• La cartographie sensible et participative. Pour qui, pour quoi, comment ?

    Dans ce Tuto, nous abordons les méthodes et apports de la cartographie dite « sensible » comme processus d’exploration et mode de co-écriture scientifique.

    Dans un premier temps, #Morgane_Dujmovic présentera les évolutions récentes des cartes sensibles et leur contribution à l’épistémologie et aux méthodologies des sciences sociales. De façon croissante ces quinze dernières années, des travaux au croisement de la recherche, des pratiques artistiques et/ou du travail social se sont intéressé à des solutions graphiques adaptées à la subjectivité des récits. Dans le domaine de la cartographie, l’approche sensible a exploré l’utilisation de techniques manuscrites ou manuelles permet d’évoquer les dimensions narratives, psychologiques et émotionnelles des récits de vie, par exemple l’atténuation (Khalili 2011) et la représentation manuscrite du fond de carte (B. Ahmed et Dujmovic 2017) ou la construction d’une légende commune (Amilhat Szary et Mekdjian 2015). Les cartes sensibles entendent ainsi mobiliser les sens et la sensibilité des cartographes, pour susciter ceux des lecteurs ou lectrices de la carte (Rekacewicz et Tratnjek 2016, Mekdjian et Olmedo 2016).

    Plus rares sont les travaux qui comportent une dimension participative affirmée. La seconde partie du Tuto aborde la carte comme outil d’expression, de restitution, et comme mode relationnel. Nous verrons comment on peut appliquer ces réflexions sur le terrain et comment les retranscrire en pratiques cartographiques, à partir du projet « CartoMobile » qui s’intéresse aux savoirs et représentations de personnes exilées dans des contextes frontaliers violents (frontières françaises, balkaniques et Méditerranée centrale). Morgane Dujmovic détaille le dispositif d’ateliers cartographiques itinérants qui lui a permis de fabriquer des processus cartographiques « à hauteur d’individus », adaptées aux expériences singulières de la frontière – de la formulation d’un projet de carte, aux choix de sémiologie graphique et de valorisation. On s’interrogera ainsi sur le potentiel des co-écritures graphiques sensibles pour générer des recherches à plusieurs mains et plusieurs voix.

    Ce Tuto ouvre également une réflexion sur la restitution et la réception de telles cartes, où sont à nouveau questionnées les possibilités de participation de personnes dont les savoirs sont peu entendus, délégitimés et/ou mis en silence. Cette réflexion s’appuie sur deux expériences de restitution collective : l’exposition participative issue de la CartoMobile, qui fait interagir le public avec les récits cartographiques de personnes exilées, et le projet art-science « Freestyler la carte » qui met en dialogue et en jeu la musique, le corps et la voix dans la représentation de l’espace en exil (actuellement en création avec l’artiste congolais Wanny S-King dans le cadre d’une résidence EHESS/Fondation Camargo).

    https://mate-shs.cnrs.fr/actions/tutomate/tuto60_carto-sensible_dujmovic

    https://www.youtube.com/watch?v=2o5SMn-ihNA&t=35s

    #cartographie_participative #cartographie_sensible #visualisation #méthodologie #conférence #cartographie_radicale #migrations #frontières #imaginaire #ressources_pédagogiques #sémiologie_graphique #sens #sensibilité #contre-cartographie #espace_vécu #choix_graphiques #savoirs_expérientiels #vidéo

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  • La carte des pensées écologiques

    La carte des pensées écologiques est enfin disponible !

    Il aura fallu des mois de discussions et de travail collectif pour aboutir à cette #carte qui a l’ambition de représenter dans toute leurs pluralités les pensées de l’#écologie_politique en montrant les liens entre ses principaux courants, penseurs et penseuses, luttes et organisations.

    L’objectif premier est de montrer que l’#écologie est un #champ_de_bataille, un terrain où s’affrontent des #idées. En conséquence figurent sur cette carte des « #écoles » pauvres en apports théoriques mais riches en capitaux et en relais d’influence. Comme toute cartographie également, elle fige des positions par nature dynamiques, des espaces mouvants, et impose une vision qui lui est propre.

    Cette citation d’André Gorz résume bien la situation :

    “Si tu pars de l’impératif écologique, tu peux aussi bien arriver à un anticapitalisme radical qu’à un pétainisme vert, à un écofascisme ou à un communautarisme naturaliste”.

    La carte des pensées écologiques n’aurait jamais vu le jour sans un formidable travail de toute l’équipe du média Fracas. Nous avons décidé de la laisser gratuitement en accès libre. Pour soutenir Fracas et avoir la version poster, vous pouvez acheter leur premier numéro directement sur ce lien. Abonnez-vous pour soutenir la presse indépendante !

    La carte des pensées écologiques

    Voici la carte des pensées écologiques. 8 grandes familles, plus de 150 personnalités représentées :

    Les 8 grandes familles des pensées écologiques

    Pour vous y retrouver plus facilement, voici en détail les 8 grandes familles des pensées écologiques, avec leurs autrices et auteurs clés. Si vous souhaitez aller plus loin, plus de 150 noms sont à retrouver sur la carte, et des sources sont disponibles à la fin de cet article.
    1/ ÉCOLOGIES ANTI-INDUSTRIELLES

    Les #écologies_anti-industrielles rejettent le productivisme et l’hyper-mécanisation du travail issus de l’ère industrielle. Elles développent une approche technocritique tout au long du XXe siècle. Critiques du gigantisme de l’appareil productif et de l’État pour les ravages qu’ils causent aux écosystèmes et à la personne humaine, les écologies anti-industrielles prônent la petite échelle et refusent une certaine idéologie du Progrès.

    Elles critiquent vertement la dépossession des populations de leurs propres moyens de subsistance. Elles encouragent enfin le fait de considérer l’industrie et la technique comme un système avec ses logiques propres, dont on ne peut se contenter de critiquer tel ou tel effet pris isolément.

    Autrices et auteurs clés : #Ivan_Illich, #Jacques_Ellul et #Günther_Anders

    2/ ÉCOLOGIES LIBERTAIRES

    Les #écologies_libertaires s’inscrivent en filiation des traditions du socialisme ouvrier anglais et de l’anarchisme, et entretiennent une grande proximité avec les écologies anti-industrielles. L’idéal d’émancipation et d’autonomie des libertaires se trouve régénéré par une analogie : les dominations de l’homme sur l’homme, de l’homme sur la femme et de l’homme sur la nature ne peuvent être prises séparément, et doivent être combattues d’un bloc.

    En conséquence, elles aspirent à la constitution d’éco-communautés et d’institutions autogérées et démocratiques à l’échelon local et défendent des principes fédératifs contre les dynamiques centralisatrices de l’État. La vision de la société s’articule autour du champ, de l’usine et de l’atelier, et d’une démocratie radicale, parfois exprimée par le recours au tirage au sort.

    Autrices et auteurs clés : #Murray_Bookchin, #Kristin_Ross, #Bernard_Charbonneau

    3/ ÉCOFÉMINISMES

    Né dans les années 1970 sous la plume de Françoise d’Eaubonne, l’#écoféminisme est une famille qui propose une analyse de la catastrophe écologique fondée sur le genre et sur l’oppression des femmes sous le capitalisme patriarcal. Nébuleuse aux contours flous, l’écoféminisme se conjugue dès le départ au pluriel, soulignant la diversité des origines géographiques et des influences idéologiques qui composent ce courant : socialisme, spiritualisme, queer, marxisme, pensées décoloniales, etc.

    Elles partagent pour la plupart le constat que, d’une part, le rôle des femmes a été subordonné à une fonction purement reproductive et, d’autre part, que la nature a été associée à l’image de cette femme dominée, que le capitalisme doit soumettre, exploiter, et même violer.

    Autrices et auteurs clés : #Françoise_d’Eaubonne, #Vandana_Shiva, #Starhawk

    4/ ÉTHIQUES ENVIRONNEMENTALES

    Les #éthiques_environnementales émergent au sein de la philosophie de l’environnement aux États-Unis, et explorent, chacune avec des options parfois radicalement différentes, le lien qu’entretient l’homme avec la « nature ». Certaines écoles défendent que les espaces naturels ont une valeur intrinsèque, d’aucunes qu’on ne peut juger de la nature que par son utilité pour l’homme, d’autres encore que nous devons nous concevoir comme une espèce au sein d’une « communauté biotique ».

    Faut-il préserver des espaces vierges ? Faut-il au contraire être les stewards d’espaces dont l’homme ne s’exclue pas ? Les polémiques et conflits n’ont certainement pas manqué au sein de cette famille…

    Autrices et auteurs clés : #Aldo_Leopold, #Imanishi_Kinji

    5/ #ÉCOSOCIALISME

    La famille écosocialiste émerge comme un prolongement du #marxisme mais s’oppose à ses interprétations productivistes portées notamment par l’URSS. En partant de l’insuffisante prise en considération des écosystèmes dans les traditions socialiste et marxiste, il s’agit alors de les dépoussiérer et les adapter au tournant écologique des sociétés, en portant l’idée que l’oppression sociale et la destruction de la nature ont une même et unique cause : le capitalisme.

    Si la socialisation des moyens de production et l’autogouvernance démocratique restent au cœur de ce projet, les écosocialismes proposent une variété de réponses allant d’un interventionnisme fort de l’État à des perspectives davantage autogestionnaires. Certains écosocialismes contemporains, dont la branche étatsunienne, ont même rompu avec une perspective anticapitaliste claire et la tradition révolutionnaire.

    Autrices et auteurs clés : #André_Gorz, #Michael_Löwy, #John_Bellamu_Foster

    6/ ÉCOLOGIES DÉCOLONIALES

    Conceptualisée dans les années 1980, les #écologies_décoloniales pointent l’#impensé_décolonial de l’écologie dominante, à la fois libérale et occidentalo-centrée, qui empêcherait la constitution d’une lutte écologiste pleinement libératrice car internationaliste. Par son universalisme « naturaliste » et raciste, sa vision mortifère de la nature, son extractivisme et son colonialisme producteur de natures appauvries (dont la plantation coloniale est l’emblème), l’Occident est en grande partie responsable de la catastrophe en cours.

    De ce point de vue, une écologie de « transition » qui supplanterait les énergies fossiles par des ressources minières au profit d’énergies renouvelables ne serait pas seulement insuffisante : elle ne ferait que trouver de nouvelles formes au colonialisme.

    Autrices et auteurs clés : #Joan_Martinez_Alier, #Malcolm_Ferdinand

    7/ #CAPITALISME_VERT

    La crise écologique fournit chaque jour de nouvelles preuves de la logique mortifère qui se loge au cœur de la dynamique d’accumulation capitaliste. Pour autant, le capitalisme a aussi ses théoriciens, et ceux-ci ont eux aussi tenté d’intégrer les paramètres écologiques dans leur défense de l’ordre en place.

    Dès lors, il s’agit bien souvent de corriger les « excès » ou les « impensés » du capitalisme en intégrant la dimension environnementale aux échanges marchands (taxes, compensation, technologies vertes…). Certains vont jusqu’à vouloir accélérer la dynamique du système capitaliste, y voyant un moyen de contrôler le Système-Terre dans un sens qui ne nuise pas aux intérêts de la classe possédante.

    Autrices et auteurs clés : #Christiana_Figueres, #David_Keith

    8/ ÉCOFASCISMES

    Les #écofascismes, qui ont émergé à bas bruit depuis les années 1980, sont extrêmement fragmentés. En Europe, ils défendent un éco-différentialisme, soit l’idée d’une humanité divisée en différentes « races » ou civilisations non hiérarchisées mais qui doivent rester séparées, car adaptées à leur environnement immédiat : « chacun chez soi » devient « chacun dans son propre écosystème ».

    Aux États-Unis, le néo-malthusianisme et la xénophobie se doublent d’une apologie des grands espaces vierges, de la wilderness, souillée par l’immigration. Cette obsession démographique se traduit souvent par un repli sur des « bases à défendre », dans des logiques « survivalistes ».

    https://bonpote.com/la-carte-des-pensees-ecologiques
    #visualisation #cartographie #infographie #pensée_écologique #épistémologie #pensées_écologiques #décolonial #ressources_pédagogiques

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  • Melting glaciers force Switzerland and Italy to redraw part of Alpine border

    Two countries agree to modifications beneath Matterhorn peak, one of Europe’s highest summits

    Switzerland and Italy have redrawn a border that traverses an Alpine peak as melting glaciers shift the historically defined frontier.

    The two countries agreed to the modifications beneath the Matterhorn, one of the highest mountains in Europe, which straddles Switzerland’s Zermatt region and Italy’s Aosta valley.

    Glaciers in Europe, the world’s fastest-warming continent, are retreating at an accelerated pace because of human-caused climate breakdown.

    “Significant sections of the border are defined by the watershed or ridge lines of glaciers, firn or perpetual snow,” the Swiss government said in a statement cited by Bloomberg. “These formations are changing due to the melting of glaciers.”

    The famed Zermatt ski resort is affected by the change, with the two countries agreeing to modify the border around the landmarks of Testa Grigia, Plateau Rosa, Rifugio Carrel and Gobba di Rollin based on their economic interests, Bloomberg reported.

    A joint Italian-Swiss commission agreed to the changes in May 2023. Switzerland officially approved the treaty on Friday, but Italy still needs to sign.

    The changes come after a disagreement between the two countries over the peak’s territory that lasted for years.

    Swiss glaciers lost 4% of their volume in 2023, the second-biggest annual decline on record, according to the Swiss Academy of Sciences. The largest decline was 6% in 2022.

    Experts have stopped measuring the ice on some Swiss glaciers because there is none left.

    The remains of a German mountain climber who disappeared while crossing a glacier near the Matterhorn nearly 40 years ago were discovered in melting ice in July last year.

    Experts in Italy said this month that the Marmolada glacier, which is the largest and most symbolic of the Dolomites, could melt completely by 2040 as a result of rising average temperatures.

    The collapse of part of the Marmolada killed 11 people in 2022.

    The glacier has been measured every year since 1902 and is considered a “natural thermometer” of climate change.

    https://www.theguardian.com/environment/2024/sep/29/melting-glaciers-switzerland-italy-alpine-border-matterhorn
    #frontières #frontière_mobile #Suisse #Italie #Alpes #Matterhorn #Cervin #visualisation #fonte_des_glaciers #glaciers #Zermatt #traité

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    • Switzerland and Italy redraw border due to melting glaciers

      Switzerland and Italy have redrawn part of their border in the Alps due to melting glaciers, caused by climate change.

      Part of the area affected will be beneath the Matterhorn, one of Europe’s tallest mountains, and close to a number of popular ski resorts.

      Large sections of the Swiss-Italian border are determined by glacier ridgelines or areas of perpetual snow, but melting glaciers have caused these natural boundaries to shift, leading to both countries seeking to rectify the border.

      Switzerland officially approved the agreement on the change on Friday, but Italy is yet to do the same. This follows a draft agreement by a joint Swiss-Italian commission back in May 2023.

      Statistics published last September showed that Switzerland’s glaciers lost 4% of their volume in 2023, the second biggest loss ever after 2022’s record melt of 6%.

      An annual report is issued each year by the Swiss Glacier Monitoring Network (Glamos), which attributed the record losses to consecutive very warm summers, and 2022 winter’s very low snowfall. Researchers say that if these weather patterns continue, the thaw will only accelerate.

      On Friday, Switzerland said that the redefined borders had been drawn up in accordance with the economic interests of both parties.

      It is thought that clarifying the borders will help both countries determine which is responsible for the upkeep of specific natural areas.

      Swiss-Italian boundaries will be changed in the region of Plateau Rosa, the Carrel refuge and Gobba di Rollin - all are near the Matterhorn and popular ski resorts including Zermatt.

      The exact border changes will be implemented and the agreement published once both countries have signed it.

      Switzerland says that the approval process for signing the agreement is under way in Italy.

      Last year, Glamos warned that some Swiss glaciers are shrinking so fast that it is unlikely they can be saved, even if global temperatures are kept within the Paris climate agreement’s 1.5C target rise.

      Experts say that without a reduction in greenhouse gases linked to global warning, bigger glaciers like the Aletsch - which is not on the border - could disappear within a generation.

      A number of discoveries have been made on Swiss glaciers in recent years due to their melting and rapid shrinking.

      Last July, human remains found close to Matterhorn were confirmed to be those of a German climber missing since 1986.

      Climbers crossing the Theodul glacier above Zermatt noticed a hiking boot and crampons emerging from the ice.

      In 2022, the wreckage of a plane that crashed in 1968 emerged from the Aletsch glacier.

      And the body of missing British climber Jonathan Conville was discovered in 2014 by a helicopter pilot who spotted something unusual while delivering supplies to a mountain refuge on the Matterhorn.

      https://www.bbc.com/news/articles/cgk7r0rrdnmo

  • Chiusi dentro. Dall’alto.
    I campi di confinamento dei migranti nell’Europa del XXI secolo.

    Che aspetto hanno i campi di confinamento costruiti o finanziati dai Paesi dell’Unione europea in questi anni per segregare i richiedenti asilo e/o i migranti in transito e come hanno stravolto i territori nei quali sono stati realizzati? Grazie al libro “Chiusi dentro” curato da RiVolti ai Balcani ed edito da Altreconomia nel 2024 è nato il progetto digitale “Chiusi dentro. Dall’alto”, che con le immagini satellitari esclusive eseguite da PlaceMarks mostra il volto delle politiche europee: per bloccare, respingere, confinare, condannare alla marginalizzazione.

    Dalla Turchia alla Grecia, dalla Serbia all’Italia, dall’Albania alla Bosnia ed Erzegovina, passando per Lituania, Macedonia del Nord, Ungheria e ancora. Quindici Paesi, oltre 100 tra immagini e mappe per conoscere e far conoscere i campi dell’Europa di oggi.

    https://altreconomia.it/chiusi-dentro-alto-progetto
    #images_satellitaires #visualisation #détention_administrative #rétention #campements #Europe #encampement #migrations #réfugiés #Europe #marginalisation #images

    ping @reka @karine4 @_kg_

  • #Detention_landscapes. Mapping violence in detention

    An evidence-based platform that documents human rights violations inside immigration detention facilities.


    This is an ongoing collaborative project, between Border Criminologies, Mobile Info Team and the Border Violence Monitoring Network. It seeks to develop and maintain an interactive, open access database of human rights violations inside immigration detention facilities, with an initial focus on Greece. Detention has become a worrying fixture of asylum and removal procedures across Europe, subjecting individuals to reprehensible conditions and systematised violence that takes place within closed structures that are increasingly restricted from the public. This results in a vacuum whereby detainees find it virtually impossible to claim their rights. By pooling knowledge and making it freely available, this project documents the conditions and behaviour of law enforcement personnel inside detention centres, serving as an evidence base to support further research, legal action and advocate for justice and accountability. The database also hopes to facilitate trans-regional learning and maximise opportunities for advocates and lawyers in other parts of the world to access information that could strengthen their work. The database has been funded by ESRC-IAA grants and Open Society Foundations.

    https://detentionlandscapes.uwazi.io/en
    #violence #rétention #détention_administrative #cartographie #visualisation #base_de_données #Grèce #migrations #réfugiés #photographie #cartographie_participative #crowd-sourcing

  • #Biens_culturels en voie de #restitution

    Alors que sort en salle le #film_documentaire « #Dahomey », qui suit la restitution par la #France de vingt-six œuvres d’art au #Bénin, différentes équipes de recherche travaillent sur le retour des biens culturels africains à leurs communautés d’origine.

    Du fond de sa caisse en bois, dans laquelle les manutentionnaires aux gants blancs du musée du quai Branly-Jacques Chirac viennent de l’enfermer, la voix caverneuse de la statue anthropomorphe du roi Béhanzin, mi-homme mi-requin, s’interroge elle-même en langue fongbé, la langue du Bénin : « Reconnaîtrai-je quelque chose, me reconnaîtra-t-on ? » Aujourd’hui cette statue est un numéro, parmi les vingt-six œuvres que la France renvoie cette année-là (2021) par avion-cargo au pays qu’elle a colonisé de 1894 à 1958. La réalisatrice Mati Diop, née dans une famille franco-sénégalaise, est présente pour filmer cette première restitution officielle et accompagner les œuvres jusqu’au palais présidentiel de Cotonou, la capitale économique du pays, où des milliers de Béninois vont venir les découvrir, après cent trente ans d’absence.

    Le pillage a eu lieu en fait avant même la colonisation : de 1890 à 1892, des batailles font rage entre l’armée française et les troupes du roi Béhanzin, composées d’un tiers de combattantes, les « Agodjié », que les Français nomment « les Amazones ». Le 17 novembre 1892, sous les ordres du colonel Dodds, les Français entrent à Abomey, capitale de l’ancien royaume du Dahomey (actuel Bénin) où les palais royaux sont en feu : Béhanzin a déclenché l’incendie avant de prendre le maquis. Les militaires saisissent un grand nombre d’objets, dont trois grandes statues royales et quatre portes que Béhanzin et ses fidèles avaient enfouies dans le sol. Une petite partie sera donnée six mois plus tard, en 1893, au musée d’ethnographie du Trocadéro par le colonel Dodds, devenu général. Le reste sera écoulé sur le marché de l’art.
    Des appels à restitution depuis la fin du XIXe siècle

    La question de la restitution des œuvres aux pays africains, mais aussi aux autres anciennes colonies (Océanie notamment), n’est pas nouvelle. Les réclamations sont presque aussi anciennes que les spoliations elles-mêmes. L’une des premières demandes officielles émane sans doute de l’empereur Yohannes IV d’Éthiopie, lorsqu’il exige en 1880 la restitution de collections royales arrachées dans la forteresse de Maqdala en avril 1868. Ce joyau composé d’une coupole ornée des représentations des Apôtres et des quatre autres évangélistes, dérobé par un soldat britannique lors de l’attaque de la forteresse, trône toujours… au Victoria and Albert Museum, à Londres.

    Les appels à la restitution d’objets deviennent plus explicites au moment des indépendances, dans les années 1960. En 1970, l’Unesco adopte une convention qui établit notamment la légitimité du retour des biens culturels. En 1973, l’Assemblée générale des Nations unies adopte une résolution sur la restitution « prompte et gratuite » des œuvres d’art aux pays victimes d’expropriation, qui « autant qu’elle constitue une juste réparation du préjudice commis, est de nature à renforcer la coopération internationale ». Mais cette résolution est adoptée avec l’abstention des anciennes puissances coloniales… En 1978, le directeur général de l’Unesco lance un appel « pour le retour à ceux qui l’ont créé d’un patrimoine culturel irremplaçable » où il affirme avec force que « cette revendication est légitime ».

    « Mais, sur le terrain du droit, la colonisation a été qualifiée de “mission sacrée de civilisation” par le pacte de la Société des Nations en 1919 et aujourd’hui encore ne relève pas d’un fait internationalement illicite, en conséquence duquel pourrait être fixé un principe de réparation, rappelle le juriste Vincent Négri, à l’Institut des sciences sociales du politique1. La légalité internationale est ancrée sur une règle de non réactivité des traités internationaux, et aucune des conventions adoptées ne peut atteindre dans les rebours du temps les actes de dépossession des peuples pendant la période coloniale. »

    En France, c’est donc toujours le droit du patrimoine qui prévaut. En 2016, au gouvernement du Bénin qui réclamait la restitution, notamment du fait que « nos parents, nos enfants n’ont jamais vu ces biens culturels, ce qui constitue un handicap à une transmission transgénérationnelle harmonieuse de notre mémoire collective », le ministre des Affaires étrangères français adresse une fin de non-recevoir dans un pur langage administratif : « Les biens que vous évoquez sont inscrits parfois depuis plus d’un siècle au domaine public mobilier de l’État français, ils sont donc soumis aux principes d’inaliénabilité, d’imprescriptibilité et d’insaisissabilité. En conséquence leur restitution n’est pas possible ».

    Aux revendications argumentées sur l’histoire, l’identité, la reconstitution des patrimoines, la mémoire, est donc opposé un argument asymétrique fondé sur le droit des collections publiques, déplore Vincent Négri. Un argument qui jusqu’ici n’a été levé que dans trois cas : pour les biens spoliés aux familles juives pendant la Seconde Guerre mondiale, pour les restes humains quand ils peuvent être identifiés et pour les biens culturels ayant fait l’objet de trafics illicites.

    Dans ce contexte, le discours prononcé à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, par le président français Emmanuel Macron le 28 novembre 2017 fait date. En affirmant vouloir la « restitution temporaire ou définitive du patrimoine africain d’ici cinq ans », il introduit au sommet de l’État une parole dissonante. S’ensuit la commande d’un rapport aux universitaires Bénédicte Savoy, historienne de l’art française et Felwine Sarr, économiste sénégalais, qui dressent un état des lieux des spoliations et proposent un agenda de restitution, affirmant que plusieurs types de biens culturels africains peuvent nécessiter une restitution légitime : « Les butins de guerre et missions punitives ; les collectes des missions ethnologiques et “raids” scientifiques financés par des institutions publiques ; les objets issus de telles opérations, passés en mains privées et donnés à des musées par des héritiers d’officiers ou de fonctionnaires coloniaux ; enfin les objets issus de trafics illicites après les indépendances » .
    Vingt-six biens restitués : le premier petit pas de la France

    Les marchands d’art et certains conservateurs de musées tremblent, le débat est réanimé (et houleux) dans tous les pays européens, mais la France, après ce grand pas en avant, fait marche arrière. Elle ne s’engage pas dans une loi-cadre mais vote, en 2020, une « loi d’exception » pour restituer vingt-six biens culturels à la République du Bénin (choisis par la France) et un unique bien à la République du Sénégal (le sabre dit « d’El Hadj Omar Tall », du nom du chef de guerre toucouleur disparu en 1864). Vingt-six seulement, sur les milliers conservés en France, c’est peu ! D’autant que les Béninois n’ont pas eu leur mot à dire sur le choix des objets restitués, malgré leurs demandes répétées de voir notamment revenir le dieu Gou, exposé au pavillon des Sessions, au Louvre. « Pour passer de la “légitimité du retour” à un principe universel de “légalité des restitutions”, il faudra encore attendre », commente Vincent Négri… Mais les mentalités évoluent et de nombreux programmes de recherche et réseaux émergent pour identifier, cartographier ou documenter les biens culturels africains détenus dans les musées occidentaux. En France, Claire Bosc-Tiessé, directrice de recherches au CNRS, historienne de l’art africain et spécialiste de l’Éthiopie chrétienne entre le XIIIe et le XVIIIe siècle, avait devancé le mouvement et demandé dès 2017 à être détachée à l’Institut national d’histoire de l’art pour se lancer dans un inventaire des collections africaines conservées dans les musées français.

    Avec la participation du musée d’Angoulême, la cartographie « Le monde en musée. Collections des objets d’Afrique et d’Océanie dans les musées français » est désormais accessible en ligne2. Outre l’inventaire, elle rassemble aussi « des éléments pour des recherches futures sur la constitution des collections et les processus d’acquisition, en indiquant les archives afférentes (inventaires anciens, carnets de voyage des acquéreurs, etc.) et en répertoriant, quand c’est possible, donateurs et vendeurs, explique Claire Bosc-Tiessé. En 2021, nous avons recensé près de 230 musées en France qui possèdent des objets africains et 129 des objets océaniens. Par exemple, on trouve des biens culturels du Bénin au musée du quai Branly, mais il y en a également dans soixante autres musées français ! »

    Au total, Claire Bosc-Tiessé estime à environ 150 000 le nombre de biens culturels africains dans les musées de France (à comparer aux 121 millions d’objets qu’ils détiennent), dont 70 000 sont au musée du quai Branly. Il suffit de glisser sa souris sur la carte de France pour tomber sur des trésors conservés , dans des lieux tout à fait confidentiels.

    Ces biens ne sont parfois même plus exposés, comme ceux conservés dans ce petit musée du Jura, à Poligny, (4 000 habitants), depuis longtemps fermé au public : pagaies de Polynésie, petit sac en filet de Nouvelle-Calédonie, collier en dents de mammifère marin des îles Marquises, ornement d’oreille masculin en ivoire (de cachalot ?, s’interroge la notice), lampe à huile à six becs d’Algérie, sont bien référencés sur le site internet de ces salles devenues virtuelles. Et ici comme ailleurs, c’est un véritable inventaire à la Prévert qui s’égrène, d’objets dont on ne sait s’ils ont été achetés ou volés, mais qui se retrouvent éparpillés aux quatre coins de la France.

    « Reconstituer l’histoire de ces objets, c’est raconter à la fois la colonisation et celle de la constitution des musées en France à la fin du XIXe siècle, explique Claire Bosc-Tiessé. Le musée d’ethnographie du Trocadéro (aujourd’hui musée de l’Homme) a envoyé dans les musées de province beaucoup de pièces qu’il possédait en double. Par ailleurs, les particuliers étaient souvent heureux, notamment à la fin de leur vie, de faire don au musée de leur ville natale des objets qu’ils avaient achetés, volés ou reçus en cadeau dans le cadre de leur vie professionnelle, qu’ils aient été missionnaires, médecins, enseignants, fonctionnaires ou militaires dans les colonies.

    À Allex, village de 2 500 habitants dans la Drôme, ce sont ainsi les missionnaires de la congrégation du Saint-Esprit qui, au XIXe siècle, ont rapporté de leurs campagnes d’évangélisation du Gabon, du Congo-Brazzaville et du Congo-Kinshasa quantité d’objets : amulettes ou effigies gardiennes de reliquaire du peuple fang au Gabon, statuettes anthropomorphes du peuple bembé au Congo, couvercle à proverbes du peuple hoyo en Angola… Tous ces biens culturels témoins de la vie quotidienne, des traditions et des croyances des populations africaines viennent de trouver place dans un musée local flambant neuf, ouvert en 2018. « Alors que le principe de la restitution semble faire l’unanimité en Afrique, la question du retour concret des biens suscite parfois des réticences dans les pays concernés », explique Saskia Cousin, anthropologue, responsable des programmes de recherche pluridisciplinaires ReTours3 et Matrimoines/Rematriation4, constitué chacun d’une vingtaine de chercheurs, artistes et opérateurs culturels internationaux.
    De la « restitution » au « retour »

    « La première réticence, alimentée par les marchands et les conservateurs occidentaux, consiste à dire que l’Afrique ne dispose pas d’institutions capables de conserver ses collections et de lutter contre le trafic illicite ». L’ouverture et la construction de musées un peu partout sur le continent sont autant de réponses à ces critiques. Rien qu’au Bénin, quatre musées sont en construction ! « Le deuxième problème soulevé est celui des coûts de ce retour, poursuit Saskia Cousin. Effectivement, la construction de musées se fait au moyen d’emprunts, contractés notamment auprès de la France. C’est la raison pour laquelle les pays concernés souhaitent développer le tourisme notamment de leurs diasporas. Le troisième problème est celui du devenir des biens. En bref, doivent-ils revenir au temple ou au musée ? C’est une question de souveraineté qui concernent les pays du retour, et surtout, les choses sont un peu plus compliquées que le laissent entendre les polémiques françaises ».

    D’une part, le retour aux espaces sacrés ne signifie pas l’interdiction au public ; d’autre part, la vision française d’un musée devant être vidé de toute vitalité et de toute sacralité est loin d’être universelle. « Ainsi, souligne Saskia Cousin, si les vingt-six objets restitués au Bénin l’ont été sous le titre de “Trésors royaux du Bénin”, expression empruntée au marché de l’art, et exposés sous vitrines, selon des critères bien occidentaux, de nombreux Béninois et notamment les princesses d’Abomey sont venus les honorer aux moyens de gestes et de chants ».

    Dans le film Dahomey, on voit l’artiste Didier Donatien Alihonou – sur l’affiche du film – converser avec le roi ancêtre Gbéhanzin. Pour lui, comme pour beaucoup, ces statues ne sont pas seulement des biens matériels, elles incarnent un héritage revenu, une force de retour, avec lesquelles il est enfin possible de se reconnecter. « Il faudrait cesser de penser cette question des retours seulement comme un arbitrage entre des pays qui formulent une demande de restitution et des États qui y répondent favorablement ou non, estime Claire Bosc-Tiessé. Il est d’ailleurs symptomatique que ce sujet au niveau gouvernemental soit confié au ministère de la Culture et à celui des Affaires étrangères, tandis que la recherche et l’enseignement sont laissés en dehors d’un débat rarement appréhendé sous l’angle scientifique. Il serait pourtant souhaitable de solliciter les chercheurs, afin de faire le récit de la façon dont ces œuvres sont arrivées sur le territoire, de la violence des captures peu prise en compte jusqu’ici, et donc écrire cette histoire occultée de la colonisation, et de le faire dans toute sa complexité. »

    Il serait temps aussi de déplacer la question de la « restitution » à celle du « retour », en prenant en compte le point de vue des populations et des États d’origine, complète Saskia Cousin. « Dans le cadre des programmes ReTours et Matrimoines/Rematriations, nous travaillons donc avec des chercheurs du Bénin, du Cameroun, du Mali, du Togo, du Sénégal et leurs diasporas, selon les méthodes inspirées de l’anthropologie collaborative. Par exemple dans le cas du Bénin, les mémoires sont essentiellement transmises par les “héritières”, des femmes qui héritent des savoirs, explique l’anthropologue. Nous les rencontrons et nous leurs présentons des photos ou des dessins de statues ou d’amulettes dont elles connaissent les noms, les usages et les panégyriques (discours à la louange de certaines personnes) associés. Dans les mondes féminins non francophones, cette mémoire est restée extrêmement vivante ».

    Dans le cadre du programme ReTours, une charte5 a été élaborée qui vise à considérer les musées et les espaces de conservation traditionnels comme complémentaires, légitimes et non exclusifs. L’enjeu est à la fois de faire reconnaître l’expertise des héritières et de faciliter l’accès des collègues du Sud aux ressources nécessaires à leurs enquêtes, y compris dans les pays du Nord : biens exposés, réserves, inventaires, dossiers d’œuvres, sources orales, etc. « Les musées belges, néerlandais et allemands sont très ouverts à l’accueil et à l’intégration des diasporas, des chercheurs et des héritiers concernés, c’est beaucoup plus compliqué en France où les musées veulent contrôler les récits relatifs à leurs collections », remarque Saskia Cousin.
    Un débat européen

    Outre la France, la question de la restitution anime tous les pays européens. Si en Angleterre le British Museum est le plus réticent, les musées universitaires de Cambridge, Oxford et Manchester ont rendu ou s’apprêtent à rendre des œuvres. En Belgique, un inventaire complet des objets d’art originaires du Congo, détenus par le musée de l’Afrique de Tervuren, a été réalisé. Et les Allemands ont largement entamé ce mouvement. Felicity Bodenstein, chercheuse en histoire de l’art au Centre André Chastel6, est à l’initiative du projet numérique « Digital Benin7 », qui documente les œuvres pillées dans l’ancien royaume du Bénin (actuel Nigeria, à ne pas confondre avec l’actuel Bénin, ancien Dahomey).

    À l’origine, ces œuvres ont été saisies par l’armée britannique lors d’une expédition punitive menée par 1 800 hommes en février 1897. À l’époque, les soldats prennent la capitale, Edo (aujourd’hui Benin City), au prix de lourdes pertes et mettent la main, de façon organisée ou individuelle, sur le trésor de l’Oba (le souverain).

    C’est ainsi que sont dispersés et en partie perdus plus de 5 000 « Bronzes du Bénin », dont des plaques en laiton fabriquées entre le milieu du XVIe et le milieu du XVIIe siècle. Représentant des individus, des symboles, des scènes de la cour, elles se retrouvent sur le marché de l’art puis en grande partie dispersées dans 136 musées de vingt pays, principalement en Angleterre et en Allemagne.

    À l’époque, contrairement à la France qui n’y consacrait que peu d’argent, les Allemands et les Anglais avaient une véritable politique d’achat de ce type d’objets pour leurs musées, explique Felicity Bodenstein. De plus, à la fin du XIXe siècle, chaque ville un peu importante en Allemagne créait son propre musée d’ethnographie, pour se montrer cosmopolite et ouverte sur le monde, notamment dans l’espoir de se voir désigner comme capitale de ce pays8. C’est ainsi que l’Allemagne s’est retrouvée avec dix fois plus d’objets africains que la France, qui fut pourtant présente bien plus longtemps sur ce continent avec ses colonies ». Le but du site web Digital Benin, réalisé par une équipe d’une douzaine de personnes, financé en partenariat avec le musée des Cultures et des Arts du monde de Hambourg et la fondation Siemens, est de relier les données de plus de 5 000 objets dont il fait l’inventaire et de les resituer dans une culture locale, de façon vivante, en mêlant archives visuelles et sonores, fixes et animées. Une partie du site, notamment la classification des objets, est en langue Edo, la langue vernaculaire du royaume dans lequel ils ont été élaborés puis pillés.

    Au-delà de ce site exemplaire, qu’en est-il de la politique de restitution des œuvres en Allemagne ? « La façon de procéder des Allemands est très différente de celle des français », explique Felicity Bodenstein, qui a commencé sa carrière de chercheuse dans ce pays, aux côtés de Bénédicte Savoy, à l’université technique de Berlin. « L’importance des collections qu’ils possèdent, mais aussi les questions très sensibles de mémoire liées à la Seconde Guerre mondiale font que le sujet des provenances est bien plus politique et inflammable en Allemagne qu’ailleurs en Europe ». En 2021, un accord national de restitution a donc été trouvé avec le Nigeria, à chaque musée ensuite d’élaborer son propre accord suivant les principes de l’État fédéral. Plusieurs centaines d’œuvres ont déjà été physiquement renvoyées par les musées au Nigeria.

    « Mais toutes les communautés d’origine, c’est du moins le cas pour le Bénin, ne souhaitent pas forcément récupérer toutes leurs œuvres, souligne l’anthropologue. Ils veulent surtout en retrouver la propriété et être associés au discours culturel et politique qui accompagne leur patrimoine. » Ainsi, lors des discussions pour l’ouverture au centre de la ville de Berlin du Humboldt Forum, immense musée qui prévoyait d’exposer une partie importante de cette collection de bronzes du Bénin, un débat très vif a permis de poser les bases d’une nouvelle façon de faire. L’espace d’exposition de ces objets est aujourd’hui cogéré avec les chercheurs et muséographes de Bénin City. Toutes les œuvres de Bénin City qui ont été identifiées ont d’abord été officiellement rendues au Nigeria qui les prête désormais à l’Allemagne, un écusson témoignant de ce processus étant apposé sur les vitrines d’exposition.

    En Allemagne toujours, une grande enquête collective, menée conjointement par l’université de Dschang et l’université technique de Berlin entre 2020 et 2023, intitulée « Provenances inversées9 », fait le point sur l’état du patrimoine camerounais pillé pendant la période coloniale : 40 000 objets qui font de l’Allemagne le premier pays détenteur d’œuvres camerounaises au monde ! « Il existe dans l’Allemagne contemporaine un “Cameroun fantôme” – pour reprendre le titre du célèbre ouvrage anticolonial de Michel Leiris, L’Afrique fantôme (1934) –, expliquent les auteurs de cette enquête, parmi lesquels Bénédicte Savoy. Malgré leur présence invisible (en Allemagne) et leur absence oubliée (au Cameroun), ces collections, qui sont aussi, du point de vue qualitatif, les plus anciennes et les plus variées au monde, continuent d’agir sur les sociétés qui les gardent ou les ont perdues ». L’objectif de l’enquête fut donc d’analyser et de publier les sources inédites permettant de confirmer cette présence massive. Et parallèlement d’aller à la rencontre, au Cameroun, des communautés privées de pièces matérielles importantes de leurs cultures respectives et de cerner, autant que faire se peut, les effets produits par cette absence patrimoniale prolongée.

    Le film Dahomey se termine par un débat organisé par la réalisatrice entre étudiants béninois, discutant de cette première rétrocession française. Premier pas ou insulte à leur peuple devant le peu d’objets revenus ? "Il était nécessaire de créer un espace qui permette à cette jeunesse de s’emparer de cette restitution comme de sa propre histoire, de se la réapproprier explique Mati Diop. Comment vivre le retour de ces ancêtres dans un pays qui a dû se construire et composer avec leur absence ? Comment mesurer la perte de ce dont on n’a pas conscience d’avoir perdu ?
    Dans l’attente d’une loi en France sans cesse reportée, les protagonistes de Dahomey soulignent l’urgence d’apporter une réponse à cette demande de restitution portée par tout un continent.

    https://lejournal.cnrs.fr/articles/biens-culturels-en-voie-de-restitution

    #oeuvres_d'art #art #décolonial #film #documentaire #Afrique #pillage #musées #colonisation #droit_du_patrimoine #patrimoine #identité #mémoire #visualisation #cartographie #retour

    ping @cede @reka

    • Le monde en musée. Cartographie des collections d’objets d’Afrique et d’Océanie en France

      Cette cartographie propose de faire mieux connaître les collections d’objets d’Afrique et d’Océanie en France afin de faciliter leur étude. Elle signale les fonds ouverts au public qu’ils soient publics ou privés, elle décrit rapidement l’histoire de la collection et donne quelques éléments sur son contenu. Elle indique l’état des connaissances et donne les informations pour aller plus loin.

      https://monde-en-musee.inha.fr

    • #ReTours (programme de recherche)

      Résumé du programme de recherche collaboratif financé par l’Agence Nationale de la Recherche / 15 chercheurs, 7 pays. (in english below) – présentation du projet ici

      Alors que la question de la restitution des collections africaines fait polémique en France et en Europe, le programme comparatif, diachronique et multiscalaire ReTours vise à déplacer l’enquête 1) de l’Occident aux pays africains concernés, 2) des questions de restitution aux problématiques du retour, 3) de la vision muséo-centrée aux rôles des diasporas et du tourisme, 4) des instances et autorités officielles du patrimoine aux lieux, récits et transmissions considérés comme marginaux, secondaires ou officieux.

      ReTours est un programme novateur tant dans ses objectifs de recherche critiques que par ses méthodes d’enquêtes et ses collaborations culturelles. Constitué d’un consortium international et pluridisciplinaire de 15 chercheurs, ReTours travaillera à partir du Bénin, du Cameroun, du Mali et du Sénégal et sur leurs diasporas.

      L’objectif du programme est de saisir les enjeux politiques, les rôles économiques, les usages sociaux du retour. Il s’organise à partir de trois axes qui sont autant de manières de désigner les biens culturels : 1) Géopolitique du patrimoine, autour des mobilisations pour ou contre la restitution des “oeuvres”, 2) Économies du retour et imaginaires du tourisme, à propos des dispositifs d’accueil notamment touristiques des “pièces muséales” ; 3) Appropriations et resocialisations autour des mémoires sociales, de l’agency des “choses” revenues, des transformations des significations et des créations contemporaines.

      https://retours.hypotheses.org

  • Combien de personnes portent le même nom de famille que vous ?

    Il existe plus d’un demi-million de noms de famille différents dans notre pays. Grâce à notre outil, découvrez dans quelles régions le vôtre est le plus répandu.

    Le nom de famille le plus fréquent en Suisse est Müller. Pas moins de 53’170 personnes s’appellent ainsi. Mais les Müller ne représentent que 0,61% de la population suisse, tant la diversité des noms est grande.

    Les Müller sont dispersés dans toute la Suisse, avec un pic dans le canton d’Argovie. Dans la commune de Wiliberg, par exemple, plus de 10% des habitants et habitantes s’appellent comme ça. En termes absolus, la plupart des personnes portant ce nom de famille vivent dans les villes de Zurich, Bâle et Winterthour (ZH).

    C’est aussi dans ces régions que vivent beaucoup de Meier et de Schmid, dont le nombre dépasse les 30’000. La plus grande proportion de Meier se trouve dans les communes du nord-est de la Suisse.

    En ce qui concerne le nom Schmid, la commune valaisanne d’Ausserberg se distingue avec plus d’une personne sur quatre qui s’appelle ainsi. À l’échelle nationale, il n’y a que dix communes dans lesquelles un nom de famille domine encore davantage.

    C’est à Rebévelier, dans le Jura bernois, que la situation est la plus marquée : 32 des 40 habitants et habitantes – soit 80% – s’appellent Amstutz. Selon la chaîne d’information locale Canal Alpha, les agriculteurs de la famille Amstutz ont peu à peu racheté, à la fin du XIXe siècle, les fermes de la famille Juillerat, qui souhaitait se rapprocher des centres urbains. Aujourd’hui encore, Juillerat est le nom de famille le plus répandu dans le Jura, tandis que les Amstutz sont davantage répartis dans toute la Suisse.

    https://www.tdg.ch/combien-de-personnes-portent-le-meme-nom-de-famille-que-vous-158719888672

    Petit test personnel :

    Le nom de famille Del Biaggio existe 40 fois en Suisse. Cela correspond à moins de 0,01% de la population totale. Il arrive en 23’869e position du tableau national.

    #cartographie #noms_de_famille #Suisse #visualisation #fréquence #statistiques #chiffres

  • Air Quality #Stripes

    This website shows the concentration of particulate matter air pollution (PM2.5) in cities around the world. Very few historical observations of PM2.5 exist before the year 2000 so instead we use data produced from a mix of computer model simulations and satellite observations.

    For the most recent years (2000-2021) we use a dataset that combines ground-level and satellite observations of PM2.5 concentrations from Van Donkelaar et at (2021, V5 0.1 degree resolution), this dataset can be found here.

    Satellite observations of PM2.5 aren’t available for the years before 1998, so instead we take the historical trend in air pollution concentrations from computer models (Turnock 2020); publicly available model data was taken from the Coupled Model Intercomparison Project (CMIP6) which is made freely available via the Earth System Grid Federation (ESGF), these are the climate models used for the IPCC assessment report. We used data from the UKESM submission to CMIP (data is here). The historical concentrations for the UKESM model are calculated using changes in air pollutant emissions obtained from the Community Emissions Data System (CEDS) inventory developed by Hoesly et al, 2018 and used as input to CMIP6 historical experiments.

    Modelling global concentrations of pollutants is very challenging, and models are continuously being evaluated against observations to improve their representation of physical and chemical processes. Previous research has shown that the CMIP6 multi-model simulations tend to underestimate PM2.5 concentrations when compared to global observations (Turnock et al., 2020). To address this issue and to ensure a smooth time series between the model and satellite data, we take the following steps: for each city, we first calculate a three-year (2000-2002) mean of the satellite data for that city. Next, we calculate the three-year (2000-2002) mean of model concentrations for the same city. The ratio between these values represents the model’s bias compared to observations. We then adjust (or “weight”) the model values using this ratio. This is a similar approach to that taken by Turnock et al. (2023) and Reddington et al. (2023).

    Because so few historical observations of PM2.5 exist, so it is challenging to evaluate how good this approximation is, but in our approach the historical trend is taken from the computer model and the values are informed by the satellite.

    This is the first versions of the Air Quality Stripes, they will be updated in the future as improved model simulations and observations become available. We welcome comments and suggestions for improvements!

    The data used to create these images is here: https://zenodo.org/records/13361899

    https://airqualitystripes.info

    #qualité_de_l'air #visualisation #données #statistiques #air #pollution_de_l'air #pollution #villes

    ping @reka via @freakonometrics

  • Voir la France en train

    Les cartes de la France et de ses régions invisibilisent le train. C’est pourtant le moyen de transport longue distance le plus important des prochaines décennies.

    Observez les deux cartes suivantes : les deux représentent l’hexagone, mais saurez-vous trouver la différence principale ?

    La première, nous la connaissons bien : c’est Google Maps, la reine de la cartographie depuis 15 ans.

    Google a fait le choix, comme Apple, Mappy, Viamichelin ou encore OpenStreetMap.org, de montrer une vision cartographique du monde où le train n’existe pas... en tout cas pas au niveau de zoom des pays, qui met donc en valeur la voiture et seulement la voiture.

    La France autoroutière

    C’est un choix politique conservateur.

    Motivé par l’absence du train dans les modes de déplacements des États-Unis (pour rappel, Elon Musk a contribué à tuer le projet de LGV californienne en proposant volontairement son projet fantasque hyperloop), où sont développés #Google et #Apple_Maps.

    Mais un choix qui aussi le reflet d’une volonté de ne pas brusquer l’automobiliste, car même dans les pays européens, l’autoroute domine le rail d’un facteur 10 à 20 en 2023.

    Google et Apple n’ont en fait rien changé à la #vision_cartographique du monde depuis 1990 (35 ans !), l’époque de la voiture reine, l’époque de l’insouciance climatique, energétique, géopolitique.

    #Michelin est un vendeur de pneus. Qu’ils vendent des cartes routières est tout à fait logique.

    On ne peut pas en dire autant de l’#IGN, agence publique ayant pour mission d’assurer la production, l’entretien et la diffusion de l’information géographique de référence en France.

    Qu’il s’agisse de la carte en ligne ou les fameuses cartes papier de randonnée, la voiture et les autoroutes cadrent le paysage français.

    Mettre le train au #premier_plan

    Pourtant, le TGV explose régulièrement ses records de trafic. Et surtout : le respect de l’engagement climatique et énergétique nous impose de faire du rail l’infrastructure prioritaire, dès maintenant.

    Sur #Cartes, nous vous présentons donc le premier plan vectoriel de l’hexagone intégré sur une carte généraliste en ligne. Où les autoroutes sont remplacées par le magnifique réseau ferré de notre hexagone et des pays voisins.

    Les deux captures suivantes montrent qu’à l’échelle régionale, la carte d’Apple cette fois-ci, adopte également une vision 100 % auto-centrée : le rail n’existe toujours pas !

    Sur Cartes, les routes nationales apparaissent au côté du rail : plus l’échelle du déplacement est petite, plus il faut mettre en avant les infrastructures adaptées aux dernières dizaines de kilomètres.

    Une nouvelle ère pour l’information voyageur

    Cette 1ère version des cartes vectorielles auto-hebergées sur le serveur du projet Cartes est imparfaite : les LGV ne sont pas encore mises en avant ; c’est une carte du rail, pas de l’offre voyageur, or on sait bien que contrairement à la liberté de la voiture l’offre voyageur contraint fortement le train ; certaines portions sont actuellement représentées de façon trop complexe avec un dédoublement des voies (exemple : la vallée du Rhône), ce qui produit des cartes plus lourdes et moins lisibles.

    À terme, il y a de fortes chances qu’à haut niveau de zoom, c’est l’offre voyageur qui sera mise en avant, basée sur les horaires et trajets effectif du moment, pas les méandres du réseau ferré français.

    Sans aucun doute, Cartes sera rejointe par d’autres acteurs avec l’ambition d’informer les voyageurs sur le mode de transport à la fois le plus écologique et le plus économique dès qu’une liaison sans trop de détour existe. Rappelons-le : 60 % des Français vivent à moins de 20 minutes à vélo d’une gare principale.

    L’IGN, par exemple, a montré récemment de nouvelles ambitions : cartes de l’anthropocène qui actent les bouleversements en cours, nouvelle application mobile pour concurrencer les GAFAMs. Gageons que le voyage en train sera l’une de ces nouvelles priorités pour le XXIème siècle.

    Montrer les défauts pour les corriger

    Par le passé, l’ensemble de la France était maillé. En explorant la carte, vous verrez les nombreuses indirections entre les grandes villes de France, qui provoquent des trajets lents, détournés par Paris et donc souvent irréalistes.

    Montrer le rail au premier plan, c’est aussi montrer les défauts du réseau ferré national, pour les corriger. D’urgence.

    https://cartes.app/blog/plan-sncf
    #voiture #train #cartographie #visualisation #France #choix #invisibilisation #transports_publics #choix_cartographique #représentation #réseau_ferroviaire #réseau_routier
    #ressources_pédagogiques #transport
    ping @reka @visionscarto

  • #Bocage : la fin d’un #paysage

    Le bocage du nord-ouest de la France est un allié précieux face au dérèglement climatique et à l’effondrement de la #biodiversité. Les #arbres de ses haies rendent de multiples services : ils modèrent les températures, protègent les cultures du vent et de la sécheresse, préviennent les villages des inondations en retenant l’eau dans les sols… Autant de services environnementaux qui profitent à la collectivité, mais dont le coût de gestion repose presque uniquement sur les agriculteurs.

    Séparant les parcelles, parfois doublées de talus et de chemins creux, les #haies sont pourtant perçues par certains agriculteurs comme des obstacles qui gênent et ralentissent le maniement des machines. L’entretien des haies demande du temps et de l’argent [lire le volet 1]. Pour les garder debout, il faudrait que les agriculteurs soient plus nombreux, et plus aidés.

    Depuis plusieurs semaines, un mouvement social agricole secoue le pays. Pour une partie des agriculteurs mobilisés, la protection des haies est une cible symbolique. Gabriel Attal, poussé à réagir, a annoncé une simplification de la réglementation, grâce au projet de loi « pour une agriculture souveraine ».

    Pourtant, malgré la réglementation existante, le bocage continue de se dégrader [lire le volet 2]. À un rythme qui surprend même des chercheurs. En cause : l’intensification du modèle agricole et l’agrandissement des #parcelles, documentés à travers les cinq volets de notre enquête.

    Le bocage régresse en Bretagne

    En Bretagne, aucun document public ne recense toutes les haies arrachées. Splann ! les a notamment identifiées dans une partie du Trégor, au nord-ouest du pays. Et le constat est sans appel : au total, 159,2 km de haies ont disparu entre 2003 et 2023. Or, le bocage joue un rôle structurant de ce point de vue : meilleure infiltration des eaux pluviales dans les sols, régulation du débit des rivières et limitation de leur teneur en polluants [lire le volet 4].

    Cette zone concentre plusieurs symboles de la lutte pour la qualité de l’eau. Tout d’abord, elle contient des zones très urbanisées et un bocage encore particulièrement dense. Le Léguer, qui y prend sa source et y rejoint la mer, est la seule rivière bretonne labellisée « rivière sauvage », pour sa partie en amont. Enfin, le territoire est concerné par la problématique des algues vertes dans la baie de Saint-Michel-en-Grève.

    Certains arrachages de haies ont pu être déclarés et « compensées » par une nouvelle plantation, mais il est difficile de savoir combien exactement et si la nouvelle plantation a bien survécu.

    https://splann.org/enquete/bocage
    #Bretagne #agriculture #remembrement #France #cartographie #visualisation #carte #agriculture_intensive

    • #Nolwenn_Weiler présente l’enquête « Bocage, la fin d’un paysage » sur Canal B

      Nolwenn Weiler a été interviewée par Lucie Louâpre, dans l’émission L’Arène, sur Canal B, le 3 avril 2024. Notre journaliste a présenté son enquête « Bocage, la fin d’un #paysage », menée avec Yann-Malo Kerbrat.

      En dépit des idées reçues et des moyens alloués, bien après le remembrement opéré après-guerre, la #destruction du bocage breton se poursuit. Il s’accélère même depuis dix ans, en lien avec la concentration du nombre d’exploitations agricoles. Il s’agit pourtant d’un allié précieux pour la préservation de la biodiversité, la lutte contre l’érosion des sols, les pollutions ou les conséquences de la sécheresse.

      L’artificialisation des sols, notamment pour la construction de lotissements, ou encore le déploiement de la fibre optique, sont des facteurs aggravants.

      Au-delà des questions quantitatives, la qualité des haies se dégrade. Leur entretien repose presque entièrement sur les agriculteurs. Or, c’est une activité coûteuse, voire dangereuse.

      https://www.youtube.com/watch?v=yGqSrB4Ilvk

  • From Fire Hazards to Family Trees. The Sanborn Fire Insurance Maps

    Created for US insurance firms during a period of devastating fires across the 19th and 20th centuries, the Sanborn maps blaze with detail — shops, homes, churches, brothels, and opium dens were equally noted by the company’s cartographers. Tobiah Black explores the history and afterlife of these maps, which have been reclaimed by historians and genealogists seeking proof of the vanished past.

    On the evening of April 4, 2024, dozens of people crowded into the Whitsett Room in Sierra Hall at California State University, Northridge (CSUN), for a symposium about a collection of fire insurance maps created by the Sanborn Map Company. The attendees were excited — several people greeted each other warmly, having only met on Zoom calls.

    The age range of the attendees was wide. Undergraduates sat next to retirees. One family had brought their infant. A man sitting in front of me with a closely cropped white beard was posting videos he’d taken of CSUN’s Sanborn map collection to TikTok. The symposium was supposedly about “the ways in which Sanborn fire insurance maps have informed the work of artists, archivists and researchers”. But the message of the evening was simpler: people love these maps. To understand the Sanborn maps’ enduring appeal — many of which have been rescued, like CSUN’s collection, from the dumpster or basement or forgotten storage closet of a Sanborn office or customer — we must understand what they are.

    In the late nineteenth and early twentieth century, the United States was on fire. In October 1871, the Great Chicago Fire destroyed about 17,500 buildings, leaving a third of all Chicagoans homeless, and killing as many as 300 people. In April 1872, the Great Boston Fire ripped through downtown, causing $73.5 million in damages. In the summer of 1889, the Great Seattle Fire, the Great Ellensburg Fire, and the Great Spokane Fire each did significant damage to those cities. Fires devastated Hinckley, Minnesota, in 1894; Jacksonville, Florida, in 1901; Baltimore, Maryland, in 1904; and San Francisco, California, in 1906. These fires literally reshaped the urban American landscape, leveling whole neighborhoods that would have to be rebuilt or abandoned.
    A close-up section of a map with color-coded buildings and streets, highlighting Hawley Street, a clothing factory, and Trinity Church.

    https://the-public-domain-review.imgix.net/essays/sanborn-fire-insurance-maps/03-Boston_Fire_from_Washington_&_Bromfield_panoramic

    Urban fires were nothing new. But a combination of dense concentration, shoddy construction, poor regulation, and inadequate firefighting services meant that fires in the period of swift industrialization from roughly the end of the Civil War to the Great Depression were particularly destructive. This was also the era when kerosene lamps became ubiquitous. When Edwin Drake struck oil in Titusville, Pennsylvania, in 1859, the oil boom he ignited was due entirely to the use of refined petroleum for light. Kerosene was cheaper than whale oil, less smoky than coal oil, and brighter than candles — but also highly flammable. It’s not hard to see where sloshing buckets of kerosene across the densely packed, swiftly constructed American cities of the nineteenth century would lead. These fires also received tremendous coverage in the era’s sensational penny newspapers, which were hungry for stories of death and violence after the conclusion of the Civil War.

    Where there’s smoke, there’s fire; and where there’s fire, there’s insurance (at least since around the beginning of the eighteenth century). In 1866, Daniel Alfred Sanborn established the D. A. Sanborn National Diagram Bureau to provide maps of North American cities and towns to fire insurance companies. These maps used an elaborate system of color coding, symbols, and abbreviations to indicate a dizzying amount of information — from building materials to street widths; from locations of standpipes to the presence of flammable chemicals; from the height of a structure to the number of skylights. Sanborn’s company didn’t provide any insurance itself — it supplied the insurance companies with the information, in the form of maps, they would need to assess risk and assign premiums.

    The most interesting piece of information that Sanborn’s mapmakers gathered was what each building was being used for. “S” meant store and “D” meant dwelling. But they didn’t stop there. The maps identify hotels, churches, breweries, stables, manufacturers of flint glass bottles, orphanages, launderers, cigar factories, chewing gum factories, jewelers, butchers, cobblers, drugstores, barbers, canneries, boarding houses, manufactories of artificial hair, dry goods wholesalers, cabinetmakers, photographers, window shade factories, and hundreds — possibly thousands — of other kinds of businesses. Later, they label roller rinks, movie theaters, garages. Even opium dens, gambling parlors, and brothels are dutifully marked down. In larger buildings, they might label the kitchen, the coal shed, where particular pieces of factory equipment can be found. They sometimes note whether a building has a nightwatchman. The maps are Whitmanian in their profusion of detail.
    A detailed map highlighting City Hall, Market House, and the Mexican Theatre, with adjacent buildings color-coded and labeled by their functions, including groceries and offices.

    The Sanborn Map Company, as it came to be known, eventually used their system to map more than 12,000 North American towns and cities, covering almost every community with a population over 1000. To do so, the company sent out employees known as “striders” or “trotters”. One or more striders would set up shop in a town for a few months, sometimes renting office space. Following a hundred-page manual supplied by the company, they would sketch, measure, and chart every street and building in the territories they had been assigned. In 1917, during World War I, a Sanborn field surveyor was seen making drawings of the buildings in Fort Wayne, Indiana. Not knowing what the stranger was doing, several residents called the police, worried that he was a German spy. The anecdote paints a vivid picture of what these surveyors had to do. They had to observe. They had to ask questions, possibly intrusive ones. (Outhouses are occasionally discretely noted on Sanborn maps.) They listed illegal businesses (when they could find them) next to legal ones. Making a good map must have required some combination of nosiness, charm, officiousness, tact, and pushiness, depending on the situation.

    The striders would send their material back to one of the main offices — Sanborn had permanent offices in New York City, San Francisco, Chicago, and, later, Atlanta — where cartographers would create the detailed, precise maps supplied to the insurance companies.

    The maps were periodically updated with “pasters” — corrections literally pasted into the old atlases until the pages could bear no more and a new map would be commissioned. It was a profitable business, and the Sanborn Map Company had a near monopoly on it in North America. The maps were expensive and time-consuming to make; no new competitor could ever hope to match Sanborn’s enormous back catalogue. D. A. Sanborn died in 1883, but the company continued to thrive under the general management of his son, William A. Sanborn, who used his intimate knowledge of city planning to make a fortune in Connecticut real estate. At its peak in the 1930s, the company brought in more than $500,000 a year in after tax profits and employed seven hundred “skilled map workers” and two hundred “specially trained engineers”.

    For a variety of reasons — consolidation in the insurance business, complacency because of their perceived monopoly, more sophisticated methods for assessing fire risk, and new forms of data storage that made the huge, heavy Sanborn atlases increasingly obsolete — the company’s profits had dropped to $100,000 a year by the late 1950s.1 They stopped creating new maps in 1961 and stopped issuing “paster” updates to their old maps in 1977. That same year, the company’s president, S. Greeley Wells, donated forty-five atlases of old maps to the Library of Congress. This is where the second act of the Sanborn maps’ lives began.

    It began slowly. When a municipal government needed to decide if a building was worth preserving, they might consult an old Sanborn map. When a historian or historical novelist wanted to get a sense of the types of businesses on a particular street in a particular city in a particular year, they might consult a Sanborn. When a demographer wanted to chart the growth or decline of an American city, the Sanborns were there.

    But the real explosion of interest can probably be attributed to the genealogists. Legacy Tree Genealogists, Genealogy Gems, traceyourpast.com, and Family Tree Magazine — to name just a few — all have articles explaining how to use Sanborn Maps for genealogical research. Paulette Hasier, Chief of the Library of Congress’s Geography and Map Division, says that when her department tweeted that their collection of Sanborn maps was being made available online, it became the account’s single most retweeted message ever. She attributes a significant portion of that interest to genealogists — and what she calls “historical research for personal pleasure”. The Library of Congress has the largest collection of Sanborn maps in the country. There are a few contenders, but the second-largest collection is probably the one at CSUN — 4,100 atlases mapping out 1,600 North American towns and cities.
    CSUN is located deep in Los Angeles’ San Fernando Valley. It was founded in 1958 and has the broad streets and anonymous boxiness of many of LA’s modernist enclaves. When I arrived at Sierra Hall at 5 p.m. for the Sanborn symposium, which had been organized by staff cartographer David Deis, the lobby was empty with the kind of emptiness that can only be found in a school building after hours. My footsteps echoed off the floor tiles, which ranged in color from beige to pinkish. The fluorescent lights cast no shadows. But emerging from the elevator on the fourth floor, I was greeted by the warm hum of the fifty-plus attendees’ voices.

    The topics of the presentations ranged from a discussion of how to use digitized Sanborn maps to visualize sociological phenomena (like pinpointing the proliferation of saloons along the Erie Canal), through a case study of how the maps helped convince the local government in Pasadena to preserve an architecturally significant factory building, to curious discoveries: an opium den, “ruins”, and a 25-foot-tall panorama of the Battle of Gettysburg in a tent across the street from Los Angeles City Hall.2 Despite their varied subjects, the presentations shared a common feature: each speaker performed the same instinctive action that everyone seems to do when they discover the Sanborn maps — they looked up their own addresses and found their homes.

    The final presentation of the day was by the multi-disciplinary artist Debra Scacco, who described using the maps for an installation called Compass Rose. The project examined gentrification, displacement, and memory in Northeast Los Angeles, where Scacco has been based for many years. One component was a series of oral histories recorded by residents of Highland Park. Another component was a series of colorful glass panels — the shapes of which were drawn from the Sanborn maps of the neighborhood — which had been suspended in a white gallery space. When light from the windows hit the glass panels, their shadows — blue, yellow, purple, red, orange, pink, green — mingled on the walls.

    Scacco, while claiming to be less of a map expert than the other presenters, had the clearest understanding of why people respond to the Sanborn maps. Her project had begun with Scacco going to the LA Central Library and asking Creason to show her “maps of rivers and maps of freeways”. She says she didn’t yet know where she was going with the project, but she knew that this was where she wanted to start. When Creason pulled out the Sanborn maps, Scacco (a self-described “paper nerd”) says her reaction was, “Oh my God — this is the history of America, and it’s pasted over, just like American history.”

    By “blowing apart” the Sanborn maps, Scacco is trying to make the point that maps are not neutral. Maps obscure; they leave things out. As Scacco’s website says, “early maps of Los Angeles make no mention of our Tongva origins, and scarcely acknowledge early boundaries in which California was Mexico”. The Sanborn maps didn’t include every neighborhood in every city they covered. And they occasionally used explicitly racialized language to define neighborhoods literally outlined in red — presumably to warn insurers away or get them to charge higher prices. The insurance business has a long and well-documented history of racist and discriminatory practices; the Sanborns are an important data set in the effort to document that history.

    But during her presentation, Scacco also described showing the maps to the residents she was collecting oral histories from and “seeing folks see themselves in the archives”. For all their faults and elisions — sometimes because of them — the maps seem to reflect our own histories and memories back at us. Maybe that’s why the instinct to look up one’s own address on a map is so common. We create maps to make the unfamiliar familiar. To show us how to get home.

    https://publicdomainreview.org/essay/sanborn-fire-insurance-maps
    #assurance #feu #incendie #USA #Etats-Unis #Sanborn #cartographie #cartographie_historique #visualisation

    via @reka

  • Le changement climatique contribue à augmenter l’utilisation des pesticides en France
    https://theconversation.com/le-changement-climatique-contribue-a-augmenter-lutilisation-des-pes

    Les résultats issus de nos modèles statistiques montrent que les agriculteurs français répondent à des hausses de températures et de précipitations en augmentant leur usage de pesticides. Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, l’utilisation des pesticides pourrait croître de 5 à 15 % en moyenne en France d’ici à 2050 sous l’effet du changement climatique, principalement via l’effet de la hausse des températures. Ces augmentations concerneraient principalement les fongicides et les herbicides et toucheraient surtout les pesticides les plus nocifs pour la santé et l’environnement.

  • #Fontanelle

    Lìbere - liberi di bere! è una mappa interattiva delle fontanelle, utile per visualizzarne la collocazione in città e fuori, attraverso googlemaps. Per individuare facilmente quella più vicina da raggiungere, basta muoversi nello street view e affidarsi agli scatti fotografici in preview (Google warranty).


    È una piattaforma per la condivisione di contenuti sull’acqua del rubinetto, un invito a partecipare (inteso come prendere parte) per segnalare le fontanelle non ancora inserite, aggiungerle, e interpretarle!

    https://www.fontanelle.org

    Et il y a une app pour smartphone pour ajouter des points d’eau :
    https://www.fontanelle.org/mobile
    ou alors pour signaler de nouveaux points d’eau à partir du site web :
    https://www.fontanelle.org/login.aspx?ref=https://www.fontanelle.org/Segnala-Fontanella.aspx

    #points_d'eau #eau_potable #fontanelle #fontaines_à_eau #crowdsourcing #visualisation #cartographie #monde #cartographie_participative #eau_potable#espace_public #communs #commons

    Dommage qu’iels utilisent google maps, mais bon... voilà...
    Je l’utilise notamment quand je suis en vadrouille pour trouver des endroits pour remplir ma gourde d’eau...

  • People and Places | Disruption of Recreational Activities in #Gaza's Seashore

    As part of tracking the urbicide in Gaza, BUL is launching ‘People and Places’ map documenting some of the disruptions of socio spatial practices, waves of forced displacement as well as acts of everyday resistance by Gazans.


    https://experience.arcgis.com/experience/5c24d93ffc234d709efbbeb355d9496c/page/Page/?views=People-%26-Place
    #cartographie #visualisation #Palestine #destruction #résistance
    ping @reka

  • #Lavoirs de #France

    Présentation

    Un lavoir est un bassin public pour laver le linge. Le lavoir est alimenté en #eau soit par une source ou un cours d’eau, en général couvert où les lavandières lavaient le linge. Certains étaient équipés de cheminées pour produire la cendre nécessaire au blanchiment. En pierres, en briques, ou plus modestement en bois ou en torchis, ils méritent d’être conservés.

    Pourquoi ce site ?


    Le but de ce site est de faire découvrir les lavoirs et de guider les promeneurs ou les cyclotouristes pour les visiter.
    Permettre de mieux apprécier ce #patrimoine local lieu de vie et de rencontre.
    Inciter les municipalités à restaurer leurs lavoirs, témoins de l’Histoire locale.
    Inviter les heureux propriétaires de lavoir à entretenir ce patrimoine fragile.
    Admirer les efforts consentis par certaines municipalités pour rénover et embellir leur lavoir.
    Que cette promenade champêtre avive en vous l’envie de contribuer, d’agir pour que ces lavoirs soient restaurés et mis en valeur.
    Ce site est aussi le votre.
    Si vous connaissez un lavoir qui n’existe pas sur ce site, merci de le signaler (ici : https://www.lavoirs.org/form_upload.php) pour le mettre en valeur.

    https://www.lavoirs.org

    Une #liste :
    https://www.lavoirs.org/departements.php

    #recensement #cartographie #visualisation #photos

    Tellement dommage qu’iels utilisent google maps et qu’en général la présentation visuelle n’est pas très bien pensée...

  • La #mémoire de la #Résistance au travers des #noms_de_rues

    Héritage du Moyen Âge, les noms de rues ont progressivement évolué d’une origine vernaculaire vers un système honorifique et mémoriel. Aux dénominations anciennes –souvent très pittoresques – ont succédé des appellations destinées à perpétuer le souvenir d’événements marquants ou à honorer des personnalités. Au même titre que les monuments, plaques ou stèles, les noms de rues[1] sont ainsi devenus de véritables lieux de mémoire. Quelle est la trace laissée à cet égard par la Résistance ?

    Définition et constitution du corpus

    Plutôt que les rues rendant globalement hommage à la Résistance ou aux victimes de la répression allemande, ont été sélectionnées ici celles qui, idéologiquement et politiquement plus clivantes, sont dédiées, par la volonté des conseils municipaux, à la mémoire de tel résistant ou de tel autre ; ce qui, au-delà, traduit une représentation spécifique de la Résistance.

    Le choix a obéi à plusieurs critères. Afin d’éviter des interférences avec une carrière ultérieure, n’ont été retenus que les résistants morts pendant la guerre, ce qui exclut par exemple de Gaulle, Leclerc, Edmond Michelet, le colonel Rémy etc. Par ailleurs, les figures purement locales de la Résistance échappant matériellement aux possibilités d’identification à l’échelle du pays entier, le corpus se limite aux hommes et femmes dont la renommée a largement franchi les limites départementales. À partir de cette liste a été établie une base de données comportant près de 4 400 rues de France, dont émergent très clairement une vingtaine de noms.

    Cependant, l’hommage rendu aux résistants est sensiblement plus large que ne le laisse deviner la perspective offerte ici. Si la ville de Caen n’a ainsi consacré la mémoire que d’une seule figure de premier plan (Fred Scamaroni), elle a attribué à une trentaine de ses rues le nom de résistants locaux. De même, dans les quarante communes de Seine-Saint-Denis, une soixantaine de voies leur sont dédiées.

    Répartition spatiale

    La répartition spatiale dépend de plusieurs paramètres : la couleur politique des conseils municipaux, mais aussi le nombre de communes et de voies par département, ou encore le caractère dominant de chacun d’eux (rural ou urbain) en gardant à l’esprit que la Résistance a été un phénomène touchant davantage les villes que les campagnes.

    La première carte recense la totalité des rues vouées à la mémoire des résistants retenus. À sa manière, elle peut donner une indication sur le degré d’attachement des différentes régions envers la mémoire nationale de la Résistance. On remarquera le faible hommage qui lui est rendu en Alsace, dans l’Ouest intérieur ou le sud du Massif central. La région parisienne, le quart nord de la France, le littoral méditerranéen et le couloir rhodanien se distinguent en sens inverse.

    Compte tenu du poids occupé par les rues « Jean Moulin » au sein de l’échantillon (50 %), leur représentation est assez proche de la carte précédente. On observera toutefois que les rues à son nom étaient surtout situées avant 1964 dans les villes liées à sa vie personnelle, à sa carrière ou à ses activités de résistant. Par la suite, sa mémoire a été honorée – à des degrés divers – dans l’ensemble du pays.

    La carte des rues dédiées aux principales figures communistes de la Résistance, regroupées pour la circonstance, montre certaines analogies avec les deux précédentes, avec toutefois une concentration plus forte dans certaines régions (Nord, banlieue parisienne, Var, Meurthe-et-Moselle), mais aussi une large zone de faiblesse à l’ouest d’une diagonale allant du Havre à Marseille. Cette distribution, pas totalement conforme avec le vote communiste en 1945 ( Les élections à la première Assemblée constituante), illustre le décalage mémoriel entre les anciennes zones de maquis (Massif central, Alpes etc.) et les régions de résistance urbaine.

    Chronologie des dénominations

    Un échantillon formé à partir de 565 questionnaires retournés par des mairies permet d’esquisser une approche chronologique. La Libération est marquée par une forte effervescence dénominative. Si certains choix s’avèrent consensuels (Avenue de la Résistance, rue des Martyrs, etc.), on remarque cependant, notamment dans la banlieue parisienne, la forte émergence d’une mémoire spécifiquement communiste se concentrant autour de quelques noms (Gabriel Péri, Danielle Casanova, Pierre Semard, le colonel Fabien etc.) avec lesquels rivalisent essentiellement ceux de Pierre Brossolette ou d’Honoré d’Estienne d’Orves.

    La Guerre froide marque un coup d’arrêt à cette tendance, alors même que le nombre total des voies recevant le nom d’un résistant décroît fortement sous la IVe République.

    Le retour au pouvoir de De Gaulle en 1958 et, plus encore, la fin de la guerre d’Algérie marquent un incontestable regain, mais essentiellement au profit de la mémoire gaulliste de la Résistance. Jean Moulin, jusqu’alors assez délaissé, en est le principal bénéficiaire, surtout après le transfert de ses cendres au Panthéon en 1964 qui enclenche un mouvement de grande ampleur dans l’ensemble du pays. Au cours des quatre décennies suivantes, il monopolise 70 % des nouvelles dénominations.

    Depuis le milieu des années 1970, on observe un recul général du nombre de voies ayant reçu le nom d’un résistant de premier plan[2]. Ce phénomène pourrait être lié à la concurrence d’autres mémoires comme au fait que la création de rues nouvelles est désormais principalement liée à l’extension des communes périurbaines où les dénominations sont souvent d’ordre floral, artistique ou vernaculaire.

    [1] Entendons par-là l’ensemble des voies publiques : rues, boulevards, avenues, places, ponts etc.

    [2] L’année 1983, qui marque le quarantième anniversaire de la mort de Jean Moulin, fait exception.

    https://atlasfrance.hypotheses.org/15384
    #toponymie #odonymie #WWII #seconde_guerre_mondiale #deuxième_guerre_mondiale #cartographie #visualisation #France