• Après Weinstein et Trump, c’est Polanski qui se plaint de subir “une chasse aux sorcières” : un summum de l’indécence.


    http://ellesaimentca.com/aucun-homme-na-subi-de-chasse-aux-sorcieres-jamais

    Un an avant #metoo, je faisais partie d’une association dans laquelle eurent lieu de nombreuses violences sexuelles. A cette époque où il était encore si difficile de prendre la parole, une des premières femmes ayant dénoncé les violences d’un membre avait eu l’incroyable courage de cherche de l’aide, notamment en en parlant publiquement. Suite à quoi elle avait été rejointe dans sa dénonciation par une deuxième victime, puis très rapidement une troisième etc.
    Je me rappelle qu’au moment où mes collègues avaient abordé le sujet, l’un d’entre eux avait dit “quand même, c’est bizarre toutes ces plaintes qui sortent d’un coup, j’ai un peu l’impression que maintenant qu’une femme le dénonce, toutes celles qui ont des récriminations en profitent pour s’acharner sur lui ! Il ne faudrait pas que ça tourne en une chasse aux sorcières ”*

    A cette époque, je n’avais pas fait le chemin que j’ai fait aujourd’hui sur le féminisme, et cela ne m’a pas choquée. Mais apparemment — encore une preuve que les oppressions sont instillés insidieusement — ça m’a quand même marquée, puisque lorsque ça a été mon tour de devoir dénoncer un abus sexuel dans le groupe, cette phrase m’est revenue en tête. En conséquence de quoi, au moment où j’ai pris la parole pour dénoncer mon agresseur, je n’ai pas osé rechercher la solidarité d’autres femmes, parce que j’ai eu peur qu’on m’accuse de “faire une chasse aux sorcières” et d’être “manipulatrice/vengeresse/hystérique/[insérer ici tout adjectif permettant d’invalider la colère légitime d’une femme]”.

    Depuis, chaque fois que j’ai vu ressurgir l’expression “chasse aux sorcières”, ce fut suite à des dénonciations de violences sexuelles.
    Et puis un jour, ça m’a frappée :
    Mais mais MAIS … d’où les HOMMES se font passer pour les sorcières ?

    #domination_masculine #révisionnisme #inversion_patriarcale #déni #cynisme #sorcières #femmes #violences_sexuelles #appropriation_culturelle #victimisation_des_agresseurs

    • Pour celles et ceux qui ne savent pas de quoi on parle : La Mimo, une militante de 36 ans qui participait à toutes les manifs à Santiago, au Chili (sous une forme particulièrement violente puisqu’elle était mime et déguisée en clown), a été arrêtée pendant l’État d’Urgence par la police chilienne, puis violée, torturée, assassinée, et finalement son cadavre pendu à une grille, dans la rue...

      Non, on n’est pas en 1973, mais bien en 2019, et c’est pour ça qu’ils ne lui ont pas coupé les doigts...

      Un article en espagnol :

      « La Mimo » : la artista que apareció colgada en medio de la represión en Chile
      El Patagonico, le 21 novembre 2019
      https://www.elpatagonico.com/la-mimo-la-artista-que-aparecio-colgada-medio-la-represion-chile-n5066721/amp

    • Je n’arrive pas à trouver d’informations précises. Les seules informations disant qu’elle a été torturée et violée venant du collectif « Ni una menos ». Quand quel jour son corps a-t-il été retrouvé ? (le dimanche 20 apparemment) De quand est la date de son décès d’après les médecins ? Par qui a-t-elle été auscultée (les médecins de l’état/police ? des médecins indépendants ?)

      À la fois on n’a pas envie d’y croire car c’est super horrible, à la fois on a envie d’y croire car ça prouve que le gouvernement et la police sont de nouveau comme la dictature, et que c’est des gros méchants et que nous on est du bon côté, mais dans tous ça, c’est bien d’avoir des précisions sur les infos quand même, autre que des circulations de réseaux sociaux (et comme j’ai plus beaucoup de vocabulaire espagnol, c’est compliqué de trouver pour l’instant).

    • La plupart des articles utilisent le conditionnel ; celui ci, daté du 21/11, ne l’utilise pas sur les faits : La Mimo a été retrouvée pendue, accrochée à une grille, le dimanche 20 octobre.

      Conmoción en Chile por artista violada, asesinada y colgada de una reja
      https://www.periodicoelprogreso.com/conmocion-en-chile-por-el-asesinato-de-daniela-carrasco/57019/2019

      Se trata de Daniela Carrasco. Culpan a las fuerzas policiales.

      La muerte de Daniela Carrasco, la artista callejera conocida como ‘La Mimo’, causa conmoción en Chile. El cuerpo de la mujer fue hallado colgando de una reja y acusan a las fuerzas policiales del país andino haberla secuestrado, violado y asesinado.

      El domingo 20 de octubre, ‘La Mimo’, de 36 años de edad, fue encontrada ahorcada, colgada de una reja en un paraje cercano al Parque André Jarlan. La zona queda en la comuna de Pedro Aguirre Cerda, en el sector sur de Santiago de Chile.

      En redes sociales circularon versiones que refieren que la última vez que Carrasco fue vista con vida había sido detenida por carabineros. Las dudas se acrecentaron con la difusión de un video, en el que un hombre encuentra colgado el cuerpo de una persona —presuntamente ‘La Mimo’— en la comuna de Pedro Aguirre Cerda.

      El Sindicato Nacional Interempresa de Actores y Actrices de Chile (Sidarte) exigió el esclarecimiento de las circunstancias de la muerte de la artista. “El Estado de Chile debe responder y transparentar la participación de fuerza policial en su muerte. Estamos consternados y exigimos justicia”, publicó el Sidarte en su cuenta de Twitter.

      Por su parte, el colectivo feminista #NiUnaMenos-Chile denunció en la misma red social que a Daniela Carrasco “la ultrajaron, torturaron y asesinaron”.

      El colectivo feminista reiteró la exigencia de investigar y esclarecer el “feminicidio” de ‘La Mimo’, que supuestamente ocurrió en medio del estado de emergencia y toque de queda decretados por el presidente Sebastián Piñera, tras las fuertes protestas en varias ciudades chilenas para exigir su renuncia.

    • Cet article, en date du 26/10/19, de La República péruvienne contient les mêmes informations factuelles sur la découverte du corps et du conditionnel pour les circonstances (viol par du «  personnel en uniforme  »…).

      Chile : hallan muerta a artista callejera y exigen investigar a policías
      https://larepublica.pe/mundo/2019/10/26/protestas-santiago-de-chile-crisis-en-chile-daniela-carrasco-la-mimo-que

      Algunas fuentes aseguran que Daniel Carrasco, conocida como ‘La Mimo’, fue abusada sexualmente por uniformados antes de ser ahorcada. Diversas agrupaciones exigen investigar su caso.
      […]
      A la fecha, 19 personas murieron por los enfrentamientos contra las autoridades. Dentro de esta lamentable cifra se encuentra Daniela Carrasco, una artista callejera de 36 años a quien conocían como ‘La Mimo’.

      El cadáver de la mujer fue encontrado colgado de una reja de la comunidad Pedro Aguirre Cerca, al sur de Santiago de Chile.

    • En italien

      "È stata rapita dalle forze militari nei giorni della protesta il 19 ottobre"denuncia il sindacato nazionale di attori e attrici del Cile, che in questi giorni ha chiesto il chiarimento delle circostanze della morte di Daniela Carrasco. "Lo Stato del Cile deve rispondere e rendere trasparente la partecipazione delle forze di polizia alla sua morte. Siamo sgomenti e chiediamo giustizia". Il corpo è stato scoperto lo scorso 20 ottobre appeso a una recinzione in un luogo vicino al parco André Jarlan, nel comune di Pedro Aguirre Cerda, nel settore meridionale di Santiago del Cile. Il corpo della ragazza appeso all’inferriata, filmato con un cellulare è ora finito in un video diventato virale. Dall’ufficio della Polizia hanno fatto sapere che si trattava di suicidio. Il rapporto ufficiale, infatti, ha negato tracce di violenza sessuale, di sevizie e ha attribuito la morte all’impiccagione, che sarebbe avvenuta per mano della stessa Daniela.

      continua su: https://www.fanpage.it/esteri/la-morte-di-daniela-carrasco-violata-torturata-ed-esposta-impiccata-come-un-
      http://www.fanpage.it

    • Émission du 27/10/19, la position officielle du procureur est que le décès est qualifié de suicide : elle serait morte asphyxiée, par elle-même, sans trace d’aucune autre agression (1:10-1:26)

      Investigan muerte de mujer encontrada ahorcada en sitio eriazo de Pedro Aguirre Cerda - La Red : La Red
      https://www.lared.cl/2019/programas/asi-somos/investigan-muerte-de-mujer-encontrada-ahorcada-en-sitio-eriazo-de-pedro-aguirr

      El domingo pasado Daniela Carrasco fue encontrada muerta.

      –---------------

      Version reprise aujourd’hui même 22/11/19 par El Dínamo, journal chilien :
      Le procureur a qualifié le décès de suicide, le rapport de la médecine légale indiquant la cause de décès asphyxie par pendaison, l’intervention de tiers étant exclue

      Crisis social : las 23 muertes que son investigadas por la fiscalía
      https://www.eldinamo.cl/nacional/2019/11/22/muertes-fiscalia-crisis-social-fallecidos-investigaciones

      Daniela Carrasco
      Otra de las investigaciones abiertas de la Fiscalía Metropolitana Sur tiene relación con la muerte de la artista callejera de 36 años, Daniela Carrasco, quien fue hallada sin vida colgando de una reja en un sitio eriazo en la comuna de Pedro Aguirre Cerda, cerca del Parque André Jarlan.

      El caso fue descubierto luego de que un hombre que pasaba por el lugar grabó un video de la situación, quien sospechaba que la joven había sido víctima de violencia policial, incluso se especuló que la artista había sufrido abuso sexual.

      Sin embargo, desde la fiscalía señalaron que el deceso de Carrasco está siendo indagado como suicidio, ya que el informe del SML determinó que la causa de muerte fue asfixia por ahorcamiento, descartando la participación de terceros en la muerte.

      On notera que la quasi totalité des cas de «  décès du fait de la crise sociale  » abordés dans l’article d’ El Dínamo résultent de causes extérieures à l’action des forces de maintien de l’ordre, genre : suicide dans le commissariat

    • #JusticiaparaElMimo: il mondo intero chiede la verità sulla manifestante torturata e uccisa in Cile

      Daniela Carrasco uccisa in Cile: i social si mobilitano per Mimo

      “Daniela è stata violentata, torturata e impiccata perché simbolo delle proteste in Cile”, denuncia il coordinatore di “Ni Una menos” e i social network si mobilitano per chiedere chiarezza sulla morte di Daniela Carrasco, la 36enne artista di strada e simbolo delle proteste in Cile, ritrovata impiccata domenica 20 ottobre.

      Un evento tragico risalente ormai ad un mese fa, di cui i media non hanno dato notizia fino alle scorse ore perché il 20 novembre è arrivata la perizia sul corpo della giovane donna ma la sua morte resta ancora avvolta nel mistero.

      L’hashtag #JusticiaparaElMimo fa il giro del mondo e il naso rosso di Mimo inonda le bacheche di centinaia di migliaia di persone che vogliono la verità sull’omicidio che scuote il Cile.

      “Quando l’odio diventa codardo se ne va mascherato in società e si fa chiamare ‘giustizia’”, recita una vignetta condivisa su Twitter e dedicata alla giovane uccisa durante gli scontri antigovernativi che da quattro settimane stanno martoriando il Cile.

      L’artista di strada 36enne è stata ritrovata morta impiccata. In un primo momento era stato ipotizzato il suicidio, ma altri dettagli stanno emergendo anche grazie alla mobilitazione dei cittadini e del web. Una reazione che non conosce confini e valica le frontiere del Cile: a chiedere chiarezza c’è anche l’associazione italiana Non una di meno.

      “La vergogna delle barbarie umane si ripeterà sempre tra l’indifferenza e la connivenza”, scrive qualche altro utente. E c’è chi parla perfino di “femminicidio di Stato”.

      A lanciare sospetti sulla sorte di Daniela Carrasco e sulle altre vittime di violenza in Cile sarebbero anche le parole del presidente Sebastian Piñera il quale ha confermato gli abusi sui manifestanti da parte delle forze dell’ordine. “C’è stato un eccessivo uso della forza, ci sono stati abusi e i diritti di tutti non sono stati rispettati”, ha detto in conferenza stampa Piñera.

      https://www.tpi.it/esteri/daniela-carrasco-mimo-cile-campagna-social-20191122502504

    • *Cile, è ancora avvolta nel mistero la morte di Mimo:

      “Torturata per aver preso parte alle proteste”*

      Daniela Carrasco è stata trovata impiccata ad un albero: la prima ipotesi era di suicidio. La donna, conosciuta come «El mimo», aveva preso parte alle proteste che stanno infiammando il Cile. Non si esclude che la sua morte sia dovuta a torture e violenze sessuali.

      Cile, Mimo è morta in strane circostanze dopo le proteste

      In Cile va avanti da quattro settimane una violenta guerriglia urbana in seguito alle proteste iniziate il 14 ottobre contro i costi del servizio pubblico. I cortei, iniziati nella capitale Santiago, hanno poi assunto la dimensione nazionale contro le politiche del Governo e il bilancio è di 22 morti e oltre 2000 feriti.

      Tra le morti verificatesi, spicca quella di Daniela Carrasco, donna di 36 anni, artista di strada conosciuta come “La Mimo”. Nella giornata di mercoledì 20 novembre è stato consegnato ai suoi genitori la perizia effettuata. Dopo la prima ipotesi del suicidio, si fa strada anche l’opzione di una morte “simbolica”, a seguito di torture e violenze sessuali, che servisse da monito alle donne cilene.

      Daniela Carrasco è stata ritrovata domenica 20 ottobre senza vita impiccata ad un albero nelle vicinanze del arco “André Jarlan”, nel comune di Pedro Aguirre Cerda.

      Inizialmente, i medici avevano ipotizzato un suicidio, e dalla perizia, che ha accertato la morte per soffocamento. Non risulterebbero dal rapporto della polizia scientifica violenze né torture, almeno secondo le fonti ufficiali e le dichiarazioni del procuratore.

      Tra chi chiede giustizia per la donna che aveva preso parte alle manifestazioni cilene infatti sta prendendo piede un’altra ricostruzione.

      Daniela Carrasco sarebbe stata infatti vittima di terribili torture e ripetute violenze sessuali, per erigerla a esempio per tutte le donne che stanno scendendo in piazza nell’ultimo mese per protestare contro il governo cileno. Sarebbero infatti molte le donne scomparse a seguito delle proteste.

      A sostenere questa ipotesi è il coordinatore di “Ni Una menos“, il corrispettivo cileno dell’organizzazione Non una di meno, che sui social network ha denunciato come Daniela sia stata “è stata violentata, torturata, nuovamente violentata fino al punto di toglierle la vita”. Accuse sostenute anche dalla rete di attrici cilene, secondo cui la 36enne “è stata rapita dalle forze militari nei giorni della protesta il 19 ottobre”.
      Il presidente Pinera ammette gli abusi

      Intanto, il presidente cileno Sebastian Pinera ammette i recenti abusi della polizia sui manifestanti: “C’è stato un eccessivo uso della forza, ci sono stati abusi e i diritti di tutti non sono stati rispettati”, ha detto nel corso di una conferenza stampa al palazzo presidenziale de La Moneda ha riconosciuto un eccesso di violenza da parte delle forze dell’ordine nella repressione delle proteste e dei disordini.

      Il presidente ha aggiunto, nel corso del suo discorso di domenica, che “né gli atti di inusitata violenza né gli abusi resteranno impuniti”, garantendo adeguata assistenza affinché “le procure e i tribunali possano indagare e fare giustizia”.

      Quella giustizia che ancora non è stata fatta per la morte di Mimo.

      https://www.tpi.it/esteri/cile-proteste-morte-mimo-daniela-carrasco-20191121501561

    • Comme ce serait formidable d’avoir la traduction Deepl (500€/an) qui respecte beaucoup mieux le féminin, les textes originaux, les noms d’associations … et les sauts de lignes, utilise un français correct ou un procuratore ne devient pas avocat par un tour de passe passe de traduction !

      par exemple Deepl traduit

      Pour étayer cette hypothèse, le coordinateur de « Ni Una menos », l’homologue chilien de l’organisation Non una di meno, a dénoncé sur les réseaux sociaux comment Daniela a été "violée, torturée, violée à nouveau au point de prendre sa vie. Accusations également soutenues par le réseau d’actrices chiliennes, selon lesquelles la jeune femme de 36 ans « a été enlevée par les forces militaires pendant les jours de la manifestation du 19 octobre ».

      tandis que GooG accumule les erreurs

      Pour soutenir cette hypothèse, le coordinateur de « Ni Una menos », correspondant chilien de l’organisation Pas de moins, qui sur les réseaux sociaux a dénoncé comment Daniela était « a été violée, torturée, encore violée au point de la renvoyer la vie ». Accusations également soutenues par le réseau d’actrices chiliennes, selon lequel le jeune homme âgé de 36 ans « a été kidnappé par les forces militaires à l’époque de la manifestation du 19 octobre ».

    • C’est un peu ce que je demandais dès le départ : qui a fait faire l’autopsie, la police, la famille ? Et du coup en fait ça fait une semaine ou plus que sur tous les réseaux sociaux, les gens partagent en chaine le fait qu’elle a été torturée et tuée et que c’est une martyre, et en fait sa famille elle-même dit qu’elle s’est suicidée ? (mais elle a très bien pu se suicider après s’être fait torturer et violer, ça non plus c’est pas impossible et pas clair ! sauf que qui a dit qu’elle s’est faite violée, est-ce que c’est l’autopsie demandée par la famille aussi ou d’autres gens sans preuves ? j’ai pas réussi à comprendre d’où venait cette première info !)

      Bref, faut continuer de chercher et recouper vraiment les infos…

    • Ce que l’on entrevoit dans la vidéo de la découverte de son corps, suspendu à une grille, ne milite pas vraiment pour un suicide.

      Pour le reste, la confiance qu’on peut accorder à la police et à la médecine légale dans ce contexte est toute relative.

      Et dans un contexte de répression violente, avec certainement des éléments durs dans les forces de répression, chercher une source fiable semble difficile, voire dangereux.

    • Je sais bien pour le contexte, mais ya quand même pas que les infos de la police qui arrivent non ? D’où ma question de savoir d’où venaient les infos concrètement, évidemment que si les seules infos viennent des médecins de la police il ne faut pas faire confiance ! Mais ça n’empêche que pour affirmer des choses il faut forcément se baser sur des faits, il faut que Ni una menos ait pu voir le corps, voir des marques, etc, pour affirmer ensuite des choses. Dans toutes les déclarations je ne vois aucune mention indiquant d’où sortent les informations alors qu’il pourrait y avoir des phrases du genre « Nous avons pu voir son corps et nous avons vu… » ou même « Des conaissances ont pu voir son corps… » mais non, ya aucune indication du tout.

      La déclaration officielle de l’association « Avocates féministes du Chili », qui bosse directement et bénévolement pour la famille de Daniela, c’est pas une information aussi fiable que le reste ? Elles indiquent que ça pourrait décrédibiliser le mouvement social de propager des infos sans sources. Mais après je ne connais pas les forces en présence, peut-être que c’est une association de bourgeoises hors du mouvement social et qu’il ne faut pas leur faire confiance. Je n’ai pas encore trouvé de réaction de Ni una menos à cette déclaration.

      https://twitter.com/Abofemcl/status/1197997836299833344

      DECLARACIÓN PÚBLICA SOBRE MUERTE DE DANIELA CARRASCO
      El 20 de octubre, en pleno estallido de la crisis que hasta hoy atraviesa nuestro país, el cuerpo sin vida de Daniela Carrasco (36 años), más conocida como “La Mimo” apareció en la comuna de Pedro Aguirre Cerda.

      En medio de la crispación de esos días, distintas declaraciones fueron emitidas por organizaciones y colectivos, indicando que había pruebas de ensañamiento, tortura y que el crimen había sido realizado por agentes del Estado.

      Apenas la noticia llegó a oídos de Abofem, nuestras socias se pusieron en contacto con la familia y hoy llevan el caso de manera pro bono.

      Es por eso que, a pesar de que nunca nos referimos a los casos que llevamos, nos vemos en la necesidad de exigirle a la ciudadanía y también a los medios de comunicación que no sigan compartiendo información sin fuentes verificadas.

      Desde Abofem instamos a respetar tanto la memoria de Daniela como a su familia, quienes en incontables ocasiones han pedido cautela y trato digno en su duelo.

      Lamentablemente, día tras día seguimos viendo noticias falsas en medios de comunicación nacionales e internacionales, lo que nos parece del todo condenable, sobre todo teniendo en cuenta nuestro actual contexto.

      Además, nos hemos visto en la necesidad de salir a apoyar a la familia, quienes han sufrido el constante asedio por parte de periodistas y curiosos, lo que se suma a nuestra labor de solicitar y verificar que por parte del Ministerio Público...

      se realicen todas las diligencias investigativas pertinentes y conducentes para descartar cualquier participación de un tercero en este lamentable hecho, con la mayor diligencia.

      Queremos recordarles que la investigación para esclarecer las circunstancias de la muerte de Daniela sigue en curso y que los antecedentes que hasta ahora se manejan indican que habría dejado una carta explicando las razones de un eventual suicidio y que no se hallaron signos evidentes o patentes de tortura o agresión sexual. Indicamos lo anterior, sin perjuicio de que los informes médicos forenses puedan indicar algo distinto más adelante.

      También queremos aclarar, a pedido de la familia de Daniela, que no han solicitado dinero por redes sociales ni están vendiendo objetos con su imagen. Cualquiera de esas situaciones, no va en beneficio de la familia y constituye un aprovechamiento que solo profundiza su dolor

      Instamos a la ciudadanía, a las organizaciones y a los medios de comunicación a elevar los estándares éticos y profesionales para no vulnerar la memoria de Daniela ni a su familia, ni tampoco deslegitimar el movimiento social con noticias falsas sin fuentes verificables.

      De todos y cada uno de nosotr@s depende darle un trato digno a cada caso que aparezca durante estos tiempos.
      Fin.

  • Face aux violences sexuelles, LREM ordonne le silence dans les rangs
    12 novembre 2019 Par Lénaïg Bredoux

    Un député de la majorité, Pierre Cabaré, est visé par une enquête préliminaire pour harcèlement sexuel et moral sur sa suppléante. Quatre anciens collègues confirment les accusations. Mais aucune sanction ou mise en retrait n’a été demandée par LREM.

    S’en remettre à la justice et, en attendant, surtout ne rien faire. C’est, en résumé, la politique de La République en marche (LREM) face aux affaires de violences sexistes et sexuelles. Et le contexte n’y change rien, ni l’approche des élections municipales, ni le Grenelle organisé par le gouvernement, ni les engagements publics d’Emmanuel Macron ou de sa ministre Marlène Schiappa.

    Le parti majoritaire s’est ainsi refusé à prendre toute mesure à l’encontre du député Pierre Cabaré, visé depuis plusieurs semaines par une enquête préliminaire pour harcèlement sexuel et moral. Lui parle de « fausses accusations » et a déposé plainte pour dénonciation calomnieuse.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/121119/face-aux-violences-sexuelles-lrem-ordonne-le-silence-dans-les-rangs

    #metoo #culture_du_viol #LREM #violences_sexuelles #injustice #déni #fémonationalisme #libfem

  • Réfugiés en #Turquie : évaluation de l’utilisation des #fonds de l’#UE et de la coopération avec Ankara

    Les députés évalueront mercredi la situation des #réfugiés_syriens en Turquie et les résultats du #soutien_financier fourni par l’UE au gouvernement turc.

    Des représentants de la Commission européenne informeront les députés des commissions des libertés civiles, des affaires étrangères et du développement avant de participer à un débat. Ils se concentreront sur la facilité de l’UE en faveur des réfugiés en Turquie, mise en place en 2015 pour aider les autorités turques à venir en aide aux réfugiés sur leur territoire. Elle dispose d’un #budget total de six milliards d’euros à distribuer au plus tard en 2025.

    Sur les 5,6 millions de réfugiés syriens dans le monde, près de 3,7 millions seraient en Turquie, selon les données du HCR.

    #Accord_UE-Turquie et situation en Grèce

    Les députés de la commission des libertés civiles débattront également de la mise en œuvre de la déclaration UE-Turquie, l’accord conclu par les dirigeants européens avec le gouvernement turc en mars 2016 pour mettre un terme au flux de réfugiés en direction des îles grecques.

    Ils échangeront dans un premier temps avec #Michalis_Chrisochoidis, le ministre grec en charge de la protection des citoyens. Les conséquences de l’accord ainsi que la situation dans les #îles grecques feront ensuite l’objet d’une discussion avec des représentants de la Commission européenne, de l’Agence des droits fondamentaux de l’UE, du Bureau européen d’appui en matière d’asile et de Médecins sans frontières.

    DATE : mercredi 6 novembre, de 9h à 12h30

    LIEU : Parlement européen, Bruxelles, bâtiment Paul-Henri Spaak, salle 3C50

    https://www.europarl.europa.eu/news/fr/press-room/20191104IPR65732/refugies-en-turquie-evaluation-de-l-utilisation-des-fonds-de-l-ue
    #réfugiés #asile #migrations #EU #accord_UE-Turquie #aide_financière #financement #catastrophe_humanitaire #crise_humanitaire #externalisation #hotspot

    –-------------

    Ici le lien vers la vidéo de la deuxième partie de la séance : https://www.europarl.europa.eu/ep-live/fr/committees/video?event=20191106-1000-COMMITTEE-LIBE

    Vous pouvez y voir l’intervention d’MSF sur le deal avec la Turquie et la situation en Grèce à la min 11:55.
    #suicide #santé_mentale #violences_sexuelles #santé #enfants #mineurs #enfance #surpopulation #toilettes #vulnérabilité #accès_aux_soins

    • Pour la #Cour_européenne_des_droits_de_l’Homme, tout va bien dans les hotspots grecs

      La Cour européenne des droits de l’Homme vient de rejeter pour l’essentiel la requête dont l’avaient saisie, le 16 juin 2016, 51 personnes de nationalités afghane, syrienne et palestinienne - parmi lesquelles de nombreux mineurs -, maintenues de force dans une situation de détresse extrême dans le hotspot de #Chios, en Grèce [1].

      Les 51 requérant.es, soutenu.es par nos associations*, avaient été identifié.es lors d’une mission d’observation du Gisti dans les hotspots grecs au mois de mai 2016 [2]. Privées de liberté et retenues dans l’île de Chios devenue, comme celles de #Lesbos, #Leros, #Samos et #Kos, une prison à ciel ouvert depuis la mise en œuvre de la #Déclaration_UE-Turquie du 20 mars 2016, les personnes concernées invoquaient la violation de plusieurs dispositions de la Convention européenne des droits de l’Homme [3].

      Dans leur requête étaient abondamment et précisément documentés l’insuffisance et le caractère inadapté de la nourriture, les conditions matérielles parfois très dangereuses (tentes mal fixées, serpents, chaleur, promiscuité, etc.), les grandes difficultés d’accès aux soins, l’absence de prise en charge des personnes les plus vulnérables - femmes enceintes, enfants en bas âge, mineurs isolés -, aggravées par le contexte de privation de liberté qui caractérise la situation dans les hotspots, mais aussi l’arbitraire administratif, particulièrement anxiogène du fait de la menace permanente d’un renvoi vers la Turquie.

      La seule violation retenue par la Cour concerne l’impossibilité pour les requérant.es de former des recours effectifs contre les décisions ordonnant leur expulsion ou leur maintien en détention, du fait du manque d’informations accessibles sur le droit au recours et de l’absence, dans l’île de Chios, de tribunal susceptible de recevoir un tel recours.

      Pour le reste, il aura fallu plus de trois ans à la Cour européenne des droits de l’Homme pour juger que la plainte des 51 de Chios n’est pas fondée. Son argumentation se décline en plusieurs volets :

      s’agissant du traitement des personnes mineures, elle reprend à son compte les dénégations du gouvernement grec pour conclure qu’elle n’est « pas convaincue que les autorités n’ont pas fait tout ce que l’on pouvait raisonnablement attendre d’elles pour répondre à l’obligation de prise en charge et de protection » ;

      elle reconnaît qu’il a pu y avoir des problèmes liés à l’accès aux soins médicaux, à la mauvaise qualité de la nourriture et de l’eau et au manque d’informations sur les droits et d’assistance juridique, mais les relativise en rappelant que « l’arrivée massive de migrants avait créé pour les autorités grecques des difficultés de caractère organisationnel, logistique et structurel » et relève qu’en l’absence de détails individualisés (pour chaque requérant.e), elle « ne saurait conclure que les conditions de détention des requérants [y ayant séjourné] constituaient un traitement inhumain et dégradant » ;

      s’agissant de la surpopulation et de la promiscuité, elle n’en écarte pas la réalité – tout en relevant que les requérant.es n’ont « pas indiqué le nombre de mètres carrés dans les conteneurs » – mais pondère son appréciation des risques que cette situation entraîne en précisant que la durée de détention « stricte » n’a pas dépassé trente jours, délai dans lequel « le seuil de gravité requis pour que [cette détention] soit qualifiée de traitement inhumain ou dégradant n’avait pas été atteint ».

      *

      L’appréciation faite par la Cour de la situation de privation de liberté invoquée par les requérant.es est en effet au cœur de sa décision, puisqu’elle s’en sert pour relativiser toutes les violations des droits qu’elles et ils ont subies. C’est ainsi que, sans contester les très mauvaises conditions matérielles qui prévalaient au camp de Vial, elle (se) rassure en précisant qu’il s’agit d’« une structure semi-ouverte, ce qui permettait aux occupants de quitter le centre toute la journée et d’y revenir le soir ». De même, « à supposer qu’il y eut à un moment ou à un autre un problème de surpopulation » au camp de Souda, elle estime « ce camp a toujours été une structure ouverte, fait de nature à atténuer beaucoup les nuisances éventuelles liées à la surpopulation » [4].

      Autrement dit, peu importe, pour la Cour EDH, que des personnes soient contraintes de subir les conditions de vie infrahumaines des camps insalubres du hotspot de Chios, dès lors qu’elles peuvent en sortir. Et peu importe qu’une fois hors de ces camps, elles n’aient d’autre solution que d’y revenir, puisqu’elles n’y sont pas officiellement « détenues ». Qu’importe, en effet, puisque comme dans le reste de « l’archipel des camps » de la mer Égée [5], c’est toute l’île de Chios qu’elles n’ont pas le droit de quitter et qui est donc leur prison.

      En relayant, dans sa décision, l’habillage formel donné par les autorités grecques et l’Union européenne au mécanisme des hotspots, la Cour EDH prend la responsabilité d’abandonner les victimes et conforte l’hypocrisie d’une politique inhumaine qui enferme les exilé.es quand elle devrait les accueillir.

      Contexte

      Depuis trois ans, des dizaines de milliers de personnes sont confinées dans les cinq hotspots de la mer Égée par l’Union européenne, qui finance la Grèce afin qu’elle joue le rôle de garde-frontière de l’Europe.

      Dès leur création, des associations grecques et des ONG, mais aussi des instances européennes et internationales comme, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), le rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’Homme des migrants, le Comité de prévention de la torture du Conseil de l’Europe, l’Agence de l’UE pour les droits fondamentaux, n’ont cessé d’alerter sur les nombreuses violations de droits qui sont commises dans les hotspots grecs : des conditions d’accueil marquées par la surpopulation, l’insécurité, l’insalubrité et le manque d’hygiène, des violences sexuelles, des atteintes répétées aux droits de l’enfant, le défaut de prise en compte des situations de vulnérabilité, un accès à l’information et aux droits entravé ou inexistant, le déni du droit d’asile. On ne compte plus les témoignages, rapports et enquêtes qui confirment la réalité et l’actualité des situations dramatiques engendrées par ces violations, dont la presse se fait périodiquement l’écho.

      http://www.migreurop.org/article2939.html?lang=fr
      #CEDH

  • Valentine Monnier : « Pourquoi j’accuse Roman Polanski aujourd’hui »
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/pourquoi-j-accuse-roman-polanski-aujourd-hui-08-11-2019-8189571.php

    Comment se peut-il qu’il ait pu disposer de fonds publics pour instrumentaliser l’Histoire et ainsi réécrire la sienne afin de couvrir son passé délictueux ? En soutenant Polanski, le Service public ne participe-t-il pas à la déconsidération des violences sexuelles ? Comment une certaine France a-t-elle pu le porter jusqu’à la dégradation des acquis de l’Affaire Dreyfus qui incarne à travers l’Histoire les valeurs de justice et de vérité ?

    #viols #polanski #culture_du_viol

  • Comment l’Etat français recrute les femmes au ministère de la culture -
    https://www.liberation.fr/france/2019/11/07/au-ministere-de-la-culture-les-entretiens-pervers-d-un-haut-fonctionnaire

    « J’ai uriné par terre, quasiment à ses pieds. J’étais humiliée et honteuse » : Claire (1) est l’ une des dizaines de femmes ayant passé un entretien d’embauche au ministère de la Culture avec Christian N., haut fonctionnaire du ministère de la Culture. Comme toutes celles qui ont subi ses agissements et que Libération a retrouvées, une question la hante : « Comment a-t-il pu faire autant de victimes, sans jamais être découvert ? » Dans cette affaire, les chiffres donnent le vertige. Entre 2009 et 2018, plus de 200 femmes - selon une liste qu’il a rédigée lui-même - ont été photographiées et/ou intoxiquées aux diurétiques, à leur insu, au ministère de la Culture puis à la direction régionale des affaires culturelles (Drac) de la région Grand Est. Elles l’ont toutes été par l’ancien sous-directeur des politiques de ressources humaines au siège du ministère, situé rue de Valois, à Paris. Son but : les pousser à perdre le contrôle et à uriner devant lui.

    #travail #femmes #recrutement #emploi #violences_sexuelles #toilettes #empoisonnement #metoo

    A l’époque, la police, aussi, va refuser de s’intéresser à la situation. En 2015, Marie a tenté de porter plainte quelques semaines après son entretien avec Christian N. Sans savoir alors précisément quoi, la jeune femme est persuadée que quelque chose d’anormal s’est produit lors de la rencontre. Las. Dans un commissariat parisien, elle est éconduite : « Ils ne m’ont pas du tout prise au sérieux. Ils m’ont dit que c’était quelqu’un de haut placé et qu’on ne pouvait pas porter plainte comme ça. » Cette situation perdurera même après la révélation de l’affaire. En mai dernier, le Canard enchaîné publie le témoignage d’une victime sous le titre : « Le parquet saisi d’une histoire à se pisser dessus ». Choquées par cette formulation, plusieurs victimes se reconnaissent néanmoins dans les faits relatés par l’hebdomadaire et décident d’aller porter plainte. Claire a dû convaincre les policiers : « Ils minimisaient en disant que je n’allais pas porter plainte ou déposer une main courante pour avoir fait pipi. J’ai dû leur montrer l’article du Canard enchaîné pour qu’ils me reçoivent. »

    Face à ces difficultés et à l’impossibilité d’obtenir le soutien du ministère, Alizée s’est tournée vers Marlène Schiappa. En juin, la jeune femme l’interpelle sur Twitter. Le compte de soutien à la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, « Avec_Marlene », lui répond. Derrière ce pseudo, il y a une conseillère du cabinet (2). Dans un échange de textos que Libération a pu consulter, cette dernière promet à Alizée de l’aider en la mettant en lien avec Agnès Saal, haute fonctionnaire chargée de l’égalité et de la diversité au ministère de la Culture. Contactée par Libération, la conseillère n’a pas donné suite. « Depuis, elle ne m’a jamais recontactée. J’ai relancé le cabinet de Marlène Schiappa début juillet, mais ils ne me répondent plus du tout, regrette Alizée. Moi, je suis suivie psychologiquement, mais pour toutes les autres victimes, on fait quoi ? »

    #police #injustice #déni #omerta

    Le titre de cet article existe en plusieurs versions.
    Sur le papier « un sérial voyeur au ministère de la culture » #euphémisme
    Sur la version web « Au ministère de la Culture, les entretiens pervers d’un haut fonctionnaire ». #pornification
    #ligue_du_lol #male_gaze

    • « Ils m’ont dit que c’était quelqu’un de haut placé et qu’on ne pouvait pas porter plainte »

      Ca me rappel une remarque qu’a glissé Costa-Gavras interrogé sur Médiaprat à propos de #metoo et du cas de Adèle Haenel. Costa-Gavras a marmonné à un moment qu’on pouvait croire Adèle Haenel parceque c’était une jeune femme qui avait un césar. Même phénomène lorsqu’on a parlé de #MeToo au moment ou des star s’en sont emparées. Le tag existait bien avant, inventé par Tarana Burke en 2007 pour dénoncer les violences sexuelles, notamment à l’encontre des minorités visibles (et invisibiles médiatiquement). On limite toujours le phénomène au secteur du cinéma, à la limite c’est parfois un peu étendu au domaine aux arts, mais le lien avec ce qui se passe dans l’emploi n’est pas fait. Adele Haenel et les 200 victimes de Christian N c’est exactement le même problème.

      Costa-Gavras ce qui lui importe c’est qui a le Césare. Heureusement l’agresseur d’Adèle Haenel n’as pas de césare ni palme d’or. Il n’est pas Luc Besson alors on se fait une bonne conscience en se déchainant sur lui. Adèle Haenel fait versé de grosses larmes aux crocodiles mais les victimes de Besson laissent de glace, tout comme les minorités visibles qui utilisent #metoo depuis 2007. D’ailleurs Costa-Gavras et les medias mainstream font comme si Adèle Haenel était la première à parler en France.

      Ce matin je retrouve Marlène Schiappa qui déclare dans Marianne (rapporté par le parisien) ;

      "« Nous allons désormais expulser les citoyens étrangers condamnés pour violences sexistes ou sexuelles », a-t-il clamé auprès du magazine.

      « Ces violences ne sont excusables en aucun cas, y compris lorsqu’elles se produisent chez des populations en difficulté », souligne la ministre, qui avoue que sa proposition a suscité des débats en interne. Elle a pourtant été retenue lors du comité interministériel sur l’immigration piloté par Édouard Philippe.

      http://www.leparisien.fr/politique/tolerance-zero-schiappa-veut-faire-expulser-les-etrangers-condamnes-pour-

      (au passage je croi pas que Schiappa soit ministre et « a-t-il déclaré » est une coquille)
      –—
      Ce que je comprend c’est que c’est pas la violence le problème, en fait Schiappa s’en fiche des victimes de Christian N ou de Besson, ce qui compte c’est le niveau de hiérarchie de qui l’exerce et qui la subit. C’est un peu une évidence mais ca me frappe ces derniers jours.

      Peut être parceque cette semaine j’écoutais un cours sur le talent pendant que je dessine, pour essayé de comprendre pourquoi les discriminé·es en seraient autant dénué·es pour qu’on les voient et les entendent si peu.
      https://www.college-de-france.fr/site/pierre-michel-menger/course-2016-2017.htm
      Pierre-Michel Menger parle de la parabole des talents qui serait à la base de l’idée de mérite en occident.

      Évangile selon Matthieu, chapitre 25, versets 14 à 30 :

      D’après la traduction officielle liturgique de la Bible (source wikipédia).

      « C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.” Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : “Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.” Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.” Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !” »

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Parabole_des_talents#Texte_de_la_parabole_des_talents

      Alors si tu as 10 talents comme Polansky, le maitre te donnera tout, mais si tu as un seul talent comme une personne immigrée racisée, Jupiter et Schiappa en bons chrétiens, te jetterons dans les ténèbres extérieurs, pour y pleurer et grincer des dents, après t’avoir délesté de ton unique talent pour le filer à Polansky.

      #inversion_patriarcale #critique_de_la_valeur #talent #mérite #christianisme #ordolibéralisme

    • Pourquoi dans l’article son nom n’est pas cité en entier ?
      On trouve encore sa photo sur le site du ministère de la culture mais sa page a été supprimée.

    • Un commentaire qui développe les particularités sociales de Adèle Haenel -

      Un des enseignements de l’affaire Haenel, au-delà du décryptage des mécanismes de la violence sexuelle, est de mettre au jour les conditions sociales extrêmement improbables d’une telle prise de parole. Pourquoi le récit d’Adèle Haenel est-il audible/crédible (pour l’instant en tout cas), plus que ceux des autres femmes ayant dénoncé des agresseurs dans le monde du cinéma, y compris depuis l’émergence du mouvement MeToo ?
      –Parce que le rapport de force entre elle et son agresseur s’est inversé, comme elle le dit elle-même. Depuis les faits, elle est montée en puissance, alors que son pouvoir à lui n’a fait que s’amoindrir. Elle ne peut donc être vraiment suspectée de monter de toute pièce cette histoire pour attirer l’attention sur elle, ou pour gagner de l’argent. Elle dispose d’allié.e.s dans le cinéma français (surtout parmi les réalisatrices), et elle peut s’appuyer sur un réseau de soutiens plus étendu que lui. Le fait que tous les témoins cité.e.s dans le papier de Mediapart parlent à visage découvert (en « on »), fait tout à fait exceptionnel comme le souligne la journaliste Marine Turchi, en atteste.
      –Parce qu’elle est belle (et blanche, et conforme aux canons de la féminité bourgeoise), et qu’elle était déjà belle au moment des faits, les photos en attestent : elle échappe donc à la suspicion d’être trop repoussante pour avoir été agressée (contrairement à Nafissatou Diallo, cible de commentaires hallucinants sur son apparence physique, au moment de l’affaire DSK).
      –Parce que, les photos en attestent aussi, elle avait le corps d’une enfant au moment des faits, c’est sûr : on le voit car une dent définitive n’avait pas encore poussé et entravait son sourire enfantin, malgré les longues robes de soirée et le maquillage discret qu’elle portait lors des cocktails autour de la promotion du film. Elle ne peut pas être suspectée d’avoir joué la « Lolita » provocatrice (contrairement à la victime de Roman Polanski, âgée de 13 ans au moment des faits, déjà « formée » et « aguicheuse », comme l’ont répété à l’envi les commentateurs autorisés). Ce d’autant qu’elle est issue d’une famille de classe moyenne supérieure, un milieu dans lequel les normes de la féminité, à cet âge, mettent fortement à distance les marqueurs de la séduction. Cela se voit, aussi, sur les photos.
      –Parce qu’elle est soutenue par une enquête journalistique d’une très grande qualité, précise, rigoureuse, de long cours.
      –Parce que, en plus de son témoignage, des documents viennent fortement conforter son récit (des lettres datant du milieu des années 2000, conservées par Adèle Haenel, dans lesquelles Christophe Ruggia lui déclare l’amour « lourd à porter » qu’il lui a porté au cours des années précédentes – alors qu’elle avait 12-13 ans).
      –Parce qu’elle dispose des ressources intellectuelles et politiques nécessaires pour désingulariser son cas et dénoncer des rapports de force systémiques, en se prémunissant ainsi (pour l’instant…) contre les classiques accusations d’hystérie et de chasse aux sorcières.
      Ce sont des conditions socialement très improbables. Adèle Haenel elle-même dit qu’une des raisons pour lesquelles elle porte ce récit dans l’espace public est qu’elle se sent en position (et en devoir) de parler au non de toutes celles qui ne peuvent être entendues - qu’elles parlent ou pas. Les conditions socialement très improbables de la crédibilité des récits de violence sexuelle par les victimes : voilà ce qu’on doit garder en tête à chaque fois que nous parvient le récit d’une femme qui dit avoir été victime de violences sexuelles, dans le cinéma ou ailleurs.

      https://www.facebook.com/laure.ber.7/posts/10156975786138737

    • Diurétiques : nouvelles victimes et ministère de la Culture aux abonnés absents

      depuis l’enquête de Libération, rien de nouveau n’a été annoncé par le ministère de la Culture. Interrogé vendredi sur Europe 1, le ministre de la Culture, Franck Riester, s’est déclaré atterré par « cette histoire complètement folle ». « La justice va prendre les décisions qui s’imposent », ajoutait-il sans évoquer ni l’ouverture d’une enquête interne ni même la mise en place d’une procédure pour recenser ou aider les victimes. « A aucun moment le ministère ne s’est rapproché de celles qui étaient sur le fameux tableau Excel de Christian N. pour donner une quelconque info, voire un accompagnement », constate aujourd’hui un salarié du ministère qui souhaite rester anonyme. En interne, on dit même « n’avoir jamais vu la couleur de la cellule d’écoute ».

      Ce statu quo a poussé les syndicats à écrire ce mercredi matin à tous les personnels du ministère. Dans ce mail interne, signé par 7 syndicats (dont la CGT, la CFDT et la Snac-FSU), ils demandent d’« en finir avec l’omerta et l’impunité des violences hiérarchiques dans la fonction publique ». Ils dénoncent par ailleurs « une situation systémique au ministère de la Culture […] où la couverture des actes de violence et d’abus de pouvoir est favorisée par un système hiérarchique vertical violent et rigide » et demandent « la protection fonctionnelle pour les victimes de Christian N. », « une enquête ministérielle approfondie » et « le retrait immédiat des labels Egalité et Diversité décernés au ministère de la Culture ».

      https://www.liberation.fr/france/2019/11/13/diuretiques-nouvelles-victimes-et-ministere-de-la-culture-aux-abonnes-abs

  • The Eritrean National Service. Servitude for “the common good” and the Youth Exodus

    Gives voice to the conscripts who are forced to serve indefinitely without remuneration under the ENS in a powerful critical survey of its effect from the #Liberation_Struggle to today.

    The #Eritrean_National_Service (ENS) lies at the core of the post-independence state, not only supplying its military, but affecting every aspect of the country’s economy, its social services, its public sector and its politics. Over half the workforce are forcibly enrolled into it by the government, driving the country’s youth to escape national service by seeking employment and asylum elsewhere. Yet how did the ENS, which began during the 1961-91 liberation struggle as part of the idea of the “common good” - in which individual interests were sacrificed in pursuit of the grand scheme of independence and the country’s development - degenerate into forced labour and a modern form of slavery? And why, when Eritrea no longer faces existential threat, does the government continue to demand such service from its citizens?
    This book provides for the first time an in-depth and critical scrutiny of the ENS’s achievements and failures and its overarching impact on the social fabric of Eritrea. The author discusses the historical backdrop to the ENS and the rationales underlying it; its goals and objectives; its transformative effects, as well as its impact on the country’s defence capability, national unity, national identity construction and nation-building. He also analyses the extent to which the national service functions as an effective mechanism of transmitting the core values of the liberation struggle to the conscripts and through them to the rest of country’s population. Finally, the book assesses whether the core aims and objectives of the ENS proclaimed by various governments have been or are in the process of being accomplished and, drawing on the testimony of the hitherto voiceless conscripts themselves, its impact on their lives and livelihoods.


    https://boydellandbrewer.com/the-eritrean-national-service-hb.html
    #livre #service_national #émigration #asile #migrations #réfugiés #Erythrée #Gaim_Kibreab

    • Le même auteur a écrit aussi cet article :
      Sexual Violence in the Eritrean National Service

      Claims of sexual violence against female conscripts by military commanders abound in the Eritrean national service (ENS). Hitherto there has been no attempt to subject these claims to rigorous empirical scrutiny. This article is a partial attempt to fill the gap. Using data collected through snowball sampling from 190 deserters (51 females and 139 males) in the United Kingdom, Switzerland, Norway, South Africa, Kenya and Sweden, supplemented by data from systematically selected key informants, it examines the extent to which female conscripts serving in the ENS are subjected to sexual violence and harassment by their commanders. The extensive data based on the perceptions and experiences of respondents who served on average about six years before deserting; imply that sexual abuse is rampant in the ENS

      https://openresearch.lsbu.ac.uk/item/8701z
      #viol #culture_du_viol #violences_sexuelles

  • Une médecin sur six a déjà été harcelée sexuellement par un collègue

    Nouvelle sonnette d’alarme. Après une récente enquête sur le burn-out et la dépression des médecins, Medscape (un institut qui planche sur la santé) dévoile ce mardi les résultats édifiants d’un sondage sur le harcèlement sexuel chez les professionnels de santé en France ainsi que leurs témoignages. « Au cours de notre précédente enquête, de nombreux praticiens nous avaient déjà alertés sur le harcèlement en envoyant des commentaires sur ce qu’ils subissaient au travail », souligne à Libération Véronique Duqueroy, chargée du nouveau rapport Medscape.

    A lire aussiHarcèlement sexuel à l’hôpital : « On ne dit pas non au médecin, c’est comme ça »

    Femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, ils sont plus de 1 000 médecins à temps plein (ainsi que des infirmiers, sages-femmes, internes…) membres du réseau Medscape, à avoir répondu à un questionnaire sur leur expérience au cours des six et trois dernières années d’exercice. Dans le détail, 45% sont des femmes, 70% des salariés et 63% travaillent à l’hôpital avec une majorité de médecins généralistes (1 sur 7), de médecins urgentistes, de psychiatres… Parmi eux, certains dénoncent des baisers non désirés, des caresses forcées, des menaces, des propos sexistes… de la part de collègues ou de patients.
    « On t’emmène à la cave pour te violer »

    En chiffres, ça donne 16% des femmes médecins victimes d’abus, de harcèlement ou d’inconduite à caractère sexuel de la part d’un collègue au cours des six dernières années de leur carrière, selon le rapport, contre 2% des hommes. Tous sexes confondus, les médecins sont « 6 fois plus fréquemment harcelés par un patient que par un collègue ». « Nous sommes tellement habitués que nous ne réagissons pratiquement pas », raconte notamment une oncologue. Pour la moitié des femmes victimes de collègue, le harcèlement est synonyme de propositions de relations sexuelles. Pour une sur vingt, il consiste à recevoir des offres de promotion contre une relation sexuelle ou des menaces en cas de refus. On retient aussi ce témoignage d’une interne au Samu relatant les menaces d’un collègue infirmier en pleine intervention : « On t’emmène à la cave pour te violer, on est en chien, on n’a pas niqué depuis longtemps. » Dans 76% des cas de harcèlement, l’auteur était un homme et, dans 61%, un autre médecin qui occupe généralement une position hiérarchique plus haute. Des données encore plus inquiétantes chez les infirmières avec 51% des répondantes victimes ou témoins de harcèlement sexuel de la part de collègues et de patients ces trois dernières années.

    Notre dossier Harcèlement sexuel, viols : la parole libérée ?

    Autre constat : plus les médecins sont jeunes, plus ils sont victimes de harcèlement sexuel. Un fait corroboré par de nombreuses autres confidences comme celle de cette pédiatre : « Personnellement, j’ai la paix, autant de la part des collègues que des patients… depuis que j’ai atteint l’âge d’environ 55 ans ! »
    Sentiment d’impunité

    Aujourd’hui pourtant, 71% des victimes avouent ne pas avoir dénoncé l’auteur du harcèlement « en raison d’un sentiment d’impunité qui protégerait les harceleurs ». Conséquences : « 20% des victimes ont envisagé de démissionner, 8% l’ont fait. Plus d’un tiers ont indiqué avoir eu de la difficulté à se concentrer et, pour un quart d’entre elles, l’incident a eu un impact négatif sur l’attention qu’elles portent à leurs patients, les conduisant pour certaines (5%), à commettre des erreurs médicales », signale le document. Sans parler de celles sur le quotidien avec l’alcool, le tabac, les médicaments…

    Dans la foulée de l’affaire Weinstein, la parole des femmes de tous milieux professionnels s’est libérée. L’hôpital n’y a pas fait exception. Certains témoignages ont d’ailleurs été relayés sur le blog Paye ta blouse. Agnès Buzyn, actuelle ministre de la Santé et médecin, s’était elle aussi confiée sur le sujet en 2017.
    Aurore Coulaud

    https://www.liberation.fr/france/2019/11/05/une-medecin-sur-six-a-deja-ete-harcelee-sexuellement-par-un-collegue_1761

    #travail #violences_sexuelles #viol

  • (20+) Adèle Haenel, une parole qui change la donne - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2019/11/05/adele-haenel-une-parole-qui-change-la-donne_1761776

    Une force qu’on n’imaginait plus s’est exprimée dans ce nouveau monde connecté, une heure durant, limpide, qui impose le respect. C’est vos gueules, s’il vous plaît . Le temps d’y repenser, et puis de joindre le geste à la parole, la parole d’Adèle Haenel, pour savoir comment faire à présent, pour être à la hauteur si possible. Or tout est possible, maintenant, voici du nouveau.

    • Une heure de parole très claire, intelligente et nue, les mains comme le visage crispés sous la pression, la conscience intense de choisir d’être là pour jouer un rôle, pas de cinéma, changer les choses, les hommes, le monde, rien que ça, et les yeux abîmés dans l’hyperconcentration blême de ne rien oublier de ce qu’elle avait à dire, à lire, comme la magnifique lettre à son père, qui avait modifié le point de vue de celui-ci (lequel préférait alors conseiller à sa fille de se taire). C’est ce qu’on a vu de plus fort, en réalité, comme prise de parole féministe et politique d’un seul tenant.

      Un papier qui ne réduit pas à une dimension testimoniale ce qui a eu lieu. Voir ça dans Ration, c’est étrange. Ne boudons pas notre plaisir.

      #Violences_sexuelles #domination_masculine #féminisme
      #clarté

  • #MeToo : Adèle Haenel explique pourquoi elle sort du silence
    https://www.youtube.com/watch?v=QFRPci2wK2Y

    Dans une enquête publiée dimanche 3 novembre sur Mediapart, #Adèle_Haenel accuse le réalisateur #Christophe_Ruggia d’« attouchements » et de « #harcèlement_sexuel » lorsqu’elle était âgée de 12 à 15 ans. La comédienne revient sur son choix de briser le silence qui pèse aujourd’hui sur d’autres victimes de #violences_sexuelles.

    https://www.youtube.com/watch?v=UZH6zJNSjwU

    L’universitaire Iris Brey, auteure de Regard féminin, une révolution à l’écran (à paraître à L’Olivier le 6 février 2020), juge que le témoignage de l’actrice « marque un tournant » et revient sur la représentation du genre et des #sexualités à l’écran.

  • #Hyejung_Park, #Jihye_Kuk, #Hyedam_Yu et #Caroline_Norma : « Prises en otages » – Ralliement contre le cartel du viol en Corée du Sud
    https://tradfem.wordpress.com/2019/11/04/prises-en-otages-ralliement-contre-le-cartel-du-viol-en-coree-du-

    Des manchettes récentes commentant le scandale Burning Sun peuvent vous amener à croire que la Corée du Sud comprend deux mondes très différents : un premier où des hommes de prestige sont autorisés à faire impunément leurs quatre volontés, et un deuxième, celui des hommes ordinaires. Mais même si des vedettes masculines et des hommes puissants commettent effectivement contre les femmes d’horribles crimes, et ce à l’abri de toute sanction, ils n’agissent pas seuls. Et une chose est certaine, les « hommes ordinaires » ne sont pas moins coupables.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://www.feministcurrent.com/2019/07/06/women-are-hostages-rallying-against-the-rape-cartel-in-south-korea
    #corée_du_sud #violences_masculines #Seungri #violences_sexuelles

  • #MeToo dans le cinéma : l’actrice Adèle Haenel brise un nouveau tabou
    https://www.mediapart.fr/journal/france/031119/metoo-dans-le-cinema-l-actrice-adele-haenel-brise-un-nouveau-tabou

    L’actrice Adèle Haenel accuse le réalisateur Christophe Ruggia d’« attouchements » et de « harcèlement sexuel » lorsqu’elle était âgée de 12 à 15 ans. Son récit est conforté par de nombreux documents et témoignages. Mediapart retrace son long cheminement, de la « prise de parole impossible » au « silence devenu insupportable ». Le cinéaste conteste « catégoriquement » les faits.

    D’abord, il y a eu la « honte », profonde, tenace, indélébile. Puis la « colère », froide, qui ne l’a pas quittée pendant des années. Et enfin l’apaisement, « petit à petit », parce qu’il a bien fallu « traverser tout cela ». En mars 2019, la #colère s’est ravivée, « de manière plus construite », à l’occasion du documentaire de la chaîne HBO sur #Michael_Jackson https://www.franceinter.fr/emissions/capture-d-ecrans/capture-d-ecrans-21-mars-2019, qui révèle des témoignages accablants accusant le chanteur de #pédocriminalité, et met à jour une mécanique d’emprise.

    « Ça m’a fait changer de perspective sur ce que j’avais vécu, explique l’actrice Adèle Haenel, parce que je m’étais toujours forcée à penser que ça avait été une histoire d’amour sans réciprocité. J’avais adhéré à sa fable du “nous, ce n’est pas pareil, les autres ne pourraient pas comprendre”. Et puis il a aussi fallu ce temps-là pour que je puisse, moi, parler des choses, sans en faire non plus un drame absolu. C’est pour ça que c’est maintenant. »

    Ce matin d’avril 2019, la comédienne prend le temps de choisir chaque mot pour raconter. Elle marque de longues pauses, reprend. Mais la voix n’hésite pas. « Je suis vraiment en colère, dit-elle. Mais la question ce n’est pas tant moi, comment je survis ou pas à cela. Je veux raconter un abus malheureusement banal, et dénoncer le système de silence et de complicité qui, derrière, rend cela possible. » Raconter s’est imposé comme une nécessité, parce que « la poursuite du silence était devenue insupportable », parce que « le silence joue toujours en faveur des coupables ».

    Adèle Haenel a décidé de poser publiquement les mots sur ce qu’elle « considère clairement comme de la #pédophilie et du #harcèlement_sexuel ». Elle accuse le réalisateur Christophe Ruggia de comportements sexuels inappropriés entre 2001 et 2004, alors qu’elle était âgée de 12 à 15 ans, et lui de 36 à 39 ans. À Mediapart, l’actrice dénonce « l’emprise » importante du cinéaste lors du tournage du film Les Diables, puis un « harcèlement sexuel permanent », des « #attouchements » répétés sur les « cuisses » et « le torse », des « baisers forcés dans le cou », qui auraient eu lieu dans l’appartement du réalisateur et lors de plusieurs festivals internationaux. Elle ne souhaite pas porter l’affaire devant la justice qui, de manière générale, selon elle, « condamne si peu les #agresseurs » et « un #viol sur cent ». « La #justice nous ignore, on ignore la justice. »

    Contacté par Mediapart, Christophe Ruggia, qui a refusé nos demandes d’entretien, n’a pas souhaité répondre à nos questions précises. Mais il a fait savoir, via ses avocats, Jean-Pierre Versini et Fanny Colin, qu’il « réfut[ait] catégoriquement avoir exercé un harcèlement quelconque ou toute espèce d’attouchement sur cette jeune fille alors mineure ». « Vous m’avez fait parvenir cette nuit [le 29 octobre au soir, dans la foulée du coup de fil de son avocat – ndlr] en 16 points un questionnaire fleuve sur ce qu’aurait été la relation professionnelle et affective que j’ai entretenue, il y a plus de quinze ans avec Adèle Haenel dont j’ai été le “découvreur” de son grand talent. La version, systématiquement tendancieuse, inexacte, romancée, parfois calomnieuse que vous m’avez adressée ne me met pas en mesure de vous apporter des réponses », a-t-il réagi dans une déclaration écrite. https://www.mediapart.fr/journal/france/031119/metoo-dans-le-cinema-l-actrice-adele-haenel-brise-un-nouveau-tabou/prolonger

    Notre enquête, menée pendant sept mois, auprès d’une trentaine de personnes, a permis de rassembler de nombreux documents et témoignages confortant le récit de l’actrice, dont des lettres dans lesquelles le réalisateur lui fait part, entre autres, de son « amour », qui « a parfois été trop lourd à porter ». Plusieurs personnes ont tenté, sur le tournage, puis au fil des années, d’alerter sur l’attitude du réalisateur avec la comédienne, sans être entendues, selon elles.

    Christophe Ruggia, 54 ans, est devenu l’une des voix du #cinéma indépendant français, autant – sinon plus – par ses engagements militants, que par sa filmographie https://www.imdb.com/name/nm0749439. Il a notamment défendu la cause des réfugiés, des intermittents ou encore du cinéaste Oleg Sentsov, emprisonné cinq ans en Russie. Coprésident de la #Société_des_réalisateurs_de_films (#SRF) jusqu’en juin, il est décrit par ceux qui le côtoient comme une « pasionaria qui veut sauver le monde », « un réalisateur d’une intensité permanente », dont les films mettent en scène des enfants aux itinéraires cabossés.

    C’est dans son deuxième long métrage, Les Diables (2002) https://www.imdb.com/title/tt0291131/fullcredits/?ref_=tt_ov_st_sm, qu’Adèle Haenel a fait ses débuts. Aujourd’hui, à seulement trente ans, elle affiche déjà deux césars et seize films au Festival de Cannes, sous la direction de cinéastes prestigieux tels que les frères Dardenne, Céline Sciamma, André Téchiné, Bertrand Bonello ou Robin Campillo.

    L’histoire commence en décembre 2000. Adèle Haenel a onze ans, ses journées se partagent entre sa classe de cinquième à Montreuil (Seine-Saint-Denis), ses cours de théâtre et ses entraînements de judo. En accompagnant son frère à un casting, c’est elle qui décroche le rôle pour Les Diables. « La gosse était exceptionnelle, il n’y en avait pas deux comme elle », se souvient Christel Baras, la directrice de casting du film, restée amie avec sa recrue.

    À l’époque, la fillette, comme ses parents, est sur un petit nuage. « C’était un conte de fées, c’était complètement hallucinant que cela nous tombe dessus », résume son père, Gert. « Je me sens gonflée d’une importance nouvelle, je vais peut-être faire un film », écrira la comédienne dans ses carnets personnels, rédigés a posteriori, en 2006, et que Mediapart a pu consulter. Elle y évoque la « nouveauté », le « rêve », le « privilège » d’« être seule sur scène, au centre de l’attention de tous ces adultes », « de sortir du lot ». Sa « passion » du théâtre. Et ses « petites discussions avec Christophe [Ruggia] », qui la « raccompagnait dans sa voiture », « [l’]invitait toujours à manger au restaurant », alors qu’elle avait « eu honte la première fois » parce qu’elle n’avait pas assez d’argent pour payer.

    « Pour moi, c’était une sorte de star, avec un côté Dieu descendu sur Terre parce qu’il y avait le cinéma derrière, la puissance et l’amour du jeu », explique aujourd’hui l’actrice. Sa #famille – classes moyennes intellectuelles –, « devient tout d’un coup exceptionnelle », se souvient-elle. « Et moi je passe du statut d’enfant banal à celui de promesse d’être “la future Marilyn Monroe”, selon lui. » À la maison, Ruggia est reçu « avec tous les honneurs ». « C’était un bon réalisateur, de gauche, il venait de faire Le Gone du Chaâba, un très bon film. On lui faisait confiance », raconte sa mère, Fabienne Vansteenkiste.

    Le scénario des Diables, dérangeant et ponctué de scènes de nudité, ne rebute pas les parents. Le film met en scène l’amour incestueux de deux orphelins fugueurs, Joseph (Vincent Rottiers) et sa sœur Chloé (Adèle Haenel), autiste, muette et allergique au contact physique. Il aboutit à la découverte de l’amour physique par les deux préadolescents. #Christophe_Ruggia n’a jamais fait mystère du caractère en partie autobiographique de ce film, « un compromis entre une dure réalité vécue par [ses] deux meilleurs amis et la [sienne] », a-t-il dit dans la presse.

    La performance des deux jeunes acteurs à l’écran a été obtenue grâce à un travail de six mois en amont du tournage. Ces exercices particuliers, menés par le cinéaste et son assistante réalisatrice – sa sœur Véronique Ruggia –, étaient destinés à « les mettre en confiance pour qu’ils puissent jouer des choses difficiles : l’autisme, l’éveil à la sensualité, la nudité, la découverte de leur corps, expliquait-il à l’époque (TéléObs, 12 septembre 2002). Tous les trois, nous avons développé des connivences extraordinaires ». Au total, de la préparation à la promotion du film, c’est « près d’une année où les enfants sont détachés de leur famille, analysait-il alors. Les liens sont alors très forts ». Plusieurs proches de l’actrice en sont persuadés, « l’emprise » du metteur en scène s’est nouée dans ce « #conditionnement » et cet « #isolement ». « Emprise » qui aurait ensuite ouvert la voie, selon l’actrice, à des faits plus graves, après le tournage.

    Parmi les vingt membres de l’équipe du film sollicités, certains disent « ne pas avoir de souvenirs » de ce tournage ancien ou bien n’ont pas souhaité répondre à nos questions. D’autres assurent n’avoir « rien remarqué ». C’est le cas, par exemple, du producteur Bertrand Faivre, de l’acteur Jacques Bonnaffé (présent quelques jours sur le tournage), ou de la monteuse du film, Tina Baz. Restée proche du cinéaste, cette dernière le décrit comme « respectueux », « d’une affection formidable », « avec un investissement absolu dans son travail » et une « relation paternelle sans ambiguïté » avec Adèle Haenel.

    À l’inverse, beaucoup dépeignent un réalisateur à la fois « tout-puissant » et « infantile », « immature », « étouffant », « vampirisant », « accaparant », « invasif » avec les enfants, s’isolant dans une « bulle » avec eux. Neuf personnes décrivent une « emprise », ou bien un fort « ascendant » ou encore un rapport de « manipulation » du cinéaste avec les deux comédiens, qui le percevaient comme « le Père Noël ».

    Sur le tournage, qui débute le 25 juin 2001, Christophe Ruggia aurait réservé un traitement particulier à #Adèle_Haenel, âgée de douze ans, « protégée », « soignée », « trop couvée », selon plusieurs témoignages recueillis. « C’était particulier avec moi, confirme l’actrice. Il jouait clairement la carte de l’amour, il me disait que la pellicule m’adorait, que j’avais du génie. J’ai peut-être cru à un moment à ce discours. »

    « J’ai toujours vu leur grande proximité », atteste l’acteur #Vincent_Rottiers – resté ami avec le cinéaste. Il se souvient qu’« Adèle n’arrêtait pas de le coller, comme une première de la classe avec son prof » et que « Christophe prenait plus de temps avec elle, la mettait en conditionnement ». « Il n’y en avait que pour elle, au point que j’étais parfois jaloux. Mais je me disais que c’était spécial parce qu’elle jouait une autiste. Avec le recul, je le vois autrement. »

    #Éric_Guichard, le chef opérateur, n’a constaté aucun « geste déplacé » mais dit avoir « rarement » vu « une relation si fusionnelle » entre le cinéaste et la jeune comédienne, qui était « habitée par son rôle », « subjuguée par Christophe, très investie » et « ne se confiait qu’à lui ». Il décrit un « ascendant évident » de Ruggia, mais qu’il a placé « au niveau de la fabrication d’un film de cinéma » et attribué « à la difficulté du personnage d’Adèle ».

    Pour la comédienne Hélène Seretti, engagée comme coach des acteurs sur le tournage et qui n’a jamais perdu le contact avec Adèle Haenel, le cinéaste « collait trop » la fillette. « Il était tactile, mettait ses bras sur ses épaules, lui faisait parfois des bisous. Il lui demandait par exemple : “Et toi tu prends quoi à manger ma chérie ?” », se remémore-t-elle. Petit à petit, je me suis dit que ce n’était pas une relation qu’un adulte devrait avoir avec un enfant, je ne le sentais pas clair, ça me gênait. » « Pas tranquille », elle dit être restée « en alerte ». Mais elle est cantonnée à un rôle de « nounou », loin du plateau. « Christophe Ruggia avait un rapport privilégié avec les deux enfants, donc il m’avait clairement dit : “Tu ne t’en occupes pas, j’ai travaillé des mois avec eux pour préparer ce tournage.” Quand il préparait les scènes, il me tenait à l’écart », prétend-elle.

    Dexter Cramaix, qui travaillait à la régie, se souvient des relations entre le réalisateur et ses deux jeunes acteurs comme n’étant « pas à la bonne place », « trop affectives » et « exclusives », « au-delà du purement professionnel ». « Entre nous, on se disait que quelque chose n’était pas normal, qu’il y avait un souci. On dit souvent des metteurs en scène qu’ils doivent être amoureux de leurs actrices, mais Adèle avait douze ans. »

    Le réalisateur Christophe Ruggia sur le tournage du film "Les Diables" (2002). Le réalisateur Christophe Ruggia sur le tournage du film "Les Diables" (2002).
    Laëtitia, la régisseuse générale du film – qui a quitté le tournage sur la fin, après un « burn-out » –, confirme : « Les rapports qu’entretenait Christophe avec Adèle n’étaient pas normaux. On avait l’impression que c’était sa fiancée. On n’avait quasiment pas le droit de l’approcher ou de parler avec elle, parce qu’il voulait qu’elle reste dans son rôle en permanence. Lui seul avait le droit d’être vraiment en contact avec elle. On était très mal à l’aise dans l’équipe. »

    Edmée Doroszlai, la scripte (lire notre Boîte noire), explique avoir fait part du même ressenti à l’un de ses collègues : « Je lui ai dit : “Regarde, on dirait un couple, ce n’est pas normal.” » Elle assure avoir « tiré la sonnette d’alarme » en constatant « l’épuisement et la souffrance mentale des enfants ». « Ça allait trop loin. Pour les protéger, j’ai fait arrêter plusieurs fois le tournage et j’ai essayé de contacter la DDASS. » « Il manipulait les enfants », estime le photographe Jérôme Plon, qui a quitté le tournage au bout d’une semaine avec l’impression d’un « fonctionnement quelque peu gourou » et d’un cinéaste prenant « un peu possession des gens ». Inquiet, il dit en avoir parlé « à une amie psychanalyste pour enfants ».

    « Je ne bougeais pas, il m’en voulait de ne pas consentir »

    Comment distinguer, sur un tournage, la frontière subtile entre une attention particulière portée à une enfant qui est l’actrice principale du film, une relation d’emprise et un possible comportement inapproprié ? À l’époque, plusieurs membres de l’équipe peinent à mettre un mot sur ce qu’ils observent. D’autant qu’aucun d’entre eux n’a été témoin de « geste à connotation sexuelle » explicite du cinéaste à l’égard de la comédienne. « J’oscillais tout le temps entre “Ça ne va pas du tout ce qui se passe” et “Il est peut-être juste fasciné”, se rappelle Hélène Seretti, 29 ans alors. J’étais jeune, je ne me faisais pas confiance. Aujourd’hui ce serait différent. »

    La régisseuse, Laëtitia, s’est elle aussi prise à douter : « C’est très compliqué de se dire que le réalisateur pour qui on travaille est potentiellement abusif, qu’il y a manipulation. Je me disais parfois : “Est-ce que j’ai rêvé ? Est-ce que je suis folle ?” Et personne n’aurait l’idée de s’immiscer dans sa relation avec les comédiens, d’oser dire un mot, car cela fait partie d’un processus de création. D’où les possibilités d’abus – qu’ils soient physiques, moraux ou émotionnels – sur les tournages. »

    Deux membres de l’équipe du film affirment à Mediapart avoir été tenus à l’écart après avoir formulé des inquiétudes par rapport à l’actrice. Hélène Seretti raconte qu’elle se serait « mis à dos » le cinéaste en exprimant ses doutes. Un matin, elle saisit l’occasion d’une « sale nuit » passée par la comédienne, après que sa mère l’eut questionnée sur le comportement de Christophe Ruggia, pour s’entretenir avec le cinéaste. « C’était compliqué de vraiment nommer les choses face à lui, j’ai essayé d’expliquer qu’Adèle n’allait pas bien, que ç’allait trop loin, qu’on ne pouvait pas continuer comme ça. Il m’a répondu : “Tu veux foutre en l’air mon film, tu ne te rends pas compte le rapport privilégié que j’ai avec eux.” » À partir de là, elle prétend qu’il ne lui « a plus adressé la parole » et que « la suite du tournage n’a pas été simple ». Elle dit avoir tenté d’évoquer ses craintes auprès de plusieurs membres de l’équipe. « C’est le cinéma, c’est le rapport avec l’acteur » ; « Le réalisateur, c’est le patron », lui aurait-on répondu. « On n’osait pas contester le metteur en scène, j’avais peur et je ne savais pas quoi faire ni à qui m’adresser », analyse-t-elle aujourd’hui.

    La directrice de casting, Christel Baras, affirme, elle, qu’elle aurait été « évincée » des répétitions, après une remarque à l’été 2001, avant le tournage. « On était dans l’entrée de l’appartement de Christophe [Ruggia]. Adèle était assise sur le canapé plus loin. Il voulait que je m’en aille, que je les laisse. J’étais très mal à l’aise, dérangée, c’était la manière dont il la regardait, ce qu’il disait. Je me suis dit : “Là, ça dérape” », relate-t-elle. « Je n’ai pas imaginé quelque chose d’ordre sexuel à l’époque, précise-t-elle, mais je voyais son emprise sur la gamine. »

    En partant, elle aurait « regardé droit dans les yeux » le cinéaste en le mettant en garde : « C’est une petite fille, une petite fille ! Elle a douze ans ! » Après cet épisode, Christophe Ruggia lui aurait dit qu’il ne la « voulai[t] plus sur le plateau ». Une décision qu’elle a interprétée, quelques années plus tard, avec le recul, comme « un bannissement », parce qu’elle était « dangereuse ». La directrice de casting, à la forte personnalité, a-t-elle été jugée trop envahissante sur le tournage, ou faisait-elle écran à la relation exclusive qu’aurait voulu instaurer le réalisateur avec sa comédienne ?

    Après la sortie du film, le « malaise » de Christel Baras sera en tout cas renforcé quand elle recroisera, « deux ou trois fois », la fillette chez le cinéaste. Notamment un samedi soir, en passant à l’improviste chercher un DVD. « Il était 20 heures/20 h 30, j’étais gênée, et j’ai dit : “Qu’est-ce que tu fous là, Adèle, rentre chez toi, tu as vu l’heure enfin ?” », se souvient-elle. Selon elle, « Adèle était sous emprise, à chaque fois, elle y retournait. » Christel Baras retravaillera ensuite avec le réalisateur sur un autre film https://www.imdb.com/title/tt1814672/fullcredits/?ref_=tt_ov_st_sm, avec des adultes.

    Nos témoins invoquent la posture du « réalisateur tout-puissant » pour expliquer que personne n’ait essayé de s’élever contre son comportement. Les uns racontent avoir eu peur que leur contrat ne soit pas renouvelé ou d’être « blacklistés » dans ce milieu précaire ; les autres disent avoir mis son attitude sur le compte du « rapport particulier du metteur en scène avec ses comédiens », de ses « méthodes de travail » pour « susciter le jeu de ses acteurs ». Et la plupart disent avoir été préoccupés par un tournage qu’ils décrivent comme « difficile », « harassant », « avec peu de moyens financiers » et « six jours de travail par semaine ».

    La mère de l’actrice elle-même s’est questionnée. À Mediapart, Fabienne Vansteenkiste raconte le « malaise » qui l’a envahie lors de sa venue sur le tournage, à Marseille. « Sur le Vieux-Port, Christophe était avec Adèle d’un côté, Vincent de l’autre, ses bras passés par-dessus l’épaule de chacun, à leur faire des bisous. Il avait une attitude bizarre pour un adulte avec un enfant. » Sur le moment, elle ne dit rien, pensant qu’elle ne « conna[ît] pas le milieu du cinéma ». Mais sur la route du retour, inquiète, elle s’arrête à une station essence pour trouver un téléphone et appelle sa fille pour lui demander « ce qui se passe avec Christophe ». « Adèle m’a envoyée sur les roses, sur l’air de “Mais, ma pauvre, tu as vraiment l’esprit mal placé” », se souvient sa mère. La nuit qui suit, la collégienne fera une inhabituelle crise de nerfs. « Je n’étais absolument pas calmable, je criais comme une sorte d’animal, j’étais blessée. Le lendemain j’étais mal à l’aise sur le plateau, on a refait la scène plein de fois alors qu’elle était simple », raconte Adèle Haenel. Hélène Seretti n’a pas oublié cet épisode : « Il y avait une dichotomie en elle, elle sentait le trouble – sans pouvoir encore le nommer –, et en même temps elle répétait qu’elle voulait aller au bout de ce film. »

    C’est après le tournage, achevé le 14 septembre 2001, que la relation exclusive du cinéaste, âgé de trente-six ans, avec l’actrice de douze ans, aurait « glissé vers autre chose », affirme Adèle Haenel. Selon son témoignage, des « attouchements » auraient eu lieu à l’occasion de rendez-vous réguliers, le week-end, dans l’appartement parisien du réalisateur, où la conduisait parfois son père. Christophe Ruggia, qui possède une DVDthèque fournie, prend en main la culture cinématographique de la jeune comédienne, lit les scénarios qu’elle reçoit, la conseille. D’après son récit, le cinéaste « procédait toujours de la même façon » : « des Fingers au chocolat blanc et de l’Orangina » posés sur la petite table du salon, puis une conversation durant laquelle « il dérapait », avec des gestes qui « petit à petit, prenaient de plus en plus de place ». Les souvenirs d’Adèle Haenel sont précis : « Je m’asseyais toujours sur le canapé et lui en face dans le fauteuil, puis il venait sur le canapé, me collait, m’embrassait dans le cou, sentait mes cheveux, me caressait la cuisse en descendant vers mon sexe, commençait à passer sa main sous mon T-shirt vers la poitrine. Il était excité, je le repoussais mais ça ne suffisait pas, il fallait toujours que je change de place. » D’abord à l’autre extrémité du canapé, puis debout vers la fenêtre, « l’air de rien », ensuite assise sur le fauteuil. Et « comme il me suivait, je finissais par m’asseoir sur le repose-pied qui était si petit qu’il ne pouvait pas venir près de moi », détaille-t-elle.

    Pour l’actrice, il est clair qu’« il cherchait à avoir des relations sexuelles avec [elle] ». Elle souligne ne pas se souvenir « quand s’arrêtaient les gestes » du cinéaste, et explique que ses « caresses étaient quelque chose de permanent ». Elle raconte la « peur » qui la « paralysai[t] » dans ces moments : « Je ne bougeais pas, il m’en voulait de ne pas consentir, cela déclenchait des crises de sa part à chaque fois », sur le registre de la « culpabilisation », affirme-t-elle. « Il partait du principe que c’était une histoire d’amour et qu’elle était réciproque, que je lui devais quelque chose, que j’étais une sacrée garce de ne pas jouer le jeu de cet amour après tout ce qu’il m’avait donné. À chaque fois je savais que ç’allait arriver. Je n’avais pas envie d’y aller, je me sentais vraiment mal, si sale que j’avais envie de mourir. Mais il fallait que j’y aille, je me sentais redevable. » Ses parents, eux, « ne se posent pas de questions ». « Je me dis, elle regarde des films, c’est super bien qu’elle ait cette culture cinématographique grâce à lui », se souvient sa mère. Vincent Rottiers explique que lui aussi se rendait « souvent » chez Ruggia, pour parler « cinéma et actualité », parfois « avec des amis » : « C’était devenu la famille, Christophe. Mon père de cinéma. » « Adèle était parfois déjà là quand j’arrivais, je me disais que c’était bizarre, je me posais des questions, mais sans comprendre. » Christophe Ruggia, lui, « réfute catégoriquement » auprès de Mediapart tout « harcèlement quelconque ou toute espèce d’attouchement ».

    Selon l’actrice, le réalisateur aurait eu les mêmes gestes dans un autre huis clos : celui des chambres d’hôtel des festivals internationaux, que le cinéaste a écumés avec ses deux jeunes acteurs après la sortie du film, en 2002 : Yokohama (Japon), Marrakech (Maroc), Bangkok (Thaïlande). Photos, étiquette de l’hôtel, programmes, critiques de presse : dans un classeur bleu, la comédienne a tout conservé de cette « promo » au cours de laquelle elle a découvert avec fascination, à treize ans, l’avion, la plage, les buffets luxueux, les flashs qui crépitent, les autographes à signer. Mais elle n’a pas non plus oublié les « stratégies » développées pour échapper à des « attouchements » dans la « promiscuité » des chambres d’hôtel : « Quand je rentrais dans une pièce, je savais où me mettre, de telle sorte qu’il ne vienne pas me coller. » Elle détaille le large rebord de fenêtre de l’hôtel Inter-Continental de Yokohama, en juin 2002, sur lequel elle s’asseyait, « parce qu’[elle] ne voulai[t] pas être sur le lit à côté de lui ». « Mais il venait vers moi, il me collait, il essayait de me toucher, il me disait “je t’aime” », raconte-t-elle. Elle évoque les « déclarations » et les « I love you » de Christophe Ruggia, ouvertement, « dans les fêtes », ses « scènes de jalousie extrêmes ». Mais aussi l’état d’« angoisse » qu’elle ressentait : « Un matin, je me suis réveillée et j’ai commencé à “paranoïer”, je me suis dit : “Je ne me suis pas endormie dans ce lit.” » Sur plusieurs séries de clichés du festival, que Mediapart a retrouvés, on voit le réalisateur en smoking tenir par la hanche l’actrice, robe longue de soirée et dents de lait manquantes.

    Adèle Haenel se rappelle aussi une scène qui se serait déroulée au festival de Marrakech http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=713843.html, en septembre 2002 : le cinéaste aurait piqué une « colère » en découvrant qu’elle avait « mangé le petit chocolat offert par l’hôtel » alors qu’il lui faisait « une déclaration d’amour, dans sa chambre ». « Il m’a mise à la porte, puis l’a rouverte. Il me disait qu’il m’aimait, qu’il était complètement fou. Je me suis retrouvée là-bas avec ce drame. J’ai fait une nuit blanche pour la première fois de ma vie. »

    En juin 2004, âgée de quinze ans, elle part seule avec Christophe Ruggia au festival du film français de Bangkok https://positioningmag.com/16754. Elle se souvient d’avoir encore repoussé sa main qui « serrait [sa] hanche, dans les tuk-tuk ». « Ça l’a énervé, et il voulait que je me sente coupable », raconte-t-elle. Dans une lettre adressée à la comédienne le 25 juillet 2007, le cinéaste revient sur ce « voyage super à plein de moments, mais qui [l’]a complètement déstabilisé » et les « “problèmes” qui [lui] étaient apparus en Thaïlande ». De quels « problèmes » parlait-il ? Questionné sur ce point, Christophe Ruggia n’a pas répondu.

    Cette année-là, il avait écrit un scénario « pour [elle] », dont les personnages principaux s’appelaient « Adèle et Vincent », et qu’il voulait lui « offrir […] le jour de [ses] seize ans », dit-il dans sa lettre. Il explique avoir été « terrifié » à l’idée que la comédienne ne veuille pas participer à ce nouveau film, « à cause de [lui] (vu comment [elle] [l]’avai[t] traité à certains moments là-bas) », écrit-il. Selon l’actrice, le metteur en scène exerçait alors un contrôle important sur elle. Jusqu’à régenter des choses anodines, dit-elle, comme son tic de passer la langue sur sa lèvre. « Il m’avait dit d’arrêter, sur le mode : “C’est trop sexy, tu ne te rends pas compte de ce que tu me fais.” »

    « Christophe Ruggia m’avait confié avoir eu des sentiments amoureux pour Adèle »

    Plusieurs documents et témoignages recueillis par Mediapart confortent le récit d’Adèle Haenel. D’abord les confessions qu’aurait faites Christophe Ruggia lui-même, au printemps 2011, à une ex-compagne, la réalisatrice Mona Achache. « Il m’avait confié avoir eu des sentiments amoureux pour Adèle », lors de la tournée promotionnelle des Diables, explique à Mediapart la metteuse en scène, qui n’est pas une connaissance d’Adèle Haenel. Elle affirme qu’après l’avoir questionné avec insistance, il aurait fini par lui relater une scène précise : « Il regardait un film avec Adèle, elle était allongée, la tête sur ses genoux à lui. Il avait remonté sa main du ventre d’Adèle à sa poitrine, sous le tee-shirt. Il m’a dit avoir vu un regard de peur chez elle, des yeux écarquillés, et avoir pris peur lui aussi et retiré sa main. »

    Mona Achache raconte avoir été « sonnée » et « mal à l’aise » par « sa manière de raconter l’histoire » : « Il se sentait fort, loyal, droit, d’avoir su retirer sa main. Il essayait d’en faire de l’humour en me disant que lui était perdu d’amour et qu’elle le faisait tourner en bourrique. » Face à ses questions, le cinéaste se serait montré « un peu fuyant », « minimisant la chose ». « Il ne se rendait pas compte qu’avoir interrompu son geste ne changeait rien au traumatisme qu’il avait pu causer en amont, se souvient-elle. Il ne remettait pas en question le principe même de ces rendez-vous avec Adèle, ni la genèse d’une relation qui rende possible qu’une enfant puisse être alanguie sur ses genoux en regardant un film. Il restait focalisé sur lui, sa douleur, ses sentiments, sans aucune conscience des conséquences pour Adèle de son comportement général. » « Sidérée », la réalisatrice explique l’avoir quitté brutalement ensuite, sans lui avoir mentionné la raison, et souhaité ne plus le revoir.

    Elle dit avoir « gardé le silence », car il ne lui « semblait pas juste de parler à la place d’Adèle Haenel » d’autant qu’elle ne savait que ce que « Christophe Ruggia avait bien voulu [lui] dire ». À l’époque, elle s’en ouvre tout de même à une amie proche, la cinéaste Julie Lopes-Curval. « On était chez Mona, elle m’a confié qu’il n’avait pas été net avec Adèle Haenel, confirme à Mediapart la réalisatrice. Elle ne m’a pas tout dit, mais elle était gênée de quelque chose. Il y avait un malaise, c’était évident… » Questionné sur le récit de Mona Achache, Christophe Ruggia n’a pas répondu.

    D’autres témoignages viennent renforcer celui de l’actrice. Comme les inquiétudes exprimées à deux reprises par Antoine Khalife, qui représentait Unifrance au festival de Yokohama en 2002. D’abord en janvier 2008, au festival de Rotterdam https://iffr.com/nl/2008/films/naissance-des-pieuvres, auprès de la réalisatrice Céline Sciamma, venue présenter son film Naissance des pieuvres, dans lequel Adèle Haenel tient l’affiche. « Je ne le connaissais pas, il me dit : “J’aime beaucoup votre film, par ailleurs j’ai été très soulagé d’avoir des nouvelles d’Adèle Haenel, content de voir qu’elle n’était pas morte”, affirme la cinéaste. Il me dit qu’il s’est beaucoup inquiété pour elle, il me raconte Yokohama avec force détails, Christophe Ruggia qui la faisait danser au milieu de la pièce, qui était déclaratif. Il était marqué. »

    Dix mois plus tard, en marge d’un événement Unifrance à Hambourg, Antoine Khalife s’ouvrira aussi à Christel Baras, lors d’un trajet en voiture. « Il me dit : “Je suis très content de te voir, parce que j’ai toujours été très embêté de quelque chose : j’ai fait la promo des Diables à Yokohama, je n’ai jamais compris ce rapport que Christophe Ruggia avait avec cette jeune actrice. On ne pouvait pas lui parler, pas s’approcher d’elle. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?”, rembobine la directrice de casting. Je me suis dit : “Voilà, je ne suis pas folle.” » Contacté, Antoine Khalife n’a pas souhaité s’exprimer.

    Autre élément : deux lettres adressées par le réalisateur lui-même à la comédienne, en juillet 2006 et juillet 2007, démontrent les sentiments qu’il a nourris à son égard. Dans ces courriers, que Mediapart s’est procurés, Christophe Ruggia évoque son « amour pour [elle] » qui « a parfois été trop lourd à porter » mais qui « a toujours été d’une sincérité absolue ». « Tu me manques tellement, Adèle ! », « Tu es importante à mes yeux », « La caméra t’aime à la folie », écrit-il, en expliquant qu’il devra « continuer à vivre avec cette blessure et ce manque », tout en espérant une « réconciliation ». « Je me suis même demandé plusieurs fois si finalement ce n’était pas moi qui allais arrêter le cinéma. Je me le demande encore parfois, quand j’ai trop mal. »

    Quelque temps plus tôt, en 2005, Adèle Haenel désormais lycéenne, a en effet signifié à Christophe Ruggia qu’elle cessait tout contact avec lui, après un énième après-midi passé à son domicile. « Ce jour-là, je me suis levée et j’ai dit : “Il faut que ça s’arrête, ça va trop loin.” Je ne pouvais pas assumer de dire plus. Jusque-là, je n’avais pas mis les mots, pour ne pas le heurter, pour ne pas qu’il se voie lui-même en train d’abuser de moi. » Selon la comédienne, le réalisateur aurait ce jour-là manifesté de l’embarras. « Il ne se sentait pas bien, il m’avait dit : “J’espère que ça va.” »

    Benjamin, son petit ami pendant les années lycée, confirme : « Il y a eu une rencontre chez Christophe Ruggia qui a changé des autres, qui l’a contrainte à m’en parler. Elle a été perturbée. » La comédienne, qui avait au départ totalement « cloisonné ses deux vies » et cultivait, d’après le jeune homme, « une gêne, un sentiment de honte, de culpabilité » s’agissant de Ruggia, lui relate à cette occasion les « déclarations d’amour culpabilisantes » du réalisateur, son « emprise permanente » et « des scènes où elle avait été mal à l’aise, seule, chez lui ». Le lycéen lui met alors « la pression » pour qu’elle coupe tout lien.

    Pour Adèle Haenel, c’est « l’incompréhension, même maladroite », de son ami qui « a été l’étincelle pour [lui] donner la force de partir ». « J’avais rencontré ce garçon, commencé à avoir une sexualité et la fable de Christophe Ruggia ne tenait plus. »

    À l’époque, l’adolescente, déboussolée, « ne vo[it] pas d’autre issue que la mort de lui ou [elle], ou bien le renoncement à tout ». C’est finalement au cinéma qu’elle renoncera. La comédienne affirme avoir adressé, début 2005, une lettre au metteur en scène, dans laquelle elle lui explique qu’elle ne « veut plus venir chez lui » et qu’elle « arrête le cinéma ». Un courrier qui aurait été écrit avec le sentiment de « renoncer à énormément de choses » et à « une partie d’[elle]-même », confie-t-elle à Mediapart : « J’avais le jeu dans les tripes, c’était ce qui me faisait me sentir vivante. Mais pour moi, c’était lui le cinéma, lui qui avait fait que j’étais là, sans lui je n’étais personne, je retombais dans un néant absolu. »

    De son côté, le réalisateur, qui lui écrira avoir reçu sa lettre « en plein cœur », tente de renouer le contact, via sa meilleure amie, Ruoruo Huang, alors âgée de dix-sept ans. « On a déjeuné ensemble à la Cantine de Belleville, se souvient cette dernière. Moi, je n’étais au courant de rien. Au milieu de la discussion, il m’a dit qu’Adèle ne lui parlait plus, il a essayé d’avoir des nouvelles et implicitement de faire passer un message. »

    Adèle Haenel quitte son agent, ne donne suite à aucun scénario ni casting, et coupe les ponts avec le milieu du cinéma. « J’ai choisi de survivre et de partir seule », résume-t-elle. Cette décision radicale la plonge dans un « énorme mal-être » : dépression, pensées suicidaires, et une « peur » viscérale de croiser le cinéaste. Ce qui arrivera à trois occasions – dans une manifestation aux abords de la Sorbonne en mars 2006, dans une boulangerie en 2010, au Festival de Cannes en 2014 – provoquant chez elle, selon deux témoins, « une panique », « un chamboulement », « une réaction intense ». « J’ai continué à avoir peur en sa présence, c’est-à-dire concrètement : le cœur qui bat vite, les mains qui suent, les pensées qui se brouillent », détaille l’actrice. Elle évoque dix années « à bout de nerfs », où elle ne tenait « presque plus debout ».

    Ses carnets personnels portent la trace de ces angoisses. En 2006, l’adolescente, âgée de dix-sept ans, y relate le « bordel monstrueux dans [sa] tête », et dit avoir besoin d’écrire « pour [se] souvenir, pour clarifier les choses », car elle a « un peu de mal à [se] rappeler exactement ce qui s’est passé ». À l’année 2001, on peut lire : « Je deviens un centre d’intérêt. » Suivi, pour 2002, de ces annotations : « Festival + Christophe chelou => je me sens seule, bizarre. » Puis : « 2003 : j’ai un secret, je ne parle jamais de ma vie. Je suis dans un monde d’adultes. […] 2005 : Je ne vois plus Christophe. » « Parfois je pense que je vais réussir à tout dire […] Je ne peux pas m’empêcher de penser à la mort », écrit-elle en 2006.

    Pourquoi son entourage n’a-t-il pas perçu ces signaux ? Sa famille y a d’abord vu une crise d’adolescence. Son frère Tristan dit avoir mis « l’éloignement » et les « colères » de sa sœur sur le compte de « la puberté », non sans avoir remarqué « quelque chose de bizarre » dans le comportement du réalisateur, et sa disparition soudaine : « À un moment, Christophe n’était juste plus là. » Ses parents soulignent la confiance aveugle faite au réalisateur pendant toutes ces années. Son père dit « avoir pris conscience bien plus tard de l’emprise que Christophe Ruggia avait sur elle. Pour Adèle, il était l’alpha et l’oméga, et tout d’un coup, elle n’a plus rien voulu savoir de lui. Mais c’était difficile de parler avec elle à l’adolescence ». Sa mère explique avoir été absorbée par un travail prenant et les soucis du quotidien : « À l’époque je suis prof, je fabrique aussi des films publicitaires, je m’engage en politique et je ne suis jamais là. »

    « Comme souvent, tout le monde a fermé les yeux »

    C’est en constatant l’effroi de l’adolescente lors d’un appel reçu sur le téléphone de la maison, en février 2005, qu’elle dit avoir « compris » qu’il y aurait « eu un abus ». « Adèle s’est tendue d’un coup, elle m’a dit, terrorisée : “Je ne suis pas là ! Réponds que je ne suis pas là !” Quand elle a vu que c’était une de ses amies, elle s’est détendue et a pris l’appel. Je lui ai demandé : “Tu as eu peur que ce soit Christophe ?” Elle m’a dit : “Oui, mais je ne veux pas en parler.” » « Très inquiète », sa mère essayera plusieurs fois de mettre le sujet sur la table, sans succès.

    « Je me suis sentie si sale à l’époque, j’avais tellement honte, je ne pouvais en parler à personne, je pensais que c’était de ma faute, explique aujourd’hui l’actrice, qui craignait aussi de « décevoir » ou de « blesser » ses parents. « Le silence n’a jamais été sans violence. Le silence est une immense violence, un bâillonnement. »

    La comédienne explique s’être plongée « à fond » dans les études, « pour que plus jamais personne ne pense à [sa] place. J’aurais pu apprendre la boxe thaïe, j’ai fait de la philo ». Durant ce long cheminement, elle dit n’avoir reçu « de soutien de personne » et avoir traversé « la solitude, la culpabilité ». Jusqu’à sa rencontre avec la réalisatrice Céline Sciamma et son retour au cinéma avec Naissance des pieuvres, décrit par nombre de ses proches comme un pas vers la « renaissance ».

    C’est Christel Baras, « malade de ce gâchis et d’avoir recruté Adèle pour le film de Christophe Ruggia », qui la recontacte pour ce film, en 2006. La directrice de casting en est certaine, « c’est un rôle pour Adèle. Avec ce film, on va renouer, tout le reste sera derrière nous, ce ne sera que du positif ». « Là, il n’y a que des femmes, et la réalisatrice est extraordinaire », glisse-t-elle à l’adolescente, qui vient de fêter ses dix-sept ans. « Je suis revenue, fragile, mais je suis revenue », commente Adèle Haenel.

    En acceptant le rôle, la comédienne fait immédiatement part à Céline Sciamma de « problèmes » survenus sur son précédent film et se confie pour la première fois. « Elle me dit qu’elle a envie de faire le film, mais qu’elle veut être protégée, car il lui est arrivé quelque chose sur son film précédent, que le metteur en scène ne s’est pas bien comporté, explique la réalisatrice. Elle ne rentre pas dans les détails, elle s’exprime difficilement, mais elle me parle des conséquences que cela a eues, sa solitude, son arrêt du cinéma. Je comprends que je suis dépositaire d’un secret. »

    Ce « #secret » se dévoile à la fin du tournage de Naissance des pieuvres, auquel participent deux membres de l’équipe des Diables : Christel Baras et Véronique Ruggia, coach des actrices. Céline Sciamma se souvient d’avoir découvert, effarée, que les deux femmes « se demandaient, inquiètes, jusqu’où c’était allé, si Christophe Ruggia avait eu des relations sexuelles avec cette enfant ». « Chacune vivait avec cette question depuis des années, et restait dans le secret et la culpabilité par rapport à cette histoire. Je voyais aussi l’admiration et l’emprise que générait Ruggia, parce que c’est le réalisateur, leur employeur, leur frère, leur ami. » Lors de leur conversation, mi-octobre 2006, Véronique Ruggia se serait « effondrée, très affectée », affirme la réalisatrice. Elle lui aurait demandé « si Adèle avait dit non », ajoutant : « On a le droit de tomber amoureux, mais par contre quand on dit non, c’est non. »

    Céline Sciamma, qui débute alors une relation amoureuse avec Adèle Haenel, dit avoir elle-même « pris complètement conscience de la gravité des faits » en visionnant un soir Les Diables avec l’actrice, qui n’avait jamais pu le revoir. « C’était très impressionnant, se rappelle-t-elle. Adèle pète un plomb, s’évanouit, hurle. C’était d’une douleur… Je ne l’avais jamais vue comme cela. »

    La réalisatrice de 27 ans l’encourage à « ne pas faire silence là-dessus, ne pas rester dans l’impunité, prendre la parole ». « L’idée émerge d’en parler à Christophe Ruggia, mais aussi aux responsables autour de lui, et aux gens qui nous entourent. »

    Adèle Haenel décide de parler : à Hélène Seretti, à Christel Baras, à Véronique Ruggia. Parfois en minimisant la réalité du ressenti, des actes et des conséquences – comme beaucoup de victimes dans ce type d’affaire. Elle se souvient de sa « confusion » en se confiant à Véronique Ruggia. « On a parlé longtemps, chez elle. Je n’étais vraiment pas bien, embarrassée de devoir lui dire cela, je n’arrivais pas trop à parler, et j’ai beaucoup excusé Christophe, en disant : “Non, mais c’est pas grave, il était juste un peu détraqué”, se remémore l’actrice. Véronique était affectée, elle avait honte et culpabilisait je crois, mais il fallait quand même relativiser la gravité de la chose. »

    Contactée, Véronique Ruggia confirme en avoir discuté avec Adèle Haenel et Céline Sciamma. « Je suis tombée des nues », se remémore-t-elle, expliquant avoir compris qu’il n’y avait « pas eu de passage à l’acte ». Elle concède un « trouble » dans ses souvenirs : « Ça m’a tellement choquée que j’ai certainement mis un mouchoir sur la mémoire de plein de choses. Moi, j’ai été traumatisée de cette histoire aussi, d’avoir été là sans voir des choses que peut-être il y avait. » Elle se rappelle que l’actrice lui avait dit « en avoir parlé à Christel [Baras] et avoir posé la question : “Mais que faisaient les adultes sur ce tournage ?”, etc. » « Moi, j’ai découvert beaucoup de choses ce jour-là, dont je n’avais absolument pas eu conscience. » « J’en avais parlé avec mon frère au moment où Adèle m’avait fait ces déclarations-là », indique-t-elle, sans vouloir en dire plus, avant de « discuter avec lui ». « Je préfère qu’il vous parle. » (lire notre Boîte noire)

    Adèle Haenel affirme avoir déposé, en 2008, avec sa compagne Céline Sciamma, un nouveau courrier dans la boîte aux lettres de Christophe Ruggia, dans laquelle elle prétend avoir fait part du problème. « La lettre dénonçait la fiction de Ruggia et racontait les événements dans leur vérité crue et cruelle, confirme la réalisatrice. Adèle décrivait les faits, les gestes, les stratégies d’évitement. Elle le mettait face à ses actes. C’était déflagratoire. » Ce courrier restera sans réponse. Questionné sur ces deux points, Christophe Ruggia n’a pas répondu.

    Six ans plus tard, en 2014 https://www.afcinema.com/Nouveau-Conseil-d-administration-de-la-SRF-pour-2014-2015.html, Céline Sciamma est élue à la tête de la Société des réalisateurs de films (SRF) avec Christophe Ruggia. Elle confie à plusieurs membres de l’association son « malaise », mais ne souhaite pas agir à la place d’Adèle Haenel. De son côté, la comédienne tente de raconter son histoire à des connaissances communes siégeant à la SRF, sans être entendue, selon elle. « Ce qui a aussi longtemps rendu la parole impossible, c’est qu’on me répétait, avant même que je dise quoi que ce soit, que Christophe était “quelqu’un de bien”, qu’il avait “tellement fait pour moi” et que sans lui je ne serais “rien”, relate-t-elle. Les gens ne veulent pas savoir, parce que cela les implique, parce que c’est compliqué de se dire que la personne avec qui on a rigolé, fumé des cigarettes, qui est engagée à gauche, a fait cela. Ils veulent que je sauve les apparences. » L’actrice raconte avoir ainsi essuyé, au fil des années, des remarques oscillant entre le malaise, le déni et la culpabilisation. Des ami·e·s du monde du cinéma, parfois même féministes, fermant la discussion d’un « Tu ne peux pas dire ça » ou « C’est un saint ». Son père l’incitant « à pardonner » et ne surtout pas médiatiser l’affaire.

    D’autres ont, depuis, proposé leur aide. « J’ai honte, je n’ai pas pris la mesure, pas compris. Qu’est-ce qu’on peut faire ? », a demandé plus récemment la réalisatrice Catherine Corsini, actuelle coprésidente de la SRF. La cinéaste explique à Mediapart avoir « appris il y a deux ans qu’Adèle avait voulu dénoncer un comportement inapproprié de Christophe Ruggia auprès de membres de la SRF », qui ne savaient pas quoi faire. « Pour beaucoup, c’était inimaginable. Et il était difficile d’intervenir sans savoir ce qu’Adèle Haenel voulait faire. Céline Sciamma souffrait de la situation. » Lorsqu’elle a eu vent, en avril, du témoignage de l’actrice en détail et de sa « souffrance », elle a été « bouleversée ». « Comme souvent, tout le monde a fermé les yeux ou n’a pas posé de questions. Cela doit chacun nous interroger individuellement. »

    Année après année, le réalisateur sera réélu au conseil d’administration de la prestigieuse SRF et en sera plusieurs fois le coprésident ou vice-président entre 2003 https://www.afcinema.com/IMG/pdf/Lettre_AFC_124.pdf et 2019. Il cosignera par exemple le communiqué https://www.la-srf.fr/article/affaire-weinstein-un-vent-de-changement-est-en-train-de-souffler se félicitant du « vent de changement » après l’affaire #Harvey_Weinstein, ou celui https://www.la-srf.fr/article/perplexit%C3%A9-autour-de-la-gestion-de-crise-de-la-cin%C3%A9math%C3%A8que-fr s’interrogeant sur les « prises de position » de la Cinémathèque française après la polémique autour de ses rétrospectives de #Roman_Polanski, accusé de viols, et #Jean-Claude_Brisseau, condamné pour harcèlement sexuel.

    #Adèle_Haenel et #Céline_Sciamma affirment avoir alerté une autre personne : le producteur de Ruggia, #Bertrand_Faivre, le 8 décembre 2015, en marge de la remise du prix de l’IFCIC http://www.ifcic.fr/infos-pratiques/communiques-de-presse/8-decembre-2014-le-12eme-prix-ifcic-de-la-jeune-societe-de-production-independ, au China Club, à Paris. Ce soir-là, le producteur engage la conversation sur Les Diables. Il s’étonne que l’actrice ne parle jamais de ce premier film aux journalistes. Il se félicite surtout d’avoir, au festival de Marrakech, protégé la fillette d’un photographe réclamant une séance photo seul avec elle. « Il se vantait de m’avoir sauvée du comportement potentiellement pédophile de ce photographe. Du coup, c’est sorti d’une traite, je lui ai rétorqué : “Il se trouve que non, tu ne nous as pas protégés !” Puis j’ai dit que Christophe Ruggia s’était mal comporté avec moi », se rappelle l’actrice, à l’époque âgée de vingt-six ans.

    Haenel comme Sciamma n’ont pas oublié le trouble du producteur : « sidéré », « perturbé », « il n’en revenait pas », « il disait : “Ce n’est pas possible.” » « Si, elle vient de te le dire extrêmement clairement, entends-la, lui répond, dans un aparté, Céline Sciamma, selon son témoignage. Maintenant tu sais. Il va falloir que tu te poses les questions. »

    « Dans ma situation actuelle, je ne peux pas accepter le silence »

    Questionné par Mediapart, Bertrand Faivre se souvient d’avoir été « stupéfait » de « la colère » et de la « violence » d’Adèle Haenel, mais soutient que rien « d’explicite » n’a été formulé et que Céline Sciamma aurait « minimisé les choses ». « Je sors de cette discussion en me disant qu’un truc grave s’est passé entre Christophe et Adèle, mais je n’y mets pas de connotation sexuelle. » En rentrant, il en fera part à sa femme, puis dit avoir questionné plus tard Christophe Ruggia : « Il m’a envoyé balader, m’a dit que oui ils s’étaient embrouillés, mais que cela ne me regardait pas. Je ne suis pas allé chercher plus loin. » Il dit avoir « recroisé plusieurs fois » Adèle Haenel par la suite et constaté « sa froideur » à son égard, mais qu’elle n’a plus évoqué le sujet.

    S’agissant des faits portés à sa connaissance, il assure « tomber des nues ». « C’est un tournage qui a été difficile, intense, il y avait beaucoup de fatigue, beaucoup d’heures, et un trou de 1,1 million de francs dans le budget [168 000 euros – ndlr] », reconnaît-il. Mais il affirme que « personne ne [lui] a signalé de problème avec Christophe Ruggia » sur le tournage, et que lui-même, présent « régulièrement » sur le plateau puis aux festivals de Yokohama et Marrakech, n’avait « rien remarqué qui [le] choque ».

    « Je suis peut-être dans un déni inconscient, mais pour moi, il y avait zéro #ambiguïté. Il était très proche d’Adèle et Vincent. Ils sont restés liés plusieurs années après le tournage, j’ai interprété cela comme un réalisateur qui fait attention à ne pas laisser tomber les enfants après le film, parce que le retour à leur vie normale peut être difficile. » S’il concède que la méthode de travail de Ruggia avec les enfants était « particulière », il explique que le réalisateur avait « tourné avec beaucoup d’enfants avant », ce qui inspirait « confiance ».

    Éric Guichard, le chef opérateur, s’est lui aussi demandé avec insistance pourquoi Adèle Haenel « faisait l’impasse sur Les Diables dans les médias ». Il dit avoir obtenu la réponse « en 2009 ou 2010 », de la bouche d’« une personne du tournage ». « J’ai compris de cette conversation qu’il y avait eu des soucis avec Christophe, des attouchements après le tournage. »

    De son côté, le comédien Vincent Rottiers s’est « posé des questions » sur la rupture des contacts entre Ruggia et l’actrice. « Je ne comprenais pas. Je me disais qu’elle avait sa carrière maintenant. » Le 5 juin 2014 , lors d’une avant-première d’Adèle Haenel https://www.forumdesimages.fr/les-programmes/toutes-les-rencontres/les-combattants, au Forum des images, à Paris, il la questionne explicitement. « Je lui ai dit : “Pourquoi tu es partie ? Il s’est passé un truc de grave, de la pédophilie ? Dis-moi et on règle ça !” Je voulais qu’elle réagisse, j’ai prêché le faux pour savoir le vrai. Je n’ai pas eu ma réponse, elle est restée silencieuse », explique-t-il. Trois jours après, la comédienne a retranscrit cette conversation précisément dans une nouvelle lettre à Christophe Ruggia jamais envoyée, que Mediapart a pu consulter. Elle y relate en détail les faits qu’elle dénonce, en posant les mots « pédophilie » et « abus de quelqu’un en situation de faiblesse ».

    Un décalage existe parfois entre ce qu’Adèle Haenel estime avoir exprimé et ce qu’ont compris ses interlocuteurs. Au fil du temps en tout cas, pour qui voulait bien tendre l’oreille, l’actrice n’a pas caché, dans les médias, que Les Diables avaient été une épreuve douloureuse. En 2010, dans un entretien https://www.youtube.com/watch?v=Qr0lQZ0Esb0&app=desktop

    consacré au film, elle insiste sur le danger de la « mainmise » du réalisateur « qui t’a amenée vers la lumière, qui t’a amenée la connaissance », son pouvoir de « façonner un acteur », d’autant plus « quand il est petit ». « Ils ne se rendent pas compte qu’ils dépassent les bornes de ce qu’ils doivent faire chez quelqu’un, lâche-t-elle. […] Pour moi, ce genre de choses ne m’arrivera plus, parce que maintenant j’ai du vécu dans ce genre de relation […] et puis j’ai fait des études. » Deux ans plus tard, elle confie http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19342240&cfilm=36320.html qu’elle « ne p[ouvait] plus regarder le film, c’était trop bizarre ». En 2018, elle évoque dans Le Monde une expérience « traumatique » https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2018/10/12/adele-haenel-le-jeu-sacre_5368257_4497186.html, « incandescente, folle, tellement intense qu’après [elle a] eu honte de ce moment-là ». « Il a fallu faire en sorte de continuer à vivre pour se construire », ajoute-t-elle.

    Quand explose le mouvement #MeToo, à l’automne 2017, nombre de ses proches ont « immédiatement » pensé à Adèle Haenel. Ils se sont demandé si la comédienne allait sauter le pas « pour se libérer de cette histoire ». « C’est peut-être le moment », lui a glissé Céline Sciamma. Mais l’actrice n’est pas prête. Même refus un an plus tard, lorsqu’elle fait la une du magazine du Monde https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2018/10/12/adele-haenel-le-jeu-sacre_5368257_4497186.html. « La journaliste me demandait : “Qu’est-ce qu’il s’est passé sur Les Diables ?”, se souvient Christel Baras. J’ai appelé Adèle : “Tu en parles ou pas ?” Elle m’a dit non. » « Je ne savais pas comment en parler, et le fait que cela se rapproche d’une affaire de pédophilie rendait la chose plus compliquée qu’une affaire de harcèlement », explique aujourd’hui la comédienne.

    Le déclencheur viendra au printemps 2019. Avec le documentaire consacré à Michael Jackson https://www.youtube.com/watch?v=R_Ze8LjzV7Q

    , mais aussi en découvrant que Christophe Ruggia préparait un nouveau film dont les héros portent les prénoms de ceux des Diables. « C’était vraiment abuser. Ce sentiment d’impunité… Pour moi, cela voulait dire qu’il niait complètement mon histoire. Il y a un moment où les faux-semblants ne sont plus supportables », relève-t-elle. La comédienne redoute aussi que les actes qu’elle dit avoir subis ne se reproduisent à l’occasion de ce nouveau film, intitulé L’Émergence des papillons, et qui met en scène deux adolescents.

    Le scénario, que Mediapart s’est procuré, ne manque pas d’interroger. Il y est notamment question de violences conjugales, de « relations toxiques », de harcèlement au lycée, d’une liaison entre un adulte et une mineure et d’« une affaire de viol sur mineure ». Comme les autres films du réalisateur, ce long-métrage est « partiellement autobiographique, fortement inspiré de son adolescence », peut-on lire dans le dossier de demande de financement obtenu par Mediapart.

    Dans sa note d’intention, Ruggia décrit des personnages issus de « souvenirs réels [qui] se mêlent aux souvenirs racontés, fantasmés, réarrangés en fonction de son inconscient, de ses peurs ou de ses colères ». « Les prénoms, c’était un clin d’œil, un hommage aux Diables », explique à Mediapart le producteur Bertrand Faivre. Il dit avoir « gelé le projet, par précaution », en juillet, deux semaines après avoir appris l’existence de notre enquête. Il explique qu’il ne « travaillera plus avec Christophe Ruggia ».

    Le 18 septembre, à l’occasion de la sortie du film Portrait de la jeune fille en feu, dans lequel Adèle Haenel tient l’affiche, le réalisateur a posté sur son compte Facebook une photo d’elle issue du film, accompagné d’un cœur. Questionné sur le sens de cette publication, alors qu’il avait – d’après sa sœur – connaissance des accusations de l’actrice, Christophe Ruggia n’a pas répondu, s’en tenant à son démenti global. https://www.mediapart.fr/journal/france/171019/violences-sexuelles-l-actrice-adele-haenel-accuse-le-cineaste-christophe-ruggia/prolonger

    Pour Céline Sciamma, dans cette affaire, l’asymétrie de la situation aurait dû alerter : « Christophe Ruggia n’a rien caché. Il a publiquement déclaré son amour à une enfant dans des mondanités. Certaines personnes ont acheté sa partition de l’amoureux éconduit, qu’on allait plaindre parce qu’il avait le cœur brisé, qu’il avait tout donné à une jeune fille qui était en train de moissonner tout cela. »

    Adèle Haenel dit mesurer « la force folle, l’entêtement » qu’il lui a fallu, « en tant qu’enfant », pour résister, « parce que c’était permanent ». « Ce qui m’a sauvée, c’est que je sentais que ce n’était pas bien », ajoute-t-elle. L’actrice estime que son ascension sociale lui a en partie permis de briser le silence. « Même s’il est difficile de lutter contre le rapport de force imprimé depuis la jeune adolescence et contre le rapport de domination hommes-femmes, le rapport de force social, lui, s’est inversé. Je suis puissante aujourd’hui socialement alors que lui n’a fait que s’amoindrir », dit-elle

    La comédienne envisage sa prise de parole publique comme un nouvel « engagement politique », après son coming out https://vimeo.com/88660859

    sur la scène des César, en 2014. « Dans ma situation actuelle – mon confort matériel, la certitude du travail, mon statut social –, je ne peux pas accepter le silence. Et s’il faut que cela me colle à la peau toute ma vie, si ma carrière au cinéma doit s’arrêter après cela, tant pis. Mon engagement militant est d’assumer, de dire “voilà, j’ai vécu cela”, et ce n’est pas parce qu’on est victime qu’on doit porter la honte, qu’on doit accepter l’impunité des bourreaux. On doit leur montrer l’image d’eux qu’ils ne veulent pas voir. »

    Si l’actrice en parle publiquement aujourd’hui, insiste-t-elle, « ce n’est pas pour brûler Christophe Ruggia » mais pour « remettre le monde dans le bon sens », « pour que les bourreaux cessent de se pavaner et qu’ils regardent les choses en face », « que la honte change de camp », « que cette exploitation d’enfants, de femmes cesse », « qu’il n’y ait plus de possibilité de double discours ».

    Un constat partagé par la réalisatrice Mona Achache, pour qui il ne s’agit pas de « régler des comptes » ou « lyncher un homme », mais de « mettre au jour un fonctionnement abusif ancestral dans notre société ». « Ces actes découlent du postulat que la normalité siège dans la domination de l’homme sur la femme et que le processus créatif permet tout prolongement de ce principe de domination, jusqu’à l’abus », analyse-t-elle.

    Comme elle, Adèle Haenel entend aussi soutenir, par son témoignage, les victimes de #violences_sexuelles : « Je veux leur dire qu’elles ont raison de se sentir mal, de penser que ce n’est pas normal de subir cela, mais qu’elles ne sont pas toutes seules, et qu’on peut survivre. On n’est pas condamné à une double peine de victime. Je n’ai pas envie de prendre des Xanax, je vais bien, je veux relever la tête. » « Je ne suis pas courageuse, je suis déterminée, ajoute-t-elle. Parler est une façon de dire qu’on survit. »

  • #MeToo dans le cinéma : l’actrice Adèle Haenel brise un nouveau tabou - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/031119/metoo-dans-le-cinema-l-actrice-adele-haenel-brise-un-nouveau-tabou?onglet=

    3 novembre 2019 Par Marine Turchi

    L’actrice Adèle Haenel accuse le réalisateur Christophe Ruggia d’« attouchements » et de « harcèlement sexuel » lorsqu’elle était âgée de 12 à 15 ans. Son récit est conforté par de nombreux documents et témoignages. Mediapart retrace son long cheminement, de la « prise de parole impossible » au « silence devenu insupportable ». Le cinéaste conteste « catégoriquement » les faits.

    #viol #harcèlement_sexuel #meetoo

  • Analyse de la situation des réfugiées. Analyse de la situation des #femmes et des #filles relevant du domaine de l’asile dans les #centres_fédéraux pour requérants d’asile et les centres d’hébergement collectif cantonaux. Rapport du Conseil fédéral,en réponse au postulat 16.3407, Feri, du 9 juin 2016


    https://www.sem.admin.ch/dam/data/sem/aktuell/news/2019/2019-10-16/ber-br-fluechtlingsfrauen-f.pdf

    #Rapport #asile #migrations #réfugiés #réfugiées #femmes_réfugiées #Suisse #centre_fédéral #victimes #hébergement #CFA #violences_sexuelles #violence_sexuelle #exploitation_sexuelle #centres_d'hébergement_collectifs

    –---
    Le postulat :

    Les réfugiées sont particulièrement exposées à la violence et à l’exploitation sexuelles, non seulement dans les zones de guerre qu’elles fuient, mais également pendant leur fuite et même dans le pays dans lequel elles demandent l’asile. Cette situation nous amène à reconsidérer deux pans de notre politique :

    1. La question se pose de savoir dans quelle mesure l’encadrement, le traitement et le soutien que la Suisse offre aux réfugiées victimes de violence et d’exploitation sexuelles remplissent leur fonction. En parallèle se pose également la question de savoir s’il ne serait pas judicieux que ces victimes puissent compter sur le soutien des organes d’aide aux victimes. Ce soutien ne leur est pas garanti à l’heure actuelle. En effet, l’article 3 de la loi sur l’aide aux victimes prévoit qu’il n’est accordé que lorsque l’infraction a été commise en Suisse.

    2. La question se pose de savoir si un besoin d’action existe aussi dans le cadre de l’hébergement des femmes et des filles requérantes d’asile, si ces dernières sont suffisamment encadrées et si elles bénéficient d’une protection suffisante contre le harcèlement. Par ailleurs, la question se pose de savoir s’il existe suffisamment de directives de qualité et de mesures sensibles au genre concernant l’hébergement des femmes et des filles requérantes d’asile, comme les dortoirs séparés pour les femmes seules et les familles ou la formation du personnel encadrant.

    Face à tant d’incertitudes, je demande au Conseil fédéral de rédiger un rapport dans lequel il analysera la situation d’encadrement actuelle des réfugiées et déterminera s’il y a lieu d’agir.

    https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20163407

    • Sécurité des femmes dans le domaine de l’asile : le Conseil fédéral adopte des mesures décevantes

      Les femmes et les jeune-filles qui déposent une demande d’asile en Suisse ont souvent été victimes de violence ou d’exploitation sexuelle dans leur pays d’origine ou durant leurs parcours migratoires. Elles sont aussi souvent des cibles idéales dans les centres fédéraux ou les centres cantonaux et subissent régulièrement des actes de violence.

      Sur les cinq dernières années la proportion des requérantes d’asile nouvellement arrivées en Suisse représente en moyenne 30% du nombre total des demandes d’asile. Parmi elles se trouvent une majorité de femmes érythréennes, syriennes, afghanes, somaliennes, turques, irakiennes ou encore iraniennes. Souvent elles n’osent pas parler de leurs traumatismes ou encore reçoivent les mauvais soins. Certaines n’osent pas aller se doucher de peur de croiser certains hommes au passage, d’autres ne ferment pas l’oeil car elles ne peuvent verrouiller leur porte. Et si elles osent communiquer un problème grave elles n’ont personne pour traduire.

      Les témoignages de femmes, accessibles sur le site de l’organisation TERRE DES FEMMES Suisse et les informations révélées dans l’excellent rapport du Centre suisse de compétence pour les droits humains (CSDH) sur la situation dans les cantons, font froid dans le dos.

      Enquête sur la sécurité des femmes et des filles dans le domaine de l’asile

      Il y a quelques jours, le Conseil fédéral adoptait un rapport important en réponse au postulat Feri (16.3407) soumis en juin 2016 et qui avait pour objectif de déterminer quelles améliorations devaient être apportées à l’hébergement et à l’encadrement des femmes et des filles requérantes d’asile en Suisse.

      Il se base sur le rapport plus détaillé du Secrétariat d’État aux migrations (SEM), publié en septembre 2019 et élaboré avec la collaboration de représentants du SEM, de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS) et de plusieurs organisations qui ont fait partie du “groupe de suivi”.

      Le Centre suisse de compétence pour les droits humains (CSDH) a eu pour mission titanesque d’analyser la situation dans les cantons à la demande des cantons (CDAS). Son rapport séparé sur la situation des femmes hébergées dans plusieurs cantons est une mine d’information sur la pratique des autorités cantonales. Les autres organisations, le Centre d’assistance aux migrantes et aux victimes de la traite des femmes (FIZ), l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), TERRE DES FEMMES Suisse et le Haut Commissariat des Nations-unies pour les réfugiés (HCR) se sont penchés sur tous les aspects de protection et d’assistance aux femmes et aux filles dans le domaine de l’asile y compris celles victimes de violence. Constituant le “groupe de suivi” qui a accompagné l’élaboration du rapport du SEM ces organisations se sont concentrées sur la situation des femmes dans les centres fédéraux (CFA).

      Après deux ans d’enquêtes dans les centre fédéraux et dans les foyers de plusieurs cantons, le SEM propose 18 mesures en précisant que les cantons devront s’aligner autant que possible sur ces dernières.
      Les mesures adoptées par le Conseil fédéral…

      Parmi les changements envisagés, celles qui concernent la sécurité des femmes dans les hébergements fédéraux et cantonaux sont prioritaires. Le SEM est d’avis que les structures d’hébergement doivent mieux tenir compte des différences entre les sexes. Les femmes doivent avoir la possibilité de verrouiller leurs dortoirs, accéder librement et sûrement aux sanitaires dont beaucoup devront être dotés d’éléments pare-vues pour garantir l’intimité. L’accès aux soins médicaux doit mieux prendre en compte les besoins spécifique des femmes et des victimes de violence. Le SEM reconnaît aussi le besoin de mettre en place des formations adaptées pour le personnel en charge de l’administration, de la sécurité et de l’encadrement dans les centres d’hébergement. Un programme de formation est aussi prévu pour les prestataires fournissant des soins médicaux. Comme il n’existe aucune donnée sur le nombre de femmes et de filles victimes de violence, le SEM prévoit de saisir les données sur les incidents de violence ou d’exploitation sexuelles.
      …Sont décevantes !

      Le HCR comme les autres organisations ont salué l’adoption de ces premières mesures tout en recommandant de les étoffer et de les compléter car elles sont jugées trop minimalistes et incomplètes. Ces organisations reprochent aussi le manque de professionnalisme du SEM qui aurait dû mener son enquête autrement. Ce n’était pas au SEM d’évaluer lui-même la situation dans les centres fédéraux. Il aurait fallu confier ce travail à une organisation externe. Pourquoi les requérantes d’asile n’ont pas été interrogées ? Pourquoi ce rapport ne contient aucun chiffre sur les violences subies par les femmes et les filles réfugiées ? Pour l’enquête, les organisations estiment que des mesures destinées à générer des données aurait dû être prises.

      Parmi les mesures recommandées par ces organisations mais passées à la trappe citons l’installation d’espaces non mixtes intérieurs et extérieurs dans les centres, des lieux d’hébergement externes aux centres fédéraux pour les personnes particulièrement vulnérables, la présence continue d’un personnel féminin formé à intervenir en cas de problèmes dans les hébergements, la prise en charge médicale par des doctoresses, un accès permanent à un service d’interprétariat professionnel et enfin l’instauration d’un système de dépistage systématique à l’arrivée dans les centres fédéraux.
      Les femmes à l’aide d’urgence et en détention provisoire doivent aussi bénéficier des mesures d’aide

      Avec les mesures du Conseil fédéral, on est encore bien loin des exigences d’assistance sans discrimination prévue par la Convention d’Istanbul qui est entrée en vigueur pour la Suisse en 2018. Selon ce texte toutes les femmes victimes de violence doivent avoir accès à des services de soutien facilitant leur rétablissement. Pourtant notre Loi fédérale sur l’aide aux victimes d’infractions (LAVI) conditionne les mesures d’assistances au lieu de l’infraction ou de résidence de la victime au moment des faits, à savoir la Suisse. Ainsi les violences subies par les femmes et les filles pendant leur fuite ou dans leur pays d’origine ne donnent pas droit à une prise en charge.

      Pour l’instant, le Conseil fédéral n’envisage pas de modification de la loi mais propose des “solutions pragmatiques” pour les femmes qui ne sont pas couvertes par la loi. Quelles solutions pragmatiques ? Comment les mettre en place dans les centres fédéraux et dans chaque canton ?

      Dans un Appel adressé aujourd’hui au Conseil fédéral et aux cantons, TERRE DES FEMMES Suisse et 108 services spécialisés, organisations, institutions religieuses et partis politiques demandent à la Confédération et aux cantons que des solutions pragmatiques soient mises en place rapidement.

      “Nous demandons qu’il n’y ait plus de discriminations selon le statut. Notre demande est très actuelle puisque le Conseil fédéral a annoncé dans son récent communiqué de presse du 16 octobre que ces solutions pragmatiques devront être trouvées. Nous exigeons l’accès à l’aide pour toutes les victimes de violence, indépendamment du lieu du crime ou de leur statut de résidence.” explique Georgiana Ursprung.

      L’organisation revendique beaucoup d’autres mesures et estime que les femmes réfugiées ne sont pas du tout en sécurité dans le système d’asile. Elle insiste pour que des mesures de protection et d’assistance soient mises en place dans les cantons suisses pour les femmes et les filles à l’aide d’urgence ou celles placées en détention administrative. La pratique de l’expulsion des femmes enceintes jusqu’à la 36e semaine de grossesse est particulièrement grave et doit cesser.
      Le groupe de suivi n’est plus et c’est dommage

      Fallait-il attendre 2019 pour concevoir des accès sécurisés aux toilettes, des verrouillages aux portes, des activités et des pièces réservées aux femmes, des formations spécifiques au personnel encadrant et au personnel de sécurité encore trop rarement féminin ?

      En adoptant ces mesures le Conseil fédéral reconnaît pour la première fois la nécessité d’aider les victimes de violence ou d’exploitation dans leur pays d’origine ou durant leur fuite. Féliciter le Conseil fédéral pour une telle reconnaissance c’est un peu désolant après toutes les informations à disposition des autorités sur les violences subies par les femmes déplacées de force dans le monde.

      Difficile de savoir si la restructuration de l’asile a permis des améliorations pour les femmes dans le domaine de l’asile. Le SEM prétend que oui parce qu’il a pu intégrer certains standards dans son Plan d’hébergement (PLEX) qui est sensé évoluer prochainement. Ce plan n’est pas accessibles au public.

      Pour Eliane Engeler, porte-parole de l’OSAR, « le fait de concentrer tous les intervenants dans les centres fédéraux est une opportunité pour améliorer l’encadrement et la protection des femmes et filles. Mais cela nécessite une bonne collaboration entre tous les acteurs dans les centres, ainsi qu’une étroite collaboration avec des professionnels externes. » Elle estime que c’est encore trop tôt pour le dire.

      Pour conclure, il faut préciser que rien n’oblige le SEM à mettre en oeuvre les mesures adoptées par le Conseil fédéral (sur ses propres recommandations) et le groupe de suivi pour l’élaboration du rapport n’est pas habilité à surveiller la suite des travaux. Il serait donc judicieux que les ONG s’organisent pour suivre les actions du SEM et des autorités cantonales. Enfin, aucun calendrier d’exécution n’est prévu pour l’instant. Seul un “rapport sur l’avancement de la mise en oeuvre des mesures prises au niveau fédéral” devra être soumis au Conseil fédéral dans deux ans. Les termes sont choisis pour ne pas aller trop vite en besogne.

      Heureusement, l’OSAR a bien l’intention de veiller à leur mise en place comme l’explique Eliane Engeler. “ Nous allons suivre les mesures qui seront prises. Le groupe de suivi a été constitué pour l’élaboration du rapport dans le cadre du postulat Feri. Le postulat ne prévoit pas de suivi. Néanmoins nous avons appelé à ce que les lacunes soient comblées au plus vite . Indépendamment du postulat Feri, nous avons élaboré des standards minimaux destinés aux hébergements.”

      https://blogs.letemps.ch/jasmine-caye/2019/10/31/securite-des-femmes-dans-le-domaine-de-lasile-le-conseil-federal-adopt

  • Enquête sur l’affaire Besson : ordonnée, la garde à vue du cinéaste n’a jamais eu lieu
    https://www.mediapart.fr/journal/france/290919/enquete-sur-l-affaire-besson-ordonnee-la-garde-vue-du-cineaste-n-jamais-eu

    Mediapart s’est plongé dans l’enquête préliminaire pour « viol » qui a visé Luc Besson, classée sans suite en février par le parquet de Paris. Des actes n’ont pas été réalisés tandis que des contradictions apparaissent. La plaignante a déposé une nouvelle plainte, avec constitution de partie civile. La juge désignée doit maintenant décider si elle poursuit les investigations.

    #Violences_sexuelles #parquet,_Luc_Besson,_viol,_Justice,_violences_sexuelles,_Enquête,_affaire_Besson,_Police,_Sand_Van_Roy,_A_la_Une

  • Enquête sur l’affaire Besson : ordonnée, la garde à vue du cinéaste n’a jamais eu lieu
    https://www.mediapart.fr/journal/france/290919/enquete-sur-laffaire-besson-ordonnee-la-garde-vue-du-cineaste-n-jamais-eu-

    Mediapart s’est plongé dans l’enquête préliminaire pour « viol » qui a visé Luc Besson, classée sans suite en février par le parquet de Paris. Des actes n’ont pas été réalisés tandis que des contradictions apparaissent. La plaignante a déposé une nouvelle plainte, avec constitution de partie civile. La juge désignée doit maintenant décider si elle poursuit les investigations.

    #Violences_sexuelles #violences_sexuelles,_Justice,_Police,_Sand_Van_Roy,_Luc_Besson,_Enquête,_viol,_affaire_Besson,_parquet,_A_la_Une

  • Affaire Epstein : l’ex-mannequin néerlandaise entendue par les enquêteurs
    https://www.mediapart.fr/journal/international/100919/affaire-epstein-lex-mannequin-neerlandaise-entendue-par-les-enqueteurs

    Selon nos informations, l’ex-mannequin néerlandaise qui avait écrit au procureur de la République de Paris le 5 septembre, dans le cadre de l’affaire Epstein, a été entendue par les enquêteurs français lundi 9 septembre. Elle accuse l’agent de mannequins Jean-Luc Brunel de l’avoir « droguée » puis « violée », en 1991.

    #Violences_sexuelles #Jean-Luc_Brunel,_signalement,_Jeffrey_Epstein,_audition,_Enquête

  • Affaire Epstein : une ex-mannequin livre son témoignage à la justice française
    https://www.mediapart.fr/journal/international/060919/affaire-epstein-une-ex-mannequin-livre-son-temoignage-la-justice-francaise

    Selon nos informations, une ex-mannequin néerlandaise a écrit au procureur de la République de Paris le 5 septembre, dans le cadre de l’enquête ouverte sur Jeffrey Epstein. Elle accuse l’agent de mannequins Jean-Luc Brunel de l’avoir « droguée » puis « violée », en 1991. Elle devrait être entendue la semaine prochaine par les enquêteurs.

    #Violences_sexuelles #Jean-Luc_Brunel,_Jeffrey_Epstein,_Enquête,_signalement

  • Les patrons de LREM ont ignoré des accusations de #Violences_sexuelles
    https://www.mediapart.fr/journal/france/050919/les-patrons-de-lrem-ont-ignore-des-accusations-de-violences-sexuelles

    Selon nos informations, les anciens collaborateurs du député de Toulouse Pierre Cabaré, visé par une plainte pour harcèlement et agression sexuels, avaient écrit à Richard Ferrand, Gilles Legendre et Stanislas Guérini pour dénoncer les agissements de leur employeur. Un courrier resté sans réponse.

    #Plainte,_Assemblée_nationale,_LREM,_Harcèlement_moral,_agression_sexuelle,_harcèlement_sexuel

  • Les patrons de LREM accusés d’avoir ignoré des accusations de #Violences_sexuelles
    https://www.mediapart.fr/journal/france/050919/les-patrons-de-lrem-accuses-d-avoir-ignore-des-accusations-de-violences-se

    Selon nos informations, les anciens collaborateurs du député de Toulouse Pierre Cabaré, visé par une plainte pour harcèlement et agression sexuels, avaient écrit à Richard Ferrand, Gilles Legendre et Stanislas Guérini pour dénoncer les agissements de leur employeur. Un courrier resté sans réponse, selon nos informations.

    #harcèlement_sexuel,_Harcèlement_moral,_LREM,_Plainte,_agression_sexuelle,_Assemblée_nationale

  • Male rape survivors go uncounted in #Rohingya camps

    ‘I don’t hear people talk about sexual violence against men. But this is also not specific to this response.’
    Nurul Islam feels the pain every time he sits: it’s a reminder of the sexual violence the Rohingya man endured when he fled Myanmar two years ago.

    Nurul, a refugee, says he was raped and tortured by Myanmar soldiers during the military purge that ousted more than 700,000 Rohingya from Rakhine State starting in August 2017.

    “They put me like a dog,” Nurul said, acting out the attack by bowing toward the ground, black tarp sheets lining the bamboo tent around him.

    Nurul, 40, is one of the uncounted male survivors of sexual violence now living in Bangladesh’s cramped refugee camps.

    Rights groups and aid agencies have documented widespread sexual violence against women and girls as part of the Rohingya purge. UN investigators say the scale of Myanmar military sexual violence was so severe that it amounts to evidence of “genocidal intent to destroy the Rohingya population” in and of itself.

    But boys and men like Nurul were also victims. Researchers who study sexual violence in crises say the needs of male survivors have largely been overlooked and neglected by humanitarian programmes in Bangladesh’s refugee camps.

    “There’s a striking division between aid workers and the refugees,” said Sarah Chynoweth, a researcher who has studied male survivors of sexual violence in emergencies around the world, including the Rohingya camps. “Many aid workers say we haven’t heard about it, but the refugees are well aware of it.”

    A report she authored for the Women’s Refugee Commission, a research organisation that advocates for improvements on gender issues in humanitarian responses, calls for aid groups in Bangladesh to boost services for all survivors of sexual violence – recognising that men and boys need help, in addition to women and girls.

    Rights groups say services for all survivors of gender-based violence are “grossly inadequate” and underfunded across the camps – including care for people attacked in the exodus from Myanmar, as well as abuse that happens in Bangladesh’s city-sized refugee camps.

    Stigma often prevents Rohingya men and boys from speaking up, while many aid groups aren’t asking the right questions to find out.

    But there are even fewer services offering male victims like Nurul specialised counselling and healthcare.

    Chynoweth and others who work on the issue say stigma often prevents Rohingya men and boys from speaking up, while many aid groups aren’t asking the right questions to find out – leaving humanitarian groups with scarce data to plan a better response, and male survivors of sexual violence with little help.

    In interviews with organisations working on gender-based violence, health, and mental health in the camps, aid staff told The New Humanitarian that the needs of male rape survivors have rarely been discussed, or that specialised services were unnecessary.

    Mercy Lwambi, women protection and empowerment coordinator at the International Rescue Committee, said focusing on female survivors of gender-based violence is not intended to exclude men.

    “What we do is just evidence-informed,” she said. “We have evidence to show it’s for the most part women and girls who are affected by sexual violence. The numbers of male survivors are usually low.”

    But according to gender-based violence case management guidelines compiled by organisations including the IRC, services should be in place for all survivors of sexual violence, with or without incident data.

    And in the camps, Rohingya refugees know that male survivors exist.

    TNH spoke with dozens of Rohingya refugees, asking about the issue of ”torture against private parts of men”. Over the course of a week, TNH met 21 Rohingya who said they were affected, knew other people who were, or said they witnessed it themselves.

    When fellow refugees reached out to Nurul on behalf of TNH, he decided to share his experiences as a survivor of sexual violence: “Because it happened to men too,” he said.
    Asking the right questions

    After his attack in Myanmar, Nurul said other Rohingya men dragged him across the border to Bangladesh’s camps. When he went to a health clinic, the doctors handed him painkillers. There were no questions about his injury, and he didn’t offer an explanation.

    “I was too ashamed to tell them what had happened,” he said.

    When TNH met him in June, Nurul said he hadn’t received any counselling or care for his abuse.

    But Chynoweth says the problem is more complicated than men being reluctant to out themselves as rape victims, or aid workers simply not acknowledging the severity of sexual violence against men and boys.

    She believes it’s also a question of language.

    When Chynoweth last year started asking refugees if they knew of men who had been raped or sexually abused, most at first said no. When she left out the words “sexual” and “rape” and instead asked if “torture” was done against their “private parts”, people opened up.

    “Many men have no idea that what happened to them is sexual violence,” she said.

    Similarly, when she asked NGO workers in Bangladesh if they had encountered sexual violence against Rohingya men, many would shake their heads. “As soon as I asked if they had treated men with genital trauma, the answer was: ‘Yes, of course,’” she said.

    This suggests that health workers must be better trained to ask the right questions and to spot signs of abuse, Chynoweth said.
    Challenging taboos

    The undercounting of sexual violence against men has long been a problem in humanitarian responses.

    A December 2013 report by the Office of the Special Representative of the UN Secretary-General on Sexual Violence in Conflict notes that sexual and gender-based violence is often seen as a women’s issue, yet “the disparity between levels of conflict-related sexual violence against women and levels against men is rarely as dramatic as one might expect”.

    A Security Council resolution this year formally recognised that sexual violence in conflict also targets men and boys; Human Rights Watch called it “an important step in challenging the taboos that keep men from reporting their experiences and deny the survivors the assistance they need”.

    But in the Rohingya refugee camps, the issue still flies under the radar.

    Mwajuma Msangi from the UN Population Fund, which chairs the gender-based violence subsector for aid groups in the camps, said sexual violence against men and boys is usually only raised, if at all, during the “any other business” section that ends bimonthly coordination meetings.

    “It hasn’t really come up,” Msangi said in an interview. “It’s good you are bringing this up, we should definitely look into it.”

    TNH asked staff from other major aid groups about the issue, including the UN’s refugee agency UNHCR, which co-manages UN and NGO efforts in the camps, and the World Health Organisation, which leads the health sector. There were few programmes training staff on how to work with male survivors of sexual violence, or offering specialised healthcare or counselling.

    “The [gender-based violence] sector has not been very proactive in training health workers to be honest,” said Donald Sonne Kazungu, Médecins Sans Frontières’ medical coordinator in Cox’s Bazar. “I don’t hear people talk about sexual violence against men. But this is also not specific to this response.”

    "The NGO world doesn’t acknowledge that it happened because there is no data, and there is no data because nobody is asking for it.”

    No data, no response

    For the few organisations that work with male survivors of sexual violence in the camps, the failure to assess the extent of the problem is part of a cycle that prevents solutions.

    "The NGO world doesn’t acknowledge that it happened because there is no data, and there is no data because nobody is asking for it,” said Eva Buzo, country director for Legal Action Worldwide, a European NGO that offers legal support to people in crises, including a women’s organisation in the camps, Shanti Mohila.

    LAW trains NGO medical staff and outreach workers, teaching them to be aware of signs of abuse among male survivors. It’s also trying to solidify a system through which men and boys can be referred for help. Through the first half of the year, the organisation has interacted with 25 men.

    "It’s really hardly a groundbreaking project, but unfortunately it is,” Buzo said, shrugging her shoulders. “Nobody else is paying attention.”

    But she’s reluctant to advertise her programme in the camps: there aren’t enough services where male victims of sexual violence can access specialised health and psychological care. Buzo said she trusts two doctors that work specifically with male survivors; both were trained by her organisation.

    “It’s shocking how ill-equipped the sector is,” she said, frustrated about her dilemma. “If we identify new survivors, I don’t even know where to refer them to.”

    The issue also underscores a larger debate in the humanitarian sector about whether gender-based violence programmes should focus primarily on women and girls, who face added risks in crises, or also better include men, boys, and the LGBTI community.

    “If we identify new survivors, I don’t even know where to refer them to.”

    Buzo says the lack of services for male survivors in the Rohingya camps points to a reluctance to recognise the need for action out of fear it might come at the expense of services for women – which already suffer from funding shortfalls.

    The Rohingya response could have been a precedent for the humanitarian sector as a whole to better respond to male survivors of sexual violence, according to an aid worker who worked on protection issues in the camps in 2017 as the massive refugee outflow was unfolding.

    When she questioned incoming refugees about sexual violence against women, numerous Rohingya asked what could be done for men who had also been raped, said the aid worker, who asked not to be named as she didn’t have permission to speak on behalf of her organisation.

    “We missed yet another chance to open this issue up,” she said.

    Chynoweth believes health, protection, and counselling programmes for all survivors – female and male – must improve.

    “There aren’t many services for women and girls. The response to all survivors is really poor,” she said. “But we should, and we can do both.”

    http://www.thenewhumanitarian.org/news-feature/2019/09/04/Rohingya-men-raped-Myanmar-Bangladesh-refugee-camps-GBV
    #viol #viols #violences_sexuelles #conflits #abus_sexuels #hommes_violés #réfugiés #asile #migrations #camps_de_réfugiés #Myanmar #Birmanie

  • Ethiopians Abused on Gulf Migration Route

    Ethiopians undertaking the perilous journey by boat across the Red Sea or Gulf of Aden face exploitation and torture in Yemen by a network of trafficking groups, Human Rights Watch said today. They also encounter abusive prison conditions in Saudi Arabia before being summarily forcibly deported back to Addis Ababa. Authorities in Ethiopia, Yemen, and Saudi Arabia have taken few if any measures to curb the violence migrants face, to put in place asylum procedures, or to check abuses perpetrated by their own security forces.


    A combination of factors, including unemployment and other economic difficulties, drought, and human rights abuses have driven hundreds of thousands of Ethiopians to migrate over the past decade, traveling by boat over the Red Sea and then by land through Yemen to Saudi Arabia. Saudi Arabia and neighboring Gulf states are favored destinations because of the availability of employment. Most travel irregularly and do not have legal status once they reach Saudi Arabia.

    “Many Ethiopians who hoped for a better life in Saudi Arabia face unspeakable dangers along the journey, including death at sea, torture, and all manners of abuses,” said Felix Horne, senior Africa researcher at Human Rights Watch. “The Ethiopian government, with the support of its international partners, should support people who arrive back in Ethiopia with nothing but the clothes on their back and nowhere to turn for help.”

    Human Rights Watch interviewed 12 Ethiopians in Addis Ababa who had been deported from Saudi Arabia between December 2018 and May 2019. Human Rights Watch also interviewed humanitarian workers and diplomats working on Ethiopia migration-related issues.

    The International Organization for Migration (IOM) estimates as many as 500,000 Ethiopians were in Saudi Arabia when the Saudi government began a deportation campaign in November 2017. The Saudi authorities have arrested, prosecuted, or deported foreigners who violate labor or residency laws or those who crossed the border irregularly. About 260,000 Ethiopians, an average of 10,000 per month, were deported from Saudi Arabia to Ethiopia between May 2017 and March 2019, according to the IOM, and deportations have continued.

    An August 2 Twitter update by Saudi Arabia’s Interior Ministry said that police had arrested 3.6 million people, including 2.8 million for violations of residency rules, 557,000 for labor law violations, and 237,000 for border violations. In addition, authorities detained 61,125 people for crossing the border into Saudi Arabia illegally, 51 percent of them Ethiopians, and referred more than 895,000 people for deportation. Apart from illegal border crossing, these figures are not disaggregated by nationality.

    Eleven of the 12 people interviewed who had been deported had engaged with smuggling and trafficking networks that are regionally linked across Ethiopia, Djibouti, Somalia’s semi-autonomous Puntland state, the self-declared autonomous state of Somaliland, Yemen, and Saudi Arabia. Traffickers outside of Ethiopia, particularly in Yemen, often used violence or threats to extort ransom money from migrants’ family members or contacts, those interviewed told Human Rights Watch. The 12th person was working in Saudi Arabia legally but was deported after trying to help his sister when she arrived illegally.

    Those interviewed described life-threatening journeys as long as 24 hours across the Gulf of Aden or the Red Sea to reach Yemen, in most cases in overcrowded boats, with no food or water, and prevented from moving around by armed smugglers.

    “There were 180 people on the boat, but 25 died,” one man said. “The boat was in trouble and the waves were hitting it. It was overloaded and about to sink so the dallalas [an adaptation of the Arabic word for “middleman” or “broker”] picked some out and threw them into the sea, around 25.”

    Interviewees said they were met and captured by traffickers upon arrival in Yemen. Five said the traffickers physically assaulted them to extort payments from family members or contacts in Ethiopia or Somalia. While camps where migrants were held capture were run by Yemenis, Ethiopians often carried out the abuse. In many cases, relatives said they sold assets such as homes or land to obtain the ransom money.

    After paying the traffickers or escaping, the migrants eventually made their way north to the Saudi-Yemen border, crossing in rural, mountainous areas. Interviewees said Saudi border guards fired at them, killing and injuring others crossing at the same time, and that they saw dead bodies along the crossing routes. Human Rights Watch has previously documented Saudi border guards shooting and killing migrants crossing the border.

    “At the border there are many bodies rotting, decomposing,” a 26-year-old man said: “It is like a graveyard.”

    Six interviewees said they were apprehended by Saudi border police, while five successfully crossed the border but were later arrested. They described abusive prison conditions in several facilities in southern Saudi Arabia, including inadequate food, toilet facilities, and medical care; lack of sanitation; overcrowding; and beatings by guards.

    Planes returning people deported from Saudi Arabia typically arrive in Addis Ababa either at the domestic terminal or the cargo terminal of Bole International Airport. Several humanitarian groups conduct an initial screening to identify the most vulnerable cases, with the rest left to their own devices. Aid workers in Ethiopia said that deportees often arrive with no belongings and no money for food, transportation, or shelter. Upon arrival, they are offered little assistance to help them deal with injuries or psychological trauma, or to support transportation to their home communities, in some cases hundreds of kilometers from Addis Ababa.

    Human Rights Watch learned that much of the migration funding from Ethiopia’s development partners is specifically earmarked to manage migration along the routes from the Horn of Africa to Europe and to assist Ethiopians being returned from Europe, with very little left to support returnees from Saudi Arabia.

    “Saudi Arabia has summarily returned hundreds of thousands of Ethiopians to Addis Ababa who have little to show for their journey except debts and trauma,” Horne said. “Saudi Arabia should protect migrants on its territory and under its control from traffickers, ensure there is no collusion between its agents and these criminals, and provide them with the opportunity to legally challenge their detention and deportation.”

    All interviews were conducted in Amharic, Tigrayan, or Afan Oromo with translation into English. The interviewees were from the four regions of SNNPR (Southern Nations, Nationalities, and Peoples’ Region), Oromia, Amhara, and Tigray. These regions have historically produced the bulk of Ethiopians migrating abroad. To protect interviewees from possible reprisals, pseudonyms are being used in place of their real names. Human Rights Watch wrote to the Ethiopian and Saudi governments seeking comment on abuses described by Ethiopian migrants along the Gulf migration route, but at the time of writing neither had responded.

    Dangerous Boat Journey

    Most of the 11 people interviewed who entered Saudi Arabia without documents described life-threatening boat journeys across the Red Sea from Djibouti, Somaliland, or Puntland to Yemen. They described severely overcrowded boats, beatings, and inadequate food or water on journeys that ranged from 4 to 24 hours. These problems were compounded by dangerous weather conditions or encounters with Saudi/Emirati-led coalition naval vessels patrolling the Yemeni coast.

    “Berhanu” said that Somali smugglers beat people on his boat crossing from Puntland: “They have a setup they use where they place people in spots by weight to keep the boat balanced. If you moved, they beat you.” He said that his trip was lengthened when smugglers were forced to turn the boat around after spotting a light from a naval vessel along the Yemeni coast and wait several hours for it to pass.

    Since March 26, 2015, Saudi Arabia has led a coalition of countries in a military campaign against the Houthi armed group in Yemen. As part of its campaign the Saudi/Emirati-led coalition has imposed a naval blockade on Houthi-controlled Yemeni ports, purportedly to prevent Houthi rebels from importing weapons by sea, but which has also restricted the flow of food, fuel, and medicine to civilians in the country, and included attacks on civilians at sea. Human Rights Watch previously documented a helicopter attack in March 2017 by coalition forces on a boat carrying Somali migrants and refugees returning from Yemen, killing at least 32 of the 145 Somali migrants and refugees on board and one Yemeni civilian.

    Exploitation and Abuses in Yemen

    Once in war-torn Yemen, Ethiopian migrants said they faced kidnappings, beatings, and other abuses by traffickers trying to extort ransom money from them or their family members back home.

    This is not new. Human Rights Watch, in a 2014 report, documented abuses, including torture, of migrants in detention camps in Yemen run by traffickers attempting to extort payments. In 2018, Human Rights Watch documented how Yemeni guards tortured and raped Ethiopian and other Horn of Africa migrants at a detention center in Aden and worked in collaboration with smugglers to send them back to their countries of origin. Recent interviews by Human Rights Watch indicate that the war in Yemen has not significantly affected the abuses against Ethiopians migrating through Yemen to Saudi Arabia. If anything, the conflict, which escalated in 2015, has made the journey more dangerous for migrants who cross into an area of active fighting.

    Seven of the 11 irregular migrants interviewed said they faced detention and extortion by traffickers in Yemen. This occurred in many cases as soon as they reached shore, as smugglers on boats coordinated with the Yemeni traffickers. Migrants said that Yemeni smuggling and trafficking groups always included Ethiopians, often one from each of Oromo, Tigrayan, and Amhara ethnic groups, who generally were responsible for beating and torturing migrants to extort payments. Migrants were generally held in camps for days or weeks until they could provide ransom money, or escape. Ransom payments were usually made by bank transfers from relatives and contacts back in Ethiopia.

    “Abebe” described his experience:

    When we landed… [the traffickers] took us to a place off the road with a tent. Everyone there was armed with guns and they threw us around like garbage. The traffickers were one Yemeni and three Ethiopians – one Tigrayan, one Amhara, and one Oromo…. They started to beat us after we refused to pay, then we had to call our families…. My sister [in Ethiopia] has a house, and the traffickers called her, and they fired a bullet near me that she could hear. They sold the house and sent the money [40,000 Birr, US $1,396].

    “Tesfalem”, said that he was beaten by Yemenis and Ethiopians at a camp he believes was near the port city of Aden:

    They demanded money, but I said I don’t have any. They told me to make a call, but I said I don’t have relatives. They beat me and hung me on the wall by one hand while standing on a chair, then they kicked the chair away and I was swinging by my arm. They beat me on my head with a stick and it was swollen and bled.

    He escaped after three months, was detained in another camp for three months more, and finally escaped again.

    “Biniam” said the men would take turns beating the captured migrants: “The [Ethiopian] who speaks your language beats you, those doing the beating were all Ethiopians. We didn’t think of fighting back against them because we were so tired, and they would kill you if you tried.”

    Two people said that when they landed, the traffickers offered them the opportunity to pay immediately to travel by car to the Saudi border, thereby avoiding the detention camps. One of them, “Getachew,” said that he paid 1,500 Birr (US $52) for the car and escaped mistreatment.

    Others avoided capture when they landed, but then faced the difficult 500 kilometer journey on foot with few resources while trying to avoid capture.

    Dangers faced by Yemeni migrants traveling north were compounded for those who ran into areas of active fighting between Houthi forces and groups aligned with the Saudi/Emirati-led coalition. Two migrants said that their journey was delayed, one by a week, the other by two months, to avoid conflict areas.

    Migrants had no recourse to local authorities and did not report abuses or seek assistance from them. Forces aligned with the Yemeni government and the Houthis have also detained migrants in poor conditions, refused access to protection and asylum procedures, deported migrants en masse in dangerous conditions, and exposed them to abuse. In April 2018, Human Rights Watch reported that Yemeni government officials had tortured, raped, and executed migrants and asylum seekers from the Horn of Africa in a detention center in the southern port city of Aden. The detention center was later shut down.

    The International Organization for Migration (IOM) announced in May that it had initiated a program of voluntary humanitarian returns for irregular Ethiopian migrants held by Yemeni authorities at detention sites in southern Yemen. IOM said that about 5,000 migrants at three sites were held in “unsustainable conditions,” and that the flights from Aden to Ethiopia had stalled because the Saudi/Emirati-led coalition had failed to provide the flights the necessary clearances. The coalition controls Yemen’s airspace.

    Crossing the Border; Abusive Detention inside Saudi Arabia

    Migrants faced new challenges attempting to cross the Saudi-Yemen border. The people interviewed said that the crossing points used by smugglers are in rural, mountainous areas where the border separates Yemen’s Saada Governorate and Saudi Arabia’s Jizan Province. Two said that smugglers separated Ethiopians by their ethnic group and assigned different groups to cross at different border points.

    Ethiopian migrants interviewed were not all able to identify the locations where they crossed. Most indicated points near the Yemeni mountain villages Souq al-Ragu and ‘Izlat Al Thabit, which they called Ragu and Al Thabit. Saudi-aligned media have regularly characterized Souq al-Ragu as a dangerous town from which drug smugglers and irregular migrants cross into Saudi Arabia.

    Migrants recounted pressures to pay for the crossing by smuggling drugs into Saudi Arabia. “Abdi” said he stayed in Souq al-Ragu for 15 days and finally agreed to carry across a 25 kilogram sack of khat in exchange for 500 Saudi Riyals (US$133). Khat is a mild stimulant grown in the Ethiopian highlands and Yemen; it is popular among Yemenis and Saudis, but illegal in Saudi Arabia.

    “Badessa” described Souq al-Ragu as “the crime city:”

    You don’t know who is a trafficker, who is a drug person, but everybody has an angle of some sort. Even Yemenis are afraid of the place, it is run by Ethiopians. It is also a burial place; bodies are gathered of people who had been shot along the border and then they’re buried there. There is no police presence.

    Four of the eleven migrants who crossed the border on foot said Saudi border guards shot at them during their crossings, sometimes after ordering them to stop and other times without warning. Some said they encountered dead bodies along the way. Six said they were apprehended by Saudi border guards or drug police at the border, while five were arrested later.

    “Abebe” said that Saudi border guards shot at his group as they crossed from Izlat Al Thabit:

    They fired bullets, and everyone scattered. People fleeing were shot, my friend was shot in the leg…. One person was shot in the chest and killed and [the Saudi border guards] made us carry him to a place where there was a big excavator. They didn’t let us bury him; the excavator dug a hole and they buried him.

    Berhanu described the scene in the border area: “There were many dead people at the border. You could walk on the corpses. No one comes to bury them.”

    Getachew added: “It is like a graveyard. There are no dogs or hyenas there to eat the bodies, just dead bodies everywhere.”

    Two of the five interviewees who crossed the border without being detained said that Saudi and Ethiopian smugglers and traffickers took them to informal detention camps in southern Saudi towns and held them for ransom. “Yonas” said they took him and 14 others to a camp in the Fayfa area of Jizan Province: “They beat me daily until I called my family. They wanted 10,000 Birr ($349). My father sold his farmland and sent the 10,000 Birr, but then they told me this isn’t enough, we need 20,000 ($698). I had nothing left and decided to escape or die.” He escaped.

    Following their capture, the migrants described abusive conditions in Saudi governmental detention centers and prisons, including overcrowding and inadequate food, water, and medical care. Migrants also described beatings by Saudi guards.

    Nine migrants who were captured while crossing the border illegally or living in Saudi Arabia without documentation spent up to five months in detention before authorities deported them back to Ethiopia. The three others were convicted of criminal offenses that included human trafficking and drug smuggling, resulting in longer periods in detention before being deported.

    The migrants identified about 10 prisons and detention centers where they were held for various periods. The most frequently cited were a center near the town of al-Dayer in Jizan Province along the border, Jizan Central Prison in Jizan city, and the Shmeisi Detention Center east of Jeddah, where migrants are processed for deportation.

    Al-Dayer had the worst conditions, they said, citing overcrowding, inadequate sanitation, food and water, and medical care. Yonas said:

    They tied our feet with chains and they beat us while chained, sometimes you can’t get to the food because you are chained. If you get chained by the toilet it will overflow and flow under you. If you are aggressive you get chained by the toilet. If you are good [behave well], they chain you to another person and you can move around.

    Abraham had a similar description:

    The people there beat us. Ethnic groups [from Ethiopia] fought with each other. The toilet was overflowing. It was like a graveyard and not a place to live. Urine was everywhere and people were defecating. The smell was terrible.

    Other migrants described similarly bad conditions in Jizan Central Prison. “Ibrahim” said that he was a legal migrant working in Saudi Arabia, but that he travelled to Jizan to help his sister, whom Saudi authorities had detained after she crossed from Yemen illegally. Once in Jizan, authorities suspected him of human trafficking and arrested him, put him on trial, and sentenced him to two years in prison, a sentenced he partially served in Jizan Central Prison:

    Jizan prison is so very tough…. You can be sleeping with [beside] someone who has tuberculosis, and if you ask an official to move you, they don’t care. They will beat you. You can’t change clothes, you have one set and that is it, sometimes the guards will illegally bring clothes and sell to you at night.

    He also complained of overcrowding: “When you want to sleep you tell people and they all jostle to make some room, then you sleep for a bit but you wake up because everyone is jostling against each other.”

    Most of the migrants said food was inadequate. Yonas described the situation in al-Dayer: “When they gave food 10 people would gather and fight over it. If you don’t have energy you won’t eat. The fight is over rice and bread.”

    Detainees also said medical care was inadequate and that detainees with symptoms of tuberculosis (such as cough, fever, night sweats, or weight loss) were not isolated from other prisoners. Human Rights Watch interviewed three former detainees who were being treated for tuberculosis after being deported, two of whom said they were held with other detainees despite having symptoms of active tuberculosis.

    Detainees described being beaten by Saudi prison guards when they requested medical care. Abdi said:

    I was beaten once with a stick in Jizan that was like a piece of rebar covered in plastic. I was sick in prison and I used to vomit. They said, ‘why do you do that when people are eating?’ and then they beat me harshly and I told him [the guard], ‘Please kill me.’ He eventually stopped.

    Ibrahim said he was also beaten when he requested medical care for tuberculosis:

    [Prison guards] have a rule that you aren’t supposed to knock on the door [and disturb the guards]. When I got sick in the first six months and asked to go to the clinic, they just beat me with electric wires on the bottom of my feet. I kept asking so they kept beating.

    Detainees said that the other primary impetus for beatings by guards was fighting between different ethnic groups of Ethiopians in detention, largely between ethnic Oromos, Amharas, and Tigrayans. Ethnic tensions are increasingly common back in Ethiopia.

    Detainees said that conditions generally improved once they were transferred to Shmeisi Detention Center, near Jeddah, where they stayed only a few days before receiving temporary travel documents from Ethiopian consular authorities and deported to Ethiopia. The migrants charged with and convicted of crimes had no opportunity to consult legal counsel.

    None of the migrants said they were given the opportunity to legally challenge their deportations, and Saudi Arabia has not established an asylum system under which migrants could apply for protection from deportation where there was a risk of persecution if they were sent back. Saudi Arabia is not a party to the 1951 Refugee Convention.

    Deportation and Future Prospects

    Humanitarian workers and diplomats told Human Rights Watch that since the beginning of Saudi Arabia’s deportation campaign, large numbers of Ethiopian deportees have been transported via special flights by Saudia Airlines to Bole International Airport in Addis Ababa and unloaded in a cargo area away from the main international terminal or at the domestic terminal. When Human Rights Watch visited in May, it appeared that the Saudi flights were suspended during the month of Ramadan, during which strict sunrise-to-sunset fasting is observed by Muslims. All interviewees who were deported in May said they had returned on regular Ethiopian Airlines commercial flights and disembarked at the main terminal with other passengers.

    All of those deported said that they returned to Ethiopia with nothing but the clothes they were wearing, and that Saudi authorities had confiscated their mobile phones and in some cases shoes and belts. “After staying in Jeddah … they had us make a line and take off our shoes,” Abraham said. “Anything that could tie like a belt we had to leave, they wouldn’t let us take it. We were barefoot when we went to the airport.”

    Deportees often have critical needs for assistance, including medical care, some for gunshot wounds. One returnee recovering from tuberculosis said that he did not have enough money to buy food and was going hungry. Abdi said that when he left for Saudi Arabia he weighed 64 kilograms but returned weighing only 47 or 48 kilograms.

    Aid workers and diplomats familiar with migration issues in Ethiopia said that very little international assistance is earmarked for helping deportees from Saudi Arabia for medical care and shelter or money to return and reintegrate in their home villages.

    Over 8 million people are in need of food assistance in Ethiopia, a country of over 100 million. It hosts over 920,000 refugees from neighboring countries and violence along ethnic lines produced over 2.4 internally displaced people in 2018, many of whom have now been returned.

    The IOM registers migrants upon arrival in Ethiopia and to facilitate their return from Saudi Arabia. Several hours after their arrival and once registered, they leave the airport and must fend for themselves. Some said they had never been to Addis before.

    In 2013 and 2014, Saudi Arabia conducted an expulsion campaign similar to the one that began in November 2017. The earlier campaign expelled about 163,000 Ethiopians, according to the IOM. A 2015 Human Rights Watch report found that migrants experienced serious abuses during detention and deportation, including attacks by security forces and private citizens in Saudi Arabia, and inadequate and abusive detention conditions. Human Rights Watch has also previously documented mistreatment of Ethiopian migrants by traffickers and government detention centers in Yemen.

    Aid workers and diplomats said that inadequate funding to assist returning migrants is as a result of several factors, including a focus of many of the European funders on stemming migration to and facilitating returns from Europe, along with competing priorities and the low visibility of the issue compared with migration to Europe.

    During previous mass returns from Saudi Arabia, there was more funding for reintegration and more international media attention in part because there was such a large influx in a short time, aid workers said.

    https://www.hrw.org/news/2019/08/15/ethiopians-abused-gulf-migration-route
    #migrations #asile #violence #réfugiés #réfugiés_éthiopiens #Ethiopie #pays_du_Golfe #route_du_Golfe #mer_Rouge #Golfe_d'Aden #Yémen #Arabie_Saoudite #frontières #violent_borders #torture #trafic_d'êtres_humains #exploitation #routes_migratoires

    signalé par @isskein

    • Migrants endure sea crossing to Yemen and disembark in hell

      Zahra struggled in the blue waters of the Gulf of Aden, grasping for the hands of fellow migrants.

      Hundreds of men, women and teenagers clambered out of a boat and through the surf emerging, exhausted, on the shores of Yemen.

      The 20-year-old Ethiopian saw men armed with automatic rifles waiting for them on the beach and she clenched in terror. She had heard migrants’ stories of brutal traffickers, lurking like monsters in a nightmare. They are known by the Arabic nickname Abdul-Qawi — which means Worshipper of the Strong.

      “What will they do to us?” Zahra thought.

      She and 300 other Africans had just endured six hours crammed in a wooden smuggling boat to cross the narrow strait between the Red Sea and the gulf. When they landed, the traffickers loaded them into trucks and drove them to ramshackle compounds in the desert outside the coastal village of Ras al-Ara.

      There was Zahra’s answer. She was imprisoned for a month in a tin-roofed hut, broiling and hungry, ordered to call home each day to beseech her family to wire $2,000. She said she did not have family to ask for money and pleaded for her freedom.
      Instead, her captors raped her. And they raped the 20 other women with her — for weeks, different men all the time.

      “They used each of the girls,” she told The Associated Press. “Every night there was rape.”

      With its systematic torture, Ras al-Ara is a particular hell on the arduous, 900-mile (1,400 kilometer) journey from the Horn of Africa to oil-rich Saudi Arabia. Migrants leave home on sandaled feet with dreams of escaping poverty. They trek through mountains and deserts, sandstorms and 113-degree temperatures, surviving on crumbs of bread and salty water from ancient wells.

      In Djibouti, long lines of migrants descend single file down mountain slopes to the rocky coastal plain, where many lay eyes on the sea for first time and eventually board the boats. Some find their way safely across war-torn Yemen to Saudi Arabia, only to be caught and tossed back over the border. The lucky ones make it into the kingdom to earn their livings as a servant and laborers.


      But others are stranded in Yemen’s nightmare — in some measure because Europe has been shutting its doors, outsourcing migrants to other countries.

      The European Union began paying Libyan coast guards and militias to stop migrants there, blocking the other main route out of East Africa, through Libya and across the Mediterranean to Europe. The number of Mediterranean crossings plummeted — from 370,000 in 2016 to just over 56,000 so far this year.

      Meanwhile, more than 150,000 migrants landed in Yemen in 2018, a 50% increase from the year before, according to the International Organization for Migration.

      This year, more than 107,000 had arrived by the end of September, along with perhaps tens of thousands more the organization was unable to track — or who were buried in graves along the trail.

      And European policies may be making the Yemen route more dangerous. Funded by the EU, Ethiopia has cracked down on migrant smugglers and intensified border controls. Arrests of known brokers have prompted migrants to turn to unreliable traffickers, taking more dangerous paths and increasing the risk of abuses.

      Many of those migrants end up in Ras al-Ara.

      Nearly every migrant who lands here is imprisoned in hidden compounds while their families are shaken down for money. Like Zahra, they are subjected to daily torments ranging from beatings and rapes to starvation, their screams drowned out by the noise of generators or cars or simply lost in the desert.
      “Out of every thousand, 800 disappear in the lockups,” said a humanitarian worker monitoring the flow of migrants.

      Traffickers who torture are a mix of Yemenis and Ethiopians of different ethnic groups. So victims cannot appeal to tribal loyalties, they are tortured by men from other groups: If the migrants are Oromia, the torturers are Tigrinya.

      At the same time, because the three main ethnic groups don’t speak each others’ languages, Yemeni smugglers need translators to convey orders to the migrants and monitor their phone conversations with their families.

      The AP spoke to more than two dozen Ethiopians who survived torture at Ras al-Ara. Nearly all of them reported witnessing deaths, and one man died of starvation hours after the AP saw him.
      The imprisonment and torture are largely ignored by Yemeni authorities.

      The AP saw trucks full of migrants passing unhindered through military checkpoints as they went from the beaches to drop their human cargo at each desert compound, known in Arabic as a “hosh.”

      “The traffickers move freely, in public, giving bribes at the checkpoints,” said Mohammed Said, a former coast guard officer who now runs a gas station in the center of town.

      From Ras al-Ara, it’s nearly 50 miles in any direction to the next town. Around 8,000 families live in a collection of decaying, one-story stone houses beside dirt roads, a lone hotel and two eateries. The fish market is the center of activity when the daily catch is brought in.

      Nearly the entire population profits from the human trade. Some rent land to traffickers for the holding cells, or work as guards, drivers or translators. For others, traffickers flush with cash are a lucrative market for their food, fuel or the mildly stimulant leaves of qat, which Yemenis and Ethiopians chew daily.

      Locals can rattle off the traffickers’ names. One of them, a Yemeni named Mohammed al-Usili, runs more than 20 hosh. He’s famous for the red Nissan SUV he drives through town.

      Others belong to Sabaha, one of the biggest tribes in southern Yemen, some of whom are famous for their involvement in illicit businesses. Yemenis call the Sabaha “bandits” who have no political loyalties to any of the warring parties.
      Many traffickers speak openly of their activities, but deny they torture, blaming others.

      Yemeni smuggler Ali Hawash was a farmer who went into the human smuggling business a year ago. He disparaged smugglers who prey on poor migrants, torturing them and holding them hostage until relatives pay ransom.

      “I thought we need to have a different way,” he said, “I will help you go to Saudi, you just pay the transit and the transportation. Deal.”

      The flow of migrants to the beach is unending. On a single day, July 24, the AP witnessed seven boats pull into Ras al-Ara, one after the other, starting at 3 a.m., each carrying more than 100 people.

      The migrants climbed out of the boats into the turquoise water. One young man collapsed on the beach, his feet swollen. A woman stepped on something sharp in the water and fell screeching in pain. Others washed their clothes in the waves to get out the vomit, urine and feces from the rugged journey.

      The migrants were lined up and loaded onto trucks. They gripped the iron bars in the truck bed as they were driven along the highway. At each compound, the truck unloaded a group of migrants, like a school bus dropping off students. The migrants disappeared inside.

      From time to time, Ethiopians escape their imprisonment or are released and stagger out of the desert into town.
      Eman Idrees, 27, and her husband were held for eight months by an Ethiopian smuggler.

      She recalled the savage beatings they endured, which left a scar on her shoulder; the smuggler received $700 to take her to Saudi Arabia, but wouldn’t let her go, because “he wanted me.”

      Said, the gas station owner, is horrified by the evidence of torture he has seen, so he has made his station and a nearby mosque into a refuge for migrants. But locals say Said, too, profits from the trafficking, selling fuel for the smugglers’ boats and trucks. But that means the traffickers need him and leave him alone.

      On a day when the AP team was visiting, several young men just out of a compound arrived at the gas station. They showed deep gashes in their arms from ropes that had bound them. One who had bruises from being lashed with a cable said the women imprisoned with him were all raped and that three men had died.

      Another, Ibrahim Hassan, trembled as he showed how he was tied up in a ball, arms behind his back, knees bound against his chest. The 24-year-old said he was bound like that for 11 days and frequently beaten. His torturer, he said, was a fellow Ethiopian but from a rival ethnic group, Tigray, while he is Oromo.

      Hassan said he was freed after his father went door to door in their hometown to borrow money and gather the $2,600 that the smugglers demanded.
      “My family is extremely poor,” Hassan said, breaking down in tears. “My father is a farmer and I have five siblings.”

      Starvation is another punishment used by the traffickers to wear down their victims.

      At Ras al-Ara hospital, four men who looked like living skeletons sat on the floor, picking rice from a bowl with their thin fingers. Their bones protruded from their backs, their rib cages stood out sharply. With no fat on their bodies, they sat on rolled-up cloth because it was too painful to sit directly on bone. They had been imprisoned by traffickers for months, fed once a day with scraps of bread and a sip of water, they said.

      One of them, 23-year-old Abdu Yassin, said he had agreed with smugglers in Ethiopia to pay around $600 for the trip through Yemen to the Saudi border. But when he landed at Ras al-Ara, he was brought to a compound with 71 others, and the traffickers demanded $1,600.

      He cried as he described how he was held for five months and beaten constantly in different positions. He showed the marks from lashings on his back, the scars on his legs where they pressed hot steel into his skin. His finger was crooked after they smashed it with a rock, he said. One day, they tied his legs and dangled him upside down, “like a slaughtered sheep.”
      But the worst was starvation.

      “From hunger, my knees can’t carry my body,” he said. “I haven’t changed my clothes for six months. I haven’t washed. I have nothing.”

      Near the four men, another emaciated man lay on a gurney, his stomach concave, his eyes open but unseeing. Nurses gave him fluids but he died several hours later.

      The torment that leaves the young men and women physically and mentally shattered also leaves them stranded.

      Zahra said she traveled to Yemen “because I wanted to change my life.”

      She came from a broken home. She was a child when her parents divorced. Her mother disappeared, and her father — an engineer — remarried and wanted little to do with Zahra or her sisters. Zahra dropped out of school after the third grade. She worked for years in Djibouti as a servant, sending most of her earnings to her youngest sister back in Ethiopia.

      Unable to save any money, she decided to try her luck elsewhere.

      She spoke in a quiet voice as she described the torments she suffered at the compound.

      “I couldn’t sleep at all throughout these days,” as she suffered from headaches, she said.

      She and the other women were locked in three rooms of the hut, sleeping on the dirt floor, suffocating in the summer heat. They were constantly famished. Zahra suffered from rashes, diarrhea and vomiting.

      One group tried to flee when they were allowed to wash at a well outside. The traffickers used dogs to hunt them down, brought them back and beat them.
      “You can’t imagine,” Zahra said. “We could hear the screams.” After that, they could only wash at gunpoint.

      Finally, early one morning, their captors opened the gates and told Zahra and some of the other women to leave. Apparently, the traffickers gave up on getting money out of them and wanted to make room for others.

      Now Zahra lives in Basateen, a slum on the outskirts of southern Yemen’s main city, Aden, where she shares a room with three other women who also were tortured. .

      Among them is a 17-year-old who fidgets with her hands and avoiding eye contact. She said she had been raped more times than she can count.

      The first time was during the boat crossing from Djibouti, where she was packed in with more than 150 other migrants. Fearing the smugglers, no one dared raise a word of protest as the captain and his crew raped her and the other nine women on board during the eight-hour journey.
      “I am speechless about what happened in the boat,” the 17-year-old said.

      Upon landing, she and the others were taken to a compound, where again she was raped — every day for the next two weeks.

      “We lived 15 days in pain,” she said.

      Zahra said she’s worried she could be pregnant, and the 17-year old said she has pains in her abdomen and back she believes were caused by the rapes — but neither has money to go to a doctor.

      Nor do they have money to continue their travels.

      “I have nothing but the clothes on me,” the 17-year old said. She lost everything, including her only photos of her family.

      Now, she is too afraid to even leave her room in Basateen.
      “If we get out of here,” she said, “we don’t know what would happen to us.”

      Basateen is filled with migrants living in squalid shacks. Some work, trying to earn enough to continue their journey.

      Others, like Abdul-Rahman Taha, languish without hope.

      The son of a dirt-poor farmer, Taha had heard stories of Ethiopians returning from Saudi Arabia with enough money to buy a car or build a house. So he sneaked away from home and began walking. When he reached Djibouti, he called home asking for $400 for smugglers to arrange his trip across Yemen. His father was angry but sold a bull and some goats and sent the money.

      When Taha landed at Ras al-Ara, traffickers took him and 50 other migrants to a holding cell, lined them up and demanded phone numbers. Taha couldn’t ask his father for more money so he told them he didn’t have a number. Over the next days and weeks, he was beaten and left without food and water.

      One night, he gave them a wrong number. The traffickers flew into a rage. One, a beefy, bearded Yemeni, beat Taha’s right leg to a bloody pulp with a steel rod. Taha passed out.

      When he opened his eyes, he saw the sky. He was outdoors, lying on the ground. The traffickers had dumped him and three other migrants in the desert. Taha tried to jostle the others, but they didn’t move — they were dead.
      A passing driver took him to a hospital. There, his leg was amputated.

      Now 17, Taha is stranded. His father died in a car crash a few months ago, leaving Taha’s sister and four younger brothers to fend for themselves back home.

      Taha choked back tears. In one of their phone calls, he remembered, his father had asked him: “Why did you leave?”

      “Without work or money,” Taha told him, “life is unbearable.”

      And so it is still.

      https://apimagesblog.com/blog/migrants-endure-sea-crossing-to-yemen-and-disembark-in-hell
      #réfugiés_éthiopiens #famine #mourir_de_faim #Oromo

    • Sbarcare all’inferno. Per i migranti diretti in Europa la tappa in Yemen vuol dire stupro e tortura

      Il durissimo reportage fotografico di Associated Press in viaggio con i migranti etiopi lungo la rotta che dal Corno d’Africa porta verso la penisola arabica racconta l’orrore perpetrato negli ’#hosh' di #Ras al-Ara che la comunità internazionale non vuole vedere. Le terribili storie di Zahra, Ibrahim, Abdul e gli altri.


      http://www.rainews.it/dl/rainews/media/Sbarcare-all-inferno-Per-i-migranti-diretti-in-Europa-la-tappa-in-Yemen-vuol
      #viol #viols #torture #violences_sexuelles #photographie

  • #MeToo en France : retour sur les essais et récits marquants de l’année
    https://www.mediapart.fr/journal/france/200819/metoo-en-france-retour-sur-les-essais-et-recits-marquants-de-l-annee

    Réflexions sur la culture du viol, le système patriarcal ou la masculinité, recueil de témoignages, récits personnels, enquêtes sur certains secteurs : de nombreux ouvrages ont été publiés en France dans la foulée du mouvement #MeToo. Mediapart en a sélectionné sept, qui, tous, chacun à leur manière, démontent les mécanismes aboutissant aux violences faites aux femmes : ceux de Mélissa Plaza, d’Astrid de Villaines, de Pauline Delage, de Francis Dupuis-Déri, de Valérie Rey-Robert, de Laure Murat et de Cécile Andrzejewski. > Retouvez notre série « Au détour des livres »

    #Au_détour_des_livres #violences_sexuelles,_#metoo,_harcèlement,_sexisme,_femmes,_A_la_Une

  • Bosses force female workers making jeans for Levis and Wrangler into sex | Global development | The Guardian
    https://www.theguardian.com/global-development/2019/aug/15/bosses-force-female-workers-making-jeans-for-levis-and-wrangler-into-se

    Women producing jeans for American brands including #Levi_Strauss, #Wrangler and #Lee have been forced to sleep with their managers to keep their jobs or gain promotion, an investigation into sexual harassment and coercion at garment factories in Lesotho has found.

    #femmes #violences_sexuelles #harcèlement_sexuel #jean #habillement
    https://www.workersrights.org/wp-content/uploads/2019/08/WRC-Factory-Assessment-re-Nien-Hsing-08152019.pdf
    via @mona

  • La mort de Jeffrey Epstein, accusé de trafic sexuel, inquiète les victimes
    https://www.mediapart.fr/journal/international/110819/la-mort-de-jeffrey-epstein-accuse-de-trafic-sexuel-inquiete-les-victimes

    L’homme d’affaires accusé de trafic sexuel et de conspiration est décédé en détention le 10 août à New York. Sa mort, qualifiée de « suicide apparent » par le procureur général de la ville, interroge sur les suites judiciaires qui seront données à ce scandale aux multiples ramifications dans le monde politique américain.

    #Violences_sexuelles #suicide,_trafic_sexuel,_abus_sexuels,_Ghislaine_Maxwell,_Jeffery_Epstein