter. Die Vorladung hatte er soeben dem Gerichtsdiener übergeben. Der trug sie mit weihevoller Gebärde zum Schreiber, er schritt auf den Zehenspitzen, um die andächtige Stille des Gerichtssaals nicht durch den schweren Tritt seiner offenbar genagelten Stiefel zu unterbrechen, und dennoch war in seinem Gang etwas Gewichtiges, wie in dem Parademarsch eines lautlosen Gespenstes. Der Schreiber war uralt und hatte eine schiefe Schulter. Auch kurzsichtig schien er zu sein. Denn seine Nase berührte fast den Tisch, auf dem er schrieb, und die Spitze seines Federhalters ragte dünn und drohend, wie ein geschliffener Speer, über den Rand seines Kopfes. Noch hatte die Verhandlung nicht begonnen, und dennoch lief die Feder mit schnellen, raschelnden Lauten über das Papier, als gälte es, die Aussagen der Jahrhunderte abzuschreiben.

    Der Richter saß in der Mitte zwischen zwei blonden, wohlgenährten Männern mit blanken Glatzen. Andreas hätte gerne gewußt, was die beiden Männer dachten. Sie sahen aus wie Zwillinge und unterschieden sich lediglich dadurch, daß der eine die Enden seines Schnurrbarts emporgezwirbelt, der andere sie nach beiden Seiten, links und rechts, waagrecht ausgezogen hatte. Der Richter war bartlos. Er hatte ein unbewegliches Antlitz voll steinerner Majestät wie ein toter Kaiser. Seine Gesichtsfarbe war grau wie verwitterter Sandstein. Seine großen grauen Augen waren alt wie die Welt und schienen durch die Wände in ferne Jahrtausende zu blicken. Nicht bogenförmig gekrümmt, wie bei anderen Menschen, sondern waagrecht, wie zwei lange, schwarze Kohlenstriche standen die Brauen am unteren Rande der scharfen, kantigen Stirn. Die dünnen Lippen waren fest geschlossen, breit und blutigrot. So hätte dieses Angesicht wohl den Eindruck einer herzlosen Unerbittlichkeit hervorgerufen, wenn in der Mitte des männlichen starken Kinns nicht eine versöhnende, fast kindliche Mulde gewesen wäre. Der Richter trug einen schwarzen Talar mit einem kleinen, noch schwärzeren Samtkragen.

    Auf dem erhöhten Tisch, zwischen zwei weißen und dicken, aber nicht gleich großen Kerzen stand ein Kreuz, gelb und wuchtig, wie aus Würfeln aufgebaut. Es schien Andreas, daß dieses Kreuz aus den Seifenwürfeln bestand, die ihm Willi zum Verkauf übergeben hatte. Aber das war nur der Irrtum eines Augenblicks. Andreas sah ein, daß ein Kreuz niemals aus Seife sein könne und daß es sündhaft wäre, so etwas zu denken.

    Er war gespannt auf den Gang der Verhandlung. Manchmal ging die Tür auf. Dann sah Andreas auf einer Bank im Korridor seine Frau Katharina, die kleine Anni, den Herrn von der Plattform der Straßenbahn und seltsamerweise auch den rotbackigen Händler, der den Esel gekauft hatte. Das waren die Zeugen. Wo aber blieben der Polizist und der Schaffner?

    Der Richter verlas den Namen: Andreas Pum, er murmelte die Daten, die Konfession, den Geburtsort, den Beruf. Dann erhob er seine Stimme, die tief und weich war, und sagte ein paar Worte, die wie in Samt gehüllt waren. Andreas hatte nur den Klang der Stimme gehört und nicht, was der Richter sagte. Dennoch wußte er, daß man ihn aufforderte zu erzählen.

    Plötzlich entsann er sich, daß er noch die bunten Orden an seiner Brust trug, die ihm Willi gekauft hatte. Er riß sie schnell herunter und behielt sie in der Faust. Gleichzeitig bemerkte er, daß die Wände des Gerichtssaales aus blaßblauen Kacheln bestanden, nämlich denen der Toilette im Café Halali. Von der Decke, die unendlich hoch sein mußte, zu der er aber nicht emporzublicken wagte, wehte es kühl und duftend, wie im Sommer aus einem verdunkelten Friseurladen.

    Er hustete einmal kurz und begann zu sprechen. Er fing mit der Schilderung der Szene auf der Plattform an. Aber der Richter streckte seine lange, schöne Hand aus, die aus den weiten Ärmeln der Toga weiß und edel herauswuchs, und machte eine abwehrende Bewegung. Zugleich ertönte seine Stimme, weich und dunkel, obwohl er die Lippen gar nicht bewegte. Das schien Andreas sehr wunderbar. Er hatte einmal als Knabe einen Bauchredner gehört. Aber dessen Stimme hatte grölend geklungen. Außerdem war ein Richter bestimmt kein Bauchredner. Wie aber war es dennoch möglich, daß er mit geschlossenen Lippen klar und rein die Worte sprach:

    »Andreas, was hast du auf dem Herzen?«

    Andreas wunderte sich noch mehr über das »Du«. Aber plötzlich fiel ihm ein, daß er ja ein kleiner Junge war. Er trug kurze Hosen. Er hatte beide Beine und war barfuß. Seine Knie waren vom letzten Fall auf die Kieselsteine des Schotterhaufens am Flußufer zerschunden, rot und brennend.

    Er dachte gerade über diese seltsame Verwandlung nach, als Musik ertönte. Im ersten Augenblick erinnerte sie an den Leierkasten. Dann aber schwollen die Klänge an, sie rauschten, fluteten, sanken wieder in sich zusammen, begannen zu flüstern, entfernten sich und kehrten zurück. Viele Menschen waren im Saal. Sie knieten nieder. Die Kerzen zu beiden Seiten des Kreuzes brannten golden und verbreiteten einen Duft von Weihrauch und Stearin.

    Da begriff Andreas, daß er tot war und vor dem himmlischen Richter. Auch war er kein Knabe mehr. Er allein stand im ganzen Saal unter tausend Knienden. Er trat einen Schritt vor und stieß die Krücke auf, aber sie verursachte kein Geräusch. Andreas merkte, daß er auf weichen Wolken stand. Er erinnerte sich an die Rede, die er für die irdische Gerichtsverhandlung präpariert hatte. Ein starker Zorn wuchs in ihm, sein Angesicht flammte, und seine Seele gebar Worte, zornige, purpurne Worte, tausend, zehntausend, Millionen Worte. Nie hatte er sie gehört, gedacht oder gelesen. Tief in ihm hatten sie geschlafen, gebändigt von dem armseligen Verstand, verkümmert unter der grausamen Hülle des Lebens. Jetzt sprossen sie auf und fielen von ihm ab wie Blüten von einem Baum. Im Hintergrund klang leise und in feierlicher Wehmut die Musik. Andreas hörte sie zugleich mit dem Rauschen seiner eigenen Rede:

    Aus meiner frommen Demut bin ich erwacht zu rotem, rebellischem Trotz. Ich möchte Dich leugnen, Gott, wenn ich lebendig wäre und nicht vor Dir stünde. Da ich Dich aber mit meinen Augen sehe und mit meinen Ohren höre, muß ich Böseres tun als Dich leugnen: ich muß Dich schmähen! Millionen meinesgleichen zeugst Du in Deiner fruchtbaren Sinnlosigkeit, sie wachsen auf, gläubig und geduckt, sie leiden Schläge in Deinem Namen, sie grüßen Kaiser, Könige und Regierungen in Deinem Namen, sie lassen sich von Kugeln eiternde Wunden in die Leiber bohren und von dreikantigen Bajonetten in die Herzen stechen, oder sie schleichen unter dem Joch Deiner arbeitsreichen Tage, sonntägliche, saure Feste umrahmen mit billigem Glanz ihre grausamen Wochen, sie hungern und schweigen, ihre Kinder verdorren, ihre Weiber werden falsch und häßlich, Gesetze wuchern wie tückische Schlingpflanzen auf ihren Wegen, ihre Füße verwickeln sich im Gestrüpp Deiner Gebote, sie fallen und flehen zu Dir, und Du hebst sie nicht auf. Deine weißen Hände müßten rot sein, Dein steinernes Angesicht verzerrt, Dein gerader Leib gekrümmt, wie die Leiber meiner Kameraden mit Rückenmarkschüssen. Andere, die Du liebst und nährst, dürfen uns züchtigen und müssen Dich nicht einmal preisen. Ihnen erläßt Du Gebete und Opfer, Rechtschaffenheit und Demut, damit sie uns betrügen. Wir schleppen die Lasten ihres Reichtums und ihrer Körper, ihrer Sünden und ihrer Strafen, wir nehmen ihnen den Schmerz und die Sühne ab, ihre Schuld und ihre Verbrechen, wir morden uns selbst, sie brauchen es nur zu wünschen; sie wollen Krüppel sehen, und wir gehen hin und verlieren unsere Beine aus den Gelenken; sie wollen Blinde sehen, und wir lassen uns blenden; sie wollen nicht gehört werden, also werden wir taub; sie allein wollen schmecken und riechen, und wir schleudern Granaten gegen unsere Nasen und Münder; sie allein wollen essen, und wir mahlen das Mehl. Du aber bist vorhanden und rührst Dich nicht? Gegen Dich rebelliere ich, nicht gegen jene. Du bist schuldig, nicht Deine Schergen. Hast Du Millionen Welten und weißt Dir keinen Rat? Wie ohnmächtig ist Deine Allmacht! Hast Du Milliarden Geschäfte und irrst Dich in den einzelnen? Was bist Du für ein Gott! Ist Deine Grausamkeit Weisheit, die wir nicht verstehen – wie mangelhaft hast Du uns geschaffen! Müssen wir leiden, weshalb leiden wir nicht alle gleich? Hast Du nicht genug Segen für alle, so verteile ihn gerecht! Bin ich ein Sünder – ich wollte Gutes tun! Weshalb ließest Du mich die kleinen Vögel nicht füttern? Nährst Du sie selbst, dann nährst Du sie schlecht. Ach, ich wollte, ich könnte Dich noch leugnen. Du aber bist da. Einzig, allmächtig, unerbittlich, die höchste Instanz, ewig – und es ist keine Hoffnung, daß Dich Strafe trifft, daß Dich der Tod zu einer Wolke zerbläst, daß Dein Herz erwacht. Ich will Deine Gnade nicht! Schick mich in die Hölle!

    Die letzten Sätze hatte Andreas nach einer unbekannten fremden, wunderbaren Melodie gesungen. Immer noch klang die Musik wie ein Orchester aus tausend Seufzern.

    Da hob der Richter die Hand, und seine Stimme tönte: »Willst du ein Diener im Museum sein oder Wächter in einem grünen Park oder einen kleinen Tabakverschleiß an der Straßenecke haben?«

    »Ich will in die Hölle!« antwortete Andreas.

    Da war auf einmal Muli, der kleine Esel, neben Andreas und führte den Leierkasten, aus dem Töne drangen, obwohl die Kurbel nicht bewegt wurde. Der Papagei Ignatz stand auf Andreas’ Schulter. Der Richter erhob sich, er wurde groß und größer, sein graues Angesicht begann weiß zu leuchten, seine roten Lippen öffneten sich und lächelten. Andreas begann zu weinen. Er wußte nicht, ob er im Himmel oder in der Hölle war.

    Man sperrte die Herrentoilette im Café Halali und ließ die Herren in die Damenabteilung für diesen Abend. Nachdem sich alle Gäste entfernt hatten, schaffte man die Leiche Andreas Pums weg. Sie kam nach einigen Tagen, weil gerade Leichenmangel war und obwohl sie nur ein Bein hatte, ins Anatomische Institut und erhielt, dank einem geheimnisvollen Zufall, die Nummer 73, dieselbe, die der Häftling Andreas getragen hatte. Ehe man die Leiche in den Seziersaal trug, kam Willi, um Abschied zu nehmen. Er wollte gerade anfangen zu weinen. Da fiel ihm schnell das Lied ein, das er immer zu pfeifen pflegte.

    Und pfeifend ging er, einen Greis für die Toilette suchen.

    #guerre #victimes #catholicisme #Gretchenfrage

  • L’alcool, cause majeure mais sous-estimée de la violence ordinaire | Luc Bronner
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/07/16/l-alcool-cause-majeure-mais-sous-estimee-de-la-violence-ordinaire_6250521_32

    Sur plus de huit cents dossiers de #violences volontaires étudiés dans le ressort du tribunal [de Béziers], il apparaît que, dans les trois quarts des cas, les auteurs avaient consommé de l’#alcool, des stupéfiants ou les deux. « La place de l’alcool et des stupéfiants dans ces violences est inversement proportionnelle à celle qu’elle occupe dans les débats publics, insiste le procureur. En matière de #délinquance, on ne regarde que les conséquences, on s’intéresse peu aux causes profondes. »

    L’OPA intellectuelle et politique réalisée par la droite et l’extrême droite sur les sujets de sécurité en France depuis deux décennies a popularisé l’idée que le pays était soumis à un niveau inédit de violences provoquées, pêle-mêle, par les jeunes, les jeux vidéo, le cannabis, l’immigration, l’islam radical, etc. Après une série de faits divers, en mai 2023, le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, avait lui-même repris l’idée d’un processus de « décivilisation » pour expliquer la montée des délits et des crimes en France. Or, une des constantes de ces violences réside plutôt dans un des piliers, de fait, de notre « civilisation » : les addictions et leurs conséquences (en particulier pour l’alcool), banalisées au point d’en être devenues presque invisibles alors que cette circonstance aggravante remplit les cellules de garde à vue, les tribunaux puis les prisons, que ce soit à Béziers, autoproclamée « capitale mondiale du #vin », une des villes où l’extrême droite a triomphé au premier tour des législatives (68 %), ou dans le reste du territoire.

    Les premiers à en témoigner sont ceux qui prennent des coups. Selon une enquête de victimation publiée fin 2023 par le ministère de l’intérieur, 27 % des personnes #victimes de violences physiques estimaient que leurs agresseurs étaient sous l’emprise d’alcool ou de drogue. Dans son programme de travail, la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (#Mildeca) a retenu le chiffre de 30 % à 40 % des cas de condamnations pour violences dans lesquels l’alcool serait impliqué. « On est certain que c’est un cofacteur très important des violences du quotidien », relève Nicolas Prisse, président de la Mildeca.

    Le tableau est particulièrement sombre pour les violences intrafamiliales. Au centre de formation à la police judiciaire de la gendarmerie, à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), l’adjudante-cheffe Sophie Merle fait parler la vingtaine de gendarmes appelés à devenir des référents dans ce domaine. C’est sur l’alcool qu’ils s’arrêtent le plus longuement pour témoigner de leur expérience. « A un moment, pour les interventions de nuit, on s’est dit qu’on allait noter chaque fois que l’alcool était impliqué. Finalement, c’est l’inverse, on relève plutôt quand il n’y a pas d’addictions tellement c’est rare », pointe une officière en poste dans l’Oise. « La nuit, c’est présent dans 90 % de nos interventions », souligne la militaire. « Ça désinhibe complètement », ajoute un gendarme. « C’est massif, parce que c’est un produit en vente libre et pas cher », complète l’adjudante-cheffe.

    Les scientifiques constatent, dépités, le peu d’échos des discours sur la #prévention. « Les responsables politiques ne s’attaquent pas à ce sujet. Ils savent très bien que le coût social des #addictions est élevé. Mais ils font le calcul que le coût électoral l’est aussi », relève Sebastian Roché, directeur de recherche au CNRS. « Bien qu’il représente le #psychotrope le plus fortement associé aux violences, on attend toujours une opération “place nette XXL” pour l’alcool dans l’un des pays les plus consommateurs du monde, ajoute le professeur en psychologie sociale, Laurent Bègue-Shankland. Le coût astronomique de l’alcool pour la société française devrait réveiller le monde politique et pousser à une cure collective de désintoxication. » Un coût social et sanitaire annuel évalué par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) à 102 milliards d’euros pour l’alcool, contre un peu moins de 8 milliards pour les #drogues illégales. Une différence due à l’impact sanitaire de l’alcool avec plus de 40 000 morts de maladie par an.

    • Voilà.

      Si je picole (ce qui m’arrive fort peu), je ne me mets pas à taper tout le monde ou à agresser.

      Quand on était jeunes, c’est arrivé une fois à monsieur de se montrer agressif sous alcool. J’ai été très claire : ce serait la dernière fois.
      Plus jamais eu de problème d’agressivité.

      L’alcool, dans un coin comme le Gers rural, c’est une autre histoire, mais pour moi, c’est clair que les virilistes sont restés bloqués à l’époque où ça permettait de justifier tranquillou des pains dans la gueule qui ne passaient pas socialement quand t’étais à jeun et tout aussi agressif.
      Y a toujours la très forte ritualisation de la 3e mi-temps de rugby, une bonne occase de profiter des filles sans se faire rejeter par la communauté ensuite.

      En fait, je distingue très bien l’alcoolisme qui est un gros problème de santé et d’addiction de la violence qui est un problème patriarcal.

  • Pollution de l’air : 8,1 millions de personnes sont mortes en #2021

    Devant le tabac ou l’alcool, la pollution de l’air est le deuxième facteur de risque de décès dans le monde, avec un nouveau chiffre de 8,1 millions de personnes décédées en 2021, selon la cinquième édition du #rapport « #State_of_Global_Air », publié le 19 juin. Cela représente un décès sur huit dans le monde.

    D’un bout à l’autre de la planète, la population mondiale marche au milieu d’un air invisible et pourtant pollué. « Pratiquement tous les habitants de la planète respirent chaque jour des niveaux de pollution atmosphériques nocifs, avec des répercussions considérables sur la santé », établit le rapport « State of Global Air ».

    Les gaz d’échappement des véhicules ou la combustion du bois et charbon des activités industrielles et agricoles produisent quotidiennement des particules fines extérieures (PM2,5), qui rejoignent l’air. Toutes petites, ces particules s’infiltrent dans les poumons et pénètrent la circulation sanguine : elles provoquent des maladies cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, du diabète, des cancers du poumon, et 90 % des décès dus à la pollution atmosphérique, soit 7,8 millions de personnes.

    À l’échelle de la France, chaque année, 40 000 décès sont attribuables chaque année aux particules fines, selon Santé Publique France.
    Les enfants, premières victimes de la pollution atmosphérique

    Naissances prématurées, insuffisance pondérale, maladies pulmonaires… Les enfants de moins de cinq ans sont très vulnérables face à la pollution de l’air. En 2021, la mort de 700 000 enfants de moins de cinq ans était liée à une exposition à la pollution atmosphérique, cela en fait le deuxième facteur de risque de décès dans le monde pour cette tranche d’âge, après la malnutrition.

    Rédigé conjointement avec l’UNICEF, le rapport des instituts de recherches américains Health Effects Institute (HEI) et Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), met en avant la responsabilité des combustibles polluants dans les décès infantiles. En Afrique et en Asie, la cuisson en intérieur avec des combustibles polluants rend toxique l’air domestique. Ce dernier est responsable de 500 000 décès infantiles.

    Le rapport apporte toutefois une bonne nouvelle : depuis l’année 2000, « le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans a chuté de 53 % ».
    Le changement climatique augmente la pollution

    La pollution atmosphérique augmente aussi le réchauffement de la planète. La combustion de combustibles fossiles et de biomasse dans le secteur des transports, celui de l’habitat ou des centrales électriques, est responsable de la production de la pollution atmosphérique qui augmente le gaz à effet de serre, et réchauffe ainsi la planète.

    Les populations les plus vulnérables sont disproportionnellement touchées par les risques climatiques et la population de l’air. « Les régions où les niveaux de NO 2 (dioxyde d’azote N.D.L.R.) sont élevés peuvent s’attendre à voir augmenter les niveaux d’ozone, ce qui aura des effets encore plus graves sur la santé », rapporte les chercheurs. Le NO 2 provient massivement des gaz d’échappement des véhicules : les zones urbaines, notamment dans les pays à revenu élevé enregistrent « les niveaux les plus élevés d’exposition au NO 2 et d’effets sur la santé ».

    34 % de la population mondiale vit dans des zones qui dépassent même les objectifs provisoires les moins stricts de l’OMS en matière de qualité de l’air. « Cela indique clairement que les villes et les pays doivent considérer la qualité de l’air et la pollution atmosphérique comme des facteurs à haut risque lorsqu’ils élaborent des politiques de santé et d’autres programmes de prévention et de contrôle des maladies non transmissibles », se sont prononcés les auteurs du rapport.

    https://www.humanite.fr/environnement/climat/pollution-de-lair-81-millions-de-personnes-sont-mortes-en-2021

    #pollution #pollution_de_l'air #victimes #statistiques #chiffres #monde #morts #pollution_atmosphérique

    • State of Global Air Report 2024

      The State of Global Air 2024 reports provides a comprehensive analysis of data for air quality and health impacts for countries around the world. The analysis finds that:

      ● Air pollution accounted for 8.1 million deaths globally in 2021, becoming the second leading risk factor for death, including for children under five years. Of the total deaths, noncommunicable diseases including heart disease, stroke, diabetes, lung cancer, and chronic obstructive pulmonary disease (COPD) account for nearly 90% of the disease burden from air pollution.

      ● In 2021, more than 700,000 deaths in children under 5 years were linked to air pollution; this represents 15% of all global deaths in children under five.

      As in previous years, the State of Global Air 2024 report and accompanying website provides comprehensive data on the levels and trends in air quality and health for every country in the world. This State of Global Air report was produced in partnership with UNICEF. In the State of Global Air 2024 interactive app (

      The State of Global Air 2024 reports provides a comprehensive analysis of data for air quality and health impacts for countries around the world. The analysis finds that:

      ● Air pollution accounted for 8.1 million deaths globally in 2021, becoming the second leading risk factor for death, including for children under five years. Of the total deaths, noncommunicable diseases including heart disease, stroke, diabetes, lung cancer, and chronic obstructive pulmonary disease (COPD) account for nearly 90% of the disease burden from air pollution.

      ● In 2021, more than 700,000 deaths in children under 5 years were linked to air pollution; this represents 15% of all global deaths in children under five.

      As in previous years, the State of Global Air 2024 report and accompanying website provides comprehensive data on the levels and trends in air quality and health for every country in the world. This State of Global Air report was produced in partnership with UNICEF. In the State of Global Air 2024 interactive app, you can explore, compare, and download data and graphics reflecting the latest air pollution levels and associated burden of disease for over 200 individual countries, territories, and regions, as well as track trends from 1990 to 2021.
      ), you can explore, compare, and download data and graphics reflecting the latest air pollution levels and associated burden of disease for over 200 individual countries, territories, and regions, as well as track trends from 1990 to 2021.

      https://www.stateofglobalair.org/resources/report/state-global-air-report-2024
      #cartographie #visualisation

    • Le patron de Boeing admet la « gravité » de la situation devant une commission du Sénat

      Le patron de Boeing Dave Calhoun a reconnu mardi la « gravité » de la situation concernant la qualité de la production du constructeur, assurant devant une commission d’enquête du Sénat américain, que des progrès avaient d’ores et déjà été effectués.

      Assis derrière lui dans le public, se trouvaient des proches des victimes des crashes de Boeing 737 MAX 8 en 2018 et 2019, qui brandissaient des photos de leurs disparus.

      Au début de son témoignage, M. Calhoun s’est levé, a fait volte-face et présenté des excuses « au nom de tous les employés de Boeing à travers le monde, passés et présents, pour (leurs) pertes ».

      « Je m’excuse pour le chagrin que nous avons causé, et je veux que vous sachiez que nous sommes totalement mobilisés, en leur mémoire, à travailler et à nous concentrer sur la sécurité aussi longtemps » que nécessaire.

      « Encore une fois, je suis désolé », a ajouté le dirigeant, avant de reprendre sa place face aux sénateurs.

      « Notre culture est loin d’être parfaite, mais nous prenons des mesures et nous progressons », a affirmé M. Calhoun.

      « Nous comprenons la gravité, et nous nous engageons à aller de l’avant en toute transparence et prise de responsabilité, tout en augmentant l’investissement des employés ».

      C’est la première fois que M. Calhoun était interrogé publiquement par des officiels depuis l’incident du 5 janvier, lorsqu’un 737 MAX 9, livré en octobre à la compagnie Alaska Airlines, a perdu en vol une porte-bouchon -opercule condamnant une issue de secours redondante.

      « C’est un défaut de fabrication. Cela a créé un avion dangereux », a admis M. Calhoun.

      Selon l’Agence américaine de sécurité des transports (NTSB), plusieurs boulons d’attache n’avaient pas été remis en place après une intervention sur la chaîne d’assemblage.

      Boeing cumule, depuis de longs mois, des problèmes de production et de qualité sur ses avions commerciaux (737 MAX, 787 Dreamliner et 777).
      Promesses « vides »

      « C’est une culture qui continue de donner la priorité aux bénéfices, de pousser les limites et d’ignorer ses employés », a dénoncé le sénateur démocrate Richard Blumenthal, président de la commission d’enquête. Les promesses faites par Boeing après les crashes -qui ont fait 346 morts- n’ont été que des « coquilles vides ».

      S’adressant directement à M. Calhoun, il lui a reproché « l’érosion de la culture de sécurité » pour « prendre soin de (ses) actionnaires ».

      M. Calhoun a été nommé directeur général début 2020 -il était administrateur depuis 2009- pour redresser le groupe. Mais les défaillances de production ont précipité son départ à la retraite, d’ici fin 2024.

      Plusieurs audits et enquêtes ont identifié de nombreux problèmes de « non-conformité » et des lacunes, en particulier dans le contrôle qualité.

      Cette commission d’enquête a déjà entendu, mi-avril, quatre lanceurs d’alerte. Elle a publié mardi de nouveaux éléments rapportés par d’autres lanceurs d’alerte.

      Boeing a remis fin mai un « plan d’action complet », exigé par le régulateur de l’aviation (FAA), pour remédier à ces problèmes.
      Poursuites pénales ?

      L’enjeu est important car le groupe est menacé de poursuites pénales devant un tribunal fédéral du Texas.

      Selon le ministère américain de la Justice, Boeing n’a « pas respecté ses obligations » dans le cadre d’un accord dit de poursuite différée (DPA) lié à ces accidents, conclu le 7 janvier 2021 avec une mise sous surveillance de trois ans.

      Accusé de fraude dans le processus de certification du 737 MAX, Boeing avait accepté de payer 2,5 milliards de dollars et s’était engagé, entre autres, à renforcer son programme de conformité.

      L’avionneur affirme s’être conformé à l’accord. Le ministère doit décider, avant le 7 juillet, de poursuivre ou non.

      M. Blumenthal, ancien procureur fédéral, a estimé mardi qu’il existait des « éléments accablants » pour lancer des poursuites. « Il devrait y avoir une mise en responsabilité individuelle », a-t-il ajouté.

      « Je crois fermement en la nécessité de rendre des comptes », a commenté M. Calhoun.

      « S’il n’y a pas de risque d’emprisonnement pour ces dirigeants qui jouent avec nos vies, alors rien ne changera », a déclaré à l’AFP Adnaan Stumo, qui a perdu sa sœur Samya Rose dans le crash du 10 mars 2019 en Ethiopie.

      Dave Calhoun « était étroitement lié à toutes ces décisions. Dave Calhoun fait partie du problème », a affirmé à ses côtés leur mère, Nadia Milleron, qualifiant de « scandaleux » le fait que le patron se défausse plusieurs fois en disant n’être arrivé qu’en 2020.

      « Les criminels devraient être en prison », a renchéri Clariss Moore, mère de Danielle, 24 ans.

      https://information.tv5monde.com/international/le-patron-de-boeing-admet-la-gravite-de-la-situation-devant-un

  • Fault Lines sur X : "
    https://x.com/AJFaultLines/status/1803140627221323947

    Working with journalists in Gaza and using forensic analysis, Fault Lines spent months investigating the killing of civilians in Israeli military attacks and the United States’ role in the war on Gaza.

    The Night Won’t End: Biden’s War on Gaza - coming this Friday on @AJEnglish

    https://video.twimg.com/ext_tw_video/1803056274008862720/pu/vid/avc1/720x1280/jouhfq2qSgIn1Dht.mp4?tag=12

    #génocide #civils #victimes_civiles #états-unis

  • Alina, non una di meno
    (pour archivage)

    Tutti assolti perché “il fatto non costituisce reato” i poliziotti e dirigenti della questura accusati di sequestro di persona e omicidio colposo per la morte di #Alina_Bonar_Diachuk, morta suicida a 32 anni il 16 aprile 2012 nel commissariato di Opicina. Il 14 aprile era stata prelevata da una volante al carcere del Coroneo dove aveva finito di scontare una pena per favoreggiamento dell’immigrazione clandestina ed era stata portata a quello che fu subito definito il “commissariato degli orrori”.
    Alina Bonar Diachuk era in attesa d’espulsione ma non in stato di fermo, non c’era alcun motivo legale per portarla al commissariato e trattenerla lì. Aveva già tentato il suicidio, dopo due giorni si è impiccata con il cordino della felpa davanti alle telecamere di sorveglianza. La sua agonia è durata 40 minuti, nessuno si è accorto di niente né tantomeno è intervenuto.

    Le indagini hanno permesso di scoprire che Alina non era stata l’unica ad aver subito un sequestro di persona in commissariato: era una prassi abituale. Nel corso delle perquisizioni si è scoperto che il funzionario dirigente Carlo Baffi aveva cambiato il cartello dell’ufficio immigrazione con la scritta “ufficio epurazione” che teneva in bella mostra vicino a un busto di Mussolini. All’epoca, Baffi era anche membro della Commissione territoriale di Gorizia che esaminava le domande d’asilo presentate in Friuli Venezia Giulia: Baffi ha continuato a partecipare alle riunioni della Commissione anche dopo il suicidio di Alina. L’allora questore Padulano disse che i poliziotti coinvolti avevano fatto il loro “dovere”.

    A febbraio 2018 il pm De Bortoli aveva chiesto pene per 20 anni e 9 mesi per i poliziotti coinvolti. A sei anni dalla morte di Alina, era giunta l’assoluzione per tutti in primo grado: il giudice Nicoli aveva ritenuto che i poliziotti avessero messo in atto direttive della Questura, conosciute e condivise ai massimi livelli istituzionali, anche dalla Pretura, secondo quanto riportato dalla stampa. In breve, i poliziotti hanno fatto il loro dovere e hanno obbedito agli ordini. Tuttavia, nonostante l’omertà istituzionale, noi sappiamo che il sequestro di persona non è legale in Italia e la detenzione di Alina e delle altre centinaia di persone a Opicina era abusiva. Ora, dopo due anni, arriva il giudizio in appello: tutti assolti non più perché “il fatto sussiste” ma perché “il fatto non costituisce reato”.

    È la banalità del male: non c’è reato e nessuno è responsabile dell’annientamento della vita di una giovane donna.

    Siamo in attesa di leggere le motivazioni della sentenza ma già possiamo dire che non ci stiamo: Alina, donna e migrante, è stata per la seconda volta uccisa da questa seconda sentenza che non condanna nessuno per la sua morte.

    Verità e giustizia per Alina. Le vite delle donne contano tutte, NON UNA DI MENO!

    Nell’immagine, l’azione toponomastica di rinominazione di via del Coroneo, dove si trova il carcere di Trieste, con il nome di Alina Bonar Diachuck, vittima di Stato.

    https://www.rivoluzioneanarchica.it/alina-non-una-di-meno
    #suicide #asile #réfugiés #migrations #Opicina #homicide #détention #Italie #violences_policières #Carlo_Baffi #détention_arbitraire

    #toponymie #toponymie_politique #toponymie_migrante #victime_d'Etat

  • Les renseignements israéliens ont désigné leurs cibles à Gaza via l’IA : “La machine l’a fait froidement, et c’est plus facile” | Guerre Israël-Hamas | 7sur7.be
    https://www.7sur7.be/monde/les-renseignements-israeliens-ont-designe-leurs-cibles-a-gaza-via-lia-la-machi

    Source (et non pas le Guardian qui s’est contenté d’exploiter les éléments de 972Mag) :
    ‘Lavender’ : The AI machine directing Israel’s bombing spree in Gaza
    https://www.972mag.com/lavender-ai-israeli-army-gaza

    • Moreover, the Israeli army systematically attacked the targeted individuals while they were in their homes — usually at night while their whole families were present — rather than during the course of military activity. According to the sources, this was because, from what they regarded as an intelligence standpoint, it was easier to locate the individuals in their private houses. Additional automated systems, including one called “Where’s Daddy?” also revealed here for the first time, were used specifically to track the targeted individuals and carry out bombings when they had entered their family’s residences.

      The result, as the sources testified, is that thousands of Palestinians — most of them women and children or people who were not involved in the fighting — were wiped out by Israeli airstrikes, especially during the first weeks of the war, because of the AI program’s decisions.

      “We were not interested in killing [Hamas] operatives only when they were in a military building or engaged in a military activity,” A., an intelligence officer, told +972 and Local Call. “On the contrary, the IDF bombed them in homes without hesitation, as a first option. It’s much easier to bomb a family’s home. The system is built to look for them in these situations.”

      The Lavender machine joins another AI system, “The Gospel,” about which information was revealed in a previous investigation by +972 and Local Call in November 2023, as well as in the Israeli military’s own publications. A fundamental difference between the two systems is in the definition of the target: whereas The Gospel marks buildings and structures that the army claims militants operate from, Lavender marks people — and puts them on a kill list.

      In addition, according to the sources, when it came to targeting alleged junior militants marked by Lavender, the army preferred to only use unguided missiles, commonly known as “dumb” bombs (in contrast to “smart” precision bombs), which can destroy entire buildings on top of their occupants and cause significant casualties. “You don’t want to waste expensive bombs on unimportant people — it’s very expensive for the country and there’s a shortage [of those bombs],” said C., one of the intelligence officers. Another source said that they had personally authorized the bombing of “hundreds” of private homes of alleged junior operatives marked by Lavender, with many of these attacks killing civilians and entire families as “collateral damage.”

    • Additional automated systems, including one called “ Where’s Daddy?” also revealed here for the first time, were used specifically to track the targeted individuals and carry out bombings when they had entered their family’s residences.

    • « Lavander » : la machine d’intelligence artificielle qui dirige les bombardements israéliens à Gaza…
      https://seenthis.net/messages/1048587

      Selon deux de ces sources, l’armée a également décidé, au cours des premières semaines de la guerre, que pour chaque agent subalterne du Hamas marqué par Lavender, il était permis de tuer jusqu’à 15 ou 20 civils ; par le passé, l’armée n’autorisait aucun « dommage collatéral » lors de l’assassinat de militants de bas rang. Les sources ont ajouté que, dans le cas où la cible était un haut responsable du Hamas ayant le rang de commandant de bataillon ou de brigade, l’armée a autorisé à plusieurs reprises le meurtre de plus de 100 civils lors de l’assassinat d’un seul commandant.

      #civils #victimes_civiles

  • #Liban. Sur les #traces des #disparus de la #guerre_civile

    Comment filmer la #disparition ? Traduire par l’image ce qui n’est plus ? C’est un travail de #remémoration contre l’#amnésie_officielle et collective, et donc un travail pour l’histoire, que propose l’équipe du film The Soil and the Sea (« La terre et la mer »), qui sillonne le Liban sur les traces des #charniers de la guerre civile.

    Image trouble, son étranglé, vagues menaçantes… The Soil and the Sea (« La terre et la mer ») commence littéralement à contre-courant, la caméra submergée dans une lutte contre les vagues, dont nous tire la voix de l’écrivain libanais Elias Khoury lisant en arabe son poème « La mer blanche ». Ce sauvetage n’est pourtant qu’une illusion : c’est bien une noyade longue d’un peu plus d’une heure qui commence avec le film réalisé par Daniele Rugo, véritable plongée cinématographique dans la violence de la guerre civile libanaise.

    Partant de la côte beyrouthine, le film nous fait entrer au Liban par le charnier méditerranéen qui le borde, cette mer dans laquelle la guerre a souvent dégurgité ses #cadavres. The Soil and the Sea interroge les disparitions, exhume les histoires des #victimes et de leurs familles, creuse les bas-fonds de près de quinze années de #guerre_civile.

    Un pays amnésique et imprégné de #violence

    Au Liban, 17 415 personnes auraient disparu de 1975 à 1990, pendant la guerre civile qui a opposé de très nombreuses factions locales et internationales, mais dont les victimes ont été en majorité libanaises, palestiniennes et syriennes. Ce chiffre est tiré de la recherche constituée par le Lebanon Memory Archive, un projet piloté par l’équipe du film qui met en lumière cinq sites libanais abritant des #fosses_communes datant de la guerre1. Massacres délibérés, emprisonnements, torture, enlèvements, assassinats arbitraires ou ciblés, des lieux tels que #Damour, #Chatila, #Beit_Mery, #Aita_Al-Foukhar ou #Tripoli, sont emblématiques de toutes les facettes de la violence devenue routinière dans le Liban des années 1980. Leurs noms seuls suffisent à réveiller le souvenir d’une opération militaire, d’une prison ou d’une hécatombe dont les histoires sont tues dans un pays qui s’est remis de la guerre civile en instaurant un fragile statu quo.

    Afin de saisir la force de The Soil and the Sea, il faut comprendre la portée politique du simple geste de prise de parole proposé par le film. Dans les années 1990, la principale barrière mise en place pour éviter de retomber dans les méandres d’un affrontement civil a été le #silence. Aucune #politique_mémorielle n’a été mise en place à l’échelle du pays, les programmes scolaires s’arrêtent notoirement à la veille de la guerre civile, et la guerre est un arrière-plan anecdotique dans les conversations des Libanais·es. Des organisations de la société civile plaident pourtant depuis longtemps en défense des familles des personnes disparu·es, et une loi de 2018 promettait même d’éclaircir leur sort, mais le silence reste de mise pour la majorité de la société libanaise. La faute en revient surtout à l’absence de politiques publiques et d’institutions dédiées : il n’existe pas au Liban d’histoire « objective » de la guerre, scientifiquement constituée, et admise par l’État et la population. The Soil and the Sea donne un exemple saisissant de cette #amnésie_collective avec l’anecdote d’une mère qui pose une plaque et plante un olivier en mémoire de son fils Maher, disparu devant la faculté des sciences dans la banlieue sud de la capitale. Alors que cette faculté relève du seul établissement supérieur public du pays - l’Université libanaise -, les étudiant·es et les professeur·es rencontré·es par la mère de Maher sont effaré·es d’apprendre qu’une fosse commune « de trente mètres de long » a été enfouie sous les dalles de leur campus à la suite d’une bataille entre des factions libanaises et l’armée israélienne pénétrant dans Beyrouth en 1982.

    Pour recomposer l’histoire d’un pays amnésique, The Soil and the Sea choisit d’enchaîner les #témoignages, comme celui de la mère de Maher. Les #récits sont racontés en « voix off », superposés à des images montrant les lieux banals, gris, bétonnés, où les Libanais·es foulent souvent sans s’en douter - ou sans y penser - les corps de centaines de leurs semblables. Les voix des proches ou des survivant·es qui témoignent sont anonymes. Seuls ces lieux du quotidien incarnent la violence. Le film offre l’image d’un Liban pâle et quasi désert, où l’immobilier aussi bien que la végétation ont recouvert les plaies mal cicatrisées de la guerre. Des silhouettes lointaines parcourent ruines antiques et bâtiments modernes, gravats et pousses verdoyantes, mais on ne verra jamais les visages des voix qui racontent, par-dessus des plans savamment composés, les disparitions des proches, l’angoisse des familles, parfois de précieuses retrouvailles, plus souvent des vies passées dans l’errance et la nostalgie. Filmant le présent pour illustrer les récits du passé, The Soil and the Sea met au défi l’expérience libanaise contemporaine en montrant des lieux imprégnés jusque dans leurs fondations par une violence rarement nommée, qui prend enfin corps à l’écran dans les récits des familles laissées pour compte. Le travail de mise en scène du témoignage oral est aussi soigné du point de vue de l’image que du son, les mots crus des proches étant délicatement accompagnés par les arrangements légers et angoissants de Yara Asmar au synthétiseur.

    Géographie de l’oubli

    Faut-il déterrer les cadavres ? Serait-ce rendre justice aux familles que de retourner aujourd’hui la terre, et risquer ainsi de raviver les blessures d’un pays jamais guéri de la violence ? Ces questions, posées par un survivant du massacre commis par les milices palestiniennes à Damour en 1976, reçoivent plus tard une réponse indirecte de la part de la mère de Maher : « S’ils exhument des restes, où est-ce que je les mettrais ? » Juxtaposant des témoignages qui se font écho, The Soil and the Sea devient un jeu de questions et réponses qui exprime le paradoxe de l’#amnésie libanaise. Aux dépens de nombreuses victimes et de leurs familles, l’oubli a été un geste d’amnistie qui a permis à la société libanaise de se reconstruire, d’élever des banques et de déployer des champs sur une terre ravagée par le conflit. Beaucoup de victimes ont aussi été acteur·rices de la violence, à commencer par Maher, mort au service d’une milice, dont le récit de la disparition entame et conclut le film. En exhumant leurs corps, on risquerait de raviver des colères enfouies avec eux. Au lieu de prendre un tel risque, et outre l’impossibilité matérielle et politique d’une telle entreprise, le documentaire et le projet de recherche auquel il s’adosse se contentent de recueillir des #souvenirs sans les commenter autrement que par des images du quotidien, familières à tous·tes les Libanais·es.

    L’absence de protagonistes à l’écran, le choix de filmer les lieux représentés à des moments où ils sont inhabituellement déserts, illustrent d’abord la #disparition, thème principal de l’œuvre. Nous, spectateurs et spectatrices, sommes invité·es dans ces espaces comme dans des arènes cinématographiques qui réverbèrent les récits de la violence et abattent le quatrième mur, nous mettant au centre d’un récit oral, musical et visuel. Nous qui foulons le sol libanais, nous qui partageons sa mer et contemplons ses espaces, sommes responsables de constater la violence gravée en eux, nous dit le film. Si on ne peut résoudre les disparitions sans raviver la violence qui les a causées, si on ne peut déterrer les cadavres sans risquer d’exhumer la guerre qui les a tués, on peut au moins admettre l’amnésie, s’en reconnaître responsable, et apaiser par des #actes_mémoriels la violence fantôme qui hante le Liban.

    The Soil and the Sea apporte sa pierre à l’édifice mémoriel par la constitution d’une #géographie qui relève un à un des #lieux de l’oubli libanais. Les récits qui permettent l’enquête ne sont jamais exhaustifs. Ils permettent d’incarner cette géographie, lui donnant le relief et la profondeur qui manquent aux images du quotidien libanais contemporain. Par des procédés fins et dépouillés, le film de #Daniele_Rugo nomme l’innommable, montre ce qui ne peut être montré, et parvient ainsi à nous remémorer notre #oubli.

    https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/liban-sur-les-traces-des-disparus-de-la-guerre-civile,7167
    #film #documentaire #film_documentaire