• De Dakar au bout du monde, des #femmes_en_migration

    Quand on parle de migration au Sénégal, on imagine le plus souvent de jeunes hommes voguant vers les Canaries sur une pirogue incertaine. C’est oublier que parmi les migrants, il y a beaucoup de migrantes. Que leur voyage soit légal ou « clandestin », que leur destination soit l’Europe ou un autre pays africain, on n’en parle quasiment jamais. Quelle est l’histoire des #migrations_féminines depuis et vers le Sénégal ? Quels en sont les ressorts et les motivations, quelles en sont les spécificités ? *

    C’est à ces questions que ce podcast cherche à répondre, à travers les paroles d’une dizaine de femmes voyageuses, d’une syndicaliste et d’une sociologue. Elles parlent de la volonté de s’en sortir économiquement, de l’#aspiration à l’émancipation individuelle. Elle disent les beaux aspects du voyage, mais aussi ses difficultés (#violences, #racisme, etc.). Enfin, elles évoquent les problèmes de #visas et l’Europe forteresse qui en a poussé plus d’une à prendre la pirogue, au péril de sa vie...

    https://shows.acast.com/659fea6a3f690700175eb31a
    #podcast #audio #migrations #Sénégal #femmes_migrantes #femmes #genre #émancipation

  • À Strasbourg, l’Europe intensifie discrètement le fichage des migrants

    Dans un bâtiment discret, 350 personnes travaillent à renforcer le #contrôle et le #suivi des personnes entrant dans l’#espace_Schengen. Reportage dans l’agence de l’Union européenne qui renforce le fichage des migrants.

    Dans le quartier du Neuhof à Strasbourg, un bâtiment hautement sécurisé attire l’œil. Dissimulée derrière le gymnase du Stockfeld et entourée de terrains vagues, l’#agence_européenne #eu-Lisa est protégée par deux lignes barbelées surplombées de caméras. Aux alentours du bâtiment, les agents de sécurité portent au cœur un petit drapeau bleu aux douze étoiles. Des véhicules immatriculés en France, au Luxembourg, en Belgique et en Allemagne stationnent sur le parking.

    Créée en 2011 et opérationnelle depuis 2012, l’#agence_européenne_pour_la_gestion_opérationnelle_des_systèmes_d’information à grande échelle eu-Lisa développe et fait fonctionner les #bases_de_données de l’Union européenne (UE). Ces dernières permettent d’archiver les #empreintes_digitales des demandeurs et demandeuses d’asile mais aussi les demandes de visa ou les alertes de personnes portées disparues.

    Le siège d’eu-Lisa est à Tallinn, en Estonie. Un bureau de liaison se trouve à Bruxelles et son centre opérationnel a été construit à Strasbourg. Lundi 26 février, le ministre délégué aux affaires européennes, Jean-Noël Barrot, est venu visiter l’endroit, où sont développés les nouveaux systèmes de suivi et de #filtrage des personnes migrantes et des voyageurs et voyageuses non européen·nes. Le « cœur de Schengen », selon la communication de l’agence.

    Sur les écrans de contrôle, des ingénieur·es suivent les requêtes adressées par les États membres aux différents #systèmes_d’information_opérationnels. L’un d’eux raconte que le nombre de cyberattaques subies par l’agence est colossal : 500 000 tentatives par mois environ. La quantité de données gérées est aussi impressionnante : en 2022, le système #VIS (#Visa_Information_System) a enregistré 57 millions de demandes de #visas et 52 millions d’empreintes digitales. La même année, 86,5 millions d’alertes ont été transmises au système #SIS (#Schengen_Information_System).

    Dans l’agence du Neuhof, une vingtaine de nationalités sont représentées parmi les 350 travailleurs et travailleuses. En tout, 500 mètres carrés sécurisés abritent les données confidentielles de dizaines de millions de personnes. 2 500 ordinateurs fonctionnent en permanence pour une capacité de stockage de 13 petabytes, soit 13 milliards de gigabytes. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, l’eu-Lisa répond aux demandes de données des pays membres de l’espace Schengen ou de l’Union européenne.

    Traduire la politique en #technologie

    Au-delà de la salle de réunion, impossible de photographier les murs ou l’environnement de travail. L’enclave européenne est sous haute surveillance : pour entrer, les empreintes digitales sont relevées après un passage des sacs au scanner. Un badge connecté aux empreintes permet de passer un premier sas d’entrée. Au-delà, les responsables de la sécurité suivent les visiteurs de très près, au milieu d’un environnement violet et vert parsemé de plantes de toutes formes.

    Moins de six mois avant le début des Jeux olympiques et paralympiques de Paris et deux mois après l’accord européen relatif au Pacte sur la migration et l’asile, l’agence aux 260 millions d’euros de budget en 2024 travaille à mettre en place le système de contrôle des flux de personnes le plus précis, efficace et complet de l’histoire de l’espace Schengen. Le pacte prévoit, par exemple, que la demande d’asile soit uniformisée à travers l’UE et que les « migrants illégaux » soient reconduits plus vite et plus efficacement aux frontières.

    Pour accueillir le ministre, #Agnès_Diallo, directrice de l’eu-Lisa depuis 2023, diffuse une petite vidéo en anglais dans une salle de réunion immaculée. L’ancienne cadre de l’entreprise de services numériques #Atos présente une « agence discrète » au service de la justice et des affaires intérieures européennes. À l’eu-Lisa, pas de considération politique. « Notre agence a été créée par des règlements européens et nous agissons dans ce cadre, résume-t-elle. Nous remplaçons les frontières physiques par des #frontières_numériques. Nous travaillons à laisser passer dans l’espace Schengen les migrants et voyageurs qui sont légitimes et à filtrer ceux qui le sont moins. »

    L’eu-Lisa invente, améliore et fait fonctionner les sept outils informatiques utilisés en réseau par les États membres et leurs institutions. L’agence s’assure notamment que les données sont protégées. Elle forme aussi les personnes qui utiliseront les interfaces, comme les agents de #Frontex, d’#Europol ou de la #police_aux_frontières. Au Neuhof, les personnes qui travaillent n’utilisent pas les informations qu’elles stockent.

    Fichés dès l’âge de 6 ans

    L’agence eu-Lisa héberge les empreintes digitales de 7,5 millions de demandeurs et demandeuses d’asile et « migrants illégaux » dans le système appelé Eurodac. Pour le moment, les données récoltées ne sont pas liées à l’identité de la personne ni à sa photo. Mais avec l’adoption des nouvelles règles relatives au statut de réfugié·e en Europe, Eurodac est en train d’être complètement refondé pour être opérationnel en 2026.

    La réforme décidée en décembre 2023 prévoit que les demandeurs d’asile et « migrants illégaux » devront fournir d’autres informations biométriques : en plus de leurs empreintes, leur photo, leur nom, prénom et date et lieu de naissance seront enregistrés lors de leur entrée dans Schengen. La procédure vaudra pour toute personne dès l’âge de 6 ans (contre 14 avant la réforme). Les #données qui étaient conservées pour dix-huit mois pourront l’être jusqu’à cinq ans.

    La quantité d’informations stockées va donc croître exponentiellement dès 2026. « Nous aurons énormément de données pour #tracer les mouvements des migrants irréguliers et des demandeurs d’asile », se félicite #Lorenzo_Rinaldi, l’un des cadres de l’agence venant tout droit de Tallinn. Eurodac permettra à n’importe quelle autorité policière habilitée de savoir très précisément par quel pays est arrivée une personne, ainsi que son statut administratif.

    Il sera donc impossible de demander une protection internationale dans un pays, puis de s’installer dans un autre, ou de demander une seconde fois l’asile dans un pays européen. Lorenzo Rinaldi explique : « Aujourd’hui, il nous manque la grande image des mouvements de personnes entre les États membres. On pourra identifier les tendances, recouper les données et simplifier l’#identification des personnes. »

    Pour identifier les itinéraires et contrôler les mouvements de personnes dans l’espace Schengen, l’agence travaille aussi à ce que les sept systèmes d’information fonctionnent ensemble. « Nous avions des bases de données, nous aurons désormais un système complet de gestion de ces informations », se réjouit Agnès Diallo.

    L’eu-Lisa crée donc également un système de #traçage des entrées et des sorties de l’espace Schengen, sobrement appelé #Entry-Exit_System (ou #EES). Développé à l’initiative de la France dès 2017, il remplace par une #trace_numérique le tamponnage physique des passeports par les gardes-frontières. Il permet notamment de détecter les personnes qui restent dans Schengen, après que leur visa a expiré – les #overstayers, celles qui restent trop longtemps.

    Frontières et Jeux olympiques

    « Toutes nos équipes sont mobilisées pour faire fonctionner le système EES [entrées-sorties de l’espace Schengen – ndlr] d’ici à la fin de l’année 2024 », précise Agnès Diallo. Devant le Sénat en 2023, la directrice exécutive avait assuré que l’EES ne serait pas mis en place pendant les Jeux olympiques et paralympiques si son influence était négative sur l’événement, par exemple s’il ralentissait trop le travail aux frontières.

    En France et dans onze autres pays, le système EES est testé depuis janvier 2024. L’agence estime qu’il sera prêt pour juillet 2024, comme l’affirme Lorenzo Rinaldi, chef de l’unité chargé du soutien à la direction et aux relations avec les partenaires de l’eu-Lisa : « Lorsqu’une personne non européenne arrive dans Schengen, elle devra donner à deux reprises ses #données_biométriques. Donc ça sera plus long la première fois qu’elle viendra sur le territoire, mais ses données seront conservées trois ans. Les fois suivantes, lorsque ses données seront déjà connues, le passage sera rapide. »

    Ce système est prévu pour fonctionner de concert avec un autre petit nouveau, appelé #Etias, qui devrait être opérationnel d’ici au premier semestre de 2025. Les personnes qui n’ont pas d’obligation d’avoir de visa pour entrer dans 30 pays européens devront faire une demande avant de venir pour un court séjour – comme lorsqu’un·e citoyen·ne français·e demande une autorisation électronique de voyage pour entrer aux États-Unis ou au Canada. La procédure, en ligne, sera facturée 7 euros aux voyageurs et voyageuses, et l’autorisation sera valable trois ans.

    L’eu-Lisa gère enfin le #système_d’information_Schengen (le #SIS, qui gère les alertes sur les personnes et objets recherchés ou disparus), le système d’information sur les visas (#VIS), la base de données des #casiers_judiciaires (#Ecris-TCN) et le #Codex pour la #coopération_judiciaire entre États membres.

    L’agence travaille notamment à mettre en place une communication par Internet entre ces différents systèmes. Pour Agnès Diallo, cette nouveauté permettra une coordination sans précédent des agents aux frontières et des institutions judiciaires nationales et européennes dans les 27 pays de l’espace Schengen.

    « On pourra suivre les migrants, réguliers et irréguliers », se félicite Fabienne Keller, députée européenne Renew et fervente défenseuse du Pacte sur les migrations. Pour la mise en place de tous ces outils, l’agence eu-Lisa devra former les États membres mais également les transporteurs et les voyageurs et voyageuses. L’ensemble de ces systèmes devrait être opérationnel d’ici à la fin 2026.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/050324/strasbourg-l-europe-intensifie-discretement-le-fichage-des-migrants

    #fichage #migrations #réfugiés #biométrie
    via @karine4
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  • En Serbie, rendre invisibles les exilés

    La Serbie est le dernier pays non-membre de l’Union européenne de la route des Balkans. Traversée depuis des siècles, elle l’est aujourd’hui encore par de nombreux étrangers venus de Syrie, d’Afghanistan, de Turquie, même du Maroc… Car la Serbie reste le dernier rempart de la forteresse Europe. Ce petit pays de presque 7 millions d’habitants, entouré de huit frontières dont quatre avec l’Union européenne, applique une politique migratoire orchestrée par celle-ci.

    En effet, la Serbie demande son adhésion depuis plus de dix ans.

    Depuis le mois de décembre, après un contexte politique tendu, ce pays de transit tente de rendre invisibles les exilés, déjà soumis aux passeurs et aux lois en matière d’asile et d’immigration. En plein cœur de l’hiver, reportage entre Belgrade et la frontière croate de l’Europe.

    https://www.rfi.fr/fr/podcasts/grand-reportage/20240219-en-serbie-rendre-invisibles-les-exil%C3%A9s

    #emprisonnement #Serbie #asile #migrations #réfugiés #Belgrade #route_des_Balkans #Balkans #squat #opération_policière #peur #sécurité #insécurité #Sid #Šid #frontières #Croatie #transit #invisibilisation #Frontex #passeurs #frontières_extérieures #externalisation #visas #camps #solidarité #camps_de_réfugiés #refoulements #push-backs #migration_circulaire #game #the_game
    #audio #podcast

  • Complicit of data surveillance tools? Bordering and education data tracking tools

    The University of #Sheffield has recently introduced an attendance monitoring app which tracks the location of students. Attendance monitoring was introduced in UK universities in order to fulfill the requirements around international student monitoring for the purposes of Home Office visa issuing status. While attendance monitoring, now in app form, is couched in the language of student wellbeing, monitoring and now tracking actually reflect the imperatives of government immigration monitoring.

    https://www.sheffield.ac.uk/migration-research-group/events/complicit-data-surveillance-tools-bordering-and-education-data-tracking
    #université #UK #Angleterre #frontières #surveillance #contrôles_frontaliers #Home_Office #app #hostile_environment #visas #géolocalisation #étudiants_étrangers #complicité

    • New tools available to support attendance monitoring

      New tools to support staff with attendance monitoring - following a successful pilot scheme - are being made available in the Faculty of Science.

      Staff across the Faculty will begin to use two tools to support attendance monitoring following a successful pilot undertaken in the previous academic year.

      The tools will support departments to efficiently collect attendance data in a transparent way that complies with UKVI and GDPR requirements, and supports greater consistency in the student experience across the University.

      The Digital Register app (used by students for data collection) will be supported by a new Attendance and Engagement Dashboard which shows - at a glance- where there may be attendance concerns, so that appropriate support can be offered to students.

      Dr Thomas Anderson, Director of Education in Chemistry, said: "It has been transformative for our administrative team in checking attendance of international students which they need to report for visa reasons - avoiding a great deal of paperwork and dealing with personal tutors directly. This has saved a significant amount of staff time.

      “The system has been excellent for easily being able to identify students at-a-glance who are serial non-attenders, allowing us to intervene before their situation becomes irrevocable.”

      More information about the tools are available on the web support pages. An online demo is also available that lasts just over two minutes.

      In preparation for teaching in semester one, lecturers should download the iSheffield app from the Apple App Store or Google Play store and look for the check in tile. Before each teaching event, a six-digit code will be accessible that lecturers will need to share with students. Students will then input this code into their sheffield app to register their attendance at their event.

      Jo Marriott, Deputy Faculty Director of Operations in the Faculty of Science, is overseeing the implementation of the tools in our departments and is keen to hear about your experiences as we move over to this new way of attendance monitoring. Questions, and details of any challenges you face, can also be directed to the wider development team at StudentProductTeam@sheffield.ac.uk

      https://www.sheffield.ac.uk/science/news/new-tools-available-support-attendance-monitoring

  • La Suède prévoit de relever le salaire minimum exigé pour les visas de travail - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/55258/la-suede-prevoit-de-relever-le-salaire-minimum-exige-pour-les-visas-de

    La Suède prévoit de relever le salaire minimum exigé pour les visas de travail
    Par La rédaction Publié le : 16/02/2024
    En Suède, les travailleurs non-européens devront désormais démontrer qu’ils gagnent plus de 34 200 couronnes (3 000 euros) pour obtenir un visa de travail et rester dans le pays. Auparavant, le montant demandé était de 27 360 couronnes (2 400 euros). Les secteurs du nettoyage et de la restauration - qui emploient de nombreux étrangers - dénoncent une mesure qui pourrait nuire à l’économie nationale. La Suède « a avant tout besoin d’une main-d’œuvre étrangère qualifiée et hautement qualifiée », a déclaré jeudi 15 février la ministre suédoise des Migrations, Maria Malmer Stenergard, lors d’un point presse. Or, le pays connaît « une forte immigration vers des emplois » peu qualifiés et faiblement rémunérés a-t-elle ajouté. Pour tenter de renverser la tendance, Stockholm prend des mesures drastiques. Le gouvernement, soutenu par le parti d’extrême-droite des Démocrates de Suède, veut augmenter le salaire minimum exigé pour obtenir un visa de travail pour les migrants qui ne viennent pas de l’Union européenne (UE). Une commission d’enquête, nommée par l’exécutif, propose d’établir le plafond demandé aux étrangers à 34 200 couronnes (3 000 euros), soit l’équivalent du salaire médian. Le gouvernement compte sur une entrée en vigueur du texte au 1er juin 2025.
    La restauration et le nettoyage, deux secteurs les plus affectés
    En novembre 2023 déjà, le montant exigé des personnes hors espace Schengen ou UE avait été doublé, passant de 13 000 couronnes (1 150 euros) à 27 360 couronnes (2 400 euros) – soit 80% du salaire médian. Les confédérations syndicales et les organisations d’employeurs avaient alors dénoncé une mesure qui risque non seulement de nuire à l’économie suédoise, mais qui met aussi à mal l’un des principes fondateurs de ce pays.
    Les étrangers se retrouveront-ils écartés du marché du travail parce que son accès est trop cher  ? Les entreprises pourront-elles vraiment s’en passer  ? Les deux secteurs les plus affectés par cette hausse du salaire minimum sont la restauration et le nettoyage. « Dans beaucoup de cas, il s’agit d’emplois qui doivent être occupés par des personnes qui vivent déjà en Suède », a défendu la ministre : c’est-à-dire des citoyens suédois ou des personnes d’origine étrangère ayant obtenu l’asile ou arrivés en Suède grâce au rapprochement familial, entre autres.
    Mais dans ces domaines, qui manquent cruellement de main-d’œuvre, les étrangers sont indispensables pour faire tourner l’activité. Maria Malmer Stenergard veut permettre des exceptions à la règle dans les cas où il existerait une pénurie des compétences, sur la base d’une liste élaborée par l’Agence des migrations.
    Et pour promouvoir l’arrivée de travailleurs qualifiés, la commission d’enquête souhaite que les chercheurs ne soient pas tenus de remplir ce nouveau niveau de salaire. Idem pour les médecins, infirmières ou dentistes étrangers qui occupent un emploi faiblement rémunéré dans l’attente de la reconnaissance de leur diplôme.
    La Suède, longtemps considérée comme une terre d’accueil et d’intégration pour les réfugiés, notamment syriens, affiche depuis 2022, et l’arrivée du nouveau gouvernement allié de l’extrême-droite, sa volonté de réduire drastiquement l’immigration et la criminalité. En octobre, une autre mesure avait donné le ton de la nouvelle politique de Stockholm. Les autorités avaient annoncé leur volonté de restreindre l’accès aux prestations sociales aux migrants non originaires d’un pays de l’UE. Le gouvernement souhaitait également introduire un plafond pour le cumul des aides, et imposer un délai entre l’arrivée de ces migrants en Suède et le moment où ils pourront toucher les allocations.
    « Depuis 2012, plus de 770 000 personnes ont immigré en Suède de pays hors de l’Union européenne et de l’Espace économique européen », rappelaient alors le Premier ministre Ulf Kristersson et les trois autres dirigeants des partis de la coalition. « Avec une politique d’intégration qui n’a pratiquement aucune exigence [envers les migrants] et aucune incitation à s’intégrer à la société, cette forte immigration a créé une Suède divisée », avaient-ils estimé.
    Pour ces responsables politiques, le pays scandinave a « d’importants problèmes » avec les personnes nées à l’étranger qui vivent de prestations sociales, sans pour autant fournir de données officielles étayant leurs propos.

    #Covid-19#migrant#migration#suede#immigration#visas#salaire#economie#integration#competence#personnelmedical#infirmiere#medecin#migrationqualifiee#sante

  • A Mayotte, Gérald Darmanin annonce la suppression du droit du sol dans l’archipel pour faire taire la colère de la population
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/12/a-mayotte-gerald-darmanin-annonce-la-suppression-du-droit-du-sol-dans-l-arch

    A Mayotte, Gérald Darmanin annonce la suppression du droit du sol dans l’archipel pour faire taire la colère de la population
    Par Jérôme Talpin (Mamoudzou, envoyé spécial)
    Cette fois, pas de traditionnels colliers de fleurs pour l’accueil. Pas de shengué, ce chant de bienvenue. Et pas d’enivrant bain de foule ponctué de messages louangeurs, comme ce fut le cas à Mamoudzou, le 25 juin 2023. Après le lancement de l’opération « Wuambushu » de lutte contre la délinquance, l’immigration clandestine et l’habitat insalubre, Gérald Darmanin avait été qualifié à l’époque par la foule d’« homme de la situation ».
    Venu dimanche 11 février à Mayotte, paralysée depuis trois semaines par les multiples barrages des collectifs de citoyens pour protester contre l’insécurité et le poids de l’immigration irrégulière, le ministre de l’intérieur et des outre-mer a été accueilli par des huées. Elles étaient lancées par un peu plus de 400 manifestants maintenus à distance, dont beaucoup de « mamans » des collectifs, vêtues de leur salouva.Pour dessiner une fin de crise et donner de nouvelles « preuves d’amour aux Mahorais », Gérald Darmanin, accompagné de la nouvelle ministre déléguée aux outre-mer, Marie Guévenoux, a annoncé des « mesures extrêmement fortes ». La veille, avant de prendre l’avion, il avait préparé le terrain dans une vidéo en s’adressant aux Mahorais : « Aidez-moi à rétablir la paix publique, discutons, travaillons ensemble. »
    Très remontés, les différents collectifs regroupés dans le mouvement des Forces vives dénonçaient jusqu’à sa venue un « mépris ». « Le gouvernement ne veut pas entendre les cris des Mahorais », s’insurgeait Saïd Kambi, un des leaders des Forces vives. La lenteur prise pour aboutir à un remaniement n’a cessé d’accentuer cette conviction. Ayant réalisé à Mayotte son plus gros score au premier tour de la présidentielle de 2022 (42,68 % des suffrages), Marine Le Pen s’est engouffrée dans cette brèche en fustigeant, vendredi 9 février, « une population mahoraise totalement abandonnée » face à une « quasi-guerre civile ».
    Pour éteindre cette colère longtemps restée sourde dans une île de 310 000 habitants où, selon l’Insee, près d’un habitant sur deux en 2017 était étranger, Gérald Darmanin a lancé solennellement, dès sa descente d’avion, sa série d’annonces : « Le président de la République m’a chargé de dire aux Mahorais que nous allons prendre une décision radicale qui est l’inscription de la fin du droit du sol à Mayotte dans une révision constitutionnelle. » « Il ne sera plus possible de devenir français si l’on n’est pas soi-même enfant de parent français, précise le ministre. Nous couperons l’attractivité qu’il peut y avoir dans l’archipel. » Une mesure réclamée depuis des années par la majorité des élus et de la population mais « jamais accordée ».
    Sa conséquence est qu’elle va renforcer les spécificités et les exceptions du droit des étrangers sur le sol mahorais. Car à Mayotte, le droit du sol comporte déjà de nombreuses dérogations pour dissuader l’immigration irrégulière. (...) Selon M. Darmanin, cette mesure va diminuer de 80 % le nombre de titres de séjour délivrés à Mayotte en raison de liens familiaux. D’après l’Insee, sur un peu plus de 10 770 naissances en 2022, près de sept nourrissons sur dix ont au moins un parent étranger.
    Gérald Darmanin a, en outre, souligné que la loi relative à l’immigration « a beaucoup durci les conditions de regroupement familial à Mayotte », tout en reprochant à certains parlementaires mahorais de ne pas l’avoir votée. Selon lui, les nouvelles conditions – trois ans de résidence et un titre de séjour d’au moins cinq ans – vont « diviser par cinq le nombre de regroupements familiaux à Mayotte ».
    La troisième mesure annoncée était l’une des principales « conditions » des Forces vives pour négocier : la fin du visa territorialisé. Ces titres de séjour délivrés localement autorisent uniquement une présence sur l’île. Les collectifs réclamaient la suppression de cette autre exception qui, selon eux, fait de l’île une impasse où les étrangers sont maintenus, afin de protéger La Réunion et l’Hexagone. (...)
    La fin du visa territorialisé doit être incluse dans le projet de loi Mayotte promis « avant l’été » par Marie Guévenoux. Le ministre de l’intérieur a toutefois voulu placer l’île devant ses responsabilités en épinglant « la bonne société mahoraise parfois complice » pour faire venir des travailleurs étrangers, ou qui monnaye des certificats de
    Autre sujet qui cristallise les colères à Mayotte : le camp de migrants africains venus de la région des Grands Lacs et de Somalie, qui sont installés autour du stade de Cavani, à Mamoudzou, dans des abris construits avec du bois et des bâches. L’installation régulière de nouveaux migrants est vue comme l’ouverture d’une « seconde route migratoire », après celle venue des Comores. (...)
    Gérald Darmanin promet en réponse « l’évacuation totale du camp ». Selon lui, les réfugiés ayant obtenu l’asile « vont être rapatriés dans l’Hexagone ». Cinquante d’entre eux ont pris l’avion dimanche soir, après quarante premiers départs fin janvier. Des retours volontaires dans les pays d’origine vont être proposés. Une nouveauté à Mayotte. Pour ceux qui ont été déboutés de leur demande, il y aura aussi des « expulsions immédiates », selon Gérald Darmanin.
    L’installation de ce camp d’environ 700 migrants africains a joué un rôle de déclencheur dans cette crise. A Mayotte, leur stigmatisation est prégnante. L’extrême droite s’est emparée du sujet pour en faire un épouvantail sur le thème de la submersion migratoire qu’elle prédit pour la France hexagonale.
    Dans ses interventions sur la chaîne d’info CNews, l’un des fondateurs du média Livre Noir, Erik Tegnér, présent à Mayotte, a associé systématiquement les clandestins aux « pillages des maisons des Mahorais ». Et a prétendu avoir découvert un « nouveau camp » de migrants dans la rue à côté de l’association d’entraide Solidarité Mayotte, alors que leur présence date de mai 2023. Dans une autre vidéo diffusée à l’antenne, le militant d’extrême droite a désigné sans retenue « les Somaliens » comme « encore plus dangereux que les Comoriens ». Pour « empêcher le passage des kwassa-kwassa des filières d’immigration », Gérald Darmanin a promis, en outre, la mise en place d’« un rideau de fer dans l’eau ». Avec le déploiement de bateaux de la marine nationale face aux côtes tanzaniennes, d’où partent ces migrants africains, et de drones marins.
    En prélude à sa visite, Gérald Darmanin avait également annoncé le départ de l’opération « Wuambushu 2 ». Il a salué à l’aéroport les quinze gendarmes du GIGN arrivés en renfort pour aboutir à un plus grand nombre d’interpellations dans les bidonvilles les plus sensibles. (...) De ces annonces, élus et responsables des Forces vives retiennent avant tout la fin du droit du sol à Mayotte et du titre de séjour territorialisé. (...)

    #Covid-19#migration#france#mayotte#droitdusol#visasterritorialise#fluxmigratoire#regroupementfamilial#expulsion#traversee#sante#afrique

  • Avec la PAF de Roissy, qui traque les candidats à l’immigration irrégulière : « Le risque, pour nous, c’est de ne pas pouvoir les renvoyer »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/09/avec-la-paf-de-roissy-qui-traque-les-candidats-a-l-immigration-irreguliere-l

    Avec la PAF de Roissy, qui traque les candidats à l’immigration irrégulière : « Le risque, pour nous, c’est de ne pas pouvoir les renvoyer »
    Par Julia Pascual
    A l’aéroport international Roissy-Charles-de-Gaulle, « Le Monde » a suivi le quotidien de la police aux frontières qui tente de déjouer l’éventail des stratégies utilisées pour entrer de manière irrégulière dans l’espace Schengen. Un bureau d’où s’échappent les bribes d’une conversation musclée. A l’intérieur, un ressortissant sri-lankais est auditionné. La veille, il a été interpellé par la police aux frontières (PAF) de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle (CDG), en région parisienne. Il doit s’expliquer en garde à vue, dans les locaux défraîchis de la PAF, qui occupe un vieil immeuble de béton près du terminal 1. L’homme est soupçonné de participer à une filière d’immigration clandestine. « Ça faisait deux mois et demi qu’on était en enquête préliminaire, rapporte le commandant responsable des unités judiciaires de la PAF de Roissy-CDG, qui a souhaité rester anonyme. On pense qu’au moins cinquante-cinq personnes sont passées par le biais de cette filière depuis le Sri Lanka, pour un tarif moyen de 15 000 euros. »
    Le profil des candidats à l’immigration ? Des hommes modestes, souvent agriculteurs, sans diplôme. « Ils veulent échapper au quotidien dans leur pays et sont prêts à occuper n’importe quel emploi en Europe », poursuit le commandant. Pour les faire entrer dans l’espace Schengen, le réseau a employé la technique dite « du swapping » (« échange », en anglais). La manœuvre est la suivante : un Sri-Lankais se rend dans un aéroport, au Qatar ou à Abou Dhabi. Il reste en zone internationale, où il rencontre un « swappeur », un intermédiaire sri-lankais venu, lui, d’Europe, qui lui cède son billet d’avion retour pour Paris ainsi qu’un faux document d’identité pour voyager.
    « L’enquête a commencé quand on a trouvé cinq clandestins à la sortie d’un avion à Roissy. Deux heures plus tard, des personnes arrivaient sur d’autres vols sous la même identité. La même personne qui arrive par deux vols distincts, c’est impossible ! », raconte le commandant, dont les unités ont démantelé, en 2023, une dizaine de filières d’immigration clandestine.
    Le théâtre de leurs investigations : Roissy-CDG, le deuxième aéroport d’Europe en nombre de passagers, et le premier point d’entrée dans l’espace Schengen. En 2023, près de 70 millions de voyageurs ont transité par ce hub qui héberge le plus gros service de police de France : 1 800 agents, dont 800 gardes-frontières. Le défi, pour la PAF : assurer la sécurité de la frontière sans perturber le flux commercial d’un site qui génère 1,5 % du PIB national (agrégat des activités et emplois directs et indirects dans le transport, la logistique, le tourisme…). « On est l’un des rares services de police à avoir une telle imbrication avec une logique économique, explique Julien Gentile, le directeur de la PAF de Roissy. La fluidité, c’est la base pour ADP [Aéroports de Paris] et les compagnies aériennes qui vendent des correspondances d’une heure. »
    Un ressortissant d’un pays tiers doit pouvoir passer la frontière en quarante-cinq minutes, et un ressortissant de l’espace Schengen en une demi-heure. Comment, dans un délai aussi court, réussir à détecter les candidats à l’immigration irrégulière ? Grâce à un logiciel de gestion des files d’attente installé sur sa tablette, le commissaire Régis Orsoni, chef de la division du contrôle transfrontière, peut suivre à la trace des milliers de voyageurs aux abords des aubettes de la PAF. Un moyen de mesurer les temps d’attente et de projeter des équipes en renfort pour éviter que les contrôles ne ralentissent trop le flux des passagers.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Immigration : des flux en hausse, tirés par les étudiants, les salariés et les réfugiés
    Dans le contexte d’une baisse du trafic aéroportuaire liée à la pandémie de Covid-19, les effectifs de gardes-frontières ont été réduits, mais, tandis que les besoins sont de nouveau croissants, des administratifs, puis des contractuels, sont venus renflouer les équipes à marche forcée. Ils sont recrutés sans condition de diplôme et postés au terme de deux semaines de formation, à l’image de Marie, 21 ans, et Lena, 19 ans (les personnes citées par leur prénom ont souhaité conserver l’anonymat), arrivées à Roissy en juin 2023. La première est une ancienne adjointe de sécurité, la seconde s’est réorientée après une formation d’auxiliaire de puériculture.
    Régis Orsoni, chef de la division du contrôle transfrontière, à Roissy-Charles-de-Gaulle, le 22 novembre 2023.
    Aujourd’hui, dans la petite aubette qu’elles partagent, des heures durant, les deux jeunes femmes contrôlent des voyageurs et interrogent sans interruption des fichiers de police. Quatre bases de données sont systématiquement consultées : le fichier des personnes recherchées, le fichier Schengen des objets recherchés et celui des personnes recherchées, et le fichier Interpol des documents volés ou perdus. En 2023, il y a eu près de 30 000 détections, pouvant être en lien avec une simple déclaration de perte de papiers ou, plus rarement, avec un mandat d’arrêt international. « On détecte une vingtaine de personnes “fichées S” par jour, précise la commandante de police Adeline Trouillet. Mais, la plupart du temps, cela ne nécessite pas une action spécifique autre que de renseigner discrètement leur passage. »
    Les gardes-frontières s’assurent aussi du respect des conditions d’entrée dans l’espace Schengen : un vol de retour, une assurance-maladie, une certaine somme d’argent, un hébergement… « Pourquoi voyagez-vous en France ? Et votre réservation d’hôtel ? » (...)
    Alexandre Goliot est analyste en fraude documentaire et à l’identité, comme tous ses collègues de la brigade mobile d’immigration de la PAF. Les policiers de cette unité sont formés au repérage, sur un document, d’une qualité de papier inadéquate, de l’absence d’un filigrane… Ils agissent en « deuxième rideau », appelés par les gardes-frontières en cas de doute sur un voyageur ou projetés à la porte de certains avions pour passer au tamis, en moins de vingt minutes, les passagers dès leur atterrissage. Une vingtaine d’avions sont contrôlés chaque jour lors du débarquement. « Le but, c’est de déceler le plus rapidement les faux documents et les gens qui ont détruit leurs documents, précise le commissaire Orsoni. On a déjà retrouvé des passeports déchiquetés et cachés dans les toilettes ou dans les housses des sièges d’un avion. C’est comme ça que des gens se présentent aux contrôles aux frontières sans identité et sans provenance, pour qu’on ne puisse pas les réacheminer. »
    Pour brouiller les pistes, des personnes passent même plusieurs jours en zone internationale avant de se présenter aux postes de la PAF. Plus le temps écoulé est long, plus il est difficile de déterminer leur provenance. En 2023, quasiment 22 % des personnes non admises sont demeurées de nationalité « indéterminée ».
    .« Le risque, pour nous, c’est de ne pas pouvoir les renvoyer, reprend le commissaire Orsoni. En les détectant à la porte de l’avion, on sait d’où ils viennent, avec quelle compagnie ils ont voyagé, et on peut savoir quel document a été scanné à l’embarquement. » Les compagnies aériennes qui auraient failli à leur devoir de contrôle documentaire peuvent subir une amende de 10 000 euros par passager. Un moyen de les inciter à redoubler de vigilance lors de l’embarquement.
    Dans un bureau de la brigade mobile d’immigration, à quelques encablures des pistes de Roissy, une collection de documents falsifiés, contrefaits, usurpés ou obtenus indûment déborde des bannettes et remplit les tiroirs. En 2023, près de 870 documents ont été saisis aux arrivées, et 430 aux départs. Ils sont émiratis, espagnols, singapouriens, péruviens, bulgares, italiens, indiens… L’éventail des stratégies pour entrer dans l’espace Schengen par la voie aérienne est large. Des plus rudimentaires – comme le vol, mis au jour il y a quelques mois, de 500 documents de visa dans le coffre-fort du consulat espagnol de Yaoundé – aux plus élaborées, telles que le morphing, une technique qui consiste à imprimer une photo sur un document authentique en mixant les profils du propriétaire et de l’usurpateur. « On peut arriver, par infrarouge, à retrouver une partie de la photo d’origine », explique le lieutenant Gaël Szwec, chef des brigades mobiles de Roissy.
    Les « abus de transit » font partie des techniques parmi les plus éprouvées. Le principe : prévoir un voyage avec une escale dans l’espace Schengen et ne pas prendre sa correspondance. « En ce moment, des Marocains qui transitent par Roissy ne prennent pas leur vol de destination afin de se maintenir en France, illustre M. Orsoni. Ce sont souvent des hommes seuls, âgés de 18 ans à 30 ans, sans bagages. Ils ont des plans de vol peu crédibles, par exemple un Marrakech-Tunis ou un Casablanca-Dakar via Paris, donc on essaye de travailler avec les compagnies pour les bloquer au départ. (...) En cette fin d’année 2023, ils sont plus de quatre-vingts à occuper l’une des chambres de la ZAPI. Parmi eux, une multitude de profils : un Brésilien ignorant qu’il était frappé d’une interdiction d’entrer dans l’espace Schengen pour s’être maintenu en Italie au-delà de la durée autorisée par son visa étudiant il y a quelques années ; un Colombien de 22 ans venu faire du tourisme à Madrid sans avoir réservé de chambre d’hôtel ; un Iranien qui avait pour espoir de rejoindre l’Angleterre avec un faux passeport ; un groupe de cinq Egyptiens qui souhaitent se rendre en Italie pour travailler, certains comme charpentier ou peintre en bâtiment.
    (...) En 2023, quelque 6 250 étrangers ont été maintenus dans les locaux de la ZAPI, attenants aux pistes de décollage. Moins de la moitié d’entre eux repartent. Les autres finissent par entrer sur le territoire, faute d’avoir été réacheminés dans les délais, parce qu’ils sont admis à demander l’asile, parce qu’ils sont libérés par un juge pour un motif juridique de forme ou encore parce qu’ils régularisent leur situation. Une goutte d’eau, cependant, par rapport aux arrivées par voie terrestre. L’avion demeure le privilège des plus fortunés.

    #Covid-19#migrant#migration#france#CDG#migrationirreguliere#avion#schengen#visas#sante

  • Espagne : plus de 600 demandeurs d’asile s’entassent dans un terminal de l’aéroport de Madrid - InfoMigrants
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    Actualités Espagne : plus de 600 demandeurs d’asile s’entassent dans un terminal de l’aéroport de Madrid
    Par Marlène Panara Publié le : 30/01/2024 Dernière modification : 31/01/2024
    Plus de 600 exilés, marocains et sénégalais notamment, patientent actuellement dans l’aéroport de la capitale espagnole « dans des conditions insalubres ». Ces migrants, passagers de vols à destination de l’Amérique du Sud, ont demandé l’asile lors de leur escale à Madrid.
    La crise s’enlise à l’aéroport Barajas de Madrid. Près de 600 demandeurs d’asile s’entassent actuellement dans le terminal T4, qui accueille les passagers en transit en Espagne. Dimanche, 200 personnes supplémentaires, réparties dans quatre vols en provenance de Casablanca au Maroc, ont rejoint 400 autres migrants en attente du traitement de leur demande d’asile.
    Ce mardi 30 janvier, une salle d’accueil supplémentaire de 500m2 a été ouverte dans le terminal 1 pour faire face à ces nouvelles arrivées. Elle pourra accueillir jusqu’à 162 personnes, affirme RTVC.
    Ces deux dernières semaines, quatre salles d’accueils avaient déjà été ouvertes pour accueillir les demandeurs d’asile. Mais face aux arrivées presque quotidiennes, ces pièces d’attente, d’une capacité de 60 à 70 personnes, sont désormais saturées. « La surpopulation et les conditions insalubres ont atteint des points critiques, provoquant des infestations de punaises de lit, une accumulation d’ordures et une pénurie de serviettes pour l’hygiène personnelle », avait prévenu la semaine dernière l’ONG Commission espagnole d’aide aux réfugiés (CEAR) dans un communiqué.
    Certains exilés patientent donc désormais dans les couloirs de service du terminal et dorment sur des cartons. « Tous sont visibles du reste des voyageurs », puisqu’ils patientent « dans la zone de récupération des bagages », précise El Mundo. « Une image inhumaine et tout à fait regrettable », déplorent des voyageurs interviewés par le journal. D’autres migrants se sont installés ailleurs à l’aéroport, « pour échapper à la foule et à l’accumulation d’ordures concentrées dans les salles d’attente ». La situation a d’ailleurs poussé la Croix-Rouge, en charge jusqu’ici de l’accueil des demandeurs d’asile, à stopper ses activités dans le terminal. La promiscuité et les mauvaises conditions d’attente attisent aussi les tensions. D’après El Mundo, la police, « complètement débordée », a déjà dû intervenir dans plusieurs litiges entre les exilés.
    Depuis le 1er janvier, les autorités ont ordonné 108 expulsions depuis l’aéroport. Et selon le ministère de l’Intérieur, 864 demandes d’asile ont déjà été traitées par les responsables de la police et de l’Office d’Asile et Refuge (OAR). Depuis quelques mois, de nombreux exilés en provenance du Sénégal, du Maroc de la Somalie, du Venezuela et de la Colombie demandent l’asile à leur arrivée à Madrid, escale de leur vol à destination de la Bolivie, du Brésil ou du Salvador. Cette voie concerne aussi les jeunes migrants. Entre le 1er et le 17 janvier 2024, 188 mineurs isolés ont débarqué au terminal de Madrid pour rester dans le pays, via un vol à destination de l’Amérique latine.
    Pour freiner ces arrivées, l’Espagne a rendu obligatoire la semaine dernière un visa de transit aéroportuaire (TAP) pour les ressortissants sénégalais en escale dans les aéroports espagnols. Cette décision, déjà en vigueur pour les citoyens kényans, prendra effet le 19 février. Aucune mesure n’a encore été prise en revanche à l’encontre des voyageurs marocains. Mais la situation pourrait évoluer ce mardi 30 janvier, à l’issue de la rencontre prévue entre le ministre de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska et le nouvel ambassadeur espagnol au Maroc, Enrique Ojeda.,Celle-ci intervient après des échanges entre les deux entités la semaine dernière, visant à la plus grande vigilance quant aux voyageurs qui prendraient un vol depuis Casablanca à bord de la compagnie nationale Royal Air Maroc. Le 20 janvier, Fernando Grande-Marlaska, en visite à Rabat, a par ailleurs assuré « travailler pour éviter […] une utilisation frauduleuse lors des escales aériennes » de ces « avions pateras », du nom donné aux embarcations de fortune qui débarquent en Espagne par la mer.
    La très grande majorité des migrants atteignent l’Espagne après avoir traversé l’océan Atlantique ou la mer Méditerranée. En 2023, plus de 55 000 migrants sont arrivés dans le pays par la mer, sur un total de 57 000. Environ 37 000 d’entre eux emprunté la route migratoire des Canaries. Cette année-là aussi, plus de 163 000 demandes d’asile ont été enregistrées en Espagne, un record. Ces chiffres placent d’ailleurs Madrid au troisième rang des pays de l’Union européenne recevant le plus de demandes d’asile. D’après le ministère de l’Intérieur, plus de trois quarts de ces demandes ont été effectuées par des ressortissants latino-américains.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#maroc#senegal#visas#asile#canaries#routemigratoire#venezuela#bolivie#bresil#somalie#sansalvador#sante

  • « Faute de bras, l’immigration est en hausse constante au Japon »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/01/30/faute-de-bras-l-immigration-est-en-hausse-constante-au-japon_6213857_3234.ht

    « Faute de bras, l’immigration est en hausse constante au Japon »
    Philippe Escande
    Pour la première fois de son histoire, l’archipel nippon a dépassé en 2023 le seuil des 2 millions de travailleurs immigrés. Cette tendance, qui s’étend à tous les secteurs, cache un grand mystère : la stagnation des salaires, en dépit de la pénurie. Tout un défi pour le gouvernement et la Banque du Japon, note Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
    Ils sont vietnamiens, chinois, philippins, indonésiens, birmans ou népalais. Ils rêvent désormais d’une vie meilleure au Japon. Progressivement, le pays du Soleil-Levant ouvre ses portes à ses voisins, pourvu qu’ils sachent s’occuper de malades, construire des immeubles ou travailler en usine. L’archipel nippon n’a pas vraiment le choix. Les derniers chiffres publiés, mardi 30 janvier, par le ministère du travail l’attestent. Avec un chômage à 2,4 % en décembre 2023, il existe 120 offres d’emploi pour 100 demandeurs. Désormais, de nombreuses petites entreprises sont poussées à la faillite, faute de bras.
    Résultat, l’immigration est en hausse constante. Commencée dans les hôpitaux, elle s’étend à tous les secteurs. Pour la première fois de son histoire, le pays a dépassé en 2023 le seuil des 2 millions de travailleurs immigrés sur son sol, soit 12 % de plus qu’en 2022. Selon les statistiques dévoilées vendredi 26 janvier, un quart de ces employés étrangers viennent du Vietnam, près de 20 % de Chine et 11 % des Philippines. Mais la palme de la progression revient aux Indonésiens, dont le nombre est en progression de 56 % sur un an.
    Pour canaliser ce flux, le pays a créé des classes de visa. Il distingue les « compétences spécifiques » pour les métiers en pénurie et même les « hautes compétences » pour les chercheurs et ingénieurs les plus recherchés. Ceux-là sont les seuls à pouvoir emménager avec leur famille.
    D’après le Fonds monétaire international, les gens arrêtent d’émigrer d’un pays quand, dans celui-ci, le produit intérieur brut (PIB) par habitant atteint 7 000 dollars (6 500 euros), car la différence de salaire ne vaut plus le coup. Le Vietnam, avec son PIB par tête d’un peu plus de 4 000 dollars, a encore de la marge, tout comme l’Indonésie, avec ses 4 700 dollars. Cette réalité, encore très contrôlée, de l’immigration japonaise cache un grand mystère, celui de la stagnation des salaires, en dépit de la pénurie. Ceux-ci ont encore baissé de 3 % en valeur réelle en 2023. C’est un souci majeur pour le gouvernement, et un drame pour la Banque du Japon, qui tente désespérément de faire monter l’inflation. Ils espèrent un regain à l’occasion des négociations annuelles, qui démarrent en février dans les entreprises.
    Sans rebond de la hausse des prix et des salaires, la banque centrale ne pourra pas s’extraire du piège dans lequel elle est enfermée. Détentrice désormais de plus de 50 % de la gigantesque dette nationale, elle ne sait plus comment sortir de sa politique de taux négatifs destinée à doper une croissance anémique. Et ce ne sont pas les travailleurs vietnamiens ou philippins qui pourront résoudre ce problème. Philippe Escande

    #Covid-19#migrant#migration#japon#economie#maindoeuvre#immigration#chine#vietnam#philippines#indonesie#metierenpenurie#visas#competence#sante

  • L’Espagne instaure un visa de transit aéroportuaire pour les Sénégalais
    https://www.seneweb.com/news/International/l-espagne-instaure-un-visa-de-transit-ae_n_431388.html

    L’Espagne instaure un visa de transit aéroportuaire pour les Sénégalais
    Par : AFP - Seneweb.com | 24 janvier, 2024 à 16:01:25 | Lu 19569
    L’Espagne a annoncé mercredi que les Sénégalais faisant escale dans ses aéroports devront désormais être munis d’un visa de transit, alors que l’aéroport de Madrid fait face à un afflux inédit de demandeurs d’asile, bloqués dans les zones d’accueil dédiées.
    La mesure entrera en vigueur le 19 février, a annoncé l’ambassade d’Espagne au Sénégal sur le réseau social X, sans donner d’autre explication.Cette annonce intervient quelques jours après la mise en place d’une mesure similaire en Espagne pour les ressortissants kényans.L’aéroport de Madrid, le plus fréquenté d’Espagne, a connu une « augmentation exponentielle » du nombre de demandeurs d’asile, et les zones d’accueil qui leur sont réservées s’en trouvent débordées, selon la Commission espagnole d’aide aux réfugiés (CEAR)."La surpopulation et les conditions insalubres ont atteint des niveaux critiques, provoquant des épidémies de punaises de lit, une accumulation d’ordures et une pénurie de serviettes de bain", a alerté dans un communiqué cette organisation non gouvernementale.L’ONG s’est également plainte des retards dans le traitement des demandes d’asile. Sur les 390 personnes bloquées dans des conditions « indignes » à l’aéroport, environ 182 n’ont pas pu formaliser leurs réclamations, indique-t-elle.
    Les syndicats de police se plaignent depuis des semaines du fait que de nombreux détenteurs de passeports sénégalais censés se rendre au Brésil ont demandé l’asile lors d’une escale à Madrid.

    #Covid-19#migration#migrant#espagne#senegal#visa#aeroport#demandeurdasile#routemigratoire#sante

  • Le #règlement européen sur l’IA n’interdira pas la #surveillance_biométrique de masse

    Le 8 décembre 2023, les législateurs de l’#Union_européenne se sont félicités d’être parvenus à un accord sur la proposition de #règlement tant attendue relative l’intelligence artificielle (« #règlement_IA »). Les principaux parlementaires avaient alors assuré à leurs collègues qu’ils avaient réussi à inscrire de solides protections aux #droits_humains dans le texte, notamment en excluant la #surveillance_biométrique_de_masse (#SBM).

    Pourtant, malgré les annonces des décideurs européens faites alors, le règlement IA n’interdira pas la grande majorité des pratiques dangereuses liées à la surveillance biométrique de masse. Au contraire, elle définit, pour la première fois dans l’#UE, des conditions d’utilisation licites de ces systèmes. Les eurodéputés et les ministres des États membres de l’UE se prononceront sur l’acceptation de l’accord final au printemps 2024.

    L’UE entre dans l’histoire – pour de mauvaises raisons

    La coalition #Reclaim_Your_Face soutient depuis longtemps que les pratiques des SBM sont sujettes aux erreurs et risquées de par leur conception, et qu’elles n’ont pas leur place dans une société démocratique. La police et les autorités publiques disposent déjà d’un grand nombre de données sur chacun d’entre nous ; elles n’ont pas besoin de pouvoir nous identifier et nous profiler en permanence, en objectifiant nos #visages et nos #corps sur simple pression d’un bouton.

    Pourtant, malgré une position de négociation forte de la part du Parlement européen qui demandait l’interdiction de la plupart des pratiques de SBM, très peu de choses avaient survécu aux négociations du règlement relatif à l’IA. Sous la pression des représentants des #forces_de_l’ordre, le Parlement a été contraint d’accepter des limitations particulièrement faibles autour des pratiques intrusives en matière de SBM.

    L’une des rares garanties en la matière ayant apparemment survécu aux négociations – une restriction sur l’utilisation de la #reconnaissance_faciale a posteriori [par opposition à l’utilisation en temps réel] – a depuis été vidée de sa substance lors de discussions ultérieures dites « techniques » qui se sont tenues ces dernière semaines.

    Malgré les promesses des représentants espagnols en charge des négociations, qui juraient que rien de substantiel ne changerait après le 8 décembre, cette édulcoration des protections contre la reconnaissance faciale a posteriori est une nouvelle déception dans notre lutte contre la #société_de_surveillance.

    Quel est le contenu de l’accord ?

    D’après ce que nous avons pu voir du texte final, le règlement IA est une occasion manquée de protéger les #libertés_publiques. Nos droits de participer à une #manifestation, d’accéder à des soins de #santé_reproductive ou même de nous asseoir sur un #banc pourraient ainsi être menacés par une surveillance biométrique omniprésente de l’#espace_public. Les restrictions à l’utilisation de la reconnaissance faciale en temps réel et a posteriori prévues par la loi sur l’IA apparaissent minimes et ne s’appliqueront ni aux entreprises privées ni aux autorités administratives.

    Nous sommes également déçus de voir qu’en matière de « #reconnaissance_des_émotions » et les pratiques de #catégorisation_biométrique, seuls des cas d’utilisation très limités sont interdits dans le texte final, avec d’énormes lacunes.

    Cela signifie que le règlement IA autorisera de nombreuses formes de reconnaissance des émotions – telles que l’utilisation par la police de systèmes d’IA pour évaluer qui dit ou ne dit pas la #vérité – bien que ces systèmes ne reposent sur aucune base scientifique crédible. Si elle est adoptée sous cette forme, le règlement IA légitimera une pratique qui, tout au long de l’histoire, a partie liée à l’#eugénisme.

    Le texte final prévoit également d’autoriser la police à classer les personnes filmées par les caméras de #vidéosurveillance en fonction de leur #couleur_de_peau. Il est difficile de comprendre comment cela peut être autorisé étant donné que la législation européenne interdit normalement toute #discrimination. Il semble cependant que, lorsqu’elle est pratiquée par une machine, les législateurs considèrent de telles #discriminations comme acceptables.

    Une seule chose positive était ressorti des travaux techniques menés à la suite des négociations finales du mois de décembre : l’accord entendait limiter la reconnaissance faciale publique a posteriori aux cas ayant trait à la poursuite de crimes transfrontaliers graves. Bien que la campagne « Reclaim Your Face » ait réclamé des règles encore plus strictes en la matière, cela constituait un progrès significatif par rapport à la situation actuelle, caractérisée par un recours massif à ces pratiques par les États membres de l’UE.

    Il s’agissait d’une victoire pour le Parlement européen, dans un contexte où tant de largesses sont concédées à la surveillance biométrique. Or, les négociations menées ces derniers jours, sous la pression des gouvernements des États membres, ont conduit le Parlement à accepter de supprimer cette limitation aux #crimes_transfrontaliers graves tout en affaiblissant les garanties qui subsistent. Désormais, un vague lien avec la « #menace » d’un crime pourrait suffire à justifier l’utilisation de la #reconnaissance_faciale_rétrospective dans les espaces publics.

    Il semblerait que ce soit la #France qui ait mené l’offensive visant à faire passer au rouleau compresseur notre droit à être protégés contre les abus de nos données biométriques. À l’approche des #Jeux_olympiques et paralympiques qui se tiendront à Paris cet été, la France s’est battue pour préserver ou étendre les pouvoirs de l’État afin d’éradiquer notre anonymat dans les espaces publics et pour utiliser des systèmes d’intelligence artificielle opaques et peu fiables afin de tenter de savoir ce que nous pensons. Les gouvernements des autres États membres et les principaux négociateurs du Parlement n’ont pas réussi à la contrer dans cette démarche.

    En vertu du règlement IA, nous serons donc tous coupables par défaut et mis sous #surveillance_algorithmique, l’UE ayant accordé un blanc-seing à la surveillance biométrique de masse. Les pays de l’UE auront ainsi carte blanche pour renforcer la surveillance de nos visages et de nos corps, ce qui créera un précédent mondial à faire froid dans le dos.

    https://www.laquadrature.net/2024/01/19/le-reglement-europeen-sur-lia-ninterdira-pas-la-surveillance-biometriq
    #surveillance_de_masse #surveillance #intelligence_artificielle #AI #IA #algorithme

    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/1037288

  • Au Royaume-Uni, la grande dépendance des universités à l’égard des étudiants étrangers
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/01/18/au-royaume-uni-la-grande-dependance-des-universites-a-l-egard-des-etudiants-

    Au Royaume-Uni, la grande dépendance des universités à l’égard des étudiants étrangers
    Par Eric Albert (Londres, correspondance)
    Le courriel envoyé courant décembre 2023 par l’un des dirigeants du département d’enseignement en informatique de l’université d’York, au Royaume-Uni, à ses collègues était direct : « En réponse aux problèmes financiers actuels, l’université a décidé de réduire les notes demandées aux étudiants étrangers pour [l’admission dans] tous les cursus. » En clair, cette université, qui fait pourtant partie du prestigieux Russell Group, rassemblant les vingt-quatre meilleurs établissements de l’éducation supérieure du Royaume-Uni, a décidé d’accepter des étudiants étrangers de moins bon niveau.
    Comme l’indique le message interne, révélé par le Financial Times, l’explication est purement financière : un étudiant britannique paie des frais universitaires de 9 250 livres sterling (près de 10 800 euros) par an, un niveau qui est encadré par l’Etat et gelé depuis 2012 ; ceux qui viennent de l’international paient deux à trois fois plus cher, sans aucune limite imposée par les autorités. Dans le même temps, l’Etat britannique a fortement réduit son budget consacré aux universités. Le financement public par étudiant est au plus bas depuis vingt-cinq ans. Les étudiants internationaux représentent donc la dernière manne disponible : ils apportent désormais 20 % des revenus des universités, un doublement en une décennie. « Il y a un besoin urgent d’un débat national sur le financement des universités, notamment l’équilibre entre les frais payés par les étudiants britanniques, les fonds publics, et les étudiants internationaux », souligne Charley Robinson, chargé de l’international à Universities UK, qui représente les universités britanniques.
    Dans ce contexte, le courriel interne de l’université d’York dit tout haut ce qui se murmure tout bas depuis quelques années : les universités britanniques, en grande difficulté financière, risquent de créer des diplômes à deux vitesses, avec des exigences plus élevées pour les Britanniques. En deux décennies, le nombre d’étudiants internationaux a plus que doublé au Royaume-Uni, à presque 700 000 aujourd’hui, soit le quart de tous les étudiants. Dans certaines universités, le pourcentage dépasse allègrement la moitié : London School of Economics (66 % d’étudiants étrangers), University of the Arts London (54 %), Imperial College London (53 %), University College London (UCL, 52 %)… Au niveau des masters, les deux tiers des étudiants sont désormais internationaux. Le premier contingent vient de Chine, représentant environ le quart des étudiants étrangers. Les Indiens et les Nigérians sont aussi en forte hausse. Seul le nombre d’Européens, qui doivent payer les frais internationaux depuis le Brexit (alors qu’ils étaient limités aux frais britanniques auparavant), est en forte baisse.
    Ce système tourné vers le recrutement international, qui est certes la preuve éclatante de l’attractivité des universités britanniques, n’est-il pas en train d’aller trop loin ? Jo Johnson, ancien secrétaire d’Etat à l’éducation supérieure (et frère de Boris Johnson), a récemment tiré la sonnette d’alarme : « la limite politique » se rapproche. Le gouvernement du premier ministre, Rishi Sunak, s’agace de voir ces étudiants grossir les statistiques de l’immigration, un sujet explosif outre-Manche. Quant aux universités elles-mêmes, avec des classes parfois entièrement composées d’étudiants étrangers, ne risquent-elles pas d’atteindre un certain déséquilibre ?
    Coventry est une ville britannique qui a été presque rasée pendant la seconde guerre mondiale, bombardée intensément par l’armée allemande à cause de ses usines d’aviation. Reconstruite à la va-vite dans les années 1950, dominée par la circulation automobile, elle porte encore les stigmates du conflit. Aujourd’hui, partout dans cette cité des Midlands, des bâtiments affichent en grandes lettres capitales : « Logements étudiants ». Des tours sont apparues, entièrement destinées aux étudiants étrangers. Le mal nommé « City Village » (une grande barre d’immeubles sans charme) en fait partie.
    (...) Nattya, un nom d’emprunt, est une étudiante thaïlandaise qui y loge. Son master en énergie renouvelable à l’université de Coventry compte trente-cinq étudiants : « Un seul est Britannique. » La majorité des autres vient d’Inde, à laquelle il faut ajouter quelques Nigérians et des Indonésiens. Tous ont payé autour de 20 000 livres sterling de frais, auxquels il faut ajouter le prix d’un an de vie au Royaume-Uni. « Au total, ça me coûte environ 2 millions de bahts [autour de 50 000 euros] », explique Nattya dans un anglais encore hésitant. Ses parents, qui possèdent une petite entreprise de vente de voitures d’occasion, se saignent pour lui offrir ces études, mais elle assure que l’investissement en vaut la peine, estimant pouvoir tripler son salaire en rentrant en Thaïlande. Mais pourquoi une université britannique ? « C’est moins cher que d’autres pays, notamment les Etats-Unis, et c’est plus facile d’y avoir une place. » Bonne étudiante sans être brillante à Bangkok, elle n’a eu qu’à soumettre ses notes ainsi qu’une lettre de motivation – et un gros chèque – pour être admise. Le master qui ne dure qu’un an, au lieu de deux années dans de nombreux autres pays, est aussi un atout considérable, réduisant les dépenses.
    L’université de Coventry, où elle étudie, fait partie de ces établissements moyens, au 571e rang mondial dans le classement QS, qui fait référence. Mais elle a poussé particulièrement loin la logique de l’internationalisation. En 2010, l’établissement a ouvert un campus de 4 500 étudiants… à Londres, à plus de 170 kilomètres de la ville des Midlands. « Il a été créé dans le but explicite d’attirer les étudiants internationaux qui voulaient un diplôme de Coventry, mais souhaitaient vivre l’expérience londonienne », explique Ian Dunn, le recteur. L’université a désormais quatre campus à Londres. Dans la même logique qu’une multinationale, elle a aussi ouvert des sites en Pologne, au Maroc, en Egypte… Chacun offre un « diplôme de l’université de Coventry », mais sans que les étudiants aient besoin de mettre les pieds au Royaume-Uni, et à des prix beaucoup plus raisonnables. Comme pour une franchise, l’université supervise et garantit la qualité de l’enseignement. « Il s’agit d’apporter l’éducation là où elle est nécessaire », explique M. Dunn. Il assure qu’il n’est pas question de baisser la qualité de l’enseignement ni les critères d’admission.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Au Royaume-Uni, un système de sélection à l’université sans anicroche
    Reste que la logique de ce développement est financière. « Il est désormais douteux que la survie des universités britanniques soit possible sans les revenus des étudiants étrangers », estime Richard Wells, chargé de la stratégie internationale de l’université de Coventry. Dans son établissement, les étudiants étrangers rapportent 47 % des revenus.
    Cette dépendance est la conséquence d’une décision politique prise en 2012. La décennie précédente, le nombre d’étudiants avait fortement augmenté, tandis que les financements ne suivaient pas. Le gouvernement de David Cameron avait alors décidé de tripler les frais universitaires, alors limités à 3 000 livres sterling. La décision a provoqué une violente tempête politique et d’importantes manifestations. Depuis, aucun gouvernement n’ose toucher à la limite de 9 250 livres sterling par année universitaire pour les étudiants britanniques. En valeur réelle, ce gel depuis douze ans représente une baisse d’un tiers. « Ce n’est pas un secret, les étudiants internationaux fournissent des revenus vitaux », souligne Ben Moore, de Russell Group. Selon lui, un étudiant international « subventionne » un Britannique à hauteur de 2 500 livres sterling par an. Désormais, la pression financière s’immisce même dans les tout meilleurs établissements. A UCL (neuvième meilleur établissement mondial, selon le classement QS), un professeur, qui requiert l’anonymat, raconte les consignes venant de sa direction pour sélectionner les étudiants. « Pour chaque classe, on me donne un quota d’étudiants étrangers. A moi, ensuite, de trouver les élèves qui ont le niveau. » (...)
    Cette vague d’internationalisation serait-elle cependant sur le point de refluer ? Le gouvernement britannique, soucieux de réduire l’immigration, a augmenté le coût des visas en 2023 et vient d’imposer des restrictions pour limiter le regroupement familial des étudiants en master. Selon le site Studyportals, qui aide les candidats aux études à l’étranger à s’y retrouver, les demandes de renseignements chutent : − 48 % en provenance du Nigeria, − 34 % du Sri Lanka (ces deux pays sont par ailleurs touchés par des crises économiques), − 22 % des Emirats arabes unis… « Nous pensons que nous avons atteint un pic du nombre d’étudiants internationaux en 2023, et nous sommes de plus en plus inquiets pour le recrutement des étudiants en 2024 », explique Mme Robinson, d’Universities UK. Pour le gouvernement, cela représente un dilemme difficile : soit mieux financer les universités, quitte à augmenter les frais universitaires pour les Britanniques, soit faciliter les visas. Un choix entre deux bombes politiques qu’aucun des deux grands partis n’ose discuter ouvertement, à moins d’un an des élections législatives.

    #Covid-19#migration#migrant#grandebretagne#universite#etudiant#immigration#economie#visas#politiquemigratoire

  • Reportages : InfoMigrants à la rencontre des Sénégalais tentés par le rêve européen

    InfoMigrants est allé au Sénégal, en banlieue de Dakar, à la rencontre de jeunes - et moins jeunes - tentés par un départ vers l’Europe. En cause : l’inflation, la crise du Covid et de la pêche... Certains sont restés mais ont aussi perdu un proche dans la traversée de l’Atlantique vers les Canaries espagnoles. D’autres encore sont rentrés après l’échec de leur rêve européen. Retrouvez tous nos reportages.

    La situation économique du Sénégal pousse de plus en plus d’hommes et de femmes à prendre la mer en direction des îles Canaries, distantes d’environ 1 500 km. Les Sénégalais fuient généralement une vie sans perspective, aggravée par les changements climatiques.

    https://www.youtube.com/watch?v=ZuLD1UbvL5Y&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.infomigrants.ne

    À l’été 2023, les départs se sont notamment succédé vers l’archipel espagnol depuis les côtes sénégalaises. Sur l’ensemble de l’année 2023, plus de 37 000 personnes ont tenté de rejoindre le pays européen, du jamais vu.

    https://www.youtube.com/watch?v=4N-_aCjoA-c&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.infomigrants.ne

    Beaucoup prennent la mer sans en mesurer les dangers. Selon l’ONG espagnole Caminando fronteras, plus de 6 000 migrants sont morts en mer l’année dernière. Ce chiffre, qui a pratiquement triplé (+177%) par rapport à celui de 2022, est « le plus élevé » comptabilisé par l’ONG depuis le début de ses recensements.

    https://www.youtube.com/watch?v=QMMuxSFfSS4&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.infomigrants.ne

    Dans le même temps, des Sénégalais, déçus par leur exil, sont aussi rentrés au pays après des années passées en Europe. Souvent, ils reviennent avec l’aide de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le soutien financier de l’Union européenne. Mais en rentrant « les mains vides », ils doivent faire face à la déception de leurs proches.

    https://www.youtube.com/watch?v=LsbHTBTn3fY&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.infomigrants.ne

    À Dakar, on croise aussi des Centrafricains, des Congolais, des Sierra-léonais, des Ivoiriens… Certains sont réfugiés, d’autres sont en transit, d’autres encore sont « bloqués » au Sénégal et attendent de pouvoir rejoindre rentrer chez eux.

    https://www.youtube.com/watch?v=apA6oKCDlOE&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.infomigrants.ne

    Enfin, il y a ceux qui refusent de risquer leur vie et s’échinent à demander un visa pour atteindre l’Europe, malgré les refus successifs et le coût de la procédure. Comme partout, des trafiquants profitent de la situation et organisent des trafics de rendez-vous en ambassades. Des mafias prennent ainsi tous les créneaux sur internet et les revendent à prix d’or à des Sénégalais désespérés.

    https://www.youtube.com/watch?v=IgyUa9priPY&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.infomigrants.ne

    https://www.infomigrants.net/fr/post/54517/reportages--infomigrants-a-la-rencontre-des-senegalais-tentes-par-le-r

    #Sénégal #asile #migrations #réfugiés #reportage #vidéo #jeunes #jeunesse #Dakar #facteurs_push #push-factors #inflation #pêche #route_atlantique #Canaries #îles_Canaries #perpectives #climat #changement_climatique #décès #morts_aux_frontières #mourir_aux_frontières #Caminando_fronteras #OIM #réintégration #retour #IOM #visas

  • #Home_Office refuses to set up Ukraine-style visa scheme for Palestinians

    The government said it has ‘no plans’ to waive fees or tests to help Palestinians reunite with family in the UK.

    The Home Office is refusing to set up a Ukraine-style visa scheme to help Palestinians stranded in Gaza reunite with family in the UK.

    More than 25,000 people signed a parliamentary petition asking for the government to waive fees, salary thresholds and tests for Palestinians displaced by Israel’s attacks on Gaza.

    But the Home Office rejected the request in December, saying it had “no plans to introduce bespoke arrangements for people arriving from the region”.

    More than 22,000 Palestinians have been killed in Israeli attacks on the Gaza Strip since Hamas killed 1,200 people on 7 October, according to figures from the Gaza health ministry. The United Nations estimates 1.9 million Palestinians in Gaza have been displaced.

    British nationals currently need to apply for visas for their Palestinian relatives through the existing family visa route if they wish to bring them to the UK. Only spouses, partners or children are eligible for visas through the scheme. Relatives such as grandparents, siblings or parents of adult children are not eligible in most cases.

    The Home Office charges £1,846 to apply to bring each family member to the UK, including dependents, and a further £1,560 healthcare surcharge for adults, or £1,175 for children.

    British nationals must also earn at least £18,600 to apply for a visa for a spouse or partner or £24,800 if they also have two children they want to bring over. This minimum income requirement is set to rise to £29,000 in spring. Partners or spouses also need to prove their knowledge of the English language to get a visa.

    The government waived all fees, salary thresholds and language tests under the Ukraine Family Scheme, which was set up within weeks of Russia’s invasion. The scheme allows people fleeing the war in Ukraine to join their family in the UK.

    It is free to apply to the Ukraine Family Scheme and eligibility is extended to parents, grandparents, adult offspring, siblings, and their immediate family members. About 71,400 visas have been issued under the scheme so far.

    Announcing the scheme in the Commons, the former Home Secretary Priti Patel said at the time: “We are striking a blow for democracy and freedom against tyranny. Above all, we are doing right by the courageous people of Ukraine. We will help British nationals and their families to get out of Ukraine safely.”

    Some British-Palestinians have turned to fundraising in desperation to cover the fees for visas needed to bring their relatives to safety.

    Hadil Louz, a PhD student in human rights law at St Andrew’s in Scotland, is fundraising £30,000 to pay for visa and travel costs for her parents, one of whom has cancer, as well as her siblings and their children.

    “On Christmas Day, my family had to evacuate again from the overcrowded house they were staying at, responding to the Israeli evacuation calls in Nusirat, and are currently staying in a tent on a street in Deir Al-Balah, in the cold of the winter.

    “At the moment, their survival without food and shelter in Gaza is a very tangible threat on their lives,” she wrote on the fundraiser.

    A group of 80 British-Palestinian families wrote to foreign secretary David Cameron in December asking him to consider setting up a similar scheme for Palestinians, the BBC reported.

    “While acknowledging the complexities of each conflict, it is disheartening for us, as British citizens and UK residents, to witness the disparity in our government response,” it said.

    The lack of a scheme for Palestinians, the letter said, “stands in stark contrast to the swift and supportive actions taken in similar circumstances, such as in the Ukrainian conflict”.

    Palestinians in the UK “are currently feeling a profound sense of abandonment and neglect” as a result, it said.

    In its response to the petition, the government said its “approach must be considered in the round, rather than on a crisis-by-crisis basis”. It also rejected a second petition signed by more than 16,000 people to create a bespoke immigration route for Palestinian children on the same grounds.

    https://www.opendemocracy.net/en/palestine-family-visa-scheme-petition-home-office-gaza-ukraine
    #réfugiés_ukrainiens #réfugiés_palestiniens #visas #UK #Angleterre #migrations #asile #réfugiés #inégalité_de_traitement #regroupement_familial #Palestine #Gaza #Ukraine

  • Au Mexique, de nombreux migrants enlevés, détenus et rackettés sur la route des Etats-Unis
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/29/au-mexique-de-nombreux-migrants-enleves-detenus-et-rackettes-sur-la-route-de

    Au Mexique, de nombreux migrants enlevés, détenus et rackettés sur la route des Etats-Unis
    Par Anne Vigna (Mexico, correspondante)
    Devant la gare routière du nord de Mexico, des groupes de migrants attendent le départ des bus qui rejoignent les villes mexicaines situées à la frontière avec les Etats-Unis. Ce 12 décembre, l’humeur est plutôt bonne et tout le monde se dit heureux de quitter au plus vite le Mexique après la traversée, en près de vingt-deux heures, du centre et du nord du pays. « Les billets nous coûtent cher bien sûr, mais, avec des enfants, on ne peut pas voyager sur le toit du train, c’est trop risqué », explique Mario Gomez, un Hondurien de 27 ans qui a voyagé jusqu’ici avec son épouse et ses deux enfants de 10 et 12 ans. Ce père de famille a dépensé 150 euros par adulte et 50 euros par enfant pour éviter la « Bestia », le train de marchandises qui traverse le Mexique et qui permet aux migrants les plus pauvres de rejoindre la frontière nord. Mario avait entendu parler des accidents arrivés à ceux qui s’endorment sur son toit, des heures d’attente en plein désert sans une goutte d’eau, mais aussi du racket auquel se livrerait la police mexicaine quand le train fait une pause dans les villes. Il a donc préféré travailler quelques semaines dans la ville de Mexico pour pouvoir offrir à sa famille un voyage en bus jusqu’à la frontière américaine, en sécurité. Du moins le croit-il. Car ce moyen de transport n’est pas non plus une garantie de tranquillité.Ces derniers mois, des migrants ont raconté à des ONG et des journalistes avoir été victimes d’enlèvement et de racket alors qu’ils voyageaient dans ces autobus qui font la navette entre la ville de Mexico et la frontière américaine. Les lignes Chihuahuenses et Futura, appartenant au groupe de transport Estrella Blanca et ralliant la ville de Ciudad Juarez depuis Mexico, sont plus particulièrement citées par les migrants. Ni cette entreprise, ni l’Institut national de migration, ni le ministère des transports n’ont accepté de répondre aux questions du Monde. En revanche, quatre familles aujourd’hui en sécurité aux Etats-Unis nous ont raconté leur calvaire après qu’elles furent montées dans un bus de ces lignes. La similitude de leurs témoignages, alors qu’elles ont voyagé à des dates différentes, montre qu’elles ont été très certainement victimes du même réseau criminel opérant à grande échelle et avec la complicité des chauffeurs. Les quatre familles qui ont témoigné ont eu droit aux mêmes mises en demeure des criminels : pour obtenir leur liberté, ils devaient trouver 3 200 dollars par personne (soit près de 2 900 euros) pour rejoindre le mur élevé à la frontière ou bien 2 800 dollars pour la gare routière de Ciudad Juarez. (...)
    Dans un rapport intitulé « Inhumane and Counterproductive, Asylum Ban Inflicts Mounting Harm » (« Inhumaine et contre-productive, l’entrave à l’asile cause des dommages croissants »), publié en octobre, l’organisation américaine Human Rights First alerte sur ces kidnappings après avoir récolté des dizaines de témoignages de migrants ayant connu ce sort : « Les enlèvements ciblés de migrants en vue d’obtenir une rançon se sont généralisés. Les migrants – parfois des bus entiers – sont interceptés en plein jour », décrit le texte. July Rodriguez et Lizbeth Guerrero sont directrices de l’ONG Apoyo a migrantes venezolanos à Mexico. Elles ont déjà aidé des familles désespérées alors que leurs proches venaient de disparaître en chemin. « On tente de les épauler puis de les convaincre de porter plainte une fois que leur famille est libérée, mais beaucoup sont terrifiés. Ce serait pourtant la seule manière de demander des comptes aux autorités mexicaines », racontent les deux avocates. Avec d’autres organisations, elles ont déposé plusieurs plaintes devant la Commission nationale des droits humains contre ces kidnappings. « Nous n’avons rien obtenu. Selon les témoignages que nous avons réunis, la police est forcément complice de ces enlèvements qui se produisent avec une facilité déconcertante », considère July Rodriguez.
    Le 18 décembre, la police des frontières américaine a une nouvelle fois suspendu pendant cinq jours les entrées des trains de marchandises sur son territoire. Officiellement, elle n’aurait pas assez d’agents pour gérer les flux de marchandises et les entrées des migrants. En conséquence, l’entreprise de fret Ferromex a renforcé la sécurité privée sur ses wagons pour empêcher les migrants d’y voyager. Comme le Mexique exige désormais un visa pour pénétrer sur son territoire et emprunter l’avion, les migrants n’ont d’autres choix que de prendre encore plus souvent les bus pour rejoindre la frontière. Anne Vigna (Mexico, correspondante)

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#mexique#ameriquelatine#migrationirreguliere#trafic#violence#frontiere#droit#visas

  • Au niveau européen, un pacte migratoire « dangereux » et « déconnecté de la réalité »

    Sara Prestianni, du réseau EuroMed Droits, et Tania Racho, chercheuse spécialiste du droit européen et de l’asile, alertent, dans un entretien à deux voix, sur les #risques de l’accord trouvé au niveau européen et qui sera voté au printemps prochain.

    Après trois années de discussions, un accord a été trouvé par les États membres sur le #pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile la semaine dernière. En France, cet événement n’a trouvé que peu d’écho, émoussé par la loi immigration votée au même moment et dont les effets sur les étrangers pourraient être dramatiques.

    Pourtant, le pacte migratoire européen comporte lui aussi son lot de mesures dangereuses pour les migrant·es, entre renforcement des contrôles aux frontières, tri express des demandeurs d’asile, expulsions facilitées des « indésirables » et sous-traitance de la gestion des frontières à des pays tiers. Sara Prestianni, responsable du plaidoyer au sein du réseau EuroMed Droits, estime que des violations de #droits_humains seront inévitables et invite à la création de voies légales qui permettraient de protéger les demandeurs d’asile.

    La chercheuse Tania Racho, spécialiste du droit européen et de l’asile et membre du réseau Désinfox-Migrations, répond qu’à aucun moment les institutions européennes « ne prennent en compte les personnes exilées », préférant répondre à des « objectifs de gestion des migrations ». Dans un entretien croisé, elles alertent sur les risques d’une approche purement « sécuritaire », qui renforcera la vulnérabilité des concernés et les mettra « à l’écart ».

    Mediapart : Le pacte migratoire avait été annoncé par la Commission européenne en septembre 2020. Il aura fait l’objet de longues tergiversations et de blocages. Était-ce si difficile de se mettre d’accord à 27 ?

    Tania Racho : Dans l’état d’esprit de l’Union européenne (UE), il fallait impérativement démontrer qu’il y a une gestion des migrations aux #frontières_extérieures pour rassurer les États membres. Mais il a été difficile d’aboutir à un accord. Au départ, il y avait des mesures pour des voies sécurisées d’accès à l’Union avec plus de titres économiques : ils ont disparu au bénéfice d’une crispation autour des personnes en situation irrégulière.

    Sara Prestianni : La complexité pour aboutir à un accord n’est pas due à la réalité des migrations mais à l’#instrumentalisation du dossier par beaucoup d’États. On l’a bien vu durant ces trois années de négociations autour du pacte : bien que les chiffres ne le justifiaient pas, le sujet a été fortement instrumentalisé. Le résultat, qui à nos yeux est très négatif, est le reflet de ces stratégies : cette réforme ne donne pas de réponse au phénomène en soi, mais répond aux luttes intestines des différents États.

    La répartition des demandeurs d’asile sur le sol européen a beaucoup clivé lors des débats. Pourquoi ?

    Sara Prestianni : D’abord, parce qu’il y a la fameuse réforme du #règlement_Dublin [qui impose aux exilés de demander l’asile dans le pays par lequel ils sont entrés dans l’UE - ndlr]. Ursula von der Leyen [présidente de la Commission – ndlr] avait promis de « #dépasser_Dublin ». Il est aujourd’hui renforcé. Ensuite, il y a la question de la #solidarité. La #redistribution va finalement se faire à la carte, alors que le Parlement avait tenté de revenir là-dessus. On laisse le choix du paiement, du support des murs et des barbelés aux frontières internes, et du financement de la dimension externe. On est bien loin du concept même de solidarité.

    Tania Racho : L’idée de Dublin est à mettre à la poubelle. Pour les Ukrainiens, ce règlement n’a pas été appliqué et la répartition s’est faite naturellement. La logique de Dublin, c’est qu’une personne qui trouve refuge dans un État membre ne peut pas circuler dans l’UE (sans autorisation en tout cas). Et si elle n’obtient pas l’asile, elle n’est pas censée pouvoir le demander ailleurs. Mais dans les faits, quelqu’un qui voit sa demande d’asile rejetée dans un pays peut déposer une demande en France, et même obtenir une protection, parce que les considérations ne sont pas les mêmes selon les pays. On s’interroge donc sur l’utilité de faire subir des transferts, d’enfermer les gens et de les priver de leurs droits, de faire peser le coût de ces transferts sur les États… Financièrement, ce n’est pas intéressant pour les États, et ça n’a pas de sens pour les demandeurs d’asile.

    D’ailleurs, faut-il les répartir ou leur laisser le libre #choix dans leur installation ?

    Tania Racho : Cela n’a jamais été évoqué sous cet angle. Cela a du sens de pouvoir les laisser choisir, parce que quand il y a un pays de destination, des attaches, une communauté, l’#intégration se fait mieux. Du point de vue des États, c’est avant tout une question d’#efficacité. Mais là encore on ne la voit pas. La Cour européenne des droits de l’homme a constaté, de manière régulière, que l’Italie ou la Grèce étaient des États défaillants concernant les demandeurs d’asile, et c’est vers ces pays qu’on persiste à vouloir renvoyer les personnes dublinées.

    Sara Prestianni : Le règlement de Dublin ne fonctionne pas, il est très coûteux et produit une #errance continue. On a à nouveau un #échec total sur ce sujet, puisqu’on reproduit Dublin avec la responsabilité des pays de première entrée, qui dans certaines situations va se prolonger à vingt mois. Même les #liens_familiaux (un frère, une sœur), qui devaient permettre d’échapper à ce règlement, sont finalement tombés dans les négociations.

    En quoi consiste le pacte pour lequel un accord a été trouvé la semaine dernière ?

    Sara Prestianni : Il comporte plusieurs documents législatifs, c’est donc une #réforme importante. On peut évoquer l’approche renforcée des #hotspots aux #frontières, qui a pourtant déjà démontré toutes ses limites, l’#enfermement à ciel ouvert, l’ouverture de #centres_de_détention, la #procédure_d’asile_accélérée, le concept de #pays-tiers_sûr que nous rejetons (la Tunisie étant l’exemple cruel des conséquences que cela peut avoir), la solidarité à la carte ou encore la directive sur l’« instrumentalisation » des migrants et le concept de #force_majeure en cas d’« #arrivées_massives », qui permet de déroger au respect des droits. L’ensemble de cette logique, qui vise à l’utilisation massive de la #détention, à l’#expulsion et au #tri des êtres humains, va engendrer des violations de droits, l’#exclusion et la #mise_à_l’écart des personnes.

    Tania Racho : On met en place des #centres_de_tri des gens aux frontières. C’est d’une #violence sans nom, et cette violence est passée sous silence. La justification du tri se fait par ailleurs sur la nationalité, en fonction du taux de protection moyen de l’UE, ce qui est absurde car le taux moyen de protection varie d’un pays à l’autre sur ce critère. Cela porte aussi une idée fausse selon laquelle seule la nationalité prévaudrait pour obtenir l’asile, alors qu’il y a un paquet de motifs, comme l’orientation sexuelle, le mariage forcé ou les mutilations génitales féminines. Difficile de livrer son récit sur de tels aspects après un parcours migratoire long de plusieurs mois dans le cadre d’une #procédure_accélérée.

    Comment peut-on opérer un #tri_aux_frontières tout en garantissant le respect des droits des personnes, du droit international et de la Convention de Genève relative aux réfugiés ?

    Tania Racho : Aucune idée. La Commission européenne parle d’arrivées mixtes et veut pouvoir distinguer réfugiés et migrants économiques. Les premiers pourraient être accueillis dignement, les seconds devraient être expulsés. Le rush dans le traitement des demandes n’aidera pas à clarifier la situation des personnes.

    Sara Prestianni : Ils veulent accélérer les procédures, quitte à les appliquer en détention, avec l’argument de dire « Plus jamais Moria » [un camp de migrants en Grèce incendié – ndlr]. Mais, ce qui est reproduit ici, c’est du pur Moria. En septembre, quand Lampedusa a connu 12 000 arrivées en quelques jours, ce pacte a été vendu comme la solution. Or tel qu’il est proposé aujourd’hui, il ne présente aucune garantie quant au respect du droit européen et de la Convention de Genève.

    Quels sont les dangers de l’#externalisation, qui consiste à sous-traiter la gestion des frontières ?

    Sara Prestianni : Alors que se négociait le pacte, on a observé une accélération des accords signés avec la #Tunisie, l’#Égypte ou le #Maroc. Il y a donc un lien très fort avec l’externalisation, même si le concept n’apparaît pas toujours dans le pacte. Là où il est très présent, c’est dans la notion de pays tiers sûr, qui facilite l’expulsion vers des pays où les migrants pourraient avoir des liens.

    On a tout de même l’impression que ceux qui ont façonné ce pacte ne sont pas très proches du terrain. Prenons l’exemple des Ivoiriens qui, à la suite des discours de haine en Tunisie, ont fui pour l’Europe. Les États membres seront en mesure de les y renvoyer car ils auront a priori un lien avec ce pays, alors même qu’ils risquent d’y subir des violences. L’Italie négocie avec l’#Albanie, le Royaume-Uni tente coûte que coûte de maintenir son accord avec le #Rwanda… Le risque, c’est que l’externalisation soit un jour intégrée à la procédure l’asile.

    Tania Racho : J’ai appris récemment que le pacte avait été rédigé par des communicants, pas par des juristes. Cela explique combien il est déconnecté de la réalité. Sur l’externalisation, le #non-refoulement est prévu par le traité sur le fonctionnement de l’UE, noir sur blanc. La Commission peut poursuivre l’Italie, qui refoule des personnes en mer ou signe ce type d’accord, mais elle ne le fait pas.

    Quel a été le rôle de l’Italie dans les discussions ?

    Sara Prestianni : L’Italie a joué un rôle central, menaçant de faire blocage pour l’accord, et en faisant passer d’autres dossiers importants à ses yeux. Cette question permet de souligner combien le pacte n’est pas une solution aux enjeux migratoires, mais le fruit d’un #rapport_de_force entre les États membres. L’#Italie a su instrumentaliser le pacte, en faisant du #chantage.

    Le pacte n’est pas dans son intérêt, ni dans celui des pays de premier accueil, qui vont devoir multiplier les enfermements et continuer à composer avec le règlement Dublin. Mais d’une certaine manière, elle l’a accepté avec la condition que la Commission et le Conseil la suivent, ou en tout cas gardent le silence, sur l’accord formulé avec la Tunisie, et plus récemment avec l’Albanie, alors même que ce dernier viole le droit européen.

    Tania Racho : Tout cela va aussi avoir un #coût – les centres de tri, leur construction, leur fonctionnement –, y compris pour l’Italie. Il y a dans ce pays une forme de #double_discours, où on veut d’un côté dérouter des bateaux avec une centaine de personnes à bord, et de l’autre délivrer près de 450 000 visas pour des travailleurs d’ici à 2025. Il y a une forme illogique à mettre autant d’énergie et d’argent à combattre autant les migrations irrégulières tout en distribuant des visas parce qu’il y a besoin de #travailleurs_étrangers.

    Le texte avait été présenté, au départ, comme une réponse à la « crise migratoire » de 2015 et devait permettre aux États membres d’être prêts en cas de situation similaire à l’avenir. Pensez-vous qu’il tient cet objectif ?

    Tania Racho : Pas du tout. Et puisqu’on parle des Syriens, rappelons que le nombre de personnes accueillies est ridicule (un million depuis 2011 à l’échelle de l’UE), surtout lorsqu’on le compare aux Ukrainiens (10 millions accueillis à ce jour). Il est assez étonnant que la comparaison ne soit pas audible pour certains. Le pacte ne résoudra rien, si ce n’est dans le narratif de la Commission européenne, qui pense pouvoir faire face à des arrivées mixtes.

    On a les bons et mauvais exilés, on ne prend pas du tout en compte les personnes exilées, on s’arrête à des objectifs de #gestion alors que d’autres solutions existent, comme la délivrance de #visas_humanitaires. Elles sont totalement ignorées. On s’enfonce dans des situations dramatiques qui ne feront qu’augmenter le tarif des passeurs et le nombre de morts en mer.

    Sara Prestianni : Si une telle situation se présente de nouveau, le règlement « crise » sera appliqué et permettra aux États membres de tout passer en procédure accélérée. On sera donc dans un cas de figure bien pire, car les entraves à l’accès aux droits seront institutionnalisées. C’est en cela que le pacte est dangereux. Il légitime toute une série de violations, déjà commises par la Grèce ou l’Italie, et normalise des pratiques illégales. Il occulte les mesures harmonisées d’asile, d’accueil et d’intégration. Et au lieu de pousser les États à négocier avec les pays de la rive sud, non pas pour renvoyer des migrants ou financer des barbelés mais pour ouvrir des voies légales et sûres, il mise sur une logique sécuritaire et excluante.

    Cela résonne fortement avec la loi immigration votée en France, supposée concilier « #humanité » et « #fermeté » (le pacte européen, lui, prétend concilier « #responsabilité » et « #solidarité »), et qui mise finalement tout sur le répressif. Un accord a été trouvé sur les deux textes au même moment, peut-on lier les deux ?

    Tania Racho : Dans les deux cas, la seule satisfaction a été d’avoir un accord, dans la précipitation et dans une forme assez particulière, entre la commission mixte paritaire en France et le trilogue au niveau européen. Ce qui est intéressant, c’est que l’adoption du pacte va probablement nécessiter des adaptations françaises. On peut lier les deux sur le fond : l’idée est de devoir gérer les personnes, dans le cas français avec un accent particulier sur la #criminalisation_des_étrangers, qu’on retrouve aussi dans le pacte, où de nombreux outils visent à lutter contre le terrorisme et l’immigration irrégulière. Il y a donc une même direction, une même teinte criminalisant la migration et allant dans le sens d’une fermeture.

    Sara Prestianni : Les États membres ont présenté l’adoption du pacte comme une grande victoire, alors que dans le détail ce n’est pas tout à fait évident. Paradoxalement, il y a eu une forme d’unanimité pour dire que c’était la solution. La loi immigration en France a créé plus de clivages au sein de la classe politique. Le pacte pas tellement, parce qu’après tant d’années à la recherche d’un accord sur le sujet, le simple fait d’avoir trouvé un deal a été perçu comme une victoire, y compris par des groupes plus progressistes. Mais plus de cinquante ONG, toutes présentes sur le terrain depuis des années, sont unanimes pour en dénoncer le fond.

    Le vote du pacte aura lieu au printemps 2024, dans le contexte des élections européennes. Risque-t-il de déteindre sur les débats sur l’immigration ?

    Tania Racho : Il y aura sans doute des débats sur les migrations durant les élections. Tout risque d’être mélangé, entre la loi immigration en France, le pacte européen, et le fait de dire qu’il faut débattre des migrations parce que c’est un sujet important. En réalité, on n’en débat jamais correctement. Et à chaque élection européenne, on voit que le fonctionnement de l’UE n’est pas compris.

    Sara Prestianni : Le pacte sera voté avant les élections, mais il ne sera pas un sujet du débat. Il y aura en revanche une instrumentalisation des migrations et de l’asile, comme un outil de #propagande, loin de la réalité du terrain. Notre bataille, au sein de la société civile, est de continuer notre travail de veille et de dénoncer les violations des #droits_fondamentaux que cette réforme, comme d’autres par le passé, va engendrer.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/281223/au-niveau-europeen-un-pacte-migratoire-dangereux-et-deconnecte-de-la-reali
    #pacte #Europe #pacte_migratoire #asile #migrations #réfugiés

  • Loi « immigration » : des étudiants africains toujours plus entravés dans leur mobilité
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/12/23/loi-immigration-des-etudiants-africains-toujours-plus-entraves-dans-leur-mob

    Loi « immigration » : des étudiants africains toujours plus entravés dans leur mobilité
    Le texte durcit les conditions d’arrivée et de séjour en France et devrait aussi rendre impossible l’exonération des frais de scolarité qui avaient fortement été augmentés en 2019.
    Par Olorin Maquindus
    L’inquiétude est palpable chez les étudiants africains après l’adoption de la loi « immigration » par le Parlement, mardi 19 décembre. Le texte, qui durcit les conditions d’arrivée et de séjour en France, prévoit une hausse des frais de scolarité pour les étudiants étrangers, lesquels devront payer une « caution de retour » et seront soumis à des quotas. Des mesures jugées « discriminantes » par les syndicats et les associations.
    En 2020, la France était le sixième pays accueillant le plus d’étudiants étrangers au monde, avec 400 000 élèves. Le Maroc, dont près de 46 000 ressortissants sont inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur français, est le pays le plus représenté, suivi de l’Algérie avec 31 000 étudiants. Environ 15 000 étudiants sénégalais, 13 000 Tunisiens et 10 000 Ivoiriens sont également inscrits dans les écoles et universités de l’Hexagone.
    Il y a un fantasme migratoire chez le gouvernement et les parlementaires qui ont voté ces mesures. Les étudiants africains sont soupçonnés de tricher pour pouvoir s’établir durablement en France », s’indigne Lina Hernandez, secrétaire générale de Solidaires étudiant-e-s. La loi, votée au lendemain de la Journée internationale des migrations, « instaure un régime discriminant et une rupture d’égalité manifeste entre les étudiants européens et extracommunautaires », estime-t-elle.
    Outre la « caution retour », le texte prévoit l’instauration de droits d’inscription différenciés pour les étudiants étrangers. En 2019 déjà, des frais d’inscription majorés avaient été mis en place dans le cadre du plan « Bienvenue en France ». Mais cette majoration a été très peu appliquée par les présidents des universités, qui se sont largement saisis de leur droit d’exonération. D’après Campus France, en 2023, 42 universités (soit 57 %) exonèrent l’intégralité les étudiants étrangers et 16 universités (soit 22 %) exonèrent une partie les étudiants, selon des critères linguistiques, géographiques ou encore académiques. Seulement 13 universités (18 %) appliquent complètement les frais majorés.
    Selon Salomé Hocquard, délégué adjoint de l’Unef, cette inscription dans la loi aujourd’hui vaut « généralisation, sans possibilité d’exonération de la majoration des droits d’inscription ». La mesure est vécue comme une injustice par Mohammed Lamine Diaby, 25 ans, cofondateur de la Fédération estudiantine pour l’Afrique et les Caraïbes. L’étudiant, qui poursuit un double cursus en licence de philosophie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et un master en management à l’EMLyon Business School, estime que « la loi cible les Africains » et « vise à donner la priorité aux étudiants américains et asiatiques », dénonçant une « mesure idéologique qui ne trouverait pas de justification sur le plan financier ». Le projet de loi acte aussi le principe d’un débat annuel du Parlement sur l’immigration, ainsi que l’adoption de « quotas » d’immigrés. Un débat qui concernera aussi l’immigration étudiante d’après le président du groupe LR à l’Assemblée, Olivier Marleix. « Cette loi dit aux étudiants africains : “Ne venez pas ici, on ne veut pas de vous” alors même que le choix de la France pour les étudiants d’Afrique francophone reste un choix logique du fait de l’histoire », déplore la Congo-Ghanéenne Uriel Asare, qui, à 22 ans, poursuit un programme « grandes écoles » à la Skema Business School et est porte-parole de la Voix des étudiants étrangers, une association qui accompagne ces derniers dans leurs démarches administratives, notamment celle de la régularisation des titres de séjour.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La France suspend les mobilités étudiantes avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso
    Le projet de loi s’attaque aussi aux critères de demande du visa long séjour, déjà complexifiée par la dématérialisation. La loi actuelle conditionne la délivrance de ce titre au « caractère réel et sérieux des études », lequel est évalué « au regard des éléments produits par les établissements de formation et par l’intéressé ». Le projet de loi oblige à présent l’étudiant à justifier chaque année du « caractère réel et sérieux de ses études ».
    Dans les faits, pour disposer d’un visa long séjour portant la mention « étudiant », valable de 4 mois à un an, il faut disposer d’au moins 615 euros par mois, soit 7 380 euros par an, justifiés par une attestation bancaire. « C’est une somme qui a elle seule justifie déjà le “caractère réel et sérieux” de notre démarche, surtout quand on voit les sacrifices consentis par nos familles pour nous envoyer étudier en France, réagit Uriel Asare. Et à cela s’ajoutent les frais de scolarité et les charges courantes. » Olorin Maquindus

    #COvid-19#migrant#migration#france#loimigration#immigration#etudiant#loi#droit#visas#afrique#maroc#algerie

  • Un avion transportant plus de 300 Indiens immobilisé dans la Marne pour des « soupçons de traite d’êtres humains » ; deux passagers en garde à vue
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/22/un-avion-transportant-plus-de-300-indiens-immobilise-dans-la-marne-pour-des-

    Un avion transportant plus de 300 Indiens immobilisé dans la Marne pour des « soupçons de traite d’êtres humains » ; deux passagers en garde à vue
    Par Julia Pascual (avec AFP)
    Un avion devant relier les Emirats arabes unis au Nicaragua et transportant 303 passagers indiens est immobilisé depuis jeudi à l’aéroport de Vatry (Marne) en raison de « soupçons de traite d’êtres humains », ont annoncé vendredi 22 décembre la préfecture de la Marne et le parquet de Paris, qui a ouvert une enquête. Vendredi soir, deux passagers étaient entendus sous le régime de la garde à vue, a annoncé le parquet de Paris.
    L’immobilisation de l’appareil fait suite à « un signalement anonyme » selon lequel cet avion « transportait des passagers indiens (…) susceptibles d’être victimes de traite des êtres humains », a fait savoir le parquet à l’Agence France-Presse (AFP). Cet A340, de la compagnie roumaine Legend Airlines, « devait réaliser une escale technique » à Vatry, a ajouté la préfecture de la Marne. Selon une source proche du dossier, qui précise que l’avion s’est arrêté pour une recharge en carburant, les passagers indiens pourraient avoir voulu se rendre en Amérique centrale afin de tenter ensuite d’entrer illégalement aux Etats-Unis ou au Canada.
    La Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) « a repris l’enquête pour vérifier si des éléments viendraient corroborer le soupçon de traite des êtres humains en bande organisée, crime faisant encourir vingt ans de réclusion criminelle et 3 millions d’euros d’amende », ajoute le parquet. D’après une source policière consultée par Le Monde, le contrôle aurait permis d’identifier deux voyageurs en possession de l’ensemble des passeports et d’une somme importante d’argent. « L’enquête le dira, mais peut-être qu’il ne s’agit pas d’une filière criminelle, mais simplement d’un projet groupé d’immigration illégale aux Etats-Unis formé par des Indiens qui travaillaient aux Emirats, avance prudemment cette source. Dans ce cas, les deux personnes qui détenaient les passeports étaient simplement chargées de payer les visas à l’arrivée à Managua. »
    Les auditions devraient se poursuivre jusqu’à vendredi soir au moins, selon une source proche du dossier. « La direction nationale de la police aux frontières [notamment l’Oltim (Office de lutte contre le trafic illicite de migrants)], la gendarmerie des transports aériens et la brigade de recherche de Vitry-le-François ont été cosaisies et procèdent aux auditions et vérifications des conditions et objectifs de transport des passagers », explique également le parquet.
    Depuis plusieurs années, des personnes migrantes qui ont pour destination l’Amérique du Nord s’organisent afin de parvenir légalement et par voie aérienne jusqu’en Amérique centrale – où elles bénéficient de facilités de visas –, avant de gagner les Etats-Unis par voie terrestre et de façon illégale. Ces filières transitent parfois par des aéroports internationaux en Europe.
    C’était le cas par exemple début 2021 quand des Indiens en provenance des Emirats transitaient par l’aéroport de Roissy avant de gagner l’Amérique centrale. Une route entravée par les autorités françaises qui ont imposé le 27 avril 2021 une obligation de visa de transit aéroportuaire pour les ressortissants indiens. Plus récemment, le 7 décembre, un visa de transit aéroportuaire obligatoire a aussi été instauré par Paris à l’égard des ressortissants ouzbeks, pour dissuader des flux qui avaient également comme destination l’Amérique centrale puis, de façon irrégulière, les Etats-Unis. Le cas du vol retenu à Vatry est différent, dans le sens où l’avion ne faisait qu’une escale technique dans le petit aérodrome de la Marne. Ses occupants n’avaient donc pas besoin de présenter un visa de transit. « La compagnie estime qu’elle n’a rien à se reprocher, n’a commis aucune infraction et se tient à disposition des autorités françaises », a assuré à l’AFP Liliana Bakayoko, qui se présente comme l’avocate de Legend Airlines. La compagnie aérienne compte « se porter partie civile si des poursuites sont initiées par le ministère public, ou porter plainte » dans le cas contraire, a-t-elle ajouté.Par deux arrêtés successifs publiés jeudi soir et vendredi matin, le préfet de la Marne a étendu temporairement la zone d’attente des étrangers au hall d’accueil de l’aéroport. Les passagers y disposent, selon la préfecture, de « lits individuels », après avoir dans un premier temps été maintenus dans l’avion, où ils ont pu « se restaurer ». « L’équipe de l’ambassade a obtenu l’accès consulaire. Nous étudions la situation et veillons au bien-être des passagers », a dit l’ambassade d’Inde en France sur X.Plusieurs scénarios pour la suite des événements sont possibles : si l’enquête ne permet pas d’étayer les soupçons de traite d’êtres humains, il n’est pas impossible que l’avion reprenne son itinéraire jusqu’à Managua où les autorités nicaraguayennes décideront si elles admettent sur leur territoire les passagers. S’ils sont refusés, ils devront être réacheminés jusqu’à leur lieu de provenance, c’est-à-dire les Emirats. La compagnie pourrait aussi réacheminer les voyageurs vers les Emirats. Mais, si elle n’a enfreint aucune règle, rien ne l’y oblige. La France peut aussi décider de réacheminer les 303 Indiens aux Emirats en affrétant elle-même un avion. Quoi qu’il en soit, s’ils ne repartent pas rapidement, les voyageurs retenus pourraient être finalement admis sur le territoire français. En effet, la loi prévoit que, placés en zone d’attente internationale, ils doivent être présentés devant un juge des libertés et de la détention dans les quatre jours. Ce dernier peut les libérer s’il n’y a pas de perspective de réacheminement. En outre, le passage devant le juge de plus de 300 personnes en quatre jours ne sera pas sans poser des difficultés pratiques pour le tribunal local.
    Un cas de figure similaire s’était présenté à Toulon après que le navire humanitaire Ocean Viking avait accosté en novembre 2022 avec à son bord 234 migrants secourus en Méditerranée. Ils avaient été placés dans une zone d’attente internationale créée ad hoc. Saturé, le tribunal de Toulon n’avait pas pu tenir des audiences dans les délais impartis et les personnes avaient donc été libérées et admises sur le territoire. Si tel était le cas pour les Indiens à Vatry, ces derniers se verraient alors remettre un visa de régularisation de huit jours et admis dans un pays auquel ils ne se destinaient pas à l’origine. L’aéroport de Vatry, petit aérodrome situé à une vingtaine de kilomètres de Châlons-en-Champagne et à 150 kilomètres à l’est de Paris, a accueilli 62 000 passagers en 2022, essentiellement via des compagnies low-cost, selon l’Union des aéroports français. Il explique sur son site Internet proposer des vols réguliers vers Marrakech et Porto et, plus ponctuellement, vers Faro, Madère et la Jordanie. L’opération « a contraint les autorités à dérouter le vol Marrakech-Vatry de 9 h 40 de la compagnie Ryanair » prévu vendredi, selon la préfecture. Julia Pascual (avec AFP)

    #Covid-19#migrant#migrant#france#emiratsarabes unis#nicaragua#inde#traite#visas#transitaeroportuaire

  • The wealthy Nigerians buying citizenship overseas
    (article paru en 2020, que je me mets ici pour archivage)

    Every year an increasing number of Nigerians flee poverty and unrest at home. Now, rich Nigerians are planning their escape too. And they’re taking their money with them.

    Dapo has spent too long at home in Lagos, Nigeria. Back in October, protests against the SARS police unit kept him from going to his office. “First, we were told to stay at home because of the coronavirus. Then this,” he says.

    A wealthy Nigerian, Dapo, who is in his late 30s, does not want to make himself identifiable by giving his surname and age, lest it draw unwanted attention.

    He has had a “backup plan” for getting out of Nigeria for some time, he says. “I have Maltese citizenship. I can leave for there any time.” With one small obstacle – a 14-day quarantine upon arrival – Dapo could be permanently in Malta any time he pleases. He is not planning to go imminently, but describes it as his “plan b’’.

    Dapo is one of a rapidly growing number of Nigerians who have bought so-called “golden visas” or foreign citizenships-by-investment this year. In his case it was Malta, the Mediterranean island where citizenship can be acquired for a minimum investment of 800,000 euros ($947,180) through the Malta Citizenship by Investment Programme.

    Not that he has any special love for Malta. A record 92 countries around the world now allow wealthy individuals to become residents or citizens in return for a fee, sometimes as low as $100,000 but often several million dollars. It is billed as a “win-win”: The country gets much-needed foreign investment and, in return, the new citizens have new passports that open up more of the world to travel or live in.

    Golden visas are the lesser-reported side of the Nigerian migration story. Every year thousands of Nigerians make their way to Europe via perilous crossings over the Sahara and Mediterranean. Now their wealthier counterparts are also making their way to Europe but via a different route.
    A record year for golden visas

    Whether rich or poor, the reasons for leaving one’s home country are often the same. Fear of political uncertainty at home and hope for better opportunities elsewhere. But 2020 has been exceptional.

    Like Dapo, Folajimi Kuti, 50, was watching the #EndSARS protests from his home in Lagos in October. “I have children, they’re teenagers, and they’re asking me questions like, ‘How did we get here?’” he says, referring to the violence that accompanied demonstrations against the controversial Special Anti-Robbery Squad (SARS).

    Kuti says he has believed for some time that social unrest would boil over in Nigeria, because of issues of poverty and police brutality. “It had been clear for the past two or three years that something was going to happen. It’s happened now in 2020 but, frankly, we’ve been expecting this outburst for a while so it wasn’t a matter of ‘if’. It was a matter of ‘when’.”

    Citizenship or residency abroad has become appealing, he adds. As a financial adviser to the wealthy, Kuti knows the process of applying for one having walked clients through it before. Most of his work involves advising Nigeria’s growing number of millionaires about investments and wealth planning. But now they are asking about foreign citizenships and Kuti himself is tempted by the idea. “Just knowing that if you need to go you certainly could and move without any restriction.”

    The rush for golden visas among rich Nigerians started before October’s SARS protests. At London-based Henley & Partners, one of the world’s largest citizenship advisory firms, applications by Nigerians increased by 185 percent during the eight months to September 2020, making them the second-largest nationality to apply for such schemes after Indians.

    More than 1,000 Nigerians have enquired about the citizenship of another country through Henley & Partners this year alone, which Paddy Blewer, head of marketing, says “is unheard of. We’ve never had this many people contacting us”.

    Many, like Kuti, saw political problems ahead and wanted an escape plan. Others were focused on coronavirus: What if the pandemic overwhelms Nigeria?

    “There is a lack of primary healthcare capacity that would be able to manage with either a second wave or whatever happens in, say, 2025,” says Blewer. “Let’s say there is COVID-21 still going on in 2025 that is of an order or magnitude worse. It’s, ‘Do I want to be based here and only based here, or do I want an alternative base of operations where I believe I will be safer and I will be able to run my global businesses’.

    “And, I think, that’s what COVID has driven.”

    It was in July, when the number of COVID-19 cases in Nigeria escalated, that wealthy Nigerians started looking more seriously at citizenship abroad, experts say. “Those with medical conditions that could not fly out – a lot of them are buying passports just because if there is any problem they can fly out,” says Olusegun Paul Andrew, 56, a Nigerian entrepreneur and investor who spends much of the year in the Netherlands.

    “Flying out” of Nigeria is hard and not just because of the coronavirus pandemic. Just 26 countries allow Nigerian passport holders visa-free entry, many of them part of West Africa’s ECOWAS arrangement. Both the United Kingdom and Europe’s Schengen zone require Nigerians to obtain visas ahead of travelling.

    For the wealthy, this is too much hassle. “They don’t want to be queueing for visas for any EU country or whatever,” says Andrew. Instead, why not purchase the citizenship of a country with visa-free access to Europe?
    To Europe, via the Caribbean

    Bimpe, a wealthy Nigerian who also does not wish to give her full name, has three passports. One Nigerian, which she says she never uses, and two from Caribbean nations: St Kitts and Nevis; and Grenada.

    The St Kitts and Nevis passport, which cost her $400,000 via a real estate investment programme, was useful when she travelled between London and New York on business as it allows for visa-free travel to the UK and Europe. But now that she has retired in Abuja, Bimpe, whose husband has passed away, wants her three adult sons to have the same opportunities to travel and live abroad.

    “My kids were interested in visa-free travel. They are young graduates, wanting to explore the world. So that was the reason for my investment,” she explains.

    Her investment to gain a Grenada passport for herself and her sons took the form of a $300,000 stake in the Six Senses La Sagesse hotel on the Caribbean island, which she bought in 2015 through a property development group called Range Developments. Like most countries offering their citizenship for sale, Grenada allows real estate investments to qualify for a passport.

    Bimpe’s family has lived overseas before – spending nine years in the UK between 2006 and 2015. Of her three sons, she says: “One, for sure now, is never going to leave Nigeria. He loves it here. The second one lives in England. He’s been in England long enough to get British residency. My youngest – for him, living abroad is a very, very attractive option. He’s not very happy [in Nigeria]. He went to England very young – at age 12 – and he’s had a problem adjusting since. He’s been back in Nigeria five years and he’s still not settled.”

    Now aged 26, Bimpe’s youngest son is looking at settling in the UK or in the US where, thanks to his Grenada citizenship, he qualifies for an E-2 visa, something not available to his fellow Nigerians since President Donald Trump’s ban on immigrant visa applications in February. Bimpe believes his career opportunities in acting – he studied Drama in the UK – are better abroad, and therefore considers the Grenada citizenship to be a worthwhile investment.

    Neither Bimpe nor her sons have ever been to Grenada even though their investment allows them to stay on the Caribbean island, once known as The Spice Island. “I intend to go. I would like to go,” she says. “Just when I did [the investment], it was soon after my husband died and I wasn’t in the mood for travel and then I got my passport but there was no good reason for travel due to the pandemic.”

    The Six Senses La Sagesse is being constructed by Range Developments, whose founder and managing director, Mohammed Asaria, says it is not unusual for investors never to visit. In fact, since there is no obligation for citizenship investors to visit Grenada, interest in the scheme has ballooned among Nigerians.

    “We have between high single figures and low double-digit sales of hotel units on a monthly basis to Nigerians. The average investment is just under $300,000,” says Asaria. “It’s a big market for us. And it’s going to get bigger. There are 300 million people [in Nigeria].” Of these, more than 40,000 are millionaires and, therefore, potential customers for golden visas, according to the Knight Frank Wealth Report.

    It is a similar story across the Caribbean. Arton Capital, a citizenship advisory group, says demand from Nigerian families for Antigua and Barbuda citizenship is up 15 percent this year compared with the last.

    St Lucia has also seen a record number of Nigerians applying in 2020. “It’s more than it’s ever been over the past four years,” says Nestor Alfred, CEO of the St Lucia Citizenship-by-Investment Unit.

    The citizenship market is not exclusive to the Caribbean, but these are the cheapest and they maintain that all-important visa-free access to Europe that their clients are hankering after.
    Tax incentives

    “I’m rich but I’m not a Donald Trump. I wasn’t looking for a tax escape,” says Bimpe.

    Investing in a foreign citizenship is not illegal for Nigerians, but the issue of wealthy citizens moving their assets overseas is a thorny one in Nigeria, where about $15bn is lost to tax evasion every year, according to the country’s Federal Inland Revenue Service. Much of that money finds its way to the Caribbean, as was highlighted in the leaked documents that formed part of the Panama Papers in 2016.

    The tax benefits of an overseas citizenship are undoubtedly attractive. Citizens can become tax residents of countries like Dominica, where there is no wealth or inheritance tax, or Grenada which offers “corporate tax incentives”. In Europe, Malta has long been courting hedge funds with its light-touch regulations.

    Being a citizen of a country with a more stable currency is also appealing to the wealthy. “Second citizenship helps with capital mobility. Pull up a graph of the Naira. If you look at the Naira for the last 10 years it’s been a horrible journey,” says Asaria. Better, therefore, in the minds of the wealthy, to own assets in euros or even East Caribbean dollars which are pegged to the US dollar.

    “Businesses are struggling, inflation on the rise, insecurity, and a host of other issues. These issues have prompted an increase in citizenship or residency-by-investment from wealthy Nigerians in a bid to secure a better future for their families in developed countries,” says Evans Ahanaonu, a Lagos-based representative for High Net Worth Immigration, a citizenship advisory firm. Grenada and Turkey are popular for clients wanting quick access to Europe, he adds, while some go straight for the UK Innovator Visa which means setting up a business in the UK.

    Given the number of applications processed by the citizenship advisory firms interviewed just for this article, a conservative estimate would put the amount invested by Nigerians into citizenship schemes at more than $1bn this year alone.
    Where rich and poor migrants meet

    The loss of wealth from Nigeria has severe implications for levels of employment in the country. With wealthy businesspeople investing their capital outside Nigeria rather than in it, there is less funding for local businesses or government projects which might otherwise generate employment. This, in turn is causing more poorer Nigerians to want to move overseas as well, in search of better work opportunities, a trend backed up by the findings of a 2018 survey by Afrobarometer, the data analysis group.

    Just before the pandemic struck, Kingsley Aneoklloude, 35, was able to make his way to Europe, but via a very different route.

    He was working as a mechanic in his village in Edo State, one of the country’s poorer provinces which have been untouched by oil wealth, where he earned 1,500 naira ($3.95) a week.

    The salary was poor but the final straw was police brutality. Aneoklloude was briefly employed as a local election monitor during the 2015 presidential elections. He says he was pressured by representatives of a political party to manipulate ballot papers, but refused, after which he became afraid for his safety. “I left because they were chasing me. Honestly, they come and chase me,” he says.
    Libya migrant business

    First, he went to Kano State in the north of Nigeria. Then, in December 2019, Aneoklloude made the dangerous journey to Europe via Niger, then Libya, “where there was a heavy war in Tripoli”, before crossing the Mediterranean.

    While adrift on the Mediterranean Sea, his small boat was rescued by Open Arms, an NGO which helps refugees and migrants crossing the Mediterranean. Their ship docked in Lampedusa, one of the Italian Pelagie Islands, where Aneoklloude’s asylum application for Germany was processed.

    Now in Potsdam, Germany, he is waiting to hear the outcome of his application for new citizenship and a job. “I have a nine-month contract for work, but they need the immigration officer to sign the contract before I start,” he explains.

    At 35, Aneoklloude is just a few years younger than Dapo. Both have witnessed police brutality from different angles, and both saw the Mediterranean as their way out.

    But now, with Nigeria’s economy officially in another recession, more will likely follow. It is a dangerous spiral: The more wealth taken out of Nigeria, the fewer jobs available to its poorest.

    https://www.aljazeera.com/features/2020/12/10/wealthy-nigerians-buying-citizenship-overseas

    #visas #golden_visas #Nigeria #migrants_nigérians #réfugiés_nigérians #riches #pauvres #migrations #asile #réfugiés #Malte #foreign_citizenships-by-investment #citoyenneté #Henley_&_Partners

  • Privés de visas, les étudiants sahéliens victimes collatérales des tensions entre la France et les régimes putschistes
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/12/05/prives-de-visas-les-etudiants-saheliens-victimes-collaterales-des-tensions-e

    Privés de visas, les étudiants sahéliens victimes collatérales des tensions entre la France et les régimes putschistes
    Malgré une inscription dans une université française, de nombreux Burkinabés, Maliens et Nigériens ont dû renoncer. Paris se défend de toute une mesure de rétorsion.
    Par Coumba Kane
    « Pour nous, cette année, c’est fini la France », souffle Fodé*. Admis à l’université d’Angers en licence économie et gestion, le jeune Burkinabé n’ira pas étudier dans l’Hexagone. Jusqu’au 30 septembre, date butoir pour rejoindre la faculté angevine, Fodé a espéré partir. Mais, à l’instar de centaines d’autres étudiants du Burkina Faso, mais aussi du Niger et du Mali, également inscrits dans des établissements français, il n’a pas pu déposer sa demande de visa. Depuis cet été, les services consulaires français sont fermés dans ces pays dirigés par des juntes, « pour des raisons de sécurité », justifie-t-on au ministère des affaires étrangères.
    La mesure a été annoncée en septembre en pleine crise diplomatique entre la France et le Niger. Après la prise de pouvoir par les militaires fin juillet, Paris a refusé de reconnaître les nouvelles autorités, qui maintiennent toujours le président Mohamed Bazoum captif. Les tensions ont abouti au départ précipité des troupes françaises et de l’ambassadeur de France.
    Pris au piège de ces dissensions politiques, les étudiants des Etats concernés oscillent entre désespoir et incompréhension. La sélection est si rude que Fodé pensait avoir fait « le plus dur » en réussissant à obtenir une admission via Campus France, l’agence française de promotion à l’étranger de l’enseignement supérieur français et de l’accueil des étudiants étrangers en France. (...)
    Côté français, on confirme le statu quo tout en se défendant d’avoir pris une mesure de rétorsion contre des régimes militaires qui affichent leur hostilité à la France. « Il ne faut pas inverser les responsabilités, ce sont les juntes qui portent atteinte à nos relations. Nous souhaitons préserver les liens avec les forces vives de ces sociétés, notamment les étudiants », réagit-on au Quai d’Orsay. Le ministère affirme ne pas avoir « de visibilité sur la suite », mais assure réévaluer « les conditions sécuritaires dans ces pays, de façon à ajuster au mieux la mesure ». Signe d’une légère accalmie, les services de Campus France ont rouvert le 1er octobre au Mali et au Burkina Faso. Les étudiants de ces pays peuvent à nouveau tenter une admission en France pour la prochaine année universitaire… sans garantie d’obtenir un visa. Reste à savoir si ceux qui avaient déjà été admis, devront reprendre la fastidieuse procédure à zéro. « Nous n’avons pas d’information sur ce point », répond-on à Campus France.
    Au Niger, où la plateforme demeure fermée « pour des raisons de sécurité », l’horizon apparaît plus incertain. Chaque fois qu’il passe devant le consulat français à Niamey, Houzaifa Hamma Issaka a le « cœur qui se serre ». L’étudiant nigérien titulaire d’une licence en droit avait obtenu une inscription à l’université de Nice. Il se préparait à déposer sa demande de visa quand le coup d’Etat s’est produit. « Mes démarches administratives m’ont coûté 150 000 francs CFA (228 euros), soit cinq fois le salaire moyen. Rien ne m’a été remboursé et je me retrouve sans perspectives d’études », se désole l’étudiant qui visait un master en droits humains.
    Comme lui, près d’une centaine de Nigériens admis dans des établissements publics et privés français a perdu une année universitaire. Désemparés, certains ont tenté, en vain, de déposer leur demande de visa au Bénin voisin. « J’ai fait 1 000 km pour tenter ma chance. Mais l’agent a refusé, car je n’ai pas de certificat de résidence. Pourquoi ne pas numériser les demandes ? », s’interroge Ibrahim Maiga. « L’option dématérialisée pour le dépôt d’un visa n’est pas possible ni au Sahel ni ailleurs, répond le ministère des affaires étrangères qui argue d’une procédure immuable. Lors du dépôt du dossier, les données biométriques des demandeurs sont prises, le passeport récupéré afin qu’on y accole une vignette. »Certains étudiants sahéliens, bénéficiaires d’une bourse française, ont néanmoins eu plus de chance. Visés par la mise à l’arrêt de la mobilité internationale fin août suite à la « suspension de l’aide au développement », ils avaient appris quelques jours avant leur départ pour la France l’annulation de leur séjour de recherche. Puis, début octobre, la mesure, dénoncée dans les milieux académiques, avait été levée pour leur permettre de se rendre en France.Koffi, étudiant en géographie à l’université de Ouagadougou, était attendu le 1er septembre à Paris-1 La Sorbonne. Mais deux jours avant, il a reçu un mail lapidaire. « En quelques lignes, on m’a expliqué que mon séjour d’études était annulé. Pourtant j’avais un visa, un logement. Ça a été un choc. » Le 1er novembre, il a finalement pu s’envoler pour Paris avec son visa initial de six mois. « Je vais pouvoir étudier jusqu’à fin janvier. Je suis bien loti car certains boursiers ont perdu beaucoup de temps avec ces restrictions. » En effet, malgré le déblocage de la situation, les durées de visa n’ont pas été allongées.
    Doctorant en géographie et titulaire d’une bourse octroyée par l’ambassade de France, Hamidou Zougouri bénéficiait d’un visa courant de septembre à décembre. Mais il n’a pu se rendre à Paris que début octobre. « J’ai perdu un mois de recherche » explique-t-il par téléphone, à peine rentré de France. « J’ai tout de même travaillé au mieux grâce à l’investissement de mon directeur de thèse », se réjouit l’étudiant rattaché au CNRS. « Mais il aurait fallu nous informer de cette décision des semaines à l’avance pour qu’on s’organise. On a eu l’impression que la France nous abandonnait en plein vol. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#niger#mali#burkina#sahel#etudiant#visas#politiquemigratoire#crise

  • Ouganda : Washington va restreindre les visas des responsables qui appliquent une loi anti-LGBT+
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/12/05/ouganda-washington-va-restreindre-les-visas-des-responsables-qui-appliquent-

    Ouganda : Washington va restreindre les visas des responsables qui appliquent une loi anti-LGBT+
    La diplomatie américaine cible les dirigeants qui répriment également les défenseurs de l’environnement, des droits humains et les journalistes.
    Le Monde avec AFP
    Les Etats-Unis ont annoncé, lundi 4 décembre, qu’ils refuseront d’accorder des visas aux responsables ougandais qui appliqueraient une loi anti-homosexualité controversée, promulguée dans le pays d’Afrique de l’Est en mai et qui comprend des sanctions allant jusqu’à la peine de mort. Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a déclaré que la mesure concernerait les responsables ougandais, qu’ils soient encore en activité ou non, et les membres de leur famille, s’il s’avère qu’ils ont joué un rôle dans la « répression de membres de populations marginalisées ou vulnérables ». « Ces groupes comprennent entre autres les défenseurs de l’environnement, les défenseurs des droits humains, les journalistes, les personnes LGBTQI + et les responsables d’organisations civiles, détaille M. Blinken dans un communiqué. Une fois de plus, j’encourage vivement le gouvernement ougandais à faire des efforts pour défendre la démocratie et pour respecter et protéger les droits humains, afin que nous puissions maintenir le partenariat qui existe depuis des décennies entre nos deux pays et qui a profité aux Américains comme aux Ougandais. »Dès l’adoption de la loi, le président américain Joe Biden avait appelé à son abrogation immédiate et menacé de réduire les aides et investissements américains en Ouganda. Le texte prévoit de lourdes sanctions allant jusqu’à la prison à perpétuité, voire la peine de mort, pour les personnes ayant des relations homosexuelles et faisant la « promotion » de l’homosexualité. Incluse dans la législation ougandaise, la peine capitale n’est cependant plus appliquée depuis des années.Il y a dix ans, l’Ouganda avait annulé une autre loi qui imposait la perpétuité pour des personnes ayant eu des relations homosexuelles, après que des donateurs internationaux, dont les Etats-Unis, eurent réduit leur aide financière.
    Cette nouvelle décision en matière de visas, qui ne cite publiquement aucun nom, est une extension des restrictions imposées à l’Ouganda en raison d’irrégularités présumées lors de la présidentielle de 2021. Yoweri Museveni, président depuis 1986, avait obtenu un nouveau mandat lors de ce scrutin. Parallèlement, M. Blinken a également annoncé que les Etats-Unis refuseront de délivrer des visas à toute personne ayant compromis le processus électoral au Zimbabwe en août. Ce scrutin contesté a permis la reconduction du président Emmerson Mnangagwa, dont le parti dirige le pays depuis plus de quarante ans.

    #Covid-19#migrant#migration#ouganda#etatsunis#visas#LGBT#sante#droit#vulnerabilite

  • Sénégal : 27 organisations de la société civile fustigent la procédure de demande de visa
    https://www.dakaractu.com/Senegal-27-organisations-de-la-societe-civile-fustigent-la-procedure-de-d

    Sénégal : 27 organisations de la société civile fustigent la procédure de demande de visa
    Au Sénégal, vingt-sept organisations de la société civile réclament la réforme de la procédure de demande de visas français, mais aussi anglais, canadiens, sud-africains ou espagnols. Dans sa parution de ce mardi 30 novembre, le quotidien Libération nous apprend que ces organisations de la société civile dénoncent une injustice dans le traitement des demandes entre les pays du Nord et ceux du Sud. Mais surtout l’externalisation de ces demandes par les États et la mise en place de véritables trafics de rendez-vous.
    Dans cette lettre adressée à cinq ambassades européennes, mais aussi à celles d’Afrique du Sud ou des États-Unis, les signataires dénoncent un véritable parcours du combattant totalement opaque pour obtenir un visa. Principale cible des attaques : la gestion des demandes de visas par des prestataires privés. Ce qui devait servir à désengorger les consulats et éviter les passe-droits et les longues files d’attente.
    Selon Marina Kabu, membre du collectif des organisations de la société civile pour la protection des droits des migrants à l’initiative de cette pétition, « un véritable trafic s’est installé, non - pas pour obtenir un visa, mais déjà pour avoir un rendez-vous au consulat pour déposer un dossier : cela peut se monnayer jusqu’à 600 euros. Combien d’universitaires, d’hommes d’affaires, de patients, d’étudiants, de parents n’ont pas pu se déplacer pour se soigner ou pour participer à des forums, parce que tout simplement nous ne pouvons pas trouver de rendez-vous », s’indigne-t-elle à la page 2 de Libé.
    Les 27 organisations signataires exigent donc la fin des prestataires privés au profit d’une procédure en ligne plus transparente et égalitaire, où le refus de visa serait motivé. Ces organisations demandent aussi la réciprocité : à savoir le même traitement pour les Européens qui souhaiteraient se rendre au Sénégal. Mouhamadou Moustapha GAYE

    #Covid-19#migration#migrant#senegal#droit#visas#consulat#espagne#france#afriquedusud#canada#etatsunis

  • Derrière l’afflux de migrants au Nicaragua, le business des vols charters
    https://www.dakaractu.com/Derriere-l-afflux-de-migrants-au-Nicaragua-le-business-des-vols-charters_

    Derrière l’afflux de migrants au Nicaragua, le business des vols charters
    Derrière l’afflux de migrants au Nicaragua, le business des vols charters
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    L’afflux de migrants cubains et haïtiens au Nicaragua, d’où ils tentent ensuite de rallier les Etats-Unis, a provoqué ces derniers mois une forte hausse des vols charters vers Managua, poussant Washington à imposer des sanctions à leurs opérateurs. Irma Perez, une Cubaine de 28 ans, est arrivée le 9 octobre avec sa famille à Managua à bord d’un vol charter de la compagnie mexicaine Viva Aerobus parti de Holguin, à 700 km de La Havane."Nous avons fait escale à Cancun (port mexicain) 45 minutes, sans descendre de l’avion, et de là à Managua", a-t-elle raconté à l’AFP depuis Mexico où elle s’est ensuite rendue avec son mari et son fils après avoir payé les services d’un passeur. Elle espère de là pouvoir entrer aux Etats-Unis.Plusieurs migrants cubains interrogés par l’AFP ont raconté avoir voyagé avec la même compagnie, expliquant qu’il s’agissait de vols charters, affrétés par de petites agences de voyage.Interrogée par l’AFP, Viva Aerobus n’a pas donné suite, alors que sur son site aucun vol n’est proposé pour relier Cuba au Nicaragua.Irma Perez a expliqué avoir déboursé 1.250 dollars pour son billet, autant pour son mari et 350 dollars pour son fils d’un an, sans compter les 2.100 dollars payés au passeur.
    L’apparition de vols charters pour répondre aux besoins des migrants « est un phénomène relativement nouveau », explique à l’AFP Manuel Orozco, directeur des questions migratoires au Dialogue interaméricain, un groupe de réflexion basé à Washington. Le Nicaragua, allié de La Havane, n’exige plus de visa pour les Cubains depuis novembre 2021. Depuis lors, 421.000 Cubains, un record, sont entrés de manière irrégulière aux Etats-Unis, selon des chiffres officiels américains, en grande majorité par voie terrestre depuis le Nicaragua. En parallèle et face à un afflux croissant, le Panama et le Costa Rica leur ont imposé début 2022 un visa de transit. Les vols charters ont alors augmenté de Cuba vers le Nicaragua.
    Selon un rapport du Dialogue interaméricain, une moyenne mensuelle de 50 vols charters ont atterri à Managua depuis La Havane entre janvier et octobre 2023, tandis que ce type de vols est passé de 30 en août à 130 en octobre entre Port-au-Prince et la capitale du Nicaragua.
    « Le Nicaragua a représenté un pont pour près de 100.000 personnes » migrantes depuis janvier, évalue le rapport. Manuel Orozco estime que les opérateurs de ces lignes et les autorités aéroportuaires nicaraguayennes ont fait « un calcul économique » pour un « bénéfice mutuel ».Des petites compagnies régulières se sont même intégrées à ce marché. Un comptable cubain de 37 ans a raconté avoir payé en octobre 1.800 dollars pour un vol avec Aruba Airlines, dont la page internet propose la vente de billets à travers un numéro WhatsApp. Il a voyagé depuis La Havane jusqu’à Managua avec une escale à Aruba, île néerlandaise des Caraïbes.
    Les annonces pullulent sur Facebook : « Billets disponibles Havane-Nicaragua (...) prix pour les familles, vols charters et réguliers », dit l’une d’elles.
    Début novembre, Brian Nichols, le vice-secrétaire d’Etat américain, a fait part de sa préoccupation face à l’augmentation « spectaculaire » de ces vols, et mardi Washington a annoncé restreindre les visas pour les « propriétaires, directeurs et responsables » des entreprises opérant ces vols.
    Le vice-ministre cubain des Affaires étrangères, Carlos Fernandez de Cossio, a cependant récemment assuré que le nombre de vols avait baissé. « Cette situation (...) n’est plus la même », a-t-il déclaré. Fin octobre, le Mexique a à son tour annoncé imposer un visa de transit aux Cubains dans ses aéroports, rendant plus difficiles les routes des charters qui ont peu à peu diminué.Un chauffeur de taxi de Managua, qui consulte tous les jours le site de l’aéroport pour son travail, a indiqué sous anonymat à l’AFP avoir constaté que « 22 à 23 avions quotidiens avec des migrants (arrivaient) il y a quelques semaines, contre six aujourd’hui ». Malgré le programme américain « Parole » qui vise à faciliter la migration légale, l’arrivée irrégulière de Cubains et d’Haïtiens aux Etats-Unis a connu un rebond depuis août. Entre janvier et octobre, 108.000 Cubains et 165.000 Haïtiens sont ainsi arrivés de manière irrégulière dans le pays. « Le programme +Parole+ ne couvre pas la demande migratoire », constate l’expert du Dialogue interaméricain.

    #Covid-19#migrant#migration#nicaragua#haiti#etatsunis#cuba#mexique#emigration#visas#transit#charters

  • Sous l’influence de l’extrême droite, le gouvernement suédois contraint des milliers de travailleurs étrangers à quitter le pays
    https://www.liberation.fr/international/europe/sous-linfluence-de-lextreme-droite-le-gouvernement-suedois-contraint-des-

    Après l’élection générale de septembre 2022, marquée par le succès des Démocrates de #Suède (#extrême_droite) devenus la deuxième force politique du pays, le royaume scandinave a pris un virage droitier sur sa politique migratoire. La feuille de route du gouvernement en témoigne : l’accord de coalition Tidö présente 18 pages sur 62 consacrées à « l’#immigration et l’intégration », de loin le chapitre le plus long.

    La mise en application n’a pas tardé. Depuis le 1er novembre 2023, le salaire minimum requis pour demander un #visa_de_travail a doublé , passant de 13 000 à 27 360 couronnes suédoises (environ 2 390 euros) pour les ressortissants extra-européens. Selon l’agence de l’immigration suédoise, ce sont 14 991 visas qui ne pourront pas être renouvelés « à moins de trouver un emploi payé au nouveau seuil », détaille son porte-parole, Robert Haecks. La plupart sont des travailleurs modestes employés dans la restauration, le nettoyage, le BTP, ou encore l’agroforesterie.

    un autre visage de l’immigration choisie, et peut-être, outre des « départs volontaires » et des expulsions, une fabrique de sans papier, encore plus corvéables.
    #étrangers #Europe #droits_des_étrangers #droit_au_séjour

  • « Le manque d’immigration de travail handicape la France »

    Les économistes #Madeleine_Péron et #Emmanuelle_Auriol constatent, dans une tribune au « Monde », que le pays se prive d’une immigration nécessaire à sa croissance et soulignent que le débat se concentre sur des aspects identitaires et sécuritaires, omettant que les arrivées d’étrangers en France se situent sous la moyenne européenne.

    A l’occasion du projet de loi déposé par le gouvernement, le débat sur l’immigration a resurgi dans l’actualité. Sans surprise, les volets sécuritaire et identitaire y tiennent une place prépondérante, éclipsant certaines réalités économiques qu’il faudrait pourtant prendre en compte pour permettre un véritable débat démocratique. Car l’immigration pour motif économique est portion congrue en France, et notre pays se prive, pour de mauvaises raisons, d’un fort potentiel de croissance à long terme et, à court terme, de substantiels bénéfices économiques et sociaux.

    Contrairement à une idée reçue, la France est un pays de faible immigration ! Le flux annuel d’immigrés entrants était de 316 174 personnes en 2022, selon le ministère de l’intérieur, soit environ 0,45 % de la population française. En dehors des regroupements familiaux, les possibilités d’une immigration de travail sont réduites pour les ressortissants extracommunautaires.

    De ce fait, l’immigration pour motif économique est négligeable dans notre pays : en 2022, elle représentait seulement 16 % des nouveaux visas délivrés, souvent au prix de batailles administratives à l’issue incertaine pour le candidat à l’immigration et pour son potentiel employeur. Et ce, alors même que, selon l’enquête « Besoins en main-d’œuvre 2023 » de Pôle emploi, 61 % des recrutements sont jugés difficiles, principalement par manque de candidats et de compétences adéquates.

    Les #bienfaits d’une immigration de travail sont considérables à court terme, pour répondre à des tensions fortes et persistantes dans certains secteurs cruciaux tant pour notre économie que pour notre vie quotidienne. Les métiers dits « en tension » s’observent ainsi à tous les niveaux de qualification : il nous manque aussi bien des ouvriers spécialisés que des médecins, des cuisiniers, des infirmiers, des banquiers ou encore des informaticiens. Dès lors, la faible immigration de travail en France est un #problème_économique majeur. Faute de personnels, des services d’urgences ferment, des citoyens âgés dépendants sont privés de soins, des entreprises renoncent à créer de l’activité, voire ferment ou se délocalisent.

    Pourtant, les études réalisées par le Conseil d’analyse économique montrent que l’immigration de travail a, à court terme, un impact négligeable sur les #finances_publiques, dans la mesure où les immigrés travaillent, cotisent et paient des impôts. A long terme, l’#immigration_de_travail, en particulier qualifiée, stimule la #croissance en favorisant l’#innovation, l’#entrepreneuriat et l’insertion dans l’économie mondiale. Comment imaginer que les politiques de #réindustrialisation et d’adaptation au #changement_climatique pourront se faire dans une économie fermée, notamment à la recherche internationale ? Les idées et les innovations ne circulent pas dans l’éther, elles sont portées par des personnes.

    Confusion générale

    La France n’a pas de politique d’immigration, notamment économique. Notre pays subit de plein fouet une #pénurie de main-d’œuvre et se prive des bienfaits à long terme de l’immigration de travail. A l’instar de ce qu’ont fait des pays comme le Canada, l’Australie ou l’Allemagne, il est grand temps de changer nos législations et de mettre en œuvre une véritable politique d’immigration économique. Le Conseil d’analyse économique avait déjà, en novembre 2021, formulé plusieurs recommandations visant à mettre en place une politique migratoire ambitieuse au service de la croissance.

    On peut citer la poursuite des efforts destinés à numériser, centraliser et systématiser le traitement des #visas de travail émanant des entreprises avec des critères d’admissibilité clairs et prévisibles, une évaluation du dispositif « #Passeport_talent » afin de renforcer son efficacité et d’intensifier son octroi, et la facilitation de la transition études-emploi en fluidifiant et en étendant l’accès à des titres de séjour pour les étudiants, sans y adjoindre de critères de salaire minimum, ni d’adéquation du travail aux qualifications.

    Le débat sur l’immigration est monopolisé par des partis politiques qui ont fait de la lutte contre l’immigration leur fonds de commerce. En faisant des amalgames entre immigration, perte d’identité, délinquance et terrorisme, ils laissent à penser que l’immigration est un #fardeau. Le faible volume d’immigration de travail et l’absence d’un discours politique clair sur le sujet contribuent à la confusion générale. Il est, de ce point de vue, frappant de constater que le nouveau projet de loi sur l’immigration aborde pêle-mêle accueil des réfugiés, expulsion de délinquants, immigrés en situation irrégulière et tension sur le marché du travail.

    En abandonnant le débat à des partis politiques dont l’objectif n’est pas, de toute évidence, la croissance, on projette l’image d’une opinion publique uniformément hostile à toute forme d’immigration. Or les Français ne sont pas dupes : ils sont même favorables à l’immigration intracommunautaire et n’ont pas de problème avec l’immigration de travail. Ainsi, dans le baromètre 2022 de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, 83 % des personnes interrogées affirment que les immigrés de travail doivent être considérés comme chez eux en France.

    On manque de bras et de compétences partout sur le territoire. Cette situation constitue un frein à notre économie et, quand il s’agit de médecins et d’infirmiers, un péril pour la sécurité et la santé des Français. Alors que même la Hongrie de Viktor Orban s’organise pour accueillir des travailleurs étrangers, et que l’Italie de Giorgia Meloni prévoit d’accorder 122 705 visas extracommunautaires en 2023, la classe politique française est paralysée. Il est grand temps que l’Etat reprenne la main sur la #politique_migratoire. Les enjeux, tant de court terme pour les #secteurs_en_tension que de long terme pour la croissance et l’innovation, sont vitaux pour notre pays.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/17/le-manque-d-immigration-de-travail-handicape-la-france_6200707_3232.html
    #travail #immigration #migrations #France #économie #main_d'oeuvre

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