• Vos patientes sont-elles plus en colère contre leur père abuseur ou contre leur mère qui n’a pas su les protéger ?

    Elles doivent d’abord se permettre cette colère. Reconnaître que leur enfance leur a été volée, que ce qu’on leur a fait est inacceptable. Moi, en thérapie, je leur donne le droit d’être fâchées, de ne plus aller dans les fêtes de famille si elles ne le veulent pas, de ne plus se forcer à écouter les farces plates de leur père. Mais plusieurs se sentent incapables de couper les liens avec leurs parents.

    https://www.violencefeminine.com/inceste-les-meres-complices
    #famille #inceste #victime_blaming

  • « Elle a joué avec le feu » : un tribunal suisse réduit la peine d’un violeur - Le Point
    https://www.lepoint.fr/monde/elle-a-joue-avec-le-feu-un-tribunal-suisse-reduit-la-peine-d-un-violeur-07-0

    Les propos de la présidente de la cour d’appel dénonçant le comportement d’une victime de viol provoquent un tollé en Suisse, rapporte « La Tribune de Genève ».

    « Il faut constater qu’elle a joué avec le feu. » Pour justifier une pleine plus clémente contre l’auteur d’un viol, la présidente de la cour d’appel de Bâle-Ville, en Suisse, a mis en avant le comportement de la victime, rapporte La Tribune de Genève.

    Cette décision a provoqué une vague d’indignation, de la part de personnalités politiques, de collectifs féministes, mais aussi de centres d’aide aux victimes. Tous reprochent à la juge d’avoir relativisé le viol subi par la victime. Pour la conseillère nationale Céline Amaudruz, interrogée par le quotidien, les propos de la présidente sont « une insulte majeure à toutes les femmes ».

    Les faits jugés se sont déroulés en février 2020. Alors qu’ils venaient de passer la soirée en boîte de nuit, deux hommes – un adulte et un mineur – ont agressé une femme alors âgée de 33 ans.

    Le prévenu majeur, de nationalité portugaise, a été condamné en première instance à cinquante et un mois de prison et à une expulsion du territoire de huit ans, relate de son côté le média suisse 20 Minutes. L’homme a fait appel et, fin juillet, la peine de prison est passée à trente-six mois, dont dix-huit avec sursis, tandis que l’expulsion du territoire a été abaissée à six ans.
    Des « signaux » envoyés aux hommes

    Selon la presse locale, la présidente a évoqué l’absence d’antécédents de l’agresseur, le fait que l’agression a duré très peu de temps, mais aussi que la victime ne souffrait pas de séquelles persistantes. La magistrate a ensuite évoqué le « comportement » de la Bâloise en discothèque, autant de « signaux », selon elle, envoyés « aux hommes ».

    Jeudi 5 août, l’autorité judiciaire a réagi à la polémique. Dans un communiqué cité par La Tribune de Genève, elle affirme que, « lorsqu’on examine comment l’accusé a interprété la situation, il ne s’agit que de mesurer la culpabilité de l’auteur et non de disqualifier la victime ».

  • Un policier insulte de « mytho » et de « délinquant » Tommi, victime de viol en garde à vue

    Poursuivant sur sa lancée, le policier explique que l’attitude de Tommi ne correspond pas au profil d’une victime de viol car «  quand on a été violé, on ne se balade pas sur les plateaux télé  ». Celui qui se dit être un fin expert des violences sexistes et sexuelles, affirmant avoir reçu des centaines de victimes pour les auditionner, reproduit pas à pas la stratégie de culpabilisation des victimes d’agression sexuelle en les réduisant à l’inaction et au silence face à ce qu’elles ont subies. Un discours qui vient illustrer de la pire des manières à quel point la police participe à la perpétuation des violences patriarcales en remettant en question la parole des victimes sous couvert d’enquête.

    https://www.revolutionpermanente.fr/Un-policier-insulte-de-mytho-Tommi-victime-de-viol-pendant-une-

    #police #culture_du_viol #violophilie #victime_blaming #culpabilisation #victime

  • Truismes à Sciences Porcs
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1463

    Les « réseaux sociaux » et les médias les plus huppés (Le Monde, Radio France, etc.) retentissent des glapissements de la jeunesse dorée à propos des turpitudes d’un de ses maîtres, et du sexisme en vigueur à l’école du pouvoir : #Sciences Porcs. Une ancienne élève nous écrit pour rappeler l’obscénité dont il n’est jamais question : la violence de classe qui y règne, notamment à Sciences Po Paris, tous sexes confondus. * Je n’avais pas prévu d’écrire sur Sciences Po. Depuis mon diplôme, au début des années 1990, j’ai préféré passer sur mon séjour rue Saint-Guillaume. Mais les mots-clés de l’actualité font remonter la bile. #Sciences Porcs, en effet. Ces jeunes gens outragés me rappellent la violence prise en pleine face à peine arrivée à Paris, tout juste bachelière et fort naïve. Ça commence le premier jour, (...)

    #Faits_divers

    • La personne qui écrit ce texte se plein qu’on dénonce les violences sexuelles qu’elle dit n’avoir jamais subit, mais rapporte avoir subit des moqueries sur son accent et n’étais pas invité à toutes les soirées. C’est effectivement problématique et elle a du souffrir. Mais cette dévalorisation des victimes de violences sexuelles qui arrivent enfin à se faire un peu entendre (glapissement de la jeunesse dorée + la ccl du texte que j’ai collé plus bas) la décrédibilise et rend son message inaudible. Lorsqu’elle dit que deux autres étudiantes des classes moyennes ne sont pas venus, qu’est-ce qui lui fait dire que c’est pas à cause de violences sexuelles subit justement ? Et qu’est ce qui fait dire à cette méritante étudiante des classes moyennes que ces violences sexuelles ne touche que les élèves des classes supérieurs et jamais celles des classes moyennes ? C’est malheureux pour cette femme qui a tant mérité par son travail d’être première ministre et ne m’as pas été.

      La ccl du texte est monstrueuse de culpabilisation des victimes :

      La morale de cette histoire,
      C’est que les hommes sont des cochons.
      La morale de la morale,
      C’est que les truies aiment les cochons.

      PMO = Porcs & main d’œuvre.
      #misogynie #mérite #victime_blaming

  • Macron, Maurras, Pétain et l’antisémitisme - Juives et juifs révolutionnaires
    https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=3571764989559921&id=795943817142066&__tn__=K-R

    Dans un récent interview a l’express , Emmanuel Macron est revenu une nouvelle fois a la charge dans sa tentative de réhabilitation de deux figures antisémites et nationalistes majeures, #Pétain et #Maurras.

    Il s’agit ici d’une stratégie claire visant a réaffirmer le « roman national » et ainsi donner des gages au #nationalisme, en entérinant sa réhabilitation définitive dans l’imaginaire politique, la période de la seconde guerre mondiale et l’#antisémitisme étant ainsi réduits a un « incident de parcours » voir a un détail de leur histoire politique. Un appel du pied très clair a l’électorat fasciste.

    Macron prétend dissocier le Pétain de 1917, présenté comme un héros de guerre, de celui de 1940. Pourtant c’est bien le même homme qui a mis fin aux sanglantes offensives du général Nivelle, réprimé les mutins de 1917, massacré des Marocains révoltés pendant la guerre du Riff, appelé a cesser le combat face a Hitler, mis en place les lois antisémites et livré les Juifs et Juives de France aux nazis.

    Si Macron ne va pas jusqu’au révisionnisme d’Éric Zemmour et qu’il prétend condamner l’antisémitisme de Pétain, Il s’inscrit bien ici dans l’offensive nationaliste de réhabilitation de Pétain qui fait de son antisémitisme et de sa participation au génocide des Juifs et des Rroms un « point de détail » de son histoire.

    Emmanuel Macron a également évoqué Charles Maurras, en prétendant dissocier l’écrivain, le théoricien monarchiste de l’antisémite virulent. Il s’inscrit ici dans une volonté de réhabiliter un référent central pour la pensée de droite en faisant comme si son antisémitisme était accessoire dans sa pensée politique, alors qu’il est central dans sa construction théorique d’un nationalisme intégral définissant le corps national français comme blanc et catholique et faisant des juifs la figure centrale de l’antifrance (le principal des 4 prétendus « états confédérés ») contre laquelle il faudrait unifier et mobiliser les « vrais français ».

    Avec une telle rhétorique de blanchiment par dissociation, il est possible de réhabiliter nombre de criminels de guerre, qu’il s’agisse de la seconde guerre mondiale ou des guerres coloniales.

    Il n’est des lors guère étonnant de voir Macron s’inscrire au cours de la même interview dans la continuité sarkozyste de la rhétorique de « l’#identité_nationale », une tentative précédente de réhabilitation et de banalisation des thèmes nationalistes.

    Quand il parle pour appuyer son propos de la place accordée à la parole des victimes, qui serait selon lui trop importante, Emmanuel Macron reprend également une version du thème de la prétendue « dictature des minorités » qui est centrale dans la pensée d’#extrême_droite. C’est une manière de nier la réalité des rapports de force et une rhétorique d’inversion du réel dans laquelle la lutte pour la reconnaissance des effets du système raciste et ses conquêtes, arrachées le plus souvent après des années de déni par la mobilisation, sont présentées comme une prétendue preuve du « pouvoir des minorités ». En faisant passer les revendications historiques de reconnaissance et de réparation pour une « dictature émotionnelle » on les disqualifie comme objectif politique.

    Un tel discours démontre bien l’hypocrisie du pouvoir politique et d’Emmanuel Macron lorsqu’ils prétendent lutter contre l’antisémitisme alors même qu’ils œuvrent a réhabiliter les bourreaux de nos familles. Il est également un indicateur fort de la période politique que nous vivons, où le retour a un discours nationaliste de plus en plus décomplexé s’inscrit dans une réhabilitation progressive de ses théoriciens et ses figures historiques et la réduction du génocide et de l’antisémitisme au rang de détail de l’histoire française et européenne.

    Cela doit sonner comme un rappel de la nécessité de reconstituer un front uni contre le racisme, dont l’antisémitisme, d’où qu’il vienne.

    #fascisation #identité_nationale #roman_national (palimpseste du)

    • Pas d’accès à l’interview de l’Express, mais je relève ce passage dans l’article du Figaro :

      Complotisme, intégration, Pétain et privilège blanc : les grands sujets de l’interview de Macron à l’Express
      https://www.lefigaro.fr/politique/complotisme-integration-petain-et-privilege-blanc-les-grands-sujets-de-l-in

      Nous sommes devenus une société victimaire et émotionnelle. La victime a raison sur tout. Bien sûr, il est très important de reconnaître les victimes, de leur donner la parole, nous le faisons. Mais dans la plupart des sociétés occidentales, nous assistons à une forme de primat de la victime. Son discours l’emporte sur tout et écrase tout, y compris celui de la raison », juge-t-il.

      « Par conséquent, celui qui a tenu un discours antisémite ou a collaboré tombe forcément dans le camp du mal radical. Je combats avec la plus grande force l’antisémitisme et le racisme, je combats toutes les idées antisémites de Maurras mais je trouve absurde de dire que Maurras ne doit plus exister », distingue Emmanuel Macron, avant de revenir sur Pétain. « Je me suis construit dans la haine, dans le rejet de l’esprit de défaite et de l’antisémitisme de Pétain mais je ne peux pas nier qu’il fut le héros de 1917 et un grand militaire. On doit pouvoir le dire. À cause de la société de l’indignation, qui est bien souvent de posture, on ne regarde plus les plis de l’Histoire et on simplifie tout ».

      Un aspect frappant c’est qu’il aborde la question de la l’antisémitisme (de Pétain et Maurras) dans la foulée de sa tirade sur la « société victimaire » (« la victime a raison sur tout », « le discours [de la victime] écrase […] celui de la raison »). Quand j’ai lu ça, les bras m’en sont tombés. Il parle de victimisation, et vlan il glisse sur l’antisémitisme et la collaboration ? Il dit quoi, là, que l’attitude « victimaire » des victimes juives du génocide nazi « écrasent » le discours de la raison qui permettrait d’affirmer que Maurras et Pétain étaient de grands Hommes ?

      Le mec est pas bien dans sa tête, c’est pas possible d’être aussi con.

    • Merci pour l’info.
      Ça m’intéresse de lire la source et de lire par moi-même à quel point il serait passé d’un sujet à l’autre. Parceque de là où je me place ça pourrait très bien être des collés de moments d’interview comme ça se voit quand même très souvent pour faire le buzz sur le net...
      Surtout de la part d’un média que je trouve douteux qu’est le Figaro,. Je ne m’appuierait pas sur un article du Figaro même pour critiquer Macron (ou autre politique) c’est dire !

    • Je pense aussi qu’il s’agit d’un remontage. Mais il me semblait que l’antisémitisme et la collaboration, c’était justement presque la définition du mal radical en Europe.

    • Je me méfie aussi de la césure entre les deux parties. Mais il y a tout de même ce passage cité d’un seul bloc, qui établit à nouveau très explicitement le lien entre les deux (avoir le droit de dire que Pétain est un Grand Homme, mais on ne plus parce que posture de l’indignation victimaire…) :

      Je me suis construit dans la haine, dans le rejet de l’esprit de défaite et de l’antisémitisme de Pétain mais je ne peux pas nier qu’il fut le héros de 1917 et un grand militaire. On doit pouvoir le dire. À cause de la société de l’indignation, qui est bien souvent de posture, on ne regarde plus les plis de l’Histoire et on simplifie tout

    • Le « mal »... c’est pleins de choses selon moi, la mal-informations en fait partie ;-)
      Macron est un imbécile et un pantin qui se fout bien de notre gueule, par contre moi j’ai aucun soucis à séparer les actes militaire qui aurait permis à une époque lointaine (de plus d’un siècle) à la France de ne pas perdre une guerre directement chez nous, et ceux qui aurait largement participer aux meurtres en grandes quantité des moins nantis de l’époque.

    • De toute façon, c’est n’importe quoi. Petain est le pelé, le galeux depuis 1945. C’est pas d’aujourd’hui. En fait c’est Macron qui a une posture victimaire (on peut plus rien dire), ce qui est assez savoureux. Sans compter que les moins de 40 ans s’en foutent de Petain. Le traditionnel faux problème complaisamment relayé par les média mainstream. Classique.

    • Oui, je suis d’accord, c’est lui qui se comporte le plus en victime (ce qui in duit que nous aussi ? ;-) ), il ramène toujours tout à lui et à des complots politique soit-disant dirigés vers lui (ce qui est un comble quand on y réfléchit).
      Le Brut montrait vraiment ça d’ailleurs.

    • Cela fait un bon moment que la « réhabilitation de Pétain » est en cours (et peu importe, et pas seulement pour Zemmour, que son zèle ait consisté à en faire davantage que ce que les nazis exigeaient), un moment aussi qu’un philosémitisme affiché va de pair avec un antisémitisme plus ou moins larvé.
      La réhabilitation de Pétain est exemplaire du culte des chefs, des grands hommes, des hommes providentiels, dont y compris l’émergence de Mélenchon relevait.
      Malin ou pas, c’est pas l’affaire d’un type, mais dune machine de pouvoir. Le bénef escompté, lorsqu’un tenant de la mondialisation affiche en même temps son nationalisme (où on embauche des identitaires et des chevenementistes), c’est de racler du souverainiste, y compris une partie de ces gilets jaunes décomposés par la défaite.
      Le slogan pour 2022 : "Nous, français" (c’est moi ! E.M !)

      Par delà ces péripéties, il y a une thèse : il faut des personnages hors du commun (qu’ils soient experts, courageux, technocrates, militaires, ...) qui aient la force de décider pour tous et toutes, pour les riens, les imbéciles, les pas assez munis pour être dignes d’une quelconque responsabilité collective.

      #haine_de_la_démocratie.

    • Cette histoire d’hommes providentiels est à la fois un truisme et une erreur d’analyse. Parce qu’en admettant qu’on ait besoin d’un HP, pourquoi ne pas en choisir un qui ne pose pas ou peu de problème, genre de Gaulle ? A part des nonagenaires ex OAS ou PSU, il ferait l’unanimité. Alors pourquoi Petain qui fait vraiment tâche ? Parce qu’il fait tâche probablement, ça donne un petit côté non conformiste du meilleur effet. Et Macron, qui tient à son côté soi disant disruptif, aime bien ce côté dessalé, je-brise-tous-les-tabous. En fait, c’est probablement juste un connard, pleurnichard comme tous les connards. On ne tient jamais assez compte du rasoir d’Hanlon.

    • Ah... le coup d’État de de Gaulle ne posait pas de problèmes en 58 et ensuite ? Passons.

      C’est Macron qui veut se poser en homme providentiel (eh oui, ils osent tout). Ils sont nombreux à penser que la crise de la démocratie représentative, de la politique, l’absence radicale de tout projet, implique de jouer cette carte. Du sanitaire à l’environnement, il y a de la place pour des formules autoritaires qui ne reposent pas seulement sur le racisme et le nationalisme.

    • Ben oui. Plus facile de se réclamer de de Gaule que de Petain, non, quand on veut s’adosser a un homme providentiel qui fait l’unanimité ? Evidemment, c’est plus gratifiant de s’imaginer Manu en Hitler et Darmanin en Kaltenbrunner, mais c’est juste du bullshit. Petain ne peut pas juste s’expliquer par la recherche d’une legitimation d’un executif fort.

    • Ah oui, au fait, en 58, c’est pas un coup d’etat de de Gaulle mais celui d’Alger qui l’a amené au pouvoir. Ca n’en fait pas un personnage sympathique pour autant, mais nettement plus que Petain.

  • Les dérives du management de McDonald’s en France : sexisme, harcèlement, agressions sexuelles
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/10/13/sexisme-harcelement-agressions-sexuelles-des-salaries-denoncent-le-managemen

    « Mediapart » et « Streetpress » ont recueilli 78 témoignages de salariés qui décrivent un environnement où la violence professionnelle est systémique. Une plainte avait déjà été déposée par une coalition internationale de syndicats devant l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) le 18 mai. Les enquêtes de Mediapart et Streetpress viennent confirmer des situations de sexisme, d’agressions sexuelles et de harcèlement moral et sexuel chez McDonald’s. Durant deux mois d’enquête, les (...)

    #McDonald's #beauté #discrimination #GigEconomy #harcèlement #travail

    ##beauté

  • Césars : « Désormais on se lève et on se barre » | Virginie Despentes
    https://www.liberation.fr/debats/2020/03/01/cesars-desormais-on-se-leve-et-on-se-barre_1780212

    Je vais commencer comme ça : soyez rassurés, les puissants, les boss, les chefs, les gros bonnets : ça fait mal. On a beau le savoir, on a beau vous connaître, on a beau l’avoir pris des dizaines de fois votre gros pouvoir en travers de la gueule, ça fait toujours aussi mal. Tout ce week-end à vous écouter geindre et chialer, vous plaindre de ce qu’on vous oblige à passer vos lois à coups de 49.3 et qu’on ne vous laisse pas célébrer Polanski tranquilles et que ça vous gâche la fête mais derrière vos jérémiades, ne vous en faites pas : on vous entend jouir de ce que vous êtes les vrais patrons, les gros caïds, et le message passe cinq sur cinq : cette notion de consentement, vous ne comptez pas la laisser passer. Source : (...)

    • Et vous savez très bien ce que vous faites - que l’humiliation subie par toute une partie du public qui a très bien compris le message s’étendra jusqu’au prix d’après, celui des Misérables, quand vous convoquez sur la scène les corps les plus vulnérables de la salle, ceux dont on sait qu’ils risquent leur peau au moindre contrôle de police, et que si ça manque de meufs parmi eux, on voit bien que ça ne manque pas d’intelligence et on sait qu’ils savent à quel point le lien est direct entre l’impunité du violeur célébré ce soir-là et la situation du quartier où ils vivent.

    • https://medias.liberation.fr/photo/1297226-adele-haenel-walked-out-of-the-cesars-paris.jpg?modified_a

      oui on est les connasses, on est les humiliées, oui on n’a qu’à fermer nos gueules et manger vos coups, vous êtes les boss, vous avez le pouvoir et l’arrogance qui va avec mais on ne restera pas assis sans rien dire. Vous n’aurez pas notre respect. On se casse. Faites vos conneries entre vous. Célébrez-vous, humiliez-vous les uns les autres tuez, violez, exploitez, défoncez tout ce qui vous passe sous la main. On se lève et on se casse. C’est probablement une image annonciatrice des jours à venir. La différence ne se situe pas entre les hommes et les femmes, mais entre dominés et dominants, entre ceux qui entendent confisquer la narration et imposer leurs décisions et ceux qui vont se lever et se casser en gueulant. C’est la seule réponse possible à vos politiques. Quand ça ne va pas, quand ça va trop loin ; on se lève on se casse et on gueule et on vous insulte et même si on est ceux d’en bas, même si on le prend pleine face votre pouvoir de merde, on vous méprise on vous dégueule. Nous n’avons aucun respect pour votre mascarade de respectabilité. Votre monde est dégueulasse. Votre amour du plus fort est morbide. Votre puissance est une puissance sinistre. Vous êtes une bande d’imbéciles funestes. Le monde que vous avez créé pour régner dessus comme des minables est irrespirable. On se lève et on se casse. C’est terminé. On se lève. On se casse. On gueule. On vous emmerde.

    • Il n’y a rien de surprenant à ce que vous ayez couronné Polanski : c’est toujours l’argent qu’on célèbre, dans ces cérémonies, le cinéma on s’en fout. Le public on s’en fout.

      Le public a été voire en masse le dernier Polansky, la cérémonie ne se foute pas du tout du public. C’est le public qui se fout des violé·es. Le public se branle sur du porno plusieurs fois par semaine et il est aussi misogyne et violophile que le jury des césars.
      Le public ce qu’il a préféré du cinéma franças c’est « Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu ? » qui à la 4eme place au Box office, Polansky est 32eme un peu derrière Nicky Lason, autre fleuron du ciné français.
      –----
      On se casse, Ok, c’est bien mais ou on va si on quitte la Macronie avec nos talons hauts et notre robe de soirée de femmes-cis-non-dominée ? on va en Trumpie, en Poutinie, ou en Sevrerinie ? Ou il est ce pays sans viol et sans violophiles ou on irait si on se casse ? Il n’existe même pas en rêve !

    • Césars : « Désormais on se lève et on se barre », par #Virginie_Despentes

      Que ça soit à l’Assemblée nationale ou dans la culture, vous, les puissants, vous exigez le #respect entier et constant. Ça vaut pour le #viol, les exactions de votre #police, les #césars, votre #réforme des #retraites. En prime, il vous faut le #silence de #victimes.

      Je vais commencer comme ça : soyez rassurés, les puissants, les boss, les chefs, les gros bonnets : ça fait mal. On a beau le savoir, on a beau vous connaître, on a beau l’avoir pris des dizaines de fois votre gros pouvoir en travers de la gueule, ça fait toujours aussi #mal. Tout ce week-end à vous écouter geindre et chialer, vous plaindre de ce qu’on vous oblige à passer vos lois à coups de #49-3 et qu’on ne vous laisse pas célébrer #Polanski tranquilles et que ça vous gâche la fête mais derrière vos jérémiades, ne vous en faites pas : on vous entend jouir de ce que vous êtes les vrais #patrons, les gros #caïds, et le message passe cinq sur cinq : cette notion de #consentement, vous ne comptez pas la laisser passer. Où serait le fun d’appartenir au clan des #puissants s’il fallait tenir compte du consentement des #dominés ? Et je ne suis certainement pas la seule à avoir envie de chialer de #rage et d’#impuissance depuis votre belle #démonstration_de_force, certainement pas la seule à me sentir salie par le spectacle de votre orgie d’#impunité.

      Il n’y a rien de surprenant à ce que l’académie des césars élise #Roman_Polanski meilleur réalisateur de l’année 2020. C’est #grotesque, c’est #insultant, c’est #ignoble, mais ce n’est pas surprenant. Quand tu confies un budget de plus de 25 millions à un mec pour faire un téléfilm, le message est dans le budget. Si la lutte contre la montée de l’antisémitisme intéressait le cinéma français, ça se verrait. Par contre, la voix des opprimés qui prennent en charge le récit de leur calvaire, on a compris que ça vous soûlait. Alors quand vous avez entendu parler de cette subtile comparaison entre la problématique d’un cinéaste chahuté par une centaine de féministes devant trois salles de cinéma et Dreyfus, victime de l’antisémitisme français de la fin du siècle dernier, vous avez sauté sur l’occasion. Vingt-cinq millions pour ce parallèle. Superbe. On applaudit les investisseurs, puisque pour rassembler un tel budget il a fallu que tout le monde joue le jeu : Gaumont Distribution, les crédits d’impôts, France 2, France 3, OCS, Canal +, la RAI… la main à la poche, et généreux, pour une fois. Vous serrez les rangs, vous défendez l’un des vôtres. Les plus puissants entendent défendre leurs #prérogatives : ça fait partie de votre élégance, le viol est même ce qui fonde votre style. La loi vous couvre, les tribunaux sont votre domaine, les médias vous appartiennent. Et c’est exactement à cela que ça sert, la #puissance de vos grosses fortunes : avoir le #contrôle_des_corps déclarés #subalternes. Les #corps qui se taisent, qui ne racontent pas l’histoire de leur point de vue. Le temps est venu pour les plus riches de faire passer ce beau message : le #respect qu’on leur doit s’étendra désormais jusqu’à leurs bites tachées du sang et de la merde des enfants qu’ils violent. Que ça soit à l’#Assemblée_nationale ou dans la #culture - marre de se cacher, de simuler la gêne. Vous exigez le respect entier et constant. Ça vaut pour le viol, ça vaut pour les exactions de votre #police, ça vaut pour les césars, ça vaut pour votre réforme des retraites. C’est votre politique : exiger le silence des victimes. Ça fait partie du territoire, et s’il faut nous transmettre le message par la #terreur vous ne voyez pas où est le problème. Votre #jouissance_morbide, avant tout. Et vous ne tolérez autour de vous que les valets les plus dociles. Il n’y a rien de surprenant à ce que vous ayez couronné Polanski : c’est toujours l’#argent qu’on célèbre, dans ces cérémonies, le #cinéma on s’en fout. Le public on s’en fout. C’est votre propre puissance de frappe monétaire que vous venez aduler. C’est le gros budget que vous lui avez octroyé en signe de soutien que vous saluez - à travers lui c’est votre puissance qu’on doit respecter.

      Il serait inutile et déplacé, dans un commentaire sur cette cérémonie, de séparer les corps de cis mecs aux corps de cis meufs. Je ne vois aucune différence de comportements. Il est entendu que les grands prix continuent d’être exclusivement le domaine des #hommes, puisque le message de fond est : #rien_ne_doit_changer. Les choses sont très bien telles qu’elles sont. Quand #Foresti se permet de quitter la fête et de se déclarer « écœurée », elle ne le fait pas en tant que meuf - elle le fait en tant qu’individu qui prend le risque de se mettre la profession à dos. Elle le fait en tant qu’individu qui n’est pas entièrement assujetti à l’#industrie_cinématographique, parce qu’elle sait que votre #pouvoir n’ira pas jusqu’à vider ses salles. Elle est la seule à oser faire une blague sur l’éléphant au milieu de la pièce, tous les autres botteront en touche. Pas un mot sur Polanski, pas un mot sur #Adèle_Haenel. On dîne tous ensemble, dans ce milieu, on connaît les mots d’ordre : ça fait des mois que vous vous agacez de ce qu’une partie du public se fasse entendre et ça fait des mois que vous souffrez de ce qu’Adèle Haenel ait pris la parole pour raconter son histoire d’enfant actrice, de son point de vue.

      Alors tous les corps assis ce soir-là dans la salle sont convoqués dans un seul but : vérifier le #pouvoir_absolu des puissants. Et les puissants aiment les violeurs. Enfin, ceux qui leur ressemblent, ceux qui sont puissants. On ne les aime pas malgré le viol et parce qu’ils ont du talent. On leur trouve du #talent et du style parce qu’ils sont des violeurs. On les aime pour ça. Pour le courage qu’ils ont de réclamer la #morbidité de leur #plaisir, leur #pulsion débile et systématique de destruction de l’autre, de #destruction de tout ce qu’ils touchent en vérité. Votre plaisir réside dans la #prédation, c’est votre seule compréhension du style. Vous savez très bien ce que vous faites quand vous défendez Polanski : vous exigez qu’on vous admire jusque dans votre #délinquance. C’est cette exigence qui fait que lors de la cérémonie tous les corps sont soumis à une même #loi_du_silence. On accuse le #politiquement_correct et les réseaux sociaux, comme si cette #omerta datait d’hier et que c’était la faute des féministes mais ça fait des décennies que ça se goupille comme ça : pendant les cérémonies de cinéma français, on ne blague jamais avec la susceptibilité des patrons. Alors tout le monde se tait, tout le monde sourit. Si le violeur d’enfant c’était l’homme de ménage alors là pas de quartier : police, prison, déclarations tonitruantes, défense de la victime et condamnation générale. Mais si le violeur est un puissant : #respect et #solidarité. Ne jamais parler en public de ce qui se passe pendant les #castings ni pendant les prépas ni sur les tournages ni pendant les promos. Ça se raconte, ça se sait. Tout le monde sait. C’est toujours la loi du silence qui prévaut. C’est au respect de cette consigne qu’on sélectionne les employés.

      Et bien qu’on sache tout ça depuis des années, la #vérité c’est qu’on est toujours surpris par l’outrecuidance du pouvoir. C’est ça qui est beau, finalement, c’est que ça marche à tous les coups, vos saletés. Ça reste #humiliant de voir les participants se succéder au pupitre, que ce soit pour annoncer ou pour recevoir un prix. On s’identifie forcément - pas seulement moi qui fais partie de ce sérail mais n’importe qui regardant la cérémonie, on s’identifie et on est humilié par procuration. Tant de silence, tant de #soumission, tant d’empressement dans la #servitude. On se reconnaît. On a envie de crever. Parce qu’à la fin de l’exercice, on sait qu’on est tous les employés de ce grand merdier. On est humilié par procuration quand on les regarde se taire alors qu’ils savent que si Portrait de la jeune fille en feu ne reçoit aucun des grands prix de la fin, c’est uniquement parce qu’Adèle Haenel a parlé et qu’il s’agit de bien faire comprendre aux victimes qui pourraient avoir envie de raconter leur histoire qu’elles feraient bien de réfléchir avant de rompre la loi du silence. Humilié par procuration que vous ayez osé convoquer deux réalisatrices qui n’ont jamais reçu et ne recevront probablement jamais le prix de la meilleure réalisation pour remettre le prix à Roman fucking Polanski. Himself. Dans nos gueules. Vous n’avez décidément #honte de rien. Vingt-cinq millions, c’est-à-dire plus de quatorze fois le budget des Misérables, et le mec n’est même pas foutu de classer son film dans le box-office des cinq films les plus vus dans l’année. Et vous le récompensez. Et vous savez très bien ce que vous faites - que l’#humiliation subie par toute une partie du public qui a très bien compris le message s’étendra jusqu’au prix d’après, celui des Misérables, quand vous convoquez sur la scène les corps les plus vulnérables de la salle, ceux dont on sait qu’ils risquent leur peau au moindre contrôle de police, et que si ça manque de meufs parmi eux, on voit bien que ça ne manque pas d’intelligence et on sait qu’ils savent à quel point le lien est direct entre l’impunité du violeur célébré ce soir-là et la situation du quartier où ils vivent. Les réalisatrices qui décernent le prix de votre impunité, les réalisateurs dont le #prix est taché par votre #ignominie - même combat. Les uns les autres savent qu’en tant qu’employés de l’#industrie_du_cinéma, s’ils veulent bosser demain, ils doivent se taire. Même pas une blague, même pas une vanne. Ça, c’est le #spectacle des césars. Et les hasards du calendrier font que le message vaut sur tous les tableaux : trois mois de grève pour protester contre une réforme des retraites dont on ne veut pas et que vous allez faire passer en force. C’est le même message venu des mêmes milieux adressé au même peuple : « Ta gueule, tu la fermes, ton consentement tu te le carres dans ton cul, et tu souris quand tu me croises parce que je suis puissant, parce que j’ai toute la thune, parce que c’est moi le boss. »

      Alors quand Adèle Haenel s’est levée, c’était le sacrilège en marche. Une employée récidiviste, qui ne se force pas à sourire quand on l’éclabousse en public, qui ne se force pas à applaudir au spectacle de sa propre humiliation. Adèle se lève comme elle s’est déjà levée pour dire voilà comment je la vois votre histoire du réalisateur et son actrice adolescente, voilà comment je l’ai vécue, voilà comment je la porte, voilà comment ça me colle à la peau. Parce que vous pouvez nous la décliner sur tous les tons, votre imbécillité de séparation entre l’homme et l’artiste - toutes les victimes de viol d’artistes savent qu’il n’y a pas de division miraculeuse entre le #corps_violé et le #corps_créateur. On trimballe ce qu’on est et c’est tout. Venez m’expliquer comment je devrais m’y prendre pour laisser la fille violée devant la porte de mon bureau avant de me mettre à écrire, bande de bouffons.

      Adèle se lève et elle se casse. Ce soir du 28 février on n’a pas appris grand-chose qu’on ignorait sur la belle industrie du cinéma français par contre on a appris comment ça se porte, la robe de soirée. A la guerrière. Comme on marche sur des talons hauts : comme si on allait démolir le bâtiment entier, comment on avance le dos droit et la nuque raidie de #colère et les épaules ouvertes. La plus belle image en quarante-cinq ans de cérémonie - Adèle Haenel quand elle descend les escaliers pour sortir et qu’elle vous applaudit et désormais on sait comment ça marche, quelqu’un qui se casse et vous dit merde. Je donne 80 % de ma bibliothèque féministe pour cette image-là. Cette leçon-là. Adèle je sais pas si je te male gaze ou si je te female gaze mais je te love gaze en boucle sur mon téléphone pour cette sortie-là. Ton corps, tes yeux, ton dos, ta voix, tes gestes tout disait : oui on est les connasses, on est les humiliées, oui on n’a qu’à fermer nos gueules et manger vos coups, vous êtes les boss, vous avez le pouvoir et l’#arrogance qui va avec mais on ne restera pas assis sans rien dire. Vous n’aurez pas notre #respect. #On_se_casse. Faites vos conneries entre vous. Célébrez-vous, humiliez-vous les uns les autres tuez, violez, exploitez, défoncez tout ce qui vous passe sous la main. On se lève et on se casse. C’est probablement une image annonciatrice des jours à venir. La différence ne se situe pas entre les hommes et les femmes, mais entre dominés et dominants, entre ceux qui entendent confisquer la narration et imposer leurs décisions et ceux qui vont se lever et se casser en gueulant. C’est la seule réponse possible à vos politiques. Quand ça ne va pas, quand ça va trop loin ; on se lève on se casse et on gueule et on vous insulte et même si on est ceux d’en bas, même si on le prend pleine face votre pouvoir de merde, on vous méprise on vous dégueule. Nous n’avons aucun respect pour votre #mascarade_de_respectabilité. Votre monde est dégueulasse. Votre amour du plus fort est morbide. Votre puissance est une puissance sinistre. Vous êtes une bande d’#imbéciles_funestes. Le monde que vous avez créé pour régner dessus comme des minables est irrespirable. On se lève et on se casse. C’est terminé. On se lève. On se casse. On gueule. On vous emmerde.

      https://www.liberation.fr/debats/2020/03/01/cesars-desormais-on-se-leve-et-on-se-barre_1780212

    • Il y a une sorte de dimension religieuse dans ces cérémonies cinéphiles. Comme chez les Aztèques dans leur rites sacrificiels où l’on droguait les prisonnier·ères avant de les allonger sur un autel pour leur ouvrir la poitrine et en extirper leur cœur palpitant. Les « dieux » aiment le sang et si si on se laisse convaincre par leurs prêtres qu’on va gagner l’éternité en se soumettant à leurs fantasmes, on se fera fatalement arracher le cœur. C’est à dire déposséder de notre part la plus intime d’êtres vivants et pensants et donc nous briser. Les aristocrates, de quelque obédience soient-ils, exigent avant toute chose la soumission de leurs subordonné·es. Et ils ont même poussé leur perversité sans limite à faire accepter au langage commun le qualificatif de « nobles ».
      Et si toutes ces célébrations dilatoires n’étaient qu’une mise en abyme du mauvais scénario que nous subissons depuis 2016, année précédant la dernière élection présidentielle en date ?

      #aristocratie_guerrière #théocratie #nos_bons_maîtres #R.A.G.E.

    • Césars : ce que veut dire #quitter_la_salle

      La « #honte » exprimée par Adèle Haenel vendredi, lors de la cérémonie, est une expérience morale et politique qui permet de sortir du statut de victime pour construire une résistance collective.

      De la 45e cérémonie des césars, il ne faudra retenir que l’« exit » de plusieurs femmes dont Adèle Haenel qui quitte la salle en se fendant d’un « c’est une honte », Florence Foresti qui refuse de venir clôturer la soirée et qui écrira ce mot sur Instagram : « écœurée ». Ce sont des mots de l’émotion et aussi du discernement. De la honte à l’écœurement se déploie une contre-scène à la masculinité affirmée des césars : une même puissance de nommer le mal, de faire jaillir l’indécence d’une situation.

      Généralement la honte est du côté de la personne vulnérable qui, non seulement, est victime d’une violence mais ne parvient pas à s’extirper de la honte d’être violentée. La honte s’y affirme alors en honte d’avoir honte. Une personne agressée est traversée par les souffrances dont elle est l’objet mais elle est aussi saisie par l’incapacité de s’extirper de cette scène de violence qui se met à vivre dans la vie psychique sous forme de rumination mélancolique ou d’état de paralysie hypothéquant l’avenir.
      Un dispositif masculiniste

      La honte peut cependant avoir une autre signification : dans le jugement « c’est une honte », le terme de honte est renvoyé au lauréat du césar, Polanski, mais plus profondément encore au dispositif masculiniste des césars comme dispositif de pouvoir qui maintient les femmes à leur place et annule les scandales de genre. Surtout, la phrase d’Adèle Haenel contribue à désingulariser la situation des césars pour la projeter sur toutes les autres situations de ce type. La honte est alors une expérience morale et politique qui permet de sortir de la singularité de la victime pour construire une résistance collective et politique. Elle est le discernement du juste à même la perception d’une injustice typique d’un état des rapports de pouvoir.

      Le terme d’écœurement parachève cette forme de résistance. Il indique l’écart entre ce qui aurait dû être (tout sauf Polanski meilleur réalisateur) et ce qui est ; il le dénonce pour construire la possibilité d’une voix collective du refus. Albert Hirschman, dans un livre important, Exit, Voice and Loyalty avait, en 1970, souligné que, face aux défaillances des institutions, les individus ont le choix entre trois comportements : prendre la porte de sortie (exit), prendre la parole (voice) ou se résigner (loyalty). Adèle Haenel, Cécile Sciamma, Florence Foresti et toutes les personnes qui sont sorties de la salle ont montré que l’« exit » était bien le commencement de la voix.

      Face au courage de celles qui partent, il y a le cynisme de ceux qui verrouillent toutes les positions et se cramponnent pour que rien ne change. Le débat sur l’indépendance de l’œuvre face à l’artiste risque alors fort d’être un leurre. Tout d’abord, Roman Polanski a toujours affirmé jusqu’à J’accuse (en se comparant à Dreyfus à travers les rouages de persécution qu’il affirme lui-même vivre) que son cinéma était en lien avec sa vie, ce qui est le cas de bien des artistes d’ailleurs. Ensuite, il n’est pas sûr que le terme d’œuvre soit le plus adéquat pour évoquer un film tant l’industrie culturelle y est présente. L’Académie des césars elle-même incarne cette industrie puisque les quelque 4 700 votants, dont la liste est confidentielle, appartiennent aux différents métiers du cinéma. Pas plus que l’œuvre, la défense de l’artiste en être d’exception ne tient.
      De la reconnaissance des « grands hommes »

      Et les femmes ? On sait combien elles ont du mal à convaincre dès qu’elles souhaitent faire un film ; elles ne disposent jamais des mêmes budgets que les hommes. La remise du prix de meilleur réalisateur à Roman Polanski relève du maintien d’un ordre des grandeurs, lequel impose la reconnaissance des « grands hommes » envers et contre tout ; le film qui coûte cher et mérite d’être honoré est masculin. Tout ceci a été rappelé au milieu du cinéma qui s’y est largement plié, hormis la sortie d’Adèle Haenel, de Cécile Sciamma, de l’équipe du film et d’une centaine de personnes. Malgré les sketches de Florence Foresti et le discours d’Aïssa Maïga sur la diversité, il a été réaffirmé que le monde du cinéma appartient aux hommes hétérosexuels et qu’à ce titre, il repose sur un schéma précis quant aux positions les plus visibles : les hommes comme metteurs en chef ou acteurs, les femmes comme actrices.

      Dans le milieu des réalisateurs, les « grandes femmes » n’existent pas et il n’est pas d’actualité qu’elles commencent à apparaître. On se souvient qu’en 1979, Ariane Mnouchkine fut nommée pour « le meilleur réalisateur » et pour le meilleur film. Elle n’obtint aucun des deux prix ; ils furent attribués à Christian de Chalonge et à son film l’Argent des autres. Molière est resté dans notre imaginaire culturel mais qui se souvient encore de l’Argent des autres ? Une seule femme a pu tenir dans ses bras la fameuse statuette pour la réalisation, Tonie Marshall en 2000 pour Vénus Beauté (Institut), un film qui semble porter sur des questions de femmes ! Roman Polanski l’avait déjà obtenu quatre fois (en 1980, 2003, 2011 et 2014). J’accuse avait déjà tout eu : un battage médiatique exceptionnel, un succès dans les salles. Ce prix du réalisateur, attribué pour la cinquième fois, a servi à rappeler aux femmes leur place dans le milieu du cinéma comme dans la société : elles sont le deuxième sexe et destinées à le rester, ce qui autorise tous les abus de pouvoir, et bien évidemment les faveurs sexuelles pour ceux qui détiennent un pouvoir qui est aussi symbolique. Non seulement les violences faites aux femmes ne doivent pas compter mais les femmes qui sont dans le milieu du cinéma ont intérêt à ne pas sortir des places que l’on a définies pour elles : rester dans l’ombre des hommes quitte à les faire rêver.

      https://www.liberation.fr/debats/2020/03/02/cesars-2020-ce-que-veut-dire-quitter-la-salle_1780305

    • Dommage, pas un mot sur #Aissa_Maiga qui va prendre cher. #Nadine_Morano lui a déjà dit de rentrer en Afrique si elle n’était pas contente...

      Aux César 2020, Aïssa Maïga livre un plaidoyer pour plus de diversité au cinéma
      Huffington Post, le 28 février 2020
      https://www.huffingtonpost.fr/entry/aissa-maiga-plaidoyer-cesar-2020-diversite_fr_5e598d41c5b6450a30be6f7

      On a survécu au whitewashing, au blackface, aux tonnes de rôles de dealers, de femmes de ménages à l’accent bwana, on a survécu aux rôles de terroristes, à tous les rôles de filles hypersexualisées... Et en fait, on voudrait vous dire, on ne va pas laisser le cinéma français tranquille.

      César 2020 : Nadine Morano somme l’actrice Aïssa Maïga de « repartir en Afrique »
      BERTRAND GUAY, La Dépêche, le 2 mars 2020
      https://www.ladepeche.fr/2020/03/02/cesar-2020-nadine-morano-somme-a-aissa-maiga-de-repartir-en-afrique,876904

      #Césars

    • Cinéma français : la nuit du déshonneur
      Camille Polloni et Marine Turchi, Médiapart, le 29 février 2020
      https://seenthis.net/messages/828230

      À Mediapart, Adèle Haenel explique qu’« alors que la cérémonie avait plutôt bien débuté, qu’il se passait quelque chose », avec plusieurs prises de parole fortes « comme Lyna Khoudri [meilleur espoir féminin – ndlr], Aïssa Maïga, l’équipe du film Papicha [de Mounia Meddour, qui traite du combat des femmes en Algérie – ndlr], et le numéro d’équilibriste réussi de Florence Foresti », la soirée s’est ensuite « affaissée dans les remerciements ». « Comme si, cette année, il n’y avait pas autre chose à dire : sur les violences sexuelles, sur le cinéma qui traverse actuellement une crise, sur les violences policières qui s’intensifient, sur l’hôpital public qu’on délite, etc. » « Ils voulaient séparer l’homme de l’artiste, ils séparent aujourd’hui les artistes du monde », résume l’actrice à Mediapart.

      (...)

      Comme quelques autres, l’actrice Aïssa Maïga a quitté la salle après l’annonce de l’attribution du César du meilleur réalisateur à Roman Polanski. « J’étais d’abord un peu clouée sur place. Et puis une minute après, je n’étais pas bien, je suis partie, réagit-elle auprès de Mediapart en sortant. J’ai été terrassée, effrayée, dégoûtée, à titre vraiment personnel, dans mes tripes. J’ai vu la réaction d’Adèle Haenel, très forte, et honnêtement, j’ai pensé à toutes ces femmes. Toutes ces femmes qui voient cet homme plébiscité et je pense, au-delà de ces femmes, à toutes les autres, toutes les personnes victimes de viols, de violences sexuelles. J’imagine quel symbole cela peut revêtir pour elles. Et pour moi l’art n’est pas plus important que tout. L’humain d’abord. »

      L’actrice marque une pause, puis reprend : « Vous savez, c’est comme dans une famille : on croit se connaître un petit peu et puis, parfois, à la faveur d’une extrême révélation, on découvre qui sont les gens, ce qui est important pour eux, et parfois on constate avec un peu d’amertume qu’on n’a pas tout à fait les mêmes valeurs. » « Ce n’est pas grave, il faut le savoir et pouvoir avancer avec ça. Et moi, là, j’ai envie d’aller rejoindre les manifestantes dehors, c’est tout. J’aime beaucoup le cinéma, les tapis rouges, les films, les cinéastes, j’aime tout ça, mais moi je suis une fille qui n’a pas été éduquée dans l’élite, ni dans un esprit d’élitisme, je me sens une citoyenne comme les autres et là je vais aller les rejoindre », conclut-elle en se dirigeant vers le rassemblement des féministes face à la salle Pleyel. À quelques mètres du tapis rouge, les cris des militantes, parquées derrière les barrières, redoublent : « Polanski violeur, César complices ! » ; « Mais vous n’avez pas honte ? ».

      (...)

      Remettant le César du meilleur espoir féminin, l’actrice Aïssa Maïga, membre du collectif Noire n’est pas mon métier, a elle jeté un pavé dans la marre avec sa longue intervention sur l’invisibilisation des personnes non blanches dans le monde du cinéma.

      « Je peux pas m’empêcher de compter le nombre de Noirs dans la salle, a-t-elle ironisé à la tribune. Je sais qu’on est en France et qu’on n’a pas le droit de compter. C’est douze ce soir, le chiffre magique ? [...] On a survécu au whitewashing, aux blackface, aux tonnes de rôles de dealers, de femmes de ménage à l’accent bwana, aux rôles de terroristes, de filles hypersexualisées... On refuse d’être les bons Noirs. On est une famille, non ? On se dit tout. L’inclusion, elle ne va pas se faire toute seule. Ça ne va pas se faire sans vous. Pensez inclusion. […] Faisons une maison qui soit fière d’inclure toutes les différences. »

      À Mediapart, après la cérémonie, elle relate « l’effroi dans la salle » qu’elle a constaté au moment de sa prise de parole. « Je ne savais pas très bien comment l’interpréter. J’avais l’impression de plonger dans un bain de glaçons, de dire des choses qui pourtant me paraissent assez évidentes et audibles. J’ai eu l’impression que chez certains, il y a une sorte de ras-le-bol, comme si on les gavait avec la question de la diversité, qui n’est autre qu’une question de justice sociale. Et on a une responsabilité qui est énorme. Je ne pense pas que les artistes ou les décideurs ou les techniciens puissent se soustraire à cette question de l’identification du public aux films qu’on fait. Ça me paraît totalement aberrant. » Et la comédienne d’« assumer pleinement » ses propos : « J’avais besoin de dire ce que j’avais à dire. Aucun des mots que j’ai choisis n’était un accident. Je me sens aussi portée par une lame de fond. »

    • « À propos de l’impunité des artistes criminels, réflexions autour du cas de Roman Polanski en France. »
      https://lisefeeministe.wordpress.com/2020/02/15/a-propos-de-limpunite-des-artistes-criminels-reflexions-au
      source : #Christine_Delphy
      https://christinedelphy.wordpress.com/2020/03/02/lise-bouvet-a-propos-de-limpunite-des-artistes-criminels-
      je l’ai pas encore lu mais comme je suis abonné au blog de Delphy, je transmets. Abonné aussi à @tradfem et Seenthis, ça commence à faire beaucoup et j’ai pas que ça à foutre, j’ai aussi ma #tenue_de_soirée à repriser, entre autres !

    • Pour le texte de libé sur la honte l’accroche est mal fichu. j’ai l’impression qu’elle n’a pas été faite par une personne qui n’a pas compris le texte car elle réintroduit de blâme sur la victime en sous entendant que la victime ne peut pas être résistante, ce que le texte ne fait pas.
      #phallosophe #victime_blaming #victimophobie #grand_homme #grands_hommes

      La « honte » exprimée par Adèle Haenel vendredi, lors de la cérémonie, est une expérience morale et politique qui permet de sortir du statut de victime pour construire une résistance collective.

      https://www.liberation.fr/debats/2020/03/02/cesars-2020-ce-que-veut-dire-quitter-la-salle_1780305

    • Interessant le texte sur le site de C.Delphy

      Patrizia Romito classe en premier lieu ce qu’elle appelle les tactiques d’occultation : euphémisation (notamment dans le langage) des faits, déshumanisation de la victime, culpabilisation de la victime, inversion victime-agresseur, accusation de mensonge (ou d’exagération), psychologisation de l’affaire (réduction à des passions individuelles hors champ d’analyse sociale ou politique), naturalisation des actes (invocation de « pulsions » notamment), tactique de distinction- séparation (relativisation, enfouissement de l’acte criminel dans une masse d’autres considérations futiles).

      En second lieu, P. Romito présente ce qu’elle nomme des stratégies d’occultation : légitimations de la violence, négation des faits, discours pédophile sur la prétendue sexualité consentie des enfants et jeunes adolescentes, disparition de l’agresseur dans le récit journalistique et social, concentration de l’attention médiatique sur les victimes et/ou ce qu’elles auraient fait ou mal fait (dérivation de l’attention qui protège l’agresseur). Ce classement s’applique parfaitement à l’analyse de nos quatre dossiers, même si tous les éléments n’y figurent pas à chaque fois en même temps. Typiquement, il est difficile de remettre en cause la matérialité des faits dans le dossier Marie Trintignant qui a été tuée par Bertrand Cantat ni même dans celui de Samantha Geimer puisque Roman Polanski a plaidé coupable. On montre que les tactiques et les stratégies du « discours agresseur » varient et s’adaptent en fonction des violences dont il est question. Ce discours n’est d’ailleurs pas forcément conscient, il est énoncé par un certain nombre de locuteurs, puis repris, ou non, par les médias. Cependant, nous le verrons, on observe au fur et à mesure des affaires une véritable évolution du discours médiatique et une prise de conscience grandissante par certains journalistes des travers de ce discours, notamment grâce à la mobilisation et aux dénonciations d’acteurs sociaux tels que les associations ou personnalités féministes.

      Malheureusement je n’ai qu’un temps limité ici et je ne pourrai pas parler de tout aujourd’hui, à ce titre je vous renvoie à notre ouvrage. Pour résumer le propos très rapidement je dirais que l’impunité se déploie sur trois niveaux . C’est d’abord celle de tous les agresseurs en France et c’est ce que nous avons découvert dans l’analyse statistique qui a révélé ceci : l’impunité est quasi totale et la justice ne fonctionne quasiment pas. Le deuxième niveau d’impunité c’est celle d’hommes célèbres et puissants qui ont les moyens financiers d’organiser non seulement leurs défenses mais aussi la destruction des plaignantes. Ici encore faute de temps je vous renvoie à notre ouvrage et ma co·autrice qui est juriste en parle beaucoup mieux que moi. C’est du troisième niveau d’impunité dont je vais parler aujourd’hui, qui est celui du différentiel artiste – politique.

      En effet, en analysant a posteriori nos quatre dossiers nous avons réalisé que les plus intouchables des intouchables ce sont les artistes , contrairement aux hommes politiques qui, si ils arrivent à échapper à une condamnation judiciaire, ne peuvent pas esquiver l’opprobre sociale.

      Le papier à été écrit avent l’affaire Matzneff, et l’affaire Adèle Haenel, il manque donc l’info que l’artiste est protégé selon son degrès de notoriété, car si Polansky, Cantat, Besson et tant d’autres trouvent toujours des soutiens, c’est pas le cas pour les « has been » qui servent de cache-sexe aux complices des violeurs par exemple Matzneff, Ruggia, Brisseau ne sont pas autant soutenus car ils sont moins connus ou moins puissants que leur victimes.

      –----
      Question du « génie » de l’artiste, statut qui le place au niveau du divin, du surnaturel =

      Dans un essai passionnant (1), De l’humanisation de la création divine à la divinisation de la création humaine, l’historienne de l’art Lucile Roche analyse avec brio ce thème du dieu-artiste dans la théorie esthétique moderne Occidentale. Elle écrit : « C’est alors dans son éloignement du modèle divin au profit d’un recentrement de l’artiste, soumis au seul caprice de ses vues et exigences téléologiques, focalisé sur ses propres aptitudes créatrices – l’originalité, l’imagination – que se referme l’analogie Artiste-Dieu et Dieu-Artiste. Source inépuisable d’une créativité dont il est l’unique source, l’artiste romantique relève du divin (avec lequel il partage le ex-nihilo) sans pour autant s’y soumettre. Dans son humanité, l’artiste est alors, paradoxalement, divinisé ». Tout est dit : les jusqu’au-boutistes dans la défense d’auteurs tels que Polanski sont pris dans une représentation sociale surannée qui porte une vision profondément romantique de l’artiste, que l’on illustrera par cette phrase de Victor Hugo : « L’art est à l’homme ce que la nature est à Dieu ». Si ces hommes sont au niveau des dieux alors ils échappent à la justice des hommes, voilà l’impensé fondamental des défenseurs de Polanski, et autres artistes criminels, non seulement gardiens de leurs castes sociales et de ses corollaires impunités, mais surtout, selon nous, enlisés dans des conceptions de l’art dépassées, qui sont mises au service de l’impunité.

      La théoricienne de l’art Carole Talon-Hugon (2) dans une récente interview a éclairé ces impensés autour de l’artiste : « Un viol commis par un anonyme et un viol commis par un artiste, c’est à la fois la même chose – parce que le crime est tout autant répréhensible – et pas la même chose. Parce qu’il fait notamment figure d’exemple, l’artiste bénéficie d’un statut particulier dans la société. En tout cas, depuis le XVIIIe siècle. À cette époque-là, on va commencer à considérer l’art comme un domaine à part, totalement distinct, soumis à la seule règle de la beauté et indépendant de la question du bien. Ainsi, pour Diderot, « il y a une morale propre aux artistes qui peut être à rebours de la morale usuelle ». On retrouve cette idée chez Oscar Wilde (XIXe siècle) ou André Breton (XXe siècle). L’artiste devient alors une individualité sauvage et singulière, en rupture, en opposition et totalement indépendante de la morale ordinaire. Cette image-là, construite sur plus de 200 ans, nous empêche de regarder la réalité de ces agressions en face. »

      C’est ici que, selon nous, le roi apparait nu : en contradiction profonde avec nos valeurs démocratiques, les artistes sont devenus la nouvelle aristocratie au-dessus des lois. Non seulement, en consacrant les uns au détriment des autres on abdique la communauté des citoyens et l’on dit qu’il y a des valeurs supérieures à la vie humaine, mais en outre, l’on comprend désormais la thèse sous jacente des « amis de Polanski » qui est que le talent exceptionnel de cet homme devrait pouvoir se transcrire dans un statut politique dérogatoire exceptionnel. On fera remarquer avec ironie que ces gens là se réclament souvent de gauche, alors qu’ils portent la vision féodale d’une société où le talent et le statut des uns leur accorderait des droits particuliers sur les autres, et leur corps, a fortiori des personnes mineures. Position d’autant plus fragile quand on a compris que les demandes d’exceptionnalité de traitement pour le cinéaste Roman Polanski ne reposent finalement que sur des conceptions discutées comme discutables de théories de l’art. Et après tout, les amis de Polanski ont bien le droit de s’attacher à une théorie particulière que nous ne partageons pas. Ce qui est en revanche indiscutable, c’est que nous vivons dans un régime politique où les artistes, aussi doués soient-ils, sont des citoyens et des justiciables comme les autres.
      ...
      L’impunité de ces hommes repose en grande partie sur une conception non seulement de l’artiste démiurge, mais d’un public passif et docile dans sa réception d’une œuvre vue comme sacrée, et, comme par hasard ces qualités recouvrent les valeurs traditionnellement associées au masculin et au féminin… On voit là qu’on se trouve en plein dans une pensée religieuse et réactionnaire, paradoxalement portée par des « gens de gauche » .

      La dernière phrase fait écho à ta remarque sur la religiosité de tout ca @sombre

      #talent #génie #surhomme #caste #privilège #démiurge #virilité #mâle-alphisme #mérite #star #lumière

      Le comble selon nous est que par exemple, China Town est une oeuvre remarquable sur l’inceste et le viol… Peut-être que nous effleurons ici la plus grande injustice sociale et le plus grand privilège masculin : ces hommes, non seulement violent en toute impunité, mais ensuite, de ces viols, font des chefs-d’oeuvre, acclamés, primés et applaudis. Et, à jamais c’est le chef-d’oeuvre du violeur qui restera gravé dans l’histoire de l’art, alors que, poussière, la vie dévastée des victimes retournera à la poussière. Ceci nous amène à un point important à propos des films de ces réalisateurs notamment pédocriminels. Parmi les injonctions dont on nous accable, il y a l’interdiction corollaire de ne pas juger les films de l’homme, qu’on nous conjure de ne pas condamner (particulièrement en France comme l’a dénoncé le critique de cinéma Paul Rigouste (6). Or la critique de genre, c.a.d en terme d’analyse de rapports sociaux de sexe, s’est développée comme champ théorique universitaire autonome depuis bien longtemps, y compris en France grâce aux travaux de Geneviève Sellier, et bien entendu ce qui chagrine nos fans, qui sont dans la dévotion, c’est que l’on puisse mener une critique cinématographique impertinente des œuvres de ces hommes. Par exemple, un visionnage attentif des films de Woody Allen permet de repérer son obsession pédophile pour les très jeunes filles, de même qu’il me semble que Polanski affronte sans détour dans son œuvre des problématiques très personnelles de crimes et culpabilités, et ce, de manière quasi systématique. Par définition, le travail de la pensée et de l’analyse ne peut être limité, la critique doit adresser l’ensemble de l’oeuvre et il semble aussi invraisemblable que contre productif de limiter le champ des études cinématographiques par des interdictions sous peine de « lèse génie ». Il faut dénoncer cette double injonction sur laquelle repose la défense de ces criminels : non seulement l’institution judiciaire n’aurait pas son mot à dire sous prétexte qu’ils sont des artistes, mais leurs œuvres elles-mêmes seraient comme immunisées de toute lecture en lien avec leurs crimes , lecture qui pourtant me semble très intéressante d’un point de vue de théorie de l’art. Nous avons là l’occasion inouïe d’analyser des œuvres de criminels qui précisément n’hésitent pas à créer à partir de leur propre criminalité, donc au nom de quoi se priver de ces recherches ? On voit là qu’on doit aller frontalement à contre sens de l’opinion commune : Non seulement on ne peut pas séparer l’homme de l’artiste comme on vient de le voir, mais il est spécifiquement ici pertinent de rattacher l’artiste à ses crimes afin d’étudier son œuvre à partir de son activité criminelle, sans pour autant l’y réduire bien entendu.

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      Enfin, un aspect qui me semble également important et à prendre en compte dans l’analyse de ces discours de défense des cinéastes criminels, c’est le phénomène de la fascination du grand public pour ces agresseurs. Fascination dont ils jouent pour faire valoir leur défense, qui bien entendu ne peut que bénéficier de sentiments confus, qu’il faut déconstruire.

      Dans La Photographie, le théoricien de l’art André Rouillé fait une analyse remarquable de ce qu’est une « star » dans nos sociétés contemporaines. Star en anglais signifie étoile, c’est-à-dire un objet qui brille même dans la nuit, à l’image de cette aura qui repose sur l’exposition médiatique, véritable machine optique d’exposition. Les stars sont des êtres à part, des êtres de lumière, qui scintillent, éclairées en réalité par la machine « people » qui selon nous fonctionne sur une ambivalence fondamentale : ces gens nous sont familiers, ils nous ressemblent mais ils sont différents, ils vivent dans une sphère sociale supérieure qui suscite crainte et respect. Ce jeu de reflets permet des identifications-évasions, des phénomènes confusants mais gratifiants, et surtout, profondément duels. Le public est saisi dans des positions contradictoires : entre l’admiration et la dévotion pour ces stars mais aussi le sentiment d’injustice que leur inspire le fait que contrairement à lui, elles échappent à un système judiciaire qui frappe plus durement les modestes et les anonymes. De plus, comme le note la philosophe Michela Marzano, les hommes et les femmes ne sont pas affectés de la même façon dans ce phénomène : dans un contexte patriarcal les hommes sont tentés de s’identifier aux accusés célèbres et puissants, quand les femmes sont piégées dans plusieurs conflits d’allégeance.

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      La chercheuse Judith Herman nous met en garde que « C’est très tentant de prendre le parti de l’agresseur. La seule chose qu’il demande au témoin est de ne rien faire. Il en appelle à notre désir universel de rester neutre et ne pas condamner. La victime au contraire nous demande de prendre part à sa douleur. La victime nous demande d’agir, de nous engager et de nous rappeler pour elle. »

      On l’observe en chacun de nous dans ces cas précis : il existe un conflit entre le citoyen et le spectateur. Le citoyen condamne les crimes de l’artiste mais le spectateur veut continuer à jouir de l’oeuvre de l’artiste criminel. Parce que nous avons aimé ces œuvres, parce qu’elles font partie de notre vie désormais, de notre culture. Parce que l’oeuvre d’art est considérée comme unique et qu’on voue un quasi culte à son auteur, parce que les créateurs sont les nouveaux dieux de notre société sécularisée. Cette résistance autour de l’artiste tient selon nous à une imprégnation puissante d’un télescopage de conceptions de l’art des siècles derniers et de mythes néolibéraux ultra contemporains ; l’artiste incarnant dans notre mythologie capitaliste, à la fois l’individu exceptionnel, la liberté, la transgression, l’exception morale et une forme de sacré archaïque.

      #art #artiste

    • « Les César 2020 consacrent l’extraordinaire impunité de Roman Polanski »

      « À ce jour, le cinéaste Roman Polanski est accusé de viols et d’agressions sexuelles par 12 femmes, notamment alors qu’elles étaient mineures. Le réalisateur a reconnu avoir drogué puis violé l’une d’entre elles, une jeune fille âgée de 13 ans en Californie, puis a fui la justice.

      Il a ensuite tourné librement de nombreux films, reçu tous les grands honneurs et récompenses de sa profession, ainsi que le soutien de la quasi-totalité de l’establishment, pouvoirs publics compris, au point qu’il a obtenu les financements pour tourner en 2019 un film sur le capitaine Dreyfus, dont il prétend – par un renversement qui laisse pantois – que leurs destins sont similaires. Ce film a obtenu 12 nominations aux César, c’est-à-dire autant que le nombre de femmes accusant le réalisateur de « J’accuse ».

      publié par l’Express le 28/02/2020, en intégralité sur le blog de Lise’s B.
      https://lisefeeministe.wordpress.com/2020/03/02/les-cesar-2020-consacrent-lextraordinaire-impunite-de-roma

      « L’impunité repose sur une conception de l’artiste démiurge et d’un public passif », estiment Yael Mellul et Lise Bouvet , coautrices de Intouchables ? People, Justice et impunité, ouvrage dédié notamment aux affaires Polanski, Cantat, DSK et Tron.

      Juriste et ex-avocate, Yael Mellul est coordinatrice juridique du pôle d’aide aux victimes de violences du centre Monceau. Politiste et philosophe de formation, Lise Bouvet est traductrice de textes féministes anglophones et autrice.

    • Je recommande ce texte qui pointe certains défauts du texte de Despentes en particulier le féminisme blanc mais ne parle pas de l’aspect misogyne de l’idéologie trans et proxénète qui s’y est glissé. https://seenthis.net/messages/828705

      Sur le texte de Lise B pointé par @vanderling

      « Les amis de Polanski » nous disent, entre autres, qu’il n’est pas un justiciable ordinaire car c’est un auteur accompli, un grand artiste, créateur d’une œuvre sublime. On peut tout d’abord relever un lien logique suspect entre son talent (qui est indéniable) et le rapport de ce dernier avec la justice criminelle. A écouter ces gens-là, ce talent aurait pour conséquence qu’il serait hors de question de porter un quelconque jugement sur sa consécration ni qu’il perde une journée de plus de sa vie en prison. Mais qui décide de cette utilité sociale extra-ordinaire ?

      Prenons un exemple particulièrement saillant en ce moment : en plein mois de février, quand nous avons froid et que notre chaudière tombe en panne, qui peut se passer d’un bon plombier-chauffagiste ? Nous serions sûrement très fâchées que notre excellent chauffagiste, lui aussi nommé Roman Polanski, aille en prison pour le viol d’une jeune fille de 13 ans précisément en plein hiver, mais la loi est ainsi faite en démocratie que même les professionnels exceptionnels et indispensables sont comme tous les autres citoyens, passibles des mêmes peines pour les mêmes crimes.

      Personne ne parle du talent perdu de ces 12 victimes de Polanski. Si Polanski avait été arrêté pour les 12 viols qu’il a commis, ces films n’auraient pas été fait et on ne s’en serait pas plus mal sorti. Mais le talent (qui est indéniable) de Polanski c’est un talent qui compte car on ne dénie pas le talent des phallopores qu’ils soient cis ou femmes-trans. Le talent qui ne compte pas c’est celui des femmes cis et des hommes-trans, car personne ne parle du talent perdu de ces 12 femmes (et peut être plus) qui s’est peut être perdu à cause de Polanski. Ca me fait pensé à la sœur de Sheakspear dont parle Virginia Woolf. Qui pleur le talent perdu de toutes ces filles et femmes que les hommes détruisent à coup de bite ? Combien de génie au féminin avons nous perdus à cause des violences masculines ? aucune en fait car contrairement au talent de Polanski qui est INDENIABLE, le talent des femmes cis et des hommes-trans est toujours DENIABLE. Les Césars l’ont montré très clairement à Adèle Haenel et à Sciamma et illes le montrent jours après jours aux femmes d’Alice Guy à aujourd’hui.

      Il y a aussi cet exemple du talent du plombier chauffagiste ou du boulanger qui serait non reconnu au pretexte qu’il violerait. Ca me fait pensé que pour le talent d’une boulangère ou d’une plombière-chauffagiste on ne se pose même pas la question. Elle n’aura pas besoin de commetre des crimes pour se voire dénier son talent, il suffit qu’elle ne sois pas belle, qu’elle ne sois pas mère, qu’elle ne sois pas douce, et son « talent » de boulangère-plombière,chauffagiste ne vaudra pas tripette.
      #déni #talent

    • « Seul le bras de Lambert Wilson fait de la résistance, seul ce bras sait s’il tremble de peur ou de colère, ou des deux ».
      https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/et-le-bras-du-general-trembla

      Un bras tremble, ce matin, sur mon Twitter. C’est pourtant un bras ferme, un bras qui ne devrait pas trembler, le bras du général. Du général ? De Gaulle, bien entendu. Ou plutôt, le bras de Lambert Wilson, qui incarne le général dans un film du moment. Le général de 40, celui de l’Appel, dont le bras, justement, n’a pas tremblé. Et pourtant ce bras tremble, alors que sa partenaire Isabelle Carré (Yvonne de Gaulle dans le film) vient de prendre la parole, pour répondre à une question sur Polanski...

    • « Général de Gaulle, tu es notre idooole,
      A toi nos cœurs, nos braaas,
      Général de Gooaaal..! »
      J’ai entendu, l’autre matin à la radio, Lambert Wilson s’étonner de qui étaient ces gens ?

      « Je suis très en colère, c’est n’importe quoi ! Si on estime qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans le fait que Polanski ait des nominations, alors on ne vient pas ! Oser évoquer un metteur en scène en ces termes… Parler d’Atchoum, montrer une taille… Et en plus, qu’est-ce qu’on va retenir de la vie de ces gens par rapport à l’énormité du mythe de Polanski ? Qui sont ces gens ? Ils sont minuscules. »

      Qui sont ces gens sur le plateau de #CàVous ? Qui est Lambert Wilson ? Qui est Atchoum ? Qui a engrossé blanche-neige ?


      Fluide Glacial n°515 (avril 2019)avec une couverture de Relom qui signe son retour dans le magazine avec une #BD de 7 pages " Petit avec des grandes oreilles " qui vaut bien le meilleur des Polanski !
      #Lambert_Wilson #2_mètres_de_connerie_avec_des_grandes_oreilles

    • Oui, c’est vrai, Despentes mélange tout. Oui, elle aligne dans la même colère les abus sexuels, la domination économico-politique (le 49.3) et la répression policière. Oui, elle superpose le manifestant qui défend sa future retraite dans la ligne de mire du LBD du policier de Macron, et la fillette de 13 ans sodomisée par Polanski. En apparence, c’est vrai, un esprit rationnel devrait s’efforcer de distinguer les situations. Ce qui les rapproche pourtant, s’appelle la domination. Sans guillemets. Et ce qui atteste le mieux de cette domination, c’est l’impunité. Le manifestant et la fillette, livrés à plus puissant qu’eux, savent que la justice ne leur sera jamais rendue. Qu’il y aura toujours des avocats retors, des arrangements financiers, une machine à enterrer les enquêtes nommée IGPN, pour que justice ne leur soit pas rendue. Et que le reste est littérature.

      Celà s’appelle, une analyse systémique. C’est grossier, c’est simpliste, ça ne fait pas le détail, désolé. Il y a bien entendu toujours des contre-exemples. Il y a des miracles. Il y a des puissants punis. Il y a de sublimes résiliences. Il y a des trèfles à quatre feuilles. Il y a des coincées moches qui deviennent des reines des chaînes d’info. Vu à l’échelle de l’individu, c’est d’ailleurs toujours plus compliqué, et il y a dans chaque individu du dominant et du dominé (Polony est femme ET bourgeoise reine des medias). C’est d’ailleurs cette complexité, qui fait le bonheur de la littérature, et le sel de la vie. Mais l’illusion proclamée que ces contre-exemples invalident les lois économico-sociales classe simplement Polony à droite (ce n’est pas moi qui le dis, c’est un certain Deleuze). Ce qui d’ailleurs n’est pas infâmant. Il faut bien une droite, pour que la gauche se souvienne pourquoi elle est la gauche.

      https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/natacha-polony-reine-des-medias-ex-coincee

    • Vu à l’échelle de l’individu, c’est d’ailleurs toujours plus compliqué, et il y a dans chaque individu du dominant et du dominé (Polony est femme ET bourgeoise reine des medias).

      L’ndividu « résilient » est l’arbre qui cache la forêt de la misère absolue.

    • Virginie Despentes responds to the Césars and Roman Polański
      by: Virginie Despentes translated by Lauren Elkin , March 2, 2020
      https://maifeminism.com

      I’m going to begin like this: don’t worry. O you great and powerful leaders, you lot who are in charge: it hurts. No matter how well we know you, no matter how many times we’ve taken your power on the chin, it always hurts. All weekend we’ve listened to you whinging and whining, complaining that you’ve had to resort to passing your laws by decree instead of by vote [à coups de 49.3] and that we haven’t let you celebrate Polański in peace, and that we’re ruining the party, but behind your moans, don’t worry—we can hear your pleasure at being the big bosses, the big shots, and the message comes through loud and clear: you don’t plan to let this idea of consent take hold. Where would be the fun in being in charge if you always had to ask permission from the people you rule over? And I am certainly not alone in wanting to scream with rage and impotence ever since your magnificent show of force, certainly not the only one to feel defiled after the spectacle.

      It is not at all surprising that the César Academy would award Roman Polański the prize for best director in 2020. It’s grotesque, it’s insulting, it’s vile, but it’s not surprising. When you award 25 million euros to a guy to make a TV film, the message is in the budget. If the fight against anti-Semitism interested French cinema, we’d know it by now. However, the voice of the oppressed who seize the change to tell their story, we can understand how that might bore you. So when you heard people talking about the subtle comparison between a filmmaker being heckled by a hundred feminists in front of three movie theatres and Dreyfus, a victim of French anti-Semitism at the turn of the last century, you jumped on board. 25 million euros to make this comparison. Amazing. We ought to acknowledge the investors, because to pull together that kind of budget, everyone had to be in on the game: Gaumont Distribution, the CNC, France 2, France 3, OCS, Canal +, RAI… everyone reached into their pockets, and deeply, for once. You closed ranks, you defended one of your own. The strongest defend their rights: it’s part of your elegance, rape is even the foundation of your very style. The law protects you, the courtroom is your domain, the media belongs to you. And that’s exactly what a major fortune is there for: to control the bodies of those who have been declared subaltern. Bodies that clam up, that don’t tell stories from their point of view. The time has come for the richest to hear this message: the respect we owe them will from now on extend to their dicks, stained with the blood and the faeces of the children they’ve raped. Whether at the Assemblée Nationale or in the culture—enough hiding, enough pretending not to be upset. You require entire and constant respect, whether we’re talking about rape, the brutality of your police, the Césars, your retirement reform. That is your politics: that victims remain silent. It comes with the territory, and if you have to get the message to us through terror you don’t see what the problem is. Your sick pleasure, above all. And the only people you tolerate around you are the most docile of lackeys. There is nothing surprising in the fact that you’ve thus sanctified Polański: it’s always money we’re celebrating; in these ceremonies we don’t give a shit about the cinema. Or the audience. It’s the striking capability of your own monetary power that you are worshipping. It’s the massive budget you’ve given him as a sign of support that you were saluting—and through him, your own power that must be respected.

      It would be pointless and inappropriate, in a comment on this ceremony, to separate the bodies of cis men from those of cis women. I don’t see any difference of behaviour. It is understood that these major prizes continue to be the exclusive domain of men, because the underlying message is: nothing must change. Things are very good as they are. When [the comedian and mistress of ceremonies Florence] Foresti left the awards and declared herself ‘disgusted’, she didn’t do it as a woman—she did it as an individual who was taking the risk of turning the profession against her. And she did it as an individual who is not entirely at the mercy of the film industry, because she knows you don’t have the power to deprive her of an audience. She was the only one who dared make a joke about the elephant in the room; everyone else avoided mentioning it. Not a word about Polański, not a word about Adèle Haenel. We all dine together, in this milieu; we all know how it goes. For months you have had your panties in a twist that part of the public is being listened to, and for months you have suffered because Adèle Haenel has spoken up about her experience as a child actress, from her own point of view.

      So all the bodies in that room that evening had been gathered together with one end in mind: to validate the absolute power of the men in charge. And the men in charge love rapists. That is, those who are like them, who are powerful. They don’t love them in spite of the rapes, because they have talent. They find them talented and stylish because they are rapists. They love them for that. For the courage they have to acknowledge the sickness of their pleasure, their idiotic and systematic drive to destroy the other, the destruction, in truth, of everything they touch. Your pleasure dwells in preying, that is your only understanding of style. You know very well what you are doing when you defend Polański: you demand to be admired even in your delinquency. It is this demand which results in everyone at the ceremony being subject to a law of silence. They blame political correctness and social media, as if this code of silence were something recent, the fault of the feminists, but it’s gone on like this for decades. During French cinematic ceremonies, you never joke about the bosses’ sensitivities. So everyone shuts up, everyone smiles. If the child rapist were the bin man there would be no mercy—police, prison, thunderous proclamations, victim defence and general condemnation. But if the rapist is a powerful man: respect and solidarity. Don’t speak in public of what goes on doing castings or pre-production or during filming or promotion. It’s well-known. The law of silence prevails. Respect for this advice is how you choose whom to hire.

      And although we’ve known this for years, the truth is we’re always surprised by the overconfidence of power. That’s what’s so amazing, in the end—it’s that you get away with your dirty tricks every time. Every time, it’s humiliating to see the participants take their place on stage, whether it’s to announce or to receive a prize. We see ourselves in them—not only me because I’m an insider, but anyone watching the ceremony. We identify with them and are humiliated by proxy. So much silence, so much submission, so much pressing into servitude. We recognise ourselves. We want to die. Because at the end of the night, we know that we are all the employees of this whole heap of shit. We are humiliated by proxy when we see them keep quiet even though they know that Portrait of a Lady on Fire won’t receive a single one of those big prizes at the end, and only because Adèle Haenel spoke up and because somehow they have to make the victims understand that though they might want to tell their stories, they would do well to think twice before breaking the vow of silence. Humiliated by proxy that you dared to nominate two female directors who have never received and probably never will receive the prize for best director so that you can give it to Roman fucking Polański. Himself. [Both words in English in the original] In your face! You are, decidedly, ashamed of nothing. 25 million, that’s more than fourteen times the budget of Les Misérables [dir. Ladj Ly, which won best film], and the guy can’t even claim his film was one of the five most-seen films of the year. And you reward him. And you know very well what you’re doing—that the humiliation experienced by an entire segment of the population who got your message loud and clear will spill over into the following prize, the one you gave to Les Misérables, when you bring onto the stage the most vulnerable bodies in the room, the ones which we know risk their lives at the slightest police inspection, and if there are no girls among them at least we see they are intelligent and can tell there is a direct link between the impunity of the famous director that night and the situation in the neighbourhood where they live. The female directors who awarded the prize of your impunity, the directors whose awards are stained with your dishonour— same struggle. They each are aware that as employees of the film industry, if they want to work tomorrow, they have to shut up. No joke. That’s the spectacle of the Césars. And what timing—three months of strikes to protest reforms to the retirement system that we don’t want, which you passed by force. The same message conveyed to the people at the same time: ‘Shut up, keep your mouths shut, shove your consent up your ass, and smile when you pass me in the street because I am powerful, because I have all the money, because I am the boss.’

      So when Adèle Haenel got up, it was a sacrilege on the move [en marche, a nice dig at Macron’s political party]. A repeat offender of an employee, who didn’t force herself to smile when her name was dragged through the mud in public, who didn’t make herself applaud the spectacle of her own humiliation. Adèle got up, as she had already to say look, this is how I see the story of the filmmaker and the adolescent actress, this is how I lived it, how I carry it with me, how it sticks to my skin. Because you can tell us about it any way you like, your idiotic distinction between the man and the artist—all victims of rape know there is no miraculous division between the body that is raped and the body that creates. We carry around what we are and that’s that. Explain to me how I should take advantage of her and then shove a violated girl out the door of my office to get down to work, you bunch of clowns.

      Adèle got up and left. On the 28th of February we didn’t learn much we didn’t already know about the French film industry, but we did learn how to wear an evening gown: like an Amazon [guerrière]. How to walk in high heels: as if we were going to tear the whole building down. How to walk with our heads held high, our necks rigid with anger, and our shoulders bare. The most beautiful image in forty-five years of the ceremony: Adèle Haenel going down the stairs to leave, while you’re all applauding. Now we know how it works, someone who walks out while telling you to fuck off. I would trade 80% of my feminist books for that image. That lesson. Adèle, I don’t know if I’m male gazing you or female gazing you but I keep love gazing you [all in English and as verbs] on my phone for that exit. Your body, your eyes, your back, your voice, all your gestures say it: yes, we are dumb bitches, we are the ones who’ve been humiliated, yes, we only have to shut our mouths and take your blows, you’re the boss, you have the power and the arrogance that goes with it, but we will not remain seated without saying anything. You do not have our respect. We’re getting the hell out. Enjoy your bullshit on your own. Celebrate yourselves, humiliate each other, kill, rape, exploit, smash everything that falls between your hands. We’re getting up and we’re getting out. It’s probably a prophetic image of the days to come. The real difference is not between men and women, but between the dominators and the dominated, between those who intend to suppress the story and impose their decisions and those who are going to get up and get out while complaining, loudly. It’s the only possible response to your politics. When it’s no longer tenable, when it goes too far, we’re going to get up and get out while hurling insults at you. Even if we are your subalterns, even if we take your shitty power on the chin, we despise you. You make us want to vomit. We have no respect for the mockery you make of respectability. Your world is disgusting. Your love of the strongest is sick. Your power is sinister. You are a gruesome bunch of imbeciles. The world you created to reign over the wretched lacks oxygen. We’ve been getting up and we’re getting the hell out. It’s over. We’re getting up. We’re getting out. We’re shouting: Go fuck yourselves.

    • Vendredi dernier, pour la première fois depuis un paquet de temps, les flics ont mis les casques et tiré les lacrymos à un rassemblement féministe ; pour la première fois depuis longtemps, on les a débordés même si c’est rien qu’un peu. Ce soir-là, on s’est senties puissantes ensemble, entre meufs, on a mis nos corps ensemble, pour que de victimes nous nous changions en menace et en vengeance : parce que si certain.es se lèvent et se cassent, nous, de plus en plus nombreuses, on se soulève et on casse.

      https://paris-luttes.info/il-y-a-ceux-qui-se-taisent-il-y-a-13599

      Le jour où les hommes auront peur de se faire lacérer la bite à coups de cutter quand ils serrent une fille de force, ils sauront brusquement mieux contrôler leurs pulsions “masculines”, et comprendre ce que “non” veut dire.

      Virginie Despentes, King Kong Théorie, 2006.

  • Emmanuel Macron répond sèchement à un enseignant opposé à la réforme des retraites : « Vous n’êtes pas sympathique, ni respectueux »
    https://www.francetvinfo.fr/economie/retraite/reforme-des-retraites/emmanuel-macron-repond-sechement-a-un-enseignant-oppose-a-la-reforme-de

    Vous patachonnez dans la tête. Vous mélangez tout. Ça n’a rien à voir.
    Emmanuel Macron

     ??? mais ???

    cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Patachon

    Un #patachon était, aux xviiie et xixe siècles, un #conducteur ou une personne affectée au service ou à la garde d’une patache, sorte de #diligence de mauvaise qualité, lourde et lente. Il désignait aussi un douanier ou un membre de l’administration fiscale affecté à un navire de service, lui aussi appelé #patache.

    Les patachons, toujours en route, étant réputés mener une vie déréglée et boire beaucoup ; l’expression mener une vie de patachon est restée dans la langue française.

    NB : En #jargon_cheminot, un patachon était un train de marchandise non prioritaire.

  • Des lieux communs faussement rebels ou novateur sur l’inceste
    #tw inceste - viol - pedoviol
    https://aleteiafrench.files.wordpress.com/2018/11/web-tintoretto-suzanne-elders-vienna-domaine-public.j
    J’ai vu « The Strange Thing About the Johnsons » de Ari Aster (real que j’apprecie bien) et ce film me laisse perplexe car j’y voie une inversion des rôles assez typique des viols incestueux qui se présente comme originale alors que c’est pas du tout le cas.
    https://seenthis.net/messages/800601#message800812
    https://www.youtube.com/watch?v=sqyQMX4rwHs

    Ici on trouve un court métrage de Bastien Vives qui repose sur le même principe
    https://www.catsuka.com/news/2012-03-07/la-famille-par-bastien-vives--plus-in-memorial-sa-version-animee-du-nouveau
    (Bastien Vives est l’auteur de « Petit Paul » une bd pedosexuelle qui a été retiré des ventes l’année dernière)

    C’est en fait la plus vieille et la plus traditionnelle manière de raconté l’inceste

    Par exemple Dolto fait la même chose

    « Q- Dans l’acte incestueux il y a toujours un traumatisme pour la fille, non ?
    R- Evidemment qu’il y a un traumatisme ! Nous ne vivons pas dans une société ou ces choses sont permises. Résultat, la fille ne peut pas se développer normalement car ses pulsions sont occupées a un lieu où elles ne devraient pas l’être encore. Il se produit un blocage dans l’évolution de l’intelligence.
    (…)
    Q- Donc la petite fille est toujours consentante ?
    R- Tout à fait
    Q- Mais enfin, il y a bien des cas de viols ?
    R- Il n’y a pas de viol du tout, elles sont consentantes »

    http://www.philap.fr/HTML/inconscient-sexuel/Annexes/dolto_interview_choisir_1979.pdf

    et c’est deja la même chose dans le plus nocif des livres
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Loth_et_ses_filles

    Même chose avec l’utilisation du mot #lolita et l’incapacité des gens à comprendre que le roman de Nabokov prend le point de vue du violeur.

    En fait ca prend des aires de rebelle mais c’est le plus vieux des lieux commun cette manière de montrer l’inceste. C’est l’inceste vu par les auteurs d’inceste et on n’écoute que ceux là. Si les gens ont l’impression que les victimes sont entendus aujoud’hui c’est allé un peu vite en besogne - pour l’instant le seul effet mesurable de #metoo c’est que les entreprises embauches moins de femmes. Le seul effet de #balance_ton_porc c’est d’avoir condamné sa créatrice en justice pour diffamation et pour Adèle Haenel qui ne voulait pas porté plainte de se retrouvé au tribunal.

    #inversion_patriarcale #déni #pedoviol #victime_blaming #inceste #male_gaze #faux_rebel #violophilie #bible #lieu_commun

  • « Les temps ont changé, il est devenu indéfendable » : dans un contexte post-#metoo, le malaise Gabriel Matzneff
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/12/23/les-temps-ont-change-il-est-devenu-indefendable-dans-un-contexte-post-metoo-


    Gabriel Matzneff en 2006. À droite, l’éditrice Vanessa Spingora. En haut, Bernard Pivot (en 1978), qui a reçu l’écrivain à six reprises dans son émission « Apostrophes ».
    Collage d’après les photos de Jean-Philippe Baltel/Sipa, Rue des Archives/Agip Jean-Francois Paga/Opale via Leemage. Collage de Jean-Baptiste Talbourdet Napoleone pour M Le magazine du Monde

    La parution du livre « Le Consentement » crée une secousse dans le monde littéraire. L’auteure Vanessa Springora y raconte sa relation traumatisante, à 14 ans, avec cet homme de trente-six ans son aîné, écrivain aux pratiques pédophiles assumées.

    le #paywall ne me permet pas de voir si Le Monde rappelle que Gabriel Matzneff a longtemps tenu une chronique hebdomadaire (dans mon souvenir, entièrement centrée sur sa personne) dans Le Monde des Livres.

    (et, je voudrais pas dire, mais à l’époque c’était déjà beaucoup plus que du malaise que m’inspirait ce bonhomme et ses œuvres…)

    • Puisque nous n’avons pas l’article en entier à cause du #paywall, on peut quand même bruler chaque lettre du titre.

      Comme si les crimes pouvaient s’absoudre dans le temps, que les faits n’existaient pas et n’avaient pas à voir avec un viol mais simplement à la définition morale d’une époque. Comme si il n’y avait pas eu de victimes avant et des prédateurs sexuels, toujours, pour profiter de leur position dominante sur des enfants et les violer en toute impunité.
      A cette époque certains se targuaient de leurs libertés basées sur la soumission sexuelles des autres, le monde de la politique et de la littérature, les #grands_hommes se congratulait et montrait comment détruire des personnes par le sexe pour maintenir leur position dominante.

      Oserait-on titrer la même chose avec Hitler ?

      « Les temps ont changé, il est devenu indéfendable »

    • L’article de Lacroix relate la courageuse intervention de #Denise_Bombardier chez #Pivot et comment elle fut agressée et ostracisée

      https://www.la-croix.com/Culture/Lecrivain-Gabriel-Matzneff-rattrape-passe-2019-12-25-1201068455

      Vanessa Springora rappelle, témoignage accablant sur les doctes errements des intellectuels, ce que fut aussi le « consentement » général. Tribune libre en 1977 à la une du Monde ; pétition signée par Sartre, Simone de Beauvoir, Michel Foucault, André Glucksmann, Jack Lang, Bernard Kouchner… Sans l’ombre depuis, chez les vivants, de l’expression d’un remords à l’égard des « victimes » de ce gourou de la pulsion pédophile, très en cour, défendu, au nom du style, par François Mitterrand.

      #livres
      Le Consentement, de Vanessa Springora. Grasset, 218 p., 18 €.

      Une vie sans peur et sans regret. Mémoires, de Denise Bombardier. Plon, 464 p., 21,90 €.

      A part ceux qui sont morts, tous les crevards de pédophiles cités plus haut se portent plutôt bien, la presse française leur déroule le tapis et ils ont toujours pignon sur rue.

    • La prestation de Matzneff et de Pivot dans la vidéo d’Apostrophes est insoutenable. Denise Bombardier très émue et très digne face à un porc…

      Denise Bombardier, dans Une vie sans peur et sans regret, Mémoires : […] Puis-je avouer que cette intervention fut l’une des rares où, dans ma vie, j’ai fait œuvre utile ? »

    • Ami de Matzneff, Philippe Sollers la qualifie publiquement de « mal baisée ». Dans Le Monde, Josyane Savigneau pourfend sa « sottise » et défend avec ardeur « l’homme qui aime l’amour ». Sur Twitter, ces jours-ci, elle le glorifie encore.

      Dans VSD, Jacques Lanzmann s’étonne que Matzneff n’ait pas « aligné la Bombardier d’une grande baffe en pleine figure ». À son retour au Québec, elle reçoit des lettres anonymes, des appels menaçants, sa maison est taguée, ses vitres cassées, ainsi qu’elle le raconte dans son autobiographie parue en février dernier. « Rétrospectivement, écrit Vanessa Springora, je m’aperçois du courage qu’il a fallu à cette auteure canadienne pour s’insurger, seule, contre la complaisance de toute une époque. »

      ici l’extrait de l’émission Denis Bombardier interviens à 1:43 mins
      https://www.dailymotion.com/video/x3ykex7

    • Même rhétorique, chez ce gros connard d’ardisson, il y a une quinzaine d’année.

      Interview biographie de Gabriel Matzneff - Archive INA - YouTube
      (je vous épargne le lien, c’est au début)

      Ardisson :

      mais vous ne croyez pas que la condamnation de la société envers vous est irrévocable ?

      matzneff (rigolard) :

      Mais non voyons, absolument pas, ça c’était au vingtième siècle, maintenant c’est le vingtième et unième siècle - c’était les années 90 où je me faisait insulter (...)

      et ensuite, de lui servir la soupe pendant un quart d’heure.

    • Mais il ne faudrait pas croire que c’est là le seul contexte où les médias préfèrent des formules qui ne contiennent pas « le mot en V » ; le même évitement peut être observé dans presque tous les contextes. Jane Gilmore, la féministe australienne à l’origine du projet ‘Fixed It’ [“rectification”], qui souligne en rouge les titres sexistes des journaux et publie une capture d’écran de sa version rectifiée avec la bulle « Allez-y » (nom de l’organe de presse), « je vous l’ai rectifié », est particulièrement au fait de l’utilisation médiatique permanente du mot « sexe » au lieu de « viol » dans les comptes-rendus d’affaires de viol, alors même que les médias pourraient tout à fait remplir leurs obligations légales de ne pas biaiser les procédures criminelles en procédant à une simple modification, en ajoutant « présumé » au mot « viol ». Comme le dit Gilmore, ce n’est pas ainsi qu’ils rendent compte d’autres crimes à propos desquels personne n’a encore été condamné. Si quelqu’un est accusé de voler une voiture, les médias ne se sentent pas obligés de le décrire comme étant simplement en train de « conduire une voiture », tant qu’un jury ne l’a pas condamné pour vol. Même si sa défense consiste à dire, « je conduisais avec la permission du propriétaire », des mots comme « voler » ou « dérober » ne seront pas complètement rejetés. Pour « violer », toutefois, les choses sont différentes.

      J’en suis venue à des conclusions semblables lors de ma recherche pour un article du TES [le Supplément Education du Times] sur le langage utilisé pour qualifier des agressions sexuelles commises à l’endroit d’enfants. Les articles que j’ai lus, surtout dans les cas concernant des adolescentes, faisaient preuve d’une résistance marquée envers l’utilisation du mot « viol » ou d’autres mots impliquant des sanctions pénales, comme « agression » ou « abus ».

      Par exemple, les enseignants qui avaient abusé de leur position d’autorité ont été très souvent considérés « comme ayant eu des relations sexuelles » avec les élèves adolescentes qu’ils avaient sollicitées ; parfois on disait qu’ils avaient eu « une liaison » ou « une aventure ». Le langage, en d’autres termes, était issu du registre généralement utilisé pour parler de sexe ou de relation amoureuse entre deux adultes consentants – même quand le professeur était un prédateur en série, agressant des élèves n’ayant pas plus de 13 ans, et cela même dans des articles après qu’il ait été condamné.

      Pourquoi les comptes-rendus des cas concernant des enfants sont-il si frileux quant à l’usage des termes « viol », « agression » ou « abus » ? Je me suis alors vraiment demandée si ce n’était pas parce qu’il ne s’agissait pas vraiment d’accusations de viol dans la plupart de ces cas (les atteintes contre les mineur·e·s sont désignées différemment, par exemple comme « relations sexuelles avec enfant »). Mais à la réflexion j’ai conclu que l’accusation n’était pas l’enjeu : l’évitement constaté était plus en rapport avec deux autres facteurs.

      L’un d’eux est la réticence à utiliser des mots impliquant la violence dans des cas où l’agresseur a usé de manipulation psychologique et affective plutôt que de force ou de menaces. C’est ainsi que beaucoup d’agresseurs d’enfants opèrent. Dans une émission télévisée récente au cours de laquelle j’ai entendu parler du cas de Larry Nassar, entraineur sportif qui a agressé sexuellement de centaines de filles pendant une vingtaine d’années, la journaliste Lindsey Smith (qui avec sa collègue Kate Wells a fait un reportage pour la radio publique du Michigan, et a poursuivi avec des récits des survivantes, dans le podcast primé “Believed”[« On vous croit »]), a expliqué que les raisons principales de l’impunité prolongée de Nassar était sa capacité a gagner la confiance à la fois de ses victimes, de leurs parents et de leurs entraineurs. Les professeurs qui agressent leurs élèves abusent de leur confiance ; peut-être, alors, n’est-il pas étonnant que dans les cas d’abus de pouvoir, des formules comme « ont eu un rapport sexuel / une relation / une aventure avec » ont été en toute logique préférées. En utilisant ce langage, toutefois, les médias ne font que reprendre l’éclairage déformé qui permet à cette forme d’abus de prospérer.

      Le second facteur est une tendance à nier ou à occulter le déséquilibre de pouvoir entre les hommes adultes et les adolescentes. Les termes « relations » ou « aventures » confirment implicitement ce que Jeffrey Epstein affirmait explicitement – à savoir que les adolescentes ne devraient pas être considérées comme des enfants vulnérables. Elles peuvent dans les faits être mineures, mais en réalité, elles sont sexuellement et socialement des adultes matures ; elles n’ont ni besoin ni envie d’être préservées des attentions sexuelles d’hommes plus âgés.

      Parfois le déni de la vulnérabilité des filles va encore plus loin, en les présentant comme plus puissantes, plus calculatrices et plus maîtresses d’elles-mêmes que les hommes qui les ont exploitées. Au tribunal, la faute est souvent rejetée sur la victime. Lors d’un procès en 2015, le juge a dit d’un professeur de 44 ans qui venait juste d’être inculpé pour abus de pouvoir sur une élève de 16 ans qu’il avait été « séduit » par une « fille intelligente et manipulatrice ». Une autre adolescente victime a été décrite comme une « allumeuse » cherchant à se venger.

      Ces descriptions d’hommes adultes comme étant les vraies victimes, pris au piège et manipulés par des adolescentes prédatrices, sont un bon exemple de ce que la philosophe Kate Manne appelle « virilo-empathie », la tendance socialisée et partagée de ressentir la souffrance d’un homme plus facilement et plus intensément que celle d’une femme, et de lui accorder, partout où c’est possible, le bénéfice du doute. Cette tendance fournit un autre motif de ne pas appeler « viol » les agissements de certains hommes : puisque tout le monde s’accorde pour reconnaître que le viol est un crime particulièrement odieux, on doit être très prudent avant de formuler une accusation aussi grave. On voit partout ce souci de ne pas briser la vie des hommes, depuis la réticence des juges à punir de jeunes hommes à l’avenir plein de promesses, jusqu’à la demande d’accorder aux accusés le même anonymat qu’aux victimes dans les affaires de viol. Bien qu’il y ait dans le monde un grand nombre d’hommes qui ont été accusés de viol et qui pourtant n’ont pas tout perdu, (pensez à Roman Polanski et Donald Trump), cela peut être encore une autre raison de la réticence des gens à utiliser le mot en V.

      La « virilo-empathie » peut influencer les mentalités par rapport au viol d’autres manières moins évidentes. Dans le courant du mois, la Juge des Tutelles a statué sur le cas d’un déficient mental qui voulait avoir des relations sexuelles, mais qui ne comprenait pas l’idée de consentement. Auparavant il avait eu une « conduite inappropriée » envers les femmes, et ses aidants, inquiets à l’idée qu’il puisse être arrêté pour des raisons qu’il était incapable de comprendre, avaient pris des mesures de prévention dans ce sens. La juge, toutefois, déclara que ces mesures portaient atteinte à ses droits fondamentaux. Il avait le droit, dit-elle, de « commettre les mêmes erreurs que n’importe quel être humain pourra commettre, ou commettra, dans le cours de sa vie ».

      Selon le commentaire de la juriste Ann Olivarius sur Twitter, la juge a semblé totalement indifférente aux répercussions de sa déclaration pour les femmes susceptibles d’être, selon les aidants, des victimes de cet homme. Elle a même minimisé les menaces qu’il faisait peser sur ces femmes en les reformulant dans un langage insipide et euphémisant. Parler des « fautes que tout être humain commet au cours d’une vie » suggère que le problème – la possibilité que nous puissions offenser ou humilier en faisant des avances mal venues et maladroites – est courant et relativement mineur. En fait les aidants craignaient qu’il ne commette une grave infraction sexuelle. Peu de gens pourraient décrire un viol comme « une faute » et certainement pas comme le genre de faute que « tous les êtres humains peuvent commettre un jour » (surtout si l’on considère les femmes comme des êtres humains). Bien entendu, la juge n’aurait pas pu dire, avec autant de mots : « cet homme devrait avoir la même liberté de violer les femmes que tout un chacun ». Mais si l’on dépasse les non-dits et les euphémismes, n’est-ce pas le sens même de son jugement ?

      Cette année, les écoles d’Angleterre et du Pays de Galles devront enseigner à leurs élèves ce que dit la loi sur le consentement sexuel. Des jeunes gens apprendront qu’on doit avoir 16 ans pour pouvoir consentir, et que le sexe sans consentement est illégal. Mais en dehors de la salle de classe, les mêmes jeunes gens seront confrontés à quantité de messages dans lesquels le sexe non consenti, y compris des actes impliquant des mineurs, sont décrits en des termes qui, ou bien les normalisent (sexe, relation, aventure), ou bien les banalisent (« se conduire de façon inappropriée », « commettre des erreurs »). Comment savoir lequel de ces messages contradictoires ils retiendront ?

      Nous devons parler du viol, et par là j’entends : en parler en termes de viol. La définition légale peut avoir changé, mais « ce que la société en général considère comme du viol » est le plus souvent plus proche du point de vue que Susan Estrich a critiqué dans son livre de 1987 Real Rape (Ce que le viol est réellement), à savoir : le viol n’est avéré que s’il s’agit de l’attaque brutale par un inconnu d’une femme de réputation irréprochable. (Il n’y a que dans les comptes-rendus de ce genre d’affaires qu’on ne voit aucun évitement du mot en V.) Si nous voulons changer le consensus actuel, nous devons (entre autres choses) cesser d’utiliser, ou de tolérer un langage qui occulte la réalité du viol.

      https://entreleslignesentrelesmots.blog/2019/12/25/nous-devons-parler-du-viol

      #viriol-empathie #fraternité #violophilie #vocabulaire #victime_blaming #déni #male_gaze

    • Je me demande si il n’y aurait pas une carte des collusions du viol à créer. Avec des sources genre relevé d’écriture, paroles reprises dans les journaux, médias, films, etc. On verrait se dessiner le boyclub français qui sévit encore pour dédouaner les violeurs.

      J’ai envie de comprendre comment la plupart de mes amies qui ont cinquante ans aujourd’hui ont été violées si jeunes sans que personne ne pense jamais à prendre leur défense. Envie de savoir qui étaient ceux qui facilitaient l’acceptation culturelle et le principe de normalité pour qu’on accepte qu’un enfant devienne une proie sexuelle à 13 ans et comment les empêcher aujourd’hui de poursuivre leur massacre en les dénonçant.
      Rien que ça :)

    • J’ai mis la liste complète ici @tintin
      https://seenthis.net/messages/817715#message817775

      Pour la carte ca serait plutot un bingo des pedo-violophiles que j’imagine. Je veux bien y participé, il me semble que seenthis se prête bien à cet exercice collectif. Je vais ouvrir un sujet là dessus pour le rendre plus visible. Je pense qu’il y a aussi un truc à faire avec des cercles d’influence, comme une carte des misogynes médiatiques français- il y a des figures autour desquelles s’articulent plusieurs dossiers pas seulement des violences sexuelles et pas seulement sur des enfants. J’y pensait parce que Denise Bombardier explique qu’elle a été blacklisté d’un cercle.
      Du coup je voie bien un #bingo + une carte des réseaux pédophobes et misogynes

    • @mad_meg attention à ne pas abuser de l’interpellation du compte seenthis car ses notifications arrosent la liste de diffusion par email (ce qui nous permet de veiller à plusieurs pour les différents problèmes communautaires et techniques). Merci :)

    • @mad_meg cool pour la carte, je voyais quelque chose d’interactif un peu comme societe.com. Comme dit plus haut, je voudrais souligner la construction de ces réseaux et leur pouvoir d’influence, pas seulement de personnes mais des médias pour lesquels ils ont bossé, et montrer dans le temps que ces pédos violeurs misogynes se tiennent la main pour conserver leur domination destructrice. D’ailleurs la liste des salopards du torchon causeur est une base où en retrouver plusieurs cités déjà ici.

    • @mad_meg
      pour le côté interactif, au pire on trouvera de l’aide :) il faut en premier essayer d’anticiper les liens et relations que l’on veut voir apparaitre.
      Je suis en train de penser la structure de la base de données.
      Chaque personne qui s’est exprimée publiquement a sa place : nom, prenom, date de naissance (pour regrouper par ages et voir si ça évolue ou pas).
      Ces personnes sont liées à leur milieu d’influence via leur métier : politique, journalisme, art, cinéma, sport, mode.
      Les faits sont datés et sourcés et chaque personne est liée à un rôle : victime / à fait barrage / a défendu le violeur /signataire de la pétition Z.
      Les pétitions sont sourcées et reliées à chaque personne.

      Je fais des essais pour voir les regroupements systématiques des soutiens à Polansky, DSK, Matzneff, n’hésite pas si tu as des idées, et tu as mon mail aussi !

      Ok, je viens de voir ton lien, super !

    • (Texte intégral de l’article, @simplicissimus)

      Le Monde (site web)
      m-le-mag, lundi 23 décembre 2019 - 11:25 UTC +0100 3842 mots

      « Les temps ont changé, il est devenu indéfendable » : dans un contexte post-#metoo, le malaise Gabriel Matzneff
      Dominique Perrin

      La parution du livre « Le Consentement » crée une secousse dans le monde littéraire. L’auteure Vanessa Springora y raconte sa relation traumatisante, à 14 ans, avec cet homme de trente-six ans son aîné, écrivain aux pratiques pédophiles assumées.

      Le livre est à la fois cru et subtil. « À quatorze ans, on n’est pas censée être attendue par un homme de cinquante ans à la sortie de son collège, on n’est pas supposée vivre à l’hôtel avec lui, ni se retrouver dans son lit, sa verge dans la bouche à l’heure du goûter. (…) De cette anormalité, j’ai fait en quelque sorte ma nouvelle identité. À l’inverse, quand personne ne s’étonne de ma situation, j’ai tout de même l’intuition que le monde autour de moi ne tourne pas rond. » Dans Le Consentement (Grasset), Vanessa Springora raconte tout, la rencontre avec G. en 1985, à l’âge de 13 ans, la fascination, l’amour qu’elle dit avoir éprouvé, l’emprise, la séparation, la chute, avec crises d’angoisse et épisode psychotique, puis les années pour s’en remettre. Il lui aura fallu trente ans pour livrer sa version de l’histoire. Jusque-là, en littérature, elle n’était que Vanessa, une des multiples conquêtes de « l’homme à la sortie du collège », un écrivain qui a eu son heure de gloire, mais que les moins de 50 ans ne connaissent guère : Gabriel Matzneff.

      « Le Consentement » pousse à remonter le temps, jusqu’à ces années 1970 et 1980, quand le milieu littéraire et certains médias encensaient le dandy parisien, sans questionner les conséquences de ses attirances sexuelles.

      Ce récit, qui sort le 2 janvier, est une première. Jamais les enfants et les adolescentes ayant eu une relation avec cet écrivain n’avaient pris la parole. Devenus adultes, aucun n’était sorti du silence. À 47 ans, Vanessa Springora, nouvelle directrice des éditions Julliard, se lance et couvre de ses mots ceux d’un homme de 83 ans, qui a toujours revendiqué son désir pour les mineurs – il ne dit pas pédophile mais « philopède », même si le verlan n’est pas son style. Récit littéraire, personnel et très fort, Le Consentement est aussi un ouvrage qui interroge la société. Il pousse à remonter le temps, jusqu’à ces années 1970 et 1980, quand le milieu littéraire et certains médias encensaient le dandy parisien, sans questionner les conséquences de ses attirances sexuelles.

      Aujourd’hui, Gabriel Matzneff parle à ses amis de « retour du puritanisme » mais refuse de s’exprimer – « Je sors de chez le médecin, je n’ai pas la tête à ça, ce n’est pas du tout par désobligeance, croyez-le bien », répond-il, très courtois. Dans un contexte post-#metoo de remise en cause de la domination masculine et peu après le témoignage de l’actrice Adèle Haenel, il sait que l’époque ne lui est plus favorable.

      Une autre époque

      Crâne rasé, chemise grande ouverte sur torse bronzé, pantalon pattes d’éph, Gabriel Matzneff a 39 ans. Costume vert amande, chemise rose pâle et cravate bariolée, Bernard Pivot n’a pas un cheveu blanc. Nous sommes le 12 septembre 1975, sur Antenne 2. Présenté comme l’ami de Montherlant, l’écrivain est invité pour son essai Les Moins de seize ans (Julliard), sorti un an plus tôt. Déjà, il révèle ce qui fera tout son succès, ses airs d’aristocrate, son amour des interdits, son besoin de scandaliser. Déjà, ses propos sont limpides : « Je pense que les adolescents, les jeunes enfants, disons entre 10 et 16 ans, sont peut-être à l’âge où les pulsions d’affectivités, les pulsions sexuelles également, sont les plus fortes parce que les plus neuves. Et je crois que rien ne peut arriver de plus beau et de plus fécond à un adolescent ou une adolescente que de vivre un amour. Soit avec quelqu’un de son âge (…), mais aussi peut-être avec un adulte qui l’aide à se découvrir soi-même, à découvrir la beauté du monde créé, la beauté des choses. » Il enchaîne sur l’éveil, Bouddha, le Christ, les stoïciens.

      Pédophile certes, mais pédophile mystique. « Est-ce que vous avez été choqué par le livre ? », interroge Pivot. Deux invités s’avouent gênés. Une professeure de lycée parle « d’attentat à la dignité de l’enfant » et un universitaire interroge l’écrivain, à propos « des petits garçons qu’il drague » : « Vous les avez peut-être traumatisés pour la vie ? » Matzneff ne se démonte pas : « Je vous dirais qu’il y a beaucoup d’autres façons de pourrir un enfant que de coucher avec. » Fin du débat. « Le livre n’a pas soulevé de vagues de protestation, se remémore Bernard Pivot. Ce sont les époques qui diffèrent. » Lui-même n’a aucun souvenir de cet essai. Il réinvitera l’écrivain à cinq reprises.

      « Bernard Pivot invite systématiquement Matzneff, “Le Monde” ne dit jamais de mal de l’écrivain pendant les années 1970 et “Libération” en parle peu mais soutient le mouvement pro-pédophile. » Anne-Claude Ambroise-Rendu, universitaire

      Une autre époque en effet. Une période difficile à juger avec les critères actuels. « Bernard Pivot invite systématiquement Matzneff, Le Monde ne dit jamais de mal de l’écrivain pendant les années 1970 et Libération en parle peu mais soutient le mouvement pro-pédophile, raconte l’universitaire Anne-Claude Ambroise-Rendu, auteur d’Histoire de la pédophilie : XIXe-XXe siècles (Fayard). Aux côtés de l’écrivain Tony Duvert et du philosophe René Schérer, il est la tête de proue de la défense de ce qu’il répugne à appeler la pédophilie, avec des arguments très structurés et ce qu’il faut de mauvaise foi. Le Monde et Libération y voient un discours de défense de la liberté, une cause plus que transgressive, révolutionnaire. Les seuls à critiquer Matzneff, au nom de la morale, sont des titres conservateurs, comme France Soir, ou d’extrême droite comme Minute. Le partage des médias est très politique. » A partir de 1977, l’écrivain tient une chronique hebdomadaire au Monde. Le journal y mettra fin en 1982 quand Gabriel Matzneff sera soupçonné de pédophilie, finalement à tort, dans l’affaire du Coral, un centre éducatif dans le Gard. Sa voix est reconnue, ses romans sont lus. Un de ses plus grands succès, Ivre du vin perdu, sort en 1981 et se vendra au fil des ans à 20 000 exemplaires.

      Dans le milieu littéraire, le personnage séduit. Petit-fils de Russes blancs à l’écriture classique, mâtinée de références grecques et latines, l’écrivain possède l’aura de l’homme cultivé qui ose briser les tabous, choquer le bourgeois. Un héritier de Gide, de Byron et de Casanova tout à la fois. En janvier 1977, il rédige une lettre ouverte publiée dans Le Monde demandant la relaxe de trois hommes incarcérés, accusés d’avoir eu des relations sexuelles avec des filles et des garçons de 13 et 14 ans. Tout Saint-Germain-des-Prés signe : Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Gilles Deleuze, Guy Hocquenghem, Louis Aragon, Roland Barthes, Philippe Sollers, Jack Lang… L’heure est à la liberté des mœurs, il faut extraire l’enfant du carcan familial, l’aider à s’épanouir. Dans les milieux intellectuels et artistiques, défendre la cause pédophile et militer pour l’abrogation de la majorité sexuelle fixée à 15 ans, est un combat d’avant-garde. À cette même époque, la photographe Irina Ionesco fait des portraits érotiques de sa fille, Eva, dès ses 4 ans, et David Hamilton (accusé plus tard de viols sur mineures) repère ses jeunes modèles sur les plages du Cap d’Agde.

      Changement d’atmosphère

      Milieu des années 1980, changement d’atmosphère. « Un basculement s’opère en 1986, explique Anne-Claude Ambroise-Rendu, quand “Les Dossiers de l’écran” consacrent une soirée à la question de l’inceste. » Armand Jammot y reçoit Eva Thomas, qui publie Le Viol du silence (Aubier, 1986), dans lequel elle raconte qu’à 15 ans, elle a été abusée par son père. « L’opinion commence alors à se retourner, note l’historienne. Via l’inceste, les Français s’intéressent davantage aux enfants victimes d’abus sexuels. » C’est à cette période-là que le mot pédophilie apparaît dans le langage courant.

      Lorsque le 2 mars 1990, Gabriel Matzneff est de nouveau invité à « Apostrophes », l’ambiance n’est donc plus celle de 1975. L’écrivain, que Vanessa Springora a quitté deux ans plus tôt, présente un tome de son journal intime, au titre baudelairien : Mes amours décomposées (Gallimard). Un tableau de chasse, autobiographique donc, de filles de 14 ou 15 ans, agrémenté de garçons philippins de 11 et 12 ans, prostitués à Manille. Ton bravache. Sur le plateau chacun intervient tour à tour, quand, soudain, une journaliste et écrivaine québécoise crée la surprise. D’un ton assuré, celle qui a été la première femme à animer une émission politique à la télévision de Radio-Canada, se lance : « Moi, M. Matzneff me semble pitoyable. (…) On sait bien que des petites filles peuvent être folles d’un monsieur qui a une certaine aura littéraire, d’ailleurs on sait que les vieux messieurs attirent les petits enfants avec des bonbons. M. Matzneff, lui, les attire avec sa réputation. » Assis à sa gauche, « l’écrivain pitoyable » est soufflé : « Je trouve insensé de parler comme vous venez de le faire. (…) Je suis le contraire d’un macho, d’un type qui force qui que ce soit à faire quoi que ce soit. »

      Le cocktail qui suit est tendu, les olives passent mal. « C’était affreux, se souvient depuis Montréal, Denise Bombardier, 78 ans aujourd’hui. Les gens faisaient cercle autour de Matzneff, je ne suis restée que cinq minutes. » Bernard Pivot est alors le premier étonné : « Parfois j’organisais des conflits, mais là ce n’était pas le cas. Gabriel Matzneff avait le prestige de l’écrivain qui a une belle écriture. Ce qu’il racontait, on ne le trouvait pas dans d’autres livres, c’était original, osé, aventureux. À ceux qui pensaient qu’il bluffait, ses proches confirmaient que tout était vrai. Mais cela n’indignait pas comme aujourd’hui. » Sauf à venir d’un autre continent.

      Après l’émission, les critiques ne visent pas l’homme mis en cause… Mais la femme qui a cassé l’ambiance. « Connasse ! », s’énerve Philippe Sollers, l’éditeur de Matzneff, le 19 mars, sur France 3. Dans Le Monde du 30 mars, Josyane Savigneau encense l’écrivain, qui « ne viole personne », et tacle la Canadienne : « Denise Bombardier a eu la sottise d’appeler quasiment à l’arrestation de Matzneff, au nom des “jeunes filles flêtries” par lui… Découvrir en 1990 que des jeunes filles de 15 et 16 ans font l’amour à des hommes de trente ans de plus qu’elles, la belle affaire ! [ni l’ex-responsable du Monde des livres, ni Philippe Sollers n’ont souhaité nous parler] ». Dans Le Nouvel Observateur, Guy Sitbon est un des rares à écrire un article au vitriol contre l’écrivain « qui ne recule devant aucune goujaterie ».

      Impunité des artistes

      Des années plus tard, le 18 mars 1999, à l’occasion de la critique d’un livre, le chroniqueur Pierre Marcelle pourfendra encore, dans Libération, les « glapissements torquemadesques » de la journaliste (en référence au grand inquisiteur espagnol Tomás de Torquemada) et écrira que « déjà Christine Boutin pointait sous Bombardier ». « Je me suis fait traiter de mégère et de mal-baisée, raconte celle-ci. Matzneff était protégé par une partie du milieu littéraire et des médias, complètement complaisants à son égard. Ils ont justifié l’injustifiable au nom de la littérature. » Aujourd’hui, Vanessa Springora s’étonne aussi de l’impunité des artistes. « Tout autre individu, qui (…) se vanterait de sa collection de maîtresses de 14 ans, aurait affaire à la justice », écrit-elle dans son récit.

      Mais l’émission reste dans les mémoires et sonne la progressive mise au ban de l’écrivain. Tout le monde réalise que la pédophilie transforme l’enfant en simple objet de jouissance. Les années 1990 sont aussi celles de l’affaire Dutroux. Le pédophile n’a plus rien de libertaire, il devient un monstre. Pour son livre L’Enfant interdit, comment la pédophilie est devenue scandaleuse (Armand Colin, 2013), le sociologue Pierre Verdrager a étudié de près le parcours de l’écrivain. Il a une théorie cocasse : « Le journal de Matzneff est à la pédophilie ce que les carottes glaciaires sont à la climatologie. » Plus précisément, « les changements dans les mœurs se réfléchissent dans sa mauvaise humeur ». Ces années-là, l’écrivain au crâne rasé est bougon. Il est de moins en moins invité par les médias. Et quand il l’est, constate Verdrager, c’est moins pour la qualité de ses livres que pour le caractère sulfureux de sa vie.

      Prix Renaudot en 2013 à sept voix contre trois

      Le milieu littéraire parisien le remet soudain à l’honneur en 2013. À 77 ans, après une quarantaine de livres publiés, il reçoit son premier prix, le Renaudot essai, pour Séraphin, c’est la fin ! (La Table ronde). Un recueil de textes rédigés entre 1964 et 2012, sur Schopenhauer, Kadhafi, les prêtres ou le viol. Le jury (Jérôme Garcin, Patrick Besson, Dominique Bona…) l’a choisi à sept voix contre trois, après qu’un de ses membres eut longuement plaidé sa cause : Christian Giudicelli. Il n’est autre que l’éditeur de Matzneff chez Gallimard et son ami. Mais dans le grand jeu des prix littéraires, être juge et partie n’est pas un souci. « C’est un prix que l’on a décerné à un auteur ostracisé, jugé sulfureux et scandaleux depuis une vingtaine d’années et qui n’avait plus accès aux médias », se souvient Frédéric Beigbeder, membre du jury. Le ton était à la compassion. L’écrivain Patrick Besson : « Dans ce qu’il a pu écrire sur sa vie amoureuse, il y a des choses ahurissantes et inacceptables, mais c’est un vieux monsieur blacklisté et dans le besoin, on a fait la part des choses. »

      Ex-directeur du Point, Franz-Olivier Giesbert n’a voté pour Matzneff qu’au second tour. « C’est un excellent écrivain, dont j’aime certains livres, d’autres pas du tout, précise-t-il. J’exècre la pédophilie, mais je déteste aussi la police de la maréchaussée. Les gens cloués au pilori ont toujours ma sympathie. » Il souligne que jamais l’écrivain n’a été condamné par la justice. Aussitôt le Renaudot annoncé, trois pétitions apparaissent pour retirer le prix « à un militant pro-pédophile ». En vain. L’essai ne fera pas date, mais, grâce au prix, se vendra à 3 800 exemplaires.

      « Sur les réseaux sociaux, je me fais parfois interpeller pour le virer. Notre philosophie est claire : plus on nous demande de virer quelqu’un, moins on le fera. C’est une question de liberté d’expression. » Étienne Gernelle, directeur du « Point »

      Les médias qui le soutiennent s’amusent de son côté « politiquement incorrect ». Ses relations sexuelles avec des mineurs sont, pour eux, une histoire ancienne. D’ailleurs, dans ses derniers tomes de journaux, ses amantes ont passé les 18 ans. Et puis l’écrivain a d’autres sujets de prédilection : la Russie, la religion, la politique… La politique, c’est compliqué. Tendance réac, proche du penseur de la nouvelle droite, Alain de Benoist, Matzneff a voté Mélenchon en 2017. La chaîne Russia Today l’invite parfois, tout comme la très à droite Radio Courtoisie. Depuis 2013, il tient une chronique irrégulière sur le site du Point. « Il écrit sur tout et n’importe quoi avec un talent fou, se réjouit le directeur de l’hebdomadaire, Étienne Gernelle. Il dit le contraire de ce qu’il y a dans beaucoup de journaux, ça détonne. Sur les réseaux sociaux, je me fais parfois interpeller pour le virer. Notre philosophie est claire : plus on nous demande de virer quelqu’un, moins on le fera. C’est une question de liberté d’expression. »

      Dans l’édition aussi, il sème la pagaille. Au printemps 2016, il signe un contrat avec son ami Jean-François Colosimo, orthodoxe comme lui et directeur des Éditions du Cerf, pour publier un essai. En juillet, la maison fondée par l’ordre dominicain change d’avis « pas par censure », soutient Colosimo, « plus par incommodité ». « Quand j’ai appris que son essai avait été refusé, je n’ai pas hésité », raconte Manuel Carcassone, directeur de Stock. En 2017, il publie Un diable dans le bénitier. L’éditeur n’est pas un ami proche, mais il l’a admiré très tôt – « sans être familier du volet privé de son œuvre », s’empresse-t-il de préciser. « Quand j’avais 22 ans, à la fin des années 1980, Gabriel Matzneff était un personnage légendaire, perçu comme un auteur de qualité et un esprit libre. En plus, c’est un diariste, genre que j’aime beaucoup. Il me fascinait. Je l’ai rencontré à ce moment-là, je me souviens d’un dîner avec lui chez Guy Hocquenghem. On manque de gens comme eux. Le milieu littéraire est de plus en plus uniforme, aseptisé, politiquement correct. »

      A Saint-Germain-des-Prés, Matzneff est désormais synonyme de malaise. L’annonce de la sortie du livre de Springora a jeté un froid. Rares sont les personnes qui acceptent de parler. « Ça ne m’étonne pas, confie anonymement un professionnel de l’édition. Tout le monde connaissait l’histoire entre Vanessa Springora et Gabriel Matzneff et leur relation avait la bénédiction du milieu. Certains connaissaient aussi la mère de l’adolescente, attachée de presse dans l’édition. Aujourd’hui, forcément, tout le monde est gêné. » Matzneff n’hésitait d’ailleurs pas à se faire accompagner de sa jeune amante pour se rendre sur un plateau télé.

      « Pourriez-vous écrire qu’il est mon ami et le restera quoi qu’il advienne. » Frédéric Beigbeder

      Dans sa maison de la côte basque, à Guéthary, Frédéric Beigbeder est plus courageux. Il ne nous fait pas croire qu’il est parti faire du surf, mais se noie un peu dans ses hésitations. « Un nouveau tribunal va se mettre en place, comme pour Polanski, soupire-t-il. C’est une époque qui en juge une autre, mais les temps ont changé… Tout le milieu littéraire a peur. » Revoterait-il aujourd’hui pour le Renaudot ? « Je ne sais pas… C’est un auteur que j’aime beaucoup. Nous ne sommes ni flics ni juges, juste des personnes qui aiment la littérature. C’est triste si quelqu’un a souffert, c’est très triste… Mais quand on juge une œuvre d’art, il ne faut pas avoir de critères moraux. Je ne sais pas quoi dire de plus… C’est terminé pour lui, il est devenu indéfendable. Je ne serais pas étonné qu’il se suicide, il a tellement écrit sur le suicide. » Le lendemain, il envoie un message : « Pourriez-vous écrire qu’il est mon ami et le restera quoi qu’il advienne. » Manuel Carcassonne est partagé. « La transgression, comme celle de Rimbaud ou de Verlaine, devrait être consubstantielle à un certain nombre d’écrivains. Mais à un moment, si c’est illégal, il y a un prix à payer. L’affaire qui se profile est à la fois sûrement nécessaire et triste pour un homme de 83 ans. »

      Dans son studio du Quartier latin, Gabriel Matzneff doit, une fois de plus, se sentir victime d’un « retour de l’ordre moral, qui nous vient des sectes puritaines américaines » (Russia Today, le 1er décembre, au sujet de sa mauvaise réputation). « Il ne s’agit pas d’un retour à l’ordre moral, estime Patrick Besson, juste d’un retour à la raison. Les filles de 13 ans ont autre chose à faire que de tomber amoureuse d’un mec de 50 ans. Elles ne sont pas à armes égales avec lui. »

      L’auteur scandaleux n’intéresse plus grand monde

      Ce qui nuit le plus au vieil écrivain, selon Besson, ce ne sont ni les ligues de vertu, ni la bien-pensance, mais lui-même. « Il devient sa proie. Gabriel est attachant mais aussi exaspérant. Il est prisonnier de ses obsessions littéraires. Entre Marie-Élisabeth, Sandra, Juliette et Anne-Sophie, je ne vois plus la différence, lui non plus je crois. Il est prisonnier aussi de sa folie narcissique, il ne s’intéresse qu’à son poids, ses conquêtes, son œuvre. Il ne restera pas dans l’histoire de la littérature, mais dans celle de la psychiatrie. » Des propos sans concession, qui ne lui font pour autant pas regretter le Renaudot : « C’était un essai, pas un tome de journal ». L’auteur scandaleux n’intéresse en tout cas plus grand monde. Il a sorti en novembre le quinzième volume de son journal, L’Amante de l’Arsenal (Gallimard, 2019), alors que le quatorzième, La Jeune Moabite (Gallimard, 2017) n’avait pas dépassé les 1 000 exemplaires vendus.

      Lundi 9 décembre, rendez-vous avec un « matznévien » dans le Quartier latin. Normalien, Arthur, 21 ans, veut devenir écrivain et n’aime rien tant que citer son maître (rencontré à 17 ans, après lui avoir écrit). Choix du jour : « être différent, c’est être coupable ». Il se dit furieux de la sortie du livre de Vanessa Springora. « Pour Matzneff, c’est très douloureux, confie-t-il en buvant un chocolat chaud. Quand il l’a appris, il en avait les larmes aux yeux. Il se sent poignardé en plein cœur par une des trois femmes qui ont le plus compté dans sa vie. » Il raconte leur histoire dans La Prunelle de mes yeux (Gallimard, 1993). Par la vitre du café, on aperçoit en face, rue du Cardinal-Lemoine, un bar littéraire qui sert de l’absinthe, entièrement peint de jaune : L’Eurydice.

      « Les pédophiles à Cayenne ! »

      C’est là que, le 17 octobre, Arthur a organisé avec deux amis une soirée en hommage à son auteur fétiche. Ce jour-là, une cinquantaine de personnes, dont son ami l’écrivain Roland Jaccard, s’installe face à la scène. Invité, Philippe Sollers n’est pas venu. Au premier rang, Gabriel Matzneff est assis à côté d’une étudiante de 24 ans. Arthur lui offre une bouteille de vin jaune du Jura et tend à l’ancien ami d’Hergé une photo sur laquelle Tintin est emprisonné au quai de Gesvres, l’adresse de la brigade des mineurs. Tout le monde trouve ça très drôle.

      Puis Matzneff lit un extrait de roman, quand soudain trois étudiants – « avec des têtes de nazillon », précise Arthur – se lèvent et crient : « Casse-toi ! », « Les pédophiles à Cayenne ! ». Échanges de coups de poings, exfiltration de l’écrivain. Les organisateurs croient l’incident fini, quand d’autres jeunes tentent de rentrer. Cette fois, ils hurlent : « Matzneff au goulag ! ». Des étudiants d’extrême gauche, selon Arthur. Ils reprochent à l’écrivain sa proximité avec Alain de Benoist. C’est ce qui s’appelle un hommage raté. Le héros du soir s’est juré d’arrêter les rencontres publiques et Arthur s’en veut encore de n’avoir su prévenir tant de violence. Il saura que soutenir Matzneff est désormais devenu un loisir à haut risque.
      Cet article est paru dans Le Monde (site web)

      Note(s) :

      Mis à jour : 2019-12-27 07:02 UTC +0100

    • #merci @gata ! ça répond à ma question. L’auteur, Dominique Perrin donne un compte-rendu fidèle.

      Le jury (Jérôme Garcin, Patrick Besson, Dominique Bona…) l’a choisi à sept voix contre trois, après qu’un de ses membres eut longuement plaidé sa cause : Christian Giudicelli. Il n’est autre que l’éditeur de Matzneff chez Gallimard et son ami. Mais dans le grand jeu des prix littéraires, être juge et partie n’est pas un souci.

      Voilà,…

    • Plusieurs ressources via @kinkybambou sur twitter
      https://twitter.com/kinkybambou/status/1210913811638759425
      En framapad par @PacoHerin :

      Retranscription des tweet de Xanax (comme Twitter les bloque pour certain.e.s)

      « Quelques personnes à lire sur un type de violences sexuelles à l’encontre des enfants et ados, les violences incestueuses. Je n’indique ici que des ressources facilement disponibles en ligne. »

      Comptes-rendus de l’étude de Léonore Le Caisne, Un inceste ordinaire. Et pourtant tout le monde savait, paru en 2014, qui résument le livre : https://journals.openedition.org/gss/3619

      Les travaux de Dorothée Dussy : je commence par deux compte-rendus de ses ouvrages (qu’elle a écrit en nom propre ou dirigé). Dussy s’intéresse particulièrement à ce qui conduit (contraint) les victimes au silence. https://journals.openedition.org/clio/12872

      Des articles de Dorothée Dussy : https://www.erudit.org/fr/revues/as/2009-v33-n1-as3337/037816ar

      Un texte co-écrit par Dussy et Le Caisne
      https://journals.openedition.org/terrain/5000

      une étude ethnographique sur un cas d’inceste d’un père sur sa fille, au tribunal, qui interroge profondément les dynamiques familiales.
      https://www.cairn.info/revue-cahiers-internationaux-de-sociologie-2008-1-page-161.htm

      Ici, un rapport d’expertise qui avait été commandé à l’époque par le Ministère des familles (sous Hollande), qui devait enclencher un travail de fond, et qui est depuis tombé dans les oubliettes de la macronie.
      https://www.centre-hubertine-auclert.fr/sites/default/files/documents/cnrs_expertise_inceste_avril17.pdf

      Et le site de la grande enquête Virage de l’INED, mine d’informations toujours en cours d’exploitation, sur les violences sexuelles en France en général. Ce lien renvoie directement vers les publications actuellement disponibles au téléchargement.
      https://virage.site.ined.fr/fr/publications/Publications%20Virage

      Bibliographie :
      Lydia Guardo et Jean-Michel Caradec’h, ’ Le Silence des autres’ (qui est la personne dont parle Le Casine dans Un inceste ordinaire). (Merci à Valery Rey-Robert !)

      https://hebdo.framapad.org/p/9e4e-ressources-et-liens-sur-violences-incest?lang=fr (pour une semaine)

      via
      https://twitter.com/PacoHerin/status/1210932869603966981

    • @tintin : dans ta liste, je crois qu’il faut retirer Sorj Chalandon qui est celui qui dénonce Libé...

      Et sinon, juste pour compléter, bien que l’intervention de Denise Bombardier soit impeccable, il faut rappeler que c’est une chroniqueuse québécoise assez réac...

  • Le revers de la médaille | Une enquête exclusive de Disclose
    https://www.binge.audio/le-revers-de-la-medaille-une-enquete-exclusive-de-disclose

    Pendant huit mois, les journalistes Daphné Gastaldi et Mathieu Martiniere du média d’investigation Disclose ont enquêté dans les clubs de sport amateurs et professionnels français. Cette investigation révèle les failles d’un système impliquant les associations sportives, les fédérations, puis la justice et l’Etat... Source : Binge Audio

  • La justice peine à dépasser le mythe de la « victime idéale » dans les cas de viol | Slate.fr
    https://www.slate.fr/story/181692/mythe-victime-ideale-viol-justice-unbelievable-marc-patrick-o-leary-netflix

    « L’erreur » de Marie est simple : elle n’a pas réagi comme la société l’attend de la part d’une victime de viol. Elle a pourtant porté plainte immédiatement, elle présentait des traces physiques du viol et pleurait —mais pas assez. La jeune femme aurait dû être visiblement traumatisée, effondrée, couverte d’hématomes ou de fractures. Elle aurait dû se souvenir des moindres détails et se montrer catégorique sur le déroulé des événements. Pour être crédible et digne de la protection de l’État, Marie aurait dû être une « victime idéale ».

    La victime idéale (ou parfaite) se comporte de manière irréprochable et infaillible. Elle porte plainte immédiatement (plusieurs années après, c’est suspect), a été tabassée, elle peut prouver qu’elle a essayé de se défendre et résister ; elle ne boit pas une goutte d’alcool, a des relations sexuelles –mais pas trop–, ne se drogue pas, ne drague pas, ne sort pas, en somme ; elle ne doit surtout pas revoir ni recontacter son violeur, encore moins lui préparer son petit-déjeuner ; elle doit avoir l’air faible et fragile, surtout pas en colère, elle doit pleurer, crier, trembler, ne pas supporter la promiscuité.

    « Une victime idéale, c’est une victime morte. »

    Valérie Rey-Robert, autrice

    #culture_du_viol #viol #victime #victime_blaming

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    Edit - Violences conjugales : vers la levée du secret médical
    https://www.nouvelobs.com/societe/20191030.OBS20498/violences-conjugales-vers-la-levee-du-secret-medical.html

    La levée du secret médical, en cas de violences conjugales, pourrait bientôt être effective. C’est la recommandation phare du groupe de travail « justice », créé dans le cadre du Grenelle lancé le 3 septembre dernier à Matignon.

    Ce groupe, présidé par une ancienne magistrate, Isabelle Rome, en charge des questions d’égalité femmes-hommes au côté de la garde des Sceaux Nicole Belloubet, propose de permettre « au médecin et à tout soignant de porter à la connaissance des autorités, sans l’accord de la victime, des faits de violences conjugales en cas de risque sérieux de renouvellement de celles-ci ».
    « Non, ce n’est pas un “drame familial”, c’est un féminicide commis par un policier »
    Révéler les faits sans l’avis de la victime ?

    Actuellement, le Code pénal n’autorise les soignants à le faire que si la victime est mineure ou en incapacité physique ou psychique. La victime n’aurait donc plus à donner son accord mais devrait être informée de la démarche engagée par les soignants auprès du procureur de la République.

    Cela constituerait une véritable avancée tant les femmes violentées et sous emprise hésitent à dénoncer leur conjoint ou ex-conjoint, surtout s’il est le père des enfants. Cette mesure devrait faire partie des conclusions du Grenelle contre les violences conjugales qui seront annoncées le 25 novembre prochain. Elle nécessiterait alors de modifier l’article 226-14 du Code pénal.

    C’est d’une hypocrisie totale. D’abord les médecins sont celleux qui dénoncent le moins les violences faites aux femmes et aux filles, le droit le leur permet deja, illes ne s’en servent pas. Maintenant les femmes ont perdu le droit au secret médicale et elles ont retrouvé le statu légal de mineur à vie. Les médecins ont de leur coté un nouveau moyen de les torturé et de les humilier. Résultat des courses, les victimes n’iront même plus chez le medecin puisqu’elles y risquent la dénociation et vont se retrouvé contrainte de répondre aux blagues salaces des flics et se prendre l’impunité de l’agresseur accrédité par les juges dans la gueule.

    La mesure suscite toutefois des réserves, notamment auprès de membres de la profession médicale, qui s’interrogent sur l’impact qu’elle pourrait avoir sur la confiance entre praticien et patient. Dans « La Croix », le Dr Muriel Vergne, urgentiste à Toulon et membre du groupe de travail de la Haute autorité de santé (HAS), estime ainsi qu’agir sans le consentement risque d’être « contre-productif ». « Si elles savent qu’on peut alerter la justice contre leur gré, elles risquent de ne plus venir consulter », estime-t-elle.

  • Dans le genre Film-qui-fait-froid-aux-fesses, j’ai beaucoup aimé Midsommar , le second film de Ari Aster, qui avait déjà réalisé un autre film avec de bonnes choses dedans (la présence de Toni Colette, les maquettes et les trompe l’œil et Gabriel Byrne tout paumé) malgré quelque bouts de boudin pas bien cuits : Hereditary

    Midsommar

    Hereditary

    Quelques thématiques récurrentes rappelleront aux amateurs le classique The Wicker Man (Robin Hardy, 1973, pas le remake avec Cage) ou plus récemment le Kill List de Ben Wheatley, ou encore The Witch (2015, Robert Eggers) pour la plongée dans la communauté puritaine isolée. Midsommar, l’autre cauchemard made in Ikea.
    #cinema

  • Affaire Besson : le combat de S. Van Roy contre une photo et des articles - Par Justine Brabant | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/articles/affaire-besson-le-combat-de-s-van-roy-contre-une-photo-et-des-articl

    L’actrice Sand Van Roy, qui a porté plainte en 2018 pour viol contre le réalisateur Luc Besson, se bat depuis plusieurs mois pour faire modifier des articles évoquant l’affaire. Elle estime qu’ils la décrédibilisent et sont le symptôme d’un « victim bashing » trop souvent présent dans la presse concernant les enquêtes pour violences sexuelles.

    Les journalistes qui les ont écrits sont passés à autre chose, ont couvert d’autres sujets, ne se rappellent peut-être même pas précisément de ce qu’ils y disaient. Sand Van Roy, elle, se souvient parfaitement des dizaines d’articles parus dans la presse à propos des plaintes pour viol qu’elle a déposées contre Luc Besson en 2018. L’actrice estime qu’une partie de ces articles a contribué à « détruire sa vie » - d’abord en révélant son nom sans son accord, assure-t-elle, et ensuite en la faisant passer pour une « call-girl » et/ou pour la « petite amie » de Besson, deux choses qu’elle nie formellement mais qu’on lui répète régulièrement sous forme d’insultes sur les réseaux sociaux. L’actrice explique à ASI pourquoi elle « n’a plus confiance dans certains médias » et relate son long combat pour faire modifier des « mensonges » écrits à son propos.
    Nom donné en pâture

    Sand Van Roy : avant le mois de mai 2018, le nom de l’actrice était surtout connu des amateurs de cinéma, qui l’avaient aperçue dans Valérian et la Cité des mille planètes et Taxi 5. A compter du 19 mai 2018, pourtant, son nom est surtout devenu synonyme en France « d’affaire Besson ». Au total, neuf femmes ont témoigné de « comportements sexuels inappropriés » de la part du réalisateur et producteur. Mais le nom de Van Roy est celui qui a été le plus cité car c’est celui qui est apparu le plus tôt dans la presse. Il a été diffusé dès le lendemain de son dépôt de plainte par le Journal du Dimanche... sans son accord, assure l’actrice, qui ne décolère pas (sa plainte a depuis été classée sans suite, et une autre enquête a été ouverte pour des faits d’agression sexuelle).

    #culture_du_viol #victime_blaming #viol #harcelement #femmes #travail

  • Pourquoi les joggeuses sont une cible privilégiée pour les prédateurs
    https://www.20minutes.fr/societe/746055-20110622-pourquoi-joggeuses-cible-privilegiee-predateurs

    Bonne dose de culpabilisation des femmes dans cet article.

    Les affaires concernant des joggeuses disparues se suivent et se ressemblent. Plus ou moins, selon la criminologue et profileuse Sylvianne Spitzer, qui indique qu’« il n’y a pas de réel profil pour les agresseurs en cause ». Il existe en revanche des raisons bien précises qui font des joggeuses une cible privilégiée pour les prédateurs.

    « Ces jeunes femmes sont facilement atteignables », indique Sylvianne Spitzer. En premier lieu parce qu’elles sont isolées. « Elles sont seules, courent dans des lieux isolés dans lesquels il y a peu de passage, souvent tôt le matin ou tard le soir », poursuit la criminologue. Un isolement physique renforcé par un isolement sensoriel.

    Pour que les femmes puissent avoir la paix dans l’espace publique il faut que les hommes considèrent qu’il est aussi risqué de s’attaquer à elles qu’à un homme. Je ne dit pas que les hommes n’agressent pas les hommes et c’est pas une solution à tout, les hommes sont auteurs de 80% des crimes et délits et 98% des violences sexuelles, ca veut dire qu’ils agressent aussi les hommes. Mais les femmes sont en moyenne physiquement plus petites et elles sont 94 à 96% des victimes de violences sexuelles. Or on apprend aux filles et aux femmes plutot à ne pas se défendre que l’inverse. Les sports que pratique les femmes visent rarement à les rendre plus fortes ou plus agressives (rarement ne veux pas dire jamais, je connais des boxeuses mais il y a plus de joggeuses et pratiquante de fitness que de free fight alors que les femmes en ont manifestement besoin pour pouvoir faire leur jogging tranquillement aux heurs qui leur plaisent).
    Sur nos école il est écrit « égalité » et l’école devrait enseigner de manière à ce que l’égalité ne soit pas un mot creux. Par exemple l’autodéfense aux filles dès 3 ans afin de pallié à leur plus petite taille et les armés pour la vie qui les attend (1 femme sur 5 subit une agression sexuelle avant ses 15 ans, 1/3 au cours de sa vie), ainsi que leur donné de la confiance en elles. Si toutes les gamines avaient cet apprentissage ca changerais certainement les velléité d’un grand nombre de « prédateurs » (pas tous je sais bien, mais rien n’est parfait et ca en calmera beaucoup car de nombreux agresseurs n’ont aucun courage et profitent du manque de confiance en elles des filles et des femmes). Pendant ce temps les garçons pourraient travailler leur grâce, leur souplesse et leur endurance en sport, ca les rendra meilleur au lit plus tard (ce qui sera un bienfait pour les femmes des générations futures car les stats sur le nombre d’orgasme des femmes françaises est très bas par rapport à celui des hommes et là aussi il y a besoin de rétablir l’égalité) et peut être que ca rendra ces messieurs un peu moins méprisant pour les filles, les femmes, et les hommes jugés féminins si ils pratiquent dès l’enfance des activités associés à la féminité.
    Pour cette histoire de jogging, ce type d’agression est rare, les femmes sont surtout agressées chez elles, par les hommes qui leurs sont proches, conjoint, père, beau-père, grand-père, frère, oncle, amis de la famille... ou des collègues au travail, camarades à l’école, copains en soirée... Les meurtres de joggeuses c’est monté en épingle, ca permet de faire diversion des vrai agresseurs en désignant des étrangers, des fous, des inconnus. Mais le dernier meurtre de joggeuse en date c’est un mari qui a mis en scène le meurtre de sa femme pour profité de ce stéréotype afin de camoufler son crime. Il vaudrais mieux s’inquiéter des conjoints à la maison que des prédateurs de joggeuses - ce sont souvent les même car les hommes qui agressent les joggeuses se sont souvent entrainé à domicile sur les femmes qui leur sont proches (sans que personne ne fasse rien, c’est privé disent illes) avant de se défoulé sur n’importe laquelle qui passe dans la rue.

    #blâmer_la_victime #féminicide #espace_publique #victime_blaming

  • Le silence des brebis, suite – Les Indégivrables… mais pas qu’eux
    https://www.lemonde.fr/blog/xaviergorce/2015/02/27/le-silence-des-brebis-suite

    Mon dessin Le silence des brebis a généré une polémique (modérée) sur ce site et beaucoup d’écume (buzz) sur Twitter.

    Je ne vais pas défendre ce dessin en déclarant qu’il est bon. Non pas parce que je ne le trouverais pas bon. Mais parce que ce n’est pas mon problème. Je fais un dessin par jour, je fais de mon mieux, parfois c’est bien, d’autres fois moins bien, drôle, pas drôle… Mais je ne suis pas le meilleur juge.

    En revanche, ce dessin n’est pas ce qu’on l’accuse d’être (machiste, dégueulasse, moqueur des femmes victimes) mais tout le contraire : et je vais tenter d’aider à en comprendre le sens ceux qui ont du mal à lire un dessin.

    Le dessin dit, en substance, que les femmes qui sont en couple avec un salaud violent et qui subissent (c’est à dire qui ne réagissent pas à) sa violence sont bien connes de subir. Et non pas connes d’être battues, comme semble ne pas le comprendre certains.

    Parfois (souvent), dans ce genre de cas, elles prennent sur elles-même. Soit parce qu’il y a des enfants, soit parce qu’elles aiment leur compagnon malgré tout, soit parce qu’elles pensent que la situation peut changer, soit parce qu’elles culpabilisent…

    Mais ce que dit le dessin est simple : tu subis une violence de la part de ton compagnon ? pas d’angélisme, c’est LUI le coupable. Tu n’as aucun compromis à faire pour vivre avec ça, pour « arranger » les choses, tu n’as pas à te culpabiliser. À la première malveillance, pression, soit tu lui en colles une direct, soit tu vas voir les flics, une association… Tolérance zéro ! Sinon tu pars dans un engrenage. Si tu acceptes le moindre écart, en espérant par angélisme que « ça va s’arranger », tu es perdue et oui, tu es trop conne !

    Bien sûr je ne suis pas naïf, je ne dis pas que l’on sort de cela facilement et je sais que ces femmes sont dans des situations très compliquées.

    Mais peut-on comprendre que, dans ce dessin – volontairement provocateur et outrancier, je le revendique car c’est le but du dessin de presse, si l’on veut dessiner autre chose que des Barbapapa –, il ne s’agit pas de se moquer des femmes battus mais bien de défendre une réaction de non-acceptation de ces situations ?

    Un dessin n’est pas une thèse de sociologie ou de psychologie. Il ne peut pas être subtil, argumenté, modulé. Il faut dire fort en faisant court. Très court. Un dessin est un coup de poing dans la gueule, sinon c’est une niaiserie gentillette.

    Enfin, oui, j’affirme que ce dessin est un dessin féministe !

    Publié le 27 février 2015 par Xavier Gorce
    Le silence des brebis, suite

    Mon dessin Le silence des brebis a généré une polémique (modérée) sur ce site et beaucoup d’écume (buzz) sur Twitter.

    Je ne vais pas défendre ce dessin en déclarant qu’il est bon. Non pas parce que je ne le trouverais pas bon. Mais parce que ce n’est pas mon problème. Je fais un dessin par jour, je fais de mon mieux, parfois c’est bien, d’autres fois moins bien, drôle, pas drôle… Mais je ne suis pas le meilleur juge.

    En revanche, ce dessin n’est pas ce qu’on l’accuse d’être (machiste, dégueulasse, moqueur des femmes victimes) mais tout le contraire : et je vais tenter d’aider à en comprendre le sens ceux qui ont du mal à lire un dessin.

    Le dessin dit, en substance, que les femmes qui sont en couple avec un salaud violent et qui subissent (c’est à dire qui ne réagissent pas à) sa violence sont bien connes de subir. Et non pas connes d’être battues, comme semble ne pas le comprendre certains.

    Parfois (souvent), dans ce genre de cas, elles prennent sur elles-même. Soit parce qu’il y a des enfants, soit parce qu’elles aiment leur compagnon malgré tout, soit parce qu’elles pensent que la situation peut changer, soit parce qu’elles culpabilisent…

    Mais ce que dit le dessin est simple : tu subis une violence de la part de ton compagnon ? pas d’angélisme, c’est LUI le coupable. Tu n’as aucun compromis à faire pour vivre avec ça, pour « arranger » les choses, tu n’as pas à te culpabiliser. À la première malveillance, pression, soit tu lui en colles une direct, soit tu vas voir les flics, une association… Tolérance zéro ! Sinon tu pars dans un engrenage. Si tu acceptes le moindre écart, en espérant par angélisme que « ça va s’arranger », tu es perdue et oui, tu es trop conne !

    Bien sûr je ne suis pas naïf, je ne dis pas que l’on sort de cela facilement et je sais que ces femmes sont dans des situations très compliquées.

    Mais peut-on comprendre que, dans ce dessin – volontairement provocateur et outrancier, je le revendique car c’est le but du dessin de presse, si l’on veut dessiner autre chose que des Barbapapa –, il ne s’agit pas de se moquer des femmes battus mais bien de défendre une réaction de non-acceptation de ces situations ?

    Un dessin n’est pas une thèse de sociologie ou de psychologie. Il ne peut pas être subtil, argumenté, modulé. Il faut dire fort en faisant court. Très court. Un dessin est un coup de poing dans la gueule, sinon c’est une niaiserie gentillette.

    Enfin, oui, j’affirme que ce dessin est un dessin féministe !

    Au-delà : un dessin humaniste, car il existe aussi des hommes qui subissent des agissement de femmes manipulatrices, même si cela ne se traduit pas par de la violence physique. mais ce n’est pas le propos ici.

    La provocation du dessin est de refuser l’attitude compassionnelle habituelle et humainement correcte et de dire aux victimes, toutes les victimes : ne sois pas conne (ou con), bats-toi, ne fais pas la sainte martyre, ne te victimises pas,ne te laisse pas enfermer dans une prison mentale.

    Je sais que certains n’entendront aucun de ces arguments. Je vais continuer à recevoir des commentaires sur twitter ou sur ce blog de personnes courageusement abritées derrière un pseudo pour m’accuser de m’attaquer lâchement aux plus faibles, d’être un sale macho, d’expliquer la violence par l’acceptation de la femme, tout un tas de choses qui ne sont bien sûr PAS dans ce dessin.

    Les nouveaux chevaliers d’aujourd’hui embrassent sur les réseaux des causes humanistes au grès de leurs indignations occasionnelles. Ils partent en joute contre les « méchants » supposés, bien masqués, bien anonymes. Ils se donnent le frisson de la quête vengeresse sans risque. Ils n’écoutent ni ne lisent aucun argument.

    Je ne rentrerai donc dans aucun débat supplémentaire. Je me suis expliqué. Point final.

    Et je n’accorde aucune attention à toute personne qui s’exprime sous pseudo, quoi qu’elle dise.

    PS : merci à Aurel qui résume très bien le propos dans ce post sur son blog.

    On trouve une belle enfilade de comportements masculinistes dans ce message, d’enfonçage de portes ouvertes et répétition de clichés misogynes.
    Xavier Gorce ne s’est manifestement jamais intéressé à ce sujet, ni de près ni de loin mais il as des choses à dire sur ce qu’il pense des victimes lorsqu’elles sont des femmes. Lorsque ce sont « des hommes qui subissent des agissement de femmes manipulatrices, même si cela ne se traduit pas par de la violence physique. » étrangement il ne pense pas à les traité de cons.

    Les femmes sont tuées parcequ’elles réagissent. Xavier Gorce tout comme la police, les procureurs, les juges, les voisin·nes... les regardent crevés en y ajoutant leurs crachats.
    https://seenthis.net/messages/790076
    #mansplanning #mecsplication #fraternité #déni #blâmer_la_victime #victime_blaming #inversion_patriarcale #victime #féminicide

    • Le type s’était récemment illustré avec une campagne contre l’« anonymat » sur les réseaux sociaux assez digne de Philippe Val :
      https://www.europe1.fr/societe/xavier-gorce-je-ne-crois-pas-que-ca-briderait-la-liberte-que-de-donner-son-n

      Las de l’impunité sur les réseaux sociaux, le dessinateur Xavier Gorce a décidé de taper du poing sur la table. Le 10 janvier dernier, celui qui publique Les Indégivrables sur Le Monde proposait un projet de loi d’initiative citoyenne pour que tous les comptes des réseaux sociaux soient nominatifs, pour que tout puisse être dit mais que chacun assume ses paroles.

      […]

      Assumer tous ses propos. Selon l’auteur des Indégivrables, « au fur et à mesure du développement des réseaux sociaux, on voit que ce phénomène prendre de l’ampleur. » Dès lors, mettre fin à l’anonymat encouragerait les internautes à réfléchir avant de poster un message. « Je ne crois pas que ça briderait la liberté que de donner son nom. Mais à partir du moment où on a quelque chose à dire, on peut l’assumer, ça permettrait de parler en responsabilité », défend le dessinateur.

      Je ne crois pas qu’il y ait bien loin à chercher pour voir exactement la même logique à l’œuvre.

  • Queer attitude et incrimination.
    https://vacarme.org/article3177.html

    L’affaire Ronell/Reitman fait symptôme d’une difficulté à faire tenir ensemble police des mœurs et subversion de l’ordre patriarcal. Car la question du fameux Title IX, de son usage et mésusage, est aussi celle de sa dérive. En 1972, il s’agit de lutter contre des discriminations dues au sexe, à savoir l’interdiction faite aux femmes de pouvoir avoir les mêmes activités physiques, sportives, intellectuelles que les hommes. Aujourd’hui il semble être le point d’appui des plaintes pour abus de pouvoir (...)

    #Autour_d'Avital_Ronell

    / #Avital_Ronell

    • Je regroupe mes réaction aux 3 textes sur l’affaire Ronell proposé par vacarme ici :

      –----
      https://vacarme.org/article3176.html

      Dans le cas présent, il faut mettre en balance une femme de cœur, unanimement reconnue pour sa force et sa générosité, et un étudiant qui n’a pas réussi à obtenir la place qu’il souhaitait – à tort ou à raison – dans le monde redoutablement concurrent des chercheurs américains.

      Ca fait mal au coeur de voire le #victime_blaming utilisé par Nathalie Koble (même si je sais pas qui elle est, elle semble se revendiqué féministe).

      En l’occurrence, confondre sans discernement harcèlement – dans un cadre professionnel – et vie privée – hors de ce cadre - relève à la fois du lynchage et de l’atteinte aux droits de l’homme et de la femme : ira-t-on reprocher à une femme libre toute une vie intime, librement consentie, et ses affinités intellectuelles comme une opprobre, parce qu’elle est en procès avec un étudiant ? N’est-on pas là en train de confondre la liberté du consentement et le harcèlement pour verser dans un faux moralisme, puisqu’il ne prend les visages du puritanisme que pour n’être au fond que le prétexte à l’exposition la plus dégradante possible de l’intégrité d’une femme ?

      Elle est peut être féministe mais elle semble avoir raté l’idée que le privé est politique. Ce discours me semble malhonnete. Elle utilise exactement les technique de protection des dominant·es.
      – l’agresseur·e présumé est quelqu’un de respectable.
      – la personne qui dénonce l’agression est blamé (accusé de mentir pour chantage, vengeance, cupidité, ou par regrets pudibonds...)
      – C’est de la séduction mal comprise - drague un peu lourde
      – C’est une affaire privé -
      – C’est pas du vrai harcelement car la victime un homme et l’accusée une femme.

      Sinon sur ce texte, il est ecrit au masculin, avec l’expression « La femme » et « l’homme » qui témoigne d’une vision essentialiste. Du coup Nathalie Koble elle me semble modérément féministe mais ca me rassure pas pour autant. J’ai pas encor lu les autres textes de vacarme sur ce sujet mais j’espère qu’il n’y a pas que ce type de discours nauséabond.

      –------
      https://vacarme.org/article3177.html

      Car le projet d’une femme queer est d’agir en refusant les assignations normatives et les rapports de domination. Or chacun sait que quand un être domine, il n’est plus libre, et que la liberté ne consiste pas à dominer mais bien à refuser tout rapport de domination, qu’on soit dominant ou dominé socialement. D’où cette difficulté structurelle pour la liberté humaine du consentement des dominés ou de leur servitude volontaire ou de leur capacité à récupérer un statut victimaire, quand ils ont simplement renoncé à leur liberté. Pour un étudiant est-ce si impossible de dire non à son professeur ?

      Celui là est plus tordu. J’ai l’impression que là l’idée c’est qu’elle fesait de la poésie surréaliste ou une expérience BDSM queer et du coup c’est pas que agression. Elle est queer alors elle peu pas harcelé. Et la victime n’avait qu’a se défendre -

      Le final c’est le ponpon :

      Non l’affaire Ronell/Reitman n’est pas symétrique des affaires #MeToo. Et l’on peut s’étonner malgré tout de la célérité à sanctionner une femme quand tant d’hommes ne sont jamais inquiétés.

      Je suis pas d’accord sur ce deux poids deux mesures. Les harceleuses, agresseuses, violeuses... doivent etre dénoncé autant que les hommes qui commettent ces actes. Ni plus ni moins.

      #metoo dénonce le harcelement sexuel sur le lieu de travail. Entre collègues, dans la hiérarchie, vis à vis de client·es... Dès le début il y a eu des hommes victimes. Dans le travail les discriminations font que la position de pouvoir est plutot aux hommes, mais il y a des femmes qui ont du pouvoir et peuvent l’utiliser pour harceler. c’est pas possible de donner une autorisation de harcelé aux dominé·es (ni à personne !).

      Simone de Beauvoir avait été renvoyé de son poste d’enseignante pour avoir couché avec des élèves, ca lui vaut le titre de #grand_homme dans mes archives.

      –-----

      Le dernier :
      https://vacarme.org/article3175.html

      À titre personnel, mais peut-être parce que je suis viriliste, j’aurais tendance à penser que les femmes professeurs sont davantage en droit que les hommes professeurs à se sentir a priori protégées d’accusations de harcèlement sexuel et de contact sexuel : même en position d’autorité, elles ne bénéficient pas de cette menace constante de pouvoir pénétrer l’autre ou de le faire bander sans son consentement — à moins d’être sacrément équipée de prothèses technologiques et de breuvages magiques, ce qui est assez rare et compliqué (en d’autres termes, il me semble qu’il faudrait toujours tenir compte d’une inégalité de genre irréductible dans les affaires de harcèlement sexuel).

      Lui c’est le grand portnawak, le penis est donc un « genre » à ses yeux et il y a pas moyen pour une femme de commettre des violences sexuelles. Le vrai viol c’est avec un penis et sans penis pas de violence sexuelle possible.
      Les agressions sexuelles commises par des femmes ne sont pas de bourdes. Et parlé de bourde au sujet d’une femme ca me semble connoté sexiste. Ca me rappel les attaques sexistes contre S.Royal.
      –--------

      Je trouve tout ca malhonnete. Ces 3 textes utilisent quantité d’arguments qui sont justement ceux utilisé habituellement par les masculinistes. En fait ces trois personnes sont surtout 3 universitaires de pouvoir qui veulent garder leur droit à harceler les étudant·es et qui défendent ce droit à travers cette affaire.

    • J’avais raté celui là ! merci @marielle

      Voilà deux personnes qui flirtent (on efface ici toutes attributions de genre, toujours douteuses et modifiables). Deux adultes, en pleine possession de leurs droits et de leurs consciences. L’un est le professeur de l’autre et l’autre, par conséquent, son étudiant. Ils flirtent c’est-à-dire s’amadouent, se donnent de gentils noms, en paroles et en mails, se caressent un peu. Sur le plan du sexe et du sentiment ça ne va pas plus loin.

      C’etait pas un flirt puisque l’une des deux parties a porter plainte. On retrouve la thèse complotiste, la mise en cause de la victime, la négation du rapport hierarchique. C’est un peu moins bourrin que les autres car il y a un peu de contexte et de perspective dans celui là. Je vais pas y passer la journée, les profs qui flirts avec leurs etudiant·es sont en faute et celleux qui les harcelent sont bien sur encore plus et cela qu’illes soient queer ou pas.

    • Bien d’accord sur le manque de contexte. Le figaro à l’air d’en parlé sous #paywall : http://www.lefigaro.fr/international/2018/08/22/01003-20180822ARTFIG00215-metoo-une-universitaire-feministe-reconnue-coupab
      –------

      Non, c’est pas les mêmes relations, c’est pas la même violence, sauf à multiplier les rapports de domination pour renverser le handicap fondamental d’être une meuf qui n’a pas appris à dire non avec autant d’assurance qu’un gars : race, âge, position sociale, rapport hiérarchique. Ce qui est peut-être le cas ici, j’en sais rien.

      Ici on sais que c’était sa directrice de thèse et cette position de domination est évacué et niée par tou·tes les universitaires pro Ronell publié par Vacarme.

    • Plusieurs texte là dessus dans libé aujourd’hui dont un qui donne un peu le contexte.
      http://www.liberation.fr/debats/2018/08/24/l-excentrique-philosophe-avital-ronell-suspendue-de-l-universite-de-new-y

      Selon le New York Times, qui a sorti l’affaire mi-août, Nimrod Reitman, aujourd’hui âgé de 34 ans quand Ronell en a 66, lui reproche de lui avoir envoyé pendant trois ans des mails déplacés, mais aussi d’avoir eu des gestes à connotation sexuelle à plusieurs reprises. Reitman raconte ainsi une journée de 2012, à Paris, où la philosophe l’avait invité à l’accompagner. Elle lui aurait demandé de lui lire des poésies, dans sa chambre, pendant qu’elle faisait la sieste. Puis l’aurait invité dans son lit, lui aurait touché la poitrine, l’aurait embrassé. Reitman explique ne pas avoir osé réagir par peur de représailles sur son avenir universitaire. Dès le lendemain, il lui aurait pourtant dit son désaccord et sa gêne. Mais la situation se serait répétée à plusieurs reprises. Avital Ronell, elle, dément catégoriquement tout contact sexuel. Quant à ses mails : « Nos communications étaient entre deux adultes, un homme gay et une femme queer, qui partagent un héritage israélien, aussi bien qu’un penchant pour une communication imagée et familière, née de sensibilités et d’un contexte académique communs », a-t-elle déclaré au New York Times.
      Excentricité

      Au terme d’une enquête de onze mois, l’université a conclu que Ronell s’était bien livrée à du harcèlement sexuel et que son comportement avait été « suffisamment envahissant pour altérer les termes et les conditions de l’environnement d’apprentissage de M. Reitman ». Elle a en revanche rejeté les accusations d’agression sexuelle, estimant qu’elle n’avait pas de preuve.

      Au printemps, plusieurs dizaines d’intellectuels et de professeurs d’université avaient signé un texte de soutien, initié par Judith Butler, la grande figure des études de genre, destiné à l’Université de New York, pour plaider la cause de la philosophe lors de l’enquête interne de la fac. Le courrier confidentiel a fuité sur un blog - sans doute était-ce aussi l’occasion de porter un coup aux études de genre et au poststructuralisme. Très malhabile, le texte reprenait les arguments classiques de la défense des hommes harceleurs…

      ...

      Le véritable « abus fait du Title IX » n’est pas là pour l’historienne Joan Scott, qui a signé elle aussi la lettre de soutien à Ronell : « Le Title IX est récemment devenu uniquement centré sur le harcèlement sexuel, a-t-elle expliqué dans un mail à Libération. Depuis 1972, les universités confrontées à une plainte dans le cadre du Title IX ont répondu de manière diverse au fil des ans : elles ont protégé leurs éminents universitaires, choisissant d’ignorer les plaintes d’étudiants ; elles ont protégé leurs athlètes et tous ceux qu’elles considéraient comme vitaux pour leurs programmes ; elles ont parfois puni les accusés après une prudente investigation. Mais plus récemment, la réponse la plus typique est de considérer une plainte comme prouvée, sans trop d’efforts pour examiner les faits afin d’agir vite et de punir l’accusé. […] Au lieu d’un jury composé de ses pairs, l’accusé fait face à des équipes d’avocats décidés à protéger l’université de coûteuses poursuites en justice ou de la perte de fonds fédéraux. […] C’est ce qui s’est passé dans le cas Ronell. » Ce qui ne suffira peut-être pas : Nimrod Reitman réfléchit à porter plainte, cette fois en justice, contre Avital Ronell et l’Université de New York.

    • Aux Etats-Unis, l’affaire de la professeure Avital Ronell questionne #MeToo
      https://www.mediapart.fr/journal/international/280818/aux-etats-unis-l-affaire-de-la-professeure-avital-ronell-questionne-metoo

      Le pouvoir. Pour Corey Robin, figure de la gauche intellectuelle américaine, voilà bien la question centrale. « La question qui hante tous ces échanges est celle du pouvoir, écrit-il. Voilà un doctorant qui essaie de faire son chemin dans une institution où tout dépend d’un bon, ou d’un mauvais mot, de son superviseur. (...) Je ne doute pas que Ronell ait pu croire, parfois, que le langage qu’elle utilisait était partagé. Ceux qui sont en position de pouvoir, et qui abusent de ce pouvoir, le croient souvent. »

      « Ce qui me frappe dans cette histoire, c’est moins la dimension sexuelle que cette demande incessante, et fatigante, que Ronell exigeait de son élève, juge Claire Potter, professeur d’histoire à la New School de New York. Lorsque vous êtes professeur, vous devez penser aux barrières. Des amitiés fortes ne sont pas exclues. Mais il doit y avoir des barrières claires dans l’intimité. »

      Professeur à l’institut de French Studies de NYU, le sociologue Frédéric Viguier est frappé par la dimension générationnelle de la polémique, qui révèle les profondes disparités de condition dans l’université américaine, système hyperconcurrentiel et privé où des « stars » très bien payées dans les meilleures universités, souvent des centaines de milliers de dollars par an, disposent d’un pouvoir exorbitant sur des doctorants dont elles peuvent accélérer, ou entraver, les carrières.

      https://justpaste.it/5h1k4

  • Les copines du #patriarcat – Egalitaria
    https://egalitaria.fr/2018/06/09/les-copines-du-patriarcat

    Qu’est-ce qui justifie alors, de nos jours, la pérennisation d’un système patriarcal archaïque ? A quoi donc est due la soumission consentie de certaines femmes ?

    Plusieurs raisons peuvent ici être soulevées :

    La peur, en premier lieu. Primaire. Instinctive. Ce n’est pas forcément une peur consciente, mais la personne opprimée sait au fond d’elle-même qu’en se rangeant du côté de l’oppresseur, du discours dominant, elle se protège de contingences qui pourraient lui être défavorables (= être a minima méprisée, rabaissée, déconsidérée, et a maxima courir le risque d’être exhortée au silence, battue, agressée, violée). La complicité avec l’oppresseur est un mécanisme de protection classique.
    L’intériorisation du système sexiste. C’est le même mécanisme psychologique qui se retrouve chez les individus membres d’une secte : endoctrinement (dans le cas qui nous intéresse, il commence dès la naissance et s’en trouve donc d’autant plus fort), contrôle de la pensée, pressions, et, dans certains cas, mise sous dépendance. Tout en effet concourt, dès notre naissance, à nous persuader que le primat du masculin sur le féminin est une donnée naturelle. Ce sont les représentations sociales et culturelles, les normes de genre, les codes sociaux, l’éducation genrée, la pop culture, les attitudes individuelles et collectives. Ces femmes ont intériorisé non pas nécessairement leur supposée infériorité, mais le fait qu’il existe des caractéristiques propres à chaque sexe, et donc un rôle prédéfini pour les femmes et les hommes. Exemple : les hommes sont naturellement plus violents et ont des besoins sexuels pulsionnels, les femmes ont une inclination naturelle pour le care et la sphère privée, etc. Si vous lisez ce blog, vous êtes probablement déjà sensibilisé-e au féminisme. Mais rappelez vous que cela n’a probablement pas toujours été le cas. Peut-être avez-vous déjà eu, avant de vous renseigner sur le sujet et de voir votre structure de pensée se modifier lentement, des pensées, des idées, des convictions sexistes. Peut-être pensiez-vous que certaines femmes victimes de viol l’ont bien cherché. Peut-être pensiez-vous que les hommes sont naturellement plus autoritaires, plus courageux, plus ambitieux que les femmes. Peut-être trouviez-vous normal le fait que les femmes soient en charge de la majorité des tâches ménagères. C’était, à l’époque, votre vérité. Votre réalité. Celle dans laquelle vous aviez grandi. Et puis, un jour, vous avez ouvert les yeux. Pour les femmes sexistes, en revanche, la prise de conscience n’a jamais eu lieu, pour des raisons qui n’appartiennent qu’à elle et leur histoire.
    La volonté, consciente ou inconsciente, de se protéger du système patriarcal. Les femmes sexistes savent qu’en se montrant complices de ce système, elles assurent leurs arrières, et seront plus à même de recevoir des « récompenses » de la part des hommes. Cette récompense peut être le simple fait de ne pas être importunée par eux, ou bien simplement d’être considérée avec respect (ce qui ne va pas de soi, l’élément féminin étant socialement dévalorisé voire méprisé), mais elle peut aussi résider dans l’octroi d’une protection matérielle et financière. Les femmes étant discriminées sur le marché du travail et ayant généralement des salaires moindres, cette stratégie est on ne peut plus rationnelle.
    La frustration et la jalousie, sentiments malheureusement naturels. Certaines femmes ayant vécu des oppressions particulièrement difficiles peuvent transmettre, par résignation et frustration, la mécanique d’un système inégalitaire à leurs propres enfants. Parce qu’elles veulent que leurs propres filles expérimentent ce qu’elles-mêmes ont vécu, parce qu’elles refusent que d’autres femmes vivent plus facilement qu’elles-mêmes n’ont vécu, ou accèdent à des privilèges qui leur ont été refusés toute leur vie. Parce qu’il s’agit d’un « juste retour des choses ».
    Enfin, le sexisme des femmes peut également s’expliquer par leur refus de prendre conscience de la stigmatisation dont elles font l’objet. Là encore, il s’agit d’un mécanisme de protection classique et rationnel : on ferme les yeux pour ne pas voir une réalité qui nous dérange. Qui a envie de regarder en face sa propre infériorité sociale ? Qui a envie de se considérer comme une personne opprimée ? Par orgueil et confort mental, les copines du patriarcat préfèrent croire qu’elles vivent dans un monde égalitaire, ce qui leur permet ensuite de disqualifier le féminisme contemporain (« c’est devenu n’importe quoi ; elles exagèrent ; elles se victimisent ; il y a des luttes plus importantes »).

  • Fusillade à Beaune : les autorités refusent de confirmer la piste raciste
    https://www.mediapart.fr/journal/france/310718/fusillade-beaune-les-autorites-refusent-de-confirmer-la-piste-raciste

    algré les témoignages de victimes et de témoins, les autorités se refusaient toujours, mardi, à qualifier de « racistes » les deux attaques survenues dans la nuit de dimanche à lundi contre des jeunes du quartier Saint-Jacques de Beaune (Côte-d’Or), qui ont fait sept blessés dont un grave.

    La première est survenue vers 1 h 15 du matin, lorsqu’une Clio rouge a tenté de renverser un groupe de mineurs et jeunes majeurs regroupés près du « city park » du quartier pour discuter et jouer à la console de jeux vidéo. « Ils nous ont coursés, a raconté à France 3 un des rescapés qui s’en est sorti avec quelques égratignures. Heureusement, il y a le banc qui m’a sauvé. Sans ce banc-là, je pense vraiment que c’était fini pour moi. Parce que dans la voiture, j’ai vu à leur regard qu’ils avaient une haine envers nous. Et le pire, c’était les propos, comme quoi on était des “bougnoules”, qu’on n’avait rien à faire dans ce pays et qu’ils allaient venir calibrés. »

    Vers 4 h 30, un second véhicule, une BMW noire, s’approche du même groupe de jeunes et, cette fois, les occupants sont effectivement armés, d’un fusil de chasse selon les premiers éléments de l’enquête. La voiture s’arrête et le passager tire quatre coups de feu. Sept jeunes sont cette fois blessés, dont un grièvement. Pour les victimes et leurs amis, il ne fait aucun doute que les deux attaques, racistes, sont liées. « Il ne s’agit pas d’un règlement de comptes », assure l’un deux au journal local Le Bien public. « Ce sont des racistes. Ils sont arrivés en criant “Sales Bougnoules, rentrez chez vous”. »

    #racisme #acab #police #agression #racisme_d'etat

  • « Simplement, il faisait des enfants à sa fille »
    http://www.zite.fr/simplement-il-faisait-des-enfants-a-sa-fille

    « Un inceste ordinaire »1, Léonore Le Caisne enquête auprès des habitants d’un village de Seine-et-Marne, témoins d’un cas d’inceste perpétré pendant vingt-huit ans. Un travail qui interroge les mécanismes collectifs banalisant les viols en famille et met en évidence le lien entre inceste et domination masculine.

    Propos recueillis par Julia Burtin Zortea Illustration de Yasmine Blum Pourquoi avez-vous choisi de réaliser une recherche sur l’inceste, et plus particulièrement à travers l’histoire singulière de Lydia G. ? En France, les sciences sociales ont participé à édifier le lieu commun selon lequel puisque l’inceste serait le tabou ultime et universel des familles, il n’existerait pas, ou alors de façon marginale [voir encadré ci-dessous]. N’existant pas, il ne saurait être un objet d’étude légitime. (...)

    #entretien #Z10

    • L’échelle de gravité des infractions sexuelles est calée sur une conception masculine du crescendo sexuel. Le droit récompense la retenue des hommes, puisqu’il ne retient pas les attouchements comme des viols. Si les gestes sexuels sans pénétration sont passibles d’une sanction moindre parce qu’ils sont considérés comme moins graves, c’est en référence au moindre plaisir qu’ils procurent aux hommes. (…) Dans le même esprit, la sanction imposée par la cour est plus importante quand la victime est un garçon, parce que le viol parait plus dommageable pour un garçon que pour une fillette. (…) Les considérations entourant la rupture éventuelle de l’hymen, incontournables lorsque la victime est une petite fille, s’inscrivent dans une même logique masculiniste. On se rappelle de ce beau-père qui avait fait bien attention à ne pas déflorer ses belles-filles et qui s’était attiré la clémence de la cour pour ce signe de contention.

      #male_gaze #domination_masculine #violophilie #androcentrisme

    • L’histoire de Lydia a été médiatisée en deux temps. D’abord en avril 2007, d’une manière limitée, par la presse locale, le quotidien Libération et l’Agence France-Presse, quand le tribunal correctionnel rend ses premiers jugements. Puis en avril 2008, à la faveur de l’« affaire Fritzl », l’histoire de cet ancien ingénieur autrichien qui, pendant vingt-quatre ans, viola et séquestra sa fille, et lui fit sept enfants. Il a fallu attendre que cette affaire défraie la chronique pour que l’ensemble des médias nationaux s’intéressent à ce qui deviendra l’« affaire G. » ou l’« affaire Fritzl française ». En fait, avant l’« affaire Fritzl », l’histoire de Lydia n’était qu’une banale histoire d’inceste de province dans un milieu populaire où l’inceste serait courant – l’usage du mépris social est aussi une manière d’éloigner l’inceste de soi et d’en faire un non-événement. Ce n’était donc pas une histoire digne d’intérêt pour les journalistes de la presse nationale. Portée par l’« affaire Fritzl », l’« affaire G. » est devenue l’histoire d’un inceste « extraordinaire » avec torture et séquestration, perpétré par un monstre, un inceste qui ne se produit qu’une fois dans un pays. À partir de ce moment-là, l’histoire de Lydia est devenue digne d’intérêt pour la presse nationale. L’inceste banal et quotidien, l’inceste qui se produit souvent dans les familles françaises, lui, n’a pu être dit.

  • Le frère de Théo et l’e-monde servitude

    Voici l’accroche sur la page d’accueil du e-monde.fr

    « Soupçons d’escroquerie à Aulnay-sous-Bois : un frère de Théo L. mis en examen »
    Mickaël L. a a été placé sous contrôle judiciaire, dans une vaste affaire d’escroquerie aux aides publiques. Théo, lui, est sorti libre de sa garde à vue. Il est la victime supposée d’un viol lors d’une interpellation par des policiers en ...

    Qu’est ce qu’on en a à faire du frère des victimes de viol ?! Ou est l’intérêt de l’info ?
    Un flic viol et provoque une déchirure anale de 10 cm devant caméra et devant témoins et l’e-monde parle de viol supposé et fait les gros titres sur la moralité du frère de la victime ...

    L’affaire est dite « vaste » mais pas « supposée » contrairement au viol qui est clairement remise en cause par la tournure choisie par l’e-monde.fr.

    Mickaël L. a a été placé sous contrôle judiciaire, dans une supposée affaire d’escroquerie aux aides publiques. Théo, lui, est sorti libre de sa garde à vue. Il est la victime d’un vaste viol lors d’une interpellation par des policiers en ...

    #viol #culture_du_viol #racisme_d'etat #violence_policière #déni #victime_blaming #blamer_la_victime #racisme

  • Les mecs formidables et la formidable #fraternité
    https://s14-eu5.ixquick.com/cgi-bin/serveimage?url=http:%2F%2Fartjapanexport.com%2Fwp-content%2Fuploads

    Ils avaient une relation de couple avec de très fortes tensions. Alexia avait une personnalité écrasante, il se sentait rabaissé, écrasé. Il va être jugé pour trois, quatre secondes de sa vie, ce n’est pas un mauvais homme, c’est un mec formidable

    C’est l’avocat de Jonathann, assassin et ex-conjoint d’Alexia Daval qui dit ca. Cette phrase est un bon exemple de blâme de la victime. Comme ce matin j’ai lu l’argument de soutiens de Valls à Gérald Darmanin accusé de viol.

    Je le connais, c’est un garçon de talent, je ne préjuge de rien, il a évidemment mon soutien

    La fraternité c’est aussi le fait que si Valls connaît Darmanin (ca m’étonne pas que ces deux là s’adorent), il ne la connaît pas « elle » la plaignante. Il parle du talent du « garçon », mais la « fille » est peut être encore plus talentueuse que Darmanin (ce qui est à la porté de la beaucoup de personnes). Qu’est ce que le talent de l’un viens faire ici ? Bon il préjuge pas mais son soutiens est affiché au garçon et non à la fille pour reprendre son vocabulaire de cours de récré.

    Défense que Blanche Gardin avait tourné en ridicule

    Quand j’étais petite, j’adorais être sur scène avec mes camarades, surtout que sur scène, le metteur en scène pouvait pas nous toucher. [...] Mais c’était un metteur en scène génial. Parce qu’il faut savoir séparer l’homme de l’artiste.", déroule-t-elle au micro le plus naturellement du monde. D’ailleurs c’est bizarre cette indulgence qui ne s’applique qu’aux artistes. Par exemple, on ne dit pas d’un boulanger « Oui, d’accord, c’est vrai, il viole un peu des gosses dans le fournil mais bon, il fait des baguettes extraordinaires ! »

    Ca s’applique pas qu’aux artistes car les exemples ci dessus montrent que c’est pas toujours le cas.

    #féminicide #viol #culture_du_viol #victime_blaming #virilité #masculinité #nice_guy

  • Blâmer les victimes
    https://blog.monolecte.fr/2017/12/14/blamer-les-victimes

    L’un des mécanismes les plus efficaces et les plus pernicieux du système capitaliste, c’est avec quelles facilités et décontraction, il nous amène tou⋅te⋅s à blâmer ses victimes. Et tombent les anges en feu… Donc, l’autre jour, je tombe sur cette petite nouvelle insignifiante au détour d’un célèbre réseau social que l’on aime détester et je […] L’article Blâmer les victimes est apparu en premier sur Le Monolecte.

    • C’est un peu le même mécanisme qui prévaut lorsqu’une femme s’habille de manière séduisante pour se rendre à un entretien d’embauche pour une place de secrétaire rémunérée à peine 1 500 € mensuel (dans le meilleur des cas). Si il lui arrive « quelque chose », elle sera blâmée pour s’être ainsi « exposée inutilement » à la convoitise du mâle. Enfin, je généralise peut-être, quoique ...

      Dans le cas du jeune homme en Chine, c’est la première chose que je me suis dit : pourquoi faire ça ? Juste pour le fameux et warholien « quart d’heure de célébrité » sur la Toile ? Pour prouver sa « valeur » auprès de sa petite amie ? Ben non, aussi (et surtout) parce qu’il y avait de la #thune en jeu.

    • C’est un des piliers du patriarcat @sombre et c’est une technique de domination de base pour toutes les dominations (adulte, raciste, homophobe...). Par exemple quant tu te rend compte que « pute » et « ta mère la pute » sont des insultes alors que « putier » et « ton père le proxo » n’en sont pas, c’est le même mécanisme à l’œuvre. J’en ai archivé pas mal pour l’aspect féministe sous les tag #inversion_patriarcale et #renversionnite

    • Les Darwin Awards sont des récompenses humoristiques décernées aux personnes mortes ou ont été stérilisées à la suite d’un comportement particulièrement stupide de leur part, et sont ainsi remerciées (le plus souvent à titre posthume) pour avoir, de cette façon, contribué à l’amélioration globale du patrimoine génétique humain.

      Introduction particulièrement cynique (et bourrée de fautes de français) sur la page d’accueil de cette « franche » #saloperie qu’est le site « darwinawards.fr »

      Remarquez bien que leur propos a une certaine pertinence car lorsque tou·tes les jeunes (et moins jeunes) con·nes se seront auto-détruit·es, lorsque toutes les personnes « qui ne sont rien » auront mis leur vie en danger (et l’auront perdue) dans la course à la reconnaissance, à la survie, à l’estime de soi (ça aussi, en passant, une belle cochonnerie), et bien ne resteront que les vieux briscards du capitalisme et de la finance débridées en mode « no limit », la crème de l’humanité, quoi.
      Une chose me rassure, c’est que ceux-là seront condamnés à s’entretuer parce que fatalement, il y en aura toujours qui en mettront d’autres au défit pour jouer à celui qui pisse le plus loin.

  • Affaire Brisseau : le jour où l’actrice Noémie Kocher a brisé l’omerta sur le harcèlement - L’Obs

    http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20171019.OBS6198/affaire-brisseau-le-jour-ou-l-actrice-noemie-kocher-a-brise-l-o

    Seul ? Dans un dossier épais, Noémie a gardé les coupures de presse de l’époque, comme autant de coups de poignard. Louis Skorecki dans « Libération », écrivant d’ailleurs que « Tippi Hedren, harcelée par Hitchcock ’avait dit non à ses avances. Mais ne l’avait pas traîné en justice’ ». « Les Inrocks » expliquant doctement que « les différentes parties dissimulaient leur ignorance profonde de ce qu’est le cinéma ». Le pire ? Cette pétition lancée en faveur du cinéaste, « artiste blessé », sans un seul mot pour ses victimes, qui rassemblait toute la fine fleur du cinéma d’art et d’essai, Olivier Assayas, les frères Dardenne, Claire Denis et tant d’autres. « Que des personnes dont j’admirais le travail. »

    (...)

    Claire Doubliez, avocate de Noémie Kocher et de Véronique H., se souvient. « Quand j’ai pris le dossier, je n’étais pas optimiste. C’est toujours très compliqué ces affaires car il faut démontrer le non-consentement. Et comme il s’agissait d’essais, avec rôles à la clé… Mais lors de l’instruction, on a exhumé tout un système. L’accumulation des témoignages nous a permis de démontrer cette relation d’emprise et d’obtenir une condamnation. » Car tous les témoignages étaient concordants. Comme pour Weinstein. Hélène de Fougerolles ou Marion Cotillard ont elles aussi témoigné. La mère de Vanessa Paradis a évoqué « un incident » lors du tournage de « Noce blanche », la toute jeune actrice conditionnant la poursuite du film à la présence constante de sa mère pendant le tournage.

    #harcèlement_sexuel #viol #cinéma

    • Au procès, Jean-Claude Brisseau, assuré certainement du soutien de ses pairs, n’a jamais exprimé la moindre culpabilité. On peut même dire qu’il a eu le dernier mot, puisqu’il a ensuite à nouveau justifié ses actes dans un livre, puis dans le film « les Anges exterminateurs », encensé par la critique. Les « Cahiers du cinéma » relevaient son « absolu respect pour les personnes qui sont filmées ». « Libération » martelait : « L’affaire Brisseau fut surtout un procès fait au cinéma français d’auteur », et s’enflammait dans un plaidoyer pro domo, signé Antoine de Baecque, auteur justement du livre d’entretiens avec le cinéaste.
      « Jean-Claude Brisseau est un homme dont la seule perversion est de vivre son cinéma comme perpétuellement coupable. Je ne crois donc pas une seconde à la vérité des accusations dont il a fait l’objet quand je vois ’les Anges exterminateurs’, film admirable et pleinement convaincant : la manière même dont il filme les jeunes femmes, [...] est d’une telle justesse, [...] qu’il est pour moi, c’est mon intime conviction, aux antipodes d’un harceleur, d’un violeur, d’un homme agressant une femme. Un appel en forme de film. Jean-Claude Brisseau a été sauvé et blanchi par son cinéma. »
      "J’ai brisé l’emprise"

      Un appel en forme de film ? Si en 2006, le cinéma a acquitté Brisseau, une nouvelle fois, la justice, elle, l’a condamné une nouvelle fois. Comme le relevait notre confrère Didier Jacob, dans le silence le plus total, Julie Q., qui avait été déboutée, a gagné en appel, condamnant le cinéaste pour agression sexuelle. Plus terrible. Deux comédiennes dont l’une joue dans « les Anges exterminateurs » vont accuser Brisseau de viol en 2007. Une information judiciaire a été ouverte, l’homme a été entendu comme témoin assisté, mais la procédure a été abandonnée, faute d’éléments permettant d’établir le « non-consentement ».


      #culture_du_viol #fraternité #artiste

    • Oui il y a toujours cette confusion (chez « le public » ou chez des victimes) de voir la victime comme un statut permanent, ou le résultat d’une action de la victime, alors que le fait qu’on soit active ou passive ne change strictement rien : on est victime parce qu’il y a un agresseur qui agresse, peu importe qu’on se soit défendu ou pas, on est victime de.

  • VIDEO - ONPC : Comment Angot et Moix ont violemment voulu réduire Sandrine Rousseau au silence
    https://www.marianne.net/societe/video-onpc-comment-angot-et-moix-ont-violemment-voulu-reduire-sandrine-rou

    https://www.dailymotion.com/video/x62q1im

    Je suis tombé sur des articles parlant de la sortie du livre de Sandrine Rousseau et la manière dont elle a été recu chez Ruquier.
    En plus du #male_gaze de Moix qui ne trouve pas violent d’écouter le récit de ce qu’a subit Sandrine Rousseau, la haine des victimes de Angot est incroyable. Cette émission est un concentré de la récéption de la parole des femmes. On reproche à Rousseau de ne pas dire les choses dignement cad comme le dirait un agresseur et non une victime ou, comme le dirait un écrivain et pas une écrivaine. En tout cas celui qui n’est pas poussé aux larmes et engueulé à la TV par Angot et Moix, c’est Baupin.

    #viol #culture_du_viol #victime #victime_blaming #domination_masculine

    • Je suis en train de lire cette défense du comportement d’Angot par un homme qui me file bien la haine :

      Peut-on hiérarchiser les souffrances ? On peine à s’en défendre. L’inceste est un trou noir. La violence que Sandrine Rousseau décrit semblait jadis bénigne, un outrage qu’une gifle suffirait à résoudre. Ce ne fut pas seulement un point de vue d’homme. En 1969, Chantal Ackerman réalisait le film féministe le plus vif de l’époque, quand s’ébrouait le MLF. Il s’appellait La fiancée du pirate. Bernadette Lafont y jouait une scandaleuse des campagnes, orpheline superbe et un peu sorcière, qui vendait ses charmes et tourneboulait un village moisi, et (à 1 heure et 4 minutes de projection) se débarrassait d’un mâle aviné d’un coup de genou bien placé. Le film célébrait la liberté d’une femme, sur une chanson écrite par Moustaki, Moi j’m’en balance, que chantait Barbara. Barbara évidemment, qui avait su ce que souffrir signifiait, étrange soeur d’Angot, rescapée d’un inceste, et qui n’avait pas pleuré…

      http://www.slate.fr/story/151976/il-ne-faut-pas-condamner-christine-angot-pour-les-larmes-de-sandrine-rousseau

      Ce bitard joue à donner des médailles de bonne et mauvaise victime aux différentes femmes. Angot, Barbara sont des bonnes victimes et Rousseau est une mauvaise victime. Et ce Askolovitch c’est une bonne ordure.

    • Interview d’une violence hallucinante où Christine Angot (qui n’a pas lu le livre ou pas au delà de la page 56 comme elle le dit), écrivaine qui si j’ai bien compris a largement écrit sur les viols que son père lui a fait subir, reproche à Sandrine Rousseau d’avoir cherché à lire d’autre récits de femmes racontant leur vécu, leur expérience, après avoir parlé publiquement des viols ou d’agressions sexuels qu’elles ont subit.

      Christine Angot : Est-ce que c’est pour autant que vous comprenez vous-même ce que c’est le viol. Ou ce que c’est que UN viol ! Car ça n’existe pas LE viol. [...] Et vous vous parlez DU viol et de la parole sur LE viol alors que ça n’existe pas.

      Sandrine Rousseau : Mon livre ne parle absolument pas du viol. Et je ne parle absolument pas du viol dans le livre. Absolument pas, je n’évoque pas du tout ça. Le livre porte uniquement sur le parcours une fois qu’on a déposé plainte et les bouleversements que ça génère.

      Laurent Ruquier (coupe la parole à Rousseau) : pardon je dois préciser qu’une agression sexuelle ne va pas forcément jusqu’au viol. Voilà c’est important de le préciser.

      Sandrine Rousseau : Bah non c’est deux juridictions différentes.

      Laurent Ruquier : Voilà, non mais c’est bien de le rappeler.

      Sandrine Rousseau : Et moi je ne prétend pas voler la parole à d’autre, au contrainte. Ce que je dis c’est qu’à partir du moment où on a dénoncé ça, on ne sait pas ce qui s’ouvre à nous. Et moi j’ai eu l’impression quand-même d’un bouleversement et d’une révolution très dérangeante. J’ai cherché des livres pour m’expliquer si ce que je ressentais était normale ou pas, si c’était commun ou pas, s’il y avait d’autres femmes qui ressentaient ça ou pas. Et je n’en ai quasiment pas trouvé. Il y a assez peu d’écrit sur ce parcours.

      Laurent Ruquier : Sur ce qu’on vit après en fait.

      Sandrine Rousseau :Oui ce qu’on vit après et ce qu’on vit après dans la parole. Parce que ce qu’on vit avant la parole c’est encore différent. Et là je pense que ce livre il est vraiment fait pour tendre la main à celles qui le veulent, à celles qui en ont envie. Pour dire « préparez-vous quand même un peu à cela ». Mais ce n’est pas du tout une injonction.

      Christine Angot : Mais pourquoi vous cherchez un exemple à coté ? Pourquoi vous cherchez dans un livre ? Pourquoi pour comprendre ce que vous ressentez vous cherchez un livre où quelqu’un aurait expliqué ce qu’il a ressenti ? Vous cherchez à l’extérieur de vous la réponse de ce qu’il y a à l’intérieur de vous ?

      Sandrine Rousseau :Je ne m’attendais pas à la violence de ce qu’on a subit une fois qu’on parle. Ça vraiment pour moi ça a été une surprise et plus qu’une surprise... enfin je ne sais pas comment dire autrement qu’un bouleversement. Je ne m’attendais pas à être confronté à cette violence là après la prise de parole.

      Tout dans ce passage montre que Ruquier et son équipe cherchent à délégitimer tout discours sur le viol, toute réflexion qui mettrait en relation les différents viols et les viols avec les agressions sexuelles.

      Dans la première partie de l’émission (qui commence à 40min30s et finie à 56min) Christine Angot et Yann Moix sont au moins aussi agressifs que dans la seconde partie mise en avant par Ruquier sur Youtube.

    • #société_du_spectacle : tout part de là, indirectement, Debord avait déjà tout dit. Même si ce n’est pas tout à fait l sujet de sa thèse, il me semble que des émissions poubelles comme ONPC font parti d’un système essentiellement destiné à faire du fric. Il faudrait simplement refuser de participer à ce cirque, Sandrine Rousseau, son récit et les propositions qu’elle porte méritent beaucoup mieux comme plateforme de débat que ces deux crapules, et ces plateformes existent. Mais elle a peut-être été poussée par la maison d’édition via l’attaché·e de presse qui voit dans cette émission la possibilité de buzz et de promotion. Je trouve que c’est déprimant, et cette histoire comme les autres fout le bourdon.

    • Angot / « On se débrouille » : le gouvernement saisit le CSA - Arrêt sur images
      https://www.arretsurimages.net/breves/2017-10-02/Angot-On-se-debrouille-le-gouvernement-saisit-le-CSA-id20869

      Ouverture d’une enquête au CSA. Après la séquence qui a opposé l’ancienne députée EELV Sandrine Rousseau à l’écrivaine et chroniqueuse Christine Angot dans l’émission On n’est pas couché samedi 30 septembre, la secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa a adressé ce lundi 2 octobre un signalement auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Dans la lettre, que s’est procurée France Inter, la secrétaire d’État dit trouver « éminemment regrettable qu’une victime ayant le courage de briser le silence autour des violences sexuelles soit ainsi publiquement humiliée et mise en accusation ».

    • Cet histoire en dit long sur la haine retourné contre soi et ses semblables qui détruit tant de femmes et de victimes.
      Au passage on ne parle plus que d’Angot et Moix s’en tire à bon compte alors que son attitude était aussi gerbante.

    • Marlène Schiappa cite une phrase de Guy Debord dans sa lettre

      « Le spectacle n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social entre des personnes médiatisé par des images »

      Le rapport social a été coupé au montage, Sandrine Rousseau se souviendra longtemps de son passage à #ONPC. Le seul point positif de ce buzz, pour l’auteure, serait qu’il fasse grimper les ventes de son livre. Guy Debord écrivait qu’il importe peu, à l’ère du spectacle, que l’on croie le mensonge auquel on se trouve continuellement exposé, l’essentiel étant qu’il soit la seule chose à laquelle on ai droit.
      http://www.gouvernement.fr/ministre/marlene-schiappa

    • Ce qui me taraude, c’est que beaucoup de femmes pensent en ces termes exprimés par Angot : « Je ne suis pas une victime, je suis une personne. » Comme s’il fallait choisir. Une personne victime dans une situation donnée n’est pas une victime à vie, en toutes circonstances. Victime, ce n’est pas une identité en soi. Etre renvoyée au miroir de la victime, à des schémas sociaux, est difficile, douloureux, révoltant. Mais je crois que cette étape de la reconnaissance de l’asymétrie entre les hommes et les femmes, donc de l’inégalité et des violences spécifiques, est un passage collectif nécessaire pour qui rêve d’égalité et de liberté. Je sais que les féministes sont de ce fait parfois accusées de porter un « discours victimaire », comme si nous voulions enfermer les femmes dans le rôle de victimes, les amalgamer dans un tout homogène, une « brochette », en niant les réalités individuelles évidemment si diverses, les chemins que chacune s’invente pour survivre, vivre dans le monde tel qu’il est. Que des femmes arrivent à se débrouiller toutes seules, tant mieux. Mais nous avons le devoir de tendre la main à celles, si nombreuses, qui en ont besoin. Nous devons modifier l’ordre existant pour que reculent les violences faites aux femmes, pour que ce ne soit plus « comme ça », pour que le désir masculin sorte d’un modèle prédateur. Ce que nous voulons, c’est que la société mesure, comprenne et déjoue les mécanismes à l’œuvre. Si nous voulons combattre le viol, le harcèlement sexuel, nous ne pouvons échapper à une entreprise de changement des normes.

      sur les victimes par C.Autain

    • Ce qui est pénible avec Angot c’est qu’elle refuse de voir le sexisme et la culture du viol comme un problème culturel et sociétal à combattre. Elle ne propose absolument rien pour faire reculer ce fléau, tout ce qu’elle répète c’est : « c’est comme ça, un point c’est tout. » Aucun argument ! Elle a trouvé refuge elle dans la littérature et ce faisant, elle voudrait faire de son cas une généralité. Mais tout le monde n’a pas les mêmes ressorts face à ces violences et de toute façon, ce combat doit être mené individuellement ET collectivement.

    • Angot à une posture ultra individualiste très viriliste et patriarcale. Elle est forte comme un homme avec des grosses couilles d’auteur-écrivain et elle s’en sort elle (le résultat est pas fabuleux pourtant) et si les autres victimes ne s’en sortent pas c’est leur faute à elles d’avoir subit une agression et Angot se fera une devoir de les agressée à son tour. Les agresseurs par contre pas de pbl, surtout si ils ont une belle plume comme Céline qui fait tellement bander les littérateurs.

      @aude_v je suis désolé pour ce que tu as enduré, mais ca fait pas de Rousseau une bonne ou mauvaise victime. Une femme victime de misogynie n’a pas été solidaire 100% du temps avec 100% des femmes. C’est pas cool mais ca n’a pas sa place ici.
      #procès_de_la_victime #sororité

    • Désolé @aude_v d’avoir été blessante et d’avoir minoré le harcelement et son déni que tu as enduré. Je te fait mes excuses. Je vais édité les parties qui donnent des infos par rapport à ton témoignage puisque tu l’as enlevé.

    • @aude_v : Les informations que tu donnes sur Rousseau sont intéressantes, si on souhaite juger Rousseau, mais en effet, je suis d’accord avec ce qu’exprime mad_meg, à savoir que les faits ONPC dépassent le cas particulier de Rousseau. Je doute que Moix et Angot se soient défoulés sur Rousseau parce qu’ils étaient au courant des faits que tu as subis ou de faits équivalents dont Rousseau serait coutumière (faits que personne ne remet en cause d’ailleurs, en tout cas pas moi).
      Ils se sont défoulés sur cette femme parce que femme.

    • Après Angot : la télé publique, c’est vraiment « comme ça » ? - Arrêt sur images
      https://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=10205

      Le message délivré par la télévision publique, par la chroniqueuse de la télévision publique, aux victimes d’agressions sexuelles, notamment de la part des puissants, et sans aucune atténuation de l’animateur sur le plateau, restera donc : face aux agressions sexuelles, « on se débrouille, c’est comme ça ». Autrement dit, rien à faire. Personne à qui parler, Aucune instance à laquelle s’adresser. Aucun recours. Aucune aide, aucune solidarité à attendre, aucun espoir. Rien. La soumission à la loi du mâle est immémoriale, pourquoi ça changerait ? Si tu en es capable, tu fais un livre. Sinon tu te débrouilles. C’est comme ça.

    • je consulte rarement slate.fr sauf parfois quand il est indiqué ici sur @seenthis J’ai trouvé ce lien sur tumblr ici : http://lechatfeministe.tumblr.com
      ce résumé me semble tellement juste que je le repost intégrale (sans les liens interne qui ne manque pas d’intérêts aussi)

      source : http://m.slate.fr/story/152003/christine-angotsandrine-rousseau-pas-clash

      Ne réduisons pas l’échange Christine Angot-Sandrine Rousseau à un vulgaire clash télé
      Le piège était grossier. On a pourtant sauté dedans avec entrain.
      Samedi soir, dans « On n’est pas couché », a eu lieu une « altercation » entre #Sandrine_Rousseau, qui accuse l’ex-député #Denis_Baupin d’agression sexuelle, et l’écrivain et chroniqueuse #Christine_Angot. Dès la veille, la « séquence », comme on dit désormais, était largement teasée dans la presse avec force ellipses…

      Pendant deux jours, nous avons été abreuvés d’articles écrits non sans gourmandise annonçant qu’un « violent clash » –une « violente altercation »– avait eu lieu lors de l’enregistrement de l’émission entre Sandrine Rousseau et Christine Angot. Que cette dernière a quitté le plateau, et que la première a pleuré.

      L’Express, avant même la diffusion de l’émission, concluait l’article ainsi :

      « Sans jamais que le mot d’“inceste” soit prononcé, la réaction épidermique de Christine Angot, qui est d’ailleurs citée dans le livre de Sandrine Rousseau, tient sans doute à son histoire personnelle. Mais cela autorisait-il la chroniqueuse à prendre à partie une invitée, victime elle-aussi d’une agression ? »

      « Je pensais presque qu’Angot avait pété les plombs et tapé sur Rousseau »

      La production, elle, a bien pris soin de tirer une autre grosse ficelle, en prévenant que le moment où Angot quitte le plateau a été coupé au montage, pour faire « faire preuve d’élégance » à l’égard de sa chroniqueuse –pourquoi, d’ailleurs, avoir pris soin de le dire ici, quand tant d’autres émissions ont été également coupés sans que cela fasse l’objet d’un communiqué de la prod’ ? L’élégance, cela aurait été de ne pas chauffer le téléspectateur à blanc, de ne pas dire que le départ d’Angot n’apportait « rien sur le fond » et donc vider de son sens la réaction de l’écrivain. L’élégance aurait et de ne pas scénariser en amont un échange qui avait déjà tout de tragique pour le rabaisser au niveau d’un vulgaire clash comme la télé sait les organiser. Avec en plus, cette façon de sous-entendre qu’un désaccord entre deux femmes est au mieux une simple bataille de chiffonière. Les termes « harpies », « hystériques » et « folles » n’auront d’ailleurs pas tardé.

      On s‘attendait donc à assister à une scène d’une violence inouïe. À une mise à mort. Un ami me confiait : « Je pensais presque qu’Angot avait pété les plombs et tapé sur Rousseau. » Mais en regardant l’échange –long, ample, fourni, et ne se résumant certainement pas à quelques phrases tirées de leur contexte qui ont permis à plusieurs sites web de continuer à faire leur beurre–, on réalise que ça n’est ni un clash, ni une altercation, et certainement pas un « bad buzz ». On a assisté à la rencontre de deux souffrances. Et constaté qu’une douleur + une douleur, ça ne s’annule pas.

      Ici, Claude Askolovitch écrit pourquoi « il ne faut pas condamner Angot pour les larmes de Rousseau ». Que ce sont bien deux souffrances, mais aussi deux manières de les intellectualiser qui se trouvent confrontées, sans jamais se rejoindre.

      Pas une grande communauté de victimes

      Pour Rousseau, il faut « parler ». Pour Angot, il faut se « débrouiller ». Et il y a, je crois, eu un grand malentendu sur l’emploi de ce verbe : « se débrouiller ». Angot n’impose pas, elle constate. Que quand on a été victime d’une agression sexuelle, on est seul, on se démerde. C’est terrible oui, mais c’est comme ça. Elle n’intime pas à Rousseau l’ordre de se taire, elle lui dit de lui foutre la paix, et à elle, et à toutes les autres victimes (Angot a été victime d’inceste paternel). De ne pas appeler à former une grande communauté de victimes, car chacun(e) doit se débrouiller. En écrivant des livres, en militant, en ne faisant rien…

      Tout cela est trop compliqué et trop peu commode : ça va beaucoup plus vite de décréter qu’il y a de bonnes et de mauvaises victimes. De décider que certaines sont audibles et légitimes, et d’autres trop dures

      Elle essaie aussi de nous dire quelque chose, et on est passés à côté. « Parler » n’est pas nécessairement moins violent que « se débrouiller ». Il y a, sur ces questions des violences faites aux femmes, une injonction à dire. Il suffit de voir ce que les femmes victimes de viols et d’agressions entendent systématiquement : « Porte plainte ! il ne faut pas se taire ! Sinon, cela arrivera à d’autres et cela sera de ta faute. » Voilà comme on passe de victime à coresponsable, simplement parce qu’on a préféré se taire, pour les raisons que ne devraient appartenir qu’à nous.

      Rousseau, elle, croit au collectif. Elle est optimiste, ou en tout cas, y met toutes ces forces. Elle veut que la parole se libère. Et dit comme ça, on ne peut qu’être d’accord. D’ailleurs, je suis d’accord avec les deux. Je comprends Angot et je comprends Rousseau. Même s’il est vrai, qu’après avoir vu l’échange, j’ai ressenti une peine immense pour Sandrine Rousseau, davantage que pour Angot, que je sens et sait plus costaude.

      Choisir son camp, pourquoi ?

      La question est de savoir qui nous a demandé nos avis. Pourquoi devrait-on choisir ? Pourquoi devrait-on élire notre victime préférée et disqualifier l’autre ? Peu importe que Sandrine Rousseau elle-même ait pris soin de préciser que ce n’est pas Angot qui l’a fait pleurer. Tout cela est trop compliqué et trop peu commode : ça va beaucoup plus vite de décréter qu’il y a de bonnes et de mauvaises victimes. De décider que certaines sont audibles et légitimes, et d’autres trop dures. Que leurs traits, leur rage, ne collent pas avec l’idée qu’on se fait d’une femme abusée. Nécessairement démolie mais vaillante.

      On a le sentiment aussi que l’imaginaire collectif veut décréter la sororité obligatoire. Que la solidarité féminine doit aller de soi. Et qu’une femme qui s’en prend à une autre femme est une traitresse. Un homme admonestant une femme sera bien souvent moins accablé. Une femme qui crie sur une femme, et c’est une faute morale, un canif dans le contrat qui ferait des femmes des sœurs unies dans la douleur. Contrat qu’on a jamais signé. Il est sidérant aussi de constater que les auteurs –supposés ou non– des violences dont Angot et Rousseau parlent, ont été eux, extraordinairement épargnés par les commentateurs.

      L’ironie de la chose, c’est que ceux qui se sont découverts une fibre féministe (coucou Rémi Gaillard) se sont pourtant acharnés sur Angot avec fiel et sexisme.

      Torrents de haine

      Il existe sur Facebook un événement « Cours de self contrôle avec Christine Angot ». Je m’y suis abonnée pour voir. Et c’est bien ce que je redoutais : blagues misogynes, remarques odieuses sur le physique, posts débiles sur Angot « qui a ses règles », des « Christine sera notre punching-ball ». Pour de nouveaux hérauts de la lutte contre les violences faites aux femmes, c’est assez cocasse.

      Pour finir, ce moment n’a rien a voir avec « TPMP » ou « Salut les Terriens », monuments de dégueulasserie cathodique. Ce moment est un crève-cœur, parce qu’on est impuissant face à tant de souffrances. Il est aussi symptomatique de notre besoin de choisir un camp, de façon forcément binaire : il faut être #TeamQuelquechose. C’est finalement la façon dont les femmes doivent réagir à la violence qui a été commentée ; pas les auteurs de violences. Ce qui donne tristement raison à Angot : « C’est tellement compliqué de parler. »

    • https://www.franceculture.fr/emissions/la-chronique-de-jean-birnbaum/la-chronique-de-jean-birnbaum-jeudi-5-octobre-2017

      Moi qui aime profondément Angot et ses textes, et qui supporte mal les attaques obscènes dont elle est la cible depuis si longtemps, je me suis souvenu d’un échange que nous avions eu, au cours duquel je lui avais demandé pourquoi elle n’avait jamais porté plainte contre son père qui avait abusé d’elle sexuellement. Elle m’avait révélé qu’en réalité elle avait porté plainte, juste avant ses 28 ans, avant la prescription. Elle avait été bien reçue par un commissaire qui lui avait expliqué que, vu l’ancienneté des faits, son père ne serait sans doute pas condamné. Angot avait donc renoncé et des années plus tard, me racontant cette scène, elle avait conclu, je la cite : « Je vous le dis, il n’y a qu’une seule chose de valable, c’est la littérature. La justice, la police, ce n’est rien. Il n’y a pas de vérité hors de la littérature ».

    • Sauver Angot ! Après l’essorage de Sandrine Rousseau par Christine Angot et Yann Moix chez Ruquier, après le cyber-lynchage consécutif d’Angot, ils sont deux à tenter de sauver l’écrivaine, sur le site Slate.

      D’abord, Claude Askolovitch, de la revue de presse de France Inter. Puis Nadia Daam (notamment chroniqueuse sur Europe 1). Ils disent sensiblement la même chose. Oui, Sandrine Rousseau a souffert, mais Christine Angot aussi. Souffrance contre souffrance. Que n’ont-elles réussi à se parler ! D’ailleurs, le terrible "on se débrouille, c’est comme ça" d’Angot, n’est pas vraiment un "on se débrouille, c’est comme ça", tente d’expliquer Daam. On l’aura mal comprise. Alors reprenons.

      Oui, Angot a souffert. Et elle en a fait un très grand livre, "L’inceste" (paru en 1999), suivi d’un autre, "Une semaine de vacances", paru en 2012. Oui, Angot est (à mon sens) un écrivain français majeur d’aujourd’hui. Mais parmi tous ceux qui auront vu l’agression insensée (et incompréhensible, après montage-charcutage) dont a été victime Sandrine Rousseau sur le plateau de Ruquier, qui l’auront vue en direct, en replay, dans les videos promotionnelles, qui en auront entendu parler dans les buzz préalables orchestrés par la prod de l’émission, combien SAVENT qui est Christine Angot ?

      Combien l’ont lue ? Un sur dix ? Un sur cinq ? Ce serait déjà énorme. Pour eux, cette personne hystérique est une snipeuse de Ruquier comme avant elle Salamé, Polony ou Pulvar. C’est une voix de la télé publique, rien de plus, rien de moins. Le message délivré par la télévision publique, par la chroniqueuse de la télévision publique, aux victimes d’agressions sexuelles, notamment de la part des puissants, et sans aucune atténuation de l’animateur sur le plateau, restera donc : face aux agressions sexuelles, "on se débrouille, c’est comme ça".

      Mission de la télé publique

      Autrement dit, rien à faire. Personne à qui parler, Aucune instance à laquelle s’adresser. Aucun recours. Aucune aide, aucune solidarité à attendre, aucun espoir. Rien. La soumission à la loi du mâle est immémoriale, pourquoi ça changerait ? Si tu en es capable, tu fais un livre. Sinon tu te débrouilles. C’est comme ça. Ce message est d’abord profondément de droite. Le "c’est comme ça", c’est la plus pure définition de la droite (la définition de la gauche étant par exemple "et si ça pouvait être autrement ?").

      Comme le dit très bien Clémentine Autain, si nous aspirons à être sujets de nos vies, c’est précisément pour que ce ne soit plus « comme ça ». Le point de vue politique est celui qui n’accepte pas la résignation et qui, loin de laisser chaque femme se débrouiller seule avec le violeur, entend fonder une réponse collective". Au moins, le "c’est comme ça" est-il cohérent avec la récente évolution vallso-macronienne d’Angot.

      Mais le "c’est comme ça" est surtout profondément incivique. Le harcèlement sexuel est puni par la loi. Non, le crime organisé, c’est pas "comme ça". La haine raciale, c’est pas "comme ça". La torture, c’est pas "comme ça". La fraude fiscale, c’est pas "comme ça". Il y a des lois nationales, des lois de la guerre, du droit international. La mission de la télévision publique est-elle d’en proclamer l’inefficacité radicale et absolue ? Le CSA a été saisi par le gouvernement. A lui de dire si la télé, "c’est comme ça".

      http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-nos-vies-connectees/20171003.OBS5457/le-on-se-debrouille-c-est-comme-ca-d-angot-profondement-inciviq

    • Pour celleux qu’auraient pas compris, je conseille de passer en mode essorage rapide sur RTL.
      http://www.rtl.fr/emission/les-grosses-tetes

      N°1 en France, RTL affiche une audience confortable de 12,2% avec une durée d’écoute élevée de 2H25 en moyenne, faisant mentir ceux qui prédisaient la chute de la maison de la Rue Bayard avec le vieillissement de son auditoire. Le meilleur exemple de sa recette gagnante est le rajeunissement des « Grosses Têtes » qui se sont appuyées sur l’arrivée de Laurent #Ruquier pour renouveler avec succès la formule de l’émission culte de Philippe Bouvard.

      Pas de doute, on est bien en France !