• Accusations contre l’abbé Pierre : écoles, statues, parcs… Ces lieux qui vont être débaptisés après les nombreuses révélations

    Depuis les nouvelles accusations d’agressions et de harcèlement sexuel envers l’abbé Pierre, plusieurs villes comptent débaptiser des rues, jardins ou écoles portant son nom.

    Les témoignages se multiplient contre l’abbé Pierre. Vendredi 6 septembre, 17 nouveaux témoignages ont été révélés dans un rapport du cabinet spécialisé Egaé, relayé par la Fondation Abbé-Pierre. Accusé d’agressions sexuelles, de harcèlement sexuel, mais aussi d’intimidations, par des femmes et des enfants, l’image du religieux est sérieusement endommagée depuis cet été. Si Emmaüs a déjà fait part de son souhait de changer de nom, et donc de débaptiser certains de ces centres, c’est au tour de plusieurs communes de lancer des démarches pour changer des noms de rues, de parcs ou d’écoles.

    À commencer par la Ville de Paris, qui, si elle « salue le travail salutaire mené par la Fondation en toute transparence », a fait part de sa volonté de débaptiser les Jardins Abbé-Pierre Grands Moulins, dans le 13e arrondissement, « dès lors que la Fondation Abbé-Pierre a décidé de changer de #nom ». Une décision prise face aux « révélations […] très graves » concernant le religieux. La mairie assure qu’elle se « rapprochera de la Fondation afin d’examiner les modalités de ce changement », qui devra, dans tous les cas, être approuvé lors d’un Conseil de Paris.

    À #Saint-Étienne, c’est la commission des hommages publics de la Ville qui doit prendre une décision concernant son #square_Abbé-Pierre. Elle doit se réunir avant la fin de l’année, rapporte France Bleu Saint-Étienne. Son président, Gilles Artigues, propose de le renommer square de la Fondation Emmaüs.

    « Pas possible » de garder ce nom

    Au-delà des lieux publics, il y a des #établissements_scolaires, beaucoup faisant partie du privé, qui portent le nom du religieux. En #Ille-et-Vilaine, par exemple, le lycée professionnel Abbé-Pierre de #Tinténiac, qui porte ce nom depuis 2012, va changer, a annoncé la direction. Une réflexion qui avait été entamée dès les premières révélations, en juillet, et qui a été présentée et approuvée par l’équipe pédagogique « à l’unanimité », lors de la réunion de pré-rentrée, le 30 août dernier, précise le directeur, Raphaël Gouablin. Il précise qu’un nouveau nom devrait être soumis d’ici à « la fin du mois de novembre ». Un choix qui sera fait en consultation avec les élèves, les familles et l’équipe éducative et pédagogique.

    Un changement accueilli avec soulagement par une des enseignantes du lycée, Marie-Thérèse, qui s’est confiée au micro de France Inter. « On est obligés de prendre position », assure-t-elle. Dans la commune voisine, à #Hédé-Bazouges, l’école primaire va aussi changer de nom. Ses enfants y sont scolarisés. « Je suis victime d’abus sexuels et de viol et laisser le nom, pour moi, c’est cautionner, en partie. » La directrice, Florina Loisel, avait contacté dès cet été la direction diocésaine, mais depuis les nouvelles révélations, tout s’est accéléré. « On entend qu’il y a des choses auprès d’enfants, raconte-t-elle au micro de France Inter, donc ce n’est pas possible de garder ce nom ».

    Une #fresque recouverte en Seine-Maritime

    Dans le petit village normand d’#Esteville, en Seine-Maritime, plusieurs lieux sont concernés par cette épineuse question. Tout d’abord, le #lieu_de_mémoire, consacré à l’abbé Pierre, sera définitivement fermé, a annoncé Emmaüs. L’école du village va, elle, être renommée, même si « c’est l’intervention de l’abbé Pierre lui-même auprès du ministère de l’Éducation qui nous a permis d’avoir une école avec des murs en dur, un vrai toit », explique le maire, Manuel Grente. Pour lui, « le débat est vite clos au vu des faits et lorsqu’on agresse des enfants ». La fresque à l’effigie de l’abbé et les barrières portant son nom vont également être modifiées, assure la Mairie.

    La ville de #Nancy a, de son côté, annoncé lundi 9 septembre le retrait d’une #plaque_commémorative, posée sept mois plus tôt, en hommage à l’abbé Pierre. « Compte tenu de ces graves révélations, la municipalité de Nancy a donc décidé du retrait définitif de la plaque en la mémoire de l’abbé Pierre », écrit dans un communiqué la ville dirigée par le socialiste Mathieu Klein.

    Dans les Pyrénées-Atlantiques, c’est une statue à l’effigie du religieux qui pose problème. Installée dans la commune de #Lescar, sur un rond-point. Haute de six mètres de haut, elle avait été inaugurée en 2019. La maire, Valérie Revel assure que le sujet doit être discuté avec Emmaüs et le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, puisque la statue est située sur une route départementale, rapporte France Bleu Béarn Bigorre.

    https://www.francetvinfo.fr/societe/harcelement-sexuel/accusations-contre-l-abbe-pierre-ecoles-statues-parcs-ces-lieux-qui-von
    #toponymie #Abbé_Pierre #toponymie_féministe #toponymie_politique #viols #VFF #violences_sexuelles #écoles #places #noms_de_rue #Saint-Etienne #espace_public

  • La violence sexiste en tant qu’arme de guerre lors des attaques du Hamas du 7 octobre –
    Prise de position

    La prise de position rassemble les différents récits et rapports rendus publics jusqu’à présent. Il s’agit notamment de témoignages de survivantes ayant assisté à des actes de violence sexuelle, de descriptions faites par le personnel de sécurité et d’urgence, et de comptes rendus visuels qui ont circulé en ligne.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/07/19/violations-des-droits-des-etres-humains-crimes-de-guerre-crimes-contre-lhumanite/#comment-62211

    #international #violence

  • Au #procès des folles

    « Les violences sont déplacées dans le champs du #fantasme »

    Victimes de violences physiques et psychologiques de la part de leurs ex conjoints, Anouk et Marie doivent être expertisées par des psychologues et psychiatres suite aux #démarches_juridiques qu’elles entament, au pénal et au civil. Elles racontent leurs expériences traumatisantes face à des expertes qui minimisent les faits, remettent en doute leurs paroles, symétrisent les comportements ou encore les accusent d’être hystériques et masochistes. Ces psys considèrent qu’Anouk et Marie « y sont sans doute pour quelque chose », compte tenu de leurs profils psychologiques.

    De très nombreuses femmes vivent les mêmes expériences, source de nouveaux traumatismes, devant la justice, mais aussi dans les cabinets libéraux. Cet épisode décrypte le processus de #psychologisation de la violence (des victimes, mais aussi des agresseurs) qui permet de mieux l’occulter. Avec les analyses de psychologues et d’avocates qui tentent de faire changer ces pratiques.

    https://www.arteradio.com/son/61684896/au_proces_des_folles
    #justice #violence #procès_pénal #procès #traumatisme #masochisme #hystérie #occultation #invisibilisation #psychologie #anxiété #VSS #violences_sexuelles #expertise #peur #honte #répétition #larmes #humiliation #culturalisation #religion #histoire_familiale #hystérie #suspicion #intimité #expertise_psychologique #enquête_de_crédibilité #crédibilité #toute_puissance #traumatisme #post-traumatisme #consentement #colère #tristesse #témoignage #anxiété_généralisée #traumatisme_de_trahison #troubles_du_stress_post-traumatique (#TSPT) #subjectivité #psychanalyse #névrose #masochisme #analyses_paradoxales #présomption_de_masochisme #présomption #concepts #mise_en_scène #jeu #mensonge #manipulation #exagération #répétition #co-responsabilité #dépsychologisation #féminisme #violences_politiques #vulnérabilité #expertises_abusives #maltraitance_théorique #théorie #rite_de_domination #violences_conjugales #analyse_sociale #psychologisation_de_la_violence #patriarcat #domination #violence_systémique #féminicide #sorcière #pouvoir #relation_de_pouvoir #victimisation #violences_conjugales #crime_passionnel #circonstances_atténuantes #injustice #haine #haine_contre_les_femmes #amour #viol #immaturité #homme-système #empathie #désempathie #masculinité #masculinité_violente #violence_psychologique #humiliations #dérapage #déraillement #emprise_réciproque #reproduction_de_la_violence #émotions #récidive #intention #contexte #figure_paternelle #figure_maternelle #imaginaire #violence_maternelle #materophobie #mère_incenstueuse #parentalité_maternelle #parentalité_paternelle #dénigrement

    #audio #podcast

    ping @_kg_

    • Merci
      Cette émission a fait un écho tremblant aux accusations et dénigrements de psychologues dont j’avais requis les compétences pour m’aider (croyais-je) alors que j’étais en soin pour un cancer du sein métastasé. La première, je n’ai pas ouvert la bouche que déjà elle me dit que je me suis assise de façon présomptueuse et un autre moment elle rit en me disant qu’elle voudrait bien voir mon enfant pour savoir comment il s’en sort d’avoir une mère comme moi. Une autre, à qui j’ai demandé d’agir en relais le temps des soins pour mon enfant qui débute ses études, et qui présente des phases dépressives suite à des maltraitances de son père, lui conseille d’aller vivre chez lui devenu SDF à 600km de là et me donne un rdv où j’apprends qu’il sera présent, refusant de m’entendre alors que c’est moi qui l’ai toujours payé. Tellement choquée que je pars en voir une autre pour lui demander si il est normal d’agir ainsi. Cette fois, en sortant, j’étais responsable du cancer qui m’avait fait perdre mon sein dû à des problèmes psys de maternité non résolu, j’allais détruire mon entourage, mon enfant également et j’avais juste envie de me suicider.
      J’ai quand même repris trois mois plus tard un suivi par une psychologue de la clinique qui m’a cette fois réellement écoutée et aidée. Jamais eu le courage cependant de retourner voir les 3 autres pour dénoncer leur incompétence et leurs humiliations.

      #psychologues #violences_psychologiques #maternophobie #courage_des_femmes

  • « La défense des violeurs de Mazan est un échantillon chimiquement pur de la violence patriarcale », Hélène Devynck
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/06/helene-devynck-la-defense-des-violeurs-de-mazan-est-un-echantillon-chimiquem

    Chère #Gisèle_Pélicot, vous êtes entrée dans nos vies comme au tribunal d’Avignon, par la grande porte. Vous ne voulez pas vous dérober. Vous marchez droit, tête haute. Votre mise est soignée, silhouette menue, robe d’été, coiffure impeccable. Votre regard est caché par des lunettes noires que vous allez bientôt retirer. Un peu perdue, un peu flottante au centre d’une attention trop grande pour vous. Autour, c’est un cirque. La meute de journalistes est tenue à distance par vos avocats.

    Vous l’avez défendu, cet homme avec qui vous avez fait votre vie et vos enfants avant d’apprendre qu’il vous droguait et invitait tous ceux qui le voulaient à vous violer. Un bon père, un type bien, un super mec même, disiez-vous. Votre fille Caroline a cessé de l’appeler « papa » comme elle l’a écrit sur la couverture de son livre. Elle raconte l’explosion, les ravages du mensonge sur la famille, l’angoisse qui terrasse, la colère qui brûle, le passé en cendres et la douleur qui tabasse. Elle est là avec ses frères et ses questions sans réponse. Leur amour vous escorte.

    Le jour de l’ouverture du procès de vos violeurs a aussi été celui de l’officialisation de votre divorce. Une autre meute vous attend dans la salle d’audience : celle des 50 hommes qui sont jugés pour viol en réunion. Il y en aurait des dizaines d’autres qu’on n’a pas pu identifier. Vous faites face. Rien ne vous préparait à être dans cette salle d’audience. Un des accusés est arrivé en retard parce que, dit-il, il devait accompagner son fils à l’école pour la rentrée. Je me suis demandé qui avait accompagné vos petits-enfants, qui faisaient, eux aussi, leur rentrée scolaire. Je sais que vous avez pensé à eux à ce moment précis.

    Réalité difficile à accepter

    Vous les voyez tous pour la première fois sauf ce voisin que vous croisiez parfois dans la vie d’avant, celle qui ne reviendra jamais, celle de la maison du Vaucluse et de l’ignorance préservée. Vous les regardez. Ils regardent leurs pieds. Ils n’avaient jamais vu vos yeux, Jean, Didier, Jean-Luc, Romain, Redouan, Cédric, Grégory, Karim, Jean-Marc, Philippe, Quentin, Nicolas, Vincent, Patrick, Paul et les autres… On ploie sous la longueur de la liste et la banalité des profils. Les trois quarts d’entre eux ne reconnaissent pas les viols, comme tous ceux qui font les gros titres de l’actualité, les PPDA, Nicolas Hulot, Salim Berrada, Gérard Miller, Olivier Duhamel, Benoît Jacquot, Jacques Doillon, Gérard Depardieu…

    Leurs arguments sont toujours les mêmes. Ils font tourner l’infect disque rayé du mensonge complaisant. Ils n’ont pas compris ce qu’ils faisaient. Ils sont sûrs d’être, eux aussi, des types bien, pas des monstres, même quand on leur montre les vidéos des crimes. Ils sont pompier, journaliste, étudiant, chauffeur routier, gardien de prison, infirmier, retraité, conseiller municipal, nos amis, nos amants, nos pères, nos frères. Une réalité difficile à accepter.

    Un seul s’est adressé à vous pour vous présenter des excuses. Leur défense est un échantillon chimiquement pur de la #violence_patriarcale et des masques derrière lesquels elle s’abrite pour prospérer. « Le patriarcat est dans la maison ce que le fascisme est dans le monde », écrivait Virginia Woolf dans Trois guinées (1938).

    Certains évoquent le poncif éculé de la pulsion, d’autres la frustration sexuelle due à l’absence prolongée d’une compagne officielle. Il y a celui qui trouve « bizarre » d’avoir fait ça. On trouve aussi des traces de « libertinage incompris ». Il y a celui qui ose l’ahurissant « viol involontaire ».

    « Consentement par délégation »

    Puisque vous étiez comateuse, il est difficile de prétendre que vous étiez partante. Difficile, mais quelques-uns tentent quand même le « j’ai pu croire qu’elle faisait semblant de dormir ». Les plus audacieux essayent le « consentement par délégation » ; le mari était d’accord, « il fait ce qu’il veut avec sa femme ». Une femme est soumise à son compagnon. L’ordre immémorial de la hiérarchie masculine est respecté.

    Ce qui est certain, c’est qu’ils ont tous bandé à l’idée de pénétrer un corps inerte. Le viol et l’ordinaire de la sexualité semblent avoir beaucoup de points communs dans leur esprit. Ils ont bien le droit. Ils ont le pouvoir de le faire. Ils n’allaient pas passer à côté d’un viol gratuit près de chez eux. Ils ont été biberonnés à la haine des femmes, au mépris qui s’excite de l’impuissance de l’autre. Le #sexisme féroce transpire de leur discours. La pornographie violente dont certains collectionnaient les images les plus répugnantes y est sans doute pour quelque chose. La domination absolue les a fait jouir. Ils ne voient pas le problème. Même au tribunal. Même devant vous.

    Ils font ce que font la plupart des hommes accusés : ils se victimisent et rajoutent une couche de mépris sur celle qu’ils ont déjà humiliée. Ils sont tombés dans un traquenard. On les a piégés. Vous êtes restée là, à les écouter sans ciller, droite sur le ring. Vous décrivez désormais votre vie comme un combat de boxe. Le combat est déloyal. L’adversaire a les armes du terrorisme patriarcal. Que vous soyez à terre ou debout, cassée ou le poing levé, votre droiture fait craqueler la carapace d’impunité qui les a longtemps protégés.

    Ce n’est pas seulement vous, Gisèle, qu’ils ont traitée comme une chose. Ils nous disent, à toutes, notre insignifiance. Votre force nous rend la nôtre. Merci pour ce cadeau immense.

    #viol #couple #famille

  • Libye : un millier de migrants libérés d’une prison clandestine - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/59576/libye--un-millier-de-migrants-liberes-dune-prison-clandestine

    Libye : un millier de migrants libérés d’une prison clandestine
    Par Leslie Carretero Publié le : 03/09/2024
    Les autorités libyennes ont annoncé samedi la libération d’un millier de migrants, enfermés dans un hangar faisant office de prison secrète dans la région d’Ash Shwayrif, au sud de Tripoli. Ces exilés, retenus dans des conditions déplorables, étaient torturés afin de forcer leurs familles à payer pour leur libération.
    Un millier de migrants, originaires d’Afrique subsaharienne, ont été libérés d’une prison clandestine de la région désertique d’Ash Shwayrif, à environ 400 km au sud de Tripoli, ont annoncé samedi 31 août les autorités libyennes. Parmi ces exilés, on compte de nombreuses femmes, enfants et même des bébés.
    Sur sa page Facebook, le bureau du Procureur général a diffusé une vidéo du raid organisé dans l’entrepôt qui servait de centre de détention aux trafiquants. Les images montrent des dizaines d’exilés enfermés dans un bâtiment plongé dans l’obscurité – le hangar dispose de quatre murs et d’un plafond en tôle, aucune fenêtre ne permet à la lumière d’entrer. Des tapis étalés par terre laissent penser que les migrants dormaient à même le sol, sur des morceaux de tissus.D’autres minuscules cellules - pouvant contenir uniquement un matelas – servaient sûrement à mettre des migrants à l’isolement.
    La vidéo laisse également apparaître les corps des personnes enfermées : certaines présentent des cicatrices, des marques de coupures ou de brûlures sur le corps, d’autres des maladies de peau. On peut aussi y voir un bébé en état de malnutrition sévère.
    Les migrants retenus à d’Ash Shwayrif ont été soumis à toutes sortes de torture « dans le but de contraindre leurs familles à payer des sommes d’argent en échange de leur libération », précise le communiqué du bureau du Procureur général. Les trafiquants « ont participé à des activités criminelles organisées en commettant des meurtres, des privations de liberté, et des viols », ajoute le document.Les autorités n’ont en revanche donné aucune information sur la prise en charge de ces migrants. Dans ce genre d’affaires, les exilés sont généralement transférés dans des prisons gérées par le Département de lutte contre l’immigration illégale (DCIM). Dans ces centres de détention, les Subsahariens sont aussi victimes de violences et doivent - souvent - payer une rançon de centaines d’euros pour leur libération.En mai dernier, 200 migrants avaient aussi été libérés d’une prison non officielle de Kufra, dans le sud-est de la Libye. Là encore, les exilés avaient affirmé avoir subi des violences de la part de leurs ravisseurs. Les exilés « ont été brutalement torturés » afin de forcer leurs familles à payer de « grosses sommes d’argent » pour leur libération, indiquait un communiqué du ministère de l’Intérieur.Ce genre de prisons secrètes sont nombreuses en Libye, pays en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Les milices ont trouvé dans la question migratoire une manière de s’enrichir. Les groupes armés n’hésitent pas à kidnapper des exilés en pleine rue, dans leur appartement ou sur leur lieu de travail pour les retenir captifs. En échange, les trafiquants filment les sévices infligés et envoient les images aux familles pour leur extorquer de l’argent.(...).

    #Covid-19#migrant#migration#libye#trafic#torture#violence#routemigratoire#sante#migrationirreguliere#detention#subsaharien

  • Désobéissance civile : citoyens hors la loi

    LSD explore les aspirations de la désobéissance civile. #Blocages, #sabotages, actions coup de poing : quelle place pour la possibilité de désobéir en #démocratie ?

    Du chantier de l’autoroute A69 aux assemblées générales de Total, pour soutenir les personnes exilées ou les femmes victimes de violences, des #luttes ont aujourd’hui en commun d’assumer publiquement d’enfreindre le cadre. De désobéir pour se faire entendre.

    La désobéissance civile n’est pas un phénomène nouveau. Ses aînés s’appellent #Act_Up, #Jeudi_noir, #Faucheurs_volontaires. Ses ancêtres #Gandhi, #Martin_Luther_King, #Hubertine_Auclert. Elle est le fruit d’une histoire longue, faite de multiples #combats. Elle connaît aujourd’hui un essor particulier, dans des luttes environnementales, sociales, féministes, qui ont toutes leurs spécificités, mais qui partagent une arme, celle de l’action illégale, politique, publique et non violente dans le but de changer la loi : la désobéissance civile.

    Avec cette série, c’est ce mode de lutte que nous avons voulu comprendre : questionner son essor, sa pratique, son efficacité, et sa place en démocratie. Pour ses partisans la désobéissance est un dernier recours, illégal, mais légitime. Pour ses opposants, elle est l’ennemie de l’Etat de droit, car comment vivre en société si l’on accepte que la règle commune soit niée, en conscience ?

    Cette tension entre #illégalité et légitimité, entre #interdiction et #nécessité, se manifeste avec force dans la #répression policière et judiciaire à laquelle les personnes désobéissantes s’exposent. Répression qui faisait dire en février dernier à Michel Forst, rapporteur des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, qu’elle constitue “une #menace majeure pour la démocratie et les droits humains”.

    Elle s’est aussi incarnée à l’été 2023 dans les déclarations bien différentes de deux des plus hautes autorités françaises en matière de justice. D’un côté le Conseil d’Etat, lorsqu’il a suspendu la dissolution des Soulèvements de la terre, a estimé que les actions du mouvement s’inscrivaient “en faveur d’initiatives de désobéissance civile”. De l’autre le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti, auditionné par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, disait en avoir “ras le bol de la petite musique de la désobéissance civile”, et poursuivait : “On a le droit, selon certains, quand on est porteur d’une cause que l’on estime légitime, de ne plus obéir à la loi. Rien n’est plus liberticide que cela.”

    Alors comment démêler les fils de la désobéissance ? Est-elle une remise en cause de l’#Etat_de_droit, ou une composante essentielle de la démocratie, comme l’affirmait son premier théoricien #Henry_David_Thoreau ?

    En partant sur la montagne de #Lure, auprès d’#Utopia_56 ou des #Robin_des_bois_de_l’énergie à la rencontre de celles et ceux qui vivent la désobéissance civile dans leurs luttes, en suivant avec ses spécialistes les chemins d’une pensée désobéissante sans cesse réinventée, en explorant avec #José_Bové, #Cédric_Herrou et les #Soulèvements_de_la_terre ce qui se joue lors des #procès, nous comprenons à quel point la tension est le cœur battant de la désobéissance civile. “Je reconnais tout de suite que le mot tension ne m’effraie pas”, écrivait Martin Luther King dans sa célèbre lettre de la prison de Birmingham, assumant que son combat voulait “engendrer une #tension telle que la communauté soit forcée de regarder la situation en face”.

    Aujourd’hui encore, il s’agit pour les actrices et acteurs de la désobéissance civile de révéler au grand jour les tensions déjà existantes. De sentir avec force qu’il serait possible d’agir ensemble. Leurs actions se préparent, se pensent, s’organisent en s’inspirant d’expériences passées, en utilisant les médias, les tribunaux et la puissance du collectif. La désobéissance civile dénonce l’illégitimité ou l’insuffisance des lois. Écouter ses battements, d’hier et d’aujourd’hui, nous raconte comment penser au-delà du cadre pourrait peut-être, parfois, parvenir à le faire changer.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-desobeissance-civile-citoyens-hors-la-loi

    #désobéissance_civile #loi #légalité #légitimité #désobéissance #violence #non-violence #femmes #dissidence
    #audio #podcast
    ping @karine4

  • Face au pire, nos aveuglements contemporains

    « La #polarisation a empêché l’#information d’arriver. » Iryna Dmytrychyn est parvenue à cette conclusion après avoir disséqué ce que la presse écrivait sur l’Holodomor, la grande famine de 1932-1933 en Ukraine, au moment où elle avait lieu.

    Malgré tous les efforts du pouvoir soviétique, quelques reporters avaient réussi à rendre compte de la catastrophe en cours, le plus célèbre étant le Gallois Gareth Jones et la plus effacée peut-être Rhea Clyman, une journaliste canadienne. En France, Suzanne Bertillon avait publié le témoignage circonstancié d’un couple de paysans américains d’origine ukrainienne dans le journal d’extrême droite Le Matin.

    Dans le paysage médiatique des années 1930, terriblement clivé selon l’orientation politique, la #presse d’extrême droite couvre la famine, tandis que les titres liés au Parti communiste, à commencer par L’Humanité, la taisent voire la nient. Dans les deux cas, la lecture politique des événements s’impose.

    Les #faits comptent moins que les #opinions : selon que l’on soit communiste ou anticommuniste, on croit ou non à l’existence de la famine, comme si les personnes affamées relevaient d’un point de vue. « Au-delà des faits, c’était une question de #foi », résume Iryna Dmytrychyn dans son livre. Peu importe le réel, ce qui fait « foi », c’est l’idée que l’on veut s’en faire.

    Si la presse fasciste a eu raison, c’était parce que les circonstances l’arrangeaient. Et encore, tous les journaux de l’extrême droite n’ont pas couvert cette gigantesque famine avec la même intensité : l’Ukraine, périphérie d’un empire colonial, avait moins d’importance aux yeux de Rivarol ou de L’Action française que ce régime communiste honni pour ne pas rembourser les emprunts russes, remarque Iryna Dmytrychyn.

    #Dissonance_cognitive

    « La presse du centre n’en parle pas car elle manque d’informations ou considère n’en avoir pas suffisamment », ajoute la chercheuse. L’approche sensationnaliste, quant à elle, exacerbe les récits déjà terribles. Des millions de morts sur des terres fertiles, en paix, des cas de cannibalisme… « Une disette peut se concevoir, mais manger ses enfants ? L’entendement se dérobe, conclut Dmytrychyn en reprenant la formule de l’historien Jean-Louis Panet. Notre cerveau ne pouvait l’admettre. »

    L’écrivain hongrois Arthur Koestler fut l’un des rares compagnons de route du parti communiste à être lucide sur l’#Holodomor, parce qu’il s’est rendu sur place. Il a fait l’expérience de cette « trieuse mentale » qui le poussait à refuser ce qui heurtait ses convictions. Il en va de même, aujourd’hui, pour les catastrophes en cours : les dizaines de milliers de morts aux frontières de l’Europe, les guerres meurtrières plus ou moins oubliées (au Soudan, à Gaza, en Ukraine, en Éthiopie…), ou encore le changement climatique. Ce dernier fait l’objet de nombreuses recherches pour tenter d’expliquer l’apathie, l’indifférence, voire le déni, qu’il suscite, comme d’autres catastrophes.

    La philosophe Catherine Larrère propose de reprendre le concept de dissonance cognitive, développé dans les années 1950 par le psychologue Leon Festinger. « Notre vie suppose une forme de #croyance dans l’avenir car cette #confiance nous permet d’agir. Quand quelque chose met en question ces #certitudes, on préfère trouver une autre #explication que de remettre en cause nos croyances. On préfère croire que le monde dans lequel on vit va continuer », résume l’intellectuelle.

    Les #neurosciences confirment le « coût » biologique de renoncer à ce qu’on pensait établi. « Lorsque les faits contredisent nos représentations du monde, le cerveau envoie un signal d’erreur en produisant des “#hormones_du_stress” », décrit Sébastien Bohler, docteur en neurosciences et rédacteur en chef du magazine Cerveau & Psycho. Créer des stratégies pour s’adapter à la nouvelle donne nécessite d’activer d’autres parties du cerveau, dont le cortex préfrontal, ce qui est « très consommateur d’énergie », poursuit le chercheur.

    Plutôt que de procéder à ces remises en cause, la première réaction consiste à s’en prendre au messager. « Les porteurs de mauvaises nouvelles, on les met à mort, au moins symboliquement », note le psychanalyste Luc Magnenat, qui a publié La Crise environnementale sur le divan en 2019. « On impute aux écologistes la #responsabilité de ce qui arrive parce qu’ils en parlent », précise Catherine Larrère, en suggérant nombre d’illustrations tirées de l’actualité : les inondations dans le nord de la France seraient causées par l’interdiction de curer les fossés afin de protéger les batraciens, et non par le changement climatique qui provoque des pluies diluviennes… Ou encore les incendies seraient dus « à des incendiaires », et non à la sécheresse.

    « Être écologiste, c’est être seul dans un monde qui ne veut pas entendre qu’il est malade », reprend Luc Magnenat en citant Aldo Leopold, le père de l’éthique environnementale. Dans sa chanson From Gaza, With Love, le rappeur franco-palestinien Saint Levant le dit dans son refrain : « Continuez à parler, on vous entend pas. »

    Cette difficulté à dire une catastrophe que personne ne veut entendre est étudiée dans l’ouvrage collectif Violence et récit. Dire, traduire, transmettre le génocide et l’exil (Hermann, 2020). « La #violence limite toute possibilité de #récit, mais aussi toute possibilité d’#écoute et de réception. Elle hante une société d’après-guerre peu encline à admettre la dimension impensable du #génocide […]. Elle se traduit par l’#effroi : d’un côté la #négation de ceux dont le récit ne peut pas se dire ; de l’autre le déni et la #peur d’une société qui ne veut pas être témoin de la #cruauté_humaine dont atteste le récit. Comment dire et entendre les rafles, les morts de faim ou sous la torture dans les prisons ou sur les routes d’Arménie ou dans les camps nazis ? […] Le témoignage met des décennies à pouvoir se tisser, le temps de sortir du #silence_traumatique et de rencontrer une #écoute possible », pose en introduction la directrice de l’ouvrage, Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, à la tête de l’Institut Convergences Migrations du CNRS.

    #Responsabilités_collectives

    Anthropologue et psychologue clinicienne, elle s’est concentrée sur la parole des personnes exilées, qui subissent une « triple violence » : une première fois sur le lieu du départ, ce qui constitue souvent la cause de l’exil (opposition politique, risques en raison de son identité, etc.) ; lors de la #migration pour éviter les risques inhérents à la clandestinité ; à l’arrivée en France où l’#administration impose un cadre qui ne permet pas à la #parole de s’exprimer librement.

    La possibilité du récit disparaît donc dans la société qui ne veut pas l’entendre, car elle se retrouverait sinon face à ses responsabilités dans ces violences. « Les #morts_aux_frontières relèvent de l’intentionnel, c’est une politique économique qui érige des murs », synthétise Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky.

    Refuser d’« attester de la violence » est l’une des formes du déni, qui en revêt d’autres. « Plus l’#angoisse est forte, plus le déni est fort », relève Luc Magnenat.

    Au-delà de son intensité, il trouve différentes manifestations. Dans son livre States of Denial (non traduit, « les états du déni »), le sociologue Stanley Cohen propose une typologie : le déni peut être littéral (cet événement ne s’est pas produit), interprétatif (la signification des faits est altérée), implicatif (les conséquences et implications sont minimisées). Surtout, Stanley Cohen sort le déni du champ psychologique en montrant qu’il peut relever de #politiques_publiques ou de #pratiques_sociales.

    Dans ses recherches sur les massacres des opposants politiques dans les prisons iraniennes en 1988, l’anthropologue Chowra Makaremi a observé ces « reconfigurations du discours du déni ». Après des décennies de négation pure et simple, le régime iranien a, sous la pression d’une mobilisation de la société civile, tenté d’en minimiser l’ampleur, puis a dénié aux victimes leur statut en considérant qu’elles n’étaient pas innocentes, avant de se présenter lui-même en victime agissant prétendument en légitime défense.

    Indispensable « #reconnaissance »

    Sortir du déni n’est pas un phénomène linéaire. S’agissant du #changement_climatique, Sébastien Bohler a observé une prise de conscience forte en 2018-2019. À ce « grand engouement », incarné notamment par les manifestations pour le climat, a succédé « un retour du climato-rassurisme », « nouvelle tentative de ne pas poursuivre la prise de conscience ».

    La théorie d’un #effondrement global simultané, qui a connu un nouvel essor à ce moment-là, a constitué un « #aveuglement », estime pour sa part Catherine Larrère dans le livre Le pire n’est jamais certain (Premier Parallèle), coécrit avec Raphaël Larrère, parce qu’elle empêchait de regarder la « multiplicité des catastrophes locales déjà en cours ». « La fascination pour le pire empêche de voir ce qui est autour de soi », en déduit la philosophe.

    Malgré les retours en arrière, des idées progressent inexorablement : « Au début des années 1990, il allait de soi que le progrès et les innovations techniques allaient nous apporter du bien-être. C’était l’évidence. Ceux qui émettaient des réserves passaient pour des imbéciles ou des fous. Aujourd’hui, c’est l’inverse, la croyance dans l’évidence du progrès fait passer pour étrange. »

    Le mur du déni se fissure. Ce qui l’abattra, c’est le contraire du déni, c’est-à-dire la reconnaissance, selon Stanley Cohen. Indispensable, la connaissance des faits ne suffit pas, ils doivent faire l’objet d’une reconnaissance, dans des modalités variables : procès, commissions vérité et réconciliation, compensation, regrets officiels…

    L’Ukraine a dû attendre la chute de l’URSS pour qualifier officiellement l’Holodomor de génocide, une reconnaissance qui a pris la forme d’une loi adoptée par le Parlement en 2006. Après l’invasion de son territoire par la Russie le 24 février 2022, plusieurs États européens, dont la France, ont fait de même, reconnaissant, 90 ans après, que cette famine organisée par le pouvoir soviétique n’était pas une « disette », ni une « exagération colportée par les ennemis du régime », mais bel et bien un génocide.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/180824/face-au-pire-nos-aveuglements-contemporains

    #déni #aveuglement

    • Violence et récit. Dire, traduire, transmettre le génocide et l’exil

      Face au désastre, peut-il y avoir un récit ? Au sortir du camp de Buchenwald, à l’heure des dizaines de milliers de morts en Méditerranée, que dire, que traduire, que transmettre ? Le récit peut-il prendre forme lorsqu’il s’agit d’attester du mal et de la cruauté, dont la conflagration mine l’écrit ? La violence empêche le récit lorsque les mots manquent radicalement pour dire l’expérience génocidaire ou exilique. Elle l’abîme, tant sa transmission et son écoute sont hypothéquées par le déni et le silence de la société qui le recueille. À travers l’étude de plusieurs formes de récits – chroniques de ghetto, récits de guerre ou poèmes et fictions – émerge l’inconscient de l’Histoire qui ne cesse de traduire les expériences de domination et de persécution de populations marginalisées. Comment décentrer la violence pour rendre le récit audible ? Les dispositifs d’écoute, d’interprétariat et de transmission se renouvellent. Ce livre apporte une lecture inédite des récits de violence, en proposant un parallèle entre les violences génocidaires et les exils contemporains dans une perspective résolument pluridisciplinaire.

      https://www.editions-hermann.fr/livre/violence-et-recit-marie-caroline-saglio-yatzimirsky

      #livre

    • States of Denial: Knowing about Atrocities and Suffering

      Blocking out, turning a blind eye, shutting off, not wanting to know, wearing blinkers, seeing what we want to see ... these are all expressions of ’denial’. Alcoholics who refuse to recognize their condition, people who brush aside suspicions of their partner’s infidelity, the wife who doesn’t notice that her husband is abusing their daughter - are supposedly ’in denial’. Governments deny their responsibility for atrocities, and plan them to achieve ’maximum deniability’. Truth Commissions try to overcome the suppression and denial of past horrors. Bystander nations deny their responsibility to intervene.

      Do these phenomena have anything in common? When we deny, are we aware of what we are doing or is this an unconscious defence mechanism to protect us from unwelcome truths? Can there be cultures of denial? How do organizations like Amnesty and Oxfam try to overcome the public’s apparent indifference to distant suffering and cruelty? Is denial always so bad - or do we need positiv...

      https://www.wiley.com/en-us/States+of+Denial%3A+Knowing+about+Atrocities+and+Suffering-p-9780745623924

  • #Madrid piste les traces de la #violence_coloniale dans ses collections de #peintures

    Dans une #exposition audacieuse, le #musée_Thyssen de Madrid passe en revue ses collections pour y repérer des traces de la violence coloniale perpétrée par des puissances européennes, jusqu’à présent occultées.

    UneUne famille de notables néerlandais prend la pose dans la campagne. La toile, un très grand format, a été peinte par Frans Hals, pointure du Siècle d’or aux côtés de Rembrandt et Vermeer, aux alentours de 1645. Un peu en retrait des quatre membres de la famille Ruychaver, vêtu de manière moins élégante, un enfant noir, un bâton à la main, fixe le public. De très près, on discerne une cicatrice, ou un tatouage, sur l’une de ses joues. Que fait-il là ? Que nous dit-il ?

    Des recherches récentes ont découvert que le père de famille fut le directeur du château d’Elmina, dans l’actuel Ghana, au service de la Compagnie des Indes occidentales, entre 1641 et 1645. Des milliers de personnes soumises à l’esclavage ont été vendues depuis ce fort, avant d’être envoyées vers des plantations aux Amériques. Mais le garçon noir sur le tableau témoigne aussi de la présence de personnes noires, qui n’étaient pas réduites au statut d’esclave, sur le sol des Pays-Bas à la même époque.

    Sans doute à cause du regard ambigu de l’enfant – défiance ou indifférence ? –, ce tableau a été récupéré depuis, comme un totem, par des artistes décoloniaux. La Péruvienne Sandra Gamarra se l’est réapproprié cette année à l’occasion de son exposition au pavillon espagnol de la Biennale de Venise. L’artiste Titus Kaphar avait réalisé en 2017 une performance spectaculaire autour d’une copie de ce tableau, lors d’une conférence TED intitulée « L’art peut-il amender l’Histoire ? »

    https://www.youtube.com/watch?v=DDaldVHUedI

    Cette toile emblématique constitue le cœur d’une exposition visible cet été au musée Thyssen-Bornemisza, l’un des principaux établissements culturels de Madrid, autour de la « mémoire coloniale » de ses collections. L’ambition est de taille : les commissaires ont retenu 73 œuvres, issues des collections anciennes et contemporaines du Thyssen, afin de « décrire les conséquences du processus colonial qui a débuté au XVIe siècle et ses répercussions dans le monde actuel ».

    Sur l’un de ses murs du musée est écrite, comme une boussole, cette phrase de Franz Fanon tirée des Damnés de la Terre : « Le bien-être et le progrès de l’Europe ont été bâtis avec la sueur et les cadavres des Nègres, des Arabes, des Indiens et des Jaunes. Cela nous décidons de ne plus l’oublier. » Dans la même salle où trône le tableau de Hals, d’autres toiles évoquent la traite de manière plus voilée. Les personnes noires en sont souvent absentes.

    Le Britannique Thomas Lawrence a peint vers 1825 un monumental portrait en pied d’un certain David Lyon, fringant banquier et fils d’un propriétaire de plantations sucrières en Jamaïque. Lorsque l’Angleterre déclara l’abolition progressive de l’esclavage en 1833, cet héritier toucha de confortables indemnités publiques à titre de compensation, en échange de la libération de 463 personnes sur l’île. C’est la première fois que le musée prend la peine de rappeler ce contexte.

    La démarche du Thyssen peut surprendre, de la part d’une fondation qui s’est surtout illustrée dans le débat public, ces dernières années, par ses réticences à restituer un tableau de l’impressionniste Camille Pissarro spolié par les nazis. D’autant que le baron Hans Heinrich Thyssen-Bornemisza, qui a constitué cette prestigieuse collection à partir de celle léguée par son père, doit sa fortune à l’empire industriel sidérurgique de la famille Thyssen, la même qui avait participé au financement de l’ascension d’Adolf Hitler.

    L’entreprise s’inscrit aussi dans un mouvement plus vaste d’une tentative de « décolonisation » des musées en Europe, de l’exposition sur « Le modèle noir » au musée d’Orsay à Paris (2019) à celle sur la traite négrière au Rijksmuseum d’Amsterdam (2021), en passant par celle sur l’art et l’empire organisée par la Royal Academy of Arts de Londres en début d’année. En 2023, le Met de New York consacrait une rétrospective au peintre « afro-hispanique » Juan de Pareja, qui fut d’abord réduit en esclavage au service de Diego Velázquez, avant de peindre pour lui-même.

    Dès 2010 en Espagne, le musée Reina Sofía de Madrid, sous la direction de Manuel Borja-Villel, avait organisé une exposition pionnière, « Principe Potosí », qui traçait des liens entre les conquêtes et la colonisation de l’Amérique et la fabrication d’une certaine modernité artistique. Chaque fois, il s’agit de mettre en tension le récit eurocentré que ces musées n’ont cessé de relayer et légitimer au fil des siècles.
    Mémoires anticoloniales

    L’exposition n’évoque pas seulement la représentation de la traite négrière. Son propos est plus vaste, et parfois bien plus articulé, d’un point de vue théorique, que ce que permettent d’illustrer les œuvres d’une collection réalisée à 95 %, par des peintres masculins et blancs, reflets des goûts d’une élite économique européenne au XXe siècle. « Dans bien des cas, il est plus important de souligner ce que ces peintures occultent que ce qu’elles rendent visible », résume Juan Ángel López-Manzanares, conservateur du musée Thyssen et l’un des commissaires de l’exposition.

    Une nature morte néerlandaise du XVIIe siècle, qui inclut une fine coupe de porcelaine chinoise, renvoie au « régime d’extractivisme » mis en place par la colonisation européenne. Une toile montrant des Native Americans, torse nu et à cheval, réalisée par un peintre d’origine allemande au XIXe siècle, montre la circulation des stéréotypes sur ces populations alors menacées d’extinction. De grands paysages brésiliens, peints par le Néerlandais Frans Post dès le XVIIe siècle, mettent en scène une harmonie de la nature dans ce « Nouveau Monde » qui tranche avec les crimes en train d’être commis sur place à la même époque.

    Afin de passer ses collections au peigne fin, le Thyssen a associé son conservateur en chef à trois autres commissaires indépendant·es racisé·es et issu·es de la société civile : « Le musée s’est mis à écouter celles et ceux qui expérimentent les conséquences de cette colonisation au présent », assure encore Juan Ángel López-Manzanares. Dans l’un des textes du catalogue, Yeison García, qui se définit comme un « Afro-colombien-espagnol », et Andrea Pacheco, chilienne, reviennent sur leur expérience, où chacun·e a dû trouver sa place dans ce chantier de plusieurs années.

    L’un des deux explique que l’une de ses tantes est employée à la cafétéria du musée. Au Thyssen comme dans d’innombrables musées d’Europe, les seul·es employé·es non blancs travaillent, via des sous-traitants, dans la sécurité, la restauration ou le nettoyage. C’est aussi ce travail que ces commissaires ont essayé de mener à bien, de replacer au cœur du musée, dans ses salles de visite, une partie de la société qui en a été historiquement exclue. « L’institution muséale doit s’ouvrir à la production de mémoires et d’histoires profondément anticoloniales », écrivent les deux expert·es.

    L’exposition convainc, y compris dans les échanges fragiles qu’elle met en place avec des œuvres plus récentes de la collection contemporaine (dite TBA 21). Il reste surtout à voir ce qu’il restera de ce travail de dynamitage des récits officiels, une fois l’exposition terminée. Les cartels seront-ils modifiés de manière durable ? L’institution révisera-t-elle son fonctionnement interne pour accueillir davantage de diversité en son sein ?

    À Madrid, l’exposition du Thyssen fait écho à une autre, « Un requiem pour l’humanité », plus ramassée et radicale, qui se tient dans deux salles de la Casa Encendida. Dans la première, elle documente les représentations racistes des Noir·es au fil des siècles en Europe. Dans la seconde, elle en appelle à la science-fiction et à l’afro-futurisme pour sortir de ces imaginaires rances.

    La visite vaut surtout pour la projection de deux films marquants. Dans Amnésie coloniale (2021), Claudia Claremi documente la pratique joyeuse du blackface lors des festivités en honneur des Rois mages dans une ville de la province d’Alicante, dans le sud-est de l’Espagne. Le travail plus expérimental de The Otolith Group, Hydra Decapita, évoque ce bateau négrier anglais, le Zong, dont le capitaine décida, lors d’un voyage transatlantique en 1781, de jeter à la mer les quelque 140 esclaves à son bord, pour remédier au supposé manque d’eau sur le bateau : c’est le point de départ d’un film de vengeance furieux, depuis les abysses de l’océan.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/180824/madrid-piste-les-traces-de-la-violence-coloniale-dans-ses-collections-de-p
    #Espagne #art #colonialisme #passé_colonial #musées

    ping @cede @_kg_ @reka @isskein @karine4

    • Colonial Memory in the Thyssen-Bornemisza Collections

      The colonial system lies at the origins of modern western society while its legacy continues to affect human and geopolitical relations around the world. As Europe advanced in the conquest of liberties, it simultaneously imposed a regime of extractivism and physical domination on its territories across the globe.

      This exhibition sets out to decipher the elements of colonial power within the iconography of certain works in the Thyssen-Bornemisza collections. A selection of paintings will reveal “invisibilised” stories of racial domination, marronage and the civil rights struggle, as well as the introduction of the modern mercantile system based on European military control, the use of enslaved African workers and the appropriation of firstly Latin American and later Asian and African land and raw materials. Visitors will be introduced to fictitious representations of new Arcadias and will witness the western projection of its unsatisfied desires in the form of the “Orient” and the construction of the “other” as barbarian or primitive.

      With the aim of rethinking the future through the parameters of cultural diversity the exhibition benefits from a curatorial team comprising Juan Ángel López (curator at the museum and director of this project), Alba Campo Rosillo (art historian), Andrea Pacheco González (independent curator and artistic director of the space “FelipaManuela”), and Yeison F. García López (director of the “Espacio Afro” cultural centre).

      https://www.youtube.com/watch?v=JzXHLuhQE1U&source_ve_path=Mjg2NjY

      –-

      Le #livre:

      Colonial Memory in the Thyssen-Bornemisza Collections is a re-reading of a selection of 73 works, made up exclusively of works of art from the Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, the Carmen Thyssen Collection and the Thyssen-Bornemisza Art Contemporary Collection (TBA21), and covers a long stretch of the history of Western art from the 17th century to the present day. It analyses the imprint on art (not always explicit and almost always ignored) of the main features of European colonialism: the overexploitation of overseas territories and their populations, the racial construction that imposes a hierarchy according to skin colour, slavery and violent domination, the idealisation of the landscape and life in the colonies, the sexualisation of the inhabitants of the colonised territories (especially women) and finally the testimonies of resistance, from the maroonage to the struggle for civil rights.

      https://tienda.museothyssen.org/en/cat-memoria-colonial-tapa-dura-espa-ol.html

      https://www.museothyssen.org/en/exhibitions/colonial-memory-thyssen-bornemisza-collections

  • Coups de fouet, colères... Les révélations choc d’Anthony Delon sur son père Alain Delon : Femme Actuelle Le MAG
    https://www.femmeactuelle.fr/actu/news-actu/alain-delon-violent-avec-son-fils-le-livre-choc-danthony-delon-2131045

    « C’est la fourchette qui va à la bouche et pas le contraire », ordonne l’ami de Jean-Paul Belmondo. Mais ce qui devait être une simple leçon d’éducation comme il y en a dans toutes les familles aurait rapidement tourné au cauchemar.

    La discussion père-fils aurait très rapidement dégénéré, pour faire place à une colère incontrôlée d’Alain Delon. « Pris d’une rage subite, il attrapa mon assiette et la projeta par la fenêtre ». Alors que l’adolescent aurait été envoyé dans sa chambre, son père l’aurait rejoint, avant de le frappe avec un fouet en cuir. Mais au delà des coups, ce sont aussi les mots qui ont durement blessés Anthony Delon, puisque son père lui aurait lancé, entre deux coups de fouet : « Même mes chiens, je ne les frappe pas avec ce fouet ».

    #maltraitance #violence_intra-familiale #patriarcat #grand_homme

  • Lors du marathon pour tous, samedi 10 août, des membres d’un collectif de footballeuses portant le voile ont été interpellées et placées en garde à vue. Il leur a été reproché d’avoir organisé une manifestation interdite alors qu’elles venaient, munies de pancartes, soutenir une amie qui participait à la course.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/160824/huit-femmes-du-collectif-des-hijabeuses-ont-ete-placees-en-garde-vue-en-ma
    #islamophobie #sexisme #violence_faite_aux_femmes

  • Au Royaume-Uni, des migrants pris pour cible sur fond d’émeutes d’extrême droite - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/58908/au-royaumeuni-des-migrants-pris-pour-cible-sur-fond-demeutes-dextreme-

    Au Royaume-Uni, des migrants pris pour cible sur fond d’émeutes d’extrême droite
    Par Julia Dumont Publié le : 05/08/2024
    Des émeutes d’une violence inédite depuis plus de dix ans secouent le Royaume-Uni depuis six jours. Ce week-end, deux hôtels hébergeant des demandeurs d’asile ont été attaqués à Tamworth, près de Birmigham et Rotherham, dans le nord du pays. Ces attaques ont commencé après la mort de trois fillettes tuées dans une attaque au couteau lundi dernier à Southport.
    Depuis plusieurs jours, des violences - inédites depuis une dizaines d’années - éclatent dans toute l’Angleterre et en Irlande du Nord. Des villes comme Southport, Liverpool, Belfast, Hull, Londres, Halifax... sont secouées par des émeutes qui ciblent principalement des lieux musulmans ou des structures liées à l’immigration (centres d’accueil pour migrants, notamment).
    Ce déchaînement de colère mené par des groupuscules d’extrême droite a débuté juste après la terrible attaque au couteau de Southport (nord-ouest de l’Angleterre), lundi 29 juillet, au cours de laquelle trois fillettes ont perdu la vie.Depuis, le pays est sous le choc face aux images de ces derniers jours : hôtels saccagés, mosquées assaillies, pillages de commerces d’étrangers... Et le gouvernement britannique peine à calmer les esprits. Selon les décomptes réalisés par les médias britanniques, plus de 400 personnes ont été arrêtées depuis une semaine.
    Dernier incident en date : dimanche 4 août. Dans la soirée, un hôtel hébergeant des demandeurs d’asile a été la cible de violences, près de Birmingham dans le centre de l’Angleterre, a indiqué la police locale."Un important groupe d’individus (...) a jeté des projectiles, brisé des vitres, allumé des feux et ciblé la police", au niveau d’un hôtel Holiday Inn de Tamworth, a détaillé la police du Stafforshire dans un communiqué. Des médias britanniques ont affirmé que cet hôtel hébergeait des demandeurs d’asile.
    « Enough is enough » ("Trop, c’est trop"), devenu le mot d’ordre des contestataires anti-immigration fait référence à l’arrivée de milliers de migrants au Royaume-Uni après une traversée de la Manche sur des canots pneumatiques.Un peu plus tôt ce dimanche, à Rotherham, dans le nord du pays, plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées devant un autre hôtel hébergeant également des demandeurs d’asile. Des affrontements avaient éclaté avec les forces de l’ordre. Des manifestants ont déclenché un feu, jeté des projectiles sur les policiers, quand d’autres ont crié des slogans comme « Mettez les dehors ».
    Au moins dix policiers ont été blessés, mais aucun personnel ou client de l’hôtel, a indiqué la police locale. Certains participants ont brisé des vitres de l’établissement, ont déclenché un feu, jeté des projectiles sur les policiers, quand d’autres ont crié des slogans comme « Mettez les dehors ». Certains sont parvenus à entrer dans l’hôtel, sans qu’il soit clair dans l’immédiat si des demandeurs d’asile étaient à l’intérieur ce jour.
    Ces émeutes ont donc commencé après la mort de trois fillettes tuées dans une attaque au couteau à Southport, lundi dernier, par un jeune homme de 17 ans.De multiples rumeurs ont ensuite circulé sur les réseaux sociaux concernant la religion et l’origine de l’agresseur présumé, nommé Axel Rudakubana. Lors de sa première comparution en justice, à Liverpool, le 1er août, le juge Andrew Menary KC a décidé de révéler son nom, précisant que cette mesure « exceptionnelle » avait pour but de contrer la propagation de fausses informations. Le jeune homme a été inculpé et placé en détention.
    Les premiers heurts ont eu lieu à Southport, mardi soir, soit le lendemain de l’attaque. Une mosquée a notamment été prise pour cible. Puis, les violences se sont propagées dès mercredi à d’autres villes du pays, en particulier à Londres où les forces de l’ordre ont procédé à 111 arrestations.
    À Middlesbrough (nord-est), des débordements ont aussi eu lieu dans le centre-ville. Une équipe de l’AFP a eu sa caméra cassée par des manifestants.Jamie Atkinson, 34 ans, a assuré aux journalistes de l’AFP n’avoir « rien à voir avec l’extrême droite » et être là pour « les petites filles » tuées et pour demander que l’on « empêche des gens dont on ne connaît rien de venir chez nous ».
    Des émeutes et affrontements avec la police ont aussi été recensés à Aldershot (sud-ouest), Bolton (nord) ou Weymouth (sud), Liverpool (nord-ouest), Hull (nord-est), Belfast (Irlande du Nord), Leeds (nord), Sunderland (nord-est).
    Le Premier ministre Keir Starmer a convoqué une réunion de crise, dite « Cobra », ce lundi 5 août, avec ministres et représentants de la police dans sa résidence officielle à Londres.Il a promis que les casseurs anti-migrants et islamophobes regretteraient leurs actes. « Je vous garantis que vous regretterez d’avoir participé à ces désordres », que ce soit directement ou indirectement, « en ayant provoqué ces actions en ligne », a affirmé le chef du gouvernement travailliste arrivé il y a tout juste un mois au pouvoir, lors d’une courte déclaration depuis Downing Street.
    Selon certains députés, les violentes émeutes survenues depuis le meurtre des trois petites filles auraient été motivées en ligne par des organisations d’extrême droite. Le député travailliste Lewis Atkinson a notamment déclaré à l’émission Today de la BBC Radio 4 « que des manifestations avaient été suggérées par des personnes dans un certain nombre de groupes de médias sociaux à la suite des agressions au couteau de Southport », rapporte The Independant.
    Une thèse reprise par la police britannique qui pointe notamment du doigt l’English Defence League (EDL). Cette organisation d’extrême droite créée il y a 15 ans a souvent mené des actions anti-immigration émaillées de débordements. L’organisation s’est dissoute il y a quelques années mais certains de ses membres restent actifs.
    Axel Rudakubana, 17 ans au moment des faits, est « originaire d’un village près de Lancashire, mais est né à Cardiff, au Pays de Galles », précise Sky News. Par ailleurs, l’adolescent devait avoir 18 ans « six jours plus tard », a indiqué le juge pour expliquer sa décision. Sa famille a été relogée pour assurer sa sécurité, a encore détaillé Andrew Menary.
    Depuis lundi, Keir Starmer multiplie les messages de fermeté et de soutien aux forces de l’ordre contre ce qu’il a de nouveau décrit dimanche comme « des violences d’extrême droite ». « Si vous ciblez des gens à cause de la couleur de leur peau ou de leur religion, c’est de l’extrême droite », a-t-il insisté.Le gouvernement a annoncé renforcer la protection policière des mosquées. Certains commentateurs et responsables politiques ont estimé que la montée d’un discours anti-immigration dans la classe politique a légitimé les manifestants. Le pays n’avait pas connu une telle flambée depuis 2011, après la mort d’un jeune homme métis, Mark Duggan, tué par la police au nord de Londres. Selon les décomptes réalisés par les médias britanniques, plus de 400 personnes ont été arrêtées depuis une semaine.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#extremedroite#racisme#violence#politiquemigratoire#immigration#sante

  • 9 femmes autistes sur 10 victimes de violences sexuelles

    9 femmes autistes sur 10 disent avoir subi des violences sexuelles, souvent à plusieurs reprises et avant 15 ans. Une nouvelle étude française dénonce ces violences systémiques, espérant contribuer à améliorer la prévention et les traitements dédiés.

    https://informations.handicap.fr/a-9-femmes-autistes-sur-10-victimes-violences-sexuelles-32831.
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2017/03/23/manifeste-du-collectif-lutte-et-handicaps-pour-legalite-et-lemancipation-clhee/#comment-61784

    #handicap #violence

  • Violences de surveillants contre des personnes détenues : pour une condamnation, combien d’affaires ignorées ?

    Une agente pénitentiaire a été condamnée, le 29 juillet 2024, à huit mois de prison avec sursis et une interdiction d’exercer pendant deux ans pour des violences contre une personne détenue à la prison de Villefranche-sur-Saône. Un jugement qui repose largement sur un élément de preuve rarissime : une vidéo filmée depuis une cellule voisine.

    « Très heureusement, il y a cette vidéo filmée par un détenu ! » Cette exclamation, dans la bouche de la procureure, résume bien le paradoxe du procès qui se tenait le 29 juillet au tribunal de Villefranche-sur-Saône, en présence de l’Observatoire international des prisons (OIP). C’est une vidéo illégale, la détention d’un téléphone portable étant interdite en prison, qui a permis de documenter la violente agression dont a été victime Monsieur C., le 28 janvier, dans une cour de promenade du centre pénitentiaire de Villefranche-sur-Saône [1]. Sans cette preuve irréfutable, qui a largement circulé et entraîné l’ouverture d’une enquête par le parquet, que serait-il arrivé ?

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/08/05/violences-de-surveillants-contre-des-personnes

    #prison #violence

  • À Nantes, les Jeux olympiques peuvent-ils museler des militants de la cause palestinienne ?
    En plus des deux arrêtés d’interdiction de manifester pris par le préfet dans le contexte des Jeux olympiques, l’interpellation de trois militants de l’Association France Palestine solidarité, à La Chapelle-sur-Erdre, près de Nantes, a fait réagir. Notre décryptage.
    https://www.ouest-france.fr/societe/droits/a-nantes-les-jeux-olympiques-peuvent-ils-museler-des-militants-de-la-ca
    https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAyNDA4MzkzOTExYzUyNzlkNzNiZGI0NDFkM2I4Mzg1MDBhMGQ?width=1260&he

    Que s’est-il passé en marge des Jeux olympiques, mardi 30 juillet, à La Chapelle-sur-Erdre, au nord de Nantes ?

    « Un quart d’heure après notre arrivée, on voit débarquer quatre véhicules de gendarmerie. Ils étaient six gendarmes et, un peu après, deux policiers municipaux. » Pierre a écarquillé les yeux, dans la matinée de mardi 30 juillet. Avec ses compagnons de 69 et 81 ans, ce retraité de 79 ans ne pensait pas que le simple déploiement d’une banderole et le port de drapeaux, sur un rond-point de La Chapelle-sur-Erdre, au nord de Nantes, le conduiraient à finir sa matinée dans les locaux de la brigade locale. C’est pourtant bien ce qui est arrivé à ce militant de la cause palestinienne, juste après une altercation avec un automobiliste en colère.

    Dans cette commune qui s’est associée à Jénine, dans les Territoires occupés de Cisjordanie, au point d’y envoyer des délégations officielles, cet adhérent de l’Association France Palestine solidarité (AFPS) a pourtant l’habitude de ce genre d’actions. Lecture des droits, prise d’empreintes, photographies et « interrogatoire bon enfant ». Rien n’a manqué.

    Que reproche-t-on aux trois militants de la cause palestinienne ?

    Justement, cette opération de soutien au peuple palestinien dans un des deux périmètres où le préfet l’a interdit depuis la fin juillet, dans le cadre des Jeux olympiques. Ce que les trois hommes d’âge mûr ignoraient, jurent-ils. Les trois militants déplorent une stigmatisation des activistes pro-Palestiniens. « Dès que l’on manifeste un soutien, on nous taxe d’antisémitisme. Notre association, dans ses statuts, combat tous les racismes, dont l’antisémitisme. » Les membres de l’AFPS assument : ils considèrent que « le gouvernement français joue ce jeu de stigmatiser le soutien au peuple palestinien. On souffle sur les braises ».

    Quelles sont les suites judiciaires ?

    L’arrêté préfectoral prévoit, en cas d’infraction, une peine maximale encourue de six mois de prison et 7 500 € d’amende. Mais faut-il sanctionner trois retraités avec banderoles et drapeaux ? Ils sont ressortis de leurs deux heures et demie d’auditions libres, sans leurs accessoires… et sans indication claire. Vendredi 2 août, le procureur de Nantes, Renaud Gaudeul, nous a précisé qu’« il n’y avait pas eu de réponse au niveau du parquet ». Du moins pas encore, semble-t-il, à ce moment-là. Les militants de l’AFPS ont été alertés, samedi, d’une convocation au tribunal judiciaire de Nantes, mardi 10 septembre, pour un avertissement pénal probatoire. Ce que confirme une source de la gendarmerie.

    Pourquoi un arrêté interdisant de manifester a-t-il été pris sur le territoire de La Chapelle-sur-Erdre ?

    L’explication se trouve dans les termes de l’arrêté du 25 juillet. Dans le cadre des Jeux olympiques 2024, Nantes accueille des matches des tournois féminins et masculins de football. Parmi les équipes, celle d’Israël, dans un contexte de conflit avec les Palestiniens. Les rencontres se jouent au stade de La Beaujoire. Les sportifs fréquentent le Club 2024, sorte de mini-village olympique, au Creps de La Chapelle, et logent dans des hôtels à proximité.

    Les autorités sont sur les dents. Elles ont pris les devants en interdisant les manifestations, pour « prévenir un trouble grave à l’ordre public ». Pour les autorités, un lien est établi entre ces mouvements de protestation et un risque de « provoquer à la discrimination, à la haine ou à la violence », du fait de l’origine des sportifs et d’antécédents « d’affrontements entre les “antifas” d’ultra-gauche et les partisans de l’ultra-droite ». La découverte récente de croix gammées sur la façade de l’école communale est rappelée.

    Pourquoi le préfet et le maire se sont-ils renvoyé la balle pour prendre cet arrêté ?

    La pique n’est pas passée inaperçue. Au milieu des considérants de l’arrêté, le préfet rappelle qu’il a demandé au maire de La Chapelle d’interdire les manifestations, mais que l’intéressé ne l’a pas fait. « C’était une décision de l’État, soutient sans animosité Laurent Godet (ex PS), élu le 13 juillet. Le Creps est un équipement de l’État, les Jeux olympiques ont une dimension nationale. La sécurité des JO est essentielle. Il est important que chacun soit dans son rôle. » La préfecture semble adhérer, aujourd’hui, à cette lecture de la répartition des rôles. Sollicitée, elle n’a pas répondu à nos questions.

    En quoi ces interpellations ont-elles fait réagir ?

    Les syndicats FO et CGT ont, au préalable, qualifié d’« inacceptable » l’arrêté préfectoral d’interdiction de manifester jusqu’à la fin des JO. « Les autorités ne peuvent invoquer à tout bout de champ des prétextes sécuritaires pour étouffer la contestation sociale », ont-ils écrit, dans un communiqué commun. Jeudi, la Ligue des droits de l’Homme est à son tour montée au créneau pour dénoncer « une interpellation disproportionnée ».

    Peut-on, à cause des Jeux olympiques, limiter le droit à la liberté d’expression ?

    Membre du Syndicat des avocats de France, Loïc Bourgois se dit « très choqué ». L’avocat nantais voit dans les arrêtés et les trois interpellations « une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté fondamentale. Même s’il y a des interdictions, la liberté est la règle ». Pour lui, « ce sera bien compliqué de faire la démonstration de la menace de ces trois personnes, en dépit d’une interdiction qui a pu exister ».

    #violences_policières #JO

    • VIDÉO. Ils ont défendu la Palestine pendant les JO : trois militants refusent la sanction
      Ouest-France | Josué JEAN-BART | Publié le 10/09/2024
      https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/video-ils-ont-defendu-la-palestine-pendant-les-jo-trois-militants-refus

      Interpellés fin juillet lors d’une manifestation en soutien au peuple palestinien organisée malgré une interdiction préfectorale, les trois militants de l’Association France Palestine solidarité étaient convoqués pour un avertissement pénal probatoire. Ils s’y sont opposés.

      Juste avant 10 h, des manifestants arrivent encore par le pont Victor-Schœlcher. Ils rejoignent, sur le parvis du palais de justice de Nantes, la foule équipée de drapeaux palestiniens, LFI et FO, de banderoles et de keffiehs, venue apporter, ce mardi 10 septembre, son soutien à trois militants de l’Association France Palestine solidarité (AFPS). Trois habitants de La Chapelle-sur-Erdre convoqués pour un avertissement pénal probatoire après leur participation à une manifestation interdite.
      Manifestation interdite

      Leur tort ? Avoir déployé, le 30 juillet, des drapeaux et des banderoles sur un pont, à La Chapelle. Problème : l’action a été menée en pleine période olympique dans la métropole nantaise. Ce qui a amené le préfet à prendre deux arrêtés interdisant les manifestations, l’un visant Nantes avec sa fan zone et le stade de La Beaujoire, l’autre intéressant La Chapelle dont le centre de ressources, d’expertise et de performances sportives (Creps) hébergeait certaines délégations.
      « Disproportionnée »

      Pierre Leparoux, Bernard Étrillard et Michel Bernard, trois retraités investis dans l’AFPS, ont été interpellés et entendus dans la foulée par les gendarmes. Qui leur ont signifié leur convocation pour un avertissement pénal probatoire. Ils sont venus à Nantes… pour refuser cette sanction. « On considère qu’elle est complètement disproportionnée et qu’elle n’a rien à voir avec notre action militante tout à fait légitime, s’indigne Pierre Leparoux. L’État français, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, qui a signé les Conventions de Genève, doit tout faire pour faire cesser la colonisation. »

      « Cette procédure ne nous permet pas de nous défendre », renchérit Bernard Étrillard. Le trio s’est engouffré dans le tribunal, accompagné de son avocat. Plus d’une heure après, il en est ressorti. En confirmant son refus de la procédure. « C’est transmis au procureur qui décidera, soit de classer sans suite, soit de nous renvoyer devant le tribunal correctionnel. » Une autre procédure, administrative, s’attaquera à l’arrêté d’interdiction. Le rassemblement s’est terminé par des prises de paroles, des chants et des slogans.
      Josué JEAN-BART.

  • « Ça a viré au cauchemar » : un Américain venu aux JO dépose plainte à l’IGPN contre des policiers qui l’ont interpellé
    Par Nicolas Goinard – Le 4 août 2024 à 13h35- Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/jo-paris-2024/ca-a-vire-au-cauchemar-un-americain-venu-aux-jo-depose-plainte-a-ligpn-co
    https://www.leparisien.fr/resizer/YRRSUKFC-Bi1DRbsNMC6MC3ZQHk=/1200x675/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/leparisien/5PMEDWIXRBDCJDPCX6Q6AEHGEQ.jpg

    Sur ses bras, des bleus et des croûtes. Trois jours après les faits qu’il dénonce, Neil Andrew Frias Diaz, un américano-chilien de 35 ans, est encore marqué physiquement et psychologiquement. « Je devais voir sept épreuves de ces JO, je n’en ai vu qu’une », témoigne-t-il auprès du Parisien. Le trentenaire dénonce des faits de violences de la part de policiers qui sécurisaient le centre aquatique, mardi 30 juillet. Il a déposé plainte ce vendredi auprès de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).

    Ce jour-là, le trentenaire doit assister au match de water-polo opposant la France au Japon et à trois autres rencontres. Ce n’est pas une rencontre sensible. La veille, il assistait à un match de rugby à 7 féminin.

    Neil Andrew veut immortaliser le moment et sort un drapeau israélien. Il explique : « Ma mère est juive cubaine. » À son cou, une étoile de David. Il fait un selfie avant de franchir le contrôle des billets. C’est ce qui aurait provoqué son contrôle d’identité par trois policiers. « Ils m’ont demandé pourquoi je prenais cette photo, ils m’ont pris mon téléphone pour regarder dedans, relate-t-il auprès du Parisien et auprès de l’IGPN. Je leur ai montré mon ticket ». Une spectatrice aide à la traduction. Les policiers contrôlent ses papiers.

    L’affaire semble close, il retourne vers l’entrée principale pour faire la queue. « Dix minutes plus tard, cinq autres policiers sont arrivés sur moi, reprend Neil Andrew. Ils m’ont dit que j’étais interpellé. J’ai demandé pourquoi, l’un d’eux a dit que je faisais de la résistance. » Le trentenaire relate qu’il a été traîné manu militari, tiré par les pieds, jusqu’à un fourgon de police.

    Conduit au commissariat de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), il passera 27 heures en garde à vue. « Je n’ai pas pu prévenir mes amis, j’ai disparu pendant plus d’une journée », ajoute-t-il. Il décrit des scènes visant à l’humilier : refus de lui donner de l’eau en l’invitant à boire dans les toilettes, refus d’avoir un avocat, un médecin… Autant de griefs listés dans sa plainte sur lesquels les enquêteurs de l’IGPN vont devoir faire la lumière.
    « La gravité et la nature de ce dossier ne nécessitaient pas de l’orienter en comparution immédiate »

    À l’issue de la garde à vue, le spectateur malheureux hérite d’une convocation en vue d’une notification d’une ordonnance pénale pour avoir « opposé une résistance violente » et « d’avoir pénétré par force ou fraude dans une enceinte sportive » en état d’ivresse pour le 26 novembre prochain… Alors qu’il repart ce lundi 5 août pour New York où il vit.

    La tendance est, pourtant, en cette période de JO, à la réduction des délais pour éviter que les victimes ou les mis en cause venus de l’étranger ne soient convoqués dans plusieurs mois. Il n’est donc pas rare de voir des dossiers jugés en comparution immédiate qui ne seraient pas orientés par cette voie en temps normal.

    Contacté, Éric Mathais, procureur de la République de Bobigny, répond que « la gravité et la nature de ce dossier ne nécessitaient pas de l’orienter en comparution immédiate ». Et d’ajouter : « Le parquet de Bobigny n’a pas été informé d’une éventuelle plainte pour violences illégitimes ». Neil Andrew affirme également qu’il n’était pas alcoolisé. Selon le ministère public, il avait 1,34 g d’alcool par litre de sang.

    « Mon client est extrêmement choqué, il a du mal à dormir », rapporte Me David Cazeneuve, l’avocat du plaignant. Aujourd’hui, encore, Neil Andrew ne comprend pas pourquoi il a été interpellé. « La seule chose qu’il a faite, c’est sortir un drapeau israélien, poursuit le conseil. C’était un match France-Japon, il n’y avait pas, par exemple, de supporters iraniens tournant autour. » Et d’ajouter : « Ce sont des événements extrêmement graves et inquiétants. » Neil Andrew confie : « Ces Jeux olympiques ont viré au cauchemar pour moi. »

    #violences_policières. #JO

  • Opinion | Political Violence and Division Aren’t Worse Than Ever - The New York Times
    https://www.nytimes.com/interactive/2024/07/31/opinion/political-violence-history-division.html

    Le regard sur le passé est utile. Pour aider à résoudre les problèmes du présent.

    By Zeynep Tufekci

    Don’t Tell My Friends, But… is a series in which we asked Times columnists what everyone else is wrong about.

    A president refusing to accept the results of the election he lost, inspiring a mob to overtake the Capitol and call for the hanging of the vice president, and then, four years later, emerging as his party’s frontrunner again and surviving a terrifyingly near-miss assassination attempt. A pandemic that devolved into polarized argument over most everything, even life-saving vaccines. And research showing big partisan divides over a wide range of issues, with political violence on the rise.

    It’s fashionable to say we are more divided than ever, and superficially, it sounds like hard-edged realism. However, there have been many periods in U.S. history when things were worse — and we could end up there again.

    To see how bad it could get, there’s no need to go all the way back to the Civil War. Just look at the 1960s and 1970s.

    Though the civil rights movement is celebrated now, at the time, it was deeply unpopular. In May 1964, the year after the march on Washington and Martin Luther King Jr.’s “I Have a Dream” speech, 74 percent of Americans thought that mass demonstrations were “more likely to hurt” the cause for racial inequality than to help. In 1966, in the last Gallup poll that asked about King before his assassination, his unfavorable rating was 63 percent.

    The country was also deeply divided over the Vietnam War, which would claim the lives of millions of Vietnamese and more than 50,000 Americans. In the pivotal year of 1968, the country was rocked with antiwar and civil rights protests that make today’s campus conflicts look like mild disagreements.

    Political violence of all forms was on the rise, too. When King was assassinated, riots erupted across the country. Just two months later, Robert Kennedy was assassinated, which upended the trajectory of the impending presidential election. The Democratic National Convention that August was thrown into turmoil as protesters and the police clashed for days in Chicago.

    Elected with a majority of less than 1 percent of the popular vote — but a landslide in the Electoral College — Richard Nixon, after years of secret bombing of Cambodia, announced a full-scale ground invasion of the country. Just days later, on May 4, 1970, the National Guard opened fire on an anti-war protest at Kent State in Ohio, killing four students and sparking the largest nationwide student strike in the country’s history. But a poll taken the day after the shootings showed that only 11 percent of the public blamed the National Guard for the deaths of the students.

    Later, Nixon tried to cover up his involvement in a scheme to wiretap the headquarters of the Democratic National Committee at the Watergate Hotel, an outcome that was averted when a security guard noticed signs of an intruder. The rest, as the saying goes, is dismal history, ending with Nixon resigning in disgrace.

    Meanwhile, radicalized groups adopted violent tactics. Bombs started going off seemingly everywhere — the Pentagon, corporate offices, the U.S. Capitol, the State Department, Wall Street, the California Attorney General’s Office. The retired F.B.I. agent Max Noel put the total at 1,900 domestic bombings in 1972 alone — an average of five a day. In the book “Days of Rage,” by Bryan Burrough, Noel scoffs at how “one bombing now gets everyone excited. In 1972? It was every day.”

    One lesson from this history is that divisive, polarized issues of yesteryear can look very different in the light of history and progress. The civil rights movement is now justly celebrated, and Martin Luther King Jr. has been honored with a federal holiday. The Vietnam War is widely recognized as a historic error and a great moral failure. Congress was so disgusted by Nixon’s actions in Cambodia that it passed a law barring presidents from doing that ever again without congressional approval — overriding his veto.

    However, troubling signs for the future are already here. In 2023, 33 percent of Republicans agreed that “American patriots may have to resort to violence in order to save the country,” an uptick from previous years. (Thirteen percent of Democrats agree — much lower, but that, too, is an uptick.) Most worryingly as we head into another major election, Americans who wrongly believe that the 2020 election was stolen are more than three times as likely — 46 percent to 13 percent — to believe that “true American patriots” may have to resort to violence to save the country.

    So when I hear my friends say “we’re more divided than ever,” I object with these historical facts. They are important reminders that things could get worse, and whatever people think can’t or won’t happen in the United States probably could indeed happen. Some of it already has. But all this isn’t meant as a downer either: It’s what we do with the information that matters.

    Historical awareness can even be empowering, inspiring “pessimism of the intellect but optimism of the will” — an ethos attributed to the long-imprisoned Italian revolutionary Antonio Gramsci.

    As I like to remind my friends, a true, harsh critic is actually an optimist — inspired by the hope that things can be made better — but one that knows that we have to make ourselves face reality, no matter how grim, in order to fix the problems we face. Studying the history of violent political division is the opposite of resignation or nihilism: It’s a hopeful call to action!

    And that sentiment sometimes cheers up my friends, which is when I remind them about what came after the 1970s: the 1980s, when the world came too close to nuclear annihilation a few times, a true threat to humanity that hasn’t gone away.

    But that’s a topic for another time, perhaps after I finish a column on my strategies for becoming a popular partygoer with a reputation for lighthearted small talk.

    Zeynep Tufekci (@zeynep) is a professor of sociology and public affairs at Princeton University, the author of “Twitter and Tear Gas: The Power and Fragility of Networked Protest” and a New York Times Opinion columnist. @zeynep • Facebook

    #Zeynep_Tufekci #Politique #Ettas-Unis #Violence

  • Pas de trêve olympique pour les victimes de violences policières | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/issam-el-khalfaoui/blog/040824/pas-de-treve-olympique-pour-les-victimes-de-violences-policieres

    Vendredi 26 juillet, loin de l’agitation des Jeux Olympiques, mon téléphone sonne aux alentours de 21h. C’est ma sœur Samia. Elle m’informe que Romain Devassine, l’homme qui a froidement abattu mon fils Souheil d’une balle en plein cœur, se pavane lors d’un spectacle de BMX devant des millions de téléspectateurs pour la cérémonie d’ouverture.

    • Déjà, il y a presque deux ans, il me disait en me regardant droit dans les yeux : « Oui, la vie est belle. » Aucun remords, aucun regret, aucune empathie de ce policier qui se préparait à réaliser une prestation de BMX à quelques centaines de mètres seulement des lieux du drame. Prévenu à l’avance, je m’étais rendu seul à cet évènement pour comprendre comment cet homme pouvait envisager de réaliser ce show à Marseille, cette ville où il avait tué mon fils. Lorsque je me suis retrouvé à moins de 5 mètres de lui, il me reconnut et je lui lançais la gorge nouée « Est-ce que la vie est belle M. Devassine ». Je ne m’attendais pas vraiment à une réponse de sa part, mais plutôt à un silence, ou à quelques mots pour m’expliquer qu’il ne souhaitait pas me parler. Sa réaction fût tout autre, il me répondit avec un air narquois « Oui la vie est belle ». Il a ensuite menacé de me faire expulser manu militari par les gendarmes présents. Cependant, ces derniers avaient compris que je n’enfreignais aucune loi, et m’ont permis de rester tant que je n’intervenais pas physiquement pour perturber l’exhibition ou la course cycliste qui suivait. C’est ainsi que j’ai pu expliquer aux spectateurs pourquoi j’étais là. Finalement, il a dû renoncer à son indigne prestation puisque le public n’était plus si admiratif.

  • Der Kaiser, das Berliner Schloss und der deutsche Kolonialismus

    In the article, I tie in with the debates on the role of Wilhelm II within the German political system and the #Humboldt_Forum and ask about the significance of the monarch and the Berlin Palace for German colonialism. To this end, I look at three specific episodes. I begin with an examination of the genocide of the Herero to enquire which part the Kaiser played in the extreme radicalization of #violence in German South-West Africa. Subsequently, I focus on the “acquisition” of #Kiautschou on the Chinese mainland, the episode in which Wilhelm II was probably most directly involved in the expansion of the German colonial empire. Finally, I address the visits of #Frederick_Maharero (1896) and #Tupua_Tamasese_Lealofi (1910/11) to #Berlin. Both were received in audiences in the Berlin Palace but could only travel to Germany as part of ethnological exhibitions (#Völkerschauen). Overall, I argue, that the #Kaiser was much more involved in “world politics” in Asia than in the African colonies, which hardly interested him. Here he played a role primarily as a symbolic figure embodying the empire, but less as an actor with a colonial agenda of his own. Likewise, the Berlin Palace had a primarily symbolic function, while the central decisions of colonial policy were made elsewhere.

    https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/hzhz-2024-0020/html
    #Allemagne #colonialisme #colonialisme_allemand #histoire #histoire_coloniale #Guillaume_II #Wilhelms_II #génocide #empire_colonial #Chine #impérialisme

  • Lettre ouverte : Comment lutter contre la misogynie, les réponses erronées à la violence à l’égard des femmes et les effets traumatisants des services de police et de justice pénale

    Cette lettre ouverte est adressée au gouvernement britannique, aux dirigeants des services sociaux, aux corps policiers et aux services de protection de l’enfance (SPE).

    Je vous écris ouvertement aujourd’hui pour aborder certains thèmes clés qui sont ressortis de mes cinq années de travail avec les forces de police et les SPE autour des questions de misogynie, de violences à l’égard des femmes et des jeunes filles (VFJF) et de maintien de l’ordre, en tenant compte des traumatismes constatés.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/08/01/lettre-ouverte-comment-lutter-contre-la-misogy

    #feminisme #violence

  • The Long Shadow of German Colonialism. Amnesia, Denialism and Revisionism

    From 1884 to 1914, the world’s fourth-largest overseas colonial empire was that of the German #Kaiserreich. Yet this fact is little known in Germany and the subject remains virtually absent from most school textbooks.

    While debates are now common in France and Britain over the impact of empire on former colonies and colonising societies, German imperialism has only more recently become a topic of wider public interest. In 2015, the German government belatedly and half-heartedly conceded that the extermination policies carried out over 1904–8 in the settler colony of German South West Africa (now Namibia) qualify as genocide. But the recent invigoration of debate on Germany’s colonial past has been hindered by continued amnesia, denialism and a populist right endorsing colonial revisionism. A campaign against postcolonial studies has sought to denounce and ostracise any serious engagement with the crimes of the imperial age.

    #Henning_Melber presents an overview of German colonial rule and analyses how its legacy has affected and been debated in German society, politics and the media. He also discusses the quotidian experiences of Afro-Germans, the restitution of colonial loot, and how the history of colonialism affects important institutions such as the Humboldt Forum.

    https://www.hurstpublishers.com/book/the-long-shadow-of-german-colonialism
    #livre #Allemagne #colonialisme #colonialisme_allemand #histoire_coloniale #histoire #héritage #héritage_colonial #Allemagne_coloniale #Afro-allemands #impérialisme #impérialisme_allemand #Namibie #génocide #amnésie #déni #révisionnisme

    ping @_kg_ @cede @reka

    • German colonialism in Africa has a chilling history – new book explores how it lives on

      Germany was a significant – and often brutal – colonial power in Africa. But this colonial history is not told as often as that of other imperialist nations. A new book called The Long Shadow of German Colonialism: Amnesia, Denialism and Revisionism aims to bring the past into the light. It explores not just the history of German colonialism, but also how its legacy has played out in German society, politics and the media. We asked Henning Melber about his book.
      What is the history of German colonialism in Africa?

      Imperial Germany was a latecomer in the scramble for Africa. Shady deals marked the pseudo-legal entry point. South West Africa (today Namibia), Cameroon and Togo were euphemistically proclaimed to be possessions under “German protection” in 1884. East Africa (today’s Tanzania and parts of Rwanda and Burundi) followed in 1886.

      German rule left a trail of destruction. The war against the Hehe people in east Africa (1890-1898) signalled what would come. It was the training ground for a generation of colonial German army officers. They would apply their merciless skills in other locations too. The mindset was one of extermination.

      The war against the Ovaherero and Nama people in South West Africa (1904-1908) culminated in the first genocide of the 20th century. The warfare against the Maji Maji in east Africa (1905-1907) applied a scorched earth policy. In each case, the African fatalities amounted to an estimated 75,000.

      “Punitive expeditions” were the order of the day in Cameroon and Togo too. The inhuman treatment included corporal punishment and executions, sexual abuse and forced labour as forms of “white violence”.

      During a colonial rule of 30 years (1884-1914), Germans in the colonies numbered fewer than 50,000 – even at the peak of military deployment. But several hundred thousand Africans died as a direct consequence of German colonial violence.
      Why do you think German debate is slow around this?

      After its defeat in the first world war (1914-1918), the German empire was declared unfit to colonise. In 1919 the Treaty of Versailles allocated Germany’s territories to allied states (Great Britain, France and others). The colonial cake was redistributed, so to speak.

      This did not end a humiliated Germany’s colonial ambitions. In the Weimar Republic (1919-1933) colonial propaganda flourished. It took new turns under Adolf Hitler’s Nazi regime (1933-1945). Lebensraum (living space) as a colonial project shifted towards eastern Europe.

      The Aryan obsession of being a master race culminated in the Holocaust as mass extermination of the Jewish people. But victims were also Sinti and Roma people and other groups (Africans, gays, communists). The Holocaust has overshadowed earlier German crimes against humanity of the colonial era.

      After the second world war (1939-1945), German colonialism became a footnote in history. Repression turned into colonial amnesia. But, as Jewish German-US historian and philosopher Hannah Arendt suggested in 1951 already, German colonial rule was a precursor to the Nazi regime. Such claims are often discredited as antisemitism for downplaying the singularity of the Holocaust. Such gatekeeping prevents exploration of how German colonialism marked the beginning of a trajectory of mass violence.
      How does this colonial history manifest today in Germany?

      Until the turn of the century, colonial relics such as monuments and names of buildings, places and streets were hardly questioned. Thanks to a new generation of scholars, local postcolonial agencies, and not least an active Afro-German community, public awareness is starting to change.

      Various initiatives challenge colonial memory in the public sphere. The re-contextualisation of the Bremen elephant, a colonial monument, is a good example. What was once a tribute to fallen colonial German soldiers became an anticolonial monument memorialising the Namibian victims of the genocide. Colonial street names are today increasingly replaced with names of Africans resisting colonial rule.

      Numerous skulls – including those of decapitated African leaders – were taken to Germany during colonialism. These were for pseudo scientific anthropological research that was obsessed with white and Aryan superiority. Descendants of the affected African communities are still in search of the remains of their ancestors and demand their restitution.

      Similarly, cultural artefacts were looted. They have remained in the possession of German museums and private collections. Systematic provenance research to identify the origins of these objects has only just begun. Transactions such as the return of Benin bronzes in Germany remain a matter of negotiations.

      The German government admitted, in 2015, that the war against the Ovaherero and Nama in today’s Namibia was tantamount to genocide. Since then, German-Namibian negotiations have been taking place, but Germany’s limited atonement is a matter of contestation and controversy.
      What do you hope readers will take away from the book?

      The pain and exploitation of colonialism lives on in African societies today in many ways. I hope that the descendants of colonisers take away an awareness that we are products of a past that remains alive in the present. That decolonisation is also a personal matter. That we, as the offspring of colonisers, need to critically scrutinise our mindset, our attitudes, and should not assume that colonial relations had no effect on us.

      Remorse and atonement require more than symbolic gestures and tokenism. In official relations with formerly colonised societies, uneven power relations continue. This borders on a perpetuation of colonial mindsets and supremacist hierarchies.

      No former colonial power is willing to compensate in any significant way for its exploitation, atrocities and injustices. There are no meaningful material reparations as credible efforts of apology.

      The colonial era is not a closed chapter in history. It remains an unresolved present. As the US novelist William Faulkner wrote: “The past is never dead. It’s not even past.”

      https://theconversation.com/german-colonialism-in-africa-has-a-chilling-history-new-book-explor

      #Cameroun #Togo #Tanzanie #Rwanda #Burundi #Hehe #Ovaherero #Nama #Maji_Maji #expéditions_punitives #abus_sexuels #travail_forcé #white_violence #violence_blanche #violence #Lebensraum #nazisme #Adolf_Hitler #Hitler #monuments #Kolonialelefant #Brême #toponymie #toponymie_coloniale #toponymie_politique

  • Dans une enquête hors norme publiée le mois dernier dans Libération, le journaliste Willy Le Devin met à jour un groupe pédocriminel composé de plusieurs intellectuels français mis en cause pour des crimes sexuels commis durant plusieurs années sur des enfants. La fille adoptive de l’un d’entre eux, Inès Chatin, témoigne pour la première fois à visage découvert et livre un récit terrifiant des sévices sexuels subis entre ses 4 et 13 ans.

    C’est l’une des enquêtes les plus marquantes de l’année et pourtant, peu de médias s’en sont fait l’écho. À commencer par nous. On n’essaiera pas de se trouver d’excuse mais on avancera l’hypothèse d’une lecture physiquement et émotionnellement si éprouvante que l’on a préféré durant plusieurs jours la repousser au lendemain.

    https://www.lesinrocks.com/cheek/les-hommes-de-la-rue-du-bac-cette-affaire-incarne-la-complaisance-du-mil
    #leshommes_de_la_rue_du_bac

  • Les femmes dans la lutte contre le fondamentalisme religieux au Zimbabwe

    Une militante de la Marche Mondiale des Femmes au Zimbabwe présente un aperçu des impacts du fondamentalisme religieux sur la vie quotidienne

    Le fondamentalisme religieux est l’approche des groupes religieux qui cherchent à donner une interprétation littérale aux textes et livres originaux – tels que la Bible, le Coran et la Torah –, estimant que les enseignements tirés de cette lecture doivent être utilisés dans tous les aspects politiques, économiques et sociaux de la vie. La plupart des gens qui pratiquent ces religions se font dire qu’ils doivent avoir une stricte obéissance à la doctrine. En Afrique, la croissance accélérée de nouveaux groupements religieux dirigés par des soi-disant hommes de Dieu a exacerbé les croyances fondamentalistes et conduit au développement d’une logique sectaire. Là d’où je viens, plus de 80% de la population est chrétienne. Quoi qu’il en soit, nous avons une petite minorité de la population qui appartient à d’autres religions, telles que les religions africaines traditionnelles, ou des personnes qui n’ont aucune religion. Quand on regarde le contexte politique de cette population, on voit que les femmes sont majoritaires dans nos églises – des institutions qui sont plus patriarcales qu’autre chose.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/07/30/les-femmes-dans-la-lutte-contre-le-fondamental

    #feminisme #violence #zimbabwe

  • Abusi al confine greco-albanese e le omissioni di #Frontex

    La denuncia in un’inchiesta di Balkan Investigative Reporting Network.

    Continuano le denunce riguardo alle costanti violazioni dei diritti umani attuate nei confronti delle persone migranti lungo la cosiddetta rotta balcanica. Questa volta al centro dell’attenzione torna il confine fra Grecia e Albania dove non cessano i respingimenti e, fatto ancor più grave, sembrerebbe che alcuni agenti di Frontex – l’Agenzia europea che supporta gli Stati membri dell’UE e dell’area Schengen nel controllo delle frontiere – abbiano ricevuto l’ordine di non segnalare le violazioni dei diritti umani commesse sul confine a danno delle persone in transito.

    A renderlo noto è il Balkan Investigative Reporting Network (BIRN) che in un’inchiesta, pubblicata lo scorso giugno 2, riporta il contenuto di alcune e-mail risalenti al 2023 (quindi dopo le dimissioni dell’ex capo Fabrice Leggeri, avvenute nell’aprile 2022) in cui si riconferma che il personale di Frontex è a conoscenza dei pushback illegali che sistematicamente avvengono sul confine greco-albanese.

    Respingimenti che gettano le persone in quella che gli agenti stessi definiscono «un’interminabile partita di ping-pong».

    Inoltre, sembrerebbe che qualcuno all’interno di Frontex, non è chiaro chi, avrebbe fornito «istruzioni implicite di non emettere SIR», vale a dire di non redigere rapporti sulle segnalazioni di incidenti gravi che quindi comportano violazioni dei diritti fondamentali ai sensi delle norme UE ed internazionali.

    Frontex, presente in Albania dal 2018 e più volte criticata per il suo operato in vari Paesi poiché accusata di aver svolto attività di respingimento illegali, dispone infatti di un ufficio denominato Fundamental Rights Office (FRO) 3 a cui spetta il compito di gestire le segnalazioni SIR (Serious Incident Report) e di monitorare il rispetto dei diritti nell’ambito delle attività dell’Agenzia. In più, nel 2019, è stata istituita una procedura che consente a chiunque ritiene che i propri diritti siano stati violati di presentare un reclamo all’ufficio preposto.

    A destare preoccupazione sul confine sono soprattutto le modalità con le quali le autorità gestiscono queste operazioni. Nelle e-mail si legge che la polizia greca conduce le persone migranti al confine e la polizia albanese sistematicamente le respinge, in alcuni casi – rileva il FRO – maltrattandole e, segnala la Commissione europea, senza fornire garanzie agli aspiranti richiedenti asilo, di cui non verrebbero raccolte nemmeno le informazioni base.

    Le autorità albanesi negano di aver partecipato ai respingimenti collettivi, in ogni caso, di certo c’è, prosegue l’inchiesta, che le mancate segnalazioni portano, secondo Jonas Grimhede, capo del FRO, a sottovalutare le infrazioni.

    Queste gravi violazioni, confermano fonti di Melting Pot, colpiscono anche persone con disabilità, donne e minori.

    Eppure, l’agenzia continua a rafforzare la propria presenza nella regione: risale infatti a giugno 2024 il nuovo accordo ratificato con la Serbia, il quinto dopo quelli con Moldavia, Macedonia del Nord, Montenegro e Albania, mentre sono in corso negoziati con la Bosnia-Erzegovina.

    Tali accordi si conformano al regolamento adottato da Frontex nel 2019 che estende il proprio operato in qualsiasi Paese terzo, indipendentemente dal confine con l’Unione Europea, dove può dispiegare agenti ai quali spetta più potere esecutivo nel controllo delle persone in transito (tra il resto, la conferma dell’identità all’ingresso, il controllo documenti, l’accettazione o il respingimento dei visti, l’arresto delle persone prive di autorizzazione e la registrazione delle impronte).
    Frontex non può non sapere

    Alla luce di quanto riportato su BIRN ci si può interrogare sull’effettiva capacità di Frontex nel garantire il rispetto dei diritti umani nei Paesi e nelle operazioni di cui fa parte, dal momento che omettendo le segnalazioni si rende complice degli abusi commessi lungo i confini.

    Soltanto un mese fa un’inchiesta della BBC 4 informava che la Guardia costiera greca, anch’essa tristemente nota per i crimini internazionali commessi negli anni, sarebbe responsabile, nell’arco di tre anni, della morte in mare di oltre quaranta persone, lasciate volutamente in acqua o riportate nel Mediterraneo dopo aver raggiunto le isole greche.

    In merito Statewatch 5 riporta alcuni passi dei fascicoli relativi ai SIR contenuti nei report presentati al consiglio di amministrazione di Frontex, in cui si testimonia la responsabilità delle autorità greche: «L’ufficio (il Fundamental Rights Office appunto) considera credibile e plausibile che 7 persone furono respinte da Samos alle acque territoriali turche nell’agosto 2022 e abbandonate in mare dalla Guardia costiera ellenica, il che ha provocato l’annegamento di uno di loro», e ancora «Un migrante arrivò con la sua famiglia come parte di un gruppo di 22 persone a nord di Lesbo, 17 di loro furono presi da quattro uomini armati mascherati, caricati su un furgone e portati su una spiaggia a sud di Lesbo. Da qui furono respinti in Turchia su una barca e lasciati alla deriva su una zattera di salvataggio, in quella che l’Ufficio valuta come un’operazione coordinata che coinvolge ufficiali greci e individui sconosciuti che hanno agito in accordo».

    Via terra non va affatto meglio. È del 3 luglio la rivelazione, da parte di EUobserver 6, di alcuni documenti interni a Frontex in cui si dice che la Bulgaria avrebbe fatto pressione sui funzionari dell’Agenzia affinché ignorassero le violazioni dei diritti umani al confine con la Turchia in cambio del pieno accesso al confine.

    Nel marzo di quest’anno, invece, è stato reso pubblico un documento interno risalente al 2022 che descrive nel dettaglio le pratiche violente e disumane, deliberatamente ignorate sia da Frontex che dall’UE, subite dai richiedenti asilo nel momento in cui vengono respinti con forza verso la Turchia.

    Operando sul campo fra le varie frontiere risulta impossibile che l’Agenzia non sia al corrente di ciò che avviene e dei metodi utilizzati dalle forze dell’ordine per allontanare le persone migranti, tuttavia decide di non agire.

    Anzi, quando non è l’Agenzia stessa, con o senza forza, a praticare i respingimenti, comunque coadiuva gli abusi, come dimostra nuovamente una recente inchiesta dalla quale è emerso che tra il 2021 e il 2023 Frontex ha condiviso con soggetti libici 2.200 e-mail che comunicavano i dati esatti di geolocalizzazione delle imbarcazioni di rifugiati nel Mediterraneo, permettendone l’intercettazione illegale e il ritorno forzato in Libia.

    L’Agenzia, conclude l’inchiesta del BIRN, ha comunque riconosciuto il problema relativo alle omissioni e ne ha discusso, al di là dell’attività in Albania.

    Al momento la realtà resta preoccupante e continuamente da monitorare. Nemmeno l’uscita dell’ex direttore esecutivo di Frontex, Fabrice Leggeri, dimessosi per le evidenze di violazioni “di natura grave” dei diritti umani (e appena candidato alle elezioni europee con Rassemblement National), ha portato ad un vero cambio nelle sue politiche, perchè non c’è possibilità di riformarla.

    Frontex va abolita, per liberare tuttə.

    https://www.meltingpot.org/2024/07/abusi-al-confine-greco-albanese-e-le-omissioni-di-frontex

    #abus #Grèce #Albanie #frontières #migrations #réfugiés #Balkans #route_des_Balkans #push-backs #refoulements #SIR #refoulements_collectifs #violence

    • Frontex Officers Failing to Report Migrant Abuses on Albania-Greece Border

      EU border agents are failing to report rights violations committed against migrants and refugees on the Albanian-Greek border, according to an investigation by #BIRN.

      In February last year, Aija Kalnaja, then the acting head of the European Union’s border agency, Frontex, received a strongly-worded email from the person in charge of making sure the agency adheres to EU law and fundamental human rights in policing the bloc’s boundaries.

      To anyone unfamiliar with the bureaucratic language of Brussels, the subject line might look cryptic: “Albania, ping-pong pushbacks, and avoiding SIRs”.

      But the content was clear: a Frontex officer had just returned from deployment to the border between Albania and EU member Greece with a “very troublesome account” of what was happening there, Jonas Grimheden, head of Frontex’s Fundamental Rights Office, FRO, wrote in the email, obtained by BIRN.

      “Apart from stories of Greek police bringing migrants to the border, and Albanian police returning them in an endless ping-pong game,” Grimheden wrote, the officer said he and his colleagues had “implicit instructions not to issue SIRs”.

      A SIR is a Serious Incident Report, which Frontex officers are ‘obliged’ to file as soon as they became aware of a possible violation of the fundamental rights afforded migrants and refugees under international law, whether committed by border guards of countries that Frontex collaborates with or officers deployed directly by the agency.

      It was unclear who issued the ‘instructions’ the officer referred to.

      According to the officer, whose account was also obtained by BIRN in redacted form, so-called ‘pushbacks’ – in which police send would-be asylum seekers back over the border without due process, in violation of international human rights standards – are “a known thing within Frontex” and all the officer’s colleagues were “told not to write a serious incident report because it just went that way there”. Pushbacks, he was saying, were regularly occurring on the Albanian-Greek border.

      Frontex has faced years of criticism for failing to address rights violations committed by member-states in policing the bloc’s borders.

      Now, this BIRN analysis of internal Frontex documents and reporting from the field has unearthed serious indications of systematic pushbacks at the Albanian-Greek border as well as fresh evidence that such unlawful practices are often evading Frontex’s own rights monitoring mechanism.

      Asked whether rights violations were being underreported, a Frontex spokesman told BIRN that such claims were “completely and demonstrably false”.

      At Frontex, every officer is required to report any “suspected violations,” said Chris Borowski.

      Yet Grimheden, the FRO head, said underreporting remains a “highly problematic” issue within the agency. It “undermines the very system we are dependent on,” he told BIRN.
      ‘Sent back badly beaten’

      Three kilometres from Ieropigi, the last Greek village before the border with Albania, stands a Greek army building, disused for decades.

      On the grassy floor are signs of humans having passed through: packets of ready-made food; the ashes of a campfire; words carved in Arabic on the walls.

      Until autumn last year, dozens of migrants and refugees stopped here every day en route to Albania, hoping to then enter Kosovo or Montenegro, then Serbia and eventually Croatia or Hungary, both part of Europe’s passport-free Schengen zone. They would have originally reached Greece from Turkey, either by land or sea, but few see Greece as a final destination.

      When BIRN visited, the weather was wet and fog obscured the hill on the other side of the border, in Albania.

      “I used to meet beaten migrants and ask them if this happened in Albania and they used to reply: ‘They beat us and send us back, they take our money, mobile phones, expensive shoes. Everything they had that was expensive was taken and they were push-backed,” said Spyros Trassias, a local shepherd. “Sometimes they might shout ‘Policia’ and signalled that they were being beaten. Other times smugglers would beat them, take their money and send them back.”

      According to local residents, the number of refugees and migrants trying to cross the border near Ieropigi dropped dramatically after a network of smugglers was dismantled in September last year.

      BIRN did not come across any Greek border patrols, but the head of the Union of Border Guards of Kastoria, Kyriakos Papoutsidis, told BIRN the border is guarded 24-hours a day. Many of those they intercept, he said, have already applied for asylum on the Greek islands or in the capital, Athens. “Any migrant who comes to the area is advised to return to the city where they applied for asylum and must remain there,” Papoutsidis said.
      Warning of ‘collective expulsion’

      Frontex officers have been present on both sides of the border, under a 2019 agreement that launched the agency’s first ever joint operation outside the bloc.

      Just months after deploying, Frontex faced accusations of pushbacks being carried out by Albanian authorities.

      According to documents seen by BIRN, little has changed over the last five years. The FRO has repeatedly raised concerns about Albania’s non-compliance with lawful border management procedures, warning in multiple SIRs that “unlawful collective returns characterised by a lack of safeguards could amount to collective expulsion”.

      In one FRO report from November 2022, in reference to pushbacks, they went as far as to say that the “sum of alleged facts could indicate the existence of a pattern occurring at the border between Albania and Greece”.

      The European Commission, the EU’s executive arm, voiced similar concerns in its 2023 report on Albania’s progress towards EU accession, when it referred to “shortcomings identified in its return mechanism for irregular migrants” and cited continued reports of migrants “being returned to Greece without adequate pre-screening”.

      In July 2023, in a ‘due diligence’ assessment of plans for enhanced collaboration between Frontex and Albania, the FRO noted “cases of ill-treatment” and “allegations of irregular returns” of migrants to Greece. Yet it endorsed the new arrangement, which was rubber-stamped by Tirana and the EU two months later.

      Asked about the allegation of migrants and refugees becoming caught in a game of “endless ping-pong” between Greek and Albanian border police, Grimheden told BIRN: “We have seen and in some locations still see migrants being forced back and forth across borders in different locations in Europe. This is certainly problematic and the parts where Frontex can or can try to influence this, we have taken measures. But the issue is typically far from Frontex involvement”.

      “We see a number of concerns in several countries that we are operating in, and Albania is one of those. Some countries are more open about addressing identified problems and others less so, at least Albania belongs to the group that is not ignoring the problems.”
      Albania: ‘No irregular migrant is pushed back’

      Albanian authorities deny engaging in pushbacks. According to Albania’s Law on Aliens, anyone entering irregularly can be expelled, particularly if they intend only to transit across Albania. Data from the United Nations refugee agency, UNHCR, shows that in 2023, only 6.5 per cent of 4,307 apprehended migrants were referred to the asylum procedure.

      According to Serious Incident Reports seen by BIRN, groups of migrants and refugees are regularly apprehended either at the border or deep inside Albanian territory, taken to temporary holding facilities, transferred to nearby border crossing points, and told to cross back into Greece on foot.

      In all but one case, the Albanian authorities responded that the groups had been pre-screened – taking their basic information and making an initial assessment of their need for asylum – and served with removal orders.

      Neither the Greek Ministry of Citizens Protection nor Albania’s Ministry of Interior or General Directorate of Border Police responded to requests for comment.

      However, in exchanges with the FRO reviewed by BIRN, Albanian authorities rejected claims of systematic pushbacks.

      “No irregular migrant is pushed back,” the Albanian Ministry of Interior replied to the FRO in exchanges reviewed by BIRN. There was only one case in which four Albanian officers were found to have “led” a group of migrants back towards Greek territory and the officers were punished, it said.

      However, an investigation by the FRO, circulated in October 2023, said allegations of systematic pushbacks were “corroborated by all interviewed Frontex operational staff”.
      Intense discussions within Frontex about underreported violations

      In contrast to the widespread use of violence documented by the FRO in Frontex operations in Bulgaria or neighbouring Greece, most SIRs analysed by BIRN did not contain evidence of force being used by Albanian border police during alleged pushbacks, nor the direct involvement of Frontex personnel.

      One exception was a letter sent in August 2022 to the FRO by a Frontex officer serving in the Kakavije border region of southern Albania. The officer accused a Frontex colleague of mistreating two migrants by “hanging them” out of his vehicle while driving them.

      The letter states that upon being confronted about the incident, the officer in question laughed and claimed he had the protection of important people at Frontex HQ in Warsaw.

      Following up on the letter, the FRO found that despite the incident being “widely discussed” within the pool of Frontex officers on the ground, “no Serious Incident was reported, and no information was shared with the operational team”.

      The Frontex Press Office told BIRN that the officer involved was dismissed from the Frontex operation and his actions reported to his home country.

      The incident “served as a vital lesson and is now used in briefings for new officers to underscore the high standards expected of them”, the press office said.

      In his February 2023 email to Kalnaja, FRO head Grimheden urged her “send a message in the organisation that SIRs need to be issued when they become aware of possible fundamental rights situations – no excuses”.

      It is not clear from the documentation BIRN obtained whether Kalnaja, as acting Frontex head, responded to Grimheden’s email. She was replaced 12 days later when Hans Leijtens took on the leadership of Frontex as Leggeri’s successor.

      According to internal documents seen by BIRN, the issue of non-reporting of rights violations has been the subject of intense discussions within the Frontex Management Board, the agency’s main decision-making body, since at least September 2023.

      In January this year, the FRO issued a formal opinion on “addressing underreporting” to the Board, essentially flagging it as a serious issue beyond only Frontex operations in Albania.

      https://balkaninsight.com/2024/06/28/frontex-officers-failing-to-report-migrant-abuses-on-albania-greece-b