• Nouer culture des luttes et culture du vivant
    Baptiste Morizot
    https://www.socialter.fr/article/nouer-culture-des-luttes-et-culture-du-vivant-1

    Pour commencer à répondre à cette question, je propose d’imaginer ici une nouvelle alliance : une #convergence entre deux #cultures, la culture des #luttes dont nous héritons, et une culture du #vivant d’un genre ­nouveau. Je propose d’imaginer ce que pourrait être une culture des luttes pour le tissu du vivant. En un sens, celle-ci est déjà présente un peu ­partout. L’enjeu de ce texte est simplement de la ­nommer, de la ­profiler, de l’accompagner, de le soutenir avec les moyens du bord. Mais pourquoi cette convergence ? Et en quoi constitue-t-elle une réponse à notre sentiment d’impuissance, en quoi nous restituerait-elle un pouvoir d’action face à la crise écologique systémique ?

    #Baptiste_Morizot

  • Wombats enteignen! | labournet.tv
    https://de.labournet.tv/wombats-enteignen


    Bericht von der Solidaritätsveranstaltung vor dem Wmobts Hostel ALte Schönhauser Straße, Redebeitrag der AG Taxi ab 09:42 und ab 11:47

    deutsch |12 min | 2019 |

    https://kanalb.net/media/labournet/wombats17mai19_0_1.mp4

    Am 17. Mai 2019 protestierten 100 Menschen gegen die Schließung des Wombats Hostels und forderten seine Enteignung durch den Berliner Senat und Weiterführung durch die Belegschaft. Zu dem Protest kamen Beschäftigte aus anderen kämpfenden Belegschaften und Gruppen, wie z.B. der Taxi AG in Verdi, dem Tochterunternehmen der Charité CFM und Bildungsarbeiterinnen, die für einen Branchentarifvertrag kämpfen. 

    Durch den musikalischen Beitrag von Paul Geigerzähler, der daran erinnerte, dass bei dem Bau der „Mall of Berlin“ am Potsdamer Platz rumänische Arbeiter nicht bezahlt wurden und letztlich niemand dafür verantwortlich gemacht wurde, und die Redebeiträge der aktiven Kolleg_innen, wurde die Kundgebung zu einem Tribunal gegen die arbeitnehmerfeindliche Politik des Berliner Senates insgesamt.

    Der Senat ist einerseits für die Extstenz von 160 Tochterunternehmen von öffentlichen Unternehmen wie z.B. Charité oder Vivantes verantwortlich, in denen Arbeiter_innen um große Teile ihres Lohns betrogen werden, andereseits unternimmt er nichts, um Arbeitnehmer_innenrechte systematisch zu schützen.

    „Wir fordern, dass die Gewerbeaufsicht, der Zoll, das Arbeitsgericht und die Senatsstellen endlich dafür sorgen, dass man uns nicht mehr brutal ausbeuten kann. Wir brauchen feste Ansprechpartner in den Behörden, die dafür sorgen, dass wir gehört werden und unseren Beschwerden aktiv nachgegangen wird“, sagte ein Kollege der Taxi AG.

    TEAM: LABOURNET.TV

    TAGS: #CHARITÉ, #VIVANTES, #NGG, #KLASSENKÄMPFE, #LEIHARBEIT, #PROLETARISCHE_ÖFFENTLICHKEIT, #PREKÄRE_ARBEIT, #VER.DI

  • Deep Virology - Le Moine Bleu
    http://lemoinebleu.blogspot.com/2020/04/deep-virology.html
    https://youtu.be/cgKspcEbmuA


    L’agent Smith, Didier Lallement en mode puissance destituante.

    Il n’y a pas de sex-appeal chez les bactéries.
    (François Jacob)

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    Tupanvirus appartient à la famille des virus géants. Sa structure est assez voisine de celle de Mimivirus , découvert en 2003 par le fameux Dr Chloroquine : le professeur Didier Raoult, de Marseille. Avant cette date, les bactéries, reconnues les plus petits organismes vivants, étaient réputées de taille nécessairement plus importante que les virus, ce qui se révélait faux. Ce n’est évidemment pas l’unique découverte ayant incité les spécialistes de virologie à remettre en question leurs certitudes quant à leur bel objet d’étude. Tupanvirus , de découverte encore plus récente (2018) et prospérant dans les zones aquatiques les plus hostiles de notre planète (lacs de soude, sédiments abyssaux), présente ainsi une particularité susceptible de retenir l’attention : celle d’accuser un génome extrêmement fourni, auquel il ne manquerait plus que des ribosomes pour pouvoir, comme le moindre protozoaire, synthétiser à volonté une multitude de protéines. Cerise sur le gâteau, Tupanvirus arbore une queue extrêmement impressionnante, mesurant presque trois fois sa taille (soit 2,3 micromètres, tout de même). Or, il en va des virus à longue queue comme des virus à tête couronnée (les désormais célèbres « coronavirus ») : comment s’étonner de la fascination qu’ils exercent, ces temps-ci, sur toutes sortes d’imaginations fiévreuses, débridées et fertiles ?

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    Soumises durant d’interminables jours et nuits à un confinement strict (éprouvant il est vrai horriblement les nerfs), certaines de ces imaginations en vinrent très récemment à la production publique de phantasmes virologistes à prétention subversive, campant volontiers sous forme d’un héros, sûr de lui et dominateur, l’amas de grosses molécules spectaculaires nommé SARS-CoV-2 pourrissant actuellement l’existence de milliards d’êtres humains confinés. Nous faisons en particulier référence au texte, désormais célèbre, publié le 21 mars dernier sur le site blanquiste d’avant-garde Lundi-Matin , et intitulé Le monologue du virus . Ayant eu vent de cette belle tentative, nous aimerions contribuer à l’essai en cours, en rebondissant sur lui, comme disent les journalistes, tels des atomes épicuriens innocents, sans malice ni mesquinerie partisane aucune, car ce ne sont pas nos méthodes, ce ne l’a jamais été. Précision liminaire utile, donc : notre but actuel ne saurait être en aucun cas d’insister en détail ni sur l’autoritarisme clérical délirant, ni sur le sadisme inconscient de lui-même, ni sur l’aristocratisme terrible à force des plus méchantes trivialités, constitutifs – entre autres pathologies socialement induites – de ce morceau de bravoure. Ce qui nous intéressera ici plus précisément, c’est le pathos biologique constituant pour ainsi dire le substrat de sa très profonde détestation de l’humanité (l’anti-humanisme, rappelons-le, n’étant nullement un terme injurieux mais le nom d’une sous-spécialisation disciplinaire de l’Université Française, régnant sans partage sur le champ philosophique depuis maintenant près de cinquante ans). 


    Disons-le tout net. Pour nous, l’interrogation radicale sur la limite extérieure du vivant et sur ses différenciations internes, constituera toujours une urgence intellectuelle a priori. Le corollaire problématique en est la conscience accrue d’une homogénéité de toute la matière vivante, homogénéité certes impénétrable car paradoxalement indexée sur les éléments physiques inertes de celle-ci : ses atomes. Tous les vivants sont ainsi identiquement vivants en tant que semblablement émergents d’une même matière « morte ». Tous les vivants, en leur stupéfiante différenciation de formes, dimensions et complexité, n’en sont pas moins à nos yeux d’égale valeur, d’égale étrangeté, d’égale curiosité à l’aune de cette même genèse élémentaire incompréhensible. Or, le Monologue du virus méprise d’entrée, avec une rare suffisance réductionniste, la pertinence de toute distinction interne au vivant, effaçant (tant qu’à faire) d’un même mouvement glorieux la limite du vivant et de l’inanimé, et assénant plutôt aux hommes une litanie de lignages hétérogènes, mais comiquement hiérarchisés :
    « Nous sommes vos ancêtres [c’est le virus qui parle, s’adressant aux hommes qu’il exhorte à se soumettre à sa tyrannie bienveillante] au même titre que les pierres et les algues, et bien plus que les singes ». Certes, un beau jour, même les pierres crieront, mais tout de même. L’absurdité d’un emploi abstrait de termes aussi vagues qu’ ancêtre , pierre ou singes apparaît pour sa part bien trop immédiatement criante. On aimerait tant obtenir quelques précisions là-dessus, de la bouche de ce virus hautain. Car au compte d’une telle imprécision fondatrice, quelle valeur autre que rhétorique accorder à cette expression finale : « et bien plus que les singes » ?

    #Monologue_du_virus #Lundi_matin #vivant #matière_morte

  • Achille Mbembe : « Le monde est entraîné dans un vaste processus de dilacération » - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/190420/achille-mbembe-le-monde-est-entraine-dans-un-vaste-processus-de-dilacerati

    Un monde où notre rapport à notre corps et à l’ensemble du vivant serait réparé. Les chances que cela advienne sont minimes. J’ai le sentiment que le brutalisme va s’intensifier sous la poussée du techno-libertarisme, que celui-ci soit de facture chinoise ou qu’il se cache sous les oripeaux de la démocratie libérale. Tout comme le 11-Septembre avait ouvert la voie à la généralisation de l’état d’exception, voire à sa normalisation, la lutte contre le Covid-19 et d’autres risques similaires sera utilisée comme prétexte pour déplacer davantage encore le politique sur le terrain de la sécurité. Mais cette fois-ci, il s’agira d’une sécurité de nature quasi biologique, avec l’apparition de nouvelles formes de ségrégation entre les « corps d’immunité » et les « corps viraux ». Le viralisme deviendra le nouveau théâtre de fractionnement des populations désormais tenues pour des espèces distinctes.

    #mbembe #viralisme #brutalisme #covid_19 #vivant

  • Peuples du monde, encore un effort !

    Raoul Vaneigem

    https://lavoiedujaguar.net/Peuples-du-monde-encore-un-effort

    Le monde change de base

    Le choc du coronavirus n’a fait qu’exécuter le jugement que prononçait contre elle-même une économie totalitaire fondée sur l’exploitation de l’homme et de la nature.

    Le vieux monde défaille et s’effondre. Le nouveau, consterné par l’amoncellement des ruines, n’ose les déblayer ; plus apeuré que résolu, il peine à retrouver l’audace de l’enfant qui apprend à marcher. Comme si avoir longtemps crié au désastre laissait le peuple sans voix.

    Pourtant, celles et ceux qui ont échappé aux mortels tentacules de la marchandise sont debout parmi les décombres. Ils s’éveillent à la réalité d’une existence qui ne sera plus la même. Ils désirent s’affranchir du cauchemar que leur a asséné la dénaturation de la terre et de ses habitants.

    N’est-ce pas la preuve que la vie est indestructible ? N’est-ce pas sur cette évidence que se brisent dans le même ressac les mensonges d’en haut et les dénonciations d’en bas ? (...)

    #effondrement #lutte #vivant #poésie #nature #oppression #peuple #monde #justice #cultures #militarisation #corps #tyrannie #servitude #inhumanité #désastre #autogestion #richesse #volonté

  • Le droit universel à la respiration, Achille Mbembe
    https://aoc.media/opinion/2020/04/05/le-droit-universel-a-la-respiration

    Certains évoquent d’ores et déjà « l’après-Covid-19 ». Pourquoi pas ? Pour la plupart d’entre nous cependant, surtout dans ces régions du monde où les systèmes de santé ont été dévastés par plusieurs années d’abandon organisé, le pire est encore à venir. En l’absence de lits dans les hôpitaux, de machines respiratoires, de tests massifs, de masques, de désinfectants à base d’alcool et autres dispositifs de mise en quarantaine de ceux qui sont d’ores et déjà atteints, nombreux sont malheureusement ceux et celles qui ne passeront pas par le trou de l’aiguille.

    La politique du vivant

    Il y a quelques semaines, face au tumulte et au désarroi qui s’annonçaient, certains d’entre nous tentaient de décrire ces temps qui sont les nôtres. Temps sans garantie ni promesse, dans un monde de plus en plus dominé par la hantise de sa propre fin, disions-nous. Mais aussi temps caractérisé par « une redistribution inégalitaire de la vulnérabilité » et par de « nouveaux et ruineux compromis avec des formes de violence aussi futuristes qu’archaïques », ajoutions-nous[1]. Davantage encore, temps du brutalisme.

    Par-delà ses origines dans le mouvement architectural de la moitié du XXe siècle, nous définissions le brutalisme comme le procès contemporain « par lequel le pouvoir en tant que force géomorphique désormais se constitue, s’exprime, se reconfigure, agit et se reproduit ». Par quoi, sinon par « la fracturation et la fissuration », par « le désemplissement des vaisseaux », « le forage » et le « vidage des substances organiques » (p.11), bref, par ce que nous appelions « la déplétion » (p. 9-11) ?

    Nous attirions l’attention, à juste titre, sur la dimension moléculaire, chimique, voire radioactive de ces processus : « La toxicité, c’est-à-dire la multiplication de substances chimiques et de déchets dangereux, n’est-elle pas une dimension structurelle du présent ? Ces substances et déchets ne s’attaquent pas seulement à la nature et à l’environnement (l’air, les sols, les eaux, les chaînes alimentaires), mais aussi aux corps ainsi exposés au plomb, au phosphore, au mercure, au béryllium, aux fluides frigorigènes » (p.10).

    Nous faisions, certes, référence aux « corps vivants exposés à l’épuisement physique et à toutes sortes de risques biologiques parfois invisibles ». Nous ne citions cependant pas nommément les virus (près de 600 000, portés par toutes sortes de mammifères), sauf de façon métaphorique, dans le chapitre consacré aux « corps-frontières ». Mais pour le reste, c’est bel et bien de la politique du vivant dans son ensemble qu’il était, une fois de plus, question. Et c’est d’elle que le coronavirus est manifestement le nom.

    L’humanité en errance

    En ces temps pourpres – à supposer que le trait distinctif de tout temps soit sa couleur – peut-être faudrait-il, par conséquent, commencer en s’inclinant devant tous ceux et toutes celles qui nous ont d’ores et déjà quittés. La barrière des alvéoles pulmonaires franchie, le virus a infiltré leur circulation sanguine. Il s’est ensuite attaqué à leurs organes et autres tissus, en commençant par les plus exposés.

    Il s’en est suivi une inflammation systémique. Ceux d’entre eux qui, préalablement à l’attaque, avaient déjà des problèmes cardiovasculaires, neurologiques ou métaboliques, ou souffraient de pathologies liées à la pollution, ont subi les assauts les plus furieux. Le souffle coupé et privés de machines respiratoires, certains sont partis comme à la sauvette, soudainement, sans aucune possibilité de dire adieu. Leurs restes auront aussitôt été incinérés ou inhumés. Dans la solitude. Il fallait, nous dit-on, s’en débarrasser le plus vite possible.

    Mais puisque nous y sommes, pourquoi ne pas ajouter, à ceux et celles-là, tous les autres, et ils se comptent par dizaines de millions, victimes du SIDA, du choléra, du paludisme, d’Ebola, du Nipah, de la fièvre de Lasse, de la fièvre jaune, du Zika, du chikungunya, de cancers de toutes sortes, des épizooties et autres pandémies animales comme la peste porcine ou la fièvre catarrhale ovine, de toutes les épidémies imaginables et inimaginables qui ravagent depuis des siècles des peuples sans nom dans des contrées lointaines, sans compter les substances explosives et autres guerres de prédation et d’occupation qui mutilent et déciment par dizaines de milliers et jettent sur les routes de l’exode des centaines de milliers d’autres, l’humanité en errance.

    Comment oublier, par ailleurs, la déforestation intensive, les mégafeux et la destruction des écosystèmes, l’action néfaste des entreprises polluantes et destructrices de la biodiversité, et de nos jours, puisque le confinement fait désormais partie de notre condition, les multitudes qui peuplent les prisons du monde, et ces autres dont la vie est brisée en miettes face aux murs et autres techniques de frontiérisation, qu’il s’agisse des innombrables check points qui parsèment maints territoires, ou des mers, des océans, des déserts et de tout le reste ?

    Hier et avant-hier, il n’était en effet question que d’accélération, de tentaculaires réseaux de connexion enserrant l’ensemble du globe, de l’inexorable mécanique de la vitesse et de la dématérialisation. C’est dans le computationnel qu’était supposé résider aussi bien le devenir des ensembles humains et de la production matérielle que celui du vivant. Logique ubiquitaire, circulation à haute vitesse et mémoire de masse aidant, il suffisait maintenant de « transférer sur un double numérique l’ensemble des compétences du vivant » et le tour était joué[2]. Stade suprême de notre brève histoire sur Terre, l’humain pouvait enfin être transformé en un dispositif plastique. La voie était balisée pour l’accomplissement du vieux projet d’extension infinie du marché.

    Au milieu de l’ivresse générale, c’est cette course dionysiaque, décrite par ailleurs dans Brutalisme, que le virus vient freiner, sans toutefois l’interrompre définitivement, alors même que tout reste en place. L’heure, néanmoins, est désormais à la suffocation et à la putréfaction, à l’entassement et à l’incinération des cadavres, en un mot, à la résurrection des corps vêtus, à l’occasion, de leur plus beau masque funéraire et viral. Pour les humains, la Terre serait-elle donc en passe de se transformer en une roue bruissante, l’universelle Nécropole ? Jusqu’où ira la propagation des bactéries des animaux sauvages vers les humains si, de fait, tous les vingt ans, près de 100 millions d’hectares de forêts tropicales (les poumons de la Terre) doivent être coupés ?

    Depuis le début de la révolution industrielle en Occident, ce sont près de 85% des zones humides qui ont été asséchées. La destruction des habitats se poursuivant sans relâche, des populations humaines en état de santé précaire sont presque chaque jour exposées à de nouveaux agents pathogènes. Avant la colonisation, les animaux sauvages, principaux réservoirs de pathogènes, étaient cantonnés dans des milieux dans lesquels ne vivaient que des populations isolées. C’était par exemple le cas dans les derniers pays forestiers au monde, ceux du Bassin du Congo.

    De nos jours, les communautés qui vivaient et dépendaient des ressources naturelles dans ces territoires ont été expropriées. Mises à la porte à la faveur du bradage des terres par des régimes tyranniques et corrompus et de l’octroi de vastes concessions domaniales à des consortiums agro-alimentaires, elles ne parviennent plus à maintenir les formes d’autonomie alimentaire et énergétique qui leur ont permis, pendant des siècles, de vivre en équilibre avec la brousse.

    Nous n’avons jamais appris à mourir

    Dans ces conditions, une chose est de se soucier de la mort d’autrui, au loin. Une autre est de prendre soudain conscience de sa propre putrescibilité, de devoir vivre dans le voisinage de sa propre mort, de la contempler en tant que réelle possibilité. Telle est, en partie, la terreur que suscite le confinement chez beaucoup, l’obligation de devoir enfin répondre de sa vie et de son nom.

    Répondre ici et maintenant de notre vie sur cette Terre avec d’autres (les virus y compris) et de notre nom en commun, telle est bel et bien l’injonction que ce moment pathogène adresse à l’espèce humaine. Moment pathogène, mais aussi moment catabolique par excellence, celui de la décomposition des corps, du triage et de l’élimination de toutes sortes de déchets-d’hommes – la « grande séparation » et le grand confinement, en réponse à la propagation ahurissante du virus et en conséquence de la numérisation extensive du monde.

    Mais l’on aura beau chercher à s’en délester, tout nous ramène finalement au corps. Nous aurons tenté de le greffer sur d’autres supports, d’en faire un corps-objet, un corps-machine, un corps digital, un corps ontophanique. Il nous revient sous la forme stupéfiante d’une énorme mâchoire, véhicule de contamination, vecteur de pollens, de spores et de moisissure.

    De savoir que l’on n’est pas seul dans cette épreuve, ou que l’on risque d’être nombreux à déguerpir, ne procure que vain réconfort. Pourquoi sinon parce que nous n’aurons jamais appris à vivre avec le vivant, à nous soucier véritablement des dégâts causés par l’homme dans les poumons de la Terre et dans son organisme. Du coup, nous n’avons jamais appris à mourir. Avec l’avènement du Nouveau-Monde et, quelques siècles plus tard, l’apparition des « races industrialisées », nous avons pour l’essentiel choisi, dans une sorte de vicariat ontologique, de déléguer notre mort à autrui et de faire de l’existence elle-même un grand repas sacrificiel.

    Or bientôt, il ne sera plus possible de déléguer sa mort à autrui. Ce dernier ne mourra plus à notre place. Nous ne serons pas seulement condamnés à assumer, sans médiation, notre propre trépas. De possibilité d’adieu, il y en aura de moins en moins. L’heure de l’autophagie approche, et avec elle, la fin de la communauté puisqu’il n’y a guère de communauté digne de ce nom là où dire adieu, c’est-à-dire faire mémoire du vivant, n’est plus possible.

    Car, la communauté ou plutôt l’en-commun ne repose pas uniquement sur la possibilité de dire au revoir, c’est-à-dire de prendre chaque fois avec d’autres un rendez-vous unique et chaque fois à honorer de nouveau. L’en-commun repose aussi sur la possibilité du partage sans condition et chaque fois à reprendre de quelque chose d’absolument intrinsèque, c’est-à-dire d’incomptable, d’incalculable, et donc sans prix.

    Le numérique, nouveau trou creusé dans la terre par l’explosion

    Le ciel, manifestement, ne cesse donc de s’assombrir. Prise dans l’étau de l’injustice et des inégalités, une bonne partie de l’humanité est menacée par le grand étouffement, et le sentiment selon lequel notre monde est en sursis ne cesse de se répandre. Si, dans ces conditions, de jour d’après il doit y en avoir, ce ne pourra guère être aux dépens de quelques-uns, toujours les mêmes, comme dans l’Ancienne économie. Ce devra nécessairement être pour tous les habitants de la Terre, sans distinction d’espèce, de race, de sexe, de citoyenneté, de religion ou autre marqueur de différenciation. En d’autres termes, ce ne pourra être qu’au prix d’une gigantesque rupture, le produit d’une imagination radicale.

    Un simple replâtrage ne suffira en effet pas. Au milieu du cratère, il faudra littéralement tout réinventer, à commencer par le social. Car, lorsque travailler, s’approvisionner, s’informer, garder le contact, nourrir et conserver les liens, se parler et échanger, boire ensemble, célébrer le culte ou organiser des funérailles n’ont plus lieu que par écrans interposés, il est temps de se rendre compte que l’on est encerclé de toutes parts par des anneaux de feu. Dans une large mesure, le numérique est le nouveau trou creusé dans la terre par l’explosion. À la fois tranchée, boyaux et paysage lunaire, il est le bunker où l’homme et la femme isolées sont invités à se tapir.

    Par le biais du numérique, croit-on, le corps de chair et d’os, le corps physique et mortel sera délesté de son poids et de son inertie. Au terme de cette transfiguration, il pourra enfin entreprendre la traversée du miroir, soustrait à la corruption biologique et restitué à l’univers synthétique des flux. Illusion, car de même qu’il n’y aura guère d’humanité sans corps, de même l’humanité ne connaîtra la liberté seule, hors la société ou aux dépens de la biosphère.

    Guerre contre le vivant

    Il faut donc repartir d’ailleurs si, pour les besoins de notre propre survie, il est impératif de redonner à tout le vivant (la biosphère y compris) l’espace et l’énergie dont il a besoin. Sur son versant nocturne, la modernité aura de bout en bout été une interminable guerre menée contre le vivant. Elle est loin d’être terminée. L’assujettissement au numérique constitue l’une des modalités de cette guerre. Elle conduit tout droit à l’appauvrissement en monde et à la dessiccation de pans entiers de la planète.

    Il est à craindre qu’au lendemain de cette calamité, loin de sanctuariser toutes les espèces du vivant, le monde ne rentre malheureusement dans une nouvelle période de tension et de brutalité. Sur le plan géopolitique, la logique de la force et de la puissance continuera de prévaloir. En l’absence d’infrastructure commune, une féroce partition du globe s’accentuera et les lignes de segmentation s’intensifieront. Beaucoup d’États chercheront à renforcer leurs frontières dans l’espoir de se protéger de l’extériorité. Ils peineront également à refouler leur violence constitutive qu’ils déchargeront comme d’habitude sur les plus vulnérables en leur sein. La vie derrière les écrans et dans des enclaves protégées par des firmes privées de sécurité deviendra la norme.

    En Afrique, en particulier, et dans bien des régions du Sud du monde, extraction énergivore, épandage agricole et prédation sur fond de bradage des terres et de destruction des forêts continueront de plus belle. L’alimentation et le refroidissement des puces et des supercalculateurs en dépend. L’approvisionnement et l’acheminement des ressources et de l’énergie nécessaires à l’infrastructure de la computation planétaire se feront au prix d’une plus grande restriction de la mobilité humaine. Garder le monde à distance deviendra la norme, histoire d’expulser à l’extérieur les risques de toutes sortes. Mais parce qu’elle ne s’attaque pas à notre précarité écologique, cette vision catabolique du monde inspirée par les théories de l’immunisation et de la contagion ne permettra guère de sortir de l’impasse planétaire dans laquelle nous nous trouvons.

    Droit fondamental à l’existence

    Des guerres menées contre le vivant, l’on peut dire que leur propriété première aura été de couper le souffle. En tant qu’entrave majeure à la respiration et à la réanimation des corps et des tissus humains, le Covid-19 s’inscrit dans la même trajectoire. En effet, à quoi tient la respiration sinon en l’absorption d’oxygène et en le rejet du gaz carbonique, ou encore en un échange dynamique entre le sang et les tissus ? Mais au rythme où va la vie sur Terre, et au vu de ce qui reste de la richesse de la planète, sommes-nous si éloignés que cela du temps où il y aura davantage de gaz carbonique à inhaler que d’oxygène à aspirer ?

    Avant ce virus, l’humanité était d’ores et déjà menacée de suffocation. Si guerre il doit y avoir, ce doit par conséquent être non pas tant contre un virus en particulier que contre tout ce qui condamne la plus grande partie de l’humanité à l’arrêt prématuré de la respiration, tout ce qui s’attaque fondamentalement aux voies respiratoires, tout ce qui sur la longue durée du capitalisme aura confiné des segments entiers de populations et des races entières à une respiration difficile, haletante, à une vie pesante. Mais pour s’en sortir, encore faut-il comprendre la respiration au-delà des aspects purement biologiques, comme cela qui nous est commun et qui, par définition, échappe à tout calcul. L’on parle, ce faisant, d’un droit universel de respiration.

    En tant que cela qui est à la fois hors-sol et notre sol commun, le droit universel à la respiration n’est pas quantifiable. Il ne saurait être appropriable. Il est un droit au regard de l’universalité non seulement de chaque membre de l’espèce humaine, mais du vivant dans son ensemble. Il faut donc le comprendre comme un droit fondamental à l’existence. En tant que tel, il ne pourrait faire l’objet de confiscation et échappe de ce fait à toute souveraineté puisqu’il récapitule le principe souverain en soi. Il est par ailleurs un droit originaire d’habitation de la Terre, un droit propre à la communauté universelle des habitants de la Terre, humains et autres[3].

    Coda

    Le procès aura été mille fois intenté. On peut réciter les yeux fermés les principaux chefs d’accusation. Qu’il s’agisse de la destruction de la biosphère, de l’arraisonnement des esprits par la technoscience, du délitement des résistances, des attaques répétées contre la raison, de la crétinisation des esprits, de la montée des déterminismes (génétique, neuronal, biologique, environnemental), les dangers pour l’humanité sont de plus en plus existentiels.

    De tous ces dangers, le plus grand est que toute forme de vie sera rendue impossible. Entre ceux qui rêvent de télécharger notre conscience sur des machines et ceux qui sont persuadés que la prochaine mutation de l’espèce réside en notre affranchissement de notre gangue biologique, l’écart est insignifiant. La tentation eugéniste n’a pas disparu. Au contraire, elle est au fondement des progrès récents des sciences et de la technologie.

    Sur ces entrefaites survient ce brusque coup d’arrêt, non pas de l’histoire, mais de quelque chose qu’il est encore difficile de saisir. Parce que forcée, cette interruption n’est pas le fait de notre volonté. À plusieurs égards, elle est à la fois imprévue et imprévisible. Or, c’est d’une interruption volontaire, consciente et pleinement consentie dont nous avons besoin, faute de quoi il n’y aura guère d’après. Il n’y aura qu’une suite ininterrompue d’événements imprévus.

    Si, de fait, le covid-19 est l’expression spectaculaire de l’impasse planétaire dans laquelle l’humanité se trouve, alors il ne s’agit, ni plus ni moins, de recomposer une Terre habitable parce qu’elle offrira à tous la possibilité d’une vie respirable. Il s’agit donc de se ressaisir des ressorts de notre monde, dans le but de forger de nouvelles terres. L’humanité et la biosphère ont partie liée. L’une n’a aucun avenir sans l’autre. Serons-nous capables de redécouvrir notre appartenance à la même espèce et notre insécable lien avec l’ensemble du vivant ? Telle est peut-être la question, la toute dernière, avant que ne se ferme une bonne fois pour toute, la porte.

    [1] Achille Mbembe et Felwine Sarr, Politique des temps, Philippe Rey, 2019, p. 8-9

    [2] Alexandre Friederich, H+. Vers une civilisation 0.0, Editions Allia, 2020, p. 50

    [3] Sarah Vanuxem, La propriété de la Terre, Wildproject, 2018 ; et Marin Schaffner, Un sol commun. Lutter, habiter, penser, Wildproject, 2019

    #vivant

  • Zentrum für Infektiologie und HIV | Vivantes
    https://www.vivantes.de/fuer-sie-vor-ort/auguste-viktoria-klinikum/zentren/zentrum-fuer-infektiologie-und-hiv

    Pour conclure j’ajoute la présentation de l’unité de soins HIV qui ne sera plus en service après trente ans de fontionnement à cause du départ du personnel soignant.

    Das größte deutsche Behandlungszentrum für Menschen mit HIV und Aids

    Im Lauf weniger Jahre entwickelte sich die Klinik für Innere Medizin - Infektiologie zu einem infektiologischen Schwerpunkt in Berlin und erreichte mit ihrer Arbeit im AIDS-Bereich nationale und internationale Bedeutung. Dies ist gelungen, weil Berührungsängste überwunden wurden und Organisationen der Selbsthilfe, wie vor allem die Berliner AIDS-Hilfe, eingeladen wurden, die Klinik im Sinne ihrer Klientel mitzugestalten. Die Infektiologie unserer Klinik ist das größte deutsche Behandlungszentrum für Menschen mit HIV und Aids, aber auch Tuberkulose und Tropenkrankheiten. Hier legen wir größten Wert auf die interdisziplinäre Zusammenarbeit mit weiteren Fachbereichen, um schnelle Diagnostik und bestmögliche Therapie zu gewährleisten.
    Ganzheitliches Behandlungskonzept

    Alle Patienten haben die Möglichkeit, uneingeschränkten Kontakt mit ihren Angehörigen und Freunden zu pflegen sowie die Leistungen der Berliner AIDS-Hilfe im Krankenhaus jederzeit in Anspruch zu nehmen. Besonderen Wert legen wir auf ein ganzheitliches Konzept, das die sozialen und psychologischen Belange einer HIV-Erkrankung einschließt. Hierzu stehen durch lange Erfahrungen spezialisierte Diplompsychologen und Sozialarbeiter zur Verfügung.
    Infektionserkrankungen über HIV hinaus

    Im Zentrum für Infektiologie und HIV am Vivantes Auguste-Viktoria-Klinikum betreuen wir neben HIV auch sämtliche anderen Infektionserkrankungen; hierfür sind die uns zur Verfügung stehenden invasiven Techniken wie beispielsweise Biopsie oder Endoskopie eine wertvolle Unterstützung der diagnostischen Palette. Zur Beratung und Betreuung bei Fragen, die sich hinsichtlich Reisen in tropische und nicht-tropische Länder ergeben, stehen wir Ihnen jederzeit zur Verfügung.

    #Berlin #Vivantes-AVK #Sankt_Joseph_Krankenhaus #HIV #politique_de_santé #privatisation #travail

  • Vivantes : Darum wechseln Ärzte und Pfleger zu St. Joseph - Berliner Morgenpost
    https://www.morgenpost.de/bezirke/tempelhof-schoeneberg/article228455257/Auguste-Viktoria-Krankenhaus-Infektiologie-Protest-Arbeitsbedingungen-St-

    Quelques jous plus tard la presse de droite commence à spéculer sur le raisons du départ de l’équipe et met en question le bien fondé de sa décision. Pour faire preuve d’honnèteté on y publie le lien vers le billet de bog qui à déclenché la série de reportages.

    Quatrième partie de l’histoire d’une équipe médicale qui refuse de continuer son travail sous de conditions insupportables et change de l’hôpital municipal vers un hôpital de l’église qui propose de meilleures conditions d’acceuil aux patients et soignants.

    19.02.2020 - Protest - Ganze Abteilung wechselt von Vivantes zu St. Joseph

    Elf Ärzte und 27 Pflegekräfte verlassen aus Protest gegen schlechte Arbeitsbedingungen das Auguste-Viktoria-Krankenhaus.

    Beim Auguste-Viktoria-Krankenhaus des Vivantes-Konzerns wechselt fast eine ganze Abteilung zu St. Joseph.
    Betroffen ist die Infektiologie, Grund sollen die Arbeitsbedingungen sein.
    Das AVK will Infektiologie wieder aufbauen.

    Berlin. Das hat es in der Berliner Krankenhauslandschaft wohl selten gegeben: Fast eine komplette Abteilung wechselt von einem Klinikkonzern zu einem anderen. Das geschieht gerade beim städtischen Unternehmen Vivantes. Der Großteil der Abteilung Infektiologie wechselt vom Auguste-Viktoria-Krankenhaus (AVK) in Schöneberg zum katholischen Träger von St. Joseph in Tempelhof. Elf Ärzte und 27 Pflegekräfte verlassen Vivantes. Wie es heißt, sollen sie am Joseph-Krankenhaus eine neue Abteilung für Infektiologie aufbauen.

    Zuerst hatte das RBB-Inforadio von dem Fall berichtet. Für Vivantes ist das ein herber Verlust, denn gerade im Schöneberger Kiez galt die im AVK geleistete Behandlung von HIV-Patienten als wichtig und prestigeträchtig. Vivantes versicherte in einer Stellungnahme, man werde die Infektiologie wieder aufbauen und die Versorgung der Patienten sicherstellen. Freie Stellen würden wieder besetzt. Gerade bei den Pflegekräften könnte das schwierig werden, warnen Kenner der Gesundheitswesens.

    St. Joseph soll offensiv Abwerbeversuche bei Vivantes unternommen haben

    Die Gründe für den massenhaften Wechsel sind vielfältig. Vor allem die Pflegekräfte klagten schon länger über die Arbeitsverdichtung, berichtete der gesundheitspolitische Sprecher der Linken, Wolfgang Albers. 19 Vollzeitkräfte kümmerten sich dort um 34 Betten. Neben den Infektiologie-Beschäftigten haben also auch acht weitere Pflegekräfte Vivantes verlassen. Zudem soll es unter den Ärzten Unzufriedenheit gegeben haben wegen der Umstrukturierungen, die mit dem Ruhestand des bisherigen Chefarztes im AVK anstehen. Auch die Karrierepläne einzelner Mediziner spielten eine Rolle.

    Wie zu hören ist, soll es von Seiten des Joseph-Krankenhauses offensive Abwerbeversuche an dem Vivantes-Haus gegeben haben. Das wäre unüblich unter Berlins Kliniken. Unklar ist, ob es in St. Joseph mit seinem kirchlichen Träger tatsächlich mehr Personal und bessere Bezahlung geben kann als bei Vivantes. Zudem wird St. Joseph Betten in anderen Bereichen schließen müssen, um die Infektiologie aufbauen zu können. Denn der Krankenhausplan weist diese Betten Vivantes zu.

    Im Blog „Mypflegephilosophie.com“ beschreibt eine Leasingkraft in einem Gastbeitrag den ungewöhnlichen Vorgang unter dem Titel „Die Selbstermächtigung einer Station“. Danach soll der Personalschlüssel für die Betreuung der Patienten ein Grund für den Exodus bei Vivantes gewesen sein. In Tempelhof solle nun mit zehn Betten weniger bei gleicher personeller und ärztlicher Besetzung gearbeitet werden, heißt es.

    #Berlin #Vivantes-AVK #Sankt_Joseph_Krankenhaus #HIV #politique_de_santé #privatisation #travail

  • Was die Politik meint, wenn sie bei Vivantes von „schlechten Arbeitsbedingungen“ spricht : ein Blick unter den Teppich – Pflegephilosophie
    https://mypflegephilosophie.com/2020/02/19/was-die-politik-meint-wenn-sie-bei-vivantes-von-schlechten-arbe

    Une soignante décrit dans le détail les abus et lacunes qui ont provoqué l’action concertée des médecins et infirmiers du service HIV de l’hôpital municipal Auguste-Viktoria-Krankenhaus .

    Troisième partie de l’histoire d’une équipe médicale qui refuse de continuer son travail sous de conditions insupportables et change de l’hôpital municipal vers un hôpital de l’église qui propose de meilleures conditions d’acceuil aux patients et soignants.

    19.2.2020 von von Monja Schünemann - Nachdem Sin_azucar vor ein paar Tagen in ihrem Blogbeitrag vom Exodus der gesamten Station 12c aus dem Auguste-Victoria-Krankenhaus Vivantes berichtete, ist eine Menge geschehen. Durch Eure Aufmerksamkeit, für die ich Euch herzlich danke, ist die Presse aufmerksam geworden und in jeder Zeitung war zu lesen, dass die Station geschlossen den Konzern verlässt.

    Am Dienstag wurde politisch getagt. Statt sich nun mit der Frage auseinanderzusetzen, was zum Exodus der Station geführt habe, mahnte Gesundheitssenatorin Kalayci an, die Krankenhäuser müssten die Pflegesituation verbessern. Man sprach von „Kanibalismus unter den Kliniken“.

    Ich finde den Vergleich unsäglich und befremdlich, denn das St. Joseph hat nichts weiter getan, als bessere Bedingungen geboten. Auch die Politik spricht von Bedingungen. Diese seien, so vermutet der FDP Politiker Thomas Seering, in städtischen Kliniken besonders schlecht.

    Wenn die Politik von Arbeitsbedingungen spricht, dann meint sie nicht wirklich Bedingungen. Arbeitsbedingungen sind etwas Messbares. Sie meint tatsächlich mit diesem Terminus, das Aushalten von struktureller Gewalt.

    Ach ja, ein Funfact. Vor ein paar Tagen veröffentlichte Frau Kalayci ein liebliches Foto aus dem Dominikus Krankenhaus Berlin. Dort, so schrieb sie, gäbe es nur glückliche Pflegekräfte. Dass auf dem Bild nicht eine einzige Pflegekraft zu sehen war, ist nur ein Aspekt. die Mitarbeiter des Dominikus haben bis zu 1200 Plusstunden. EINTAUSENDZWEIHUNDERT! So also sehen für die Politik glückliche Pflegekräfte aus: unsichtbar und überarbeitet. Mehr muss man eigentlich zu Frau Kalayci und ihrer Haltung gegenüber Pflege nicht wissen.

    Liebe Politik, wenn eine Klinik verspricht, keine Gewalt anzuwenden, ist das das Gegenteil von Kanibalismus. Es ist Humanität.

    Nach dem Blog haben sich mehrere Mitarbeiter gemeldet und ich möchte einen Teil davon hier veröffentlichen. Damit jeder weiß, was Vivantes durch ihre sogenannten „Arbeitsbedingungen“ Pflegenden zumutet. Und warum die Leute gehen.

    Natürlich gehen die Leute, weil die Nurse-Patienten-Ratio unter diesen Bedingungen nicht zu schaffen ist. Aber es gibt auch andere Probleme:

    Vivantes hat ein Problem mit sexualisierter Gewalt!

    –eine Hebammenschülerin des AVK wurde durch einen Oberarzt sexuell belästigt. Als sie sich beschwerte zeigte sich, dass sie keinesfalls der erste Fall war. Es ist unbekannt, wie lange der OA so handeln konnte, am Ende war er fort. Das hört sich gut an, aber er ist nicht der einzige Fall.

    — ein externer Lehrer und Arzt belästigte die Auszubildenden der Pflege. Er wurde nicht gekündigt, denn er „wisse doch so viel“. Lediglich in zwei Kursen durfte er nicht mehr unterrichten.

    Unter diesem Aspekt klingt es besonders zynisch, wenn Vivantes in eine Ausbildungsoffensive gehen möchte. Da lernen schon ganz junge Menschen, dass ihre körperliche Unversehrtheit nicht gewährleistet wird und sich unter dem uralten Paradigma von „Pflege ist Liebe“ keinesfalls Schutz für alle verbirgt.

    Ausbilder drohen mit körperlicher Gewalt

    — eine festangestellte Lehrerin unterrichtete sehr veraltetes Wissen, dieses widersprach auch der von ihr verwendeten Literatur. Mit Widerspruch konnte sie jedoch nicht umgehen und drohte dann auch schon mal mit 1L Glasinfusionsflaschen zu werfen. Die Fachbereichsleitung „handelte“ in dem sie ihr nicht mehr „so“ wichtige Themen zukommenließen, denn man könnte sie ja nicht kündigen oder so, sie sei kurz vor der Rente.

    Im KFH (Kaiser Friedrich Krkhs) spricht man von „Terrorregime“

    So berichtet eine Quelle:

    – „die PDL Lemke (hieß sie glaube ich, ist mittlerweile in die Zentrale gewechselt) hat wohl von der aktuellen und damaligen PDL des KFH geheime Informationen zu Personalakten erhalten. Die KFH Leitung wurde darauf gekündigt. Seit diesem Sommer ist sie wieder PDL im KFH, der aktuelle Geschäftsführer des KFH ist wohl mit ihrem Mann bekannt und hat sie wieder eingestellt. Über die Hälfte der Stationsleitungen war am Überlegen zu kündigen, da die Dame wohl eine Art Terrorregieme führt.„

    Schwangeren wird der Arbeitsschutz verweigert

    – „Eine Kommilitonin die als studentische Kraft im Pool arbeitete, wurde schwanger und benötigte für das Arbeitsamt eine Bescheinung, dass sie nicht arbeiten könne. Der Betriebsarzt meinte, er benötigt eine Meldung dazu vom Fachbereichsvorgesetzten. Dieser fühlte sich nicht zuständig, da sie keinen festen Vertrag hätte, die Veträge ja pro Schicht abgeschlossen werden, der Rahmenvertrag dazu wurde ignoriert. Sie solle sich an die kommissarische PDL wenden (der Kandidat), dieser entgegnete ihr, was sie denn von ihm wolle. Er habe sich im System gelöscht, er kann da jetzt nichts machen. Außerdem hat sie ja keinen Vertrag. (Der Betriebsarzt füllte ihr den Schein dann aus, um ihr helfen zu können)“

    Kompetenz spielt keine Rolle und Arbeitsrecht auch nicht

    – „Beim Aufbau der Komfortstation im AVK wurde lange Zeit nach einer Leitung gesucht. Der einzige hausinterne Kandidat wurde wegen mangelnder Eignung (BA oder MA Pflegemanagement und bereits stv. Leitung soweit ich mich erinnere) abgelehnt. Es wurde die Leitung der Komfort aus dem KSP (Spandau) genommen. Diese wurde von der PDL jedoch geschasst, da sie massiv Überstunden angesammelt hatte und er sie nicht für tragbar hielt. Sie nahm ein Viertel oder die Hälfte des Teams mit. Vorort zeigte sich, dass das KSP recht hatte. Die Anforderung an das Personal war, dass es mindestens eine Fremdsprache könne. Die Leitung konnte nur Deutsch und obwohl in Sachsen „studiert“ (DDR-Fachhochschule; ja thepretisch Studium aber ich habe mir sagen lassen, dass war eigentlich auch nur ne Ausbildung. Kollegin auf meiner Station war mit ihr zusammen in einem Kurs, die sagte das so) konnte sie noch nichtmal fließend sächsisch. Sie sammelte jedenfalls massiv Überstunden und forderte bei ihrem Personal ein jede Minute zu begründen, lehnte eine Begründung ihrer Überstunden aber ab. Sie führte spontan Personalgespräche ohne die Möglichkeit den Betriebsrat zu informieren, da es unteranderem auch am Wochenende war. Diese gingen teilweise Stunden, dass nur eine PFk auf Station war. In den ersten 10 Monaten der Station ging jede PFK, die fachlich etwas drauf hatte. Kolleginnen, die einen Illeus zum bsp. nicht erkannten, sollten Praxisanleiter werden. Aussage der Chefärztin der Inneren Chirurgie zu mir: „Wenn sie jetzt auch noch gehen, kann ich hier ja keinen Patienten mehr herlegen“. Ich war der letzte von 6 PFKs der ging.“

    Die Leute kippen einfach um wegen der „Arbeitsbedingungen“

    – „als ich von der Ortho gehen sollte, sollte ich auf die 12C wechseln. Ich hatte einige Wochen vor dieser Ankündung auf der 12B (Partnerstation der C) gearbeitet und war heillos überfordert. Die Kolleg*innen war super hilfsbereit, die Patienten auch. Aber für einen Anfänger war es bereits 2012 kein Arbeitsplatz. Die Belastung auf der Infektologie war so hoch, dass der langjährige Praxisanleiter, der 20 Jahre nie krank war, einen Herzinfakrt erlitt und einen dreifachen Baypass brauchte. Er fiel 6 Monate aus“

    Der billigste Anbieter gewinnt

    Die Politik spricht sich gerade in Berlin für das Verbot von Leiharbeit aus. Dadurch könne keine Stabilität der Versorgung gewährleistet werden. Der eigentliche Grund, weshalb die Laasingkräfte nicht mehrere Tage mit den gleichen Patienten arbeiten können, scheint aber dieser zu sein:

    – „Seit ca 4-5 Jahren gibt es das Programm Insitu. Es organisiert für Häuser die Leasingkollegen. Problem: das günstigste Angebot bekommt den Zuschlag. somit können an 5 Tagen 5 unterschiedliche Kolleg*innen kommen. Ein Opfer dieser Umstellung unteranderem die 12C im AVK. Längst eingearbeitete Leasingkolleg*innen konnten nicht mehr gebucht werden, da sie zu teuer waren, oder nur an einem Tag das günstigste Angebot darstellten.“

    Und da sind wir nur bei den „Bedingungen“. Von dem, was Pflege eigentlich ist, kann und will, hat keine der Quellen bislang gesprochen. Es ist kein Kanibalismus anderer Kliniken, diese sonderbare Behandlung von Pflegenden NICHT auszuüben. sondern normal. Es ist kein Verrat oder feiges Wegrennen. Es ist einfach der Selbstschutz, der die Menschen aus dem Konzern treibt. Und bei o.g. Mitarbeitern handelt es sich nur um zwei Mitarbeiter. Kümmern Sie sich endlich um die echten Missstände.

    Die Frage bleibt: wie kann so etwas jahrelang unbemerkt von Presse und Gesellschaft bleiben? Und da sind wir beim eigentlichen Punkt: Pflege wird behandelt wie eine Verfügungsmasse, der man alles antun darf, weil sie ja „berufen“ ist. Die ist immer da. Die kann und darf so behandelt werden. Pflege ist der Fußabtreter der Gesellschaft und die Gesellschaft wundert sich, dass kein junger Mensch mehr Fußabtreter sein möchte. Passen Sie endlich die Gegebenheiten des Berufs an die der restlichen Welt an.

    #Berlin #Vivantes-AVK #Sankt_Joseph_Krankenhaus #HIV #politique_de_santé #privatisation #travail

  • Die Selbstermächtigung einer Station, oder : was wir können, wenn wir an einem Strang ziehen – Pflegephilosophie
    https://mypflegephilosophie.com/2020/02/13/die-selbstermachtigung-einer-station-oder-was-wir-konnen-wenn-w


    L’hôpital Sankt Joseph

    Le 13 février une soignante anonyme publie un billet de blog qui raconte que l’équique de soins HIV va changer d’hôpital.

    Première partie de l’histoire d’une équipe médicale qui refuse de continuer son travail sous de conditions insupportables et change de l’hôpital municipal vers un hôpital de l’église qui propose de meilleures conditions d’acceuil aux patients et soignants.

    Deuxième partie https://seenthis.net/messages/827457
    Troisième partie https://seenthis.net/messages/827458
    Quatrième partie https://seenthis.net/messages/827459
    L’hôpital aux conditions de m... à côté de chez moi https://seenthis.net/messages/827460

    13.2.2020 von @sin_azucar - Ich hatte neulich einen Einsatz als Leasingkraft in einem Haus des Berlin-eigenen Vivantes Konzerns, dem Auguste-Viktoria-Krankenhaus in Friedenau. Ich kannte das Haus nicht, musste mich erst zurecht finden, bis ich auf der 12 C, einer Station für Infektiologie und Onkologie ankam. Beide Bereiche sind mir recht fremd, so dass ich darauf angewiesen war, häufig bei den fest angestellten Kollegen nachzufragen. So kam ich ins Gespräch mit Rainer.

    Rainer ist um die 50, trägt einen hochgestellten blauen Iro und ein echsenartiges Tattoo auf der linken Kopfhälfte. Er ist außerdem unfassbar fit im Bereich der Infektiologie, und ein wirklich freundlicher, souveräner Mensch. Überhaupt fiel mir bereits zu Beginn des Dienstes auf, dass diese Station anders ist: die Kollegen waren nicht die (Verzeihung) häufig anzutreffende Brathähnchenfraktion mit eher überschaubarem Horizont, sondern: professionell. Sie traten souverän auf, sie verfielen nicht in eine kindlich-süßliche Art des Umgangs miteinander, sie agierten (auch körpersprachlich) auf Augenhöhe und unter Wahrung gegenseitigen Respekts untereinander und den ärztlichen Kollegen gegenüber.

    Zurück zu Rainer, mit dem ich irgendwann darüber sprach, dass die Privatisierung des Gesundheitswesens der Sündenfall…wir brauchten gar nicht weiter zu sprechen, sondern waren uns da sehr schnell einig. Und dann erzählte Rainer mir das Folgende: „Wir sind ja dann bald weg. Mal sehen wie‘s weitergeht, dann…“ – „Ach, haben viele gekündigt, oder wird die Station geschlossen?“ – „WIR haben gekündigt.“. Und auf meinen verwirrten Gesichtsausdruck: „Wir haben alle gekündigt. Die gesamte Stationsmannschaft. Inklusive der Ärzte.“

    Das musste dann erstmal bei mir sacken. Kolleginnen, stellt Euch das vor! Und wie geht es dann weiter mit der Station? Nun, Rainer holte dann etwas aus: die Station, die ich gerade kennen gelernt hatte, war eine der ersten, die 1987 damit begonnen hatte, HIV-positive Menschen zu behandeln, und in den 90er Jahren die erste HIV-Schwerpunktstation bildete. Über die Jahre hatte sich ein Team zusammen gefunden, das offenbar enorm gut zusammen passte und aus sehr vielen sehr reflektierten Kolleginnen, auch ärztlichen, bestand. Dieses Team besteht in seiner Kern-Zusammensetzung seit rund 30 Jahren. Mit dem Aufgehen des Auguste Viktoria in den landeseigenen Vivantes-Konzern und der damit beginnenden Ökonomisierung des Krankenhausbetriebs wurde die Situation allerdings unschön: Mehr Patienten, weniger Pflegende, allgemein schlechtere Arbeitsbedingungen, wirtschaftlicher Druck. Missachtung der pflegerischen Leistung durch die euphemistisch „Arbeitsverdichtung“ genannte überbordende entmenschlichende Abfertigung von Kranken.

    Die Kolleginnen taten alles, was man so tut, wenn man sich gegen die derzeit vorherrschende Situation wehren will: Beschwerden, Gefährdungsanzeigen, Gespräche, pipapo. Der Erfolg: gleich null. Und schließlich tat sich eine neue Möglichkeit auf.Über mir nicht bekannte Wege signalisierte ein anderes Krankenhaus Interesse daran, die „Station“ zu übernehmen. Ganz richtig, nicht nur hier einen, da einen, und vielleicht noch einen Arzt, sondern: alle.Es gab Gespräche, Treffen, man tauschte Vorstellungen aus und stellte Forderungen, und schließlichwar es soweit: die Kolleginnen kündigten geschlossen und werden im Laufe dieses Jahres gemeinsam ihre Station in Tempelhof neu eröffnen. Mit 10 Betten weniger bei gleicher personeller und ärztlicher Besetzung. Mit zusammen 500 Jahren an infektiologischer Expertise. Mit dem unbedingten Willen, ihre pflegerische Qualität aufrecht zu erhalten, WEIL ES DAS IST, WAS SIE VERDIENEN. Weil es das ist, was Patienten verdienen. Weil eine gute pflegerisch-medizinische Versorgung ein Menschenrecht ist.

    Die Reaktion von Vivantes übrigens?Verwirrung, Schock, dann: ein bockiges „Na und? Dann geht doch. Wir können das auch ohne Euch.“ Und die Ansicht, dass diese Geschichte nicht unbedingt an die Öffentlichkeit gehört.Tja. Hiermit misslungen.Und die Moral von der Geschicht: Kolleginnen, nehmt Euch ein Beispiel! Wir haben derzeit alle Karten und alle Macht in der Hand, WENN WIR SIE ANNEHMEN und an einem Strang ziehen. Lasst Euch nicht von den Luftpumpen aus der Wirtschaft belabern, die uns weis machen wollen, dass nur Zahlen und Bilanzen zählen – das stimmt nicht. Lasst Euch nicht von Hierarchiejunkies erzählen, dass wir keine Entscheidungsbefugnis haben – dasstimmt nicht.Lasst Euch nicht von Nonnenabkömmlingen erzählen, dass unsere Pflicht den Patienten gegenüber liegt – das stimmt am allerwenigsten. Unsere Pflicht besteht UNSEREM Leben, UNSERER Gesundheit, UNSEREM Wohlergehen gegenüber, niemand anderem!In diesem Sinne: bildet Banden.

    #Berlin #Vivantes-AVK #Sankt_Joseph_Krankenhaus #HIV #politique_de_santé #privatisation #travail

  • « On nous demande de soigner le patient le plus rentable »
    https://usbeketrica.com/article/on-nous-demande-de-soigner-le-patient-le-plus-rentable

    Quelques fois ça nous arrache, c’est difficile. Alors on fait de notre mieux, on opère la nuit, parce qu’on n’a pas assez de salles d’opération, on allonge nos temps de travail, on fait jusqu’à 14/15 heures en salle d’opération pour opérer les patients qui attendent, et après pour le lit, on verra. Donc la rentabilité, on en fait fi, mais c’est l’abnégation qui fait qu’on en fait fi. Là je crains que ce système n’ait raison un jour de l’abnégation du corps soignant, c’est ça qu’on peut craindre. Quand vous mettez les êtres humains dans un état de tension tel, bien évidemment vous prenez ce risque.

    Bien sûr je me fais beaucoup d’ennemis en disant ça, tout comme je me fais des ennemis quand je dis qu’il faut reverser un peu du privé au public, mais quand même, ça en vaut la peine… Parce que le système public actuel, c’est quoi ? Vous gagnez 1 200 euros par mois, vous avez un problème cardiaque grave et vous pouvez être opéré par le plus grand chirurgien cardiaque d’Europe, du pays, croyez-moi, ce sont les meilleurs du monde, et vous ne paierez pas un centime. Ce système-là, est-ce qu’il y a plus précieux que ça ? Si on va vers ce néolibéralisme qui est en train de poindre, ça veut dire que ce ne sera plus possible, ça veut dire que si vous n’avez pas un salaire de 4 ou 6 000 euros par mois, vous ne pourrez pas payer une mutuelle à grands frais, et vous ne pourrez pas vous offrir les meilleurs.

    Et si les meilleurs quittent le service public dans l’avenir pour aller dans le secteur privé, qui va former les jeunes ? La mort du service public hospitalier universitaire, ce n’est pas possible. Car qui va apprendre ? Les instituts privés, les professeurs qui vont être salariés par Google ou Medtronic ou Axa ? Ou Bayer ? Non, c’est impossible. Le CHU doit rester universitaire, c’est un creuset de formations, c’est un creuset artisanal, c’est un atelier.

    • ... je suis pessimiste. J’ai l’impression que la machine est très puissante et qu’on va finalement arriver vers les systèmes qui vont ressembler à ceux des Etats-Unis. La France est encore très attachée à un système où chacun contribue à la santé de l’autre... Peut-être qu’il y aura un réveil. Mais je n’en suis pas certain, parce que face à des billets de banque, qui ne plie pas ?

      #gâchis #criminel #France #santé #médecine

    • En Allemagne on a déjà exactement ce résultat de la privatisation des soins et hôpitaux.

      Et si les meilleurs quittent le service public dans l’avenir pour aller dans le secteur privé, qui va former les jeunes ? La mort du service public hospitalier universitaire, ce n’est pas possible. Car qui va apprendre ? Les instituts privés, les professeurs qui vont être salariés par Google ou Medtronic ou Axa ? Ou Bayer ? Non, c’est impossible. Le CHU doit rester universitaire, c’est un creuset de formations, c’est un creuset artisanal, c’est un atelier.

      A Berlin la quasi totalité des employés médecins et infirniers d’une unité de soins HIV et d’autres infections graves vient de quitter l’hôpital public à côté de chez moi pour ouvrir un nouveau service dans un hôpital privé.

      Voici le premier billet sur cette histoire : https://seenthis.net/messages/827456

      Cet hôpital privé acceuille aussi bien les patients du régime d’assurance général comme les patients privés qui ne constituent sans doute qu’une petite partie des personnes dépendantes de drogues et victimes d’une infection HIV. Dans le cas présent la situation pour les patients va vraisembleblement plutôt de s’améliorer. Les hôpitaux se trouvent à une distance d’à peine trois kilomètres et sont accessibles par les moyens de transport en commun.

      En même temps les employés des services auxiliaires du plus ancien et plus célèbre hôpital public de Berlin « Charité » font grève pour la énième fois afin de se faire ré-intégrer dans la structure commerciale de l’hôpital même afin de toucher enfin le salaire du tarif des institutions publiques. Dans le même hôpital « Charité » les infirmières et infirmiers ont fait grève récemment non pour des salaires plus élevés mais pour une réduction du nombre de patients par infirnmier.

      Entretemps pour les assurés du régime général gesetzliche Krankenversicherung la durée d’attente pour voir un spécialiste peut atteindre plusieurs mois.

      Nous ne sommes pas encore dans une situation comme aux USA mais les petits gens paient déjà les frais de ce sytème de cleptocrates en blouse blanche.

      #Berlin #Vivantes-AVK #Sankt_Joseph_Krankenhaus #HIV #politique_de_santé #privatisation #travail

  • C’est un mot interdit, un mot tabou, un mot qui fait peur même à ceux qui s’y reconnaissent : « #anarchisme » ! Et pourtant, cette vision du monde, bien loin des images de violence que les dominants répandent pour la discréditer, promeut la coopération, l’émancipation, le respect des êtres et du #vivant. C’est ce que vous racontera ce livre, qui n’est pas un essai, mais une histoire : celle d’une femme « normale », qui n’aurait jamais pensé qu’elle était anarchiste, mais qui, au fur à mesure de son parcours intellectuel et politique, a découvert cette doctrine libératrice. Par son refus de l’autoritarisme et son souci de l’#écologie, l’anarchisme se répand discrètement à travers la société et s’articule de plus en plus souvent, dans les idées et sur le terrain, avec l’écologie. Il était temps que l’on puisse de nouveau afficher sereinement ce mot. Et si, vous aussi, vous étiez anarchiste sans le savoir ?
    https://reporterre.net/Comment-je-suis-devenue-anarchiste

  • L’armée américaine est infiltrée par l’extrême-droite
    https://www.lapresse.ca/international/etats-unis/201909/26/01-5242901-larmee-americaine-a-du-mal-a-purger-ses-rangs-des-ultranationali

    Même si l’armée américaine est considérée comme une des institutions les plus diverses du pays, elle reste un terrain fertile pour les mouvements d’extrême droite. 

    Selon un sondage réalisé en octobre 2018 par la publication spécialisée Military Times auquel ont répondu 829 militaires en service, 22 % des participants ont indiqué avoir perçu des signes de suprémacisme blanc ou de racisme au sein des forces armées au cours de l’année écoulée.

  • Qu’est-ce qu’une vie minimale ? Nouvelles du front et horizon possible | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/opinion/2019/05/30/quest-ce-quune-vie-minimale-nouvelles-du-front-et-horizon-possible

    Mais s’en tenir à ce raisonnement serait en fait trompeur. En effet, le vivant est une source de surprise qui n’autorise pas ce type de réduction, et il est possible de l’illustrer de deux manière. Tout d’abord, les recherches évoquées ici tendent aussi à confirmer que les bactéries simplifiées décrites dans ces articles sont, au laboratoire, moins robustes que leur modèle de base. Cela est un indice qui nous rappelle que la redondance, et plus généralement une certaine complexité biologique, n’est probablement pas tant un fardeau d’un réservoir de solution et de protections permettant une meilleure adaptativité, et plaide au contraire pour une action très large de la sélection naturelle, non seulement sur le contenu des séquences génétique, mais sur leur syntaxe même. C’est en creux un formidable témoignage de la pertinence du moteur darwinien. Mais il existe aussi des surprises réciproques. À l’orée des années 2000, les bactéries les plus simples connues possédaient environ 450 gènes. Suite à de patients travaux de comparaisons, de compilation et de modélisation, les équipes qui travaillent à la bioingénierie de formes minimales de vie, à partir de ces bactéries, ont longtemps ainsi théorisé que pour qu’un micro-organisme réalise les fonctions vitales essentielles, il lui fallait au minimum 200 gènes. On en était là quand fut découverte une bactérie qui en avait seulement…180 ! Toute l’épistémologie de la question était à revoir, puisque le réel imposait non pas plus de complexité que la théorie, mais significativement moins. Le seuil du vivant était-il donc à chercher du côté de la complexité, ou de la simplicité ?

    À ce jour, posée en ces termes, la question ne trouve pas de réponse simple. Elle est pourtant cruciale : c’est, d’une certaine manière, rien moins que la façon contemporaine de se demander ce qu’est la vie ! Une manière de sortir de cette ornière est, aussi perturbant que cela puisse paraître, de refuser la notion de seuil. Non pas par goût de la spéculation vaine, mais bel et bien parce que ce que le monde vivant nous donne à voir est un incroyable continuum qui défie toute idée de seuil, et qui peut se décrire comme un tableau : les bactéries incroyablement pauvres en gènes évoquées, ci-dessus, vivent en particulier dans des cellules. Elles y cohabitent avec d’autres structures cellulaires comme les mitochondries, descendantes de bactéries dont elles ont n’ont gardé quelques gènes : à bien des égards, les premières semblent être en voie de prendre cette direction. Les mitochondries, elles, peuvent produire des dérivés qui ne possèdent plus aucun gène. L’ensemble de ces systèmes minimaux sont d’ailleurs moins complexes que certains virus, qui peuvent posséder jusqu’à plusieurs milliers.

    Penser le vivant sans frontières, le redéfinir sans en faire une catégorie c’est, je crois, proposer un saut audacieux à nos conceptions du monde naturel. C’est évidemment remettre en cause les tentatives orgueilleuses de « fabriquer » la vie, puisque les infravies nous rappellent que la foisonnante inventivité du vivant ne nous a pas attendu pour jouer à saute-mouton par dessus tous les seuils que les égos humains tentent de transgresser. C’est aussi remettre en cause la parcellisation du vivant, son atomisation, celles qui légitimeraient son appropriation, sa brevetabilité par exemple. Le vivant n’est pas affaire de structures fixes et optimisées, mais d’échanges permanents, de fragilités fécondes, de reconfigurations imprévues. Qui pourrait se targuer d’en posséder une parcelle qui, prise séparément, ne fait pas sens biologiquement ? Qui pourrait être propriétaire d’un état limite ?

    Mais penser le vivant sans frontières, il faut le dire aussi, nous expose et nous oblige. C’est une conception exigeante qui ne doit en effet pas servir prétexte pour abdiquer de nos efforts de protection de la biodiversité, ou de notre vigilance bio-éthique. Ce ne doit pas être un flou artistique, ou une rhétorique creuse, prétexte à toutes les approximations, voire les instrumentalisations et les dérives. C’est pourquoi, plutôt que de construire des forteresses de sable par la narration solutionniste d’un vivant-machine contrôlable et optimisable, il nous faut apprendre à accueillir, intellectuellement et expérimentalement, le vivant sans frontière avec rigueur, dans toute sa matérialité et l’originalité de ses dynamiques propres. Cela suppose probablement de remettre en cause une certaine conception productiviste des biotechnologies et redéployer les efforts en biologie de pointe vers plus de créativité, vers plus d’interdisciplinarité et plus d’ouverture. Ce n’est probablement pas le plus triste des chemins.

    #Biologie_synthétique #Vivant #Philosophie_biologique

  • Nous devons nous passer de #Chrome
    https://framablog.org/2019/03/07/nous-devons-nous-passer-de-chrome

    Chrome, de #Navigateur internet novateur et ouvert, est devenu au fil des années un rouage essentiel de la domination d’Internet par #Google. Cet article détaille les raisons pour lesquels Chrome asphyxie le #Web ouvert et pourquoi il faudrait passer sur … Lire la suite­­

    #Dégooglisons_Internet #G.A.F.A.M. #Libres_Logiciels #Blink #Brave #Chromium #Vivaldi

  • Mexican women protest for their lives as kidnappings and femicides surge · Global Voices
    https://globalvoices.org/2019/02/27/mexican-women-protest-for-their-lives-as-kidnaps-and-femicides-surge

    On February 2, Mexican women flooded the streets of Mexico City and social media with chants and hashtags such as #VivasNosQueremos (we want ourselves alive), #NiUnaMás (not one woman more), and #NoEstamosSolas (we are not alone) to protest the staggering levels of violence against women in their country. An average of nine women were killed every day in Mexico in 2018, according to the National Commission of Human Rights.

    Around 4000 people gathered at Monumento a la Madre and marched towards Zócalo in the capital Mexico City. The night before, hundreds of women joined bikes rides in thirteen different Mexican cities — with 200 cyclists in the capital alone — for the Rodada for Women’s Lives and Freedom.

    #féminicides #meurtres

  • D’après France-Musique, ces deux compères Hauboïstes font le buzz sur Internet

    Concerto in B minor for 4 violins, RV 580 - Vivaldi - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=46&v=e1GBD7Tpo5M

    https://www.francemusique.fr/emissions/musique-connectee/opera-vision-la-plateforme-qui-democratise-l-opera-64737

    Concerto in B minor for 4 violins, RV 580 - Vivaldi

    Deux hautboïstes jouent du Vivaldi dans un vieux salon

    #vivaldi #musique #hauboit

  • Dead Mom Talking
    “If you want to talk to me when I’m dead, go to the bench.”
    https://www.thirdcoastfestival.org/feature/dead-mom-talking

    Elaine Mitchell said those words to her daughter Rachel a few days before she died last July. Her memorial bench now sits in a Toronto ravine under tall trees. Elaine was a teacher, writer and avid traveler. During the last seven weeks of her life she and Rachel binge-watched TV, traded dark humor, and they talked. Rachel recorded the conversations. That way, months after Elaine’s death, Rachel was able to get in one more conversation with the person she needed most.

    https://s3.amazonaws.com//tciaf-audio/ic2k5_16_matlow_deadmomtalking.mp.m4a

    #audio #creation #morts #vivants #radio
    ping @intempestive

  • * Festival d’Amougies : 49 ans après, il ne reste quasiment plus rien du « Woodstock belge » Guillaume Woelfle - 20 Aout 2018 - RTBF
    https://www.rtbf.be/info/societe/detail_festival-d-amougies-49-ans-apres-il-ne-reste-quasiment-plus-rien-du-wood
    Voir la vidéo sur le site de la RTBF

    Ce week-end se clôturait le festival de musique d’Amougies, un festival de New Wave regroupant plusieurs artistes des années 80 et 90. Un festival à la programmation bien différente de son édition de 1969, surnommée le « Woodstock belge ». Malheureusement l’héritage et le souvenir de cette édition historique ont quasiment disparu des mémoires belges.

    En octobre 1969, pendant cinq jours, des dizaines de milliers de jeunes festivaliers s’étaient réunis dans le petit village d’Amougies, dans le Hainaut, à une dizaine de kilomètres de Renaix. Ce festival était même l’un des premiers festivals de pop et free jazz d’Europe. Sous le chapiteau prévu pour 12.000 personnes, Pink Floyd, Yes ou même Franck Zappa se sont succédé lors d’un total de 60 heures de musique.

    Pourtant, Amougies n’était pas l’endroit initial où devait se tenir ce festival. Les organisateurs français avaient pensé leur événement pour Paris, en témoigne le nom du festival : le « First Paris Music Festival ». Mais seulement un an et demi après les affrontements de Mai 68, les autorités françaises ne veulent pas prendre le moindre risque de donner de visibilité à une nouvelle mouvance contestataire. Le festival est chassé de France et les organisateurs viennent frapper à la porte de villes frontalières de Belgique. Mais à nouveau, à Courtrai puis Tournai, les hippies ne sont pas les bienvenus. Cette fois, c’est davantage les expériences de Woodstock ou du festival de l’île de Wight qui créent l’appréhension des autorités belges pour accueillir un « festival de hippies ». À quelques jours du 24 octobre, le festival n’a toujours pas de piste d’atterrissage. Et les affiches de l’événement annoncent toujours le festival… à Tournai.

    Finalement, le bourgmestre d’Amougies, André Callebaut, prend le risque d’héberger le festival. La grande transhumance de festivaliers peut commencer, pour la plupart à vélo, depuis Tournai où beaucoup s’étaient donné rendez-vous, comme l’annonçait l’affiche. Le bourgmestre engage donc sa commune, même si les réticences se font encore sentir parmi les habitants, notamment le curé du village.

    « Quand on voit des centaines de hippies comme on les appelle, peut-être que sur le plan moral, ce n’est pas un bon exemple pour les jeunes du village. C’est mon opinion… Quand on les voit se promener en débraillés, un peu oisifs même pendant la journée, je ne sais pas ce que les jeunes doivent penser de cela. »

    La vie de hippie devient effectivement le vrai sujet de discussion du village, bien plus que la musique en elle-même. Le boucher du village, à l’linverse de sa femme, ouvre les bras à ces jeunes. « C’est beau d’être groupés. Ils n’ont pas d’ennemis. Ils sont là l’un pour l’autre. Quand ils viennent acheter, ils s’aident à payer leurs marchandises. Mais ma femme a plutôt peur de ces gens », explique-t-il.

    Pour les commerçants du village, la vie a changé pendant ces cinq jours de festival. Les 80.000 bouches à nourrir ont donné du travail. Les cafés, les hôtels et les boulangeries sont pris d’assauts. « Tout le monde a fait son bénéfice, confirme le boulanger qui n’a jamais arrêté de travailler pendant ces cinq jours. Ceux qui me payaient en francs français payaient un supplément. Ceux qui payaient en francs belges réglaient le prix normal. Il ne faut pas rater l’occasion pour voler (sic) les gens. »

    Les retombées économiques du festival sont estimées à plusieurs millions de francs belges, soit quelques centaines de milliers d’euros. Mais le véritable bilan de l’événement n’est pas financier. Le pari de liberté pris par le bourgmestre est réussi. Sa confiance placée dans les jeunes lui a souri. « J’ai voulu faire confiance aux jeunes et je crois que la preuve flagrante est faite. Nous avons fait confiance aux jeunes et nous sommes récompensés. Ce festival n’est pas un succès mais un triomphe, à tous points de vue. Aucun dégât, aucune réclamation. Au départ, nous avons dû prendre quelques précautions qui étaient nécessaires, indispensables. Mais nous constatons que les jeunes se sont conduits d’une façon sensationnelle. Je crois que je peux dire à tous ceux qui m’écoutent que nous devons faire confiance à la jeunesse et en faisant confiance aux jeunes, nous arriverons à de bien meilleurs résultats dans la vie. »

    Presque 50 ans après le Woodstock belge, il n’en reste presque plus rien. Les rééditions du festival n’ont pas fonctionné. Amougies 69 n’est plus qu’un souvenir, et encore, uniquement pour ceux qui l’ont vécu. L’année prochaine, pour les 50 ans de l’édition 69, les organisations prévoient une édition vintage.

    #Woodstock #belgique #Amougies #Tournai #musique #Pink_Floyd #Yes #Franck_Zappa #Ten_Years_After #Archie_Shepp #The_Nice #Art_Ensemble_of_Chicago #Yes #Gong #Soft_Machine #Pierre_Lattès #Zoo #Indescriptible #Chaos_Rampant #Frogeaters #Freedom #Sunny_Murray #Alexis_Korner #Don_Cherry #Ed_Blackwell #Joachim_Kühn #Jean-François #Jenny-Clark #Jacques_Thollot #Blossom_Toes #Germ #Caravan #The_Nice #Archie_Shepp #Pretty_Things #John_Surman #Sonny_Sharrock #Acting_Trio #Steve_Lacy #Captain_Beefheart #Musica_Elettronica #Viva #Fat_Mattress
    #pop #free_jazz #hippies #Actuel Le magasine

  • Quand tu croises ça en pleine nature pour #détruire la #solidarité et blesser/tuer le #vivant en plein dérèglement climatique Tu te demandes vraiment si la #France n’est pas guidée par un abrutit sans pitié ni scrupule Ah mais c’est le cas je crois#ZadDansLeCoeur #Zad #NDDLpic.twitter.com/gd5J6vzQNM
    https://twitter.com/voteblancND/status/996557885965467649

    Quand tu croises ça en pleine nature pour #détruire la #solidarité et blesser/tuer le #vivant en plein dérèglement climatique Tu te demandes vraiment si la #France n’est pas guidée par un abrutit sans pitié ni scrupule Ah mais c’est le cas je crois #ZadDansLeCoeur #Zad #NDDL pic.twitter.com/gd5J6vzQNM

  • Le nouveau Notes et morceaux choisis : Les êtres vivants ne sont pas des machines, Bertrand Louart @tranbert, 2018
    https://sniadecki.wordpress.com/2018/02/08/louart-netmc13

    Aujourd’hui plus que jamais, la conception de l’être vivant comme machine est indissolublement liée au fait que nous vivons dans une société capitaliste et industrielle : elle reflète ce que les instances qui dominent la société voudraient que le vivant soit, afin de pouvoir en faire ce que bon leur semble.

    Cette évidence constitue le point de départ de notre enquête et de nos analyses critiques sur la biologie moderne, qui s’articulent autour de trois points principaux :

    1. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le point aveugle de la biologie moderne, c’est son « objet », l’être vivant, l’organisme et la vie qui l’habite. Non seulement les biologistes et les biotechnologues ne savent pas ce qu’est un être vivant, mais surtout, ils ne veulent pas le savoir et préfèrent en faire une « machine complexe » qu’ils se font forts de « reprogrammer » à volonté.

    2. Or, la biologie est aussi et surtout l’étude du sujet, de son état natif jusque dans ses formes les plus développées, de la bactérie jusqu’à l’être humain. Dans leurs formes les plus simples, ils sont les premières manifestations d’une sensibilité propre et d’une activité autonome qui, en s’enrichissant d’organes et de fonctions au cours de l’évolution, aboutit à la conscience et à l’intentionnalité, à des formes d’autonomie plus élevées. Or, la philosophie d’inspiration cartésienne n’attribue la qualité de sujet qu’au seul être humain, reconduisant ainsi la scission entre l’humanité et les autres êtres vivants.

    3. Si la conception de l’être vivant comme machine est le pur produit de la société capitaliste et industrielle, c’est pour plusieurs raisons complémentaires. La méthode des sciences est la forme d’investigation et de connaissance qui convient à ce système : mettre au jour les « lois de la nature » pour ensuite construire les machines qui les matérialisent et les mettent en œuvre ; pour mettre en place des dispositifs économiques et techniques qui les font travailler sans relâche et indépendamment des conditions écologiques, sociales et politiques. La machine est aujourd’hui omniprésente, elle est comme le modèle des rapports sociaux, qui reconduit toutes les formes de domination, d’exploitation et d’aliénation.

    La critique du vivant comme machine est le fil directeur à partir duquel un diagnostic historique pertinent peut être précisément formulé, non seulement sur la biologie moderne mais aussi et surtout sur la société capitaliste et industrielle.

    Cette dimension socio-politique est l’angle mort de la critique du vivant comme machine, elle a échappé à la majeure partie des critiques d’ordre scientifiques formulées jusqu’à maintenant. Or, cette dimension est essentielle : la manière dont nous concevons le monde et les êtres vivants exprime avant tout un projet, la manière dont nous voudrions qu’ils soient afin que notre action sur eux s’opère sans heurt ni surprise.

    Sans cette dimension, la critique de l’être vivant comme machine ne peut que manquer de cohérence faute de perspective, elle ne peut s’élever à une philosophie de la nature susceptible d’articuler la critique et l’élaboration d’une nouvelle conception, c’est-à-dire qui puisse concevoir une réconciliation et une coopération entre l’humanité et la nature.

    Une biologie nouvelle (biologia novae) semble donc nécessaire à plus d’un titre. D’abord, elle permettrait de remettre au centre de la réflexion l’être vivant en tant que sujet réalisant une unité organique avec son milieu ; de mieux appréhender la sensibilité et l’autonomie dont l’être vivant fait preuve. Elle pourrait ainsi contribuer à la (re)formulation d’une pensée plus claire sur la liberté, mieux articulée avec l’idée d’autonomie, qui manque cruellement après deux siècles de capitalisme industriel…

    Le sujet étant fort complexe et très vaste, cette livraison de Notes & Morceaux choisis comprendra deux numéros. Celui-ci formule une critique approfondie de la conception de l’être vivant comme machine ; en montrant les impasses politiques et sociales où cette conception nous mène actuellement (chapitre 1), en examinant les ressorts idéologiques des trois piliers de la biologie moderne, le darwinisme, la génétique et la biologie moléculaire (chapitre 2) et en critiquant les diverses notions que ces idéologies scientifiques mettent en œuvre pour expliquer le monde vivant – sélection naturelle, hérédité, programme génétique, etc. – (chapitre 3).

    Un prochain numéro explorera des pistes pour une nouvelle approche de la vie sur Terre.

    #biologie #Darwin #machine #vivant #Notes_et_morceaux_choisis #Bertrand_Louart #critique_techno #Éditions_La_Lenteur #livre

  • Le vivant est irréductible - pratiques
    https://pratiques.fr/Le-vivant-est-irreductible

    Dans mon livre Cerveau augmenté, homme diminué, j’ai voulu parler de l’hybridation et émettre l’hypothèse que nous ne sommes pas en présence d’une vraie hybridation, mais d’une colonisation. Dans une vraie hybridation, il y a des organismes ou des entités de système qui se mélangent alors qu’ici, on passe sous silence le fait que le pôle biologique et le pôle technologique sont de nature totalement différente. Pour moi, il est clair qu’il ne s’agit pas d’une vraie hybridation, mais bien d’une colonisation.

    J’ai travaillé plutôt sur le cerveau parce que c’est ce que je connais et parce que le cerveau, en tous les cas en Occident, est considéré comme l’organe noble par excellence, là où il y a la pensée, les affects et les sensations. Le cerveau n’est cependant pas le seul à être « colonisé ». Toucher au cerveau, prétendre pouvoir modéliser la pensée, les affects et les sensations, c’est quelque chose de costaud ! C’est détisser toute singularité, toute frontière qui permettrait de dire : voilà ça, c’est le propre du biologique, ça, c’est le propre de la machine.

    Il faut savoir que, d’après la « théorie de l’information » utilisée par le monde numérique, il est possible de recueillir toute l’information qui constitue un cerveau ou un organisme. C’est le fameux programme où les chercheurs disent : je peux modéliser et recueillir toute l’information qui est dans un cerveau, je la passe dans une machine, un disque dur, et je la mets avec des algorithmes capables d’apprendre. Concrètement, cela veut dire que, quand je modélise le cerveau de Robert, l’idée n’est pas de faire une bibliothèque où les gens pourraient venir se renseigner sur ce que pense Robert ; l’idée est, qu’avec des algorithmes capables d’apprendre, dans un système qui resterait ouvert à l’information, le Robert en question, passé à la machine, continuerait à apprendre sur l’évolution du monde, sur l’évolution de sa famille. La question qui se pose alors est : mais où est Robert ? Dans le cerveau biologique qui est en train de se corrompre ? Ou Robert n’est-il pas plutôt à « augmenter » à « améliorer » dans la machine ?

    En dehors du monde de la recherche, ceci semble aujourd’hui de la science-fiction, mais, dans celui de la recherche, si on dit à n’importe quel collègue : « Tu ne peux pas modéliser entièrement un cerveau », la réponse est : « Pourquoi ? Au nom de quoi ? Tu es un ayatollah, Dieu t’en empêche ? » Ils ne disent pas que c’est fou, ils disent qu’on ne sait pas encore le faire.

    La question que je pose à propos du cerveau, et à propos du vivant en général, est la suivante : est-il vrai qu’il n’y a rien qui structurellement résiste dans le cerveau, dans le vivant, à cette modélisation, à cette réduction ?

    Miguel #Benasayag

    avec un peu de shameless auto promo pour le @spip inside !

  • #Viva

    En brefs chapitres qui fourmillent d’anecdotes, de faits historiques et de rencontres ou de coïncidences, Patrick Deville peint la fresque de l’extraordinaire bouillonnement révolutionnaire dont le #Mexique et quelques-unes de ses villes (la capitale, mais aussi #Tampico ou #Cuernavaca) seront le chaudron dans les années 1930.

    Les deux figures majeures du roman sont #Trotsky, qui poursuit là-bas sa longue fuite et y organise la riposte aux procès de Moscou tout en fondant la IVe Internationale, et #Malcolm_Lowry, qui ébranle l’univers littéraire avec son vertigineux Au-dessous du volcan. Le second admire le premier : une #révolution politique et mondiale, ça impressionne. Mais Trotsky est lui aussi un grand écrivain, qui aurait pu transformer le monde des lettres si une mission plus vaste ne l’avait pas requis.

    On croise #Frida_Kahlo, #Diego_Rivera, #Tina_Modotti, l’énigmatique B. #Traven aux innombrables identités, ou encore #André_Breton et #Antonin_Artaud en quête des #Tarahumaras. Une sorte de formidable danse macabre où le génie conduit chacun à son tombeau. C’est tellement mieux que de renoncer à ses rêves.

    http://www.seuil.com/ouvrage/viva-patrick-deville/9782021135961

    –-> on en a parlé ce soir sur « En direct de Mediapart », et je me disais que des seenthisiens pouvaient être intéressés

    #livre