• Compétences des adultes en 2023 : quelle maîtrise de la recherche et de l’utilisation des informations à l’ère du numérique ? | Note d’Information de la Depp
    https://www.education.gouv.fr/competences-des-adultes-en-2023-quelle-maitrise-de-la-recherche-et-de

    Selon #Piaac 2023, en France hors DROM, plus d’un adulte sur quatre manifeste une faible maîtrise des compétences permettant de bien utiliser l’information dans la vie quotidienne, quel que soit le domaine (28 % en #littératie, 27 % en #numératie et 30 % en résolution adaptative de problèmes). En littératie, les personnes faisant preuve d’une maîtrise faible sont généralement en mesure de comprendre le vocabulaire de base et d’identifier des informations élémentaires dans des textes courts, mais sont en difficulté dès que le texte est un peu long. En numératie, les personnes en situation de faible maîtrise parviennent généralement à effectuer des opérations arithmétiques de base, mais pas des opérations plus complexes. En résolution adaptative de problèmes, elles peuvent résoudre des exercices dont les éléments sont explicites, statiques, en nombre limité, et incluent peu d’informations non pertinentes. La majeure partie de la population française (64 %) jouit d’une maîtrise intermédiaire en littératie, c’est-à-dire qu’elle est en capacité de comprendre des textes denses, longs ou comptant plusieurs pages, et de répondre à des questions nécessitant de croiser plusieurs informations. En numératie, les personnes situées dans la catégorie intermédiaire (61 % de la population) peuvent manipuler des fractions ou des pourcentages. En résolution adaptative de problèmes, la maîtrise intermédiaire (66 %) implique de résoudre des problèmes dont les paramètres évoluent, ce qui demande une capacité d’adaptation. En littératie, 9 % des adultes témoignent d’une maîtrise élevée des compétences ; ils sont 12 % en numératie et 4 % en résolution adaptative de problèmes. Ils sont respectivement en capacité d’évaluer des argumentaires subtils, de comprendre des concepts mathématiques abstraits, de réaliser des déductions complexes à partir de sources multiples dont le contenu peut évoluer.

    [...]

    L’âge est un facteur central de différenciation. En 2023, en numératie, les personnes âgées de 55 à 65 ans sont deux fois plus souvent en situation de faible maîtrise que celles âgées de 16 à 24 ans ; en littératie et en résolution adaptative de problèmes, elles le sont trois fois plus souvent.

    Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces moindres performances des plus âgés. Elles peuvent être dues, d’une part, à une évolution au cours de la vie des compétences dans la recherche et l’utilisation des informations (effet « cycle de vie »). Cette évolution pourrait, par exemple, traduire le déclin des capacités cognitives dû au #vieillissement. Les disparités constatées selon l’âge peuvent refléter, d’autre part, une évolution des compétences au fil des générations (effet « génération »), notamment avec l’élargissement de l’accès à l’éducation.

    [...]

    La dégradation, au cours de la vie, des compétences en littératie et en numératie est un constat récurrent des études sur ce sujet. Il se vérifie dans l’ensemble des pays de l’OCDE participant à Piaac. Les résultats français sont donc cohérents avec les attendus, même si la France apparaît comme l’un des pays où l’effet « cycle de vie » est le plus prononcé, notamment en littératie.

  • En Espagne, la possibilité d’un discours de gauche sur l’immigration
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/10/29/en-espagne-la-possibilite-d-un-discours-de-gauche-sur-l-immigration_6364304_

    En Espagne, la possibilité d’un discours de gauche sur l’immigration
    Sandrine Morel
    « L’Espagne doit choisir entre être un pays ouvert et prospère ou un pays fermé et pauvre », a lancé Pedro Sanchez à la tribune du Congrès des députés le 9 octobre. Avant d’ajouter, solennel : « Nous, Espagnols, nous sommes les enfants de la migration, nous ne serons pas les parents de la xénophobie. » Dans une Europe en proie au repli identitaire, le président du gouvernement espagnol offre une vision du phénomène migratoire à contre-courant de celle qui s’est imposée chez ses voisins.
    Faisant fi des imaginaires de la peur utilisés par l’extrême droite, le dirigeant socialiste s’applique à dessiner un tableau positif de la migration, à la fois humaniste et pragmatique. « Je pense que les gouvernements européens se trompent quand ils abordent le débat sur la migration, parce qu’ils le centrent sur des aspects négatifs », a-t-il expliqué le 23 octobre.
    Face à « l’hiver démographique » d’une Europe qui risque de perdre 30 millions de personnes en âge de travailler dans les vingt prochaines années, ou le fait que 150 000 emplois sont actuellement vacants en Espagne faute de main-d’œuvre, il défend l’immigration comme l’une des principales solutions. Alors que la politique de l’Italienne Giorgia Meloni a de plus en plus d’adeptes, Pedro Sanchez s’en démarque clairement. « La création de centres [de rétention] dans des pays tiers ne résout rien et crée de nouveaux problèmes », a-t-il déclaré. Au discours sécuritaire, il répond par les statistiques. « Si nous analysons les données de manière rigoureuse, en prenant en compte l’âge et le niveau de revenus, le taux de délinquance des étrangers est le même que celui des Espagnols. Ni plus ni moins. Parce que la réalité, c’est que les étrangers ne sont ni meilleurs ni pire que nous », a-t-il résumé le 9 octobre.
    Ce jour-là, à l’occasion d’une session parlementaire consacrée à l’immigration, convoquée à la demande du Parti populaire (PP, droite) en raison de la crise migratoire dont souffrent les îles Canaries – 33 000 migrants y sont arrivés depuis le début de l’année (+ 40 % en un an) –, il a invoqué l’histoire et ressuscité des valeurs européennes que beaucoup semblent avoir oubliées. M. Sanchez a rappelé que l’histoire des Européens ne peut pas être dissociée de celle des migrations. Dans le cas de l’Espagne, près de 2 millions de personnes ont émigré entre 1948 et 1978, fuyant la misère et le franquisme, dont la moitié de manière illégale.
    Ses arguments ne sont pas nouveaux, mais ils sont peu utilisés en ce moment et politiquement courageux, puisque en septembre, l’immigration est devenue pour la première fois la principale préoccupation des Espagnols, devant l’économie et le logement, selon le Centre de recherche sociologique – l’équivalent de l’Insee.
    Alors que l’extrême droite parle d’« invasion » à propos des Africains accostant aux Canaries, il cite des faits : la migration irrégulière ne représente que 6 % du total des immigrés entrés en Espagne ces dix dernières années, dont 40 % sont latino-américains, 30 % européens et 20 % africains.
    Si, auparavant, bien des migrants ne restaient pas en Espagne et continuaient leur route vers le nord, c’est de moins en moins souvent le cas. Cette réalité est présentée comme une opportunité. De fait, malgré un solde démographique naturel négatif, l’Espagne est passée de 46,9 à 48,6 millions d’habitants (+ 3,6 %) entre 2019 et 2024. Dans le même temps, elle a gagné 1,4 million d’actifs qui contribuent à la croissance de l’économie, devenue l’un des moteurs de l’Europe (+ 2,7 % du PIB attendu cette année).
    Sans ces migrants, les principaux secteurs de l’économie espagnole ne pourraient pas fonctionner. L’agriculture, la construction, l’hôtellerie « couleraient, car ils y constituent de 25 % à 50 % des travailleurs », rappelle M. Sanchez. Loin de « nous mettre en danger », comme l’affirme l’extrême droite, ils représentent « la moitié des personnes qui travaillent dans les soins aux jeunes enfants ou aux personnes âgées, a-t-il ajouté. Les immigrés ont un taux d’activité de quatre points supérieur aux citoyens nationaux et apportent 10 % des revenus de la Sécurité sociale ».
    M. Sanchez n’est pas seul en Espagne à tenir un tel discours. L’Eglise espagnole reste un rempart contre la xénophobie. « Les personnes ont le droit fondamental de pouvoir chercher une vie meilleure. Les frontières ont été inventées par les hommes, pas par Dieu », a rappelé en mars l’évêque César Garcia Magan, secrétaire et porte-parole de la Conférence épiscopale espagnole, appelant les fidèles à « ne pas faire l’équation migrant égale délinquant, voleur ou violeur » car c’est « une injustice ». Le président de la Confédération des organisations d’entreprises, Antonio Garamendi, patron des patrons, soutient, quant à lui, la régularisation massive des travailleurs sans papiers et une « immigration légale et ordonnée » face au manque de main-d’œuvre.
    « D’un point de vue pratique, Pedro Sanchez ne fait pas grand-chose de différent de ce qu’ont fait ses prédécesseurs en Espagne : il externalise la gestion de ses frontières au Maroc, on lui a reproché de procéder à des refoulements à chaud et il plaide pour des contrats de travail signés dans les pays d’origine », rappelle le politiste Pablo Simon, professeur à l’université Carlos-III de Madrid.
    « Cependant, d’un point de vue rhétorique, analyse-t-il, il a décidé de faire de l’immigration un sujet de lutte idéologique face à l’extrême droite, en insistant sur ses bénéfices économiques et sur le respect des conventions internationales sur les droits humains. C’est un pari osé, alors que la gauche européenne ne sait pas comment affronter un thème qui lui a volé une partie de sa base électorale. » C’est aussi un pari nécessaire pour ne pas laisser l’extrême droite imposer un récit de la migration univoque, largement fantasmé.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#immigration#politiquemigratoire#economie#vieillissement#sante#droit

  • Comment les retraités façonnent la structure sociale des villes françaises
    https://metropolitiques.eu/Comment-les-retraites-faconnent-la-structure-sociale-des-villes-fran

    Les recherches sur la ségrégation des villes françaises tiennent rarement compte de la population retraitée, dont le poids démographique est pourtant croissant. En l’intégrant à l’analyse, cette enquête offre une image renouvelée de la ségrégation entre les aires urbaines hexagonales. Le vieillissement est l’une des évolutions démographiques majeures de la population française : les plus de 65 ans représentaient 15 % de la population en 1995, plus de 20 % en 2020 et on estime qu’ils seront près de 30 % à #Terrains

    / #personnes_âgées, #démographie

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/gourdon-et-al.pdf

  • « Quand bien même les électeurs exigeraient moins d’immigration, ce n’est pas avec des politiques inefficaces que l’on satisfera leurs exigences »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/27/quand-bien-meme-les-electeurs-exigeraient-moins-d-immigration-ce-n-est-pas-a

    « Quand bien même les électeurs exigeraient moins d’immigration, ce n’est pas avec des politiques inefficaces que l’on satisfera leurs exigences »
    Antoine Pécoud Sociologue
    Hélène Thiollet Politiste
    Les lois migratoires entretiennent la fiction, délétère pour la cohésion sociale et pour la prospérité de l’Europe, que tous les problèmes sont causés par l’immigration, estiment les spécialistes de l’immigration Antoine Pécoud et Hélène Thiollet, dans une tribune au « Monde ».
    La question migratoire revient sur le devant de la scène en France après les déclarations du nouveau ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, sur le « désordre migratoire » et le meurtre d’une étudiante pour lequel le suspect est un Marocain en situation irrégulière. Elles interviennent après le décès de douze personnes dans le naufrage de leur embarcation dans la Manche le 3 septembre et de huit autres le 15 septembre. Gérald Darmanin, alors ministre de l’intérieur démissionnaire, avait aussitôt appelé à un nouveau traité migratoire entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE), dans le but notamment de renégocier les financements que Londres accorde à la France pour le contrôle de l’immigration irrégulière.
    On ne connaît pas encore l’attitude du nouveau gouvernement travailliste côté britannique, mais celui-ci a déjà indiqué son intérêt pour la politique menée par la dirigeante italienne d’extrême droite, Giorgia Meloni, qui consiste précisément à déléguer le contrôle de l’immigration à des pays tiers, comme l’Albanie.
    Il reste aussi à voir comment se positionnera Bruno Retailleau, qui a déjà maintes fois affiché sa fermeté sur le sujet, et s’il continuera la stratégie qui voit la France, à l’instar de l’Albanie justement, se faire payer par son voisin du Nord pour contenir les migrants et les réfugiés. Mais, quelles que soient les stratégies à venir, l’échec des politiques migratoires – que ce soit au niveau britannique, français ou européen – est patent. Avec le Brexit, le Royaume-Uni voulait reprendre le contrôle de ses frontières. Mais malgré des politiques toujours plus restrictives, comme le projet avorté d’accord britannique avec le Rwanda, la nouvelle loi française sur l’immigration de janvier 2024, ou le pacte européen sur la migration et l’asile en mai 2024, les traversées de la Manche n’ont cessé de croître, passant de 15 000 en 2021 à 45 000 en 2022, selon le ministère de l’intérieur britannique.
    Le cercle vicieux est toujours le même. Dans une logique classique de prohibition, ces stratégies de contrôle des flux migratoires n’arrêtent pas les réfugiés et les migrants, mais les basculent dans l’illégalité. Elles augmentent de surcroît le prix exigé par les passeurs et les intermédiaires, tout en poussant les candidats à l’émigration à prendre des risques de plus en plus grands. Outre le coût humain et économique de cette approche, cela donne le sentiment d’une immigration incontrôlée, ce qui justifie en retour des politiques toujours plus restrictives.
    Leurs partisans objectent que ces politiques correspondent aux souhaits d’électeurs préoccupés par l’immigration. La réalité est probablement plus nuancée, comme en témoignent certaines enquêtes d’opinion au long cours, comme celle de l’Enquête sociale européenne. Mais, quand bien même les électeurs exigeraient moins d’immigration, ce n’est pas avec des politiques inefficaces que l’on satisfera leurs exigences et qu’on les dissuadera de voter pour l’extrême droite. Avec la « loi Darmanin » ou le pacte européen, les Etats voulaient désamorcer les arguments habituels à propos de l’invasion migratoire et du laxisme supposé des pouvoirs publics, afin de couper l’herbe sous le pied de la droite populiste. Mais cette stratégie est vouée à l’échec, comme en atteste le poids politique toujours croissant de l’extrême droite en France et en Europe.
    Face à cette fuite en avant, et dans un contexte politique où la dépendance du gouvernement de Michel Barnier vis-à-vis du Rassemblement national augure peut-être d’un tour de vis supplémentaire, il est temps d’admettre que l’arbre des migrations et de l’asile cache une forêt de problèmes bien réels, mais qui n’ont en réalité pas grand-chose à voir avec les politiques migratoires.
    Il est par exemple légitime de craindre la concurrence des travailleurs étrangers dans des secteurs peu qualifiés du marché du travail. Mais ce problème relève davantage du droit du travail et des politiques salariales que des politiques migratoires. On ne saurait demander aux gardes-frontières ou à l’agence européenne chargée du contrôle des frontières de l’UE, Frontex, de régler un problème qui est de la compétence de l’inspection du travail.
    De même, le débat public associe fréquemment immigration et islam. Il est vrai que les dizaines de millions d’Européens qui pratiquent cette religion sont souvent issus de l’immigration. Mais, dans leur très large majorité, ce ne sont plus des migrants mais des citoyens de plein droit, et l’on voit mal comment les politiques migratoires permettraient d’apaiser les crispations relatives au port du voile ou à l’existence de fondamentalismes religieux, qui relèvent du droit pénal ou constitutionnel, des droits humains et des libertés publiques.
    Le contrôle de l’immigration est ainsi régulièrement présenté comme la solution miracle à des problèmes aussi variés que le chômage, l’insécurité, le trafic de drogue, le niveau scolaire des élèves, l’accès au logement ou les zones de non-droit dans les banlieues. Les politiques migratoires ne gouvernent que l’admission et le statut légal des étrangers qui souhaitent venir en France. Elles sont largement sans effet sur leur destinée économique, socioculturelle ou religieuse ; et sur les transformations en cours dans les sociétés européennes telles que l’augmentation des inégalités, la crise démocratique, la désindustrialisation, etc.
    De plus, et même si l’on ne peut nier que certains descendants d’immigrés rencontrent aujourd’hui des difficultés d’intégration, on ne peut ignorer l’intégration plutôt réussie de millions d’immigrés. Y compris de ceux dont on disait, au moment de leur arrivée, qu’ils n’étaient pas intégrables et auxquels on attribuait la responsabilité de tous les maux de l’époque.
    Dans une Europe qui vieillit et souffre de pénuries de main-d’œuvre, l’immigration de travail ne va pas cesser et doit être encadrée. L’accueil et l’intégration rapide des exilés ukrainiens en Europe, comme une majorité de réfugiés syriens en Allemagne, démontrent aussi que le droit d’asile et les politiques d’intégration conservent toute leur pertinence. Lorsqu’elles promettent de résoudre tous les problèmes, de la criminalité aux angoisses identitaires, les politiques migratoires ne peuvent qu’échouer. Au mieux, elles sont une mauvaise réponse à de bonnes questions. Au pire, elles entretiennent la fiction, délétère pour la cohésion sociale et pour la prospérité de l’Europe, que tous les problèmes sont causés par l’immigration. Et, dans tous les cas, à force d’annoncer ce qu’ils ne peuvent réaliser, les gouvernements décrédibilisent l’action publique et créent les conditions d’une frustration dont personne ne sort gagnant.

    #Covid-19#migration#migrant#france#politiquemigratoire#asile#economie#integration#vieillissement#maindoeuvre#sante

  • Espagne : en Galice, l’arrivée des migrants est considérée comme une chance - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/60182/espagne--en-galice-larrivee-des-migrants-est-consideree-comme-une-chan

    Espagne : en Galice, l’arrivée des migrants est considérée comme une chance
    Par RFI Publié le : 26/09/2024
    Alors que les bateaux de migrants en provenance d’Afrique ne cessent d’arriver aux Canaries, et que les centres d’accueil sont saturés, des ONG sont appelées à la rescousse par l’État pour soulager l’archipel espagnol. Elles sont chargées du transfert et de l’accueil des migrants dans la péninsule. C’est le cas de l’ONG Rescate, qui héberge 125 exilés dans le village de Monterroso. Et ces derniers sont très bien accueillis par les habitants.
    De façon générale, l’accueil réservé aux migrants par les habitants de Monterroso dans la province de Lugo, en Galice, a été plutôt favorable. Dans ce village espagnol, les immigrés sont assez rares, et les habitants se montrent accueillant. L’ONG Rescate y loue un hôtel. Depuis trois semaines, 125 migrants subsahariens vivent là.
    Le directeur de l’ONG en charge des migrants raconte comment la première semaine de leur arrivée, des dizaines de résidents ont apporté des vêtements pour les migrants. Ils ont aussi organisé une petite fête d’accueil et un match de foot amical. D’ailleurs, le terrain de foot du club local est ouvert toutes les après-midi pour les migrants et le stade est devenu un lieu de rencontre entre les jeunes du cru et les subsahariens.
    Il y a eu toutefois aussi quelques réactions hostiles, notamment contre la propriétaire de l’hôtel. Or, Augusta aime raconter qu’elle-même a immigré en Angleterre lorsqu’elle était jeune pour trouver du travail et c’est pour cela qu’aujourd’hui, elle ouvre ses portes aux jeunes venus d’Afrique. La Galice a été une terre d’émigration, ce qui explique sans doute cette attitude plus ouverte envers ceux qui prennent la route pour une meilleure vie. En outre, ici en Galice, où la population est âgée, l’arrivée de jeunes gens est considérée comme une chance. Beaucoup de villageois espèrent qu’ils vont rester pour travailler dans le coin. D’ailleurs, le directeur de l’ONG, Carlos expliquait comment ces jours-ci des entrepreneurs ou des agriculteurs s’étaient rendus à l’hôtel pour chercher des hommes pour travailler dans les vendanges par exemple. L’ONG prend soin de mettre en garde les migrants, de ne pas céder à ces embauches temporaires, souvent payées en dessous du Smic horaire, car s’ils quittent l’hôtel et la structure organisée par l’ONG avec les cours d’espagnol et les formations, ils ne peuvent plus revenir et sont lâchés dans la nature sans protection juridique.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#galice#ONG#immigration#vieillissement#economie#agriculture#sante

  • Face à la hausse du #coût des #arrêts_de_travail, la #Caisse_nationale_d’assurance_maladie préconise de revoir le « système »

    Avec un #déficit annoncé plus élevé que les 11,4 milliards d’euros prévu et avant le vote du budget, la #Cnam affiche sa combativité. D’ici décembre, la Caisse va notamment contacter 30 000 à 40 000 salariés en arrêt depuis plus de dix-huit mois pour vérifier si leur absence se justifie toujours.

    La Caisse nationale d’#assurance_maladie devance l’appel. A quelques semaines de l’ouverture des débats parlementaires sur le financement de la Sécurité sociale pour 2025, son directeur général, Thomas Fatôme, remet sur le tapis la question du coût des arrêts de travail, trop « dynamique » à ses yeux. Lundi, lors d’un point presse au siège de la Cnam, il s’est spontanément « mis à la disposition du gouvernement et des parlementaires pour discuter de cette problématique », estimant que le système actuel est « questionnable en termes de #soutenabilité_financière et d’#équité ».

    Une façon d’orienter le prévisible tir à vue de Bercy et des parlementaires. Pour cause, le déficit de la branche maladie de la #Sécu devrait en fin d’année être encore plus élevé que les 11,4 milliards annoncés en juin. Alors que Bercy recherche activement près d’une quinzaine de milliards d’économies, l’#assurance_maladie est clairement en ligne de mire.

    « Des échanges, pas de contrôles »

    Or pour la Cnam, le coût des arrêts de travail a des allures de puits sans fond. En 2023, les #indemnités_journalières (IJ) versées aux assurés (hors Covid) ont atteint 15,8 milliards d’euros, moitié plus qu’en 2015. Un emballement que la Cnam peine à contenir. Et ce n’est pas faute d’y mettre du sien. En 2023, la campagne de vérification des prescriptions des médecins généralistes, la vérification de 1,2 million d’arrêts en cours, et les demandes d’explications réclamées à 900 entreprises de plus de 200 salariés présentant un taux d’absentéisme « atypique » ont certes permis de modérer la hausse du nombre d’arrêts (+ 1,8 % par rapport à 2022) mais pas leur coût (+ 6,1 %). Surtout, en l’absence de nouvelles mesures, le dérapage menace de se poursuivre pour la Cnam, avec un renchérissement des dépenses pour IJ de l’ordre de 8 % sur le premier semestre…

    Malgré cet échec relatif, la Cnam affiche sa combativité. Pour preuve, elle lance une série d’« actions » d’ici à décembre pour limiter la facture. Sa première cible : les assurés sociaux. D’ici la fin de l’année, 30 000 à 40 000 salariés en arrêt depuis plus de dix-huit mois devraient être contactés par ses services pour « #faire_le_point », et donc vérifier si l’#absence se justifie toujours. La situation de ceux en arrêt depuis plus de quatre ans sera aussi réexaminée. De même, les salariés qui ont cumulé plus de deux arrêts de travail en six mois (hors affections de longue durée et maternité) devraient recevoir un courrier de la Cnam leur proposant un « #accompagnement » mais aussi leur rappelant les règles entourant la délivrance des arrêts. A toutes fins utiles.

    Les médecins ne sont pas oubliés : quelque 7 000 généralistes, parmi les plus prescripteurs d’arrêt, vont être conviés à un « #entretien_confraternel ». « Il s’agit d’#échanges, pas de #contrôles », insiste Fatôme, peu soucieux de rallumer la guerre avec les syndicats de praticiens. L’occasion tout de même d’un petit coup de pression : la liste de leurs patients en arrêt depuis plus de dix-huit mois leur sera communiquée, tout comme les référentiels d’arrêts admis par pathologie : « Une gastro c’est trois jours, une grippe cinq jours… » glisse le DG de la Cnam.

    Equipe cyber en chasse

    Les entreprises sont aussi dans le collimateur : un nouveau millier d’entre elles vont devoir fournir des explications sur l’#absentéisme de leurs troupes, et le cas échéant seront invitée à intégrer un #programme_national_de_prévention. En parallèle, la lutte contre la #fraude s’intensifie. Les arrêts de travail sur papier, qui représentent encore 30 % du total, étant susceptibles d’être contrefaits, la Cnam enjoint aux médecins d’utiliser désormais un formulaire Cerfa sécurisé, donc non falsifiable ni photocopiable. Lequel deviendra obligatoire à compter de juin 2025. En outre, une équipe cyber va engager la chasse en ligne aux faux sites de délivrance d’arrêt de travail.

    Cet activisme de la Cnam la dédouane. Sans forcément apporter de solution pérenne à ses problèmes de gros sous. Car le coût des arrêts de travail dépend largement de facteurs qui lui échappent. Ainsi de la hausse des #salaires (et donc des indemnités journalières) à commencer par le smic qui a suivi l’inflation, de la baisse du #chômage et du vieillissement de la population active suite aux reports successifs de l’âge légal de la #retraite. Tout au plus, la Cnam peut espérer contrer l’augmentation tendancielle de la durée moyenne des IJ pour une même classe d’âge, et le recours plus systématique qu’autrefois aux arrêts de travail. d’où sa volonté de réviser les règles. Et d’abord pour les durcir, même si au passage ce pourrait être l’occasion de revenir sur certaines iniquités comme la moindre indemnisation des salariés en contrat depuis moins de six mois. Mais encore faudrait-il que cette dérive du coût des arrêts de travail ne soit pas le signe financièrement tangible d’une dégradation continue de l’#accès_aux_soins et de la santé physique et psychique de la population.

    https://www.liberation.fr/societe/face-a-la-hausse-du-cout-des-arrets-de-travail-la-caisse-nationale-dassur
    #vérification #maladie #France

    • @franceinfo
      https://x.com/franceinfo/status/1833382683705028634

      🔴 Indemnisation des arrêts de travail ➡️ "Nous avons convoqué 270 000 assurés en 2023. Dans à peu près 30% des cas, l’arrêt de travail n’est pas justifié", affirme Thomas Fatôme, directeur général de la caisse nationale de l’Assurance maladie.

      Nicolas Da Silva @dasilva_p13
      https://threadreaderapp.com/thread/1833410497363824999.html

      Pour rappel, la cour des comptes à évoqué le dossier des arrêts maladie dans son rapport du moi de mai. Il faut dire (au moins) deux choses à ce sujet :
      Premièrement, l’augmentation du coût des arrêts maladie n’est pas liée à un changement de comportement des assurés (prétendument plus opportunistes) mais à des causes structurelles :

      [(la Cour des comptes évoque une) hausse des arrêts pour « motif psychologique ». Il y aurait une dégradation de l’état de santé de la population. https://x.com/dasilva_p13/status/1796091981950546365?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E17960919 (en raison dune dégradation des conditions de travail et d’existence, ndc)]

      En particulier les indemnités augmentent du fait de la hausse (relative) des salaire, de l’augmentation de la population, de l’intégration de certains régimes au régime général de sécu, du #vieillissement de la population, des effets probables de la #pandémie, etc.

      Le rapport de la cour est bien en peine de montrer l’existence d’un effet d’opportunisme. A défaut de preuve, toute mesure sur les arrêts maladie est une pure mesure d’économie budgétaire (pas de moralisation/responsabilisation) des assurés.

      Deuxièmement, une fois n’est pas coutume le rapport explore l’hypothèse d’une augmentation des #recettes_de_la_sécurité_sociale en identifiant certaines formes d’évitement des cotisations sociales non justifiées (ou discutables).

      Les critiques de la cour pleuvent :
      « Des dispositifs dérogatoires nombreux aux objectifs imprécis » (p. 158)
      « un manque de transparence de certains intermédiaires » (p. 160)
      « Des montants importants distribués pour des objectifs macroéconomiques peu visibles » (p. 163)

      « Un financement de la sécurité sociale fragilisé, une équité du prélèvement social mise à mal » (p. 167)
      « Un principe de compensation des pertes de recettes de la sécurité sociale non mis en œuvre » (p. 169)

      « Une augmentation de la #perte_de_recettes équivalente à la hausse du déficit de la sécurité sociale entre 2018 et 2022 »
      On pourrait continuer encore et encore.

      Conclusion : il est faux de laisser penser que le déficit de l’assurance maladie est lié à une faute morale des assurés. Même la cour des comptes dit qu’il faut réfléchir aux recettes de la Sécu.
      Pour[quoi] ne pas parler de cela ?

    • Nicolas Da Silva sur X :

      Pour rappel, la cour des comptes à évoqué le dossier des arrêts maladie dans son rapport du moi de mai. Il faut dire (au moins) deux choses à ce sujet :

      Premièrement, l’augmentation du coût des arrêts maladie n’est pas liée à un changement de comportement des assurés (prétendument plus opportunistes) mais à des causes structurelles :

      En particulier les indemnités augmentent du fait de la hausse (relative) des salaire, de l’augmentation de la population, de l’intégration de certains régimes au régime général de sécu, du vieillissement de la population, des effets probables de la pandémie, etc.

      Le rapport de la cour est bien en peine de montrer l’existence d’un effet d’opportunisme. A défaut de preuve, toute mesure sur les arrêts maladie est une pure mesure d’économie budgétaire (pas de moralisation/responsabilisation) des assurés.

      Deuxièmement, une fois n’est pas coutume le rapport explore l’hypothèse d’une augmentation des recettes de la sécurité sociale en identifiant certaines formes d’évitement des cotisations sociales non justifiées (ou discutables).

      Les critiques de la cour pleuvent :
      « Des dispositifs dérogatoires nombreux aux objectifs imprécis » (p. 158)
      « un manque de transparence de certains intermédiaires » (p. 160)
      « Des montants importants distribués pour des objectifs macroéconomiques peu visibles » (p. 163)

      « Un financement de la sécurité sociale fragilisé, une équité du prélèvement social mise à mal » (p. 167)
      « Un principe de compensation des pertes de recettes de la sécurité sociale non mis en œuvre » (p. 169)

      « Une augmentation de la perte de recettes équivalente à la hausse du déficit de la sécurité sociale entre 2018 et 2022 »
      On pourrait continuer encore et encore.

      Conclusion : il est faux de laisser penser que le déficit de l’assurance maladie est lié à une faute morale des assurés. Même la cour des comptes dit qu’il faut réfléchir aux recettes de la Sécu.
      Pour ne pas parler de cela ?

      https://x.com/dasilva_p13/status/1833410497363824999?t=R0Toi85X0EyVvkwi1W6u5w

    • Hausse des arrêts de travail : le bluff des pouvoirs publics qui culpabilisent les salariés

      Dans la chasse aux économies, les indemnités journalières des arrêts maladie sont visées. Pourtant, leur hausse ces dernières années s’explique surtout par l’augmentation des salaires et le vieillissement de la population en activité.

      LeLe ministre de l’économie démissionnaire, Bruno Le Maire, a peut-être donné un avant-goût du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale, durant son audition par la commission des finances de l’Assemblée nationale, lundi 9 septembre. Interrogé sur les perspectives d’économies pour remettre dans les clous le déficit public, il a clairement visé « notre modèle social », parce que « la Sécurité sociale, c’est 50 % [de la dépense publique] », et que « le pays vieillit ».

      En creux, il défendait ainsi la réforme des retraites. Mais en prime, il a ciblé les indemnités journalières (IJ) en cas d’arrêt maladie, qui ont, selon lui, « dérapé ». La veille, dans le journal Les Échos, le directeur général de l’assurance-maladie, Thomas Fatome, annonçait un autre dérapage, celui de la Sécurité sociale, dont le déficit devrait dépasser les 11,4 milliards d’euros annoncés en 2024, si la tendance du premier semestre se poursuit.

      Les recettes de la Sécurité sociale sont en baisse, les dépenses sont en hausse, et en particulier les indemnités journalières versées aux assuré·es en arrêt, à + 8 % depuis le début de l’année 2024. En 2023, elles augmentaient de 6,1 %, portant à 16 milliards ce poste de dépenses… sur les 470 milliards d’euros versés par les cinq branches de la Sécurité sociale. Les IJ étaient pourtant déjà ciblées en 2023, ainsi qu’en 2022. Sans effet, donc.

      L’assurance-maladie n’a pas ménagé ses efforts. Dans son rapport sur l’évolution des charges et produits pour 2025, elle rappelle avoir contrôlé 6 000 médecins aux prescriptions d’arrêts de travail jugées « atypiques », par rapport à la moyenne. Elle estime le « rendement » de ces contrôles à 150 millions d’euros.
      270 000 salariés contrôlés

      Les assuré·es ont également été controlé·es en nombre : 270 000 ont été ciblé·es, par exemple en raison d’arrêts de travail répétitifs, et « convoqué·es », explique à France Info le directeur général de l’assurance-maladie. Il ne veut pas jeter d’« anathème », mais tout de même : « Dans 30 % des cas, l’arrêt n’est pas justifié », assure-t-il. Ce qu’il ne précise pas, c’est que la somme récupérée sur ces contrôles des assuré·es est faible : 38 millions d’euros, selon le rapport de l’assurance-maladie.

      Les entreprises au fort taux d’absentéisme ont au contraire été ménagées : seules 336 entreprises de plus de 150 salarié·es ont été rencontrées. Elles ont bénéficié « d’actions de prévention et d’accompagnement attentionné ». Le « rendement » de ces 336 contrôles est cependant exceptionnel : 35 millions d’euros, presque autant que les contrôles des 270 000 assuré·es. Thomas Fatome a sans doute fait le calcul et s’engage, dans Les Échos, à renforcer les contrôles de ces entreprises aux « profils d’absentéisme atypiques ».

      Il prévoit aussi d’augmenter le contrôle des médecins généralistes qui prescrivent beaucoup d’arrêts de travail : 7 000 devraient recevoir cette année la visite d’un médecin-conseil. Et tou·tes les assuré·es en arrêt depuis 18 mois seront contacté·es pour vérifier « si leur arrêt est justifié ». Car « les abus, cela existe aussi ».
      Une hausse largement mécanique

      Les « abus » expliqueraient donc cette hausse des arrêts maladie, et les assuré·es seraient les premiers suspects et suspectes. Cette augmentation est pourtant largement mécanique, pour trois raisons au moins.

      Elle est d’une part portée par la hausse des salaires, et notamment du Smic (+ 5 % en 2022 et 2023), puisque les indemnités journalières sont égales à 50 % du salaire, avec un plafond d’indemnités calculé à 1,8 Smic. Dans son rapport sur la Sécurité sociale de mai dernier, la Cour des comptes prévenait que cette hausse des salaires continuerait « à avoir des effets en 2024 et au-delà ».

      Les IJ sont également liées à l’augmentation de la population active, + 2,5 % depuis 2017, mais aussi à son vieillissement. La part des plus de 55 ans en activité ne cesse de progresser avec les réformes des retraites successives. Et sans surprise, ces derniers sont plus souvent arrêtés : ils représentent « 18,3 % de la population active en 2022, et 27 % des journées indemnisées », rappelle la Cour des comptes.

      En prime, rappelle la Cour, l’assurance-maladie indemnise les arrêts de travail des indépendant·es depuis 2020 et des professionnelles et professionnels libéraux depuis 2021.

      Comment, dans ces conditions, parler d’une hausse des arrêts maladie abusive, donc rectifiable ? Au premier trimestre, l’assurance-maladie « ne sait pas expliquer » 40 % de la hausse des indemnités journalières, assure Thomas Fatome.
      Tirs croisés contre les arrêts maladie

      Dans son rapport, la Cour des comptes propose plusieurs scénarios de révision de la durée d’indemnisation à considérer : porter le délai de carence avant le versement des IJ par l’assurance-maladie, aujourd’hui de trois jours, à sept jours ; ou encore ne plus indemniser les arrêts courts, de moins de huit jours.

      Seulement, une telle mesure serait très inégalitaire : 70 % des salarié·es ne subissent aucune perte de salaire pendant leurs arrêts, car ils sont protégés par des conventions collectives et de généreuses complémentaires santé. Mais 30 % des salarié·es du privé, mal protégé·es, verraient leurs revenus lourdement chuter en cas de maladie.

      Thomas Fatome défend lui aussi la baisse de l’indemnisation des IJ, qu’il souhaite « plus soutenable », mais il aimerait en même temps que le système soit « plus juste » pour les salarié·es du privé les moins bien couvert·es. Est-ce seulement possible ?

      Autre piste de réflexion : l’indemnisation des fonctionnaires. Un rapport de l’Inspection générale des finances et de l’Inspection générale des affaires sociales, commandé au printemps par l’ex-premier ministre Gabriel Attal et remis aux parlementaires cet automne, vise spécifiquement leurs arrêts maladie. Le rapport propose la baisse du taux de remplacement de leurs salaires, de 100 % aujourd’hui à 90 %. Autre piste : l’instauration d’un deuxième, voire d’un troisième jour de carence avant le versement des indemnités.

      Instauré par Nicolas Sarkozy, supprimé par François Hollande, puis rétabli par Emmanuel Macron, les effets du jour de carence des fonctionnaires ont été évalués par l’Insee dans la fonction publique d’État. La proportion d’agent·es absent·es pour raison de santé une semaine donnée n’a pas bougé. Mais c’est le type d’arrêt qui a évolué : les absences de deux jours ont fortement diminué, tandis que celles d’une semaine à trois mois ont augmenté. Dans ce cas-là, le jour de carence n’a donc permis aucune économie.

      https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/100924/hausse-des-arrets-de-travail-le-bluff-des-pouvoirs-publics-qui-culpabilise

  • Revue de dépenses Affections de longue durée - Pour un dispositif plus efficient et équitable - Inspection générale des finances
    https://www.igf.finances.gouv.fr/igf/accueil/nos-activites/rapports-de-missions/liste-de-tous-les-rapports-de-mi/revue-de-depenses-affections-de.html

    Le dispositif des affections de longue durée permet le remboursement par l’#assurance_maladie obligatoire des tickets modérateurs afférents aux soins et prestations en rapport avec ces affections. Créé dès l’origine de la #sécurité_sociale, ce dispositif a pour objectif de protéger les assurés contre des restes à charge élevés, notamment dans le cas des #maladies_chroniques

    En 2021, ce dispositif concernait 13,7 millions de personnes et représentait 123 Md€ de dépenses de santé, soit 60 % des dépenses prises en charge par l’assurance maladie. Toutefois, les investigations menées par la mission ont permis d’estimer que le coût spécifique du dispositif #ALD représentait 12 Md€ en 2021. Fortement concentrées sur quatre groupes de pathologies, les dépenses des assurés en ALD sont dynamiques depuis 2010, notamment du fait du #vieillissement_de_la_population.
    Les investigations menées par la mission IGF – #IGAS ont permis d’établir que le dispositif ALD a été très peu modifié depuis 1986 alors que sa cohérence s’est affaiblie dans le temps, en s’adaptant peu aux évolutions thérapeutiques, et en reposant davantage sur l’appréciation des médecins. Désormais peu contrôlé par l’assurance maladie, le dispositif ALD joue un rôle insuffisamment incitatif à la réduction des dépenses de #santé.
    Enfin, la mission :
    •  Identifie des mesures permettant de générer des rendements, en partie mobilisables à court terme, en partie pilotables en termes de gains attendus. La plupart de ces mesures conduisent à un transfert de charges direct ou indirect (via les primes des assurances complémentaires santé) vers les assurés ;
    •  Formule des propositions activant des leviers plus structurels. Ces propositions sont jugées nécessaires par la mission pour piloter plus efficacement le dispositif afin d’en garantir la soutenabilité financière et l’acceptabilité sociale. La mission estime par ailleurs que ces propositions sont de nature à recentrer le dispositif sur ses objectifs initiaux, et à en ralentir la dynamique de dépenses, tout en améliorant la pertinence des soins.

    le rapport
    https://www.igf.finances.gouv.fr/files/live/sites/igf/files/contributed/Rapports%20de%20mission/2024/Revue%20de%20dépenses%20Dispositif%20affections%20de%20longue%20du

    #malades #ticket_modérateur #déremboursement #dépenses_de_santé #économie #eugénisme

    edit
    . les arrêts de travail sont également dans le collimateur (pas « seulement » chez les fonctionnaires)
    https://seenthis.net/messages/1069282
    . 1ère sortie publique de Barnier hier dans un hosto parisien : je ferais pas de miracles, mais des économies.

  • La #démographie, prochain #défi global à haut risque

    Les dernières #projections des Nations unies promettent un #recul de la population mondiale à la fin du siècle, pour la première fois depuis sept cents ans. Un défi pour les sociétés et les économies contemporaines avec des risques politiques majeurs.

    « Le« Le plus grand défi auquel notre monde fait face. » Comme souvent, l’éditorialiste du Financial Times Martin Wolf résume parfaitement, dans un texte du 28 mai dernier, le sentiment qui domine les salles de marché, les bureaux des grandes organisations internationales et les rédactions des journaux économiques. Depuis quelques mois, la crainte d’un « hiver démographique » généralisé, autrement d’un affaiblissement plus rapide que prévu de la population mondiale, agite politiques, économistes et observateurs.

    Ce sont les dernières tendances statistiques publiées qui ont alimenté cette angoisse. Le 10 juillet dernier, les « Perspectives de la population mondiale » pour 2024 des Nations unies ont fait l’effet d’un choc. Alors que le précédent rapport d’il y a deux ans prévoyait un « plateau » de la population mondiale à partir de 2080 aux alentours de 10,4 milliards d’individus, celui-ci prévoit désormais un déclin à partir de cette date.
    Une nouvelle ère démographique ?

    Selon ces dernières perspectives, la population mondiale progresserait de 8,2 milliards d’individus aujourd’hui à 10,3 milliards en 2084 avant de se réduire de 100 millions de personnes en 2100. La nuance peut paraître mince et ne modifie pas le tableau d’une croissance de près de 25 % de la population mondiale d’ici la fin du siècle.

    Mais l’annonce a fait l’effet d’une bombe car, à l’horizon de la fin de ce siècle, la croissance démographique aura entièrement disparu de la surface du globe. Et cela, ce n’est pas un fait mineur. Ce serait la première fois depuis la grande peste du XIVe siècle que la population mondiale se réduit.

    Ce qui participe aussi de cette ambiance, c’est que, comme le décrit au Financial Times, le sous-secrétaire général de l’organisation pour les affaires sociales et économiques, Li Junhua : « Le paysage démographique a beaucoup évolué. » Voici quelques années, nul n’aurait parié sur cette baisse de la population mondiale. La question de la surpopulation était plutôt sur toutes les lèvres. On assiste indubitablement à un vrai changement de régime et nul ne sait si cette tendance baissière peut encore s’accélérer.

    C’est pourquoi tout le monde a l’œil sur les « indices de fécondité », c’est-à-dire le nombre moyen d’enfants par femme en âge de procréer. Celui-ci recule partout, y compris dans des régions jusqu’ici caractérisées par une forte fécondité et cela avec une grande rapidité. Or ce chiffre est l’indicateur avancé de l’évolution de la population. Plus il est faible, moins les naissances sont nombreuses et moins le « potentiel » de croissance démographique est important.

    Or une étude publiée dans la revue médicale The Lancet en mai dernier dressait là aussi un tableau préoccupant de la situation. L’article estime, à partir de données multiples, incluant notamment des données médicales liées aux maladies, que « le nombre annuel global de naissance a atteint son pic en 2016 à 142 millions pour tomber en 2021 à 129 millions ». Et le taux de fécondité, lui, va basculer au niveau mondial sous la barre des 2,1 enfants par femme, c’est-à-dire sous le seuil dit de « renouvellement des générations » qui permet, théoriquement, de stabiliser la population.

    Ce chiffre était de 4,84 enfants par femme en 1950, il n’est plus que de 2,3 enfants par femme en 2021. En 2050, il ne serait plus que de 1,81 enfant par femme et en 2100 de 1,59… En conséquence, le nombre de naissances annuelles passera à 112 millions en 2050 et 72,3 millions en 2100. À partir de 2064, il pourrait y avoir plus de décès au niveau mondial que de naissances.

    Évidemment, ces projections de trente à soixante-quinze ans à l’avance sont toujours sujettes à caution, mais elles décrivent une tendance de fond. Une tendance à laquelle les zones de fertilité encore solides que sont l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud n’échapperont pas. Selon les projections publiées dans The Lancet, en 2100, seuls six pays auront encore un indice de fécondité supérieur à 2,1 : la Somalie, les Samoa, le Tchad, le Niger et le Tadjikistan. Et aucun ne dépassera le niveau de 2,5, la Somalie affichant alors un taux record de 2,45.
    Une « bonne nouvelle » ?

    Une telle situation est-elle si dramatique pour que chacun s’en émeuve ainsi ? La fin de la croissance effrénée de la population mondiale qui aura donc été multipliée par 6,4 en deux siècles, entre 1900 et 2100, pourrait finalement ne pas être une si mauvaise nouvelle.

    Chacun le sait, une population en forte croissance exige toujours davantage de la planète. Bien sûr, on peut, comme par le passé, espérer améliorer la productivité agricole. Mais outre que cette dernière a des limites intrinsèques, l’agro-industrie épuise les sols, ravage la biodiversité et accélère la crise écologique.

    Bien sûr, la démographie n’est pas le seul critère de la crise écologique. On y reviendra : tout dépend des modes de vie. Mais il faut bien reconnaître, sans cynisme, qu’une vie humaine a un « coût » écologique qu’il faut aujourd’hui prendre en compte. Une stabilisation de la population de la planète, par ailleurs à un niveau élevé, est donc plutôt bienvenue.

    Elle l’est, ici, d’autant plus que ces projections s’appuient sur des évolutions « naturelles » et non, comme au XIVe siècle, sur les effets d’une pandémie dévastatrice ou, dans certains moments de l’histoire, de guerres ou de massacres de grande ampleur.

    Après ce que certains démographes ont appelé la « transition démographique » – c’est-à-dire un taux de mortalité puis un taux de natalité faibles –, on trouverait un nouvel équilibre « humaniste » sans recourir à l’augmentation de la mortalité. Cette vision peut apparaître comme « néo-malthusienne », mais elle est plus humaniste que celle du vieil économiste anglais. Et surtout, pour être tenable, elle suppose de remettre en cause ce que ce dernier cherchait à sauvegarder, l’organisation sociale existante.

    Une population mondiale plus stable serait en effet une chance pour organiser la répartition des ressources mondiales dans le contexte de crise écologique majeure. L’idée serait alors de tenter de satisfaire les besoins de ces dix milliards d’êtres sans mettre en danger leur capacité à habiter la planète. Et pour cela, il faudrait évidemment changer entièrement de conception desdits besoins, autrement dit changer d’organisation sociale. Finalement, tout cela serait logique : la croissance démographique a été le fruit du capitalisme dominant, la stabilisation démographique appellerait un autre mode de production.

    Mais si l’on cherche à faire entrer cette nouvelle situation démographique dans un système économique fondé sur la croissance de la population, alors on va indéniablement au-devant de fortes turbulences. Et comme la plupart de nos observateurs réfléchissent à système social stable, il est logique qu’ils soient parcourus par un frisson d’angoisse.
    Un poids au pied de la croissance

    Dans les manuels d’économie, la première équation de base de la croissance économique est celle-ci : l’addition de la croissance démographique et des gains de productivité. C’est dire si le capitalisme a été, c’est le cas de le dire, « biberonné » à la hausse de la population. Car si l’expansion économique a permis la « transition démographique », l’inverse est tout aussi vrai.

    Pour créer toujours plus de valeur, il faut inévitablement des bras pour produire et des consommateurs pour acheter. Et si l’on veut toujours plus produire et acheter, il faut bien avoir toujours plus de producteurs et de consommateurs.

    En réalité, même les gains de productivité ne permettent pas de se passer de la croissance de la population, ils réduisent simplement cette dépendance. Car c’est ce que nous apprend l’histoire économique : si l’on peut produire avec moins de bras, il faudra, à terme, plus de bras pour produire toujours davantage.

    Mais il y a davantage. Le système productif est aussi sensible aux classes d’âge. Le choc démographique qui s’est engagé est aussi un choc de vieillissement de la population. Les naissances reculent, les décès sont plus tardifs. La part de la population âgée augmente donc mécaniquement. Cela signifie qu’une part « productive » de plus en plus restreinte de la population doit satisfaire les besoins d’une population « non productive » de plus en plus importante. Selon l’ONU en 2079, il y aura dans le monde plus de personnes âgées de plus de 65 ans que de jeunes de moins de 18 ans.

    Il faut le reconnaître : le capitalisme tel qu’on le connaît aujourd’hui n’est pas prêt à faire face à un tel choc. La croissance, déjà en net ralentissement depuis un demi-siècle, ne pourrait encore que ralentir. D’autant que, autres éléments de la croissance économique, les gains de productivité sont de plus en plus réduits. Et que la doxa de la science économique affirme que les travailleurs plus âgés tendent à devenir moins productifs…

    Moins de producteurs, moins de productivité… On comprend donc la panique générale. Les systèmes d’État-providence, et particulièrement d’assurance-vieillesse, conçus autour de l’idée d’une croissance continue du PIB et de la population, vont subir la nouvelle évolution de plein fouet.

    Bien sûr, comme dans le cas de la crise écologique, certains secteurs se réjouissent et annoncent que le vieillissement de la population ouvre de « nouvelles perspectives ». Certains appellent cela la « silver economy » (l’économie « argentée ») : les personnes âgées ont des besoins spécifiques et des entreprises y voient déjà des opportunités de profits.

    Mais c’est là très largement une illusion. Ces « besoins » sont en effet largement des besoins de services à la personne. Or, les services de ce type sont très largement incompatibles avec la production capitaliste et, encore plus, dans un environnement de démographie faible. Ces activités sont en effet intenses en travail, un travail qui sera de plus en plus rare, et peu propices aux gains de productivité qui, souvent sont contraires à la satisfaction du client.

    L’exigence de profit vient alors percuter les besoins réels, laissant peu d’options : soit une dégradation dangereuse du service, comme les récents scandales dans les Ehpad l’ont montré ; soit des subventions publiques massives, alors même que les coûts liés au vieillissement vont exploser et qu’un service public est alors souvent plus efficace. Bref, les coûts de « l’hiver démographique » risquent d’être plus élevés que les bénéfices en termes de PIB et de finances publiques.

    Au niveau global, le ralentissement de la croissance du fait de la démographie sera sans doute plus marqué dans les pays avancés et dans certains pays asiatiques comme la Chine. Mais avec moins de croissance mondiale, les pays les plus pauvres risquent de rester piégés dans une forme de sous-développement, alors que, comme le remarquent les auteurs de l’étude du Lancet, « ces pays porteront une part de plus en plus croissante des naissances à venir » et que les modèles actuels de développement sont déjà en crise. Le monde sera donc plus instable et plus inégalitaire.
    La peur de « l’effacement »

    En avril dernier, le gouvernement sud-coréen a engagé une étude pour tester dans l’opinion la généralisation et l’étatisation d’une mesure déjà pratiquée par certaines entreprises : accorder une prime de 100 millions de wons, soit environ 67 300 euros, par enfant nouveau-né. En Corée du Sud, où un ministère des naissances a été installé en juillet dernier, la question démographique est, désormais, une priorité nationale.

    La fécondité y est la plus basse au monde et elle chute rapidement. Le seuil de renouvellement des générations a été enfoncé dans les années 1980, mais depuis vingt ans, le pays affiche la fécondité la plus basse du monde. En 2023, l’indice de fécondité était de 0,72 et il est attendu à 0,68 en 2024. C’est le seul pays du monde où les femmes en âge de procréer ont moins d’un enfant en moyenne.

    La situation est désormais préoccupante. Dans une tribune parue en décembre 2023 dans le New York Times, un éditorialiste, Ross Douthat, se demandait même si la « Corée du Sud n’était pas en train de disparaître ». En tout cas, les projections prévoient que la population sud-coréenne passerait de 52 millions d’habitants en un an à 38 millions en 2070, soit autant qu’en 1980.

    De ce point de vue, la Corée ne serait, comme le dit Ross Douthat, « qu’un aperçu de ce qui est possible pour nous », entendez en Occident. Aux problèmes économiques vient alors s’ajouter un enjeu « existentiel » qui, inévitablement a des conséquences politiques. La crise démographique ne peut se comprendre au seul niveau mondial, ses rythmes régionaux et nationaux en sont des aspects cruciaux. Pour certains pays, la population progressera plus lentement, pour d’autres, elle reculera franchement.

    La Corée du Sud n’est donc que la pointe avancée d’un iceberg de régions où la population est menacée de déclin : Chine, Japon et Europe. Car sur le Vieux Continent, la vague est déjà arrivée. Selon Eurostat, le pic de population de l’Union européenne devrait être atteint en 2026 à 453 millions d’habitants.

    À partir de ce moment, la population des Vingt-Sept devrait reculer pour atteindre 419 millions de personnes en 2100. Une baisse de 8 % qui prend néanmoins en compte un solde migratoire positif. Le solde naturel, lui, c’est-à-dire la différence entre les naissances et les décès, est déjà négatif. Entre 2022 et 2099, il y aura dans l’UE 125 millions de décès de plus que de naissances.

    Les pays les plus avancés dans ce déclin sont l’Espagne (avec un indice de fécondité de 1,13), l’Italie (1,24) et plusieurs pays d’Europe centrale. Mais la vague emporte tout le monde. Proche du seuil de renouvellement des générations dans les années 2005-2015, l’indicateur de fécondité français a chuté ces dernières années pour atteindre 1,68 en 2023, selon l’Insee.

    Face à cette situation, deux solutions se présentent. La première est celle de l’immigration en provenance de pays à la démographie encore solide qui permet de réduire l’impact économique en fournissant aux pays des travailleurs et des consommateurs. C’est une réponse qui peut être efficace sur le plan économique. Une étude de la Fed de Dallas a montré en avril 2024 que l’immigration avait joué un rôle central dans la bonne performance de la croissance en 2022 et 2023 aux États-Unis. Une situation que l’on pourrait plaquer sur l’Espagne en Europe.

    Certes, ce n’est pas une solution miracle, comme le montre le cas allemand où le solde migratoire positif n’a pas sauvé la croissance. Cette option pose, par ailleurs, la question de l’égalité économique entre travailleurs arrivants et travailleurs « natifs ». C’est, de toute façon, une solution temporaire compte tenu du déclin global à venir des populations. Mais elle permet de tenir la tête hors de l’eau en cas de faibles naissances.

    Mais le choix de compenser les pertes de population par l’immigration est considéré par beaucoup comme une autre forme de « danger existentiel », culturel cette fois. Le déclin démographique devient un symptôme d’un déclin civilisationnel plus large. Ce réflexe nationaliste enclenche alors une autre solution fondée sur la priorisation des politiques natalistes pour les populations « natives » au détriment d’une politique d’immigration.

    Ce combat est mené par l’extrême droite, bien sûr, à commencer par les gouvernements hongrois ou italiens, mais pas seulement. En Corée et au Japon, les gouvernements « libéraux » se refusent à ouvrir les frontières. Et le président français Emmanuel Macron n’a pas hésité à faire du « réarmement démographique » une de ses priorités alors même qu’il durcissait les lois sur l’immigration. Comme dans d’autres domaines, la pression culturelle de l’extrême droite fait son œuvre.
    La réaction comme réponse

    La référence en termes de politique nataliste, c’est bien évidemment la Hongrie de Viktor Orbán. Ce dernier a mis en place des politiques de soutien à la natalité qui s’élèvent à pas moins de 5 % du PIB. Par comparaison, la France dépense 2,1 % de son PIB en politique familiale. Dans un premier temps, l’indice de fécondité hongrois s’est redressé, passant de 1,23 enfant par femme en âge de procréer en 2011 à 1,59 en 2020. Mais depuis, cet indice a stagné avant de retomber à 1,36 au premier semestre 2024.

    En Italie, où Giorgia Meloni a fait de la natalité une de ses priorités, un milliard d’euros a été mis sur la table pour soutenir les « mères italiennes » en plus des primes mises en place en 2021 par le précédent gouvernement de Mario Draghi. Mais, pour l’instant, cela ne fonctionne pas. En 2023, le pays a connu son plus faible nombre de naissance depuis sa création en 1861, soit 393 000.

    Cela confirme les affirmations des auteurs de l’article du Lancet : « l’indice de fécondité va continuer à décliner au niveau mondial et restera faible même avec la mise en place de politiques natalistes à succès ». Le mouvement est donc plus profond que ce que les politiques croient et ne se réglera pas à coups de subventions massives des naissances.

    Mais cette résistance même vient alimenter le discours de l’extrême droite. Car si la faible fécondité résiste à l’attrait de l’argent, ce serait en raison de la corruption des valeurs traditionnelles qui détournent les femmes de leur « naturelle » fonction génitrice. Tout cela est en conformité avec le discours d’un déclin démographique à enjeu civilisationnel. Le discours nataliste s’accompagne alors d’une rhétorique anti-wokiste qui peut aller très loin.

    Les responsables de la menace d’effacement démographique deviennent donc, pour l’extrême droite, les féministes et les « lobbies LGBT », mais, aussi, plus globalement tous les droits acquis par les femmes, y compris le droit à l’avortement. Les politiques natalistes sont donc aussi des politiques idéologiques. En Hongrie, les femmes se plaignent d’une « objectivation » de leur corps, considéré comme une « machine à bébés ». En d’autres termes : l’urgence démographique mène à une volonté de domination de la « production d’êtres humains » qui est la première pierre à un projet totalitaire et réactionnaire.
    Pourquoi la crise ?

    Et comme on l’a dit, les « libéraux » ne sont pas loin derrière… Et pour cause, l’analyse des causes de la situation démographique provenant de ces milieux est souvent assez bas de plafond, pas très éloignée d’une discussion de café du commerce. En tout cas, faute de pouvoir aller plus loin, on se contente souvent d’une explication « morale ».

    Dans le Financial Times, le responsable d’un centre viennois spécialisé avance ainsi ce type d’analyse : « Il est probable que la situation démographique ait à voir avec un changement de valeur dans la nouvelle génération pour qui avoir des enfants est moins important comme élément clé d’une vie réussie que pour les générations précédentes. »

    Autrement dit : la baisse des naissances serait le produit d’un choix souverain de l’individu fondé sur des critères hédonistes. Tout cela ressemble furieusement à une analyse sectorielle lambda. Mais on ne saura pas ce qui peut expliquer ces comportements. In fine, cette vision rejoint celle de l’extrême droite sur les effets délétères du « libéralisme sociétal » sur les naissances. Il s’ensuit que, là aussi, au nom de la rationalité économique, on s’efforcera de prendre le contrôle de la reproduction humaine.

    Dans toute cette affaire, on évite soigneusement de réfléchir aux conditions matérielles concrètes de la production d’êtres humains. Comme le rappelle l’essayiste états-unien Jason Smith dans un remarquable texte paru en juillet dans la revue new-yorkaise The Brooklyn Rail, « il n’y a pas d’indice “naturel” de fécondité ». La reproduction humaine est toujours étroitement liée aux conditions de reproduction sociale et aux besoins sociaux.

    Avant le capitalisme, les sociétés rurales « régulaient strictement les naissances » rappelle Jason Smith. Dès lors, les « transitions démographiques » ne sont pas étrangères au besoin massif de main-d’œuvre du capitalisme naissant et à l’apport du travail des enfants à la sauvegarde des ménages. Progressivement, le capitalisme a mué avec l’augmentation rapide de la productivité et a permis progressivement, et non sans mal, une libération du choix des femmes en matière de reproduction.

    Mais cette libération s’est faite au moment où le capitalisme occidental, avec la crise des années 1970, est entré en mutation. L’épuisement des gains de productivité a pesé sur les salaires réels et a conduit au développement du travail féminin, souvent cantonné à des salaires plus faibles. Alors les inégalités se creusaient, la progression sociale devenait de plus en plus difficile. Enfin, en accélérant son développement pour tenter de sauvegarder la croissance, les conditions écologiques n’ont cessé de se dégrader.

    Tous ces éléments peuvent être corrigés, mais pas réparés durablement par les politiques natalistes. On ne fait pas un enfant, même pour 100 millions de wons, lorsque l’on est incertain de son avenir personnel et de notre avenir collectif. Lorsque la pression sur le statut social, la santé ou le logement ne cesse d’augmenter, la difficulté à élever des enfants, mais aussi à projeter pour eux un avenir meilleur se dégrade. Or voici des certitudes que le capitalisme contemporain ne saurait donner.

    Ce qui est ici essentiel, c’est de bien percevoir que les données de la « production d’êtres humains » sont non seulement complexes, mais relatives à la situation dans laquelle on se situe. Les besoins et les exigences ne sont pas les mêmes dans les différentes sociétés. Comme le note Jason Smith, dans certains pays émergents, comme le Nigeria, le travail des enfants reste essentiel à la survie des ménages, mais, progressivement, le succès du développement capitaliste atteint ses propres limites, ce que même les Nations unies doivent reconnaître. Et de ce fait, il devient incapable de satisfaire les besoins qu’il crée pour son propre intérêt.
    L’avenir du capitalisme face à la crise démographique

    À quoi peut ressembler une économie en crise démographique ? On a vu que la pression du vieillissement d’une population en déclin sera sévère et en partie insoluble. Mais il n’y a pas de situation désespérée pour le capitalisme. Comme le rappelle Jason Smith, un des apports de Marx a été de précisément montrer la capacité du capital à produire de la valeur quelle que soit l’évolution de la population.

    Le capitalisme contemporain va donc s’efforcer de contourner l’obstacle pour continuer à produire de la valeur et, au moins, gagner du temps. Les tentatives de reprise en main sociale de la reproduction par une attaque directe sur les droits des femmes représentent la réponse de long terme possible, celle censée permettre de faire repartir la fécondité. C’est aussi pour cette raison qu’extrême droite et néolibéraux se retrouvent sur ce point. Mais il y a aura aussi des réponses plus directes.

    Le problème central de la nouvelle donne démographique pour le capitalisme est double : c’est, d’une part, une pénurie de travail qui le renchérirait et, d’autre part, un coût croissant des dépenses sociales. Pour continuer à produire de la valeur, il existe des réponses à ces deux défis. Le premier est évidemment d’automatiser le plus d’activités possible. L’intelligence artificielle (IA) ouvre là une possibilité permettant de relancer la productivité et maintenir un « surplus de population ». Mais son développement suppose des politiques classiques de soutien à « l’innovation » : financiarisation, baisses d’impôts sur le capital et subventions au secteur privé. Mais nul ne sait si ce développement est possible, que ce soit en termes techniques ou en termes de soutenabilité économique.

    Pour les emplois non automatisables, de nouvelles dérégulations du marché du travail permettant plus de précarité et offrant moins de droits permettront de contenir, malgré la pression, les salaires vers le bas. C’est d’ailleurs ce que l’on constate déjà dans plusieurs pays avancés comme les États-Unis où la croissance des salaires réels reste faible, malgré le plein-emploi.

    Enfin, il faudra achever d’en finir avec l’État social pour éviter que les dépenses publiques n’explosent et ne pèsent sur les profits. The Economist profitait en mai de la publication de l’étude du Lancet pour proposer ses solutions incontournables et notamment le report de l’âge de la retraite de plus de cinq ans « même si l’espérance de vie recule » et, bien évidemment, la privatisation le plus possible des pensions.

    Globalement, le monde que promet la crise démographique est un monde d’intensification des politiques actuelles. Une intensification qui finira immanquablement par aggraver la crise démographique. C’est bien pour cela que cette crise est aussi une opportunité pour construire une autre organisation sociale fondée sur la solidarité internationale, sur le respect des choix individuels et sur une logique de sortie de l’obsession de croissance.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/010924/la-demographie-prochain-defi-global-haut-risque
    #diminution #monde #scénario #chiffres #statistiques
    #fécondité #hiver_démographique #population_mondiale #vieillissement #vieillissement_de_la_population #capitalisme #croissance #productivité #croissance_économique #silver_economy #Corée_du_Sud #immigration #natalité #déclin_démographique #extrême_droite #crise_démographique

  • Des territoires pour tous les âges
    https://metropolitiques.eu/Des-territoires-pour-tous-les-ages.html

    Comme les enfants, les aînés sont souvent perçus à l’aune de leur incapacité et de leur vulnérabilité supposées. Angélique Giacomini invite à repenser les territoires pour favoriser le #vieillissement en bonne santé physique et mentale, et à mieux intégrer la parole et l’expertise des aînés dans leur fabrique. Comme de nombreux pays, la France connaît une révolution démographique. Nous n’avons jamais vieilli autant et aussi longtemps : en nombre, en part et en âges très avancés. Cette situation inédite #Débats

    / #âge, #démographie, vieillissement, #personnes_âgées

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-giacomini.pdf

  • Législatives en France : pour les aides à domicile, le manque de main d’œuvre étrangère inquiète - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/58142/legislatives-en-france--pour-les-aides-a-domicile-le-manque-de-main-do

    Législatives en France : pour les aides à domicile, le manque de main d’œuvre étrangère inquiète
    Par RFI Publié le : 02/07/2024
    À la veille du second tour des législatives, le Rassemblement national (RN) caracole toujours largement en tête des sondages et pourrait arriver au pouvoir pour la première fois. Plusieurs secteurs d’activité, déjà sous tension quant à la problématique de la main d’oeuvre, résisteraient-ils à une réduction des flux migratoires ? Plusieurs entreprises d’aide à la personne ont fait part de leur inquiétude, rappelant qu’elles souffrent déjà d’un manque de personnel.
    Renée, 95 ans, est très dépendante. Si elle peut encore vivre chez elle dans son appartement du nord-est parisien, c’est parce que des dizaines de personnes, soignants et aides à domicile, comme Olga, se relaient à son chevet. « J’ai beaucoup de personnes qui m’aident le matin pour me lever, puis pour me laver, l’après-midi pour me changer, le soir pour me coucher, énumère Renée. Tu te rappelles, Olga ? Presque toutes sont du Cameroun », dit-elle. Des femmes en majorité, pour la plupart immigrées. « Sur 30, peut-être une Française ou deux », précise-t-elle.
    Olga, 35 ans, est Moldave. Elle est arrivée en France en 2016. « Depuis que je suis venue ici, je travaille tous les jours ». Olga tente de se rassurer, mais le climat politique l’inquiète. « Si j’ai bien compris, les personnes qui sont en règle, qui respectent la loi, qui payent les impôts, elles ne vont pas être touchées. J’espère que ça va être comme ça, comme ils disent, qu’on va pouvoir rester ici, parce qu’on est venus ici pour nos enfants, pour leur donner une plus belle vie », explique-t-elle.
    « Parce que s’ils enlèvent tout, il n’y a plus personne pour soigner », ajoute Renée. D’après l’Insee en Île-de-France, six aides à domicile sur dix sont immigrées.

    #Covid-19#migration#migrant#immigration#economie#care#politiquemigratoire#extremedroite#sante#vieillissement

  • « L’Amérique a besoin de plus de migrants »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/10/l-amerique-a-besoin-de-plus-de-migrants_6226983_3232.html

    « L’Amérique a besoin de plus de migrants »cAnne Krueger
    Economiste
    L’immigration figure au sommet des préoccupations des électeurs américains à l’approche de l’élection présidentielle de novembre. Paradoxalement, ce débat monte en intensité au moment même où l’économie américaine se porte beaucoup mieux que les autres économies développées, en partie grâce à une croissance de la population alimentée par l’immigration.
    Le cas du Japon devrait pourtant nous mettre en garde. Après avoir connu une croissance rapide après la seconde guerre mondiale, la population y a atteint un pic de 128,1 millions d’habitants en 2010 avant de retomber à 124 millions début 2024, et elle devrait passer sous la barre des 100 millions d’ici à 2055. La stagnation économique du Japon depuis les années 1990 s’explique en partie par ces difficultés. La population en âge de travailler est passée de 86,8 millions de personnes en 1993 à 81,5 millions en 2010. Initialement opposé à l’immigration, Tokyo a finalement mis en place des mesures destinées à l’encourager, sans grands résultats.
    De nombreux pays développés et en voie de développement, dont la Chine, sont également aux prises avec le déclin démographique. En Corée du Sud, le président de l’Assemblée nationale a récemment qualifié de « crise nationale » le faible taux de natalité du pays. Dans l’Union européenne, la population en âge de travailler devrait diminuer de 20 % d’ici à 2050.
    Le taux de fécondité aux Etats-Unis étant passé de 2,1 naissances par femme en 2007 à 1,64 en 2020, l’Amérique devrait, pour maintenir le niveau actuel de sa main-d’œuvre, accueillir chaque année 1,6 million de migrants. Sans immigration, la population et la main-d’œuvre diminueraient d’environ 0,5 % par an. Selon les projections du Bureau du recensement des Etats-Unis, la population en âge de travailler augmenterait de seulement 2 % en 2035, à flux d’immigration inchangé. Mais dans un scénario « zéro immigration », la main-d’œuvre diminuerait de 5 % et la population totale de 32 % d’ici 2100.
    Une population et une main-d’œuvre en diminution sont susceptibles d’entraver la croissance parce que l’investissement se détourne des nouveaux biens d’équipement, qui stimulent la productivité des travailleurs, vers le remplacement des travailleurs eux-mêmes. Par ailleurs, le niveau d’études moyen des nouveaux arrivants sur le marché du travail étant supérieur à celui des retraités, lorsque les premiers deviennent moins nombreux que les seconds, la productivité diminue. D’autant que la demande de soins de santé et les pensions de retraite augmentent plus vite que la population.
    Malheureusement, l’immigration devient de plus en plus impopulaire alors même que ses effets économiques deviennent de plus en plus nécessaires. Les migrants, qui arrivent souvent à un jeune âge, apportent des compétences intermédiaires essentielles à des secteurs tels que la santé, le bâtiment et l’hôtellerie. Mais ils ne sont pas seulement cruciaux pour remplacer les personnes âgées qui partent à la retraite ; ils améliorent également la productivité des professionnels hautement qualifiés, comme les médecins, les ingénieurs et les enseignants.
    Alors que le chômage est historiquement bas et que persistent les pénuries de main-d’œuvre, il est absurde d’affirmer que les migrants « voleraient » des emplois aux Américains. En dépit de potentielles perturbations à court terme, l’immigration est économiquement bénéfique pour les pays d’accueil à long terme. Plutôt que de s’engager dans des débats contreproductifs sur les effets négatifs de l’immigration, la réflexion politique devrait se concentrer sur la détermination du taux d’immigration optimal, sur l’impératif de légalité de cette immigration, sur la promotion d’une intégration fluide et sur la dynamisation de la productivité.
    Anne Krueger, ancienne économiste en chef de la Banque mondiale et ancienne directrice générale adjointe du Fonds monétaire international, est professeure d’économie internationale à la Johns-Hopkins University School of Advanced International Studies de Washington et chercheuse au Center for International Development de l’université Stanford.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#economie#vieillissement#immigration#productivite#maindoeuvre#sante

  • « Les pays membres de l’UE suivent l’agenda de l’extrême droite en dépeignant les migrants et les réfugiés comme des ennemis dont il faudrait se défendre »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/11/les-vingt-sept-suivent-l-agenda-de-l-extreme-droite-en-depeignant-les-migran

    « Les pays membres de l’UE suivent l’agenda de l’extrême droite en dépeignant les migrants et les réfugiés comme des ennemis dont il faudrait se défendre »
    Le chercheur Sergio Carrera, du groupe de réflexion Centre for European Policy Studies, décrypte l’évolution du débat politique sur l’immigration après l’adoption du pacte asile et migration.
    Sergio Carrera, chercheur chargé de la politique migratoire et des droits de l’homme au Centre for European Policy Studies (CEPS), un groupe de réflexion de Bruxelles, revient sur l’évolution du débat public, en Europe, sur les politiques liées à l’immigration, sous l’influence croissante des partis d’extrême droite.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le Parlement européen valide le pacte sur la migration et l’asile
    Le thème de l’immigration est-il présent dans la campagne électorale européenne qui commence ?
    De longue date, le pacte asile et migration a été présenté comme une solution pour régler la question de l’immigration irrégulière en Europe et ainsi couper l’herbe sous le pied de l’extrême droite, qui a fait de ce thème son étendard. Mais, en dramatisant ces enjeux, les Etats et les gouvernements ont progressivement incorporé les idées de l’extrême droite et ils suivent son agenda en dépeignant les migrants et les réfugiés comme des ennemis dont il faudrait se défendre. Aujourd’hui, les grands partis historiques de la droite et du centre voire, dans certains pays, de gauche, comme dans le nord de l’Europe, ont été aspirés par la rhétorique de l’extrême droite.
    L’arrivée de centaines de milliers de personnes sur les côtes européennes de manière irrégulière pose question à beaucoup d’électeurs…
    En 2023, l’agence Frontex de l’Union européenne [UE] a décompté quelque 380 000 personnes arrivant, selon elle, de manière irrégulière. Sur un continent de 450 millions d’habitants, cela reste modéré. Cela représente moins de 1 % de tous les franchissements de frontières extérieures de l’UE pour l’année 2021. De plus, une partie de ces personnes peuvent bénéficier du statut de réfugié ou d’une protection temporaire. Parler d’invasion comme l’extrême droite le fait est tout simplement faux. Enfin, rappelons que l’essentiel des réfugiés dans le monde ne viennent pas en Europe. Ils sont généralement déplacés dans leur propre pays ou dans les pays voisins. Remettons un peu de rationalité dans ce sujet. En deux ans, l’Europe a su accueillir 4,5 millions de réfugiés ukrainiens.
    Dans certains pays, ces arrivées ont créé une pression supplémentaire sur les logements, comme en Irlande, aux Pays-Bas, ou commencent à peser dans les pays d’Europe centrale.
    On peut accueillir des Ukrainiens, mais pas des réfugiés d’Afrique… Il y a des sujets bien plus profonds en jeu, comme une institutionnalisation du racisme, aujourd’hui ancrée dans nos sociétés.
    Selon une étude du Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), la question migratoire n’est pas centrale pour l’opinion dans la campagne actuelle. Est-ce votre point de vue ?
    Le sujet est en débat mais pas nécessairement sur les termes exposés par les grands partis. Toutes les recherches sur l’opinion publique démontrent une vision généralement positive de l’immigration. Les Européens ne sont pas opposés à l’idée d’offrir une protection aux migrants et d’aborder la question migratoire d’une façon humaine. Personne n’est favorable à l’emprisonnement des migrants dans des centres de détention. C’est pourtant ce que le pacte prévoit. Quand vous montrez les conséquences de ce type de politique, vous voyez une réaction très éloignée des débats politiques traditionnels.
    Le Parti populaire européen (conservateurs) propose de développer l’externalisation des demandeurs d’asiles…
    C’est la preuve de ce que j’avance. Fin 2023, l’Italie de la première ministre d’extrême droite, Giorgia Meloni, a présenté un protocole d’accord entre l’Italie et l’Albanie pour que les migrants sauvés en mer soient envoyés, contre leur gré, dans ce pays, avec lequel ils n’ont aucun lien et où il y a fort à parier qu’ils ne voudront pas aller. Une fois là-bas, ils seront enfermés dans un camp. Face à ce projet, la Commission n’a pas fait de commentaire. Et désormais, la droite propose le même type d’externalisation dans des Etats tiers dit « sûrs ». Toutes nos recherches sur les exemples existants montrent que l’externalisation conduit à des traitements inhumains et dégradants, à la détention arbitraire de personnes, à d’énormes souffrances.
    Le groupe des sociaux-démocrates souhaite développer les voies légales pour venir en Europe, qui est en plein vieillissement démographique. Comment jugez-vous cette idée ?
    Nous en avons absolument besoin. Que ce soit pour l’emploi, pour les demandeurs d’asile, pour les réinstallations pour raison humanitaire. Pour les étudiants, les chercheurs, tout cela est très bien. Néanmoins, l’Europe développe aujourd’hui une vision très utilitariste des voies légales de travail avec sa « carte bleue » et ses programmes de recrutement dans les pays tiers. Très sélective, l’Europe ne veut prendre que des personnes dont elle a besoin pour combler les pénuries et les lacunes du marché du travail, et uniquement ceux qui disposent d’assez des compétences. Les personnes hautement qualifiées peuvent venir. Il s’agit d’une approche très discriminatoire, qui laisse de côté certaines personnes qui n’ont pas accès à ces canaux de recrutement. En particulier les personnes originaires d’Afrique et du Moyen-Orient.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#immigration#economie#vieillissement#sante#refugie#frontex

  • Dans les outre-mer, le sujet miné du « réarmement démographique »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/06/dans-les-outre-mer-le-sujet-mine-du-rearmement-demographique_6215091_3224.ht

    Dans les outre-mer, le sujet miné du « réarmement démographique »
    Par Nathalie Guibert
    Fin 2023, lors de l’examen du budget au Parlement, le ministère de l’intérieur et des outre-mer a dû retirer une mesure destinée à inciter les Français résidant dans l’Hexagone à s’installer dans les territoires ultramarins.D’ambition modeste, mal concerté avec les élus locaux, l’article 55 du projet de loi de finances pour 2024 visait à attirer des compétences dans des économies confrontées à une dépopulation sévère, surtout aux Antilles. Prévu pour quelque cinq cents bénéficiaires par an, il a été qualifié de texte de « recolonisation » au sein du groupe communiste de l’Assemblée. Jean-Philippe Nilor, député La France insoumise de Martinique, est allé jusqu’à dénoncer un « génocide par substitution ». Pour sortir du piège, le gouvernement a réécrit l’article 55 pour cibler les ultramarins. Les décrets d’application paraîtront en avril.
    L’épisode illustre la sensibilité, en outre-mer, d’une déclinaison du « réarmement démographique » souhaité par le président Macron. Si certains départements, comme Mayotte ou la Guyane, connaissent une forte croissance qui pose d’immenses défis, ce sont les départements menacés de se dévitaliser, comme la Martinique, la Guadeloupe et, dans une moindre ampleur, La Réunion, qui appellent des mesures rapides.
    Sous le thème « Refaire péyi », la chaire Outre-mer de Sciences Po a retenu la crise démographique pour sa première conférence, le 6 décembre 2023. Un mois plus tôt, une mission d’information sénatoriale alertait sur la situation de la Martinique, où les établissements scolaires ont accueilli 1 000 élèves de moins d’un coup à la rentrée de septembre. « Si on ne fait rien, dans trente ans, ce sera l’extinction de la race des Martiniquais », a déclaré, devant les étudiants de Sciences Po, la sénatrice Catherine Conconne (groupe Socialiste, écologiste et républicain).
    En 2021, la Guadeloupe comptait 384 300 habitants. L’Insee estime que l’archipel tombera à 314 000 habitants dans moins de vingt ans. A La Réunion, tendance similaire bien que moins rapide : en 2030, 30 % de la population aura plus de 65 ans.
    La prise de conscience de la gravité de la situation a commencé avec la première enquête « Migrations, famille, vieillissement », lancée en 2009 par l’Insee avec l’Institut national d’études démographiques (INED). Le conseil départemental de Guadeloupe a depuis créé son propre observatoire départemental du vieillissement et du handicap. La Réunion a lancé un « salon du retour » annuel. Partout, des associations se mobilisent pour accueillir ceux qui souhaitent revenir, notamment les jeunes diplômés.
    Un rapport du Sénat avait mentionné, en 2014, un « risque de violence démographique dans les outre-mer », termes du spécialiste de l’INED, Claude-Valentin Marie. « Violence », car le phénomène s’illustre par sa rapidité : ce qui s’est produit en un siècle et demi dans l’Hexagone a pris cinquante ans dans les outre-mer. La baisse « extrêmement importante de la fécondité » se conjugue à une « fuite des cerveaux » vers la France métropolitaine, « ceux qui restent étant destinés à une précarité plus importante », explique ce démographe.« En 2010, la proportion de personnes de plus de 60 ans demeurait plus importante dans le Limousin que dans les Antilles. En 2040, cela ne sera plus le cas », résume le chercheur de l’INED : « Si l’attractivité de ces territoires ne bouge pas, qui prendra en charge le vieillissement ? » Emploi, aide sociale, santé, retraite, les conséquences seront nombreuses, sur des territoires à la situation sociale déjà plus fragile que dans l’Hexagone.
    Le sujet de la dépopulation rappelle en outre un moment d’histoire controversé. De 1963 à 1981, le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer, mis en place par l’Etat, avait « ponctionné » 160 000 travailleurs des Antilles et de La Réunion pour les faire venir en métropole.Nourri par l’appel des fonctionnaires et des étudiants, ce mouvement a généré une « migration de masse », selon le géographe de l’université des Antilles Cédric Audebert. « On a compté des dizaines de milliers de départs de Martinique dans le cadre de cette politique de Michel Debré, qui visait, en fait, à dégonfler les risques d’émeutes dans nos départements jugés trop remuants », affirme la sénatrice Conconne. « Nous avons besoin aujourd’hui d’une aide au retour sérieuse. »
    La démographie renforce les fortes attentes des ultramarins vis-à-vis de l’Etat. Pour fluidifier leurs mobilités, par le transport aérien notamment, les moyens alloués à la « continuité territoriale » entre Paris et ces régions éloignées ne cessent d’augmenter : 23 millions d’euros ont été ajoutés dans le budget 2024, pour atteindre 93 millions d’euros.Quant à L’Agence de l’outre-mer pour la mobilité (Ladom), elle opère sa révolution : « Pour la première fois, l’Etat accepte de financer une mobilité Hexagone – outre-mer », souligne son directeur général, Saïd Ahamada. « Nous avons mis sur pied un dispositif de retour. Cela revient non plus seulement à aider les personnes à bouger ou à se former ailleurs, mais à aider les territoires. » Ladom dispose de 2 millions d’euros annuels pour son programme « cadres d’avenir » qui accorde une bourse mensuelle de 800 euros aux étudiants ultramarins à condition qu’ils commencent à travailler dans un de leurs départements. Imaginé pour la Guadeloupe et Mayotte, il sera étendu en 2024 à la Guyane et à la Martinique.
    Destiné aux travailleurs déjà expérimentés, le futur « passeport pour le retour au pays » issu de l’article 55 controversé sera, lui, lancé au printemps. Ladom dit s’inscrire dans une « logique de droits », qu’il conviendra de financer à mesure que les demandes croîtront. « L’objectif n’est pas de repeupler les outre-mer. L’Etat donne un signal, il veut rassurer ceux qui veulent rentrer sur le fait qu’ils seront accompagnés, explique M. Ahamada. Nos outils ne suffiront de toute façon pas si les territoires ne développent pas leur attractivité avec des projets économiques. » Nathalie Guibert

    #Covid-19#migrant#migration#france#mobilite#vieillissement#demographie#fecondite#mayotte#lareunion#martinique#guadeloupe#migration#depopulation

  • Aux Pays-Bas, le dirigeant populiste Wilders reçoit l’appui inattendu d’un rapport suggérant de limiter l’immigration
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/18/aux-pays-bas-le-dirigeant-populiste-wilders-recoit-l-appui-inattendu-d-un-ra

    Aux Pays-Bas, le dirigeant populiste Wilders reçoit l’appui inattendu d’un rapport suggérant de limiter l’immigration
    Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)
    Les Pays-Bas « débordent » : sur le réseau social X, le populiste néerlandais Geert Wilders a repris et adapté, lundi 15 janvier, le slogan de son prédécesseur Pim Fortuyn, qui, en 2002, avait lancé : « Les Pays-Bas sont pleins », et inauguré ainsi un débat qui perdure sur l’immigration et l’identité nationale. Un thème qui a d’ailleurs été au cœur des élections législatives du 22 novembre 2023, marquées par la victoire du dirigeant d’extrême droite et de son Parti pour la liberté (PVV), arrivé en tête avec 37 sièges sur les 150 de la Deuxième Chambre.
    Alors qu’il tente de former une coalition avec trois autres partis, M. Wilders a reçu, lundi 15 janvier, l’aide inattendue d’une instance indépendante, mandatée en 2022 par les députés pour étudier la situation démographique du royaume. La commission d’Etat pour les développements démographiques 2050 a rendu un rapport prônant « une augmentation limitée de la population » afin de préserver le bien-être du pays. Elle suggère essentiellement une forte limitation de l’immigration, avec notamment davantage de sélectivité pour la main-d’œuvre étrangère et un frein au regroupement familial. Le nombre des naissances ne joue pas dans l’accroissement de la population du pays : le taux de natalité était de 1,49 en 2022 (1,55 pour les mères d’origine étrangère).
    Le rapport estime aussi que les autorités devraient obtenir une dérogation aux règles européennes sur l’asile et la libre circulation des personnes, a fortiori si l’Union devait s’ouvrir à de nouveaux pays, comme l’Ukraine. Les Pays-Bas ont, depuis 2015, accueilli annuellement quelque 100 000 migrants avec, en 2022, un pic à 150 000 (outre 113 000 Ukrainiens). Si cette évolution devait se poursuivre, le pays, peuplé actuellement de 17,9 millions de personnes, pourrait en compter jusqu’à quelque 23 millions en 2050, prédit la commission, dirigée par Richard van Zwol, un membre du Conseil d’Etat.
    Dans ce scénario, le plus extrême des cinq retenus, 45 % de la population serait alors d’origine étrangère, contre 26 % si l’immigration était plus contrôlée. La commission suggère, en tout état de cause, une limitation à 40 000, ou 60 000 au maximum, du nombre d’étrangers admis chaque année. Selon les experts, le royaume ne devrait pas totaliser plus de 19 ou 20 millions d’habitants s’il veut s’épargner « pénurie, nuisances et exaspération ». Un nombre trop élevé de résidents entraînerait par ailleurs un accroissement des inégalités et des tensions, nuirait à la nécessaire confiance dans l’Etat et mettrait en danger le système de sécurité sociale, affirme le rapport. Il met aussi en exergue l’exiguïté du pays, qui est le plus densément peuplé d’Europe après Malte, avec 529 habitants par kilomètre carré. Les Pays-Bas connaissent, par ailleurs, un problème criant de manque de logements : il faudrait en construire 100 000 par an au cours de la prochaine décennie, et un afflux supplémentaire de population rendrait la situation plus critique encore.
    La limitation du nombre d’étrangers recueillerait, selon les auteurs de l’étude, l’approbation de 87 % des Néerlandais. Une aubaine pour Geert Wilders, qui espère toujours former une coalition avec le Mouvement agriculteur-citoyen de Caroline van der Plas, le Nouveau Contrat social de Pieter Omtzigt et le Parti populaire pour la liberté et la démocratie de Dilan Yesilgöz, la ministre démissionnaire de la justice. Les quatre dirigeants, retirés dans un domaine proche d’Hilversum, dans la province de Hollande septentrionale, poursuivent des débats difficiles, même si le chef du PVV a gelé ses propositions les plus extrêmes, comme l’interdiction du Coran, la fermeture des mosquées ou la sortie des Pays-Bas de l’Union européenne. Il a aussi accepté de soumettre le reste de son programme à un examen portant sur la légalité de celui-ci. Et la rumeur indique qu’il serait même prêt à confier le poste de chef du gouvernement à une autre personnalité.
    Rien n’est toutefois réglé. Sur l’immigration, par exemple, M. Omtzigt évoque un quota annuel de 50 000 personnes, tandis que le parti agrarien en tolérerait 15 000 au maximum. Mardi 16 janvier, M. Wilders a par ailleurs déclaré : « Nous avons un problème », dans une allusion à un vote intervenu la veille au Sénat. Les élus libéraux de la Première Chambre ont, contre l’avis de la direction de leur parti, approuvé un projet de répartition obligatoire des demandeurs d’asile dans toutes les communes du royaume. Un texte fermement combattu par les populistes et condamné par Mme Yesilgöz.
    L’épisode démontre que celle-ci, qui a succédé à Mark Rutte à la tête de la formation libérale, ne contrôle pas ses élus, par ailleurs divisés quant à une participation gouvernementale avec le PVV. Mme Yesilgöz entretient dès lors le flou : acceptera-t-elle un accord gouvernemental, fera-t-elle capoter les discussions, ou apportera-t-elle un soutien à la carte à une éventuelle coalition à trois ?
    La relance spectaculaire de la thématique migratoire inquiète, en tout cas, les milieux économiques, qui évoquent depuis des années un manque criant de main-d’œuvre, impossible à régler, selon les patrons, sans le recours à des travailleurs étrangers. La commission sur la démographie prône, pour l’avenir, l’acceptation d’étrangers disposant d’un niveau de formation élevé, mais ce sont les secteurs de la logistique, de la distribution ou du transport qui recherchent des collaborateurs, en général faiblement qualifiés. L’éducation et la santé recherchent toutefois également de nombreux travailleurs migrants.

    #Covid-19#migration#migrant#paysbas#immigration#natalite#densite#economie#maindoeuvre#migrationqualifiee#demographie#vieillissement#sante

  • #Paris, une capitale qui vieillit ?
    https://metropolitiques.eu/Paris-une-capitale-qui-vieillit.html

    La métropolisation est souvent associée à un afflux de jeunes actifs qualifiés. Mais à Paris, elle s’accompagne aussi d’un #vieillissement de la population, comme le montre Beatriz Fernandez. Il faut, pour le comprendre, relever qu’elle conduit à des départs sélectifs, en termes d’âges comme de milieux sociaux. Les discours médiatiques et politiques insistent sur l’attractivité des métropoles, considérées comme des lieux de croissance aussi bien économique que démographique (Barbier 2023). Cependant, #Essais

    / Paris, #démographie, vieillissement, #décroissance, #personnes_âgées, #âge

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_fernandez.pdf

  • Allemagne : l’immigration dope les chiffres de l’emploi - InfoMigrants
    https://www.rfi.fr/fr/europe/20240102-allemagne-l-immigration-dope-les-chiffres-de-l-emploi

    InfoMigrants : En Allemagne, le secteur de la gastronomie a connu une hausse de l’activité professionnelle.
    Par RFI Publié le : 03/01/2024
    Le marché du travail en Allemagne est en pleine forme : malgré un ralentissement de la croissance en 2023, il n’y a jamais eu autant d’actifs outre-Rhin. L’une des raisons : l’immigration.
    Avec notre correspondante à Berlin, Blandine Milcent
    C’est le scénario idéal décrit depuis des années pour tenter de contrer une démographie en berne : le marché du travail allemand a bénéficié l’an dernier d’une main-d’œuvre étrangère qui a boosté les emplois. Près de 46 millions de personnes avaient un travail l’an dernier en Allemagne, soit 330 000 de plus que l’année précédente. C’est un record depuis la réunification il y a plus de 30 ans.
    Par ailleurs, l’institut de la statistique note également « une participation plus importante de la population allemande au marché du travail », ce que confirme une hausse de l’activité professionnelle chez les femmes ou les personnes âgées.Sans surprise, le premier secteur économique à avoir généré des emplois supplémentaires est le secteur des services, dans la santé et l’éducation notamment, mais aussi dans le commerce et la gastronomie. On ne peut en conclure pour autant que l’Allemagne a gagné son pari démographique, au contraire : la pénurie de main-d’œuvre devrait se faire douloureusement sentir à partir de 2025, quand ceux que l’on appelle « les boomers » commenceront à partir à la retraite.

    #Covid-19#migrant#migration#allemagne#immigration#emploi#economie#demographie#vieillissement#sante#eductaion#service#marchedutravail

  • Un article de Chloé Rab paru dans Alternatives Économiques lance ce gros pavé dans la mare de la politique « autonomie » des personnes âgées promue par le gouvernement. Outre la difficulté de maintenir financièrement à flot les structures existantes, c’est aussi la qualité de l’aide fournie par les personnes aidantes qui pose problème. Difficultés de recrutement, conditions de travail dégradées par les contraintes de rentabilité, l’aide à domicile pourrait bien subir la même vague de scandale que celle des EHPAD.

    Bien vieillir : le maintien à domicile est-il la solution ? - JustPaste.it
    https://justpaste.it/b2t6c

    Selon le gouvernement, plus de 80 % des Français souhaitent pouvoir vieillir chez eux, plutôt que d’entrer dans un Ehpad. Repris sondage après sondage, ce discours n’a pourtant rien d’une évidence
    .../...
    Pourtant, c’est le « virage domiciliaire », par analogie avec le virage ambulatoire entamé à l’hôpital, qui est de plus en plus privilégié par les politiques publiques. Le budget consacré à l’autonomie doit ainsi passer de 32 milliards d’euros en 2021 à 42 milliards d’euros en 2026.
    .../...
    « Promouvoir le virage domiciliaire comme seule solution au bien vieillir en France est une erreur, tranche Ilona Delouette. On observe simplement un report de contraintes entre les Ehpad, financés par l’assurance maladie, et l’aide à domicile, financée par les départements. » Sans compter que, comme le précise Emmanuelle Puissant, « les conditions structurelles du secteur des Ehpad et de l’aide à domicile sont très semblables. Il ne serait pas étonnant de découvrir un scandale type Orpea ».

    #vieillissement #aide_à_domicile #travail (division genrée du)

  • Entre désillusions et intégration, le sort contrasté des migrants venus travailler au Japon
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/08/10/entre-desillusions-et-integration-le-sort-contraste-des-migrants-venus-trava

    Entre désillusions et intégration, le sort contrasté des migrants venus travailler au Japon
    Par Bruno Philip (Tokyo, Fukuoka, (Envoyé spécial))
    Le nombre des travailleurs étrangers ne cesse d’augmenter dans l’Archipel, qui a un besoin croissant de main-d’œuvre. La satisfaction affichée par les mieux intégrés ne cache pas les espoirs déçus de nombre d’ouvriers.
    Ngo Gia Khanh est un solide gaillard de 22 ans aux cheveux ras, dont le regard un peu inquiet semble témoigner du parcours en dents de scie qui a été le sien depuis son départ du Vietnam, voici un an. Quand il a suivi la filière dite des « stagiaires techniques » permettant à des travailleurs étrangers sans qualification d’être embauchés dans des entreprises japonaises, il n’avait certes pas imaginé ce qui l’attendait. Natif de la province septentrionale de Quang Ninh, située dans le nord du Vietnam, le jeune homme avait deux objectifs, l’un étant le corollaire de l’autre : « Apprendre le japonais et faire carrière ici, au Japon. » Alors il est parti pour Hanoï, la capitale, où il a entrepris d’apprendre des rudiments de japonais. Puis des intermédiaires locaux l’ont mis en relation avec les organismes nippons chargés d’organiser le séjour au Japon des « stagiaires ». Et de leur trouver du travail. Au printemps 2022, il a fini par arriver à Tokyo.
    Khanh a rapidement dû déchanter (...)
    Le crépuscule démographique du Japon force les entreprises locales à recourir à de plus en plus de main-d’œuvre venue d’ailleurs, notamment dans les secteurs de la construction, des chantiers navals et des services hospitaliers. A la fin du siècle dernier, près de 90 millions de Japonais avaient entre 15 et 65 ans. En 2040, la même tranche d’âge devrait se réduire à 60 millions d’individus. Conséquence, selon un rapport publié par l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), l’archipel aura besoin de 4,2 millions de travailleurs étrangers d’ici à 2030, et de 6,7 millions d’ici à 2040... Le Japon incarne l’un de ces rêves d’ailleurs et de promesses de lendemains souriants pour des jeunes sans emploi issus des milieux modestes des pays d’Asie du Sud et du Sud-Est. Mais cette filière dite des « stagiaires », réservoir de main-d’œuvre bon marché pour les entreprises qu’a connues Ngo Gia Khanh, est de plus en plus controversée : elle favorise les abus de pouvoir des patrons à l’égard d’ouvriers étrangers confrontés, entre autres difficultés, aux codes culturels complexes d’un univers nippon volontiers replié sur lui-même et, pour l’essentiel, resté ethniquement homogène : le nombre de résidents étrangers dépasse à peine les 2 % d’une population de 125 millions d’habitants. En théorie, cette filière devait permettre à des ouvriers peu ou pas du tout qualifiés d’acquérir des compétences qu’ils pourraient mettre à profit une fois rentrés dans leurs pays d’origine. Or la réalité est tout autre : « Ce programme de [stages techniques] est de longue date connu pour être un moyen d’exploiter les ouvriers », dénonçait en avril, dans un cinglant éditorial, le grand quotidien de centre gauche Asahi shimbun. Environ 340 000 travailleurs aujourd’hui employés au Japon ont suivi cette filière.
    Cette dernière est désormais si décriée qu’un panel d’experts mandatés par le gouvernement a recommandé au mois de mai qu’elle soit tout bonnement supprimée et remplacée par un système « réformé », plus respectueux « des droits de l’Homme », selon les termes du rapport. L’une des suggestions de ce panel propose que des « stagiaires » ayant acquis un certain niveau de maîtrise de leurs spécialités puissent accéder à la catégorie des « travailleurs qualifiés ». Ces derniers bénéficient d’emplois mieux payés et plus stables. Pour l’instant, on en est loin : « Environ 50 stagiaires viennent chaque mois se plaindre chez nous de leurs conditions de travail », s’émeut Yoshimizu Jiho, la fondatrice de l’Association de support mutuel Japon-Vietnam, qui a pour but d’aider des travailleurs vietnamiens.
    Une cueilleuse de fraises du département de Tochigi (centre du pays) narre de son côté une histoire encore plus tragique que celle du jeune Vietnamien : « Le contremaître m’a violée, je suis tombée enceinte, j’ai avorté », raconte, peinant à trouver ses mots, Sophan Ean, 21 ans, originaire de Battambang, ville du Nord-Ouest cambodgien. Aujourd’hui hébergée dans un refuge géré par une autre ONG, le Réseau de solidarité avec les migrants au Japon, son avenir reste précaire. « Je ne peux pas rentrer au pays, je me suis endettée auprès des intermédiaires khmers qui m’ont aiguillée sur la filière et, de toute façon, je ne trouverai pas un travail aussi bien payé au Cambodge », dit-elle. Sophan continue donc de cueillir les fraises dans la même entreprise. Et tant pis, comme elle l’avoue, si son violeur de contremaître s’obstine à essayer de la « séduire » à nouveau.
    Les questions migratoires ne sont pas encore devenues des motifs de querelle au Japon, en dépit des efforts des milieux d’extrême droite pour agiter les dangers d’une immigration excessive. En 2022, selon les statistiques du ministère du travail, le nombre de travailleurs étrangers, toutes filières confondues, s’élevait à 1,8 million de personnes. Mais le nombre de migrants a doublé depuis 2014 et quadruplé depuis 2008. La plupart d’entre eux sont vietnamiens, chinois, philippins et indonésiens.
    Sushil Paudel, 33 ans, originaire du Népal, dans son restaurant indien Himalaya, à Fukuoka (Japon), le 9 juin 2023. « On ne peut pas dire qu’un sentiment antimigrants ait émergé dans l’opinion publique », souligne le sociologue Naoto Higuchi, de l’université Waseda, de Tokyo. Jusqu’à présent, précise-t-il, les « gouvernements successifs du Japon ont pris soin de ne pas politiser cette question ». Même si celle-ci risque d’être de plus en plus à l’ordre du jour. Dans le même temps, en raison de la chute du yen, le Japon n’est plus aussi attractif que par le passé, ce qui pourrait à terme provoquer une chute de l’immigration, générant des problèmes inverses de ceux redoutés par l’extrême droite.
    Fukuoka, à cinq heures de Tokyo en Shinkansen – le TGV nippon –, grande agglomération située sur la côte ouest de l’île méridionale de Kyushu, brille ce soir-là de tous les feux d’un extraordinaire bouillonnement urbain. Empilements de cubes de béton alignés de part et d’autre de la rivière Naka, la ville, forte d’une population d’un million six cent mille âmes, est un chef-lieu régional mais aussi une importante destination « migratoire » de l’Archipel. « Il y a ici une dizaine de milliers de migrants venus du Népal », explique Sushil Paudel, 33 ans. Ce jeune Népalais originaire de Pokhara, une ville située au pied de l’Himalaya, a trouvé ses marques au Kyushu. Son récit est aux antipodes de celui des malheureux « stagiaires » rencontrés à Tokyo : Sushil est un homme heureux, rien ne le ferait partir du Japon. (...) D’autant que, « contrairement aux Coréens, aux Chinois et même aux Vietnamiens, qui ne sont guère appréciés des Japonais, les Népalais sont bien vus », veut croire Sushil. Ajoutant avec un brin d’ironie : « Tant qu’on n’est pas trop nombreux… » Le jeune Népalais n’est visiblement pas le seul à apprécier son exil. Zahid Abdullah, un Bangladais de 31 ans, sur place depuis six ans, a bataillé ferme pour décrocher son actuel travail de vendeur de voitures. Mais il a aujourd’hui le sentiment d’être respecté et se réjouit que les clients le félicitent pour son niveau de japonais. Dans la petite mosquée au discret minaret de la banlieue de Fukuoka, où le jeune Bangladais vient faire sa prière du soir en compagnie d’autres musulmans, originaires d’Indonésie, du Pakistan, du Ghana, d’Egypte, il reconnaît que son salaire ne lui permet pas encore d’« économiser grand-chose » ; mais il ajoute : « Jamais je n’aurais imaginé, quand j’étais encore au pays, faire un travail que j’aime autant. »Lui aussi originaire du Bangladesh, Rafiqul Islam Maruf, 56 ans, est arrivé pour la première fois au Japon en 1993 avec une bourse gouvernementale dans l’intention d’y finir son doctorat en informatique. Même s’il a vécu ici par intermittence, ce professeur de télémédecine a toutes les raisons de se féliciter des dix-sept ans passés dans l’Archipel. Marié à une Japonaise, père de deux enfants, il se souvient avoir été « le premier étudiant bangladais de la faculté d’ingénierie » où il étudiait alors. Plusieurs entreprises l’ont ensuite courtisé pour le dissuader de rentrer dans son pays natal, preuve d’un besoin croissant d’ingénieurs étrangers et signe de la politique japonaise d’immigration choisie. Rafiqul Islam Maruf songe malgré tout à retourner au Bangladesh dans quelques années, même s’il se dit satisfait d’une existence incomparable avec celle qu’il aurait eue s’il était resté dans son pays.

    #Covid-19#migrant#migration#japon#demographie#travailleurmigrant#politiquemigratoire#vieillissement#economie#postcovid

  • Le gouvernement à l’offensive contre les arrêts de travail « de complaisance »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/01/le-gouvernement-a-l-offensive-contre-les-arrets-de-travail-de-complaisance_6

    Le gouvernement à l’offensive contre les arrêts de travail « de complaisance »

    La volonté de l’exécutif de réguler la recrudescence des dépenses liées aux arrêts maladie est soutenue par des organisations patronales et contestée par les syndicats.

    Par Bertrand Bissuel et Thibaud Métais
    Publié aujourd’hui à 05h35

    Voilà un thème rêvé pour communiquer à la fois sur le sérieux budgétaire et la lutte contre les fraudes. Alors que les dépenses liées aux arrêts de travail s’envolent à un rythme de plus en plus soutenu, le gouvernement cherche à contrer cette évolution, qui pèse sur les comptes de la Caisse nationale de l’assurance-maladie (CNAM). A plusieurs reprises, depuis la fin du mois de mai, les ministres représentant Bercy ont exprimé leur volonté d’agir, à travers des mesures qui, depuis, ont commencé à être mises en œuvre, tandis que d’autres sont envisagées dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale de 2024, dont l’examen au Parlement est prévu à l’automne.

    https://jpst.it/3k07I

    • Puisque travail partout et grève nulle part, il est peut-être temps de s’inspirer de la mobilisation des chtars qui démontre les avantages de la grève dissimulée, de la grève travestie. Syndiqués ou pas, salariés garantis ou pas, pratiquons et incitons à l’arrêt de travail. C’est bon pour la planète. Et, c’est collectivement, par delà les premiers concernés, que la maladie redonne la santé aux travailleurs. On en peut pas seulement compter sur les effets du covid long, ce truc psy pour lequel la GB interdit le don de sang ! Une multiplication significative des arrêts de travail, les plus longs possibles, permettrait à bien des discriminés à l’embauche, à bien des chômeurs et précaires, d’accéder à du salaire, de la prime d’activité, et ensuite d’accéder à une alloc dont plus de la moitié des chômeurs sont privés. Les avantages sont nombreux, pesez-y ! Souvenons-nous par exemple qu’être au travail diminue drastiquement le risque pour arabe ou un noir de se faire lyncher par la police.

      Pour travailler moins, réduire le temps de travail, le partager, du côté des syndicats ou de feu le Mouvement ouvrier, il n’y a plus guère de ressources. Une des options, faute de rente ou d’emploi fictif, c’est d’aller voir chez l’ennemi.

      Un extrait d’une brochure « Maman travaille » réalisée sous l’égide de Schiappa avec des suggestions utiles pour obtenir un arrêt de travail

      Les mères nous montrent le chemin. Dans le répertoire du difficile à contrôler : le mal de dos, la dépression. Pour entrer dans la peau du personnage, on trouve sans mal autour de soi et sur internet des premier.e.s concerné.e.s qui décrivent leur symptômes et les éventuels effets bénéfiques et secondaires de médicaments susceptibles d’être prescrits (c’est un théâtre à accessoires).

      #CNAM #arrêts_de_travail #grève_travestie #Saint-Lundi_everyday #MaladieÉgaleVie #travail #sabotage

    • Le tôlier fait déjà ça. Il préfère voir les gens en arrêt maladie à la maison plutôt que combatifs ou peu productifs au boulot. Et puis de toutes façons il trouvera toujours un remplaçant moins cher. Et chacun bouffe sa merde. La personne en arrêt long, de son côté, tombe à mi-traitement au bout de trois mois et celles que j’ai connues dans cette situation-là n’étaient pas vraiment en meilleur état psychologique, physique et financier qu’en bossant.
      Maintenant, moi je ne porte aucun jugement moral. Si les conditions, comme dirait l’autre, sont réunies pour créer un mouvement de masse solidaire et imposer de cette façon le moyen d’échapper au salariat, je n’y vois aucun inconvénient. Mais j’ai de sérieux doutes sur la chose.

      Et puis, en retraite, je ne suis pas le mieux placé pour avancer ce genre de proposition.

    • de masse, je ne crois pas. les conditions sont rarement réunies pour que, comme dans le cas de l’esprit de corps policier, une minorité significative se fasse arrêter suite à une décision collective. mais dans certains secteurs (éducation au premier chef, mais ça marche pas on voit plutôt des démissions...), ce serait une possibilité. par ailleurs, ayant pratiqué, il existe des mutuelles qui complètent le salaire en cas d’ALD avec baisse de traitement. il est aussi possible de faire de ces moments des périodes bien plus actives que l’emploi. et lorsqu’il n’y a pas de possibilité de lutte dans l’emploi, de lutter ailleurs.

      le souci c’est que la réduction du temps de travail est bien là, organisée par le capital. et que rependre pied sur ce terrain suppose non seulement des revendications générales (celle d’une garantie de revenu, c’est à dire dune réduction du temps de travail qui soit payée, revendication d’ailleurs passée à la trappe depuis les défaites des mouvements de précaires, 25 ans maintenant, si on excepte le rebond de le la lutte des intermittents et précaires en 2003, depuis, on les préserves à part afin d’éviter toute généralisation...) mais aussi des pratiques qui mettent en oeuvre des formes de rotation quant à ce « bien rare » qu’est l’emploi-salaire. par exemple d’inciter les précaires à ne pas s’employer plus que ce qui est nécessaire à une ouverture de droit (laisser de l’emploi aux autres), et les « garantis » à chômer.

      nb au chômage, on n’échappe pas au salariat, on y est dans une situation particulière qui a une portée générale : précarité de l’emploi, contrôle par delà l’entreprise

    • L’Assurance Maladie dévoile un plan pour réduire les dépenses de santé de 1,3 milliard d’euros, 4 juillet 2023
      https://www.caducee.net/actualite-medicale/16163/l-assurance-maladie-devoile-un-plan-pour-reduire-les-depenses-de-sante-de-1

      Les arrêts maladie et leurs prescripteurs dans le viseur

      Avec 16 milliards d’euros en valeur, les arrêts maladie ont bondi de 8 % en 2023 et représentent pour la CNAM un vivier d’économie important. Le nombre d’arrêts maladie a augmenté de manière significative au cours des dernières années, passant de 6,4 millions en 2012 à près de 9 millions en 2022. Cette augmentation peut être attribuée à plusieurs facteurs, notamment l’augmentation des salaires, l’inflation et le #vieillissement de la population. L’assurance maladie pointe également une augmentation de leur durée ainsi qu’une augmentation du taux de recours aux indemnités journalières.

      Pour réduire les dépenses liées aux arrêts maladie, le gouvernement envisage d’impliquer davantage les employeurs, d’ajouter un jour de carence et de renforcer les contrôles au niveau des prescripteurs.

      De son côté la CNAM a lancé une vaste campagne de #contrôles des arrêts de travails auprès des #médecins_généralistes les mettant ainsi à l’index et leur imposant une pression comptable sur des prescriptions qui sont dans leur large majorité complètement justifiées.

      « Une campagne à visée comptable fondée sur l’intimidation des professionnels de santé »

      La Dr Agnès GIANNOTTI, présidente de MG France s’est ému de cette situation dans une lettre ouverte à la population soulignant le désinvestissement progressif de la CNAM et de l’état dans la santé des Français.

      Pour elle l’augmentation des arrêts maladie s’explique d’abord par le mauvais état de santé de la population.

      La proportion de pathologies psychiques a connu une augmentation notable, reconnue par l’UNCAM dans sa lettre de cadrage de la convention médicale, soulignant l’augmentation des consultations pour #souffrance_psychique en médecine générale. Les #troubles_musculo-squelettiques, souvent liés à des emplois physiques, rendent le maintien en poste de plus en plus difficile à partir de 55 ans, tandis que parallèlement, le nombre de trimestres nécessaires pour bénéficier d’une retraite décente a augmenté. Sans oublier ces patients qui attendent pendant de longs mois un traitement chirurgical ou de rééducation, faute de disponibilité ou de rendez-vous. Il ne s’agit en aucun cas d’arrêts de travail de complaisance ou d’absentéisme. [quant aux #covid_long, n’en parlons surtout pas, soit on se fait arrêter sous couvert dun des symptômes, soit c’est au cas par cas que mon peut, ou pas, obtenir l’ALD correstpndante]

      En outre, l’expansion des plateformes de #téléconsultation, soutenues par l’État comme en témoigne leur accessibilité directe via Mon espace santé, et la volonté déclarée d’éliminer le plafond de 20 % de téléconsultations par médecin ont conduit à une hausse inquiétante des arrêts maladie [ce qui serait chouette si cela se conjuguait avec une baisse des prescriptions inutiles ou nuisibles]. En l’absence de possibilité d’interdire le remboursement de ces arrêts de travail prescrits via ces plateformes — une mesure qui pénaliserait les utilisateurs plutôt que de réguler l’utilisation des dispositifs conventionnels par ces structures — l’Assurance Maladie a déplacé ces contrôles vers les médecins généralistes, menaçant 30 % d’entre eux.

      « Que l’on ne s’y méprenne pas, si seuls 2 % des médecins seront in fine sanctionnés, contrôler 30 % des médecins aura évidemment un effet sur les comportements de prescription d’IJ. Excepté les 2 % de comportements jugés déviants, les 28 % des professionnels contrôlés auront une tendance, consciemment ou non, à prescrire moins d’arrêts de travail, y compris lorsqu’ils sont indiqués. Voici le principal objectif de cette vague de contrôle : une campagne à visée comptable fondée sur l’intimidation des professionnels de santé. »

      de plus, les critères d’évaluation des toubibs font grosso modo litière de tout contexte social, n’arrivent pas en tenir compte : un cabinet dont les clients sont pour beaucoup des prolo.tes, pour les TMS et autres soucis liés à la dureté du taf, aux conditions de travail, c’est pas la même et on les contrôle depuis des moyennes, en leur demandant de s’y conformer sou peine sanctions.

      #destructivité_capitaliste #management

    • Les FDO n’ont pas droit de grève c’est la raison pour laquelle ces agents du service public ont recours aux arrêts de travail, avec la complaisance des autorités, comme on l’a vu (puis tout est rentré dans l’ordre).

      Ceci dit, vu l’absence généralisée d’un utilisation offensive du droit de grève dans ce pays, il est probable qu’on en arrive un jour à la suppression effective du droit de grève dans le code du travail (ça se met déjà en place petit à petit, avec les services minimum et les réquisitions) et alors on en viendra peut-être à imiter les flics pour se faire entendre, parce qu’on n’aura, comme eux, pas d’autre choix. Est-il nécessaire de préciser qu’il n’est souhaitable d’en arriver là ?

      Puisque tu l’évoques, quand je bossais, on s’était battu pour que l’employeur prenne en charge la prévoyance (qui permet de couvrir un peu au-delà des 3 mois), au moins la couverture de base (85 % du salaire sans les primes, ce qui n’est vraiment pas terrible pour un SMIC). On avait obtenu cette couverture mais il fallait que ce soit les salariés qui fasse la démarche de s’inscrire auprès de la mutuelle. On avait informé les collègues et on avait demandé et obtenu que l’employeur distribue avec la paie une information sur la procédure d’inscription. C’est désespérant mais dis-toi bien que plus de la moitié des agents ne s’étaient pas inscrits et, comme par hasard, beaucoup des personnes qui nous ont contacté qui en auraient eu besoin n’étaient pas couverts et il n’était pas toujours possible de souscrire après coup (délais).

      C’est là qu’on se prend en plein dans la gueule le décalage entre le projet (ce qu’on s’imagine) et le réel.

      Bref, c’est là où souvent j’ai vu des personnes, pourtant avec un revenu modeste, mais garanti, qui peuvent décrocher socialement très vite parce qu’elles ne peuvent plus travailler (physiquement) et qu’elles ne pourront plus travailler car aucun reclassement n’est accessible.

      Sinon, sur le fond, encore une fois : je n’ai pas de religion. Si de nouvelles modalités de luttes sociales qui permettent d’inverser le rapport de force, à défaut de vraiment de foutre en l’air ce système, émergent, telles que ce que tu évoques (qui me font un peu penser à ce qui se disait dans l’autonomie italienne des années 70), alors je n’y vois que du positif. Mais bon, je ne suis pas vraiment optimiste.

      Je n’ai pas voulu dire qu’au chômage on échappe au salariat. J’ai aussi été chômeur ;-)
      De même, j’ai compris très tôt que personne n’échappe à l’emprise du capitalisme, que l’on soit ou non salarié.

      Je voulais juste signifier que l’objectif, en tout cas pour ce qui me concerne, reste toujours d’anéantir l’économie capitaliste pour construire une société sans classes et sans salariat ; et que si les pratiques de résistance sociale que tu évoques se mettent effectivement en place, cela signifiera alors probablement qu’on sera arrivé à un niveau de conscience individuelle et collective correspondant au moins à une remise en cause du salariat, si ce n’est de la « catégorie » travail.

      Autant dire que je pense qu’on en est très loin mais j’espère me tromper : )

    • [Les médecins contestent la « surprescription »] Arrêts maladie : le gouvernement tente de freiner les dépenses, les médecins contestent la méthode https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/01/arrets-maladie-le-gouvernement-tente-de-freiner-les-depenses-les-medecins-co

      Les généralistes jugés trop prompts à délivrer des arrêts font l’objet d’une procédure de l’Assurance-maladie

      Ya-t-il de plus en plus d’arrêts maladie prescrits ? Bon nombre de médecins répondent par l’affirmative. Mais y en a-t-il « trop » ? La question leur semble mal posée, quand bien même elle renvoie au constat chiffré avancé, récemment encore, par l’Assurance-maladie : les dépenses d’indemnités journalières, hors Covid-19, ont bondi de 8,2 % en 2022 pour atteindre 13,5 milliards d’euros (hors maternité) ; une hausse « au-dessus de la dynamique » d’avant la pandémie, a averti l’instance dans son rapport « Charges et produits » divulgué à la fin du mois de juin et qui, comme tous les ans, fixe certaines des tendances qui se retrouveront dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, débattu à l’automne.

      Cette année, peu de suspense : tailler dans les dépenses de santé, notamment en luttant contre l’augmentation des arrêts maladie, figure parmi les leviers d’économies identifiés pour redresser les comptes publics. Un moyen, parmi d’autres, qui, selon les autorités, permettrait de réduire de 250 millions d’euros, en 2024, le déficit de l’Assurance-maladie.

      Sauf que l’équation ne convainc pas les médecins libéraux, priés de lutter contre la « surprescription » des arrêts maladie : « Se contenter d’un tableau chiffré, c’est passer à côté de l’enjeu véritable », fait valoir Agnès Giannotti, présidente de MG France, premier syndicat de généralistes, en rappelant que trois ans de crise sanitaire ont eu un impact sur la santé des Français. « En demandant aux collègues supposés “trop” prescripteurs d’en faire “moins”, on veut casser le thermomètre, dit-elle, mais ça ne fera pas disparaître le mal.Si les statistiques s’emballent, c’est qu’il y a des raisons ! »

      « Pas de baguette magique »
      Un discours qui résonne sur le terrain. « Les autorités invoquent des chiffres, des dépenses, le budget, alors que l’on parle, nous, de patients, de souffrance, de soins… On frise le dialogue de sourds », souligne le docteur D., récemment installé dans la métropole lyonnaise – il a requis l’anonymat, comme tous les médecins ayant accepté de témoigner.

      Ce jeune généraliste est, depuis peu, concerné par une procédure dite de « mise sous objectif » : sa caisse primaire l’a contacté, en juin, pour lui notifier un objectif de diminution de ses prescriptions d’arrêt maladie, dont le nombre a été jugé supérieur à celui de médecins exerçant dans des conditions comparables. Un « correctif » à concrétiser sur six mois sauf à s’exposer à une amende. Une « douche froide », dit-il.

      A la mi-juillet, il est allé s’en expliquer auprès des médecins-conseils de sa caisse. Un rendez-vous « sur un ton bienveillant », concède-t-il, mais dont il est sorti « avec plus de questions que de réponses ». « J’ai défendu ma position : oui, mes chiffres sont élevés, mais je travaille dans un bassin de population précaire avec beaucoup d’actifs – et peu de retraités – usés par des métiers difficiles. Beaucoup souffrent de troubles musculo-squelettiques, d’arthrose, de tendinites, quand ce ne sont pas des troubles anxieux, des dépressions… » Les « arrêter », affirme-t-il, ce n’est pas seulement leur permettre de « souffler » : la décision « rejoint » la problématique de l’accès aux soins. « Pour pouvoir passer une IRM, ici, les délais sont très longs. Même chose pour obtenir un rendez-vous chez un psy. En attendant, je leur propose quoi, à mes patients ? D’aller travailler pliés en deux ? Je veux bien réfléchir à ma pratique, conclut-il, mais je n’ai pas de baguette magique. »

      Ils sont un millier de médecins, soit 1,5 % environ, à être concernés par cette procédure de contrôle déclenchée par l’Assurance-maladie. S’y ajoute une frange se situant dans la tranche de prescription immédiatement supérieure : à eux, les caisses promettent des « entretiens confraternels » avec des médecins-conseils. Troisième public : des généralistes et des psychiatres qui délivrent des arrêts en lien avec la santé mentale. Eux auront droit à des échanges ou à une visite de délégués de l’Assurance-maladie.

      Les syndicats ont fait leurs calculs : 1 000 médecins « sous objectif », 5 000 contactés pour un entretien d’alerte, 15 000 auxquels seront proposés des rendez-vous à la rentrée… Cela représente, selon eux, près d’un tiers de la profession. L’Assurance-maladie défend un plan d’action « gradué » visant une « minorité de dérives » : « Nous sommes d’abord dans l’accompagnement et la pédagogie. Mais ça n’exclut évidemment pas le contrôle, voire la sanction, si c’est justifié », soutient son directeur général, Thomas Fatôme.

      Sans calmer l’émotion des intéressés, relayée dans les rangs syndicaux où l’on dénonce « harcèlement » et « délit statistique ». « Il peut y avoir des abus, sans doute, mais l’immense majorité des collègues font bien le boulot, s’énerve le docteur Jérôme Marty, de l’Union française pour une médecine libre. Ce n’est pas comme ça que l’on remplira les tiroirs-caisses de l’Etat. » L’ordre des médecins s’est ému du discours ambiant, regrettant qu’il « jette la suspicion sur le comportement des médecins ».

      D’une même voix, les syndicats ont appelé les professionnels concernés à rejeter la procédure. De fait, en cas de refus ou d’échec, la « mise sous objectif » peut aboutir à une « mise sous accord préalable » des prescriptions, un dispositif coûteux en temps et en agents pour les caisses. Une façon de « jouer la montre ». Certains généralistes, après entretien, disent avoir vu la procédure non confirmée ou abandonnée. D’autres espèrent un retour pour le début d’août. « En attendant, témoigne la docteure R., généraliste dans le Sud, j’ai averti certains de mes patients, notamment ceux en arrêt long : s’ils veulent un renouvellement, en septembre,qu’ils se tournent vers la médecine du travail ! »

      Ce plan d’action de l’Assurance-maladie ne part pas de rien, rappelle le docteur Marcel Garrigou-Grandchamp, qui, en tant que responsable de la cellule juridique de la Fédération des médecins de France, apporte une assistance aux praticiens qui le saisissent. « Nous sommes aujourd’hui saturés de demandes, rapporte-t-il. Il y a eu une précédente grosse campagne en 2015 ; nous n’avions pas hésité, à l’époque, à saisir les tribunaux administratifs. Le sujet revient en réalité tous les ans, mais c’est une action d’une ampleur inédite qui vient d’être lancée et, après l’échec de la convention médicale et des négociations tarifaires, c’est la goutte d’eau… »

      « Je suis dans le rouge »
      Une enquête diffusée, le 24 juillet, par l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) des médecins libéraux d’Ile-de-France à partir de 973 témoignages permet de verser d’autres chiffres aux débats : la moitié des répondants disent avoir constaté une augmentation des prescriptions d’arrêt, le premier motif correspondant à des troubles anxio-dépressifs. Ils déclarent aussi recevoir très peu de demandes injustifiées ; mais ils sont près d’un tiers (31 %) à avoir déjà subi des menaces ou des pressions de patients sur ce motif. « C’est un sujet systémique, note la docteure Valérie Briole, présidente de l’organisation. Dans une situation globale de pénurie de médecins et de demande de soins croissante, une pression supplémentaire exercée sur les collègues en exercice n’est pas logique. »

      La docteure F., vingt ans de métier en Ile-de-France, en sait quelque chose. Elle aussi a reçu, il y a quelques semaines, un « coup de fil » puis un courrier l’informant de sa possible mise sous objectif. Elle aussi est allée à sa caisse s’en expliquer. Et en reste « très marquée ». « D’un point de vue statistique, je suis dans le rouge… Mais je n’ai pas le sentiment d’avoir dérivé ou d’être complaisante. Croyez-moi : pour les patients, ce n’est pas évident de se retrouver en arrêt, la plupart y perdent financièrement ». Des « demandes abusives », elle en a « quelques-unes » en tête, une seule de récente, pour près de 2 000 patients dont elle est la médecin référente, « et je refuse catégoriquement, tient-elle à souligner. Faire des économies sur ce dossier, vu l’état de santé des patients, vu aussi l’état des médecins, je ne crois pas que ce soit possible », conclut-elle, pessimiste.

      Sauf, peut-être, à contrôler davantage les arrêts prescrits en téléconsultation, une possibilité offerte du temps du Covid-19 et qui s’est beaucoup développée. Le Conseil constitutionnel avait retoqué, en 2022, une mesure en ce sens inscrite dans le budget de la « Sécu ». On peut s’attendre à ce que le débat rebondisse, à la rentrée, à l’Assemblée nationale.

      Dans l’enquête de l’URPS, d’autres pistes sont avancées par les praticiens : concernant les arrêts de moins de quatre jours, plus de sept répondants sur dix seraient favorables à la suppression de l’obligation de prescription. Et neuf sur dix, pour les arrêts de longue durée, accueilleraient favorablement une « alternative », comme un télétravail aménagé.

    • Le terme « de niveau de conscience », tel que je l’ai utilisé, est plutôt un clin d’œil parodique en référence aux mantras gauchistes (quand les conditions subjectives, etc.).
      Pour moi, le « niveau de conscience » pris dans ce sens étroit - idéologique - serait plutôt une figure repoussoir qu’autre chose. Désolé du contresens !
      Pour autant, je ne suis pas du tout cynique et mon propos n’était pas totalement ironique : « niveau de conscience », une fois débarrassé de ses pré-supposés idéologiques, c’est ce qui permet d’interpréter subjectivement, de façon individuelle ou collective, les rapports sociaux (et donc politiques) et les pratiques ordinaires : en bref, le collectif. C’est ce qui me reste pour évaluer où j’en suis avec les gens que je côtoie pour organiser|participer à des actions directes de lutte. C’est en fait, la seule chose qui me semble déterminante aujourd’hui dans une perspective révolutionnaire.
      Pour en revenir à notre sujet : je ne peux donc pas tout simplement imaginer des actions concrètes et collectives organisées autour des pratiques que tu évoques parce que je ne suis plus du tout raccordé à cette réalité (au sens matérialiste) et que j’ai du mal à voir concrètement ce qui pourrait s’organiser, en dehors des pratiques individuelles de survie (que j’ai moi-même pratiquées dans un autre temps et auxquelles j’ai assisté pour d’autres personnes).
      Même si ces pratiques existent, nous sommes collectivement vraiment très très loin du niveau d’engagement ou de confrontation requis pour que ça puisse avoir un effet significatif à l’échelle de la société. Il faudrait probablement que quelque chose de qualitatif et quantitatif - appelons-ça conscience - soit profondément modifié à partir des pratiques sociales pour qu’elles puissent engendrer un rapport de force politique.

      Donc la conscience c’est fondamentalement construit sur des pratiques sociales et non l’inverse, là dessus je suis totalement OK !

    • Ceci dit, ton article du Monde confirme qu’il y aura probablement un clash autour de la question de la santé au travail - arbre des arrêts maladie cachant la forêt de la souffrance au travail - qui peut déboucher sur de nouvelles situations et pratiques sociales ...

      J’ai malheureusement les pires inquiétudes sur les capacités actuelles d’auto-organisation combatives dans le monde du travail ; quant aux syndicats... ce n’est même pas la peine d’en parler.

  • Les résidences services seniors : nouvel avatar de la #financiarisation urbaine
    https://metropolitiques.eu/Les-residences-services-seniors-nouvel-avatar-de-la-financiarisation

    Les « résidences services seniors » sont devenues, en une décennie, un produit d’investissement défiscalisé pour les ménages puis un actif financier pour les investisseurs institutionnels. Salomon Mendoza analyse cette nouvelle frontière de la financiarisation du logement. Alors que le modèle des établissements pour #personnes_âgées dépendantes (EHPAD) est en pleine controverse à la suite de la publication du livre Les Fossoyeurs (Castanet 2022), un autre type de logement pour seniors connaît un #Terrains

    / #EHPAD, financiarisation, #vieillissement, personnes âgées, #âge

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_mendoza.pdf

    • [avec] plus de 14,4 millions d’individus en 2020, les personnes âgées de plus de 65 ans représentent 20,5 % de la population française contre 13,8 % en 1990.

      Loin de s’infléchir, cette tendance est appelée à s’accentuer fortement jusqu’en 2040, date à laquelle un habitant sur quatre [25%] aurait plus de 65 ans selon le scénario central des projections de population publiées par l’INSEE en 2016.

  • Les écrans : un désastre comportemental, intellectuel & cognitif.

    Une journée (le 6 février) sans téléphone portable, c’est bien (pour les malades que nous sommes).

    Entre 2 et 8 ans un enfant « moyen » consacre aux écrans récréatifs l’équivalent de 7 années scolaires complètes ou 460 jours de vie éveillée (1,25 année), ou encore l’exacte quantité du temps de travail personnel requis pour devenir un solide violoniste.

    Mais il faudrait aussi (365 jours sur 365) la suppression stricte, intégrale, immédiate et en tout lieux (y compris à l’école) des écrans pour tous les enfants de moins de 6 ans. Et la réduction à 30 mn à 1 h (tous usages cumulés) par jour pour tous les moins de 16 ans.

    Michel Desmurget le démontre dans son bouquin : sans quoi les jeunes générations d’aujourd’hui ne donneront que des crétins.

    Quelques extraits tirés au fil de ma lecture :

    « Selon les termes d’une étude récente, « seulement 3 % du temps consacré par les #enfants et #adolescents aux #médias_digitaux est utilisé à la création de contenus » (tenir un blog, écrire des programmes informatiques, créer des vidéos ou autres contenus « artistiques », etc.).

    .. Plus de 80 % des ados et préados déclarent ne « jamais » ou « quasiment jamais » utiliser leurs #outils_numériques pour faire œuvre créative. »

    « Croire que les #digital_natives sont des ténors du bit, c’est prendre ma charrette à pédale pr une roquette interstellaire ; croire que le simple fait de maîtriser une app informatique permet à l’utilisateur de comprendre quoi que ce soit aux éléments physiques & logiciels engagés »

    De « l’effarante débilité de cette triste fiction » des DigitalNatives… comme « un groupe mutant à la fois dynamique, impatient, zappeur, multitâche, créatif, friand d’expérimentations, doué pour le travail collaboratif, etc. Mais qui dit mutant dit différent…

    .. Dès lors, ce qui transparaît implicitement ici, c’est aussi l’image d’une génération précédente misérablement amorphe, lente, patiente, monotâche, dépourvue de #créativité, inapte à l’expérimentation, réfractaire au #travail_collectif, etc.

    .. Drôle de tableau qui, a minima, dessine deux axes de réflexion. Le premier interroge les efforts déployés pour redéfinir positivement toutes sortes d’attributs psychiques dont on sait depuis longtemps qu’ils sont fortement délétères pour la #performance_intellectuelle : #dispersion, #zapping, #multitasking, impulsivité, impatience, etc. Le second questionne l’ubuesque acharnement mis en œuvre pour caricaturer et ringardiser les #générations_prédigitales. »

    « Les changements anatomiques [chez les gamers] dont se gaussent certains médias pourraient très bien poser, non les jalons d’un avenir intellectuel radieux, mais les bases d’un #désastre_comportemental à venir. »

    « les digital natives ou autres membres de je ne sais quelle confrérie des X, Y, Z, lol, zappiens ou C, n’existent pas. L’enfant mutant du numérique, que son aptitude à taquiner le #smartphone aurait transformé en omnipraticien génial des nouvelles technologies les + complexes que #Google Search aurait rendu infiniment plus curieux, agile et compétent que n’importe lequel de ses enseignants prédigitaux ; qui grâce aux jeux vidéo aurait vu son cerveau prendre force et volume ; qui grâce aux filtres de Snapchat ou Instagram aurait élevé sa créativité jusqu’aux + hauts sommets ; etc. ; cet enfant n’est qu’une légende. Il n’est nulle part dans la littérature scientifique. […] Ce qui est extraordinaire, c’est qu’une telle absurdité perdure contre vents et marées, &, en plus, contribue à orienter nos politiques publiques notamment dans le domaine éducatif. Car au-delà de ses aspects folkloriques, ce mythe n’est évidemment pas dénué d’arrière-pensées. Sur le plan domestique, d’abord, il rassure les parents en leur faisant croire que leurs rejetons sont de véritables génies du numérique et de la pensée complexe, même si, dans les faits, ces derniers ne savent utiliser que quelques (coûteuses) applications triviales.

    .. Sur le plan scolaire, ensuite, il permet, pour le plus grand bonheur d’une industrie florissante, de soutenir la numérisation forcenée du système et ce, malgré des performances pour le moins inquiétantes. »

    « Plus globalement, si un observateur ose s’alarmer du temps passé par les enfants devant les écrans de ttes sortes, la triste légion des tartufes conspue sans délai le fâcheux, arguant qu’il s’agit là d’une position « sexiste », représentant fondamentalement « un nouvel outil de #culpabilisation des mères » […] « pr nos néosuffragettes du droit à l’abrutissement, suggérer que les enfants passent bien trop de temps avec leurs écrans signifie juste, en dernière analyse, que « ns n’aimons pas les innovations qui rendent + faciles la vie des mères ».

    « Quand les adultes ont constamment le nez scotché sur leur mobile, les #interactions_précoces essentielles au #développement_de_l’enfant sont altérées. »

    « Une étude vous déplaît, trouvez-la alarmiste, idiote, dogmatique, moralisatrice, exagérée, excessive, biaisée, absurde, culpabilisante ou sexiste. Affirmez vaguement qu’on pourrait trouver d’autres recherches contradictoires tout aussi convaincantes (évidemment sans les citer).

    .. Criez aux heures noires de la prohibition, évoquez la censure, dénoncez les stratégies de la peur, beuglez votre haine de l’oppression culturelle. En désespoir de cause, caricaturez l’auteur, raillez sa #bêtise, faites-le passer pour un #crétin, un demeuré, un réactionnaire un triste sermonnaire ou un sombre élitiste. Tronquez, trompez, truquez. Mais, surtout, ne regardez jamais les faits, ne considérez jamais le cœur du travail discuté. Ce n’est pas si difficile. Avec un peu d’habitude, vous apprendrez aisément à masquer l’absolue vacuité de vos propos sous l’ombrage d’un humanisme paisible et rassurant. Une fois acquises les bases du job, vous parviendrez en quelques mots, avec la dextérité du virtuose illusionniste, à transformer la plus solide recherche en affligeante pitrerie. »

    L’explication de cette limite apparemment arbitraire des 3 ans ? « Cet âge semble constituer le seuil optimal à partir duquel inscrire efficacement dans les neurones des gosses la trace de la grenouille Budweiser, de la virgule Nike, de l’estampille Coca-Cola, du clown McDonald ou du mâle viril forcément fumeur. Selon une enquête du gpe Lagardère Publicité, dès 4 ans, + de 75 % des demandes d’achat émises par les enfants sont consécutives à une exposition publicitaire, pour un taux d’acceptation parental supérieur à 85 %. »

    « En disant, pas de télé avant 3 ans, on affiche sa bonne foi, sa probité et son indépendance. [et] en proscrivant la télé avant 3 ans, ce que l’on exprime vraiment, in fine, c’est l’idée selon laquelle l’exposition devient possible au-delà de cet âge »…

    « Avant 3 ans, petit humain n’est guère intéressant. Ce n’est qu’autour de cet âge qu’il devient une cible publicitaire pertinente et, de ce fait, une potentielle source de revenus pour les opérateurs. Peu importe alors que la télé ampute son développement. »

    « L’#industrie_audiovisuelle ne fut pas longue à réaliser le profit qu’elle pourrait tirer de cette césure. Elle accepta sans états d’âme d’abandonner le secondaire pr préserver l’essentiel. À travers ses relais experts & médiatiques elle opéra alors selon 2 axes complémentaires 1) en soutenant diligemment la condamnation des usages précoces (ce qui ne lui coûtait rien). 2) en se lançant dans une subtile (et efficace) campagne d’attiédissement des restrictions tardives. Ainsi, on ne parla plus d’une à 2 h par jour max, mais d’usages « excessifs ». »

    « La dernière étude en date montre, sans la moindre ambiguïté, que l’usage d’une #tablette « interactive » non seulement ne développe pas, mais altère lourdement le développement de la motricité manuelle fine chez des enfants d’âge préscolaire. »

    « Les recherches montrent que la tablette est, la plupart du temps, pour le jeune enfant, un écran « passif » servant à consommer des contenus audiovisuels dont on nous dit précisément qu’ils sont déconseillés (dessins animés, films, clips, etc.). »

    « Au-delà des variations de protocoles, de populations, d’approches et de méthodologies, le résultat n’a jamais varié : les contenus violents favorisent à court et long terme l’émergence de comportements agressifs chez l’enfant et l’adulte. »

    « Le lien empirique [entre contenus violents et agression] n’est donc plus à démontrer aujourd’hui, quoi qu’en disent les gamers et quelques démago-geeks qui caressent l’industrie du jeu violent dans le sens du poil. »

    « Les médias présentent souvent “les deux côtés” du débat associant violence médiatique et agression en appariant un chercheur avec un expert ou un porte-parole de l’industrie ou même un contradicteur universitaire, ce qui crée une fausse équivalence et la perception erronée que les travaux de recherches et le consensus scientifique font défaut. » Pourtant : « ds le NYT, le secr. géné. de l’Association de #psychologie déclarait que « les preuves sont écrasantes. Les contester revient à contester l’existence de la gravité ».

    Ce qui n’empêche pas « les bons petits soldats du numérique [de continuer], sous couvert d’expertise, à emplir l’espace collectif de leur affligeante #propagande. »

    « Les études qui ont mesuré l’exposition durant la petite enfance (avec ou sans analyse de contenus) ont démontré de manière constante que regarder la télévision est associé à des conséquences développementales négatives. Cela est observé pour l’attention, les performances éducatives, les fonctions exécutives et les productions langagières ». Autrement dit, pour les jeunes enfants, l’impact de la télévision n’est nullement complexe. Il est immuablement néfaste. Point. »

    « Prenez le lien entre #consommation_audiovisuelle précoce et déficits cognitifs tardifs. Même avec la meilleure volonté du monde, il semble diantrement difficile de rejeter l’hypothèse de causalité sachant, par exemple, que : (1) la présence d’une télé dans une maison effondre la fréquence, la durée et la qualité des interactions intrafamiliales ; (2) ces interactions sont fondamentales pour le #développement_cognitif du jeune enfant ; (3) certains outils statistiques reposant sur des protocoles dits « longitudinaux » ont permis d’établir la nature causale du lien observé, chez le jeune enfant, entre l’accroissement du temps d’écrans et l’émergence de retards développementaux. »

    « Il est aujourd’hui solidement établi que les écrans ont, sur la durée et la qualité de nos nuits, un impact profondément délétère. Certaines influences se révèlent relativement directes ; par ex, quand le sommeil est altéré, la mémorisation, les facultés d’apprentissage et le fonctionnement intellectuel diurne sont perturbés, ce qui érode mécaniquement la #performance_scolaire. Certaines influences s’avèrent plus indirectes ; par ex, quand le sommeil est altéré, le système immunitaire est affaibli, l’enfant risque davantage d’être malade et donc absent, ce qui contribue à augmenter les difficultés scolaires. Certaines influences émergent avec retard ; par ex, quand le sommeil est altéré, la maturation cérébrale est affectée, ce qui, à long terme, restreint le potentiel individuel (en particulier cognitif) et donc mécaniquement, le rendement scolaire. […] La plupart des influences sont multiples et il est évident que l’impact négatif des #écrans récréatifs sur la #réussite_scolaire ne repose pas exclusivement sur la détérioration du #sommeil. Ce dernier levier opère ses méfaits en synergie avec d’autres agents dont – nous y reviendrons largement – la baisse du temps consacré aux devoirs ou l’effondrement des #capacités_langagières et attentionnelles. Dans le même temps, cependant, il est clair aussi que l’influence négative des écrans récréatifs sur le sommeil agit bien au-delà du seul champ scolaire. Dormir convenablement se révèle essentiel pour abaisser le risque d’accident, réguler l’humeur et les émotions, sauvegarder la #santé, protéger le cerveau d’un #vieillissement_prématuré, etc. »

    « Ce qui ne s’est pas mis en place durant les âges précoces du développement en termes de langage, de #coordination_motrice, de prérequis mathématiques, d’#habitus_sociaux, de #gestion_émotionnelle, etc., s’avère de + en + coûteux à acquérir au fur et à mesure que le temps passe. »

    Les moins de 2 ans : « Les enfants de moins de deux ans consacrent, en moyenne, chaque jour, une cinquantaine de minutes aux écrans. […] La valeur paraît sans doute raisonnable de prime abord… elle ne l’est pas. Elle représente presque 10 % de la durée de veille de l’#enfant ; et 15 % de son temps « libre », c’est-à-dire du temps disponible une fois que l’on a retiré les activités « contraintes » telles que manger (sept fois par jour en moyenne avant 2 ans), s’habiller, se laver ou changer de couche. […] Cumulées sur 24 mois, ces minutes représentent plus de 600 heures. Cela équivaut à peu près aux trois quarts d’une année de maternelle ; ou, en matière de #langage, à 200 000 énoncés perdus, soit à peu près 850 000 mots non entendus. […] Pour le seul sous-groupe des usagers quotidiens, la moyenne de consommation s’établit à presque 90 mn. Autrement dit, plus d’1/3 des enfants de moins d’1 an ingurgitent 1 h 30 d’écrans par jour — […] principalement dans les milieux socioculturels les moins favorisés. […]

    .. En fonction des groupes étudiés, entre 1 h 30 et 3 h 30 d’usage journalier. Principale raison avancée par les #parents pour expliquer cette incroyable orgie : faire tenir les gamins tranquilles dans les lieux publics (65 %), pendant les courses (70 %) et/ou lors des tâches ménagères (58 %). Chaque jour, près de 90 % des enfants défavorisés regardent la #télévision ; 65 % utilisent des outils mobiles ; 15 % sont exposés à des consoles de jeux vidéo. En 4 ans, la proportion de bambins de - de 12 mois utilisant des écrans mobiles est passée de 40 à 92 %. »

    « La consommation numérique [Du 2-8 ans] : entre 2 et 4 ans, 2 h 45 par jour. […] Sur la dernière décennie, elles ont augmenté de plus de 30 %. Elles représentent quasiment 1/4 du temps normal de veille de l’enfant. Sur une année, leur poids cumulé dépasse allègrement 1 000 h. Cela veut dire qu’entre 2 et 8 ans un enfant « moyen » consacre aux écrans récréatifs l’équivalent de 7 années scolaires complètes ou 460 jours de vie éveillée (1,25 année), ou encore l’exacte quantité du temps de travail personnel requis pour devenir un solide violoniste. »

    « Durant la préadolescence [entre 8 et 12 ans], les enfants voient leur besoin de sommeil diminuer sensiblement. Chaque jour, ils gagnent naturellement entre 1 h 30 et 1 h 45 d’éveil. Cette « conquête », dans sa quasi-totalité, ils l’offrent à leurs babioles numériques.

    .. Ainsi, entre 8 et 12 ans, le temps d’écrans journalier grimpe à presque 4 h 40, contre 3 heures précédemment. […] Cumulé sur 1 an, cela fait 1 700 h, l’équivalent de deux années scolaires ou, si vous préférez, d’un an d’emploi salarié à plein-temps. »

    « Les préados issus de milieux défavorisés consacrent chaque jour presque 2 h de + aux écrans que leurs homologues + privilégiés. Pr sa + gde partie, cet écart provient d’un usage accru d’une part des contenus audiovisuels (+ 1h15) et d’autre part des réseaux sociaux (+ 30 mn). »

    « « Il existe une corrélation négative entre le bien-être socio-émotionnel et le temps consacré aux écrans ». Autrement dit, les préados & ados qui passent le moins de temps dans le monde merveilleux du cyber-divertissement sont aussi ceux qui se portent le mieux ! »

    .. Conclusion : nos gamins peuvent très bien se passer d’écrans ; cette abstinence ne compromet ni leur équilibre émotionnel ni leur intégration sociale. Bien au contraire ! »

    Les ados [13-18 ans] : « La consommation quotidienne de numérique atteint alors 6 h 40. […] Il équivaut à un quart de journée et 40 % du temps normal de veille. Cumulé sur un an, cela représente plus de 2 400 heures, 100 jours, 2,5 années scolaires ou encore la totalité du temps consacré de la sixième à la terminale, pour un élève de filière scientifique, à l’enseignement du français, des mathématiques et des Sciences de la Vie et de la Terre (SVT).

    .. Autrement dit, sur une simple année, les écrans absorbent autant de tps qu’il y a d’heures cumulées d’enseignement du français, des maths et des SVT durant tt le secondaire. Mais cela n’empêche pas les sempiternelles ruminations sur l’emploi du tps trop chargé des écoliers. »

    « Si vs voulez exalter l’exposition de votre progéniture au numérique, assurez-vs que le petit possède en propre smartphone/tablette et équipez sa chambre en tv/console. Cette attention pourrira son sommeil, sa santé et ses résultats scolaires, mais au moins vous aurez la paix. »

    « Pr être pleinement efficace à long terme, le cadre restrictif ne doit pas être perçu comme une punition arbitraire, mais comme une exigence positive. Il est important que l’enfant adhère à la démarche et en intériorise les bénéfices. Quand il demande pourquoi il n’a « pas le droit » alors que ses copains font « ce qu’ils veulent », il faut lui expliquer que les parents de ses copains n’ont peut-être pas suffisamment étudié la question ; lui dire que les écrans ont sur son cerveau, son intelligence, sa concentration, ses résultats scolaires sa santé, etc., des influences lourdement négatives ; et il faut lui préciser pourquoi : moins de sommeil ; moins de temps passé à des activités plus nourrissantes, dont lire, jouer d’un instrument de musique, faire du sport ou parler avec les autres ; moins de temps passé à faire ses devoirs ; etc. Mais tout cela, évidemment, n’est crédible que si l’on n’est pas soi-même constamment le nez sur un écran récréatif.

    .. Au pire, il faut alors essayer d’expliquer à l’enfant que ce qui est mauvais pour lui ne l’est pas forcément pour un adulte, parce que le cerveau de ce dernier est « achevé » alors que celui de l’enfant est encore « en train de se construire ». »

    « ÉTABLIR DES RÈGLES, ÇA MARCHE ! […] Et que se passe-t-il si l’on retire la télé ? Eh bien, même s’il déteste ça, l’enfant va se mettre à lire. Trop beau pour être vrai ? Même pas ! Plusieurs études récentes ont en effet montré que notre brave cerveau supportait très mal le désœuvrement. Il a ainsi été observé, par exemple, que 20 minutes passées à ne rien faire entraînaient un niveau de fatigue mental plus important que 20 minutes passées à réaliser une tâche complexe de manipulation des nombres. Dès lors, plutôt que de s’ennuyer, la majorité des gens préfère sauter sur la première occupation venue même si celle-ci s’avère a priori rébarbative ou, pire, consiste à s’infliger une série de chocs électriques douloureux. Cette puissance prescriptive du vide, la journaliste américaine Susan Maushart l’a observée de première main, le jour où elle a décidé de déconnecter ses trois zombies adolescents169. Privés de leurs gadgets électroniques, nos heureux élus commencèrent par se cabrer avant progressivement, de s’adapter et de se (re)mettre à lire, à jouer du saxo, à sortir le chien sur la plage, à faire la cuisine, à manger en famille, à parler avec maman, à dormir davantage, etc. ; bref, avant de se (re)mettre à vivre. »
    « Si les neurones se voient proposer une « nourriture » inadéquate en qualité et/ou quantité, ils ne peuvent « apprendre » de manière optimale ; et plus la carence s’étire dans le temps, plus elle devient difficile à combler. »

    « Les expériences précoces sont d’une importance primordiale. Cela ne veut pas dire que tt se joue avant 6 ans, comme le claironne abusivement le titre français d’un best-seller américain des années 1970. Mais cela signifie certainement que ce qui se joue entre 0 et 6 ans influence profondément la vie future de l’enfant. Au fond, dire cela, c’est affirmer un truisme. C’est stipuler que l’apprentissage ne sort pas du néant. Il procède de manière graduelle par transformation, combinaison et enrichissement des compétences déjà acquises. Dès lors, fragiliser l’établissement des armatures précoces, notamment durant les « périodes sensibles », c’est compromettre l’ensemble des déploiements tardifs. »

    PAS D’ÉCRAN AVANT (AU MOINS) 6 ANS ! « En 6 ans, au-delà d’un monceau de conventions sociales et abstraction faite des activités « facultatives » comme la danse, le tennis ou le violon, le petit humain apprend à s’asseoir à se tenir debout, à marcher, à courir, à maîtriser ses excrétions, à manger seul, à contrôler et coordonner ses mains (pour dessiner, faire ses lacets ou manipuler les objets), à parler, à penser, à maîtriser les bases de la numération et du code écrit, à discipliner ses déchaînements d’émotions & pulsions, etc. Ds ce contexte, chaque minute compte. […] Cela signifie “juste” qu’il faut le placer ds un environnement incitatif, où la “nourriture” nécessaire est généreusement accessible. Or, les écrans ne font pas partie de cet environnement. […] Plusieurs études, sur lesquelles nous reviendrons également, ont ainsi montré qu’il suffisait, chez le jeune enfant, d’une exposition quotidienne moyenne de 10 à 30 minutes pour provoquer des atteintes significatives dans les domaines sanitaire et intellectuel. […] Ce dont a besoin notre descendance pr bien grandir, ce n’est donc ni d’Apple, ni de Teletubbies ; c d’humain. Elle a besoin de mots, de sourires, de câlins. Elle a besoin d’expérimenter, de mobiliser son corps, de courir, de sauter, de toucher, de manipuler des formes riches. Elle a besoin de dormir, de rêver, de s’ennuyer, de jouer à « faire semblant ». Elle a besoin de regarder le monde qui l’entoure, d’interagir avec d’autres enfants. Elle a besoin d’apprendre à lire, à écrire, à compter, à penser. Au coeur de ce bouillonnement, les écrans sont un courant glaciaire. Non seulement ils volent au développement un temps précieux & posent les fondations des hyperusages ultérieurs, mais en + ils déstructurent nombre d’apprentissages fondamentaux liés, par ex., à l’attention. »

    « En compilant les résultats obtenus, on observe que nombre de problèmes émergent dès la première heure quotidienne. En d’autres termes, pour tous les âges postérieurs à la prime enfance, les écrans récréatifs (de toutes natures : télé, jeux vidéo, tablettes, etc.) ont des impacts nuisibles mesurables dès 60 minutes d’usage journalier. Sont concernés, par exemple, les relations intrafamiliales, la réussite scolaire, la concentration, l’obésité, le sommeil, le développement du système cardio-vasculaire ou l’espérance de vie. […] Au-delà de la prime enfance, toute consommation d’écrans récréatifs supérieure à une heure quotidienne entraîne des préjudices quantitativement détectables et peut donc être considérée comme excessive. »

    De l’importance primordiale, autrement dit, de « maintenir en deçà de 30 (borne prudente) à 60 (borne tolérante) minutes l’exposition quotidienne aux écrans récréatifs des individus de 6 ans et plus.

    .. Précisons […] : un enfant qui ne consommerait aucun écran récréatif les jours d’école et regarderait un dessin animé ou jouerait aux jeux vidéo pendant 90 minutes les mercredis et samedis resterait largement dans les clous… »

    « Les écrans sapent l’intelligence, perturbent le développement du cerveau, abîment la santé, favorisent l’obésité, désagrègent le sommeil, etc. […] À partir de la littérature scientifique disponible, on peut formuler deux recommandations formelles :

    .. (1) pas d’écrans récréatifs avant 6 ans (voire 7 ans si l’on inclut l’année charnière de cours préparatoire) ; (2) au-delà de 6 ans, pas plus de 60 minutes quotidiennes, tous usages cumulés (voire 30 minutes si l’on privilégie une lecture prudente des données disponibles). »

    « Des heures passées principalement à consommer des flux audiovisuels (films, #séries, clips, etc.), à jouer aux jeux vidéo et, pour les plus grands, à palabrer sur les réseaux sociaux à coups de lol, like, tweet, yolo, post et selfies. Des heures arides, dépourvues de fertilité développementale. Des heures anéanties qui ne se rattraperont plus une fois refermées les grandes périodes de plasticité cérébrale propres à l’enfance et à l’adolescence. »

    « La #littérature_scientifique démontre de façon claire et convergente un effet délétère significatif des écrans domestiques sur la réussite scolaire : indépendamment du sexe, de l’âge, du milieu d’origine et/ou des protocoles d’analyses, la durée de consommation se révèle associée de manière négative à la #performance_académique. »

    « Le smartphone (littéralement « téléphone intelligent ») nous suit partout, sans faiblesse ni répit. Il est le graal des suceurs de cerveaux, l’ultime cheval de Troie de notre décérébration. Plus ses applications deviennent « intelligentes », plus elles se substituent à notre réflexion et plus elles nous permettent de devenir idiots. Déjà elles choisissent nos restaurants, trient les informations qui nous sont accessibles, sélectionnent les publicités qui nous sont envoyées, déterminent les routes qu’il nous faut emprunter, proposent des réponses automatiques à certaines de nos interrogations verbales et aux courriels qui nous sont envoyés, domestiquent nos enfants dès le plus jeune âge, etc. Encore un effort et elles finiront par vraiment penser à notre place. »

    « L’impact négatif de l’usage du smartphone s’exprime avec clarté sur la réussite scolaire : plus la consommation augmente, plus les résultats chutent. »

    Y compris en « filières d’excellence. Les études de médecine en offrent une bonne illustration. En France, le concours d’entrée admet, en moyenne, 18 candidats sur 100. À ce niveau d’exigence le smartphone devient rapidement un #handicap insurmontable. Prenez, par exemple, un étudiant non équipé qui se classerait 240e sur 2 000 et réussirait son concours. 2 h quotidiennes de smartphone le conduiraient à une 400e place éliminatoire. »

    Même chose s’agissant des réseaux sociaux : « Là encore, les résultats sont aussi cohérents qu’opiniâtrement négatifs. Plus les élèves (#adolescents et #étudiants principalement) consacrent de temps à ces outils, plus les performances scolaires s’étiolent. »

    Et les usages numériques à l’école : « En pratique, évidemment, personne ne conteste le fait que certains outils numériques peuvent faciliter le travail de l’élève. Ceux qui ont connu les temps anciens de la recherche scientifique, savent mieux que quiconque l’apport “technique” de la récente révolution digitale. Mais, justement, par définition, les outils et logiciels qui nous rendent la vie plus facile retirent de facto au cerveau une partie de ses substrats nourriciers. Plus nous abandonnons à la machine une part importante de nos activités cognitives et moins nos neurones trouvent matière à se structurer, s’organiser et se câbler. Dans ce contexte, il devient essentiel de séparer l’expert et l’apprenant au sens où ce qui est utile au premier peut s’avérer nocif pour le second. »

    « « Malgré des investissements considérables en ordinateurs, connexions internet et logiciels éducatifs, il y a peu de preuves solides montrant qu’un usage accru des ordinateurs par les élèves conduit à de meilleurs scores en #mathématiques et #lecture. » En parcourant le texte, on apprend que, après prise en compte des disparités économiques entre États & du niveau de performance initiale des élèves, “les pays qui ont moins investi dans l’introduction des ordinateurs à l’école ont progressé + vite, en moyenne, que les pays ayant investi davantage”. »

    Des chercheurs « se sont demandés si l’usage de logiciels éducatifs à l’école primaire (lecture, mathématiques) avait un effet sur la performance des élèves. Résultat : bien que tous les enseignants aient été formés à l’utilisation de ces logiciels, de manière satisfaisante selon leurs propres dires, aucune influence positive sur les élèves ne put être détectée. »

    « #Bill_Joy, cofondateur de #Sun_Microsystem et programmeur de génie, concluant comme suit une discussion sur les vertus pédagogiques du numérique : « Tout cela […] ressemble à une gigantesque perte de temps…

    .. Si j’étais en compétition avec les États-Unis, j’adorerais que les étudiants avec lesquels je suis en compétition passent leur temps avec ce genre de merde. »

    « L’introduction du #numérique dans les classes est avant tout une source de distraction pour les élèves. »

    « Dans une recherche réalisée à l’université du Vermont (États-Unis), pour un cours de 1 h 15, le temps volé par les activités distractives atteignait 42 %. »

    « Les résultats se révélèrent sans appel : tout dérivatif numérique (SMS, #réseaux_sociaux, #courriels, etc.) se traduit par une baisse significative du niveau de compréhension et de mémorisation des éléments présentés. »

    « De manière intéressante, une étude comparable avait précédemment montré que l’usage de l’ordinateur se révélait délétère même lorsqu’il servait à accéder à des contenus académiques liés à la leçon en cours. »

    « Bien sûr, ce qui est vrai pour l’#ordinateur l’est aussi pour le smartphone. Ainsi, dans un autre travail représentatif de la littérature existante, les auteurs ont établi que les étudiants qui échangeaient des SMS pendant un cours comprenaient et retenaient moins bien le contenu de ce dernier. Soumis à un test final, ils affichaient 60 % de bonnes réponses, contre 80 % pour les sujets d’un groupe contrôle non distrait. Une étude antérieure avait d’ailleurs indiqué qu’il n’était même pas nécessaire de répondre aux messages reçus pour être perturbé. Il suffit, pour altérer la prise d’information, qu’un #téléphone sonne dans la salle (ou vibre dans notre poche). »

    "Pourquoi une telle frénésie ? Pourquoi une telle ardeur à vouloir digitaliser le système scolaire, depuis la maternelle jusqu’à l’université, alors que les résultats s’affirment aussi peu convaincants ? [… Parce que] « si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement ». C’est exactement ce qui se passe avec l’actuelle numérisation du système scolaire. En effet, alors que les premieres études n’avaient globalement montré aucune influence probante de cette dernière sur la réussite des élèves, les données les plus récentes, issues notamment du #programme_PISA, révèlent un fort impact négatif. Curieusement, rien n’est fait pour stopper ou ralentir le processus, bien au contraire. Il n’existe qu’une explication rationnelle à cette absurdité. Elle est d’ordre économique : en substituant, de manière plus ou moins partielle, le numérique à l’humain il est possible, à terme, d’envisager une belle réduction des coûts d’enseignement. […] "« Le monde ne possède qu’une fraction des enseignants dont il a besoin ». Car le cœur du problème est bien là. Avec la massification de l’enseignement, trouver des professeurs qualifiés se révèle de plus en plus compliqué, surtout si l’on considère les questions de rémunération. Pour résoudre l’équation, difficile d’envisager meilleure solution que la fameuse « révolution numérique ». […] Le « professeur » devient alors une sorte de passe-plat anthropomorphe dont l’activité se résume, pour l’essentiel, à indiquer aux élèves leur programme numérique quotidien tout en s’assurant que nos braves digital natives restent à peu près tranquilles sur leurs sièges. Il est évidemment facile de continuer à nommer « enseignants » de simples « gardes-chiourmes 2.0 », sous-qualifiés et sous-payés ; et ce faisant, d’abaisser les coûts de fonctionnement sans risquer une révolution parentale. […] [en Floride], les autorités administratives se sont révélées incapables de recruter suffisamment d’enseignants pour répondre à une contrainte législative limitant le nombre d’élèves par classe (vingt-cinq au #lycée). Elles ont donc décidé de créer des classes digitales, sans professeurs. Ds ce cadre, les élèves apprennent seuls, face à un ordinateur, avec pour unique support humain un « facilitateur » dont le rôle se limite à régler les petits problèmes techniques et à s’assurer que les élèves travaillent effectivement. Une approche « criminelle » selon un enseignant, mais une approche « nécessaire » aux dires des autorités scolaires. […] 95 % du budget de l’Éducation nationale passe en salaires ! »

    Conclusion :

    1) « Plus les élèves regardent la télévision, plus ils jouent aux jeux vidéo, plus ils utilisent leur smartphone, plus ils sont actifs sur les réseaux sociaux & plus leurs notes s’effondrent. Même l’ordinateur domestique, dont on nous vante sans fin la puissance éducative, n’exerce aucune action positive sur la performance scolaire.

    2) Plus les États investissent dans les « technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement » (les fameuses TICE), plus la performance des élèves chute. En parallèle, plus les élèves passent de temps avec ces technologies et plus leurs notes baissent.

    3) le numérique est avant tout un moyen de résorber l’ampleur des dépenses éducatives. […]

    4) Pour faire passer la pilule et éviter les fureurs parentales, il faut habiller l’affaire d’un élégant verbiage pédagogiste. Il faut transformer le cautère digital en une « révolution éducative », un « tsunami didactique » réalisé, évidemment, aux seuls profits des élèves. Il faut camoufler la paupérisation intellectuelle du corps enseignant et encenser la mutation des vieux dinosaures prédigitaux en pétillants (au choix !) guides, médiateurs, facilitateurs, metteurs en scène ou passeurs de savoir. Il faut masquer l’impact catastrophique de cette « révolution » sur la perpétuation et le creusement des inégalités sociales. Enfin, il faut éluder la réalité des usages essentiellement distractifs que les élèves font de ces outils. »

    « Si l’usage des écrans affecte aussi lourdement la réussite scolaire, c évidemment parce que leur action s’étend bien au-delà de la simple sphère académique. Les notes sont alors le symptôme d’une meurtrissure + large, aveuglément infligée aux piliers cardinaux de notre dévéloppement. Ce qui est ici frappé, c’est l’essence même de l’édifice humain en développement : langage + #concentration + #mémoire + QI + #sociabilité + #contrôle_des_émotions. Une agression silencieuse menée sans états d’âme ni tempérance, pr le profit de qqs-uns au détriment de presque tous. »

    « Le #cerveau_humain s’avère, quel que soit son âge, bien moins sensible à une représentation vidéo qu’à une présence humaine effective. C’est pr cette raison, notamment, que la puissance pédagogique d’un être de chair et d’os surpasse aussi irrévocablement celle de la machine. »

    « Pr favoriser le développement d’un enfant, mieux vaut accorder du tps aux interactions humaines : [...] l’une des méthodes les + efficaces pr améliorer le dév. de l’enfant passe par les interactions de haute qualité entre l’adulte et l’enfant, sans la distraction des écrans. »

    « Le temps total d’interaction volé par 60 mn quotidiennes de télé sur les 12 premières années de vie d’un enfant s’élève à 2 500 heures. Cela représente 156 journées de veille, presque 3 années scolaires et 18 mois d’emploi salarié à temps complet...

    .. Pas vraiment une paille, surtout si l’on rapporte ces données à des consommations non plus de une, mais de 2 ou 3 heures quotidiennes. Et, à ce désastre, il faut encore ajouter l’altération relationnelle engendrée par les expositions d’arrière-plan. »

    « La consommation d’écrans interfère fortement avec le développement du langage. Par ex., chez des enfants de 18 mois, il a été montré que chaque 1/2 h quotidienne supplémentaire passée avec un appareil mobile multipliait par 2,5 la probabilité d’observer des retards de langage. De la même manière, chez des enfants de 24 à 30 mois, il a été rapporté que le risque de #déficit_langagier augmentait proportionnellement à la durée d’exposition télévisuelle. Ainsi, par rapport aux petits consommateurs (moins de 1 heure par jour), les usagers modérés (1 à 2 heures par jour), moyens (2 à 3 heures par jour) et importants (plus de 3 heures par jour) multipliaient leur probabilité de retard dans l’acquisition du langage respectivement par 1,45, 2,75 et 3,05. [...] Le risque de déficit était quadruplé, chez des enfants de 15 à 48 mois, qd la consommation dépassait 2 h quotidiennes. Ce quadruplement se transformait même en sextuplement lorsque ces enfants avaient été initiés aux joies du petit écran avant 12 mois (sans considération de durée). »

    Plus augmente la consommation d’écrans et plus l’#intelligence_langagière diminue. « Notons que le lien alors identifié était comparable, par son ampleur, à l’association observée entre niveau d’intoxication au plomb (un puissant perturbateur endocrinien) et QI verbal [...] si vous détestez [le] marmot de vos horribles voisins & que vous rêvez de lui pourrir la vie [...], inutile de mettre du plomb ds sa gourde. Offrez-lui plutôt une télé/tablette/console de jeux. L’impact cognitif sera tout aussi dévastateur pr un risque judiciaire nul. »

    « Le jour où l’on substituera le numérique à l’humain, ce n’est plus 30 mois (comme actuellement) mais 10 ans qu’il faudra à nos enfants pour atteindre un volume lexical de 750 à 1 000 mots. »

    « Au-delà d’un socle fondamental, oralement construit au cours des premiers âges de la vie, c’est dans les livres et seulement dans les livres que l’enfant va pouvoir enrichir et développer pleinement son langage. »

    .. [...] « Chaque heure quotidienne de jeux vidéo entraînait un affaissement de 30 % du temps passé à lire seul. Des éléments qui expliquent, au moins pour partie, l’impact négatif des écrans récréatifs sur l’acquisition du code écrit ; impact qui compromet lui-même, en retour le déploiement du langage. Tout est alors en place pr que se développe une boucle pernicieuse auto-entretenue : comme il est moins confronté à l’écrit, l’enfant a + de mal à apprendre à lire ; comme il a + de mal à lire, il a tendance à éviter l’écrit et donc à lire moins ; comme il lit moins, ses compétences langagières ne se développent pas au niveau escompté et il a de plus en plus de mal à affronter les attendus de son âge. Remarquable illustration du célèbre "#effet_Matthieu". »

    Attention – « Chaque heure quotidienne passée devant le petit écran lorsque l’enfant était à l’école primaire augmente de presque 50 % la probabilité d’apparition de troubles majeurs de l’attention au collège. Un résultat identique fut rapporté dans un travail subséquent montrant que le fait de passer quotidiennement entre 1 et 3 heures devant la télévision à 14 ans multipliait par 1,4 le risque d’observer des difficultés attentionnelles à 16 ans. Au-delà de 3 heures, on atteignait un quasi-triplement. Des chiffres inquiétants au regard d’un résultat complémentaire montrant que l’existence de troubles de l’attention à 16 ans quadruplait presque le risque d’échec scolaire à 22 ans. »

    Un travail « du service marketing de #Microsoft, curieusement rendu public, [explique] que les capacités d’attention de notre belle humanité n’ont cessé de se dégrader depuis 15 ans [pour atteindre] aujourd’hui un plus bas historique : inférieures à celles du… poisson rouge. Cette altération serait directement liée au développement des technologies numériques. Ainsi, selon les termes du document, "les modes de vie digitaux affectent la capacité à rester concentré sur des périodes de temps prolongées". »

    « Sean Parker, ancien président de Facebook, admettait d’ailleurs que les réseaux sociaux avaient été pensés, en toute lucidité, pour "exploiter une vulnérabilité de la psychologie humaine". Pour notre homme, "le truc qui motive les gens qui ont créé ces réseaux c’est : “Comment consommer le maximum de votre temps et de vos capacités d’attention” ?" Ds ce contexte, pour vous garder captif, "il faut vous libérer un peu de dopamine, de façon suffisamment régulière. D’où le like ou le commentaire que vous recevez sur une photo, une publication. Cela va vous pousser à contribuer de plus en plus et donc à recevoir de plus en plus de commentaires et de likes, etc. C’est une forme de boucle sans fin de jugement par le nombre". Un discours que l’on retrouve quasiment mot pour mot chez Chamath Palihapitiya, ancien vice-président de Facebook (questions de croissance & d’audience). La conclusion de ce cadre repenti (qui déclare se sentir "immensément coupable") est sans appel : "Je peux contrôler ce que font mes enfants, et ils ne sont pas autorisés à utiliser cette merde !" »

    Conclusion – « Les écrans sapent les trois piliers les plus essentiels du développement de l’enfant.
    – 1) les interactions humaines. [...] Pour le développement, l’écran est une fournaise quand l’humain est une forge.

    – 2) le langage. [...] en altérant le volume et la qualité des échanges verbaux précoces. Ensuite, en entravant l’entrée dans le monde de l’écrit.

    – 3) la concentration. [...] Ds qqs dizaines ou centaines de milliers d’années, les choses auront peut-être changé, si notre brillante espèce n’a pas, d’ici là, disparu de la planète. En attendant, c’est à un véritable #saccage_intellectuel que nous sommes en train d’assister. »
    « La liste des champs touchés paraît sans fin : #obésité, #comportement_alimentaire (#anorexie/#boulimie), #tabagisme, #alcoolisme, #toxicomanie, #violence, #sexualité non protégée, dépression, sédentarité, etc. [...] : les écrans sont parmi les pires faiseurs de maladies de notre temps »

    Manque de sommeil : « c’est l’intégrité de l’individu tout entier qui se trouve ébranlée dans ses dimensions cognitives, émotionnelles et sanitaires les plus cardinales. Au fond, le message porté par l’énorme champ de recherches disponible sur le sujet peut se résumer de manière assez simple : un humain (enfant, adolescent ou adulte) qui ne dort pas bien et/ou pas assez ne peut fonctionner correctement. »
    « Le sommeil est la clé de voûte de notre intégrité émotionnelle, sanitaire et cognitive. C’est particulièrement vrai chez l’enfant et l’adolescent, lorsque le corps et le cerveau se développent activement. »

    Il est possible d’améliorer (ou de dégrader) « très significativement [le fonctionnement de l’individu] en allongeant (ou en raccourcissant) de 30 à 60 mn les nuits de notre progéniture. »

    « L’organisme peut se passer d’#Instagram, #Facebook, #Netflix ou GTA ; il ne peut pas se priver d’un sommeil optimal, ou tt du moins pas sans csquences majeures. Perturber une fonction aussi vitale pr satisfaire des distractions à ce point subalternes relève de la folie furieuse. »

    « Aux États-Unis, l’#espérance_de_vie augmenterait de presque un an et demi si la consommation télévisuelle moyenne passait sous la barre des 2 h quotidiennes. Un résultat comparable fut rapporté par une équipe australienne, mais à rebours. Les auteurs montrèrent en effet que la sédentarité télévisuelle amputait de quasiment deux ans l’espérance de vie des habitants de ce pays. Formulé différemment, cela veut dire "[qu’]en moyenne, chaque heure passée à regarder la télévision après 25 ans réduit l’espérance de vie du spectateur de 21,8 mn". En d’autres termes, publicité comprise, chaque épisode de Mad Men, Dr House ou Game of Thrones enlève presque 22 minutes à votre existence. »

    Conclusion | « La consommation d’#écran_récréatif a un impact très négatif sur la santé de nos enfants et adolescents. Trois leviers se révèlent alors particulièrement délétères.
    – 1) les écrans affectent lourdement le sommeil – pilier essentiel, pour ne pas dire vital, du développement.

    – 2) Les écrans augmentent fortement le degré de sédentarité tt en diminuant significativement le niveau d’#activité_physique. Or, pr évoluer de manière optimale et pour rester en bonne santé, l’organisme a besoin d’être abondamment & activement sollicité. Rester assis nous tue !

    – 3) Les contenus dits « à risque » (sexuels, tabagiques, alcooliques, alimentaires, violents, etc.) saturent l’espace numérique. Aucun support n’est épargné. Or, pour l’enfant et l’adolescent, ces contenus sont d’importants prescripteurs de normes (souvent inconsciemment). »

    « Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, une telle expérience de décérébration n’avait été conduite à aussi grande échelle. 
    7 règles essentielles :

    1) AVANT 6 ANS, pas d’écrans (du tout)
    2) APRÈS 6 ANS, pas + de 30 mn à 1 h par jour (tout compris)
    3) pas dans la chambre
    4) pas de contenus inadaptés
    5) pas le matin avant l’école
    6) pas le soir avant de dormir
    7) une chose à la fois.

    #éducation_nationale

  • Vers un monde dépeuplé
    https://www.courrierinternational.com/article/demographie-vers-un-monde-depeuple

    En 2050, 151 des 195 pays du globe seront en situation de décroissance démographique. Le vieillissement des populations déjà notable en Asie et en Occident entraine pénurie de main-d’œuvre et ralentissement économique. Quel moteur de croissance pour remplacer la démographie ?

    Tokyo – Depuis deux cents ans, une croissance démographique soutenue consume les ressources naturelles, dévaste l’environnement, engendre des guerres. Or l’humanité est sur le point de troquer une bombe démographique contre une autre. Décideurs politiques et scientifiques ouvrent les yeux sur une réalité nouvelle : le monde est au bord du déclin, voire de l’extinction.

    Un pic de population en 2064

    Aujourd’hui, la population mondiale – qui était de 1 milliard en 1800 – atteint 7,8 milliards, exerçant une pression manifeste sur la planète. Mais les scientifiques et les décideurs politiques prennent peu à peu conscience d’une nouvelle réalité chiffrée : la croissance démographique a atteint un maximum de 2,09 % à la fin des années 1960 et descendra en dessous de 1 % en 2023, selon une étude de l’université de Washington publiée l’année dernière.

    de quoi faire bouger les néo-malthusiens de tout poil avant 2090 ?

    #démographie #vieillissement

    • La création de dispositifs d’accompagnement comme les garderies ou le congé parental ne semble guère avoir d’incidence sur le nombre de naissances. La Finlande, par exemple, a l’un des régimes d’aide les plus généreux au monde en faveur des femmes et des enfants. Or le taux de fécondité du pays est en chute libre. À 1,37 en 2020, il tutoie le taux japonais, à 1,34 la même année.

  • Les Canaries ont le blues du tourisme de masse
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/12/03/les-canaries-ont-le-blues-du-tourisme-de-masse_6061982_3210.html

    Avec ses plages bétonnées, ses centres commerciaux avec discothèques en sous-sol, ses villes entières qui n’existent que pour les touristes, l’île de Grande Canarie, en particulier, peut de toute façon difficilement espérer la transformation d’une industrie basée sur le nombre. Car l’archipel accueille normalement seize millions de touristes par an, dont près de 50 % viennent par l’intermédiaire de tour-opérateurs ; lesquels ont même des noms de rues à Maspalomas : « avenida Touroperador Tui », « avenida Touroperador Vingresor », « Ols Wings », « Cosmos », etc.José Maria Mañaricua, le président de la Fédération des entrepreneurs de l’hôtellerie et du tourisme (FEHT), ne croit donc pas lui non plus en un changement de modèle. Au contraire. « L’Union européenne est vieillissante, le tourisme augmente de 2 % par an, de nouveaux pays instaurent des droits sociaux qui permettent à leurs habitants de partir en vacances, et des nations émergentes voient leur classe moyenne grossir, dit-il. Nous sommes un pays de services et les bien-pensants qui parlent de changer de modèle ne se souviennent-ils pas quand, au début du siècle, seuls les riches partaient en vacances ? La grandeur du tourisme de masse est que presque tous les gens peuvent venir aux Canaries, profiter du soleil et de la plage, et nous n’allons pas renoncer à cela. »
    Plus modéré, le président du gouvernement régional canarien, le socialiste Angel Victor Torres, convient que « l’Europe doit profiter de la crise pour générer des modèles de développement différents, durables, un tourisme soutenable, éthique, car c’est le bon chemin ». Cependant, à court terme, les Canaries ne peuvent pas se le permettre, laisse-t-il entendre. « Nous devons aider ceux qui n’ont plus de revenus, le taux de chômage a beaucoup augmenté, nous avons dépassé les 30 % et même les 60 % si on ajoute les dispositifs de chômage partiel. »
    Alors que la saison d’hiver, traditionnellement la plus haute de l’année, commence, c’est ainsi qu’aux Canaries, ces jours-ci, on attend les touristes comme la pluie dans le désert. A tel point que, pour ne pas risquer de les effrayer, la maire de Mogan, dans le sud de Grande Canarie, a exigé le démantèlement du camp de migrants du port d’Arguineguin, où étaient entassées près de 2 000 personnes arrivées dans des embarcations de fortune. Elle a aussi demandé que les dix-sept hôtels utilisés pour en loger des milliers d’autres récupèrent leur fonction touristique, ce qui n’est pas possible pour l’heure, faute d’autre solution.Si les Canaries ont beau multiplier les campagnes de communication, insister sur le relativement faible taux d’incidence du Covid-19 sur l’archipel et imposer des tests en pensant rassurer les touristes, rien, cependant, ne garantit leur retour à court terme

    #Covid-19#migrant#migration#canaries#espagne#ue#sante#tourisme#economie#ccamp#vieillissement#demographie

  • Les patients schizophrènes ont eu moins accès à la réanimation lors de la 1re vague Covid • HOSPIMEDIA
    https://www.hospimedia.fr/actualite/articles/20201105-psychiatrie-les-patients-schizophrenes-ont-eu-moins-acces

    Une étude récente montre une mortalité augmentée des personnes schizophrènes hospitalisées dans le cadre d’une contamination au Covid par rapport aux patients Covid+ hospitalisés sans pathologie mentale. Elle révèle aussi que ces personnes ont eu moins accès à la réanimation que les patients non schizophrènes, à comorbidités équivalentes.

    Disparities in Intensive Care Unit Admission and Mortality Among Patients With Schizophrenia and COVID-19 : A National Cohort Study
    https://academic.oup.com/schizophreniabulletin/advance-article/doi/10.1093/schbul/sbaa158/5935036

    Abstract
    Patients with schizophrenia (SCZ) represent a vulnerable population who have been understudied in COVID-19 research. We aimed to establish whether health outcomes and care differed between patients with SCZ and patients without a diagnosis of severe mental illness. We conducted a population-based cohort study of all patients with identified COVID-19 and respiratory symptoms who were hospitalized in #France between February and June 2020. Cases were patients who had a diagnosis of SCZ. Controls were patients who did not have a diagnosis of severe mental illness. The outcomes were in-hospital mortality and intensive care unit (ICU) admission. A total of 50 750 patients were included, of whom 823 were SCZ patients (1.6%). The SCZ patients had an increased in-hospital mortality (25.6% vs 21.7%; adjusted OR 1.30 [95% CI, 1.08–1.56], P = .0093) and a decreased ICU admission rate (23.7% vs 28.4%; adjusted OR, 0.75 [95% CI, 0.62–0.91], P = .0062) compared with controls. Significant interactions between SCZ and age for mortality and ICU admission were observed (P = .0006 and P < .0001). SCZ patients between 65 and 80 years had a significantly higher risk of death than controls of the same age (+7.89%). SCZ patients younger than 55 years had more ICU admissions (+13.93%) and SCZ patients between 65 and 80 years and older than 80 years had less ICU admissions than controls of the same age (−15.44% and −5.93%, respectively). Our findings report the existence of disparities in health and health care between SCZ patients and patients without a diagnosis of severe mental illness. These disparities differed according to the age and clinical profile of SCZ patients, suggesting the importance of personalized COVID-19 clinical management and health care strategies before, during, and after hospitalization for reducing health disparities in this vulnerable population.

    Covid-19 : mortalité plus élevée des patients schizophrènes lors de la première vague, selon une étude
    https://www.lefigaro.fr/flash-actu/covid-19-mortalite-plus-elevee-des-patients-schizophrenes-lors-de-la-premie

    La surmortalité des patients schizophrènes est due à plusieurs facteurs, selon M. Fond, qui avance plusieurs hypothèses : « ce sont des patients plus réfractaires aux soins, dans un contexte où les soignants sont débordés » , ajoutant que la schizophrénie « accélère le vieillissement ». « Un patient schizophrène compte comme deux patients en termes de soins infirmiers, surtout s’il a des troubles du comportement, mais cette surcharge de travail n’est pas prise en compte » , assure M. Fond. Selon lui, « même si ce n’est pas politiquement correct, quand on annonce au téléphone un patient d’Ehpad et schizophrène, c’est une perte de chance certaine ».

    La surmortalité a été spécialement forte dans la tranche d’âge 65-80 ans selon le chercheur, où la différence entre le groupe avec une maladie mentale et le groupe « contrôle » est de 8%. Les schizophrènes sont « des patients très isolés qui ont plus tendance à demander à ne pas être réanimés » , ajoute-t-il. Ils ont aussi davantage de facteurs de comorbidité, comme l’hypertension ou le diabète.

    Une des préconisations des chercheurs est « que les personnels de ces unités soient mieux formés à la psychiatrie, et que cette formation soit valorisée par l’hôpital ».

    #covid-19 #folie #psychiatrie #vieillissement #surmortalité #Guillaume_Fond

  • Aides ménagères : les héroïnes oubliées
    https://lvsl.fr/aides-menageres-les-heroines-oubliees

    Invisibles. Telles sont les #femmes pour l’essentiel1, qui interviennent dans ces métiers du lien. La crise sanitaire les a remises en lumière, ainsi que l’ensemble des métiers « indispensables » . Et pour cause. Depuis le plan Borloo de 2005 le secteur de l’aide à domicile a connu une forte expansion, accompagnant le #vieillissement de la population. Tout un symbole de ce manque de reconnaissance, il est difficile d’obtenir une idée précise de leur nombre aujourd’hui, mais il dépasse les 550 000 salariées2. À titre d’illustration, les deux principales associations d’employeurs regroupaient 150 000 employées3, plus que l’essentiel des sociétés du CAC40. Paradoxalement, il est plus aisé de connaître le nombre de bénéficiaires de leurs services, 767 000 personnes fin 2017. Ceci donne une idée de leur importance dans notre pays, tant pour les familles des salariées que pour celles des aidés. En particulier, ce métier est très prégnant dans les territoires ruraux où il peut représenter l’essentiel de l’#emploi.

    En réalité, c’est toute une profession qui arrive à maturité. Suscitant de rares vocations, elle reste une activité d’appoint pour des épouses d’indépendants (agriculteurs et artisans) ou bien au chômage et des mères de famille. Ce facteur se traduit par un travail à temps partiel, pour l’essentiel subi. Pourtant, depuis 15 ans, cette solution est devenue durable comme en témoigne leur ancienneté grandissante et une formation accrue. Dans le même temps, contrairement aux apparences, la moitié d’entre elles ont désormais plus de 50 ans. Elles sont plus aguerries, bénéficient de leur expérience, et savent pour l’essentiel qu’il s’agira d’un travail permanent. Ce qui explique des attentes et des revendications plus fortes.