• Keir Starmer promet de réduire « significativement » la migration légale au Royaume-Uni
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/05/12/immigration-keir-starmer-promet-de-reprendre-le-controle-des-frontieres-brit
    https://img.lemde.fr/2025/05/11/1/0/6559/4372/1440/960/60/0/4116834_ftp-import-images-1-ayyms81ejvhu-abcc3139baf64fa3b7b1b9cb627640b6-

    Keir Starmer promet de réduire « significativement » la migration légale au Royaume-Uni
    Par Cécile Ducourtieux (Londres, correspondante)
    « Reprendre le contrôle des frontières. » Keir Starmer est le dernier dirigeant britannique en date à formuler cette promesse, l’une des principales du Brexit, mais qu’aucun de ses prédécesseurs – Theresa May, Boris Johnson, Liz Truss ou Rishi Sunak – n’a réussi à tenir. Lundi 12 mai, lors d’une conférence de presse à Downing Street, le premier ministre (travailliste) a, à son tour, assuré vouloir réduire « significativement » la migration légale au Royaume-Uni, tranchant avec la ligne traditionnelle de la gauche britannique.
    Un Livre blanc, publié ce même jour par son gouvernement, recommande la limitation drastique des délivrances de visas, un parcours bien plus ardu pour prétendre à la nationalité britannique et la facilitation des expulsions pour toute personne condamnée.
    Pour Downing Street, il s’agit d’en finir avec un marché du travail très dépendant des travailleurs étrangers et d’encourager les employeurs à recruter des Britanniques. Dans les secteurs de la santé (le fameux National Health Service, NHS) et de l’assistance aux personnes dépendantes, près de 100 000 visas ont été délivrés à des assistants, à des infirmiers ou à des médecins étrangers en 2023, davantage qu’à tout moment de l’histoire récente du pays. Toujours en 2023, près d’un million d’arrivées nettes de personnes disposant de visas ont été enregistrées, là encore un niveau record.
    « Cela n’a rien à voir avec un contrôle [des frontières], c’est le chaos », a jugé Keir Starmer, qui a promis d’en finir avec cette « expérimentation d’ouverture des frontières » des précédents gouvernements conservateurs. Son coup de volant à droite est aussi une réponse à la montée apparemment inexorable du parti d’extrême droite Reform UK, qui a réussi une percée historique aux élections locales du jeudi 1er mai, en prenant le contrôle de dix collectivités locales, et en ravissant deux postes de maire et un poste de député. La formation, dirigée par le très charismatique Nigel Farage, se nourrit d’un discours antimigrants et, dans un dernier sondage, publié jeudi 8 mai par l’institut Find Out Now, elle devance le Labour de 13 points (et les conservateurs de 17 points).
    Le gouvernement Starmer veut restreindre la délivrance de visas de travail aux personnes détenant un diplôme universitaire. Des visas pour des emplois moins qualifiés pourront toujours être émis, à condition que les secteurs concernés souffrent de forts déficits de main-d’œuvre et que les employeurs s’engagent en parallèle à augmenter les recrutements de nationaux.
    D’ici à 2028, les recrutements de personnels étrangers dans les maisons de retraite ne seront plus permis. Les détenteurs d’un visa devront par ailleurs patienter dix ans (et non plus cinq) pour réclamer un droit de séjour permanent. Les étudiants étrangers ne pourront plus rester que dix-huit mois au Royaume-Uni après avoir décroché leur diplôme. Enfin, le gouvernement veut pouvoir expulser, non seulement, les personnes ayant été condamnées à au moins un an de prison, mais toutes celles qui se sont rendues coupables d’un crime ou même d’une infraction.
    L’équation du Labour semble simple : plus de 20 % des 16-64 ans sont inactifs au Royaume-Uni, il s’agit de recruter davantage dans ce réservoir de main-d’œuvre. La réalité est bien plus complexe : des dizaines de milliers de personnes ne travaillent pas à cause de problèmes de santé et ne parviennent pas à se faire soigner car le NHS croule sous les demandes. Bien d’autres sont découragées par des emplois précaires, mal payés et peu considérés (notamment dans l’assistance aux personnes âgées).
    Les mesures préconisées par le gouvernement Starmer tranchent avec des années de présupposé travailliste selon lequel l’immigration autorisée est bonne pour la croissance. « La théorie selon laquelle une augmentation de la migration entraîne nécessairement une croissance plus forte a été mise à l’épreuve ces quatre dernières années. Nous avons enregistré des soldes migratoires records quand les précédents gouvernements ont perdu le contrôle, mais la croissance a stagné. Ce lien [entre migration et croissance] ne tient donc pas la route », a objecté Keir Starmer.
    Le Royaume-Uni risque de devenir une « île [peuplée] d’étrangers » sans contrôle migratoire, a ajouté le dirigeant, un ex-avocat des droits humains. Des propos que n’auraient pas reniés ses prédécesseurs conservateurs et qui ont fait bondir : Steve Smith, le directeur de l’association d’aide aux migrants Care4Calais, les a jugés « dangereux » sur la BBC, ajoutant : « Le premier ministre a-t-il oublié les émeutes de l’extrême droite, l’été dernier ? »
    En août 2024, le pays a été secoué par dix jours de manifestations violentes, alimentées par de fausses rumeurs sur l’identité du coupable de la tuerie de Southport, soupçonné d’être un migrant. La rhétorique du premier ministre « imite les excès de l’extrême droite » a dénoncé la députée Labour Nadia Whittome. Elle risque aussi d’augmenter le malaise chez les travaillistes : de nombreux élus ne se reconnaissent plus dans les choix gouvernementaux et selon les médias britanniques, 80 députés Labour seraient prêts à voter contre des coupes prévues par Downing Street dans l’aide aux handicapés, lors d’un scrutin prévu en juin au Parlement.
    « Le jour où Keir Starmer tente de réagir à Reform UK, 250 jeunes hommes ont déjà traversé le channel à 8 heures du matin. Combien parmi eux sont des terroristes iraniens ? », s’est interrogé Nigel Farage, lundi, sur le réseau social X, confondant sans vergogne migration légale et illégale. Il est vrai que sur ce deuxième front, plus de 10 000 personnes ont déjà traversé la Manche en « small boats » depuis début 2025, en hausse de 40 % par rapport à la même période en 2024. Et Reform UK affûte probablement déjà ses flèches en prévision du premier sommet entre le Royaume-Uni et l’Union européenne depuis le Brexit, le 19 mai, à Londres. Londres pourrait y céder à une demande pressante de Bruxelles d’autoriser un programme de mobilité des étudiants européens au Royaume-Uni, en échange d’un partenariat dans la défense et la sécurité.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#immigration#politiquemigratoire#migrationqualifiee#visas#personnelmedical#sante#NHS

  • Londres va restreindre les visas pour les Pakistanais, les Sri-lankais et les Nigérians - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64411/londres-va-restreindre-les-visas-pour-les-pakistanais-les-srilankais-e

    Londres va restreindre les visas pour les Pakistanais, les Sri-lankais et les Nigérians
    Par La rédaction Publié le : 07/05/2025
    Les Travaillistes prévoient d’imposer des restrictions concernant la délivrance de visas de travail et de visas étudiants. Pourquoi ces trois nationalités sont-elles visées en particulier ? Parce qu’elles sont les plus susceptibles de rester après l’expiration de visa - pour ensuite déposer une demande d’asile, selon le gouvernement.
    Le gouvernement britannique prévoit de restreindre les visas pour les ressortissants de pays comme le Pakistan, le Nigeria et le Sri Lanka, dans le cadre d’un durcissement de sa politique migratoire, a indiqué mardi 6 mai une source gouvernementale.
    Confronté à la montée du parti anti-immigration Reform UK, le gouvernement travailliste de Keir Starmer doit présenter la semaine prochaine une feuille de route afin de réduire l’immigration nette, qui a atteint 728 000 personnes l’an dernier.Londres prévoit d’imposer des restrictions concernant la délivrance de visas de travail et de visas étudiants à ces trois nationalités. Pourquoi ? Parce qu’elles sont les plus susceptibles de rester après l’expiration de leur titre de séjour - pour ensuite déposer une demande d’asile, selon les autorités.
    « Pour lutter contre les abus de ressortissants étrangers […] nous dressons le profil de ces personnes afin de les identifier plus tôt et plus rapidement », a déclaré un porte-parole du ministère de l’Intérieur. « Notre système de visas fait l’objet d’une surveillance constante et nous n’hésiterons pas à prendre des mesures si nous détectons des tendances susceptibles de porter atteinte à nos règles en matière d’immigration ». Le Labour du Premier ministre a perdu du terrain la semaine dernière lors d’élections locales face au parti Reform UK de Nigel Farage, qui fait campagne notamment sur l’échec du gouvernement à faire baisser les arrivées de migrants traversant la Manche sur des embarcations de fortune.
    Selon des chiffres officiels publiés le mois dernier, les demandes de visas de travail et de visas étudiants ont chuté de plus d’un tiers entre mars 2024 et mars 2025, passant de 1,24 million à 772 000.
    La raison de ces chutes : l’ancien gouvernement conservateur de Rishi Sunak avait interdit le regroupement familial pour les étudiants et pour les travailleurs étrangers employés dans le secteur de la santé. Cette mesure phare n’a pas été retoquée par le nouveau gouvernement travailliste. De plus, pour obtenir un visa, Londres a aussi augmenté le niveau de salaire requis pour les travailleurs étrangers qualifiés.
    Autre restriction : depuis le mois d’avril, les établissements de santé au Royaume-Uni doivent aussi puiser dans les effectifs de travailleurs étrangers au chômage qui se trouvent déjà dans le pays – avant d’en recruter d’autres dans les pays tiers.Ces deux dernières années, le secteur de la santé britannique est devenu tributaire des travailleurs étrangers pour faire face au manque de personnel. Rien qu’à l’hôpital public anglais (HNS), un quart des employés vient de l’étranger. Le NHS déplore actuellement 112 000 postes vacants, un chiffre qui atteindrait 360 000 en 2037. Selon l’OCDE, le Royaume-Uni est l’un des pays développés les moins bien dotés en personnel médical, avec 3,2 médecins pour 1 000 habitants (contre 3,4 en France) et 8,7 infirmières pour 1 000 habitants (contre 11,3 en France). Outre le domaine de la santé, les patrons de grands groupes installés au Royaume-Uni avaient interpellé l’ancien Premier ministre Rishi Sunak l’année dernière : ils redoutaient que ces politiques migratoires soient des freins à l’embauche et accélèrent la fuite des cerveaux vers d’autres pays comme les États-Unis ou le Canada.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#politiquemigratoire#visas#sante#personnelmedical#NHS

  • Il ricatto europeo targato #Frontex sui rimpatri “volontari” dei migranti

    In sei anni il numero di persone straniere a cui l’Agenzia ha dato supporto per “ritornare” è aumentato del 2.181%. Con un #budget superiore al miliardo di euro, le “divise blu” sono le vere protagoniste della politica europea sulle frontiere.

    “Giro per strada e mi vergogno. Tutti sanno che non ce l’ho fatta e che non sono riuscito a restituire neanche i soldi necessari per pagare il mio viaggio per l’Europa”. Nuha sospira mentre descrive una quotidianità difficile a Sukuta, città del Gambia che dista una ventina di chilometri dalla capitale Banjul. “Non ho un lavoro stabile e anche se sono passati tanti anni spesso ripenso al giorno in cui sono stato rimpatriato -racconta-. Non avevo commesso nessun reato: solo una volta non ho pagato il biglietto dell’autobus ma sono tornato nel mio Paese con le manette ai polsi”.

    Era il novembre 2019 e dopo cinque anni vissuti tra Italia e Germania, Nuha è stato rimpatriato su un volo gestito da Frontex. Come lui, negli ultimi dieci anni, altri 1.158 cittadini gambiani sono tornati nel loro Paese con l’assistenza dell’Agenzia europea della guardia di frontiera e costiera, che nel 2025 ha superato per la prima volta dalla sua istituzione il miliardo di euro di budget.

    “Soffrono molto”, sottolinea Bakary Camara, direttore sanitario dell’ospedale psichiatrico Tanka Tanka che si trova proprio a Sukuta, nella città in cui vive Nuha. “Spesso vengono ricoverati qui per problemi di salute mentale e dipendenza da sostanze stupefacenti sviluppate in Europa. Non è facile ricominciare da capo”.

    Guardare dal Gambia l’ossessione europea per i rimpatri dei cittadini irregolari è particolarmente significativo. Da quando nel 2017 è finita la dittatura dell’ex presidente Yahya Jammeh, molti giovani hanno deciso di lasciare uno dei più piccoli Paesi del continente africano che conta 2,5 milioni di abitanti in poco più di 11mila chilometri quadrati.

    L’aumento dell’emigrazione ha avuto un effetto decisivo sull’economia di uno Stato che nel 2022 era al 174esimo posto su 191, secondo l’indice di sviluppo umano delle Nazioni Unite. I 513 milioni di dollari inviati nel 2023 dagli emigrati ai propri familiari dall’estero (le cosiddette rimesse) hanno coperto il 21,9% del Prodotto interno lordo del Paese. Una fetta fondamentale dell’economia.

    Anche per questo il presidente Adama Barrow è stato duramente contestato quando nel 2018 ha siglato un accordo con l’Unione europea in materia di rimpatri. “Quando una persona è deportata non si perdono solo i soldi che questa inviava alla famiglia -spiega Yahya Sonko, attivista gambiano che dal 2015 vive in Germania- ma anche lo sviluppo di realtà imprenditoriali in loco. Dall’Europa io garantisco lavoro a 15 persone nella mia città di origine”.

    Le proteste hanno costretto Barrow a un passo indietro e all’inizio di un braccio di ferro con le istituzioni europee che più volte, l’ultima a luglio 2024, hanno minacciato una stretta sul rilascio dei visti come punizione per la mancata cooperazione sui rimpatri. “Un ricatto inaccettabile e uno spreco di soldi per gli europei -osserva Sonko-. Rimandare indietro una persona costa tantissimo e non è detto che questa, una volta rientrata, non riparta. Una politica dannosa e inutile”. Una strategia che numericamente ha fallito.

    Prendiamo come esempio il terzo trimestre del 2024: in Europa su un totale di 112.055 persone che hanno ricevuto un cosiddetto “ordine di espulsione”, quelle poi effettivamente rimpatriate sono state 28.630. Uno ogni cinque. “Una percentuale troppo bassa”, ha sottolineato la presidente della Commissione europea Ursula von der Leyen nel presentare, a inizio marzo, il nuovo sistema comune di rimpatrio europeo che prevede procedure più snelle e che ha un protagonista indiscusso: Frontex.

    “Ricordo bene gli agenti che ci hanno accompagnato sull’aereo”, riprende Nuha. Sono quelli di Frontex, l’Agenzia guidata oggi dall’olandese Hans Leijtens che quest’anno celebra vent’anni di attività e si è vista destinare dalla Commissione europea la stratosferica cifra di 1,1 miliardi di euro, un budget che non ha eguali in istituzioni simili. Ad esempio, supera di ben 42 volte quello dell’Agenzia europea sulla cybersicurezza e dieci volte quello dell’Agenzia europea per l’ambiente.

    Di questa cifra monstre solo 2,5 milioni di euro vengono destinati alle attività relative ai diritti umani mentre ben 133 milioni ai rimpatri, con un aumento del 42% rispetto al 2024. “Nel nuovo Regolamento proposto dalla Commissione -spiega Silvia Carta, advocacy officer della Piattaforma per la cooperazione internazionale sui migranti senza documenti (Picum)- emerge chiaramente la centralità dell’Agenzia e si prevede un ulteriore aumento delle disponibilità di spesa per i rimpatri”. L’attività di Frontex in questo settore non è una novità.

    Fin dalla sua nascita, infatti, ha collaborato con gli Stati membri supportandoli con la copertura dei costi degli aerei e delle attività pre-partenza ma è con il nuovo regolamento del 2019 che si è ritagliata un ruolo sempre più importante. Grazie a maggiori possibilità di operare anche in Paesi terzi dell’Ue, attraverso agenti dislocati sul territorio, è diventata protagonista della delicata attività di cooperazione con le autorità locali.

    I problemi principali dei bassi numeri di rimpatri dall’Europa, infatti, oltre ai costi stratosferici (almeno quattromila euro a persona, solo per il noleggio dell’aereo, per l’espulsione di un cittadino dall’Italia alla “vicinissima” Tunisia) sono proprio gli accordi con gli Stati di origine: spesso, come si è visto nel caso del Gambia, questi sono restii ad accettarli.

    Così, per ovviare a questo problema, l’Agenzia con sede a Varsavia e le istituzioni europee puntano sempre di più sui cosiddetti rimpatri volontari che hanno almeno due vantaggi: non richiedono il coinvolgimento dei Paesi di origine perché la persona collabora e il viaggio costa meno perché avviene su un volo di linea. E infatti, oggi, più della metà delle persone che lasciano l’Europa lo fanno “volontariamente” e Frontex è sempre più protagonista.

    Dal 2019 l’Agenzia può aiutare i Paesi Ue anche sui rimpatri volontari assistiti e i dati dimostrano che la sua attività da quell’anno è esplosa. Si passa dalla collaborazione con nove Stati membri per 155 persone rimpatriate alle 35.637 (+2.181%) del 2024 da 26 Stati Ue diversi. Inoltre cresce tantissimo anche il numero dei Paesi di destinazione coinvolti nell’attività delle “divise blu” che oggi sono 117 contro i 41 di sei anni fa. In totale quindi Frontex supporta i rimpatri nel 74% degli Stati del mondo extra-Ue: se si guarda al continente africano mancano all’appello solo eSwatini e Malawi.

    “La strategia di Bruxelles su questa tipologia di rimpatri è ambigua. Il nuovo Regolamento prevede una stretta sui rientri volontari ma lascia la possibilità alle autorità nazionali di implementare forme di premialità per persone che ‘cooperano’ con la propria deportazione, accettando di partecipare a programmi di rimpatrio assistito -riprende Carta di Picum-. Una forma di ricatto che deriva dalla riduzione degli anni del divieto di reingresso sul territorio europeo e dal supporto economico”.

    Per Frontex questi aiuti avvengono nell’ambito del “Reintegration program” che garantisce un “supporto a breve termine” (615 euro per i rimpatri volontari, 205 per quelli forzati) e uno a “lungo termine” che prevede forme indirette di aiuto per un anno (dalla copertura dell’assistenza sanitaria alla possibilità di supporto nell’aprire un’attività) per un importo di duemila o mille euro, a seconda di rientro volontario o forzato per il richiedente principale, più mille per ogni familiare.

    Questa dote è gestita da sei Ong che sono state selezionate tramite bando pubblico per operare in 38 diversi Paesi del mondo: Caritas international Belgium, Women empowerment, literacy and development organization (Weldo), Irara, European technology and training centre (Ettc), Life makers foundation Egypt, Micado migration. Se nel 2022 i cittadini rimpatriati supportati all’interno di questo progetto erano 867, nel 2024 sono cresciuti del 1.362% (12.676): le principali nazionalità delle persone sono Turchia (2.750), Iraq (2.469), Georgia (1.472), Gambia (1.162), Nigeria (816), Pakistan (794) e Bangladesh (620).

    “Spesso queste forme di aiuto non sono efficaci per chi ritorna nel proprio Paese perché è molto problematico l’utilizzo dei fondi -chiarisce Rossella Marino, professoressa all’Università di Gent in Belgio che ha svolto un dottorato proprio sul tema dei progetti di reintegrazione in Gambia-. Sono estremamente utili però alle istituzioni europee perché descrivono attraverso una narrazione positiva e accettabile, ovvero aiutare le persone che rientrano, quello che è un approccio neocoloniale e che mira in definitiva al controllo della mobilità”. Marino sottolinea, infatti, come la “macchina” dei rimpatri coinvolga tantissimi attori sul campo. “Tutte attività che consolidano la presenza delle istituzioni europee su quel territorio ma soprattutto che aiutano a evitare la ripartenza di chi è rientrato. Questo processo avviene anche attraverso la digitalizzazione di tutte le informazioni”.

    Proprio con questo scopo è stata sviluppata la piattaforma digitale Reintegration assistance tool (Riat), finanziata dalla Commissione europea e implementata dal Centro internazionale per lo sviluppo delle politiche migratorie (Impcd), attraverso cui avviene un monitoraggio costante dei casi che accedono al programma di Frontex e viene migliorata la cooperazione degli Stati.

    C’è poi un enorme tema di responsabilità rispetto al ruolo di Frontex nei rimpatri. Tutto ruota attorno alla questione se le divise blu siano o meno responsabili di quello che avviene prima del rimpatrio. Che cosa succede ad esempio se il decreto di espulsione alla base del rimpatrio della persona è illegittimo? Chi ne risponde? Oppure se, nel caso della partenza volontaria, la persona non si trovava in una condizione adeguata per decidere liberamente? Questo aspetto è decisivo. “Frontex si fa forte del fatto che la responsabilità di tutto ciò che succede prima del rimpatrio ricade unicamente sullo Stato membro. Ma non è così -spiega Laura Salzano, docente di diritto dell’Ue dell’Università Ramon Llull di Barcellona che da anni si occupa di queste tematiche-. L’Agenzia deve valutare caso per caso se quella espulsione sia legittima o meno: glielo impone il suo stesso Regolamento all’articolo 80. O si cambiano le regole di ingaggio, oppure è così”.

    Tutto questo riguarda da vicino anche l’Italia. Il nostro Paese è il fanalino di coda in Europa, insieme alla Romania, per il numero di rimpatri volontari. In dieci anni (2015-2024), secondo i dati forniti dal ministero dell’Interno ad Altreconomia, sono state 4.059 le persone rimpatriate con questo programma per un totale di 35,5 milioni di euro investiti dal Viminale. Nel 2024 tutti i 290 casi di rimpatrio assistito, che riguardavano per il 42% persone in posizione di irregolarità, sono stati gestiti dall’Organizzazione internazionale per le migrazioni (Oim).

    Negli ultimi mesi, però, nei Centri di permanenza per il rimpatrio (Cpr) italiani crescono le testimonianze di chi racconta una forte pressione da parte degli operatori per accedere a quelle che vengono definite “partenze volontarie”. Un funzionario di Oim che preferisce mantenere l’anonimato ci conferma che l’organizzazione per cui lavora non attiva rimpatri volontari dal Cpr.

    A intervenire è Frontex con il suo “Reintegration program”, che ora sembra una priorità anche per l’Italia: tutto è gestito dalla questura che segue caso per caso segnalando a Varsavia coloro che accettano di lasciare subito il Paese. La longa manus dell’Agenzia è arrivata così anche nei centri di detenzione italiani. E chi lo sa, forse presto sbarcherà anche in Albania.

    “A sei anni di distanza -conclude Nuha- una delle cose che mi fa più male è non aver potuto abbracciare mia moglie e mia figlia prima di partire: mi hanno fatto uscire dal retro della stazione di polizia, lei ha provato a seguire la macchina ma l’hanno seminata. Piangeva, urlava e con lei anche la bambina. Questa è l’ultima immagine che ho dell’Europa”.

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  • L’administration Trump revient sur la révocation de milliers de visas étudiants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/04/26/etats-unis-l-administration-trump-fait-marche-arriere-sur-la-revocation-de-v

    L’administration Trump revient sur la révocation de milliers de visas étudiants
    L’angoisse qui s’était emparée des jeunes étrangers sur les campus américains va pouvoir se dissiper, du moins temporairement. L’administration Trump est revenue sur la révocation des visas ayant affecté plusieurs milliers d’étudiants depuis quelques semaines dans toutes les grandes universités du pays. Des dizaines de plaintes avaient été déposées contre cette vague de radiations qui n’avait été ni annoncée officiellement ni justifiée.
    Le revirement n’a pas fait l’objet d’une annonce du gouvernement mais, dans plusieurs audiences en justice se tenant dans le pays, les avocats de l’administration ont fait part, vendredi 25 avril, de la décision de la police de l’immigration (ICE), qui gère la base fédérale de données sur les étudiants étrangers (Sevis, le système d’information sur les étudiants et visiteurs d’échange), d’annuler les mesures de révocation précédentes et de restaurer les visas affectés.
    Selon la déclaration lue devant le tribunal fédéral d’Oakland (Californie) par la procureure adjointe Elizabeth Kurlan, ICE « est en train d’élaborer une politique qui définira un cadre pour les résiliations de dossiers Sevis ». En attendant, les dossiers « resteront actifs ou seront réactivés », a-t-elle annoncé.
    En l’absence de statistiques officielles, l’association d’avocats spécialistes de l’immigration, American Immigration Lawyers Association (AILA), a estimé que quelque 4 700 étudiants avaient été informés par leur université que leur dossier avait été brusquement modifié, aboutissant à la perte de leur statut légal aux Etats-Unis. Sans savoir de combien de temps ils disposaient avant de risquer d’être expulsés, plusieurs ont quitté le pays. Nombre d’universités ont fourni des consultations juridiques aux étudiants concernés. A quelques semaines des examens de fin d’année, certains ont eu la possibilité de poursuivre leurs études à distance.
    Grâce à leurs avocats, quelques-uns ont appris qu’ils avaient été ciblés à cause d’infractions mineures, comme des excès de vitesse, une conduite en état d’ivresse ou des altercations diverses. Certaines de ces infractions avaient pu figurer dans la base de données NCIC (National Crime Information Center) relevant de la justice pénale et gérée par le FBI. Selon la déclaration de la procureure adjointe à Oakland, les deux bases de données auraient été croisées, entraînant « la résiliation des dossiers Sevis sur la base du signalement NCIC ».
    Le juge fédéral Jeffrey White a demandé au gouvernement de clarifier la nouvelle politique concernant le rétablissement des visas. L’avocate du ministère de la justice l’ayant assuré qu’un « nouvel ordre mondial » était en train d’être établi, il a ironisé sur ce nouveau cafouillage : « Venant de cette administration, on dirait qu’il y a un nouvel ordre mondial tous les jours. »
    Une première offensive contre les étudiants étrangers était intervenue en mars mais elle visait des participants aux manifestations propalestiniennes de 2024, dont Mahmoud Khalil, l’une des figures de la mobilisation à l’université Columbia, à New York, pourtant détenteur d’une green card (carte verte, le permis de résidence). Le secrétaire d’Etat, Marco Rubio, avait soutenu qu’il était en droit d’expulser tout ressortissant étranger dont la présence sur le territoire national est susceptible d’avoir des conséquences négatives importantes sur la politique étrangère des Etats-Unis, en vertu d’une disposition de la loi sur l’immigration et la nationalité de 1952.
    La vague suivante ne semble pas avoir eu de visées politiques, elle a affecté des campus qui n’avaient pas nécessairement connu de manifestations contre la guerre à Gaza. « Le rétropédalage de l’ICE sur son erreur monumentale apporte aujourd’hui un certain soulagement à des milliers de personnes, s’est félicité Gregory Chen, l’un des directeurs de l’association d’avocats AILA. Mais un préjudice durable continue d’affecter ces étudiants, leurs familles, ainsi que les universités américaines, les instituts de recherche et les entreprises », a-t-il ajouté.
    Jodie Ferise, une autre avocate basée dans l’Indiana, a déploré « l’immense peur » que les incertitudes sur leur statut avait fait naître chez les étudiants étrangers. La confiance va être difficile à rétablir, a-t-elle ajouté. « Nous allons perdre des étudiants – pas seulement à cause de la révocation de leur statut, mais à cause du message que cela envoie : que nous ne voulons pas d’eux, et qu’ils ne sont pas en sécurité quand ils viennent étudier ici. »
    Selon CNN, plus de 150 comptes Sevis avaient été réactivés vendredi soir dans 35 établissements différents. Les étudiants internationaux dont le statut légal a été révoqué pour des raisons politiques, notamment Mahmoud Khalil, et Rümeysa Öztürk, étudiante turque à l’université de Tufts (Massachusetts), accusés de prises de position favorables au Hamas, restent, eux, en détention en Louisiane, dans l’attente d’un avis de la justice sur la décision de l’administration Trump de les expulser. Jeudi 24 avril, un juge a ordonné au ministère de la justice de ramener l’étudiante turque dans le Vermont, avant le 1er mai. Le seul reproche qui lui a été fait jusqu’à présent est d’avoir cosigné une tribune dans le journal étudiant de son université appelant Tufts à « reconnaître le génocide palestinien » et à se désengager financièrement des entités ayant des liens avec Israël.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#etudiant#visas#droit#sante

  • Visas annulés, frontière fermée : la tension monte entre le Pakistan et l’Inde après l’attentat au Cachemire
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/04/24/narendra-modi-promet-de-traquer-les-auteurs-de-l-attentat-au-cachemire-jusqu

    Visas annulés, frontière fermée : la tension monte entre le Pakistan et l’Inde après l’attentat au Cachemire
    Le Monde avec AFP
    Le premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a déclaré, jeudi 24 avril, que le Pakistan allait fermer sa frontière et son espace aérien à l’Inde. M. Sharif a dirigé une rare réunion du comité de sécurité nationale de haut niveau après que l’Inde a accusé son voisin de soutenir le « terrorisme transfrontalier », deux jours après un attentat au Cachemire au cours duquel 25 ressortissants indiens ont été tués.
    L’Inde avait ordonné à tous les citoyens du Pakistan, juste avant l’annonce d’Islamabad, de quitter son territoire d’ici au 29 avril, en représailles à l’attentat qu’elle impute à son voisin. « Tous les citoyens pakistanais actuellement en Inde doivent quitter l’Inde avant l’expiration de leurs visas », fixée au 27 avril pour les visas ordinaires et au 29 avril pour les visas médicaux, a annoncé le ministère des affaires étrangères indien.
    Mardi, plusieurs tireurs ont ouvert le feu sur des touristes dans la ville de Pahalgam, tuant 25 Indiens et un ressortissant népalais. Cette attaque, attribuée par l’Inde à des islamistes soutenus par le Pakistan, est la plus meurtrière visant des civils menée depuis 2000 dans ce territoire indien à majorité musulmane. Jeudi, la fusillade n’avait toujours pas été revendiquée. Lors de la réunion gouvernementale, le premier ministre pakistanais a ajouté qu’il avait été décidé qu’Islamabad expulserait des diplomates indiens, suspendrait des visas d’Indiens et considérerait toute tentative de détournement de l’eau du fleuve Indus par l’Inde comme un « acte de guerre ». Mercredi, New Delhi a dit dénoncer le traité sur les eaux de l’Indus, ratifié en 1960 et jamais remis en question malgré trois guerres entre les deux voisins.
    Le Pakistan va également envoyer jeudi une convocation à l’ambassade d’Inde, a annoncé le vice-premier ministre, Ishaq Dar, également chef de la diplomatie. « L’Inde mène une guerre de basse intensité contre nous, et s’ils veulent faire monter les enchères, nous sommes prêts. Pour protéger notre terre, nous ne plierons devant aucune pression internationale », a ajouté à ses côtés le ministre de la défense, Khawaja Muhammad Asif.
    Mercredi, le gouvernement ultranationaliste hindou de New Delhi a annoncé une série de mesures de représailles diplomatiques. Parmi ces décisions largement symboliques : la suspension d’un traité sur le partage de l’eau, la fermeture du principal poste-frontière terrestre entre les deux pays et le rappel de diplomates.« Je le dis au monde entier : l’Inde identifiera, poursuivra et punira les terroristes et ceux qui les soutiennent. Nous les poursuivrons jusqu’au bout de la terre », a insisté jeudi le premier ministre de l’Inde, Narendra Modi, lors d’un discours public prononcé dans l’Etat du Bihar (Nord-Est). (...)
    Plusieurs dirigeants étrangers ont exprimé leurs condoléances à M. Modi depuis l’attaque, notamment le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou ; la première ministre italienne, Giorgia Meloni, et le président français Emmanuel Macron, a fait savoir le ministère des affaires étrangères indien jeudi. « Comme l’ont dit le président Donald Trump et le secrétaire d’Etat Marco Rubio, les Etats-Unis sont aux côtés de l’Inde », a déclaré pour sa part la porte-parole du département d’Etat américain, Tammy Bruce. « Ils condamnent fermement tous les actes de terrorisme (…) et demandent que les auteurs de cet acte odieux soient traduits en justice », a-t-elle ajouté.
    La police a diffusé jeudi les portraits-robots de trois suspects, dont deux ressortissants pakistanais, les présentant comme membres du groupe Lashkar-e-Toiba, établi au Pakistan. Ce groupe est soupçonné des attaques djihadistes qui ont fait 166 morts dans la mégapole indienne de Bombay en 2008. Le Cachemire a été partagé entre l’Inde et le Pakistan en 1947, lorsque ces deux pays ont accédé à l’indépendance. Ils continuent depuis à réclamer la souveraineté de l’ensemble du territoire. Depuis 1989, les combats entre une insurrection séparatiste et les troupes indiennes ont fait des dizaines de milliers de morts. Dans le Cachemire pakistanais, des centaines de manifestants ont défilé jeudi à l’appel d’un parti encourageant la lutte armée afin de rattacher l’ensemble du Cachemire à la République islamique. Selon l’Association des étudiants du Jammu et Cachemire, de nombreux étudiants originaires du Cachemire ont été menacés et agressés dans toute l’Inde depuis l’attentat de mardi, accusés d’être des « terroristes ». « Il s’agit d’une campagne délibérée et ciblée de haine et de calomnie », a dénoncé le président de l’association, Nasir Khuehami.

    #Covid-19#migrant#migration#inde#pakistan#cachemire#frontiere#visas#crise#violence#sante

  • La France refuse en masse des demandes de visa venant de Russie, craignant l’infiltration d’espions
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/04/25/la-france-refuse-en-masse-des-demandes-de-visa-venant-de-russie-craignant-de

    La France refuse en masse des demandes de visa venant de Russie, craignant l’infiltration d’espions
    Par Jacques Follorou
    La France semble avoir pris la mesure de la menace russe depuis l’attaque massive de Moscou, en février 2022, contre l’Ukraine. Pour se prémunir des risques d’ingérence et d’infiltration d’espions sur le territoire français, Paris a, selon nos informations, refusé, depuis avril 2022, 1 200 demandes de visa et d’accréditation déposées au sein des consulats français en Russie. « Cette vigilance consulaire », comme l’a qualifiée auprès du Monde un membre du ministère des affaires étrangères, est le fruit d’une « procédure de consultation sécuritaire élargie au sein de l’espace Schengen ».
    Cette politique vise également à ce que Moscou ne puisse pas reconstituer un réseau de renseignement décimé par les expulsions d’agents russes agissant sous couverture diplomatique. Lors du premier semestre 2022, la France avait expulsé 55 officiels, notamment après les tueries perpétrées par Moscou dans la ville ukrainienne de Boutcha et l’éviction de sa délégation du Conseil de l’Europe, à Strasbourg. Au début des années 1980, l’ancien KGB n’avait mis que deux ans pour remplacer les 47 représentants soviétiques expulsés, en 1983, pour espionnage.
    Tout dépôt de dossier pour un visa Schengen, permettant de circuler dans les 25 nations européennes membres de cet espace, est soumis à l’avis de l’ensemble de ces pays qui, par ailleurs, peuvent aussi faire l’objet d’une demande pour leur seul territoire. Sur les 1 200 requêtes rejetées, 350 avaient été formulées spécifiquement pour la France, selon une source au Quai d’Orsay. Chaque pays conserve le droit souverain d’accorder ce type de document pour son sol.
    Les consulats ne sont pas seuls sur le front de cette vigilance accrue. La direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) est, en premier lieu, chargée de débusquer les profils et les dossiers suspects. Le service de contre-espionnage dispose d’informations nourries issues d’échanges systématiques avec ses partenaires étrangers afin d’éviter les tentatives de contournement du renseignement russe, qui aime se jouer des frontières.
    Entre « trente et quarante » tentatives d’affectation de diplomates russes, en France, ont, à ce jour, été bloquées depuis la mi-2022. Dans certains cas, les services français ont pu constater que le danger venait des « ayants droit », en d’autres termes les épouses ou maris de véritables diplomates. Moscou et ses services de renseignement extérieur, le SVR pour les civils et le GRU pour les militaires, ont conscience des manœuvres d’évitement mises en place par les autorités françaises et n’ont de cesse de tenter de les déjouer.
    La stratégie a, notamment, consisté à recourir à des agents sans couverture officielle, les « NOC » (l’acronyme anglais pour « non official cover »). Le SVR semble avoir eu une prédilection pour les faux journalistes prétendant travailler pour des médias russes, notamment la Komsomolskaya Pravda, un quotidien national. La Russie a aussi essayé de profiter des latitudes et immunités accordées aux institutions internationales pour passer sous les radars de la DGSI et du ministère des affaires étrangères. Depuis 2022, les nominations de Russes à l’Unesco, dont le siège est à Paris, sont surveillées de près. Si la France a moins les coudées franches pour ce type d’organisations multilatérales, elle a, néanmoins, bataillé et obtenu quelques résultats.
    Parmi les 1 200 personnes dont le visa a été refusé figurent, par ailleurs, des « conférenciers » souhaitant assister à des colloques sur le sol français, des « chefs et cadres d’entreprises » voyageant pour leurs affaires ou encore des « festivaliers », habitués des événements culturels organisés à travers le monde. Moscou dispose néanmoins d’une arme moins détectable : les jeunes diplômés des écoles de renseignement, âgés de moins de 30 ans, qui débarquent en France pour un premier poste à l’étranger. Ces inconnus passent à travers les mailles faute d’avoir été identifiés lors d’anciennes activités ou de passages aux frontières. Leur défaut : un manque d’expérience qui rassure, peut-être faussement, les contre-espions français.
    Enfin, les services français prennent en compte qu’aujourd’hui Moscou, faute de main-d’œuvre disponible et expérimentée, est enclin à utiliser ses « illégaux ». Ces agents implantés à l’étranger pour une vie entière, sous une fausse identité, en immersion profonde, préparés pour des missions à haute valeur ajoutée, peuvent désormais être actionnés pour des tâches plus communes, normalement dévolues à des officiers agissant sous couverture diplomatique ou des « itinérants ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#russie#visas#securite#espionage

  • Passeports trafiqués à la chaîne : la police fait tomber un réseau à Guinaw Rail Sud
    https://www.dakaractu.com/Passeports-trafiques-a-la-chaine-la-police-fait-tomber-un-reseau-a-Guinaw

    Passeports trafiqués à la chaîne : la police fait tomber un réseau à Guinaw Rail Sud
    Un coup de filet spectaculaire ! La Police nationale vient de frapper un grand coup à Guinaw Rail Sud, où un réseau bien organisé de faussaires spécialisés dans les documents de voyage a été démantelé par le commissariat d’arrondissement local.
    L’opération, menée suite à un renseignement opérationnel précis, a permis l’arrestation de neuf (9) individus soupçonnés d’être impliqués dans un vaste trafic de faux passeports. Le groupe avait mis en place un véritable atelier de falsification : plus de trente (30) passeports ont été saisis, accompagnés d’un impressionnant arsenal de matériel de contrefaçon.
    Parmi les objets trouvés sur place : dissolvant, diluant, lames, barres et craies de différentes couleurs, crayons, ainsi que deux visas expirés arrachés de leurs passeports d’origine – l’un pour le Canada, l’autre pour l’espace Schengen. Les enquêteurs ont aussi mis la main sur une carte de commerçante, une carte d’import/export et du coton, probablement utilisés pour manipuler les documents. Les personnes interpellées sont désormais en garde à vue. Elles font face à des charges lourdes : association de malfaiteurs, faux et usage de faux en écriture publique, et complicité. Une enquête approfondie est en cours pour déterminer l’ampleur du réseau et ses ramifications potentielles à l’étranger.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#canada#schengen#passeport#visas#trafic#migrationirreguliere#droit#sante

  • La France instaure un dispositif de recueil des demandes de visa au Sahara occidental
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/21/la-france-instaure-un-dispositif-de-recueil-des-demandes-de-visa-au-sahara-o

    La France instaure un dispositif de recueil des demandes de visa au Sahara occidental
    Par Alexandre Aublanc (Casablanca, Maroc, correspondance)
    / AFP
    C’est une nouvelle étape dans « l’opérationnalisation », selon la formule élyséenne, du changement de pied de la France au Sahara occidental, une région que le président Emmanuel Macron a reconnu comme relevant de la « souveraineté marocaine » dans une lettre adressée au roi Mohammed VI en juillet 2024. Dès la mi-mai, les habitants de cette zone administrée par le Maroc pourront demander un visa pour la France depuis les villes de Laayoune et Dakhla, où se concentre 60 % de la population du territoire – le dernier en Afrique à être qualifié par les Nations unies de « non autonome » en l’absence d’un règlement de son statut.
    Jusqu’à présent, ses habitants ne pouvaient déposer un dossier que dans un centre de la société TLS Contact, choisie en 2014 par le gouvernement français pour collecter les demandes de visa au Maroc avant leur traitement par les consulats. Ces centres se trouvent dans sept agglomérations du royaume. Le plus proche du Sahara occidental par la route était à Agadir, soit à plus de 600 km de Laayoune et à environ 1 100 km de Dakhla. C’est donc dorénavant à travers une « valise mobile » que TLS Contact recueillera les dossiers sur place. A Laayoune, un point de collecte à l’hôtel Parador ouvrira « une fois tous les quinze jours » dans un premier temps, indique la direction de l’entreprise, qui n’exclut pas d’établir un véritable centre dans la ville « en fonction de la demande ». A Dakhla, les dossiers seront récupérés directement auprès des entreprises, dans des institutions, voire à domicile.
    Officialisée par l’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, mercredi 16 avril, « l’extension [au Sahara occidental] du service de recueil des demandes de visa » est la dernière traduction en date, sur le terrain, des annonces formulées lors de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron à Rabat, en octobre 2024. Le ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait alors assuré que « la France entend[ait] accroître son action consulaire » dans la région, sans que cela n’aboutisse à l’établissement d’une représentation diplomatique, comme l’avaient escompté de nombreux médias marocains. La communauté française au Sahara occidental n’excède pas « quelques centaines » de personnes, selon l’ambassade.
    Il n’empêche, en offrant à la population locale « le même service » que dans les grandes villes du royaume, la France a pris une décision « éminemment politique », se félicite le journal en ligne marocain Le360, qui voit dans ce dispositif une nouvelle preuve du bien-fondé de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.Outre les demandes de visa, l’engagement d’Emmanuel Macron à accompagner le développement du Sahara occidental se concrétisera prochainement dans l’enseignement. La Mission laïque française a confirmé au Monde, jeudi, que les élèves de ses deux écoles de Laayoune (Paul-Pascon) et Dakhla (Odette-du-Puigaudeau) passeront cette année, pour la première fois, les examens du brevet au sein de ces établissements, et non à Agadir comme auparavant.
    Sur le plan culturel, enfin, il est prévu qu’une Alliance française ouvre à Laayoune, où Rachida Dati a rencontré en février les membres de l’association à l’origine de son projet de création. A Dakhla, le Centre national du cinéma (CNC), dont le nouveau président est l’ancien directeur de cabinet de la ministre de la culture, doit par ailleurs accompagner la nouvelle antenne d’un établissement public marocain d’enseignement supérieur spécialisé notamment dans l’audiovisuel. Peu après la locataire de la Rue de Valois, c’est le président du Sénat, Gérard Larcher, qui s’était envolé à Laayoune, où il avait plaidé pour la nouvelle position « non discutable » de la France au Sahara occidental.
    Le directeur de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, devrait bientôt leur succéder. Ce dernier avait déclaré en novembre 2024 qu’il irait « prochainement » à Laayoune et Dakhla. Un déplacement toujours prévu mais dont les dates restent à confirmer, selon l’établissement public. En avril 2024, Proparco, sa filiale dévolue au secteur privé, avait reçu le feu vert de l’Elysée pour financer un projet de ligne à haute tension entre Dakhla et Casablanca. Une décision symbolique qui avait amorcé « l’opérationnalisation » du revirement de la France au Sahara occidental.

    #Covid-19#migrant#migration#maroc#france#saharaoccidental#visas#politiquemigratoire

  • La France reconnaît le nouveau passeport de l’Alliance des Etats du Sahel
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/18/la-france-reconnait-le-nouveau-passeport-de-l-alliance-des-etats-du-sahel_65

    La France reconnaît le nouveau passeport de l’Alliance des Etats du Sahel
    Par Victor Avendaño et Seydou Nomoko
    C’est un nouveau pas vers la normalisation de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Moins de deux ans après la création de cette nouvelle organisation sous-régionale par les juntes souverainistes du Mali, du Burkina Faso et du Niger, les citoyens maliens vont pouvoir voyager en Europe avec un passeport floqué AES.
    Sur le document de voyage figure le nouveau drapeau de la Confédération, adopté le 22 février, avec un baobab, un soleil et trois étoiles, ainsi que son slogan : « Un espace, un peuple, un destin. » Ils vont remplacer peu à peu les passeports estampillés Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), une organisation que les trois dirigeants de ces pays sahéliens, qui ont commis des coups d’Etat entre 2020 et 2023, ont quitté avec fracas.
    Début avril, ces documents ont été reconnus par la France, affirme au Monde Afrique des sources diplomatiques françaises, confirmant une information du magazine Jeune Afrique. Une procédure qui a pris plusieurs mois. Ces nouveaux passeports avaient été officiellement mis en circulation le 29 janvier.Comme les anciens passeports maliens, les documents de voyage de cette confédération, qui revendique son souverainisme et sa rupture vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale française, restent produits sur un site sécurisé au sein de l’Union européenne, par la société française Idemia.
    « Les autorités maliennes nous ont demandé fin 2024 de faire évoluer le design de leur passeport pour prendre en compte de nouveaux éléments graphiques au nom de l’AES », confirme l’entreprise tricolore. Celle-ci a signé en 2015 un contrat de dix ans avec l’Etat malien, alors dirigé par Ibrahim Boubacar Keïta.
    Auparavant, les passeports maliens étaient « peu fiables, facilement falsifiables et leur délivrance était longue, complexe et coûteuse », souligne Idemia. Le contrat n’a jamais été dénoncé, malgré les changements de régime et les fortes tensions entre les nouvelles autorités maliennes et l’entreprise spécialisée en biométrie qui revendique collaborer avec des « centaines de gouvernements » à travers le monde depuis son siège de Courbevoie (Hauts-de-Seine).
    En 2023, la junte malienne avait accusé Idemia de « prendre en otage » des données d’état civil des Maliens qu’elle avait collecté et avait ainsi justifié son incapacité à organiser une élection présidentielle – qu’elle n’a toujours pas tenue quatre ans après avoir commis un coup d’Etat. L’entreprise française avait alors démenti et assuré que « le ministère malien de l’administration territoriale a toujours joui de l’usage du système et de ses données ».
    Avant cela, la justice malienne avait ouvert une enquête pour « atteinte aux biens publics et autres infractions » présumées sur les conditions d’attribution du marché de fabrication des passeports en 2015 à l’ancêtre d’Idemia, Oberthur Technologies. Elle avait convoqué Jean-Yves Le Drian qu’elle soupçonnait d’avoir usé de son influence auprès du président malien pour que l’entreprise bretonne, région d’origine de l’ancien ministre de la défense, décroche le contrat – ce que Jean-Yves Le Drian a toujours démenti. Il n’y a pas eu de suite connue à cette enquête.
    L’homologation du passeport de l’AES par les pays de l’espace Schengen reste symbolique et ne change rien à la diminution drastique de l’octroi de visas par la France aux ressortissants du Mali, du Burkina Faso et du Niger, avec lesquels Paris entretient des relations diplomatiques très dégradées. Depuis 2022, ces trois pays ont successivement exigé le départ des troupes françaises présentes sur leur territoire, et ont scellé un partenariat militaire avec la Russie.

    #Covid-19#migrant#migration#france#niger#mali#burkinafaso#AES#passeport#visas#schengen

  • Sénégal : comment des officines vendent au prix fort des rendez-vous pour demander un visa pour la France
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/10/senegal-comment-des-officines-vendent-au-prix-fort-des-rendez-vous-pour-dema

    Sénégal : comment des officines vendent au prix fort des rendez-vous pour demander un visa pour la France
    Par Célia Cuordifede (Dakar, correspondance)
    Dans le quartier de Ouakam, à Dakar, chaque matin se ressemble au pied de l’immeuble où sont installés les bureaux de VFS Global, une entreprise indienne chargée d’enregistrer les demandes de visa pour le compte de plusieurs ambassades au Sénégal, dont celles de la France, des Pays-Bas et de la Norvège. Dès 8 heures, une foule compacte se presse devant les barrières qui filtrent l’entrée. Ndèye Fatou Sène, son dossier sous le bras, a fait le déplacement depuis Kaolack, à 180 km au sud-est de la capitale – soit un peu plus de trois heures de route –, pour honorer son premier rendez-vous afin de déposer une demande de visa court séjour pour la France.
    « Il y a une telle difficulté pour décrocher ce rendez-vous que personne ne veut être en retard », explique cette enseignante du secondaire. Après plusieurs mois de recherche, en vain, sur le site de VFS Global – censé proposer des créneaux –, la quinquagénaire dit avoir versé 100 000 francs CFA (152 euros) à un intermédiaire. Juste à côté d’elle, Moussa, qui préfère témoigner de façon anonyme, acquiesce : « J’ai déboursé 50 000 francs CFA, c’était moins cher parce que l’intermédiaire est un ami de la famille. »
    Selon la procédure officielle, pour déposer un dossier de demande de visa pour la France, il est nécessaire de prendre rendez-vous via la plateforme en ligne du centre VFS Global de Dakar, prestataire de l’ambassade de France depuis 2014. L’entreprise est chargée de recevoir les demandes de visa, d’effectuer les recueils biométriques, de renseigner les demandeurs et de leur remettre leur passeport après décision du consulat général de France. En 2024, 53 000 dossiers ont été traités au Sénégal, dont deux tiers de visas « court séjour Schengen ».
    Selon le projet du voyage, les autorités consulaires proposent, via le site de VFS Global, 18 types de visa, parmi lesquels « court ou long séjour conjoint », « étudiant », « professionnel », « motif médical et accompagnant » ou « renouvellement ». Si des créneaux sont quotidiennement proposés pour ces différentes motivations, c’est loin d’être le cas pour une « première demande de visa Schengen ».
    Pour Souleymane Diop, le même message s’affiche depuis qu’il a commencé sa démarche, le 15 décembre 2024 : « Désolé, mais aucune place de rendez-vous n’est actuellement disponible. Veuillez réessayer plus tard. » « J’ai tout essayé », se désole le commerçant, qui voudrait aller en France pour assister au mariage d’un proche en juin. « Je me connecte chaque jour à des heures différentes, mais rien n’y fait », poursuit le trentenaire, agacé, assurant qu’il s’apprête lui aussi à débourser près de 150 000 francs CFA auprès d’un intermédiaire pour obtenir un créneau. Soit dix fois plus que les 15 000 francs CFA réclamés par VFS Global lors de l’inscription pour « frais de service » (16 300 francs CFA avec le supplément « numérisation des documents »). Une somme à laquelle il faut ajouter les 52 000 francs CFA (80 euros) de frais de dossiers requis par l’administration française.
    Alors, qui sont ces intermédiaires ? Sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, de nombreux comptes se targuent de pouvoir aider les voyageurs à obtenir des rendez-vous. Le 31 janvier, un compte nommé @rendezvousshengen annonçait par exemple l’ouverture des rendez-vous pour le mois d’avril, capture d’écran à l’appui, le tout sur la bande-son de la publicité de la compagnie aérienne Air France, « France is in the air ». Nombre de ces comptes sont rattachés à des officines qui se présentent comme des agences de voyage, opérant dans une zone grise entre légalité et illégalité. Joint par Le Monde, un interlocuteur dont le numéro de téléphone se trouvait sur internet assure : « Pour le mois d’avril, il y a déjà eu des créneaux ouverts, mais on en attend encore d’autres. Les rendez-vous sont ouverts au compte-goutte, de façon aléatoire, il faut être patient. » L’homme au bout du fil réclame une copie du passeport en amont (les rendez-vous étant nominatifs) et le paiement de 100 000 francs CFA une fois le rendez-vous pris.
    Certains de ces centres opèrent à quelques mètres de VFS Global, sur le même trottoir. « Nous avons des équipes qui se relaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour actualiser le site VFS », renseigne un manageur arborant le polo bleu de la société, laquelle promet « rendez-vous et remplissage visa Schengen » pour 50 000 francs CFA. Selon les informations du Monde, si les autorités consulaires définissent bien le nombre de rendez-vous disponibles par catégorie sur validation du ministère de l’intérieur, le système de mise en ligne des créneaux est la prérogative de VFS Global. Contactées, ni la direction du centre de Dakar, ni la centrale de l’entreprise indienne, n’ont répondu à nos sollicitations. « La catégorie “première demande” est celle qui dispose du moins de rendez-vous, car ils passent après tous les autres, avance Nicolas Soyere, conseiller des Français de l’étranger à Dakar. Que se passerait-il si on ouvrait les créneaux sans limitation ? On aurait sans doute des dizaines de milliers de dossiers qu’on ne serait pas en mesure de traiter. »
    En 2024, 53 000 dossiers de demande de visa ont été traités au Sénégal, dont les deux tiers sont des visas « court séjour Schengen », contre 43 000 en 2022, 46 000 en 2023 et 45 000 en 2017. « Le taux d’acceptation des visas de “court séjour Schengen” est supérieur à 62 % », avait affirmé Christine Fage, ambassadrice de France au Sénégal, face à la presse l’année dernière. Reste que le sujet des visas est sensible. Alors que les détenteurs d’un passeport français peuvent se rendre au Sénégal sans visa, la difficile accession à un simple rendez-vous de dépôt d’un dossier, première étape d’une procédure longue et complexe, est vécue comme une injustice par les demandeurs. Cette politique de la France a contribué à créer des tensions dans les relations qu’entretiennent Paris et les capitales africaines. Le rapport de mission de Paul Hermelin, président de Capgemini, chargé en 2023 d’évaluer la politique des visas de la France, ne dit pas autre chose : « Cela constitue un sujet majeur de frustration et de mécontentement et décrédibilise l’ensemble du dispositif. »
    « Je passe désormais plus de temps au téléphone avec des gens qui ne parviennent pas à faire leur visa qu’à faire mon travail », rapporte un diplomate français en poste en Afrique, qui déplore l’instauration par sa hiérarchie de ces procédures complexes. Ce recours à des sous-traitants qui restreignent l’accès à des rendez-vous – ce qui réduit de facto la quantité de visas délivrés – est devenu la norme. A Dakar, Abidjan, Casablanca, les mêmes problèmes sont recensés, avec la mise en place récente de mesures pour éviter l’accaparement des rendez-vous par les officines (codes captcha, identification des adresses IP…). Des subterfuges souvent peu concluants, de l’aveu même du rapport Hermelin.
    En outre, les mêmes officines qui proposent une aide pour les rendez-vous de première demande de visa vendent aussi une « assistance » pour composer le dossier. « Pour 400 000 francs CFA, on prend le rendez-vous, on remplit le dossier, on réserve vos billets d’avion, l’hôtel en France et l’assurance de voyage », promet l’une d’entre elles. Les procédures de demande de visa sont si longues et complexes que beaucoup de Sénégélais, y compris des personnalités politiques de haut niveau, font appel à ces intermédiaires, accentuant les possibilités de manipulations et de fraudes.
    « La multiplication des justificatifs apporte une certaine complexité dans les demandes de visa, qui fait que les gens sont vulnérables à ces trafics », résume Bamba Souané, intermédiaire bénévole pour les habitants de sa commune en Casamance. « Ces difficultés réelles de prise de rendez-vous et d’application pour les visas font l’objet de discussions entre le Sénégal et la France, mais la grande partie du problème demeure », conclut un conseiller du secrétariat d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur.
    Au Sénégal, la difficulté à obtenir un visa pour la France revient régulièrement dans le débat public. Début mars, le député de la majorité Guy Marius Sagna a ainsi évoqué à l’Assemblée nationale le cas d’un Sénégalais dont le passeport aurait été retenu pendant un an au consulat général de France, en attente d’une réponse. Face à ces nombreuses embûches pour demander un visa, pour la France mais pas seulement (l’Espagne, l’Italie, la Belgique et d’autres Etats membres de l’espace Schengen sont aussi critiqués), le premier ministre, Ousmane Sonko, avait annoncé, dans sa déclaration de politique générale en décembre 2024, vouloir mettre en place la « réciprocité de la politique de visa à l’égard de certains pays ».

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#france#visas#politiquemigratoire#sante

  • Les Etats-Unis annoncent la révocation de tous les visas des ressortissants du Soudan du Sud
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/04/06/les-etats-unis-annoncent-la-revocation-de-tous-les-visas-des-ressortissants-

    Les Etats-Unis annoncent la révocation de tous les visas des ressortissants du Soudan du Sud
    Le Monde avec AFP
    Les Etats-Unis ont annoncé, samedi 5 avril, la révocation de tous les visas accordés aux ressortissants du Soudan du Sud, accusant le pays africain de ne pas reprendre ses citoyens visés par une mesure d’expulsion.« Avec effet immédiat, le département d’Etat des Etats-Unis révoque tous les visas détenus par les porteurs de passeports du Soudan du Sud », a déclaré le secrétaire d’Etat, Marco Rubio, dans un communiqué. Il s’agit de la première mesure de ce type prise contre l’ensemble des citoyens d’un pays du monde depuis le retour au pouvoir le 20 janvier de Donald Trump, qui a engagé une politique radicale de lutte contre l’immigration.« Il est temps que le gouvernement de transition du Soudan du Sud cesse de tirer profit des Etats-Unis », a accusé le chef de la diplomatie américaine. « Appliquer les lois d’immigration de notre pays est d’une importance critique pour la sécurité nationale et la sûreté publique des Etats-Unis », a-t-il ajouté. « Tout pays doit accepter de reprendre promptement ses citoyens lorsqu’un autre pays, y compris les Etats-Unis, veut les expulser. »
    Le communiqué précise qu’en plus de la révocation des visas existants Washington va cesser de remettre des nouveaux visas aux ressortissants du Soudan du Sud. « Nous nous tenons prêts à revoir cette politique lorsque le Soudan du Sud sera pleinement coopératif », a assuré M. Rubio.Le Soudan du Sud risque de replonger dans la guerre civile, a averti le mois dernier un haut responsable de l’ONU. Depuis son indépendance, en 2011, le pays est en proie à des violences qui l’empêchent de se remettre du conflit qui a fait près de 400 000 morts et quatre millions de déplacés entre 2013 et 2018, date à laquelle un accord de paix a été signé.Lors de son précédent mandat, M. Trump avait signé en 2017 un décret, surnommé le « Muslim Ban », interdisant l’entrée sur le sol américain aux ressortissants de plusieurs pays majoritairement musulmans. La Libye, le Soudan, la Syrie, l’Irak, l’Iran, le Yémen et la Somalie avaient été visés.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#soudansud#visas#politiquemigratoire#expulsion#asile#droit#sante

  • Les Soudanais du Sud interdits de visa aux Etats-Unis
    https://www.dakaractu.com/Les-Soudanais-du-Sud-interdits-de-visa-aux-Etats-Unis_a260245.html

    Les Soudanais du Sud interdits de visa aux Etats-Unis
    Les Etats-Unis ont annoncé samedi la révocation de tous les visas accordés aux ressortissants du Soudan du Sud, une décision inédite contre un pays étranger de la part de l’administration Trump.
    Le secrétaire d’Etat Marco Rubio, qui a annoncé cette décision dans un communiqué, a accusé le pays africain de ne pas reprendre ses citoyens visés par une mesure d’expulsion, une problématique qui rappelle la récente polémique entre la France et l’Algérie. « Avec effet immédiat, le département d’Etat des Etats-Unis révoque tous les visas détenus par les porteurs de passeports du Soudan du Sud », a annoncé M. Rubio.
    Il s’agit de la première mesure de ce type prise contre l’ensemble des citoyens d’un pays du monde depuis le retour au pouvoir le 20 janvier du président Donald Trump, qui a engagé une politique radicale de lutte contre l’immigration. « Il est temps que le gouvernement de transition du Soudan du Sud cesse de tirer profit des Etats-Unis », a accusé le chef de la diplomatie américaine. « Tout pays doit accepter de reprendre promptement ses citoyens lorsqu’un autre pays, y compris les Etats-Unis, veut les expulser ». Le communiqué précise qu’en plus de la révocation des visas existants, Washington va cesser de remettre des nouveaux visas aux ressortissants du pays de 11 millions d’habitants."Nous nous tenons prêts à revoir cette politique lorsque le Soudan du Sud sera pleinement coopératif", a assuré M. Rubio.
    Lors de son précédent mandat, M. Trump avait signé en 2017 un décret interdisant l’entrée sur le sol américain aux ressortissants de plusieurs pays majoritairement musulmans.La Libye, le Soudan, la Syrie, l’Irak, l’Iran, le Yémen et la Somalie avaient été visés.Le Soudan du Sud, pays à majorité chrétienne, avait à l’époque échappé à cette mesure. La décision de Washington frappe un des pays les plus pauvres de la planète. En 2022 (statistique publiée en 2024), le Soudan du Sud se classait avant-dernier dans l’indice mondial du développement humain publié par les Nations unies, juste avant la Somalie.Elle survient alors que le pays risque de replonger dans la guerre civile, a averti le mois dernier un haut responsable de l’ONU.
    Le Soudan du Sud - pays né en juillet 2011, sous les auspices des Etats-Unis, de la partition du Soudan - a traversé une guerre civile qui a fait près de 400.000 morts et 4 millions de déplacés entre 2013 et 2018, lorsqu’un accord de paix a été signé.Dans ce contexte, les Soudanais du Sud bénéficiaient jusqu’à présent d’un statut protégé octroyé à titre temporaire (TPS) sur le sol américain.
    Cette disposition, accordée par l’administration Biden, expire le mois prochain. Elle empêche d’expulser les ressortissants de pays qui ne peuvent pas rentrer chez eux pour cause de guerre ou de catastrophe naturelle ou autres circonstances « extraordinaires ».
    En 2023, l’administration Biden avait indiqué que 133 Soudanais du Sud bénéficiaient de ce statut, 140 autres étant éligibles à ce statut.
    L’administration Trump a commencé à revenir sur le statut TPS, qui a été retiré en janvier à plus de 600.000 Vénézuéliens.La justice vient de bloquer cette décision au motif que l’exécutif l’a justifiée en affirmant que la majorité des Vénézuéliens présents aux Etats-Unis seraient des criminels. D’après l’institut Pew Research Center, 1,2 million de personnes bénéficiaient en mars 2024 du statut TPS ou pouvaient y prétendre.

    #Covid-19#migrant#migration#soudansud#etatsunis#politiquemigratoire#visas#sante#expulsion#immigration

  • Exclusive: Trump’s “pro-Hamas” purge could block foreign students from colleges
    https://www.axios.com/2025/03/27/trump-palestinian-hamas-purge-colleges-protests

    Zoom in: The idea of prohibiting colleges from enrolling any student visa-holders grew out of Secretary of State Marco Rubio’s “Catch and Revoke” program, which now is focusing on students who protested against the war in Gaza.

    […]

    More than 300 foreign students have had their student visas revoked in the three weeks “Catch and Revoke” has been in operation, the official said. There are 1.5 million student visa-holders nationwide.

    Hundreds of international students wake up to an email asking them to self deport for campus activism
    https://timesofindia.indiatimes.com/world/us/hundreds-of-international-students-are-waking-up-to-an-email-asking-them-to-self-deport-for-campus-activism-or-even-sharing-posts-on-social-media/articleshow/119679695.cms

    Hundreds of international students in the US are getting an email from the US Department of State (DOS) asking them to self-deport owing to campus activism. Immigration attorneys’ contacted by TOI affirmed this development and added a few Indian students may also be at the receiving end of such emails – for something as innocuous as sharing a social media post.

    It is not just international students who physically participated in campus activism but also those who shared or liked ‘anti-national’ posts that are the target of these emails, said an immigration attorney.

    […]

    “On behalf of the United States Department of State, the Bureau of Consular Affairs Visa Office hereby informs you that additional information became available after your visa was issued. As a result, your F-1 visa with expiration date XXXXX was revoked in accordance with Section 221(i) of the United States Immigration and Nationality Act, as amended."

    “The Bureau of Consular Affairs Visa Office has alerted the Department of Homeland Security’s Immigration and Customs Enforcement, which manages the Student Exchange Visitor Program and is responsible for removal proceedings. They may notify your designated school official about the revocation of your F-1 visa.”

    “Remaining in the United States without a lawful immigration status can result in fines, detention, and/or deportation. It may also make you ineligible for a future U.S. visa. Please note that deportation can take place at a time that does not allow the person being deported to secure possessions or conclude affairs in the United States. Persons being deported may be sent to countries other than their countries of origin.”

    “Given the gravity of this situation, individuals whose visa was revoked may wish to demonstrate their intent to depart the United States using the CBP Home App”

    “As soon as you depart the United States, you must personally present your passport to the U.S. embassy or consulate which issued your visa so your visa can be physically cancelled. You must not attempt to use your visa as it has been revoked. If you intend to travel to the United States in the future, you must apply for another U.S. visa and a determination on your eligibility for a visa will be made at that time.”

  • Les Etats-Unis réfléchissent à des restrictions de voyage pour 43 pays (média)
    https://www.dakaractu.com/Les-Etats-Unis-reflechissent-a-des-restrictions-de-voyage-pour-43-pays-me

    Les Etats-Unis réfléchissent à des restrictions de voyage pour 43 pays (média)
    Les Etats-Unis réfléchissent à la mise en place de sévères restrictions d’entrée dans le pays pour des voyageurs en provenance de 43 pays, a rapporté vendredi le New York Times.Citant des responsables préférant conserver l’anonymat, le journal précise que ces pays seraient classés en trois catégories.La catégorie rouge - les pays dont les ressortissants seraient totalement interdits d’entrée aux Etats-Unis - comprend l’Afghanistan, le Bhoutan, Cuba, l’Iran, la Libye, la Corée du Nord, la Somalie, le Soudan, la Syrie, le Venezuela et le Yémen. Dix autres pays - le Belarus, l’Erythrée, Haïti, le Laos, la Birmanie, le Pakistan, la Russie, la Sierra Leone, le Sud-Soudan et le Turkménistan - seraient classés dans la catégorie orange et verraient leurs visas fortement restreints. « Dans cette catégorie, les voyageurs d’affaires fortunés pourraient être autorisés à entrer, mais pas les personnes voyageant avec un visa d’immigrant ou de touriste », précise le New York Times.Les citoyens des pays de la catégorie orange devraient en outre se soumettre à des entretiens en personne pour obtenir un visa.Vingt-deux autres pays figurant sur la liste jaune auraient pour leur part 60 jours pour répondre aux questions des États-Unis, sous peine d’être placés dans une catégorie plus restrictive.Les responsables interrogés par le New York Times ont indiqué que « la la liste a été élaborée par le département d’Etat voici plusieurs semaines et que des changements sont probables avant qu’elle ne parvienne à la Maison Blanche ».En arrivant au pouvoir, M. Trump a gelé le programme d’admission des réfugiés aux Etats-Unis et la quasi-totalité de l’aide à destination de l’étranger.Il a en outre demandé à son gouvernement d’identifier les pays dont les ressortissants devraient être interdits d’entrée aux Etats-Unis pour des raisons de sécurité. Lors de son précédent mandat, M. Trump avait signé en 2017 un décret interdisant l’entrée sur le sol américain aux ressortissants de plusieurs pays majoritairement musulmans, dont la Syrie en guerre.

    #Covid-19#migration#migrant#etatsunis#visas#refugie#islam#politiquemigratoire

  • Au Royaume-Uni, la surprenante liste officielle des métiers en tension - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/63093/au-royaumeuni-la-surprenante-liste-officielle-des-metiers-en-tension

    Au Royaume-Uni, la surprenante liste officielle des métiers en tension
    Par Sertan Sanderson Publié le : 28/02/2025
    Le visa de « travailleur qualifié » est de plus en plus sollicité pour rejoindre le Royaume-Uni. Pour l’obtenir, les autorités britanniques publient régulièrement une liste de métiers en tension. La dernière en date, qui comprend « promeneur de chiens », « professeur de pilates » ou encore « esthéticien canin » n’a toutefois pas manqué de susciter des interrogations chez les chercheurs britanniques.
    Un chercheur de l’Université d’Oxford a découvert que la liste du Royaume-Uni des « professions éligibles » pour les visas de « travailleurs qualifiés » ("Skilled worker" visa) comprend des professions plutôt inhabituelles.
    Robert McNeil, qui travaille pour le Centre pour la migration à la prestigieuse université britannique note avec étonnement que "les politiques d’immigration post-Brexit du Royaume-Uni permettent spécifiquement d’accorder des visas de travailleur qualifié aux travailleurs étrangers pour des postes comme les « promeneurs de chiens », « professeur de yoga » ou « esthéticiens canins’ ».
    Plusieurs pays en Europe - y compris le Royaume-Uni - s’efforcent d’attirer des travailleurs qualifiés à l’international dans des secteurs clés, où la pénurie de main-d’œuvre est susceptible d’avoir un impact sur la vie économique du pays. Au Royaume-Uni, certains profils pour ces visas sont toujours demandés dans le domaine de la santé (soins infirmiers, la rééducation physique ou l’assistance maternelle). Le domaine de l’informatique est également en quête de personnels qualifiés.Dans le travail manuel, le pays recherche aussi des plombiers, menuisiers, soudeurs ou encore maçons qui se font de plus en plus rares sur le marché du travail britannique. Ces métiers donnent la possibilité aux étrangers possédant les qualifications recherchées de s’installer plus facilement dans le pays.
    Enfin, les scientifiques sont très demandés au Royaume-Uni et dans d’autres pays européens, allant des domaines de la chimie aux sciences de l’espace.
    C’est pourquoi les universités du Royaume-Uni travaillent en étroite collaboration avec les gouvernements du monde entier pour préparer l’avenir en augmentant la proportion de ressortissants étrangers à des postes hautement qualifiés.
    Professeurs de yoga, organistes d’église, créateur de vêtements de mariée Cependant, au-delà de ces professions, la liste du Royaume-Uni compte plus de 300 métiers et met en évidence une pénurie sur des postes auxquels l’on pense moins, comme les assistants vétérinaires, les agents de probation et les bibliothécaires. Ou encore des illustrateurs, des chorégraphes, des créateurs de vêtements de mariage et des organistes d’église.À en croire cette liste, le Royaume-Uni est également en quête de professeurs de yoga, de skippers de yacht, de barmans et d’ouvriers agricoles.
    « Beaucoup de ces métiers peuvent être difficiles et nécessiter des compétences particulières, mais ils ne sont peut-être pas ceux auxquels pensent la plupart des gens lorsqu’ils imaginent des postes essentiels sur lesquels des employeurs britanniques recrutent à l’étranger », explique Robert McNeill au quotidien The Guardian.
    « Par exemple, même si on peut être hautement qualifié pour couper les griffes d’un chien ou coiffer un caniche, est-ce que cela est pour autant essentiel pour l’économie britannique ? »
    Le chercheur voit un lien direct entre le Brexit - la sortie du Royaume Uni de l’Union européenne (UE) en 2020 - et les professions figurant sur la liste du ministère de l’Intérieur. « En même temps que la fin de la libre circulation, le gouvernement a réduit le seuil de compétences pour pouvoir prétendre à un visa de travail. Auparavant, seuls les emplois diplômés qualifiés concernaient les citoyens non européens », a-t-il souligné. Selon Robert McNeil, puisque les citoyens de l’UE ne sont plus autorisés à s’installer et travailler sans visa au Royaume-Uni, de nombreux postes « moyennement qualifiés » ont dû être ajoutés à la liste des emplois qualifiés.
    Il faut néanmoins préciser que toutes les professions listées ne donnent pas lieu à la délivrance d’un visa de travailleur qualifié. Dans certains cas, seules des personnes travaillant déjà au Royaume-Uni peuvent prétendre à prolonger leur visa en se dirigeant vers l’un des métiers en tension. Certains postes nécessitent enfin de passer par d’autres voies d’immigration légales.
    Le ministère de l’Intérieur a réagi dans le Guardian en expliquant que si la liste des « professions éligibles » peut sembler « éclectique », toutes les personnes dont le métier figure sur la liste ne seront pas automatiquement admissibles."Demander un visa n’est que la première étape pour pouvoir venir travailler au Royaume-Uni", note sobrement le ministère de l’Intérieur.Pour presque toutes les professions figurant sur la liste, un travailleur étranger doit être parrainé par un employeur britannique pour obtenir un visa de travailleur qualifié. Aussi, la plupart des postes exigent de pouvoir prouver un revenu minimum de 38 700 pounds par an, soit 46 720 euros. Le gouvernement a également annoncé son intention de favoriser des programmes de formation pour les travailleurs britanniques aux métiers qui nécessitent actuellement des recrutements à l’étranger.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#metierentension#economie#brexit#visas#travailleurqualifie#politiquemigratoire#sante

  • Entre la France et l’Algérie, la tension monte sur les accords migratoires
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/02/28/entre-la-france-et-l-algerie-la-tension-monte-sur-les-accords-migratoires_65

    Entre la France et l’Algérie, la tension monte sur les accords migratoires
    Par Frédéric Bobin
    Comme si la rupture était dans l’air entre la France et l’Algérie, chacun raconte comment l’autre en est à l’origine. Au lendemain de l’ultimatum fixé par Paris pour forcer Alger à réadmettre une « liste d’urgence » de personnes expulsées sous peine d’une « remise en cause » des accords migratoires bilatéraux, le ministère algérien des affaires étrangères a réagi, jeudi 27 février, en affirmant que « l’Algérie n’a pris l’initiative d’aucune rupture et a laissé la partie française en assumer seule la responsabilité pleine et entière ». « [Elle] rejette catégoriquement les ultimatums et les menaces », ajoute le communiqué algérien.
    En écho, le premier ministre, François Bayrou, déclare vendredi au Figaro que « cette crise ne vient pas du gouvernement français, [mais] du refus des dirigeants algériens de remplir les obligations auxquelles ils se sont engagés ». La posture offensive adoptée, mercredi, par Paris vis-à-vis d’Alger, à l’issue du comité interministériel de contrôle de l’immigration, dans un contexte alourdi par l’attentat mortel du 22 février à Mulhouse – dont le suspect principal est un ressortissant algérien ayant fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire non exécutée par l’Algérie – s’inscrit dans une escalade des tensions bilatérales sans précédent depuis deux décennies.
    Il faut remonter à 2005, lors de la crise autour d’un article de loi évoquant « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord », pour retrouver une telle animosité entre les deux capitales. Et encore, l’Algérie n’avait pas alors décidé du « retrait » – mesure plus grave que le « rappel » – de son ambassadeur en poste à Paris, comme c’est le cas depuis le 30 juillet 2024 en réaction à la reconnaissance par Emmanuel Macron de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental, l’événement déclencheur de la crise. Depuis lors, les contacts politiques sont suspendus entre Paris et Alger tandis que les relations économiques et commerciales sont au plus bas.
    Dans cette épreuve de force inédite, le narratif du gouvernement algérien se décline autour de trois éléments. D’abord, la prétention au légalisme. Le communiqué du ministère des affaires étrangères impute ainsi à « la partie française » les « manquements constatés aux obligations nationales et internationales », allusion à la décision du tribunal administratif de Paris de suspendre fin janvier l’expulsion en urgence absolue de l’influenceur algérien « Doualemn » prise par le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau. Le dialogue de sourds avec la France qui, elle, assure que le non-respect provient de l’autre partie – ainsi de son refus répété de réadmettre le suspect de l’attentat de Mulhouse avant la survenue du drame – ne saurait être plus total.
    Ensuite, l’Algérie invoque la « réciprocité » pour menacer la France de riposter sur le même terrain des mesures restrictives en matière migratoire. Elle « appliquera une réciprocité stricte et immédiate à toutes les restrictions apportées aux mobilités entre l’Algérie et la France », a précisé le communiqué du ministère des affaires étrangères d’Alger.Outre l’accord de 1968, jugé par Paris excessivement favorable à l’Algérie – laquelle le juge toutefois de facto « vidé de toute sa substance » à la suite de plusieurs révisions –, l’enjeu de ses « mobilités » tourne autour d’un accord de 2013 sur l’exemption réciproque de visas au bénéfice de titulaires de passeports diplomatiques.
    A Paris, on estime que les dirigeants algériens ont dévoyé l’esprit de cet accord en distribuant ces passeports diplomatiques à leurs familles à des fins de voyages privés en France. Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, avait affirmé mardi que des « mesures restrictives » – et « réversibles » en fonction de la coopération d’Alger – avaient été prises contre des « dignitaires algériens », sans fournir toutefois plus de détails.
    Les autorités algériennes ont évoqué pour leur part l’existence de « deux cas » sur lesquels elles avaient demandé des « explications » à Paris. L’un d’entre eux serait Abdelaziz Khellaf, ancien directeur de cabinet du président Abdelmadjid Tebboune, refoulé début février à son arrivée à l’aéroport d’Orly, selon le journal en ligne Twala.
    Enfin, troisième élément de langage diffusé par les communiqués officiels comme par la presse proche du régime : l’imputation de la crise, et peut-être d’une rupture à venir, à l’extrême droite française « revancharde et haineuse », dont le « pari » est « de prendre en otage » la relation franco-algérienne. Une manière de ménager d’autres sensibilités françaises et de laisser la porte entrouverte.

    #Covid-19#migrant#migration#france#algerie#accordmigratoire#visas#mobilite#sante#passeportdiplomatique

  • François Bayrou réunit un comité interministériel de contrôle de l’immigration, sur fond de tensions entre Paris et Alger
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/02/26/francois-bayrou-reunit-un-comite-interministeriel-de-controle-de-l-immigrati

    François Bayrou réunit un comité interministériel de contrôle de l’immigration, sur fond de tensions entre Paris et Alger
    Le Monde avec AFP
    Pour débattre des moyens visant à « reprendre le contrôle des flux migratoires » et définir ses « orientations » en la matière, François Bayrou réunit, mercredi 26 février, une partie de son gouvernement, divisé sur le sujet, sur fond de tensions croissantes avec Alger.
    A partir de 14 heures, une dizaine de ministres seront rassemblés autour du premier ministre pour un comité interministériel de contrôle de l’immigration (CICI). Ils discuteront notamment de « la maîtrise des flux migratoires » et des moyens « nationaux, européens et diplomatiques pour renforcer les contrôles », a appris l’Agence France-Presse auprès de Matignon. A l’issue de ce premier échange, prévu pour une heure, François Bayrou prendra la parole, selon la même source.
    Les ministres de l’intérieur, Bruno Retailleau, des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, de la santé et du travail, Catherine Vautrin, du travail, Astrid Panosyan-Bouvet, de la justice, Gérald Darmanin, et de la santé, Yannick Neuder, entre autres, aborderont également la transposition du pacte européen sur la migration et l’asile – adopté en mai et censé entrer en vigueur mi-2026 –, qui prévoit un durcissement du « filtrage » aux frontières et un mécanisme de solidarité entre les Vingt-Sept.
    Créé en 2005, le CICI a été réactivé par M. Retailleau « dans le contexte d’une immigration importante » et « pour répondre aux attentes des Français en faveur d’une plus grande maîtrise des flux migratoires », par un décret du 22 janvier. Annoncé à la fin de janvier puis reporté, ce rendez-vous se tiendra finalement après l’attaque survenue samedi à Mulhouse (Haut-Rhin), pour laquelle un Algérien de 37 ans en situation irrégulière est accusé d’avoir tué à l’arme blanche une personne et d’en avoir blessé sept autres.
    « Il avait été présenté dix fois aux autorités algériennes pour que son pays d’origine accepte que nous le renvoyions chez lui. Les dix fois, la réponse a été non », a dénoncé lundi François Bayrou, qui juge « inacceptable » le refus d’Alger de reprendre son ressortissant, sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
    Cette nouvelle affaire vient aggraver un peu plus les tensions entre Paris et Alger, qui a refusé à de multiples reprises ces dernières semaines de laisser entrer sur son sol plusieurs de ses ressortissants expulsés de France.
    La question algérienne devrait être au menu des discussions du CICI. Plusieurs solutions ont été évoquées ces dernières semaines, mais elles divisent profondément le gouvernement entre les partisans du « rapport de force », à l’instar de Bruno Retailleau, et ceux de la voie diplomatique, comme Jean-Noël Barrot.Ainsi, le ministre de l’intérieur a récemment plaidé pour « priver un certain nombre de personnalités de la nomenklatura, de diplomates » des « facilités » dont ils bénéficient actuellement. Le chef de la diplomatie, Jean-Noël Barrot, a annoncé, mercredi sur France 2, qu’il allait proposer que les délivrances de visas soient réduites « par tous les pays européens en même temps » pour les Etats qui ne reprennent pas leurs ressortissants expulsés. « Quand on le fait à titre national, malheureusement ça ne fonctionne pas », a-t-il plaidé. (...)
    Le ministre de l’intérieur est allé plus loin en suggérant, comme Edouard Philippe et Gabriel Attal, de « remettre en cause de façon plus générale [l’]accord » avec l’Algérie de 1968. « La question n’est pas forcément d’être aussi abrupt que ça, mais en tout cas la question doit être posée aux Algériens de la réciprocité », a jugé, mardi, Marc Fesneau (chef de file des députés MoDem et proche du premier ministre), sur France 2. « Nous avons tendu beaucoup de fois la main auprès de nos amis algériens, et beaucoup de fois cette main n’a pas été saisie », a-t-il encore relevé, en ajoutant qu’« il faut peut-être changer de registre et de braquet ». « Dire “j’arrête les visas pour un pays donné”, ça ne fonctionne pas », a, à l’inverse, insisté dimanche Jean-Noël Barrot. « Lorsqu’on a réduit les visas, on était à 800 » expulsions par an, mais « lorsqu’on a engagé une coopération exigeante, on a multiplié par trois les expulsions », a-t-il illustré.

    #Covid-19#migrant#migration#france#algerie#OQTF#visas#fluxmigratoires#CICI#accordmigratoire#sante

  • Les Etats-Unis expulsent des immigrés illégaux venus d’Inde, une affaire embarrassante pour Narendra Modi
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/02/17/l-expulsion-d-immigres-illegaux-indiens-par-washington-embarrasse-narendra-m

    Les Etats-Unis expulsent des immigrés illégaux venus d’Inde, une affaire embarrassante pour Narendra Modi
    Par Sophie Landrin (New Delhi, correspondante)
    Deux jours après la visite de Narendra Modi aux Etats-Unis pour rencontrer son « ami » Donald Trump, l’expulsion des migrants illégaux indiens s’intensifie. Deux avions militaires américains transportant 228 hommes, femmes, mineurs et même nourrissons ont atterri, samedi 15 et dimanche 16 février, à Amritsar, au Pendjab. Un premier rapatriement avait été effectué le 5 février, indignant l’opinion publique indienne : les passagers étaient menottés et enchaînés. Les derniers arrivants témoignent de conditions de voyage similaires.
    L’affaire est d’autant plus embarrassante pour Narendra Modi que la majorité des migrants entrant illégalement sur le sol américain par le Canada ou l’Amérique du Sud sont originaires du Gujarat, son fief politique, qu’il aime vanter comme un modèle économique. Pour éviter de braquer les projecteurs sur le Gujarat, le gouvernement a décidé de faire atterrir les avions au Pendjab, un Etat dirigé par le Congrès, le principal parti d’opposition, qui fournit aussi, avec l’Haryana, de nombreux candidats au départ. Le chef du gouvernement de cet Etat du nord de l’Inde, Bhagwant Mann, dénonce une tentative visant à « diffamer » le Pendjab et les Pendjabis.
    Ces expulsions mettent au jour deux réalités que le premier ministre indien s’efforce de masquer. D’abord, celle d’une économie incapable d’offrir assez de travail et de perspectives à sa jeunesse – 10 millions de nouveaux entrants par an sur le marché du travail – qui fuit en priorité vers les Etats-Unis, en quête d’une vie meilleure. L’Inde représente le troisième contingent de migrants illégaux aux Etats-Unis, avec un effectif estimé à 725 000 personnes. Ensuite, ces expulsions soulignent l’évidence que Donald Trump n’accordera à son allié aucun statut particulier, ni sur le plan de l’immigration ni sur le plan commercial.
    Le moment choisi par la Maison Blanche, avant et après la visite de Narendra Modi, le 13 février, est du plus mauvais effet pour le premier ministre indien. « Les Indiens enchaînés qui sont renvoyés sont le cadeau de retour de Trump à Modi », persifle l’opposition.
    Le nationaliste hindou, qui se félicitait d’être reçu prioritairement juste après les chefs de gouvernement d’Israël, du Japon et de Jordanie, revient avec un bilan plus que mitigé. Il a été contraint d’approuver le retour forcé de ses concitoyens sans obtenir des garanties que les ingénieurs hautement qualifiés indiens pourront continuer à bénéficier de visas H-1B, auxquels recourent notamment les entreprises de la tech. Les Indiens ont compté pour 75 % de tous les visas H-1B délivrés en 2020.
    Donald Trump n’a pas fait mystère de ses intentions. Il veut mettre fin au protectionnisme indien et redresser la balance commerciale, aujourd’hui en défaveur des Américains. Le commerce bilatéral s’élève à 190 milliards de dollars (181,4 milliards d’euros), avec un déficit commercial de 47,5 milliards de dollars pour les Etats-Unis.
    New Delhi n’échappera sans doute pas à un régime de droits de douane réciproques. (...)
    Donald Trump demande à l’Inde de lui acheter du pétrole, du gaz et des armes, dont ses chasseurs furtifs F-35, pour réduire la dépendance de New Delhi à la Russie, son fournisseur historique d’armes et de pétrole brut depuis le début de la guerre en Ukraine.
    Donald Trump et Narendra Modi se sont fixé pour objectif de doubler le commerce bilatéral pour atteindre 500 milliards de dollars, d’ici à 2030, et de signer un accord bilatéral multisectoriel, d’ici à 2025. (...) Autre déconvenue pour Narendra Modi, le département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) américain, dirigé par Elon Musk, a annoncé, samedi 15 février, l’annulation d’une allocation de 21 millions de dollars destinée à stimuler la « participation électorale » en Inde.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#inde#politiquemigratoire#visas#H1B#migrationirreguliere#expulsion#sante#economie

  • En Californie, la peur se répand parmi les ouvriers agricoles sans papiers après l’opération « Retour à l’envoyeur »
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    En Californie, la peur se répand parmi les ouvriers agricoles sans papiers après l’opération « Retour à l’envoyeur »
    Par Corine Lesnes (envoyée spéciale à Bakersfield)
    Avant même l’investiture de Donald Trump, les raids anti-immigration ont déjà commencé dans la Vallée centrale, la région agricole de la Californie. « Comme s’il s’agissait d’une répétition », observe le professeur d’économie Richard Gearhart, enseignant à l’université d’Etat à Bakersfield.
    Dans le comté de Kern, à deux heures à l’est de Los Angeles, la police aux frontières est arrivée le 7 janvier. Ses fourgonnettes blanc et vert, garées devant la station essence où les journaliers attendent l’embauche, ont été immédiatement repérées, et leur signalement a été diffusé dans les groupes WhatsApp. Questionné par la presse locale, le porte-parole de la Border Patrol, Gregory Bovino, a expliqué qu’il s’agissait de l’opération « Return to Sender » (« retour à l’envoyeur »), une opération anticartels visant à renvoyer les « criminels » dans leurs pays.
    A Bakersfield, la capitale du comté, le paysage humain a aussitôt changé. Les jardiniers ont disparu des pelouses, certains cuisiniers des restaurants, les rendez-vous annulés se sont accumulés chez les médecins. Dans les champs, les oranges – c’est la saison de la récolte – sont restées sur les arbres. Le premier jour, 25 % des ouvriers agricoles ne se sont pas présentés au travail, et 75 % le lendemain, selon le président du groupement des producteurs d’agrumes California Citrus Mutual, Casey Creamer.
    Début janvier, les sans-papiers se sont terrés chez eux, sachant que la police fédérale, chargée de l’immigration, ne peut pas se présenter à leur domicile sans mandat judiciaire. L’opération « Retour à l’envoyeur » n’a duré que trois jours, mais elle a répandu la peur et elle a donné un avant-goût de l’après, si Donald Trump met à exécution son plan de mass deportations (« expulsions massives »).
    Bakersfield est un morceau de Californie rurale largement ignoré des villes côtières. Un monde à part, légèrement rétro, entre poussière et pétrole. Une terre républicaine – c’était le fief de Kevin McCarthy, l’ancien président de la Chambre des représentants – mais surtout agricole. Le comté produit un tiers des agrumes de la Californie, des raisins et des noix. L’air est chargé de l’odeur du bétail, parfois des oranges ou de l’ail. Le train de marchandises qui remonte la Vallée centrale siffle comme dans les films.
    Sur les 900 000 habitants du comté, 180 000 ne sont pas nés aux Etats-Unis. Plus de la moitié des ouvriers agricoles sont sans papiers, soit quelque 50 000 personnes. En 2007, le républicain George W. Bush avait mis en place un mécanisme facilitant la vérification des permis de travail par les entreprises et durcissant les amendes pour l’emploi de clandestins. L’effet a été minime, le système rapidement contourné. Les travailleurs continuent à être recrutés par des intermédiaires (les majordomos) qui ferment les yeux sur leurs cartes de sécurité sociale falsifiées. Dans l’équation entrent aussi quelques pots-de-vin, précise un familier du système.
    Le quartier des farm workers (« ouvriers agricoles ») se trouve au sud-est de Bakersfield, derrière le supermarché Mercado Latino. Des maisons sans étage, modestes, aux cours encombrées : ici une chèvre, là une voiture qui aura peine à redémarrer. Ce 10 janvier, dans le salon de Bruno et Olivia (ils n’ont pas souhaité donner leur nom, les prénoms ont été changés), les décorations de Noël sont encore suspendues au plafond. Une peinture montre Jésus-Christ brisant le pain. Sur la nappe fleurie, Olivia a posé des paquets de biscuits. Ils sont une demi-douzaine autour de la table de bois foncé. Le couple, quelques amis, tous Mexicains d’origine, tous ouvriers agricoles, sauf Bruno, qui a un vrai permis de travail et livre des meubles pour un magasin.
    « Miedo » (« peur », c’est le mot qui est sur toutes les lèvres. Les migrants ont peur des voitures de la « migra », la police de l’immigration, qui rôde autour des fermes. La veille, leur voisine Marisa leur a demandé de prévenir les enfants qu’elle allait rentrer tard de la cueillette des oranges. La police était sur la route. Le contremaître, qui a des papiers en règle, est allé en éclaireur vérifier si la voie était libre. Dans une ferme, les employés ont demandé à bénéficier d’une navette pour leur éviter tout risque de croiser la « migra » sur le chemin du travail. L’employeur a refusé.
    Les migrants essaient de se préparer à l’après-20 janvier. « On doit faire des plans », se convainc Olivia. Le syndicat United Farm Workers (UFW), comme d’autres associations et les églises, tient des séances d’autodéfense juridique, dites « Know your rights » (« connaissez vos droits »), dans toute la région. On y apprend qu’il ne faut surtout pas ouvrir la porte si la police frappe, qu’il ne faut signer aucun papier, qu’un parent expulsé ne peut pas laisser ses enfants à la garde d’un proche sans établir une procuration légale… Les participants reçoivent une petite carte rouge à porter en permanence dans leur poche ou leur portefeuille, et à faire lire aux policiers en cas de besoin. Elle stipule que la Constitution s’applique non seulement aux citoyens, mais à tous ceux qui vivent sur le sol américain.
    Depuis l’élection de Donald Trump, le 5 novembre 2024, les enfants sont inquiets. Sur son tee-shirt, Hilda porte une inscription « Believe » (« croire »). Hier, son fils de 13 ans a prétexté des maux de ventre et refusé d’aller à l’école. Sa mère l’y a conduit quand même. « J’essaie de ne pas alimenter sa peur. » Mais elle a demandé à un cousin d’aller le chercher. L’enfant « ne veut pas que sa mère soit expulsée à cause de lui, pour l’avoir emmené à l’école », explique-t-elle.
    Près de trois quarts des sans-papiers vivent avec un proche qui est un résident légal. Les parents sont confrontés à la question de la séparation si l’un d’eux tombe dans un coup de filet et se fait expulser. Que deviennent les enfants ? Juan, employé dans une laiterie, et son épouse en ont discuté avec leurs deux garçons. Le grand est au lycée. Il est tellement inquiet qu’il « se jette dans mes bras quand je rentre, relate le père. Mais il faut bien que je travaille ». La famille est partagée entre rester ou repartir au Mexique, bien que les enfants ne connaissent pas le pays. « Il y a des risques des deux côtés », dit l’ouvrier.
    Sous les présidences de Barack Obama puis de Joe Biden, la police de l’immigration a largement fermé les yeux sur le statut des ouvriers agricoles. Olivia voudrait que Donald Trump en fasse autant et « ouvre son cœur ». « Nous sommes travailleurs, nous payons des impôts, nos enfants grandissent comme des enfants américains, souligne-t-elle. A tous les coins de rue, on voit des gens qui quémandent de l’argent. Nous, nous sommes dans les champs, l’hiver, l’été, par tous les temps. » La mère de famille ne se fait pas d’illusions sur les intentions du futur président. « Mais, au moins, qu’il nous laisse en paix ! »
    Pour l’économie du comté (55 milliards de dollars, soit 53,5 milliards d’euros), les expulsions massives évoquées par Donald Trump auraient des conséquences désastreuses, explique le professeur Gearhart. L’agriculture représente 10 % du produit brut du comté, souligne-t-il, juste derrière le pétrole (15 %). Les pertes pourraient aller jusqu’à 5 milliards de dollars. Un ralentissement « pire que le Covid », un retour « à l’époque des Raisins de la colère », craint-il, en référence au roman de John Steinbeck qui montre la misère des travailleurs migrants pendant la Grande Dépression des années 1930. S’ajoutent les conséquences indirectes dans le secteur de la restauration, de l’hôtellerie, du nettoyage, voire sur le réseau des écoles gratuites que les fermes subventionnent pour former la future main-d’œuvre. Selon l’économiste, la majorité des sans-papiers va rester. « Ils vont attendre que l’orage passe, mais cela aussi va avoir des conséquences négatives sur l’activité économique. »
    Une main-d’œuvre moins chère
    La plupart des fermiers ont interdit aux agents de l’immigration de pénétrer sur leur propriété pour y interpeller des migrants. A Bakersfield, le Farm Bureau, l’office qui représente les exploitations, a rappelé leur importance – et leur expertise – dans la collecte des fruits et légumes. Pour autant, « les exploitants ne sont pas vraiment inquiets, affirme Roman Pinal, vice-président du syndicat UFW. Leur souhait, c’est de parvenir au remplacement de ces travailleurs par d’autres en élargissant le programme de visa H-2A ». Ce visa, d’une durée d’un à trois ans, permet de travailler, mais pas de s’installer. Les fermes y trouveraient une main-d’œuvre qu’ils pourraient payer encore moins cher que les farm workers actuels. « L’équivalent du H-1B dans la tech », ajoute le syndicaliste.
    Selon Aaron Hegde, directeur du Grimm Family Center for Agricultural Business à l’université de Bakersfield, la plupart des exploitants sont favorables à cette solution. Sur la régularisation des sans-papiers, en revanche, « les opinions sont partagées », explique-t-il, sans exclure que les positions évoluent au printemps, quand viendra la saison des récoltes et que les fermes seront confrontées à une pénurie de main-d’œuvre encore plus aiguë que d’habitude.
    Après trois jours d’opération dans le comté, la Customs and Border Protection a annoncé avoir arrêté 78 personnes en situation irrégulière, originaires du Mexique, du Salvador, du Honduras, d’Equateur et aussi de Chine. Quelques expulsés avaient été condamnés pour divers délits (agression sexuelle, conduite en état d’ivresse, trafic de drogue). La Border Patrol n’a pas nié qu’elle avait aussi interpellé des migrants sans aucun antécédent judiciaire. Son porte-parole s’est fait l’écho de la doctrine Trump, popularisée par son « border tsar », Tom Homan : « Franchir la frontière et résider illégalement aux Etats-Unis est contraire à la loi. » Autrement dit, les clandestins sont par définition des délinquants.
    Les patrons des exploitations – de grands groupes agroalimentaires aussi bien que des fermes familiales – ont mis en garde l’équipe Trump contre des projets d’expulsions qui déstabiliseraient la chaîne alimentaire nationale et entraîneraient pénuries et augmentations de prix. Aaron Hegde souligne que les raids pré-investiture ont été conduits par la police aux frontières et non par l’unité chargée du contrôle de l’immigration (l’Immigration and Customs Enforcement). « Au-delà de la rhétorique électorale, il faut voir quel sera le plan » de l’administration Trump. Mais, à la veille de l’investiture de son champion, la base républicaine semble indifférente aux conséquences économiques de sa politique migratoire. « Il y a un soutien tacite important pour les expulsions massives dans la population », constate le professeur Gearhart

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#migrationirreguliere#economie#agriculture#californie#mexique#visas#H-2A#sante#deportation

  • En manque de main-d’œuvre, la Grèce va délivrer près de 90 000 visas pour des travailleurs étrangers - InfoMigrants
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    En manque de main-d’œuvre, la Grèce va délivrer près de 90 000 visas pour des travailleurs étrangers
    Par La rédaction Publié le : 14/01/2025
    Le gouvernement grec a annoncé fin décembre la délivrance de 89 290 visas pour les travailleurs étrangers en 2025. La Grèce manque cruellement de main-d’œuvre et compte sur les étrangers pour faire tourner son économie, notamment dans le secteur de l’agriculture et du tourisme.
    Pour l’année 2025, la Grèce va délivrer jusqu’à 89 290 visas de travail. Cette mesure a été approuvée en fin d’année par le gouvernement grec afin de couvrir les emplois vacants dans le pays, indique début janvier la presse locale. Sur ces près de 90 000 visas, 45 670 concernent des emplois saisonniers avec des visas de courte durée (quelques mois), 41 670 des visas longue durée (minimum trois ans) pour les métiers en tension et 2 000 postes visent des emplois pour des travailleurs étrangers hautement qualifiés.
    Dans le détail, 16 000 emplois s’adressent aux travailleurs non qualifiés dans l’agriculture, l’élevage, la sylviculture (domaine forestier) et la pêche. Dans le secteur de la construction, 4 950 emplois visent les ouvriers du bâtiment. Dans l’industrie, 5 000 emplois concernent les secteurs de la fabrication, de l’emballage et du stockage. Plus de 5 000 emplois dépendent des domaines du nettoyage, de la cuisine, de la restauration, du tourisme, des aides domestiques, des employés de bureau... Et le même nombre concerne aussi les employés de bureau dans des entreprises nationales.
    Des accords bilatéraux avec plusieurs pays facilitent la délivrance de visas. Environ 4 000 postes vacants dans le domaine de l’agriculture ou du tourisme devraient être pourvus par des personnes originaires du Bangladesh, grâce à un partenariat signé entre les deux pays en septembre 2022. Un autre accord avec l’Égypte, en vigueur depuis janvier 2023, permet aussi à ces ressortissants de venir légalement en Grèce, notamment pour travailler dans le domaine de la pêche.
    Les organisations de métiers en tension ont salué la décision d’accorder ces 90 000 visas cette année mais les patrons rappellent que cela ne représente qu’une goutte d’eau alors que la main-d’œuvre manque cruellement en Grèce. Environ 300 000 emplois, notamment dans le tourisme ou le bâtiment, sont non pourvus dans le pays.
    Par ailleurs, obtenir l’autorisation de venir travailler en Grèce est une véritable gageure. Le gouvernement a d’ailleurs assuré qu’il allait présenter au printemps prochain une proposition de loi afin de simplifier et d’accélérer le processus. « Nous travaillons de manière systématique et méthodique pour la préparation d’un projet de loi global sur l’immigration légale qui viendra résoudre la plupart des problèmes afin de donner l’impulsion pour renforcer immédiatement l’économie grecque avec la main-d’œuvre nécessaire », a déclaré à la presse grecque le ministre de l’Immigration et de l’Asile Nikos Panagiotopoulos.
    « Ce que nous avons identifié, c’est qu’à partir du moment où un travailleur étranger, hors UE, souhaite travailler dans notre pays, des dizaines [de démarches] sont nécessaires jusqu’à ce que le processus soit terminé, ce qui le rend automatiquement dysfonctionnel et inefficace. Nous travaillons sur une série d’interventions qui changeront cela de la manière la plus rapide et certainement la plus efficace », a-t-il ajouté.
    Fin 2023, Athènes avait lancé un nouveau titre de séjour, destiné aux migrants sans papiers installés en Grèce. Il s’adresse aux exilés résidant dans le pays depuis au moins trois ans et qui peuvent présenter une promesse d’embauche. Avec ce permis de séjour, l’État grec entend répondre à « la concurrence intense d’autres pays européens, comme l’Italie », selon un communiqué des autorités. Dans le pays, le marché du travail « est soumis à des tensions accrues en raison de l’exode des migrants vers d’autres États européens », expliquait à l’époque le média grec Ekathimerini. Cela s’explique principalement par le fait que les citoyens de pays tiers peuvent obtenir plus facilement des documents et avoir un meilleur accès au marché du travail ailleurs dans l’Union européenne.
    De plus, une part conséquente de la main-d’œuvre est en fait constituée de migrants sans papiers – déboutés du droit d’asile, ou à qui l’on a refusé un permis de séjour – qui vivent pourtant dans le pays depuis de nombreuses années

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  • Tensions avec l’Algérie : Gérald Darmanin propose de « supprimer » la dispense de visa pour la France dont bénéficie la nomenklatura
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/01/12/tensions-avec-l-algerie-gerald-darmanin-propose-de-supprimer-l-absence-de-vi

    Tensions avec l’Algérie : Gérald Darmanin propose de « supprimer » la dispense de visa pour la France dont bénéficie la nomenklatura
    Le Monde avec AFP
    Interrogé sur le contexte d’aggravation des tensions diplomatique entre Paris et Alger, le ministre de la justice, Gérald Darmanin, a annoncé, dimanche 12 janvier, vouloir « supprimer » l’accord intergouvernemental franco-algérien de 2013, qui permet à la nomenklatura algérienne de se rendre en France sans visa.
    « Il y a un accord de 2013, qui est un accord gouvernemental, qui permet à ceux qui ont un passeport officiel, un passeport diplomatique algérien – il y en a des milliers – », de « venir en France sans visa pour pouvoir circuler librement », a-t-il dit sur LCI.
    « Toucher les dirigeants ou la plupart des dirigeants algériens qui ont la position de décision d’humiliation, comme l’a évoqué le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, ça me paraît plus intelligent, plus efficace, et ça peut se faire très rapidement », a ensuite développé le garde des sceaux, estimant qu’« il faut supprimer cette facilité ». Cette « mesure de rétorsion » ne toucherait pas « les 10 % de nos compatriotes qui ont des liens de sang, de sol, de culture, y compris les pieds-noirs », a ajouté l’ancien ministre de l’intérieur.
    Les relations entre l’Algérie et la France, déjà tumultueuses, se sont envenimées ces derniers jours avec l’arrestation à Montpellier d’un influenceur algérien de 59 ans, Boualem Naman, dit « Doualemn », après une vidéo incitant à la violence diffusée sur TikTok. Mis dans un avion jeudi pour l’Algérie, il a été renvoyé en France le soir même. Conséquence de son retour sur le territoire français, sa rétention a été prolongée dimanche soir de vingt-six jours.
    Cette expulsion était « arbitraire et abusive », a estimé samedi le ministère des affaires étrangères algérien, rejetant les accusations françaises d’« escalade » et d’« humiliation ». « C’est un pays souverain qui entend le dire et ils ont raison, nous devons les respecter. Mais ils doivent nous respecter aussi. L’Algérie doit respecter la France, la France doit respecter l’Algérie », a réagi M. Darmanin, dimanche, estimant, en reprenant les mots de son successeur Place Beauvau, que « nous sommes dans un moment très critique et cette humiliation qu’on veut nous faire subir n’est pas acceptable ».
    L’ex-premier ministre, Gabriel Attal, avait, lui, appelé à « dénoncer » l’accord de 1968, qui confère un statut particulier aux Algériens en matière de circulation, de séjour et d’emploi en France. Cet accord, « on peut le dénoncer, le réviser, il a été révisé quatre fois, il est d’ailleurs devenu un peu obsolète », a abondé M. Darmanin.
    Un autre point de discorde entre la France et l’Algérie concerne l’arrestation à Alger de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, 75 ans, malade. « Il doit retrouver la liberté le plus rapidement possible, l’Algérie, je pense, s’honorerait de le libérer », a déclaré dimanche le garde des sceaux.

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  • « Sur l’immigration, le récit de Donald Trump évolue au gré des rapports de force dans son camp »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/03/sur-l-immigration-le-recit-de-donald-trump-evolue-au-gre-des-rapports-de-for

    « Sur l’immigration, le récit de Donald Trump évolue au gré des rapports de force dans son camp »
    Marie-Cécile Naves Politiste
    Durant toute sa campagne, Donald Trump s’est engagé à réduire de manière drastique l’immigration non seulement illégale, mais aussi légale. Son souhait de confier cette tâche à l’ancien policier Tom Homan – l’artisan de la séparation de plus de 4 000 enfants de leurs parents immigrés entre 2017 et 2021 – allait dans ce sens.
    Le récit trumpien se décline en trois points : la lutte contre la délinquance (le migrant étant automatiquement associé au criminel) ; la préservation d’une identité (blanche) américaine mythifiée ; et, précisément, l’efficacité économique. Ces trois objectifs sont liés entre eux, le travailleur immigré étant présumé prendre le travail du « vrai » Américain.
    Dans les faits, la perspective d’une expulsion des quelque 11 millions de clandestins, mais aussi de leurs enfants, même si ces derniers sont en situation régulière, s’avère, au-delà des problèmes éthiques et pratiques qu’elle pose, une aberration économique.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Aux Etats-Unis, l’immigration au cœur des premières nominations de Donald Trump
    En 2022, on comptait 30 millions d’immigrés dans la main-d’œuvre du pays (soit 18 %), dont 8 millions de travailleurs illégaux indispensables à de nombreux secteurs économiques. Les sans-papiers représentent ainsi jusqu’à un tiers des employés dans l’agriculture, le BTP, les loisirs, la restauration, les services à domicile ou à la personne, en particulier parce qu’ils sont les seuls à accepter certains emplois peu qualifiés.
    Cependant, nombre d’entre eux sont très demandés en raison de leur niveau de qualification : aux Etats-Unis, un tiers des immigrés possèdent un diplôme de l’enseignement supérieur (soit la même proportion que les citoyens américains), ce qui les conduit à occuper des emplois à haute valeur ajoutée : banque, nouvelles technologies, recherche fondamentale et appliquée, etc.
    Une étude du National Bureau of Economic Research, un centre de recherche indépendant, a montré qu’entre 1990 et 2015 les immigrés ont concentré 16 % des inventions et 23 % des innovations. Ils créent, en outre, plus souvent leur entreprise, et donc des emplois, dont bénéficient également les Américains : les deux tiers des principales entreprises en intelligence artificielle ont été fondées par des immigrés, dont une part importante était au départ sans papiers.
    Avec des expulsions massives, le marché du travail, malgré sa grande fluidité, ne se redéploiera pas de lui-même par un effet de vases communicants. La compétitivité de nombreuses entreprises, petites ou grandes, s’en trouvera affectée, sur le plan national ou à l’échelle internationale : non seulement elles devront augmenter les salaires pour embaucher des Américains ou des immigrés légaux, ce qui aura un effet inflationniste, mais c’est toute une chaîne de production et de distribution qui en pâtira (sous-traitants, etc.). Autrement dit, des opportunités d’emploi seront perdues pour tout le monde.
    Par ailleurs, les économistes et la Banque mondiale s’accordent à dire que la richesse créée par les immigrés, clandestins compris, est considérable : jusqu’à 8 % du PIB des Etats-Unis. Et, même avec un pouvoir d’achat plus faible que la moyenne, les sans-papiers restent des consommateurs, et paient des impôts locaux et fédéraux.
    Enfin, expulser des millions d’immigrés demandera des moyens policiers et judiciaires démesurés : l’American Immigration Council estime qu’arrêter, juger et expulser, chaque année, un million d’immigrés coûterait près de 90 milliards de dollars (87,5 millions d’euros).
    Il est donc certain que le discours trumpien s’adaptera, quelles que soient les décisions prises, et quels que soient les faits. Le récit du président élu évolue déjà au gré des rapports de force dans son camp. Pour l’heure, Donald Trump semble soutenir les « tech bros » de la Silicon Valley, symbolisée par Elon Musk, qui demandent le maintien et l’extension d’un système de visa, le H1B, pour leurs futurs ingénieurs et techniciens, contre l’extrême droite identitaire jusqu’au-boutiste, emmenée notamment par l’idéologue Steve Bannon. A contre-courant de ce que Trump affirme depuis des années.

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  • #Sénégal, #Ghana : les #visas évoluent pour “rendre la pareille” à l’#UE et favoriser l’#intégration_régionale

    Coup sur coup, le Sénégal et le Ghana ont annoncé modifier leur politique portant sur les visas. Dakar exige désormais des pays européens un #traitement_équitable et réciproque dans la délivrance du précieux sésame, tandis qu’Accra entend ouvrir son territoire à la libre circulation de tout porteur d’un passeport africain.

    #Réciprocité et #inclusion. Tels sont les maîtres mots de la politique des visas que plusieurs pays africains souhaitent désormais mettre en place. À commencer par le Sénégal, qui vient d’annoncer, par la voix de son Premier ministre, que le pays entendait désormais appliquer « le principe de réciprocité pour la délivrance de visas aux ressortissants de certains pays l’exigeant à nos ressortissants ». Les États qui imposent « des procédures complexes et coûteuses aux Sénégalais devront désormais s’attendre à la pareille », cingle Seneplus.

    De son côté, le Ghana vient d’annoncer la suppression de l’obligation de visa pour tout Africain désirant se rendre sur son territoire. Business Insider African rappelle que le pays ouest-africain rejoint ainsi le Rwanda, les Seychelles, la Gambie et le Bénin en offrant l’entrée sans visa à tous les détenteurs d’un passeport africain. Jusqu’alors, le Ghana offrait un accès sans visa aux citoyens de 26 pays africains, tandis que les voyageurs de 25 autres pays africains pouvaient obtenir un visa à leur arrivée.

    Un geste fort du président sortant, dont le mandat prendra fin le 7 janvier 2025, date à laquelle le président nouvellement élu, John Mahama, prendra le pouvoir au Ghana. En ouvrant un nouvel espace de libre circulation, il marque une étape importante vers la réalisation de l’objectif de l’Union africaine en matière d’intégration économique.

    Un acte de #souveraineté

    Ouestaf rapporte, ce 27 décembre, les propos d’Ousmane Sonko lors de sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Ce dernier estime que les procédures de traitement des demandes de visa portent « préjudice » aux ressortissants sénégalais. Une façon de souligner, analyse le titre, le déséquilibre, voire l’inégalité, qu’induit la politique occidentale vis-à-vis des demandes de visas émanant de ressortissants sénégalais, et plus largement africains.

    En effet, affirme Ouestaf, « les Sénégalais, comme beaucoup d’autres Africains, perçoivent comme une humiliation les procédures d’obtention de visas ainsi que les coûts élevés et les délais trop longs qui y sont liés. Selon le site Schengen News, l’UE a récolté 56 millions d’euros en 2023 sur des ressortissants africains dont les demandes de visas ont été rejetées. »

    En juillet dernier, BBC Afrique indiquait de son côté que, toujours selon Schengen News, en 2023 les ressortissants africains avaient reçu 704 000 réponses négatives à leurs demandes de visas vers l’espace Schengen, ce qui représentait 41,3 % de toutes les demandes rejetées cette même année.

    En outre, indique Ouestaf, cette politique délétère a produit « des pratiques peu orthodoxes dans les procédures de demandes de visas », notamment un trafic autour de la prise de rendez-vous, pour des montants pouvant aller jusqu’à 400 000 francs CFA, soit 612 euros. Autant de pratiques dénoncées par les organisations de la société civile sénégalaise qui n’ont cessé de réclamer une réforme de ces procédures.

    Cette mesure s’inscrit également dans la volonté affichée par les nouvelles autorités sénégalaises de mener une politique active de protection des intérêts des Sénégalais à l’étranger.

    Un « coup de poignard » pour le tourisme ?

    Quoi qu’il en soit, si les modalités de cette nouvelle politique n’ont pas encore été annoncées, la presse sénégalaise spécule sur les pays qui seront désormais soumis à cette obligation de réciprocité. « Des pays comme la France, les États-Unis et plus d’une trentaine d’autres pourraient-ils bientôt être soumis à l’obligation de visa pour entrer au Sénégal ? » interroge ainsi Seneplus dans un autre article.

    La presse sénégalaise ne cache pas aussi une légère inquiétude quant aux retombées économiques de cette mesure, notamment sur le secteur touristique du pays. Seneplus rappelle ainsi que le président précédent, Macky Sall, avait déjà mis en place cette mesure, qu’il avait fini par abandonner « après une évaluation des pertes économiques et sous la pression du secteur touristique », indique Seneplus.

    Senenews rapporte ainsi les inquiétudes d’acteurs du secteur du tourisme qui estiment, pour certains, qu’une telle mesure revient tout simplement à donner un « coup de poignard fatal au tourisme sénégalais ». La crainte d’un manque à gagner s’ajoute au départ de l’armée française du Sénégal, annoncée à la fin de 2024, pensée aussi comme un acte de souveraineté par le tandem au pouvoir, Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, mais qui a constitué la perte d’une « clientèle non négligeable pour le secteur touristique sénégalais ».

    Des inquiétudes visiblement entendues par le gouvernement Sonko. En effet, note Seneplus, le Premier ministre sénégalais a indiqué que les répercussions potentielles sur le tourisme seront pris en compte.

    Politique panafricaine d’intégration économique

    La politique des visas devient aussi, pour de plus en plus de pays africains, le moyen de mettre en oeuvre une politique d’intégration régionale et panafricaine. Car les difficultés dans l’obtention de ces documents, qu’ils soient trop chers ou qu’ils nécessitent de lourdes procédures, limitent les possibilités de commerce, de tourisme et d’échanges culturels entre les pays africains, analyse Business Insider African.

    Le titre économique panafricain note ainsi que, paradoxalement, certains pays étrangers bénéficient d’un accès sans visa à divers pays africains, alors que de nombreux États africains appliquent toujours des exigences strictes en matière de visas à leurs voisins. L’assouplissement des exigences dans ce domaine pourrait donc stimuler la croissance économique, le tourisme et les échanges culturels sur tout le continent.

    Un constat déjà établi par Fair Planet. Le média en ligne notait, dès le mois d’avril, que l’Afrique gagnerait à créer un espace effectif de libre circulation, alors même que prendre l’avion de l’Afrique vers l’Europe ou les Émirats arabes unis peut revenir moitié moins cher que de voyager à l’intérieur du continent.

    Fait Planet rappelle ainsi que l’introduction d’un passeport africain en 2016, conçu pour permettre à ses détenteurs de voyager sans visa sur tout le continent, a été pensé par l’Union africaine comme une étape majeure, sans qu’elle suffise toutefois à permettre une libre circulation intra-africaine complète.

    Une Afrique délivrée des visas constituera surtout un formidable signe pour faire avancer la #zone_de_libre-échange_continentale_africaine (#ZLECA). Cette zone africaine, lancée en 2021, vise à unifier plus de 1,2 milliard d’Africains, ce qui en fait la plus grande zone de libre-échange depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce.

    https://www.courrierinternational.com/article/geopolitique-senegal-ghana-les-visas-evoluent-pour-rendre-la-
    #union_européenne

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  • Le cauchemar des migrants employés dans les fermes britanniques
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    Le cauchemar des migrants employés dans les fermes britanniques
    Par Julie Zaugg (Londres, correspondance)
    Les immigrés vivent entassés à trois ou quatre par chambre, se partageant une minuscule salle de bains insalubre. Dans le couloir, des sacoches Deliveroo laissent entrevoir comment ils gagnent leur vie. Cet ancien hôtel, sis dans le quartier populaire de Stratford, dans l’est de Londres, n’abrite que des Indonésiens vivant illégalement dans le pays. Une fois par semaine, ils versent 100 livres (120 euros) au propriétaire, en argent comptant.
    Agung (son prénom a été modifié), 21 ans, est l’un des résidents. Il est arrivé au Royaume-Uni en juillet 2022, après avoir vu une annonce sur Facebook pour un visa de saisonnier. « J’avais besoin d’argent pour financer des études d’agronomie, alors j’ai tenté le coup », raconte le jeune homme en frissonnant dans sa doudoune trop fine.
    Avant le Brexit, le Royaume-Uni se reposait sur des travailleurs agricoles en provenance d’Europe de l’Est pour cueillir ses fraises, ses framboises et ses pommes. « Mais après la sortie de l’Union européenne, en 2020, ils n’ont plus eu le droit de venir, explique Adis Sehic, de l’ONG Work Rights Centre. Le gouvernement a alors créé un visa de saisonnier qui donne le droit de travailler au Royaume-Uni durant six mois. » Chaque année, il peut en délivrer 45 000.Une poignée d’opérateurs sont chargés de recruter les ouvriers et de les placer dans des fermes. Les deux premières années, près de 90 % sont venus d’Ukraine et de Russie, mais la guerre a fait chuter leur nombre. Ils ont été remplacés par des Indonésiens, des Népalais et des ressortissants d’Asie centrale, selon les statistiques officielles du gouvernement.
    Agung a été mis en contact avec l’agence Al Zubara Manpower, qui avait noué un contrat de sous-traitance avec l’un des opérateurs du visa de saisonnier. « Ils m’ont promis deux séjours de six mois au Royaume-Uni et m’ont assuré que je gagnerais au moins 2 500 livres par mois », relate-t-il. L’agence lui facture 65 millions de roupies indonésiennes (3 860 euros) pour le vol, les frais de visa, un contrôle de santé, une semaine de « formation » sans véritable contenu et ses honoraires. « Mon oncle m’a donné 15 000 roupies et l’agence m’a prêté le reste », glisse le jeune homme originaire de la banlieue de Djakarta, qui avait 17 ans à l’époque. La maison de ses parents sert de garantie pour cet emprunt.
    Un sondage réalisé auprès des détenteurs du visa de saisonnier par l’ONG Flex a démontré que 72 % s’étaient endettés pour venir au Royaume-Uni. Les montants dus oscillaient entre 4 000 et 5 300 euros, mais certains avaient emprunté jusqu’à 14 000 euros. « Il s’agit de sommes colossales dans un pays comme l’Indonésie, où le salaire moyen ne dépasse pas 300 dollars (288 euros) par mois », rappelle Catherine McAndrew, coordinatrice pour l’ONG Landworkers Alliance. La pratique est illégale. « Le droit britannique interdit les frais de recrutement dans le pays d’origine de l’ouvrier, indique Jamila Duncan-Bosu, une avocate spécialiste des questions d’emploi qui assiste Agung. Seules les dépenses liées au billet d’avion et au visa sont autorisées. »
    A son arrivée au Royaume-Uni, Agung est placé dans une ferme près de Birmingham, dans le centre du pays. « Nous commencions la journée à l’aube et étions dans les champs dix à douze heures par jour, six jours par semaine, raconte-t-il. Cet été-là, la température est montée à 40 C°. Certains de mes collègues se sont évanouis. Moi, j’avais de la peine à respirer. » Le plus difficile, ce sont les quotas : « Nous devions remplir sept plateaux par heure [environ 28 kilos de fruits]. Les trois quarts d’entre nous n’y arrivaient pas. » Ils sont alors renvoyés dans leur caravane et mis au chômage forcé jusqu’à la fin de la journée.
    Au bout d’un mois, alors que l’été touche à sa fin, le travail s’assèche et Agung est transféré dans une deuxième ferme, puis une troisième. Fin octobre, on l’informe qu’il n’y a plus de fruits à cueillir, alors que son visa court jusqu’en janvier. « Une fois les frais de logement, d’électricité, de transport et d’alimentation déduits, je n’avais gagné que 950 livres, même pas de quoi rembourser ma dette », glisse-t-il.
    Quelque 19 % des détenteurs de visa saisonnier ont travaillé moins de quatre mois, selon une enquête du gouvernement britannique réalisée en 2022. Cet été, cinq Indonésiens ont été renvoyés après six semaines, car ils peinaient à atteindre les quotas de cueillette.
    Les saisonniers se font en outre fréquemment avoir. « Les fiches de paie sous-estiment le nombre d’heures travaillées, indique Caroline Robinson, qui a fondé l’organisation de soutien Worker Support Centre. Les ouvriers vont passer plus de douze heures dans les champs, mais on ne leur rémunère que sept ou huit heures de travail. »
    Bien décidé à ne pas rentrer au pays les mains vides, Agung a passé deux jours à dormir sur un banc dans la gare de York (dans le nord-est du Royaume-Uni), avant de décrocher un emploi clandestin dans les cuisines d’un restaurant chinois. « Je dormais sur un matelas dans un débarras et j’étais payé 300 livres par semaine », relate-t-il. En plus de l’échec personnel, il craint de subir des représailles de la part de son agence, à laquelle il doit toujours 22 millions de roupies indonésiennes (1 304 euros). « Des collecteurs de dette se postent régulièrement devant la maison de mes parents pour les intimider », dit-il. Il a également reçu des menaces par WhatsApp.
    Début 2023, il gagne Londres et dépose une demande d’asile. Il entame aussi une procédure judiciaire contre le département de l’intérieur, argumentant qu’il est une victime de trafic humain, dans l’espoir d’obtenir un dédommagement. Il espère néanmoins rentrer un jour. Son rêve ? « Une ferme où je ferais pousser des avocats et des durians… »

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