Q : Reconnaissez que le chiffrement conserve beaucoup d’avantages : empêcher un cybercriminel ou un voleur de téléphone d’accéder à vos données personnelles, garantir le secret des affaires des entreprises... Mais aussi protéger les citoyens d’une collecte massive de renseignements. Une nécessité après l’affaire Snowden.
Nos demandes interviennent en effet après les révélations de cet ancien consultant de l’agence de sécurité américaine. Cela engendre une certaine confusion dans l’esprit de beaucoup de gens. A la suite de cette affaire, Apple et Google ont cherché à rassurer leurs clients en rendant inviolables leurs systèmes. Mais il faut poser les termes du débat. Nous ne cherchons pas à interdire le chiffrement ni, bien sûr, à enregistrer massivement des données, nous souhaitons seulement permettre l’accès ponctuel à des informations, sous l’autorité d’un magistrat, afin de faire avancer une enquête.
Nous devons trouver un point d’équilibre entre la protection de la vie privée et les impératifs de sécurité de la vie publique. Des acteurs incontournables comme Google ou Apple doivent être placés face à leurs responsabilités. Soit ils proposent un dispositif nous permettant d’accéder aux données nécessaires aux investigations, soit les pouvoirs publics devront tôt ou tard légiférer afin de les y contraindre.
Q : Vos opposants estiment qu’en faisant cela des dictatures pourront surveiller les téléphones des dissidents...
En France, pas plus qu’aux Etats-Unis, nous ne vivons dans une dictature. Dans ces Etats de droit, la loi définit les instruments donnés à la puissance publique pour porter des atteintes à la vie privée proportionnellement à la gravité des faits. Pourquoi ferait-on un sort différent au téléphone portable alors que la loi autorise, pour des infractions graves, qu’elle énumère précisément, la sonorisation [NDLR : la pose de micros] d’un domicile privé ou d’un véhicule ?
Q : Au-delà des smartphones, rencontrez-vous les mêmes difficultés avec des applications très populaires comme Skype ou WhatsApp ?
La dernière édition du magazine en français de l’organisation Etat islamique, Dar al-Islam, présente à ses recrues la liste des règles de sécurité à prendre en matière informatique. Elle recommande le secret et préconise notamment le recours à des logiciels de chiffrement. Dans une affaire récente, nous avons pu accéder à des photos envoyées par WhatsApp uniquement grâce à la collaboration d’un tiers ayant accepté de nous présenter ce message.