• ITALIE ISOLÉE DANS LA TEMPÊTE MIGRATOIRE
    Article de JÉRÔME GAUTHERET

    Sur les 600 000 migrants arrivés en Italie depuis 2014, la plupart ont traversé la #Méditerranée. Des milliers d’autres y ont péri. L’île de #Lampedusa, avant-poste de l’accueil, est débordée par cette crise humanitaire fortement liée au chaos qui règne en #Libye.

    On rejoint le jardin public en poussant les portes d’une grille qui ne ferme plus depuis longtemps. Puis, après une courte promenade au milieu des agaves et des myrtes, on arrive à un étrange réseau de grottes sommairement aménagées à proximité d’un vieux puits. L’endroit est à peine mentionné par les guides de voyage, mais il mérite qu’on s’y arrête : en effet, le vrai cœur de Lampedusa est là, en ces vestiges
    à peine entretenus d’un sanctuaire millénaire, témoignage unique de ce qu’était l’île avant sa colonisation systématique, au début du XIXe siècle.

    LAMPEDUSA, UNE ÎLE AU CENTRE DU MONDE

    Avant de devenir un paradis touristique perdu au milieu de la Méditerranée, à 150 kilomètres des côtes tunisiennes, en même temps que, pour le monde entier, le symbole de l’odyssée des centaines de milliers de migrants qui, chaque année, bravent tous les dangers pour atteindre l’Europe, Lampedusa a été un havre, un lieu de repos pour les marins de toutes origines qui sillonnaient la mer.

    Marchands phéniciens, arabes ou grecs, chevaliers francs revenant de croisade, pirates barbaresques, pêcheurs en détresse : Lampedusa était leur île. Elle appartenait à tous et à personne. Chacun, du roi de France revenant de Terre sainte au plus humble pêcheur, venait s’abriter ici durant les tempêtes, prier ses dieux et reprendre des forces, en attendant l’accalmie. Aujourd’hui, une chapelle dédiée à
    la Vierge a été aménagée dans la pierre, à deux pas de la grotte, et les habitants viennent, de loin en loin, y déposer quelques fleurs ou prier, dans un calme absolu.

    La " porte de l’Europe ", pour reprendre le nom d’une œuvre d’art installée sur une plage faisant face à l’infini, à la pointe sud de Lampedusa, peut bien être présentée comme une des extrémités de l’Union européenne, un bout du monde exotique. Mais, dès que l’on pose le pied sur l’île, on est assailli par le sentiment inverse : celui d’être au centre d’un espace fluide, au sein duquel les populations ont navigué de rive en rive, depuis toujours. L’impression est encore plus
    saisissante lorsqu’on observe, grossièrement sculptées dans la roche, les traces de ce passé enfoui.

    L’homme qui nous conduit dans ce sanctuaire, un matin d’hiver, s’appelle Pietro Bartolo. Il est né sur l’île en 1956, il en est parti à 13 ans et y est revenu au milieu des années 1980, une fois achevées ses études de médecine. C’est lui qui a fondé, un peu à l’écart du bourg, le petit hôpital qui, aujourd’hui encore, constitue le seul lieu d’assistance, sur terre comme sur mer, à plus de 100 milles nautiques (185 km) à la ronde.

    En tant que directeur de l’#hôpital de Lampedusa, il a accueilli, ces dernières années, des dizaines de milliers de candidats à l’exil sur le quai minuscule qui tient lieu de débarcadère, et les a soignés. Il a aussi eu la terrible responsabilité d’ouvrir, du même geste, des centaines et des centaines de ces grands sacs verts dans lesquels on
    ramène à terre les corps des naufragés. Un film documentaire sorti en 2016, nominé pour l’Oscar, Fuocoammare. Par-delà Lampedusa, dans lequel il jouait son propre rôle, lui a valu une notoriété internationale. A sa manière, lui aussi est devenu un symbole.

    Comme c’est courant ici, l’histoire familiale de Pietro Bartolo est africaine autant qu’italienne. A l’exemple de ces milliers de Siciliens poussés par la misère qui, pendant des décennies, ont pris la mer en sens inverse des migrants d’aujourd’hui pour chercher du travail dans les colonies et protectorats d’Afrique du Nord, la famille de sa mère s’était installée un temps en Tunisie. Cette multitude d’odyssées ordinaires, dont le souvenir est entretenu par les histoires familiales, explique une bonne part des différences de perception du phénomène migratoire entre le nord et le sud de l’Italie.

    LE TEMPS DES " TURCS "

    A la tête de ce qui, à l’origine, n’était guère plus qu’un dispensaire, #Pietro_Bartolo s’est trouvé aux premières loges quand tout a changé. " Ça a commencé dans les années 1990. Les migrants, des jeunes hommes venus d’Afrique du Nord, arrivaient directement sur la plage, par leurs propres moyens, avec des barques ou des canots pneumatiques. Sur l’île, on les appelait “#les_Turcs”, se souvient-il. Les habitants accueillent comme ils peuvent les arrivants, qui gagnent ensuite la Sicile puis, pour l’immense majorité, le continent.

    Le gouvernement, lui, ne considère pas encore le phénomène comme préoccupant. D’autant plus que, depuis le début des années 1990, l’#Italie a la tête ailleurs. L’arrivée dans les Pouilles, au printemps et en été 1991, de plusieurs dizaines de milliers d’Albanais fuyant la ruine de leur pays a provoqué un choc terrible. Le 8 août, le #Vlora, un cargo venu du port albanais de Durres, est entré dans celui de Bari avec à son bord 20 000 migrants, bientôt installés dans l’enceinte du stade de la ville. La désorganisation est totale : le maire multiplie les appels aux dons et à la solidarité, tandis qu’à Rome le gouvernement cherche un moyen de renvoyer chez eux ces arrivants illégaux… Rien ne sera plus jamais comme avant.

    A l’aune de ce bouleversement venu des Balkans, qui force l’Italie, pour la première fois de son histoire, à se poser la question de l’accueil et de l’intégration, les arrivées sporadiques à Lampedusa ne sont pas perçues au départ comme beaucoup plus qu’une anecdote. Selon les souvenirs des habitants, les migrants venaient surtout des côtes tunisiennes, ils étaient jeunes et en relative bonne santé. La plupart du temps, la traversée était assurée par des passeurs, payés une fois le but atteint. Bref, la route de la #Méditerranée_centrale vivait à l’heure d’une migration "artisanale".

    Mais au fil du temps, dans les années 2000, le phénomène change de nature et d’échelle. "Il ne s’agit pas seulement de géopolitique. Il s’est produit un changement anthropologique dans la jeunesse africaine il y a une quinzaine d’années", assure le vice-ministre italien des
    affaires étrangères et de la coopération, Mario Giro, qui, avant d’entrer en politique, a consacré de nombreuses années à des missions en Afrique comme responsable des questions internationales de la Communauté de Sant’Egidio. "Avant, il s’agissait de projets collectifs : une famille se cotisait pour envoyer un de ses fils en Europe, dit-il. Désormais, ce sont des #hommes_seuls qui décident de
    partir, parce qu’ils considèrent que partir est un droit. Dans les villes africaines, la famille a subi les mêmes coups de la modernité que partout dans le monde. Ces jeunes gens se sont habitués à penser seuls, en termes individuels. Dans leur choix, il y a une part de vérité – les blocages politiques – et la perception que l’avenir n’est pas dans leur pays. Alors, ils partent."
    #facteurs_push #push-factors

    Des gouvernements européens essaient de passer des accords avec les Etats africains pour qu’ils arrêtent en Afrique les candidats à l’Europe, ce qui a pour effet de criminaliser l’activité des #passeurs. Des réseaux de plus en plus violents et organisés se mettent en place.

    VIE ET MORT DE MOUAMMAR KADHAFI

    Un acteur central du jeu régional comprend très tôt le parti à tirer de ce phénomène, face auquel les pays européens semblent largement démunis. C’est le chef de l’Etat libyen, Mouammar #Kadhafi, qui cherche depuis le début des années 2000 à retrouver une forme de respectabilité internationale, rompant avec la politique de soutien au terrorisme qui avait été la sienne dans les années 1980 et 1990.
    Grâce aux immenses recettes de la rente pétrolière, dont il dispose dans la plus totale opacité, le Guide libyen multiplie les prises de participation en Italie (Fiat, Finmeccanica) et les investissements immobiliers. Il entre même au capital du club de football le plus prestigieux du pays, la Juventus de Turin. En contrepartie, le groupe énergétique ENI, privatisé à la fin des années 1990 mais dans lequel l’Etat italien garde une participation importante, conserve le statut d’Etat dans l’Etat dont il jouit en Libye depuis la période coloniale (1911-1942).

    Bientôt, la maîtrise des flux migratoires devient un aspect supplémentaire dans la très complexe relation entre la Libye et l’Italie. " De temps en temps, tous les deux ou trois ans, Kadhafi réclamait de l’argent pour la période coloniale. Et quand ça n’allait pas assez bien pour lui, il faisait partir des bateaux pour se rappeler à nous. C’était devenu pour lui un moyen de pression de plus, et ça signifie également qu’en Libye, des réseaux étaient déjà en place", se souvient Mario Giro.
    #chantage

    Entamées à l’époque du deuxième gouvernement Prodi (2006-2008), et émaillées de moments hauts en couleur – comme cette visite privée à Tripoli du ministre des affaires étrangères italien Massimo D’Alema, un week-end de Pâques 2007, au terme de laquelle Kadhafi a affirmé que l’Italie lui avait promis de construire une autoroute traversant le pays d’est en ouest –, les négociations sont poursuivies par le gouvernement de Silvio Berlusconi, revenu aux affaires au printemps 2008. Elles débouchent sur la signature d’un accord, le 30 août de la même année. En échange de 5 milliards d’euros d’investissements sur vingt-cinq ans et d’#excuses_officielles de l’Italie pour la #colonisation, le dirigeant libyen s’engage à cesser ses reproches, mais surtout à empêcher les départs de migrants depuis ses côtes. Plus encore, les migrants secourus dans les eaux internationales seront ramenés en Libye, même contre leur gré et au mépris du droit de la mer.
    #accord_d'amitié

    L’Eglise et plusieurs ONG humanitaires peuvent bien chercher à alerter l’opinion sur les conditions dans lesquelles sont ramenés à terre les candidats à la traversée, ainsi que sur les innombrables violations des droits de l’homme en Libye, elles restent largement inaudibles. Le colonel Kadhafi peut même se permettre de pittoresques provocations, comme ses visites officielles à Rome en 2009 et 2010, où il appelle publiquement à l’islamisation de l’Europe. Le gouvernement Berlusconi, embarrassé, n’a d’autre solution que de regarder ailleurs.

    L’irruption des "#printemps_arabe s", début 2011, va faire voler en éclats ce fragile équilibre. Le soulèvement libyen, en février 2011, un mois après la chute du président tunisien Ben Ali, est accueilli avec sympathie par les chancelleries occidentales. Mais en Italie, on l’observe avec préoccupation. "Bien sûr, l’Etat libyen de Kadhafi n’était pas parfait, concède #Mario_Giro. Mais il y avait un Etat… Dans les premiers mois de 2011 – je travaillais encore pour Sant’Egidio –, alors que la France semblait déjà décidée à intervenir en Libye, le ministre des affaires étrangères du Niger m’a demandé d’organiser une entrevue avec son homologue italien, Frattini. Nous étions trois, dans un bureau du ministère, et il nous a expliqué point par point ce qu’il se passerait en cas de chute de Kadhafi. Le chaos en Méditerranée, les armes dans tout le Sahel… Tout s’est passé exactement comme il l’a dit. Mais personne n’a voulu l’écouter". Il faut dire qu’en ce début d’année 2011, le prestige international de l’Italie est au plus bas. Très affaiblie économiquement et victime du discrédit personnel d’un Silvio Berlusconi empêtré dans les scandales, l’Italie est tout simplement inaudible.

    En mai 2011, les membres du G8, réunis à Deauville, appellent Mouammar Kadhafi à quitter le pouvoir. "Lors de ce sommet, Silvio Berlusconi a plusieurs fois tenté de prendre la défense du Guide libyen, mettant en avant son aide sur le dossier des migrants et le fait qu’il s’était amendé et avait tourné le dos au terrorisme", se souvient un diplomate français, témoin des discussions. "Mais
    personne n’en a tenu compte." Le chef libyen, chassé de Tripoli en août, mourra le 20 octobre, à Syrte. Quatre semaines plus tard, le gouvernement Berlusconi 4 cessait d’exister.

    Sur le moment, entre l’euphorie de la chute de la dictature et le changement d’ère politique en Italie, ces tensions entre puissances semblent négligeables. Il n’en est rien. Au contraire, elles ne cesseront de resurgir dans le débat, nourrissant en Italie un procès durable contre la #France, accusée d’avoir déstabilisé la situation en Méditerranée pour mieux laisser l’Italie en subir, seule, les conséquences.

    CHAOS EN MÉDITERRANÉE

    Car dans le même temps, les "printemps arabes" provoquent un bouleversement de la situation en Méditerranée. Une fois de plus, c’est à Lampedusa que les premiers signes de la tempête apparaissent. Sur cette île minuscule, en hiver, on compte à peine 5 000 habitants d’ordinaire. Là, ce sont plus de 7 000 personnes venues de #Tunisie qui y débarquent en quelques jours, entre février et mars 2011. La population les accueille avec les moyens du bord, dans des conditions très précaires. Des "permis temporaires de séjours" de trois mois
    sont délivrés aux arrivants par les autorités italiennes. Ainsi, les candidats à l’exil pourront-ils circuler aisément dans tout l’espace Schengen. Plus de 60 000 migrants débarqueront en 2011 ; la grande majorité d’entre eux ne resteront pas en Italie.
    #migrants_tunisiens

    Passé les mois de désorganisation ayant suivi la chute du président tunisien #Ben_Ali, Rome et Tunis concluent en 2012 un #accord_de_réadmission, formalisant le retour au pays des migrants d’origine tunisienne expulsés d’Italie. Assez vite, se met en place une coopération qui, de l’avis de nos interlocuteurs dans les deux pays, fonctionne plutôt harmonieusement.

    En revanche, en Libye, du fait de la déliquescence du pouvoir central, Rome n’a pas d’interlocuteur. Dans un pays livré aux milices et à l’anarchie, des réseaux de trafiquants d’êtres humains s’organisent à ciel ouvert. Jusqu’à la catastrophe, qui se produit dans la nuit du 2 au #3_octobre_2013. "J’ai été réveillé à 6 heures du matin par un appel des autorités maritimes, se souvient Enrico Letta, alors chef du gouvernement italien. En quelques minutes, nous avons compris que le #naufrage qui venait d’avoir lieu près de Lampedusa était une tragédie sans précédent – le bilan sera de 366 morts. Il fallait trouver des cercueils, s’occuper des orphelins… J’ai dû presque forcer le président de la Commission européenne - José Manuel Barroso - à m’accompagner sur l’île. Quelques jours plus tard, il y a eu un autre naufrage, tout aussi meurtrier, au large de Malte. Alors que nous demandions l’aide de l’Europe, j’ai vite compris que nous n’aurions rien. Donc, nous avons décidé de nous en occuper nous-mêmes. L’émotion était si forte que l’opinion nous a suivis."

    En une dizaine de jours, l’opération "#Mare_Nostrum" est mise sur pied. Concrètement, il s’agit d’une opération navale, à la fois militaire et humanitaire, visant à lutter contre les réseaux de passeurs, tout en évitant la survenue de nouveaux drames. Ses effets sont immédiats : en moins d’un an, plus de 100 000 migrants sont secourus et le nombre de morts diminue spectaculairement. Pourtant, le gouvernement Renzi, qui succède à Letta un an plus tard, décide d’y mettre un terme, à l’automne 2014. "Ça ne coûtait pas très cher, environ 8 millions d’euros par mois, et nous avons sauvé des centaines de vie avec ce dispositif, tout en arrêtant de nombreux trafiquants, avance Enrico Letta pour défendre son initiative. Mais très vite, Mare Nostrum a été accusée de provoquer un #appel_d'air… "

    De fait, en quelques mois, le nombre de départs des côtes africaines a explosé. Surtout, une évolution capitale se produit : peu à peu, les passeurs changent de stratégie. Pour ne pas voir leurs bateaux saisis, plutôt que de chercher à gagner un port italien, ils se contentent, une fois arrivés à proximité des eaux italiennes, de débarquer les migrants à bord de petites embarcations, les laissant ensuite dériver
    jusqu’à l’arrivée des secours. La marine italienne, trouvant les migrants en situation de détresse, n’a alors d’autre choix que d’appliquer les règles immuables du #droit_de_la_mer et de les conduire en lieu sûr.

    La suppression de Mare Nostrum par le gouvernement Renzi vise à sortir de cet engrenage. En novembre 2014, est annoncée l’entrée en vigueur de l’opération "#Triton", coordonnée par l’agence européenne #Frontex. Un dispositif de moindre envergure, financé par l’Union européenne, et dans lequel la dimension humanitaire passe au second plan. Las, le nombre de départs des côtes libyennes ne diminue pas. Au contraire, en 2015, plus de 150’000 personnes sont secourues en mer. En 2016, elles seront 181’000. Et pour suppléer à la fin de Mare Nostrum, de nouveaux acteurs apparaissent en 2015 au large des côtes libyennes : des navires affrétés par des #ONG humanitaires, aussitôt
    accusés, eux aussi, de former par leur présence une sorte d’appel d’air facilitant le travail des trafiquants d’êtres humains.

    L’ITALIE PRISE AU PIÈGE

    Pour Rome, les chiffres des secours en mer sont bien sûr préoccupants. Mais ils ne disent pas tout du problème. L’essentiel est ailleurs : depuis la fin de 2013, les pays limitrophes de l’Italie (#France et #Autriche) ont rétabli les contrôles à leurs frontières. Là où, jusqu’alors, l’écrasante majorité des migrants empruntant la route de la Méditerranée centrale ne faisaient que traverser le pays en direction du nord de l’Europe, ils se trouvent désormais bloqués sur le sol italien, provoquant en quelques années l’engorgement de toutes les structures d’accueil. Et les appels répétés à la solidarité européenne se heurtent à l’indifférence des partenaires de l’Italie, qui eux-mêmes doivent composer avec leurs opinions publiques, devenues très hostiles aux migrants.
    #frontière_sud-alpine

    Considéré jusque-là comme un impératif moral par une large part de la population, l’accueil des demandeurs d’asile est l’objet de critiques croissantes. En 2015, en marge du scandale "#Mafia_capitale ", qui secoue l’administration de la commune de Rome, l’Italie découvre que plusieurs coopératives chargées de nourrir et d’héberger les migrants se sont indûment enrichies. S’installe dans les esprits une l’idée dévastatrice : l’#accueil des réfugiés est un "#business " juteux plus qu’une œuvre humanitaire.
    #mafia

    Deux ans plus tard, une série de procédures à l’initiative de magistrats de Sicile en vient à semer le doute sur les activités des ONG opérant en Méditerranée. Le premier à lancer ces accusations est le procureur de Catane, Carmelo #Zuccaro, qui dénonce en avril 2017 – tout en admettant qu’il n’a "pas les preuves" de ce qu’il avance – les ONG de collusion avec les trafiquants. Après trois mois de rumeurs et de fuites organisées dans la presse, début août 2017, le navire de l’ONG allemande #Jugend_Rettet, #Iuventa, est placé sous séquestre, tandis qu’il a été enjoint aux diverses organisations de signer un "code de bonne conduite", sous le patronage du ministre de l’intérieur, Marco #Minniti, visant à encadrer leurs activités en mer. La plupart des ONG, dont Médecins sans frontières, quitteront la zone à l’été 2017.
    #code_de_conduite

    Tandis que le monde entier a les yeux tournés vers la Méditerranée, c’est en réalité en Libye que se produit, mi-juillet, une rupture majeure. En quelques jours, les départs connaissent une chute spectaculaire. Moins de 4000 personnes sont secourues en mer en août, contre 21’000 un an plus tôt, à la même période. La cause de ce coup d’arrêt ? Le soutien et l’équipement, par Rome, des unités libyennes
    de #gardes-côtes, qui traquent les migrants jusque dans les eaux internationales, au mépris du droit de la mer, pour les reconduire dans des camps de détention libyens. Le gouvernement italien conclut une série d’accords très controversés avec différents acteurs locaux en
    Libye.
    #accord #gardes-côtes_libyens
    v. aussi : http://seen.li/cvmy

    Interrogé sur les zones d’ombre entourant ces négociations, et les témoignages venus de Libye même affirmant que l’Italie a traité avec les trafiquants, Marco Minniti nie la moindre entente directe avec les réseaux criminels, tout en mettant en avant l’intérêt supérieur du pays, qui n’arrivait plus, selon lui, à faire face seul aux arrivées. "A un moment, confiait-il fin août 2017 à des journalistes italiens, j’ai eu peur pour la santé de notre démocratie."

    De fait, l’accueil de 600’000 migrants depuis 2014 et l’attitude des partenaires européens de l’Italie, qui ont poussé à l’ouverture de "#hotspots" (centres d’enregistrement des migrants) en Sicile et dans le sud de la Péninsule, sans tenir leurs engagements en matière de #relocalisation (à peine 30 000 réfugiés arrivés en Italie et en Grèce concernés à l’automne 2017, contre un objectif initial de 160’000), a nourri le rejet de la majorité de centre-gauche au pouvoir. Il a alimenté le discours xénophobe de la Ligue du Nord de Matteo Salvini et la montée des eurosceptiques du Mouvement 5 étoiles. A quelques jours des élections du 4 mars, celui-ci est au plus haut dans les sondages.

    Depuis l’été, les départs des côtes africaines se poursuivent
    sporadiquement, au gré de la complexe situation régnant sur les côtes libyennes. Resteque des centaines de milliers de candidats à l’exil – ils seraient de 300’000 à 700’000, selon les sources – sont actuellement bloqués en Libye dans des conditions humanitaires effroyables. Pour le juriste sicilien Fulvio Vassallo, infatigable défenseur des demandeurs d’asile, cette politique est vouée à l’échec, car il ne s’agit pas d’une crise migratoire, mais d’un mouvement de fond. "Pour l’heure, l’Europe affronte le problème avec
    la seule perspective de fermer les frontières, explique-t-il. Et ça, l’histoire des vingt dernières années nous démontre que c’est sans espoir. Ça n’a pas d’autre effet que d’augmenter le nombre de morts en mer."

    Depuis 2014, selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 13’500 personnes au moins ont trouvé la mort en mer, sur la route de la Méditerranée centrale. Sans compter la multitude de ceux, avalés par les eaux, dont on n’a jamais retrouvé la trace.


    http://www.lemonde.fr/international/article/2018/02/23/l-italie-seule-dans-la-tempete-migratoire_5261553_3210.html

    Un nouveau mot pour la collection de @sinehebdo sur les mots de la migration : #Les_Turcs

    A la tête de ce qui, à l’origine, n’était guère plus qu’un dispensaire, Pietro Bartolo s’est trouvé aux premières loges quand tout a changé. " Ça a commencé dans les années 1990. Les migrants, des jeunes hommes venus d’Afrique du Nord, arrivaient directement sur la plage, par leurs propres moyens, avec des barques ou des canots pneumatiques. Sur l’île, on les appelait “#les_Turcs”, se souvient-il. Les habitants accueillent comme ils peuvent les arrivants, qui gagnent ensuite la Sicile puis, pour l’immense majorité, le continent.

    #histoire

    #abandon de l’Italie :

    Jusqu’à la catastrophe, qui se produit dans la nuit du 2 au #3_octobre_2013. « J’ai été réveillé à 6 heures du matin par un appel des autorités maritimes, se souvient Enrico Letta, alors chef du gouvernement italien. En quelques minutes, nous avons compris que le #naufrage qui venait d’avoir lieu près de Lampedusa était une tragédie sans précédent – le bilan sera de 366 morts. Il fallait trouver des cercueils, s’occuper des orphelins… J’ai dû presque forcer le président de la Commission européenne - José Manuel Barroso - à m’accompagner sur l’île. Quelques jours plus tard, il y a eu un autre naufrage, tout aussi meurtrier, au large de Malte. Alors que nous demandions l’aide de l’Europe, j’ai vite compris que nous n’aurions rien. Donc, nous avons décidé de nous en occuper nous-mêmes. L’émotion était si forte que l’opinion nous a suivis. »

    #asile #migrations #réfugiés #mourir_en_mer #frontières

    • C’est une manière de classer les étrangers en mouvement ou en attente de statut par le pays d’accueil.
      Migrants pour étrangers en mouvement. Immigrés pour étrangers sur le territoire national quelque soit leur statut.
      Demandeur d’Asile pour ceux qui font une demande de protection.
      Réfugiés pour ceux qui ont obtenu cette protection.
      Sans papiers pour ceux qui n’ont pas encore obtenu un statut qu’ils aient fait la demande ou non. Le terme administratif en France est ESI, étranger en situation irrégulière.
      Exilés pour ceux qui ont quitté leur pays d’une manière volontaire ou involontaire avec ce qui implique de difficultés et de sentiment d’éloignement de son pays.

    • Solidarietà Ue: gli altri paesi ci hanno lasciati da soli?

      Tra settembre 2015 e aprile 2018 in Italia sono sbarcate quasi 350.000 persone. A fronte di ciò, i piani di ricollocamento d’emergenza avviati dall’Unione europea prevedevano di ricollocare circa 35.000 richiedenti asilo dall’Italia verso altri paesi Ue: già così si sarebbe dunque trattato solo del 10% del totale degli arrivi. Inoltre i governi europei avevano imposto condizioni stringenti per i ricollocamenti: si sarebbero potuti ricollocare solo i migranti appartenenti a nazionalità con un tasso di riconoscimento di protezione internazionale superiore al 75%, il che per l’Italia equivale soltanto a eritrei, somali e siriani. Tra settembre 2015 e settembre 2017 hanno fatto richiesta d’asilo in Italia meno di 21.000 persone provenienti da questi paesi, restringendo ulteriormente il numero di persone ricollocabili. Oltre a queste limitazioni, gli altri paesi europei hanno accettato il ricollocamento di meno di 13.000 richiedenti asilo. La solidarietà europea sul fronte dei ricollocamenti “vale” oggi dunque solo il 4% degli sforzi italiani e, anche se si fossero mantenute le promesse, più di 9 migranti sbarcati su 10 sarebbero rimasti responsabilità dell’Italia.

      Oltre al fallimento dei ricollocamenti, neppure le risorse finanziarie destinate dall’Europa all’Italia per far fronte all’emergenza hanno raggiunto un livello significativo. Al contrario, gli aiuti europei coprono solo una minima parte delle spese italiane: nel 2017, per esempio, gli aiuti Ue ammontavano a meno del 2% dei costi incorsi dallo Stato italiano per gestire il fenomeno migratorio.

      https://www.ispionline.it/it/pubblicazione/fact-checking-migrazioni-2018-20415
      #aide_financière

  • Vlora (navire) — Wikipédia
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Vlora_(navire)

    Le 7 août 1991, le Vlora décharge du sucre en provenance de Cuba à Durrës. Pendant le déchargement, plus de 20 000 migrants montent illégalement à bord et forcent le commandant, Halim Milaqi, à les amener en Italie. Celui-ci obtempère et demande l’autorisation d’accoster à Brindisi. Les autorités italiennes refusent et lui demandent de se rendre à Bari afin que des locaux soient aménagés pour les immigrants ; mais le manque d’organisation lié à l’absence de plusieurs personnes nécessaires pour obtenir les autorisations (la majorité sont en vacances ce jour-là) fait que le navire arrive à Bari avant que les centres d’accueil pour les migrants ne soient prêts.

    Pour rentrer dans le port, le commandant mentionne des blessés graves à bord et invoque une impossibilité de reculer en raison de la lourde charge. Un millier de migrants se jettent à l’eau afin d’essayer de rejoindre la rive à la nage3. Le navire est amarré au quai Molo Carboni, le plus éloigné de la ville, le 8 août 1991. Il s’agit encore aujourd’hui du plus grand débarquement illégal en Italie.

    #albanie #vlora

  • J’ai vu hier ce super #film #documentaire

    #La_nave_dolce de #Daniele_Vicari

    L’8 agosto 1991 una nave albanese, carica di ventimila persone, giunge nel porto di Bari. Si chiama Vlora. A chi la guarda avvicinarsi appare come un formicaio brulicante, un groviglio indistinto di corpi aggrappati gli uni agli altri.
    Le operazioni di attracco sono difficili, qualcuno si butta in mare per raggiungere la terraferma a nuoto, molti urlano in coro «Italia, Italia» facendo il segno di vittoria con le dita.

    https://www.youtube.com/watch?v=RIDOMHym7p4


    cc @albertocampiphoto @wizo

    #Albanie #migrations #Adriatique #Italie #navire #Vlora #Durazzo #Brindisi #port #communisme #retour #renvoi #expulsion #dictature #mur_de_Berlin #frontières #Bari #TV #télévision #imaginaire #révolution #liberté #rêve #Cossiga #Operazione_albanesi #eau #soif #stade #histoire #camp #police #violences_policières #rébellion #renvoi_forcé #criminalisation

    • Il grande sbarco

      Tra il 6 e 7 marzo del 1991, esattamente 25 anni fa, tutto accadde invece all’improvviso, cogliendo la stampa impreparata. A Brindisi, una città di 90mila abitanti, giunsero in poche ore 25mila profughi albanesi. Superarono l’Adriatico a bordo di mercantili e pescherecci, in quello che fu il primo, grande esodo via mare dell’epoca in cui viviamo. Il principio dell’odierno peregrinare di popoli nel “mare di mezzo”.


      http://www.rsi.ch/rete-due/programmi/cultura/laser/Il-grande-sbarco-6976463.html

    • La leggenda della Vlora

      Oggi, quasi trent’anni fa, sbarcò a Bari la Vlora, una nave mercantile a bordo della quale c’erano ventimila albanesi. Quella vicenda è stata sempre raccontata come la grande testimonianza di un esodo e di un’accoglienza. L’esodo degli albanesi, che mentre la dittatura che avevano sopportato e odiato per decenni collassava, emigravano in massa cercando la libertà altrove: l’Italia, il sogno occidentale, la voglia di riscattarsi socialmente ed economicamente. L’accoglienza degli italiani, che seppero aprirsi a quella gente e integrarla nel corso degli anni.

      La Vlora viene raccontata così: una leggenda, una testimonianza, una buona storia. Ma si tende il più delle volte a sottacere il fatto che quelle migliaia di persone furono condotte nello stadio di Bari, e sfamate e dissetate con pacchi calati da elicotteri, rinfrescati non sotto una doccia, ma con gli idranti. Non basta: molte di loro furono rimandate indietro. Accoglienza: ma dove?

      Eppure, in quel 1991, anno in cui l’Adriatico fu laboratorio di migrazioni di massa via mare, in un certo senso anticipando il Mediterraneo di oggi, una storia di vera accoglienza ci fu. Maturò a Brindisi, dove tra il 6 e il 7 di marzo, dunque mesi prima dell’episodio della Vlora, giunsero più di ventimila cittadini del Paese delle aquile. Arrivarono a bordo di mercantili, pescherecci e altre imbarcazioni. Il primo grande sbarco di albanesi. E non furono collocati in un grande campo di calcio. Li ospitarono in casa i brindisini, superando timori, spiazzamento, disorientamento (nel 2016 realizzai un radio doc su questa esperienza incredibile: https://www.rsi.ch/rete-due/programmi/cultura/laser/Il-grande-sbarco-6976463.html).

      Questa storia non è mai sbocciata nel racconto della stampa sull’esodo albanese del ‘91. La Vlora ne è il simbolo. Quella è l’immagine possente di quell’anno. Strano, ma a fino a un certo punto. In questa nostra società un’immagine conta più di mille parole: anche quando non è l’immagine esatta.

      https://www.matteotacconi.com/blog/2019/8/8/la-leggenda-della-vlora

    • A bordo della Vlora

      Trent’anni fa l’arrivo della nave dall’Albania che per molti simboleggia l’inizio dell’era delle migrazioni in Italia. Abbiamo chiesto a Christian Elia che cosa ha significato questo evento per la città di Bari, per il nostro paese e per chi dall’altra sponda del canale di Otranto guardava all’Italia. In questa ultima puntata ci riporta le voci dei protagonisti che sulla Vlora ci salirino.

      In fondo, l’8 agosto 1991, il viaggio della nave Vlora fu un ritorno in Italia. Perché il mercantile, all’inizio degli anni Sessanta, era stata costruita nei Cantieri Navali Riuniti di Ancona. Varata con il nome di Ilice, era stata commissionata dalla Società Ligure di Armamento di Genova, e poi venduta, nel 1961, alla Societè actionnaire sino-albanaise de la navigation maritime Chalship di Durazzo, ribattezzata Vlora (Valona) e battente bandiera albanese. Ma nessuno lo ricordava, come se fosse l’ennesimo atto di un rapporto stretto e rimosso che caratterizza le relazioni tra Italia e Albania.

      Al timone, stremato, il comandante Halim Milaqi. Secondo la sua ricostruzione di quei giorni, il 7 agosto 1991 – di ritorno da Cuba carica di zucchero di canna, da cui il soprannome di ‘nave dolce’ – durante le operazioni di sbarco del carico nel porto di Durazzo, venne assalita da una folla di circa 20 mila persone che costrinsero il comandante a salpare per l’Italia.

      “La Vlora era ancorata al molo 5, stavamo scaricando lo zucchero cubano, fuori dal porto vidi un gran movimento: non passò molto tempo prima che la gente sfondasse i cancelli del porto. La nave si riempiva, non potevo fare manovra, decisi di allontanarmi dalla banchina…ma usando le cime riuscivano ad arrampicarsi, anche quelle che gli lanciavano i primi che erano saliti!”.

      Così racconta, nello splendido documentario Anija – La nave, di Roland Sejko, forse il più bel prodotto di un racconto collettivo che esista sulla vicenda. In una successiva intervista per l’edizione barese della Repubblica, Milaqi raccontò che alcune delle persone a bordo erano armate e lo avevano costretto a partire contro la sua volontà. La versione si contraddice un po’ con il passato, ma la memoria è liquida come il mare, e a volte inganna o si modifica con i sentimenti e gli anni. “Io sono rimasto con la Vlora nel porto di Bari per 45 giorni quell’agosto, poi l’ho riportata con il mio equipaggio in Albania e ho continuato a fare trasporto merci fino al dicembre del ’94 – conclude Milaqi – La nave ha fatto altri viaggi nel ’95 ma poi ho ne perso le tracce”. L’ultimo viaggio avvenne il 17 agosto 1996, quando arrivò ad Aliaga, in Turchia, per essere demolita presso il bacino Bereket Ithalat Ihracat.

      Chi quelle tracce non le ha perse mai sono le decine di migliaia di persone a bordo. Alcune sono diventate famose, come il ballerino Kledi Kadiu, che nel documentario La nave dolce di Daniele Vicari, dedicato all’evento, dirà: “Solo a pensarci ho ancora sete; finii per bere acqua salata e andai fuori di testa perché la sete aumentò”. Aveva sedici anni. “Ero in spiaggia, una manciata di secondi, non c’è stato neanche il tempo di pensare. Con quattro amici, abbiamo visto la nave, era un po’ più grossa delle altre, hanno detto che partiva per l’Italia. Un po’ anche solo per andare a vedere cosa accadeva…cosa c’era dall’altra parte…senza rendersi bene conto di quello a cui si sarebbe andati incontro”, racconta Kledi. Oppure il calciatore Edgar Cani, che sbarcò dalla Vlora che aveva a un anno e 17 giorni, con i genitori. Anni dopo, in una convulsa lotta per la promozione in serie A, proprio lui, con la maglia del Bari, segna una storica doppietta al Novara trascinando la squadra ai play-off, chiudendo un romantico cerchio della vita. Oppure come Eva Meksi, che seguì il marito, ricordando come si arrampicò sulla fune e affrontò il viaggio senza dormire, senza bere, senza mangiare, ed oggi è stata candidata alle ultime elezioni per il Comune di Bari.

      Con loro, però, c’erano anche tante persone comuni. In questi giorni, su vari gruppi della diaspora albanese su Facebook, si sono rincorse storie, ricordi. Uno di questi gruppi è ScopriAlbania, che ha pubblicato nei giorni scorsi una foto che ritrae un ragazzino appeso a una cima della nave Vlora, mentre si cala in acqua, come fecero molti estenuati dall’attesa delle operazioni di sbarco dopo un viaggio massacrante. Nel commento alla foto, è scritto: “Quel ragazzo sono io, quella fune era per me la fune della vita, aggrappato al mio futuro migliore, e come alpinisti che scalano Everest, e per me lo era. E ora vivo nella bella Toscana, nelle colline più belle del mondo quelle di Siena”. I ricordi sono tanti, come le storie che sono diventate vite.

      Questa idea dell’improvvisazione, della decisione all’ultimo momento, ritorna in molte delle testimonianze del tempo. E lo confermano le immagini, della partenza e dell’arrivo, che ritraggono persone in ciabatte, costumi da bagno, pantaloncini. Un testimone, con un accento barese nel parlare italiano, sempre nel film di Vicari, non ha dubbi: “Hanno detto che il porto era aperto, ma quando sono arrivato io c’erano ancora dei militari. Ma la folla premeva e alla fine hanno buttato via i fucili e sono venuti con noi”.

      Quel che può ingannare, oggi, è quasi la ‘leggerezza’ del racconto e del ricordo. Come tutte le traversate di persone che non hanno niente da perdere, però, è stata drammatica anche quella della Vlora. “Ho un terribile ricordo. Venti ore di viaggio stretti uno sopra l’altro, come delle bestie. Ricordo la stanchezza, la fame e la sete. Ho visto tanti morire [anche se la vittima accertata ufficiale è solo una ndr] . Disperati che si sono accoltellati per un tozzo di pane e per una bottiglietta d’acqua”.

      Così ricorda Ali Margjeka, che era su quella nave, aveva 29 anni e in Albania aveva lasciato i genitori e i suoi quattro fratelli. Oggi vive a Bari, ha moglie, tre figli, un lavoro e un ricordo troppo pesante. “La scelta di portarci nello stadio in una giornata così calda fu sbagliata. La colpa fu del governo che non era attrezzato con campi di accoglienza. Ad un certo punto iniziarono a rimpatriare gente con l’inganno. Dicevano che li avrebbero spostati in un altro campo, invece li rispedivano in Albania. Io allora sono scappato. Siamo scappati dall’Albania perché c’era la dittatura, io sono salito su quella nave per cercare un futuro migliore. Avevamo poche informazioni, morivamo di fame e immaginavamo un’Italia grande, ricca e colta. Se in questa storia c’é qualcosa di dolce, sicuramente é la gente che ci accolse. Nonostante la situazione difficile i baresi si dimostrarono molto umani nei nostri confronti”.

      Una solidarietà che, nel tempo, ha pagato un prezzo salato alla fabbrica del terrore della politica e alla criminalizzazione dei migranti e alle speculazioni politiche sulla loro pelle. Un prezzo che, per anni, è stato quello di raccontare solo masse, senza volti e senza nome. Gli ‘albanesi’ erano un unicum, ma non era così. Su quella nave c’era di tutto: agenti di polizia e soldati come ex detenuti, uomini e donne, adulti e bambini, perseguitati dal regime ed ex privilegiati dello stesso. Una sola moltitudine, che anche al suo interno aveva delle differenze. Ardian Vehbiu, scrittore e giornalista albanese, era già in Italia quando arrivò la Vlora. Aveva un contratto all’Orientale di Napoli, faceva il lettore, era arrivato con una borsa di studio. Quando alcuni degli albanesi sbarcati in quei mesi vennero mandati in un campo profughi in Campania, venne chiamato come interprete.

      “Il mio libro che considero una lettera d’amore all’Italia è La Scoperta Dell’Albania: Gli albanesi secondo i mass media (Edizioni Paoline ndr),scritto con Rando Devole: due giovani albanesi nell’Italia che provava a spiegarsi il nostro arrivo”, racconta lo scrittore. “Io sono fortunato, appartenevo a una parte privilegiata della società albanese. Ero venuto, nel 1986, alla Sapienza di Roma come lettore di lingua, ma non mi passava neanche nella testa di restare, nonostante amassi l’Italia, che pure avevo scoperto essere molto diversa da quella che sognavo attraverso la Tv che guardavo in Albania. Temevo ritorsioni per la mia famiglia, non immaginavo che sarebbe finito tutto, pensavo solo che dopo la morte di Enver Hoxha ci sarebbero state aperture liberali. E anche quando tutto è esploso, nel 1990, io ero già in Italia, grazie a un lavoro che avevo trovato all’Orientale di Napoli. La rivoluzione albanese, la fuga di massa, mi ha raggiunto in Italia. Ho fatto il mediatore, a Capua, in un campo dove erano stati sistemati migliaia di albanesi. Ho scoperto così il mio paese, perché quelle persone venivano da contesti rurali che avevano patito tanto il regime, io no, ero diverso da loro e mi sentivo quasi in colpa. Allora decidemmo di provare a raccontarvi la complessità dell’Albania, con il nostro libro”.

      Gli anniversari si ammalano sempre di retorica, per loro natura; la memoria è una zona di confine scivolosa, ma quello che resta è un suggerimento su come guardare il presente. I volti e le storie di coloro che, passando per quell’esperienza traumatica, sono oggi felici e realizzati non deve cancellare il dolore che i progetti migratori portano con loro, ma sono una mappa per capire come la retorica dell’invasione si nutre anche del lavoro di racconto, che troppe volte rinuncia alla responsabilità della complessità, mettendo tutto sullo stesso piano. E da qui si deve ripartire, per altri viaggi e per altri porti, che oggi come ieri accoglieranno i migranti di oggi e di domani.

      https://openmigration.org/analisi/a-bordo-della-vlora

  • La marine albanaise s’entraine pour faire face à un afflux de migrants

    La marine et la police d’#Albanie ont effectué des exercices communs en mer Adriatique, pour se préparer à un éventuel afflux de réfugiés. Plusieurs navires ont participé à l’exercice « #Vlora_Sareks 16 », au large de #Vlora. Pour l’instant, les passages de réfugiés par l’Albanie demeurent très rares.

    http://www.courrierdesbalkans.fr/le-fil-de-l-info/les-dernieres-infos-o-refugiesbalkans-la-visite-d-ivanov-pahor-et
    #migrations #marine #armée #militarisation_des_frontières #asile #réfugiés