• Dans le Liban en pleine crise économique, le calvaire des domestiques éthiopiennes
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/06/29/dans-le-liban-en-pleine-crise-economique-le-calvaire-des-domestiques-ethiopi

    Début juin, une trentaine de femmes, campant devant la représentation éthiopienne, ont été placées dans des lieux d’accueil, après l’intervention du ministère du travail. D’autres silhouettes chétives sont arrivées depuis. Des compatriotes ou de bonnes âmes libanaises viennent déposer le soir de quoi faire un repas. En uniforme de bonne, Tsigeweyni, 31 ans, dont quatorze passés au Liban, a « la chance d’avoir des employeurs qui [la] respectent » et touche un salaire de 400 dollars. Venue donner un coup de main, elle fulmine contre « les familles qui traitent leur employée comme leur chose, la kafala qui asservit, les bureaux de placement mafieux, les trafics en Ethiopie, le consulat qui n’a pas de solution ».Ces scènes de misère ne sont que la partie visible de la situation. Dans les faubourgs pauvres aux pourtours de Beyrouth où vivent des migrants, de nombreuses bicoques sont emplies de détresse et d’attente. Sans emploi depuis l’automne, Zeina, 26 ans, s’est installée dans une ruelle du camp palestinien de Mar Elias. Elle y partage un logement avec d’autres Ethiopiennes. « Je veux rentrer chez moi. Il n’y a plus rien qui marche ici, ni pour les Libanais ni pour les étrangers. Plus d’argent, plus de travail. Souvent, on se contente de manger du pain et des tomates. » Martha, 25 ans, longs cheveux tressés, sans papiers : « En Ethiopie, je serai dans le même besoin, mais je serai avec mes parents. » Elle baisse les yeux quand elle dit, dans un arabe hésitant, gagner « 5 000 livres libanaises de l’heure [moins d’un dollar sur le marché noir] pour des ménages occasionnels. Comment pourrais-je payer un billet d’avion à 680 dollars pour repartir ? » Une vingtaine de compatriotes ont trouvé refuge à côté, dans un abri de fortune, sous un toit de tôle. Elles refusent de parler et tentent de calmer une jeune femme en proie à une crise de nerfs.

    #Covid-19#migrant#migration#liban#ethiopie#travailleurmigrant#domestique#sante#santementale#vulnerabilite

  • Iraq : COVID-19 Camp Vulnerability Index - OCHA

    The aim of this vulnerability index is to understand the capacity of camps to deal with the impact of a COVID-19 outbreak, understanding the camp as a single system composed of sub-units. The components of the index are: exposure to risk, system vulnerabilities (population and infrastructure), capacity to cope with the event and its consequences, and finally, preparedness measures. For this purpose, databases collected between August 2019 and February 2020 have been analysed, as well as interviews with camp managers (see sources next to indicators), a total of 27 indicators were selected from those databases to compose the index.

    #Covid-19#Moyen-Orient#Iraq#KRG#Carte#Vulnérabilité#Camps#migrant#migration

    https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/77145.pdf
    https://reliefweb.int/report/iraq/iraq-covid-19-camp-vulnerability-index-15-june-2020

  • ’People were abandoned’: injustices of pandemic laid bare in Brent | UK news | The Guardian
    https://www.theguardian.com/uk-news/2020/jun/27/people-were-abandoned-injustices-of-pandemic-laid-bare-in-brent
    https://i.guim.co.uk/img/media/8fee5a5189317c3a8c42482558c41ee5fef7bf6d/0_384_5760_3456/master/5760.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    At least 36 residents have died in Church End, a small, deprived estate in north Brent with a large British-Somali population. Locals believe the cluster, which is the second worst in England and Wales, according to the latest data from the Office for National Statistics, does not account for the true scale of the devastation, as it does not factor in people who work in Church End but live nearby. Overall, Brent has the highest age-standardised coronavirus death rate in England and Wales. Excess deaths in the borough are three times the national average. Ibrahim has not had time to process, let alone grieve, the coronavirus deaths in Church End. They include people such as Abdiqaadir Mohamed Farah, who ran a business in Hammersmith and helped get young people into sports. He died on 24 March. Aweys Ahmed Imaan, known locally as Sheikh Aweys, was said to sell the best halwa, a popular Somali sweet, in his shop on Church Road, where there are a string of Somali cafes and stores. He died on 29 March. Musami Mursal Abdi, a tailor who migrated to the UK in the 90s and was a pioneering figure in the community, also died. Many of those who died were men aged in their late 4os to early 60s.

    #Covid-19#migration#migrant#minorite#BAME#grandebretagne#sante#surmortalite#somali#vulnerabilite

  • Toxic mix of violence and virus sweeps poorest countries, warns war reporter | World news | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2020/jun/27/toxic-mix-of-violence-and-virus-sweeps-poorest-countries-warns-war-repo
    https://i.guim.co.uk/img/media/f9cf310e9c47de73b33ea05c4b7abfe73c7cd611/445_0_2174_1304/master/2174.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    The economic damage the coronavirus has wreaked upon the world – for example, destroying the income of labour migrants who regularly send money back home – will only deepen the hunger and deprivation in war-torn countries, and feed feelings of injustice and hopelessness there, Doucet says. “Covid-19 is not just about lives, it’s about livelihoods. When you destroy people’s fragile livelihoods, you also destroy lives.”

    #Covid-19#migrant#migration#sante#transfert#violence#privation#vulnerabilite

  • #COVID-19 Is like an X-ray of Society - Scientific American Blog Network
    https://blogs.scientificamerican.com/voices/covid-19-is-like-an-x-ray-of-society

    When coronavirus first spread through Wuhan, so too did the x-ray’s exposure: illuminating a pervasive fear of the other, and the xenophobia that follows; exposing how we speak before we think, and the extent to which we project our own prejudice. According to press reports, on February 2, an Asian American woman in Chinatown was attacked for wearing a face mask; and on March 10, another Asian American woman was attacked for not wearing a face mask. It seems you’re damned if you do, and you’re damned if you don’t. Consider these stories without the mention of any face mask: two Asian American women were attacked. Our x-ray confirms what it’s like to be a minority in this country. What it’s like to be a woman.

    #mental #vulnérabilité #vulnérables

  • Travailleurs sans papiers : vingt-quatre heures avec les « premiers de corvée »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/20/travailleurs-sans-papiers-vingt-quatre-heures-avec-les-premiers-de-corvee_60

    Pour se nourrir, Lassana Soumare dépend aujourd’hui des dons de l’Armée du salut. Et du 115 pour ne pas dormir dans la rue. Hébergé dans un centre du 10e arrondissement de Paris, il partage une chambre avec trois autres personnes . « Ce sont des gens ramassés dans la rue, ça change tout le temps. » Début juin, le test qu’il a effectué s’est révélé positif au SARS-CoV-2.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#travailleurmigrant#clandestin#vulnerabilite#economie#emploi

  • COVID-19 Increases Economic Hardship for Syrian Refugees, UN Says - Voices of America

    The U.N. refugee agency reports hundreds of thousands of Syrian refugees in neighboring countries of asylum are in dire straits because of the economic fallout from the COVID-19 pandemic.

    Five countries — Egypt, Iraq, Jordan, Lebanon and Turkey — are hosting more than 5.5 million Syrians, the biggest refugee group in the world. Many of the refugees live below the poverty line and have difficulty eking out a living

    #Covid-19#Syrie#Réfugiés#Précarité#vulnérabilité#Camp#UNHCR#migrant#migration

    https://www.voanews.com/middle-east/covid-19-increases-economic-hardship-syrian-refugees-un-says

  • Turquie : Des Sénégalais se sont mobilisés contre la Covid-19.
    https://www.dakaractu.com/Turquie-Des-Senegalais-se-sont-mobilises-contre-la-Covid-19_a189771.html

    ils sont étudiants, professionnels, sans-papiers, commerçants, entre autres sénégalais vivant en Turquie et tiennent à organiser la distribution de nourritures et d’argent à Istanbul et dans d’autres villes turques pour aider les plus vulnérables directement ou indirectement touchés par les conséquences de la pandémie Covid-19. Selon le coordinateur de la Commission Urgence COVID-19 Istanbul cela a commencé même avant la fin du mois de mars. « Sous l’influence et le leadership de personnes motivées évoluant dans différents secteurs d’activités, nous avons commencé à nous organiser pour coordonner efficacement l’aide. Autour d’une commission Urgence COVID19 Istanbul, la première stratégie consistait à enregistrer les personnes ayant besoin d’assistance pour évaluer le montant et la nature de l’aide ».Pour Abdoul Yoro Diallo, les autorités turques étaient désireuses d’apporter une grande assistance pour renforcer les relations entre le Sénégal et la Turquie. " Nous avons contacté quelques autorités turques par l’intermédiaire de Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur Ahmet Kavas bien qu’il ne fût pas encore officiellement en fonction en ce moment en tant que nouvel ambassadeur de Turquie au Sénégal. Ce dernier a apporté une aide considérable en contactant personnellement les dirigeants de nombreuses organisations humanitaires tels que l’IHH, İstanbul Valiliği (le bureau du gouverneur à Istanbul) et UDEF.

    @Covid-19#migrant#migration#senegal#turquie#diaspora#aideinternationale#sante#alimentation#vulnerabilite

  • Près de 80 millions de réfugiés et déplacés dans le monde en 2019, en cinq graphiques
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/06/18/pres-de-80-millions-de-refugies-et-deplaces-dans-le-monde-en-2019-en-cinq-gr

    Parmi ceux qui cherchent refuge dans un pays tiers, plus des deux tiers sont issus de cinq pays seulement ; 85 % des réfugiés vivent dans des pays pauvres ou en voie de développement, généralement voisins de leur pays d’origine. Plus de huit réfugiés sur dix vivent dans des pays pauvres ou en voie de développement, généralement voisins du pays qu’ils ont fui, où ils sont exposés à des risques accrus, que la crise sanitaire actuelle du coronavirus peut aggraver.

    #Covid-19#migrant#migration#refugie#personnesdéplacées#crisesanitaire#paysendeveloppement#sante#vulnerabilite

  • Les flux migratoires à travers l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale ont été réduits de près de moitié en raison de la COVID-19 ; les populations mobiles sont touchées sur le plan économique | Organisation internationale pour les migrations
    https://www.iom.int/fr/news/les-flux-migratoires-travers-lafrique-de-louest-et-lafrique-centrale-ont-ete-re
    https://www.iom.int/sites/default/files/styles/highlights/public/press_release/media/dakara_photo_dsc_0496-modifier.jpg?itok=9Y38r0y_

    « Nous estimons qu’au moins 33 000 migrants sont actuellement bloqués aux frontières, notamment dans des centres de transit surpeuplés, en raison des restrictions de mobilité imposées par la COVID-19 », a déclaré Sophie Nonnenmacher, Directrice régionale par intérim du Bureau régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale. « La plupart d’entre eux ont perdu leur emploi ou leurs revenus, ce qui peut également constituer un obstacle à l’accès aux services de santé », a-t-elle ajouté.
    Les données de l’OIM indiquent également que les déplacements se sont poursuivis à l’intérieur des pays et entre les pays, malgré les restrictions nationales et internationales.Parmi ces milliers de migrants bloqués se trouvent des travailleurs migrants saisonniers dans une vaste zone, originaires des pays du Golfe de Guinée comme le Burkina Faso, le Mali et la Guinée elle-même. D’autres voyageurs fréquents sont les étudiants coraniques qui se déplacent entre les pays d’Afrique de l’Ouest, et les éleveurs transhumants le long de ce que l’on appelle le « couloir de transhumance » qui s’étend de la Mauritanie jusqu’au Tchad. En outre, plus de six millions de déplacés internes à travers les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale dépendent presque exclusivement de l’aide humanitaire, qui a été affectée par les restrictions de mobilité. Les déplacés internes qui pouvaient auparavant gagner un salaire grâce à un marché du travail local informel, ne peuvent plus le faire aujourd’hui en raison des restrictions d’entrée et de sortie de nombreux camps de déplacés internes de la région.« La zone située entre le Mali, la Côte-d’Ivoire et le Burkina Faso est un bon exemple de la dynamique migratoire dans la région. Le besoin de travailleurs saisonniers dans les grandes zones agricoles ou dans les zones d’extraction de l’or a entraîné de nombreux mouvements transfrontaliers qui, dans le contexte des restrictions de mobilité, sont devenus irréguliers », a expliqué Damien Jusselme, responsable régional de la gestion de l’information à l’OIM. « En conséquence, des milliers de travailleurs saisonniers se sont retrouvés bloqués dans les pays voisins et ne peuvent plus rentrer chez eux, mettant en lumière la nécessité d’une approche plus intégrée à la gestion des migrations dans le contexte de la pandémie de COVID-19. » « Cette situation est inquiétante. Il est crucial, aujourd’hui plus que jamais, d’intégrer les migrants dans les plans de réponse nationaux, régionaux et mondiaux »

    #Covid-19#migrant#migration#afrique#sante#circulation#personnedeplacée#camp#circulationtranfrontaliere#travailleursaisonnier#vulnerabilite

  • Syrian refugees profoundly hit by COVID-19 economic downturn - UNHCR

    The economic downturn prompted by the COVID-19 pandemic has pushed hundreds of thousands of Syrian refugees in the Middle East into an ever more desperate situation and has increased their humanitarian needs, the UN Refugee Agency (UNHCR) has warned today.

    The number of vulnerable refugees who lack the basic resources to survive in exile has dramatically surged as a result of the public health emergency. The refugee hosting communities in countries in Syria’s neighbourhood experience similar hardships. Many refugees have lost what were already meager incomes, forcing them to cut down on the most basic needs, including food and medication.

    #Covid-19#Syrie#Réfugiés#Précarité#vulnérabilité#Camp#UNHCR#migrant#migration

    https://www.unhcr.org/news/briefing/2020/6/5ee884fb4/syrian-refugees-profoundly-hit-covid-19-economic-downturn.html

  • As COVID-19 worsens precarity for refugees, Turkey and the EU must work together - Brookings report

    Crowded living quarters, poor sanitary conditions, food insecurity, and insufficient access to health services — as well as to online education for children — are particular factors that have heightened the impact of COVID-19 on refugees. One
    study found that 63% and 53% of those
    surveyed encountered difficulties in reaching food and in meeting hygiene conditions, respectively. Another 48% and 65%, respectively, reported problems in accessing online education and paying their rent or utility bills. This picture is further exacerbated by a dramatic drop in access to work. According to another
    survey, 69% of refugees have reported a loss of employment while many Syrian-owned businesses have suspended their activities partially or fully.

    Thus, the conditions facing refugees in Turkey has deteriorated from their already fragile state, even with the deal helping to meet their basic needs. Prior to the pandemic, an estimated
    one million Syrians were
    informally employed under very precarious conditions to make ends meet. The outbreak of COVID-19 has further aggravated this picture. The FRIT funds are at this point far from adequate in meeting refugees’ basic economic needs

    #Covid-19#Turquie#Réfugiés#Précarité#vulnérabilité#Camp#Politique#UNHCR#migrant#migration

    https://www.brookings.edu/blog/order-from-chaos/2020/06/11/as-covid-19-worsens-precarity-for-refugees-turkey-and-the-eu-must-work-to

  • Étrangers en situation irrégulière et crise sanitaire : sélection de réponses étatiques à la vulnérabilité de cette population

    « Dans le contexte de la crise due au Covid-19, les étrangers en situation irrégulière font face à une aggravation de leurs conditions de vie. Alors que le confinement a complexifié leur situation administrative, et que les conséquences sanitaires et économiques les ont particulièrement affectés, les gouvernements et juridictions ont plus ou moins agi en la matière. Les mesures adoptées par une sélection de cinq pays ont démontré des avancées mais également des limites dans la prise en compte de ces situations »

    http://www.revuedlf.com/cedh/etrangers-en-situation-irreguliere-et-crise-sanitaire-selection-de-reponse
    #Covid-19#migrant#migration#droit#situationirreguliere#vulnerabilite#france#etatsunis#portugal#royaumeuni

  • Toujours pas de vols de #rapatriement pour les #employées_de_maison migrantes

    Le retour des travailleurs étrangers doit se faire selon un mécanisme qui respecte leurs droits, selon l’Organisation internationale du travail.

    Les premières opérations de #rapatriement de #travailleuses_migrantes devaient débuter hier, avaient annoncé les autorités libanaises. Un avion devait venir d’Addis-Abeba pour ramener chez elles des employées de maison éthiopiennes particulièrement touchées par la crise libanaise économico-financière et davantage fragilisées par la #pandémie de #coronavirus. Mais l’opération n’a pas eu lieu. Selon l’ambassade d’Éthiopie, ce vol n’était toujours pas programmé. « Nous n’avons pas encore annoncé de date », se contente de dire à L’Orient-Le Jour le consul d’Éthiopie, Aklilu Tatere. Mais du côté de la Sûreté générale, on indique que « l’Éthiopie n’aurait pas trouvé d’avion » pour rapatrier les travailleuses éthiopiennes en situation de grande #vulnérabilité coincées au Liban. « L’opération pourrait avoir lieu d’ici à deux jours », estime le porte-parole de la Sûreté générale, le général Nabil Hannoun, précisant que « la décision revient aux autorités éthiopiennes ». Car le rôle de la SG, en cette période exceptionnelle, est de donner le feu vert aux ambassades, après s’être assurée de l’identité des travailleuses migrantes, dont une grande partie est en situation irrégulière. « Nous régularisons leur situation sans contrepartie financière pour leur permettre de quitter le pays, à la condition qu’elles ne fassent pas l’objet d’une plainte judiciaire », affirme le responsable.

    Les coûts exorbitants du #retour

    Dans ce cadre, de nombreuses employées de maison éthiopiennes, philippines, bangladaises ou d’autres nationalités se pressent aux portes de leurs consulats, dans une volonté de quitter le pays du Cèdre. Même chose du côté des travailleurs étrangers, ouvriers, pompistes, éboueurs… Car travailler au Liban ne leur convient plus. Avec la dépréciation de la #livre_libanaise et la #paupérisation des employeurs libanais, leurs salaires fondent comme neige au soleil. Payées dans la monnaie nationale depuis la pénurie de dollars, alors que la promesse d’embauche était basée sur un #salaire en #dollars, les employées de maison touchent désormais le tiers, voire le quart de leur salaire initial. Et puis les #transferts_d’argent sont de plus en plus difficiles. Une situation à laquelle vient s’ajouter la crise du coronavirus, qui a mis des milliers de travailleuses au #chômage, #femmes_de_ménage ou #employées_domestiques. L’AFP rapporte le cas de Sophia notamment, une travailleuse domestique éthiopienne sous contrat, renvoyée et jetée dans la rue sans salaire, sans valise, sans passeport et qui n’a qu’un but désormais : rentrer chez elle. Alors, elle attend une promesse de rapatriement devant l’ambassade d’Éthiopie à Hazmieh, comme nombre de ses compatriotes. Or il est de notoriété publique que nombre de pays voient d’un mauvais œil le retour de leur #main-d’œuvre qui viendrait grossir les rangs des chômeurs en ces temps de crise mondiale.

    L’ambassade des Philippines a déjà rapatrié 618 employées de maison depuis le mois de décembre 2019, selon le vice-consul des Philippines, Edward Chan. La crise financière battait déjà son plein, et près de 2 000 demandes de rapatriement avaient été déposées, principalement des travailleuses non documentées qui avaient fui le domicile de leur employeur. « La pandémie de Covid-19 a interrompu le processus », regrette-t-il. Aujourd’hui, de nouveaux défis se posent, liés au #prix prohibitif des #billets_d’avion. « Affréter un charter coûterait une fortune, sachant que le billet Beyrouth-Manille coûte aujourd’hui entre 1 200 et 2 300 dollars », affirme M. Chan à L’Orient-Le Jour, précisant que « le consulat apporte un soutien financier aux travailleuses philippines pour leur permettre de rentrer chez elles ».

    Pour un #retour_volontaire et non forcé

    Une autre question se pose. Que deviendront les plaintes auprès des autorités libanaises des travailleuses domestiques victimes d’abus, de mauvais traitements ou de non-paiement de leurs salaires et qui décident de quitter le Liban ?

    Si le consulat philippin assure un ferme suivi des dossiers de ses ressortissantes auprès du ministère du Travail, sauf en cas de désistement, de nombreuses employées de maison migrantes n’auront jamais gain de cause, malgré les #abus dont elles ont été victimes.

    C’est la raison pour laquelle l’Organisation internationale du travail insiste pour que le retour des travailleurs migrants du Liban, et plus particulièrement des employées de maison, se déroule selon un mécanisme qui respecte leurs #droits. « Il faut d’abord que ce retour soit volontaire et non forcé. Car la travailleuse doit avoir le #choix entre trouver un autre emploi sur place ou partir, au cas où l’employeur n’aurait plus les moyens de respecter ses engagements », affirme la porte-parole de l’OIT, Zeina Mezher. « Il est aussi impératif que le rapatriement des travailleuses étrangères du Liban, touchées par la double #crise_économique et sanitaire, ne soit pas un prétexte pour les délester de leurs droits », ajoute-t-elle. D’autant plus que celles qui désirent quitter le pays sont généralement les plus vulnérables. Pour avoir fui un employeur abusif, elles sont souvent sans documents d’identité. « D’où la nécessité, précise la porte-parole, que l’employeur assume la responsabilité du billet d’avion comme prévu par le contrat de travail, même lorsque son employée a quitté le domicile. » Une réponse qui vient en marge d’une réunion virtuelle destinée à identifier les problèmes de la main-d’œuvre migrante au Liban en ces temps exceptionnels, organisée hier par l’OIT et l’OIM (Organisation internationale des migrations) et qui a réuni tous les acteurs locaux et internationaux, dans le but d’y apporter une réponse globale.

    https://www.lorientlejour.com/article/1218891/toujours-pas-de-vols-de-rapatriement-pour-les-employees-de-maison-mig
    #employé_domestique #employé_de_maison #migrations #femmes #crise_sanitaires #covid-19 #femmes_migrantes #Liban #Ethiopie #Philippines #Bangladesh #remittances #travail_domestique #travailleuses_domestiques

    ping @isskein @_kg_ @tony_rublon @thomas_lacroix

    • « Je veux rentrer au Soudan, je peux à peine manger à ma faim ! »

      Terrassés par la crise, des Soudanais tentent l’improbable traversée vers Israël.

      La crise économique et financière qui secoue le Liban impacte de plus en plus les travailleurs étrangers qui, avec la fermeture de l’aéroport en mars dernier, se retrouvent prisonniers dans un pays devenu trop cher pour eux et où ils voient leurs revenus fondre parallèlement à la chute libre de la livre face au billet vert.

      La forte dépréciation monétaire et l’explosion du chômage ont même provoqué un phénomène inédit à la frontière libano-israélienne, sous étroite surveillance, rapporte l’AFP sous la plume de Bachir el-Khoury à Beyrouth et Rosie Scammell à Jérusalem, en précisant que depuis début mai, au moins 16 Soudanais ont été interpellés alors qu’ils tentaient de traverser de nuit cette zone à hauts risques, gardée par les soldats de la Finul et de l’armée.

      Le dernier en date avait été retrouvé mercredi dernier par des soldats israéliens, caché dans une canalisation d’eau. Il a été interrogé par l’armée israélienne, avant d’être renvoyé de l’autre côté de la frontière, indiquent les deux auteurs.

      Des deux côtés, on s’accorde toutefois à dire que ces récentes tentatives de franchissement sont uniquement motivées par des considérations financières.

      « Selon l’enquête préliminaire », elles « ne revêtent aucune motivation sécuritaire ou d’espionnage », confirme une source de sécurité libanaise, sous le couvert de l’anonymat.

      La semaine dernière, l’armée libanaise avait découvert à la frontière le corps criblé de balles d’un Soudanais, tué dans des circonstances non élucidées à ce jour. Au cours des dernières semaines, elle avait procédé à plusieurs interpellations de Soudanais tentant de rallier Israël.

      À peine de quoi manger

      « Je veux rentrer au Soudan car la vie est devenue très chère ici. Je peux à peine manger à ma faim », déplore Issa, 27 ans, employé dans un supermarché de la banlieue sud de Beyrouth.

      Son salaire mensuel de 500 000 livres vaut désormais moins de 100 dollars, contre 333 avant la crise.

      Plus de 1 000 Soudanais se sont inscrits auprès de leur ambassade à Beyrouth dans l’espoir d’être rapatriés, sur les quelque 4 000 vivant au Liban, selon Abdallah Malek, de l’Association des jeunes Soudanais au Liban, cité par l’agence de presse.

      Ceux qui optent pour une tentative de départ vers l’État hébreu auraient des proches ou des connaissances au sein de la communauté soudanaise en Israël. Selon des informations récoltées par l’armée israélienne, il s’agit notamment d’employés du secteur de la restauration, qui ont organisé leur fuite via les réseaux sociaux.

      Protection humanitaire

      Impossible de déterminer le nombre exact ayant réussi à franchir la frontière pour s’installer en Israël. Un, au moins, Mohammad Abchar Abakar, est en détention depuis plusieurs mois après son arrestation en janvier par l’armée israélienne. L’ONG « Hotline pour les réfugiés et migrants » s’est mobilisée pour obtenir sa libération fin avril. Elle n’a pas encore pu le voir en raison de la pandémie de Covid-19.

      « Il nous a dit qu’il voulait demander l’asile », dit la porte-parole de cette ONG, Shira Abbo. Là encore, les chances de réussite sont maigres : ces dernières années, Israël a accordé le statut de réfugié à... un seul Soudanais, sur une communauté estimée à 6 000 personnes. La majorité d’entre eux ont une demande d’asile en cours d’étude depuis des années, qui leur permet de travailler provisoirement. Environ un millier ont obtenu un statut alternatif de « protection humanitaire ».

      La plupart des Soudanais en Israël ont commencé à affluer en 2007, empruntant une route là aussi périlleuse via le Sinaï égyptien. Longtemps poreuse, cette frontière a depuis été renforcée par l’État hébreu. Aujourd’hui, Mme Abbo déplore le refoulement des travailleurs interceptés par l’armée israélienne. « Si quelqu’un affirme vouloir demander l’asile, il doit au moins avoir la possibilité de rencontrer des spécialistes dans la prise en charge de ce type de population », dit-elle.

      Avec l’absence de la moindre relation entre les deux pays voisins, il n’existe évidemment aucune coopération bilatérale sur ce dossier.

      https://www.lorientlejour.com/article/1223224/-je-veux-rentrer-au-soudan-je-peux-a-peine-manger-a-ma-faim-.html
      #réfugiés #réfugiés_soudanais #faim #alimentation #nourriture

    • #Beyrouth  : les travailleuses domestiques veulent rentrer chez elles

      Souvent indécentes, les conditions de vie et de travail des employées domestiques migrantes au Liban se sont encore aggravées avec la crise économique qui ravage le pays. Cette crise a en effet poussé de nombreux employeurs et employeuses à abandonner leurs domestiques, sans argent ni papiers, devant l’ambassade du pays dont elles/ils sont originaires. Mais l’explosion du 4 août à Beyrouth renforce l’urgence de la situation pour ces migrant·es, en grande majorité des femmes, qui demandent juste à pouvoir rentrer chez elles/eux.

      Il existe environ 250.000 travailleuses domestiques au Liban, venues de pays asiatiques et africains dans l’espoir de gagner suffisamment d’argent pour subvenir aux besoins de leur famille restée au pays. Ne relevant pas du Code du travail, ces personnes sont soumises au système de la kafala  : elles sont «  parrainées  » par un·e employeur/euse qui en est donc légalement responsable. Bien souvent, cela revient à avoir son passeport confisqué, mais aussi, dans de nombreux cas, à ne pas recevoir son salaire et à subir des abus. Dans un rapport de 2019 consacré à «  l’exploitation des travailleuses domestiques migrantes au Liban  », Amnesty International dénonce «  des atteintes graves et systématiques aux droits humains imputables aux employeurs.  » L’organisation pointe notamment «  des horaires de travail journaliers indécents, l’absence de jours de repos, le non-versement ou la réduction de leur salaire, la confiscation de leur passeport, de graves restrictions à leur liberté de mouvement et de communication, le manque de nourriture, l’absence de logement convenable, des violences verbales et physiques, et la privation de soins médicaux. Des cas extrêmes de travail forcé et de traite des êtres humains  » ont également été rapportés.

      Les conditions de vie et de travail des employées domestiques migrantes se sont encore aggravées avec la crise économique qui a frappé le Liban dès 2019. Cette crise du secteur financier, qui a eu comme résultat de dévaluer la livre libanaise et de provoquer une inflation évaluée à 56,6 % en mai, a durement frappé les classes moyennes. Appauvries, ces familles n’ont plus les moyens de payer le salaire d’une domestique. Dans bien des cas, ces femmes ont juste été abandonnées par leur employeur/euse, sans argent et sans régularisation de leur situation pour pouvoir partir, tout cela en pleine pandémie de

      Une situation aggravée par l’explosion

      L’explosion du port de Beyrouth le 4 août dernier ne fait que rendre la situation des travailleuses domestiques encore plus désespérée. «  Les employeurs n’ont plus les moyens. La plupart étaient pauvres avant les multiples problèmes économiques et sanitaires suivis de l’explosion massive  », explique Dipendra Uprety, fondateur du groupe de mobilisation This is Lebanon. «  Les travailleuses migrantes n’ont pas été payées depuis des mois. Et si elles l’ont été, c’est en livres libanaises, ça n’a désormais aucune valeur. Elles travaillent 14 heures par jour pour [l’équivalent de] 30 dollars par mois [environ 25 euros, ndlr].  »

      Pour qu’une travailleuse puisse partir du pays, la Sûreté Générale [organisme sous l’autorité du ministère de l’Intérieur et des Municipalités] doit contrôler les conditions de départ de celle-ci auprès de son employeur/euse, un processus qui prend habituellement entre deux et trois mois. De nombreuses migrantes sont aussi bloquées au Liban sans papiers depuis des mois et parfois des années. Deux solutions s’offrent alors à elles  : payer des amendes astronomiques et partir après avoir obtenu un laissez-passer, ou se retrouver en prison dans des conditions dramatiques. Sans compter le prix du billet, entre 400 et 700 dollars [entre 340 et 590 euros environ, ndlr] selon les pays d’origine.
      Abandonnées à la rue

      «  Il s’agit d’un moment terrible pour les travailleuses domestiques  », raconte Farah Salka, directrice exécutive du Mouvement Anti-Raciste (ARM). «  Cette année a été très dure pour tout le monde au Liban… Si vous imaginiez un cauchemar, vous ne pourriez pas imaginer ça. Et maintenant, vous pouvez multiplier les dommages par dix pour les travailleuses domestiques. Elles demandent juste à rentrer chez elles  ! Elles sont encore sous le choc de l’explosion, comme nous. Certaines ont disparu, certaines sont mortes, les autres sont parfois blessées, et elles ne reçoivent aucun soutien pendant cette crise. Et au milieu de ce chaos, elles sont abandonnées à la rue. C’est devenu une scène commune à Beyrouth  : des centaines de migrantes à même le sol, sans abri.  »

      Les employé·es et volontaires d’ARM passent leurs journées à traiter des cas, traduire, assister administrativement, financièrement, médicalement, et lever des fonds pour permettre aux migrantes en possession de papiers de payer leur billet. «  Il faut une armée pour gérer tout ça, tout relève de l’urgence, ajoute Farah Salka. Elles sont à un stade où elles se fichent de leurs droits, de l’argent qui leur est dû. Elles veulent juste laisser ce cauchemar derrière elles et partir. Et je vais être honnête, n’importe où est mieux qu’ici.  »

      Un groupe d’activistes éthiopiennes, Egna Legna Besidet, est aussi sur le terrain, surtout depuis le début de la crise économique. L’une des membres, Zenash Egna, explique qu’elle n’a plus de mots pour décrire la situation  : «  La vie des travailleuses migrantes n’est pas bonne au Liban. Déjà avant la crise économique, la pandémie et l’explosion, on secourait des femmes battues, violées, qui s’enfuyaient sans papiers et sans argent. Tout ça a juste augmenté, c’est terrible. Le monde doit savoir quel enfer c’est de vivre sous le système de la kafala.  » En ligne, de nombreux témoignages de femmes désespérées abondent. Devant leur consulat, des Kényanes ont aussi manifesté, demandant à leur pays de les rapatrier.

      https://www.youtube.com/watch?v=KuhBhNRjxp4&feature=emb_logo

      «  Il est temps pour nous de partir  »

      Une domestique nigériane appelée Oluwayemi, 30 ans, a confié à axelle son calvaire personnel. Arrivée en juin 2019 au Liban, elle raconte avoir été traitée comme une esclave par ses employeurs/euses. «  Puis ils m’ont renvoyée de la maison, sans argent et sans passeport. Ils m’ont juste dit «  Pars  ». Avec la crise économique, tout est pire au Liban. Je pense qu’il est temps pour nous de partir. L’explosion a tué des domestiques nigérianes, d’autres ont été blessées, les maisons ont été détruites. J’ai eu tellement peur, je veux que l’on m’aide et que je puisse retourner dans mon pays. Je veux que l’on m’aide, vraiment, parce que je ne veux pas retourner au Nigeria et devenir une prostituée, ou une voleuse. Je veux que mon futur soit beau, je veux monter mon propre commerce. Je prie pour que l’on m’aide.  »

      Une autre domestique nigériane qui souhaite rester anonyme raconte qu’elle a été jetée de chez son employeur sans argent, téléphone, vêtements ou papiers après sept mois d’abus physiques. Elle a également plaidé pour recevoir de l’aide, insistant sur le fait qu’il n’y a plus rien au Liban pour les travailleuses migrantes  : «  Il n’y a pas d’argent, pas de travail, pas de nourriture. Je veux partir.  »
      Faire pression pour faciliter le retour des migrantes

      Pour que la situation se débloque, il faudrait que les pays d’origine et la Sûreté Générale se mettent d’accord pour faciliter le retour des ressortissantes bloquées au Liban. «  On doit mettre la pression sur les consulats et les ambassades pour qu’ils prennent enfin la situation au sérieux. La Sûreté Générale doit supprimer ses enquêtes, exempter les travailleuses de leurs amendes et approuver leur départ avec des laissez-passer pour celles qui n’ont pas leurs papiers, explique Farah Salka. Mais aussi, on a besoin d’argent, de tellement d’argent pour payer les billets d’avion. C’est inimaginable.  »

      Pour Dipendra Uprety, le mot à appliquer est «  amnistie  »  : «  Des efforts ponctuels ne peuvent pas répondre aux besoins. La seule solution possible est que la Sûreté Générale accorde une amnistie générale à ces femmes, ce qui équivaudra à des centaines de milliers de documents de voyage temporaires. L’argent commence à affluer maintenant pour les billets d’avion, la nourriture et les soins médicaux, mais les travailleurs sociaux ne sont pas assez nombreux pour répondre à tous les besoins [notamment en termes d’hébergement, ndlr].  »
      Dépasser le racisme

      Au-delà de l’urgence de la situation, le racisme est toujours bien présent dans les mentalités libanaises, même après l’explosion. Ainsi, la liste des personnes mortes et disparues est toujours incomplète  : les noms et visages des victimes étrangères non occidentales ne sont tout simplement pas mentionnés. Un texte publié par l’ARM le 13 août dit que  : «  Ce n’est pas un hasard. Les travailleurs migrants et les réfugiés sont systématiquement déshumanisés et marginalisés au Liban, dans la vie comme dans la mort.  »

      Selon Farah Salka, le Liban devrait se préparer à changer  : «  J’espère qu’aucune nouvelle femme ne viendra en tant que travailleuse domestique avant qu’on ne répare tout ça. J’espère que le Liban sera prêt, parce que c’est horrible. Si nous n’apprenons pas maintenant, je ne sais pas quand ou si nous pourrons apprendre.  »

      https://www.axellemag.be/beyrouth-les-travailleuses-domestiques-veulent-rentrer-chez-elles

  • Retour à l’anormal - Le Monolecte
    https://blog.monolecte.fr/2020/06/06/retour-a-lanormal

    Je ne peux pas penser la #crise du #coronavirus sans la remettre en perspective le bordel mou qu’étaient déjà nos vies, sans avouer que ce n’a été qu’une couche de #désintégration agglomérée à d’autres situations déjà profondément chaotiques et remarquables.

    En fait, nos vies ne sont que ça  : des périodes plus ou moins longues où il ne se passe pas grand-chose d’intéressant entrecoupées abruptement de déflagrations historiques qui bouleversent à peu près tout, nous laissant dans un état de #sidération dont on ressort lentement, hébétés et vaguement nostalgiques d’un avant dont on a à peu près tout oublié.

    • Pas facile quand rien ne va de s’accrocher, par exemple, à un « simple » "une chose après l’autre" (déplacer des montagnes ? une autre fois). Courage à vous. Et vive le chemin des ménagements !

      Je reviens sur ce primat de la volonté que l’on ne peut pas lâcher car il contribue à nous fait tenir (avec notre foi dans le libre arbitre). Être confronté à la dépression relève encore en un sens d’une réduction des risques qui a rien d’évident. Ici, la politique de santé publique se bricole beaucoup hors institutions de soin et sans politique publique (un peu avec elle, beaucoup contre elle : d’autant que la dépression est à la fois une anomalie et une modalité de la norme de nos sociétés de séparation). L’expertise des premiers concernés s’élabore et circule par divers moyens (comme dans l’article de Marie Claire cité, des organes de presse recueillent et exposent des expériences et des pratiques plus ou moins ad hoc).

      Le/la déprimé/e est antipathique, un porteur de peste. La dépression est perçue pour ce qu’elle est, une affection contagieuse dont on cherchera à se préserver, ce qui redouble la tendance à l’isolement.
      Qui n’a pas connu ça ? Même décidé à maintenir un lien que l’on sait décisif, on ne court pas après le (déprimant) constat d’impuissance que suscite inévitablement de façon récurrent l’essai de soutenir qui s’effondre. Tout contact souligne la faillite possible de la volonté (faillibilité déniée). La maladie, miroir devant lequel on préfère détourner le regard, spécialement si on ne peut lui donner un fondement exclusivement objectif (biologique, neurologique).
      Chez les soignants, et pas seulement en psychiatrie, avoir à faire avec cette impuissance conduit à des positions défensives (les moins pénibles ou maltraitants, les plus attentifs, sont souvent ceux qui ont fait quelque chose de leur propre expérience de la vulnérabilité, c’est pas une simple question d’empathie comme on le dit trop, mais de trouver la bonne distance avec le trouble). Pointe émergée de l’iceberg de froideur qui vient geler des affects autrement insupportables : une morgue du pouvoir médical qui ne relève pas exclusivement de « déterminations sociales ». Élaborer quelque chose de ce qui peut faire impasse (être"renvoyé à soi même") n’est pas donné, dans la pratique libérale et individuelle du soin comme dans l’hôpital entreprise.
      Que le soin ne puisse se comprendre sans ce qui le fonde, la relation de soin, est une leçon offerte par la psychiatrie plus encore que par la médecine générale. J’ai du le dire déjà, j’aime beaucoup la renversante boutade de Jean Oury : la médecine est une branche de la psychiatrie. Ça n’implique pas de coller des psychiatres partout, plutôt de mettre fin à sa destruction au long cours.
      D’autant que pour répondre aux troubles de l’humeur et à la souffrance psychique, les généralistes prescrivent plus encore que les psychiatres n’importe comment et massivement des psychotropes (en volume, ils surpassent largement les psychiatres). C’est un phénomène qui éclaire la surconsommation de médocs et d’examens médicaux française. Là aussi, c’est « si je veux, je peux », il y a des objets pour ça, et c’est là dessus que l’on peut s’entendre. Dans l’ensemble, les patients s’enrôlent activement dans ce rapport où il s’agit d’assurer une maîtrise illusoire qui fait les beaux jours de big pharma. La preuve du soin par l’ordonnance, on est pas des bricoleurs, on soigne !
      (J’arrête là le rituel bloc notes sans suites dont je parsème si souvent ici des morceaux)

      #vulnérabilité #soin #relation_de_soin

    • Quelle pépite tu nous a trouvée ! Je rêve...

      Il faut éviter que certaines personnes soient tentées de s’habituer à la situation actuelle, voire de se laisser séduire par ses apparences insidieuses : beaucoup moins de circulation sur les routes, un ciel déserté par le trafic aérien, moins de bruit et d’agitation, le retour à une vie simple et à un commerce local, la fin de la société de consommation… Cette perception romantique est trompeuse, car le ralentissement de la vie sociale et économique est en réalité très pénible pour d’innombrables habitants qui n’ont aucune envie de subir plus longtemps cette expérience forcée de décroissance. La plupart des individus ressentent le besoin, mais aussi l’envie et la satisfaction, de travailler, de créer, de produire, d’échanger et de consommer. On peut le faire plus ou moins intelligemment, et on a le droit de tirer quelques leçons de la crise actuelle. Mais il est néanmoins indispensable que l’activité économique reprenne rapidement et pleinement ses droits.
      Vers une stratégie de sortie de crise, Centre Patronal suisse, le 15 avril 2020

    • À part ça, j’ai trouvé plus flippant que ça le confinement.

      Comme me l’a déclaré monsieur Monolecte  : « finalement, le seul truc de bien à tirer de tout ça, c’est que pendant deux mois, tout le monde a vécu comme moi et que du coup, je me suis senti presque normal ».

      Moi c’est plutôt le contraire : en temps normal, l’entourage est solide, possible de se raccrocher aux branches, de demander de l’aide. Mais là les branches deviennent fragiles, besoin de se replier sur soi. Au début on a tou·tes fait gaffe, appelé les ami·es, en particulier les qui sont seul·es ou fragiles. Mais au bout d’un mois, j’ai senti les liens se déliter [edit : moi aussi j’ai moins appelé les ami·es seul·es]. Sans mon accueil dans une petite famille, j’aurais commencé à me tresser une corde avec des lanières de vieux draps... Et le déconfinement, c’est pire ! J’ai des ami·es qui ne se déconfinent pas, d’autres qui se remettent tranquillement et sans moi, ma vie sociale est assez pauvre. (Et ma perspective de m’occuper en emploi après mon CDD a disparu au loin, du coup ce CDD qui devait me servir de marchepied a perdu une grande partie de sa valeur et de son attrait.) Je tenais beaucoup mieux sans ça !

    • La dépression ...
      Perso, elle est violemment revenue à la faveur d’une aide pédagogique (bénévole) à un petit garçon de 6 ans qui ne fréquente plus l’école (par choix des parents) : mêmes angoisses et mêmes fantasmes d’auto-destruction qu’il y a quinze ans lors de ma dernière année devant une classe. On ne guérit jamais d’un « burn out ». On peut juste tenir à distance ses effets délétères par diverses stratégies d’évitement ou des drogues psychoactives. Mais la dépression se manifestera fatalement à la faveur d’un élément déclencheur qui fera inconsciemment ressurgir les émotions négatives qui vous ont entraîné·e vers le fond. On a beau essayer de se défendre de ses émotions en tentant de les rationaliser. Rien n’y fait. Analogie avec un stress post-traumatique ?

      J’ai voulu rendre service et/ou faire plaisir et/ou prouver que j’étais encore capable d’assurer. A présent, je me dis que j’aurais dû refuser. Ils n’auraient pas compris et m’auraient certainement (mal) jugé.

      La dépression se nourrit de la honte de soi et, partant, d’aucuns parmi les « winners » ont pu facilement faire accepter l’idée que c’était une « maladie honteuse ».

    • Merci, @sombre.

      En ce moment, monsieur Monolecte «  va mieux  ». Autrement dit, après 3 ans de traitements lourds et de mise à l’abri sociale loin de toute agression ou contrariété, il se sent plus en forme qu’avant, c’est à dire que pendant sa très longue dépression dormante.

      Comme toujours, il veut donc mettre fin à tout dispositif d’aide (là, il est classé invalide par la Sécu, ce qui lui permet de toucher une petite pension en ne rendant pratiquement plus de compte pour 18 mois - 2 ans, ce qui était une décision délibérée du médecin conseil de la Sécu pour lui permettre de se reconstruire), c’est-à-dire que selon son schéma habituel, il veut échapper à la culpabilité d’être à l’abri de la brutalité du système et veut s’exposer de nouveau, dans ce qui ressemble plus à une mise en danger délibérée de l’ordre de l’expiation que de la mise à l’épreuve de sa «  guérison  » toute neuve.

      Et il déteste que je suggère qu’il recommence encore et toujours le même schéma d’auto-punissement.

      Bref, c’est chiant, parce que derrière, il va encore falloir que je ramasse les morceaux et que j’improvise pour nous sauver le cul avec quelqu’un qui sabote assez délibérément toute tentative d’aller réellement mieux.

      Oui, grosse saloperie que la dépression, qui n’est que la tête de gondole d’un gros tas de merdes impossibles à gérer toute seule.

  • India counts the cost of missing migrant workers - Asia Times
    https://asiatimes.com/2020/06/india-counts-the-cost-of-missing-migrant-workers

    But there is a twist in the tale. Northern Uttar Pradesh state, with most workers, plans to set up a Migration Commission to start rationing out workers to other states. But experts say the move may be illegal because India’s constitution guarantees the right to free movement and occupation across the country. The state also plans to help re-skill workers. That may help.

    #Covid-19#migrant#migration#migrations-internes#travailleurs-migrants#Inde#droit#confinement#retour#vulnérabilité#emploi#santé

  • L’OIM et l’UE renforcent leur réponse à l’impact de la COVID-19 sur les migrants de retour à travers l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale | Organisation internationale pour les migrations
    https://www.iom.int/fr/news/loim-et-lue-renforcent-leur-reponse-limpact-de-la-covid-19-sur-les-migrants-de-
    https://www.iom.int/sites/default/files/styles/highlights/public/press_release/media/west_africa_pbn_civ.jpg?itok=2ffprpkp

    L’OIM fait face à la pandémie de COVID-19 en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale et aide les migrants les plus touchés par les difficultés socioéconomiques. Grâce au soutien de l’UE, un fonds d’urgence pour la COVID-19 de plus d’un million d’euros a été mis à disposition dans le cadre de l’Initiative conjointe UE-OIM pour aider au retour volontaire des migrants lorsque des couloirs humanitaires sont accordés par les pays d’origine.
    Afin d’améliorer la disponibilité des fournitures médicales de base dans toute la région, l’OIM intègre les activités liées à la COVID-19 dans les initiatives existantes. Dans le cadre de leur aide à la réintégration, les migrants de retour produisent des milliers d’articles d’équipement de protection pour les fonctionnaires de l’immigration et des frontières en première ligne. L’OIM développe également des programmes d’assistance alternatifs. Dans certains pays, elle prévoit par exemple d’utiliser l’aide à la réintégration pour fournir des subventions aux migrants de retour pendant trois mois

    #Covid-19#migrant#migration#migrant-retour#réintégration#OIM2quipement-médical#santé#couloirs-humanitaires#vulnérabilité

  • Expat flight to follow migrant exodus from Gulf - Asia Times
    https://asiatimes.com/2020/05/expat-flight-to-follow-migrant-exodus-from-gulf

    The region has long mitigated economic downturns by “exporting unemployment” to Asia and Africa, where most of the workers who power its economy originate from. Migration schemes enforced by Gulf governments make citizenship acquisition nearly impossible, turning millions of migrant workers into the first variable for adjusting economic contractions. But flexible migration policies also put Gulf economies at risk of a downward spiral as foreign laborers whose visas are linked to their jobs leave en masse during sharp recessions. In Dubai, where less than one inhabitant in 10 is an Emirati citizen, the population could shrink by a minimum of 10%, a former director of Dubai’s Department of Finance tweeted.

    #Covid-19#migrant#migration#travailleurs-migrants#EtatsGolfe#récession#vulnérabilité#chômage#santé#acces-nationalité#politique-migratoire#flexibilité

  • Lockdown in Dhaka: where social distancing is an illusion | Global development | The Guardian
    https://www.theguardian.com/global-development/2020/jun/01/lockdown-in-dhaka-where-social-distancing-is-an-illusion
    https://i.guim.co.uk/img/media/62f7230f1f9b03ffa8651df5504f4cac31f3150d/30_370_4939_2963/master/4939.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Even the rickshaw drivers vacated the streets. But after a week they had to return to work. They have been busy, replacing cars and buses to transport people around their neighbourhoods. Day labourers remain outside, looking for work so they can feed their families. Many of them came to Dhaka from the countryside and have to send money to their villages. They cannot afford to stay at home during this lockdown.

    #Covid-19#migrant#migration#déplacements#migrants-internes#Dhaka#Bangladesh#virus#distanciation-sociale#santé#vulnérabilité#survie

  • Chypre : malgré le déconfinement, des migrants restent enfermés dans un camp surpeuplé
    https://observers.france24.com/fr/20200529-chypre-deconfinement-migrants-enfermes-camp-pournara

    Le camp de Pournara est géré par un entrepreneur privé pour le compte du ministère de l’Intérieur et du service chypriote de demande d’asile. Le directeur des affaires courantes du camp, Stefanos Spaneas, contacté par notre rédaction, répond aux différentes plaintes. En réponse à la pandémie de Covid-19, nous avons dû rapidement augmenter les capacités d’accueil et les infrastructures du camp. Nous n’étions pas prêts à accueillir toutes les personnes qui nous ont été amenées. Auparavant, nous avions environ 20 tentes, aujourd’hui, nous en avons un peu plus de 150. Nous avons aussi dû installer plus de toilettes, mais aussi des points d’accès d’eau et des douches. Nous continuons d’optimiser la situation sur le centre.

    #Covid-19#migrant#migration#Chypre#camp#déconfinement#accès-santé#mesures-sanitaires#santé#déconfinement#vulnérabilité

  • Menacée de récession, l’Inde entame un déconfinement à pas lents
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/31/menacee-de-recession-l-inde-entame-un-deconfinement-a-pas-lents_6041341_3210

    Plusieurs Etats ont déjà prévenu que le confinement continuait chez eux : le Bengale occidental, jusqu’au 15 juin ; le Maharashtra, le Pendjab, le Madhya Pradesh et le Tamil Nadu jusqu’au 30 juin. En outre, dans une bonne dizaine d’agglomérations classées « rouge », les plus frappées par l’épidémie de Covid-19, l’interdiction de déplacement perdure jusqu’à nouvel ordre. C’est le cas de Jaipur, Calcutta, Hyderabad, Madras, et surtout Bombay, capitale du Maharashtra, région qui compte sur son territoire un tiers des contaminations du pays (plus de 62 000 cas sur les 182 990 officiellement recensés). Samedi, M. Modi a fêté le premier anniversaire de son deuxième quinquennat à la tête de l’Inde en adressant une lettre ouverte à tous ses compatriotes. Un autosatisfecit sur l’action menée depuis son accession au pouvoir en 2014, dans lequel le dirigeant nationaliste a tout juste reconnu que les ouvriers, les travailleurs migrants, les artisans et les commerçants « souffrent immensément » de la paralysie du pays. Une manière de faire de la pandémie le bouc émissaire d’une situation économique désastreuse.

    #Covid-19#migrant#migration#inde#migrants-internes#déconfinement#santé#économie#chômage#vulnérabilité

  • HCR - Les réfugiés urbains des régions de l’Est, de la Corne et des Grands Lacs de l’Afrique luttent pour survivre alors que l’impact économique du Covid-19 s’y fait durement ressentir.
    https://www.unhcr.org/fr/news/briefing/2020/5/5eccf3b5a/refugies-urbains-regions-lest-corne-grands-lacs-lafrique-luttent-survivre.htm

    Les réfugiés urbains sont menacés de perdre leur emploi car les entreprises sont obligées de réduire leurs effectifs ou de fermer en raison des restrictions imposées par le Covid-19. Nombre d’entre eux sont des travailleurs journaliers ou travaillent dans l’économie informelle et vivaient déjà au jour le jour avant que la pandémie ne se déclare. Au Rwanda, par exemple, la plupart des 12 000 réfugiés urbains ont vu les principaux pourvoyeurs au sein de leurs familles perdre leur emploi. Beaucoup travaillaient pour des entreprises qui ont fermé ou qui ont du mal à importer des marchandises en raison des restrictions aux frontières.
    De nombreux réfugiés urbains vivent également dans des conditions de promiscuité et d’insalubrité et sont particulièrement vulnérables à la propagation du virus, comme au Kenya où des milliers de réfugiés vivent dans des quartiers pauvres de Nairobi, avec un accès limité à l’eau potable, ce qui rend presque impossible la pratique régulière du lavage des mains.
    Tant au Rwanda qu’au Kenya, le HCR a fourni une aide d’urgence en espèces aux plus vulnérables et étudie la possibilité d’élargir cette assistance. En Ouganda, le HCR et le PAM ont mis en place une aide financière ponctuelle pour quelque 80 000 réfugiés urbains en recourant aux transferts par téléphonie mobile pour leur permettre de payer leur loyer, leur nourriture et de couvrir d’autres dépenses essentielles. Toutefois, il ne s’agit là que de mesures temporaires face à des conditions socio-économiques qui devraient encore se détériorer dans les semaines et les mois à venir.

    #covid-19#migrant#migration#ouganda#Rwanda#Kenya#réfugiés-urbains#vulnérabilité#santé#pauvreté#promiscuité#accès-santé#propagation#virus

  • Régularisons les sans-papiers
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=69&v=snfN9V7zyFE&feature=emb_logo

    « La question est simple : ces gens partiront-ils ? Evidemment non. D’abord parce que, même clandestins, ils sont mille fois mieux ici, étant donné que dans leur pays, ils n’ont rien.(…) Le gouvernement doit donc trancher autrement. Je comprends qu’il ait peur de le faire pour des raisons politiques. Je ne fais pas preuve d’angélisme mais de pragmatisme. (…) On ne peut en sortir qu’en régularisant la totalité des personnes qui en ont fait la demande. »

    Ces propos sont tirés d’une interview parue dans le journal Le Monde, le 17 juillet 1998. Ces propos sont de Charles Pasqua. (1) 5 ans avant, Il était ministre de l’intérieur, à l’origine d’une loi sur l’immigration particulièrement restrictive et rétablissant le régime d’expulsion. 5 ans après, devant la problématique des personnes « ni régularisables - ni expulsables », qu’il avait en grande partie lui-même aggravée, il déclare : « Nous nous trouvons donc devant un problème que nous devons traiter avec pragmatisme et responsabilité, en fonction de l’intérêt national, en essayant de surmonter nos débats idéologiques ou politiques. (…) Si on explique les choses aux Français, ils sont capables de les comprendre. »

    Dans les mêmes colonnes du Monde, en mai 2020, on peut lire que le gouvernement aurait du mal à assumer une régularisation collective. Un préfet déclare même que ce serait un « suicide politique ». (2)

    Plus de 30 ans se sont écoulés entre ces 2 paroles. La « crise migratoire », qui a plutôt été une « crise de l’accueil », a fortement marqué l’actualité, instrumentalisée par certains partis politiques qui ont vu là un levier d’opinion opportuniste. Nous appelons aujourd’hui le gouvernement à ne pas céder au piège de cette politique d’opinion. Une fois n’est pas coutume, nous allons reprendre à notre compte les propos de M. Pasqua : « Si on explique les choses aux Français, ils sont capables de les comprendre ».
    Qui sont les sans-papiers ?

    Les sans-papiers, ce sont ces mères d’un enfant né en France, parfois d’un père français, mais pour lesquelles l’administration met plusieurs années avant d’accorder un titre de séjour.

    Les sans-papiers, ce sont aussi ces familles présentes en France depuis des années avec un titre de séjour pour raison de santé. Ces familles ont parfois des enfants nés et scolarisés en France, parfaitement intégrés. Les parents travaillent, cotisent, payent leurs impôts, jusqu’au jour où leur titre de séjour n’est plus renouvelé. Ils basculent alors, perdent leur travail et se retrouvent du jour au lendemain en « situation irrégulière ». Il leur est alors demandé de repartir dans un pays qu’ils ont quitté pour des raisons objectives, un pays que les enfants ne connaissent pas.

    Les sans-papiers, ce sont aussi des demandeurs d’asile qui se sont vu refuser une protection. Cela ne veut pas dire qu’ils ne méritaient pas d’être protégés mais juste qu’ils n’ont pas pu prouver les menaces dont ils étaient victimes.

    Les sans-papiers, ce sont aussi les « dublinés », ces demandeurs d’asile qu’un réglement européen empêche de choisir le pays à qui ils veulent demander une protection. Ils n’ont alors d’autre choix que la clandestinité pendant de longs mois, avant de pouvoir enfin déposer leur demande là où ils ont de la famille, des proches, où ils parlent la langue et où les possibilités d’intégration sont les meilleures.

    Les sans-papiers, ce sont aussi ces adolescents étrangers isolés dont l’administration ne reconnaît pas la minorité, sur des bases subjectives, et qui se retrouvent à la rue le temps de déposer un recours. Certains d’entre eux, heureusement et logiquement, sont reconnus mineurs et sont pris en charge, mais ça n’est parfois qu’un sursis : arrivés à la majorité ils doivent demander un titre de séjour, souvent refusés pour des motifs contestables.

    Bref, les sans-papiers sont avant tout des hommes, des femmes et des enfants dans une palette de situations différentes ayant pour conséquences de les maintenir dans une situation d’exclusion sociale et de vulnérabilité psychologique inacceptable.
    Pourquoi régulariser les sans-papiers ?

    Ne pas régulariser les sans-papiers, c’est faire le pari inhumain qu’une partie d’entre eux finiront par se décourager et repartiront vers leur pays d’origine ou un autre qui semblera moins inhospitalier. Soyons objectif, cette politique du découragement fonctionne, mais dans de très rares cas. Pouvons-nous accepter que des dizaines de milliers de personnes soient maintenues dans la précarité, l’incertitude, la détresse psychologique, dans le seul objectif que quelques dizaines repartent, fragilisées par des mois voire des années d’enfer administratif ?

    Il va nous être objecté que ce serait prendre le risque d’inciter d’autres personnes étrangères à venir s’installer en France. C’est le classique « risque d’appel d’air », expression déshumanisante qu’il faut impérativement déconstruire. D’abord, aucune étude ne vient apporter de preuves concrètes d’une augmentation significative des demandes de titres de séjour ou demande d’asile à la suite des précédentes régularisation effectuées en France. Pour autant il ne faut pas être angélique, oui il y aurait probablement un effet incitatif, oui il y aurait sans doute dans les mois qui viennent des étrangers qui viendraient en France dans l’espoir d’obtenir un titre de séjour. Au vu des restrictions de passage aux frontières, liées à la crise sanitaire, combien seraient-ils ? Quelques centaines ? Quelques milliers ?

    Il y aurait, selon les diverses estimations, entre 300 000 et 400 000 sans-papiers en France actuellement. Ces centaines de milliers d’hommes, femmes et enfants vivent aujourd’hui dans notre pays dans une impasse administrative qui les maintient dans l’insécurité. Comment pouvons-nous accepter cela, par peur que quelques milliers d’autres personnes se retrouvent dans la même situation ? Est-ce un calcul humainement acceptable ?

    Nous ne venons donner de leçons à personne. Nous sommes juste des citoyens engagés sur le terrain, auprès des sans-papiers. Nous sommes conscients que le monde vit une crise sanitaire mondiale inédite, que les gouvernements ont à affronter des situations complexes avec une multiplicité de paramètres parfois difficilement conciliables. Demain est incertain. Mais il est certain que demain, encore plus qu’aujourd’hui, une société qui ne luttera pas contre la précarité n’aura pas tiré les leçons de la crise sanitaire dont nous sommes victimes.

    Pour toutes ces raisons, nous souhaitons que la France prenne des mesures claires afin de délivrer un titre de séjour à tous ces hommes, femmes et enfants actuellement sans-papiers. Nous appelons à ne pas répéter les erreurs du passé : les régularisations par circulaires ont démontré leurs limites. N’ayant pas de valeur juridique contraignante, elle laisse aux autorités préfectorales la possibilité, ou non, de les prendre en compte. Il en découlerait une application disparate selon les territoires, en totale contradiction avec les valeurs d’égalité de notre république. (3)

    Nous ne souhaitons pas une régularisation politicienne, un faux-semblant de mesure sociale. La régularisation doit se faire de manière claire et sans équivoque, en élargissant les critères légaux, qui devront pouvoir être appliqués sans laisser de place à l’arbitraire.

    Des milliers d’hommes, femmes et enfants étrangers ont fait le choix de vivre en France, de contribuer à la construction de notre société. Faisons le choix de les accueillir dignement. Nous appelons à un vrai courage politique, à une vraie mesure de justice sociale : Régularisons les sans-papiers.

    http://www.sans-papiers.org
    #régularisation #sans-papiers #Charles_Pasqua #migrations #pragmatisme #angélisme #intérêt_national #responsabilité #régularisation_collective #titre_de_séjour #ressources_pédagogiques #déboutés #dublinés #Dublin #règlement_dublin #clandestinité #migrations #asile #réfugiés #mineurs #âge #exclusion_sociale #vulnérabilité #précarité #incertitude #appel_d'air #impasse_administrative #insécurité #justice_sociale
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    ping @karine4 @isskein

    • voir aussi :
      [CONVERGENCE DES APPELS] Pour la régularisation définitive des sans-papiers

      De nombreux appels à la régularisation des sans-papiers ont été lancés ces dernières semaines. Avec des tons, des arguments, des modalités divers mais tous convergents vers le même objectif : la régularisation immédiate, inconditionnelle et pérenne des sans-papiers et la sécurisation administrative de toutes les personnes à statut administratif précaire.

      https://blogs.mediapart.fr/pour-la-regularisation-definitive-des-sans-papiers/blog/290420/convergence-des-appels-pour-la-regularisation-definitive-des

    • France : de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer la régularisation des sans-papiers

      La crise sanitaire a mis en lumière la précarité des sans-papiers, qui pour beaucoup travaillent dans des secteurs essentiels, comme les services de livraison, le tri des déchets ou encore l’agriculture. Plusieurs associations, syndicats et représentants politiques demandent à l’État de régulariser les sans-papiers vivant en France.

      La société civile, des associations, des syndicats et même une centaine de parlementaires sont montés au créneau ces dernières semaines pour demander à l’État de régulariser les sans-papiers qui vivent en France, à l’instar des mesures prises au Portugal ou en Italie. Plusieurs tribunes ont été publiées dans la presse et des lettres ont été envoyées au gouvernement. Sur internet, des appels à manifester samedi 20 juin aux côtés des sans-papiers ont été relayés sur tout le territoire.
      https://twitter.com/lacgtcommunique/status/1272595733020016640?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12

      Pourquoi un tel mouvement de solidarité aujourd’hui ? « La crise sanitaire a bousculé beaucoup de choses », croit Lise Faron, responsable des questions du droit au séjour à la Cimade. « Le coronavirus a été un élément déclencheur », abonde Marilyne Poulain, membre de la Commission exécutive de la CGT. La crise a en fait rendu visibles ceux qui étaient jusque-là invisibles.
      Des sans-papiers en première ligne pendant la crise sanitaire

      Alors que la majorité de la population française était confinée dès le 17 mars pour limiter la propagation de la pandémie de coronavirus, des milliers de travailleurs sans-papiers ont continué le travail. « Beaucoup d’entre eux étaient en première ligne car la majorité travaillent dans des emplois dits d’utilité sociale essentielle comme le nettoyage des locaux, les services de livraison, le tri des déchets ou encore le domaine de l’agriculture », précise Marilyne Poulain.

      Les livreurs de la plateforme française Frichti en sont un exemple criant. Des centaines de sans-papiers qui travaillaient pour cette société depuis plusieurs années se sont vus remerciés dès la sortie du confinement. Épaulés par des collectifs et la CGT, ils demandent désormais leur régularisation.

      D’un autre côté, des travailleurs sans-papiers employés dans l’hôtellerie ou la restauration ont perdu leur emploi et n’ont pas pu bénéficier des aides de l’État, comme le chômage partiel.

      Or, l’ensemble de cette population, bien qu’en situation irrégulière dans l’Hexagone, « participe à produire de la richesse sur le sol français », signale la syndicaliste. On estime à environ 350 000 le nombre de sans-papiers qui vivent en France.
      Enjeu de lutte contre les discriminations et les inégalités

      « Ils sont utilisés comme variable d’ajustement avec des contrats précaires », assure Marilyne Poulain. « Ils sont exploités au mépris de leurs droits », renchérit Lise Faron de la Cimade. L’enjeu de la régularisation porte également sur l’égalité de traitement dans les entreprises. En effet, les sans-papiers sont souvent moins payés que des travailleurs « en règle » occupant le même emploi. Ils ne peuvent prétendre à aucune aide autre que l’Aide médicale d’ État (AME) et payent pourtant des impôts en France. « La régularisation est un enjeu de lutte contre les discriminations et les inégalités au travail. Tout le monde doit avoir les mêmes droits », continue la représentante de la CGT.

      https://twitter.com/lacimade/status/1272803224538492928?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12

      « Il est urgent de changer de cap », martèle Lise Faron, qui souhaite une refonte complète du droit au séjour avec des procédures moins complexes. « Ces gens ont construit leur vie ici, se sont installé ici, certains ont eu des enfants en France mais ils n’arrivent pas à obtenir un titre de séjour ou alors au prix de longues années de procédure », poursuit la militante qui dénonce une « machine administrative bloquée ».

      Reste que pour mettre en place une campagne massive de régularisation des sans-papiers, il faut faire preuve de « courage politique » selon la CGT. « Tous les gouvernements sont tétanisés par les conséquences que pourraient avoir une telle mesure sur l’opinion française mais quand on se dit être un rempart contre l’extrême droite, on agit dans ce sens », estime Marilyne Poulain.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/25425/france-de-plus-en-plus-de-voix-s-elevent-pour-reclamer-la-regularisati