Avoir un bébé pendant sa thèse : le jeu d’équilibriste des mères doctorantes
L’idéal du chercheur dévoué corps et âme à son travail est encore très ancré dans le milieu, au détriment des thésardes qui attendent un enfant.
« J’ai soutenu ma thèse début février, enceinte, et ma fille qui aurait dû naître début mai est née le 5 mars. À mon avis, il y avait un lien, parce que c’était une situation tendue avec une grossesse à risque. » Adriana Coelho Florent est maîtresse de conférences en portugais à l’université d’Aix-Marseille. Sa carrière a commencé en 1992, avec une thèse de doctorat qui a duré sept ans. Lorsqu’elle se remémore cette période de sa vie, deux éléments reviennent et s’entrecroisent en permanence : l’écriture de sa thèse et la naissance de ses deux enfants. « Je me souviens d’un moment où j’emmenais mon fils aîné à l’école le matin, quand je rentrais, je travaillais sur la thèse, j’allais le chercher à midi, je le ramenais, je reprenais la thèse… »
Sésame indispensable pour pouvoir prétendre à un poste d’enseignant-chercheur, le #doctorat demande de mener une étude sur un sujet original et de rédiger une thèse, mais également se familiariser avec les tâches qui accompagnent la recherche : écrire des articles, participer à des colloques, etc. Une période très intense, qui peut encore se compliquer avec l’arrivée d’un nouveau-né. Une étude menée au département de psychologie de l’université de Genève a montré que parmi 176 femmes inscrites en doctorat, aucune de celles ayant un enfant de moins de 5 ans ne l’a obtenu. Or, la moyenne d’âge des doctorants toutes disciplines confondues est de 30,5 ans, soit un âge auquel la question des enfants se pose pour beaucoup.
La culture du don de soi
Si l’université n’est ni plus ni moins sexiste qu’un autre milieu, l’idéal du chercheur dévoué corps et âme à son travail y est encore bien ancré, et dans certaines universités, il s’accommode mal des congés maternité. « On doit faire la preuve que le travail est prioritaire, qu’il n’y a rien d’autre qui compte. » Claire*, aujourd’hui journaliste, a commencé en 2007 une thèse en sciences de l’éducation, durant laquelle elle a eu deux enfants, en plus des deux qu’elle avait déjà. À partir de son second congé maternité, sa relation avec son directeur de thèse s’est envenimée.
« On m’a rapporté que mon directeur de thèse s’est plaint que je lui avais fait un enfant dans le dos, que je l’avais poignardé avec cette nouvelle grossesse et que je lui faisais honte par rapport à l’école doctorale qui me finançait », se souvient-elle. Un peu après la fin de sa troisième année, son directeur décide de cesser de l’encadrer sans discussion préalable, et elle est contrainte d’arrêter son doctorat.
Adriana Coelho Florent a eu une expérience similaire lorsqu’elle a annoncé à son directeur de département sa première grossesse, peu après avoir pris un nouveau poste de professeure agrégée. « Au départ, il ne m’a rien dit, puis j’ai su qu’il était très mécontent. Il a pratiquement insinué que j’avais fait exprès de tomber enceinte juste après avoir eu mon contrat, raconte-t-elle. Il a fait pression sur moi pour que je puisse au moins assurer la correction. Un mois avant mon accouchement, je me suis retrouvée avec 180 copies à corriger, alors que je devais rester allongée. »
Un meilleur cadre juridique
Pour la juriste Olivia Bui-Xuan, il faut toutefois noter de nettes améliorations ces dernières années. Une circulaire de 2012 est venue préciser le statut, jusque-là flou, des congés maternité des enseignantes-chercheuses et des doctorantes assurant des cours. « Il y avait des politiques différentes en fonction des établissements. Jusqu’en 2012, si on accouchait pendant l’été, on n’avait finalement pas de congé maternité, parce qu’il n’y avait pas vraiment de différenciation avec les vacances. La circulaire a permis de bien clarifier les choses. » Plus tard, en 2016, un autre arrêté est venu préciser le statut des doctorantes qui n’ont pas de charge d’enseignement. De plus, il est désormais possible d’obtenir une suspension de la thèse durant un an en cas de congé maladie long ou de congé maternité.
La juriste constate également une amélioration au niveau du Conseil national des universités, cette instance qui assure une première évaluation des jeunes docteurs avant qu’ils ne déposent une candidature pour devenir maître ou maîtresse de conférences, et dont elle est membre. « Lorsque quelqu’un demande pourquoi une femme a mis un certain temps pour faire sa thèse, j’indique toujours qu’il faut regarder dans le CV s’il y a des enfants. On ne va pas considérer que ça pose problème si la thèse a pris une ou deux années de plus », indique Olivia Bui-Xuan.
Elle souligne toutefois qu’il y a le droit... et les faits. « Quand il n’y a pas de problème ou de tension dans les équipes, le droit s’applique effectivement et les décharges de service sont prises sans difficulté. Mais dans les faits, beaucoup d’universités n’ont pas cet environnement professionnel parfait, et il peut y avoir des écarts entre la pratique et le droit. »
Concilier #carrière et #vie_familiale
Il ne s’agit toutefois pas d’une mission impossible. Olivia Bui-Xuan constate que certaines doctorantes gèrent très bien leur congé maternité et leur doctorat. « Cela dépend de leur environnement : si elles ont un conjoint ou une conjointe qui est disponible pour garder les enfants, si elles trouvent un mode de garde… Cet environnement est déterminant. » Or, avec seulement 59,3 places disponibles pour 100 enfants de moins de 3 ans, la France souffre d’un déficit d’accueil en crèche, et certaines favorisent les enfants dont les deux parents travaillent. D’autres modes de garde doivent souvent être envisagés, mais ils peuvent être coûteux, comme le recours à une assistante maternelle, ou inaccessibles, lorsqu’il n’y a pas de conjoint pouvant s’occuper de l’enfant durant la journée par exemple. « Si je n’avais pas eu la très bonne idée d’épouser un enseignant féministe, je ne sais pas comment j’aurais fait », plaisante Adriana Coelho Florent.
Si, comme l’a montré l’INSEE, le travail domestique repose encore en grande partie sur les femmes (1h26 de plus par jour en moyenne que les hommes), les pères qui font le choix de s’occuper beaucoup de leurs enfants peuvent également en subir les conséquences. « Mon conjoint, qui a été en thèse en même temps que moi, s’en est pris plein la gueule aussi, mais pas pour les mêmes raisons, explique Claire. Moi, on me considérait comme étant déjà perdue d’avance, on m’avait dit “tu n’es plus bonne à rien. Il faut choisir, soit tu fais bobonne à la maison, soit tu fais des sciences”. Alors que dans le cas de mon conjoint, on voulait qu’il colle à l’image du chercheur entièrement dévolu à sa recherche et pas présent pour sa famille. »
Après la fin de la thèse, cet exercice d’équilibriste qui consiste à élever des enfants durant son doctorat peut se poursuivre à avoir des conséquences. « Comme je travaillais et que j’avais deux enfants en plus de la thèse, je ne pouvais absolument pas aller dans les congrès, participer vraiment à la vie universitaire, raconte Adriana Coelho Florent. Ça m’a certainement nui pour avoir un poste de maîtresse de conférences. Ça a duré trois ans, et les deux premières années, je n’ai même pas été auditionnée. »
▻http://www.slate.fr/story/213357/maternite-universite-enfant-bebe-these-meres-doctorantes-enceintes-sexisme-rec
#maternité #recherche #université #doctorat #doctorantes #thèse #thèse_de_doctorat
ping @_kg_
Une #relève académique en #souffrance
Il est urgent que le Conseil fédéral, le FNS, les universités et HES prennent au sérieux le #mal-être profond des doctorants, post-doctorants, enseignants et chercheurs, et qu’ils en tirent les conséquences en matière de #politique_de_la_recherche, écrivent cinq post-doctorants en sociologie de l’Université de Neuchâtel.
Le monde académique est devenu un environnement de #travail toxique. L’article de la Tribune de Genève intitulé « Burn-out en série chez les chercheurs genevois » (►https://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/burnout-serie-chercheurs-genevois/story/10365762) (8.1.2020) offre un témoignage éclairant sur une réalité méconnue. Il souligne que les #conditions_de_travail très précaires sont le lot commun des doctorant-e-s, post-doctorant-e-s et autres enseignant-e-s et chercheurs-euses réuni-e-s sous l’appellation de « #corps_intermédiaire » – et ce pendant de longues années : contrats à durée déterminée et à temps partiel, salaires insuffisants, dépendance personnelle aux professeur-e-s, problèmes de management, inégalités de traitement, harcèlement, multiplication des #burn-out. Mais comment en est-on arrivé là ? Cette réalité relève d’un #problème_structurel qu’il est nécessaire de prendre à la racine afin d’y apporter des réponses.
Le système académique international a connu une restructuration profonde avec la mise en place du #processus_de_Bologne. Celui-ci a permis de créer un espace européen de l’enseignement supérieur en mettant en #concurrence les universités. Dans ce contexte, le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) se donne pour mission d’encourager la #compétitivité et la mise en réseau de la recherche scientifique suisse au niveau international (art. 1 de ses statuts). Au sein des universités et hautes écoles spécialisées (HES), dont la marge de manœuvre se réduit, cela s’est traduit par une mise en concurrence extrême des chercheurs-euses à l’échelle internationale. Pour espérer trouver une stabilité professionnelle après le doctorat, il est désormais indispensable de disposer d’articles dans des revues prestigieuses, évalués de façon anonyme, suivant un processus long et pénible. Sans compter que l’#anglais (et la forme d’#écriture_scientifique_standardisée) a pris le dessus sur les langues nationales. Individualisée, la #performance est mesurée d’après des critères précis, qui imposent à chaque chercheur-euse d’indiquer explicitement dans son CV sa « #productivité_scientifique » (sic). L’#impact_factor (citations des travaux par les pairs) détermine toujours les chances d’obtention d’une chaire, peu importe s’il conduit à l’auto-référentialité ou à la multiplication d’articles sans plus-value pour la science.
Les effets de cette #mise_en_concurrence sont néfastes tant pour la #santé des chercheurs-euses que pour la qualité des connaissances produites. Les #rapports_de_travail se dégradent fortement. Il n’est pas rare qu’un-e collègue de bureau soit vu-e comme un-e concurrent-e direct-e. Pour répondre aux critères d’éligibilité, il faut travailler régulièrement le soir et le week-end. L’injonction d’une #mobilité_internationale favorise des profils conjugaux particuliers, au risque d’impliquer le renoncement à une #vie_familiale et d’accroître les #inégalités_de_genre. Les burn-out en série – qui connaissent une forte hausse généralisée (NZZaS, 12.1.2020) – témoignent de la #solitude dans laquelle les #souffrances sont vécues. Une situation renforcée à l’#université par l’absence d’organisations de défense collective de type syndical.
Les mécanismes de concurrence
Pour ces différentes raisons, il nous semble de plus en plus urgent que le Conseil fédéral, le FNS, les universités et HES prennent au sérieux ce mal-être profond et qu’ils en tirent les conséquences en matière de politique de la recherche. Un premier pas vers des mesures concrètes pouvant éviter que le travail académique ne porte atteinte à la santé et à la vie familiale consisterait à réduire les mécanismes de mise en concurrence des chercheurs-euses. Le développement d’un statut intermédiaire stable et la limitation des #financements_par_projet doivent être sérieusement envisagés. La réflexion devrait également questionner l’impératif d’une mobilité internationale (lorsqu’elle se fait contre la volonté des chercheurs-euses) et une course à la #productivité à tout prix.
Daniel Burnier, Nicola Cianferoni, Jacinto Cuvi, Thomas Jammet, Miriam Odoni (post-doctorant-e-s en sociologie, Université de Neuchâtel)
►https://www.letemps.ch/opinions/une-releve-academique-souffrance
#Suisse #université #science
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ajouté à cette métaliste sur la #précarisation de la #carrière des enseignant·es-chercheur·es dans les universités suisses.
►https://seenthis.net/messages/945135
LE #MANIFESTE ACADÉMIQUE POUR LA GRÈVE FÉMINISTE DU 14 JUIN 2019 EN SUISSE
Nous sommes des #scientifiques de différentes disciplines et nous allons nous mettre en grève le 14 juin 2019. Les femmes* sont systématiquement et massivement sous-représentées au sein des universités et des hautes écoles spécialisées suisses. Cet état de fait a des conséquences fondamentales sur les processus de production et de transmission du savoir. Nous portons les revendications suivantes en lien avec notre environnement de travail :
– Jusqu’à ce que 50 pourcent des postes professoraux soient occupés par des femmes* dans toutes les disciplines, chaque université et haute école suisse doit pourvoir les #postes_professoraux nouvellement mis au concours par des femmes* à hauteur de 50 pourcent. Les femmes* ne doivent pas être renvoyées à des emplois moins bien dotés. Le même principe vaut pour tous les organes directeurs et postes académiques des hautes écoles et des universités.
– Nous exigeons un #salaire égal pour un travail égal, sans distinction de genre. Pour cela les classifications salariales individuelles et les #barèmes_salariaux doivent être rendus transparents.
– Chaque poste professoral doit permettre le job sharing. Toutefois, le #job_sharing n’équivaut pas à fournir la même quantité de travail pour la moitié du salaire. Seule une réelle réduction de la charge de travail permet une meilleure compatibilité des activités professionnelles et extra-professionnelles.
– Au minimum 50% des postes faisant suite au doctorat et financés par les universités doivent être de durée indéterminée.
– L’#enseignement et la #recherche doivent être rémunérés à leur juste valeur. Le fait que les privat-docents doivent enseigner gratuitement afin de ne pas perdre leur titre doit être immédiatement aboli. Les titulaires de contrats d’enseignement et de mandats ne doivent pas avoir à attendre la fin du semestre pour recevoir leur rémunération.
– La #parité de genre est requise au sein de chaque commission de recrutement, de chaque jury et de chaque organe décisionnel du Fonds national suisse #FNS de la recherche scientifique, ce pour chaque discipline.
– Afin de garantir des procédures de recrutement équitables et une gestion du personnel sensible aux dimensions de genre, nous exigeons des #formations_continues obligatoires pour les personnes siégeant dans des commissions de recrutement ou qui occupent des fonctions de cadres.
– L’enseignement de même que les procédures administratives au sein des universités et hautes écoles suisses doivent être attentives aux questions de genre. Nous exigeons pour cela des mesures de #sensibilisations adaptées aux fonctions de chaque groupe professionnel concerné au sein des hautes écoles et des universités suisses. L’enseignement doit sensibiliser à un usage de la langue prenant en compte les questions de genre.
– Nous appelons à des mesures globales pour une meilleure compatibilité des activités professionnelles et extra-professionnelles.
– La #mobilité (notamment pour les mesures d’encouragement) doit être promue, mais ne doit pas constituer un impératif.
– Les #obligations_professionnelles régulières, telles que les réunions ou les séances administratives liées à l’institution doivent avoir lieu durant la semaine et se terminer à 17 heures.
– La #vie_familiale doit être rendue possible dans les universités et les hautes écoles et les familles doivent être soutenues. Nous exigeons l’introduction et le développement du #congé_parental, afin qu’un partage équitable des #gardes_d’enfants et des tâches éducatives soit réellement possible.
– La couverture légale et financière du congé parental doit également être assurée dans le cadre des projets financés par des fonds tiers. Le congé parental ne peut être déduit de la période de recherche définie pour le projet au détriment des chercheuses et chercheurs.
– Les infrastructures pour la garde d’enfants au sein des hautes écoles et des universités doivent être renforcées. Un nombre suffisant de places de #crèche à des prix abordables doit être garanti, de même qu’une offre suffisante d’espaces parents-enfants.
– Nous exigeons que les acquis pour lesquels le mouvement féministe s’est battu - comme la mise en place d’études genre dans les universités ainsi qu’au sein de différentes disciplines - soient étendus et non pas démantelés.
– Nous exigeons davantage de moyens pour la prévention et la répression du #harcèlement_sexuel au sein des institutions universitaires.
– L’instrument d’encouragement qui soutenait spécifiquement les femmes* en lien avec leur situation familiale aux niveaux doctoral et post-doctoral (Marie Heim-Vögtlin) a été aboli par le FNS au profit d’un format se réduisant à l’#excellence à partir du niveau post-doctoral. Nous appelons à la création de nouveaux instruments d’encouragement et au renforcement des instruments existants, afin que les jeunes chercheuses et chercheurs indépendamment de leur situation familiale ou de leur genre et des réseaux professionnels liés au genre, bénéficient des mêmes perspectives professionnelles.
– Les #coming_out forcés, les imputations erronées de genre et les assignations de genre superflues doivent être combattues au sein des hautes écoles et des universités. Nous exigeons des adaptations administratives et institutionnelles pour les personnes non-binaires, trans et inter ; par ex. adaptations simplifiées ou suppression de l’indication de genre et toilettes non-genrées. Nous exigeons des formations à destination du personnel ainsi que des services compétents sur ces questions dans toute université et haute école.
– Les #discriminations liées au genre et à l’#identité_de_genre sont étroitement liées à d’autres types de discriminations telles que celles fondées sur la racialisation, la religion, les origines sociales ou géographiques, l’orientation sexuelle, l’âge ou le handicap. Nous demandons à ce que les discriminations liées au genre au sein des établissements de recherche soient combattues dans une perspective multidimensionnelle et intersectionnelle.
– Enfin, nous exigeons des mécanismes et des mesures de contrôle réels et contraignants pour mettre en œuvre l’#égalité des genres.
Nous nous solidarisons avec le personnel non-académique des hautes écoles et des universités qui s’engage pour des conditions de travail meilleures et égalitaires, ainsi qu’avec les étudiant-e-s en grève. Nous soutenons par ailleurs toutes les autres revendications émises dans le cadre de la grève des femmes*.
▻https://www.feminist-academic-manifesto.org
#grève #grève_féministe #Suisse #14_juin_2019 #université #femmes #féminisme #lutte #résistance #genre #rémunération #travail #salaire
« La #domination au #travail est beaucoup plus dure qu’avant » | L’Echo
►https://www.lecho.be/opinions/carte-blanche/la-domination-au-travail-est-beaucoup-plus-dure-qu-avant/10060958.html
►https://images.lecho.be/view?iid=dc:134266160&context=ONLINE&ratio=16/9&width=640&u=1540186800000
N’oublions pas également que comme il n’y a pas d’étanchéité entre travail et non-travail, les souffrances professionnelles ont des conséquences dommageables immédiates sur la vie de famille, les loisirs et même la vie dans la Cité dans la mesure où l’on a tendance à s’y comporter comme au travail : chacun pour soi.
En outre, les stratégies de déni ont un effet de désensibilisation qui conduit à une banalisation de l’injustice : si je nie ma propre souffrance, je ne peux pas reconnaître celle des autres. C’est un retournement sinistre : pour tenir individuellement, on aggrave le malheur social.
Dans ce contexte, on peut se demander si un tel système ne risque pas de s’effondrer – puisqu’il ne fonctionne que par le concours des travailleurs. Les cas d’effondrement moral existent. Durant la guerre du Vietnam, par exemple, des régiments entiers ont dit : « Fini ! On n’avance plus ! », quitte à être tués – quand ils ne tuaient pas leurs propres officiers. En entreprise, si l’exigence de performance devient insoutenable, le risque d’effondrement collectif existe aussi.
]]> UN SCANDALE DE PLUS, UNE VIOLENCE ETATIQUE DE PLUS, UN RENVOI DE PLUS, DES DROITS HUMAINS NIÉS.
Hier matin (17 mai), les polices lucernoises et vaudoises sont venues chercher une femme nigériane et son bébé de 3 mois (assignés au canton de Lucerne) afin de procéder à leur renvoi en Italie selon les Accords Dublin.
Les polices cantonales se sont mobilisées pour aller chercher cette femme et son bébé jusqu’à Renens (Canton de Vaud), débarquant au domicile du compagnon de Madame et père de l’enfant, lui-même en possession d’un permis B de réfugié, érythréen et vivant en Suisse depuis 3 ans ! Une véritable traque…
Une demande de reconsidération auprès du Secrétariat d’Etat aux Migrations (SEM) et une démarche de reconnaissance en paternité sont pourtant en cours pour faire valoir leur droit à rester auprès de leur compagnon et père… Mais cela n’a pas empêché les autorités cantonales et fédérales en matière de migration de faire exécuter cette déportation immonde et cela n’a pas empêché non plus les 8 policiers d’emmener Madame et de les mettre elle et son bébé dans un avion à destination de Florence, tout en précisant qu’elle pourrait revenir en Suisse une fois la #reconnaissance_de_paternité avérée... !
Selon les dernières informations, Madame et son fils sont arrivés à Florence et ont été placés dans un camp, partageant une chambre avec trois autres personnes. Le bébé se porte bien.
Cependant des questions subsistent face à la violence de ces pratiques et de ces agissements :
Comment le SEM, le SPOP, Mme Sommaruga, etc. justifient-ils cette violence d’Etat ?
Comment justifient-il de séparer cette famille, d’arracher ce bébé de 3 mois et cette femme à leur compagnon/père ?
Comment les autorités justifient-elles d’aller jusqu’à traquer ce bébé et sa mère jusqu’au domicile du père pour effectuer un tel renvoi et de passer outre les démarches juridiques en cours ??
Pourquoi cet acharnement, y compris sur des personnes extrêmement vulnérables ?
Dans quelques mois, la reconnaissance en paternité sera terminée, le regroupement familial sera validé et Madame pourra revenir vivre en Suisse. Mais le trauma de son arrestation par 8 policiers, de sa déportation et de son placement dans un camp à Florence se sera ajouté aux autres horreurs subies lors de son parcours migratoire et restera indélébile. Violence gratuite, #violence d’Etat. Envers des hommes, des femmes et enfants. Au nom de quoi ?
Nous n’avons que très peu de mots pour dire…
Les lois suisses semblent devenues des passe-droit pour violer les droits humains en toute impunité ! Par leurs pratiques, Le SEM, le SPOP, Sommaruga, et la police, sont aujourd’hui des criminel.le.s !
Ces décisions, ces pratiques et ces violences ne font que nourrir notre révolte. Nous résisterons ! Nous continuerons sans cesse de porter la voix d’une société civile qui se veut solidaire !
Le collectif R
–-> Reçu par email via le collectif R : ►http://desobeissons.ch
#renvois #expulsions #réfugiés #asile #migrations #renvoi_Dublin #Italie #Suisse #Vaud #vie_familiale #it_has_begun #déshumanisation #regroupement_familial #vulnérabilité
cc @isskein
ODAE romand | Le TAF empêche un renvoi Dublin qui séparerait un père de son enfant
▻https://asile.ch/2018/04/17/odae-romand-taf-empeche-renvoi-dublin-separerait-pere-de-enfant
Dans un arrêt de février 2018, le TAF a admis le recours d’une requérante d’asile érythréenne contre une décision du SEM de la renvoyer vers l’Italie, en vertu du Règlement Dublin. Durant la procédure, cette femme a eu un enfant avec un ressortissant érythréen résidant en Suisse au bénéfice d’une admission provisoire (permis F réfugié). […]
]]>Citoyen(ne)s étrangè(re)s, vous avez des #droits !
▻http://fr.calameo.com/read/004190376aa733a98947f
#asile #migrations #réfugiés #droit_d'asile #droit_des_étrangers #guide #Grenoble #naturalisation #citoyenneté #vie_familiale #regroupement_familial
]]>Voix d’Exils | Séparation… Mot familier et tragique pour les exilés
▻https://asile.ch/2017/08/29/voix-dexils-separation-familier-tragique-exiles
Il n’est pas rare que des familles soient séparées sur le chemin de la migration. Des souffrances supplémentaires se greffent alors sur une situation déjà difficile. Une femme afghane témoigne de la situation tragique qu’elle vit aujourd’hui en Suisse. Article de Morrasa Sadeghi , publié le 22 août 2017. Cliquez ici pour lire l’article sur le […]
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