• La fabrique des jumeaux numériques urbains : le cas de Dassault Systemes
    https://metropolitiques.eu/La-fabrique-des-jumeaux-numeriques-urbains-le-cas-de-Dassault-System

    Provenant du monde de l’industrie, les jumeaux numériques sont de plus en plus mobilisés dans la gestion urbaine. Or, ces outils, présentés par les acteurs privés qui les conçoivent comme un moyen de « faire parler la ville », leur permettent surtout de parler à travers eux. Alors que les villes se précipitent pour devenir « intelligentes », les jumeaux numériques urbains émergent comme une nouvelle promesse techno-utopique : une réplique numérique testable et modifiable de la ville. Pourtant, leur essor #Essais

    / #ville_numérique, #smart_city, #économie_numérique, #plateformisation, #technologie

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_steiner.pdf

  • A Los Angeles, de nouvelles manifestations émaillées de heurts après le déploiement de la garde nationale par Donald Trump
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/08/a-los-angeles-la-garde-nationale-arrive-au-troisieme-jour-de-manifestations-

    A Los Angeles, de nouvelles manifestations émaillées de heurts après le déploiement de la garde nationale par Donald Trump
    Le Monde avec AP et AFP
    Des affrontements ont opposé, dimanche 8 juin, à Los Angeles les forces de sécurité aux manifestants contre la politique migratoire de Donald Trump. Plusieurs dizaines de protestataires bloquaient, dimanche après-midi, une autoroute de la mégapole californienne dans un face-à-face tendu avec les forces de l’ordre, qui ont procédé à quelques arrestations et fait usage de gaz lacrymogènes, y compris contre des journalistes. Au moins trois voitures ont été incendiées et deux autres vandalisées.
    La garde nationale avait commencé, dimanche, à se déployer dans la deuxième plus grande ville américaine, après deux jours de manifestations contre les opérations menées par la police de l’immigration (ICE). Le président américain avait ordonné l’envoi de troupes fédérales, samedi, sans avoir été sollicité sur ce point par le gouverneur démocrate de l’Etat, Gavin Newsom – une initiative extrêmement rare.
    Dimanche en fin d’après-midi, l’essentiel de la manifestation était terminé, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse, mais des affrontements étaient encore en cours entre quelques dizaines de protestataires et les forces de sécurité. A l’exception de heurts au niveau d’un centre de détention entre protestataires et agents fédéraux du ministère de la sécurité intérieure, les affrontements ont tous impliqué les forces de l’ordre locales.
    La police de Los Angeles a annoncé, dans la nuit, que le centre-ville avait été déclaré zone de rassemblement interdit. Une zone du quartier d’affaires, Civic Center, a aussi été déclarée zone interdite de rassemblement. « Vous avez des gens violents et nous n’allons pas les laisser s’en sortir », a déclaré le président américain à des journalistes, dimanche. « Nous aurons un retour à l’ordre », a-t-il promis, disant, en outre, envisager l’envoi de troupes ailleurs. « Nous n’allons pas laisser ce genre de choses arriver à notre pays. » « Ç’a l’air d’aller vraiment mal à L. A. ENVOYEZ LA TROUPE !!! », a posté Donald Trump, lundi matin, sur son réseau, Truth Social, lançant aussi : « ARRETEZ LES GENS MASQUÉS, MAINTENANT. »
    Dénonçant la prétendue « anarchie » en cours à Los Angeles, Donald Trump avait ordonné, samedi, le déploiement de 2 000 membres de cette force armée de réserve, principalement mobilisée lors de catastrophes naturelles. Une décision qualifiée de « délibérément incendiaire » par M. Newsom, qui a prévenu qu’elle ne ferait « qu’aggraver les tensions ».
    Le gouverneur démocrate a annoncé, dimanche sur X, avoir « officiellement demandé à l’administration Trump d’annuler son déploiement illégal de troupes dans le comté de Los Angeles et de les remettre sous [son] commandement ». « Nous n’avions aucun problème avant l’intervention de Trump. Il s’agit d’une grave atteinte à la souveraineté de l’Etat […]. Annulez cet ordre. Restituez le contrôle à la Californie », a-t-il ajouté. Environ 300 gardes nationaux ont été positionnés dans la ville, a annoncé, dimanche matin, le commandement militaire.
    Ce déploiement survient après deux journées de manifestations marquées par des heurts et des violences dans la mégapole californienne, où réside une importante communauté hispanique, alors que des habitants tentaient de s’interposer face aux arrestations musclées de travailleurs immigrés menées par la police fédérale de l’immigration. Un important leader syndical, qui protestait contre les agissements de l’ICE, a été arrêté vendredi, et blessé lors de son interpellation, suscitant l’indignation.De son côté, la police de San Francisco a annoncé avoir interpellé, dimanche en fin de journée, une soixantaine de personnes lors de heurts avec des manifestants opposés à la politique américaine de lutte contre l’immigration.
    Trente-cinq ressortissants mexicains ont été arrêtés au cours des récentes opérations, a annoncé, dimanche, la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, appelant les Etats-Unis à les traiter avec dignité. Ce sont « des hommes et des femmes honnêtes qui sont allés chercher une vie meilleure […] Ce ne sont pas des criminels », a-t-elle insisté, lors d’un discours public.E voquant une « invasion » des Etats-Unis par des « criminels venus de l’étranger », Donald Trump a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue et communique abondamment sur les arrestations et les expulsions d’immigrés. Menées jusque dans des tribunaux du pays, ces dernières ont plongé dans la terreur des millions d’immigrés sans statut légal.
    A Los Angeles, d’importantes opérations, vendredi et samedi, des agents de l’ICE, parfois en civil, ont donné lieu à des heurts entre manifestants et forces de l’ordre. A Paramount, dans le sud de l’agglomération, les affrontements ont été violents, samedi. Selon le directeur adjoint de la police fédérale, Dan Bongino, plusieurs personnes ont été arrêtées, ainsi qu’à New York, lors de manifestations similaires.Interrogée, dimanche matin, par une télévision locale, la maire de Los Angeles, Karen Bass, a fait état d’« actes de vandalisme » dans la nuit, mais a assuré que la situation était sous contrôle. Tout en condamnant les violences, elle a regretté la décision de Donald Trump d’envoyer la garde nationale. « Pour moi, ce n’est que de la politique », a-t-elle fustigé.
    Les gouverneurs démocrates américains ont dénoncé, dimanche, le déploiement des soldats de la garde nationale à Los Angeles. « La décision du président Trump est un abus de pouvoir alarmant », ont-ils déclaré, dans un communiqué commun. « Il est important que nous respections l’autorité exécutive des gouverneurs de notre pays pour gérer leurs gardes nationaux », ont-ils ajouté, insistant sur leur soutien à Gavin Newsom.Le gouvernement fédéral est engagé dans un bras de fer avec la Californie, bastion de l’opposition progressiste et « Etat sanctuaire » protégeant les migrants. Ce mouvement consiste, notamment, à limiter les informations que les autorités locales partagent avec les autorités fédérales. Dans certains cas, les polices locales ont pour interdiction d’interpeller un immigré en situation irrégulière sur la seule base de son statut migratoire. Los Angeles a adopté ce statut en novembre 2024, dans la foulée de l’élection de Donald Trump, s’engageant à ne pas utiliser les ressources de la municipalité contre les personnes immigrées. Une politique dénoncée par l’administration Trump, qui souhaite priver de subventions fédérales les villes sanctuaires – décision invalidée en justice. Donald Trump « espère du chaos pour pouvoir justifier plus de répression, plus de peur, plus de contrôle », a accusé, dimanche sur X, Gavin Newsom, appelant au calme.

    #Covid-19#migration#migrant#etatsunis#ICE#politiquemigratoire#etatsancuaire#villesanctuaire#droit#sante

  • #Journal du regard : Mai 2025

    https://liminaire.fr/chronique/journal/article/journal-du-regard-mai-2025

    https://www.youtube.com/watch?v=8FLCqozCzqs

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions

    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Fontainebleau, #Photographie, #Jardin, #Cimetière, #Création, #IA, #Printemps, #Musée (...)

  • Comment les #passeurs profitent des politiques migratoires restrictives dans les #Balkans

    Les #réseaux_criminels étendent leur mainmise sur la route migratoire des Balkans. De plus en plus de passeurs parviennent à exploiter les politiques frontalières de l’Union européenne.

    Dans les zones frontalières de la #Serbie, de la #Bosnie et de la #Hongrie, la dynamique migratoire est en constante évolution. Alors que les camps de détention aux frontières ont été fermés et que les politiques frontalières de l’Union européenne (UE) deviennent de plus en plus restrictives, les migrants empruntent des itinéraires toujours plus dangereux, contrôlés par des réseaux de trafic toujours plus sophistiqués.

    C’est le constat fait par de nombreuses ONG qui travaillent avec les migrants le long de ces itinéraires.

    Milica Svabic, de l’organisation KlikAktiv, une ONG serbe qui développe des politiques sociales, explique que « malheureusement, de plus en plus de migrants ont fait état d’#enlèvements, d’#extorsions et d’autres formes d’#abus de la part de passeurs et de groupes criminels ces derniers mois. »

    Selon elle, des groupes de passeurs afghans opèrent actuellement aux frontières de la Serbie avec la Bosnie et la Hongrie. #KlikAktiv a ainsi recueilli des témoignages d’abus commis aux deux frontières.

    Le paysage changeant des réseaux de passeurs

    En Serbie, ces changements sont frappants. Les camps de fortune ont disparu des zones frontalières. Désormais, les personnes migrantes se retrouvent cachées dans des #appartements_privés dans les centres urbains et ne se déplacent plus que la nuit.

    Les bandes criminelles afghanes et des réseaux locaux ont pris le contrôle à travers une #logistique complexe, clandestine et dangereuse.

    Milica Svabic a expliqué à InfoMigrants que son organisation a également documenté « des cas de migrants enlevés et retenus dans des lieux isolés (généralement des logements privés) jusqu’à ce que leur famille paie une #rançon pour leur libération ». Elle précise que cette rançon s’élève souvent à plusieurs milliers d’euros.

    La plateforme d’investigation Balkan Investigative Reporting Network, le #BIRN, a récemment documenté comment des membres du #BWK, un gang afghan notoire opérant en Bosnie, ont retenu des demandeurs d’asile en otage dans des camps en pleine #forêt, en exigeant des rançons de leurs proches, tout en les soumettant à d’horribles #sévices, y compris des #viols et de la #torture. Ces #agressions sont parfois filmées et envoyées aux familles comme preuve de vie et moyen de pression.

    Rados Djurovic, directeur de l’ONG serbe #Asylum_Protection_Center, confirme que les passeurs ont recours à des #appartements et d’autres lieux tenus secrets dans les grandes #villes pour y cacher des migrants, les maltraiter et organiser le passage des frontières.

    « Ces opérations sont devenues de plus en plus violentes, les passeurs ayant recours à la force pour imposer leur contrôle et obtenir des #pots-de-vin. Ils enlèvent des personnes, les retiennent dans ces appartements et extorquent de l’argent à leurs familles à l’étranger », ajoute-t-il.

    D’autres groupes de défense des droits humains et des experts en migration rapportent des cas similaires.

    Un rapport du #Mixed_Migration_Center (MMC) relate des témoignages de #vol, de #violence_physique et d’extorsion. Roberto Forin, du MMC, souligne toutefois que « le rapport n’identifie pas spécifiquement les groupes armés d’origine afghane comme étant les auteurs de ces actes ».

    L’impact des politiques frontalières et des #refoulements

    Le renforcement des mesures de sécurité le long des frontières expliquerait en partie cette évolution.

    Un porte-parole du Border Violence Monitoring Network (BVMN) explique que « l’apparition de ces groupes est simplement la conséquence de la sécurisation croissante des régions frontalières dans toute l’Europe. Alors que les politiques frontalières européennes déploient des méthodes de plus en plus violentes pour empêcher la migration, les migrants n’ont d’autre choix que de recourir à des méthodes informelles pour franchir les frontières ».

    Ce point de vue est partage par le Mixed Migration Center.

    Le réseau BVMN ajoute qu’en fin de compte, « ce sont les personnes en déplacement qui sont les plus touchées par la violence que ce soit de la part des autorités publiques ou des groupes qui prétendent les aider dans leur périple ».

    Roberto Forin du MMC prévient que « la violence et les restrictions aux frontières exacerbent la #vulnérabilité des migrants à l’#exploitation et aux abus ».

    Rados Djurovic du Asylum Protection Center souligne également le « lien direct entre les pratiques de refoulement à la frontière hongroise et l’augmentation du trafic de migrants, tant en termes d’ampleur que de violence ».

    « Par peur des refoulements et de la violence, les migrants évitent les institutions et les autorités de l’État et font confiance aux passeurs, qui exploitent souvent cette confiance », ajoute Milica Svabic, de KlikAktiv.

    Les Etats concernés dans une forme de #déni

    Le rapport du BIRN montre que des membres du #gang afghan BWK possèdent des documents d’identité délivrés par l’UE sur la base du statut de protection qui leur aurait été accordé par l’Italie.

    Selon le BIRN, certains membres du gang pourraient avoir utilisé ces documents pour franchir sans encombres les frontières dans les Balkans et échapper aux autorités. Contacté par InfoMigrants, les autorités italiennes ont refusé de commenter ces allégations.

    Plus largement, les Etats concernés par des accusations de refoulement ou de négligence le long de leurs frontières nient avec véhémence toute #responsabilité. Cette posture pourrait encourager un sentiment d’#impunité chez les passeurs.

    Les migrants se retrouvent ainsi dans un cercle vicieux. Des demandeurs d’asile déclarent avoir été battus par des forces de l’ordre. Ils se retrouvent ensuite aux mains de #bandes_criminelles qui les soumettent à d’autres #traitements_inhumains.

    Lawrence Jabs, chercheur à l’université de Bologne, affirme dans l’enquête du BIRN qu’il existe « un lien certain entre les refoulements et les prises d’otages ».

    Les conclusions du BIRN mettent en lumière un problème plus général dans les Balkans : le #crime_organisé prospère dans les régions où l’application de la loi est violente et où l’obligation de rendre des comptes semble absente. Dans certains cas, des membres du BWK se seraient infiltrés dans des #camps_de_réfugiés gérés par l’État via l’intermédiaire d’informateurs locaux, qui auraient informé le gang des passages de frontière à venir.

    En octobre 2024, plusieurs membres présumés du BWK ont été arrêtés pour avoir enlevé des migrants turcs et filmé leur torture.

    La police bosniaque décrit les opérations du BWK comme « bien établies et très rentables », certains individus associés au réseau détenant des comptes bancaires avec plus de 70 000 euros de dépôts.

    L’enquête du BIRN décrit comment un gang dirigé par des migrants afghans bénéficie d’une certaine protection en Italie. De nombreux experts en matière de migration soulignent également que la nature de ces gangs est par définition transnationale.

    Selon Rados Djurovic du Asylum Protection Center, « ces réseaux ne sont pas uniquement constitués de ressortissants étrangers. Ils sont souvent liés à des groupes criminels locaux. Il arrive même que des migrants fassent passer de la #drogue pour d’autres, toujours avec le soutien de la population locale ».

    Les bandes criminelles s’appuient aussi sur des chauffeurs et des fixeurs locaux pour faciliter le passage des frontières.

    Rados Djurovic explique à InfoMigrants que ces groupes « impliquent à la fois des populations locales et des réfugiés. Chaque personne a son rôle ». Aussi, son organisation a « documenté des cas de personnes réfugiées voyageant légalement au sein de l’UE pour rejoindre ces groupes en vue d’un gain matériel. »

    Réponse de la police

    Le 14 avril, deux corps de migrants ont été retrouvés près d’un cimetière à Obrenovac, dans la banlieue de Belgrade, la capitale serbe.

    La forêt qui entoure le cimetière est devenue un campement informel exploité par des #passeurs_afghans. Les victimes seraient des ressortissants afghans poignardés à mort. Deux autres migrants ont été blessés, l’un au cou et l’autre au nez.

    Milica Svabic précise que « des incidents similaires se sont produits par le passé, généralement entre des groupes de passeurs rivaux qui se disputent le territoire et les clients ».

    Selon Rados Djurovic, bien qu’il y ait une volonté politique de lutter contre les réseaux criminels et la migration irrégulière, le souci de préserver une bonne image empêche un véritable engagement pour s’attaquer aux causes profondes.

    Il explique que la nature lucrative de l’activité et l’implication de la population locale rendent « presque impossible le démantèlement de ces réseaux ».

    La #dissuasion plutôt que la #protection

    Malgré les efforts des ONG, le soutien institutionnel reste inadapté. « Au lieu de se concentrer uniquement sur la lutte contre la migration irrégulière et le trafic de migrants, les institutions devraient développer des mécanismes pour soutenir ceux qui ont besoin de protection », estime Rados Djurovic.

    Il rappelle que « les routes migratoires ont changé. Elles ne sont plus visibles pour les médias, le public, les institutions et dans les camps. Mais cela ne signifie pas que les gens ne continuent pas à traverser (les frontières) ».

    Cette évolution coïncide avec la fermeture de camps d’accueil de migrants situés le long des principales routes de transit. « Sur 17 camps, seuls cinq fonctionnent encore, et aucun n’est situé sur les principaux axes de transit. Il n’existe plus de camp opérationnel dans toute la région de Voïvodine, dans le nord de la Serbie, à la frontière de l’UE ».

    Or, sans accès à un logement et confrontés à des expulsions régulières, les migrants n’ont que peu d’options. « Cela renforce les passeurs. Ces derniers comblent alors le vide en proposant des logements comme un service payant », observe Rados Djurovic.

    Et les ONG ne peuvent combler l’absence de structures étatiques. Roberto Forin, du Mixed Migration Center, constate que « si certaines ONG fournissent un soutien juridique et psychosocial, la couverture n’est pas permanente et de nombreux migrants ne sont pas au courant des services disponibles ». De plus, les travailleurs humanitaires s’exposent aux dangers des bandes criminelles, limitant ainsi leur champ d’action.

    Enfin, la Serbie a pour objectif de rejoindre l’UE et cherche à s’aligner sur les politiques migratoires européennes. En ce sens, montrer que la frontière serbe est forte est devenu une priorité.

    Selon Rados Djurovic, le Serbie veut « marquer des points sur la question de la migration ». Ainsi « ils peuvent prétendre que le recours à la violence, à la police des frontières et aux opérations conjointes stoppe la migration, même si ce n’est pas vrai. Tout le monde y gagne : les personnes qualifiées d’ »étrangères" sont ciblées et la lutte contre l’immigration devient à la fois politiquement et financièrement lucrative".

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64299/comment-les-passeurs-profitent-des-politiques-migratoires-restrictives
    #route_des_Balkans #politiques_migratoires #responsabilité #migrations #réfugiés #frontières #fermeture_des_frontières #criminalité

    ping @karine4

  • #Journal du regard : Avril 2025

    https://liminaire.fr/chronique/journal/article/journal-du-regard-avril-2025

    https://www.youtube.com/watch?v=QcKLOf2u-xM

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions

    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Photographie, #Jardin, #Création, #Printemps, #Mer, #Nice, #Marseille, (...)

  • Un rapport identifie les freins au développement du #vélo en #France

    Six mois après la mort d’un cycliste à Paris, écrasé intentionnellement par un conducteur de SUV, le #rapport commandé par le ministère des transports fait quarante propositions pour améliorer la #cohabitation entre les différents types d’usagers de la route.

    Commandé au lendemain de la mort de Paul Varry, ce cycliste écrasé délibérément par un conducteur de SUV en plein Paris, le rapport d’Emmanuel Barbe, ancien délégué interministériel à la sécurité routière, publié lundi 28 avril, devait faire des propositions pour un meilleur « #partage_de_la_route ».

    Alors que les nouvelles mobilités (vélos, trottinettes…) se sont fortement développées ces dernières années, venant concurrencer l’espace de la #voiture en #ville, le rapport fait une quarantaine de propositions pour rendre cette cohabitation moins conflictuelle. Et pour continuer d’encourager ces pratiques écologiques et bonnes pour la santé.

    De marginale, la pratique du vélo s’est généralisée dans les grandes villes, avec un nouveau cap franchi à la suite de l’émergence du covid, relève le rapport. En France, 25 % des personnes interrogées se déclarent cyclistes réguliers (elles pratiquent au moins une fois par semaine) et 32 % cyclistes occasionnels. De 15 000 kilomètres en 2010, le réseau des pistes cyclables en France est passé à 57 000 en 2022. Une densification particulièrement visible dans les grandes métropoles : à Lyon, le trafic vélo a été multiplié par six depuis vingt ans. À Paris, le volume de pistes cyclables est passé de 4,3 kilomètres en 1995 à plus de 1 000 kilomètres en 2021.

    Encouragé par un #plan_vélo en 2017 et par une #loi_d’orientation_des_mobilités (LOM) deux ans plus tard, cet essor n’empêche pas la France d’accuser malgré tout un retard certain par rapport à la moyenne de l’Union européenne (UE), puisque la part modale du vélo est de 3 %, contre 8 % à l’échelle européenne.

    Alors que « 53 % des déplacements domicile-travail effectués en voiture sont inférieurs à deux kilomètres », le potentiel de développement de ces mobilités alternatives reste énorme.

    La #dangerosité perçue de ce moyen de transport demeure un #frein important. Les cyclistes représentent 7 % des 3 190 personnes décédées dans un accident de la circulation en 2024. Les victimes sont majoritairement des hommes, plutôt âgés et hors agglomération.

    Les associations auditionnées par le rapporteur décrivent une augmentation des « #violences_motorisées » à l’égard des cyclistes, qui résultent selon elles d’un « cadre qui tolère encore trop souvent des comportements agressifs, menaçants ou dangereux au quotidien sur les routes ». Des réactions qui « sont aussi le fruit de décennies d’aménagements routiers dangereux, dont la conception influence directement la #sécurité et les comportements des usagers ».

    Le poids des #représentations

    Le rapport préconise que ces #violences soient désormais intégrées dans l’enquête dite de « #victimation », du service statistique ministériel de sécurité intérieure (SSMSI).

    Le texte souligne néanmoins que les #tensions sont généralisées dans le partage de la #voirie puisque les piétons, eux, concentrent leurs récriminations sur les cyclistes plus encore que sur les automobilistes.

    L’un des intérêts du rapport est de revenir sur la dimension culturelle très forte de ces conflits d’usage. Ainsi, le fait de « percevoir le véhicule comme une extension de sa personne (“je suis garé là”) » explique la réaction agressive engendrée par la perception d’une #menace contre son véhicule. On y apprend aussi le « lien entre le nombre de #stickers ou de marqueurs identifiant le #territoire_d’origine sur la voiture et la probabilité de la survenue d’un épisode de “#rage de la route” ».

    Avec un #imaginaire automobile construit autour des notions de « #liberté_individuelle, de #puissance, d’#émancipation », nourri par une imagerie publicitaire présentant un conducteur ou une conductrice seule dans un paysage bucolique, le #partage_de_la_route avec les cyclistes est naturellement vécu comme une #entrave.

    Le rapport propose sur ce point que le ministère des transports saisisse l’Autorité de régulation des professionnels de la #publicité (ARPP), afin que les publicités pour les voitures correspondent plus à la réalité de la présence de différents types d’usagers de la route.

    Le rapport n’élude pas non plus la dimension classiste et genrée qui se joue dans l’opposition entre #cyclistes et #automobilistes.

    L’#agressivité de certains automobilistes contre les cyclistes « bobos » des villes n’est pas sans fondements sociologiques. « Cette vision du #conflit_des_mobilités comme une “#lutte_des_classes larvée” remonte aux années 2000. Elle reflète, en la caricaturant, une dynamique réelle : le retour du vélo dans les grandes villes à partir des années 1990 s’est en effet traduit par une “inversion des pratiques entre cols-bleus et blancs” (en Île-de-France, les cadres sont passés de 1 % des usagers du vélo en 1976 à 22 % en 2010) », pointe le rapport.

    Ainsi, « la fréquence d’utilisation du vélo tend à augmenter avec le revenu mensuel du foyer, le recours à l’automobile pour les déplacements domicile-travail est beaucoup plus présent chez les ouvriers qualifiés que chez les cadres », ces derniers habitant toujours plus en centre-ville qu’en périphérie.

    Les biais de genre sont aussi très importants, avec des #hommes responsables de 83 % des accidents mortels sur la route en 2023. Mais des hommes qui continuent de toujours mieux réussir l’épreuve du permis de conduire, les femmes étant pénalisées par leur plus grande « aversion au risque ». Le rapport émet une série de recommandations pour que le permis de conduire intègre plus les questions de cohabitation sur la route, mais valorise également les comportements prudents.

    Un cadre légal inégalement respecté

    Le sentiment très largement partagé que les cyclistes s’affranchissent du respect du Code de la route (feux rouges grillés, rue prise à contresens, etc.) sans être verbalisés accroît aussi le ressentiment des automobilistes, admet le rapporteur au terme de ses six mois d’auditions. Pour y remédier, le rapport prône un renforcement des contrôles des cyclistes mais également des #amendes minorées, puisque la dangerosité pour les tiers de ces #infractions est assez faible.

    Enfin, le manque d’#infrastructures sécurisées est bien identifié comme un frein essentiel au développement du vélo. À cet égard, le rapport préconise de remettre les crédits supprimés au plan vélo – 2 milliards initialement prévus sur la période 2023-2027 –, qui avait montré de réels résultats depuis son lancement : « 14 000 kilomètres de pistes cyclables ont été construits entre 2017 et 2023 (+ 40 %) et leur fréquentation a augmenté de 57 % sur la même période. »

    Cette saignée budgétaire (20 % des sommes prévues initialement ont été débloquées en 2025) devrait selon le rapport avoir peu d’impact sur les grandes métropoles, mais « ralentira voire mettra un terme au développement d’#infrastructures_cyclables en milieu périurbain et rural, là où le financement de l’État constitue à la fois une légitimation politique et un effet de levier décisif ».

    Le rapporteur insiste aussi sur le fait que l’État ne s’est jamais beaucoup attaché à faire respecter les obligations légales de création d’#itinéraires_cyclables en vigueur depuis 1998. « Jusqu’à présent, c’est la volonté politique des exécutifs locaux qui a prévalu sur l’obligation légale. La situation contrastée des deux plus grandes villes universitaires du Grand Est que sont Strasbourg et Nancy, visitées durant cette mission, en est l’illustration : la première dispose d’une infrastructure cyclable omniprésente quand la seconde ne commence réellement à la développer que depuis 2021 », décrit-il. Le rapporteur demande donc que les villes en infraction soient plus systématiquement sanctionnées.

    Pour créer un environnement plus favorable au vélo, le rapport préconise de créer des « #zones_30 » dans chaque agglomération tant la limitation de la #vitesse en ville a prouvé son efficacité en matière de réduction des accidents, mais aussi du #bruit et de la #pollution en ville.

    Dans un communiqué, le ministère des transports a indiqué qu’il étudierait « attentivement les mesures proposées » et qu’un travail interministériel allait être lancé pour « définir les modalités de leur mise en œuvre ».

    https://www.mediapart.fr/journal/france/290425/un-rapport-identifie-les-freins-au-developpement-du-velo-en-france
    #mobilité #mobilité_douce #statistiques #chiffres #publicité #genre #classe_sociale

  • Où vivent les plus pauvres ? - Centre d’observation de la société
    https://www.observationsociete.fr/revenus/ou-vivent-les-plus-pauvres

    Les pauvres vivent-ils en ville ou à la campagne ? Ce sujet fait l’objet d’intenses polémiques depuis plus de dix ans. De nombreuses études réalisées sur le sujet montrent pourtant toutes que les plus démunis vivent d’abord dans les grandes #villes. Une étude récente de l’Insee, qui décompose le territoire en fonction de la densité de population, apporte de nouvelles informations.

    Le taux de #pauvreté est le plus élevé dans les grands centres urbains, ceux qui se constituent autour d’un pôle urbain comportant au moins 50 000 habitants (on y retrouve toutes les métropoles). Il y atteint 17,6 % alors que la moyenne française est de 15 % en 2022, selon l’Insee1. Le taux est de 16,9 % dans les centres urbains moins denses, constitués autour de pôles urbains de 5 000 à 50 000 habitants (des villes comme Saint-Nazaire, Montauban, Bastia, etc.). Le taux de pauvreté est le plus faible dans l’habitat pavillonnaire périurbain en milieu rural (9,8 %), puis il remonte dans les campagnes isolées (14,4 %) mais demeure bien moins élevé qu’en ville. Au total, les villes rassemblent les trois quarts des personnes #pauvres, dont plus de 40 % vivent dans les grands centres urbains. 12,2 % sont logés dans le périurbain rural et 13,3 % en milieu rural isolé.

    Les données de l’Insee contredisent depuis des années la thèse d’une France abandonnée vivant au loin des villes. C’est surtout au sein de ces dernières que vivent les plus démunis. L’étude des niveaux de vie occulte souvent l’effet de la densité de population. Pour le visualiser, on peut utiliser l’outil mis en place par l’Observatoire des inégalités, qui permet de mesurer le nombre de ménages pauvres à partir de carrés de 200m de côté.

  • Etats-Unis : la justice de Californie interdit à l’administration Trump de supprimer des fonds fédéraux aux villes « sanctuaires » pour les migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/04/24/etats-unis-un-juge-federal-californien-interdit-a-donald-trump-de-supprimer-

    La justice de Californie interdit à l’administration Trump de supprimer des fonds fédéraux aux villes « sanctuaires » pour les migrants
    Le Monde avec AFP
    Un juge américain a interdit, jeudi 24 avril, à l’administration Trump de supprimer ou de conditionner des fonds fédéraux aux villes ou collectivités dites « sanctuaires », qui prennent des mesures de protection pour les migrants, jugeant cette politique contraire à la Constitution, selon un document judiciaire. Il s’agit d’un nouveau revers devant les tribunaux pour le président des Etats-Unis, qui avait promis durant sa campagne d’expulser des millions d’immigrés en situation irrégulière.
    Pour mettre la pression, Donald Trump avait notamment signé des décrets ordonnant aux ministères de la justice et de la sécurité intérieure, ainsi qu’à d’autres agences fédérales, de supprimer les fonds alloués aux villes ou aux collectivités qui revendiquent le statut de sanctuaires. Ce statut, non officiel, correspond à des politiques mises en place par certaines autorités locales et qui dans les faits vise à limiter les informations sur les immigrants qu’elles partagent avec les autorités fédérales. Dans certains cas, les polices locales ont l’interdiction, avec ces directives locales, d’interpeller un migrant en situation irrégulière sur la seule base de son statut migratoire.
    Plusieurs villes, dont des bastions progressistes de la Côte ouest comme San Francisco, Oakland, San Diego, Portland ou encore Seattle, ont porté l’affaire devant un tribunal fédéral. Un juge fédéral californien leur a donc donné gain de cause, jeudi, en interdisant, dans une ordonnance, de « prendre directement ou indirectement des mesures pour retenir, geler ou conditionner les fonds fédéraux des villes et des comtés » concernés. Cette décision est une injonction préliminaire, le temps que le dossier soit examiné sur le fond. Stephen Miller, l’un de plus proches conseillers du président, a déploré sur le réseau social X que « le coup d’Etat judiciaire continue », reprenant là une ligne d’attaque régulière du camp de Donald Trump contre les juges qui se mettent en travers de sa politique.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#villesanctuaire#politiquemigratoire#droit#sante#migrationirreguliere

  • #Montréal rivières

    Montréal Rivières propose une réflexion poétique sur notre relation avec l’#environnement_urbain et les #cours_d'eau souvent méconnus qui traversent la #ville. Dans le cadre de l’exploration des rivières enfouies de Montréal, Myriam Boucher, Antonin Gougeon-Moisan, Simon Chioini et Gabriel·le Caux se sont réunis pour créer une série de compositions musicales. Leur démarche repose sur l’utilisation d’enregistrements de terrain du ruisseau #Provost, situé près de la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Les enregistrements ont été réalisés le 26 janvier 2024, lors d’une journée de pluie et de grêle. À travers une approche collaborative, les artistes ont transformé les sons naturels du #ruisseau en une #expérience_sonore, construite autour des murmures de l’eau et des sons environnants qui se fondent dans des paysages sonores.

    https://lfo-lab.bandcamp.com/album/montr-al-rivi-res


    #son #audio #eau #rivière #création_sonore #paysage_sonore

  • L’eau et les villes
    https://laviedesidees.fr/L-eau-et-les-villes

    La longue #Histoire de l’eau en #ville montre la récurrence de problèmes fondamentaux du vivre en commun : approvisionner un nombre d’habitants croissant ; évacuer les eaux usées sans pollution excessive. De l’Antiquité à nos jours, ce livre met en lumière la variété des solutions et des acteurs impliqués, en étudiant comment l’eau est devenue une question politique.

    #eau

  • « Les moins riches, ils n’ont pas de voiture » : les propos d’Agnès Pannier-Runacher sur les ZFE font polémique Gautier Cruchaudet - le figaro

    Une telle déclaration, prononcée ce mardi par Agnès Pannier-Runacher, n’est pas passée inaperçue. Interrogée sur le fait que les restrictions de circulation imposées par les vignettes « Crit’Air 3 » concernent aussi les « moins riches », la ministre de la Transition écologique a affirmé de but en blanc que « les moins riches, ils n’ont pas de voitures, ce sont en ceux qui sont le moins équipés ».

    La ministre était invitée dans l’émission « Première Édition » de BFM TV pour évoquer le sujet de la pollution de l’air. Le sujet brûlant des Zones à faible émission (ZFE) était au centre de la discussion, alors que l’Assemblée nationale examine ce mardi 8 avril un texte demandant leur suppression.


    « Les ZFE sont un des outils pour baisser la pollution de l’air »
    Source : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/les-moins-riches-ils-n-ont-pas-de-voiture-la-maladresse-de-pannier-runacher
    #bourgeoisie #racisme #ville #zfe #ville #inégalités #zones_à_faibles_émissions #ecologie #écologie #politique les #camions ne polluent donc pas ! #agnès_pannier-runacher #domination des riches

  • #Journal du regard : Mars 2025

    https://liminaire.fr/chronique/journal/article/journal-du-regard-mars-2025

    https://www.youtube.com/watch?v=12ZS89yvZyg

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions

    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Photographie, #Jardin, #Création, #Printemps, #Musée (...)

  • La ville la plus propre du #Cameroun
    https://metropolitiques.eu/La-ville-la-plus-propre-du-Cameroun.html

    À l’occasion de la Journée mondiale de l’habitat, le gouvernement camerounais a organisé un concours des « villes propres ». L’article revient sur les origines et les ressorts politiques de cette cérémonie festive, qui agit comme une courroie de transmission du pouvoir aux élites municipales et aux populations locales. La Journée mondiale de l’habitat se tient chaque premier lundi du mois d’octobre sous l’égide des Nations unies. Chaque pays célèbre et s’approprie cette journée à sa manière en la #Terrains

    / Cameroun, propreté, #Afrique_de_l'Ouest, #déchets, #Afrique, #villes_africaines

    #propreté
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_belinga.pdf

  • Le verbe et le geste de Paris
    https://laviedesidees.fr/Juliette-Rennes-Metiers-de-rue

    Au rebours des clichés du Paris « pittoresque », les métiers de rue exigent endurance et force physique. Cochères, colleuses d’affiches, marchandes des quatre-saisons, porteuses de pain : autant d’emplois traversés par des inégalités salariales selon le #genre et l’âge.

    #Histoire #femmes #ville #profession
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20250324_rennes-paris.pdf

  • Jeanette Vizguerra, figure du mouvement des villes « sanctuaires » aux Etats-Unis, arrêtée par la police de l’immigration pour être expulsée
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/03/20/une-persecution-a-la-poutine-aux-etats-unis-une-figure-du-mouvement-sanctuai

    Jeanette Vizguerra, figure du mouvement des villes « sanctuaires » aux Etats-Unis, arrêtée par la police de l’immigration pour être expulsée
    Par Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)
    Elle était devenue la figure du mouvement des églises et des villes « sanctuaires », ces institutions qui défendent les migrants. Jeanette Vizguerra, 53 ans, a été interpellée, lundi 17 mars, par la police de l’immigration, à Denver (Colorado), et transférée dans un centre de rétention, d’où les autorités américaines entendent l’expulser du pays où elle réside depuis près de trente ans. Mère de quatre enfants, dont trois nés aux Etats-Unis, la militante des droits des migrants a été interpellée devant le grand magasin Target pour lequel elle assurait des livraisons.
    Arrivée du Mexique en 1997, Jeanette Vizguerra faisait l’objet d’un ordre d’expulsion depuis qu’elle avait été interpellée pour un contrôle routier, à Denver, en 2009, et trouvée en possession d’une fausse carte de sécurité sociale, le document qui permet d’obtenir un emploi. En 2017, après l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, elle s’était réfugiée dans une église de Denver pour échapper à la police de l’immigration, qui, à l’époque, s’abstenait de poursuivre les sans-papiers dans des zones dites « protégées » comme les lieux de culte, d’enseignement ou les hôpitaux. Exception qui a été annulée par Donald Trump dès son retour à la Maison Blanche, le 20 janvier.
    Symbole de la résilience de la communauté latino, la porte-voix des clandestins avait été désignée comme l’une des 100 personnalités de l’année 2017 par le magazine Time. Après deux ans de confinement dans un sous-sol d’église, elle avait obtenu une suspension de son ordre d’expulsion grâce à l’intervention des élus locaux. Cette suspension, renouvelée à plusieurs reprises, avait expiré en février 2024.
    Une centaine de manifestants se sont rassemblés, mardi, devant le centre de rétention d’Aurora, près de Denver, pour dénoncer le fait que la militante ait été ciblée directement. Luna Baez, sa fille, a affirmé que les policiers s’étaient réjouis de leur opération : « On t’a enfin eue », auraient-ils déclaré. Jeanette Vizguerra participait souvent aux manifestations devant le centre où elle est détenue aujourd’hui, avec un panneau réclamant la dissolution de la police de l’immigration. Elle avait aidé à informer les familles de sans-papiers de leur droit constitutionnel à résister à la politique d’expulsions de masse de Donald Trump.
    Les élus démocrates du Colorado ont protesté contre l’arrestation d’une migrante qui était devenue un « pilier » du milieu associatif de la ville. Le maire démocrate de Denver, Mike Johnston, que le département de la justice a menacé de représailles financières s’il ne renonçait pas à sa politique de ville sanctuaire ne coopérant pas avec la police fédérale, a vivement réagi. « Il ne s’agit pas d’une application des lois sur l’immigration, a-t-il déclaré. C’est une persécution à la Poutine contre des dissidents politiques. » Avant de poursuivre : « C’est le grand mensonge de l’administration Trump. Il ne s’agit pas de sécurité. Il s’agit de théâtre politique et de représailles politiques. Cela ne rend pas ce pays plus sûr. Cela le plonge dans l’arbitraire. » Les avocats de Jeanette Vizguerra ont déposé une requête en habeas corpus auprès du tribunal pour contester la légalité de sa détention. Dans un appel téléphonique à sa fille retransmis aux manifestants, la voix des migrants a affirmé qu’elle combattrait son expulsion « jusqu’au Mexique » si nécessaire.

    #Covid-19#migrant#migrant#etatsunis#mexique#politiquemigratoire#expulsion#retention#denver#villesanctuaire#droit#sante

  • La città punitiva
    https://radioblackout.org/2025/03/la-citta-punitiva

    Panchine anti-bivacco, dissuasori lungo i marciapiedi, luci nei centri commerciali per scoraggiare gli adolescenti: in nome del #decoro, un’architettura ostile ridisegna le città reprimendo i comportamenti e scoraggiando chi non consuma. In certe aree urbane “riqualificate” per il #Giubileo, come piazza dei Cinquecento davanti alla stazione di #Roma Termini alcune panchine hanno i braccioli posizionati […]

    #L'informazione_di_Blackout #architettra_ostile #guerra_ai_poveri
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2025/03/2025-03-11-città-ostili-gori.mp3

  • Les Etats-Unis annoncent l’envoi de près de 3 000 soldats supplémentaires à la frontière avec le Mexique pour la lutte contre l’immigration clandestine
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/03/01/les-etats-unis-annoncent-l-envoi-de-pres-de-3-000-soldats-supplementaires-a-

    Les Etats-Unis annoncent l’envoi de près de 3 000 soldats supplémentaires à la frontière avec le Mexique pour la lutte contre l’immigration clandestine
    Le Monde avec AFP
    L’armée américaine a annoncé, samedi 1er mars, le déploiement prochain de près de 3 000 militaires supplémentaires à la frontière avec le Mexique, portant à environ 9 000 le nombre de soldats mobilisés sur place pour la lutte contre l’immigration clandestine, érigée en priorité absolue par l’administration Trump.
    Ces troupes doivent aider les effectifs de la police aux frontières à « maintenir la sécurité à la frontière sud », a précisé dans un communiqué le commandement militaire américain pour l’Amérique du Nord (NorthCom). Les militaires « ne vont ni conduire ni être impliqués dans le blocage [de migrants] ni dans des opérations d’expulsion », mais seront chargés de missions de surveillance, de soutien administratif et d’aide à la logistique, avec notamment davantage de capacité de transport aérien, relève le communiqué. « Ces déploiements vont apporter de l’agilité et du soutien supplémentaire pour s’attaquer au flux de migrants illégaux et de drogue à la frontière sud », a déclaré le général Gregory Guillot, commandant du NorthCom, cité dans le communiqué.
    Au premier jour de son retour au pouvoir, Donald Trump a signé un décret déclarant l’état d’urgence à la frontière avec le Mexique. Le président républicain a, deux jours plus tard, ordonné le déploiement de 1 500 militaires supplémentaires.Il accuse le Mexique de ne pas faire assez contre l’immigration illégale et l’importation vers les Etats-Unis de fentanyl, un puissant opioïde qui fait des ravages dans le pays. Durant la campagne électorale, le milliardaire a accusé les migrants d’être des « criminels » qui « empoisonnent le sang » des Etats-Unis et a promis de mener « la plus grande opération d’expulsions de l’histoire du pays ».
    Quelque 11 millions de sans-papiers résidaient aux Etats-Unis en 2022, selon la dernière estimation en date du ministère de la sécurité intérieure. La police aux frontières américaine dit avoir mené, à la frontière avec le Mexique, environ 8,8 millions d’interpellations de migrants en situation irrégulière, dont certains plusieurs fois, au cours des quatre ans du mandat de Joe Biden. Ces interpellations ont connu un pic fin 2023 avant de nettement baisser en fin de mandat.
    Donald Trump s’est félicité samedi d’avoir accéléré drastiquement cette chute en arrivant au pouvoir, assurant que le mois de février qui s’achève a vu « le chiffre le plus bas » d’interpellations de clandestins à la frontière sud « de l’histoire, et de loin. » « L’invasion de notre pays est terminée », a-t-il ajouté sur son réseau Truth Social.
    Pour accélérer les expulsions de sans-papiers, son gouvernement met la pression sur les pays d’Amérique latine afin que ces derniers acceptent le retour de leurs ressortissants. Aux Etats-Unis, le président républicain a commencé à s’en prendre aux Etats et villes dits « sanctuaires » qui refusent de coopérer avec la politique d’expulsions des autorités fédérales. Son gouvernement compte aussi retenir jusqu’à 30 000 migrants clandestins sur la base militaire américaine de Guantanamo à Cuba, ce qui s’ajoute à environ 40 000 places en camps de rétention déjà existantes à travers les Etats-Unis.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#frontiere#expulsion#retention#politiquemigratoire#retour#ameriquelatine#sante#villesancturaire

  • Denver, ville sanctuaire pour les migrants, résiste au plan d’expulsion de masse prévu par le gouvernement des Etats-Unis
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2025/03/02/denver-ville-sanctuaire-pour-les-migrants-dans-le-viseur-de-trump-je-ne-vais

    Denver, ville sanctuaire pour les migrants, résiste au plan d’expulsion de masse prévu par le gouvernement des Etats-Unis
    Par Corine Lesnes (Denver (Colorado), envoyée spéciale )
    Le plan d’expulsion de masse de l’administration Trump se heurte à la résistance des villes sanctuaires, qui, comme la capitale du Colorado, refusent de prêter main-forte à la police fédérale de
    Jeanette Vizguerra est toujours là. Elle n’a pas quitté le pays et, quoi qu’en pensent Donald Trump et ses fidèles, elle ne partira pas, du moins pas sans combat. En 2017, après l’investiture de l’homme qui avait fait des Mexicains ses cibles de prédilection, la mère de famille était « entrée en sanctuaire » – son expression – comme on entre dans les ordres. Réfugiée au sous-sol d’une église de Denver (Colorado), elle était devenue le visage des sans-papiers, établis depuis des années aux Etats-Unis mais pourchassés par la police de l’immigration. Le magazine Time en avait fait l’une des cent personnalités de l’année 2017. La comédienne America Ferrera avait pris la plume pour saluer cette mère courage devenue l’icône du mouvement sanctuaire, ce rassemblement d’églises, de villes et de citoyens qui refusent de collaborer à l’arrestation de leurs voisins.
    Huit ans ont passé. Jeanette Vizguerra a réussi à rester aux Etats-Unis grâce à une dérogation temporaire, renouvelée d’année en année, mais elle est toujours sous le coup d’une mesure d’expulsion. A ce stade de la campagne d’« expulsions de masse » lancée dès son retour au pouvoir par Donald Trump, elle préfère ne pas donner son adresse par téléphone. On la rejoint dans un pavillon de la banlieue ouest de Denver, dans un quartier en surplomb de l’autoroute qui file vers les montagnes Rocheuses. Quartier ami, à en juger par les fresques murales de la Vierge de Guadalupe.
    Les enfants de Jeanette ont grandi. Nés aux Etats-Unis, ils ont un passeport américain, en vertu de ce droit du sol que Donald Trump veut extraire de la Constitution. Luna, 20 ans, se prépare à entrer dans l’armée américaine. Roberto, 19 ans, a fini le lycée. A 10 ans, les enfants savaient déjà comment se comporter si la police essayait d’arrêter leur mère. Les deux grands filmeraient l’interpellation sur leur portable et appelleraient son avocat, pendant que Zury, la petite, irait se réfugier dans la chambre de ses parents. Aujourd’hui, c’est la consigne que Jeanette diffuse sur la page Facebook où elle enseigne aux sans-papiers à réagir aux opérations policières. Préparer les enfants. Leur donner un rôle, au lieu de les laisser assister impuissants à la séparation forcée d’avec leurs parents.
    Jeanette Vizguerra ne cache pas que les temps sont devenus difficiles. L’administration Trump 2 est « beaucoup plus agressive », constate-t-elle dans un anglais aussi rugueux que son profil. « Elle essaie de faire le plus de dégâts possible dans nos communautés. » La porte-voix des sans-papiers n’a plus de nouvelles d’America Ferrera. Mais elle dit que les migrants ne peuvent pas laisser le gouvernement « semer la terreur » dans leur esprit. Jeanette a travaillé plus de vingt-sept ans dans le Colorado comme femme de ménage. Elle a écopé d’une mesure d’expulsion en 2009 pour avoir été en possession d’une fausse carte de Sécurité sociale, le sésame qui permet de trouver un emploi. En 2013, elle a été arrêtée à la frontière, alors qu’elle revenait clandestinement du Mexique – où elle avait pris le risque de retourner pour voir une dernière fois sa mère, hospitalisée. A 54 ans, elle s’estime en droit de rester aux Etats-Unis. « Je ne vais pas les laisser me séparer de ma famille sans me battre », défie-t-elle.
    Le mouvement sanctuaire est apparu dans les années 1980, quand les églises américaines offraient refuge aux Salvadoriens fuyant la guerre civile. Il n’a pas de définition juridique universelle, mais désigne les Etats ou les villes qui ont décidé de limiter leur coopération avec la police de l’immigration, l’Immigration and Customs Enforcement (ICE). Pendant le premier mandat de Donald Trump, de 2017 à 2021, près d’une dizaine d’Etats démocrates (Californie, Colorado, Connecticut, Illinois, Massachusetts, New Jersey, New York, Oregon, Washington) et une centaine de villes se sont déclarés sanctuaires : ils ont adopté des lois interdisant à leurs polices locales d’aider la police fédérale à arrêter des clandestins. Beaucoup ont aussi interdit à la police de l’immigration de saisir des détenus dans les prisons locales sans un mandat délivré par un juge fédéral.
    Nombre d’Etats républicains (Alabama, Géorgie, Floride, Iowa, Tennessee, Texas, Virginie-Occidentale) ont contre-attaqué en adoptant des mesures inverses, obligeant les forces de l’ordre locales à coopérer avec les autorités fédérales. Le terme « sanctuaire » est devenu le symbole des divisions de la société américaine sur un sujet qui a pesé lourd dans la victoire de Donald Trump lors de l’élection de novembre 2024.
    Denver, la capitale du Colorado, Etat républicain jusqu’en 2008 et désormais solidement bleu, est l’une de ces villes sanctuaires que l’administration Trump essaie de mettre au pas mais qui n’ont pas l’intention de plier face aux injonctions présidentielles, quitte à se porter en justice. Aux Etats-Unis, l’immigration est du seul ressort de l’Etat fédéral. Rien n’oblige les polices locales à vérifier les permis de séjour des résidents. « Nous avons un principe très clair de séparation des pouvoirs, explique Violeta Chapin, professeure de droit et spécialiste de l’immigration à l’université du Colorado, à Boulder. Le gouvernement fédéral ne peut pas forcer les Etats à faire son travail. Il peut le leur demander, les encourager, mais il ne peut pas les y contraindre. »
    A peine installé dans le bureau Ovale, Donald Trump a frappé fort. Arrestations à grand spectacle, migrants menottés et renvoyés dans leur pays sous l’œil des caméras, annulation du statut temporaire accordé depuis 2023 aux Vénézuéliens, gel des subventions aux ONG de défense des migrants… Dans les deux jours qui ont suivi l’investiture du 20 janvier, l’association Rocky Mountain Immigrant Advocacy Network (Rmian), un réseau d’avocats spécialisés dans l’immigration, s’est vu signifier l’interdiction de fournir des conseils juridiques au centre de détention d’Aurora, dans la banlieue de Denver, l’un des plus grands du pays, où quelque 1 530 migrants, qui pour la plupart parlent à peine anglais, attendent de comparaître devant un juge. « C’est tellement cruel », note Mekela Goehring, la directrice de Rmian. Après s’être pourvue en justice, l’association, qui a formé une centaine d’avocats bénévoles, a retrouvé son accès aux migrants, mais elle s’attend d’un jour à l’autre à perdre 25 % de ses subventions.
    La confusion – le « chaos », disent les avocats – règne sur le statut des migrants. Ceux qui avaient saisi les opportunités de régularisation offertes au fil des années par les autorités américaines comprennent qu’ils ont construit sur du sable, que tout est susceptible d’être remis en question. Les demandeurs d’asile, les jeunes dreamers – amenés par leurs parents et protégés depuis 2010 par un statut temporaire (le programme Deferred Action for Childhood Arrivals, ou DACA) –, les parents d’enfants américains en attente d’une annulation de leur injonction à quitter le territoire : tous sont désormais susceptibles de faire l’objet d’une procédure d’« expulsion accélérée ». Et, comme ils ont fourni leurs coordonnées dans leur dossier, la police n’a plus qu’à les cueillir. « Plus personne n’est à l’abri », s’alarme l’étudiant en droit Hunter Parnell après avoir rendu visite, au centre de rétention, à un homme installé depuis plus de vingt ans aux États-Unis mais qui a eu le tort de se trouver « au mauvais moment au mauvais endroit ».
    La peur est intermittente, diffuse. « C’est une sorte de guerre psychologique », explique Kayla Choun, avocate au sein du cabinet Elevation Law, spécialisée dans la défense des migrants. Mais, malgré le départ en fanfare de sa campagne, l’administration Trump se heurte aux réalités. Selon le département de la sécurité intérieure, 37 660 personnes ont été expulsées en un mois, soit moins que sous Joe Biden (57 000 expulsions mensuelles en moyenne en 2024). Déçu par les premiers résultats, Donald Trump s’impatiente. Pour aider la police de l’immigration, débordée, il veut forcer les collectivités locales à arrêter les sans-papiers et à les détenir, quitte à menacer de couper les fonds aux villes démocrates qui protègent les migrants.
    Au cœur du concept de sanctuaire existe l’idée que certaines zones dites « sensibles » doivent être épargnées. Les parents doivent pouvoir déposer leurs enfants à l’école ou se rendre à l’hôpital sans risquer d’être arrêtés. Pour les responsables des collectivités sanctuaires, la sécurité de l’ensemble de la population est compromise si les migrants hésitent à s’adresser à la police de peur d’être arrêtés. Depuis 2011, une directive fédérale empêchait l’ICE de cibler les églises, les écoles et les hôpitaux. Donald Trump l’a révoquée dès le 20 janvier. « Les villes sanctuaires sont un sanctuaire pour les criminels, un point c’est tout, a asséné Tom Homan, l’architecte de la campagne d’expulsions massives, sur Fox News. Fini de jouer. »
    La remise en cause de ces protections a semé la consternation à Denver. Dans les écoles, les cliniques, les centres d’accueil pour étrangers, le personnel a dû suivre une formation. « Si la police se présente pour arrêter un patient, on doit demander à voir le mandat, résume le pédiatre Mohamed Kuziez, qui exerce au Children’s Hospital du Colorado. On peut refuser l’accès, mais on s’expose à être poursuivi pour obstruction à un agent de la force publique. »
    Sur le campus universitaire d’Auraria, dans le centre de la ville, où plus d’un quart des 42 000 étudiants est hispanique, les jeunes Latinos sont persuadés qu’ils sont surveillés par des agents en civil. « Ça rappelle les années 1930, quand Herbert Hoover a fait expulser 2 millions de Mexicains, dont plus de la moitié étaient des citoyens américains », affirme un étudiant en histoire, en référence à la campagne dite de « rapatriement mexicain » menée après la crise de 1929 par le gouvernement américain. Le 12 février, le district scolaire des écoles publiques de Denver, qui représente 207 établissements et 93 000 élèves de la maternelle à la terminale, a été le premier du pays à porter plainte pour rétablir l’interdiction des descentes de police dans les zones sensibles. Dans les écoles, la peur de la « migra », la police de l’immigration, est « dévastatrice », a souligné le responsable du district scolaire, Alex Marrero.
    A une altitude de 1 600 mètres, ce qui lui vaut son surnom de « Mile High City » (1 mile = 1 609 mètres), Denver s’enorgueillit de son capitole au toit recouvert de feuilles d’or 24 carats. Malgré la neige, plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés devant le bâtiment le 17 février, lors du Presidents’Day, jour de la traditionnelle célébration des présidents américains, pour protester contre la dérive « monarchique » de Donald Trump et d’Elon Musk. Aucun migrant n’avait osé se mêler au défilé.
    A deux pas de là, sur Grant Street, la First Baptist Church, tout en brique rouge, est l’une des 800 églises sanctuaires du pays (elles n’étaient que 250 en 2014). Dans le couloir, une affiche communique le numéro de téléphone à appeler pour alerter sur la présence de véhicules de l’ICE. C’est là que Jeanette Vizguerra s’était réfugiée, en 2017, dans une pièce aménagée dans le sous-sol. Fin janvier, l’église a fait installer un dispositif de sécurité. Si les agents de l’ICE veulent entrer, ils trouveront les portes fermées. La congrégation a décidé de « rester accueillante », indique Kurt Kaufman, l’assistant du pasteur. Elle se portera discrètement au secours des migrants en situation d’urgence. « Mais, si la police vient avec un mandat, il n’y a pas grand-chose que nous pourrons faire », soupire le jeune diacre.
    Les Etats et villes sanctuaires n’en sont pas à leurs premières attaques de la part du camp républicain. Début 2024, le très droitier gouverneur du Texas, Greg Abbott, avait expédié par bus à Denver des milliers de demandeurs d’asile, principalement des Vénézuéliens. La ville avait été débordée par l’arrivée de quelque 40 000 migrants en six mois, mais elle s’était mobilisée pour les loger puis les orienter vers d’autres localités. Le 3 mars, le maire, Mike Johnston (qui n’a pas répondu à notre demande d’entretien), est convoqué à la Chambre des représentants, en compagnie de ses collègues démocrates de Boston et de Chicago. La commission de surveillance et de réforme du gouvernement leur reproche de « compromettre la sécurité des Américains » en « entravant la capacité des agents fédéraux » à procéder à l’arrestation de criminels par leurs politiques « obstructionnistes ».
    L’offensive des républicains ne s’arrête pas là. La nouvelle ministre de la justice, Pam Bondi, a ordonné le gel des crédits qui, sous l’administration Biden, étaient octroyés aux villes sanctuaires pour compenser les dépenses occasionnées par l’arrivée des demandeurs d’asile (350 millions de dollars dans le cas de Denver). Ancienne procureure générale de Floride, grande alliée de Trump, elle envisage de poursuivre, au nom de l’Immigration and Nationality Act, les responsables locaux qui font obstacle à la transmission d’informations aux autorités fédérales. « Cette loi ne dit rien sur l’obligation de recueillir ces informations, rétorque la professeure Violeta Chapin. Personne n’a ordonné à Denver de ne pas partager d’informations avec le gouvernement fédéral. Le principe des villes sanctuaires, c’est qu’elles ne collectent tout simplement pas ces informations. »
    (...)L’« opération Aurora » a eu lieu le 5 février. Plusieurs complexes résidentiels des quartiers longeant East Colfax ont vu le débarquement de commandos avec des gilets pare-balles marqués ICE, soutenus par des transport de troupes blindés et des fumigènes. Arrivés au complexe d’appartements Edge of Lowry, un ensemble d’une soixantaine de logements mal entretenus, où les résidents se plaignaient depuis des années non pas des gangs mais des marchands de sommeil exploitant leur situation précaire, ils ont frappé aux portes sans ménagement. « Policia ! »
    Les ONG n’ont pas été surprises. V. Reeves, 29 ans, une diplômée en neurosciences qui a fondé le réseau d’aide aux sans-abri Housekeys Action Network Denver, dormait sur place depuis déjà une semaine. Elle a d’abord entendu le bruit des bottes. Les agents portaient des béliers, prêts à enfoncer les portes alors que la loi ne leur en donne pas le droit, sauf à présenter un mandat d’arrestation. « De la pure terreur », dit l’activiste (qui, non binaire, se fait appeler par le prénom V, en écho au V de la victoire). La veille, V. avait encore fait le tour des résidents pour leur rappeler de ne pas ouvrir leur porte, quoi qu’il arrive. Personne n’a ouvert. « Je suis tellement fier, exulte V. Pas un résident d’Edge of Lowry n’a ouvert. Personne n’a été arrêté ! »
    Dans le reste de l’agglomération, le bilan de l’opération, menée simultanément dans une demi-douzaine de résidences, n’a pas été plus impressionnant. Une quarantaine d’interpellations mais un seul suspect ayant un casier judiciaire, alors que la police avait annoncé cibler une centaine de membres de Tren de Aragua. Tom Homan, le « Tsar de la frontière », comme le surnomme Donald Trump, a blâmé des « fuites » émanant des médias pour expliquer le coup de filet raté. (...).

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#denver#villesanctuaire#expulsion#politiquemigratoire#sante#droit#santementale

  • #Journal du regard : Février 2025

    https://liminaire.fr/chronique/journal/article/journal-du-regard-fevrier-2025

    https://www.youtube.com/watch?v=EdJ-NzzHZLk

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions

    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Photographie, #Jardin, #Création, #Hiver, #Niemeyer (...)

  • #Accueil des migrants : l’État condamné à verser près d’un million d’euros à une communauté d’agglomération basque

    L’État français a été condamné à rembourser la communauté d’agglomération Pays basque pour « #carence » dans l’accueil de migrants #sans_abri, assuré par cette collectivité alors qu’il incombe aux services de l’État, selon une décision rendue hier. Un « effet de contagion » de cette #jurisprudence est attendu.

    Dans son arrêt, la cour administrative d’appel de Bordeaux a rappelé les obligations de l’État en matière d’#hébergement_d'urgence de « toute personne sans abri et en détresse », à l’exception de certains cas comme les femmes enceintes et les mères isolées, prises en charge par les départements.

    Suivant l’avis du rapporteur public, la cour a constaté une carence « avérée et prolongée » de l’État en raison de « l’3insuffisance du dispositif d’hébergement d’urgence mis en place dans le département des Pyrénées-Atlantiques, lequel comptait moins de 300 places d’accueil en 2019 » malgré un afflux de 9 000 personnes migrantes sans abri au cours de l’été 2018.
    Jurisprudence

    « Les personnes migrantes, peu importe leur situation, sont des êtres humains et doivent être accueillies », a réagi auprès de l’AFP Me Pierre Cambot, avocat de l’agglomération.

    Cette décision « impose à l’État de respecter sa propre compétence, à savoir l’hébergement d’urgence », a-t-il ajouté, disant s’attendre à un « effet de contagion » de cette jurisprudence à d’autres territoires et collectivités confrontés au même problème. « On pourra se prévaloir de cet #arrêt pour obtenir gain de cause ailleurs », juge-t-il.

    Un collectif d’associations a d’ailleurs annoncé jeudi le dépôt devant le tribunal administratif de Paris de deux recours contre l’Etat pour « #carences » dans la lutte contre le #mal-logement, dont l’un concerne l’hébergement d’urgence.

    Pour accueillir ces populations très précaires transitant depuis l’Espagne, la communauté d’agglomération Pays basque (320 000 habitants), avait notamment créé un centre baptisé « Pausa », qu’elle finançait intégralement à hauteur de 900 000 euros annuels.

    Cette structure, située à Bayonne, a accueilli plusieurs dizaines de milliers de personnes depuis 2019, pendant une durée moyenne de trois jours.

    Pour la cour administrative d’appel, « la communauté d’agglomération Pays basque était fondée à prendre en charge, à titre supplétif, des prestations d’accueil des migrants sans abri transitant en nombre sur son territoire (...) et à demander à l’État le remboursement des sommes correspondantes ».

    L’arrêt condamne l’État à verser 836 740 euros à la communauté d’agglomération, plus les intérêts. En octobre 2022, le tribunal administratif de Pau avait rejeté en première instance la requête de cette collectivité locale.

    https://www.maire-info.com/accueil-des-migrants-l'%EF%BF%BDtat-condamne-%EF%BF%BD-verser-pres-d'un-
    #France #condamnation #migrations #asile #réfugiés #hébergement #Etat #justice

    ping @karine4

  • Le maire de New York se dit prêt à collaborer davantage avec Donald Trump sur l’immigration
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/02/14/le-maire-de-new-york-se-dit-pret-a-collaborer-davantage-avec-donald-trump-su

    Le maire de New York se dit prêt à collaborer davantage avec Donald Trump sur l’immigration
    Le Monde avec AFP
    Le maire de New York a affirmé, jeudi 13 février, vouloir collaborer davantage avec l’administration Trump en matière d’immigration, se disant notamment prêt à ouvrir les portes de la prison de Rikers Island aux agents fédéraux, quitte à fragiliser le statut de « sanctuaire » de la mégalopole.
    L’édile Eric Adams a reçu, jeudi, Tom Homan, chargé par le président américain de la politique d’expulsion massive des immigrés en situation irrégulière. Les deux hommes ont discuté de la façon de « travailler ensemble pour expulser de [New York] les gangs violents de migrants », selon un message publié par le maire sur X. « Nous travaillons à la mise en œuvre d’un décret présidentiel qui rétablira la possibilité pour les agents de l’ICE [l’agence fédérale chargée du contrôle des frontières et de l’immigration] d’opérer à Rikers Island », la plus grande prison de la ville, a écrit le maire.
    Depuis l’adoption en 2014 du statut de « sanctuaire », censé limiter la coopération de New York avec la politique fédérale en matière d’immigration, l’ICE n’y avait plus de bureaux, ce qui lui permettait de faciliter le transfert des détenus directement vers des centres de rétention en vue de leur expulsion.Cette fois, a précisé le maire, les agents fédéraux de l’immigration seront affectés pour aider les « enquêtes criminelles, en particulier celles concernant les criminels violents et les gangs ». « J’ai dit clairement que je voulais travailler avec la nouvelle administration fédérale, pas lui faire la guerre », a insisté l’ancien capitaine de police devenu maire d’une ville qui a accueilli, selon lui, plus de 230 000 migrants depuis 2022. Il a également évoqué la possibilité « d’intégrer plus de détectives de la police new-yorkaise » au sein des polices fédérales sur ce thème.
    Depuis plusieurs mois, les positions du maire sur l’immigration se rapprochent de celles du président républicain. De son côté, l’administration Trump a demandé, lundi, aux procureurs fédéraux de Manhattan d’abandonner les poursuites pour corruption à l’encontre d’Eric Adams, arguant notamment que celles-ci l’empêchaient de « consacrer toute son attention et ses ressources à la lutte contre l’immigration ». Cette affaire a provoqué, jeudi, la démission de la procureure fédérale de Manhattan chargée du dossier.
    Dans un communiqué commun, plusieurs élus de l’aile gauche du conseil municipal de New York ont déploré une démarche « inquiétante » et illégale au regard de la législation locale. « Cette annonce ne fait que renforcer l’inquiétude au sujet d’un maire qui donne la priorité aux intérêts de l’administration Trump plutôt qu’à ceux des New-Yorkais », ont dénoncé ces élus démocrates.
    Pour l’ONG Immigrant Defense Project, Eric Adams « s’est efforcé de s’attirer les faveurs du président Donald Trump » ces dernières semaines dans l’espoir de voir « les poursuites pour corruption [à son encontre] abandonnées ». Mercredi, la ministre américaine de la justice, Pam Bondi, a, par ailleurs, annoncé l’ouverture de poursuites contre les autorités de l’Etat de New York en raison de son rôle de « sanctuaire ».

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#newyork#villesanctuaire#immigration#expulsion#politiquemigratoire#droit#sante

  • L’arbre, le maire et le terrain constructible
    https://laviedesidees.fr/L-arbre-le-maire-et-le-terrain-constructible

    L’objectif « Zéro artificialisation nette », ou ZAN, suscite de nombreux débats, souvent très techniques. Pourquoi empêcher les villes de s’étendre sur les espaces naturels, les forêts et les terres agricoles ? S’agit-il comme l’affirment certains élus d’une mesure « ruralicide » ?

    #Politique #ville #logement #agriculture #urbanisme #urbanisation
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20250214_zan.pdf

    • fin de l’article (dense et stimulant) :
      #artificialisation

      Sortir de l’opposition entre mondes urbains et ruraux
      Malgré les protestations, tensions et questions suscitées par le #ZAN, l’optimisme demeure possible car les débats ont accompagné une prise de conscience des enjeux pédologiques, et plus largement écologiques, associés aux sols. Beaucoup d’urbanistes et d’aménageurs, dont l’auteur de ces lignes, ignoraient toute l’importance des sols pour la biodiversité ou une agriculture écologique. À présent, la réduction des sols à du foncier plus ou moins constructible n’est plus permise. Pour le Sénat lui-même, la « sobriété foncière » est une exigence indiscutable.

      Le ZAN a donc redéfini les termes du débat. Comment consolider cet acquis ? Difficile de répondre. Si on prend le point de vue de l’écologie politique, quatre questions restent ouvertes. La première est, pour reprendre une formule qui a fait mouche, l’articulation des « fins de mois » et de « la fin du monde ». Cette question est centrale. Derrière le ZAN, une partie du pacte social français se trouve mise en cause pour les classes populaires.

      La seconde question est relative à la place des initiatives locales. Au vu du passé, et même du présent, faire confiance aux élus locaux pour garantir un usage des sols moins inconséquent peut paraître difficile. Mais jusqu’où l’État peut-il imposer ses vues à des dizaines de milliers d’élus (et même des centaines de milliers, en comptant les membres des conseils municipaux et intercommunaux) ? Et quand bien même il le pourrait, serait-ce souhaitable ? Pour l’écologie politique, la réponse à cette question renvoie au débat entre celles et ceux pour qui les urgences écologiques nécessitent un retour à une planification autoritaire et celles et ceux qui, inspirés par les mouvements des communs, le municipalisme ou les pensées libertaires, pour qui il faut faire ici et maintenant et que le changement ne peut venir que du bas, du local. Dans cette seconde perspective, les petites communes rurales peuvent constituer un levier majeur de transformation [55].

      Planification centralisée ou pas, il convient incontestablement de modifier les règles du jeu. Mais, et c’est la troisième question, quelles règles faut-il transformer ? L’enjeu est-il vraiment de mettre un terme aux extensions urbaines ? Plutôt que d’agir sur les symptômes, ne faut-il pas intervenir sur les causes, à savoir les plus-values retirées du classement en zone constructible ? Ces plus-values trouvant leur origine dans l’action des collectivités locales, il serait logique qu’elles reviennent à ces dernières plutôt qu’à des propriétaires privés.

      Quatrième question : la catégorisation des sols dédiés à l’agriculture. Cette question, relativement simple en théorie, est politiquement très délicate. L’enjeu est majeur pourtant. Redéfinir le ZAN pour imposer des contraintes à l’agriculture changerait beaucoup de choses. Cela créerait une pression très forte en faveur de l’agroécologie. Parallèlement, les communes seraient poussées à inclure l’agriculture dans leurs projets de territoire. Cela conforterait les démarches déjà engagées de projets agri-urbains [56], où les collectivités locales se mêlent d’agriculture pour favoriser les circuits courts et l’agroécologie (notamment parce que les citadins sont souvent très inquiets des épandages de pesticides et autres produits chimiques dans leur voisinage). Cela donnerait aussi et surtout une consistance politique à la périurbanisation, particulièrement intense en France. Aujourd’hui les couronnes périurbaines des villes rassemblent plus de 40 % de la population française [57]. Or ces couronnes rassemblent également deux-tiers des exploitations agricoles (en nombre comme en superficie [58]). Mondes ruraux et mondes urbains se sont profondément entremêlés, liant leurs destins. Pour reconnecter l’humanité et le vivant, comme le demandent avec insistance certaines pensées écologistes, l’enjeu est d’articuler les dimensions campagnardes et citadines des territoires plutôt que de les opposer.

    • image non créditée (et qu’on trouve pourtant un peu partout)
      occasion de repointer vers les photos de Christoph Gielen dans Ciphers, relevé ici à la parution du livre (2014)
      https://seenthis.net/messages/275618

      depuis, il a un nouveau projet (que je met en billet plein par ailleurs)

      Supermax : Structures of Confinement and Rationales of Punishment
      Work — Christoph Gielen
      http://www.christophgielen.com/category/work

      Forthcoming:
      Exploring the rationales behind the building of maximum security prisons, “Supermax” offers rarely-heard industry insider assessments of the architectural aims behind these facilities and presents an otherwise not available opportunity to examine these places from directly above.

      “Supermax” is conceived as a video exhibition accompanied by a discussion forum that will address the future role of prison architecture and respond to the growing impasse facing the corrections praxis today.

  • Les #arbres en #ville : pourquoi il n’y a pas que le #nombre qui compte

    Combien d’arbres faudrait-il idéalement dans nos villes pour nous permettre de vivre dans des environnements frais, sains et agréables ?

    En tâchant de répondre à cette question, les chercheurs en écologie, Alain Paquette, Serge Muller et Bastien Castagneyrol rappellent au passage que beaucoup d’autres paramètres doivent être pris en compte pour verdir la ville au bénéfice de tous. Cette analyse est tirée de la conclusion de l’ouvrage qu’ils ont coordonné De l’arbre en ville à la forêt urbaine aux éditions Quae pour la France, et aux Presses de l’Université du Québec pour la distribution québécoise.

    De nombreuses études montrent un lien direct entre l’importance des arbres dans l’environnement urbain (habituellement rapporté par l’indice de canopée) et les effets sur la santé humaine, physique et mentale.

    Mais combien faut-il d’arbres ? Il n’y a pas de chiffre magique, bien que plusieurs aient été proposés. Pendant vingt ans, le chiffre de 40 % a circulé. Quarante pour cent, ce serait l’indice de canopée souhaitable, c’est-à-dire la proportion de l’espace urbain, qui serait occupée par les arbres si l’on regardait une ville d’en haut. Ce chiffre a été établi dans un article d’American Forests publié en 1997 après avoir analysé le couvert végétal de dizaines de villes aux États-Unis.

    Mais en janvier 2017, ce même organisme se rétractait, arguant que beaucoup d’autres facteurs étaient à considérer (densité de population, du bâti, climat, autre couvert végétal), et que la recherche des dernières années ne cautionnait plus cette valeur. Très récemment, d’autres auteurs ont établi que si la canopée d’une ville atteignait les 30 %, la température moyenne pourrait baisser d’environ un demi-degré et réduire d’un tiers les décès prématurés liés aux canicules. Trente pour cent, c’est moins que 40 %, mais c’est le double de la moyenne actuelle de l’indice de canopée des principales grandes villes à l’échelle mondiale.

    Des programmes souvent sans objectif clair

    Quel est l’indice de canopée souhaitable ? Trente pour cent ? Quarante pour cent ? Il n’y a pas de consensus, mais il est clairement apparu au travers des chapitres de l’ouvrage que la question n’est pas seulement de déterminer le nombre d’arbres dont nous avons besoin pour rendre nos villes durablement vivables. L’enjeu est aussi d’identifier les espèces d’arbres dont nous avons besoin, à quels endroits, et la façon dont nous pouvons les accompagner dans leur croissance et leurs interactions avec leur environnement biotique et abiotique pour tirer le maximum des services, nombreux, qu’ils peuvent fournir aux populations citadines.

    Il apparaît dès l’introduction de l’ouvrage que les programmes de verdissement des villes affichent dans leur grande majorité des objectifs en matière de nombre d’arbres à planter (ou, déjà mieux, de pourcentage de canopée), avec une promesse de bénéfices sur la santé et le bien-être. Paradoxalement, très peu de programmes de plantation mettent l’accent sur les services, comme réduire de 5 °C les températures extrêmes (Buenos Aires, Argentine). Ce choix est inquiétant car, sans cible claire, malgré les meilleures volontés et les ressources investies, le risque est grand de ne pas obtenir les effets escomptés ou, pire, de favoriser l’émergence de problèmes sanitaires, pour les arbres eux-mêmes et les espèces associées, l’espèce humaine comprise. Et parce que par ailleurs les programmes de plantation d’arbres urbains sont menés à grand renfort de communication sur les bienfaits attendus, il faut également s’inquiéter du risque insidieux de favoriser une forme de défiance des populations citadines vis-à-vis de la science si les promesses ne sont pas satisfaites et d’une défiance encore accrue de la part des populations habitant en dehors de ces cœurs métropolitains surinvestis par ces promesses.

    Planter aux bons endroits

    Un point commun qui revient dans plusieurs chapitres de l’ouvrage est la nécessité d’intervenir aux bons endroits. C’est bien sûr d’abord un problème d’écologie : les performances d’un individu (sa croissance, sa survie, sa reproduction) sont en premier lieu déterminées par la qualité et la quantité des ressources (l’eau, l’azote, la lumière, etc.). Le manque autant que l’excès sont délétères. Les gammes optimales de disponibilité en ressources varient d’une espèce à l’autre. Les chênes à feuilles sempervirentes sont par exemple plus résistants au manque d’eau que les chênes aux feuilles caduques. Il convient donc d’adapter les essences aux conditions locales de leur environnement. Or, en ville, ces conditions peuvent changer de manière abrupte sur quelques dizaines de mètres seulement. Mais ce qui fait « le bon endroit » pour un arbre urbain n’est pas qu’une question d’écologie. « Le bon endroit », c’est aussi là où l’arbre est et sera le plus utile pour les populations citadines.

    Aujourd’hui, de nombreux arbres urbains ne sont pas aux bons endroits. D’abord, parce que la majorité d’entre eux vivent dans des conditions environnementales qui frôlent, voire dépassent les seuils au-delà desquels leur survie est compromise. Ensuite, parce que les populations citadines les plus vulnérables sur le plan économique sont celles qui, en ville, sont les plus exposées aux chaleurs extrêmes et aux pollutions ; ce sont également celles qui sont les moins bien pourvues en #végétation.

    Viser plus de #diversité

    L’une des plus grandes menaces pour la #forêt_urbaine est son manque de diversité en matière d’essences, mais aussi de distribution dans l’espace, maintes fois documenté. En effet, dans la plupart des villes du monde, à peu d’exceptions près, les inventaires font état d’un grand nombre d’espèces au total, mais aussi d’un fort déséquilibre d’abondance entre essences, un petit nombre d’entre elles regroupant la majorité des effectifs. Ainsi, à Montréal, l’érable plane représente à lui seul plus de 17 % des arbres de la ville, et le genre Acer plus de 30 % des effectifs. Tout aussi alarmant, [l’écologue forestier Charles] Nock et ses collaborateurs ont montré en 2013 que les principales espèces utilisées dans les villes du nord-est de l’Amérique du Nord étaient les mêmes d’une ville à l’autre, et n’avaient aucun lien avec les forêts naturelles environnantes.

    Ces dernières années ont bien montré l’impact que peut avoir une surabondance de certaines espèces ou groupes, comme les frênes en Amérique du Nord, victimes d’un insecte, l’agrile du frêne, qui en absence de traitement tue pratiquement tous les arbres en quelques années. Or les frênes sont parmi les espèces les plus fréquentes dans la canopée des villes d’Amérique du Nord (plus de 20 % à Montréal, par exemple). Qu’un insecte ravageur s’installe durablement, et c’est la majorité de la forêt urbaine qui est menacée, avec des conséquences rapidement mesurables sur la santé humaine.

    Ainsi, la diversification des plantations est le meilleur outil que nous ayons pour réduire le risque lié aux changements climatiques, aux insectes et aux maladies exotiques. De la même manière que l’agricultrice avisée ne placera pas tous ses œufs dans un seul panier, ou que la banquière performante diversifiera son portefeuille d’actions, la diversification de la forêt urbaine diminue son exposition au risque par « effet de portefeuille », cette idée portant en effet le même nom en économie et en écologie. Seulement, il faut diversifier de façon efficace. Prenons encore l’image des portefeuilles financiers. Il est risqué de n’investir que dans des compagnies appartenant à un même secteur d’activité (pétrolier, par exemple) ; il faut plutôt miser sur des secteurs différents (technologies, énergies renouvelables, services). C’est pareil pour les arbres. La règle au doigt mouillé, dite « règle de Santamour » (pas plus de 10 % d’une espèce, 20 % d’un genre et 30 % d’une famille), est certainement utile, mais imparfaite, puisqu’elle ne tient pas compte des ressemblances fonctionnelles entre espèces non apparentées, et inversement. Un nouvel outil a ainsi été proposé s’appuyant sur les groupes fonctionnels, c’est-à-dire des groupes d’espèces qui se ressemblent (comme des compagnies appartenant au même domaine) ; il suffit de choisir des espèces appartenant à des groupes différents pour s’assurer d’une diversification et d’une réduction du risque efficace.

    La diversification vise donc non pas à augmenter les effectifs aujourd’hui, mais à s’assurer que la canopée dont nous aurons encore davantage besoin prochainement sera encore là pour garantir un niveau de services adéquat. Il est intéressant de noter que la diversification est aussi un moyen tout indiqué pour atténuer les desservices associés à la forêt urbaine, comme l’effet des pollens sur les allergies.
    Cibler des espèces d’arbres plus adaptées

    Le changement climatique menace de nombreuses espèces d’arbres qui sont actuellement abondamment présentes dans nos villes. Ainsi l’écologue Esperon-Rodriguez et son équipe ont montré en 2022 dans une étude concernant 3 129 espèces d’arbres et d’arbustes présentes dans 164 villes de 78 pays différents que les deux tiers de ces espèces pourraient être en situation de risque à l’échéance 2050.

    C’est pourquoi de nombreuses villes ont déjà commencé à anticiper ces changements et modifié leurs palettes végétales en y introduisant ou en renforçant la part des espèces résistantes à la sécheresse. Des outils ont été créés pour les aider dans le choix des essences les mieux adaptées aux différentes situations.

    Cependant, les objectifs de diversification et d’adaptation impliquent qu’il faut élargir l’offre et lancer rapidement, si ce n’est déjà fait, des essais avec des espèces de différentes provenances. Cela pose nécessairement la difficile question de l’indigénat, mais aussi de l’urgence de développer et de tester de nouveaux cultivars adaptés à la réalité urbaine. À partir d’espèces locales bien sûr, lorsque c’est possible, mais l’utilisation d’essences exotiques apparaît incontournable pour augmenter la diversité et la résilience.

    L’esthétisme sera toujours un élément important, ne serait-ce que pour l’acceptabilité publique des opérations d’intensification de la canopée. Mais il faut désormais, et de façon urgente, intégrer d’autres critères liés à la tolérance aux stress anticipés. Il serait aussi intéressant de cesser le développement et l’utilisation de cultivars dits « stériles » car ne produisant pas de fruits (graines), que d’aucuns trouvent indésirables, mais qui ne sont la plupart du temps que mâles, et produisant des pollens. Ce phénomène porte même un nom : le sexisme botanique. Bien que cette idée ait été largement reprise, aucune étude probante n’a documenté un effet réel sur les symptômes allergiques, et il serait intéressant de remettre au goût du jour les cultivars femelles, ou au moins réellement stériles.
    Des forets urbaines encore peu documentées

    Sans connaissances, impossible de poser des gestes concrets et sûrs pour augmenter la résistance et la résilience de la forêt urbaine de manière à assurer le bénéfice des précieux services écosystémiques qu’elle rend. Après des décennies de travaux en foresterie et en écologie forestière en forêts naturelles et aménagées, que peu de gens côtoient au quotidien, nous en avons développé une connaissance loin d’être complète mais suffisante pour faire des prédictions et des prescriptions avec une relative précision. Mais après tout au plus vingt ans de recherches encore parcellaires sur la forêt urbaine, nous allons de surprise en surprise et devons admettre que nous n’y connaissons pas grand-chose, et que la forêt urbaine est autrement plus complexe qu’imaginée au départ, comme le démontrent les chapitres de l’ouvrage.

    Au chapitre 1 par exemple, l’on montrait à quel point les conditions de croissance des arbres urbains sont souvent très différentes de celles de la forêt naturelle dans laquelle ils ont évolué. Les facteurs de stress et les maladies y sont aussi différents. On le sait désormais, l’arbre n’est pas seul, et supporte tout un microbiome complexe, partagé en partie avec les humains avec qui il cohabite dans la ville, et un nombre important d’autres organismes, petits et grands (insectes, oiseaux). La forêt urbaine est par définition indissociable des villes, et de leur développement historique et politique. Mais toute cette connaissance est très récente, et l’on commence à peine à connaître ces arbres avec lesquels nous partageons notre milieu de vie intime.

    La connaissance de la forêt urbaine, aussi trivial que cela puisse paraître, commence par son inventaire. Et cela peut même révéler de bonnes nouvelles ! La vaste majorité des inventaires de forêts urbaines disponibles se limitent aux arbres dans l’emprise publique, et sous la juridiction de la municipalité. En pratique, ces arbres représentent souvent moins de 50 % du total. Un écologue qui aurait réussi l’exploit d’échantillonner, de façon aléatoire, 50 % d’un habitat serait certainement en droit de prétendre à une excellente représentation. Mais justement, un échantillonnage centré uniquement sur l’emprise publique n’est pas aléatoire, et pourrait être fortement biaisé si les autres « propriétaires » d’arbres dans la ville prennent des décisions différentes, ce qui est hautement probable. Cela représente un frein au développement de plans d’intervention, par exemple pour augmenter la #résilience de la forêt urbaine.

    Les rares études ayant intégré les arbres privés (sur les terrains industriels, commerciaux, institutionnels et évidemment résidentiels) montrent que cette composante souffre elle aussi d’un manque de diversité causé par la surabondance de certaines espèces. Mais ces espèces ne sont pas les mêmes ! Ce qui a pour effet d’augmenter la diversité réelle de la ville, et c’est une excellente nouvelle.

    Au travers de cet ouvrage, nous avons cherché à ce que les arbres ne cachent pas plus la forêt urbaine que la forêt urbaine ne camoufle la complexité des interactions entre le vivant, humain et non humain, et son environnement minéral largement anthropisé. Ce sont les interactions entre la ville, les arbres, et nos choix d’aménagements qui façonnent la forêt urbaine, sa dynamique dans l’espace et dans le temps, et les bénéfices que nous en retirons. On retiendra donc que la ville fait la forêt urbaine, autant que la forêt urbaine fait la ville.

    https://www.tela-botanica.org/2025/02/les-arbres-en-ville-pourquoi-il-ny-a-pas-que-le-nombre-qui-compte
    #plantation #quantité #urbanisme #aménagement_urbain #urban_matters
    #livre

    • De l’arbre en ville à la forêt urbaine

      La plantation d’arbres est utilisée par de nombreuses municipalités comme solution naturelle pour faire face aux enjeux du changement climatique. Ce choix permet d’abaisser la température en luttant contre les îlots de chaleur urbains, de fournir un support à la biodiversité, d’améliorer le cadre de vie ainsi que la santé physique et mentale des citadins.

      L’arbre en ville, qu’il soit seul, en alignement ou dans un parc urbain, dépend de ses interactions avec les organismes qui lui sont associés dans les feuilles, le bois, le sol mais aussi de ses liens avec les arbres voisins et avec l’écosystème urbain. Fortement liés aux activités humaines, l’arbre en ville et la forêt urbaine font l’objet d’une gestion précise dont les enjeux et les modalités ont évolué au cours du temps.

      L’environnement urbain présente en effet des contraintes mais offre également des opportunités pour le développement des arbres. En retour, l’arbre et la forêt contribuent à façonner l’environnement urbain, avec un bénéfice recherché pour les populations humaines, faisant d’eux des objets autant écologiques que politiques.

      Cet ouvrage s’adresse à un public averti, et particulièrement aux personnes étudiantes et enseignantes en sciences du vivant et de l’environnement, en géographie, en sociologie et en sciences politiques. Il intéressera également les urbanistes, les gestionnaires des espaces verts et les élues et élus des municipalités.

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