• Être musulman(s) dans l’Inde de Narenda Modi : la vie de ghetto entre domination et résistance
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    Le 26 mai prochain marquera la fin de la première année de mandature exercée par le nationaliste hindou Narendra Modi à la tête du gouvernement indien. A l’occasion de cet anniversaire, cet article se propose de revenir sur la situation de la minorité musulmane dans un pays gouverné par le Bharatyia Janata Party (Parti du peuple indien, BJP), formation politique nationaliste hindoue dont l’idéologie repose sur l’hindutva, soit l’« hindouité » supposée de l’Inde, aux dépens des autres minorités ethniques composant le pays[1] – notamment les 14% de musulmans et les 3% de chrétiens. Depuis un an, l’élection de Narendra Modi s’est traduite par des menaces accrues sur la liberté et les pratiques religieuses des minorités non hindoues, au premier rang desquelles les quelque 145 millions de musulmans indiens[2]. Cette situation est partagée par l’ensemble de la minorité dans le pays, avec des spécificités selon le contexte local. Pour cette raison, cet article traite du cas singulier des musulmans du Gujarat. Il propose une plongée dans le ghetto musulman de Juhapura, situé à sept kilomètres du centre-ville d’Ahmedabad, la capitale économique de l’État.[3] En effet, à plusieurs égards, regarder ce qui se passe à Juhapura, c’est comme poser une loupe sur la situation actuelle des musulmans indiens du Nord.

    Tout d’abord, le Gujarat est l’État dans lequel Narendra Modi a bâti sa carrière politique, et dont il a vanté les résultats économiques au cours de la campagne électorale de 2014 comme gage de sa bonne gouvernance. C’est également l’État dans lequel ont eu lieu les pogroms anti-musulmans de 2002 dont Narendra Modi est considéré comme l’instigateur, quoiqu’il ait toujours été innocenté par la justice[4]. On parle ici de pogroms et non d’émeutes car les attaquants étaient exclusivement hindous et soutenus par la puissance publique, face à des victimes uniquement musulmanes. Les modalités de ces violences sont également à rapprocher des massacres de population, en ce qu’ils témoignent d’une volonté de tuer le corps physique et le corps symbolique de la minorité[5]. Selon les estimations des ONG, les pogroms ont fait deux mille morts, dont mille dans la seule ville d’Ahmedabad, et 150 000 déplacés internes. Les violences de 2002 constituent donc l’attaque la plus violente qu’aient connue les musulmans indiens dans leur pays, qu’il s’agisse du nombre de victimes comme des modalités d’assassinat. [...]

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