• Sois vieille et ouvre-la - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    http://cqfd-journal.org/Sois-vieille-et-ouvre-la

    La société porte un regard méprisant sur le corps vieillissant ; davantage encore sur celui de la femme. Passée la ménopause, leur féminité et leur sexualité semblent moins légitimes. Pourtant, tout le monde n’aspire pas à finir en mamie-gâteau qui fait des pots de confiture. On peut même se sentir plus énergique, désirable et assurée qu’avant : « J’ai mis tellement de décennies à prendre conscience de ma féminité, à l’assumer, que je suis mieux à 65 ans qu’à 25 ans, témoigne Fanny. Ça, je l’ai acquis en vieillissant. »

    Pas facile pourtant d’assumer un éventuel désir, surtout quand les hommes du même âge s’intéressent essentiellement à des femmes plus jeunes : « Exclues du regard désirant masculin, certaines femmes s’excluent elles-mêmes du désir, remarque la sociologue Rose-Marie Lagrave [1]. Le “ce n’est plus pour moi”, le “je suis délivrée de l’obligation de séduire”, le “il y a un âge pour chaque chose” [...], autant d’expressions qui disent la peur du désir. »

    • Et aussi... #audio

      https://www.arteradio.com/son/61660809/vieilles_et_alors_14

      Pourquoi des hommes de 50 ans se sentent incapables d’aimer des femmes de leurs âge ? Pourquoi beaucoup d’entre eux quittent leurs femmes pour des plus jeunes ? Pourquoi, alors que plus je vieillis, plus je me sens sereine, emplie de joie, de désirs, de force, je me suis écroulée à la vue de mon premier cheveu blanc ? Au delà de la peur de la mort et du temps qui passe, qu’est-ce que la vieillesse révèle des normes de genre ? Et comment lutter ensemble contre les injonctions jeunistes et sexistes de notre société ?
      Deux collectifs, les "Ménopause rebelle" à Marseille et les "Fouffe qui peut" en Ariège, réfléchissent à des moyens collectifs de lutter contre le jeunisme et le sexisme. De prendre de la force ensemble après de nombreuses attaques âgistes. On échange aussi sur la ménopause, ses tabous et ses alternatives. On analyse la façon différente de voir le corps des femmes et des hommes vieillissants. Les femmes ont-elles le droit de vieillir ? La vieillesse révèle des normes de genre. Elle est une question politique et sociale bien souvent passée sous silence.

      Avec :
      – Les collectifs « Ménopause rebelle » et « Fouffe qui peut »
      – Juliette Rennes, sociologue, maîtresse de conférence à l’EHESS
      Autrice de l’article « Le corps des vieilles »
      – Rose-Marie Lagrave, sociologue, directrice d’étude à l’EHESS
      Autrice de l’article « Réenchanter la vieillesse »
      – Cécile Charlap, sociologue, attachée temporaire à l’université de Lille 3
      Autrice d’une thèse « La fabrique de la Ménopause »

      Lectures par Estelle Clément Béalem :
      – « Best Love Rosie » de Nuala O’Faolain
      – « Ménop’pose re-Belle » de Muriel des « Ménopause rebelle »
      – « Les mandarins » de Simone de Beauvoir
      – « Prière d’insérer » d’Hélène Cixous
      – « Ms Dalloway » et « Les vagues » de Virginia Woolf

      Pour prolonger l’écoute :
      – Le chapitre "L’ivresse des cimes, briser l’image de la "vieille peau" dans Sorcières, de Mona Chollet
      – « Vieillir dit-elle » de Martine-Boyer Weinmann
      – « La touche étoile » de Benoilte Groult
      – « Thérèse Clerc, Antigone aux cheveux blancs » de Danielle Michel-Chich
      – « Maintenant que j’ai 50 ans » de Bulbul Sharma
      – Le film « L’art de Vieillir » de Jean-Luc Raynaud
      – « Sorcières mes sœurs » de Camille Ducelier
      – « La ménopause » de Stella Pire
      – « Prohibition » de Brigitte Fontaine
      – « Senior » de Catherine Ringer
      – « Que tal ? » de Juliette

      Remerciements :
      Sara Monimart, Jean-Luc Raynaud, Camille Ducelier, Stella Pire, La librairie Violette and Co

    • Anne Sylvestre rules. Merci Antonin.

      Plus personne va m’ casser les pieds
      A dit Violette à son boucher
      Qui la toisait de ses lunettes
      – Et pour la p’tite dame ça sera quoi ?
      – Où ça « La p’tite dame », j’en vois pas !
      C’est pas une petite dame Violette

      Quatre-vingts ans et des poussières
      Plus de vingt fois arrière-grand-mère
      Votre dédain lui fait pas peur
      Les quelques années qui lui restent
      Elle veut les vivre à fond la caisse
      Elle aime pas les rétroviseurs

      Et c’est pas un marchand d’ barbaque
      Qui va lui casser la baraque

      La la la…

      Venez pas dire que c’est gentil
      Que c’est un terme de sympathie
      Gardez votre condescendance
      Savez-vous à qui vous parlez ?
      Ne blessez pas sa dignité
      Ne la r’plongez pas en enfance

      C’est une dure enfant d’ la guerre
      C’est du chiendent, pas d’ la bruyère
      Elle a eu faim, elle a eu froid
      Elle a grandi coûte que coûte
      Avec la neige sur la route
      Les pieds sur des semelles de bois

      C’est pas un professeur d’histoire
      Qui va lui dire ce qu’il faut croire

      La la la…

      Violette, elle a eu peur de rien
      Elle savait tenir tête aux chiens
      Aux menteurs et aux imbéciles
      Elle a su se jeter à l’eau
      Et repêcher quelques marmots
      D’une noyade trop facile

      Sous sa coiffure en courant d’air
      Elle a plus de vocabulaire
      Que vous n’en connaîtrez jamais
      Pour ce qui est de l’art de vivre
      Elle en sait plus que tous vos livres
      Nommez un arbre, elle le connaît

      Et c’est pas un marchand d’ sornettes
      Qui va lui en mettre plein la tête

      La la la…

      Elle a fabriqué des enfants
      Pas pour en faire des perdants
      Et elle a côtoyé des hommes
      Celui qui la couve des yeux
      C’est pas non plus un p’tit monsieur
      Il mérite le respect tout comme

      Violette, c’est pas une petite dame
      Elle a vécu sa part de drames
      Et si un jour elle doit tomber
      Quand vous la tiendrez dans vos griffes
      Comprenez qu’elle se rebiffe
      Vous qui viendrez pour la soigner

      Et qu’ c’est pas un marchand d’ médocs
      Qui va lui dire qu’elle débloque

      Mettez-vous bien ça dans la tête
      C’est pas une petite dame, Violette

    • Hier dans le train, je vois une dame âgée prendre une grosse valise. J’esquisse un geste pour l’aider mais je me rends compte qu’elle gère bien. Je m’arrête donc et je la regarde faire. J’aimerais bien que les hommes qui aident les femmes à porter leurs valises demandent avant ou bien regardent si on a besoin d’eux.